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La Chute du Baobab
suivie de

L'interview de Hamidou

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© Ahmed A. ADJANOUGA O. 2020

Contacts :

Téléphone : 60617975

Email : www.ahmedadjanouga@gmail.com

Ahmed A. ADJANOUGA O. affirme son droit moral à être reconnu comme l'auteur de cette œuvre, conformément aux
droits de l'auteur.

© AFRICAWOLF 2020 pour l'édition française.

(Toute reproduction d'un extrait quelconque de ce livre par quelque procédé que ce soit et notamment par
photocopie ou microfilm, est interdite sans autorisation écrite de l'éditeur.

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AHMED A. ADJANOUGA O.

La Chute du Baobab
suivie de

L'Interview de Hamidou

•AFRICAWOLF•

4
À toutes les personnes inspirantes,

qui continuent de travailler pour rendre

l'humanité meilleure .

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Remerciements
Je veux remercier toutes les personnes inspirantes et qui m'inspirent qui m'ont permis de
rédiger ce livre grâce à leur talent et leur générosité d'esprit.

J'adresse tout particulièrement un MERCI à Dieu qui continue de veiller sur moi et ne cesse de me
pousser toujours vers le haut.

Merci à mes parents, mes frères et sœurs pour leur enthousiasme et leur accompagnement.

Merci également à mes enseignants et mes camarades qui m'ont aidé à comprendre les bienfaits du
travail acharné et du dévouement mais également à semer les graines de ce livre.

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Sommaire
Remerciements...........................................................06
La Chute du Baobab ....................................................09
L'interview de Hamidou..............................................17
Table des matières......................................................22

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La Chute du Baobab

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'' Le baobab, se tenait là

Mais hélas, ses feuilles tombaient non loin de là

Il avait aidé une pléthore de gens

Mais y avait également retiré assez d'argent

Malgré cette grande aide

Son tronc avait été flagellé de nombreuses lames

Sans doute, celles solides

Comme celles de la Vieille Dame

En retour, il obtint assez de nombreuses plaies

Et vu son incapacité à vite guérir

Il comprit qu'il commençait déjà à périr

Malheureusement, il fut un jour poignardé

Et puisqu'il n'y avait personne aux aguets

Il s'affaissa gisant dans une mare de sang

C'était la chute du baobab.

Et suite au coucher du soleil vers la colline verdoyante

Le forfait commis, il rendit l'âme ''

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Après les cérémonies funéraires et autres rituels, le baobab prit le chemin. Accompagné de cette
foudroyante beauté que représentait Xwéfa, cette jeune vierge qui avait été désignée par les anciens
pour lui tenir compagnie, le baobab n'était pas l'aventurier solitaire. Au début de ladite aventure dans
ce nouveau monde, ce monde qui n'était pas celui des humains, le baobab avait été confronté à un
choix indispensable à la continuité de son voyage. Les instructions lui étaient prodiguées par le génie
gardien de ce monde.

S'offraient à lui trois choix. En premier lieu, se tenait devant lui un château luxueux bien bâti et
rempli de serviteurs. Ce château luxueux était fort grand et avait un duc immensément riche. La
première possibilité offrait donc l'occasion au baobab de vivre dans tout le luxe qu'il convoitait si
seulement il arrivait à devenir le roi de ce château. Il ne s'agissait pas là de vivre comme serviteur
mais comme un seigneur riche et juste. Mais ce n'était pas la seule offre qui lui avait été faite. La
deuxième offre faite à l'homme qui était surnommé ''Kpassatin '' c'est à dire le baobab, était la
suivante. S'offrait à lui, à perte de vue, une vaste surface à labourer. Sa mission serait de travailler
pour rendre cette surface labourable. Par ailleurs, cette lourde tâche devait être exécutée en une
semaine au maximum sans l'aide de personne. Le baobab avait écouté l'offre. Il plongea dans ses
réflexions d’abord. Puis s'empressa de demander à connaître la dernière offre. Le génie lui répondit :
<< L'ultime option qui s'offre à toi, serait de devenir mon apprenti, dès aujourd'hui pour pouvoir
perpétuer mon œuvre après mon départ vers le monde d'où tu viens. Tu auras alors l'avantage de
repartir dès que tu auras exécuté la même durée que celle que j'ai passée ici. Qu’en dis-tu ? >>.

Et le baobab répondit...

Kpassatin répondit qu'il lui fallait un instant de réflexion. Mais il ignorait que le génie savait déjà le
choix qu'il allait effectuer. Le trilemme du génie remuait les méninges du nouvel venu.

Au même moment, la nymphe qui était sur les lieux, retint l'attention du génie. Ce dernier lui
demanda gentiment son nom et celle-ci s'empressa de répondre qu'elle s'appelait Xwéfa. Le génie lui
demanda pourquoi elle accompagnait le baobab dans son voyage. Et Xwéfa répondit : << Les sages du
village en accord avec les mânes de nos Ancêtres ont exigé que dans le respect des traditions de nos
pères j’accompagne le baobab dans son voyage, parce qu'il fallait lui tenir compagnie dans son
voyage >>. Au nom de la tradition, vous avez accompagné le baobab en ces lieux. Le maître de ces
lieux se chargera desdites questions, murmura le génie. Excusez mon port d'attention à ce domaine
qui ne relève pas de ma compétence. Veuillez m’excuser. Quant à toi Kpassatin, as-tu choisi une
option ? s'écria le génie. Et le baobab répondit : <<Après mûre réflexion, je crois que je suis pour une
option dans ce trilemme >>.

Je pense que la ...

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'' Je pense que la possibilité qui m'avantage le mieux est celle que je choisirai. Je sais que je serai plus
à l'aise de cette façon.'' étaient les mots du baobab. La cupidité de Kpassatin et sa paresse dans le
monde des Hommes se reflétaient encore dans les propos qu’il tenait pendant son voyage dans le
monde des Défunts. Le génie, lui, n'était pas surpris. Il savait déjà quel serait le choix du baobab. Il
attendait tout simplement que les dés soient jetés. Jeter les dés ? Pas totalement. Il patientait. Il
voulait que Kpassatin scelle de son verbe le choix qu'il avait effectué. Quant à Xwéfa, la compagne de
Kpassatin, elle restait pensive. Milles et une questions trottaient dans sa tête. Elle se demandait, se
redemandait, quel serait le choix du baobab, son maître. Puis, encore ignorante du choix opéré par
Kpassatin, elle décida de focaliser son attention sur lui pour recevoir la masse d'information.

L'atmosphère était lourde et calme. Kpassatin avait opéré son choix mais il ignorait si c'était le
bon. Il ignorait les implications de chaque option. Mais il fallait choisir. Kpassatin, fixa longuement le
ciel, et répondit : '' Je choisis la 1ere option. Je préfère vivre au château, un donjon luxueux sans rien
faire que d'aller m'affairer à labourer une longue étendue ou devenir votre soumis. '' . A cela, on
pouvait aisément déceler que Kpassatin voulait du pouvoir, de l’argent, etc. Le génie esquissa un
sourire. Xwéfa plissa le front. La décision du baobab avait soudain alourdi l’atmosphère. Mais pour
faire fi de cette situation, le génie lança : '' Puisque ton choix est fait, tu en es entièrement
responsable. ''

Kpassatin alors fut transporté comme par magie au château. Il arriva, seul dans ce vaste château
dont le gazon vert s'étendait à perte de vue. A l'intérieur du château, on voyait par-ci et par-là des
passants, des mendiants, des soldats, des vendeurs, etc. Il y avait également une allée dont la surface
rectangulaire identique à celle d'un de ces stades contemporains menait vers l'entrée principale du
château. Aux alentours de l'allée, on voyait des fleurs de toutes sortes. Kpassatin était émerveillé. Il
n'avait encore rien vu de tel. Il s'empressa d'entrer dans le château. Il demanda à l'un des passants
comment se rendre à la cour royale. Là-bas, le premier qui le rencontra s'exclama : '' Ô mon grand roi,
un grand bonheur m'anime lorsque je vous rencontre aujourd’hui. Depuis que vous êtes allé à
l’étranger, le trône est vacant. Je pense que tout rentrera dans l’ordre, mon seigneur. '' Kpassatin
resta silencieux un moment puis affirma tel un roi à son sujet : '' Je suis là pour perpétuer la volonté
de nos ancêtres et donc je ne faillirai pas. Allez donc annoncer mon retour. '' . L'intéressé accourut
donc très vite et annonça le retour du roi. Très vite la nouvelle fut répandue. Les habitants du château
préparèrent une cérémonie joviale sur ordre du baobab pour fêter le retour du roi.

Kpassatin, nouvel suzerain, apprit que le château royal était l'administration principale du
royaume, qu'il était gouverné par un roi d'origine divine et un Conseil de Notables. Il avait une
aristocratie formée par la caste des forgerons, considérés comme des magiciens et le roi en était le
chef. Roi et seigneurs forgerons s'enrichissaient de la vente aux peuples voisins de lingots de fer, de
cuivre, d'ivoire et aussi d’esclaves. Le baobab apprit que le petit peuple cultivait palmiers à huile, mil,

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sorgho, élevait moutons et chèvres, ce qui assurait tout juste sa subsistance. L'importation de la
culture du manioc, plante d’Amérique, par les Porgais devrait sensiblement améliorer la nourriture
des gens du pays. Kpassatin était absorbé non seulement pas la beauté du château mais encore par
les richesses de celui-ci. Kpassatin avait compris l'organisation sociale du château. Kpassatin était le
roi du château. Kpassatin était au château, le château où il aurait aimé être lorsqu'il opérait son choix.

Mais le règne du roi allait-il durer ?

Kpassatin avait beau être le roi. Il n'était peut-être pas le roi que tel ou tel autre peuple aimerait
avoir. Pourquoi ? Eh bien, le fait que d’abord, le baobab face à toutes les richesses du château
paradisiaque qu'il gouvernait avait activé son esprit de convoitise et de cupidité. Comment ?
Kpassatin avait depuis, depuis qu'il était dans le monde réel, le monde visible, le monde des humains,
un fort et grand intérêt pour les choses matérielles. Bien qu'il eût été un paysan, il était riche et
obsédé par l’argent. Les richesses étaient devenues son obsession à tel point qu'il ne s'occupait même
pas de sa famille. Il n'était peut-être pas le genre de père que tout le monde aurait aimé avoir. Certes,
il était riche. Mais il avait plus d'amour pour le matériel que pour ceux qui l'entouraient. Il était attiré
par les biens de toutes sortes : parcelles, argent, etc. Il était avide. Et en conséquence, au fur et à
mesure que son amour pour ses biens augmentait, de façon arithmétique, son amour pour sa famille,
ses enfants, ses amis s'estompait de façon exponentielle. Malgré les multiples conseils des sages du
village, il n'avait écouté personne. Il était cupide et impitoyable. Kpassatin ayant constaté qu'il était
au sommet de la hiérarchie d'un royaume, et animé de son esprit de cupidité et de convoitise décida
plusieurs choses. D’abord, il avait choisi une épouse de force, la plus belle du château, la femme de
l'un de ses ministres. Cet acte humain ne dégageait aucune humanité mais était plutôt l'expression de
la dictature seigneuriale du seigneur du château qui avait établi un long harem. Ensuite, il avait décidé
que toutes les richesses du royaume lui appartenaient ainsi que tous les biens. Toute personne qui
intenterait une action contre cette décision serait châtié.

Mais l'accumulation du matériel est-elle toujours acceptable face à la culture de l'amour et la


convivialité entre proches ? Kpassatin, dans cet élan, s'était lui-même perdu dans le labyrinthe du jeu
auquel il participait au fil des ans. Il avait perdu son peuple, ses sujets du château. Il avait perdu
l'amour de son peuple. Il regrettait d'avoir abandonné la nymphe qui l'accompagnait au début de son
voyage. En revanche, il avait accumulé autant de biens que de pays sur le continent terrestre dans le
monde des Morts. Il était perdu et avait, disons-le, totalement oublié la fée qui avait été sa compagne
jusque chez le génie. Il se livrait à des activités de moralité douteuse et au moindre soupçon arborait
que le roi avait tous les droits.

Mais comment vivait Xwéfa ?

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Depuis le début de la nouvelle aventure du baobab après le choix qu'il eût effectué à l'issue du
trilemme, la nymphe vivait seule, seule comme une louve sauvage. Elle était seule, seule comme ces
veuves qui vivent une vie solitaire et acide lorsqu’elles perdent leur époux une trentaine d'années
après la célébration de leur mariage, seule comme l'iroko massif qui était dans la forêt de Honvli. Elle
n'avait ni vivres, ni logement spacieux pour survivre. En effet, elle résidait dans une cabane, non loin
d'un géant arbre qui avait des fruits non mûrs au bord d'une étendue d’eau. Elle pouvait voir à
quelques kilomètres de là, la houe toute seule qui labourait le champ qui avait été proposé à
Kpassatin d’aménager. Elle pouvait entendre les oiseaux qui chantaient, ici et là et dont elle était
l'objet des sujets de discussion.

Mais pourquoi n'était-elle pas avec le génie ? Après que Kpassatin ait effectué son choix, le génie
avait renvoyé Xwéfa de la case de départ. Après son départ, elle traversa un long sentier sous un soleil
ardent et pour elle ce chemin était interminable. C'est alors qu'elle s'arrêta vers la cabane inhabitée
au bord de la clairière et s'y logea. C'était son troisième jour, dans le Monde des morts en l'absence
du baobab. La nymphe était frustrée, énervée et par-dessus tout seule. Elle se demandait pourquoi
elle subissait un tel châtiment. Elle se demandait pourquoi elle avait été choisie par les Mânes de ses
Ancêtres pour accompagner le baobab dans son périple. Elle pleura mais ses pleurs étaient vains. Elle
décida alors, malgré elle de faire ce qu'il lui était possible de faire pour survivre jusqu'à l'arrivée de
Kpassatin. Xwéfa menait une vie solitaire, une vie qu'elle-même n'aurait souhaité à personne. Et juste
pour le respect de la tradition. Xwéfa, cette jouvencelle à l'allure de Vénus lorsque les astres éclairent
la nuit et quand le feu éclaire le village les soirs où les grands-mères racontent ces histoires imbibées
de leçons de sagesse s'évertuait à faire de son mieux pour remplir sa mission sans désobéir aux
principes de la tradition.

Soixante-dix jours après, Kpassatin était atteint d'une maladie d'origine inconnue et infectieuse
dans son château. Comme quoi, les Mânes de ses Ancêtres avait peut-être exprimé leur colère contre
lui. C'est du moins ce qu'il répétait. Un jour, il fut conduit hors du château pour éviter la propagation
de la maladie et commença à errer tout seul dans la ville de Masas. Il allait s'effondrer lorsqu'il
rencontra un vieillard dont le visage lui parut familier. En effet, c'était le génie qui avait pris forme
physique. Il était venu prévenir le baobab que sa situation empirerait s'il ne se détachait pas des biens
matériels dont il était avide. Le génie le conduisit dans une cabane, loin des regards et lui administra
une potion qui lui permettrait de retrouver la santé à une seule condition : une réelle réconciliation
avec sa compagne de voyage qu'il aurait abandonné en cours de route et qui se débrouille pour
survivre dans le monde des Morts. Kpassatin resta passif un instant. Il pensa à tous ses biens matériels
qu'il avait accumulé et dont il devrait se séparer. Puis il accepta la proposition du génie.

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Trois jours après cette discussion, le baobab et le vieil homme décidèrent de quitter le
royaume pour aller s'installer ailleurs. Ils allèrent s'installer à la case départ, le lieu où Kpassatin avait
opéré un choix. Pourquoi ? Eh bien, la situation était telle que le génie devait reprendre en main les
agissements qui se déroulaient dans le monde des Morts. Il décida alors de former le baobab et de
l'instruire sur le fonctionnement du Monde des morts en procurant à ce dernier, le meilleur
enseignement possible en la matière. Mais avant toute chose, Kpassatin devrait rester fidèle à sa
promesse de renouer les liens avec Xwéfa.

Rester fidèle à sa promesse de renouer les liens avec Xwéfa ? Oui, mais comment ? Le baobab
prit l'initiative d'aller rendre visite à Xwéfa pour un règlement à l’amiable. Après quelques longues
heures de marche, il arriva au Sentier. Et il n'était pas loin de la cabane habitée à présent par Xwéfa. Il
y alla, frappa la porte et attendit. Quelques minutes après, Xwéfa vint lui ouvrir la porte. Le visage de
Xwéfa exprimait la surprise. Pourquoi ? Elle ne s'attendait pas à la visite d'une quelque personne, ce
soir au coucher du soleil.

Mais elle reçut avec respect le baobab et le fit entrer dans la cabane. Ils échangèrent un long
moment. L'objectif de cette conversation était de remplir la promesse faite au génie. Le long échange
se solda par la réconciliation des deux voyageurs. Xwéfa et Kpassatin s’étaient réconciliés.

Puis Kpassatin proposa de se retirer. Mais à sa grande surprise, Xwéfa décida de l'accompagner
et de continuer le voyage avec lui. Le baobab ne déclina pas l’offre. Xwéfa et Kpassatin devaient aller
au domicile du génie. A quelques kilomètres de l'endroit où ils étaient se trouvait le repaire du celui-ci.
L'endroit était calme avec une petite case dont le mur en argile n'avait que deux fenêtres. La case
était à l'ombre d'un géant baobab et ressemblait à une boîte de conserve munie d'un cône fait de
pailles séchées de palmiers au sommet.

Plus ils se rapprochaient, moins Kpassatin pouvait distinguer avec netteté le chemin idéal pour
se rendre dans le repaire du génie. Après de vaines tentatives, le baobab finit par solliciter l'aide de sa
compagne pour retrouver le chemin qui menait vers la case dont il avait l'image dans ses souvenirs.
En guise de réponse, Xwéfa s'écria : '' C'est ce chemin, ô grand baobab. C'est ce chemin, celui le plus
sombre et le plus désert qui est le chemin ''. Empruntons donc ce chemin, répondit Kpassatin sans
hésitation. Et c'est ce qu'ils firent. Ils marchèrent longtemps mais eurent beaucoup de surprises.

Kpassatin rencontra le premier, un champ qui se labourait tout seul avec une houe en
mouvement. Il se rappela que c'était la surface dont le labour lui avait été proposé au départ mais ne
montra pas une réelle déception. Plus loin, sur le chemin, il se rappela qu'il aurait pu accepter de
devenir l'apprenti du Baobab et n'arriva pas à se retenir de couler une larme. Plus les compagnons
avançaient, ils vivaient des expériences étranges et rencontraient des choses bizarres. Xwéfa resta
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muette le long du chemin mais elle voyait la souffrance de Kpassatin. Elle pouvait deviner qu'il
souffrait intérieurement en prenant conscience que la cupidité n'est pas la meilleure des choses dans
ce monde et que le bonheur ne se mesure pas en fonction des biens qu'on a. Elle sut que le Baobab
prenait conscience dans le Monde des Morts des choses qu'il aurait dû faire lors de son séjour avec
les fils d’Adam et que Kpassatin revenait progressivement à lui-même. C'est dans cet élan de réflexion
qu'elle vit au loin la case du génie, celle où elle était allée avec son compagnon de voyage à son
arrivée dans le Monde des Morts, celle où Kpassatin avait effectué un choix face au trilemme du génie.
Elle en informa aussitôt le Baobab qui reconnût immédiatement les lieux.

A peine entrés, ils virent un message sur la table écrit dans une langue traditionnelle et dont la
traduction est celle-ci :

<< Après la fin de l'épreuve de Kpassatin et sa réconciliation avec sa compagne de voyage, j'ai rempli
ma mission et j'ai été nommé à un poste supérieur. Ainsi, toute la responsabilité et les fonctions
autrefois miennes, sont aussitôt transmises au second signataire de cette lettre avant la prochaine
lune. Je recommande bien entendu au nouvel titulaire de ces fonctions de bien vouloir en faire bon
usage et d'appliquer rigoureusement les exigences dues à cette fonction afin de servir comme il faut
et au moment où il faut.

Signé. Le génie.

Signature du nouvel titulaire de mon rôle d'autrefois

Fait dans l’Ourah, à la Première Lune. >>

Le document ne portait que la signature du génie et lui-même était absent. Vu les


circonstances et les conditions de découverte de la lettre, il était urgent de trouver un substituant.
Après maintes réflexions, Xwéfa fit une proposition à Kpassatin. Elle lui demanda d'apposer sa
signature sur le document. Ce dernier refusa d'abord l'offre sous prétexte qu'il n'était pas admis à
exécuter ce genre de fonctions dans le Monde des Morts. Il argumenta qu'il commettrait peut-être
encore des erreurs cruciales. Mais la nymphe lui fit comprendre qu'il n'est jamais trop tard pour bien
faire et que l'idéal serait de retenir des leçons de ses erreurs, de les utiliser pour construire un avenir
meilleur. Elle lui démontra qu'il pourrait mieux guider les nouveaux venus susceptibles de se perdre
comme lui dans ce monde et les remettre sur le droit chemin, fort de son expérience.

Après un long moment, Kpassatin finit par se décider et suivit le conseil de sa compagne. Il signa
la lettre du génie. Il se dit que c'était le début d'une nouvelle aventure pour lui dans ce monde et qu'il
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devrait s'évertuer à bien agir pour ne pas avoir des répercussions négatives à l'avenir car il nous faut
retenir les leçons de nos erreurs du passé pour agir dans le présent et construire l'avenir. Kpassatin
pourra-t-il jouer son rôle comme il faut ?

à suivre...

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L'interview de Hamidou

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- Bonjour, Monsieur Hamidou Houégnon. Vous êtes le président de Hamidou Group. Vous êtes
l'homme le plus riche de Gogan et ici on vous surnomme '' le loup de la savane ''. Je suis ravi que vous
ayez accepté cette interview pour partager vos secrets avec la jeunesse de notre pays. Comment
avez-vous connu un tel succès ? Pouvez-vous nous expliquer votre parcours, comment vous êtes
arrivé à ce stade ?

- Bonjour, monsieur le journaliste. C'est une joie pour d'être ici en ce moment pour vous dire
comment j'en suis arrivé ici. Eh bien, écoutez-moi très bien.

- D'accord monsieur.

- « Dix jours après le retrait de son relevé du baccalauréat, Rick actuellement titulaire d'un diplôme de
Master en management stratégique, au chômage depuis deux ans qu'il a suspendu sa participation
aux cours se déroulant à l'université avait proposé à ses parents de lui donner l'occasion de faire ses
preuves en entrepreneuriat car il était attiré comme un métal vers l'aimant que représentait '' le
business''.

C'est ainsi qu'il l'appelait, ce type d'activité qui faisait éclore chaque année des centaines de
millionnaires dans le monde. Rick admirait plus que tout le fameux milliardaire nogérian Alao Smiths.
Lorsqu'il était encore en classe de terminale B, il répétait tout le temps sa phrase fétiche : « Un jour,
je serai comme Alao Smiths. » Mais aujourd’hui, il m'était aisé de constater que mon cousin n'avait
pas encore réalisé son vieux rêve. Peut-être qu'il n'avait pas encore obtenu les faveurs des mânes de
nos Ancêtres. Car ici, à Egblémakou, il n'est pas rare de constater ce genre de situation. Lorsque Rick
parlait de business, j'étais en classe de troisième et je me préparais au Brevet d'Etudes du Premier
Cycle, lequel brevet j'obtins en une seule fois alors que mon voisin de table avait réussi la même
année mais il passait le même examen pour la troisième fois. Comme quoi, disait Aboubacar : « Il y a
toujours une récompense pour celui qui n'abandonne pas et persévère. » Je l’admets, Abou était
toujours prêt à travailler mais je n'arrivais pas à comprendre comment il avait triplé le passage d'un
même examen malgré cette détermination et cette ardeur au travail. Nous étions ensemble encore
en classe de terminale scientifique cette année et nous sommes à une semaine des résultats des
examens du baccalauréat pendant que je vous narre cette histoire.

Abou et moi obtînmes de très bons résultats avec de surcroît la mention ''Bien'' tous deux. Nos
parents étaient fiers de nous et pour eux ils ne jetaient pas leur argent par la fenêtre. A la maison, les
parents organisèrent une petite réjouissance afin de célébrer la réussite. J'avoue que je fus plus que
surpris.

Après le baccalauréat, Abou et moi décidâmes de faire de la médecine au Nord du pays. C'est ainsi
que quelques semaines après, nous allâmes à Kprékou pour se familiariser et s'adapter aux environs.
Les journées à Kprékou étaient presque les mêmes. D’abord, au réveil après la prière et l'exécution
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des travaux domestiques et tâches connexes, Abou et moi allions tous les jours suivre des cours de
médecine pendant cinq à six heures pour six jours. Le soir, nous cuisinons et nous nous régalons.

Tout se déroula dans une ambiance conviviale pendant trois années successives avant la scission de
cette longue relation amicale. Abou avait trouvé un cabinet où il exerçait souvent comme infirmier
pour sa formation. Mais moi je n'avais pas encore trouvé un poste similaire. Un soir, du mois de mai,
lorsque Abou était déjà allé vaquer à ces occupations, une idée me vint à l’esprit.

Cette idée, cette pensée semblable à celle de Rick à l'époque était celle-ci : faire du business jusqu'à
ce que j'aie assez d'argent pour construire mon propre cabinet de dentiste. Eh oui, du business. Et je
n'avais aucun sou. Mais pourquoi ? Parce que je n'avais pas le moindre sou.

Comment un jeune étudiant en formation pourrait-il bien trouver quelques sous pour se lancer dans
le business ? Cette question me taraudait l'esprit pendant plus de trois heures. Au soir de la journée,
aux environs de dix-neuf heures, je n'avais encore rien trouvé. Abou rentra à vingt heures, se reposa
et dormit.

Quant à moi, je n'arrivais pas à trouver le sommeil. Je me demandais comment trouver de l’argent.
Comment trouver de l'argent sans avoir à le voler ? Comment trouver de l'argent en faisant du
business ? Comment trouver de l'argent en sachant que je ne pouvais compter sur l'aide financière de
mes parents et de l'Etat encore insuffisante pour satisfaire mes besoins ? Comment trouver de
l'argent pour acheter la voiture que je désire ? Comment trouver de l'argent pour construire mon
cabinet et assurer une vie confortable à ma famille ?

Je ne fermai pas l'œil jusqu'à six heures et trente minutes du matin. J'étais toujours là, perdu dans
mes pensées à la quête d'une réponse enfouie là, quelque part dans mon esprit. Comme d’habitude,
Abou alla dans le cabinet et moi j'étais à la maison. Soudain, je me rappelai de cette phrase de Rick :
« Alao Smiths avait constaté un déficit, un problème dans sa ville natale et puisque ce problème était
généralisé à l'ensemble du pays, il avait tout fait pour trouver une solution. Et c'est grâce à cette
solution qu'il est l'une des premières fortunes mondiales aujourd'hui. » Rick était obsédé par Alao
Smiths (rires…) et il serait peut-être la meilleure personne pour m’aider.

Je contactai alors Rick pour lui demander de m’aider. Rick me dit ceci à l'appareil en guise de réponse
à la question que je lui avais posée : « J'ai découvert l'histoire d'Alao Smiths dans un magazine quand
j'étais au lycée et depuis il me passionne. Je pense que tu devrais faire comme lui si tu veux gagner de
l’argent. Trouve un problème et résous-le, couz. Et les études ? Ça évolue ? » A cette question, je lui
expliquais qu'actuellement j'étais également à la maison et que tout allait bientôt s'arranger lorsque
le crédit de communication s'épuisa. Après ce coup de fil, j'ai pris une douche, je me suis habillé et je
suis sorti de la maison avec une seule idée en tête : trouver un problème à résoudre afin de gagner de

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l’argent. Pendant deux semaines, je n'avais encore rien trouvé. J'étais presque découragé et je voulais
abandonner mais j'avais décidé de prendre exemple sur Abou...

Et dans la semaine qui avait suivi, j'avais trouvé un problème. La résolution de ce problème allait
changer le cours de la vie de la population. Après l'analyse des résultats des sondages effectués,
j'avais en réalité découvert que les populations de Kprékou et des environs avaient d'énormes
difficultés à marcher sur des trajets kilométriques. Et il me fallait trouver une solution. J'ai passé plus
de deux mois sans trouver une réelle solution. J'ai alors décidé d'aller dans le pays voisin, le pays
d'origine d'Alao Smiths, le Nogéria, pour voir comment vivaient les gens.

Après les préliminaires et les tâches subsidiaires nécessaires à l'entreprise de ce voyage pour plus
d'un mois, j'avais pris le chemin un samedi soir. Tout au long du trajet, j'avais pris de soin d'observer
comment vivaient les gens. Le voyage avait duré deux jours. Et puisque c'était pour la bonne cause, il
ne fallait pas abandonner.

Dès que je mis pied à Oba City, j'avais déjà constaté un grand changement. Le mode de vie des
populations francophones comme les nôtres à Egblémakou n'était même pas enviable au mode de vie
de ceux qui vivaient dans le pays d'Alao Smiths. Ici, il y avait des okada, des bike, etc. C'était ainsi
qu'on nommait les moyens de déplacement utilisés à Oba City. Durant les deux mois de mon séjour,
j'avais découvert les cars et j'avais beaucoup appris. Du moins, je pouvais me débrouiller.

Puis, je décidai de retourner au pays, à Gogan mon pays d’origine, pays francophone qui n'avait pas
hérité grand chose de la colonisation si ce n'était la langue de travail, la structure administrative, le
système éducatif et quelques choses encore. Le voyage retour avait duré une journée. Comment ?
Laissez-moi vous expliquer cette fabuleuse expérience. J'avais pris un '' car '', ces fameuses boîtes que
nous appelons voitures aujourd’hui. L'engin roulait tellement vite que je n'avais pas vu le temps
passer. Le voyage s'était effectué en un temps record. Ces engins offrent plusieurs avantages : une
sécurité, un confort et le déplacement en un temps record. Sur le chemin du retour, j'avais demandé
à Chief le chauffeur de me donner son '' number'', ce qu'il avait fait avec joie. Je lui avais promis le
''recall'' pour parler business.

De retour au pays, je suis allé à Kprékou pour établir un plan afin de lancer un projet. Parce que
maintenant j'avais un projet de développement du domaine des transports de tout le pays. Il fallait
que des ''cars'' circulent à Kprékou, me dis-je à l'époque. Et je voulais que mon entreprise soit en
charge de tous les moyens de déplacement en l'occurrence les cars. Comment faire venir des cars à
Kprékou ? La réponse à cette question était de s'accorder avec le gouvernement de Gogan sur la mise
en œuvre de mon projet de développement.

Après de longues démarches, je m'étais arrangé pour rencontrer le ministre en charge du


déplacement terrestre aujourd'hui appelé ministre des transports afin de lui exposer le projet de mon
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entreprise. Suite à un long échange très instructif, il avait promis de me trouver une opportunité dans
ce domaine.

De retour chez moi, dans la cabine que je partageais avec Abou, j'élaborai une dizaine de plans. Et la
mise en œuvre du premier plan commença le jour suivant. L'objectif de ce premier plan était la
création d'une organisation à but lucratif spécialisée dans le domaine des transports. J'avais nommé
l'entreprise Hamidou Transports comme vous la connaissez aujourd'hui.

Mais comme tout n'est pas toujours facile, je n'avais pas encore réussi à obtenir l'appel d'offre que
j'espérais du gouvernement. C'est alors que j'ai décidé de commencer à créer mon équipe de
l'entreprise et à chercher un siège pour l’entreprise. J'avais en parallèle commencé à travailler comme
aide-soignant dans le même cabinet que Abou après les démarches menées par mon ami. Cinq mois
après, j'avais accumulé quelques sous que j'ai commencé à économiser pour créer mon entreprise de
manière physique. J'étais sur le point d'aller verser mon argent à la Caisse d'Epargne Fraternelle de
Kprékou lorsque quelqu'un cogna à la porte. C'était le facteur qui était venu déposer le courrier.
Comme Abou, je fus surpris de recevoir un courrier, mais pas n'importe lequel, un courrier qui venait
du ministère du déplacement terrestre. Très vite, Abou ouvrit l'enveloppe et lut le texte écrit. A
l’entendre, je venais de décrocher un contrat avec le gouvernement pour un projet de dynamisation
du secteur du déplacement terrestre de Gogan. Ma joie fut sans pareille. C'était la fête avec Abou à la
maison.

Le lendemain matin, un lundi je crois, je me présentai au ministère pour une réunion avec le ministre
et quelques collaborateurs. Je leur exposai mon projet pour faciliter le déplacement terrestre et ils
promirent de mettre à ma disposition financement et main d'oeuvre pour la matérialisation de mon
projet. J'avais décroché un énorme contrat. Après la réunion qui s'était bien déroulée, je suis rentré à
la maison.

À la maison, j'avais décidé de rappeler à présent Chief pour arranger un rendez-vous avec lui. En effet,
Chief était un natif de Gogan mais il s'était installé à Oba City pour des raisons professionnelles. J'ai
contacté alors Chief et nous fixâmes un jour pour se rencontrer à Oba City. Je retournais quelques
jours après à Oba City pour discuter avec Chief en compagnie cette fois-ci de Abou. Chief devait nous
mettre en contact avec un vendeur de très bons ''cars '' adaptés pour la circonstance.

En fait, les cars sont les voitures d’aujourd’hui. Les choses se sont bien déroulées et grâce aux
relations de Chief, Abou et moi appuyés par l'aide du gouvernement de Gogan avions pu signer un
contrat pour l'achat de mille automobiles d'occasion mais confortables avec un vendeur de renom. Le
contrat de vente avait été signé des parties au contrat et le versement des fonds devrait s'opérer en
même temps que la livraison des véhicules. Puis Abou et moi retournâmes à Gogan après notre séjour
à Oba City qui avait duré au moins deux semaines.

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De retour à Gogan, nous attendîmes l'arrivée de la marchandise qui prit environs deux semaines.
Pendant ces deux semaines, Abou et moi en relation avec le gouvernement avions aménagé le cadre
nécessaire pour le démarrage des activités à Gogan. Et tout se déroula très bien. Un mois après, la
compagnie Hamidou Transports avait commencé ses travaux et commençait petit à petit à remplir ses
obligations avec le gouvernement. Le chiffre d'affaires de la compagnie étant haussier face à un
besoin criard et urgent, mon entreprise dût renouveler son contrat d'achat d'automobiles d'occasion
et cette fois-ci, pour une couverture totale de Gogan.

En quelques mois, l'état du secteur du déplacement terrestre à Gogan s'était amélioré et la vie des
populations avait également connu de profonds changements positifs. Par ricochet, Hamidou
Transports était devenue une entreprise reconnue partout dans le pays pour ses services et même
une fois, Alao Smiths vint nous féliciter. Ce jour-là, toute la famille en l'occurrence mon cousin Rick
qui était obsédé par l'idée d'être comme l'homme avait pu le rencontrer.

Néanmoins, je dois vous informer de ceci : « J'avais un objectif au moment de me lancer dans cette
quête et je l'ai atteint. J'ai pu construire mon cabinet médical mais je m'investis beaucoup plus en
entrepreneuriat. Comme quoi, il nous faut trouver des solutions aux problèmes qui freinent
l'épanouissement de notre société mais encore il faut atteindre les objectifs que nous nous sommes
fixés. Il ne faut jamais abandonner parce que ça a été difficile la première fois. La persévérance est la
clé du succès. » Telle est la recommandation que j'aimerais faire à l'endroit de la jeunesse actuelle. Et
je pense que nous aurons une meilleure situation si tous les jeunes travaillent dans cette même
optique. »

- Merci pour cette histoire très inspirante qui narre votre parcours, Monsieur Hamidou Houégnon.

- Je vous en prie.

à suivre...

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Table des matières
Remerciements.......................................................................................................................................06

Sommaire................................................................................................................................................07

La Chute du Baobab….............................................................................................................................09

L'interview de Hamidou..........................................................................................................................17

Table des matières..................................................................................................................................22

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