S P O R T S COLLECTIFS
Duel tireur gardien de but
(logique binaire pour le gardien).
Après avoir traité les
éléments d'attaque et de
défense en intégrant le
nouveau concept de « logique
integrative visuelle » (Revues
os
EP.S n 258 et 261), les
auteurs se proposent de
fédérer une approche
originale de la dialectique
attaque/défense, synthétisant
les interactions
et/ou antagonistes
joueurs en fonction de la
possession ou non de la balle.
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NOUVELLE APPROCHE
DIDACTIQUE FONCTIONNELLE
Pour faciliter la lecture du tableau général de
la dialectique attaque/défense, des pistes et
des remarques sont proposées afin de mieux
en saisir le sens et l'intérêt.
PROBLÉMATIQUE CENTRALE
Quel est l'intérêt commun pour l'enseignant
d'EPS. l'entraîneur de club, l'éducateur spor-
tif, d'aborder les sports collectifs selon un
réciproques même paradigme, une même logique, une
même préoccupation et éducation perceptive
des pour l'enfant ?
• Il faut tout d'abord considérer les sports col-
lectifs, les plus usuels (même si nous pouvons
y adjoindre le water-polo, la crosse cana-
dienne, le hockey sur glace, etc.), sous un
PAR J. MARIOT, S. DELERCE
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angle universel autour d'un élément central
fort, régulant l'activité motrice des joueurs : le
ballon. Celui-ci est à conquérir pour certains
joueurs, à échanger, à faire progresser pour
d'autres afin de marquer un but. un panier, un
essai, un point, etc.
• Il faut construire et développer des compé-
tences spécifiques.
Dans les sports collectifs considérés, elles
sont issues de repères identiques au plan per-
ceptivo-moteur. L'exemple de l'interception
peut ici se révéler concret dans le sens où les
éléments géographiques du placement sont
t r a n s v e r s a u x afin de voir où est la b a l l e
l
(1er repère), la cible à défendre ( 2 repère),
l'adversaire direct en tant que receveur poten-
e
tiel ( 3 repère), où se trouve mon partenaire, et
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LA LOGIQUE INTÉGRATIVE VISUELLE

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ses actions face au porteur de balle pour le
gêner, le presser dans sa transmission de passe
e
(4 repère) (dessin 1).
Il faut rappeler que plus le porteur de balle est
gêné, pressé, plus r e c h a n g e sera probléma-
tique :
- précipitation pour identifier les partenaires
plus ou moins démarqués, choisir et lancer au
plus disponible par rapport à la cible à atta-
quer.
- temps long d'exposition de la trajectoire de
balle.
et plus les opérations d'anticipation coïnci-
dence (de synchronisation coïncidence) [1]
seront faciles à opérer car la contrainte tempo-
relle sera faible pour cette intention tactique
« défensive-offensive » d'interception.
Rappel : la contrainte temporelle (CT) d'une
tâche, c'est le rapport entre le temps requis
(TR) pour exécuter cette tâche et le temps dis-
ponible (TD) pour l'accomplir (exemple de
l'interception).
CT = TR/TD = temps de déplacement sur la
trajectoire/temps mis par la balle sur la trajec-
toire.
Rugby : le drop
(logique binaire).
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Si le temps disponible est inférieur au temps
requis, alors le « joueur intercepteur » est en
crise de temps, et cela se traduit par un retard,
au lieu escompté de coïncidence.
Le temps requis, c'est le temps d'identifica-
tion (lecture des informations nécessaires) +
le temps de sélection (choix des informations
pertinentes) + le temps de programmation
motrice (exécution motrice de la tâche).
POUR LES ENSEIGNANTS D'EPS
Ceux qui ne sont pas « spécialistes » des
sports collectifs, peuvent entrer plus facile-
ment d a n s l ' a c t i v i t é , en se référant à un
tableau servant de guide didactique et fixant
parallèlement des contenus d'enseignement
précis dans chaque niveau. Ceux-ci sont les
supports des conduites motrices, des compé-
tences spécifiques à acquérir, grâce à l'emboî-
tement d'intentions tactiques, elles-mêmes
« fonctionnelles » du fait du nombre d'infor-
mations visuelles à intégrer.
L'exemple le plus fréquent en EPS. pour un
temps de pratique total de 20 à 30 heures envi-
ron de sports collectifs, consiste à mettre en
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œuvre des situations d'apprentissage perti-
nentes, visant à transformer les comporte-
ments d'élève incluant deux informations, à
des comportements plus complexes, plus effi-
cients à trois informations. C'est le passage
d'une logique binaire motrice à une logique
ternaire motrice.
Illustration : l'exemple du non porteur de
balle
Le constat premier montre que celui-ci se
place en relais entre la balle et la cible à atta-
quer sans se préoccuper de son adversaire
direct (marquage individualisé). Il est donc-
très difficile pour le non porteur de balle, de
l'attraper, car celle-ci est en même temps
convoitée par son adversaire (dessin 2).
Le non porteur de balle n'a pour intention que
de se saisir de la balle. Il est centré sur celle-
ci. prioritairement et totalement orienté vers le
porteur de balle en complète symétrie com-
portementale [2]. L'objectif éducatif sera
d'amener le non porteur de balle à intégrer
dans son champ visuel la présence de son
adversaire direct ( 3 ' information) et ainsi
changer de niveau d'intention : se démarquer

Football : la conduite
balle (logique
pour servir efficacement de relais ou se dépla-
cer vers le but pour marquer (dessin 3).
Il devra optimiser les conditions d'efficacité
du démarquage : (règle du DODDDD).
- se Démarquer.
- s'Orienter par rapport à la balle (la regarder).
- se Déplacer (course curviligne),
- être Disponible avec les mains (préparer ses
mains à recevoir),
- être Dissocié au niveau des ceintures seapu-
laires et pelviennes (« les pieds dans le futur
de la cible à attaquer, les mains dans le présent
du ballon à attraper »),
- être Devant le porteur de balle (faire pro-
gresser plus rapidement la balle).
Cette intention tactique, se démarquer, se
construit en interaction d'un marquage.
Les enseignants peuvent utiliser un même lan-
gage pour aborder les sports collectifs au col-
lège ou au lycée.
Exemple :
« Tu es porteur de balle, tu n'as pas d'adver-
saire devant toi, entre toi et la cible : tu es dans
une logique binaire, tu progresses en dribble,
le plus loin possible pour tirer au but (logique
binaire) et marquer (logique ternaire) ».
Quelles alternatives peux-tu rencontrer ?
- « la précédente »,
- « tu es seul face à un adversaire. Donc tu
cherches à l'éviter (logique ternaire) ». Utili-
sation de la gamme des évitements [3],
- « tu es face à un adversaire, et tu as un parte-
naire à côté de toi. Donc tu échanges avec
lui ».
- « tu es face à un adversaire et tu as plusieurs
partenaires à côté de toi. Donc tu choisis avec
qui échanger » | 4 | .
Choisir, c'est la tâche, décider, l'habileté.
POUR L'ÉLÈVE
Développer une éducation perceptive
Il faut aider l'élève, le joueur à structurer sa
perception visuelle et donc lui apprendre à
lire, à voir ce qu'il faut voir, à discriminer les
informations pour ne retenir que les plus per-
tinentes nécessaires à sa réussite motrice.
C e t t e é d u c a t i o n p e r c e p t i v e se traduit en
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Volley-ball : l'évitement
(logique ternaire).
de
binaire).
t e r m e s d ' i n t e n t i o n s tactiques en attaque, cients et pertinents dans le choix du porteur de
comme en défense (cf. tableau de la logique balle que la contrainte temporelle de la tâche
intégrative visuelle). sera faible.
Cette capacité à intégrer des éléments visuels
Exemple pour le porteur de balle : ses crédits
signifiants dans la lecture du milieu, ici dans
d'action [5].
le groupement d'APS sports collectifs, doit
Définition : c'est pour le porteur de balle l'en- être considérée comme une compétence géné-
semble des choix dont il dispose en fonction rale, à construire, nécessaire dans une problé-
de la contextualisation de la tâche. matique d'apprentissage. L'éclairage de celle-
Au regard de la transversalité en sports collec- ci s'opérationnalise par le « pilotage » réussi
tifs, ce sont : du corps de l'élève, par l'intermédiaire de ses
1 - tirer, dans une logique binaire balle-cible à ressources face aux contraintes de l'environ-
atteindre, nement.
HB : un tir. Il s'agit donc d'optimiser le développement
FB : une frappe. de l'adaptabilité. de l'autonomie motrice qui
BB : un tir,
sont, nous semble-t-il. les finalités des appren-
Rg : un drop.
tissages en EPS.
VB : une attaque.
2 - dribbler, dans une logique binaire, Finaliser une stratégie, consistant à maîtriser
HB : un dribble, une information supplémentaire à l'adversaire
FB : une conduite de balle, pour gagner son duel (exemple du démar-
BB : un dribble, quage pour le non porteur de balle).
Rg : « pénétrer », Le jeu ne se conçoit que comme un balance-
VB : un renvoi. ment continuel, actif, rapide, lié à l'articula-
3 - éviter et marquer, dans une logique ternaire tion d'intentions tactiques, dont les racines
balle-cible-adversaire direct, perceptives sont les intégrations des prises
HB : un évitement. d'informations visuelles. C'est la face cachée
FB : un dribble, des sports collectifs dans la quête et le recueil
BB : un évitement-duel, des informations. Ici par exemple, l'intercep-
Rg : un cadrage-débordement, tion n'est plus admise comme une chance ou
VB : un évitement. une erreur du porteur de balle, mais comme la
4 - échanger, dans une logique quaternaire, résolution stratégique d'une prise d'informa-
balle-cible-adversaire direct-partenaires tion efficiente, débouchant sur un changement
proches. de comportement, pour le défenseur intercep-
HB : un échange. teur.
FB : une passe,
BB : un échange, En attaque, dégager une finalité offensive
Rg : un échange. globale, comme le montre l'articulation de
VB : un échange. l'ensemble des intentions tactiques, à savoir :
5 - combiner, dans une logique « quinter- créer du mouvement de la part de tous les
naire ». balle-cible-advsersaire direct-parte- joueurs, en respectant en permanence l'occu-
naires-adversaires, pation rationnelle de l'espace par écartement
HB : un croisé. et étagement. tout en avançant.
FB : une permutation,
BB : un croisé, En défense, dégager une finalité défensive
Rg : un croisé, globale, à savoir : construire un pressing,
VB : une permutation. visant à récupérer collectivement la balle en
Ces crédits d'action seront d'autant plus effi- avançant « La défense attaque l'attaque ».
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C h e r c h e r à a u g m e n t e r en d é f e n s e la
contrainte temporelle sur l'attaquant ou les
attaquants, par un marquage serré. « court cir-
culant » les relations d'échange potentielles
et ainsi récupérer ensemble la balle par un
pressing qui est la forme supérieure de tous les
dispositifs défensifs.
Cette c o n c e p t i o n s ' i n s c r i t bien dans une
logique d'apprentissage interactionniste, où
apprendre en EPS consiste en une mise en
relation entre les ressources biomécaniques,
énergétiques, informationnelles, affectives
sémiotrices et cognitives probabilistes à mobi-
liser des élèves et les contraintes de jeu à
réduire, à « domestiquer ».
RESSOURCES À SOLLICITER
Elles sont :
Biomécaniques : ajustement d'attitudes en
préaction, pour optimiser la mise en tension
musculaire, nécessaire aux actions d'intercep-
tion par exemple. Quels segments et groupes
musculaires mobiliser, quelles coordinations
d'actions, quelles dissociations, quelles équi-
librations ?
Energétiques : en fonction du moment, de
l'intensité du match, des temps de récupéra-
tion, de la fatigabilité, etc.
informationnelles : apprendre à lire les infor-
mations pertinentes, nécessaires à l'action, qui
d o n n e n t du sens au « p l a c e m e n t g é o g r a -
phique » du joueur.
Exemple : la dissuasion. C'est se placer au
carrefour d'une triple prise d'information
visuelle et voir en même temps :
- où est la balle qui peut être transmise ?
- où est la cible à défendre ?
- où est l'adversaire direct à marquer ?
La difficulté majeure étant de maîtriser dans
son champ visuel en vision centrale et en
continu les deux repères mobiles que sont la
position de la balle et celle de l'adversaire
direct.
Quand les deux informations ne sont plus dans
le champ visuel, il est nécessaire de lire par
une rotation de la tête en continu et en va et
vient = « tête girophare » (dessin 4 ) .
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Si la difficulté subsiste, l'information tactile
(par un toucher de l'épaule), supplée l'infor-
mation visuelle en difficulté, puis l'informa-
tion kinesthésique se greffe ensuite pour
mieux contrôler, détecter les déplacements de
l'adversaire direct.
Nous conduisons l'élève de l'information
extéroceptive visuelle à l'information proprio-
ceptive pour affiner la dimension sensorielle.
C'est donc une éducation sensorielle de plus
en plus discriminante et sollicitant la gamme
des différents outils (extéro et proprioceptifs)
qui est développée.
Sémiotrices : par une lecture de haut en bas.
un décodage sur le sens que donne le corps du
porteur de balle par exemple qui a l'intention
d'échanger.
Éléments du décodage hiérarchisés :
- direction du regard.
- balle qui s'élève vers le haut et l'arrière, met-
tant en tension la chaîne musculaire néces-
saire à l'action de lancer (faisceau antérieur du
deltoïde, grand pectoral, petit pectoral pour
obtenir un bras armé),
- bassin, épaule, appuis orientés vers le futur
réceptionneur.
Affectives : maîtrise de la pression du match,
du public, du score et des duels, notamment
du défenseur sur le porteur de balle, du gar-
dien de but sur le tireur supposant d'apporter
les consignes nécessaires pour diminuer les
contraintes affectives des chocs, des percus-
sions. Exemple chez le débutant : défendre à
distance de bras (environ 50 cm), gesticuler
devant lui.
Cognitives probabilistes : les j o u e u r s en
attaque comme en défense décodent des fré-
quences d'apparition d'événements moteurs
qui présentent des constantes d'occurrence.
Exemple : la forme, la vitesse, l'orientation de
l'échange souvent au même partenaire auto-
rise par le défenseur un décodage d'occur-
rence d'événements moteurs qui deviennent
au fil du j e u une c e r t i t u d e . Le j o u e u r en
défense développe une stratégie de placement
et d'interception fondée sur une lecture, pour
mieux anticiper, appelée valeur d'utilité sub-
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Handball : l'échange
(logique quaternaire).
jective attendue (VUSA) de l'événement [6].
Il s'agit toujours pour l'attaquant de produire
de l'incertitude et pour le défenseur de réduire
cette incertitude dans cette interaction où cha-
cun cherche à prendre l'avantage sur l'autre en
fonction des informations à traiter.
CONCLUSION
La logique intégrative visuelle est donc un
outil pragmatique, simple et utile dans l'ap-
proche d'un enseignement transversal des
sports collectifs, de l'école primaire au lycée
en passant par le milieu fédéral.
Deux domaines clefs de l'enseignement des
sports collectifs préoccupent tous les éduca-
teurs : celui de la mise en œuvre de cette
logique intégrative visuelle à partir de formes
jouées et celui de l'évaluation. Faire de l'EPS.
aujourd'hui, en choisissant les sports collec-
tifs à espaces interpénétrés notamment (hand.
basket, rugby, foot). c'est éduquer le joueur à
mieux discriminer les différentes interfé-
rences sensorielles pour optimiser l'efficience
de son pilotage dans un milieu riche en inter-
actions antagonistes.
Jacques Mariot
Professeur améeé EPS.
UFR STAPS^Be"sançon.
Stéphane Delerce
Professeur agrégé EPS.
Collège Les Tàles, Valentigney (25).
* EJEO : espace de jeu effectif offensif
Bibliographie
[1] Ripoll (H.). « Synchronisation coïncidence = anticipa-
tion coïncidence » in Développement psychomoteur de
l'enfant. Éditions Revue EP.S, 1999.
[2] Mariot (J.), De l'école aux associations, le handball.
Éditions Revue EP.S. 1992.
[3] Ouvrage cité ci-dessus, p. 106.
[4] Temprado (J.-J.). Revue STAPS, n° 10, p. 53.
[5] Portes (M.). « Crédits d'action ». Le handball des
9-12 ans. Éditions Revue EP.S, 1989.
[6] VUSA : travaux Alain et Sarrazin. dossier ERS n° 10.
p. 19.