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Père Joseph Kentenich

MON COEUR
TON SANCTUAIRE

Aphorismes recueillis dans


les textes du Père Joseph Kentenich

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Titre original :
“Mein Herz - Dein Heiligtum”

Schoenstatt Verlag 1983


D 56179 Vallendar
Allemagne

Traduction de l’Allemand :
Gertrude Durusoy

Impression :
Soeurs de Marie de Schoenstatt
Mont Schoenstatt -Gikungu
B.P. 2240 BUJUMBURA
BURUNDI

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INTRODUCTION

Il est un fait qui attire notre attention, à nous hommes modernes, une réalité que nous
n’avons pas du tout ou très peu prise en considération, notamment :

MON COEUR - UN SANCTUAIRE


MON COEUR - TON SANCTUAIRE

Le Père Kentenich, qui a annoncé ce message de bonheur surtout dans les dernières années
de sa vie, en connaissait la valeur justement pour nous, homme du XX ème siècle. Il
connaissait les besoins et les dangers de toutes sortes auxquels nous sommes exposés tous les
jours dans notre monde sécularisé. Il savait à quel point le progrès, la jouissance, le pouvoir et
la possession nous fascinent pour finalement nous décevoir, à quel point ils font oublier le sens
des valeurs surnaturelles et mènent à l’éloignement de Dieu. C’est pourquoi, le Père Kentenich
ne s’est jamais laissé de répéter la présence du Dieu vivant qui avait fait alliance avec nous et
avait une histoire en commun avec nous et qui avait choisi notre coeur pour en faire sa
demeure, un Dieu qui vit en nous pour être tout près de nous.

C’est dans le sacrement du baptême que repose la réalité de Dieu qui vient habiter en nous.
Alors, nous naissons à une vie nouvelle. Dieu fait sa demeure dans nos âmes. Nous devenons
vraiment un temple de Dieu. Avant de quitter ce monde, Jésus dit : “Si quelqun m’aime, il
gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous ferons chez lui notre
demeure.” (Jn 14,23)

Ce qui est réalisé sacramentellement par le baptême doit se développer dans une vie
conforme à la volonté du Père et à sa gloire. Les aphorismes qui se trouvent dans ce volume se
reportent à la vérité de la présence de Dieu dans le coeur de l’homme. Ils proviennent de
sermons, de conférences et des écrits du Père Kentenich et ici ils sont selon un ordre qui a trait
à la réalité du sanctuaire du coeur :

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La demeure de Dieu est faite de pierres vivantes ; le Dieu des autels, des églises de pierres
désire voir une Eglise vivante, désire chaque croyant, toute sa personne. C’est le baptême qui
procure la nouvelle vie. Par ce sacrement, l’homme devient vraiment enfant de Dieu.

Les chapitres intitulés : “Habités par Dieu”, Intégrés dans le Christ” et “Mus par l’Esprit”
montrent que la présence de Dieu dans les hommes est une présence et une action de la Sainte
Trinité.

Aucun être humain n’a autant fait place à Dieu dans sa vie que Marie. Elle est pleine de
grâces et c’est la raison pour laquelle elle est un modèle toujours valable pour la réalité divine
dans l’être humain.

Le cadeau divin qu’est son habitation en nous représente à la fois un don et un devoir qui
nous sont confiés pour produire des fruits en abondance : aussi bien dans notre vie personnelle
que pour tous les hommes qui sont sur notre route. Il est évident qu’il faut remercier pour
cette grâce et la demander incessamment dans les prières.

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DEMEURE DE DIEU
FAITE DE PIERRES VIVANTES

“Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu ?”


(1 Cor 3,16)

“Je vis la Cité Sainte, Jérusalem nouvelle qui descendait du ciel, de chez Dieu ; elle s’est fait
belle comme une jeune mariée parée pour son époux.” (Ap. 21,2) - Savons-nous ce que veut
dire la Jérusalem nouvelle ? C’est l’Eglise. - “J’entendis alors une voix clamer du trône: “Voici
la demeure de Dieu avec les hommes, Il aura sa demeure avec eux; ils seront son peuple et lui
Dieu-avec-eux sera leur Dieu” (Ap. 21,3).

L’Eglise de Dieu se dresse devant nous comme un grand temple. La pierre angulaire, c’est le
Christ. Ses fondations sont les apôtres et les prophètes et chacun d’entre nous est une pierre
vivante de cet édifice, de ce temple. Oui, parfois St. Paul va encore plus loin et dit que chacun
de nous est un temple. Donc, moi, je ne suis pas seulement une pierre vivante, je suis moi-
même un temps. “Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu
demeure en vous ?” (1 Co 3,16).
Nous ne sommes pas seulement et vraiment temples du Saint-Esprit sur la terre, à la fin des
temps nous avons encore à être utilisés comme pierres vivantes pour la construction d’un
nouveau temple, pour l’édification de la Jérusalem nouvelle, faites de pierres vivantes. Nous
tous devons, individuellement, devenir une telle pierre vivante de la Jérusalem nouvelle.

Nous pouvons donc nous efforcer avec zèle et de tout notre être de devenir des pierres de
plus en plus vivantes de ce temple merveilleux et d’être de plus en plus unis pour que, quand
ce temple temporel deviendra temple éternel, comme nous l’annonce si bien l’Apocalypse, -
pour qu’à ce moment-là aussi nous soyons comptés parmi ces pierres vivantes, que nous
puissions contribuer par notre être à l’édification de ce temple céleste.

Qu’est-ce que la Cité sainte, la nouvelle Sion ? C’est nous-mêmes. Nous, en tant que
membres de l’Eglise, nous avons à représenter la nouvelle Sion.

Que désirons-nous ? Être une Cité divine ! Que signifie ce terme Cité divine ? Une cité
construite par le Bon Dieu, une ville dans laquelle règne le Bon Dieu et une cité qui rayonne
toujours davantage le Divin. Cette cité c’est le sanctuaire de notre coeur ! - C’est merveilleux :
Je désire et j’ai le droit d’être une cité sainte, une nouvelle Sion.

“Que mon coeur soit ta Sion !” De même que le Dieu de l’Ancien Testament a régné sur les
Israélites dans Sion, de même que ce Dieu de l’Ancien Testament y avait sa demeure, de la
même manière le Sauveur a maintenant sa demeure en moi.

Si je dis : Je te donne, ô mon Dieu, mon coeur tout entier, qu’est-ce que je fais par là ? Eh
bien, je déclare encore une fois de plein gré et dans la joie : Prends possession de mon coeur !
Veille à ce que rien ne puisse me priver de Toi ! Je te donne toute mon âme. “Qu’elle soit ta
Sion, ta Béthanie !”

A qui Dieu accorde-t-il la grâce de se représenter approximativement de quel mystère

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puissant il s’agit là ? Nos yeux sont encore trop aveugles, notre coeur est encore trop borné
pour comprendre et connaître tout cela. Oui, toute la plénitude de l’éternité consiste dans la
compréhension, la connaissance et la jouissance de tout cela.

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PAR LE BAPTÊME NÉS A UNE VIE NOUVELLE

“Nous sommes appelés enfants de Dieu car nous le sommes.”


(1 Jn 3,1)

“Voyez comme est grand l’amour que Dieu a pour nous. Nous sommes appelés enfants de
Dieu car nous le sommes.” (1 Jn 3,1) Le baptême est au centre de la pensée, des sentiments et
des aspirations des premiers chrétiens. En effet, nous savons que nous possédons par le
baptême toute la richesse des enfants de Dieu, que nous la recevons en nous.

Quant à nous, hommes d’aujourd’hui, nous pouvons dire naturellement: Nous sommes
baptisés, nous possédons la vie divine, la grâce sanctifiante, la filiation divine - mais les
premiers chrétiens ont fait des efforts pour exprimer en termes de langage la nouveauté, la
profondeur de cette réalité.

Nous sommes membres du corps du Christ et en tant que membres nous sommes animés
de la vie divine... Cette vie divine qui doit couler en nous en provenant de la personne de
l’Homme-Dieu a son siège dans son coeur très saint.

Comme nous avons la vie divine en tant que membres vivants du corps du Christ nous ne
devons plus avoir l’esprit de servitude mais l’esprit des fils. “Aussi bien vous n’avez pas reçu
un esprit d’esclaves pour retomber dans la crainte, vous avez reçu un esprit de fils adoptifs
qui nous fait écrier : Abba Père ! L’Esprit en personne se joint à notre esprit pour attester que
nous sommes enfants de Dieu.” (Rm 8,15 ss)

La vie divine s’est d’abord répandue en nous en venant du coeur de Dieu au moment de
notre baptême. C’est alors que nous étions divinisés pour la première fois, que pour la
première fois nous avons pu prendre part à la vie divine. Cette eau de grâce nous a touchés et
marqués lors de la confirmation. C’est par cela que la vie divine nous a été donnée. Cette eau
nous a touchés au sacrement de pénitence, celle nous a touchés dans les vertus divines. C’est
par elle que nous avons eu des sentiments et des attitudes surnaturelles.

Prenez le monde entier, l’or et l’argent, les merveilles de la nature, la beauté de la mer, la
splendeur des étoiles, - qu’est-ce que cela face à la nouvelle création que nous portons en nous
?

Le don le plus précieux que nous possédons n’est pas la beauté ni la silhouette, ni la faculté
de converser, ni le succès extérieur dans le travail, ni le fait d’être doué - le don le plus précieux
en nous c’est la vie divine qui y est !

C’est pourquoi l’homme est très grand quand il a en lui la vie divine, la grâce sanctifiante
même si physiquement il est mal formé, même s’il est lépreux.

Dieu veut nous diviniser. Il veut que la vie divine ne soit pas seulement acceptée par nous et
en nous, mais qu’elle coule, qu’elle déborde en nous pour imprégner les moindres replis de
notre être intérieur et extérieur et en devient maître.

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Le Père m’aime parce que je suis rattaché à son Fils et que je suis une grande union de vie
avec son Fils. C’est le grand bien, le plus grand bien et le plus beau que nous avons. A quoi
nous sert la noblesse de la naissance ou du maintien ? Ce qui a le plus de valeur c’est la vie
divine que le Sauveur nous a apportée et offerte. D’où une reconnaissance cordiale et profonde
! C’est ce que nous dit St. Jacques dans sa lettre : “Mes frères bien-aimés : tout don excellant,
toute donation parfaite vient d’en haut et descend du Père des lumières, chez qui n’existe
aucun changement ni l’ombre d’une variation” (Jacques 1,17). Le cadeau le plus parfait et le
plus élevé c’est la vie divine en nous.

Le Sauveur veut rendre la demeure de mon âme de plus en plus belle. Cela veut dire qu’il
veut veiller à ce que la vie divine y soit toujours plus puissante et que je sois conscient de cette
vie, que je vive de plus en plus avec cette idée, que je vive dans la foi, oui, que je devienne
intérieurement cette vie divine qui se répand. J’en suis capable bien que je remarque en moi
tant de difficultés, tant d’instincts et tant d’aspects mauvais.

En quoi consiste ma grandeur ? Dans le fait que je suis enfant de Dieu. Comment apprécier
cette dignité ? Mon âme devrait être remplie d’une conscience de cette situation, une prise de
conscience toute noble en tant qu’enfant de Dieu devrait s’emparer de mon âme d’autant plus
que les valeurs purement naturelles que je tenais pour très élevées auparavant sont
profondément détruites en moi. C’est le renversement de toutes les valeurs !

Voici le soleil au milieu de toutes les vérités et de tous les mystères: je suis un enfant de
Dieu. Intérieurement, le Père est toujours avec moi! Notre filiation divine est un mystère
particulier. Non seulement nous participons à l’héritage du Père, nous sommes des fils
adoptifs mais nous sommes aussi englobés dans sa vie divine.

Si nous sommes enfants de Dieu, nous sommes aussi héritiers de la vie éternelle et par
l’Eucharistie nous avons un droit à la vie éternelle.

Nous sommes enfants du Père, pleinement enfants du Père par cette communication
intérieure puisque nous avons la vie divine en nous. En tant qu’enfants du Père nous voulons
lui offrir notre amour filial le plus tendre et nous sommes prêts à faire tout ce qu’il a prévu
pour nous.

Est-ce que la tâche de ma vie ne devrait pas consister dans le fait de réaliser en vérité ce que
la Vérité me dit : je suis l’enfant du Père et le Père habite en moi ? Est-ce que la raison la plus
profonde et le sommet de ma vie et de mes aspirations ascétiques ne consistent pas dans le
fait d’être pleinement enfant, d’être enfant de Dieu, enfant de Dieu dans ma foi, enfant de
Dieu dans mon espérance et enfant de Dieu dans ma charité!
Si nous voulons nous préparer à avoir une communauté de coeur avec Dieu alors cela
revient à dire qu’il nous faut être des petits héros de la foi, de vivre selon la foi de manière à ce
que la Trinité, le Père vive en nous. C’est dans la mesure où nous nous efforçons de nous retirer
pour vivre dans l’intimité avec le bon Dieu que cette intimité nous sera vraiment donnée.

Intérieurement le Père est toujours avec nous ! Comme nous devrions nous retirer dans le
fond de notre coeur, dans la demeure du Père pour discuter de tout avec Lui.

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Quel est donc notre devoir quand Dieu est en permanence avec nous et en nous ? Etre avec
Lui, être avec Lui par le coeur ! Une relation d’amour avec Dieu qui vit en nous ! Comment se
présente cette relation d’amour ? C’est d’abord une relation d’amour filial. Nous voulons
contempler dans la foi notre Père, le faire fréquemment, parler avec Lui avec amour et lui
apporter des sacrifices nombreux faits par amour et dans la foi.

Moi, j’ai le droit de ressusciter ; tel que je suis j’ai le droit de vivre au ciel de manière
transfigurée pour louer et chanter Dieu avec les saints. Nous sommes déjà ressuscités, non
seulement en esprit, mais dans notre être puisque nous portons en nous le germe de la
transfiguration, la vie divine.

Nous attendons dans l’impatience que la filiation divine s’accomplisse en nous à la


perfection dans la “vision beata”, dans la contemplation bienheureuse de Dieu. Nous
attendons dans l’impatience tous les biens venant de Dieu en abondance lors de la forme
parfaite de la vie divine. Nous attendons donc aussi que notre corps soit délivré, parfait et
sauvé.

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HABITÉS PAR DIEU

“Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie :
Abba, Père.” (Gal 4,6)

Nous savons que Dieu dans sa grandeur est partout, où que je me tourne, à droite, à
gauche, en haut, en bas, - sur la terre et sous la terre: Dieu est partout, Lui le Dieu très grand,
source de mon être, origine de la lumière et de la vie. Il est partout avec son être, il pénètre les
choses, il me pénètre aussi personnellement, la pierre, le bois, - de même que l’âme qui est
partout et pénètre tout ce que fait partie du corps. Dieu est partout avec son savoir. Il sait
tout, il voit tout, rien n’est caché devant lui. Dieu est partout avec sa puissance, il prend part à
tout sinon les choses ne pourraient pas exister.

Dieu est tellement intérieurement partout que St. Paul ose dire : “Dieu est près de chacun
d’entre nous. Car c’est en lui que nous vivons, que nous nous mouvons et que nous sommes.”
(Ac 17,27ss)

Dieu est partout mais il ne possède rien de créé autant que l’esprit qu’il a créé, l’esprit
humain. Je lui remets le fond de mon coeur, le sommet de mon âme. C’est là sa demeure.

St. Augustin, ce grand mystique et chercheur de Dieu, a dit un jour: “Tu me demandes où
je trouve Dieu. Je te réponds : Cherche le dans ton coeur, tout au fond de ton âme.” Il n’est
donc pas seulement avec nous, il est en nous, il habite en nous et la relation avec Dieu est
tellement intime qu’elle ne ressemble à aucune autre relation.

Ce Dieu qui m’aime si démesurément c’est lui qui est en moi. C’est là qu’il déploie son
amour mystérieux. C’est par ces liens mystérieux qu’il voudrait m’attacher à lui, m’enchaîner
et m’avoir tout à lui.

La Sainte Trinité vit en nous, depuis que nous portons en nous la vie surnaturelle, depuis le
baptême et tant que nous ne commettons pas de faute grave.

L’apôtre Saint Paul nous dit bien clairement que nous sommes d’abord temples du Saint-
Esprit : “Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en
vous ?” (1Co 3,16).

Là où se trouve l’Esprit Saint, là aussi est le Père. Le Sauveur nous l’a dit lui-même : “Si
quelqu’un m’aime, il gardera ma parole et mon Père l’aimera et nous viendrons à lui et nous
ferons chez lui notre demeure.” (Jn 14,23) Donc, non seulement l’Esprit Saint vit en nous mais
aussi le Fils et le Père. A la lumière de la foi ceci est vrai : L’âme en état de grâce est
littéralement un temple de la Sainte Trinité.

La Sainte Trinité est donc en nous et non seulement près de nous et avec nous. Il s’agit là
d’une grande vérité, d’une valeur capitale de notre religion, de toute notre vie et de nos
aspirations ascétiques.

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La Sainte Trinité habite en nous et nous fait continuellement participer à sa vie. C’est ainsi
que nous sommes à la fois en sûreté et cachés dans le sein de la Sainte Trinité.

Habitations de Dieu ! Quand j’habite dans une chambre je suis dedans mais je n’ai rien à
voir avec les murs qui, tout au plus, servent à me protéger. Habitation du Saint-Esprit,
habitation du Père, habitation de la Sainte Trinité dans mon âme ! Cela ne veut pas dire
habitation au sens habituel du terme. Non, non, la Sainte Trinité, le Saint-Esprit vit en moi et
m’attire - et c’est là que réside le mystère - d’une manière mystérieuse dans la vie divine
trinitaire. Elévation dans le rang ! Elévation dans l’être!

Être une petite église de la Trinité signifie ceci : Notre âme - et par notre âme, notre corps
aussi - est habité par la Trinité et lui est offert, - elle est attirée mystérieusement dans le
courant de vie divine trinitaire. Parce que nous ne nous en rendons pas assez compte et que
nous ne le sentons pas d’une manière palpable, la foi en cette vérité est à la fois très grande et
très difficile.

Dans la sainte communion le Sauveur vient à nous pour augmenter en nous la vie divine qui
y coule. Nous savons que dans notre âme la Sainte Trinité ne vient pas seulement habiter et
trôner, que cette habitation n’est pas seulement en augmentation par la sainte communion
mais que le processus trinitaire s’accomplit en nous.

De même qu’au sein de la Sainte Trinité le Père engendre éternellement le Fils et que le Saint-
Esprit procède de l’amour entre le Père et le Fils, de même cela s’accomplit en mon âme. La
Sainte Trinité trône à la racine la plus profonde et au sommet de mon âme. Ce flux de vie
divine, ce processus trinitaire est continuellement en action en moi. Si nous comprenions cela en
profondeur, si nous pouvions en avoir une idée alors quel respect nous aurions de nous-
mêmes. Comme nous nous réjouirions de ce que ce flux de vie divine se renouvelle
continuellement à la racine de notre âme et dans chacune de ses fibres!

Quand la grâce nous stimule pour honorer et respecter davantage la Sainte Trinité en nous,
suivons cette impulsion. “Dominus tecum !” Le Seigneur est avec toi ! Oui, il est en moi, il est
toujours en moi, il agit en moi d’une manière surnaturelle et indicible. Ne dois-je pas dire : Je
veux être avec le Seigneur, avec la Sainte Trinité ?

Cette admirable communauté avec Dieu qui habite en moi est une communion paisible et
tranquille. Le fait d’être conscient de ce que je ne suis pas seul, de ce que Dieu vit en moi
devrait me rendre paisible, confiant de manière à nous faire vivre dans l’instant présent: Le
Bien-aimé qui habite en moi fait tout ! Dieu doit être le centre de gravité de ma vie.

Si au moins la vie divine trinitaire se répandait en nous, dans l’intérieur de mon être de
manière à consumer tout ce qui ne lui convient pas ! Alors nous aurions une paix souveraine
dans toutes les difficultés, dans les plus grands embarras extérieurs. Alors, nous serions des
saints en puissance. Le Bon Dieu nous regarderait avec un amour extraordinaire!

Plus la Sainte Trinité vit et règne en nous et plus nous sommes pénétrés de vie divine qui
nous rattache et se répand en nous plus la Sainte Trinité est glorifiée.

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Lorsque l’âme qui cherche toute sa grandeur dans le don caché à Dieu se met à parler de
Dieu, alors on remarque vraiment comme tout se met à vibrer mystérieusement mais
tendrement en elle. Alors se réalise ce que dit le Psaume 45 : “Mon coeur a frémi de paroles
belles, j’ai à faire entendre mon oeuvre au roi.” On sent que tout l’être intérieur est rempli de
Dieu.

Dieu seul peut comprendre le fond de mon être intérieur, le plus profond de moi-même.
C’est là que Dieu veut qu’on le cherche et le supplie. Comme nous le faisons peu ! - J’ai
souvent cité ce mot de Saint Augustin: “Mon Dieu, tu étais en moi mais moi je n’y étais pas !”
Nous sommes presque continuellement en dehors de notre for intérieur par nos pensées et par
nos sentiments.

Tout contact avec Dieu, au moins tout contact profond mène inévitablement à un
renoncement au moi. Là où Dieu habite, là où il est reconnu, il ne laisse plus l’âme en paix tant
qu’il n’est pas le seul maître de cette âme. Cet éloignement de la vie instinctive n’est pas
possible si nous ne mettons pas en oeuvre notre profond et puissant esprit de sacrifice.

Notre coeur est une demeure à laquelle aucun criminel ne peut porter la main, c’est une
demeure de la Sainte Trinité. C’est ainsi que nous nous avançons dans la lumière même si c’est
le clair-obscur de la foi. La foi est obscure, bien sûre, mais c’est une lumière solaire à côté de la
lumière de chandelle de notre raison. Quand nous serons une fois dans l’éternité et que nous
verrons Dieu tel qu’il est, alors Dieu n’aura plus besoin de nous communiquer son image
comme aux âmes mystiques. Car nous verrons Dieu sans intermédiaire et l’âme sera
débordante dans son entier et saisie de la vie de la Sainte Trinité.

“Il y a trois endroits”, dit un jour le Sauveur à Sainte Gertrude, “il y a trois places où
j’habite avec une joie particulière : c’est le coeur du Père Eternel, le petit tabernacle de
l’Eucharistie et c’est le coeur des enfants de Dieu.” - Ne sentons-nous pas comme le Sauveur
demande aujourd’hui à entrer, comme il voudrait venir en notre âme comme sa demeure
préférée ?

Où est mon ciel ? Où est le ciel de Dieu pour moi ? C’est mon coeur. Il n’y a qu’une seule
différence entre le ciel de l’au-delà et le ciel que nous portons dans notre coeur. La différence
réside dans le fait que dans le ciel d’ici-bas nous ne voyons Dieu que par la foi. Dans notre ciel
intérieur, nous avons le même Dieu Trinité, tout-puissant, avec tout ce qu’il est, qu’il peut, le
même Dieu tel que nous l’adorerons dans l’éternité en le voyant. Je n’ai dit là que quelques
phrases. Celui qui en est saisi, qui a compris ne pourra plus détourner son regard de son ciel
intérieur.

Nous voyons comme Dieu est grand, comme il est bon en nous donnant la vie divine, en
habitant d’une manière permanente en nous. Dans une certaine mesure, cela n’est-il pas déjà la
réalisation de notre espérance surnaturelle ? Dans la mesure où nous sommes conscients de
l’habitation en nous de la Sainte Trinité, dans cette mesure-là nous anticipons une partie de la
béatitude céleste.

Nous voulons apprendre à davantage nous reposer en Dieu, en cette Sainte Trinité de notre
intérieur. Nous le savons théoriquement : Dieu est en moi, le Père, le Fils et le Saint-Esprit,

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mais combien peu nous en vivons !

Nous sommes un sanctuaire de la Trinité, la Sainte Trinité habite en nous. Nous le savons
bien et nous pouvons même dire de belles paroles à ce sujet. C’est une chose bien différente
que de connaître des vérités ou de se trouver frémissant sous leur influence.

Par quel moyen sais-je que la Sainte Trinité vit en moi ? Par la foi. Pourquoi ne sommes-
nous pas pénétrés intérieurement de ces vérités surnaturelles que nous portons ? Parce que
nous ne connaissons pas assez cette vérité. D’où : une étude plus approfondie des sources de
l’Ecriture.

Comment se fait-il que nous participions si peu à la sainte solitude et de l’union à Dieu qui
vit en nous ? Ou bien nous ne savons malheureusement pas ce que sont les grands mystères ou
alors, si nous le savons, nous les oublions ou ne les prenons pas assez en considération. —
Nous ne faisons pas assez de cas de la vérité qui dit que la Sainte Trinité habite en nous.

De même que nous nous comportons avec respect devant la maison de Dieu — lorsque
nous sommes sous l’influence vivifiante de la foi, — de même devons-nous nous comporter
avec nous-mêmes car en nous habite la Sainte trinité. Mon âme à moi : c’est là la demeure de
Dieu, la porte du ciel. C’est là que Dieu entre et sort.

Plus que d’habitude nous voulons nous adonner à l’adoration perpétuelle de la Sainte
Trinité vivant dans notre for intérieur. Notre vie et notre action doivent être encore plus
spiritualisée et plus religieuse.

Tous les jours, je me retire dans mon petit sanctuaire de la Trinité pour y pratiquer
l’adoration. Telle est la tâche de notre vie : Chercher et supplier le Dieu trinitaire dans le fond
de mon coeur.

A la Sainte Trinité qui m’attire de plus en plus dans le flux de la vie divine j’offre tout, tout
ce que je fais, tout amour, toute douleur, toute joie, toute peine, tout et tout. Tout doit être
pour lui seul ! Nous pouvons appeler cela la bonne intention. Il ne faut pas oublier l’aspect de
sacrifice.
Dans ce sanctuaire de la Trinité que nous voulons être, comment y prier? En y posant des
actes spirituels. En faisant partie de la prière contemplative, les prières d’invocation, les bonnes
intentions donc tout ce qui, d’une manière ou d’une autre, nous met en rapport avec Dieu.

Puisque le bon Dieu est présent en moi de manière admirable et qu’il pratique la solitude, à
mon tour je dois à tout moment pratiquer ce retrait solitaire avec lui qui habite en moi.

Le Saint Curé d’Ars dit : “Homme en qui habite et trône la Sainte Trinité ne fait plus
attention au monde ni aux voix du monde qui n’ont plus de prise sur lui.” — Le monde, tel
que nous le voyons habituellement, ne connaît pas de Dieu. C’est là notre grande tâche que de
tourner toujours, en ce monde, autour de notre Dieu.

Un amour authentique et vrai ne fait pas que réunir et rattacher, il transforme aussi. Donc
si les instincts de mon coeur sont rattachés à Dieu alors toute ma personnalité est et doit être

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un tabernacle de Dieu.

Le véritable respect, le juste respect oui, nous pouvons même dire l’esprit de pureté n’est
pas suffisamment en sûreté que lorsque nous arrivons à avoir cette relation intime et tendre
avec le Dieu de notre coeur, à l’approfondir et à la parfaire.

Lorsque nous faisons la découverte de Dieu en nous cela revêt une grande importance pour
notre vie professionnelle, pour notre vie spirituelle et aussi pour la santé physique et morale.

Evidemment, nous savons ce que veut dire : le Dieu de notre coeur — mais combien peu
vivons-nous de cette conviction ! Qu’inclut tout cela? Intimité avec Dieu, être rempli de Dieu
— et la seconde réponse: la juste estimation de soi-même.

Dominus tecum ! Le Seigneur est avec toi ! — Oui, il est en moi, il est toujours en moi. Il agit
en moi de manière surnaturelle, inexprimable. Ne dois-je pas lui répondre ainsi : Je veux, moi
aussi, être avec toi, avec mon Seigneur, avec la Très Sainte Trinité ?

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INTÉGRÉS DANS LE CHRIST

“Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi.”
(Gal 2,20)

Lorsque Dieu s’unit à une âme alors le “verbum divinum”, la deuxième personne divine
descend dans cette âme et la fait participer à sa propre vie divine.

Par le baptême je suis mystérieusement uni au Sauveur de par l’essence. Il vit en moi.

Saint Paul ne se lasse pas de souligner que le Christ, qui le fait participer mystérieusement à
son être de par son essence, vit en lui. C’est une intégration authentique par l’être et le fait
d’être toujours ensemble. Le Christ vit en moi, le Christ travaille en moi, il souffre en moi. Saint
Paul prend simplement au sérieux l’unité double entre lui et le Christ si mystérieuse.

Comme cette pensée est belle : Nous sommes intégrés au Sauveur. Le Sauveur revit sa vie en
moi, il revit son amour filial envers le Père. C’est un seul et même courant d’amour qui se
répand du coeur du Père vers le coeur du Fils, du Sauveur qui est en moi et qui, à son tour,
fait tout retourner au coeur du Père.

Si le Christ doit vivre en nous, si nous voulons imiter le Fils Unique du Père alors son état de
fils, d’enfant doit transparaître de manière particulière en nous.

L’amour filial qui brûle dans le coeur du Sauveur pour le Père doit être ranimé en moi et
s’élever en moi vers le Père.

Parce que nous sommes les membres du Christ il veut tout faire en nous. Il veut régner en
nous et sur nous. Tout ce que nous avons à faire c’est de lui faire don de manière consciente de
tout ce qui fait partie de nos pensées, de nos sentiments et de nos efforts de volonté pour qu’il
puisse régner en maître sur les actes et sur les émotions.

Le Sauveur désire en vertu de la volonté du Père revivre de manière originale, en moi,


personnellement, sa vie propre. Il veut faire cela.

Le Sauveur désire être le roi de notre intérieur de manière directe et formelle. Ce qu’il veut
c’est le royaume intérieur. Nous prions si souvent et disons : “Coeur de Jésus, Roi et centre de
tous les coeurs!” Cela exprime en effet le sens profond de son désir, car il veut être le Roi et le
centre de tous les coeurs. Il doit l’être, lui qui vit en nous, qui prie en nous, qui aspire en nous
et qui souffre en nous.

Par expérience, nous savons que Notre Sauveur, l’Homme-Dieu, ne nous donne de son
amour, de sa pensée, de sa mentalité que dans la mesure où nous sommes aptes à recevoir. Si
je suis encore très imbu de moi-même, s’il y a encore beaucoup d’amour-propre et d’égoïsme
dans les recoins de mon âme, alors il ne peut pas y pénétrer. Dans la mesure où je me libère de
mon moi et que je me délivre de moi-même, dans cette mesure-là mes pensées, mon amour et
mes sentiments passent dans les pensées, l’amour et les sentiments de l’Homme-Dieu et alors
je puis dire: “ Ce n’est plus moi mais le Christ qui vit en moi” (Gal 2,20). Il agit en moi, il

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travaille en moi, il souffre en moi, il vit et prie en moi.

C’est vraiment un très grand cadeau que le Père céleste nous fait dans la sainte communion.
Son Fils unique vient vers nous dans l’intention explicite de faire couler en notre âme la vie
divine en plus de quantité, dans l’intention explicite que notre âme ait la relation la plus intime
avec la Sainte Trinité.

Le Christ, que veut-il me donner dans la sainte communion ? Son état d’âme. Aujourd’hui
je peux vivre pour lui, non pour moi — pour sa glorification.

Lorsque le Seigneur, notre Sauveur vient en nous jour pour jour, lorsque Dieu vit en nous
quel en est le sens ? Il augmente en nous la vie divine. Il veut aussi nous toucher avec sa nature
humaine. Par ce contact c’est la vie divine qui est enrichie.

Notre Sauveur est aussi présent dans mon coeur en tant que Dieu est présent au saint
sacrement de l’autel. Cependant, il existe une grande différence : sous la forme du pain c’est
toute la divinité présente en plénitude mais dans mon âme seulement dans la mesure où je
n’oppose pas d’obstacles à la vie du sauveur.

Notre Sauveur nous rencontre. Il nous attire à lui et il nous dit comme à Zachée dont parle
l’Evangile : “Descends vite ! Car il me faut aujourd’hui demeurer chez toi” (Luc 19,5). Alors, il
ne veut pas seulement venir aujourd’hui mais y demeurer toujours. Il veut demeurer chez
nous. C’est la maison de notre âme. C’est la demeure de la très Sainte Trinité en nous. C’est là
qu’il veut rester chez nous et habiter chez nous.

Pourquoi est-ce qu’en tant que chrétiens catholiques nous ne nous rappelons pas ces valeurs
catholiques : Moi, un membre du Christ, le Christ en moi ? Pourquoi est-ce que dans les heures
de solitude, lorsque nous n’en pouvons plus, que nous sommes déprimés, pourquoi ne
laissons-nous pas agir sur nous cette vérité profonde qui nous est donnée dans l’Ecriture ?

C’est justement l’aspect tragique de notre vie : notre Sauveur nous aime, il sait tellement
nous communiquer son amour. Mais nous ? “Oh mon Dieu, tu étais en moi alors que je n’y
étais pas !”dit St. Augustin. Nous sommes trop absents de notre intérieur.

Plus que jamais la Sainte Trinité, Dieu, l’Homme-Dieu doit avoir sa demeure dans mon
coeur ; personne n’a le droit de toucher à cette demeure, de la salir, d’essayer d’en dérober
quelque chose. “Mon coeur est si petit, personne ne doit y entrer, personne ne doit y habiter si
ce n’est Jésus” Oui, Jésus et avec lui la Sainte Trinité.

De même manière que le Sauveur se comporte intimement avec mon âme de la même
manière intime j’ai à me comporter avec lui dans le fond de mon coeur.

O bien-aimé Jésus ! Je voudrais t’aimer par-dessus tout ; comme le Sauveur, le Rédempteur,


mon Sauveur m’aime ! L’Apôtre nous dit: vous êtes rachetés à un prix si grand et si élevé au
prix du sang du Fils de l ‘homme, c’est pourquoi vous portez Dieu dans votre corps (1 Cor 6,
20).

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Le Sauveur vit en nous et y habite. Si nous sommes intégrés en lui il doit nous élever vers lui
de sorte qu’avec le temps nous devenions de plus en plus des images incarnées de lui, ceci
aussi pour ce qui concerne l’absence du péché.

Le Sauveur veut aujourd’hui, à travers moi, aller par les rues, il veut, à travers moi, avoir
contact avec les gens. Aujourd’hui, le Sauveur se montre aux hommes à travers ma
personnalité. Ils doivent pouvoir reconnaître sur moi ceci : à savoir que c’est ainsi que le
Sauveur doit avoir pensé, senti et vécu.

Jésus veut former notre âme à son image. Et nous lui ressemblerons si nous arrivons à nous
laisser éduquer et former par sa main d’artiste. Comme il y a peu de personnes, comme il y a
peu de personnes tendant à la sainteté modelée dans l’abandon de leur volonté propre par la
main du maître du Sauveur.

Si nous nous faisons à l’idée que nous allons laisser agir le Christ en nous, alors nous
n’aurons rien à craindre. Quand il agit en nous il éveille notre participation. Il ne s’empare pas
de notre liberté. Nous, c’est le Christ qui conduit notre volonté et qui restaure en nous l’ordre
voulu par Dieu.

Nous oublions trop facilement que le Sauveur est en même temps le grand maître qui veut
revivre en nous et par nous tout ce qu’il a vécu. Nous oublions trop facilement que non
seulement il veut travailler en nous mais que c’est lui notre force et que c’est en lui que nous
avons tout ce que nous cherchons et ce dont nous avons besoin. Demandons-le lui donc
aujourd’hui et souvent avec ferveur et de tout notre coeur.

“Là où est ton trésor, là aussi est ton coeur”(Mt 6, 21). Oui, si le Sauveur était vraiment le
trésor de notre vie, alors nous verrions comme nous serions facilement toujours avec lui, même
au travail. Nous deux - lui et moi - nous sommes inséparables !

Nous voulons rendre le Christ partout présent, lui qui habite et règne dans nos coeurs. Alors
nous serons une grande source de bénédiction.

Dieu veut que nous devenions saints par le Christ. Plus je laisse travailler le Christ en moi
plus je serai satisfait.

La force d’épanouissement de la vie divine, la participation à la vie transfigurée du Sauveur


doit se développer et se déployer en nous. C’est pourquoi nous ne voulons pas attacher trop
d’importance aux attraits des choses terrestres mais nous souvenir plus souvent de la
splendeur qui nous attend lorsque le grain aura germé dans le corps transfiguré du Sauveur.

Parce que je suis intégré dans le corps de sacrifice du Christ je veux continuer en moi sa vie
de sacrifice. Donc je dois faire des sacrifices. Ce n’est plus moi qui souffre, c’est le Christ qui
veut continuer à souffrir tout au long de ma vie.

Ce sont des sacrifices spirituels que nous devons présenter. Ils seront agréables à Dieu et
devant lui car c’est le Christ qui les fait en nous et par nous.

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Est-ce que nous ne voulons pas tous rendre grâces pour cette réalité qu’est notre état de
membre du Sauveur, pour l’habitation qu’il a choisie dans nos coeurs ? D’après moi, notre
âme doit être remplie d’une grande joie et d’un “Deo gratias” reconnaissant.

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MUS PAR L’ESPRIT

“Ne savez-vous pas que l’Esprit de Dieu habite en vous ?”


(1 Cor 3, 16)

Depuis que nous avons reçu la grâce du baptême, nous sommes des temples du Saint -
Esprit. Nous sommes habités par l’esprit saint, c’est à lui que nous sommes consacrés et c’est
l’Esprit Saint qui agit constamment en nous.

Le Saint-Esprit habite dans mon coeur tant que je suis en état de grâce, de la grâce
sanctifiante. Voici le grand secret des chrétiens : l’Esprit-Saint, l’éducateur est avec moi, il est
en moi et c’est l’Esprit qui me fait participer à la nature divine, c’est lui qui me fait devenir
enfant de Dieu, qui me fait participer au mode de connaissance divine par la foi, qui me fait
participer à la sécurité de Dieu par la confiance, l’espérance, qui me fait participer à l’amour
du Dieu infini.

Le Saint-Esprit élève mon âme au-delà de moi dans la vie inter- trinitaire, dans la vie de la
très Sainte Trinité. C’est lui qui est à l’origine de ce que nous avons entendu l’appel : “veni -
viens”et que nous l’avons suivi. Il désire former la relation avec le Christ et avec le père de
manière de plus en plus intime.

C’est l’Esprit Saint qui dit en nous avec des soupirs ineffables : Abba, cher Père ! Alors nous
devons nous représenter cela comme si c’était la situation d’un petit enfant qui commence à
marcher ou qui passe du stade des balbutiements à celui du langage élaboré. Alors, la maman
répète à l’enfant les phrases qu’elle veut le voir dire : “Allez, dis: papa ! Et maintenant dis :
père !” voyez-vous ce que je veux dire ? C’est toujours l’Esprit Saint qui parle en nous, qui
éveille les soupirs, qui tourne notre sentiment d’amour vers le Père.

A l’heure de l’annonciation, l’ange dit à Marie : “le Saint-Esprit viendra sur toi”(Luc 1,35).
Oui, le Saint-Esprit descendra aussi sur nous et il va veiller à ce que le Christ naisse de
nouveau en nous.

L’écrivain inspiré par le Saint-Esprit, l’apôtre St. Paul, nous dit bien clairement que nous
sommes d’abord temples du Saint-Esprit (car. 1 Cor 3,16). Quelle est alors la tâche du Saint-
Esprit dans ce temple? En tant que lien qui nous rattache les uns les autres et au Christ, il voit
son devoir dans le fait de nous unir étroitement et le plus intimement possible au Sauveur, de
nous intégrer le plus étroitement et intimement possible en lui pour qu’avec le temps nous
devenions un membre valable et mûr du Christ. Bref il s’efforce de rendre notre âme telle que le
Sauveur y prenne forme et aspect.

Qui nous donne la vie divine ? C’est l’Esprit-Saint, et cet Esprit est continuellement en train
d’agir dans notre âme pour aider à développer la vie divine qui est en nous selon la manière et
la maturité de la vie du Christ, notre tête.

“Le roi désirera ta beauté”(Ps 45,13). Le Roi c’est l’Homme-Dieu. Il désire l’âme qui vit
dans la grâce. Et telle est la tâche du Saint-Esprit, notamment d’unir de plus en plus
intimement l’âme avec le Sauveur.

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La vie divine que l’ Esprit Saint nous accorde dans le temps sous forme de germe comprend
une dignité, une grandeur telle que nous sommes à peine capables de la deviner et de la
connaître sur terre. Lui, l’Esprit de Dieu, il est l’amour brûlant entre le père et le fils. C’est en
tant qu’amour consumant, en tant que feu jaillissant qu’il veut entrer dans notre âme pour la
purifier, pour l’illuminer.

L’Esprit Saint est répandu en nos coeurs par l’amour que Dieu nous a donné et même est
que par l’amour nous avons reçu l’espérance. Le Saint-Esprit lui-même est la raison de notre
espérance, il est continuellement en nous. Et tant qu’il est en nous, nous n’avons rien à
craindre. Ah, puisse l’Esprit Saint remplir mon âme ! Ah, que je devienne plus conscient de son
habitation en moi ! Car il habite en moi.

Nous nous sommes efforcés (de devenir meilleurs) mais toujours nous avons senti le poids
de la loi de la pesanteur. Elle nous fait tomber et retomber... Mais si l’on a tout de même le
courage de recommencer chaque jour, alors ce n’est pas le résultat d’un phénomène naturel,
cela n’est pensable que parce que le Saint-Esprit ne cesse de parler en nous. C’est le Saint-
Esprit qui dit en nous avec des soupirs ineffables : Abba, cher Père (voir Rm 8,16,26). Ces
soupirs ineffables sont les soupirs de la nostalgie et quand on désire à ce point voir quelqu’un
c’est une expression de l’amour. Nous pouvons donc ajouter : le Saint-Esprit parle en nous
avec des soupirs ineffables d’amour.

Il est vrai que quand nous avons le courage de recommencer tous les jours cela ne s’explique
pas uniquement par des moyens purement humains. Le Saint-Esprit doit être à l’oeuvre de
manière particulière. Quelle est la manière d’agir du Saint-Esprit quand il donne le courage de
recommencer ? Par le fait qu’il éveille en nous la nostalgie de ce qui est élevé et cela sans se
lasser.

N’oublions pas que c’est le Saint-Esprit qui rend la grâce efficace en nous, non pas parce
qu’influence l’âme de l’extérieur mais exactement comme avec les apôtres par le fait qu’il
habile lui-même dans l’âme pour l’attirer vers le haut par des mouvements puissants, pour la
conduire vers un témoignage du Christ plein de conviction. Donc c’est lui-même qui en nous. Il
nous met en mouvement par les grâces et ses sept dons.

Que signifie alors écouter les inspirations du Saint-Esprit ? Pensez au fait que le Saint-Esprit
ne nous a pas seulement fait don de la vie surnaturelle, de l’être surnaturel mais dans et par
cette vie il nous a aussi donné les aptitudes corrélatives aux vertus divines et aux vertus
morales de même que les aptitudes corrélatives aux dons du Saint-Esprit.

C’est le Saint-Esprit qui crée en nous la nouvelle vie divine. C’est encore lui qui nous accorde
les aptitudes, les potentialités des vertus divines, vertus morales, qui nous accorde ses sept
dons, qui nous maintient en mouvement intérieurement par l’effet de la grâce actuelle pour
que notre vie surnaturelle, notre vie spirituelle ne s’enlève pas. Là où le Saint-Esprit agit si fort
dans l’âme, où il est en harmonie avec l’âme, là aussi ses fruits seront présents : l’amour, la
joie, la paix, la patience, la douceur, la bonté, la fidélité, la continence, la tempérance, la
chasteté.

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Nous, qui nous sentons si mortels, si pleins d’intrigues, si enclins aux instincts par suite du
péché originel nous avons soif de l’Esprit Saint, de l’Esprit de Dieu, de l’Esprit d’amour
consumant. Non seulement il purifie et illumine notre être, il emploie sa toute puissance divine
à rendre l’intérieur de notre âme le plus beau possible.

C’est le Saint-Esprit qui fait de nous des membres du Christ. C’est lui qui met en nous les
critères de valeur pour que nous appréciions moins les choses, les trésors et les valeurs du
monde face à ce trésor unique. Mais nous devons prier, le prier de faire cela en nous et de le
faire abondamment.

Le Saint-Esprit veut nous ouvrir les yeux, il veut nous montrer que nous sommes attachés à
tellement de chaîne d’esclave qui nous rendent malheureux. Mais il veut aussi nous montrer et
nous convaincre de la façon dont nous pouvons briser ces chaînes. Il veut nous montrer le
chemin de la justice et de la sainteté véritable et nous faire comprendre que le Sauveur nous a
ouvert cette voie en allant à son Père et qu’il veut nous aider à avancer sur ce chemin.

Est-ce que je ne fais pas la dure oreille, ne suis-je pas lent face aux inspirations du Saint-
Esprit ? Il veut travailler en moi et par moi mais aussi avec moi. Il ne fait rien sans moi, sans
mon consentement, sans mon fiat il ne travaille pas dans mon âme, dans celle des autres à
travers moi.

Nous devrions avoir une espérance bien plus forte. Quoi qu’il arrive, c’est le Saint-Esprit qui
agit en nous. “ Viens, Esprit Saint et rempli les coeurs de tes fidèles”. C’est là que réside la
croissance de la vie religieuse. La sainteté consiste en ceci : malgré la connaissance de nos
instincts et de nos fautes nous nous jetons dans les bras de Dieu, nous tenons la main du père
et son bras, car telle est l’intention de Dieu: nous devons être déracinés de nous-même et
enracinés en lui. Le Saint-Esprit est chargé de réaliser cela en nous.

Redisons dans nos prières : “O Saint-Esprit, donne à mes yeux la lumière, la lumière
surnaturelle !” Si nous sommes ainsi armés et que nous nous efforçons de faire des sacrifices
pour corriger les inclinations de notre coeur en disant non à tous les désirs désordonnés, alors
notre intérieur sera disponible, alors la vie divine pourra agir en nous, alors tout notre être sera
un “sursum corda” perpétuel.

Nous luttons pour avoir l’influence du Saint-Esprit pour qu’il nous illumine de part en part,
pour qu’il brise en nous ce qui est soumis aux instincts, pour qu’il réalise en nous le miracle de
la transformation intérieure. Toute notre vie n’est qu’un grand sacrifice. Qu’est- ce que nous
espérons ? La transformation de notre être que le Saint-Esprit opère en nous.

“Viens, Esprit Saint !” Ne voulons-nous pas dire cette prière aujourd’hui, ne voulons-nous
pas laisser résonner en nous les vers de la séquence de la pentecôte ? “Plie ce qui est rigide,
réchauffe ce qui est froid, conduis ce qui s’est égaré .” C’est ainsi que nous voulons méditer
chacune des idées de la séquence et nous efforcer d’éveiller en nous aux heures calmes de
semblables dispositions.

Nous voulons nous faire attentifs à la voix du Saint-Esprit en notre intérieur, aux
impulsions divines de la grâce . Le Saint-Esprit veut nous former de plus en plus, nous

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transformer en instruments du salut du monde. Mais malheureusement, nous ne l’écoutons
pas assez, malheureusement la voix du monde résonne plus fort que lui en nous.

Ne voulons-nous pas essayer, à l’avenir, de nous rendre plus attentifs et plus obéissants aux
inspirations du Saint-Esprit ? Alors , le Saint-Esprit nous conduire à la connaissance de la
vérité.

Mon corps, n’est-il pas aussi un temple du Saint-Esprit ? Oui, nous devons prendre cela à la
lettre. Ce temple est consacré par les sacrements. Donc c’est ainsi que je dois considérer mon
corps. Je dois en prendre soin, m’en occuper et bien m’habiller. Puis que je suis temple du
Saint-Esprit, mes vêtements doivent exprimer cette vérité et mon opinion intérieure.

Ne devrions-nous pas être plus reconnaissants au Saint-Esprit de ce qu’il vit et agit en nous,
de ce qu’il nous fait don des vertus d’amour et d’espérance et qu’il les augmente en nous ?
Nous devons laisser agir en notre âme les vertus cardinales et les dons du Saint-Esprit. C’est
que nous pourrons acquérir des richesses incomparable.

Le Saint-Esprit agit en nous. Il nous donne des impulsions par ses sept dons. Et ces dons
doivent nous pousser vers un apostolat des laïcs continu.

De la conscience profonde que nous avons et par reconnaissance ne voulons et ne devons-


nous pas nous sentir appelés à poser des actes parfaits à notre tour, étant portés par l’Esprit
de Dieu.

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MARIE - LE SANCTUAIRE VIVANT

“Salut, comblée de grâces, le Seigneur est avec toi (Luc 1,28)

Dans l’Ecriture il est dit quel soin Dieu a apporté pour prévoir et déterminer dans le détail le
temple de Jérusalem pour qu’il devienne un édifice magnifique, une splendide demeure de
Dieu. Mais combien Dieu a-t-il tout prévu dans le détail et planifié à l’avance, comme il a
versé, dans la mesure où une créature est capable de la recevoir, toute la splendeur et la
magnificence de l’ Homme-Dieu incarné, sur Marie ! Elle est la merveille parmi les oeuvres
Dieu.

La Vierge Marie est une cité, qui a été faite par Dieu, une cité qu’il a doté de tout en
abondance. Les théologiens sont de l’avis suivant: le Père Eternel a créé un paradis sur terre
pour les hommes, un paradis pour les saints, c’est le ciel et un paradis pour lui-même c’est la
Vierge Marie. C’est l’expression et la confirmation de ce que nous voulons dire par l’image de
l’écriture: Marie - la cité sainte, la nouvelle Sion ! Que signifie être une cité de Dieu ? Une cité,
construite par le bon Dieu, une cité où règne le bon Dieu, une cité qui rayonne de plus en plus
le divin .

La Vierge Marie devait devenir la demeure du Dieu incarné, de l’Homme-Dieu. N’était-il


pas naturel, est-ce que cela ne correspondait pas à la pensée de Dieu que sa demeure soit
toute pure, libre ?

C’est ainsi que l’ange la salue : “Je te salue, comblée de grâce, le Seigneur est avec toi.” Et :
“Tu as trouvé grâce auprès de Dieu.” (Luc 1,28.30) Par là, Gabriel veut souligner ce qui est
spécifique en sa personne, ce qu’ elle n’a en commun avec personne au ciel ni sur la terre. C’est
la plénitude de la grâce .

Pleine de grâce ne doit pas seulement être une expression à propos de la Vierge Marie mais
c’est son titre, approprié à son être et conforme à sa signification. Ce que cela veut dire ? Elle
est un “vas spirituale” (un récipient spirituel), rempli entièrement de grâces, dans la mesure
toutefois où un récipient créé est capable d’en contenir.

Comme la Vierge Marie devait être belle ! Mais n’oublions pas: cette beauté extérieure, cette
harmonie extérieure n’est que l’expression de l’harmonie spirituelle parfaite. Gratia plena !
Beauté intérieure qui arrive à reconnaître cette beauté intérieure positive dans le coeur de la
Vierge Marie ? Qui peut la décrire ?

Dès la conception, la Vierge Marie avait été l’élue, la privilégiée,


celle qui avait été choisie pour devenir le temple vivant du Saint-Esprit . A son tour, l’ Esprit
Saint s’est appliqué à faire de la Vierge très pure une demeure digne du Dieu incarné, lui
donner la forme voulue.

Gratia plena ! La Mère de Dieu n’a pas recueilli en elle quelques rayons de la vie divine. C’est
le christ, le soleil de justice, qui a établi sa demeure en elle.

Notre Dame est celle qui a donné au Christ, qui a porté le Christ, qui a apporté le Christ.

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C’est pourquoi nous disons d’elle : Elle est un sanctuaire vivant. La Mère de Dieu est, en un
sens, simplement la fille du Père. Evidemment, il faut toujours voir le contexte à savoir que le
Verbe Eternel est Fils, est Enfant mais il y a aussi la réalité des membres.

Marie est remplie de la vie de Dieu. C’est là sa grandeur. Il nous plaît de l’appeler trois fois
Admirable. Elle est admirable en tant que Fille du Père, en tant que Mère du Fils et en tant que
fiancée du Saint-Esprit.

Hesichius de Jérusalem dit ceci “Marie est entièrement remplie de la très Sainte Trinité parce
que cette dernière vit en elle de manière toute particulière. “Est-ce que notre Dame n’est pas
notre soeur aînée, un temple de la Sainte Trinité ? N’est-elle pas devant nous comme une église
de la Trinité, précieusement parée ? Le terme église de la Trinité doit être compris tellement
profondément comme on ne connaît guère sinon d’une église ni qu’on le nomme.
Si notre vie spirituelle, la vie divine en nous doit être assez forte pour surmonter tous les
obstacles alors elle doit être formée de l’intérieur, elle doit couler plus abondamment. Qui va
nous la procurer? La Vierge Marie !

Si je trouve pleinement la Vierge Marie et me donne totalement à elle, alors j’aurai la vie
divine en plénitude, ici sur terre et plus tard, dans l’éternité, je l’aurai à un point inimaginable.

De par la noblesse de notre âme ,de par sa ressemblance avec Dieu, tout notre être doit
devenir, avec le temps, une image palpable des splendeurs de la Vierge .

Demandons donc à Notre-Dame de nous ouvrir les valeurs du fait d’être habité par Dieu.
Alors nous ne serons plus malheureux, nous ne serons plus seuls, alors nous aurons pris
appui sur celui qui est grand, fort et puissant et qui peut, seul, remplir notre coeur.

En tenant la main de la Vierge Marie, nous voulons marcher vers l’autre monde, vers le
sanctuaire de notre propre coeur où nous adorons le Dieu-Trinité, dans le sanctuaire de notre
coeur où la croix et, sous la croix, la Mère des douleurs, ont leur place.

Dans notre petite église de la Trinité, non seulement la lampe du Père, du Fils et de l’Esprit-
Saint doit être allumée, mais aussi une petite lampe de la Vierge Marie. C’est pourquoi, notre
idéal est de nous orienter, dans notre vie et nos aspirations, d’après le modèle notre Dame.

La Mère trois fois admirable, la grande église de la Trinité peut et doit, par son intercession
puissante pour nous obtenir des grâces, nous venir en aide pour que nous devenions de saintes
églises de la Trinité.

Notre-Dame se tient devant moi en tant que fille du Père Eternel, moi aussi, je suis fille du
Père céleste. Ne sentez-vous pas comme nous nous mouvons tout à coup dans les nuages,
comme nous laissons derrière nous tout ce qui est créé ? Prenez toutes les créatures qui n’ont
pas la vie divine en elles, mais qui nous surpassent en force, aptitudes et formes, que sont-
elles, comparées à nous ? Dieu n’est que leur Créateur et elles ne sont que des créatures, une
oeuvre. Mais moi, je suis si près, je suis si intimement attaché à Dieu qu’il est difficile de
l’imaginer. Je suis un enfant de Dieu et je peux dire Père à Dieu et il s’adresse à moi en
m’appelant son enfant.

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Avec notre Sauveur nous avons de semblables relations de famille, tout comme la Vierge
Marie. Toutefois, ce n’est pas le même lien de parenté. Elle est la seule à être la Mère de Dieu.
Mais nous sommes tellement intimement rattachés et liés à notre Sauveur que nous avons le
droit de nous appeler ses frères et ses soeurs. N’avons-nous pas le même Père que lui ?
N’avons-nous pas la même vie divine qui coule du Père ? N’est-ce pas notre devoir de réaliser
dans notre vie cette situation de frère et soeur du Christ ?

Nous voulons contrôler l’état de notre âme pour savoir pourquoi nous ne sommes pas
encore unis au Sauveur plus intimement. Quelle en est la raison ? Ou bien il nous manque
l’amour d’une vie cachée, l’amour visant à imiter en nous sérieusement le Sauveur souffrant et
crucifié ou alors il nous manque l’amour, tendre et intérieur, pour la Vierge Marie qui
approfondit et fortifie en nous l’amour envers le Sauveur.

Quelles sont les âmes que le Sauveur choisit pour avoir avec elles une relation tendre et
intérieure ? Ce sont les âmes qui aiment beaucoup la Sainte Vierge. Il le sait et nous le savons
aussi que toute rencontre avec Marie force avec une puissante douceur le Sauveur à nous
aimer davantage, à élire de nouveau notre âme pour sa fiancée.

On dit de la Vierge Marie ceci: “Tu es pure et entière, tu es l’ostensoir qui a porté le Christ,
notre Seigneur”. Chacun d’entre nous doit devenir, dans la procession qu’est sa vie, un saint
ostensoir, pur et qui porte le Christ, le Seigneur. Car tel est le sens de toute la vie chrétienne.
Nous portons en nous le Très-Haut, tout comme la Vierge Marie, qui a porté et apporté le
Christ. A notre tour nous pouvons et nous devons être porteuses du Christ, apporter le Christ,
être un tabernacle du Très-Haut.

En tant qu’image de la Vierge Marie, nous sommes destinés à devenir une demeure vivante,
bien arrangée du Saint-Esprit. Qu’est -ce que cela veut dire ? Le temple de notre intérieur doit
montrer la gloire transfigurée comme le temple de l’intérieur de la Vierge Marie notre intérieur
aussi doit être transfiguré, doit devenir une habitation du Saint-Esprit. Nous voulons utiliser
les moments de tranquillité, de solitude, de calme pour renouveler notre consécration comme
la Sainte Vierge et pour accepter de faire ce que Dieu nous demande pour faire de notre âme
un temple du Saint-Esprit.

C’est la Sainte Vierge qui montre à notre coeur le chemin menant à un profond respect et à
une profonde émotion devant l’Eternel et l’Infini et à un don total dans le respect. Respect :
Quand avons-nous le plus tendance à nous incliner devant le Divin ? Quand nous sommes
dans un lieu Saint. Pour nous, être humain, où est l’endroit le plus Saint ? A part le coeur du
Sauveur, c’est de la Sainte Vierge. Si je m’y inscris, je me trouve dans l’endroit le plus sacré qui
m’ accompagne sans cesse. Telle est l’atmosphère qui me manque dehors. Est-ce que la raison
de l’oubli croissant de Dieu n’est pas l’ oubli croissant de la Vierge Marie? C’est pourquoi, ce
qui est valable c’est ceci : De Maria nunquam satis (jamais assez de Marie).

C’est le Seigneur lui-même qui nous a fait cadeau du coeur de Marie comme demeure.
Même si ma demeure extérieure est misérable, je réside dans un palais. Et Dieu, que n’a-t-il
fait pour que cette demeure soit pour nous une demeure chaleureuse ! Il a veillé à ce que ce
coeur connaisse toutes les souffrances qu’un coeur humain, un coeur de femme est capable de

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supporter.

Le coeur de la Sainte Vierge est une demeure sûre, une partie sûre parce que Dieu lui-même
l’a construite. Elle est la tour de David, entourée de remparts. Celui qui y habite est en
sécurité. Que de personnes y ont trouvé refuge ! Combien y ont mûri pour devenir des
personnes héroïques et fortes ! Dans cette demeure nous voulons apprendre à accepter
tendrement les plans et les désirs de Dieu, une tendre conscience qui ne cesse de demander :
Seigneur, que veux-tu que je fasse?

Nous voulons rendre présente la Vierge Marie dans notre vie. Et en rendant présente la
Sainte Vierge, cela inclut nécessairement de rendre présents le Sauveur et la Sainte Trinité
parce qu’elle porte le Christ et la Sainte Trinité en elle .

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VIVRE AVEC DIEU DANS SON COEUR :
GRÂCE ET DEVOIR

“Qui demeure en moi et moi en lui porte beaucoup de fruits.”


(Jn 15,5 )

Tôt ou tard vient le jour où l’Esprit de Dieu pousse à rassembler toutes les forces de l’âme
et de les orienter vers la Sainte Trinité en nous. Alors, nous comprenons bien mieux les mots
de l’apôtre :

“Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous
?” (1 Cor 3, 16 ) ou encore la promesse du Sauveur : si quelqu’un m’aime, mon Père l’aimera
et nous viendrons en lui et ferons en lui notre demeure ( voir Jn 14, 23 ).

Il adviendra de nous comme de Sainte Thérèse qui avoue : “ Je ne savais pas très bien ce que
c’était prier jusqu’au jour où Dieu lui-même m’a appris à me concentrer dans mon coeur et j’ai
retiré le plus grand bien de cette concentration intérieure.”

Plus je deviens un homme intérieur plus l’univers de mes pensées et de mes sentiments se
concentre sur la Trinité en moi.

Si nous voulons être des hommes éminemment déifiés il nous faut prêter attention à ce que
Dieu dit en nous. Plus nous faisons de progrès sur la voie de la déification plus nous vivons à
la lumière de la foi et plus la raison purement naturelle est écartée.

Comment est-ce possible d’être toujours auprès de Dieu ? En tout, nous devons chercher le
bon plaisir de Dieu et lire de ses yeux chacun de ses souhaits. Si Dieu est avec moi en moi, si
Dieu me regarde toujours et que je suis constamment en lui, alors il convient que tout mon être
respire la proximité de Dieu.

Notre plus grand apostolat consiste en notre être devenu transparent à Dieu. Tous les
travaux de la journée doivent, d’une part, être portés par l’effort visant à réaliser un travail
concentré et d’autre part, à nous trouver très fréquemment près du bon Dieu qui habite et agit
en nous.

Si je me consume jour par jour d’amour pour Dieu alors cela a de l’importance pour
l’accroissement de la vie divine. La vie divine augmente en moi par cette attitude pure, par
cette consécration toute pure.

Tel est le grand jet de notre vie : me considérer moi-même à la lumière de la foi et
contempler très souvent le bon Dieu en moi, parler avec lui, lui dire par mes sentiments
silencieux que je le reconnais et que j’appartiens à lui en ramenant tout à lui; finalement, faire
de petits sacrifices pour lui.

La vie dans le sanctuaire de mon coeur devrait toujours être une vie où offertoire,
consécration et communion se relaient. Telle est la vie de celui qui vit vraiment dans son

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sanctuaire.

Il est très important que nous mettions la croix à la bonne place dans le sanctuaire de notre
coeur. Ce n’est que sur la croix que nous mûrissons et plus exactement par la croix que le bon
Dieu nous a mise sur les épaules.

Quand je suis suspendu à ma croix je veux y être reconnaissant et joyeux et plein de désirs.
C’est à ce moment-là que je remplis ma mission. C’est à ce moment là que je porte des fruits.

Ce n’est que dans la mesure où nous nous vidons de nous-mêmes et des créatures que nous
pouvons vraiment être seuls, seuls en Dieu. Ce n’est qu’ainsi que je puis avoir une sainte
communauté avec Dieu qui vit en moi.

Voici le but que nous devons nous proposer : nous détacher si profondément de nous-
mêmes que nous ne soyons pas satisfaits du sacrifice, de la souffrance, de la croix que nous
portons ; mais, avant tout, que nous minimisions tout ce que nous produisons comme
performance et force de sacrifice pour n’estimer qu’une chose au-dessus de tout : Dieu en moi
!

Est-ce que l’accroissement de la vie divine en moi ne devrait pas être suivi de quelque chose
d’autre ? De l’accroissement du sentiment de la vie divine. Et c’est cet accroissement qui fait
que je me sens semblable à Dieu et que je me crois ressembler à Dieu et, par là, je dépasse le
sentiment prolétaire de la vie en moi.

Si nous ne pratiquons pas le sentiment de la vie divine, si ce sentiment ne pénètre pas dans
l’âme nous avons beau parler et prêcher de l’homme nouveau, jamais nous ne deviendrons un
homme nouveau.

Que devons-nous devenir ? Des hommes de l’Au-delà ! Un homme de l’Au-delà vit de la


foi, vit de l’esprit de foi. C’est :
1. Un homme qui regarde en profondeur, en largeur et au loin ;
2. Un homme audacieux car Dieu vit et agit au-dessus de notre vie et dans notre âme. Unis à
lui nous pouvons tout risquer, même ce qui semble le plus difficile. C’est pourquoi un homme
de l’Au-delà est aussi
1. Un homme victorieux.

Mon âme est une petite église de la Trinité, l’âme de mon prochain aussi, que ce soit en
réalité ou d’après sa destination. C’est pourquoi la loi de rendre transparent tout ce qui est
créé, transparent à Dieu doit devenir de plus en plus la règle de notre vie.

Si le Christ vit en nous, nous devons montrer qu’il réalise en nous un amour héroïque du
prochain. Cela veut dire que nous devons développer en nous le style de vie du Christ, la
forme de vie du Christ. Cela veut dire qu’il ne faut pas voir le Christ seulement comme but et
idéal, comme source de force mais laisser le Christ devenir en nous un style de vie.
Evidemment, cela exige une décision héroïque.

Si je vois dans mon vis-à-vis le christ incarné, mystérieux alors ma paternité et maternité

28
atteindrons la plénitude. Car alors ce n’est plus un maternité est au service du Christ incarné
dans mon prochain. Nous devons apprendre à penser de cette manière surnaturelle. Car nous
aurons ainsi réuni nature et surnaturel.

Nous avons à prendre conscience du divin en nous. Comment devons-nous voir nos
partenaire, nos enfant ? Si nous les voyons avec justesse et les comprenons, si nous prenons au
sérieux notre éducation : Tout sont habités par le Bon Dieu . Tous représentent un sanctuaire
du coeur. Tous exigent de nous sur toute la ligne un respect considérable: respect du corps,
respect de l’originalité par laquelle la Sainte Trinité habite chaque âme en particulier .

Là où il y a une maison de Dieu, un temple, une petite église de la Trinité, là où habite le


Dieu-Trinité, là il y a une lampe perpétuelle. Ce sont les yeux purs et brillants de nos enfants.
D’où le profond respect que nous avons les uns des autres bien que nous soyons
quotidiennement ensemble et que nous nous connaissions avec nos faiblesses de tous les jours.

Comme nous sommes conscients de l’habitation de Dieu, notre relation avec les autre a un
grand but : éduquer en nos enfants et en ceux qui nous sont confiés l’enfant de Dieu. A cet
effet, nous pouvons nous sacrifier et déverser la richesse de notre paternité et de notre
maternité.

Nous voulons garder le contact avec Dieu vivant en nous car c’est ainsi que nous serons des
hommes intérieurs et aimerons notre prochain en tant que temple de Dieu .

Quand nous voulons savoir si et à quel point la vie divine est effective en nous il suffit de
nous demander : où en est mon amour du prochain? Si la vie divine est la raison de mon
amour alors je peux très bien respecter et aimer des gens qui ne sont pas sympathiques à ma
nature.

Je ne posséderai la paix véritable que lorsque je verrai Dieu en tout et au-dessus de tout,
lorsque je considérerai mon prochain et moi-même comme membres du Christ et temple de la
très Sainte Trinité.

Si j’aime quelqu’un, j’aime Dieu en lui. Ainsi je peux tout mettre en relation avec Dieu en
moi.

Nous ne commençons à nous comprendre mutuellement que lorsque nous nous faisons
mettre une nouvelle lumière, de la foi . Alors, à la lumière de la foi, nous découvrons tout un
monde nouveau en nous.

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LUMIÈRE DU COEUR- LUMIÈRE DU MONDE

“ Ainsi votre lumière doit-elle briller aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes
oeuvres , ils en rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux “ (Mt 5, 16 ).

Malheureusement beaucoup de gens, même des chrétiens et des catholiques ne savent rien
ou pas grand chose du grand mystère de la présence de Dieu, du grand mystère de l’
habitation de Dieu dans notre âme. Mais celui qui est au courant et qui ne vit pas en fonction
de cette réalité, celui-là s’accuser d’une grande négligence et d’une grande superficialité. Nous
connaissons ces mystères et comme nous sommes peu en relation avec le Dieu qui vit en nous,
sommes peu rattachés à lui.

Nous le pressentons : si l’image de l’homme telle qu’elle est de plus en plus présentée de nos
jours sous sa forme délaissée, si l’image de l’ homme n’est pas clairement reliée à l’habitation
de Dieu dans l’âme humaine, alors nous ne pourrons pas avoir assez de résistance là où
l’intellectualisme moderne détruit avec une puissance semblable à une tempête.

Si nous n’entrons pas en relation étroite avec le Dieu Eternel, le totalement autre, le tout
autre, si le Dieu au-dessus de nous ne devient pas le Dieu en nous, le Dieu du coeur, alors
nous ne pourrons pas tenir le coup en un temps où la vie a tellement de crises, en un temps où
la vie est absolument incompréhensible. L’époque actuelle dépend de sa vision de Dieu qui
dirige la vie en nous.

Le sanctuaire du coeur va bientôt trouver de nouvelles accentuations dans toute l’ascèse et


dans toute la pédagogie. Nous devons donc rester éveillés et ouverts à toutes ces vérités. Le
bon Dieu nous parle toujours par les événements, même maintenant .

Les événements rajeunissent des vérités surannées, les remettent en lumière et les mettent
plus au centre.

Dans la famille de Schoenstatt nous avons si souvent parlé et nous parlons encore
aujourd’hui du “ chantier du sanctuaire”. Maintenant nous sommes arrivés à un point où
nous avons atteint le sanctuaire du centre en partant de la chaîne de sanctuaire. Nous
connaissons notre sanctuaire d’origine, nous connaissons des sanctuaires reproduisant le tout
premier et nous connaissons les sanctuaires des maisons. Qu’est-ce qui est le plus important ?
Le sanctuaire du coeur !

Telle est justement la tâche prévue par le concile (Vatican II) pour tous les catholiques et
leur apostolat : Rendre le Christ présent partout... voyez, je vous en prie, comme la sagesse du
bon Dieu nous a conduits sur cette voie.

A l’occasion, l’ancien testament attire attention sur le fait comment Moïse fut appelé au
buisson ardent et y reçut l’ordre suivant : “Retire tes souliers car la terre que tu foules est
sainte” (Ex 3,5).

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Il nous semble que le même appel, que le même ordre sont valables pour nous lorsque nous
franchissons le seuil des sanctuaires, qu’il s’agisse du sanctuaire d’origine, de celui de notre
région ou de notre maison ou encore de celui de notre coeur : “Retire tes souliers, car la terre
que tu foules est sainte !”

Sanctuaire du coeur - cela veut dire que le coeur de l’homme est considéré comme la
demeure de Dieu... comme nous devons apprendre à comprendre ces choses en profondeur si
nous voulons tenir tête à l’époque actuelle.

Oui, si nous, hommes modernes, nous redécouvrions Dieu en nous, nous serions toujours
calmes, sereins et en confiance. Si nous redécouvrons Dieu en nous et en même temps l’action
du Saint-Esprit ce sera d’une importance capitale pour notre vie spirituelle et aussi pour notre
santé physique et morale.

Le Prince de la paix désire ériger son règne de paix dans nos coeurs, nos coeurs non pacifiés
et sans paix véritable. Coeur de l’homme, laisse entrer le Sauveur qui, en toutes situations, ne
fait que tourner autour du Père et qui tient à distance tout coeur par la fréquente réception des
sacrements par une vie de prières et de sacrifices.

Nous sommes des sanctuaires vivants. Nous sommes habités par la Trinité et sommes
consacrés à la Trinité, nous lui appartenons. Nous devons veiller à vivre toute la journée dans
une atmosphère sacrale qui jaillit de notre coeur pour aller vers le monde profane et sécularisé
d’aujourd’hui.

Du sanctuaire du coeur vers le sanctuaire du coeur ! Une grande idée. Un plan de longue
durée et à plusieurs niveaux. Cela revient à dire concrètement : au milieu d’un monde
sécularisé nous avons une communauté d’âme qui est tout à fait sacrée.

Aujourd’hui, à une époque où l’irrationalisme ne fait que croître on entend par saint une
personne qui rayonne une atmosphère divine.

Ceux qui ont le plus d’influence dans le monde d’aujourd’hui ce sont ceux qui rayonnent
autour d’eux la vie divine qu’ils ont en eux.

Tous ceux qui se tiennent devant les portes de l’église je les vois tous se donner un air avec des
injures et des insultes, le tout dans une amertume qui n’est rien d’autre que des pleurs et des
sanglots à la recherche des personnes remplies de Dieu : car les hommes voudraient voir
incarné dans l’homme ce qui est divin. Veillez à ne pas décevoir l’attente des hommes!

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ELEVEZ VOS COEURS

“ Priez en tout temps dans l’Esprit”


(Eph 6,18 )

O Sainte Trinité !
Ma raison est aveugle, mais je crois fermement à la vie divine en moi. Oui, je crois que je
suis attiré personnellement dans le courant de la vie intertrinitaire.

Apprends- moi à te reconnaître et à t’aimer mieux et à apprécier et aimer la participation à


cette vie divine comme le don suprême. Je sais que je suis incapable de le reconnaître. Alors,
montre-le moi pour que mon âme tremble devant la grandeur de ce qu’il porte en elle. Amen.

***

Mon Dieu, celui qui élève notre être c’est toi,


dans notre âme comme dans un temps tu viens,
là où avec ton fils unique et l’Esprit Saint
tu prouves que notre hôte permanent c’est toi.

Le corps et l’âme sont consacrés


à la très Sainte Trinité,
qui, comme au ciel, trône en nous
et avec toute sa richesse est en nous.

Nous voici au-dessus du monde ainsi


placés à l’intérieur de la divinité,
à tes yeux nous avons plus de prix
que sans nous le monde tout entier.

Que dans le sanctuaire de notre coeur


te soient rendus reconnaissance, gloire et honneur.
Jamais nous ne t’y laisserons seul,
nous voulons toujours être près de toi seul.

O viens, remplis mon coeur malheureux


de ta vague d’amour fort et chaleureux.
O amour éternel, mon âme a soif de toi
et t’ouvre sa porte avec humilité et foi.

***

Dans le coeur des hommes Dieu voudrait toujours habiter


En tant que roi et fiancé, il se plairait à régner,
Notre tout petit coeur a pour lui bien plus d’importance
que le monde en son entier et toute sa magnificence.

32
C’est pourquoi, il permet que soient que détruites nos oeuvres
comme si, dans sa paternité, il voulait nous dire clairement :
Tout cela est éphémère, ce n’est pas toi vraiment,
Car en ton coeur je cherche le calme et une demeure.

Je tiens à être le centre des coeurs humains,


qu’ils se consacrent à moi sans partage aucun.

***

Mon Dieu !
Fais-moi prendre conscience de ce que tu habites en moi.
Fais que la lumière qui brille sous le boisseau me pénètre intérieurement.
Fais que l’ardeur que l’Esprit de foi produit en moi me pénètre tellement que j’en sois
pleinement conscient, que je perçoive le flux de la vie divine et que je vive de cette foi et
j’accomplisse mon devoir quotidien en fonction de cette vérité.

***

Je suis si étonné, je ne pourrai jamais le saisir


qu’un Dieu arrive à un tel abaissement,
qu’il vienne dans mon âme à moi se recueillir
et se mette à ma disposition entièrement.

***

Majesté pleine d’amour, je suis tout entier à toi,


tout désir de mon coeur doit se taire devant toi.
Je ne voudrais qu’une chose, être toujours près de toi seul,
ne consacrer mes pensées et mon amour qu’à toi seul.

***

Le fardeau, je ne suis pas seul à le porter,


car c’est toi, mon Dieu, qui me l’as donné.
En mon âme le Sauveur le porte avec moi,
je marche au même pas que lui avec joie.

***

Toi, qui trône dans les hauteurs du ciel


tu veux, avec amour, te pencher sur nous,
tu veux apercevoir ton Fils en nous,
lui qui règne avec toi sur le trône éternel.

Nous sommes si pauvres, faibles et dépouillés,

33
tu nous élèves et nous rends grands en toi,
tu nous rends membre du Seigneur transfiguré
qui nous attire, en tant que tête, vers toi.

***

Père !
Toute souffrance est une de tes salutations
qui donne des ailes à notre âme et notre foi,
qui, avec force nous fait changer de voie
et qui garde en mouvement nos aspirations.

Elle nous pousse de nouveau à décider


que, pour le Christ, nous sommes prêts
jusqu’à ce qu’il soit le seul à vivre en nous,
à tendre vers toi et à agir en nous.

***

A l’avenir, laisse-nous être tout à toi,


ne consacrer nos force d’amour qu’à toi
pour que le Christ puisse par nous agir
et les âme vers le ciel conduire.
En nous laisse lui parcourir le monde entier
pour élargir son royaume avec sa fiancée.

***

Je te prie de m’envoyer la douleur et la croix


que toi, mon Père, a préparées pour moi...
Il n’est rien qu’à tout tu ne puisses m’envoyer,
fais tout pour que dans mon coeur le moi soit brisé,
pour que le Christ soit le seul à vivre et agir en moi
et qu’en lui seul je puisse te procurer de la joie.
Toi, mon Père, tu ne vas pas m’envoyer croix ni de souffrance
sans me donner en même temps la force de supporter,
en abondance, le fiancé dans mon coeur porte tout avec moi,
la mère veille alors nous sommes toujours à trois.

***

Père !
Reçois ton Fils en remerciement de tout
ce que tu as eu la bonté de faire pour nous,
notre être, tu l’as transformé,

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dans le Christ, tu nous as plongés,
tu nous as donné sa dignité et sa mission
en tant qu’instruments pour parfaire la rédemption.
Que le Christ s’avance dans notre temps
en nous, prêt au combat et à la victoire
pour te rendre amour et gloire
par ses chants divins, inlassablement .

***

De même que tu trônes dans les hauteurs


et que tu habites, transfiguré, auprès du Père,
tu te trouves tout entier avec tout ton être
dans le réceptacle qu’est pour toi mon coeur.

Jamais tu ne m’abandonneras,
avec ton aide tu seras en moi
avec moi douleur et combat tu vivras
même si le chemin est dur, long et étroit.

Si je reste ainsi uni à toi


tu ne cesseras d’ agir en moi,
heureux, il jettera les yeux sur moi,
le Père Eternel, lui, le Roi.

***

Je suis à toi, Seigneur.


Je suis et je reste à toi, Seigneur. Lorsque je pense aux égarements, et aux incertitudes de ma
vie future, je n’ai qu’une seule réponse : toi en moi. C’est toi qui es tout en moi, et non moi-
même . Je suis à toi. Amen.
Viens, Esprit Saint !
Quand tu es en moi, il est facile de vaincre les difficultés. Viens, Esprit Saint !

***

Viens, Esprit de Dieu !


Fait que ta lumière divine rayonne plus fort en nous aujourd’hui. Quand tu allumes cette
lumière en nous il nous est plus facile de te reconnaître partout, de te découvrir partout, de te
retrouver dans le fond de notre âme et au fond de l’âme de notre prochain.

***

Viens, lumière des coeurs !


Saint- Esprit , tu as ta demeure en nous. Fait-nous reconnaître en toi et par toi la vraie valeur
de toutes choses. Mais saisis aussi notre volonté et notre vie instinctive pour que l’homme tout
entier en nous soit transformé en fonction de la véritable échelle des valeurs. Viens, lumière des

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coeurs !

***

Viens, Esprit Saint !


Viens avec ta plénitude dans notre coeur terrestre et allume en nous le feu de ton amour. Ce
doit être un incendie qui brûle en nous tout ce qui est purement terrestre, tout ce qui est
esclavage des choses terrestres. Allume en nous l’incendie de ton amour !

***

Vierge Marie, que le Sauveur vivre en moi comme il a vécu en toi. Fait que le Christ
s’empare de mon âme. Fais que mon âme devienne une demeure digne du Fils de Dieu, digne
du Sauveur. Amen.
***
Prière du temps de Noël :

Mère, donne-moi ton petit enfant.


En tant que berceau, ne prends pas l’écurie vide et froide,
mais prends mon coeur.
Mon coeur s’est fait beau. Il a soif de ton enfant.
Mon coeur se veut être le berceau de ton Fils.

Vierge Marie, notre Mère, donne-nous tous ton enfant en ce jour.


Nous te promettons qu’il aura chaud dans notre coeur.
Nous te promettons ceci : à savoir que nous voulons l’aimer
et le saluer comme tu l’as fait toi-même.

Tu étais à genoux, en adoration devant ton enfant.


Je suis en adoration devant le même enfant,
à genoux dans mon coeur.
Tu lui as consacré tous les sentiments de ton coeur.
Tu as donné ton amour et lui as offert tes sacrifices.
Moi aussi ce jour, je veux lui offrir toutes ces vertus,
tous ces sentiments.
Et je veux déverser toute ma souffrance,
toutes mes fautes dans le coeur de ce petit enfant.
Alors, je ne serai plus seul à l’avenir.
Ce n’est plus moi qui me porte,
c’est l’enfant qui me porte.

***

Vierge Marie !
Je suis à genoux devant ton image en silence et en admiration,
cette image qui, de la grâce, est la plus belle reproduction.
La demeure qu’un jour le Seigneur devait habiter

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ne fut jamais soumise au prix du péché.

Fais-moi rayonner comme une petite image, ô ma Mère,


pour le bon plaisir secret de mon Père :
que celui qui me voit, te voie briller à travers moi,
moi qui, à tous moments, ai le droit d’être près de toi.

Remets dans mon âme le Seigneur avec joie


pour que, sans péché, je lui ressemble comme toi.
Fais que je porte le Christ à notre temps
pour qu’il resplendisse comme un soleil étincelant.

Dans ta vie, ô Marie, nous voyons couler avec abondance


les flots de la foi, la charité et de l’espérance.
Permets que ce triple astre avec sa magnificence
illumine la sombre nuit de notre existence.
Supplie pour nous notre Père, avec notre Seigneur,
pour que Dieu seul règne sur le trône des coeurs.

Prière d’une famille :

Notre Dame, Mère et Reine trois fois admirable de Schoenstatt !Tous, nous t’avons consacré
notre coeur et as veillé à ce que ce coeur soit offert au père et à la Sainte Trinité. Maintenant,
tiens nous par la main et veille à ce que notre âme devienne, pour le Père et pour la Sainte
Trinité un sanctuaire vivant de l’amour.

Dans la pratique cela veut dire : veille à ce que le Dieu vivant soit aussi vivant en nous grâce
à ton intercession. Il habite toujours en nous si nous sommes en état de grâce sanctifiante.
Mais veille à ce qu’il habite pleinement en nous, ce qui veut dire qu’il agisse en nous. Il doit
attirer notre âme dans sa vie trinitaire mystérieuse.

C’est pourquoi, nous te prions de veiller à ce que la raison, la volonté et le coeur soient
toujours mus par les impulsions divines intérieures et portées et aimées par cet accroissement
de forces.

A l’avenir, veille à ce que le temple que nous sommes devienne un sanctuaire vivant. Dans
nos coeurs, la consécration totale à toi et à la Sainte Trinité - comme au Père céleste - doit être
vivante aussi. C’est la raison pour laquelle nous avons toujours à être conscients de ce que
nous sommes un sanctuaire vivant, un temple de la Sainte Trinité ; à la lumière de la foi, nous
devons être pleinement conscients de ceci : la Sainte Trinité vit en nous, elle agit en nous.

Tu sais comme nous avons du mal à concentrer. Tu sais à quel point le monde avec ses
plaisirs et ses pseudo-valeurs exerce d’ attractions sur nous. C’est pourquoi il nous est très
difficile avec notre raison inquiète, avec notre fantaisie sans bornes de nous concentrer
vraiment, à la lumière de la foi, sur le fait que Dieu habite en nous. Si nous y arrivions, nous
serions en sécurité dans notre vie spirituelle qui donne le sens à notre vie sur terre. Mais, la vie

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spirituelle ne peut croître et se développer que si l’on en prend soin, que lorsqu’elle a pour nous
plus de valeur que toutes les impressions des sens pour nous qui sommes tellement tributaires
des sens.

C’est pourquoi, Mère et Reine trois fois admirable de Schoenstatt, montre-toi admirable en
notre raison, notre imagination et nos sentiments. Oui, veille à ce que nous tous...qui portons le
Dieu vivant en nous, nous soyons aussi capables... de parler et de bavarder avec lui de
manière toute simple, spontanée et sans affectation. Il ne faudrait pas qu’il y ait la situation
suivante, à savoir que le Dieu Trinité habite en nous et parle mais que nous, nous ne soyons
pas chez nous. Alors, nous ne le voyons pas, ne l’entendons pas et ne lui répondons pas.

Montre-toi aussi trois fois admirable en déliant notre langue pour que nous soyons capables
de porter dans le coeur du Dieu vivant tous nos soucis et nos misères qui nous préoccupent de
trop et nous dérangent et pour que nous remarquions ta présence, ô notre Mère, toujours aux
côtés de la Sainte Trinité.

Sois aussi notre secours, pour que nous puissions, jour après jour, offrir nos petits et nos
grands sacrifices dans le tabernacle de notre coeur comme sur un autel vivant.

Si tu nous accordes toutes ces grâces, alors pourrons traverser le vie en tant qu’hommes
ayant une vie intérieure et nous pouvons être sûrs d’atteindre un jour la patrie éternelle dans le
royaume de la gloire éternelle pour y être éternellement heureux. Alors, notre être sera
entièrement intact. Nous avons été donnés, entièrement offerts; et nous ne nous donnons à
personne d’autre si ce n’est au Père Eternel, à la Sainte Trinité tout en dépendant de toi, ô
Marie. Amen.

***

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CONTENU

Introduction 3

Demeure de Dieu, faite de pierres vivantes 5


“Ne savez-vous pas que vous êtes un temple de Dieu ?” (1 Co 5,16)

Par le baptême, nés à une vie nouvelle 7


“Nous sommes appelés enfants de Dieu car nous le sommes.”
(1 Jn 3,1)

Habités par Dieu 11


“Dieu a envoyé dans nos coeurs l’Esprit de son Fils qui crie :
Abba, Père” (Gal 4,6)

Intégrés dans le Christ 19


“Ce n’est plus moi qui vis mais le Christ qui vit en moi.”(Gal 2,20)

Mus par l’Esprit 25


“Ne savez-vous pas que l’Esprit de Dieu habite en vous ?”(1 Co 3,16)

Marie - le sanctuaire vivant 31


“Salut, comblée de grâces, le Seigneur est avec toi.” (Luc 1,28)

Vivre avec Dieu dans son coeur : Grâce et Devoir 37


“Qui demeure en moi comme moi en lui porte beaucoup de fruits.”
(Jn 15,5)

Lumière du coeur - lumière au monde 42


“Ainsi votre lumière doit-elle briller aux yeux des hommes pour que, voyant vos bonnes
oeuvres, ils en rendent gloire à votre Père qui est dans les cieux” (Mt 5,16)

Elevez vos coeurs 45


“Priez en tout temps dans l’Esprit” (Eph 6,18)

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