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DIDIER FONTAINE
LE NOM DIVIN
DANS LE NOUVEAU TESTAMENT
L'HARMATTAN
Licence accordée à Sébastien Côté sebastien-cote@live.ca - ip:24.122.0.229
@ L'Harmattan 2007
5-7 rue de l'École Polytechnique; Paris 5e
www.librairieharmattan.com
harmattan1~wanadoo.fi
diffusion.harmattan~wanadoo. fi
ISBN: 978-2-296-03559-1
EAN : 9782296035591
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Sommaire
Sommaire.. ... . ... ... ..... .. ... ... . .. ........ .. ... ... ... ....... ... ...... .. ... ... . ... 5
Préface, par Gérard Gertoux 7
ln tro du cti 0 n . ...... .. ....... ............ ....................... .......................... ...... .. .. ........... ............ .. .9
5
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Préface
par Gérard Gertoux
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Introduction
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Il
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Change-t-il de Dieu?
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Il est donc hors de propos de discuter de l'emploi ou non du nom divin dans
l'Ancien Testament. La Bible hébraïque exhorte clairement à invoquer ce
nom, et condamne ceux qui ne le font pas :
~~lP N'~ ~~~f ,~~ n;ns~~ \~~1 -;pb1~-N'~ ,~~ \C:;~iJ-~~ '9~6Q l~~
Répands ta fureur sur les nations qui ne te connaissent pas,
et sur les peuples qui n'invoquent pas ton nom! Jérémie 10:25
Bien entendu, ce Nom est saint (Lv 22:32, 1Ch 16: 10, 29: 16, Ps 99:3, 103: 1,
105:3, Ez 39:7). Dieu lui-même se charge de le sanctifier et de le glorifier
(Jn 12:28), et Jésus d'ailleurs encourage ses apôtres à prier pour que ce Nom
soit sanctifié (Mt 6 :9).
Tout croyant Juif a une conscience aiguë de la sainteté de ce Nom. C'est
peut être ce qui explique pourquoi l'usage oral du Nom sera progressivement
abandonné: « La maison d'Israël, peuple élu de Dieu, était la gardienne de
sa réputation dans le monde. Par des actions dignes de lui, elle l'accréditait
et 'sanctifiait le nom'. Au contraire, une conduite méprisable entraînait
khilloul hachem (profanation du nom). (...) Profaner le Nom était tenu pour
l'un des péchés les plus atroces: «(...) 'Celui qui est coupable d'avoir
profané le Nom ne peut pas recourir à la repentance (...); la mort seule
pourra l'ôter. (Yoma, 86 a) 5 »
Jésus connaissait ce Nom, et l'employait.6 Par exemple, dans le passage
de Matthieu 4:11, il cite Deutéronome 6:13 où paraît clairement le
tétragramme. Certains ont objecté que la lecture était faite en grec dans la
Septante, où ne figure pas le tétragramme. Mais, à l'époque, et jusqu'au lIe
siècle de notre ère au moins, la Septante présentait le nom divin soit en
hébreu, soit en grec vocalisé. Ainsi, dans tous les cas, on rencontrait
forcément le nom divin lors d'une lecture. En diverses occasions, Jésus
insista sur l'importance de glorifier le Nom divin: «'Père, glorifie ton
nom!' Une voix vint donc du ciel: 'Je l'ai glorifié et je le glorifierai
encore'». (Jn 12:28, voir aussi Jn 17:26) Les premiers chrétiens
connaissaient également ce Nom. Ils le prononçaient; mais ils veillaient, ce
faisant, à leur comportement, pour que celui-ci ne porte pas opprobre au
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Nom de Dieu (2Ti 2:19). L'expression 'Nom de Dieu' ou 'Nom de Nom' est
d'ailleurs une réminiscence du respect qui est dû à ce Nom.
Seuls Satan et ses démons ne le prononcent pas: « Enfin, on notera la
répugnance de Satan à utiliser le nom divin; la discussion avec Jésus en est
un exemple caractéristique, car si Satan utilise à chaque fois Dieu, Jésus par
contre utilise systématiquement le nom divin dans ses réponses (Mt 4:1-10).
Cette répugnance pour le Nom, également partagée par les démons (Lc 4:34,
417 ; 8 :28), provient tout simplement du refus de rentrer dans l'intimité de
celui à qui l'on s'adresse, comme les personnes qui, pour marquer leur
distance avec un individu indésirable, préféreront dire: 'Bonjour monsieur'
plutôt que 'Bonjour Untel' en utilisant son noms.» C'est, paraît-il, une
mauvaise interprétation du passage d'Exode 20:7 qui serait à l'origine de la
superstition consistant à ne pas blasphémer le Nom, ni le prendre en vain,
superstition largement présente dans de nombreuses traductions modemes9.
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5 Cohen: 67. E. Dhorme va dans le même sens: « Le souci invétéré de taire le nom personnel
du dieu, de ne pas le livrer à des bouches profanes, de le reléguer dans l'ineffable, n'ajamais
été plus accentué que dans la religion d'Israël. » - « Le nom du dieu d'Israël », Revue
d'Histoire des Religions, 1952, I : Il.
6 Bien sûr, on ne pourra jamais savoir avec certitude si Jésus prononçait distinctement le Nom
quand il le rencontrait, ou s'il le remplaçait par un substitut comme Adonaï. Seuls des
éléments indirects permettent de se faire une idée. Premièrement Jésus a condamné les
superstitions; or, remplacer le Nom excellent par un substitut relevait bien de la superstition.
Deuxièmement, de nombreux témoignages indiquent que le Nom était prononcé dans le
service du Temple à l'époque de Jésus, et ce au moins jusqu'à la chute de Jérusalem. En fait,
les scrupules autour du Nom s'amplifièrent avec l'abaissement moral du clergé, et la défaite
devant une nation païenne vouée à d'autres divinités. Mais pas avant 70. Troisièmement des
traditions antichrétiennes juives (Toledoth Yeshuh, cf infra) accusent Jésus d'avoir possédé
une connaissance exacte du Nom Ineffable, et d'en avoir fait usage.
7 S'adressant à Jésus, un démon, qui sait qui il est, le qualifie de 'Saint de Dieu' ou de 'Fils de
Dieu' (ou du 'Dieu Très-Haut') sans jamais utiliser le Nom.
S
Gertoux : 26. Nous soulignons.
9 On peut néanmoins remarquer l'effort de traductions telles que 1ER, celles de Chouraqui,
Crampon, NBS, TMN. Voir une liste relativement exhaustive établie dans Matteo: 147-152.
10Cf. Mounce: 236, 761, 811.
11 Les 42 occurrences de cette expression ont toujours un contexte de serment Jg. 8: 19; Rt
3:13; ISa 14:39, 45; 19:6; 20:3, 21; 25:26, 34; 26:10, 16; 28:10; 29:6; 2Sa 4:9; 12:5; 14:11;
15:21; 22:47; IR. 1:29; 2:24; 17:1, 12; 18:10, 15; 22:14; 2R 2:2,4, 6; 3:14; 4:30; 5:16, 20;
2Ch 18:13; Ps 18:47; Jr 4:2; 12:16; 16:14t; 23:7s; 38:16; Hos 4:15. Prononcer le nom de
Jéhovah n'était donc pas interdit; ce qui était interdit, c'était de faire appel à ce Nom sacré en
vain. Aujourd'hui, ce type de serment continue d'exister en français populaire sous la forme
de « sur la vie de... ».
12« tOtEKata~àç E1TtlPEVXELpaç aùtOÛ E1rL1T(XoavEKKÀ1l0LaV ulwv IopallÀ ÔoûvaL EùÀOYLav
KUPLOU EK XELÀÉWV aùtOÛ Kat EV 6v0J.1atL aùtoû Kaux~oaOeaL -
» Siracide 50:20 ; « La fête de
l'Expiation était l'unique circonstance où le nom ineffable était prononcé sur le peuple, en
guise de bénédiction. » - JER, ad loc.
13
'i?A~~ "p~~ iV~~1}-N71lit. « vous ne jurerez pas par mon nom pour un mensonge» ; cf.
ST: 772, DRAB: 398); Chouraqui, «pour mentir», Darby, «en mentant». De fait
l'expression 'i?A~~ précise bien celle d'Ex 20:7, ~1~~ !
14Chouraqui, Moïse: 154.
15
Le gnosticisme (vers le 1er s. de n.è.) par exemple a employé le Nom à des fins ésotériques.
Par la suite, la Kabbale en a fait de même (à partir du lIe s. de n.è.). Puis la franc-maçonnerie
(p.ê. dès le XIIIe s.), etc.
16Chouraqui, Moïse: 174 -175. Nous soulignons.
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Nous avons vu que dans l'Israël antique, le nom divin était connu et
employé dans le langage quotidien et les discours religieux. Le plus grand
scrupule qui entourait ce Nom glorieux consistait à ne pas l'employer dans
un serment - par la fameuse expression « Aussi vrai que YHWH est
vivant. .. » (i1~i1~-'lJ)- sans tenir parole. Dieu avait révélé ce Nom aux
premiers humains (On 4:1), mais c'est à Moise qu'il avait donné sa
signification (Ex 3:14). Il avait affirmé que son Nom passerait les
générations (Ex 3:15), ordonné de le respecter (Ex 20:7) mais enjoint,
néanmoins, de jurer par celui-ci (Dt 6: 13). Les Écritures ne donnent donc pas
l'impression que la vocalisation exacte du Nom serait destinée à se perdre.
C'est pourquoi ceux qui contestent son emploi actuel mettent en exergue
l'apparente perte de la vocalisation, et affirment que l'importance du Nom
divin est bien plus sublime qu'une vulgaire affaire de prononciation. Cette
dernière remarque est essentielle dans le cadre de notre recherche de la
présence du Nom dans le Nouveau Testament. On pourrait logiquement
penser que si la vocalisation s'est perdue, c'est parce qu'elle n'était pas
importante; le Nom n'étant plus prononçable, son usage n'apparaît pas
important lui non plus. Son absence dans le Nouveau Testament s'avèrerait
donc normale. Mais ce raisonnement s'appuie sur un certain nombre
d'affirmations ou de présupposés hâtifs, notamment 1) que la vocalisation
est perdue et 2) que le Nom ne figure pas dans le Nouveau Testament. Or
c'est loin d'être aussi évident. De plus, ce raisonnement fait abstraction de
l'hostilité au Nom que nourrissent les ennemis de Dieu, hostilité très
perceptible au fil des siècles, et qui a particulièrement bien su s'ériger en
consensus. Avant de démontrer la présence originelle du Nom divin dans les
manuscrits des Écritures grecques chrétiennes, il est impératif, on le voit, de
rétablir sa sublime importance. Aux yeux de certains, cette sublime
importance ne va pas sans une prononciation préservée jusqu'à ce jour. Il
nous faut donc considérer les nombreuses informations et analyses inexactes
qui se sont accumulées au sujet du nom propre hébreu i1,i1', et voir comment
s'affranchir de celles-ci permet une approche beaucoup plus saisissante de
son glorieux Possesseur.
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La substitution
Ouvrez une Bible au hasard. Considérez Genèse 2:4. Dans neuf versions
sur dix, vous pourrez lire:
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Autour de 600 avant notre ère, le peuple juif commence à subir des
revers de fortune assez conséquents. Le pharaon Nèko soumet le roi
y oshiya, et établit Èlyaqim en roi vassal. Le premier Temple est détruit. Les
Juifs sont déportés à Babylone pour une période de 70 ans, période durant
laquelle ils vont apprendre une nouvelle langue et une nouvelle écriture, et
où des portions de Daniel et d'Esdras (Ezra) sont rédigées en araméen (Ez
-
4:7 6:18, Dn 2:4 - 7:28). Ces portions démontrent un usage beaucoup
moins fréquent du tétragramme. Par exemple, celui-ci n'apparaît que sept
fois dans le livre de Daniel, au chapitre 9. En outre, le nom divin n'apparaît
pas distinctement dans le livre d'Esther (tout comme le terme 'Dieu'), mais
seulement sous forme acrostiche (tétragramme: Est 1:20, 5:4, 13, 7:7, Eloah,
« Dieu» 4:9, 6:1,14; Nissi,« ma Bannière »: 1:8).
Gérard Gertoux explique cette prudence croissante vis-à-vis du Nom de
la façon suivante: « Il est facile de comprendre l'enchaînement logique des
événements. Être écrasés par des souverains païens a dû être une terrible
humiliation pour les Hébreux. Par la force des choses, puisque les dieux
étrangers paraissaient plus puissants, les Hébreux ont dû prendre grand soin
de ne plus profaner le Nom (Ez 36:20; MIl :6) et ils ont dû se rappeler toutes
les mises en garde qui leur avaient été faites en ce sens (Is 52:5; Am 6:10).
On peut d'ailleurs remarquer qu'après le retour d'exil, les prophètes eux-
mêmes évitèrent d'utiliser le Tétragramme avec les non-Juifs8. » Deux
siècles plus tard, vers le début du Ille siècle avant notre ère, le peuple ne
parle pratiquement plus que l'araméen9. Naissent alors les Targums, qui sont
des paraphrases de la Bible en araméen. Avec la diaspora juive, de langue
grecque, naît le besoin d'une Bible accessible dans d'autres langues que
l'hébreu ou l'araméen. Et c'est en 280 avant notre ère que paraissent les cinq
premiers livres de la Bible en grec: la version des Septante commence à voir
le jour. Comme l'explique Gertoux, cette traduction soulevait une difficulté
nouvelle: «Cependant, les traducteurs ont dû résoudre un épineux
problème. En effet, même si à l'époque il n'y avait pas d'interdiction
formelle, les Juifs n'employaient déjà plus le Tétragramme avec les non-
Juifs. Comme cette traduction allait être aussi accessible à des païens, les
traducteurs ont donc préféré laisser le nom divin écrit en hébreu dans le texte
grec (.. .)10.» Puis Gertoux fait cette constatation importante: « Cette façon
de procéder a été suivie au moins jusqu'en 135 de notre ère, car on ne trouve
aucun texte biblique avant le début du 3e siècle de notre ère avec le terme
'Seigneur' à la place du Tétragramme. » Cette pratique de la substitution
engendra de très nombreuses conséquences néfastes pour le Nom. Avec
l'expansion rapide de la langue grecque et de la culture hellénique, le Nom
hébreu cessa de facto d'être employé dans le culte juif (hormis son emploi
exceptionnel dans le Temple le jour des Propitiations). Une grande partie des
noms théophores perdirent ainsi leur sens au gré des déclinaisons grecques.
Les cantiques même en furent affectés, et on procéda à des ajustements. Les
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Au retour d'exil, il est indéniable que les Juifs adoptèrent une réserve
plus grande quant à leur emploi du nom divin avec leurs contemporains
païens. Les revers de fortune leur avait servi de leçon: il était donc inutile,
en quelque sorte, de livrer le Nom « en pâture» aux nations (Ro 2:24)14.
Cela dit, que l'usage du Nom ait été abandonné progressivement au profit de
substituts, lors de l'exercice du culte, ne signifie pas qu'il en allait de même
dans l'usage privé. C'est ce que confirment certains passages de la
Tosefta15 :
. « Celui qui commence une prière par yod, he (i.e. it", l'un des noms
. de Dieu) et qui la conclut par yod, he, est un sage. » - Berakhot 6:7
« Ceux qui se lavent le matin disent: 'Nous protestons contre vous,
Pharisiens, car vous prononcez le Nom avant votre bain.' Les
Pharisiens répondent: 'Nous protestons contre vous, baigneurs du
matin, car vous mentionnez le Nom avec un corps contaminé.' » -
Yeadim 2:20.
Il est difficile d'établir une datation concernant ces considérations, mais on
peut dire qu'elles étaient apparemment d'actualité vers le premier siècle
avant notre ère, puisque Flavius Josèphe témoigne de leur présence sous
Jean Hyrcan 1er(135-105 avo J._C.)16.Par la suite, ce fut plus l'influence
hellénistique (l'idée d'un Dieu innommable) que la pratique de la
substitution qui fit abandonner l'énonciation du nom divinl7.
Aujourd'hui, de nombreuses équipes de traduction sont conscientes que
désigner Dieu par le substitut séculaire et illégitime de « Seigneur»
contrevient au véritable message du Dieu révélé de la Bible. Ces équipes
incluent donc, dans leur préface, quelques explications censées justifier leur
choix. Parmi celles-ci, les deux principales raisons sont, d'une part, le fait
d'être « victimes de la tradition18», et d'autre part, un constat mi-pathétique,
mi-scientifique, d'impossibilité à trouver un terme parfaitement exact pour
rendre le nom divin. C'est assez paradoxal dans la mesure où le nom divin
fonctionne comme tous les autres noms propres. En ce qui concerne ces
derniers, les traducteurs adaptent les noms propres à la langue cible (par
exemple, dans les versions non littérales, Yirméyahou devient Jérémie;
Haggaï devient Aggée; pas de souci étymologique), mais pour le Nom par
excellence, on s'obstine à vouloir transcrire (YHWH, sans les voyelles; ou
Yahvé, mais sur la base d'une étymologie discutable). Partant de ce constat,
Greg Stafford tire la déduction suivante: « Est-il le moins du monde
étonnant, de fait, que les Gentils qui s'intéressèrent au Christianisme à la fin
du premier siècle de notre ère, ou au début du second, ressentaient la même
chose à propos du nom de Dieu hébreu, qui, de plus, ne leur était
probablement pas familier19? »
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humains: à quoi bon les surcharger? Remarquons que Jésus fut entouré de
gens simples (Ac 4:13). On en déduit qu'il ne fallait nullement posséder une
instruction poussée pour comprendre ses enseignements (Mt Il :25, Lc
10:21).
Le problème de la vocalisation
La forme Jéhovah
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reprise de manuels en usuels sans jamais être questionnée, n'est en fait pas
fondée.
Généralement, on explique la perte de la véritable prononciation du nom
divin en alléguant simplement que le texte biblique hébreu n'est pas
vocalisé. Une encyclopédie explique: «L'alphabet hébreu original se
composait uniquement de consonnes. Les prononciations et les notations
vocaliques couramment acceptées pour l'hébreu biblique furent créées par
des lettrés - les massorètes - après le ye siècle apr. J._C29. »
Prenons un exemple:
. D CNSRV S PRL
-+ pas de voyelles
La phrase n'est intelligible qu'à celui qui a l'habitude de lire des mots non
vocalisés, et, notons, qu'il connaît préalablement. Bien évidemment, cette
connaissance préalable disparaît si la langue tombe en désuétude.
»30
-+ version « massorétique
y ous avez remarqué que cette explication, qui est officielle, ne tient pas: les
voyelles de 'AdOnAy sont a-o-a, tandis que celles du mot soi-disant
reconstitué à partir de celles-ci, sont e-o-a (comme dans Jéhovah). Pour
l'expliquer, on recourt à une règle de grammaire. Mais ce recours est
spécieux, car on fait interagir un problème linguistique (a bref devient e sous
le yod) avec le système non linguistique du qeré/ketib31. Par ailleurs, si
vraiment les voyelles d'Adonay (a,o,a) était affublées au tétragramme, un
grave problème surgirait, que souligne Gertoux : « cela aurait conduit à une
forme très fâcheuse: YaHo W aH. Sachant que howah signifie « calamité »,
un lecteur inattentif qui aurait prononcé le tétragramme selon les supposées
voyelles d'emprunt aurait alors dit: « Yah est calam- » - blasphème passible
de la lapidation (Lv 24: 16). Providentiellement, les Massorètes choisirent
donc une vocalisation tirée du terme ~6~ (SHeMa') 'le Nom' dont les
voyelles e, a forment Yehwah, forme plus attestée. » Gertoux : 16732.
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Puisque l'on prétend que le nom divin, tel que parvenu jusqu'à nous,
dépend du système massorétique, illustrons un aspect de ce dernier.
Soit le mot LiVRe.
Sans les voyelles, nous avons LVR
Restituer les voyelles pourrait conduire, outre à la forme véritable, à
des mots comme LiVRa, Le VRa, Le VeR, Lo VeR, Lè VRe,
L'ouVRe, L'ouVRa, L'iVoiRe, éLèVeRa, oLiVieR, LeVuRe...
Bien sûr, le contexte peut permettre de trancher. Mais il est impossible
d'attester à coup sûr une forme restituée. Ces remarques préliminaires
tendent à nous faire penser que si Dieu avait voulu que la prononciation
exacte du texte hébreu se maintienne à travers les âges, il aurait fait en sorte
que l'hébreu reste toujours une langue parlée par le peuple. Ce n'est pourtant
pas absolument nécessaire. Le nom a pu se conserver d'une autre manière: à
l'insu de tous. Mieux encore: au vu et au su de tous.
Nous allons tenter de reprendre ici le raisonnement exposé dans
l'ouvrage Un historique du Nom divin, de Gérard Gertoux. Pour parvenir à
une reconstitution, Gertoux emploie trois critères:
L'évidence et le bon sens,
L'onomastique ou l'étude des noms théophores,
Les différents témoignages extrabibliques.
L'évidence
~(Y) I, É, È
i1( H) A
, (W) Ô, OU,U
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Exemples:
YH (it') = lA = Jah (ou Yah)
YHWDH (it"it')= IHÛDA = Juda
YRWSLYM (C'~fD"') = IRÛSALIM = Jérusalem
YHWH (it,it') = lHÛA = Ihoua
La lettre it est pratiquement inaudible. Pour mieux l'entendre, on rajoute
parfois un e muet, ce qui donne:
YHWDH (it"it')= l-eH-Û-D-A = Juda
YHWH (it,it') - l-eH-Û-A = lehoua
Cette dernière forme est « l'équivalent de la prononciation massorétique
YeHoWaH. Cette coïncidence est remarquable; providentielle si l'on en
croit que Dieu a veillé à son Nom (visiblement à l'insu des copistes !) 34»
Est-il
, donc raisonnable d'affirmer que lehoua (et dans sa version francisée
Jéhovah'), est une forme « sans ses propres voyelles» (Nelson), qui plus est
« impossible» (Weingreen)35,et « fautive» (Chouraqui), en somme qui n'a
« rien à voir avec le nom it,it' » (Pegon) ? L'évidence nous permet d'en
douter. On écarte souvent la forme' Jéhovah' - avec une pointe d'ironie - en
l'attribuant à une lecture impossible du tétragramme avec les voyelles de
Seigneur (Adonay). Mais, finalement, cette forme' Jéhovah', qui a aussi à
son mérite l'avantage d'être historiquement bien implantée dans la langue
française36,n'est pas si éloignée de la prononciation originelle.
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,
Abiyâ A~LlX(Abia) Mon père est Yah 1Ch 3: 10
j1":lN-:
T'
'Èlyehô'énay EÂLw11vaL (Éliôènai) Vers Yehô mes lCh 26:3
"J"l'ij1"&'N yeux
'Èlyô'énay EÂLw11vaL (Éliôènai) Vers Yô mes yeux lCh 4:36
"J"l'i"&'N
Netanyahû NaSavLou [il] a donné Yah Jr36:14
~j1"JnJ
-: T: (Nataniou) lui-même
'Uziyâ O(La (Ozia) Ma puissance est Ez 10:21
j1"Tl' T' ".
Yah
Y ehô' adan IwaôEv (Iôadén) Yehô est plaisir 2Ch 25:1
11~ij1~
Yehônatan IwvaSav (Iônatan) Yehô a donné IS 14:6
ln~ij1~
Yésûa 'I11aoû(Ièsou) [Yé. est] salut lCh 24:11
l'~W"
Yô'ab Iwa~ (Iôab) YÔ est père 2S 8: 16
:ilNi"
Yô'él IW11Â(Iôèl) YÔ est Dieu lCh 5:12
&'Ni"
Yônatan IwvaSav (Iônatan) Yô a donné IS 14:1
ln~i"
Zekaryâ ZaxapLa (Zakaria) [il] s'est souvenu, Ez 8: Il
j1"';:'
-T
T : : Yah
Remarques:
les similitudes entre le TM et la LXX sont très importantes, bien que
les textes aient connu des préservations différentes,
on peut expliquer ces différences par l'influence de la langue
araméenne au moment de la composition de la Septante,
la forme la plus courante est de loin l'abréviation 'Y ah' (même si
notre tableau n'en donne pas le sentiment, car nous avons
délibérément insisté sur la présence de la voyelle 0 dans le nom
divin ),
la finale en -yahû est systématiquement changée en _yah38,
la forme' Yehô-' n'apparaît qu'à l'initiale; elle disparaît en grec, car
ce dernier ne possède pas de h. En hébreu même il devenait
quasiment inaudible.
La conclusion de cet aperçu des noms théophores ne laisse aucun doute:
« On peut donc vérifier que, sans exception, les noms théophores
commençant par YHW- sont vocalisés YeHO- (10 dans la Septante), et ceux
33
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qui se terminent par -YHW sont vocalisés -YaHÛ (-lA ou -IOU dans la
Septante)39». Puisque la forme 'Yah' est la plus fréquente dans les noms
théophores, on pourrait penser également à la reconstruction moderne
'Yahvé'. Il Ya cependant un obstacle majeur à l'emploi de cette forme, dont
fait part le ProBuchanan dans la Revue d'Archéologie Biblique: « En aucun
cas la voyelle ou ou ô n'est omise. Le mot était parfois abrégé en 'Ya', mais
jamais en 'Ya-vé'. [...] Quand le Tétragramme était prononcé en une seule
syllabe, c'était 'Yah' ou 'Yo'. Quand il était prononcé en trois syllabes, ce
devait être 'Yahowah' ou 'Yahouwah'. Si tant est qu'il ait jamais été abrégé
en deux syllabes, ce devait être 'Yaho,40.» Pendant un certain temps,
Wilhelm Gesenius abondait en ce sens: « Ceux qui considèrent que it1H~
était la vraie prononciation (Michaëlis in Supplem. p.524) ne sont pas tout à
fait sans fondement pour défendre leur opinion. Dans ces conditions, les
syllabes abrégées 'H~ et ;', par lesquelles commencent beaucoup de noms
propres, peuvent s'expliquer de façon bien plus satisfaisante41.»
34
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35
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36
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Le problème étymologique
Une grande confusion apparut vers le XVe siècle de notre ère. À cette
époque, Sanctes Pagnini, un hébraïsant compétent, traduisit la Bible, non pas
du latin comme c'était devenu la coutume, mais des originaux eux-mêmes.
Dans son Thésaurus, par la suite, il expliqua que le «mot yhwh, qu'il
vocalisait yèhèwèh, provenait d'un verbe 'être' (hawah) et que ce mot yhwh
signifiait en araméen' il sera'. Par un concours de circonstances incroyable,
ces informations, toujours considérées comme valables de nos jours, à
quelques détails près, furent pourtant à l'origine d'une grande confusion
concernant le nom5l.» Pour bien comprendre le phénomène, il convient de
revenir sur la révélation du Nom faite à Moïse, qui s'enquérait de savoir ce
qu'il devait dire si on lui demandait qui l'avait envoyé:
i1~i1~
. 'rD~ i1~i1~ . ... i1tVb-"N .. \l:r~ii"~ ,~~~," <-
A" ." .I"-. '" "
:c~~,,~ ~~n~ti;.i1~i1N.
..: .. -: . ,- : ,.: : ,.: "~itb~
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.l'':. " - <.:-
Dieu dit à Moïse: « Je serai qui je serai. »
Et il ajouta: « C'est ainsi que tu répondras aux Israélites:
'Je serai' m'a envoyé vers vous. » Exode 3: 14 (NBS)
37
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Septante rend l'expression ainsi: « Èyw ElJlL0 WV» (Je suis l'étant [celui qui
est]), ce qui soulève d'autres difficultés.
Que devons-nous donc penser de la forme Yahweh, qui n'est autre qu'une
tentative de rendre l'expression 'je serai' ? Tout d'abord, il convient de
déterminer sa provenance exacte. D'après Théodoret52, le nom divin était
prononcé soit 'Iabe', soit 'la,53 selon les communautés:
Autrement dit:
1) les témoignages de Théodoret et Épiphane appuient la forme
Yahweh,
2) de même que les noms théophores (Yah, Yahou, Yeho) !
38
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À l'initiale:
- YôNathan
- YehôNathan
À la finale:
- NathanYah
- NathanYahou
Deux constatations s'imposent dès lors, et qui valent pour tout le corpus
biblique:
39
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40
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1 Cohen: 68-69.
2 Sur le choix de ce vocable pour traduire le tétragramme, cf. infra.
3 G.D. Kilpatrick, Étude de Papyrologie, vol. IX, 1971 : 222.
4 « L'utilisation et la signification du nom dans l'Ancien Testament est reportée sur Christ
dans le Nouveau. Le Nom du Seigneur, ou le Nom seul, était dans l'Ancien Testament la
dénomination de la gloire de Dieu révélée. Au jour du Nouveau Testament, cette gloire est
apparue dans la personne de Jésus Christ; et ainsi la force de l'Église repose maintenant en
Son nom [...] le nom de Jésus est une sorte de compendium de la confession de l'Église, la
force de sa foi, et l'ancre de son espérance. Tout comme Israël, dans le passé, se glorifia dans
le nom de Jéhovah, de même l'Église du Nouveau Testament trouva sa force dans le nom de
Jésus Christ. En son nom, le nom de Jéhovah a atteint sa pleine révélation. » - Herman
Bavinck, Our Reasonable Faith, 313, in : R. Watters, Bethel Ministries Newsletter.
5 http://www.freeminds.org/foreign/lenom.htm.
6 A. Marmorstein The Old Rabbinic Doctrine of God, Londres, 1927 : 17.
7 Matteo: 24. Dans sa vie de Moïse, dans le récit du buisson ardent et après que Moïse ait
demandé à Dieu son Nom, Philon prête à Dieu ces paroles: OUÔEV OVOI.UXtO 1Tcxpa1TCXV
E1T'EIlOU
KUPLOÀOYELtCXL,W IlOVW 1TpOOEOtL tO ELvaL, « il n'y a absolument aucun nom propre qui puisse
me désigner, moi à qui seul revient l'être. » De Vita Mosis, I, 75.
8 Gertoux : 81.
9 Des découvertes récentes montrent néanmoins que l'hébreu était encore vivace (cf infra).
Ainsi, A. Tal, dans son article « Is there a raison d'être for an Aramaic Targum in a Hebrew-
speaking society? », Revue des études juives, 2001, vol. 160, n03-4 : 357-378, montre que la
naissance du Targum araméen était moins due à une nécessité sociale (les masses populaires
ne comprenant plus l'hébreu) qu'à la volonté de protéger l'original hébreu de la propension à
le moderniser.
10Gertoux : 91. Voir également Aly. L. Koenen, Three Rolls of the Early Septuagint: Genesis
and Deuteronomy. Bonn, 1980 & B.M. Metzger, Manuscripts of the Greek Bible, New York,
1991 : 33-36, 59-64.
11Gertoux : 93. Par contre, la reconstruction érudite du Nom,Yahweh, s'y prête mal.
12Varron, De lingua latina, 9,55 ; Gaftiot : 868.
41
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13 « Un homme qui jure par le Nom ineffable entre tous sera écarté. » (Manuel de discipline,
III. Règle de l'ordre), in : Les manuscrits de la mer morte, Millar Burrows, Robert Laffont,
1955 :434. Par ailleurs, on lit en vi, 27-vii,I-2: « Whoever enunciates the Name (which is)
honoured above all ... [...] whether blaspheming, or suddenly overtaken by misfortune or for
any reason, (...) or reading a book, or blessing, will be excluded and shall not go back ever to
the Community council».
14A.T. Robertson commente Ro 2:24 ainsi: « Free quotation from the LXX of Isa 52:5. The
Jews were jealous for the Name of God and would not pronounce the Tetragrammaton and yet
acted so that the Gentiles blasphemed that Name. »
15
La Tosefta (Nn~O'n) est une compilation de la loi orale à peu près contemporaine à la
Mishna (et écrite en hébreu mishnique avec quelques portions en araméen), dont elle se veut
le supplément.
16AJ X, 5 ; in : Matteo: 32.
17Cf. A. Marmorstein, The Old Rabbinic Doctrine of Gad, Londres, 1927 et G. F.Moore,
Judaism in the First Centuries of the Christian Era: The Age of the Tannaim Judaism, vol. 1,
1955.
18
Cf. par ex. Stafford: 17.
19
Stafford: 17.
20 Chouraqui, Moïse: 168.
21
Tout comme' John' en anglais ou 'Jean' en français ne rendent pas le 'Iw&:vvT)ç grec, etc.
22
Il en existe effectivement! Cf lCo 8:5, 2Co 4:4, Ph. 3:19.
23
« Était-il vraiment interdit de prononcer le Nom au premier siècle. La réponse est non, car,
d'après le Talmud, cette interdiction est apparue seulement au milieu du deuxième siècle de
notre ère. De plus, il n'y a aucune trace d'une telle interdiction dans le Bible, à l'exception
bien précise du blaphème (Lv 24:11,16)) Gertoux : 103, nous soulignons.
24 Preface, ix ; in : Paul Ellingworth, « The Lord: the final judge of functional equivalence »,
The Bible Translator 199041/3 : 347.
25 Ellingworth : 348.
26 Chouraqui, Moise: 169.
27
Le nom divin qui demeure àjamais, 18.
28 Voir art. « Jéhovah» dans l'Encyclopaedia Universalis. C'est le premier mot qui figure.
29Hébreu (langue), Microsoft@ Études 2007 [DVD]. Microsoft Corporation, 2006.
30
En fait le travail des Massorètes ne se limita pas à l'insertion de voyelles (indispensables au
sens). Ils en réalisèrent également des copies annotées, éclairant les passages qui semblaient
avoir été modifiés. Gardiens de la tradition (héb. massorah), l'excellente préservation du texte
hébreu de la Bible leur doit beaucoup (cf chapitre 5). Remarquez que l'hébreu israélien
moderne ne porte pas non plus de voyelles. Mais supposez qu'il ne soit plus parlé pendant
deux siècles ou plus. Effacée des mémoires, la véritable prononciation sera perdue, et le sens
de certains mots compromis.
31 Weingreen : 31, note 1, qui' explique' : « le shewa composé qui se trouve sous la gutturale
N dans le mot .,~.,~ devient un shewa simple sous le 'II du kethibh i11H~ ». La Catholic
Encyclopedia, art. Jehovah (vol. VIII) donne cette explication (angl.) : « L'emploi d'un shewa
simple dans la première syllabe de Jéhovah, à la place du shewa composé de la syllabe
correspondante d'Adonaï et d'Elohim, est requis par les règles de la grammaire hébraïque
gouvernant l'usage du shewa. ». La Jewish Encyclopedia précise cette règle (angl.) : « La
raison pour laquelle le patach tombe est simplement dû au caractère non-guttural du yod. »
Enfm, l'Encyclopaedia Universalis, art. Jéhovah, nous confirme que ceci est en accord avec
les « règles de la vocalisation. » En effet, si le tétragramme est affublé des voyelles d'Adonaï,
il devrait présenter sous le yod le même chatafpatach initial ( .. ). Or, comme le constate Paul
Joüon dans sa Grammaire de I 'hébreu biblique, ~ 46 f, p.49 : « On remarquera que dans i1T;i1~
on a étrangement shewa simple au lieu de chatef patach de .,~.,~. » Que fait-il du 'yod non-
guttural' ? Joüon n'en dit mot. Et pour cause: l'hébreu, dans la pratique, n'empêche pas la
présence d'un chataf (qu'il soit patach ou seggol) sous une palatale (yod en l'occurrence).
42
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Nous en avons pour preuve, pour ce qui concerne un chataf seggol, Genèse 15:2 et 8 avec les
formes \i1V"C
.. et i11i1.:,
.. prononcées, bien entendu, Elohim. Nous rencontrons de même un
chataf patach (exactement comme à l'initiale d'Adonaï) en Psaume 144:15 : i1V1~W (i.e.
préposition tenant lieu de pronom relatif + tétragramme). On pourra objecter que ces
exemples sont rares. Mais, comme nous l'a fait remarquer le rabbin David Kay (Ma'ayan
Conservative Synagogue, à Naples en Floride), « la confusion décrite ici n'est pas, en réalité,
« d'ordre grammatical». Et de préciser: « le Shem Ha'm'forash (la 'vocalisation' du
tétragramme par les voyelles d'Adonaï, i.e. 'le nom lu distinctement') est précisément un
procédé employé pour NE PAS PRONONCER le Glorieux Nom. Il n'a RIEN À VOIR avec
le tétragramme. Il s'agit en quelque sorte d'une superposition. La phonétique ne doit donc pas
entrer en ligne de compte, car c'est bel et bien Adonaï qui est prononcé, non Y910wah ou
Yahowah. » G. Gertoux, parmi d'autres explications, rend compte du ridicule de la situation:
« quand les Massorètes indiquent qu'un mot à lire (Ie qéré) est différent du mot écrit (kétib),
c'est justement pour indiquer que ce mot est différent, et qu'il n'y a pas de lien entre les deux
mots. » Pour plus de renseignements sur le caractère spécieux du recours à la règle de
grammaire précitée, cf. P.L.B. Drach, De l 'harmonie entre l'Église et la synagogue, Ed. Socii
Sancti Michaelis, 1978 : 480-481. (Gertoux : 124) Bien sûr, nous ne remettons pas en cause la
règle de grammaire. Nous opposons seulement son emploi au problème du qeré/ketib. Nous
n'ignorons pas non plus la théorie selon laquelle, Yahweh étant la prononciation exacte, les
Massorètes n'auraient pas mis de chataf patah (son a très bref) sous le yod, mais shewa
simple, pour empêcher un lecteur inadvertant de prononcer le nom Yahweh. Mais c'est une
théorie.
32 La forme Yehowah, malgré sa ressemblance avec Yahowah, ne présente pas le nom divin
Yah qui pourrait, à l'oral, constituer le blasphème avec le son suivant (h)owah.
33 Gertoux : 9-10.
34Ibid.
35 Voir aussi la Jewish Enyclopedia, vol.7, p.89, art. 'Jehovah' (E. G. Hirsch).
36 Comme les détracteurs de cette forme aiment à le rappeler, « Jéhovah» est un mot apparu
en 1518 sous la plume de Pierre Galatin (De Arcanis Catholicae Veritatis, 1518, folio xliiii).
Sous une forme similaire « Yohoua », elle se rencontre dès 1270 dans l'ouvrage de R. Martin
(Pugio Fidei). Ceci est tout à fait indéniable (pour une discussion détaillée, cf. Moore: 34-
43). Mais on peut en dire autant de tous les autres noms. Ainsi Jésus (Yeshoua' ou Yehoshua),
Jonathan (Yehonathân), Marie (Miryam), etc. ne figurent pas non plus dans l'Ancien
Testament sous la forme que nous leur connaissons pour la simple et bonne raison que ce sont
des formes françaises. L'argument, en plus d'être de mauvaise foi, n'a aucun poids.
37 Pour une liste exhaustive, voir Gertoux : 46-51.
38 Pour une explication de ce phénomène, ct: Gertoux : 52. Il apparaît que la forme Yahou
était déjà taboue pour les Juifs vers le 3esiècle avo J.-C.
39 Gertoux : 53.
40 C.f George W. Buchanan, « Comment le Nom de Dieu était Prononcé» (angl.), Revue
d'Archéologie Biblique, 21.2 (mars-avril 1995) : 31.
41 Gesenius, Hebrew-Chaldee Lexicon: 337.
42 Hormis peut-être la stèle de la tempête d'Ahmosis ! Mais le sujet est débattu...
43 Voir J. Leclant, Les fouilles de Soleb in : Annuaire du Collège de France 1980-1981 : 474-
475, et, du même auteur, Le « Tétragramme» à l'époque d'Aménophis III, in : Near Eastern
Studies. Wiesbaden 1991 Ed. Otto Harrassowitz : 215-219.
44 Voir une reproduction des hiéroglyphes dans Gertoux : 67, 67 ; Divine name: 75. Sur la
vocalisation de y-h-w3, voir Divine name, App. D. : 255-268.
45 Certes l'influence grecque n'y est pas étrangère. Mais on peut faire la même analyse avec
tous les noms propres hébreux commençant par un yod.
46 « le tétragramme Y.H.W.H. ne peut aboutir directement à Jéhovah puisque dans l'alphabet
hébreu qui comporte 22 consonnes, les sons J et V n'apparaissent pas» - Art. Bible et
obscurantisme, sur Rendormez-vous : http://membres.lycos.fr/maynacque/biblobscur.html.
43
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47
En réalité il n'en est rien. Le professeur Buchanan, dans son article « Travaux non achevés
des Manuscrits de la Mer Morte» (angl.), p.418, explique: « le nom 'Yahweh' ne sonne
même pas sémitique» quand on le compare avec d'autres noms bibliques. Il donne pour
exemple Exode 15 en insérant alternativement 'Yahweh' puis 'Yahowah'. Les phrases avec
'Yahowah' sont « douces et poétiques », tandis que celles avec 'Yahweh' « sont dures et sans
rythme»
48
- in : Stafford: 3.
Le grand hébraïsant Paul Auvray explique ainsi le problème de traduction du Nom divin :
« (...) depuis un temps immémorial (...) les Juifs s'abstiennent de le prononcer. Lorsqu'ils
rencontrent ce mot dans le texte, ils le remplacent dans la lecture par un autre, habituellement
'iidonây (le Seigneur). C'est pour rappeler cette obligation que, lors de la vocalisation du
texte, ils ont affublé le mot YHWH (qu'ils n'osaient pas effacer ni remplacer dans l'écriture)
de voyelles rappelant la prononciation 'adonây: a 0 â (devenues ensuite e 0 â). C'est la
« graphie» que nous trouvons dans nos Bibles, et qui a donné lieu au « barbarisme Jéhovah».
(. . .) Le retour à la prononciation (hypothétique) yahwé(h) est récent, et en réaction contre
toute la tradition juive. Pratiquement, entre chrétiens, on peut lire Yahvé, comme font presque
toutes nos versions modernes, mais on peut aussi suivre l'usage traditionnel: lire 'iidonâyet
traduire « le Seigneur ». L'usage protestant est plutôt de traduire étymologiquement (?) le
mot YHWH par « l'Éternel ». » - Auvray, L 'hébreu biblique: 79, 81. On le voit, et à juste
titre, l'idée de traduire un nom laisse P. Auvray bien sceptique.
49 in : Matteo: 43.
50 Carr: 104 (Nous soulignons).
51Voir Gertoux : 149.
52 Natalio Fernandez Marcos et Angel Saenz-Badillos, Theodoreti Cyrensis - Quaestiones in
Octateuchum. Edito Critica, Madrid: Consejo Superior de Investigaciones Cientificas, 1979 :
112.
53 Certains ont conjecturé (sur la base de Diod. Sic. i, 94 principalement) que Théodoret avait
écrit 'law plutôt que 'la. D'autres, sur la foi de la tradition manuscrite hésitante, 'Ala, cf.
Moore: 312-313.
54Cf. Épiphane, Adv. Haeres, I, III, 40.
55Cf. Gertoux, Divine Name: 41.
56Cf. http://gertoux.online.fr/divinename/faq/ A 14.htm
57Il ne faut donc pas chercher de lien évident entre Yehowah et Yah, tout comme, en anglais,
les termes Betty et Liz (qui fonctionnent comme des noms propres indépendants) n'ont pas de
lien évident (linguistiquement parlant !) avec Élisabeth...
58
C'est-à-dire, un 'petit nom' « qui exprime une intention caressante, affectueuse, notamment
dans le langage des enfants ou ses imitations» (TLF).
59Temps impliquant que le sujet du verbefaitfaire une action. Cf. Joüon ~54, Gesenius ~53.
60Voir Gertoux : 152.
61
Dans l'article 'Yahvé' de l'Encyclopaedia Universalis, nous lisons sous la plume de Paul
André (un historien du judaïsme ancien) : « Dans l'Exode (III, 14), il semblerait que Yahvé
(YaHWéH) dérive de la racine hébraïque HâYâH (<<être », « devenir »). Or, la racine du mot
n'est pas HYH, mais HWH, qui, en hébreu, signifie « désirer ». Aussi pense-t-on que Yahvé
viendrait de dialectes amorrhéens, que parlaient les Patriarches et dans lesquels HWH
(comme en araméen) signifie « être », « devenir ». Dès lors, Yahvé (YaHWéH) serait une
forme verbale, causative, et voudrait dire: « Il fait être». »
62 Cf. André Caquot, Les énigmes d'un hémistiche biblique, 1978 Paris, in: Dieu et l'être, éd.
Études Augustiniennes, CNRS: 24, n.23.
63 On the Use of the Word Jehovah -
Conclusions based on forty years experience in the
Hebrew classroom, JBL 46, 1/2, 1927: 147-148. H. Rosin, de même, écrit: «The
pronunciation 'Yahweh' is no more than a scholar's guess, still competing with other
conjectures, such as Yahou and Yahoo Could the scientific prestige which this form Yahweh
has rightly gained, ever lead to recognition by the church? (...) And does not then the
traditional currency which the blended form 'Jehovah' has had of old, and the place it has
secured for itself in many versions (and hymns) in numerous variations, weigh heavily in the
44
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balance? Is it not more important that we learn to prounounce the Name again? » - The Bible
Translator 1952 03/4 : 182.
64 Denio: 146-147.
65
La Sainte Bible, Paris, 1989 : 2415, Matteo: 35.
66 Westphal, Jéhovah, les étapes de la révélation: 36-37.
45
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Le témoignage de la Septante
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Définition de la Septante
Au troisième siècle avant notre ère déjà, les Juifs n'employaient plus le
nom divin avec les païens6. Bien que leur traduction fût destinée à une
communauté juive, elle n'en allait pas moins être accessible aux non-Juifs.
Ils résolurent donc de ne pas traduire le Nom, en le laissant en hébreu dans
le texte. Plus tard, des copistes de la Septante en firent autant, ou allèrent
plus loin, en changeant le nom divin de son écriture hébraïque en une
écriture plus ancienne: le paléo-hébreu 7 (le tétragramme i1'i1~y figure alors
ainsi : ~S(~~). Origène (Ille s.) y fait allusion: « Dans les manuscrits les
plus fiables, le nom apparaît en caractères hébreux - non pas en caractères
hébreux actuels, mais dans les plus anciens. »TAUn siècle plus tard, Jérôme
(IVes.) en fait également mention dans son prologue sur les livres de Samuel
et des Rois (Prologus Galeatus) : « Nous trouvons aujourd'hui encore le
nom de Dieu, lequel renferme quatre lettres i1'i1~,nous le trouvons exprimé
en antiques lettres dans certains volumes grecs8. » Des copistes, ne sachant
pas ce que le tétragramme signifiait, l'ont transcrit dans les lettres grecques
les plus proches. Ainsi i1'i1~ en hébreu, devint IIIIII en grec, par le seul jeu
de la similitude9. Jérôme d'ailleurs avait remarqué cette méprise:
« Neuvième nom [de Dieu], tétragramme, qu'ils ont estimé &VEKQ>WVlltOV,
c'est-à-dire ineffable; il s'écrit par les lettres suivantes: yod, he, vau, he.
Cet ensemble n'a pas été compris par certains; à cause de la ressemblance
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des traits qui composent ces quatre lettres, et quand ils l'ont rencontré dans
les livres grecs, ils l'ont lu d'ordinaire IIIIII10». Cela contribua à vouer au
tétragramme une révérence quasi mystique, probablement à l'origine des
nomina sacra, et qui alimenta par la suite superstitions et pratiques magiques.
Ainsi, l'examen de la Septante nous indique que, même si la superstition
entourant l'usage du Nom existait sans doute à l'époque où elle vit le jour,
cette superstition n'existait qu'à l'oral et envers les Gentils, non à l'écrit. Par
conséquent, quiconque possédait une copie de la Septante, et la citait,
rencontrait le tétragramme à un moment ou à un autre.
La Septante est également intéressante dans la mesure où sa Vorlage - le
texte hébreu qui lui sert de support - est différent, en bien des endroits, du
texte massorétique, étant plus proche des copies plus anciennes découvertes
à Qumrân, ce qui pourrait donc le rendre parfois plus authentique. D'un
autre côté, dans le cas où la Vorlage est supposée identique au texte
massorétique, les choix de traduction opérés par les Juifs alexandrins nous
renseignent sur l'influence hellénistique subie par le judaïsmel1.
En hébreu archaïque
Par hébreu archaïque, il faut bien sûr entendre 1'hébreu tel qu'il était
primitivement écrit (le tétragramme s'y présente sous la forme ~S(~~), mais
aussi les tentatives plus ou moins heureuses de scribes tentant d'imiter cette
écriture. Qu'une copie de la LXX porte une écriture paléo-hébraïque ne
témoigne d'ailleurs pas de son ancienneté, puisqu'on en retrouve jusqu'au
Ve VIe siècles; mais cela constitue un bon indicateur de la révérence portée
-
au Nom.
49
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du VIe siècle.] 15
ÂIK~IOCYN~C '3/\3;J
23:12, 16, 21, 23, 25, 26, 2. [fin du ve siècle ou début du VIe siècle
de n. è.]16
.t'tc'r~C}<i\ IC YN°r JI<. .Kt\. If:: M'rfÂ.CHtq>'o'
50
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Dans cet extrait, le nom divin est rendu en trois occurrences en paléo-
hébreu, tandis qu'on le rencontre une fois sous la forme du nomen sacrum
Ky (coLI, ligne 15). Il est vrai que la place manque pour inscrire les quatre
lettres du tétragramme hébreuI7; mais cette synonymie entre le nomen
sacrum et le tétragramme tend à confirmer l'hypothèse que les nomina
sacra, introduits par les chrétiens, ont remplacé le nom divin écrit en paléo-
hébreu au sein du texte grec, et ceci tant dans la Septante, où c'est
l'évidence, que dans le Nouveau Testament.
En hébreu carré
~ ~««-~.
e.Àru.eè
HN . n\7t)
\H ~O 'f#
'..
.
..
..'.'
... ..:
.
Sur la datation de ce papyrus, et après en avoir minutieusement analysé
l'écriture par un jeu de comparaisons, Françoise Dunand, qui admet que la
datation « est fort délicate », conclut ainsi: «nous pensons que l'on peut
attribuer comme datation du Papyrus F. 266 le milieu du 1er siècle a.C. ; il
nous semble quant à nous difficile de descendre en-dessous de 50 a.C. 20»
51
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En grec
~
M~:~~ciJ
.N'Tr;,qnc INCAtM f '~'4~'"
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~C!41I{A"
r '-J M lM tC:.:~
L4~}'oN:'rr
~ ~~# ). \;:;:;..."
l
En écriture non-conventionnelle
[K~I €I]
TT€N ~ 0 ec oy K~[À.]O[N €IN~I TON]
~NerWTTON MON[ON TTOIHCWM€N]
~ YTW BOHeON [K.ÀT ~ YTON K.ÀI €]
[TTÀ.]~C€N 0 ec €T[I]25
... et
Jéhovah Dieu dit: tII n'est pas bon
que l'homme reste seul. Faisons
lui une aide qui lui soit semblable. ' Et
. TA
D leu fiaçonna encore...
52
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29:2, 33:2, 96:2, Rv 19:1-6). Les Juifs ne savaient que trop bien ce qui
pouvait leur arriver s'ils oubliaient le Nom (Jr 23:27, Jr 44:26, Jr 10:25). Par
ailleurs, Josèphe rapporte que les Juifs, lors du siège de Jérusalem, réduits
aux pires extrémités à cause de la famine provoquée par les dissensions
internes, en faisaient appel au nom de Jéhovah pour susciter la piété et la
crainte de leurs tortionnaires (GJ V, 438) : «souvent, ils imploraient, ils
invoquaient le redoutable nom de Dieu... » (Kat 1TOÂÂaKLC;
LKE-CEUOV-CWV
Kat
-co <pPLK-COV È1TLKaÂOUf.1Évwv ovof.1a -COÛ 8EOÛ).
... les traducteurs avaient changé le sens du verbe hébreu :Jp~ (naqab),
signifiant blasphémer41,de la manière suivante:
~
0PKq> f.1 È8LOTIC; -co o-cof.1a OOU Kat OVOf.1aOLq, -COÛ àYLOU f.1 OUVE8L08f1c; ~
W01TEp yelp OLKÉ-CllC;
È~E-ca'Of.1EVOC;ÈVcSEÂEXWC;
eX1T0f.1WÂW1TOC;
OÙK ÈÂa-c-cw8~OE-caL
oü-cwc; Kat 0 Of.1VUWV Kat ovoJlœ, WV cSLel 1Tav-c0c; eX1T0 àJlap-CLac; OÙ Jl ~
Ka8apLo8f1Ne prends pas l'habitude de prononcer le nom du saint. Car de
même qu'un domestique toujours surveillé n'échappera pas aux coups, ainsi
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celui qui jure et invoque le Nom à tort et à travers ne sera pas exempt de
faute. - Si 23:9.10
L'expression «Sui1Tav't'oçest intéressante: elle signifie qu'il n'était pas
bon d'employer le nom « à propos de tout », autrement dit « pour un oui ou
pour un non », « à tort et à travers ». Cela suggère que ce n'était pas l'emploi
du Nom qui était proscrit, mais bien son emploi futile, son emploi à la légère
(Ex 20:7). Il y avait forcément des excès. Cependant, si l'on admet que seuls
des substituts étaient prononcés, se pose alors le problème des copies de la
LXX où le nom divin était écrit en grec, et vocalisé laô. Que disait-on
alors44 ?
À propos du manuscrit 4QLXXLevb, Patrick W. Skehan écrit: « the MS
which allows for the pronunciation, or at least a pronunceable and normal
writing, of the Yhwh name in the same hand employed for the rest of the
text, derives from a period of LXX transmission prior to all texts which in
written form warn against utterance of the Name45. » D'après lui, la pratique
remontrait à une période antérieure aux témoins de la LXX qui contiennent
des caractères anciens. Toujours est-il que la copie en question est datée
entre le I ers. avo J.C. et le 1er s. ape J.C., c'est-à-dire vers l'époque du Christ.
Skehan mentionne alors plusieurs témoignages qui tendent à prouver que les
manuscrits contenant law n'empêchaient pas la prononciation du Nom:
Diodore de Sicile (1er s.av.J.-C.), historien et chroniqueur grec,
rapportait que Moïse tenait ses lois de 't'ov law E1TLKaÂouflEvOV 8EOV,
i.e. « du dieu appelé laô» (Cf. Diodori bibliotheca historica, éd.
Vogel, Fischer, Bekker et Dindorf, Leipzig, 1964, Livre I, ch.94).
Origène (c.185-254.), bien qu'il n'ait jamais reporté law dans ses
Hexaples, indique dans son Commentaire sur Ps 2:2 que sa propre
transcription du tétragramme était la11(PG 12, 1104). Mais dans son
Commentaire sur Jean 1: 1, il explique le terme Jérémie ainsi:
IEpEJ.1Laç.. .J.1E't'EWPLOflOÇlaw, 'Jérémie.. .élevé (par) laô' (GCS
Origenes 4:53)46
Le codex Marchalianus (Q), daté du VIe siècle, explique le sens du
terme lwaKELflen marge d' Ez 1:2 par law E't'OLfla0J.10ç. Et en marge
d'Ez Il: 1 BavaLou par OLKOÔOfl1111 OLKOÇlaw.
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une preuve certaine que ces traducteurs juifs considéraient le nom de Dieu
comme très sacré, donc:
Intranscriptible,
Intraduisible.
Quelle leçon logique pourrions-nous tirer d'un tel fait?
Faire de même et garder le Tétragramme hébreu au milieu des traductions
françaises de l'Ancien Testament et, ne connaissant pas la prononciation de
ces quatre lettres hébraïques, nous serions réduits, comme les Juifs, à
employer des substituts54... » Ce refus de l'emploi du nom propre de Dieu
n'est pas soutenable pour les raisons suivantes:
l'idée que le tétragramme ne peut être transcrit provient d'une
superstition juive scripturairement illégitime,
tant qu'ils ne furent pas en contact prolongé avec des païens, les
Juifs employèrent couramment le Nom divin (à l'oral comme à
l'écrit). Ce n'est qu'à partir du retour de la déportation à Babylone
que les attitudes évoluèrent au profit d'une interprétation outrancière
d'Exode 20:7,
aucun des noms propres de l'Ancien Testament ne sont traduits de
l'hébreu au français - ce serait absurde. Il faut se contenter d'adapter
le nom à la langue cible (ex. Yehonathan: Jonathan, et non: 'Yeho
a donné'). Affirmer que le nom ne peut être traduit induit donc en
erreur, et témoigne d'une mauvaise foi évidente.
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1 Pour des raisons de commodité, nous désignons « la Bible selon la version des Septante»
par l'expression « La Septante. »
2 Cette Lettre du (pseudo) Aristée à Phi/oerate (p.ê. ne avo J.-C) est paraphrasée par Flavius
Josèphe, qui la considère historique (AJ, livre XII). Edition grecque dans Swete : 551-606, ou
« Sources Chrétiennes» n089 (Lettre d'Aristée à Phi/oerate, éd. Cerf, 1962) Voir Barnstone :
243-250, Auvray, Les langues sacrées: 71-77.
3 Philon d'Alexandrie la tenait en haute estime: « Ils prophétisèrent comme si Dieu avait pris
possession de leur esprit, non pas chacun avec des mots différents, mais tous avec les mêmes
mots et les mêmes tournures, chacun comme sous la dictée d'un invisible souffleur. (...)
Toutes les fois que des Chaldéens sachant le grec ou des Grecs sachant le chaldéen se
trouvent devant les deux versions simultanément, la chaldéenne et sa traduction, ils les
regardent avec admiration et respect comme deux sœurs, ou mieux, comme une seule et
même œuvre, tant pour le fond que pour la forme, et ils appellent leurs auteurs non pas des
traducteurs mais des hiérophantes et des prophètes (.. .). » - De Vita Mosis II, 25-44. Tantôt
bien accueillie (b. Megillah 8b-9b), elle fut par la suite condamnnée, après que les chrétiens
l'aient adoptée; on considéra même le jour de sa traduction aussi néfaste que le jour « où
Israël fabriqua le Veau d'or» (Massekhet Soferim 7-10).
4 BGS : 152. D'autres datent cette traduction C. 200.
5 Eusèbe nous dit qu'il était ébionite (donc judéo-chrétien), HE VI, 16,1. Cf: BHS : 148-150.
6 Sagesse 14:21 parle du« Nom incommunicable» (to aKOLVWtlltOV OVOJ.1a).
7 Voir par exemple: F. Crawford Burkitt, Fragments of the Books of Kings According to the
Translation of Aquila, 1897, Cambridge, 3-8. Cette pratique révérencieuse fut reprise dans la
communauté de Qumrân, aussi bien dans des manuscrits bibliques que non bibliques (bien
que plus prudente; par ex. 1QpHab, Ie pesher Habbaquq) : cf. J.P. Siegel, « The employment
60
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of Paleo-Hebrew Characters for the Divine Names at Qumran in the Light of Tannaitic
Sources », Hebrew Union College Annual 42, 1971 : 159-172. Siegel montre comment « une
consideration théologique significative [la révérence vis-à-vis du Nom] a été traduite en une
convention scribale à la fois par des scribes Juifs 'normatifs' et 'sectaires'. » (p.l59) Cette
convention était également la garante que les tétragrammes ne seraient pas effacés par
inadvertance (p. 162, 169). Sur le commentaire d'Habbaquq lQpHab, Howard montre en outre
que la pratique à Qumrân consistait à rendre le tétragramme dans les citations de l'AT, tandis
que dans le commentaire l'emploi du Nom était généralement remplacé par C,N,Dieu, cf. JBL
96/1, 1977 : 66-67.
8 Mélanges théologiques, historiques et moraux, empruntés des œuvres de Saint Jérome,
traduit par F.-Z. Collombet, Paris, 1842, tome second: 115. Cf. PL 28 594-595. Jérôme fait
une remarque similaire dans son Traité sur les Séraphins: « Il faut remarquer aussi que, dans
le passage d'Isaïe que nous expliquons, le nom du Seigneur est écrit avec les quatre lettres qui
conviennent proprement à Dieu, c'est-à-dire avec iodhe, iod he, ou deux ia, qui composent le
glorieux et ineffable nom de Dieu. »
9 On le constate dans les copies des Hexaples : Origène, Origenis Hexaplorum tomus II (Ps
25:1, 26:4,7 ; 27:1 ; Mal. 3:1). cf. The Journal of Theological Studies, Oxford, Vol. XLV,
1944, 158, 159; Dunand: 47, note 4; Jewish Encyclopaedia, art. Tetragrammaton, vol 12,
118..120.
10Lettres, Paris, 1951: 14.
11 Sur « l'hellénisation)} de la LXX, cf. BGS : 201-222, 254-266, BA : 594-635, Geoltrain :
76-80. Par exemple n;N~~ ~~;r~ (Jéhovah des armées) est traduit par KUpLOÇ1TLXVtoKpatWp
(Seigneur tout-puissant), en 2S 7:8 (et suivants), ou ;r,,9r::t7~ W"~,« homme de guerre)} ou
« guerrier» est traduit par OUVtp(pwv1TOÀ.É~OUç, « briseur de guerres» en Ex 15:3.
12Source: TMN, App. IC, 1677-1681.
13Transcription de ces deux papyrus d'après:
scribe 1, http://ccat.sas.upenn.edu/rs/rak/lxxjewpap/MPrsA.jpg
scribe 2, http://ccat.sas. upenn.edu/rs/rak/lxxjewpap/MPrsB .jpg
Cf Tov, E., The Greek Minor Prophets Scroll From Nahal Hever (8HevXXIIgr), 1990
[Discoveries in the Judean Desert, vol. VIII].
14Cf: Israel Exploration Journal (vol. 12, Jerusalem 1962 : 203).
15 Transcription d'après la publication de ces fragments du texte grec de la version d'Aquila
par C. Taylor dans son ouvrage Hebrew-Greek Cairo Genizah Palimpsests (Cambridge 1900 :
54-65).
16 Reproduction du texte diplomatique de 2 Rois 23:24-27 (fol 2v.), F. Crawford Burkitt,
Fragments of the Books of Kings According to the Translation of Aquila From a Ms.
Formerly in the Geniza at Cairo, now in the possession of C. Taylor, D.D., Master of St.
John's College, and S. Schechter, MA., University Reader in Talmudic Literature,
Cambridge: University Press, 1897 . Voir les transcriptions dans H.B. Swete, An introduction
to the Old Testament in Greek, Grand Rapids, MI: Christian Classics Ethereal Library, 2001:
35-41.
17 Cf. Dunand : 51.
18 C. Wessely dans Studien zur Palaeographie und Papyruskunde, vol. XI, Amsterdam 1966,
p. 171. Voir aussi une reproduction photographique dans TMN : 1681.
19Transcription d'après: Aly et Koenen, Three rolls..., Le Caire, 1980.
http:// ccat.sas. upenn.edu/rs/rak/lxxjewpap/PF ou848 .jpg
Une dizaine de photographies ont également été publiées dans WB&TS, Auxiliaire pour une
meilleure intelligence de la Bible, 1992, p.767. Dt 18:5, 5, 7, 15, 16 ; 19:8, 14 ; 20:4, 13, 18 ;
21:1, 8 ; 23:5 ; 24:4, 9; 25:15, 16 ; 26:2, 7, 8, 14 ; 27:2, 3, 7, 10, 15 ; 28:1, 1, 7, 8, 9, 13, 61,
62, 64, 65 ; 29:4, 10,20,29 ; 30:9, 20 ; 31:3, 26, 27, 29 ; 32:3, 6, 19.
20
Dunand : 12. Elle ajoute plus loin (18..19) : « Le Papyrus F 266, qui nous donne le texte de
la LXX sous une forme plus sûre que celles du Codex Vaticanus et des codices qui s'y
rapportent.. et qui a dû être écrit 400 ans plus tôt que le Codex Vaticanus - serait ainsi' le
meilleur représentant de la version grecque primitive du Deutéronome'. »
61
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21
Dans les versets suivants: Ps 18:30,31,41,46 ; 28:6, 7, 8 ; 29:1, 1, 2, 2, 3, 3 ; 30:1, 2, 4, 7,
8,10,10,12; 31:1, 5, 6, 9, 21,23,23,24; 32:10, Il; 35:1, 22, 24, 27; 36:5; 46:7, 8, Il;
89:49.
22
G. Mercati, Psalterii Hexapli reliquiae . . . Pars prima. Codex rescriptus Bybliothecae
Ambrosianae 0 39 sup. phototypice expressus et transcriptus, Rome, 1958.
23 4QpapLXXLevb
= PAM 43.559; fragment 20, ligne 4, transcription par Kristin De Troyer,
basée sur: Patrick W. Skehan, Eugene Ulrich, Judith E. Sanderson, avec la contribution de P.J.
Parsons, Qumran Cave 4. IV. Paleo-Hebrew and Greek Biblical Manuscripts (Discoveries of
the Judaean Desert, IX), Oxford: Clarendon Press, 1992 : 174 et planche XL, fragment 20).
Voir aussi Supplements to Vetus Testamentum, vol. IV, Leiden 1957, p. 157. Sur la datation,
voir C.H. Roberts, Manuscript, Society and Belief in Early Christian Egypt, 1979, p.30, n.l.
24 Transcription d'après A. Hunt, The Oxyrhynchus Papyri, Londres, 1910, VII: 1, 2. Ce
papyrus est visible à l'adresse suivante:
http://ccat.sas.upenn.edu/rs/rak/lxxjewpap/POxyl007b.JPG
25 Transcription d'après Macquarie University, Papyrifrom the Rise ofChristianity in Egypt:
http://www.anchist.mq.edu.au/doccentre/PCE27 6.pdf
26http://163.1.169.40/gsdI/collect/POxy/index/assoc/
HASHOI37/fab20708.dir/POxy.v0050.n3522.a.01.hires.jpg. Cf Alan Keir Bowman, The
Oxyrhynchus Papyri, Part L, London: The British Academy & the Egypt Exploration Fund,
1983: 1-3.
27Cambridge University Library T-S 16.315. Cf. S. Schechter et C. Taylor, The Wisdom of
Ben Sira, Cambridge: CUP, 1899: 24. Un grand merci au Dr Ben Outhwaite (Taylor-
Schechter Genizah Research Unit, Cambridge University Library) d'avoir attiré mon attention
sur ce document. Cf. http://www.lib.cam.ac.uk/TaylorSchechter/GOLD/Orl1 02/others.html.
28 Certains estiment que le papyrus Fouad 266 n'est pas un représentant « typique» de la
LXX car il aurait été composé pour s'harmoniser avec l'hébreu: Albert Pietersma, « Kyrios
or Tetragram: A Renewed Quest for the Original Septuagint », in : De Septuaginta. Studies in
Honour of John William Wevers on His Sixty-Fifth Birthday, éd. A. Pietersma and C. Cox,
Toronto, 1984: 88-89. Voir Stafford: 44-45. La date du manuscrit est également discutée.
D'autres sources indiquent sa composition entre le 1eret le 3e siècle avant notre ère. W.G.
Waddell, « The Tetragrammaton in the LXX », Journal of Theological Studies 45, 1944:
159-161, le date entre le 2nd et le 1er siècle avant notre ère. Kahle, « The Greek Bible and the
Gospels », 614, le date en 100 avant J.-C. Françoise Dunand date le manuscrit du 1er s. av.J.-
C (Dunand : 12).
29 Cf. Stafford: 45-46, en réponse à Countess: 30.
30 Reproduit dans les Hexaples d'Origène. Voir « Origen's Hexapla », App. J de l'ouvrage
The Tetragrammaton in the Christian Greek Scriptures, Lynn Lundquist, Word Ressources,
Inc., 1998 : 276-296.
31 « The Tetragram and the New Testament », JBL 96, 03/1977 : 65.
32 Cf. Robert M. Bowman, Jr, « Jehovah's Witnesses and the Divine Name », Christian
Research Journal, 1989: 22 : « (...) internal evidence from the LXX itself shows that from
the begenning it must have used kurios in place of the divine name. »
33 Gertoux, Divine Name: 4, 99, 114, 252.
34 Certains pensent que KUplOÇest le terme qui figurait initialement dans la LXX, et que le
Nom a été ajouté par la suite, et ne relèverait que d'une pratique archaïsante marginale. Mais
les preuves matérielles qui soutiendraient cette hypothèse n'existent pas, et les arguments bien
minces (cf. Pitersma: 85-101 ; BA: 597-599).
35 http://ccat.sas.upenn.edu/rs/rak/lxxjewpap/POxy0656.jpg. Gen 14-27, Bodleian Library,
Oxford. Planche 2, fragment c, verso. Numéro de catalogue: Bodleian Library MS. Gr. Bib.
D.5 (P). Merci au Dr Bruce Barker-Benfield (Bodleian Library, Department of Special
Collections & Western Manuscripts) pour ses indications.
36 Comfort, Encountering the manuscripts: 209.
37 Cf. Pre Robert Kraft, Ambiguous Representations of the Tetragrammaton in Greek,
http:// ccat. sas. upenn.edu/rs/rak/kyrios.jpg
38
Cf. http://ccat.sas.upenn.edu/rs/rak/lxxpoxl 075 .jpg
62
Licence accordée à Sébastien Côté sebastien-cote@live.ca - ip:24.122.0.229
39
Cf. http://ccat.sas.upenn.edu/rs/rak/1xxjewpap/PBI7213.jpg
40 Cf. P.W.Comfort, Encountering the manuscripts, p.209 ou L.W. Hurtado, Lord Jesus
Christ..., p.183. On peut citer deux exemples. Le premier est contenu dans le document lQIsa
(rouleau d'Isaïe retrouvé à Qumran, et daté du second siècle avant notre ère environ) : on y
trouve, en Is 3 :7, Adonay en lieu et place du tétragramme -
ce qui tend à prouver qu'Adonay
substituait le nom divin (Ct: Ernst Würthwein, Der Text des Alten Testaments. Eine
Einführung in die Biblia Hebraica, Stuttgart: Deutsche Bibelgesellschaft, 1952, 21988, p.
160.) Un témoignage du IVe atteste très clairement de cette pratique: tO tEtpaypalJ.l..UXtOV
aVEK«j>wVT)tOV ov 1fap'Eppatotç 0 KataXP1l0ttKWÇ1fapa IJ.EVautotç Aôovat KaÂEttat 1fapa ÔE
1lj.1tV KUptOÇ, (...) le tétragramme, étant ineffable chez les Hébreux, est abusivement appelé «
Adonaï» chez eux, et « Seigneur» chez nous. - Evagrius, Etç tO 1ft1ft, 65. ; KataXP1l0ttLKWÇ:
»misused, misapplied, of word and phrases» - LSJ. Ici, bien sûr, 'abusivement' signifie 'de
manière incorrecte, non appropriée' plutôt que 'répétitivement'.
41 Mounce: 997, « blasphémer, avec l'intention particulière de salir la réputation de
quelqu'un ».
42 Traduction d'après BA :195-196.
43 Cf. Gertoux : 92. Philon avait remarqué ce paradoxe (De Vita Mosis II, 203-206), qui ne
semble pas le surprendre outre mesure; cependant il donne cette précision qui ne manque pas
d'intérêt: Et ÔE ttç... tOÂIJ.1l0ElEV aKalpUJ( autou <l>SEyçaOSattouvolJ.a Savatov U1f0IJ.EtVatW
tT)V ÔlKtlV,'et si quelqu'un.. .ose prononcer son nom hors de propos, qu'il subisse comme
peine la mort' -
I, 206). Cela dit, son interprétation allégorique des quatre lettres constituant le
-
tétragramme prouvent qu'il ne devait pas en faire usage même à propos! - du Nom (cf. II,
115). De même, Maïmonide est familier de la lecture de Lv 24:16 d'après la LXX: « 'Et celui
qui aura prononcé le nom de l'Éternel' (Lv 24:16)>> (Maïmonide : 155).
44 De la même manière, les écrits du Nouveau Testament présentant le tétragramme étaient
destinés à être lus à haute voix (cf. Mt 24:15, Mc 13:14, Ep 3:4, Co 4:16, ITh 5:27, Rv 1:13 ;
Ac 8:28,30, 15:31, 1 Tm 4:13, lCo 14:26, 2Co 1:13, Ep 5:18-19, Co 3:16; cf. Achtemeier:
3-27. Comfort, Encountering the Manuscripts: 50-52.
45 Skehan: 29.
46 Origène fait d'autres remarques très intéressantes sur le Nom. Répondant à Celse qui
critique de supposés chrétiens, il explique qu'il s'en prend en fait à des sorciers et à des
dévoyés qui ont tiré des pratiques magiques les noms Ialdabaoth, Astaphaeus, Horaeus, et des
écritures hébraïques lao, la, Sabaoth, Adonaï, Eloaï. Puis il remarque que ces ennemis de
Dieu ne comprenant pas qu'il s'agissait de qualificatifs désignant le seul et même Dieu:
« ils ont imaginé que Iaô est un Dieu différent, Sabaoth un autre, Adonaion un autre - alors
que les Écritures appellent ce dernier Adonaï - et Eloaion un autre encore, que les prophètes
nomment Eloaï en hébreu. » - Contra Celsum VII, 32. Il est ainsi évident que Iaô est
couramment employé dans divers milieux, et que sa prononciation ne semble pas être
proscrite, même au IIIe s.
47 Les citations suivantes sont extraites du TLG (TA).
48 Physicien, pharmacologiste, botaniste grec, qui vécut à Rome aux temps de Néron.
49 Il apparaît 217 fois dans le TLG.
50 Cf. Papyri Graecae magicae. Die griechischen Zauberpapyri, 2e éd., éd. Preisendanz K.
Henrich, Stuttgart: Teubner, 1974. Les termes Jaw, Jaw ~apawS ou Jw y reviennent très
régulièrement, soit dans des explications étymologiques, soit dans des élucubrations
ésotériques (auquel cas l'énonciation des formules magiques ne fait pas de doute).
51 W. E. Crum, Catalogue of the Coptic Manuscripts in the British Museum, London, 1905,
543A ; ct: 540A.
52 Skehan: 14.
53 Rétrospectivement, et si nous endossons un instant leur point de vue, le choix était plus que
judicieux. Nous savons que par la suite, dès qu'il fut connu des païens, le Nom fut employé à
tort et à travers, notamment par les gnostiques, les kabbalistes et les sorciers en tous genres.
54Pierre Oddon : http://www.info-sectes.org/tj/tmn.htm.
55 BHS : 157. Ct: Roberts, Manuscript, Society and Belief.. : 74-78.
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Puisque la Septante était leur texte sacré de base, quel usage les premiers
chrétiens en faisaient-ils? Ainsi posée, notre question suppose que les
disciples de Jésus étaient « chrétiens ». Or ce terme est anachronique. Les
talmidim di Yeshoua' n'étaient pas chrétiens au sens actuel du terme. Ils
étaientfils d'Israël, et voyaient en leur Maître le Messie des Prophéties. Par
conséquent, ils ne s'écartaient pas de leur religion, ne pensaient pas adhérer
à une foi nouvelle, mais au contraire progresser dans une Alliance plus
parfaite. Cela a une grande importance sur la manière dont le lecteur
moderne doit les considérer. En effet, pour juger de leur emploi du nom
divin, il faut se reporter tant à leurs écrits - qui nous sont parvenus en grec -
qu'à la Septante, également grecque. Pourtant, le grec n'était pas leur langue
natale, le véhicule premier de leur pensée. Et cela a aussi une certaine
importance. Aussi est-il indispensable de replacer ces personnages dans leur
époque pour se représenter plus exactement leur nature, leur mentalité, leurs
pratiques. Ce n'est que de cette façon que l'on peut se rendre compte
combien leurs écrits gardent des traces évocatrices du sujet qui nous
préoccupe.
Pourquoi d'ailleurs ce sujet nous préoccupe-t-il ? Est-il vraiment
essentiel que Jésus et ses disciples aient prononcé ou non le nom de
Jéhovah? En réalité, l'enjeu est fondamental, et détermine aujourd'hui la foi
de nombreuses personnes. Précisons clairement: si le nom divin n'a jamais
été employé, c'est que la confusion actuelle entre Jésus et Dieu pourrait être
légitime. Si en revanche Jésus et ses disciples nous prouvent qu'ils faisaient
la différence entre Jéhovah et Jésus, c'est la définition même du
christianisme trinitaire qui est à reconsidérer.
65
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Un humain
OÙK EOTL v J..LaST}T~ç Ù1TÈp tOV ôLôa.oKaÂov oùôÈ ôoûÂoç Ù1TÈp TOV KUPLOV
aÙtoû. Le disciplen'est pas plus que le maître,ni le serviteurplus que son
seigneur. - Mt 10:24
Un ange
Jésus Christ
Kat Èa.v TLÇ ÙJ..LLV EL 1T1J. TL 1TOLELTE tOÛTO; EL 1TaTE. b KUPLOÇ aÙToû XPELav ËXEL
[...] Et si quelqu'un vous dit: Que faites-vous là ? dites: Le Seigneur en a
besoin [...] Mc Il:3
Kat iôwv aÙT~v b KUpLOÇ È01TÂayxvLOST} È1T' aÙtiJ Kat EI1TEV aùtiJ' J..L~ KÂcxLE.
Le Seigneur l'ayant vue, fut touché de compassion pour elle, et il lui dit:
'Ne pleurez pas.' Lc 7:13
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Jéhovah Dieu
ou't'oC; ËO't'aL ).J.Éyac; KaL utoç 1nVLo't'ou KÂllS~aE't'aL KaL OWOEL aù't'4) KUPLOÇ 0
SEOC;'t'ov Spovov LlaULO't'oû 1Ta't'poçaù't'oû Il sera grand et sera appelé Fils du
Très-Haut, et le Seigneur Dieu lui donnera le trône de David, son père.
(NBS) Lc 1:32
'Ev aÙ't'ij 't'ij wp~ ~yaÂÂLeXaa't'o [ev] 't'4) 1TvEUlla't'L 't'4) &YL~ KaL EI1TEv.
eçolloÂoyoû).J.aL aOL, 1TeX't'Ep,KUpLE 't'oû oùpavoû KaL 't'f)ç yf)ç, O't'L à1TÉKpuWaÇ
't'aû't'a à1TO aOQ>wv KaL OUVE't'WVKaL à1TEKeXÂuwaç aÙ't'à Vll1TLOLÇ.vaL 0 1Ta't'~p,
O't'L oü't'wç EùooKLa eyÉvE't'o Ëll1TpoaSÉv oou. En ce moment même, Jésus
tressaillit de joie par le Saint-Esprit, et il dit: Je te loue, Père, Seigneur du
ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux
intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue
de ce que tu l'as voulu ainsi. (LSG) Lc 10:21
Dans les manuscrits du Nouveau Testament qui nous sont parvenus,
nous n'avons aucune trace du terme « Jéhovah ». Étant écrit en grec koinè, le
NT ne porte pas le tétragramme hébreu it,it.." ni aucun équivalent hellénisé.
À la place, nous avons KUpLOÇ, exactement comme dans les manuscrits de la
Septante postérieurs à 150 de notre ère. Cependant, à la différence de cette
dernière, nous n'avons pas de preuve manuscrite qu'il ait figuré initialement
en lettres hébraïques. Est-ce à dire que ce Nom, dans la Nouvelle Alliance,
n'a plus l'importance qu'il avait dans l'Ancienne? Pour répondre à cette
question, il faut d'abord savoir si le texte qui nous est parvenu est le parfait
reflet de celui qui a été rédigé par les auteurs inspirés. Et c'est là que les avis
s'opposent: d'un côté, certains estiment que le tétragramme devait exister, à
l'origine, dans le texte grec du Nouveau Testament, mais qu'il a été
remplacé par KUpLOÇ. D'autres pensent au contraire que le terme KUpLOÇ est le
terme original, et que sa présence à la place de celle du tétragramme
détermine le sens du christianisme. Ces opinions divergentes ont des
implications importantes. Considérons les conséquences des deux
hypothèses. George Howard, qui penche pour la première, explique:
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siècle ou bien sur un texte altéré qui est le reflet d'une période de
l'histoire de l'Église où la distinction entre Dieu et Christ était
nébuleuse, tant dans le texte que dans l'esprit des ecclésiastiques4 ?»
La question au cœur du débat est donc celle-ci: Jésus est-il celui que l'AT,
puis le NT, appelle Dieu? Subsidiairement, pourquoi le nom Jéhovah ne
figure-t-il pas explicitement dans le Nouveau Testament? Celui de Jésus est-
il plus important? Ou encore: puisque le terme KUplOÇest appliqué souvent
à Jésus, et qu'il est aussi appliqué à Dieu, cela prouve-t-il que Jésus est
Dieu? Il ne s'agit pas là de questions oratoires, ou artificielles. Elles sont
effectivement posées et débattues dans de nombreux ouvrages. Puisque notre
étude se veut notamment une réponse aux ouvrages de Lynn Lundquist,
suivons quelques instants un de ses raisonnements. Citant librement Isaïe
45:21-24 :
«N'est-ce pas moi, Jéhovah, à côté duquel il n'y a pas d'autre
Dieu... Par moi-même j'ai juré... devant moi pliera tout genou, et
par moi toute langue devra prêter serment, disant: « Assurément en
Jéhovah il y a droiture et force. »
. .. il explique:
«Si l'apôtre Paul employait le Tétragramme dans cette citation,
Romains 14:11 se lirait comme dans la Traduction du Monde
Nouveau: 'Aussi vrai que je vis, dit Jéhovah, devant moi tout genou
pliera, et toute langue reconnaîtra Dieu ouvertement'
D'un autre côté, si l'apôtre Paul faisait référence à Jésus quand il
employait le terme Kyrios (ce qui est le choix de la Kingdom
Interlinear Translation), alors le verset se lirait:
'Aussi vrai que je vis, dit le Seigneur (Jésus), devant moi tout genou
pliera, et toute langue reconnaîtra Dieu ouvertement.' »
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Certains pensent que, puisque Jéhovah est appelé 'lumière', et que Jésus
s'applique cette qualité, tous deux forment une seule et même personne.
Mais c'est sans compter sur ce passage:
Car Jéhovah, votre Dieu, est le Dieu des dieux, le Seigneur des Seigneurs, le
Dieu grand, fort (...) - Dt 10: 17
Sur son vêtement [Jésus] et sur sa cuisse, il portait écrit ce nom: Roi des
rois et Seigneur des seigneurs. - Rv 19:16
D'après l'ouvrage The «Godhead» How Many ?6, «il ne peut y avoir
qu'Un seul 'Seigneur des Seigneurs'» : Dieu. Puisque Jésus est appelé
'Seigneur des Seigneurs' dans la Bible, il ne peut être différent de Dieu. Et
qu'ainsi, il est Dieu. Mais si l'on s'en tient à cette logique, Jésus, qui est
également appelé «Roi des rois» dans le même passage, 'doit'
nécessairement être le même personnage que Nebuchadnezzar, puisque
Daniel en parle en ces termes: « Toi, ô roi, roi des rois, à qui le Dieu du ciel
a donné l'empire, la puissance, la force et la gloire» - Daniel 2:37. On s'en
doute: Jésus et Nebuchadnezzar ne sont pas la même personne.
On pourrait croire que cela permet d'affirmer que Jésus est Dieu.7
Néanmoins un autre verset permet de l'éclairer:
Tout chrétien, comme Jésus, peut donc partager la plénitude de Dieu. Est-ce
à dire qu'il serait Dieu? Évidemment nons.
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On fait parfois appel à ces deux versets pour montrer l'identité de Jésus et de
Jéhovah. Comme pour beaucoup de versets ainsi rapprochés, il convient
néanmoins d'en percevoir le vrai contexte:
Car le salaire du péché, c'est la mort; mais le don de Dieu c'est la vie
éternelle en Jésus-Christ Notre-Seigneur. Romains 6:23
Et je leur donne une vie éternelle, et elles ne périront jamais, et nul ne les
ravira de ma main. Mon Père qui me les a données, est plus grand que tous,
et nul ne peut les ravir de la main de mon Père. - Jn 10:28,29
Jésus donne effectivement la vie éternelle. Mais qui lui a donné ce pouvoir,
cette autorité, ce privilège? Son Père, qui « est plus grand que tous» (Jn
14:28).
Ce verset est très souvent invoqué pour montrer que Jésus est Dieu. On
pourrait réfuter cette assertion en explicitant la pensée du Christ par le
passage de Jean 17:21 : ((va 1Tav'tEC; Ëv WOLV,Ka9wç au, 1Ta't'Ep,EVE~Ot Kàyw
Èv 00(, ((va Kat alrcot Èv ~~lv WOLV,((va 0 K60~oç 1TLO'tEU1J O'tL au ~E
à,1TÉo'tELÂaç. « afin que tous [les disciples] soient un, comme toi, Père, tu es
en moi, et comme je suis en toi, afin qu'eux aussi soient un en nous, pour
que le monde croie que tu m'as envoyé. » Mais il est en fait inutile de faire
appel à un autre passage. Le terme Ëv est au neutre. Il n'a donc pas le sens
que lui donne la traduction « un ». On peut le constater dans la version
inter linéaire de M. Carrez9 :
Maurice Carrez s'en explique fort bien dans son introduction: « Jean 10:30
est traduit le plus souvent par: «moi et le Père nous sommes un» ; or
l'adjectif traduit par « un» est au neutre dans le texte grec et non au
masculin comme la traduction française pourrait le laisser entendre.
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L'interlinéaire a traduit par « unité» pour marquer que le Père et Jésus sont
de même nature et non deux personnes confondues en une seule. })
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L'hébreu
{((...) de plus, il [Titus] députa vers eux Josèphe pour les haranguer
dans leur langue maternelle (tf) 1TatpLq>yÂWOOTI), car il pensait que
les Juifs céderaient peut-être aux conseils d'un homme de leur
nation. » - GJ y, 9, 2
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intelligible, surveillée par le Hazzan. Il est donc manifeste que, lorsque Jésus
lisait dans les synagogues, il était amené à prononcer le nom divin.
Jean 19:20 : « Beaucoup de Juifs lurent cet écriteau, parce que le lieu où
Jésus fut crucifié était proche de la ville; l'inscription était en hébreu, en
latin, et en grec. »
Actes 21:40 (- 22:2) : Avec sa permission, Paul, debout sur les degrés, fit
signe de la main au peuple. Un profond silence se fit et il leur adressa la
parole en langue hébraïque, disant: ...
Voir aussi Jean 5:2, 19:13, 19:17, 20:26, Actes 6:1, Révélation 9:11,
16: 16.
L'araméen
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doute la langue dont le domaine fut le plus étendu, depuis les époques les
plus anciennes: il y avait eu une araméisation de l'hébreu dès la déportation
des Juifs à Babylone et l'araméen resta la langue usuelle dans toutes les
parties des royaumes lagides, en particulier en Palestine où il est la première
langue parlée par les Juifs à l'époque qui nous intéresse (E. M. Meyers, J. E.
Strange: 93-100) 27. » Quand par exemple Marc (15 :34, voir aussi Mt 27 :46)
rapporte dans son évangile les propos de Jésus, nous lisons: «Eloï, Eloï,
lema sabachtani ?» C'~r.,f?~~ it67 'i)'~ 'i)'~) ce qui semble être de
l'araméen. L'hébreu dirait plutôt: «Eli, Eli, lamah 'azavttani ?}} ('~r.,~r.p
it6, ,~~ ,~~). Cependant, ces analyses, basées sur une traditio~
manuscrites hésitantes, ne sont pas décisives28. De nombreuses études ont
tenté de montrer que la prédication de Jésus s'est effectuée en araméen29, et
que beaucoup de sémitismes relevés dans le Nouveau Testament sont en fait
des aramaïsmes. Parmi ceux-ci:
Mc 5 :41 : Il (...) lui dit: Talitha koumi, ce qui signifie: Jeune fille, lève-
toi, je te le dis. }}
Mc 7 :34 : il soupira, et dit: Éphphatha, c'est-à-dire, ouvre-toi. »
Mc 14:36 : Il disait: Abba, Père, toutes choses te sont possibles... »
Mt 27:33 : Arrivés au lieu nommé Golgotha, ce qui signifie lieu du crâne»
Jn 5:2 : il y a une piscine qui s'appelle en hébreu Béthesda»
Jn 19: 13 : il s'assit sur le tribunal, au lieu appelé le Pavé, et en hébreu
Gabbatha.
Jn 20:16 : Elle se retourna, et lui dit en hébreu: Rabbouni ! c'est-à-dire,
Maître!
Ac 1: 19 : ce champ a été appelé dans leur langue Hakeldama, c'est-à-dire,
champ du sang.
Ro 8: 15 : par lequel nous crions: Abba ! Père! » (id. Ga 4:6)
lCo 16:22: Si quelqu'un n'aime pas le Seigneur, qu'il soit anathème!
Maranatha.
Ici le terme 'maranatha' (Marana tha ou Maran atha 'Seigneur, viens !'
ou : 'Le Seigneur est venu') n'est même pas traduit. Cette expression est
peut-être l'équivalent araméen du grec Ëpxou KUpLE,rencontré en
Rv 22:203°.
Par ailleurs, de nombreux noms propres sont d'origine araméenne
(Barthélémy, Bar-Jona, Bar-Jésus, Barnabas, Thomas, Marthe, Céphas,
Tabitha, Satan[as], cf. Mc 3:18, Mt 16:17, Ac 13:6, Ac 13:7, Mc 3:18, Lc
10:40, Jn 1:43, Ac 9:36, Mt 4:40, 16:23).11 faut donc toujours tenir compte
de ce substrat pour comprendre le Nouveau Testament, et particulièrement
les évangiles31.
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Le grec et le latin
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Et elle enfantera un jils, et tu lui donneras pour nom Jésus, car il sauvera
son peuple de ses péchés - Matthieu 1 :21
Le terme grec pour Jésus est '!T100ÛÇ, et c'est l'équivalent de l'hébreu 1!tpiit\
qui signifie « Jéhovah est salut» 40. On remarque que l'ange signale à Jo~eph
la signification du nom de l'enfant à naître, mais pas à Marie. Quoi qu'il en
soit, cela ne surprit pas du tout les parents de Jésus, qui connaissaient les
Écritures (Gn 16:11 ; Jg 13:5; Is 7:14; Mt 1:21-23), Lc 2:39). Étant le
Messie, Jésus allait montrer que Jéhovah est salut, en accomplissant le rôle
pour lequel son nom avait été choisi: se constituer une rançon pour
l'humanité, preuve éclatante de l'amour et du salut provenant de Dieu. Son
nom avait donc de l'importance. Il en prit de plus en plus au fur et à mesure
de son ministère (par ex. guérison: Ac 3 :6,16 ; 4: 10,30 salut: Ac 4: 12 ;
10:43 ; 22:16 baptême: Ac 2:38, 8:16 pardon Ac 10:43 persécutions Ac
5:41 foi 1Jn 3 :23. . .). Cela dit, était-ce son nom que Jésus était venu
manifester, ou celui de son Père qui l'avait envoyé en mission? La Bible
nous renseigne à ce sujet. Voici quelques propos de Jésus rapportés par
Matthieu et Jean:
- Voici donc comment vous devez prier: Notre Père qui es aux cieux! Que
ton nom soit sanctifié - Matthieu 6:9 (Luc 1 1:2)
- Père, glorifie ton nom! Et une voix vint du ciel: Je l'ai glorifié, et je le
glorifierai encore. - Jean 12:28
- J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m'as donnés du milieu du
monde - Jean 17:6a
- Père saint, garde en ton nom ceux que tu m'as donnés, afin qu'ils soient un
comme nous - Jean 17: Il b (12)
- Je leur aifait connaître ton nom, etje le leurferai connaître - Jean 17:26a
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Ces versets montrent sans doute possible que Jésus a manifesté le nom
de Jéhovah sur terre, qu'il l'a fait connaître et qu'il l'a glorifié. N'était-il pas
le Aoyoç, la Parole ou Verbe de Dieu? Quel crédit aurait-il pu accorder à
une tradition non biblique, qui voulait que le Nom ne fût pas prononcé?
Quelques exemples montrent combien Jésus critiqua les traditions
qu'imposaient les chefs religieux juifs de son époque, soit directement, en
des accusations formelles (<<pourquoi transgressez-vous le commandement
de Dieu au profit de votre tradition?» - Matthieu 15:3; «et vous avez
annulé le commandement de Dieu à cause de votre tradition» - Mt 15:6),
soit indirectement, par l'état d'esprit qu'il manifestait, ou son comportement.
À titre d'exemple, sa conversation avec une Samaritaine était loin d'être
anodine (Jn 4 :7-30). D'après le Talmud, il ne fallait pas parler à unefemme
dans la rue, même à sa propre femme. En outre, les Juifs n'avaient pas de
rapport avec les Samaritains. Jésus, lui, parla ouvertement à une
femme... samaritaine! Les traditions imposées par les chefs religieux, la
plupart du temps anti-scripturaires, pesaient tant sur le peuple que les
occasions ne manquaient pas. L'attitude de Jésus et de ses disciples révèlent
un certain dédain pour celles-ci (moudre du blé unjour de sabbat: Mt 12:1-
8; Lc 6:1-5; rituel des purifications; Mt 15:2; Mc 7:3-13; jour des
guérisons: Luc 6:6-11; Luc 13:10-17; impartialité: Marc 2: 16,17 ;
négoce: Jean 2:16, etc.). Ces considérations s'ajoutant au fait que Jésus
venait manifester le nom de son Père, qu'il portait en partie dans son propre
nom, nous mènent à penser qu'il employa bel et bien le nom divin.
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Texte massorétique
C"1~~ '~~7 "~k it)it~ Qn~6 1~~ :,jJ\ ïtlit~ ~~.,~ f1i~
'ii~ \C:i:l~~ N~i?~ :l'-"}.f~~7 tD?Q~ \"~rJ'~
Ci~1 itiit.,~ \li~1-n~~ N~i?~ :Oij?-ni?=? C"JiO~~1
:C"~~~-"~ CD~7 i~lj"N~ C~~
1TvEûlJ.a KUPLOU È1T' EIJ.È ou ÈLVEKEV 1TVEÛlJ.a KUPLOU E1T' ÈIJ.É ou ÈLVEKEV
ËXPLOÉV IJ.E EùaYYEÂLoao8aL 1T'tWXOÎ,Ç, ËXPLOÉV IJ.E EùaYYEÂLoao8aL 1T'twxolç
à1TÉo'taÂKÉv IJ.E, K1lPUçaL aL XIJ.cx'ÂW'tOLÇ à1TÉO'tCXÂKÉV f.J.E LcXocxo8aL 'toùç
&cpEOLV Kat 'tuCPÂolç àVcXpÂE\lfLV, OUV'tE'tPLIJ.IJ.ÉVOUç 't~ KapÔL~ K1lPUÇCXL
à1Too'tE1ÂaL 'tE8pauolJ.Évouç Èv àcpÉOEL, aL XlJ.aÂw'toLç &cpEOLV Kat 'tuCPÂolç
K1lPUçaL EVLau'tàv KUPLOU ÔEK'tOV. àVcXpÂE\lfLV KaÂÉoCX,L ÈVLau'tàv KUPLOU
ÔEK'tàv KCXt ~f.J.ÉpcxvàV'tCX1TOÔOOEWÇ
1TapaKcxÂÉoaL 1TcXv'taç 'toùç 1TEv8oûv'taç
Is 65:1,2 Is 58:6
"
80
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Nous ne le pensons pas pour les raisons citées plus haut. Dans la
synagogue, l'hébreu et l'araméen prévalaient sur le grec, car n'oublions pas
que le grec - s'il était répandu, certes, n'en représentait pas moins, l'étranger,
l'incirconcis, mais aussi et surtout l'occupant47. Il n'est donc pas difficile de
concevoir qu'à une époque où elle était encore comprise de quelques-uns,
même d'une poignée, la langue sainte fût préférée à toute autre, surtout dans
le cadre d'une lecture d'un Prophète dans une synagogue! Même dans
l'hypothèse contraire - hypothèse bien improbable selon laquelle Jésus aurait
lu et cité en grec - il convient de rappeler cette pensée tirée de l'ouvrage du
Pro Kahle, The Cairo Geniza : « Nous savons à présent que, tant qu'il a été
écrit par des Juifs à l'intention des Juifs, le texte de la Bible grecque [la
Septante] ne rendait pas le nom divin kyrios; le Tétragramme était plutôt
inscrit en caractères hébreux ou grecs dans les MSS [manuscrits]. Ce sont les
chrétiens qui ont remplacé le Tétragramme par le mot kyrios lorsque le nom
divin écrit en caractères hébreux en est venu à ne plus être compris48. »
Jésus leur répondit: Je vous l'ai dit, et vous ne croyez pas. Les œuvres
que je fais au nom de mon Père rendent témoignage de moi.- Jn 10:25
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Ces passages montrent clairement les citations précises du nom divin par
Jésus Christ. Bien sûr, les récits qui nous rapportent ces citations sont
rédigés en grec. Mais ils n'ont ni été prononcés originellement dans cette
langue, ni même pensés dans cette langue.49R. Le Déaut expliquait à ce
sujet: « les auteurs du NT, en se référant à tel ou tel passage de l'Ancien,
avaient présent à l'esprit tout l'arrière-plan aggadique et pas seulement
l'original hébreu ou sa traduction (grecque ou araméenne suivant le cas) : les
divers éléments de cette tradition voltigent dans leur esprit et peuvent, à
l'improviste, intervenir dans l'exposé 50.»
Puisque les ipssima verba Christi ne nous sont pas parvenues (nous en
avons quelques reliquats en Mc 5:41, 7 :34, 15:34, Mt 27 :46), nous avons été
réduits à étudier des phénomènes indirects: citations, provenance des
citations, coutumes orales. Or, qu'indiquent ces phénomènes?
82
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C'est que par son attitude, Jésus ne cherchait pas à s'attirer les
complaisances (Mt 10:34; Jn 8:46,47, 9:41), mais parlait librement,
sûrement en employant le Nom de Dieu qu'il appelait Papa, et dont il disait
être le Fils.
« Je te louerai de tout mon coeur, Seigneur, « Père, glorifie ton nom! » - Jean 12:28
mon Dieu; etje glorifierai ton nom à
jamais. »- Psaume 86:12
« Que ton nom soit sanctifié» - Matthieu 6:9
« Louez Jéhovah, invoquez son nom, publiez
parmi les peuples ses grandes œuvres,
proclamez que son nom est élevé. »- Isaïe « J'ai/ait connaître ton nom... » - Jean 17:6
12:4
« Père saint, garde en ton nom ceux que tu
« En toi se confient tous ceux qui connaissent m'as donnés» - Jean 17: Il
ton nom; car tu ne délaisses pas ceux qui te
cherchent, Jéhovah. » - Psaume 9:10 « Je leur ai fait connaître ton nom, et je le
leur ferai connaître» - Jean 17:26
« C'est pourquoi mon peuple connaîtra mon
nom» - Isaïe 52:6 « La vie éternelle consiste à te connaître, toi
le seul véritable Dieu, et à connaître Jésus-
« Répands tafureur sur les nations qui ne te Christ, que tu as envoyé» - Jean 17:3 (BFC)
connaissent pas, sur les royaumes qui
n'invoquent pas ton nom ». - Psaume 79:6
83
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De même qu'il ne fait pas de doute que le nom de Jéhovah fut largement
employé par son Christ, de même les disciples et les apôtres, et parmi eux les
rédacteurs inspirés du Nouveau Testament, en firent usage. Nous ne nions
pas que cet usage ait été prudent. Mais il est indéniable. Il faut se rappeler
que si le NT rapporte les paroles de Jésus, elles sont avant tout rapportées
par divers écrivains, de mémoire pour les témoins oculaires qui ont vécu les
événements, et à partir de la mise en forme inspirée de la tradition orale
précoce pour ceux qui n'ont pas connu le Christ.
La théorie
Partant de constatations évidentes, George Howard écrit: «Des
découvertes récentes en Égypte et dans le désert de Juda nous permettent de
voir de première main l'emploi du nom de Dieu aux temps préchrétiens. Ces
découvertes sont importantes pour les études du NT en ce qu'elles
établissent une analogie littéraire avec les documents chrétiens les plus
anciens et qu'elles expliquent peut-être comment des auteurs du NT ont
utilisé le nom divin. Dans les pages qui suivent, nous avancerons la théorie
que le nom divin, ii'ii" (et peut-être des abréviations du nom), se trouvait
écrit à l'origine dans les citations du NT tirées de l' AT et dans les allusions
qu'on y faisait, et qu'avec le temps le nom a été remplacé par le substitut
KC. Cette suppression du Tétragramme a, selon nous, jeté la confusion dans
l'esprit des premiers gentils devenus chrétiens sur la relation entre le
'Seigneur Dieu' et le 'Seigneur Christ', ce qui se reflète dans la tradition
manuscrite du texte du NT53.»
Les indices
Ils sont de trois sortes:
une pratique juive et judéo-chrétienne,
la citation ou l'allusion à 1'AT,
une confusion visible dans la tradition manuscrite.
Concernant la pratique juive de retenir de l'hébreu dans le sein du texte grec,
Howard déclare: «Nous sommes certains que les Juifs d'expression grecque
continuaient d'écrire ii'ii" dans leur traduction grecque des Écritures. Il est
fort peu probable que ceux de ces Juifs conservateurs qui devinrent chrétiens
aient dérogé à cette pratique. Bien qu'ils aient certainement utilisé à un degré
moindre les termes SEOÇet KUpLOÇ, il aurait été extrêmement anormal de leur
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Papias
ITEpL ÔE 't'OU Mœ't'8œLOU 't'œu't" ELpT)'t'œL Mœ't'8œLoc; IlEV ouv EppœLôL
ÔLœÂEK'tw 't'œ ÂOYLœ ouvE't'œçœ'to, T)PIlT)VEUOEVÔ' œu'tœ wc; ôuvœ't'oc; EKœo't'oc;
Sur Matthieu, il (Papias) dit ceci: 'Matthieu, quant à lui, réunit en
langue hébraïque les logia (de Jésus) et chacun les interpréta comme il
en était capable. - HE 111,39,16 - cf. Papias, Fragments VI
85
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Irénée de Lyon
o IlEV ÔT} Ma1:'8aLOe; EV 1:'OLe; E~paLOLe; 1:'T} LÔLa aU1:'WV ÔLaÂEK1:'W KaL
ypa<j>T}V EÇT}VEYKEV EuaYYEÂLoU
Matthieu (a écrit) parmi les Hébreux dans leur propre langue et dans leur
propre écriture. HE Y, 8, 1 - voir Adv.Haer. III, 1,1
Origène
01:'L 1TpW1:'OV IlEV YEypa1T1:'aL to Ka1:'a tOV 1T01:'E tEÂWVT}V UOtEpOV ÔE
a1TOO1:'oÂOV IT}oOU }(pL01:'OU Mat8aLOV EKÔEÔWK01:'a au1:'O tOLe; a1TO
IOUôaLollOU 1TLOtEUOaOLV ypaf.1f.1aoLv E~paLKOLe; OUV1:'E1:'aYf.1EVOV (...)
d'abord a été écrit celui selon Matthieu, qui fut un moment publicain
avant d'être apôtre de Jésus-Christ: il l'a édité pour les croyants
d'origine judaïque, et composé en langue hébraïque. - HE YI, 25, 4
Épiphane de Salamine
Dans une section consacrée à l'hérésie des Nazaréens (Ka1:'aNa'wpaLwv) :
EXOUOL ÔE tO Kata Mat8aLov EuaYYEÂLoV 1TÂT}pE01:'atOV E~paL01:'L
,
IIap aU1:'OLe; yap aa<j>we; tOU1:'O Ka8we; EÇ apXT}e; Eypa<j>T} E~paLKOLe;
ypaf.1llaOLV Ils possèdent l'évangile selon Matthieu, rédigé en hébreu.
Pour eux, ce dernier est plus fiable puisqu'il a initialement été écrit en
lettres hébraïques.TAPanarion (Adversus Haereses) XXIX, 9 (PG XLI:
405)
Jérôme
Enfin Jérôme, le traducteur de la Bible en latin, abonde en ce sens
lorsqu'il écrit, au lye siècle de n.è.: «Matthieu, nommé aussi Lévi, et
de publicain devenu apôtre, composa le premier en Judée, pour ceux qui
avaient cru parmi les circoncis, l'Évangile du Christ, et le rédigea en
caractères et langage hébraïques (Hebraeis litteris verbisque composuit).
Quelle personne le traduisit plus tard en grec, c'est ce que l'on ne sait
pas au juste. L'Évangile hébreu (ipsum Hebraicum) se trouve
aujourd'hui encore dans la bibliothèque de Césarée, que le martyr
Pamphilus avait formée avec le soin le plus grand. Les Nazaréens de
Berœa, ville de Syrie, se servent du texte hébreu, et j'ai eu par eux la
facilité de le transcrire55.»
Le prologue.
Artificiellement reconstituée56 à partir du chiffre 14 (Mt 1 :17) et des
données de Genèse, Ruth, 1 Chroniques et 2 Rois, la généalogie qui se
déroule de David jusqu'à Jésus est en fait un procédé mnémotechnique basé
sur le mot '.1' (David). La somme des lettres de ce nom donne 14, et cela ne
pouvait échapper à personne; , pour 4 et , pour 6. C'est du moins une
86
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afin que s'accomplît ce que le Quand Israël était jeune, moi Quand Israël était jeune, je
Seigneur avait annoncé par le aussi je l'aimais et j'appelais l'aimais, et j'appelai mon fils
prophète: J'ai appelé mon fils ses enfants hors d'Égypte. hors d'Égypte.
hors d'Égypte.
Dans la LXX, l'expression massorétique « mon fils» est remplacée par
« mes enfants ». En cela, la citation du NT est plus proche de l'hébreu que
du grec de la Septante61.
NT : EL1TEV
KUpLOÇ 't'Q KUPL<¥I..L0U.KaSou EK ÔEÇU;)VI..LOU,
Ëwç œ'v Sw 't'oùç
EXSPOUÇCJou ù1ToKa't'w 't'WV 1TOÔWV
CJou Le Seigneur a dit à mon Seigneur:
TA
'Assieds-toi à ma droite, jusqu'à ce que je place tes ennemis à tes pieds.'
88
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,.
~OÔ~V 4~~O_U:?>~"'
.
l JUt'I,YI.1a.ee tIre cucut ic~ of théC n footstoo
~.
FEE'1'-?'
.
Ul1<cr
I..
Les sémitismes
89
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. Mt 8:22b
aKoÀouSEL ~OL Kat. «Q>Ee; toùe; VEKpOÙe; S&'tJraL tOÙe; ÈaUtWV VEKpOUe;.
Suis-moi, et laisse les morts ensevelir leurs morts.
. Mt9:8a
Lô6VtEe; ôÈ OL 0XÀOL ÈQ>op~81loav Kat. Eô6çaoav tOV 8EOV
Quand la foule vit cela, elle fut saisie de crainte, et elle glorifia Dieu
. Mt 9:15
~~ ôuVaVtaL OL ULOL tOÛ vU~Q>wvoe; 1t'Ev8ELV
EQ>'OOOV ~Et' aùtwv EOtLV 0 VU~Q>LOe;;
Les invités à la noce peuvent-ils être en deuil
tant que l'époux est avec eux ? (TaB)
. Mt 10:30
ù~wv ôÈ Kat. aL tpLXEe; tile; KEQ>aÀfle;1TâoaL ~pL8~1l~ÉvaL ELOLV.
Et même les cheveux de votre tête sont tous comptés.
Si l'on se reporte à l'araméen73, il y a un jeu de mots entre cheveux (ménè) et
comptés (maniân). On en trouve d'ailleurs la trace dans la Peshitta, puisque
'cheveux' se dit td:n(N~~), tandis que 'comptés' se dit ~. (,..~~).
90
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. Mt 5:22
oe; ô' a'v ÈLir1J t4) àÔEÂQ>4)
aùtoû' paKa, Ëvoxoe; ËOtaL t4) OUVEÔPLq>'
oe; ô' a'v ÈLir1J'IlwpÉ, Ëvoxoe;ËOtaLEte;t~V yÉEvvav toû irupOe;
et qui dira à son frère : Raca ! serajusticiable du Sanhédrin;
et qui lui dira: Fou! sera justiciable pour la géhenne dufeu.
Raca (paKa) est un mot araméen, râqâ', qui signifie 'crachat' (forme
emphatique de réqâ). Bernard-Marie explique: « L'expression dénoncée par
le Christ, et que l'évangéliste n'a même pas osé traduire, signifierait quelque
chose comme 'super crachat' (cf. Lv 15,8) 74.» Un autre étymologie possible
se fonde sur la racine hébraïque réqâ, signifiant 'vide', d'où l'on a suggéré
'tête creuse' (Jastrow: 1476 ; NBS : 1252, NET : 1693), et qui explique les
traductions du type « imbécile» (TOB) ou « crétin» (JER).Le terme IlWpÉ
provient quant à lui de l'hébreu i1j.;~, « rebelle» (c'est le participe de i1'~,
'être rebelle, désobéir, offenser', cf. ST: 404, DHAB : 226-227). Enfin le
mot yÉEvvav est manifestement un décalque de l'hébreu C~it 'I), « vallée de
Hinnom », vallée de renom sinistre puisqu'y avaient eu lieu des sacrifices
humains idolâtriques (2Ch 28:1,3 ; 33:1 6; Jr 7:31,32 ; 32:35), et dont le
nom était devenu symbole de destruction (cf. 1 En 27:2, 90:26; 4 Ezra
7:36) puisqu'on en avait fait la décharge publique de Jérusalem, où un feu
perpétuellement entretenu consumait les détritus.
. Mt 23 :24
ÜÔllYOL "CUQ>ÂOL,oi. ÔLÜÂL'OVtEe; "Càv Ku>vWira, t~V ôÈ KallllÂoV Ka"CairLVOVtEe;.
Guides aveugles, qui arrêtez aufiltre le moucheron et avalez le chameau! (TOB)
. Mt 26:38
IlELva"CE WOE Kat YPllYOPELtE IlEt ÈIlOÛ
restez ici, et veillez avec moi.
. Mt 27:6
ai. ôÈ àpxLEpE1e; Âa~oV"CEe;tà àpyupLa ELirav'
OÙK ËÇEotLV ~aÂE1v aùtà Ete; "Càv Kop~avâv, EirEL tLIl~ àLlla"Coe; EOtLV.
Les principaux sacrificateurs les ramassèrent, et dirent:
Il n'est pas permis de les mettre dans le trésor sacré, puisque c'est le prix du sang.
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Les parallélismes
Il leur proposa une autre parabole, disant: 'Le royaume des cieux est
semblable à un grain de sénevé, qu'un homme a pris et a semé dans
son champ. C'est la plus petite de toutes les semences; mais,
lorsqu'il a poussé, il est plus grand que les plantes potagères et
devient un arbre, de sorte que les oiseaux du ciel viennent nicher
dans ses branches.' - Matthieu 13:31,32
Bien sûr, le royaume des cieux est le royaume de Dieu. Mais dans le
passage de Matthieu l'expression - hors de son contexte - pourrait appuyer
l'idée erronée que le royaume est physiquement dans le ciel, ce qui n'est pas
le cas, car Dieu est Être spirituel (Jn 4:24). Quel est donc ce contexte? Dans
son ouvrage His Name Is One, Jeff A. Benner l'explique très simplement. En
son chapitre consacré à la suppression progressive du nom divin it,it', il
écrit: «Il devint courant à cette époque d'employer un autre mot, appelé
euphémisme, en remplacement du nom. Certains des 'euphémismes' les plus
courants étaient 'adonai' (mon seigneur), 'hashem' (le nom), 'shamayim'
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Jésus lui répondit: Tu l'as dit. Mais moi, je vous le dis: désormais vous
verrez le Fils de I 'homme assis à la droite de la Puissance, et venant sur les
nuées du ciel.
C'est une référence à Daniel 7:13 (et Psaume 110:1). Ici, le nom divin
est remplacé par un nouvel euphémisme, t'île; ÔuvallEWe; 79. Certains ont
conjecturé que Jésus pouvait avoir employé le nom divin à ce moment de
son procès, et que cela explique la réaction virulente du grand-prêtre qui suit
immédiatement: « Alors le grand prêtre déchira ses vêtements en disant - Il
a blasphémé. Qu'avons-nous encore besoin de témoins? Vous venez
d'entendre son blasphème. Qu'en pensez-vous?»
Mais est-ce l'emploi du Nom, ou l'affirmation christologique, qui fait
l'objet du blasphème? Jésus savait le sort réservé à toute personne, jugée
pour apostasie, faisant usage du Nom (Lv 24:14-16). Nous pensons qu'il ne
l'employa pas ici sous la forme du tétragramme. Mais un euphémisme du
nom divin suffit au grand-prêtre pour l'accuser de blasphème. Le fait
cependant que ce dernier demande l'avis des autres (Mt 26:66) prouve que
l'emploi du Nom fut indirect.
Matthieu 23:35
Ce verset mérite une mention spéciale. On y lit : « afin que retombe sur
vous tout le sang innocent répandu sur la terre, depuis le sang d' Abel le juste
jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le
temple et l'autel. » Il y a, dans cette déclaration de Jésus, une curiosité que
souligne Carmignac. Opposant les deux meurtres, il écrit: « l'un est bien le
début d'une série, l'autre est loin d'être le terme d'une série80 ! » Pourquoi
Jésus ne mentionne-t-il pas Ouriya (Jr 26:20-23), autre prophète martyr mis
à mort bien après Zacharie? L'expression « d'Abel à Ouriya» serait plus
93
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94
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la terre tremble,
les sépulcres se brisent,
des saints ressuscitent,
le centurion et ses hommes - ceux-là même qui l'ont supplicié -
reconnaissent l'identité de Jésus.
l'emploi de Q>wvflIJ.EYcXÀ.1J,
dont l'usage dans la LXX et dans Mt
semble indiquer que l'expression « annonce à chaque fois une
révélation majeure85 »,
95
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. terre 92.)}
« Dans le récit de la Passion selon Matthieu, l'effet exercé
par le Grand Cri est irrésistible, tout-puissant: les témoins
confessent que « cet homme était assurément le Fils de
Dieu» et tout l'univers entre en convulsion. Au
commencement était le Verbe et le Verbe était Dieu. Il est
approprié que la dernière Parole historique soit l'ineffable
Nom93. »
Ainsi, le Grand Cri dont parle Mt 27:50 fut peut-être le tétragramme lui-
même! Si ce fut le cas, après avoir cité Ps 22: 1 dont la teneur était tout de
même peu engageante per se, Jésus fit référence au passage de Joël 2:32:
96
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Shem Tob
Nous avons vu que de nombreux témoignages anciens indiquent que
Matthieu rédigea d'abord son évangile en hébreu (Papias, HE III, 39, 16;
Origène, HE VI, 25, 4; Irénée, Adv. Haer. III 1.1 ; Jérôme, Ep. 20.5).
George Howard est encore à l'origine d'une étude intéressante à ce sujet.94
Celle-ci porte sur un traité polémique anti-chrétien du XIV siècle intitulé
1n:J 1:JN(Iévèn bochan, « la pierre de touche », par référence à Is 28: 16)
rédigé par Shem Tob ben-Isaac ben-Shaprut, un médecin et physicien juif du
XIVe siècle. Le traité en question contient l'ensemble de l'évangile de
Matthieu en hébreu. L'analyse d'Howard indique qu'il ne s'agit pas d'une
traduction depuis le grec, mais d'un texte indépendant, conservé par des
Juifs.95 Ce texte présente de nombreuses variantes concernant par exemple
l'importance de Jean le Baptiste, la non prédication envers les Gentils, ou
encore l'absence de la formule dite trinitaire de Mt 28:19-20. Le texte
présente quelques correspondances avec l'évangile de Jean, le codex
Sinaïticus, ou l'évangile de Thomas. Jésus n'est identifié au Christ qu'à
partir du seizième chapitre. Mais ce qui fait l'intérêt de ce texte hébreu de
Matthieu, c'est qu'il emploie une expression qui désigne explicitement le
nom divin. Lors des citations de l'A T, le texte présente 'i1 (abréviation de
haShèm, OtVi1),et une fois otVi1en entier (28:9). Ces expressions signifient
toutes deux « Le Nom », et sont un euphémisme superstitieux de i1,i1'.Peut-
on penser que Shem Tob traduisait depuis le grec ou le latin? Le polémiste
juif aurait-il inséré ce Nom depuis un manuscrit qui ne le contenait pas?
George Howard répond: « La présence du nom divin dans un document
chrétien cité par un polémiste juif est un fait remarquable. S'il s'agissait
d'une traduction hébraïque d'un document chrétien grec ou latin, on
s'attendrait à y trouver Adonaï, et non un symbole du nom divin ineffable
YHWH. (oo.) Il serait incompréhensible de sa part d'avoir ajouté le nom
ineffable. Tout porte à croire que Shem Tob a reçu son exemplaire de
Matthieu contenant déjà le Nom divin et qu'il a probablement conservé
celui-ci plutôt que de courir le risque de se rendre coupable de l'ôter. »96
Ainsi, même le polémiste anti-chrétien qu'était Shem Tob prouve non
seulement que l'évangile de Matthieu a bien été écrit en hébreu, mais encore
qu'il contenait logiquement le nom divin sous la forme du tétragramme à
l'emplacement des citations et allusions de l' AT.
Du Tillet
En 1553, un évêque de Brieux nommé Jean du Tillet se trouvait à Rome,
et, dans des circonstances demeurées mystérieuses, obtint par confiscation
97
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TEXTE HEBREUDEMT. 4:4-7 D'APRES Du TILLET
Jésus prononce le nom divin à trois reprises (lignes 2, 7 et Il)
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TEXTE HEBREU DE MT. 2:13-14 D'APRES Du TILLET
Ligne 21 : lN'r.3,« l'ange de Jéhovah»
98
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Münster
En 1537, Sébastien Münster (1489-1552) édita un texte hébreu de
l'évangile de Matthieu99qu'il disait avoir obtenu de la communauté juive.
Malheureusement, il avait reçu ce texte dans un état très lacunaire, et se
chargea lui-même de combler les blancs sans prendre la peine d'indiquer en
quels endroits il le faisait. Il est donc difficile, aujourd'hui, de dissocier les
deux strates. N'ayant pas non plus pris les mesures nécessaires pour
conserver sa source, celle-ci est totalement perdue. L'analyse du texte révèle
sa grande proximité avec celui de du TiBet; tous deux proviendraient d'un
même original en hébreu.
99
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Ainsi, Marc n'a pas côtoyé Jésus durant l'essentiel de son ministère (peut-
être fut-il, sur la dernière heure, ce disciple qui s'enfuit nu lors de
l'arrestation de Jésus), mais il a très bien connu Pierre qu'il a longuement
assisté. Son évangile consiste donc en la mise par écrit, en quelque sorte, des
souvenirs de Pierre. Mais Marc n'a pas pour seule source ce témoignage-là.
C'est ce qu'explique l'introduction de l'évangile de Marc dans la Bible des
peuples (Le Sarment, 2000 : 1247) : « Assez tôt sans doute on l'avait écrite
[la catéchèse de l'Église] en hébreu pour l'usage de l'Église de Jérusalem de
langue araméenne (la langue de Jésus), et ensuite en grec pour la
communauté des hellénistes (...). Selon toute probabilité Marc a suivi le plus
important de ces documents, dont il a dû avoir en mains deux versions assez
proches: les traditions anciennes disent qu'il y a inséré bien des détails
concrets qu'il avait retenus de la prédication de Pierre, et l'examen de son
texte le confirme. » Il nous semble donc raisonnable de penser que Marc
également était très profondément influencé par la langue hébraïque de
l'Ancien Testamene05, et qu'il lui était impossible de ne pas connaître le
tétragramme.
Ce tétragramme paraît sous sa plume au troisième verset de son premier
chapitrelo6. Dans la Bible annotée par E.W. Bullinger, The Companion Bible,
ce verset se lit ainsi: « 3 The voice of one crying in the wilderness, 'Prepare
ye the way of the LORD, make His paths straight' ». En parallèle, une note
indique: « 3 the LORD Ap.98. VI. i.a.l.A.a »
Cet appendice 98, 'Divine Names and Titles in New Testament', fait
preuved'une certainehardiesseen ce sens qu'il soutientque KUpLOÇ dans le
NT, et dans les Évangiles spécialement, peut désigner Jéhovah, c'est-à-dire
le tétragramme de l'AT. Et cela en deux circonstances (qu'il sous-classe en
deux catégories: avec et sans article) : 1) dans des citations de l' AT (33 fois)
2) dans des allusions à l' AT (38 fois).
100
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Dans son chapitre 5, verset 19, Marc fait cette fois-ci une allusion
évidente au nom divin: « Il [Jésus] ne le lui permit pas, mais il lui dit: 'Va
dans ta maison, auprès des tiens, et raconte-leur tout ce que le Seigneur a fait
pour toi, et comment il a eu pitié de toi.' » Deux raisons au moins nous
permettent de le penser.
La première provient du passage parallèle à celui-ci, contenu en Luc
8:39 [c'est Jésus qui parle] : « 'Retourne dans ta maison, et fais le récit de
tout ce que Dieu a fait pour toi.' Et il s'en alla et publia par toute la ville tout
ce que Jésus avait fait pour lui.» On constate que les deux récits ne
rapportent pas les paroles dans les mêmes termes, sans toutefois se
contredire. En fait, la différence majeure porte sur un terme. Tandis que
Marc fait dire KUpLOc;; à Jésus, Luc lui fait dire 8EOc;;. Dans les deux cas
néanmoins, on comprend que Jésus invite à rendre gloire à Jéhovah Dieu, et
c'est justement la variante, la fluctuation autour du terme à employer qui
nous en donne l'assurance. Dans l'esprit de Luc comme de Marc, KUpLOc;; et
8EOc;;
dans la bouche de Jésus ne peuvent désigner que Dieu, Jéhovah.
Or, si le tétragramme figurait à cet endroit, et si, comme nous le
pensons, il a été substitué, cette variation s'explique le plus aisément du
monde: Dieu (8EOc;;) ou Seigneur (KUpLOc;;) sont les seuls équivalents proches
du tétragramme i1,i1\ et, dans l'esprit du traducteur, n'avaient guère de
différence. D'ailleurs, comme le chapitre suivant va le mettre en lumière, ce
n'est que dans un contexte d'extrême confusion sur la distinction entre ces
deux mots concernant le Seigneur Jéhovah et le Seigneur Jésus que se sont
faites les copies dépourvues du tétragramme, et qui sont la base du texte du
NT aujourd'hui.
101
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Moïse raconta à son beau-père tout ce que Jéhovah avait fait à Pharaon et à
l'Egypte à cause d'Israël, toutes les souffrances qui leur étaient survenues en
chemin, et comment Jéhovah les en avait délivrés. - Exode 18:8
102
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Outre le terme hébreu hosanna (~~ .11~;iT), qui est une exclamation
traditionnelle pour qui en appelle à être sauvé,110 une référence évidente au
Psaume 118 :26 est faite ici.
Luc ne fut pas témoin oculaire de la vie de Jésus (Luc 1:2), mais certains
passages des Actes indiquent qu'il accompagna Paul durant son second
voyage missionnaire. Certains vocables qu'il emploie et de nombreux détails
inédits qu'il mentionne montrent qu'il est sans aucun doute le 'médecin bien
aimé' dont il est question en Co 4:11,14 (Lc 4:38, Ac 28:8). Certains
estiment qu'il est Gentil, se fondant sur deux considérations dont fait part le
Dictionnaire des Éd. Emmaüs: « L'apôtre établit une distinction entre ses
compagnons sortis du judaïsme et Luc (Co 4.11; 14) qui était issu du
paganisme. Une tradition très ancienne et plaus[ible] le dit originaire
d'Antioche de Syrie. En tout cas, Luc connaît fort bien l'Église d'Antioche
103
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L'action se situe en Judée, terme qui désigne le pays des Juifs (1 :5)
Zacharie et Élisabeth observent minutieusement la Torah (1 :6)
Ils descendent tous deux d'une famille de prêtres (1 :5)
Élisabeth, telle une matriarche, est stérile (1 :7)1l5
Ils sont tous les deux avancés en âge (1 :7)
104
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»1I6
Les termes de l'ange sont « des expressions spécifiquement bibliques
(1:13-17, 19-21), citant ou faisant allusion à des passages des Écritures
hébraïques où figure le tétragramme.
Verset Référence
Mais l'ange lui dit: 'Ne crains point,
Zacharie, car ta prière a été exaucée: ta Jean: Jéhovah afait grâce
femme Elisabeth t'enfantera un fils que tu
appelleras Jean.
105
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Luc 1:25
O't'L oü't'we; ~OL il'EiI'OLllKEV KUpLOe; Èv ~~ÉpaLe; ale; ÈiI'ELcSEV
clcpEÀELV OVELcSOe;~OU Èv clv8pwiI'OLe;.
Voilà ce que le Seigneur a fait pour moi, au temps où il a décidé
d'enlever ce qui était ma honte parmi les hommes.
:Cl~-'~~ '~'~7 'l}$)lQ-n~ ~9~1 '~1P~ ,~~ C'~~~ it,it' ,,, ittDl"it~~
106
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i~"~~N~ i1\'91? i1;j'~!l \i'~~ it)i1; 1}~' i~~ ':!ll~~ N~;i' ~;(?
Une voix crie: Frayez dans le désert le chemin de Jéhovah,
aplanissez dans le steppe une route pour notre Dieu! - Isaïe 40: 3
Ëq)'rr EYW <l>wv~ powv-roc; EV -riJ Ep~~q>. Eù8uva-rE -r~v oôov KUPLOU, Ka8wc;
Et1TEV'Hoa"Lac; 0 1Tpo<l>~-rllc;.alors il a dit moi De suis] la voix qui crie dans le
désert préparez la route de yhwh comme le dit ieschaiahou le prophète -
Tresmontant
108
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't'oû 'Iopa~Â. «Hosanna! Béni soit celui qui vient au nom du Seigneur, le
Roi d'Israël! » Jean 12:13b. Comme en Mt 21:9, Mc Il:9 et Lc 19:38128.
(Lva 0 Âoyoe; 'Hoa"Lou tOÛ 1TpO<jJ~tou 1TÂllPw8iJ OV EL1TEV' KUPLE, tLe; E1TLOtEUOEV
Même s'il est évident que Jean cite Isaïe d'après la Septante, nous y
rencontrons néanmoins deux occurrences du terme KUpLOe; qui font
clairement échos au nom divin ït1iT~.Il nous faut maintenant rappeler que,
même si Jean emploie moins fréquemment le nom divin dans des références
à l'Ancien Testament, il est néanmoins celui qui rapporte le plus les paroles
de Jésus concernant ce nom et l'importance de ce Nom:
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Père, glorifie ton nom! Et une voix vint du ciel: Je l'ai glorifié, et
je le glorifierai encore.
J'ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m'as donnés du
milieu du monde (..)
110
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dans les Écritures, uniquement dans les Psaumes. En grec, il n'apparaît que
dans la Révélation. On le rencontre aussi en grec dans des écrits apocryphes
(Tobie 13:18 et 3 Maccabées 7:13). Le verbe primitif est ""i1 conjugué au
piel, impératif 2e pers. pl., et dont le sens ici est 'louer, célébrer, glorifier'.
Comme on l'aura remarqué, àÂÂl1ÂoULa. n'est pas un mot grec, mais un
emprunt. Or, d'habitude, les évangélistes accompagnent la citation d'un mot
hébreu par sa traduction (Mt 27:33, 46, Mc 5:41, 15:32, 34), tandis qu'ici, le
sens du terme paraît si évident aux yeux de son rédacteur qu'il ne ressent pas
le besoin de le traduire. On peut d'ailleurs opposer cette attitude à celle de
Jean Chrysostome qui, citant ce terme, le traduit à ses lecteurs (ALVOV 'tw
9EWIa.w- ln Psalmos 101-107, vol. 55, 653, 62 ; cf. supra). Dans le chapitre
19 de la Révélation, nous avons donc, à quatre reprises (19:1, 3, 4, 6), un des
noms de Jéhovah dans le terme àÂÂl1Âoula.(Hallelou-Yah). Le Nom n'a donc
pas totalement disparu.
Aussi est-il inexact de prétendre que le nom divin a complètement
disparu du NT. En hébreu, i1' n'est pas une contraction, ni une abréviation
du Nom, mais un nom à part entière. Il faisait d'ailleurs l'objet du même
respect que celui dû à la forme entière i1,i1', car on avait spécialement adapté
le système de numération pour ne pas en faire un usage profane129.
Les Évangélistes ont fait un bon usage du Nom, mais pas excessif. Ils
n'eurent pas à son endroit un respect superstitieux, mais, étant de souche
juive, ils ne l'abordèrent que dans son milieu naturel: les Écritures
hébraïques. On peut émettre l'hypothèse que cet emploi ne fut effectif que
dans des citations directes, des actes liturgiques, des serments, ou encore des
prières personnelles. Tout autre emploi leur eût été nuisible. Mais il n'est
besoin de couper un cheveu en quatre. Le Nom paraît sous une forme
impérieuse: « Louez Jéhovah! » proclame le 1gechapitre de la Révélation.
Cette formule ne peut que rappeler les paroles de ce psaume:
i1,i1'
IT :
CtD-n~
,.. i""ï1
: - I
':
Louez le nom de Jéhovah!
Psaume II3:Ib
111
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Hormis Matthieu, Marc, Luc et Jean, voici les autres rédacteurs (réels ou
supposés, tel n'est pas notre débat) du Nouveau Testament:
À partir des Actes d'Apôtres, ce n'est plus le récit de la vie de Jésus dont
traite le Nouveau Testament, mais de l'expansion de la foi chrétienne dans le
milieu Gentil, et de son organisation. Le contexte est donc différent. Se
prête-t-il à l'obéissance d'une superstition?
Paul
Son véritable nom était l'hébreu Saul (~i~ti;). Né à Tarse en Cilicie (Ac
21:39), Paul appartenait à la tribu de Benjamin (Ph 3:5), et reçut à Jérusalem
une instruction dans la stricte observance de la Loi - son père était pharisien
(Ac 23:6). Membre du Sanhédrin à une certaine époque (Ac 26:10), il
participa à la persécution des chrétiens (Ac 7:58, 8:1, 9:1, 26:10). Il fut
miraculeusement converti sur le chemin de Damas (Ac 26:13), et effectua
trois voyages missionnaires (Ac 13-14; 15-18; 18-21), au printemps des
années 45 ou 47, 49 et 52 de notre ère. Il vécut notamment sous les
principats de Claude, Caligula, et Néron, et mourut en martyr en 67, à Rome,
probablement sur ordre de Néron. Will Durant nous dit de lui: « Malgré son
initiation à l'hellénisme, Paul restera toujours juif d'esprit et de caractère; il
n'émettra aucun doute sur l'inspiration de la torah, et il maintiendra
fièrement l'élection divine des Juifs comme instrument de salut de
130.»
l' homme
Le témoignage qu'il donne ne manque pas de ferveur. S'adressant aux
Romains, il leur démontre les doctrines à l'aide d'une patience et d'une
passion qui ne s'appuient que sur les Écritures, qu'il cite, et avec elles le
nom divin:
1;( yèxp
~ ypa<p~ ÂÉYEL;( ...) ~CtKcXpLOC;à.v~p où où ~ ~ ÂOYLOT}1;CtL
KUpLOC;
à~Ctp1;LCtV.
En effet, que dit l'Écriture? (...) Heureux l'homme à qui le
Seigneur n'impute pas son péché. - Romains 4:3a, 8
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agissant, une entité réelle et qui se manifeste. Elle n'est comprise qu'avec sa
couleur sémitique, car le terme OCl~ClW8 n'existe pas en grec classique. C'est
un emprunt, qui ne paraît d'ailleurs que deux fois dans tout le Nouveau
Testament (ici et en Jacques 5:4).
On en déduit que Paul avait bien présent à l'esprit l'original hébreu
niN:J¥ i!,~i1~lorsqu'il cita le prophète Isaïe. Or, Jéhovah a de nombreux
noms dans la Bible, dont aucun ne sont dissociables de sa personne:
Jéhovah-Dieu, Jéhovah-Jiré ('Jéhovah pourvoira'), Jéhovah-Nissi ('ma
Bannière'), Jéhovah-Rapha ('Qui guérit'), Jéhovah-Schalom ('Paix'),
Jéhovah-Ra'ah ('Berger'), Jéhovah-Tsidkenu ('notre justice'), EI-Shaddaï
('Dieu Tout-puissant), etc. ...
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Dans le passage que Paul cite avec beaucoup de liberté, le nom Jéhovah
apparaît deux fois. Il paraît invraisemblable qu'il l'ait ignoré dans sa citation.
2 Corinthiens 6:14-18
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2 Timothée 2:19
Néanmoins, le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui
lui servent de sceau: 'Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent' ,. et :
'Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu'il s'éloigne de l'iniquité. '
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Cette version emploie donc le nom de Jéhovah pour la première citation (i"-
'W~ n~ it,it: l!1.i', Jéhovah connaît ceux qui lui appartiennent) et celui du
Chr'ist (l1'V)ODCW~ N1P:, invoque le nom du Messie) pour la seconde. Mais
c'est bien KUPLOU qu'il faut lire, et d'ailleurs ce terme est si attesté que ni
27ni GNT4 n'indiquent de variante à ce passage.137
NA
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témoins. J'ai même reçu d'eux des lettres pour les frères de Damas, où je me rendis
afin d'amener liés à Jérusalem ceux qui se trouvaient là et de les faire punir.
6 Comme j'étais en chemin, et que j'approchais de Damas, tout à coup, vers midi,
une grande lumière venant du ciel resplendit autour de moi. 7 Je tombai par terre, et
j'entendis une voix qui me disait: Saul, Saul, pourquoi me persécutes-tu? 8 Je
répondis: Qui es-tu, Seigneur? Et il me dit: Je suis Jésus de Nazareth, que tu
persécutes. 9 Ceux qui étaient avec moi virent bien la lumière, mais ils n'entendirent
pas la voix de celui qui parlait. 10 Alors je dis: Que ferai-je, Seigneur? Et le
Seigneur me dit: Lève-toi, va à Damas, et là on te dira tout ce que tu dois faire.
Il Comme je ne voyais rien, à cause de l'éclat de cette lumière, ceux qui étaient avec
moi me prirent par la main, et j'arrivai à Damas. 12Or, un nommé Ananias, homme
pieux selon la loi, et de qui tous les Juifs demeurant à Damas rendaient un bon
témoignage, 13 vint se présenter à moi, et me dit: Saul, mon frère, recouvre la vue.
14
Au même instant, je recouvrai la vue et je le regardai. Il dit: Le Dieu de nos
pères t'a destiné à connaître sa volonté, à voir le Juste, et à entendre les paroles de
sa bouche; 15 car tu lui serviras de témoin, auprès de tous les hommes, des choses
que tu as vues et entendues. 16Et maintenant, que tardes-tu? Lève-toi, sois baptisé,
et lavé de tes péchés, en invoquant le nom du Seigneur. 17De retour à Jérusalem,
comme je priais dans le temple, je fus ravi en extase, 18et je vis le Seigneur qui me
disait: Hâte-toi, et sors promptement de Jérusalem, parce qu'ils ne recevront pas ton
témoignage sur moi. 19 Et je dis: Seigneur, ils savent eux-mêmes que je faisais
mettre en prison et battre de verges dans les synagogues ceux qui croyaient en toi,
20
et que, lorsqu'on répandit le sang d'Étienne, ton témoin, j'étais moi-même
présent, joignant mon approbation à celle des autres, et gardant les vêtements de
ceux qui le faisaient mourir. 21 Alors il me dit: Va, je t'enverrai au loin vers les
nations....
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Pierre
Simon est l'un des premiers disciples de Jésus (Jn 1:35-42), que l'on
rencontre d'abord à Bethsaïda, en Galilée (Jn 1:44). C'est Jésus qui lui
donne le nom de Céphas, c'est-à-dire Pierre (Jn 1:42). Il exerçait en tant que
pêcheur (Lc 5:10), et était marié (ICo 9:5). Il fut choisi comme apôtre (Mt
10:2), et la place prépondérante qu'il prit parmi les premiers chrétiens (Ac
2:14, 3:12, 9:32) est sans doute due à son caractère bien trempé, car il était le
premier à donner son avis sur toutes choses, pas toujours à raison (Mt 16:21-
23), mais toujours avec spontanéité et initiative, en posant de judicieuses
questions à Jésus (Mt 15:15, 18:21, 19:27-29, Lc 12:41, Jn 13:36-38). Paul
nous fait une remarque très intéressante à son sujet:
Pierre étant surnommé 'l'apôtre des circoncis', nous ne doutons pas qu'il
prêcha dans les synagogues, lut les Écritures hébraïques aux Juifs,
transmettant le message du Messie au peuple d'Israël dont il faisait partie. Si
la prédication aux Gentils lui fut également préconisée (Ac Il :6-10), ce fut
donc dans une moindre mesure. Dès lors, dans quelle mesure employa-t-ille
nom divin? Comme il ne rédigea que deux épîtres141, on ne peut pas
apprécier cette mesure avec beaucoup d'assurance. Cependant, il avait
côtoyé Jésus, parfois de manière plus intime que d'autres disciples142. Aussi
le nom de Jéhovah lui était-il précieux.
II s'agit d'un extrait du célèbre discours prononcé par Pierre lors d'un
jour de Pentecôte, rapporté par Luc dans les Actes d'Apôtres. Une fois n'est
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car les yeux du *Seigneur (6<1>8aÀlloLKUpLOU)sont sur les justes et ses oreilles
sont tournées vers leurs supplications,. mais la face du *Seigneur (iTpoourrrov
cSÈKUpLOU)est contre ceux qui font le mal.
2 Pierre 3:9-10
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Une fois encore, on voit que le Nom a une bonne place dans les textes
auxquels l'apôtre se réfère.
Jacques
Son nom vient de l'hébreu :l"~~ qui signifie « celui qui prend par le
talon, qui supplante ». Il était le fils de Joseph et Marie, demi-frère de Jésus
(Marc 6:3, Galates 1:19)144.Il ne fut probablement pas ni apôtre, ni disciple
du Christ pendant sa vie terrestre (Mt 12:46-50, Jn 7:5) mais se tint au
courant des activités de son demi-frère (Luc 8:19, Jn 2:12). Après la mort de
Jésus cependant, il fut au nombre de ceux qui prièrent avec la mère de Jésus
et ses apôtres, et auquel Jésus apparut en premier (lCo 15:7). Le ton de sa
lettre est dynamique et fondé sur une autorité morale qui lui est reconnue.
Ses illustrations sont tirées de la vie courante - à l'instar des paraboles de
Jésus - et une grande partie de sa lettre ressemble, à bien des égards, au
Sermon sur la montagne.
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Voici qu'il crie contre vous, le salaire dont vous avez frustré les ouvriers
qui ont fauché vos champs, et les cris des moissonneurs sont parvenus aux
oreilles du Seigneur Sabaoth (KUpLOU oa~aw8).
Les prophètes étaient bien sûr des prophètes de Jéhovah. Le fait que
l'expression choisie soit « ont parlé au nom de. ..» a une double
signification: d'abord, les prophètes ne parlaient pas en leur propre nom. Ils
employaient toujours des expressions telles que itiit~-'~l (parole de
Jéhovah) ou ~lit~-'~~ itj (ainsi parle Jéhovah) ou encore ;nit~-C~~
(déclaration de Jéhovah) - expressions extrêmement courantes dans l'AT.
Dans ces circonstances-là, les prophètes venaient souvent avertir le peuple
contre ses pratiques idolâtres. Comment n'auraient-ils pas fait usage du nom
si distinctif de Jéhovah? Ensuite, « parler au nom de » fait aussi appel à la
reconnaissance de ce nom, c'est-à-dire, comme nous l'avons déjà vu, à
l'autorité de celui qui porte ce Nom.
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À l'inverse, on sait que les noms des faux dieux étaient prononcés:
Jude
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Conclusion
Dans ce chapitre, nous avons abordé plusieurs points qu'il convient ici
de récapituler:
Le terme KUpLOÇ,qui signifie littéralement' Seigneur' s'applique
autant à Dieu qu'à Jésus dans le Nouveau Testament. Seulement, ce
terme est un titre qui a un sens large, désignant tout aussi bien un
être spirituel que charnel.
Deux personnes partageant le même titre ne sont pas forcément la
même personne.
Les rédacteurs du Nouveau Testament, tous Juifs, employaient
essentiellement la Septante dans leurs citations des Écritures; mais
pas toujours: ils pouvaient recourir au texte hébreu même, ou
encore citer de mémoire.
La Septante leur présentait, dans le corps grec du texte, le
tétragramme en écriture paléo-hébraïque, ou en lettres grecques
permettant la prononciation.
Manifestement, des portions du Nouveau Testament ont été
primitivement rédigées en hébreu (ou en araméen). Le Nom figurait
donc obligatoirement en lieu et place des citations de l'AT.
Inspirés par Dieu, les rédacteurs du Nouveau Testament n'avaient
aucune raison légitime de souscrire au tabou concernant le nom
divin. En citant les Écritures hébraïques, ils rencontraient
nécessairement le tétragramme (dans le texte massorétique ou dans
la Septante), et le reproduisaient, à l'écrit, de la même façon qu'ils le
rencontraient. À l'oral, et entre compagnons juifs, il était mentionné
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dans les serments (Aussi vrai que Jéhovah est vivant.. .), dans
quelques formules d'usage (Ainsi parle Jéhovah, l'ange de Jéhovah,
Jéhovah des armées, etc.), mais une réticence s'imposait envers le
milieu gentil: à la fois parce que le nom de Jésus prenait de
l'importance,151 parce qu'il était interdit d'introduire de nouvelles
divinités, mais aussi pour que ce nom ne soit pas profané parmi les
nations (cf. Ez 36:23).
Nous avons cité une sélection de passages montrant que les rédacteurs
du NT citaient abondamment des passages de l'Ancien Testament où figure
le nom de Jéhovah. Or à l'époque la Septante, répétons-le, présentait la
particularité d'un nom divin écrit en paléo-hébreu au sein du texte grec.
L'amalgame entre Jésus et Dieu n'était pas possible. Cela n'est pas anodin.
Il ne s'agissait pas pour nous de passer en revue les citations de l'AT
dans le NT, que tout un chacun sait nombreuses - précises ou allusives. Il ne
s'agissait pas de rapprocher des textes passablement similaires et de forcer
les comparaisons. Il s'agissait de remettre les citations dans leur véritable
contexte. Aujourd'hui le lecteur, s'il n'est pas très versé dans les Écritures,
ou ne possède pas une bonne version d'étude, ne reconnaît qu'un
pourcentage infime des citations de l' AT. De cette manière s'estompe
l'intertextualité, qui est pourtant fondamentale. Aujourd'hui le lecteur, en
lisant 'le Seigneur', pense à Jésus. Mais à l'époque de Christ, 'Seigneur'
renvoyait évidemment à Jéhovah. Ce n'est que progressivement que ce titre
fut associé à la personne de Jésus, par surenchère vis-à-vis des titres
impériaux notamment. Il n'est donc pas possible de comprendre le Nouveau
Testament à travers les visières modernes, et le but de ce chapitre était
d'attirer l'attention du lecteur sur les paradigmes mentaux des auteurs
inspirés.
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1 Jean 14:16 : « Jésus lui dit: 'Je suis le chemin, la vérité et la vie; nul ne vient au Père que
par moi'. »
2 Il l'est néanmoins: outre le vrai Dieu, eEOÇpeut désigner une divinité, un faux dieu, cf. Jn
10:33, Ac 7:43, 14:11, lCo 8:4,5. En 2Co 4:4 il désigne même le Diable. Voir Didier
Fontaine, « Les dieux de la Bible - Emplois et significations de C"~~~ et eEOÇ dans les
Écritures hébraïques et grecques-chrétiennes», 2006, http://www.areopage.net/dieux.pdf.
3 Howard écrit: « It is interesting to note that the confusion that emerged from such passages
in the second century is reflected in the MS tradition of the NT. A large number of variants in
the NT MS tradition involve the words 8EOÇ,KUpI.OÇ, IT}oouç,XPI.OtOç and combinations of
them.» (JBL 96/1,1977, p.78). Puis il cite quelques exemples: Ro 10:16-17,14:10-11, lCo
2:16,10:9, IP 3:14,15, Jude 5. Cf. infra.
4 JBL 96/1, 1977 : 77-78.
5 Lundquist, Jehovah in the New Testament: 3.
6 Illumination Press, 1997 : 435.
7
C'est par exemple ce que soutient Randall Watters dans son article du Bethel Ministries
Newsletter, sept-oct 1986, « Jésus Christ: qui est-il? » (disponible à l'adresse:
http://www.freeminds.org/foreignlest-i1.htm). Après avoir cité Co 2:9, Jn 5:23, Rv 5:13,14, Jn
20:28, Is 9:6, Is 44:6, Rv 1:17, 22:13, Co 1:19 et IP 3:14,15, il affirme: « Nous pourrions
continuer, mais il a été démontré que Jésus partage le titre, la majesté et le culte rendu au Dieu
Tout-Puissant. » Cf. Stafford: 152-160.
8 Notre propos n'est pas d'expliquer en détail chaque verset pris en référence. Pour cela,
consulter par exemple l'ouvrage de Brian Holt, Jesus - God or the Son of God ?,TellWay
Publishing, 2002. L'auteur montre parfaitement bien le type d'argumentation employé pour
prouver que Jésus est Dieu: Dieu ne peut être que ceci ou cela, Dieu seulement peut porter tel
titre, etc., Jésus porte tel titre, donc Jésus est Dieu. Sauf qu'il n'est pas prouvé que Dieu
seulement peut porter tel titre (cf. par ex. Navas: 125-126)... Une parfaite illustration de ce
propos peut se trouver dans l'article précédemment cité, de Randall Watters, concernant Marc
13:32, qui montre que seul Dieu connaît l'heure de son intervention: « Au vu d'autres
déclarations faites par les apôtres ou Jésus lui-même au sujet de son omniscience et de sa
divinité, même quand il était sur terre, on peut comprendre Marc 13:32 de deux manières. Il
s'agit soit d'une non utilisation volontaire de ses attributs pendant son incarnation, soit de son
dépouillement temporaire de la divinité. On peut laisser de côté la deuxième solution, car elle
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impliquerait un changement de nature, ce qui est impossible à Dieu, car il cesserait alors
d'être Dieu. Il faut donc comprendre Marc 13:32 comme une non utilisation de son
omniscience pendant son incarnation. Dans d'autres circonstances, cependant, Jésus exerça
son omniscience, comme le montrent les textes de Jean 1:49 ; 2:24, 25 ; 4:29 ; 6:66 ; 16:30 ;
21 :17 ; etc. Il pouvait donc choisir de connaître certaines choses tout en en laissant d'autres
sous la juridiction du père. » C'est assez tortueux et très peu convaincant. Sur Marc 13:32 (Mt
24:36, cf. Stafford: 197-199, Navas: 129-130.
9 Maurice Carrez, Nouveau Testament interlinéaire greclfrançais : 465.
10 Rolf Furuli, The Role of Theology and Bias in Bible Translation: 195 : l'identité
« ontologique» entre les personnes mentionnées dans l' AT et appliquées à des personnages
dans le NT n'est pas du tout évidente. Cf Osée Il:1 [référence faite à Israël] Il Mt 2:15
[citation appliquée à Jésus] ; Dt 32:43 [louanges pour Israël, « premier né de Dieu» selon Ex
4:22] /I Hébreux 1:6 [louanges pour le premier-né, Jésus].
11 Vaganay-Amphoux: 119 : « les écrivains anciens, portant plus d'intérêt au sens qu'aux
mots, ont fait grand usage de la citation libre où ils résumaient le texte pour ne retenir que
l'essentiel, ce qui les intéressait. »
12Pour traiter le détail de cette question, reportez-vous par ex. à l'ouvrage de R. Meynet, Lire
la Bible, Flammarion, 1996. Meynet met en lumière, entre autres, l'intertextualité et la
rhétorique biblique, qui expliquent parfaitement les reprises d'expression. Considérez
particulièrement ce qu'il dit de la citation, de l'allusion, et de la typologie (207-225).
13 Par souci de clarté et de concision, nous n'avons cité qu'un exemple. Voir également Job
42:11, et cette explication fournie par l'ouvrage Alleged Discrepancies in the Bible, de John
W. Haley: « Il est logique avec la façon de penser des Hébreux que, quoi qu'il arrive dans le
monde, sous la providence de Dieu, ce qu'il accepte d'avoir lieu, peut être attribué à son
action ». Cela explique la difficulté introduite par le rapprochement de 2 Samuel 24: 1 et 1
Chroniques 21: 1, ou la curiosité, en apparence, de Job 42: Il.
14 Encyclopaedia Universalis, 2006, art. « Hébraïques (langue et littérature) » par Valentin
Nikiprowetzky. Cf. BGS : 225 : « L'hébreu des temps anciens, resta, semble-t-il, une langue
vivante, peut-être à titre de langue locale en Palestine, maintenue par une minorité. Elle ne
cessa jamais d'être connue comme langue écrite: la langue de l'élite cultivée, la langue de la
Torah que les Juifs devaient connaître par cœur. Cet hébreu archaïque, il est vrai, évolua vers
l'hébreu mishnique, très influencé par l'araméen (1<.Hruby, R. Le Déaut). »
15 En effet, on a retrouvé la correspondance de Bar Kokhba, rédigée en hébreu, datée de cette
époque.
16Edmond Stapfer, La Palestine au temps de Jésus Christ, 1892 : VI :
http://www.regard.eu.org/Livres.6/Palestine.au. temps.deJ C/13 .html
17 George Howard, Hebrew Gospel of Matthew, 2e éd., Mercer University Press, 1995 : 155-
160; George Howard, « Was the Gospel of Matthew Originally Written in Hebrew? », in :
Bible Review, vol. II, n.4, 1986 : 16.
18Dans une étude très documentée sur la langue parlée en Palestine au 1ersiècle, Randall Buth
conclut de la manière suivante: « Jesus was most probably trilingual. He certainly knew
Hebrew and Aramaic (Luke 4.16-20 ; Mark 5.41). Probably he used Hebrew most of the time
for parables, for legal and religious discussions (e.g. Mark 2.1-12), and for daily matters in
Judea. Probably he used mainly Aramaic and Greek in daily matters in Galilee. Even in
Galilee it appears that His teaching to Jewish audiences would have been in Hebrew, although
present evidence is incomplete. His travel to Tyre and Sidon would presuppose ease with
Greek. » - « Language Use in the First Century: the Place of Spoken Hebrew in a Trilingual
Society», Journal of Translation and Textlinguistics 5/4, 1992 : 310.
19
C'était le préposé à l'organisation matérielle du culte. Il est appelé Ù1TllpÉtllC;
dans le NT (Lc
4:20).
20
La Palestine au temps de Jésus-Christ, 1892, VI, La synagogue:
http://www.regard.eu.org/Livres.6/Palestine.au.temps.de.J CI 13.html.
21 Par ex. Jn 5:2, 19:13,20:16.
129
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22Paul Ellingworth, « Hebrew or Aramaic? », The Bible Translator 1986 37/3:338-341 ; 1988
39/1:130-131 et 1993 44/3:351-352; J.M. Grintz, « Hebrew as the Spoken and Written
Language in the Last Days of the Second Temple », JBL 79, 1960, 32-47 ; J. C antine au,
« Quelle langue parlait le peuple en Palestine au 1er siècle de notre ère? », Semitica 5, 1955 :
99-101.
23 Cela ressort de l'étude menée par John C. Poirier, « The Narrative role of semitic languages
in the book of Acts », Filologia Neotestamentaria - Vol. XVI - 2003: 107-116. L'auteur
conclut ainsi: « Philology is on the side of translating tiJ tE~p(iLÔLôLaÀÉKt'¥as « Hebrew»,
but scholarship has not been of one mind on whether philology alone should decide the issue.
The point of this article is that philology need not bear the whole burden of exegesis: the
narrative logic of Acts 21- 22 leads to the same conclusion. The tribune forges a connection
between Paul's ability to speak Greek and his possible identity as « the Egyptian », which
implies that Greek was fairly scarce among the Jewish crowd, yet while the tribune is
depicted as conversing directly with the crowd in an effort to learn Paul's offense (implying
that the tribune could understand Aramaic), he is ready to resort to scourging to find out
what Paul said when he addressed the crowd « in the Hebrew dialect ». Taken as a whole,
therefore, the episode depicts Paul using three different languages: Aramaic, then Greek, then
Hebrew. It also appears that a tactical denial of access can explain the reference to tiJ
tE~patôL ôLaÀÉKtwin Acts 26,14. Christ spoke to Paul in Hebrew so that his traveling
companions would not understand what was being said. » (p.116, nous soulignons)
24Actes de Pilates, Prologue, in : Quéré, Évangiles apocryphes: 127.
25 Carrez, Les langues de la Bible: 84.
26 Carrez, Les langues de la Bible: 87-88.
27BGS : 224-225
28 Ce n'est pourtant pas tout à fait certain (la transcription grecque est-elle fiable ?). G.
Buttrick rappelle: « Les opinions sont divergentes quant à savoir en quelle langue ces mots
ont été prononcés et si Jésus aurait plus naturellement utilisé l'hébreu ou l'araméen. [...] Des
documents montrent qu'une forme d'hébreu teinté d'araméen était peut-être parlée en
Palestine au 1er siècle ap. J.-C. » - The Interpreter's Dictionary of the Bible, 1962, vol. 2 : 86.
29 Quant à nous, nous considérons que si, bien évidemment, Jésus connaissait l'araméen, le
problème n'est pas résolu: il est tout aussi vraisemblable que son ministère se soit effectué en
hébreu (Fields: 274-281 ; Bivin et Blizzard, Understanding the Difficult Words of Jesus,
Treasure House, 1994).
30 Cf TDNT 4 : 466-472. Par ailleurs, la tradition manuscrite hésitante ne permet pas de
déterminer avec certitude un original hébreu ou araméen (cf. TC : 58-59, 99-100).
31 Voir par exemple Fr. Bernard-Marie, La langue de Jésus
- l'araméen dans le Nouveau
Testament, éd. Pierre Téqui, 1996 (recensant une quarantaine de termes araméens dans le NT)
et Matthew Black, An Aramaic Approach to the Gospels and Acts, éd. Hendrickson
Publishers, 1998.
32 Carrez, Les langues de la Bible: 9.
33
Richard Lebeau, Une histoire des Hébreux - De Moïse à Jésus, Tallandier, 1998 : 184.
34 En particulier, le respect du sabbat, la circoncision et la possession de la Torah furent
interdits. Le culte des dieux païens fut rendu obligatoire, et les réfractaires mis à mort. Le roi
fit même ériger un autel dédié à Zeus dans le Temple.
35 Sous Antiochos V (fin 163, début 162 avo J.-C.), et suite à la révolte maccabéenne, un édit
autorisant les Juifs à respecter leur Loi fut promulgué: « nous avons appris que les Juifs ne
consentent pas à passer, comme le voulait notre père, aux usages grecs, mais que, préférant
leur propre genre de vie, ils demandent que leurs coutumes leur soient laissées: désireux que
cette nation reste tranquille, nous décidons que le Temple leur soit rendu et qu'ils puissent
vivre selon les mœurs de leurs ancêtres. » - 2 Maccabées Il :23-25, cité dans Richard Lebeau,
Une histoire des Hébreux, Tallandier, 1998 : 200.
36Lebeau: 169-206.
37 BGS : 225.
38BGS : 226.
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39 Cette femme est présentée ainsi : yuv~ ~V tEÂÀ:r}VI.C;, EUPO<j>OLVLKLOOa t4> yÉVEL,« Cette
femme était grecque, syro-phénicienne d'origine» (Mc 7:26, LSG). Dans le passage parallèle
de Mt 15 :22, on lit : yuv~ XavavaLa, une femme cananéenne. Le Dictionnaire encyclopédique
de la Bible d' A. Westphal donne ces précisions: « Cette femme est donc caractérisée par sa
langue (grecque), par sa race (phénicienne) et par sa province officielle (syrienne). » (art.
Syro-phénicienne). Mais il est aussi possible que tEÂÂT}VI.C;
soit synonyme de Gentile.
40
Au sujet de l'origine du nom de Jésus, qui est assez complexe, ct: Gertoux : 159-169, pour
une édifiante discussion sur ses liens avec le tétragramme et sa vocalisation.
41 Gertoux : 104 : « Si Jésus a employé le Nom, il semblerait cependant qu'il en ait fait,
comme ses apôtres, un usage prudent dans ses conversations courantes. De plus, pour éviter
d'être accusé de blasphème durant son jugement, Jésus respecta la restriction judiciaire de ne
pas prononcer le Nom avant l'annonce finale du jugement (Sanhédrin 56a 7,5). C'est pour
cette raison que, pendant l'interrogatoire, seuls des substituts furent utilisés, comme: « le
Dieu vivant », « la Puissance» (Mt 26:63,64), « le Béni» (Mc 14:61,62). D'ailleurs, pour
éviter une accusation postérieure injuste, Jésus respecta scrupuleusement cette restriction
judiciaire et continua de ne plus employer le nom divin jusqu'à sa mort. »
42 « L'Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu'il m'a oint pour annoncer une bonne nouvelle
aux pauvres; Il m'a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs
la délivrance, Et aux aveugles le recouvrement de la vue, Pour renvoyer libres les opprimés,
pour publier une année de grâce du Seigneur ».
43 Archer & Chirichigno : ~261.
44 Comme pour d'autres passages, la pratique de l'harmonisation, que la critique textuelle
permet de mettre en évidence, a pour objectif l'aplanissement des difficultés - parfois de
supposées contradictions, ou des variantes que l'on estime gênantes - rencontrées dans le
texte. Cf. Pache : 148-152.
45 Dans la vie de tous les jours, Jésus parlait araméen, et enseignait dans cette langue (voir par
ex. les témoignages de Mt 27:46 et Mc 5:41). Cf. Ad. Neubauer: On the dialects spoken in
Palestine in the time of Christ, in Studia Biblica, vol. I, Oxford, 1885 : 39-74. Mais il est
quasiment certain que c'est bien en hébreu que Jésus prononçait l'homélie dans la synagogue.
A un moment ou à un autre, il rencontrait donc le nom de son Père qu'il prononçait à haute
voix sans que personne n'y voie d'inconvénient.
46
En vérité je vous le dis - Une lecture juive des Évangiles, Éditionol, Paris, 1999 : 99-100.
47 Nous avons de fortes raisons de penser que les fonctionnaires romains envoyés dans les
provinces parlaient la langue internationale grecque d'alors plutôt que le latin. Ainsi Pilate se
serait adressé à Jésus en grec. Le grec avait à l'époque un prestige tel que l'élite romaine allait
faire ses études en Grèce et parlait bien sûr couramment la langue d'Homère (cf. les Scipions,
César, Marc-Aurèle, etc.). Sur le bilinguisme des Romains (et les implications de cette
pratique sur l'identité de la civilisation romaine et gréco-romaine), cf. F. Dupont et E. Valette-
Cagnac (dir.), Façons de parler grec à Rome, Belin, 2005.
48 Kahle, The Cairo Geniza : 222.
49 Cf. Roger Nicole, « New Testament Use of the Old Testament », Revelation and the Bible,
éd. Carl F. Henry: 137-5; René Pache, The Inspiration & Authority of Scripture, éd. The
Moddy Bible Institute of Chicago, 1969; rééd. Sheffield Publishing Compagny, 1992-
chapitre 10 'Quotations from Old Testament in the New' : 97-101.
50Liturgie juive et Nouveau Testament, Rome, 1965 : 61.
51 W.R. Arnold, « The Divine Name in Exodus 111,14», JBL 24, 1905 : 135.
52 Gérard Gertoux fait une très intéressante analyse de différents procès rapportés dans le
Nouveau Testament (Étienne, Jésus, Paul, des Judéo-Chrétiens) et montre que les Chrétiens
d'origine juive étaient traités en apostats. Légalement, ils encouraient donc des peines de
flagellation, de prison, d'expulsion de la synagogue, mais pas de mort (Ac. 8:3, 22:4; Jn
12:42 ; Mt 10:17, Ac 22:19). La mort n'était infligée par lapidation qu'en cas de profanation
du Temple ou de blasphème contre le Nom divin. Bien sûr, tout blasphème consistait en
l'usage à haute voix du Nom. (Lv 24:14-16 ; Jn 10:33, Sanhédrin 7:5). Or Étienne fut lapidé,
précisément parce que son discours révèle un emploi du nom divin à trois reprises (Ac 7:31,
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33, 49). En revanche, les accusateurs de Jésus ne surent le mettre en défaut sur ce point (Mt
26:65), car Jésus connaissait la Loi ainsi que leurs intentions. Il ne prononça donc pas le Nom
lors de son procès, mais seulement des substituts. Et bien que le grand-prêtre déchire ses
vêtements et l'accuse de blasphème, il demande l'avis des autres, car les propos de Jésus
prêtent à interprétation (Mt 26:66). Les Juifs qui auraient pu le faire lapider pour motif
religieux furent donc réduits à recourir au motif civil (lèse-majesté envers César) et faire
appel à Pilate. Le même piège fut tendu à Paul, mais ce dernier, connaissant le triste précédent
d'Étienne (Ac 22:20), et ayant déjà subi une situation similaire sans se méfier (Ac 14: 19), fut
suffisamment habile pour changer les accusations passibles de mort portées contre lui
(profanation du Temple, Ac 21 :38 et apostasie Ac 21 :21) en accusation concernant des
croyances différentes (Ac 23:6). Ainsi, ces considérations montrent sans détours que le nom
divin était encore en usage à l'oral parmi les Juifs. Seuls ceux qui étaient considérés comme
apostats (les chrétiens d' origine juive) ne pouvaient l'employer dans un procès sans encourir
la peine capitale. Cf. Gertoux, The Name of God..., Appendice G. « Religious trials of the
first century» : 290-296.
53JBL, vol. 96, Nol, Boston, Mars 1977 : 63.
54
Ibid. : 76-77
55
Liber de viris illustribus III, traduit par F. Collombet, Paris 1840 : 15.
56Cf. Bullinger: 145-146, App. 99, « The Two Genealogies of Matthew 1 and Luke 3 ».
57 Cf. Westphal, Dictionnaire encylopédique de la Bible, art. 'Généalogie de Jésus-Christ' :
« Elle [la généalogie] part d'Abraham et aboutit au Christ. Elle doit comprendre, suivant le
projet arrêté de l' auteur (verset 17), trois groupes artificiels de quatorze générations. On a
pensé que le rédacteur, d'après un usage courant dans l'A.T., prêtait à chaque génération une
durée uniforme de quarante ans. Le nom du roi David serait en même temps la clé de son
système et de sa symbolique du nombre (les consonnes de ce nom, en hébr., font en effet 14,
c-à-d, deux fois 7, le chiffre sacré; D V D : 4 + 6 + 4 = 14; d'après Box, Lagrange). » Il y a
une curiosité dans le nombre des générations, puisqu'au lieu d'aboutir à 42 générations (14 x
3), on aboutit à 41 : cf. Barnes' New Testament Notes, à Mt. 1: 17 ; EP : 981-982.
58 Cf. Kuen, Évangiles et Actes: 65, Thayer: 344. Tresmontant traduit ainsi: « jusqu'à ce
qu'ils passent les cieux et la terre un iod unique ou un seul petit trait ne passera pas de la tôrah
jusqu'à ce que tout soit réalisé. » Et Chouraqui, bien sûr, abonde dans ce sens: pas un yod,
« pas un signe de la tora»... Cela dit, Jésus faisait référence davantage à l'autorité perpétuelle
des Écritures qu'à leur préservation inerrante, ct: Combs: 23. Détail amusant, lors de la crise
arienne, la controverse portait sur deux termes différents d'un seul iota: il s'agissait de savoir
si Jésus était consubstantiel au Père (OP.OOUOI,OÇ), position de Nicée, ou OP.OLOUOLOÇ (d'une
essence semblable), position défendue par Arius! Cf: Boularand, La «Foi» de Nicée: 331-
332.
59 Howard, Hebrew Gospel: 16. Quant au terme 'trait', il est rendu par i1"pJ, qu'Howard
traduit par point (' dot').
60
BDB : 669-672, DRAB : 256-257.
61
Cf. Archer & Chirichigno : ~292. Nous n'ignorons cependant pas qu'il pourrait s'agir d'une
accommodation du sens du texte. Bullinger, App.l07: 152.
62
Mt 4:4, 4:7, 4: 10. On remarque au verset 6 que le Diable ne craint pas non plus de citer les
Écritures pour en tordre le sens. Jamais il ne fait mention du Nom Glorieux, évidemment.
63 Jean Carmignac, La naissance des évangiles synoptiques, O.E.I.L., 1984. Il distingue neuf
catégories de sémitismes: sémitisme d'emprunt, d'imitation, de pensée, de vocabulaire, de
syntaxe, de sty le, de composition, de transmission et de traduction.
64 Voir par exemple: Le Christ hébreu et Les quatre évangiles O.E.I.L., 1983 et 1991.
65 Carmignac : 10.
66 Carmignac : 11-12.
6770% des citations du NT proviennent de la LXX. Cf. Paul D. Wegner, A Student's Guide to
Textual Criticism of the Bible, InterVarsity Press, 2006 : 179.
68
ln : Matteo: 73. P. Grelot a d'ailleurs fait l'objection à Carmignac que les évangiles
synoptiques citent l'AT d'après la LXX. Et Carmignac de répondre: « Que les traducteurs
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grecs, quand ils rencontraient une citation de l'Ancien Testament, aient recouru à la traduction
courante, c'est tout naturel. Ainsi moi-même, pour rendre en français le texte de Vatican II,
j'ai utilisé la traduction officielle. » (Carmignac : 112) Voir Vaganay-Amphoux : 122.
69 Cf. Kuen, Évangiles et Actes: 96
70 Cf: Matthew Black: 207-208.
71 Carmignac : 40. Idem en Mt 14:30,27:54, Mc 5:15 et Jn 6:19.
72 Cf. Tresmontant, Le Christ hébreu: 48-49.
73 Bernard-Marie: 49.
74 Bernard-Marie: 32. Une expression équivalente pourrait être « bave de crapaud! »...
75 Matthew Black: 175-176.
76
Bernard-Marie: 44.
77 Chouraqui, La Bible: 1875.
78 Benner: 56-57 ; voir aussi Fields: 280.
79 En Daniel chapitre 7, deux euphémismes désignent le tétragramme: le « Très-Haut », ou
« l'Ancien des Jours» (7: 13). Que les propos de Jésus reprennent les propos de Daniel, lequel
s'évertue précisément à ne pas mentionner le Nom, appuie l'hypothèse que Jésus n'a pas
~rononcé le nom divin explicitement lors de son procès.
o Carmignac : 49. Le passage est parallèle à Lc Il:50-51, où Carmignac relève par ailleurs
deux sémitisme de vocabulaire (demander le sang de quelqu'un, i.e. tenir pour responsable;
maison comme synonyme de Temple), et un sémitisme de transmission: le terme 'juste'
(NQY, ou au pl. NQYM) a été confondu au terme 'prophète' (NBY', voire NBY dans
l'écriture de Qumrân).
81Voir Jésus et son temps, Selection du Reader' s Digest, 1987 : 151-159.
82
RWP, ad loco
83 André LaCocque, « Le Grand Cri de Jésus dans Matthieu 27/50 », Études Théologiques et
Religieuses, 2000, vol. 75, n02 : 161-187.
84LaCocque : 162.
85 LaCocque : 166.
86 « En fait, Matthieu présente la Passion de Jésus comme le résultat d'un affrontement avec le
Temple, c'est-à-dire avec l'establishment juif de l'époque. Et, alors que la mort de Jésus
devrait assurer le triomphe du pouvoir en place, c'est le contraire qui survient. » (LaCocque :
168)
87LaCocque : 171, note 41.
88 LaCocque : 180-181.
89LaCocque : 182.
90 Dans certains manuscrits (e rI 700* pc syS OrnSS), le parallèle est encore plus frappant,
puisque Barabbas (i.e. bar Abba, « le fils du père» ou « le fils d'Abba ») est appelé Jésus
Barabbas (cf: TC : 56). Il est à remarquer que Jésus est la victime innocente par excellence,
puisque Barabbas, qui est libéré, avait précisément commis les forfaits dont on accusait Jésus
(notamment la sédition contre l'empire romain, Lc 23 :18) !
91 Mt 27:50 et Mc 15:37 ne précisent pas la teneur des dernières paroles de Jésus. Selon Lc
23:46, Jésus cria d'une voix forte (<I>wviJIlEY&À.1J) : « Père, je remets mon esprit entre tes
mains » (citation du Ps 31 :5). Mais d'après Jean 19:30, il déclara: « Tout est accompli ».
Ainsi, ce qui n'est pas dit en Mt et Mc est rapporté en Lc et Jn. Mais les quatre récits ne
s'opposent pas formellement à un dernier grand cri qui serait le tétragramme. Le silence de
Mt, qui s'adresse à des Juifs, et qui a tantôt fait usage d'euphémismes pour le Nom (cf. Mt
13:31,32, 26:64), pourrait abonder dans ce sens.
92 LaCocque : 181.
93 LaCocque : 186.
94 George Howard, Hebrew Gospel of Matthew, 2e édition, GA : Mercer University Press,
1995, particulièrement pp.229-232. Howard souligne: « The occurrence of the Divine Name
in Shem-Tob's Matthew supports the conclusions I reached in an earlier study of the
Tetragrammaton in the New Testament, basing my observations on the use of the Divine
Name in the Septuagint and in the Dead Sea Scrolls. (...) In my previous study, I concluded
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that the New Testament writers, who had access to such copies of the Septuagint, may have
preserved the Tetragrammaton in their biblical quotations from the Septuagint. Now Shem-
Tob's Matthew testifies to the use of the Divine Name in the New Testament. As argued
above, it is very unlikely that Shem- Tob inserted the Divine Name into his text. No Jewish
polemist would have done that. Whatever the date of this text, it must have included the
Divine Name from its inception. » (231-232).
95
Pour autant, cela ne signifie pas qu'il s'agirait-là du texte original de l'évangile tel que
rédigé par Matthieu; ou encore que cette version hébraïque serait plus fidèle que la tradition
grecque. George Howard ne l'affirme pas, et nous ne le pensons pas non plus. Sur la Vorlage
hébraïque dont s'est servie Shem Tob, cf. Niclos J. V., « L'évangile en hébreu de Shem Tob
Ibn Shaprut : Une traduction d'origine judéo-catalane due à un converti, replacée dans son
Sitz im Leben », Revue biblique, 1999, vol. 106/3 : 358-407. Voir aussi R.F. Shedinger, « A
further consideration of the textual nature of Shem- Tob's Hebrew Matthew», Cathol. Biblic.
q, 1999, vol. 61/4 : 686-694, qui soutient la vraisemblance d'une tradition hébraïque ancienne.
Un autre article d'Howard, « A Note on Codex Sinaiticus and Shem- Tob's Hebrew Matthew
», Novum Testamentum, 1992, vol. 34/1 : 46-47, montre que neuf leçons du texte hébreu de
Matthieu conservées par Shem Tob ne se retrouvent que dans le Codex Sinaïticus (cinq dans
le Sinaïticus lui-même, et quatre autres dans une ou plusieurs versions égyptiennes et
quelques témoins mineurs), ce qui prouve sa haute antiquité.
96
Cité dans WB&TS, La Tour de Garde du 15 août 1996 : 13.
97 Voir Hugh Schonfield, An Old Hebrew Text olSt. Matthew's Gospel, 1927 : 3-4.
98 « The du Tillet text of Matthew in Hebrew is not...a mere translation of the Latin Vulgate
or even an Old Latin text. It is... a late development in a series of revisions of an earlier
Hebrew Matthew reflected in a much less corrupted form in Shem- Tob. Du Tillet includes
two basic types of revision: (1) stylistic modification and (2) revision designed to bring the
Hebrew into closer harmony with the current Greek and Latin texts. Most stylistic
modifications consist of improvements in grammar and substitution of synonymous words
and phrases. Revisions designed to bring the Hebrew into closer harmony with the Greek and
Latin were apparently for the purpose of establishing a common textual base for discussion
and debate between Jews and Christians. » - George Howard, « The Textual Nature of an Old
Hebrew Version of Matthew », JBL 105/1 (1986) : 62-63.
99Evangelium secundum Matthaeum in lingua Hebraica, cum versione latina atque succinctis
annotationibus, Basiliae, 1537.
100
in : Chouraqui, La Bible: 1875.
101
Actes 12:12,25. On fait mention de lui sous son surnom en Ac 15:39, 2Ti 4:11, Co 4:10,
IPi 5:13. Appelé Jean en Ac 13:5,13.
102cf. Le Nouveau Testament, Osty et Trinquet, Ed. Siloé, 1974 : 15
103Par ex. : - il explique les mots difficles ou les traditions juives: Mc 2:18, 3:17, 22, 7:3,
12:18, 42, 14:12, 15:16,42. - il insiste aussi sur le fait que le message s'adresse également à
eux: Mc 7:27-29, Il:17, 13:10. Ses latinismes conduisent à penser qu'il a composé son récit à
Rome, pour des Romains (McI5:16, 15:39). Enfin on a de nombreuses raisons de penser que
c'est un évangile de circonstance, composé pour les chrétiens dont la foi est mise à l'épreuve
par les persécutions (Mc 4:17,10:30,13:9-13).
104Actes 12:12,25/ Actes 15:38, Co 4:10, Phm 1:24, Ac 13:13.
105 Un sémitisme de traduction étonnant se trouve peut-être en Mc 5: 13. Le troupeau de porcs
qui y est décrit compte environ deux mille têtes. En hébreu, l'expression C"£)"N~ peut se
vocaliser de deux manières: ke 'alpayîm (environ deux mille) ou bien ka 'alâpîm (par bandes).
Carmignac estime « absolument invraisemblable (la présence des deux mille porcs) dans cette
contrée de Transjordanie (le Golan actuel). » (Carmignac : 46). À l'appui de ses dires, il
signale en outre que les passages synoptiques de Mt 8:32 et Lc 8:33 ne mentionnent pas de
chiffre.
106
Cf supra, Marc 1:3 IlIsaïe 40:3.
107Pour une étude détaillée de ce sujet, cf. F. Manns, « Le milieu sémitique de l'Évangile de
Marc », Liber Annuus 48, 1998: 125-142. Manns est également auteur de l'ouvrage Une
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approche juive du Nouveau Testament, éd. Cerf: Paris, 1998 où il étudie plus spécialement
Matthieu, Luc et Jean.
108Il est intéressant de noter que la suite du passage de Romains 9 en fournit l'explication en
citant un passage clé des Écritures, que nous avons déjà évoqué [Exode 9:16] : « Car
l'Ecriture dit à Pharaon: 'C'est pour cela même que je t'ai laissé subsister, pour montrer à ton
sujet ma puissance, et pour que mon nom soit proclamé dans toute la terre.' Ainsi donc, il a
Eitié de qui il veut, mais il laisse s'obstiner qui il veut. » (Versets 17 et 18).
09Mt 8:28 parle deux personnes possédées, tandis que Luc et Marc n'en mentionne qu'une.
110Cf. Bernard-Marie: 47-48.
111
EP : 166.
112NBS : 1330.
113Carmignac : 13-14.
114Nous nous inspirons librement des remarques d'Abécassis : 158-173.
115Gn Il : 30 ; 25:21 ; 29:31 ; Jg 13:2,3 ; 1 Sa 1:5.
116Cf: Gn 15:1 ; 21:17 ; Da 10:12 : Jg 6:23.
117Remarquez qu'Abraham s'adresse directement à Jéhovah en l'interpellant librement par
son nom.
118Abécassis : 161. Nous soulignons.
119Darby: p.X.
120Mt 10:2; 25:55,56; Mc 3:14,16,17; 15:40; Lc 6:14; 8:51 ; 9:28; Ac 1:13
121« Ses frères Jacques et Pierre formaient avec lui le groupe privilégié des disciples de Jésus
(témoins de la résurrection de la fille de Jaïre, de la transfiguration et de l'agonie de
Gethsémani). » - Encyclopaedia Universalis, art. 'Jean l'Evangéliste saint'. Voir Jean 13:23,
Mr 5:37, Mt 17: 1, 26:37
122
cf. EP : 1244.
123George Howard, « A Note on Shem Tob's Hebrew Matthew and the Gospel of John »,
JSNT 42,1992: 117-126.
124Gertoux : 105.
125JBL 96, op.cit.: 76-77.
126Chouraqui, La Bible: 2059.
127
Archer & Chirichigno : ~231.
128 « The crowd shouts, repeating Psaume 118:25, a Messianic prophecy from the Hallel
Psalms, later to be sung at the Passover. The Greek KYRIOU may allow for the assumption
that the Tetragram was originally here. The name Yehowah occurs in the Hebrew Text of
Psalm 118:25. Whether these Jewish disciples of Jesus actually uttered the Divine Name is
unknown. Ifwe let Josephus be the judge, they did not, but said « Lord »instead. » -NC.
129Comme cette forme j1' est une représentation du Nom, de valeur numérique 15 (10+5),
qu'on emploie à sa place le substitut'~ (9+6).
130Durant: 216. L'apôtre est plus vraisemblablement mort vers 67-68 sur la route de Rome à
Ostie.
131Sur les liens (réels ou supposés) entre christianisme et essénisme, cf. l'opuscule de Jean
Daniélou, Les manuscrits de la mer Morte et les origines du christianisme, éd. De l'Orante,
1974.
132Shanks, L'aventure des Manuscrits de la Mer Morte: 234.
133Pour aller plus loin: Joseph Fitzmyer, « The Qumran Scrolls and the New Testament after
Forty Years», Revue de Qumran, 13,1988 : 613-615.
134Shanks, L'aventure des Manuscrits de la Mer Morte: 236, voir aussi 227-266.
135« Une influence directe de la secte de Qournrân sur l'Église primitive se révèlera sans
doute moins probable que des développements parallèles au sein de la même situation
d'ensemble. La question qui se pose ici est celle qui se posait quand nous avons essayé
d'expliquer les analogies entre le judaïsme et le mazdéisme, ou même entre le christianisme et
les cultes païens à mystères. » - Millar Burrows, Les manuscrits de la Mer Morte, Robert
Laffont, 1970, traduit par M.Glots et M.- T. Franck, p.375.
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l'endroit de la sépulture de Moïse. Mais sans doute qu'il souhaitait que les humains le
connaisse. Une bonne leçon au regard du culte des saints...
151Cf: Daniélou, Théologie du judéo-christianisme : 235-251.
152Pour ne citer qu'un exemple (sur un verset différent, mais dont le problème est similaire),
Ie très grand érudit W.D. Mounce écrit: « Given the fact that kyrios is used by the LXX to
translate YHWH, 'Yahweh', it is hard for me to imagine that the Jewish Paul meant anything
less than confessing the deity of Christ in Rom. 10:9. » - Mounce: p.XXI. Le verset de
Ro 10:9 affirme en effet que « Jésus est Seigneur », mais il explique aussi que « Dieu l'a
relevé d'entre les morts »...
153 Il faut déjà remarquer que c'est moins le texte que notre compréhension qui s'est
corrompue! Car on a vu que KUpl.OÇ se référait presque toujours à Jéhovah.
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5
,
Inspiration et préservation des Ecritures
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QUMRAN, CAVE 4
140
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Inspiration divine
La Bible, ensemble de livres rédigés de la main de l'homme, se prétend
Parole de Dieu (Jn 10:27). Certaines parties ont été révélées par des rêves
(lCh 17:3, Nb 12:6), dirigées par la main de Dieu (2R 3:15,16 ; Ez 3:14,22),
mises dans la bouche des prophètes (Nb 22:38), voire face à face (Nb 12:7),
ou encore par le moyen de Son esprit (2S 23:2, Jo 2:28). En dernier lieu, par
son Fils. C'est ce qu'atteste l'incipit de l'épître de Paul aux Hébreux:
« Après avoir, à plusieurs reprises et en diverses manières, parlé autrefois à
nos pères par les Prophètes, Dieu, dans ces derniers temps, nous a parlé par
le Fils, qu'il a établi héritier de toutes choses, et par lequel il a aussi créé le
monde. » - Hébreux 1:1,2
Ainsi parle Jéhovah, Dieu d'Israël: Écris dans un livre toutes les
paroles que je t'ai dites. - Jérémie 30:8
141
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. inspirée de Dieu
. vivante et efficace
Car elle est vivante la parole de Dieu; elle est efficace, plus acérée
qu'aucune épée à deux tranchants; si pénétrante qu'elle va jusqu'à
séparer l'âme et l'esprit, les jointures et les moelles; elle démêle les
sentiments et les pensées du cœur. - Hébreux 4:12
142
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&ÀÀà È1TWPWSllï:à vo~~aï:a aùtwv. llXPL yàp tilç O~~EpOV ~~Épaç ï:0 aÙï:o
KaÀu~~a È1Tt. ï:ij &vayvwoEL ï:ilç 1TaÀauxç ÔLaS~Kllç ~ÉVEL, ~~
&vaKaÀu1Tï:O~EVOV Oï:L Èv XPLOt<i> KatapYEL ï:aL.
S'il est vrai que ÔLae~Kllsignifie tant 'alliance' que 'testament,2, son
usage dans le NT (30 occurrences3) renvoie au terme n"!~ des Écritures
hébraïques. En fait, la Bible est plutôt désignée par des expressions telles
que 'les Écritures' (Mt 21 :42; Mc 14:49 ; Lc. 24:27; Ac 18:24), 'les saintes
Écritures' (Ro 1:2), 'écrits sacrés' (Ro 15:4), parole de Dieu (ITh 2:13).
Certains livres sont parfois mentionnés: les Psaumes (Lc 20:42, 24:44, Ac
1:20), Isaïe (Mc 1:2, Lc 3 :4, 4: 17), la loi de Moïse, désignant le Pentateuque
(Lc 2:22, Jn 1:46, Ac 13:39, hé 10:28), les prophètes (Mt 2:23, Jn 6:45, Ac
7:42, 13:40), Joël (Ac 2:16), ou encore des passages caractéristiques, comme
le « passage du buisson» (Mc 12:26) Plus surprenant encore, la Nouvelle
Alliance se fait elle-même le témoin de son inspiration: Pierre par exemple
considère les écrits de Paul inspirés (2Pi 3: 15, 16) ; Paul de son côté cite Luc
(10:7) en 1Ti 5:184.
Il faut enfin remarquer la Bible recommande de faire usage de
discernement (Ep 5: 10, Ph 1:10, 1Jn 4: 1 ), et cite l'exemple des Béréens :
« Or ceux-ci étaient plus nobles que ceux de Thessalonique; et ils reçurent la
parole avec toute bonne volonté, examinant chaque jour les écritures pour
voir si les choses étaient ainsi. » - Actes 17: Il (Darby). Ainsi la critique des
textes bibliques, au sens étymologique du terme, est une évaluation, une
appréciation - sans aucune connotation péjorative.
Cela dit, considérons plus précisément 2 Timothée 3:16. Il y a
différentes manières de traduire l'expression 1Tâoa ypacp~ SE01TVEUOï:OÇ Kat.
WcpÉÀLJ.10Ç ; ce peut vouloir dire: toute Écriture inspirée-de- Dieu est aussi
utile. .. ou bien: toute Écriture [est] inspirée-de- Dieu et utile.5 Le terme 1Taç
est en relation avec un nom qui n'a pas d'article, et peut donc aussi signifier
« chaque écrit / Écriture» (dans ce cas, l'Écriture est considérée dans la
perspective de ses portions plutôt que dans son ensemble).
Grammaticalement, les expressions « toute Écriture», « chaque Écriture»
ou « toute l'Écriture» traduisent correctement la phrase. Il faut bien sûr
entendre ici l'Écriture par « l'Ancienne Alliance» 6.
Le terme central, SE01TVEUOtoÇ, vient de SEOÇ,«Dieu» et d'une forme
supposée de 1TVÉW, «souffler». Il signifie donc: « insufflé de Dieu»,
« soufflé par Dieu », d'où « inspiré par Dieu». Par quel moyen? 2 Pierre
1:21 en fournit l'explication: les rédacteurs étaient Ù1TO1TVEUJ.1atOç àYLOU
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<pEP0IJ.EVOL,
portés, ou mieux, dirigés, par l'esprit saint. Une illustration
courante de l'inspiration divine est celle qui prend pour exemple la tempête
mentionnée en Actes 27:13-20. L'esprit saint agirait comme une puissance
de direction précise, impérieuse quant à la destination, sans l'être
nécessairement du trajet dans tous ses détails.
Préservation
L'Ancienne Alliance
Combienj'aime ta loi!
Elle est tout le jour l'objet de ma méditation. - Ps 119:97
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écrit (kétib) - et auquel ils s'interdisaient de toucher, même s'il était inexact.
Leur minutie est restée légendaire; en voici quelques caractéristiques:
Ils comptaient les mots et les lettres (comme les Sopherim) : aussi
estimèrent-ils à 815 140 le nombre de caractères contenus dans les
Écritures hébraïques. Ils comptèrent également le nombre
d'occurrences des vingt-deux lettres hébraïques: 42 377 pour N,
38 218 pour :1,etc. ...
De la même façon, ils indiquaient les sections centrales de chaque
livre par l'agrandissement d'une lettre. Par exemple, en Lévitique
Il :42, un , est agrandi pour montrer que le lecteur est au milieu du
Pentateuque... En Psaume 80:14, un jj est suspendu, indiquant le
milieu du psautier.
L'hébreu ayant cessé d'être parlé autour du second siècle de notre
ère, ils inventèrent le système de vocalisation du texte consonantique
(qui était le reflet de leur lecture et compréhension du texte).
Pour que le texte puisse être cantiIlé (étape intermédiaire entre la
8
lecture et le chant, du latin cantilare, « fredonner»), ils inventèrent
un système d'accentuation assez sophistiqué.
Ils introduisirent des notes marginales visant à pointer les variantes
orthographiques, les tournures peu usitées, et leurs fameux
comptages. .. La place étant restreinte, ils inventèrent aussi un
système d'abréviations (synthétique mais laborieux.. .).
La structure en chapitres et en versets n'existant pas, ils mettaient
également dans les marges supérieures et inférieures des pages des
annotations et commentaires un peu plus étendus avec notamment
des citations d'autres passages parallèles, aux fins de pouvoir s'y
référer facilement (par mot-clé le plus souvent).
Les Massorètes les plus connus sont issus de la famille Ben Asher, qui
en compta cinq générations (depuis le VIlle siècle jusqu'au Xe)9. Leur
ambition était de préserver la prononciation exacte du texte biblique, et à
cette fin ils établirent les bases du système de la langue hébraïque (Aaron
ben Asher consigna un ensemble de règles dans le fameux Dikdouké
hateamim, première grammaire de l'hébreu). Ils n'effectuèrent cependant
pas leur travail dans la plus grande quiétude: ce travail était plus ou moins
au rebours du rabbinisme. Le Talmud et la loi orale ayant commencé à
supplanter la Loi écrite elle-même, un groupe - les Karaïtes (parfois appelés
les « protestants du judaïsme») - lutta contra cette tendance: pour ce
groupe, seules les Écritures faisaient autorité, et non les interprétations
rabbiniques.lo Si la loi orale commençait à reléguer la Torah, les Écrits et les
Prophètes à l'arrière-plan, la conservation des manuscrits s'en trouvait de
facto affectée. Ainsi le besoin d'une transmission fidèle des textes se fit
sentir, et les Massorètes s'inscrivirent dans ce cadre. Le texte consonantique
(avec ses mères de lecture) laissait en effet trop de place à l'interprétation
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147
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"'~N'fD'
.. '):;1-~N
.. "'~Nrrit~
-
itWb-~N.. C';1~N ,;~\ Q'~N~'
..-
T" J'" l''
'D~Nj. P;1¥: ~D~~ ciÎl~~ ~f.t~~'C~'ljj~ 'P~~ ~iit~
:'1 'l7 'J~~ il!.' c"~7 'J~~-it!.cA~'~~'~nJ_'~ ~~~~
Dieu dit encore à Moïse: 'Tu parleras ainsi aux enfants d'Israël: Jéhovah,
le Dieu de vos pères, le Dieu d'Abraham, le Dieu d'Isaac et le Dieu de
Jacob, m'envoie vers vous. C'est là mon nom pour l'éternité; c'est là mon
souvenir de génération en génération'
N;1'~ ", ~N'rD' '~.:l~ '~'lj 1~'~ it~b7 ", ,;~ '~~j
it'iJ'~j pnl;', it'iJ'~ C;11~~1 it'iJ'~ 1;~~;1:)~1
~:'7 '~1~'1 1').' c~~\7 '~~ 1'). 1;~~17 '~r:r~~ :lP~~l
:"",T: T
148
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Vous prendrez garde à tout ce que je vous ai dit,. vous ne prononcerez point
le nom de dieux étrangers, et on n'en entendra pas sortir de votre bouche.
- Exode 23:13 (voir aussi Josué 23:7)
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La Nouvelle Alliance
150
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Corruption du texte
Problèmes de vision:
o Confusion des lettres similaires: € pour C, 0 pour e, Â.
pour À, M pour Â.Â., T pour r, etc.28
o Mauvaises coupures des mots (fission / fusion) : comme tout
était en majuscules sans espaces, il pouvait y avoir parfois
des doutes (1Ti 3: 16 o~oÀoyou~Évwe;~Éya est rendu dans
certains manuscrits par o~oÀOYOÛ~EV we; ~Éya ; en Mc 10:40
«lÀÀ' OLe;est lu œÀÀa OLe;dans certains manuscrits; à
l'inverse, en Ro 7:14, certains manuscrits portent oIùa ~Èv
au lieu de d(ùa~Ev).
o Homoiotéleutes: saut d'un groupe de mots à cause de deux
mots identiques (cf. 1Jn 2:23 qui contient deux fois
l'expression 1:'OV ïra1:'Épa EXEL ; certains manuscrits accusent
l'absence du texte entre les deux expressions identiques).
o Dittographie: répétition d'une lettre ou d'un mot.
o Haplographie: une lettre ou un mot devant être doublé ne
l'est pas.
o Métathèse: c'est le changement de place d'une lettre ou
d'un groupe de lettres (EpaÀovpour EÀapov,Mc 14:65 ; Iwva
pour Iwavvou, ln 1:42 ; CPI.ÀN pour Cp.À IN, Ac 13:23)
Problème d'écriture: fautes d'orthographe.
Problème d'audition: par le phénomène de l'iotacisme, 11 EL u OL
étaient parfois rendus par un L. En 1P 2:3 un La été pris pour un 11
151
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. Changements intentionnels
152
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Notre objectif n'est pas de les passer en revue, mais d'en dégager quelques
grandes lignes:
Ces maximes font partie des douze règles basiques de critique textuelle
établies par Barbara et Kurt Aland33. Elles sont cependant systématiquement
tempérées par la recommandation à ne pas les appliquer automatiquement.
153
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. Jean 5:2-4
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.v
tJ
xouaa 3 EVtautaLç
KatÉKEL to 'ITÀ fJ90ç
tWV ào9EVOUVtWV,
tu<pÀWV,
XWÀwv,
Çllpwv.
5 ~v ôÉ tLÇ av9pw'IToç
tPUXKOVta Kat 0
156
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embarrassant pour un scribe de décider que faire d'une note marginale. Il lui
était plus facile de résoudre son doute en incorporant la note dans le texte
qu'il copiait. Ainsi il est probable que ce qui était initialement un
commentaire marginal expliquant l'agitation de l'eau dans la piscine de
Bethesda (Jean V.7) a été incorporé dans le texte de Jean V.3b-4. »43 Nous
pouvons illustrer ce phénomène à travers divers manuscrits du prologue de
l'épître de Paul aux Éphésiens44.
Transcription:
1- IIaûÂoe; a1TOO't'OÂOe;Xpu IT}u ôux eEÂ~~a"COe; eu tÔie; àYLOLe; 't'o'ie; OOOLV Kat
1TLO't'OLe;
Èv Xpw IT}u
2- XapLe; ùllLV Kat Etp~VT} a1TO eu 1T't'e;~IlWV Kat KU IT}U Xpu.
3- EÙÂoYT}"Coe;0 ee; Kat 1T"CptOÛ KU ~IlWV IT}U Xpu, 0 EÙÂoy~oae; ~Ilâe; Èv
1TaOTl EÙÀOYL~ 1TVEUlla"CLKTI Èv "COLe; È1ToupavLoLe; Èv Xw,
4a KaeWe; ÈçEÀÉça't'o
157
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À la troisième ligne nous observons que ce qui est, à l'origine, une note
marginale commence à faire corps dans le texte. Aussi s'aperçoit-on que,
partant d'une excellente intention - en l'occurrence préciser les destinataires
de la lettre de Paul, car les épîtres n'avaient pas de titre - les copistes du texte
sacré peuvent y introduire des gloses qui n'y figuraient pas: le texte se
corrompt.
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. Marc 9:43-49
43-Si ta main est pour toi une occasion de chute, coupe-la: mieux vaut
pour toi entrer manchot dans la vie, que de t'en aller, ayant deux mains,
dans la géhenne, dans le feu inextinguible. 44 -- 45-Et si ton pied est
pour toi une occasion de chute, coupe-le: mieux vaut pour toi entrer
boiteux dans la vie, que d'être jeté, ayant deux pieds, dans la géhenne.
46 -- 47- Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le:
mieux vaut pour toi entrer borgne dans le royaume de Dieu, que d'être
jeté, ayant deux yeux, dans la géhenne, 48 là où leur ver ne meurt point,
et où le feu ne s'éteint point. (Crampon)
Dans d'autres versions, les versets 44 et 46 figurent:
44 : que d'avoir les deux mains et d'aller dans la géhenne, dans le
feu qui ne s'éteint point.
46 : que d'avoir les deux pieds et d'être jeté dans la géhenne, dans le
feu qui ne s'éteint point.
. Romains 16:20, 24
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font figurer. Il se lit ainsi: « Que la grâce de notre Seigneur Jésus Christ
soit avec vous tous! Amen. » On remarque déjà qu'il s'agit d'une redite du
verset 20. De plus, depuis le verset 22, la « parole» n'est plus à l'apôtre
Paul, mais à son secrétaire, Tertius. La dernière édition du texte critique de
Nestle-Aland (27e éd.) ne contient d'ailleurs pas ce verset. Dans son apparat,
elle en donne une explication similaire à celle que nous trouvons dans les
notes de la NET Bible: «La plupart des mss (D [F G 629 sans' Jésus
Christ'] 'P [630] 1881 ~ al) incluent ici 16:24 « Que la grâce de notre
Seigneur Jésus Christ soit avec vous tous. Amen. » D'autres mss (P 33 104
365 pc) incluent le verset après 6:27. Le verset manque entièrement dans
~46, 61 (~ A) B C 81 1739 2464 pc co. Le poids de l'évidence externe,
combiné avec l'incertitude dans d'autres mss où on devrait trouver le verset,
et le fait que c'est une répétition du verset 20b, favorise grandement
l'omission du verset45. »
Ce passage est célèbre. C'est celui dit des «trois témoins». La partie
authentique se lit ainsi: O't'L 't'pEle; ELCJLVoL ~ap't'upoûV't'Ee;, tandis que
l'insertion tendancieuse est la suivante: EV 't'U>oupavu> 0 1Ta't'llP 0 Âoyoe; KaL
't'O aYLOV 1TVEu~a KaL OU't'OL OL 't'pELe; EV ELOLV. LSG porte seulement la partie
authentique: « Car il y en a trois qui rendent témoignage ». Mais plusieurs
versions portent ce qui est en fait un ajout ultérieur: « Car il y en a trois qui
rendent témoignage dans le ciel, le Père, la Parole, et le Saint-Esprit, et ces
trois-là sont indivisibles en Jésus. » (Épée) Cette version, non contente de se
faire l'écho d'une insertion marginale, glose et interprète. D'autres encore
vont dans le même sens (Martin, OST, SER, Genève, Crampon, Liénart,
Fillion) bien qu'il y en ait qui indiquent que leur lecture est probablement
fausse (Crampon, Liénart). Il en faut encore une fois blâmer le Texte Reçu,
qui a retenu une leçon n'apparaissant pas avant le lye siècle, et encore dans
une citation (tirée du Liber Apologeticus).46 Il faut attendre deux siècles
supplémentaires pour le voir figurer dans des traductions comme la Vieille
latine ou la Vulgate (mais celle de Jérôme l'ignore).
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« 5:7 Ce verset n'a été trouvé en grec dans aucun manuscrit du Nouveau Testament
ou autre texte antérieur au treizième siècle. On ne le rencontre dans aucun manuscrit
grec de I Jean datant d'avant le quinzième siècle. Un manuscrit du quinzième siècle,
en écriture cursive, et un autre du seizième siècle contiennent cette leçon. Ce sont là
les seuls manuscrits grecs du Nouveau Testament qui renferment cette variante. Elle
ne se rencontre dans aucun autre manuscrit grec du Nouveau Testament, chez aucun
écrivain chrétien grec, ni dans aucune version orientale. Elle a pour principal appui
deux manuscrits en latin ancien des VIème et VIIIème siècles et quelques
manuscrits de la Vulgate latine, mais non les plus anciens. Érasme ne la fit pas
figurer dans sa première édition du Nouveau Testament en grec (1516), pas plus que
dans la seconde (1519). Lorsqu'on le blâma pour cette omission, il répondit
imprudemment que si quelqu'un pouvait lui montrer un manuscrit grec où figurait
le - passage en question, il l'insérerait dans le texte. On porta alors à son attention le
Codex Montfortianus, du XYlème siècle, qui contenait ce passage. Il se sentit
obligé de faire figurer la variante dans sa troisième édition (1522), et c'est cette
édition que Tyndale utilisa dans sa traduction du Testament grec (1525). De
Tyndale, ce verset a passé dans la version du roi Jacques. Sa véracité est
universellement contestée par les hellénistes et les éditeurs du texte grec du
Nouveau Testament.)} - Edgar J. Goodspeed, The Goodspeed Parallel New
Testament, Chicago, 1943 : 557.
« Nous ne devons pas hésiter à dire notre conviction que ces termes controversés
n'ont pas été écrits par saint Jean, mais introduits dans des copies latines d'Afrique
en passant par les notes marginales où ils avaient d'abord été portés à titre de glose
pieuse et orthodoxe sur le verset 8 ; qu'à partir du latin ils se sont glissés dans deux
ou trois codex grecs tardifs, et de là dans le texte grec imprimé, où ils n'avaient
absolument pas leur place. » - F. Scrivener, A Plain Introduction to the Criticism of
the New Testament, Cambridge, 1883, 3e éd. : 654.
7:53 Et chacun s'en retourna dans sa maison. 8 :1 Jésus se rendit à la montagne des
Oliviers. 2 Mais dès le matin, il alla de nouveau dans le temple et tout le peuple vint
à lui. S'étant assis, il les enseignait. 3 Alors les scribes et les pharisiens amenèrent
une femme surprise en adultère; 4 et, la plaçant au milieu du peuple, ils dirent à
Jésus: 'Maître cette femme a été surprise en flagrant délit d'adultère. 5 Moïse, dans
la loi, nous a ordonné de lapider de telles femmes: toi donc, que dis-tu ?' 6 Ils
disaient cela pour l'éprouver, afin de pouvoir l'accuser. Mais Jésus s'étant baissé
écrivait avec le doigt sur la terre. 7 Comme ils continuaient à l'interroger, il se
releva et leur dit: 'Que celui de vous qui est sans péché jette le premier la pierre
contre elle'. 8 Et, s'étant de nouveau baissé, il écrivait sur la terre. 9 Quand ils
entendirent cela, accusés par leur conscience, ils se retirèrent un à un depuis les plus
âgés jusqu'aux derniers; et Jésus resta seul avec la femme, qui était là au milieu. 10
Alors s'étant relevé et ne voyant plus que la femme, Jésus lui dit: 'Femme où sont
ceux qui t'accusaient? Personne ne t'a-t-il condamnée ?' Il Elle répondit: 'Non,
Seigneur'. Et Jésus lui dit: 'Je ne te condamne pas non plus: va et ne pèche plus'.
161
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Il n'est pas attesté par les plus anciens et meilleurs manuscrits (~66, ~75
~ B L N T W 1:1e 'P 0141 0211 33 565 1241 1424* 2768). On le trouve à
partir du ye siècle: D (Codex Bezae). Ailleurs, la tradition orientale l'ignore
jusqu'au Xe siècle. Ses témoins sont pourtant nombreux: D, F, G, H, K, M,
U, r, 28, 700,892, 1009, 1010, 1071, 1079, 1195, 1216, 1344, 1365, 1546,
1646, 2148, 2174. Selon les manuscrits, il se trouve à divers endroits: après
8:36, après 8:44, voire à la fin de l'évangile. Certains le placent même dans
l'évangile selon Luc47, après 21 :38. C'est dire les fluctuations et l'incertitude
quant à l'authenticité de ce verset.
Jérôme (lye siècle) l'inclut dans la Yulgate, et indique (Adv. Pelage ii) qu'il
a pour ce faire de nombreux codex latins et grecs en support. Au lye siècle
toujours, Eusèbe de Césarée cite Papias, évêque de Hiérapolis vers 130, qui
cautionne ce passage: « Le même Papias se sert de témoignages (tirés) de la
première épître de Jean et de la première épître de Pierre. Il expose aussi une
autre histoire au sujet d'une femme accusée de nombreux péchés devant le
Seigneur, que renferme l'Évangile selon les Hébreux. »48 Augustin (395-
430) le connaît également, mais le considère comme apocryphe, car « un
péché trop grave y est trop vite pardonné49 ». . .
162
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« Cette perle des récits évangéliques a failli se perdre. En effet elle est absente des
premiers manuscrits de Jean: les papyrus p66 et p75 et les grands témoins des Ille et
IVe siècles. (...) Ce texte ne faisait donc pas partie de l'évangile primitif de Jean: le
style et le vocabulaire sont plus proches de Luc que de Jean. (...) Le récit,
certainement authentique, aura vraisemblablement effrayé par son ouverture
certains responsables de l'Église primitive. (...) Le comportement de Jésus à l'égard
de la femme adultère aura pu paraître à certains (qui oubliaient « va et ne pèche
plus» comme une indulgence excessive face à l'infidélité conjugale. Pourtant ce
texte fait partie de l'évangile puisqu'il nous est transmis par l'Église.» Alain
Marchadour, in : Les Évangiles, Textes et Commentaires, 2e éd., Bayard, 2001,
collectif: 959-960.
« La femme adultère: un des textes les plus importants des Évangiles, si dérangeant
que cet agraphon (écrit sans contexte, non rattaché) a été longtemps exclu du
canon. »- H. Oltramare, Le Nouveau Testament: 793.
« Cet épisode manque dans beaucoup de manuscrits grecs et d'anciennes versions.
Il est ignoré des grands commentateurs grecs et de la plupart des latins. Quelques
copistes l'insèrent à un autre endroit C'est un texte canonique, donc inspiré, qui a
été recueilli dans l'évangile de Jean. Il n'est probablement pas de lui. Plusieurs mots
employés sont étrangers à son vocabulaire. » - Les Évangiles, nouvelle traduction
par sœur Jeanne d'Arc, op, Desclée de Brouwer, 1992 : 518
«Jean 7:53 à 8: Il ne figure pas dans les plus anciens et les meilleurs manuscrits.
Cependant, la plupart des théologiens estiment l'événement authentique. » Note de
la Parole Vivante.
163
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pierre contre elle.» C'est-à-dire: que celui qui parmi vous n'a jamais
enfreint un des Dix Commandements, et, par extension, la loi mosaïque...
Donc, la pericope adulterae n'est pas irrecevable. Le caractère incongru
même de la scène plaide pour son réalisme (lectio difficilior...). Mais le
problème53 que pose ce passage est d'importance: si l'on accepte (malgré
tout) un épisode non attesté, et que la critique textuelle est à même de rejeter,
c'est la transmission même des Écritures qui est mise en cause. Car alors, si
notre discernement n'est pas en mesure de trancher, comment être sûr du
reste, de tout le reste? Il faut donc considérer cette péricope comme
douteuse pour les raisons suivantes:
les meilleurs manuscrits ne l'attestent pas,
sans ce passage, la lecture est claire, intelligible et continue,
dans les manuscrits qui la contiennent, elle n'est pas toujours placée
au même endroit,
le texte même de cette péricope est fluctuant, plus ou moins amplifié
selon les manuscrits,
le vocabulaire n'est pas de Jean, ni la syntaxe (c'est du moins ce
qu'on prétend),
même si la réponse de Jésus est vraisemblable, tout ne l'est pas:
c'est la lapidation prévue par la loi mosaïque qui est en jeu ici. Mais
les Juifs ne pouvaient plus, depuis quelques temps, procéder à des
exécutions, même pour un motif religieux. Le jus gladii était alors
réservé au préfet.
Sans nier qu'il existe des arguments qui a contrario, et non sans quelque
poids, vont en sens inverse, nous estimons que les points que nous
mentionnons invitent à considérer la pericope adulterae comme non
canonique, c'est-à-dire ne faisant pas partie à l'origine de l'évangile de Jean.
Ceci ne préjuge pas de son caractère primitif. Mais nous avons une
incertitude rédhibitoire sur son inspiration54o Et nous notons avec intérêt que
nombre de versions modernes, conscientes de ces faits, le présentent tout de
même à leurs lecteurs.
. 1 Timothée 3: 16
Ce sera notre dernier exemple, qui fait une synthèse des problèmes posés
par les autres. Le texte grec se lit comme suit:
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À la place du pronom relatif oe;;, le texte byzantin (et avec lui, un certain
nombre d'autres témoins), portent 8EOe;;.Le sens en est considérablement
affecté.
D'un côté, le passage signifie:
« Et sans contredit le mystère de la piété est grand:
celui qui (le Christ) a été manifesté en chair
justifié par l'Esprit
vu des anges
prêché aux Gentils
cru dans le monde
élevé dans la gloire. » (LSG)
Par exemple, nous lisons, dans la version Darby: « Et, sans contredit, le
mystère de la piété est grand, -Dieu a été manifesté en chair, a été justifié en
Esprit, a été vu des anges, a été prêché parmi les nations, a été cru au monde,
a été élevé dans la gloire. » De même chez OST : « Et, de l'aveu de tous, le
mystère de piété est grand: Dieu a été manifesté en chair, justifié par
l'Esprit, vu des anges, prêché parmi les Gentils, cru dans le monde, et élevé
dans la gloire», dans la NEG : « Et, sans contredit, le mystère de la piété est
grand: Dieu a été manifesté en chair, justifié par l'Esprit, vu des anges,
prêché aux nations, cru dans le monde, élevé dans la gloire. » Ou encore la
Bible Martin: « Et sans contredit, le mystère de la piété est grand, savoir,
que Dieu a été manifesté en chair, justifié en Esprit, vu des Anges, prêché
aux Gentils, cru au monde, et élevé dans la gloire. »
Nous ne parlons que des versions françaises. À titre d'exemple, de
nombreuses versions anglaises vont dans le même sens (comme la King
James, la Webster Bible, la Young's Literal Translation...). Le cas est
pourtant bien connu (et reconnu)55 : un copiste a confondu le terme oe;;,en
majuscules QC, avec l'abréviation du mot 8Éoe;;notée ec. Visuellement, la
différence était mince. Mais l'écart de sens considérable.
Cette lecture fautive fut toutefois ardemment défendue par le recours à la
grammaire. C'est ce dont témoigne D.B. Wallace dans sa grammaire
grecque: « The textual variant 8EOe;; in the place of OC;,has been adamantly
defended by some scholars, particularly those of the « majority text» school.
Not only is such a reading poorly attested, but the syntactical argument that
« 'mystery' (IlUOt"~pLOV) being a neuter noun, cannot be followed by the
masculine pronoun (oe;;) is entirely wit40ut weight. As attractive theologically
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as the reading eEOe;may be, it is spurious. To reject it is not to deny the deity
of Christ, of course; it is just to deny any explicit reference in this text56. »
Et d'expliquer en note: « In particular, it is impossible to explain the Latin
reading of a neuter RP as deriving from eEOe;,showing that oe; was quite
early. Not one firsthand of any Greek witnesses prior to the 8th century read
eEOe;.Since eEOe;was a nomen sacrum, it was contracted as ec in the MSS.
The possibility thus exists that QC was misread as ec in about the fourth
century and, owing to its richer theological content, thereby ended up in the
vast majority ofMSS. (See the discussion in Metzger, TC : 641). »
Même constatation chez Metzger (TC: 574): « no uncial (in the first
hand) earlier than the eighth or ninth century ('¥) supports eEOe;; all ancient
versions presuppose oe;or 0 and no patristic writer prior to the last third of
the fourth century testifies to the reading eEOe;.»
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Mais nous avons que toutes ses paroles ne nous sont pas parvenues:
... il n'affirme pas que la parole écrite de Dieu sera préservée de manière
éternelle et inerrante, mais plutôt que le contenu, le message oral de
l'Évangile, demeurera63.
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. Colossiens 4:16 : Quand cette lettre aura été lue chez vous, faites
qu'on la lise aussi dans l'Église des Laodicéens, et procurez-vous
celle de Laodicée ("t'~vÈKAaoôLKELac;),
pour la lire à votre tour.
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Conclusion
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6
Cf. Pache : 50-60.
7
TWOT : 467 ; BDB : 211.
8 Cf. « Cantillation », Cyrus Adler et Francis L. Cohen, The Jewish Encyclopedia, vol. III,
537-549.
9 Il y eut différentes écoles: babylonienne, palestinienne et tibérienne. La vocalisation ne fut
bien sûr pas immédiate ni uniforme: elle s'échelonna et connut différentes périodes. Nous
n'entrerons pas dans les détails. Cf. Bruce K. Waltke, M. O'Connor, An Introduction to
Biblical Hebrew Syntax, Eisenbrauns : Winona Lake, Indiana, 1990: 21 ~d ss.
10Jésus avait eu la même démarche: Mt 15:1-6 ; Mc 7:1-13.
Il cf. Gertoux : 122.
12
C'est par exemple le cas dans le codex Leningrad B19a (1008 de n.è.), Aleppo (925 de
n.è.), Reuchlianus (1105 de n.è.)...
13Gertoux : 148.
14Ibid
15Debunking...II : 12. L'emphase vient du texte.
16Debunking II : 14 (l'emphase vient du texte); cf. le raisonnement pp.14-18.
17Debunking...II : 17. Il explique ensuite que l'idée que le nom de Dieu soit trop sacré pour
être prononcé n'est absolument pas biblique, mais provient de diverses philosophies païennes.
cf. The Old Rabbinic Doctrine of God: The Names & Attributes of God: 17. Nous
reviendrons sur ce sujet dans le chapitre 6.
18Debunking... II : 22.
19 « Au 12e siècle, plusieurs événements vont mettre en marche un processus aboutissant à
retrouver le sens et la prononciation du Nom divin et du nom de Jésus. Sous l'influence des
qerés Adonay et Èlohim, la voyelle 0 est ajouté au qeré profane Shema (Y eHW aH devenant
YeHoWaH). », Gertoux : 167.
20
Sàenz-Badillos : 94-102 ; Joüon : 94 ~26e.
21 Bock & Fanning: 43.
22 On ne possède que 643 copies de l'Iliade, dont la plus ancienne est de 500 ans postérieure
Homère.
23La Guerre des Gaules ne compte que 10 copies, de 950 ans postérieures à l'original.
24 Les Histoires de Thucydide ne sont basées que sur 8 copies, postérieures de 1300 ans à
l'original.
25 7 copies seulement des Tétralogies ont subsisté jusqu'à notre époque, de 1200 ans
postérieures à l'original.
26 « On n'a toujours pas créé la main ou le cerveau capable de copier en totalité une longue
œuvre sans la moindre faute (.. .). Il était donc inévitable que des erreurs soient commises. »,
Kenyon: 50.
27 Sur ce sujet, voir Charles Fremont Sitterly, « Text and Manuscripts of the New
Testament», in : International Standard Bible Encyclopedia, vol. 5, Chicago, 1929: 2950-
2957 ; Vaganay-Amphoux : 87-98 ; Greenlee, Introduction: 55-61 ; Aland: 282-297 ;
Metzger, The Text... : 186-206 ; Carrez, Les langues de la Bible: 64-70 et surtout Wegner:
44- 55.
28 En hébreu, il en allait de même: :1 pour~, ,
pour', i1 pour n ou n etc.
29 Les harmonisations s'expliquent bien par l'extrême familiarité des scribes avec le texte
biblique; un ostracon copte indique pour accéder au diaconat, on requérait des appliquants la
récitation d'un évangile entier, ou bien de vingt-deux psaumes et deux épîtres de Paul (cf.
Metzger, The Textofthe New Testament... : 87nl.
30 Vaganay-Amphoux: 94. De notre point de vue, ce phénomène est particulièrement
important, dans la mesure où il donne l'impression que les rédacteurs du NT se reportaient au
grec de la LXX, alors qu'ils pouvaient tout aussi bien avoir en tête l'hébreu original.
31 Vaganay-Amphoux : 96.
32 Sur Ie principe de la lectio difficilior, voir Eugene A. Nida, « The 'Harder Reading' in
Textual Criticism: An Application of the Second Law of Thermodynamics », in The Bible
Translator 32, 1981 : 101-107. Nida compare la tendance des scribes à simplifier une leçon
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biblical writings been preserved? It is an indisputable fact, proven by the manuscript and
versional evidence, that God has not perfectly (that is, without error) preserved the Scriptures
throughout their long history of transmission. There is no single manuscript, printed text, or
version that can be shown to be error free. »
62 In : D. B. Wallace, « Inspiration, Preservation and New Testament Criticism », GTJ 12,
1992 : 32.
63 Cf: a~eaptOC;, BAGD : 125 ; Combs: 25-26.
64 Au plein sens du terme puisque « mauvaise herbe» se dit ttX CtCavta !
65 Cf. Didier Fontaine: « L'Épître aux Laodicéens : traduction et notes », 2006 :
http://www.areopage.net/Laodiceens. pdf
66 Cf. note précédente. L'épître dite aux Éphésiens serait alors une missive qui passait de ville
en ville, et dont on pouvait, au gré des copies, adapter l'adresse. A.T. Robertson soutient par
exemple: « The most likely meaning is that the so-called Epistle to the Ephesians was a
circular letter to various churches in the province of Asia, one copy going to Laodicea and to
be passed on to Colossae as the Colossian letter was to be sent on to Laodicea. This was done
usually by copying and keeping the original. » (RWP, Co 4: 16)
67 Marie-Émile Boismard, La lettre de saint Paul aux Laodicéens : retrouvée et commentée,
Paris: Gabalda, 1999.
68 Combs: 42 : « the belief that God must have made the Scriptures publicly available at all
times has no basis in Scripture itself or in the transmission history of the text. »
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'Antijudaïsme'
Certains passages du Nouveau Testament laissent rêveur. Très fustigées
en notre époque, les invectives acerbes des chrétiens envers « les Juifs» sont
une réalité que l'on rencontre dans les textes.l Une grande part du ministère
de Jésus, tel qu'il nous est rapporté, est tournée vers la contradiction et la
polémique envers «scribes et pharisiens». Les Actes d'Apôtres sont
parsemés d'affrontements entre les communautés juive et chrétienne. Les
épîtres chargent également les Juifs. Voici quelques exemples, qui montrent
combien les reproches fusent tous azimuts:
Matthieu 27 :24, 25 : Pilate, voyant qu'il ne gagnait rien, mais que le
tumulte augmentait, prit de l'eau, se lava les mains en présence de
la foule, et dit: Je suis innocent du sang de ce juste. Cela vous
regarde. Et tout le peuple répondit: Que son sang retombe sur nous
et sur nos enfants!
Marc 7:1-13; 8:15; 12:38-40: Il leur disait dans son
enseignement: Gardez-vous des scribes, qui aiment à se promener
en robes longues, et à être salués dans les places publiques,. qui
recherchent les premiers sièges dans les synagogues, et les
premières places dans les festins,. qui dévorent les maisons des
veuves, et qui font pour l'apparence de longues prières. Ils seront
jugés plus sévèrement.
Luc Il : 37-54 ; par ex. le verset 47 : Malheur à vous! parce que
vous bâtissez les tombeaux des prophètes, que vos pères ont tués.
Jean 19:14 ,15 : C'était la préparation de la Pâque, et environ la
sixième heure. Pilate dit aux Juifs: Voici votre roi. Mais ils
s'écrièrent: Ote, ôte, crucifie-le! Pilate leur dit: Crucifierai-je
votre roi? Les principaux sacrificateurs répondirent: Nous n'avons
de roi que César.
De longs épisodes évangéliques contiennent des attaques virulentes à charge
des scribes et des pharisiens, tels Matthieu 21 à 28, Marc chapitre 7, Luc
chapitre Il...
Mais l'accusation la plus célèbre est sans aucun doute celle contenue en
1 Thessaloniciens 2: 14-16: «Car vous, frères, vous êtes devenus les
imitateurs des Églises de Dieu qui sont en Jésus-Christ dans la Judée, parce
que vous aussi, vous avez souffert de la part de vos propres compatriotes les
mêmes maux qu'elles ont soufferts de la part des Juifs.
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Aussi violents qu'ils soient, ces propos ne doivent pas faire illusion: la
rupture entre Juifs et Chrétiens n'est pas survenue brutalement. On ne parle
d'ailleurs pas de rupture, mais d'un déchirement, long et douloureux, qui
n'est pas consommé au moins avant 70. En outre, parler d'« antijudaïsme »,
quelle que soit la dureté des propos que nous venons d'examiner, n'est pas
tout à fait exact. Premièrement, ce serait bien paradoxal d'affirmer que les
rédacteurs du Nouveau Testament, Juifs eux-mêmes, aient été anti-Juifs !
Ensuite, leurs propos sont issus de controverses théologiques dont le cadre
est précisément le judaïsme, et la cible moins les Juifs que leurs chefs
religieux (responsables de leur salut, en quelque sorte! Cf. Mt 23:13 ). Il
s'agit donc moins d'une remise en question du judaïsme, que de querelles
interprétatives, car les premiers chrétiens, les judéo-chrétiens, ont continué
d'observer la Loi et de fréquenter la synagogue jusque vers 80-90. Il est
donc évident qu'ils n'étaient pas anti-Juifs.
Judéo-chrétiens et pagano-chrétiens
Les premiers chrétiens sont tous issus du judaïsme. Ils connaissent donc
parfaitement bien la loi mosaïque, et certains continuent à l'observer
scrupuleusement. Ce sont en quelque sorte des Juifs messianistes. Il est
d'ailleurs impropre d'employer le terme « chrétien », qui leur sera attribué
plus tard à Antioche. À l'origine, les disciples de Jésus sont appelés
« frères », «gens de la Voie », «saints », «disciples»... Ils représentent
encore, pour peu de temps il est vrai, un des nombreux courants que connaît
le judaïsme (baptistes, zélotes, pharisiens, sadducéens...). Simon Mimouni
précise: « D'un point de vue historique, voire théologique, avant cette date
fatidique (70), il est difficile de considérer le christianisme comme une
religion à part entière - il n'est qu'une dissidence, parmi d'autres, au sein du
judaïsme3. »
L'affaire va se compliquer dès la prise de conscience de la vocation
universelle du message de Jésus. En effet, que s'est-il passé entre:
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Tels sont les douze que Jésus envoya, après leur avoir donné les instructions
suivantes: N'allez pas vers les païens, et n'entrez pas dans les villes des
Samaritains,. allez plutôt vers les brebis perdues de la maison d'Israël. -
Mathieu 10:5,6
et
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Car, je vous le dis en vérité, tant que le ciel Il y a ainsi abolition d'une ordonnance
et la terre ne passeront point, il ne disparaîtra antérieure, à cause de son impuissance et de
pas de la loi un seul iota ou un seul trait de son inutilité, - car la loi n'a rien amené à la
lettre, jusqu'à ce que tout soit arrivé. - perfection, - et introduction d'une meilleure
Matthieu 5:18 (Jésus) espérance, par laquelle nous nous approchons
de Dieu. - Hébreux 7:18,19 (Paul)
Ne croyez pas que je sois venu pour abolir la Christ est la fin de la loi, pour la justification
loi ou les prophètes; je suis venu non pour de tous ceux qui croient. - Romains 10:4
abolir, mais pour accomplir. - Matthieu 5: 17 (Paul)
(Jésus)
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Quelques temps plus tard (vers 36/38), il est converti sur le chemin de
Damas, et de persécuteur, il devient un ardent missionnaire, confessant plus
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« Néron supposa des coupables et fit souffrir les tortures les plus
raffinées à ces hommes détestés pour leurs abominations et que le
vulgaire appelait chrétiens. Ce nom leur vient de Christ, qui, sous
Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus.
Réprimée sur le moment, cette exécrable superstition perçait de
nouveau, non seulement dans la Judée, berceau du mal, mais à
Rome, où tout ce qu'il y a partout d'infamies et d'horreurs afflue et
trouve des partisans. On commença donc par saisir ceux qui
confessaient leur foi, puis, sur leurs révélations, une infinité d'autres,
qui furent bien moins convaincus d'incendie que de haine pour le
genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement: les uns,
couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par des chiens;
beaucoup, mis en croix, étaient, lorsque le jour avait disparu, brûlés
pour éclairer la nuit. Néron avait offert ses jardins pour ce spectacle
et donnait des jeux au Cirque, se mêlant au peuple en habit de
cocher, ou conduisant un char. Aussi, quoique ces hommes fussent
coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs
s'ouvraient-ils à la compassion, en pensant que ce n'était pas pour le
bien public, mais à la cruauté d'un seul, qu'ils étaient immolésl2. »
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Titus essaie de persuader les Juifs de se rendre en paix, mais toutes ses
propositions sont rejetées (il fait notamment appel à Flavius Josèphe). Les
Romains finissent par ouvrir des brèches dans les murailles, et pénètrent au
sein de la ville. Un terrible massacre s'en suit. Josèphe évalue le nombre de
morts à 1 100 000, une exagération espérons-le, mais qui donne la mesure du
désastre. Il n'est pas inutile à ce sujet de faire remarquer que: «L'hébreu,
qui était encore, semble-t-il, parlé dans la région de Jérusalem, perdit ainsi
une partie de ses locuteursl7. » On fait également de nombreux prisonniers,
qui seront tués dans les jeux ou réduits en esclavage. La ville est rasée de
fond en comble, le Temple incendié et détruit (à l'exception de son mur
occidental, appelé aujourd'hui le mur des Lamentations). En 70 donc, après
quelques mois d'une révolte sans espoir, Jérusalem est entièrement désolée.
Elle le restera durant plusieurs générations. La destruction du Temple aura
des conséquences importantes. On pourrait même dire plus, et souscrire au
propos de Mireille Hadas-Lebel :
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:n;~!1~ C";;~~
\. n.vi
-, 'n:Ji-N~'
: -AT:
"r-ï~£)n
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ion.:,.: .,~
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l'' ":: -
Car j'aime la piété et non les sacrifices,
et la connaissance de Dieu plus que les holocaustes.
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188
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1) des exemplaires de la Torah (en hébreu, et donc copiés par les minim; ou
en grec, et donc constituant le texte de la Septante, avec la mention du Nom
de Dieu en caractères hébraïques anciens),
2) des écrits chrétiens (Nouveau Testament ou logia),
3) des écrits magiques aux tendances syncrétistes.
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Dieu, né de la Vierge Marie, et ils disent que c'est celui qui, sous
Ponce Pilate, a souffert et est ressuscité,. en lui nous aussi nous
croyons,. mais tandis qu'ils veulent tout ensemble être juifs et
chrétiens, ils ne sont ni juifs ni chrétiens39.
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Je ne pensais pas que les choses tirées des livres me fussent aussi utiles
que celles venant d'une parole vivante et qui le restait.
- HE III, 39, 4
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Ecri t
Évangile de Luc
Actes d'Apôtres
Évangile de Matthieu
Évangile de Jean et les Épîtres
Épitres de Paul à Timothée et à Tite
Épître de Jacques
p.ê. Première Épître de Pierre
Antiquités judaïques, Flavius Josèphe
La Didachè (Doctrine du Seigneur par les Douze Apôtres aux païens,
composée en Syrie)
Révélation ou Apocalypse de Jean
Première Epître aux Corinthiens, de Clément de Rome
Lettres, Ignace d'Antioche: aux Éphésiens, aux Magnésiens, aux
Tralliens, aux Romains, aux Philadelphiens, aux Smyrniotes, à Polycarpe
Première épître aux Philippiens, Polycarpe
Épître de Barnabé (pseudépigraphe)
Epître à Diognète
Commentaire des paroles du Seigneur, Papias d'Hiérapolis
Évangile de Pierre
Pasteur d'Hermas
Diatessaron, Tatien
Nativité de Marie, Révélation de Jacques (Protoévangile de Jacques)
Apologie, Justin Martyr
Le Martyre de Polycarpe
dans l'indifférence générale, ni en terrain inculte (dans tous les sens du terme
si l'on peut dire I). Car des philosophes ou des intellectuels vont prendre la
plume, soit pour défendre la foi chrétienne à grand recours de philosophie et
de rhétorique, soit pour la vilipender. Leur façon de faire nous renseigne très
justement sur leur contexte culturel et idéologique - contexte qu'il faut
absolument prendre en compte pour comprendre le devenir du tétragramme
dans les écrits néotestamentaires. C'est à cette période intense et trouble, en
effet, que sont copiés les manuscrits, après la disparition des autographes.
Les premiers chrétiens étaient taxés d'ennemis du genre humain car ils
ne s'intéressaient pas aux affaires politiques de leur temps. Résolus à
pratiquer l'amour que leur avait inculqué le Christ, ils prenaient encore
moins part aux guerres ou aux révoltes. Cela joua en leur défaveur en 132.
Hadrien, alors empereur, avait décidé, nous explique l'historien grec Dion
Cassius, d'ériger sur les ruines de Jérusalem une nouvelle cité qu'il
baptiserait Aelia Capitolina. Il projetait également de bâtir un temple sur les
restes du Temple de Jérusalem, et d'y ériger la statue de Jupiter Capitolin45.
Il avait déjà fait dresser sa propre statue monumentale à Beth-Shéan, et
apparemment les travaux de sa nouvelle cité avaient déjà commencé quand
survint le soulèvement général des Juifs de Palestine46 :
Celui qui prit la tête du conflit fut un certain Bar Kosba. Grâce à ses
premières et éclatantes victoires, on l'identifia très vite « au fils de l'Étoile»
qui devait venir, étoile qui était censée représenter le Messie (Nb 24: 17). Il
fut donc appelé Bar Kokhba (le « fils de l'étoile» en araméen)47 et on frappa
des monnaies avec une étoile qui le symbolisait en tant que Messie. Il avait
pour soutien un personnage aussi important que le rabbi Aquiba.48
193
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194
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580 000 soldats juifs périrent. Ceci n'inclut pas, comme le précise Dion
Cassius, ceux qui périrent de la faim et des maladies, ni les femmes et les
enfants qui firent les frais du conflit, ce dont Eusèbe se fait l'écho:
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197
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Cette analyse, bien que succincte, montre que Clément ne s'écarte pas de
la simplicité issue, on peut le dire, de la mémoire des apôtres. Il n'a guère de
goût pour la métaphysique. En bon romain, Clément illustre son propos par
des exemples très concrets tirés essentiellement de l'Ancien Testament. Mais
pas exclusivement: il évoque le martyre des « saints apôtres» Pierre et Paul
(5, 1-7) ou fait appel à la mythologie populaire en évoquant le phénix (25, I-
S). On retiendra néanmoins qu'il emploie des expressions rares, comme Dieu
« tout-puissant »59, « Maître de l'univers », « Maître des esprits », et parle de
l' « incompréhensible sagesse» de Dieu. Il est très intéressant de remarquer
en outre l'emploi important qu'il fait du Nouveau Testament, ce qui ne laisse
pas de surprendre. Cet emploi présente deux caractéristiques: il n'est pas
formel, c'est-à-dire qu'il n'est pas introduit, contrairement aux Écritures
hébraïques, par une expression du type 'il est écrit' ; en cela il s'agit d'une
allusion qu'il faut reconnaître et son autorité semble moindre; ensuite il
n' est pas forcément identique à la lettre.
C'est intéressant car cela nous renseigne sur certains aspects de la
transmission des manuscrits du NT, sur le processus de leur canonisation, et
subséquemment sur leur date de composition: Clément possédait, vers 95,
des copies très proches des nôtres; il était capable de les citer de mémoire;
les écrits du NT lui étaient donc, déjà, familiers (à lui comme sûrement à la
communauté à laquelle il s'adressait). Ce simple fait n'est en soi pas banal.
Clément fait d'autres citations qui nous sont par contre inconnues ou
passablement obscures, et qui montrent qu'étaient reconnus comme
« propres à édifier la foi» pour ne pas dire inspirés, des écrits qui ne sont
finalement pas entrés dans le canon.
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Elle n'est pas de Clément, cela se voit au premier coup d'œil. Eusèbe de
Césarée l'avait déjà remarqué: « il faut encore savoir qu'il y a une seconde
lettre attribuée à Clément, mais nous savons qu'elle n'a pas été aussi
renommée que la première, car nous ne voyons pas que les anciens s'en
soient servi. » - HE III, 38, 4. On hésite quant à sa datation, qui est bien
postérieure à la première, puisqu'elle remonterait entre 120 et 150. Quelques
exemples suffisent à la caractériser:
12,2 Lorsque deux feront un, lorsque le dehors sera comme le dedans,
lorsque dans l'union de l 'homme et de la femme, il n y aura plus ni
.
h omme nI fiemme. c'o'tav "Eo'taL 'to', uUO EV, KaL 'to\" E~W
\ ~, tI \
~ we;;
t'" 'to EOW,
20,2 Le Dieu vivant nous éprouve dans le combat que nous menons.
8EOÛ (wv'toe;; il'ELpaV à8ÀOûIlEV
199
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La Didachè
9.2 Nous te rendons grâces, notre Père (. ..) par Jésus ton
serviteur EùXapLO't'OÛ~Év OOL 1Ta't'Ep ~~wv , ÔLlX'IT)oOÛ 't'OÛ 1TaLÔ6e;
OOU.
Cette expression est répétée en 9.3 et 10.1,3.
200
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Selon le mot d'A.G. Hammam, « Ignace est sans doute, avec le pape
Clément de Rome, le premier écrivain de l'Église, venu du paganisme,
préparé par les philosophes grecs. De Paul à Ignace, il y a la distance qui
sépare un missionnaire qui s'adapte à l'indianisme, d'un indien qui se
convertit à l'Évangile et repense le christianisme. (...) Ignace emprunte à
l'hellénisme la forme littéraire et les catégories philosophiques. »65Les écrits
d'Ignace ont fait l'objet de virulents débats. On admet aujourd'hui que sept
sont authentiques. Il s'agit d'épîtres rédigées sur le chemin qui le conduisait
à Rome, et adressées à différentes communautés, où il « multiplie les mises
en garde contre les interprétations docétistes et les tentations gnostiques66.»
Il nous renseigne également précisément sur sa théologie, bien trempée.
201
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Jésus est clairement désigné comme uni au Père, sans qu'on puisse
deviner vraiment quelle est la nature de cette union. En tout cas la variété des
expressions nous plonge dans l'embarras, et il semble bien difficile de
comprendre la théologie d'Ignace au sujet du Père et du Fils, du moins dans
cette épître.
203
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À une exception près, la tournure favorise un texte plus court (la phrase
serait d'ailleurs plus légère et fluide sans celle-ci). Les ajouts sont de plus
trop flagrants pour ne pas être suspicieux. Enfin la christologie d'Ignace n'a
nul besoin de ces précisions. Voilà qui indique, si besoin était, que même les
écrits des Pères n'ont pas échappé à un certain processus de corruption.
Nous ne nous attarderons pas davantage sur les autres lettres d'Ignace,
celles aux Tralliens, aux Philadelphiens, aux Smyrniotes, aux Romains, et à
Polycarpe, qui campent de la même façon la divinité du Christ, assoient
l'autorité de l'évêque en la comparant très abusivement à celle de Dieu,
exacerbent la passion du martyre, ou prêchent l'hostilité au judaïsme.
Retenons seulement une pensée qui nous sera utile par la suite: « Si l'on
vous prêche le judaïsme, restez sourds. Mieux vaut apprendre d'un circoncis
le christianisme que le judaïsme d'un incirconcis. » 'Eàv ôÉ t'LÇLOUÔaL0J..L0V
ÈPJ..LllVEU1JùJ..Llv, J..L~ à.KOUEt'E aù'toû. &J..LELVOVyap ÈO'tLV 1Tapà à.vôpoç
1TEPLt'OJ..L~V Ëxovt'oç XPLo'tLaVLOJ..LOV à.KOUELv, 11' 1Tapà à.Kpo~UO'tou LOUÔaL0J..L0v.
204
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Son cas est édifiant. Eusèbe67, auquel on doit les seuls fragments de son
Commentaire des paroles du Seigneur, est très sévère à son égard. Pourtant,
selon toute vraisemblance, Papias a été un auditeur de l'apôtre Jean68, il a
connu personnellement les disciples des apôtres, et a même rencontré les
filles de Philippe mentionnées dans le récit des Actes d'apôtres 21:869. On
est donc très étonné de l'avis négatif que nous en fait Eusèbe. En voici les
raisons:
Papias est un millénariste70 : «Le même Papias, ajoute d'autres
choses qui seraient venues jusqu'à lui par une tradition orale:
certaines paraboles étranges du Sauveur et certains enseignements
bizarres, et d'autres choses tout à fait fabuleuses. Par exemple, il dit
qu'il y aura mille ans après la résurrection des morts et que le règne
du Christ aura lieu corporellement sur cette terre. (...) cependant il a
été responsable de ce qu'un très grand nombre d'écrivains
ecclésiastiques après lui ont adopté les mêmes opinions que lui,
confiants dans son antiquité: c'est là le cas qui s'est produit pour
Irénée et pour d'autres71 qui ont pensé comme lui72. »
Il rapporte des logia inconnus: « Il expose aussi une autre histoire
au sujet d'une femme accusée de nombreux péchés devant le
Seigneur, que renferme l'Évangile selon les Hébreux73. » Nous y
reconnaissons bien sûr la pericope adulterae, aujourd'hui située en
Jean 8: 1-11.
C'est également Papias qui indique que Matthieu a d'abord rédigé son
évangile en hébreu (HE III, 39, 16).
Sur les raisons même qui fondent le doute d'Eusèbe, nous trouvons au
contraire un témoignage puissant de sa proximité de pensée avec les
apôtres. Nous renvoyons le lecteur aux Fragments de Papias, pour se forger
sa propre opinion. Car il est clair que la Révélation décrit bel et bien un
millenium (Rv 20:1-3), et qu'Eusèbe, influencé par les idées extrêmes
d'Origène sur l'interprétation allégorique des Écritures (cf. Bigg : 172-189),
ne pouvait y souscrire. Il faut ajouter de même la vraisemblance que
l'évangile de Matthieu ait été composé en hébreu. Et même la péricope,
figurant aujourd'hui dans la plupart de nos versions, à défaut des meilleurs
manuscrits, cautionnée par Papias, concoure à une présomption positive sur
l'évêque d'Hiérapolis. Celui-ci devait d'autant moins être influencé par les
nombreuses hérésies gnostiques de son temps qu'il n'accordait aucun crédit
aux écrits trop nombreux, de même qu'aux bavards, pour se consacrer à
l'écoute des vivants témoins des apôtres.
Il ne nous apprend rien sur notre sujet, mais attire l'attention sur un fait
précis: tous les écrits sur le Seigneur, même ceux rédigés par de très proches
contemporains des disciples, ne nous sont pas parvenus intacts. Et pour ceux
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qui nous sont parvenus, c'est sous la plume d'un détracteur qu'il nous les
faut parfois découvrir74.
Sur la composition primitive de Matthieu en langue hébraïque, une
expression nous laisse songeur: «Matthieu, quant à lui, réunit en langue
hébraïque les logia (de Jésus) et chacun les interpréta comme il en était
capable75.» On a l'impression que l'exercice n'était pas particulièrement
aisé. Donc, que l'hébreu, tout du moins parmi les chrétiens, n'était pas
familier. Et cela est important, car c'est la raison pour laquelle les chrétiens
affectionneront de moins en moins cette langue étrange et exclusive,
absolument contraire à l'universalisme grec, jusqu'au point de purger les
manuscrits de leur filiation juive.
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6,7 Le prophète dit au sujet d'Israël: 'Malheur à eux ! Ils ont montré un
complot contre eux-mêmes, en disant: 'Enchaînons le juste, il nous
importune. "
10,9 Des trois prescriptions alimentaires qu'il avait reçues, Morse
dégagea le sens spirituel. Mais, dans leur matérialisme, ces gens ont
cru qu'il s'agissait des nourritures du corps.
13,1 Qui possède l'Alliance, nous ou eux ?», et de citer le célèbre
passage des deux nations. (Manassé/Ephraïm en préfiguration de
l'ouverture de l'alliance aux incirconcis, Gn 25:21-23)
143 Ainsi Moïse a bien reçu l'Alliance, mais le peuple n'en fut pas
digne.
16,4 L 'histoire l'a confirmé: ils sont en guerre et leurs ennemis ont
démoli leur temple.
19,5 Tu n'invoqueras pas en vain le nom du Seigneur» (inclus dans une
liste d'obligations rappelant les dix commandements, constituant la
'voie de la lumière. ')
Les Pères apostoliques nous indiquent une très grande familiarité avec
les Écritures sacrées. Cette familiarité est doublement intéressante: elle est
précoce, et concerne tant l'Ancien Testament que le Nouveau. Au début, le
Nouveau Testament fait l'objet de citations informelles, sûrement de
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mémoire. Mais très vite la forme se fixe, et les expressions sont introduites
comme l'Ancien Testament. On n'apprend rien de particulier sur la
transmission du NT, mais ce qui est clair, c'est qu'ils en possèdent des
copies, de même que les destinataires de leurs écrits.
Le Dieu d'Israël est très souvent évoqué en des termes grecs largement
connotés: «souverain Créateur », «artisan de l'univers »... Même les
termes « Seigneur» et « Père» en font un Dieu plus étrange, plus lointain,
en un mot transcendant.
Nous avons déjà noté les persécutions dont sont victimes les premiers
chrétiens: premier trouble. Les Pères que nous avons cités n'échappent pas à
la règle: quasiment tous ont goûté au martyr. Au début, la persécution était
le fait d'anciens coreligionnaires. Mais très vite, l'État s'en mêle: entre
autres griefs, il accuse les chrétiens d'être athées. On leur reproche leur
exécrable exclusivisme, qui consiste à n'adorer qu'un Dieu, le Dieu des
Juifs, lequel a envoyé Jésus - agitateur supplicié sous Pilate. C'est non
seulement dénigrer les autres dieux, mais aussi faire insulte à l'empereur, qui
est lui aussi, dit-on, un dieu. On peut comprendre que les chrétiens aient
voulu se détacher du Dieu juif pour se rapprocher d'une divinité, unique
toujours, mais infiniment plus lointaine et suprême, déjà esquissée à
l'époque par diverses écoles philosophiques. Il faut aussi mettre l'accent sur
la disparition des témoins oculaires de Jésus, à partir de 70 : deuxième
trouble.
L'extension de la bonne nouvelle hors de son initial terreau juif peut
bien être qualifiée de troisème trouble. Non seulement pour les prédicateurs
qui ouvraient le champ de leur activité aux nations, mais aussi et surtout
pour le devenir même du christianisme: dès lors celui-ci continuerait d'être
défini dans des catégories mentales non plus juives, mais grecques
essentiellement. S'adresser aux nations revenait donc, en plus de
compromettre ses racines et son identité, à compromettre le message
annoncé, et le soumettre à une interprétation étrangère. Sur ce point nous
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Apostasie et Hérésies
Il Y a eu parmi le peuple de faux prophètes, et il y aura de même
parmi vous de faux docteurs, qui introduiront des sectes
pernicieuses, et qui, reniant le maître qui les a rachetés, attireront
sur eux une ruine soudaine. - 2Pi 2:1
Jésus l'avait prédit8l. Or, dès l'époque de la rédaction des évangiles et des
épîtres, ce problème était déjà très largement répandu82. Des expressions
comme « faux frères », « faux apôtres », « faux témoins », « faux maîtres »,
« faux prophètes» ou « faux docteurs» sont récurrents dans le NT. Sous de
telles appellations, il fallait tout d'abord entendre:
les judaïsants (Actes 15:1,5 ; 20:29,30...)
les personnes niant que Jésus était le Christ (1 Jean 2: 18,22)
ou encore celles qui niaient la venue de Jésus «dans la chair»
(docétisme) (1 Jean 4:2)
Puis très vite les courants sectaires se sont multipliés. Citons-en quelques
uns, en songeant à leur influence dans l'esprit des premiers chrétiens.
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Gnosticisme
La liste pourrait s'étoffer à souhaitS3. Mais nous allons nous concentrer sur
un personnage qui caractérise bien, en cette époque agitée et confuse, l'air
du temps.
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Car si le mal existe dans le monde, et que Dieu est à l'origine du monde,
alors ce Dieu est à l'origine du mal. Et donc, il ne peut être le Dieu révélé
par Christ... Raisonnement implacable qu'il étaie d'un passage de
l'évangile:
Qu'apprenons-nous de Marcion?
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Conclusion
Ce chapitre nous a montré que les premiers siècles, que l'on imagine
souvent très superficiellement dans le halo de la pax romana, n'ont en fait
rien du long fleuve tranquille. La bonne nouvelle du Royaume ne s'est pas
transmise, ne s'est pas étendue aux nations dans d'idéales conditions. Au
contraire, les disciples du Christ, qu'ils fussent auparavant Juifs, Grecs ou
« Barbares », ont souffert dans leur chair pour leur foi nouvelle. Les
persécutions ont d'abord été internes. Dissidence, puis apostasie, la « Voie»
s'est muée en un mouvement à part entière. Dans la douleur. Comment en
effet abandonner radicalement la foi de ses ancêtres? Les premiers
chrétiens, les judéo-chrétiens, jamais ne s'y sont résolus.
Puis externes. Des apostats qu'ils étaient, les chrétiens sont devenus sous
les yeux des Romains des créatures étranges: asociaux, athées, cannibales,
misanthropes. Ils ont été persécutés encore. On brûlera parfois de nombreux
manuscrits pour plonger leur doctrine dans l'oubli. On confisquera leurs
biens. Sans résultat.
Le mal plus insidieux ne viendra pourtant pas des souffrances physiques.
C'est plutôt les conflits de doctrine qui très tôt ont suscité des divisions. Dès
l'époque de Paul, les uns se réclamaient du missionnaire, les autres
d'Apollos, d'autres encore de Céphas (ICo 1:12) : la tendance n'a fait que se
confirmer. De très nombreuses sectes sont apparues. Les unes s'employaient
à effacer la divinité du Christ en en faisant un Juif de chair et de sang,
pleinement né de Joseph et de Marie, mais prophète hors pair. Les autres
exacerbaient sa divinité en gommant totalement toute trace d'humanité.
La nature du Christ a donc été, de bonne heure, un thème central. On
peut se demander pourquoi. Nous avons vu au chapitre précédent que la
préservation des Écritures n'était pas une conséquence obligatoire de son
caractère inspiré. Puis nous nous sommes demandé si une altération aussi
importante que la suppression du nom divin dans le Nouveau Testament
pouvait avoir eu lieu. Selon Lundquist, la chose est impossible: si une telle
hérésie avait eu lieu, cela se saurait. C'est parfaitement inexact: une telle
« hérésie» avait eu lieu précédemment lors de la traduction de l'Ancien
Testament en grec, sans faire de vagues. La Septante en effet avait remplacé
au vu et au su de tous le tétragramme hébreu par le terme Seigneur, et cela
n'avait suscité aucun débat particulier. Il faut dire que le judaïsme était déjà
largement hellénisé.
De même, l'appropriation du message de l'évangile, parfaitement judéo-
chrétien, par la gentilité n'a pas suscité de débat particulier. Dans la période
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extrêmement trouble du premier siècle, les vaincus ont vite disparu. Et que
pouvaient bien faire du nom divin des pagano-chrétiens pour qui le Dieu
Tout-Puissant n'avait plus grand-chose en commun avec le Dieu d'Israël? Il
faut même aller plus loin: en cette époque de troubles extrêmes, les
autographes du NT ont subsisté quelques dizaines d'années tout au plus.
Exactement le temps qu'il a fallu pour comprendre que le Message n'aurait
pas d'avenir chez lui en Israël (révoltes juives, guerres, incompréhensions: tout
concourait à chasser le Dieu d'Israël, et son Nom avec lui, de Sa Terre promise).
Il ne serait donc pas étonnant que jamais des copies du NT effectuées par
des pagano-chrétiens n'aient porté le tétragramme: ils ne le connaissaient
pas ou très peu, et ne l'ont pas affectionné. Les seules copies, à notre avis
peu nombreuses, qui aient pu se conformer aux originaux, sont celles des
judéo-chrétiens, entre le premier et le troisième siècle tout au plus. Or, nous
l'avons vu, ils ont été décimés par les premières persécutions, lors des deux
révoltes juives, et pour ceux qui ont survécu, ils ont été dispersés çà et là.
Leur nombre, dérisoire comparé aux pagano-chrétiens, explique que l'on
n'ait pas retrouvé leurs écrits. Ceux-ci ont du être peu nombreux.
Contrairement donc à l'affirmation de Lundquist selon laquelle il ne s'est
rien passé aux premiers siècles, qu'il n'y a pas eu de controverses autour du
nom divin, il faut soutenir: le débat autour de la nature du Christ, qui a fait
rage depuis le 1ersiècle jusqu'au IVe au moins, est une des conséquences de
la suppression du nom divin dans les copies du NT. Cette suppression résulte
de la transmission du message apostolique judéo-chrétien à la Gentilité. Car
la gentilité, outrée par l'infamant supplice du bois, objet de scandale, va
diviniser la figure du Christ. En fait, pour être précis, il faudrait dire que la
divinisation du Christ est tant un résultat de la disparition du nom divin dans
le NT (et donc de la confusion sur l'identité des deux Seigneurs) qu'un
catalyseur du phénomène. Le chapitre suivant va donc traiter succinctement
de certains aspects de ce processus.
1 Nous ne pouvons traiter ici la question de savoir si ces critiques, ces débats, sont les reflets
d'une situation actuelle non pas au moment des faits rapportés, mais à l'époque de
composition du récit. L'exégèse actuelle va dans ce sens, et place de nombreuses rédactions
néo-testamentaires à des dates tardives, au moins postérieures à la chute du Temple.
L'éclairage de la situation en est inévitablement affecté. Sans nier que la période de rédaction
peut fortement influencer un rédacteur, nous nous cantonnerons dans ce qui va suivre à
exposer les événementstels qu'ils sont décrits pour déterminerce qu'on veut nous dire
(examen du « projet littéraire» ou « de composition»). Par ailleurs, examiner l' antijudaïsme
du Nouveau Testament, en plus d'être polémique, est quelque peu impropre. Après avoir
considéré les passages de l'évangile de Matthieu supposés, Daniel Marguerat formule les
constatations suivantes: « Que penser de l'accusation d'antijudaïsme lancée contre Mt? On
s'aperçoit maintenant qu'elle pèche par anachronisme. Les deux grandeurs en présence, le
judéo-christianisme de Mt et le judaïsme d'obédience pharisienne, sont l'un comme l'autre,
l'un au même titre que l'autre, des émanations de la nébuleuse juive d'avant l'an 70. Ils sont
l'un comme l'autre des rejetons du judaïsme du second Temple. Comment qualifier d'antijuif
un auteur, juif lui-même, et qui plaide - avec sa rabies theologica -
l'authentique judaïsme de
sa communauté? » (<<Le Nouveau Testament est-il anti-juif? - L'exemple de Matthieu et du
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livre des Actes », RTL 26, 1995: 154). L'auteur poursuit en montrant que les Actes
dépeignent de la même manière une scission, mais non désirée, du christianisme d'avec le
judaïsme. Ce n'est pas dire ici que des anti-sémites de tous poils n'ont pas puisé dans le NT
pour « justifier» leurs vues; il s'agit simplement de montrer que « l'identité chrétienne ne
peut se dire en-dehors d'un débat avec le judaïsme. » (163)
2 Pour un essai d'interprétation de ce verset: Ekkehard W. Stegemann, « Remarques sur la
polémique antijudaïque dans 1 Thessaloniciens 2,14-16 », in : Daniel Marguerat éd, Le
déchirement, Juifs et chrétiens au premier siècle: 99-112. Une traduction nouvelle du verset
16 est proposée: « Ils (les Juifs) ont tué le Seigneur Jésus et les prophètes et ils nous ont
persécutés (c'est-à-dire: expulsés). Ils déplaisent à Dieu et ils sont contraires à tous les
hommes en nous empêchant de prêcher aux non-Juifs afin qu'ils soient sauvés, et cela pour
mettre le comble à leurs péchés. Mais chaque fois (qu'ils ont péché) le jugement les a
finalement atteints. » Tout aussi intéressante est l'analyse de Christian B. Amphoux, dans son
article «1 Th 2,14-16: Quels Juifs sont-ils mis en cause par Paul? », Filologia
Neotestamentaria 16, 2003 : 90, qui propose de supprimer la virgule du verset 14, laquelle
non seulement est interprétative (elle n'existe pas dans le grec original), mais de plus
contrevient aux règles de grammaire: « La ponctuation après « Juifs », à la fin du v. 14, ne
s'impose pas, elle est même étonnante au regard de la syntaxe grecque; elle est, de plus, peu
probable, étant donné la présence de la même construction participiale deux lignes plus haut;
elle est donc interprétative; or, c'est elle qui fait du procès de Paul contre certains Juifs une
généralisation à tout le peuple. Si l'on supprime cette ponctuation, la traduction change: Paul
fait état « des Juifs qui ont tué Jésus », ou plutôt suscité sa condamnation par l'autorité
romaine, c'est-à-dire les grands-prêtres du temple de Jérusalem, nommés par Hérode et
accusateurs au procès de Jésus; et il les assimile à ceux qui « ont tué les prophètes, qui nous
ont persécutés, qui ne plaisent pas (ou n'ont pas plu) à Dieu, nous empêchant de prêcher aux
païens... » En somme, Paul s'en prend à l'autorité juive de Jérusalem qui n'assume pas son
rôle de médiation pour le salut du peuple juif. )}
3 « Les chrétiens d'origine juive du 1erau IVe siècle », in: Geoltrain : 295.
4
Actes d'Apôtres, chapitres 10 et Il.
S
Le verbe pour 'être appelé' est XPll~atl'w. Son sens premier est « s'occuper d'affaires;
négocier ». (cf. Bailly: 956 ; ex. en IR 18:27, LXX) Dans la LXX et dans le NT, il prend
aussi le sens de « recevoir la réponse d'un oracle, être divinement averti. », par ex. en Jr 26:2,
30:2, 36:4, Mt 2: 12, Lc 2:26, Ac 10:22, Rb 8:5, Il:7, 12:25, c'est pourquoi certaines versions
suggèrent que l'appellation « chrétien» vient de la providence divine (TMN, Young's Literal
Translation, The Simple English Bible; Ignace d'ailleurs, Ep. Magn., voit une allusion à Is
62:2,12). Dans les versets du NT, néanmoins, le verbe est souvent modifié par les expressions
Kat' Qvap (en songe) Ù1TOtOÛ 1TvEUllatoe;tOÛ àYLOU(par l'esprit saint), Ù1TO &yyÉÀouàYLOU(par
un saint ange), qui en modifient le sens, ou se présente dans un contexte où l'on sait que Dieu
est intervenu (Moïse, Hé 8:5 ; Noé, Hé Il:7; Hé 12:25: opposition entre l'avertissement
terrestre de Jésus et l'avertissement céleste de Dieu). C'est pourquoi la plupart des
lexicologues n'y voient, pour l'époque néotestamentaire, que le simple sens de « être appelé,
prendre Ie nom ou Ie titre de ». Cf. LSJ : « in later writers, the Act. means to take and bear a
title or name, to be called or styled so and so, XPl1~at('EL paoLÀEUe;Polyb.; "IoLe; ÈXPl1llcltLOE
Plut.; XPl1llatLOaLXpLOtLaVOue;N.T.; generally, to be called, lb. »; Spiros Zodhiates : «In
later Gr. usage it means to do business under someone's name; hence generally, to take or
bear a name, to be named, called, constructed with the name in apposition (Act Il :26,
'named [or called] Christians for the first time'; Ro 7:3, 'named an adulteress'). » - The
Complete Word Study Dictionary, AMG International, Chattanooga, éd. rév. 1993); Mounce:
1312, « in NT, to utter a divine communication, Hb. 12:25; pass. to be divinely instructed,
receive a revelation or warningfrom God. Mt. 2:12, 22; Lk. 2:26; Acts 10:22; Heb. 8:5;11:7;
intrans. to receive an appellation, Acts Il:26, Rom. 7:3. »; Abbott-Smith: 484, « to assume a
name (as in business), be called (Polyb., al) : Ac 1126, Ro 73 » (A Manual Greek Lexicon of
the New Testament, Londres, 2e éd., 1923); Bailly: 956, « B. postér. prendre un titre, une
qualification» ; Edward Robinson: « In the later Greek usage, i.q. 'to do business as anyone,
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under any name;' hence gener. to take or bear a name, to be narned, called; constr. with the
narne in apposit. Acts 11,26 XPTJJ.latlOal. tE 1TpwtWe; Èv 'AVtI.OXEl~ tOÙe; J.la8TJtàe; XpI.OtLavO\>e;.
Rom. 7,3 J.l0LxaÀte; XPTJjJatlOEL . - Jos. Ant. 13.11.3. 'ApLOt6~ouÀoç . .. XPTJjJatLoaç J.lÈv
cI>LÀÉÀÀTJVPlut. M. Anton. 54 fin. KÀEo1Tatpa.. .VEa IOLe; EXPTJjJatt(E. Diod. Sic. 1.44. Pol 5. 57.
2. » - Lexicon of the New Testament, New York, 1850, 786. Ce ne sont pas les Juifs qui
appelèrent les chrétiens ainsi, car cela aurait été reconnaître Jésus comme le Messie ou Christ.
Les Juifs appelaient les chrétiens les Nazaréens (Ac 24:5, cf. Jn 1:47) ou les partisans d'une
'secte' nouvelle (Ac 24:14, 28:22), et les chrétiens s'appelaient eux-mêmes 'disciples' (Ac
11:26), 'frères' (Ac 9:30, Ro 16:14), 'les élus' (Ro 8:33, Co 3:12), 'les saints/consacrés' (Ac
9:13, Ro 12:13), 'ceux de la voie' (Ac 9:2). L'appellation « chrétien» provenait donc de la
nécessité pour les païens de distinguer les disciples de Jésus des Juifs; cette appellation
n'était pas forcément péjorative (cf. Ac 26:28, sur la bouche d'Agrippa), mais suivait un
modèle bien établi (cf. Mt 22:16 sur Hérode/hérodiens; Platon: platoniciens, Épicure:
épicuriens, Pythagore, pythagoriciens, etc.) Il fut par la suite employé négativement
(Théophile d'Antioche, c.168, À Autolycus, I, 12: « And about your laughing at me and
calling me 'Christian', you know not what you are saying (...) besides, you call me a
Christian, as ifthis were a damning narne to bear, I, for my part, avow that I am a Christian»-
ANF) ; mais les chrétiens en firent un objet de gloire (IP 4:16). Comme en témoigne Tacite
(Ann. XV, 44) ce nom était d'usage courant à Rome en 64. Une indication de Flavius Josèphe
éclaire particulièrement bien le sens de XPlljJatL(w: vers 66, les Juifs d'Alexandrie désiraient
prendre le titre de Macédoniens (c'était une revendication, avec à la clé certaines
prérogatives), et cela leur fut accordé par l'autorité romaine: Kat XPl1jJatl.(EI.V E1TEtPEWav
MaKEôovae; : « et ils les autorisèrent à prendre le titre de Macédoniens» (GJ II, 488). André
Pelletier commente ce passage ainsi: « Sur ce sens de XPl1jJatl(w à l'actif cf. L. Robert,
Hellenica XI-XII 454-455. Notre passage est un des exemples les plus clairs, car il implique
forcément l'initiative des intéressés. Il justifierait à lui seul l'idée que, dans Actes Il,26, la
communauté d'Antioche, a pris d'elle-même la qualification officielle de « Chrétiens» (ou
« Messianistes »). » (Pelletier: 223). Qu'elle fut revendiquée par les disciples de Jésus eux-
mêmes, ou inventée par les Romains, ce qui est tout aussi possible, cette appellation provoqua
de sérieux incidents à Antioche, et contribua à identifier les chrétiens à des séditieux (cf.
Justin Taylor: 75-94).
6 Beaude : 33.
7 Voir Gertoux, Divine Name: 192. Étienne était accusé de tenir des propos contre le Temple
(Ac 6:13) et d'apostasie (Ac 6:14). Gertoux montre que l'emploi du Nom n'était pas proscrit
à l'époque, excepté bien sûr pour les blasphémateurs. Ainsi, si Étienne n'avait pas fait usage
du Nom, il aurait tacitement reconnu être un blasphémateur. C'est pourquoi on le voit
précisément évoquer l'épisode du buisson ardent, où le Nom est révélé à Moïse (Ex.3:1-15).
8 Cf. Suétone, Vie des douze Césars (Néron, 38), ou Tacite, Annales, XXXVIII-XLIV.
9 Achard, Néron: 65. Les historiens modernes sont beaucoup plus nuancés. Guy Achard
estime pour sa part que Néron n'a « aucune responsabilité dans ce désastre» (p.68).
10
C'est le début d'une longue liste d'accusations: « par la suite, les chrétiens servirent
souvent de boucs émissaires: pour la peste de 162 ramenée d'Orient par les soldats; quand
les Germains passèrent le Danube en 164 ; quand la peste se déclara à Rome en 167. Il y eut
aussi les crues du Tibre et bien d'autres catastrophes. (...) Les chrétiens furent même accusés
du vieillissement du monde. » - Beaude : 92.
11Achard, Néron: 67. C'est bien les Juifs que Claude a chassés de Rome. Et parmi eux, des
Chrétiens... On le voit, l'ambiguïté n'est pas absente des esprits.
12Annales, XV, 44, éd. Garnier-Flammarion, trad. d'après Burnouf, par H. Bornecque, 1965 :
439-440.
13Apologétique, V, 3 (Les Belles Lettres, 2002).
14
Pour certains, cette épître dite pastorale ou trito-paulinienne, ne serait pas de Paul mais
l'œuvre de proches disciples, cf. Daniel Marguerat (dir.), Introduction à l'étude du Nouveau
Testament: 42-143.
216
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15 On peut toutefois émettre de sérieuses réserves sur le martyr de Pierre à Rome. Eusèbe
rapporte ici une tradition ancienne qui semble tout droit tirée des Actes de Pierre, un
arocryphe du lIe siècle!
1 Jésus avait prédit cette situation (Lc 22:20-22). Eusèbe précise que ceux qui prirent la fuite
se réfugièrent à Pella. Dans son ouvrage Histoire des Juifs, l'historien Hirsch Graëtz émet
I'hypothèse suivante sur la retraite du gouverneur de Syrie: « Cestius, jugeant imprudent de
continuer la lutte avec des ennemis dont l'enthousiasme avait fait des héros et qui, pouvaient
faire une longue résistance, n'osa poursuivre ses avantages. Les pluies d'automne étaient
imminentes, sinon déjà commencées, et les convois de vivres devenaient impossibles. C'est à
cette considération sans doute, non à une frayeur pusillanime, qu'il faut attribuer la retraite de
Cestius. » (chapitre 12). Quoi qu'il en soit, sa retraite survolta les Juifs qui poursuivirent ses
troupes et leur infligèrent de très sévères pertes à Béth- Horon, puisque sa légion (environ
6000 soldats) fut presque entièrement décimée.
17Hadas-Lebel : 366.
18 « La destruction du Temple et ses conséquences », in : Les premiers temps de l'Église,
Gallimard / Le Monde de la Bible, 2004, p. 363.
19
Simon-Claude Mimouni, « Les chrétiens d'origine juive du 1er au lye siècle », in :
Geoltrain : 296-297.
20 K.L. Caroll, « The Fourth Gospel and the Exclusion of Christian from the Synagogues »,
in : Bulletin of John Rylands Library (1957-1958): 19-32.
21 Cf. Thiede: 73 (80 de n.è. au plus tard). Basiez: 272 opte pour la date de 85. Yoir aussi
Frédéric Manns, John and Jamnia : How the Break Occured Between Jews and Christians
C.80-100 AD, Jérusalem, 1998 : 15-30 ; D. Moody Smith, The Theology of Gospel of John,
Cambridge University Press, 1995 : 55 : « In Martyn's view [History and Theology in the
Fourth Gospel, p.58], the Benediction was revised so as to include (and exclude) notzim
(Nazarenes = Christians) and minim (heretics) by Samuel the Small, who flourished ca. 80-90.
If John was written toward the end of the first century, as on other grounds semms likely, the
coincidence of dates would be perfect. Martyn and others have linked this evidence with
statements of Justin Martyr, Diologue with Trypho (16,95,110,133), about Jews cursing
Christians in their synagogues.» D'autres estiment que l'évènement daterait entre 90 et 135,
ou après, sur la foi du passage de Berrakhot 28b-29a qui explique que la birkat ha-minim fut
composée par Samuel ha Katan (Samuelle Petit, c.80-110) à l'invitation de Gamaliel II, à
Jamnia. Cf. S.C. Mimouni, «'La Birkat ha-minim' : Une prière juive contre les judéo-
chrétiens », Revue des sciences religieuses, 1997, vol. 71/3 : 275-298).
22 Pour cet euphémisme étonnant, cf. Job 1:5 (BHS).
23 Daniélou, Le judéo-christianisme ancien: 164.
24 Cité dans de La Rochebrochard : 114.
25Ibid.
26Berakhot Y, 4, 9c.
27 Cité d'après Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité: 99 . Yo ir également
Shabbath XYI, 1, 15c.
28 Cité d'après WB&TS, La Tour de Garde du 1er
novembre 1993 : 30-31.
29 Pour une longue discussion sur la polysémie du terme minim, cf. S.-C. Mimouni, Les
chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité: 60-98. L'ouvrage A Dictionary of Jewish-
Christian Relations précise: « Nozerim and minim probably originally referred to Jewish
Christians, but likely later came to refer to Gentile Christians as well. Minim at times seems
also to refer not to a specific group, but rather to Jewish heretics in general. » (Edward
Kessler et Neil Wenborn éd., Cambridge University Press, 2005 : 60.)
30 « Le sens habituel de ce terme est 'bords' ou 'marges' d'un rouleau de l'Écriture, mais
certains critiques veulent voir ici des écrits chrétiens, notamment des Évangiles comme cela
est explicitement établi dans la version non censurée de TB Shabbat 166a où l'on trouve aussi
un jeu de mots entre gilyon aven (Ie rouleau du mensonge) et gilyon avon (Ie rouleau du
péché). » - Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité: 99.
31 Jastrow : 248-249.
217
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32
Jewish Encyclopaedia, art. gilyônim.
33
Jewish Encyclopaedia, art. min(im).
34
Herford: 157.
35 L.H. Schiffman, Who Was a Jew? Rabbinic and Halakhic Perspectives on the Jewish-
Christian Schism, HobokenlNew Jersey, 1985.
36 Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité: 100. Pour une étude détaillée, ct:
Dan Jaffé, Le judaïsme et l'avènement du christianisme - Orthodoxie et hétérodoxie dans la
littérature talmudique du Ier-Ilème siècle, Le Cerf, 2005, p.88ss, pp.31 0-311. « Dan Jaffé cite
plusieurs Sages du lIe siècle qui, tous, fustigent ces écrits. [les « guilyonim » et des « livres
des Minim »] R. Tarfon dit même qu'il faut les brûler avec les mentions du nom de Dieu
qu'ils renferment, alors que Yossi le Galiléen se montre plus modéré. Au terme de sa
présentation, Jaffé conclut que les « guilyonim » désignent certainement des textes chrétiens
appelés « Évangiles» alors que les « livres des Minim» peuvent désigner des copies de la
Torah faites par des « hérétiques» et notamment des judéo-chrétiens. Ici, il ne s'agit donc
plus de s'éloigner des judéo-chrétiens en tant que personnes, mais d'évincer leurs textes,
c'est-à-dire leur propre corpus ou les copies de la Torah qu'ils ont effectuées. » (p. Deberge,
Bulletin de Littérature Ecclésiastique, recensions d'octobre-décembre 2005).
37Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité: 101-102.
38Beaude : 59-60.
39Ep. 112:13 ; cf. C. Dauphin, « De l'église de la circoncision à l'église de la gentilité : sur
une nouvelle voie hors de l'impasse », Liber annuus - Studium biblicumfranciscanum, 1993,
vol. 43 : 223-242. Voir aussi Mimouni, Les chrétiens d'origine juive dans l'Antiquité: 48.
40
Gr. EYK"-T)~a a9Eo't1l'tOÇ
41
In : Allard: 107.
42
HE III, 18, 1.
43 Nous plaçons quant à nous l'Évangile de Matthieu une dizaine d'années après la mort de
Jésus, Marc, Luc et Actes entre 55 et 62, Jean, Révélation et les lettres de Jean entre 96 et 98,
et toutes les autres épîtres entre 50-64. TMN : 14-15. Cf Ph. Rolland, L'origine et la date des
évangiles et John A.T. Robinson, Redating the New Testament, Wipf & Stock Publishers,
2000. Si l'hypothèse de Thiede sur les fragments retrouvés dans la grotte 7 de Qumrân se
révélait exacte (mais elle est très décriée, ct: E. Puech, M.-É. Boismard, Revue Biblique 1995
T.102-4: 570-588, G. Stanton, Bible Review 11:6, 1995 : 36-42, Hans Forster, JGRChJ 2,
2001-2005, 27-35 ; ces 'réfutations' toutefois ignorent les indices internes qui penchent pour
des datations antérieures à 70), elle apporterait une éclatante confirmation à ces datations.
Thiede en effet identifie le fragment 7Q4 à une portion de 1Tm 3: 16-4:3 et 7Q5 à un passage
de Mc 6:52-53. Or les deux fragments de papyrus sont datés d'environ 50 de notre ère (ct:
C.P. Thiede et M. d'Ancona, Témoin de Jésus, R. Laffont, 1996, p.68; Papyrus Magdalen
Greek 17 (Gregory-Aland ~64): A Reappraisal', Tyndale Bulletin 46, 1995, 29-42, José
O'Callaghan, « Papiros neotestamentarios en la cueva 7 de Qumran? », Bib 53 (1972) 91-
100).
44 Pour comprendre dans quelle ambiance se trouvaient les chrétiens des deux premiers
siècles, il n'est pas inutile de considérer les écrits deutérocanoniques, esséniens, gnostiques et
apocryphes. On en trouvera une compilation assez complète dans Willis Barnstone (éd.), The
Other Bible - Ancient Alternative Scriptures, HarperSanFrancisco, 1984.
45
Les historiens actuels ne savent pas encore avec certitude si la construction d'Aelia
-
Capitolina a précédé la révolte juive et en a été partiellement responsable - ou a suivi la
défaite juive. On penchait pour la première possibilité jusqu'à la découverte d'un grand
nombre de pièces de monnaies romaines portant la mention d'Aelia Capitolina, et
surimprimées par les insurgés juifs. Gérard Nahon, Encyclopedia Universalis, art. Bar
Kokhba, vol. II : 1088.
46 Certains prétendent qu'Hadrien, fervent helléniste, et donc très influencé par les idées
antisémites greco-romaines, avait fait interdire la circoncision et l'observance du sabbat.
Aelius Spartianus, Historia augustana, Vita Hadriani, XIV, 2 va dans ce sens: « A cette
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époque-là, les Juifs initièrent la guerre, car on leur avait interdit de se mutiler les parties
génitales (quod vetabantur mutilare genitalia) ».
47Après sa défaite, les Juifs l'appelèrent Bar Kosiba, le « fils de la déception ». Eusèbe nous
-
en dit: « Un homme du nom de Bar Kokhébas - nom qui signifie étoile était alors à la tête
des Juifs. Il était par ailleurs un meurtrier, et un bandit, mais par suite de son nom, il régnait
sur eux comme sur des esclaves: ils voyaient en lui une lumière venue pour eux du ciel,
miraculeusement destinée à les éclairer dans leurs malheurs», HE IV, 6, 2.
48
49
Ceci suscita l'enthousiasme du peuple, au détriment des Chrétiens - ct: Gérard Israël: 146.
XPLOtUxVouç llovoUÇ : non pas seulement aux chrétiens (il fut aussi cruel avec les Grecs et
les Romains) mais aux chrétiens en particulier, d'une haine plus religieuse que politique,
puisque ces chrétiens étaient aussi des Juifs. Cf. Eusebius Pamphilius, Church History, Life of
Constantine, Oration in Praise of Constantine, éd. P. Schaff: New York: Christian Literature
Publishing Co., 1890 : 266.
50 Justin, Œuvres complètes, Paris, 1994; ce passage est d'ailleurs textuellement cité par
Eusèbe, HE IV, 8, 4.
51 Voir Ernest Renan, « Jérusalem a-t-elle été assiégée et détruite une troisième fois sous
Adrien? ». En fait, les historiens antiques ne parlent pas du siège de Jérusalem, mais de sa
ville voisine, Béthar. Pour plusieurs raisons, dont l'accomplissement de Zac 14:1ss,
l'amalgame entre Béthar et Jérusalem s'instaura chez les écrivains (notam. Tertullien, Jean
Chrysotome, Jérôme) jusqu'à conduire à des invraisemblances comme des dates de chute
identiques.
52Cyrille de Jérusalem dans ses Catéchèses baptismales, nous livre une intéressante réflexion
destinée aux Juifs qui refusent d'accepter le Nouveau Testament, en démontrant que ceux-ci
sont entièrement juifs: ({Ce sont des hébreux qui ont écrit cela (le Nouveau Testament). Les
apôtres sont tous des hébreux. Pourquoi donc refusez-vous votre foi à des juifs? Matthieu qui
a écrit l'Évangile l'a écrit en hébreu; et Paul, le héraut, était hébreu, descendant d'hébreu; et
les douze apôtres sont fils d'hébreux. Ajoutez que les quinze évêques sont fils d'hébreux.
Pour quelle raison donc accueillez-vous vos propres allégations, tandis que vous rejetez les
nôtres, même écrites par des hébreux, gens de votre race?» -
Catéchèse XIV, 15.
53 Matthieu 23:9 : « Et ne donnez à personne sur la terre le nom de Père, car il n'est pour vous
qu'un seul Père, celui des cieux».
54
Nous entendons par cette expression les « hommes qui, selon la tradition, ont été en relation
avec les apôtres », Quéré, Les Pères apostoliques: 10. Sauf mention contraire, les citations
des Pères apostoliques que nous ferons seront tirées de cette édition.
55
Nous entendons par ce mot « l'identité, la nature attribuée au Christ ». Grosso modo, une
christologie « basse» correspond à une doctrine qui enseigne que Jésus était un humain,
tandis qu'une christologie « haute» voit en Jésus une divinité, voire Dieu lui-même.
56
Le mot est une invention d'un Père apostolique, justement, Ignace d'Antioche: Lettres aux
Magnésiens,10.1 ÙJ.&8wllEV Kat£XXptottavtaJ..l0v (i;v « apprenons à vivre selon l'esprit du
christianisme» )
57
Il cite notamment ces personnages bibliques de l'Ancien Testament: Abel, Caïn, Abram,
Jacob, Josué, Rahab, Lot, les habitants de Ninive, Job, Moïse, David, Daniel...
L'argumentation procède un peu comme dans l'épître de Jude, à la manière de la haggada
juive.
58 Bien qu'il ait défendu l'idée que Dieu n'est pas nommable (De Vita Mosis I, 75 ; II, 207-
208), Philon (philosophe juif: c.20-50 av.J.-C.) connaissait le Nom divin, puisqu'il décrit lui-
même le pectoral du grand-prêtre paré du tétragramme (De Vita Mosis II, 114-132). De même,
Flavius Josèphe, qui confesse à ses lecteurs qu'il ne peut leur révéler le Nom (AJ II, 275), fait
allusion à cette tiare en expliquant qu'il y a quatre voyelles (GJ V, 235). Le paradoxe (il n'y a
pas de voyelles en hébreu et Josèphe le savait, bien sûr) disparaît si l'on tient compte des
mères de lecture. Certains ont suggéré la prononciation lAUE, mais Gertoux montre que, lu
comme quatre voyelles, le Nom se prononce IHÔA (Divine Name: 112-113). Le H était
inaudible, et n'existe d'ailleurs pas en grec. Cette prononciation est d'ailleurs en remarquable
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87
Le problème du mal est sans doute le fondement de la gnose, qui rejette l'idée que le monde
puisse avoir été créé par Dieu. Cf. Celse III, 80 ; Daniel-Rops, L'Église des apôtres...: 337-8.
88 « Such changes prove that the autographs of the books of the New Testament were no
longer in existence, otherwise an appeal would have been made directly to them. Their early
loss is not surprising, for during persecutions to the toll taken by imperial edicts aiming to
destroy all copies of the sacred of Christian must have been heavy. Futhermore, simply the
ordinary wear and tear of the fragile papyrus (...) would account for their early dissolution. It
is not difficult to imagine what would happen in the course of time to one much-handled
manuscript, passing from reader to reader, perhaps from church to church (see. Col. IV.16)
and suffering damage from the fingers of eager if devout readers as well as from climatic
changes. » - The Text of the New Testament, B.M. Metzger, p.20 1.
89 In : Daniel Marguerat éd., Introduction au Nouveau Testament: 455-456.
90 Michel Tardieu: 405.
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Nigaud et filou!
Conserve ce qui est écrit,
ne le change pas!
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- Autour de l'an 100 commence une période nouvelle, à la fois obscure et décisive.
Tous les apôtres ont disparu. Les églises ont conservé leur souvenir et se réclament
de leur autorité. L 'œuvre du Fondateur se trouve désormais entre les mains de chefs
qui ne l'ont pas rencontré, qui ne le connaissent que par la tradition orale, que les
générations se transmettent et par le récit des évangiles qui ont fIXé l'essentiel de
son enseignement. (...) La pensée chrétienne va-t-elle demeurer liée à la culture
sémitique ou se mouler dans les cadres de la pensée grecque? - A.G. Hammam2
- Sans doute, la graine semée par Jésus était juive, donc juive aussi la première
pousse,. mais le sol nourricier qui lui a prêté ses sucs et safertilité, qui afait d'elle
un arbuste vigoureux, puis un arbre bien enraciné, ce sol était hellénistique:
l'Orient et la Grèce y mêlaient leur substance féconde. Que la religion nouvelle ait
reçu à Antioche la consécration d'une désignation particulière, que ce soit dans
cette métropole du monde hellénistique qu'on ait, pour la première fois, nommé
chrétiens les Nazaréens, c'est là unfait qui se hausse de lui-même à la dignité d'un
très éloquent symbole. À vrai dire, il est permis de penser que bien des influences
hellénistiques n'ont point pénétré directement dans le christianisme premier, mais
qu'elles ne l'ont touché qu'à travers lejudaïsme dont elles avaient, antérieurement,
fait la conquête partielle. - Charles Guigneberf
Aucun des Pères apostoliques n'était Juif. Ainsi, tout ce qui était
implicite dans la théologie des premiers chrétiens disciples de Jésus - la
nature de Dieu, sa relation avec l'humanité - n'allait plus de soi. Tout devait
être explicité, et donc repensé à travers des schémas mentaux différents. En
effet, tel que décrit dans la Bible, Jéhovah n'apparaissait pas aux païens
comme un Dieu transcendant4, car il s'était révélés. Or, toute révélation
implique que la Divinité établisse une forme de contact avec ses créatures,
qui expérimentent alors Sa manifestation. Il n'y a donc plus transcendance à
proprement parler, et ce quelle que soit la nature véritable de la Divinité qui
se manifeste6.
Bien que les Grecs aient été eux-aussi, d'après leurs légendes et leurs
épopées, plus harcelés que choisis par de multiples divinités s'ingérant dans
leurs affaires - des divinités, donc, non-transcendantes - cette époque était
révolue7, et l'on s'était habitué à théoriser la nature des divinités et à les
placer dans des sphères plus conceptuelles que réelles, et par conséquent du
seul ressort de l'esprit humain (conception à rapprocher de l'immanence8).
Cet antagonisme eut des effets pernicieux sur le Nom. Là où les judéo-
chrétiens n'avaient pas de scrupules à nommer Dieu - c'était la moindre des
choses puisqu'on le considérait comme un Personnage réel et révélé - les
pagano-chrétiens, préparés par Platon9, refusaient de le nommer, prétextant
l'infinie supériorité de Dieu, et niant par là, subrepticement, sa révélation.
Platon avait enseigné que nommer Dieu n'était pas concevable, car aucun
nom ne lui seyait parfaitement, et que, dans tous les cas, il n'était pas
possible pour l'homme de l'appréhender et de discourir véridiquement à son
sujetlO.
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Cratyle 400d
Hermogène. [...] Mais pour les noms des dieux, ne pourrions-nous pas,
comme tu l'as fait tout à l'heure en parlant de Zeus, examiner de la même
manière ce qui fait lajustesse des noms qu'ils ont reçus?
Socrate. Par Zeus, Hermogène, si nous étions raisonnables, il y a bien une
manière, la plus belle, c'est de dire en parlant des dieux que nous ne savons
rien ni de leurs personnes, ni des noms (1TEpt8EWV OUÔEVtOIlEVOU1:'E 1TEpt
Il
au1:'WVOU1:'E1TEpt1:'WVoVOlla1:'Wv)dont ils s'appellent entre eux [...]
Timée 28c12
Quant à l'auteur et père de cet univers, il est difficile de le trouver, et, après
l'avoir trouvé, de le faire connaître à tout le monde 13.Tov IlEVouv 1TOt ll1:'llV
Kat 1Ta1:'Epa 1:'OUÔE 1:'OU 1TaVtoe; EUPEtV tE EPYOV Kat EupOVta Etc; 1TaV1:'ac;
aÔUva1:'OV ÀEQ>EtV
Parménide 142a
Ainsi, il n'a pas de nom; et on n'en peut avoir aucune description, ni aucune
connaissance, perception ou opinion.TA Ouô'apa ovolla au1:'WOUÔEÀoyoe;
OUÔE ttc; E1Tt01:'llllll OUÔE ato81lotC; OUÔE ôoça
Justin (c.100-165)
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très familiarisé avec les écrits de Platon, Justin se fait chrétien. Sa vision de
Dieu ne pouvait qu'être influencéel4 par l'idée de le placer hors du monde
sensible. Ses écrits abondent en ce sens:
Première Apologie
-Dieu (...) n'est appelé par aucun nom propre - 10
-À cette cérémonie de l'eau, nous ne donnons à Dieu d'autre nom que celui
de Dieu; car qui pourrait donner un nom au Dieu ineffable? et n y aurait-il
pas folie à dire même qu'il a un nom? - 61
- Tous les Juifs, encore maintenant, enseignent que c'est le Dieu ineffable
qui a parlé à Moïse - 63
Seconde Apologie
- le Dieu non engendré et ineffable (app1]Tov)est témoin de nos pensées et de
nos actions - 12, 4
- Le Père de l'univers n'a pas de nom (ovop,a... OUK éGTl), parce qu'il est
inengendré. Recevoir un nom suppose en effet quelqu'un de plus ancien qui
donne ce nom. 2 Ces mots Père, Dieu, Créateur, Seigneur et Maitre ne sont
pas des noms, mais des appellations motivées par ses bienfaits et ses
actions. - 6, 1-2
- car il (Christ) est la puissance du Père ineffable (TOUapp1]TOUrraTpoç)et
non une production de la raison humaine - 10 ,8
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- De façon précise l'Esprit Saint a fait connaître par ces paroles trois
choses: - la génération du Seigneur: elle vient de la Vierge,. - son être: il
est Dieu, car son nom d'Emmanuel signifie cela même,. - sa manifestation,
enfin: il est homme. - III, 21, 4
- Et ainsi se manifeste tun seul Dieu Père, qui est au-dessus de toutes
choses, à travers toutes choses et en nous tous. ' Car au dessus de toutes
choses, il yale Père, et c'est lui la tête du Christ,. à travers toutes choses, il
yale Verbe, et c'est lui la tête de l'Église. - V, 18,2
228
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A 1:'CXp KCXL1:'0 1:'Etpcxypcx~~ov OVo~CX 1:'0 ~UatLKov 0 1TEpLEKELV1:'O OLÇ ~OVOLÇ 1:'0
CXÙUtOV pcxaL~ov T}V - ÀEYEtcxL ÔE laouE 0 ~E8Ep~ T}VEUE1:'CXL 0 WV KCXL 0
Mais si Clément connaît le nom de Dieu, ce n'est pas pour autant qu'il
considère que Dieu soit nommable. Plusieurs fois il déclare, comme Justin,
que Dieu est ineffable et insaisissable: « Dieu recule sans cesse et fuit loin
de celui qui le poursuif8. »
Dans son étude intitulée « Transcendance et proximité de Dieu dans le
christianisme ancien », Riemer Roukema, après avoir décrit l'interprétation
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Et s'il nous arrive de lui donner un nom, ce n'est qu'improprement que nous
l'appelons l'Un, ou le Bien, ou l'Intellect, ou l'Être en soi, ou Père, ou Dieu,
ou Créateur, ou Seigneur: ces mots, nous ne les prononçons pas comme son
nom; mais, faute de mieux, nous recourons à de beaux noms, afin que la
pensée puisse y prendre appui, sans s'égarer ailleurs. Aucun de ces termes,
pris séparément, ne peut désigner Dieu, mais tous ensemble ils servent à
indiquer la puissance du Maître universel; car les mots forment des paroles
au moyen des propriétés qui leur sont attachées, ou par leurs relations
mutuelles; or on ne peut rien saisir de tel à propos de Dieu. (oo.)Il en résulte
que c'est par grâce divine et par le Logos seul qui vient de Dieu qu'on peut
concevoir l'Inconnu. [Stromates V,82,1-2.4]
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. Ascension d'Isaïe 1:7: Gloire au Seigneur dont le Nom n'a pas été
révélé à ce monde ,. gloire au Bien-Aimé de mon Seigneur.
. Ascension d'Isaïe 7: 12 : Et je célévrerai Celui qui n'a pas de nom et le
Tout-Puissant qui habite dans les cieux et dont le nom est un mystère
pour les mortels.
. Ascension d'Isaïe 8:7 : C'est là qu'habitent Celui qui n'est pas nommé,
ainsi que son Élu, dont le nom est inconnu, et que tous les cieux ne
sauraient pénétrer.
. Ascension d'Isaïe 9:5 : Il me dit alors: Celui qui a voulu t'empêcher
réside au-dessus des splendeurs du sixième ciel. Et celui qui a obtenu
pour toi la permission de monter est Dieu, ton Seigneur, le Seigneur
Christ, qui dans le monde doit s'appeler Jésus ,. mais personne ne peut
comprendre ce nom mystérieux: il faut quitter son enveloppe corporelle
et monter jusqu'ici.
. Evangile de Philippe II,54.5-8 : Un seul nom n'est pas prononcé dans le
monde, le Nom que le Père a donné au Fils, le nom qui est au dessus de
tout: le nom du Père.
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Tout comme les Grecs, les Romains étaient habitués à honorer toutes
sortes de divinités. Mais un fait nouveau apparut vers 27 av.n.è. : en
accédant au pouvoir, César Auguste - dont le fameux prédécesseur était un
certain Jules César, qui s'était attribué une ascendance divine - instaura une
ère nouvelle de paix dans le monde romain, et fut acclamé comme
« sauveur» (soter). Or il eut, à l'égard de l'enthousiasme populaire qu'il
suscitait, une attitude ambiguë42.Au sujet du processus de sa divinisation, le
Dictionnaire Daremberg et Salio (1877)43explique: « Quant à la conduite
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que tint Auguste au sujet de l'introduction de son culte dans Rome et dans
l'Italie, les écrivains ne sont pas entièrement d'accord. Dion Cassius prétend
que dans toute l'Italie personne n'osa lui rendre les honneurs divins de son
vivant; mais cette affirmation est démentie par les inscriptions. Elles nous
montrent que, pendant qu'il vivait encore, il avait des prêtres et des temples
à Pise, à Pompéi, à Assise, à Préneste, à Putéoles, et dans d'autres villes
importantes; il faut donc s'en tenir à l'opinion de Suétone qui nous dit que,
tant qu'il vécut, il n'interdit son culte que dans Rome (in urbe quidem
pertinacissime abstinuit hoc honore) ; encore essaya-t-on de bien des
manières de lui faire violence. Il ne put empêcher que dans les chapelles
domestiques ou ne lui élevât des autels où l'on venait attester sa divinité.
(...) Ce n'est qu'après qu'il fut mort à Nola, l'an 767 de Rome (14 après
JC.), qu'on lui accorda les hommages qu'il avait en partie refusés pendant sa
vie. Le cérémonial qu'on imagina à cette occasion servit de précédent et fut
presque toujours employé dans la suite, quand on accorda l'apothéose à
quelqu'un de ses successeurs. C'est au sénat qu'était réservé le droit de
reconnaître et de proclamer le nouveau dieu; il lui revenait d'après la
législation romaine. Cependant, dans la suite, les empereurs l'ont
quelquefois revendiqué pour eux. Après que le sénat eut décerné l'apothéose
à Auguste, son corps fut enfermé dans un cercueil couvert de tapis de
pourpre et porté sur un lit d'ivoire et d'or. Au-dessus du cercueil on avait
placé une image en cire, qui le représentait vivant et revêtu des ornements du
triomphe. »
À GAUCHE: CONSECRA TIO S(ENA TUS) C( ONSUL TO), CONSECRATION - PAR DECRET DU
SENA T. À DROITE: DIVUS AUGUSTUS PATER (DIVIN AUGUSTE PERE)
Parmi les monuments dressés à son honneur après sa mort figurent celui
construit sous Tibère, et inauguré par Caligula, ou encore celui que fit
construire son épouse Livie, au Palatin. Des pièces le qualifiant de « Zeus
incarné », ou « Fils de Dieu digne d'adoration» furent frappées. Et même un
collège de prêtres (sodales Augustales) ou des jeux (ludi Augustales) furent
institués en son honneur. Sans parler, bien sûr, du mois calendaire qui prit
son nom (Augustus). Dès lors, la coutume de diviniser les empereurs
s'instaura, comme en témoigne l'ouvrage Rome et son Empire: «Une
véritable explosion du culte impérial avait suivi la divinisation d'Auguste, en
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14, à Rome et dans tout l'empire, culte qui englobait la famille du prince
(domus divina) et favorisa la transmission héréditaire du pouvoir44.»
Tibère (14-37) instaura le culte divin (honores eoelestes) pour son
prédécesseur. Caligula (37-41) fut adoré de son propre vivant, et se
proclama nouveau dieu (Néos Hélios). Il tenta même d'ériger une statue de
Zeus (à sa ressemblance) dans le temple de Jérusalem, mais son projet
échoua. Sous Claude (41-54) et Néron (54-68), le culte impérial attint des
sommets aussi extravagants que ridicules (bien que le Sénat ne leur accorda
pas la consécration posthume).45 Enfin, Domitien (81-96) décréta qu'il
devait être adoré sous l'expression « Dominus et deus noster », « Notre
Seigneur et Dieu46.» Un autre pas fut franchi par Dioclétien (284-305), qui
institua l'adoratio, rite imposant aux dignitaires romains de s'agenouiller
régulièrement devant l'empereur.
DIVUS AUGUSTUS SC
Divin Auguste, par décret du Sénat
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C'est un fâcheux présage que de donner le titre de dieu à César avant son
apothéose. Sache que tu lui veux du mal et que tu lui souhaites du mal, en lui
donnant ce nom, en l'appelant dieu de son vivant, car il ne reçoit ce nom que
quand il est mort. » - Apologétique 34, 3_450
Paul et Barnabé
Lorsqu'ils se trouvaient à Lystres, Paul et Barnabé furent confrontés à
des habitants qui, après avoir assisté à un miracle, se mirent à croire qu'ils
étaient en fait des dieux:
À la vue de ce que Paul avait fait, la foule éleva la voix, et dit en
langue lycaonienne: Les dieux sous une forme humaine sont
descendus vers nous. Ils appelaient Barnabas Jupiter, et Paul
Mercure, parce que c'était lui qui portait la parole. Le prêtre de
Jupiter, dont le temple était à l'entrée de la ville, amena des
taureaux avec des bandelettes vers les portes, et voulait, de même
que la foule, offrir un sacrifice. - Actes 14: 11-13
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Hérode Agrippa
À l'occasion d'une fête en l'honneur de César, alors que, paré de ses
habits royaux, Hérode Aggripa haranguait l'assistance avec verve, la foule
s'écria:
Paul encore
Paul, qui à Lystres, avec son acolyte Barnabas, s'était déjà vu affublé
des honneurs divins, le fut de nouveau à Malte:
Paul ayant ramassé un tas de broussailles et l'ayant mis aufeu, une
vipère en sortit par l'effet de la chaleur et s'attacha à sa main.
Quand les barbares virent l'animal suspendu à sa main, ils se dirent
les uns aux autres: Assurément cet homme est un meurtrier, puisque
la Justice n'a pas voulu le laisser vivre, après qu'il a été sauvé de la
mer. Paul secoua l'animal dans le feu, et ne ressentit aucun mal. Ces
gens s'attendaient à le voir enfler ou tomber mort subitement; mais,
après avoir longtemps attendu, voyant qu'il ne lui arrivait aucun
mal, ils changèrent d'avis et dirent que c'était un dieu. - Actes 28 :3-6
Où l'on voit avec quelle effrayante rapidité il était possible de passer aux
yeux de la plus simple et versatile population du statut de meurtrier à celui
de dieu!
Jésus
Un dernier exemple, bien que disputé52,est contenu en Marc 15:39. Un
centurion romain s'exclame au sujet de Jésus:
Une étude effectuée par Tae Hun Kim53 tend à montrer que l'expression
« Fils de Dieu » (en grec uioc; 8EOÛ)fait écho au latin divi filius (litt. du divin
[le] fils), caractéristique du langage du culte impérial (Auguste, Tibère,
Néron, Titus et Domitien ont bénéficié de ce titre)54. Car être fils d'un dieu,
cela revenait à être aussi un être divin55.
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Quant à ton Dieu, on l'a saisi en personne, on l'a étendu sur la croix, torturé
et jamais ses justiciers n'en ont éprouvé le moindre dommage. - Celse, Discours vrai IV, 104
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Une soif dévorante brûlait les muqueuses. Le corps entier n'était que
douleur62.» Si nous prenons la peine d'évoquer la Passion du Christ, c'est
qu'elle a un rapport paradoxal avec sa divinisation. Daniel-Rops toujours
nous le fait pressentir: « De cette instrument d'infamie, le christianisme a
fait l'emblème de sa fierté63.»
Mais c'est le professeur Gerd Theissen qui nous en explique la cause,
plus profonde et moins reluisante: « L'élévation de Jésus à un statut divin
servait à la maîtrise cognitive d'une dissonance. (...) Accroître la valeur par
l'imagination est souvent une compensation psychologique pour une
diminution de valeur réelle mais non avouée. (...) La dissonance religieuse
qui devait être surmontée était la contradiction entre les attentes qui s'étaient
portées sur un personnage charismatique enveloppé d'une aura messianique,
et son échec sur la croix64. »
Le récit évangélique ne se lasse pas de nous montrer des disciples ne
comprenant pas les faits et gestes du Maître (c'est même un procédé
littéraire dans le quatrième évangile). Qu'il fût Christ, certes on l'avait
accepté (Mt 16:16). Qu'il dût passer par beaucoup de souffrances, mourir, et
être relevé le troisième jour, en revanche, était déjà plus problématique (Mr
9:31.32 ; Ac 1:6). La tradition juive avait toujours imaginé et ardemment
attendu un Messie guide et guerrier65,amené à régner temporellement:
Mais nous, nous espérions que ce serait lui qui délivrerait Israël- Luc 24:21
Alors les apôtres réunis lui demandèrent: Seigneur, est-ce en ce temps que
tu rétabliras le royaume d'Israël? -
Actes 1:6
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Ce qui frappe ici, c'est que Paul transfère la formule heis theos (c'est-à-dire
un terme clé du monothéisme strict) sur le Christ, et en fait la formule heis
Christos. Le « seul Dieu» devient le « seul Seigneur». Cette translation de
prédicats divins sur Jésus est renforcée par l'expression « tout» qui est
rapportée de la même manière aux deux: à Dieu et au kyrios68. »
- l'élévation de Jésus comme réaction au culte impérial: par la
démonisation de l'empereur et l'élaboration d'une christologie en opposition
aux apothéoses d' alors69.
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juive, la messianité, trop étroite, trop ethnique, vers une notion universelle
et plus facilement acceptable, la divinité. D'après Guignebert, et comme
nous venons déjà de le voir, l'attribution du titre kyrios à Jésus, et le
processus de sa divinisation a pour origine « les croyances et les habitudes
de l' Orient75», à savoir:
1- le culte des souverains et spécialement celui de l'Empereur: celui-ci
relève du phénomène d'intensification de la conviction
fondamentale monothéiste mentionné plus haut,
2- le culte des dieux Sôters (l'Artémis éphésienne est Kyria, de même
que la Magna Mater phrygienne, ainsi que Zeus-Sabazios76,
Dionysios, les Baalim syriens, Atargatis, Mardouk, Isis, Hermès-
Thot, Osiris et Sérapis77...): ici nous retrouvons comme prévu la
surenchère par rapport à la concurrence évoquée plus haut.
Non sans quelque ironie, Proudhon avait souligné la nécessité de cette
surenchère: {(Le Nom de Seigneur, donné au Dieu, est propre à tous les
dieux; c'est leur qualificatif commun, chaque cité considérant son Dieu
comme son souverain. BAAL est maître, Moloch, roi, Adonaï seigneur,
comme Dominus, Jupiter est roi, souverain maître, Junon reine, Diane reine,
Astarté ou Vénus, reine78.»
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1 Jean 5:20 : dLôa~Ev ôÈ O't'L ô uLoc; 't'OÛ SEOÛ ~KEL Ka), ÔÉÔWKEV ~~lv
ôLCXVOLavlva YLVWOKWJ.LEV -COV àÀ"SLVOV, Ka), EOJ.LÈVEV -ce.\>àÀ"SLVe.\>, EV -ce.\>
uLe.\>aù-coû '1"ooû XpLO't'e.\>. oU't'OC; EO't'LV ô àÀ"SLVOC; SEOC; Ka), 'W~ aLwvLoc;.
Nous savons aussi que le Fils de Dieu est venu, et qu'il nous a donné
l'intelligence pour connaître le Véritable; et nous sommes dans le Véritable,
en son Fils Jésus-Christ. C'est lui qui est le Dieu véritable, et la vie
éternelle81.
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Jean 17:3 : Or, la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent, toi, le seul vrai
Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ.
Le propos, dans les deux textes, est exactement inverse, alors que
vocabulaire et contexte sont similaires. Marie-Émile Boismard, qui
décortique la naissance des dogmes dans son ouvrage À l'aube du
christianisme, pense que ces passages sont « les témoins de deux courants
opposés dans l'Église primitive. Selon l'un, Jésus est Dieu. Selon l'autre,
Jésus n'est qu'un homme. Cette constatation nous invite à nous demander si
le Christ fut tenu pour Dieu dès l'aube du christianisme ou si cette
conviction ne serait pas le résultat d'une réflexion christologique dont il
serait possible de reconstituer les différentes étapes. »85 Ces deux courants,
selon lui, pourraient être dus à une ou plusieurs surcharges des textes: c'est-
à-dire que des rédacteurs différents auraient retouché les textes pour les
conformer à leur christologie. Comment concilier, en effet, des passages
aussi différents:
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Pour Boismard cette fois-ci, après analyse, pas de surcharge qui tienne:
les passages « ne peuvent pas être du même auteur 91»; ils représentent deux
courants différents. Mais là encore, l'ambiguïté linguistique n'est pas
déterminante92 : certaines versions ont rendu le passage de Tite 2: 13 ainsi:
« en attendant la bienheureuse espérance, et la manifestation de la gloire du
grand Dieu et de notre Sauveur Jésus -Christ» (LSG). Et de même pour les
versions d'E. Arnaud, J.B. Glaire, H. Oltramare ou A.Chouraqui.
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Kyrios**
Septante (LXX)
Io YHWH I YHWH & Kyrios I
25 50 75 100 125 150 175 200 225 250 275 300 325
çp52(ca 100-125), qui est détérioré au passage qui confirmerait son emploi
* À l'exception du
ou non des nomina sacralO5, et du çp90 (c.150-17 5), qui contient l'unique abréviation IHC,
sans mention du Nom (fragment de Jn 18:36-19:7)106.
** Les manuscrits faisant allusion au Nom qui entrent dans cette période sont les suivantsl07 :
çp46, sp66
Yers 200 :
-
II III : Çp77,0189
III : çpl, çp4, çp5, çp20, çp23, çp30, çp40, çp45, çp47, çp65, çp70, çp75, çp9I, spI3
-
III IY : çp72, çp78
Yingt en tout. Sur ces vingt, du fait de leur état moins fragmentaire, seuls deux manuscrits
présentent un intérêt réel pour élucider l'emploi du Nom un siècle après les autographes: çp45
et çp46.On y découvre les nomina sacra (voilà pourquoi la présence ou non de ces mêmes
abréviations suscite les passions dans le çp52). Cependant, on est bien loin des 5000
manuscrits (5745 à la date actuelle) censés faire foi, comme le prétend Lynn Lundquist.
Après avoir étudié 237 passages où une référence est faite à Jéhovah dans le NT,
parallèlement au support manuscrit parvenu jusqu'à nous, Mazzaferro conclut: « Qu'est-ce
que tout cela signifie-t-il donc? Cela signifie que nous avons seulement 20 manuscrits
antérieus au Ive siècle, tous de la région d'Égypte. Deux seulement parmi ces 20
manuscrits couvrent la majorité des références [au Nom] et datent entre 80 et 120 ans après
les autographes originaux. Ce sont des témoins inestimables pour notre connaissance du
NT, mais indéniablement non concluants au regard de l'emploi du Tétragramme dans le
NT. Nous n'avons qu'une poignée de manuscrits, un très faible pourcentage des manuscrits,
peut-être des centaines, voire des milliers, qui pouvaient exister à l'époque. Beaucoup d'entre
eux pourraient avoir employé le Tétragramme. »108
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Il est aisé de constater que les prétendus « dieux» et « seigneurs» ne sont pas distingués
par l'abréviation honorifique du nomen sacrum, tandis que le vrai « Dieu» et « Père» est
abrégé (et « désécularisé »). En français, cela pourrait donner:
Enfm, concernant la ligne éditoriale évoquée comme notre raison 3, il n'est pas
inintéressant de déterminer la provenance de plus anciens manuscrits en notre possession,
dont le contenu renseigne sur l'emploi du Nom dans les citations de l'AT.
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~77, ~l, ~5, ~20, ~23, ~30, ~70, ~13, ~78 Oxyrhynque
SJ54 Coptos
~40 Qarara
~65 Egypte (papyrus acheté au Caire en 1931, sa
localisation avant cet achat n'est pas connue)
0189, ~91 inconnue
À deux exceptions près (et qui ont toutes chances de ne pas en être), tous les manuscrits
proviennent d'Égypte. Ceci s'explique bien sûr par le climat: chaud et sec, notamment à
Oxyrhynque (actuelle Behnesa). Une curiosité apparente - le fait qu'on ait rien retrouvé à
-
Alexandrie s'explique de même par le climat, qui y est plus humide. Du fait de la
persécution de Dioclétien en 303 (HE VIII,2,4), il est aussi probable que de nombreux
manuscrits furent transférés d'Alexandrie vers la zone plus retirée d'Oxyrhynque. Or, ces
témoins égyptiens très anciens qui emploient les nomina sacra soulèvent une question
fondamentale: sont-ils représentatifs des autographes?
On sait qu'Alexandrie était à l'époque un grand centre culturel (la LXX y avait vu le
jour)1l5. C'est là que se trouvaient la fameuse bibliothèque au demi-million de volumes116,le
Musée (une université avant la lettre), le fameux Phare... Quantité de savants y vivaient ou
venaient s'y instruire (Callimaque, Apollonius de Rhodes, Aristarque.. .). C'était un centre de
reproduction des œuvres grecques classiques où l'on comptait de nombreux scribes
professionnels bien entraînés 117,et on y connaissait même la critique textuelle.118Quand la
première persécution frappa Jérusalem (Ac Il: 19), et que les judéo-chrétiens s'enfuirent de la
Ville Sainte, il est vraisemblable que beaucoup trouvèrent également refuge à Alexandrie
(outre Antioche, autre grand centre de l'époque), puisqu'une importante communauté juive y
vivait1l9. Eusèbe nous renseigne même sur une école des « lettres sacrées» (un didascalée)
fondée à Alexandrie, où des érudits professaient avec « éloquence [...] et [...] zèle les choses
divines. » (HE V,lO,l). Il n'est donc pas étonnant qu'Apollos, originaire d'Alexandrie, ait été
« éloquent et versé dans les Écritures» (Ac 17:28). Du fait donc des pratiques scribales
avancées qui avaient court à Alexandrie (mais aussi dans les provinces rurales d'Égypte
comme Fayoum ou OxyrhynqueI20),il ne semble pas étonnant que la famille des textes dits
« alexandrins» soit considérée comme fidèle représentante du texte original du NT121.Cela
fait dire à Philip Comfort: « Opérant comme les plus anciens critiques textuels du Nouveau
Testament, les scribes alexandrins ont sélectionné les meilleurs manuscrits et ont ensuite
produit un texte qui reflétait ce qu'ils considéraient être le texte original. (...) Zuntz avance
également (...) que, vers le milieu du deuxième siècle, l'évêché d'Alexandrie possédait un
scriptorium qui, par son rendement, a fIXéla norme pour le type alexandrin des manuscrits
bibliques. Cette norme pourrait avoir comporté la codification des nomina sacra, l'emploi des
codex, et d'autres procédés littérairesl22.»
Cette norme indique que, même si l'école alexandrine, déjà habituée à la copie
rigoureuse des textes, a su conserver une tradition d'exactitude (dont ont fait grand cas
Westcott et Hort), elle peut l'avoir préalablement standardisé par des éléments comme les
nomina sacra -
ce qui expliquerait que tous les plus anciens manuscrits en notre possession
123
comportent cette particularité.. .chrétienne, et peut-être bien alexandrine!
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La présence des nomina sacra dans ces témoins anciens ne contredit donc pas la thèse du
tétragramme dans les autographes, ni même dans ses premières copies judéo-chrétiennes. Elle
indique seulement que, très tôt, le texte fut pris en charge, formatté, copié, et répandu. C'est
même, en soi, un bon signe au regard de la transmission du Nouveau Testament.
C'est sans doute à Alexandrie que ce système des nomina sacra vit le
jour: « il est très vraisemblable que l'évangile chrétien a été d'abord amené
à Alexandrie par des Judéo-chrétiens depuis la Palestine. Ceci expliquerait
pourquoi les nomina sacra apparaissent dans pratiquement tous les anciens
papyrus découverts en EgypteI25.» D'après Roberts, ces nomina sacra
appartiennent « à la plus ancienne strate de la foi chrétienne et pourraient
bien être contemporains du premier écrit chrétien autorisé et faisant
autoritéI26.» Autrement dit, la première édition du texte, mais pas
nécessairement les autographes eux-mêmes. Cette uniformité dans l'emploi
du système des nomina sacra suggère fortement que la transmission du texte
du NT n'a pas été aussi libre qu'on le pense habituellement, par des scribes
de fortune plus ou moins isolésl27.
Il faut même aller plus loin, et signaler l'hypothèse de David Trobisch :
« les nomina sacra pourraient résulter de la répugnance juive à traduire le
tétragramme en un équivalent grec quand ils transcrivaient l'Ancien
Testament, et ces scribes de la première heure écrivirent simplement le nom
divin en hébreu dans le manuscrit grec. Les Judéo-chrétiens, cependant,
semblent avoir rendu le tétragramme par KUpLOÇ. Le problème survient quand
les écrivains du Nouveau Testament eurent à distinguer JHWH et Seigneur.
Les scribes pourraient bien avoir à l'origine distingué les deux en écrivant
KUpLOÇ pour JHWH et KC quand il s'agissait de Christ comme Seigneur. À
la longue, cette distinction a été perdue par les scribes, et l'usage des nomina
sacra s'est étendue à tous les nomina divina et autres termes théologiques
sacrés dans le Nouveau Testamentl28. )}
On ne possède pas de trace évidente qui permettrait d'établir avec
certitude de quelle manière était réalisée la distinction (KC pour Jéhovah,
ou pour Jésus; on sait seulement que les copistes étaient sensibles au
contexte). Ce qui est clair, c'est qu'il y avait une distinction et que celle-ci
avait un rapport avec le tétragramme. On le constate dans le Codex
Prophetarum Vaticanus 2125129 daté du VIe siècle qui montre une
réminiscence de la substitution du tétragramme par les nomina sacra: KUpLOÇ
y est abrégé normalement par le nomen sacrum KC, tandis qu'une note en
marge signale qu'il y avait là le tétragramme (retranscrit IIIIII par le scribe
qui, de toute évidence, ne connaissait pas l'hébreu i1,i1\ mais savait l'origine
252
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.
Seigneur YHWH du Seigneur Jésus.
« Morio s'emploie: 1) dans les citations de l'Ancien Testament
2) dans les expressions tirées de l'Ancien Testament comme 'ange
du seigneur'... »
Citation biblique (Is 40:3) :
253
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~U~ crLs-:'CI~
~
Préparez le chemin du Seigneur (~.:a:.~, N"i~i)
Mt 3:3b
Expression biblique:
~ ~U~ 6~ crd ...".sAn<
~-:.An<~~ ~_ ~
Comme il y pensait, voici, un ange du Seigneur
(~.:a:.~ t6t&a, N"O' N~N"O) lui apparut en songe - Mt 1:20a
254
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255
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. « J'ai écrit en effet des lettres que des frères m'ont demandé
d'écrire. Et ces lettres, les apôtres du diable y ont mêlé de l'ivraie (cf
MtI3:25, ndla), retranchant ceci, ajoutant cela; c'est pour eux qu'il
y a la parole: 'Malheur à eux! ' (cf Rv 22:18.19). Il n'est donc pas
étonnant que certains aient entrepris d'altérer même les Écritures du
Seigneur, du moment qu'ils se sont attaqués à celles qui n'étaient
pas de lui. » - Denys, évêque de Corinthe cité par Eusèbe, HE IV,
. 23,12.
«Aujourd'hui, la chose est évidente, il y a beaucoup de diversité
dans les manuscrits, soit par la négligence de certains copistes, soit
par l'audace perverse de quelques-uns à corriger le texte, soit encore
par le fait que ceux qui ajoutent ou retranchent à leur gré, en jouant
le rôle de correcteurs. » - Origène, ln Mt. 15.24, cité par Vaganay-
Amphoux: 144.
.
les propos suivants:
«à l'exception du ~52, il ne reste aucun fragment du NT daté
d'avant 150. Et les rares citations antérieures à Marcion ne nous le
font guère mieux connaître. Pourtant, dès le milieu du lIe siècle, les
livres du NT sont connus un peu partout. On a commencé à les
traduire, au moins en latin. On les reproduira toujours de plus en
plus, malgré les persécutions. Ce sont des textes vivants et
populaires. On les interprète à qui mieux mieux. Or, d'après les
témoignages que nous conservons, le NT présente, entre 150 et 200,
une diversité textuelle considérable (.. .).» - Vaganay-Amphoux :
. 138
«dans la période qui commence après 135, une multiplicité de
recensions vont se produire, et la diversité textuelle atteint son
. sommet avant 200. » - Vaganay-Amphoux : 146
« Ainsi, entre 150 et 250, le texte des premières recensions se charge
de multiples leçons nouvelles. Négligences accidentelles ou
retouches voulues de la part des copistes, erreurs involontaires ou
256
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257
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De curieuses variantes
Passage Texte Variantes Nature Discussion139
TOB Les chiffres renvoient
ail nllméro de la
variante
TC 51-52, Metzger,
Matthieu
Mais ce jour et cette heure,
omission -motif théologique The Text: 202
nul ne les connaît, ni les
24:36 anges des cieux, ni le Fils, Ehrman, Orthodox
personne sinon le Père, et lui Corn/ption : 91-92
seul.
oÙÔÈ0 ui.aç
. 6 eEàç uiàç 'rOÛ
Les esprits impurs, quand ils eEOÛ -divinisation (1,2) Ehrman, Orthodox
Marc 3: Il le voyaient, se jetaient à ses
pieds et criaient- «Tu es le
. 6 eEàç
- amplification
(3)
Corn/prion: 85, 159
Luc 2: Il
fi vous est né aujourd'hui,
dans la ville de David, un
Sauveur qui est le Christ
. XQLa'ràç 'Illaoüç
-confusion
Seigneur/Jésus (l,
synonyme dans
TC 110
KUQlOÇ
Seigneur
XPUJtOC; KUpLQÇ . XQla'ràç aW-nlQ
l'esprit du scribe 1)
-amplification (2)
. 7tQOÇ 'ràv'Illaoûv
Luc 7:19
les envoya vers le Seigneur
pour lui demander
- Es-tu
<Celuiqui vient>ou devons-
. 7tQOÇ 'rOV KUQlOV -amplification (2) TC 119
Luc 8:39
raconte tout ce que Dieu (1)
a fait pour toi.» Et l'homme
s'en alla, proclamant par
. 'ITJuoüç Jésus 1
- correction, d'après
la compréhension du
Corrnption : 114,
268
.6 f.lOVOYEV~Çuiàç
Jean 1: 18
Aucun homme n'ajamais
Dieu; le dieu uniqlle-
engendré qui est dans le sein
vu
. f.l0VOYE~Ç uioç
-harmonisation? (1)
-motif théologique
(2,3)
TC 169-170
cf infra
eEOÛ
du Père, c'est lui qui l'a
expliqué [TMN]
lJovoyevftç geoç
. 6 f.lOVOYEV~Ç
258
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Jean 4: I
Pharisiens avaient entendu
dire qu'il faisait plus de
disciples et en baptisait plus
. KUQlOÇ
Jésus/Seigneur
(synonyme dans
l'esprit du scribe 1)
TC 176
Jean 6:69
Et nous, nous avons cru et
nous avons connu que tu es
.6 XQla'[àç 6 aYLoç - harmonisation
I :49, II :27,
(Jn
TC 184
le Saint de Dieu.»
o liYLO<; 'toû 9EOU .6 X(;,>La'[àç6 uiàç
'[OÛ S EOÛ Mt 16: 16) 1
-amplification (2-5)
.
'[OÛ S EOÛ
6 XQla'[àç 6 uiàç
'rOÛ e EOÛ'[OÛ
Z:Wv'[oç
Jésus répondit - Si je me
-Jésus
volonté de dissocier
de ses
.6 SEàç
Jean 8:54
glorifie moi-même, ma
gloire n'est rien; c'est mon . SEàç Uf-lWv
tlf-lWv détracteurs (le
discours passe du TC 193
Père qui me glorifie, lui dont
vous dites - 'TI est notre . SEàç direct à l'indirect) 1
- volonté d'effacer
Dieu' [JER] « notre Dieu» de la
9EÔÇ 1)1WV bouche de Jésus 1
-(16:28) TC212
aimé et que vous avez cru
que je suis sorti de Dieu.
['toû) 9EOÛ
. '[OÛ SEOÛ
'[oû na'[Qàç
harmonisation
tétragramme 1
Alors, dans les derniers Ac 2:16-21 est une TC 256-257
Actes
Cf Ac 2:16-
2: 17 jours, dit Dieu, je répandrai
de mon Esprit sur toute
chair.. .
. AÉYEl KUQLOÇ
citation de Joël 2:28-
32 où figure deux
fois le Nom. Le Nom
« K\JQtOç is
ambiguous and may
À-ÉYEL0 9e6ç a pu figurer en Ac mean God or Christ»
21 2:20 ('jour de
- G.D. Kilpatrick140
Jéhovah') et Ac 2:21
('le nom de
Jéhovah'). TI s'agirait
alors d'une
harmonisation, qui
fait écho à Joël 2:27
La parole de Dieu croissait
Actes 6:7
et le nombre des disciples
augmentait . KUQLOU
-confusion
Dieu/Seigneur
(synonyme dans
TC 296
considérablement à
Jérusalem. .. l'esprit du scribe 1)
€)eoû
Actes 7:55
... il vit la gloire de Dieu et
Jésus debout à la droite de
.'IT)aoûv '[àv -amplification TC 310
Dieu KUQLOV
'l'I)OOûv
.
Actes 9:34
Pierre lui dit- <<Enée,Jésus
Christ te guérit. ..
'l'I)OoVç XpLO'tOç
. 'IT)aoûç 6 XQLa'[oç
6 KUQLOÇ'IT)aoûç -amplification (2) TC 323
XQla'[Oç
. 6 XQla'[oç
Si Dieu a fait à ces gens le
Actes Il: 17
même don gracieux qu'à
nous autres pour avoir cru au
. omission
Motif théologiquel41 TC339-340
Seigneur Jésus Christ
o 9EOç
. KUQlOÇ -tétragramme?
Actes 12: Il
... Cette fois, se dit-il, je
comprends- c'est vrai que le .0 e Eàç Le nombre de
259
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-tétragramme? Le
verset qui précède
Actes 12:24
La parole de Dieu,
cependant, croissait et se
multipliait.
. KVQlOU
immédiatement
contient une
référence au Nom
TC 350
Actes 13:5
Arrivés à Salamine, ils
annonçaient la parole de
. KVQlOU
-confusion
Dieu/Seigneur : TC 353
Dieu dans les synagogues « christianisation
des Juifs d'une expression
geoû traditionnelle»
(Metzger)
. -confusion entre
Actes 13 :23
C'est de sa descendance que
Dieu, selon sa promesse, a
fait sortir Jésus, le Sauveur
. O'W'IT]Qlav
Eiç O'W'IT]QLav
CpÀ lN et CPIÀN
(Tischendorf)
-motif
TC 359
Actes 13:48
A ces mots, les païens, tout
joyeux, glorifiaient la parole
. TOVAoyov TOl> -harmonisation?
-tétragramme? TC 369-370
SEOl> Cf. v.44
du Seigneur
tOV ÀOYov tOÛ Kupîou .
. TOV KUQlOV
TOV SEOV
Actes 15 :40
Silas et s'en allait, remis par
les frères à la grâce du
Seigneur.
. S EOl>
(Ac 14:26)
-confusion
SeigneurlDieu
TC 388-389
Actes 16:32
Ds annoncèrent alors la
parole du Seigneur, à lui et à
. TOl>S EOl>
tétragramme 7". Si le
nom divin figurait
ici, la fluctuation
tous ceux qui vivaient dans entre Seigneur et TC 398
sa demeure. Dieu est naturelle. La
toû KUPLOU variante est issue de
la traduction de
:"1':"1'
Actes 17:27
c'était pour qu'ils cherchent
Dieu; peut-être pourraient-ils
le découvrir en tâtonnant
. ,.uxi\LO'Ta çT]TEIV
-confusion
Dieu/Seigneur TC 405
eN?
tOÛ geoû
260
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. SEOÛ
Romains
8:35
Qui nous séparera de
l'amour du Christl ...
XpLO-rOÛ
. SEOÛ rriiç ÈV
-harmonisation?
(v.39)
-atténuation? (1) 146
TC 458
n appartient aux:
éditeurs d'établir la TC 459-462
et les pères, eux: enfin de qui, ponctuation.
selon la chair, esl issll le Pas de variante. Les manuscrits Stafford: 143-152
Romains 9:5 Christ qui est au-dessus de n'étant pas ponctués,
lout, Dieu béni celle-ci relève des E. Abbot, « On the
éternellement. Amen.
Pas de ponctuation. préférences construction of
IClttO:OœplClt,a (ù'V hl théologiques, car le Romans ix. 5 », JBL
1rœVt(ùv 9eèç eùA.oYlltOç recours aux: l, 1881,87-154
manuscrits
'minuscules' et aux:
citations des Pères
n'est pas pertinent.147
-tétragramme?
v.I6 ... Esaie dit en effet- Le v.I6 contient une
Romains
10: 16-17
Seigneur, qui a cru à notre
prédication?
v.I7 Ainsi la foi vient de la
..omission
Verset
S EOÇ
17 citation d'Is 53: 1. Si
le tétragramme y
figurait à l'origine, la
Howard,
JBL96/1:78-79
Romains
car le Seigneur a le pouvoir
de le faire tenir
.6 S EOÇ -confusion
Seigneur/Dieu
TC 468
Romains
14: 10-11
comparaîtrons devant le
tribunal de Dieu. geoç v.II
Car il est écrit: Aussi vrai
.
v.l0
XptO'toç
Le verset Il est une
combinaison d'Is
49:18 et 45:23
G.Howard, JBL
96/1 : 79-80
5:5
ICUp(OU
.
'IllO"oûXQl(J"'[Oü
KUQlOU
it ~Wv'IllO"Oû
. KUQlOU Tff.!wv
'IT}O"OüXQlO",[OÜ
-confusion
...etje crois, moi aussi, Christ/Dieu ou motif TC 490
1 . XQl(J"'[OÜ théologique
avoir l'Esprit de Dieu.
Corinthiens geoû
- confusion ey et
7:40 xy
1
Cependant, la plupart d'entre
eux:ne furent pas agréables à .omission -lemotif théologique:
sujet devient le
Ehrman, Orthodox
Corrnption : 89
Corinthiens Dieu, puisque leurs cadavres Christ (verset 4)
jonchèrent le désert.
10:5 a geOc;
261
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Galates 3: 17
Voici donc ma pensée- un
testament en règle a d'abord
. rroû SEOÛ ELÇ -glose explicative TC 525
XQL<YrOV
été établi par Dieu...
t'OÛgeoû
. bLà SEOV
Galates 4:7
Tu n'es donc plus esclave,
mais fils; et, comme fils, tu
es aussi héritier c'est -
.. bLà XQLarrOÛ -gloses explicatives TC526-527
l'oeuvre de Dieu.
ÔLà.geoû . SEOÛ
S EOÛbLà XQLarroû
. SEOÛ bLà l'laoû
XQLarroû
. ~Èv SEOÛ,
m.ïyKÀfJQOVo~oÇ bÈ
XQLarroû
.
car moi, je porte en mon
corps les marques de Jésus. . XQL<YrOÛ
KUQLOUl'laoû -amplification (2-5) TC530
Galates 6: 17 'l'1)ooû . KUQLOU 'IfJaoû
XQLarroû
. iJKUQLOU ~WV
.
'IfJaoû XQLarroû
KUQLOU ~OU 'IfJaoû
XQL<YrOÛ
-harmonisation?
-motif théologique :
...
Car, sachez-Ie bien, le inversion de l'ordre
débauché, l'impur, geo'O Kat. Xpt.O'tO'O (1), supression de 'et
Éphésiens l'accapareur - cet idolâtre - Xpt.O'tO'O 't0'O geo'O de Dieu' (3), TC 539
sont exclus de l'héritage supression de 'Christ
5:5 dans le Royaume du Christ
et de Dieu .
.
XptO'to'O
<3eo'O
(4), compromis? (5)
Dans tous les cas, la
variante témoigne
XpLOt'OÛkcxl 9eoû 'Ot.O'O'tO'O geo'O
d'une réaction du
scribe et de sa
christologie
..
Ë'II'IXLVOV
eJ.l0'O harmonisation
Kat e1tatvov (2,3)1Sl
a'O'to'O
Kat e1tat vov
..
Philippiens .
pour l' œuvre du Christ K'Opt.O'O -confusion TC547
2:30 XpLOt'OÛ 'tO'O geo'O Christ/Dieu/Seigneur
omission
.
'to\) XptO''tO\)
't0'Û
8eo\) Kat 1ta'tp~
't0'Û XptO''to'Û
.'t0'Û 8eo'Û Kat 1ta'tpoc;
Kat
't0'Û XPtO''to'Û
262
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-confusion
comme le Seigneur vous .Xpto'toe; Seigneur/ChristlDieu
Colossiens
3:13
a'" pardonné, faites de même,
vous aussi.
KUPLoç
..Beoe;
Beoe;ev XptO'tép
-harmonisation? (Ep
4:32) TC557-558
-motif théologique:
exphciter le sens
-tétra2ramme ?1S3
-harmonisation?
Que la Parole du Christ
habite parmi vous dans toute .. Beo'Û
('parole de Christ' :
expression hapax) TC558
Colossiens sa richesse... K'Opio'O -confusion
XpLOtOÛ ChristlSeigneurlDieu
3:16 a
...chantez à Dieu, dans vos
cœurs, . .. Bec\)
. 'CépK'\>picp -confusion
Dieu/Seigneur TC 558
Colossiens -tétragramme 154
3:16 b
En même temps, priez aussi
pour nous- que Dieu ouvre
une porte à notre prédication
. 8eo'Û
-harmonisation?
-confusion TC 559
Colossiens afin que j'annonce le ChristlDieu
4:3 mystère du Christ, pour -motif théologique?
lequel je suis en prison;
XpLOtoÛ
. KVQlOU -confusion
2 Timothée
2:14
Tout cela, rappelle-le,
attestant devant Dieu qu'il
faut éviter les querelles de
. XQuYrOù
Dieu/Christ/Sei-
gneur
-motif théologique
lSS
TC 579
Jacques 3:9
Seigneur et Père.. .
KUPLOV . Beov
-motif théologique
(Seigneur et Père :
expression
TC 611
inhabituelle)
-harmonisation
1 Pierre 3: 15
mais sanctifiez dans vos
cœurs le Christ qui est
.. 'tov Beov
Beov at>'tov
(Seigneur Dieu:
expression courante) TC 621-622
Seigneur.
tOV XPLOtOV . 'tOV Beov TU1&V
-motif
théologique ?157
2 Pierre 1:2
par la connaissance de Dieu
et de Jésus, notre Seigneur.
tOÛ geoi) KlXl1t'JooO toO
.
K'\>pio'O t,J.l&v
't0'Û Beo'Û Kat
-amplifications
-motif théologique:
TC 629
Ehrman, Orthodox
KUPLOU fu,16>v "'11'}00'Û Xpto'to'Û 't0'Û « various Corn/ption : 8S
.
K'\>pio'O "J.t&v
't0'Û Beoi> Kat
amplifications
reflecting the piety of
)}
copists. (Metzger)
OcotllpOe; "'11100'Û
XptO'toi> 'Co\) K'Opio'O (7)
- divinisation
.
"J.l&v
'toi> K'Opio'O "J.t&v
"'11'}00i> XptO''to'Û
.
't0'Û Beo'Û"J.l&v
.
't0'Û K'Opio'\>"J.l&v
. omission du K«L
1 Jean 5: 18
Nous savons que quiconque
est né de Dieu ne pèche plus,
. ÉaU1:ÔV -celmotif théologique:
ui qui est
engendré de Dieu est
TC : 650
mais l'Engendré de Dieu le
garde, et le Mauvais n'a pas Christ dans un cas
prise sur lui. (lXùtoV), le croyant
IXvtoV dans l' autre
(tav'[ov)
d'Égypte.. .
KUPLoç
263
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Les variantes peuvent souvent s'expliquer par une erreur due aux
abréviations (nomina sacra). Toutefois, un recours systématique à ce type
d'erreur pour expliquer les variantes est discutable: des motifs théologiques
peuvent tout aussi bien entrer en ligne de compte. Il n'est pas toujours
possible d'établir avec certitude la nature d'une variante, c'est pourquoi nous
.Divinisation:
avons proposé plusieurs facteurs:
tendance à identifier Jésus à Dieu, soit directement
(changement de terme.. .), soit indirectement (omissions. ..).
. Amplification: tendance pieuse à mettre l'accent sur les titres, la nature,
l'importance de Jésus.
. Atténuation: tendance scribale à diminuer la portée christologique d'une
affirmation (souvent tirée de l'Ancien Testament).
. Confusion entre les termes « Christ», « Dieu» et « Seigneur» : ce facteur
implique qu'un scribe soit à l'origine d'une variante parce qu'il tient pour
synonyme des termes qui ne le sont pas (Christos, theos, kyrios).
. Harmonisation: quand un scribe rencontrait une expression curieuse ou
inhabituelle, il pouvait homogénéiser le texte en conséquence. D'où le
principe lectio difficilior, lectio potior. Toutefois, certaines harmonisations
.
peuvent également provenir de visées théologiques.
Glose explicative: la glose permet de clarifier le sens d'un passage jugé
ambigu, ou dont la portée théologique semble trop (ou pas assez)
importante; bien que l'explication soit à l'origine de la variante, elle
entraîne irrémédiablement une interprétation, une prise de position
théologique.
. Tétragramme: le retrait du tétragramme peut avoir entraîné les confusions
que l'on constate dans les variantes, puisque i1,i1"peut être traduit aussi bien
par kyrios que par theos.
. Motif théologique: sous cette appellation, qui regroupe tous les procédés
énumérés précédemment, on peut compter la volonté d'expliciter le sens, de
le préciser, ou de lui faire dire ce que l'on pense qu'il dit.
Conclusion
264
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265
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Actes 17:31 : parce qu'il a fixé un jour où il jugera le monde selon la justice,
par l 'homme qu'il a désigné, ce dont il a donné à tous une preuve certaine
en le ressuscitant des morts...
. Le moment du baptême
- Luc 3:22
Kat Kata~flvaL to 1TVEÛJlato aYLOVOWJlatLK4)ÈLÔELwç 1TEpLOtEpcXV È1T'aùtov,
Kat <l>wv~v Èç oùpavoû YEvÉoSaL. où EL 0 utoç JlOU 0 àya1TT)tOç, Èv OOt
EÙÔoKT)Oa.et le Saint-Esprit descendit sur lui sous une forme corporelle,
comme une colombe. Et une voix fit entendre du ciel ces paroles: Tu es mon
Fils bien-aimé; en toi j'ai mis toute mon affection.
D'après Ehrman, la lecture la moins attestée par les manuscrits est celle qui
originelle, car elle coïncide avec la scène du baptême de Jésus dépeinte par
Luc, tant dans l'évangile que dans les Actes:
Kat ~JlELÇ ùJlâç EùaYYEÀ-LC oJlESa 't~v 1TpOÇ 't'oùç 1Ta'tÉpaç È1TaYYEÀ-Lav
YEVOJlÉVT)V, O'tL 'tau'tT)v b SEOÇ ÈK1TE1TÀ~pWKEV 'tOLe; 't'ÉKVOLÇ [aùtwv] ~JlLV
àvao't~oaç '1T)OOÛV wç Kat Èv t4) lf1aÀ-Jl4) yÉypa1T'taL t4) ÔEUtÉp<¥. utoç JlOU Er
OU, Èyw O~JlEpOV YEyÉVVT)K&. OE. Et nous, nous vous annonçons cette bonne
nouvelle que la promesse faite à nos pères, Dieu l'a accomplie pour nous
leurs enfants, en ressuscitant Jésus, selon ce qui est écrit dans le Psaume
deuxième: Tu es mon Fils, Je t'ai engendré aujourd'hui. - Actes 13:32.33
266
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. La conception virginale
Exemples:
. Fils de Dieu
Marc 1:1
'APX~ 't'oû EùaYYEÂLOU 'I1100Û XpLO't'OÛ [ULOû SEOÛ].
Commencement de l'Évangile de Jésus-Christ, Fils de Dieu.
267
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~ "lt"ljlf<.'~
~
6
268
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. Dieu
Dernière étape et non des moindres, elle entre dans le cadre de la deuxième
hypothèse (2) évoquée plus haut.
ClCT,I
~CTd~~~ 'PCI.\um..=s~~".s ~~CTd~ ~CTd~~~
-..).~ ClCT,I
....CT,I~ 6~ ....CT,IClk.~
dieu unique-engendré, qu'on peut
- Peshitta translittérer en hébreu ~iT"~~"'n'
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270
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Une étude minutieuse menée par John Dahms conclut ainsi sur le sens et
l'emploi de de ~OVOYEV~C; : « We have examined all of the evidence which
has come to our attention concerning the meaning of monogenes in
Johannine writings and have found that the majority view of modem
scholarship has very little to support it. On the other hand, the external
evidence, especially that from Philo, Justin and Tertullian, and the internal
evidence from the context of its occurrences, makes clear that 'only
begotten' is the most accurate translation after a11175.» Et de fait, nier
l'idée de génération dans un terme finissant par -YEVllC;
ne cadre pas très bien
avec des mots ainsi formés, tels que ÔLOYEVllC;,YllYEVllC;, EUYEVllC;,OUYYEVllC;,
aLo9pllYEVllC;,1TaÀaLYEVllC;,qui emportent tous l'idée de naissance176. De
manière assez ironique, les trinitaires par excellence qu'étaient les rédacteurs
du symbole de Nicée (qui avaient pesé et soupesé tous les mots et toutes les
formules) rattachaient bien ~OVOYEV~C; à l'idée de génération177 !
Nous entendrons donc dans ce qui va suivre l'expression llovoYEV~C; 9EOc;
par « [un] dieu unique-engendré», en considérant ~OVOYEV~C; comme un
178
adj ectif modifiant 9EOC; .
271
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Signalons que si altération il y a eu, elle ne résulte que d'une seule lettre
différente: MONOr€NHC ec et MONOr€NHC YC.
1) Critique externe
2) Critique interne
Jean 3:16 Oüt"we; yèxp ~YcX1TT)OEV0 8EOe; t"ov KOO~OV, WOt"E t"ov viov t"ov
~OVOYEvf} ËÔWKEV Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a
donné son Fils unique.
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3) Conclusion
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Fils}) n'est pas biblique. On ne le rencontre nulle part dans les Écritures, ni
directement, ni par inférence, tandis que le concept de « Fils de Dieu» est
surabondant, simple et intelligible182. De même, le concept de « Unique, qui
est lui-même Dieu}) (BFC, NIV, NET) n'est pas non plus biblique, tandis
que la nature divine de Jésus, le fait qu'il ait été engendré et qu'il soit le Fils
de Dieu, sont des concepts scripturaires surabondants.
D'un autre côté, les versions qui traduisent Jean 1: 1 par « un dieu»
(TMN, Emphatic Diaglott, Oltramare 1879) et Jean 1:18 par « dieu unique-
engendré» (TMN, NASB) ne chargent pas le texte d'interprétations
obscures (cf. TaB, NBS, NEG), mais rendent compte du sens, du contexte,
et de la portée du verset.
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« ni les anges des cieux, mais le Père seul» « ni les anges des cieux, ni le Fils, mais le
Père seul »
Crampon, Martin, OST, de Genève, Epée, LSG, NEG, PVV, SEM, TOB, JER,
Darby, Maredsous, Sacy Chouraqui, BFC, Liénart, de la liturgie,
Osty &Trinquet
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Marc 15:34 : Kat 1:'f1Èvat1J wp~ È~Ô110EV 0 '!1100ÛC; <j>Wvf1 J.1EyaÂ1J. EÂWL EÂWL
ÂE(.1a oa~ax8aVL; 0 ÈOtLV J.1E8EPJ..l.l1VEUÔ(.1EVov.8EÔC; J.10U 0 8EÔC; J..I.0U, EtC; t(
°
J.1E; Et à la neuvième heure, Jésus s'écria d'une voix forte: Éloï,
ÈYKatÉÂLTrÉC;
Éloï, lama sabachthani ? ce qui signifie: Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi
m'as-tu abandonné?
276
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2) Une autre solution trouvée par les proto-orthodoxes pour élever la figure
du Christ contre les assertions gnostiques était de l'appeler KUpLOt; plus
souvent que ne le faisaient les textes primitifs du NT.
Galates 6: 17b : Èyw yàp "Cà O"CLYJ.La't'a "COÛ '!1l00Û Èv 't'~ OWJ.La't'L J.Lou
pao't'a(w. car je porte sur mon corps les marques de Jésus. En lieu et place
de Jésus, les manuscrits P 'P 0278 81 365 1175 2464 pc ont « Christ »190,
d'autres « notre Seigneur Jésus» : C3 D2 (1739) 1881 9Jè vgcl sy(P), d'autres
encore « notre Seigneur Jésus Christ» : ~ D* F G it (samSS); Ambst Pel191
Inutile de préciser qu'il y a là une amplification, très caractéristique de la
tendance scribale à hausser la figure du Christ.
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ne tient qu'à une seule lettre: ey (de Dieu) et KY (du Seigneur). D'après
Metzger, et pour de bonnes raisonsl94, la lecture préférable est « l'église de
Dieu », et il faut comprendre l'expression «par le sang de Son Propre»
comme rappelant un titre (o LÔLOe;) que les chrétiens de la première heure
avaient pris l'habitude d'attribuer à Jésus (tout comme 0 aya1Tll-COe;,
le Bien-
Aimé). Ce serait consistant de la part de Paul (puisqu'en Ac 20:28 Luc
rapporte ses paroles), car il emploie par exemple en Ro 8:32 l'expression
cruciale -coû lÔLOUULOÛégalement dans un contexte de rachat: oe; YE -coû
lÔLOU ULOÛ OÙK È<pELoa-CO aÀÀà Ù1TÈp ~IlWV 1TcXV-CWV 1TapÉôwKEV aù-cov, 1TWe;
OÙXL KaL oùv aù-cQ -cà 1TcXv-ca ~1lÎ.V XapLoE-caL ; Lui, qui n'a point épargné son
propre Fils, mais qui l'a livré pour nous tous, comment ne nous donnera-t-il
pas aussi toutes choses avec lui?
En l'espèce, la corruption décelée en Ac 20:28 est assez grave, et a
suffisamment perduré pour qu'on puisse sans difficulté la trouver dans de
nombreuses versions d'usage courantl95. Le lecteur moyen, qui n'a pas
forcément l'apparat critique sous les yeux, se méprend sur le sens, alors que
le traducteur, en consultant n'importe quel manuel sérieux de critique
textuelle, s'aperçoit bien que si « Dieu» est effectivement le terme original,
traduire par « son propre sang» contrevient au sens, au contexte, à la pensée
fondamentale qui est émise dans l'expression « le sang de son propre ».
Pour les patripassianistes, Christ est Dieu le Père, qui est descendu
charnellement sur terre et a vraiment souffert, d'où leur appellation
relativement péjorative. Pour eux les Écritures (hébraïques) sont claires: il
n y a qu'un seul Dieu. Donc si Christ est Dieu, il ne peut être que le seul
Dieu des Écritures.
280
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Hébreux 1:8 : 1TpOe; ÔÈ TOV uiov. 0 8povoe; oou à 8EOe; ELe; TOV aL<3va TOÛ
aL<3voe;, Kat ~ pcipôoe; Tile; Eù8UTT)TOe;pcipôoe; Tile; paOLÀELae; oou. Mais il a dit
au Fils: Ton trône, ô Dieu, est éternel,. Le sceptre de ton règne est un
sceptre d'équité
Pour rendre le sens, les deux traductions suivantes sont donc possibles:
1) Ton trône, ô Dieu, est à tout jamais; c'est un sceptre d'équité que le
sceptre de ta royauté!
2) De Dieu vient ton trône à tout jamais; c'est un sceptre d'équité que le
sceptre de ta royauté!
1) [nominatif pour vocatif] Ton trône, ô Dieu, est à tout jamais; c'est un
sceptre d'équité que le sceptre de sa royauté! - lecture impossible.
2) [nominatij] De Dieu vient ton trône à tout jamais; c'est un sceptre
d'équité que le sceptre de sa royauté!
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Épilogue
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1 Nous allons simplifier, car, moins loin que l'influence grecque, il y a l'influence rabbinique.
Mais puisque cette dernière tire son origine de la philosophie grecque, nous englobons dans
cette section l'ensemble des deux influences. Cette influence rabbinique pourrait se résumer
par les propos contenus dans le Siracide 43:27 : « 1TOÀ.À.èt ÈpOÛllEVKat OU ll~ &Q>lKWllE8a Kat
OUVtÉÀ.ELaÀ.6ywv tà mxv ÈOtlV aut6ç » (Nous pourrions dire beaucoup et nous ne
l'atteindrions pas,. pour résumer notre discours: Il est tout.) Par des circonvolutions autour
de l'appellation de Dieu, on cherchait à le sublimer, à le placer à une élévation inaccessible
(Dieu des Cieux, Ciel, Souverain, Très-Haut, Tout-Puissant, Elohim, Adonai). Charles
Guignebert explique: « Nous avons donc l'impression que c'est le Dieu sublime de la
philosophie grecque, le Dieu culminant au-dessus du monde, qui se substitue au vieux Dieu
national séant au milieu de son peuple. (...) On lui prodigue des noms sublimes, mais on
n'ose plus lui donner son propre nom, parce que ce serait, en une manière, le limiter et aussi
supposer qu'on le connaît, qu'on possède sur lui une représentation plus ou moins adéquate,
hypothèses devenues également inadmissibles et inconcevables. Pour un bon Juit: prononcer
le Nom d'après ses lettres est devenu une apostasie véritable (...) : on dit le Ciel, le Nom, le
Lieu, le Très-Haut, le Vivant, l'Éternel, le Miséricordieux, le Béni, etc. » (Le monde juif vers
le temps de Jésus: 110-111). C'est ainsi qu'on élabore les hypostases, sortes d'interfaces
entre le Dieu lointain et inaccessible, et la réalité terrestre - étant entendu que Dieu est trop
élevé pour s'abaisser à faire les choses lui-même: de là naîtront des notions vagues, et
voulues, telles la Rouah Elohim (l'Esprit), la Memra (la Parole), la Schechina (la Présence), la
Jekara (la Gloire), la Hokma (la Sagesse, qui aura la plus belle fortune) qui répondent
d'ailleurs à quelques concepts grecs antérieurs (ôo~a Â.oyoC;oQ(lna) « On se demande si elles
représentent des personnes véritables ou de simples abstractions, souligne Guignebert. Les
deux à la fois, sans doute; ou bien elles se situent entre les deux, conception qui a moins de
sens pour nous que pour ces hommes-là qui l'ont jugée acceptable. (...) Le christianisme, qui
la retrouvera, s'y débattra longtemps et n'en sortira que par l'équivoque secours du dogme de
la Trinité. » (111-112) Outre l'influence rabbinique, une influence importante est celle de
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285
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23
Ibid.
24 Pour lui cette gnose est la « tradition, en grande partie orale et secrète, transmise du Christ
aux Apôtres, puis des Apôtres à une suite de maîtres spirituels (...). Comme toutes les gnoses,
la gnose de Clément, grâce à ces révélations secrètes, donne au gnostique la certitude qu'il
parcourra les étapes progressives de l'initiation après la mort, qu'il s'élèvera à travers les
demeures angéliques jusqu'au repos suprême. » - Encyclopaedia Universalis, art. Clément
d'Alexandrie, par Pierre Hadot.
25 Citation d'après Dunand : 48.
26 Cf. Gertoux : 97.
27 The Ante-Nicene Fathers, vol.2, éd. A. Roberts and 1. Donaldson, The Stromata, p. 906.
28 Stromates, I, II, 5,4.
29 Riemer Roukema, « Transcendance et proximité de Dieu dans le christianisme ancien »,
Revue d'histoire et de philosophie religieuses, tome 82/1 : 22-23.
30 Catholic Encyclopedia, vol. IV, art Clement of Alexandria: « Clement preceded the days of
the Trinitarian controversies. He taught in the Godhead three Terms. »
31Dictionnaire philosophique, art. Trinité.
32 Des manuscrits comme le P.Oxy.656, le P.Oxy.l075 ou le P.Berlin 17213 illustrent
d'ailleurs à la perfection l'ignorance de I'hébreu par les premiers chrétiens, puisque ces
derniers laissaient des emplacements vides pour qu'un scribe quelque peu initié à la langue
hébraïque les comble par le tétragramme.
33 Cf. Charles A. Gieschen, « The Divine Name in Ante-Nicene Christology », Vigiliae
Christinae 57/2, 2003 : 115-168.
34 Les Écritures, en effet, affIrment que Jésus a reçu un nom plus excellent que tous les autres
noms (vraisemblablement kyrios), mais pas que ce nom est le nom du Père. Cependant,
l'ignorance du vrai nom de Dieu inclinait à penser que kyrios était le Nom en question...
35 The Christology of the New Testament: 237.
36 Wilhelm Bousset, Kyrios Christos : A History of the Belief in Christ from the Beginnings of
Christianity to Irenaeus (traduction anglaise par lE. Steely), Nashville: Abingdon, 1970 [éd.
allemande, 1913]. Voir aussi Maurice Casey, From Jewish Prophet to Gentile God: The
Origin and Development of New Testament Christology, Cambridge, 1991.
37 Il consacre une copieuse monographie à ce sujet: Lord Jesus Christ Devotion to Jesus in
-
Earliest Christianity, Wm. B. Eerdmans Publishing Co., 2003. Voir aussi du même auteur:
How on Earth Did Jesus Become a God?, Grand Rapids: Eerdmans, 2005 ; At the Origins of
Christian Worship: The Context and Character of Earliest Christian Devotion, Grand
Rapids: Eerdmans, 2000 ; One God, One Lord: Early Christian Devotion and Ancient
Jewish Monotheism. Philadelphia: Fortress Press, 1988 ; The Earliest Christian Artifacts:
Manuscripts and Christian Origins, Wm. B. Eerdmans Publishing Co., 2006.
38
Par exemple f et sp75; cf. L.W. Hurtado, « The staurogram in early
dans les SJ-)66,SJ-)45
christian manuscripts: the earliest visual reference to the crucified Jesus? » in: New
Testament Manuscripts: Their Text and Their World, éd. Thomas 1 Kraus et Tobias Nicklas,
2006 : 207-226.
39 Par ailleurs il critique, très succinctement, la thèse de George Howard (JBL 96, 1977, 63-
83) en faisant appel à deux arguments: 1) le tétragramme, lorsqu'il était lu à haute voix, était
substitué par kyrios 2) il faut tenir compte de la chronologie: l'invocation cultuelle de Jésus
comme « Seigneur» est extrêmement précoce (et il renvoie aux lettres de Paul), cf. Hurtado,
Lord Jesus Christ: 182-184 (idem dans The Earliest Christian Artifacts: 111). Cependant ces
deux arguments sommaires nous semblent bien insuffisants pour invalider l'hypothèse que le
tétragramme figurait à l'écrit dans le NT, quelles que soit la pratique orale ou la christologie
des lecteurs.
40 Nous nous rangeons donc dans une position intermédiaire entre les deux extrêmes que sont
Bousset et Hurtado.
41Encyclopaedia
42
Universalis, Thesaurus -
Index, vol. xviii, 1968 : 91.
Cf. Robert Étienne, Le siècle d'Auguste, Armand Colin, 2e éd., 1989 : 39-50.
286
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43
Art. « Apotheosis / Consecratio ».
44 M. Christol et D. Nony, Rome et son Empire, Hachette, 1990, p.144. Voir aussi J.-P.
Martin, A. Chauvot, M. Cébeillac-Gervasoni, Histoire romaine, Armand Colin, 2001 : 243-
248.
45 Suétone, Vie des douze Césars: 265-346.
46 Cf. Suétone, Vie des douze César: Domitien, 13.
47 Simon: 93.
48 Il semble connaître un corpus qu'il appelle le « Testament nouveau» (Contre Praxéas,
15,1) et laisse penser que certaines Églises de son époque étaient toujours en possession de
« lettres authentiques».
49 Tertullien a vécu notamment sous les règnes de Marc-Aurèle, Commode et Septime Sévère.
Les deux premiers furent divinisés par décret du Sénat. En quoi consistait le culte impérial
pour le sujet moyen? Reconnaître l'empereur établi par la volonté des dieux, et, selon
l'expression consacrée, « jurer par la fortune (ou le génie) de César». Ce serment, d'abord
réclamé au soldat (sacramentum) fut étendu aux citoyens à la date anniversaire de la prise de
fonction impériale (dies imperii). Les chrétiens ne pouvaient s'y plier car l'empereur cumulait
les fonctions politiques et religieuses. Cf. Martyre de Polycarpe IX, 2. Tertullien explique que
les chrétiens ne pouvaient ni sacrifier à l'empereur, ni le considérer comme un dieu, un
seigneur ou un maître, ni jurer par son génie (un démon !), mais qu'en revanche ils
respectaient son rang de souverain (établi par Dieu) et pouvaient intercéder en sa faveur dans
leurs prières pour sa santé (Apologétique, 29-34).
50 Les Belles Lettres, 2002 ; trad. J.-P. Waltzing.
51Et de même, Tertullien établit-il l'humanité de Saturne, 10,7-11.
52 Earl S. Johnson Jr., « Mark 15,39 and the So-Called Confession of the Roman Centurion »,
Biblica 81 (2000) 406-413.
53 Tae Hun Kim, « The Anarthrous utaç BEOÛIn Mark 15.39 and the Roman Imperial Cult »,
Biblica 79 (1998) 221-241. Kim explique en conclusion: « In the light of background
information concerning how the name divi filius (or utaç BEOÛ)was used in the context of the
Roman imperial cult it seems reasonable to assume that the similarity in diction and the
circumstances under which the confession was made are more than mere coincidence or
grammatical error on the part of the Markan author. The background information available
about the diction employed in the incipit of the Gospel of Mark seems to suggest that the
usage of the phrase that echoes the language of the Roman imperial cult in both 1,1 and 15,39
was deliberate and the phrase utaç BEOU must have challenged the intended Markan readers
who were probably familiar with the practices of the state cult. (...) It is probable that the
centurion did not have a clear grasp of the full implications of his simple yet significant
statement as, for example, Caiaphas did not (John Il,49-52). But to the author of the Gospel
of Mark there was no doubt that the centurion confirmed the divine sonship of Jesus, marking
the climax of the narrative. » (240-241, nous soulignons) Voir aussi Robert L. Mowery,
« Son of God in Roman Imperial Titles and Matthew», Biblica 83, 2002, 100-110. Mowery
va plus loin, en soutenant: « (1) that this Roman imperial formula [utaç BEOÛ]exactly
parallels the distinctive christological formula in three Matthean passages (14,33; 27,43.54),
(2) that this Roman formula occurred much more widely in first century imperial titulature
than Kim and Johnson have indicated, (3) that various three-word Roman son of god formulas
also deserve notice, and (4) that the Matthean formula 8€oûvia, would have evoked Roman
imperial usagefor at least some members of Matthew's community» (p.l 00, nous soulignons)
54 Cette expression avait d'abord été un titre d'Auguste. Les empereurs ultérieurs se
l'approprièrent.
55Le Nouveau Testament nous montre que c'est exactement ainsi que certains détracteurs de
Jésus comprenaient l'expression « Fils de Dieu». En Jn 10:33, l'accusation est formulée
ainsi: « toi, qui es un homme, tu te fais Dieu » (où &VBpW1TOÇ
WV 1TOLElçoEau'tav BEOV).Jésus
les reprend à partir des Écritures (v.34), puis s'étonne de leur grief: « Et cela parce que j'ai
dit: Je suis le Fils de Dieu. » «hL EI1Tov'utaç 'toû BEOÛElj..u),verset 35. Ainsi, en appelant
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Dieu son Père, et en se disant Fils de Dieu, Jésus, aux yeux de certains de ses interlocuteurs
Juifs, se faisait Dieu. C'est bien qu'être Fils de Dieu, c'était être à tout le moins un être divin.
56 « Salut, ô croix, unique espérance» : ainsi début I'hymne composé au VIe siècle par
Venance Fortunat, et qui est repris aujourd'hui le dimanche de la Passion.
57 En grec le terme désignant ce supplice est soit (J1:aupoç« le pieu» (Bailly: 1785;
Intermediate: 743), soit çuÂov« le bois» (Bailly: 1343) ; le terme latin crux a donné le mot
« croix », qui est un peu ambigu: « le mot crux désignait, en latin, un gibet, une manière de
potence, dans un sens plus large que notre mot croix qui fait toujours penser à deux barres
'croisées'. Cela pouvait être un simple pieu - crux désignait aussi le timon du char - auquel on
attachait la victime, les mains liées par derrière le bois: c'est la crux simplex que divers
artistes ont donné aux larrons. » - Daniel-Rops, Jésus en son temps: 397. Et de préciser les
autres types de « croix» : la crux summissa ou commissa (en forme de T et la crux capitata
(croix de la tradition, en forme de t), et enfin la crux decussata en forme de X. Nous ne
citerons que deux témoignages anciens: celui de l'Épître de Barnabé (117-132) 9, 8: « C'OtL
ôÈ 6 otaupàç EV te\> T ~l-LEÂÂEV EXELVt~v xapLv », qui favorise la commissa, et Tertullien,
Apologétique, XII, 3 : « vous attachez les chrétiens à des croix, à des poteaux» (Crucibus et
stipitibus imponitis Christianos) qui irait plutôt dans le sens de la simplex. Cf: stipes Gaffiot :
1479). D'après les exégètes, la « croix» pouvait donc être composée du stipes (le poteau
vertical), souvent fixé de manière permanente à l'endroit du supplice, du patibulum (la barre
transversale fixée au sommet, qu'on faisait porter au condamné, d'un poids compris entre 20
et 30kg) et du titulus (l'écriteau).
58 « supplice le plus cruel et le plus affreux », Cicéron, Verr.V, 64.
59GJ VII, 6, 4.
60 « Aritophane rapporte rapporte dans Les Thesmophories qu'après être restés dix jours
'cloués' à des planches, certains crucifiés ne mouraient que lorsqu'on leur fracassait le
crâne. » - Gerald Messadié, L 'homme qui devint Dieu, Robbert Laffont, 1988 : 773.
61
Mt 27:35 ; Lc 23:24.
62Daniel-Rops, Jésus en son temps: 397.
63 Daniel-Rops, Jésus en son temps: 398.
64
Theissen: 83-84.
65
Cf: Guignebert, Le monde juif vers le temps de Jésus: 155-172.
66 Theissen: 89.
67
Theissen: 91-92.
68Theissen: 93.
69 Theissen: 95-99.
70
Nous traitons ici de la confusion liée à l'appelation « Seigneur» -
en grec kyrios sans -
évoquer sa portée en araméen. Une étude menée par J.A. Fitzmeyer montre que le titre
araméen mare (à l'absolu), comme on en a retrouvé trace à Qumrân dans le Targum de Job
(11 QtgJob 24,6-7), était un titre spécifiquement dédié à Dieu dans le judaïsme palestinien. Or,
c'est ainsi que les disciples de Jésus devaient l'appeler (cf: lCo 16:22, p.ê. Rv 22:20). Cf: I.A.
Fitzmeyer, « The Semitic Background of the New Testament Kyrios- Title », in A Wandering
Aramean: Collected Aramaic Essays (Missoula: 1979) : 115-142.
71 Contre Praxéas, ou sur la Trinité (Adversus Praxean) 13, 3 in : Œuvres de Tertullien, vol.
3, trad. de E.-A. de Genoude, 1852 : 198-199.
72 Les versets que Charles Guignebert cite ici en référence (Ro 10:13; Il:34; 14:11;
lCo 2 :16; 2Co 10:17) sont en fait des citations ou allusions à l'AT. Il n'y a donc pas
confusion.
73Guignebert, Le Christ: 191-192.
74 Or on sait que les cultes à mystères, venus d'Orient, connaissaient précisément un regain
d'intérêt à cette époque; cf. F. Cumont, Les religions orientales dans le paganisme romain,
éd. P. Geuthner, 4e éd., 1929 ; Walter Burkert, Les Cultes à mystères dans l'Antiquité, Belles
Lettres, 2003; Guignebert, Le Christ: 171-181 ; Daniel-Rops, L'Église des apôtres et des
martyrs: 361-370; Robert Turcan, «A Rome, des cultes venus d'Orient », in: Geoltrain:
430-437 ; Bigg : 281-287. Parmi ces cultes, on comptait ceux de Mithra, d'Éleusis, Dionysos,
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de la Grande Mère, d'Isis, Artémis, Cybèle et Attis, des Telchines, ou encore de la triade
Déméter, Perséphone et Hadès, etc....
75Guignebert, Le Christ: 190.
76 Brossant une esquisse du judaïsme au début de notre ère, Étienne Trocmé remarque que
« des syncrétismes divers apparurent çà et là aux marges des synagogues: l'un des cas les
plus frappants de ce phénomène est l'assimilation par certains Juifs d'Asie Mineure du dieu
phrygien Sabazios à Yahvé Sabaoth, à partir du ne siècle avant notre ère. » (L'enfance du
christianisme, Hachette Litérature, 1999 : 19). Ce type d'assimilation, pensons-nous, prépara
la voie au syncrétisme chrétien. Cf. Guignebert, Le monde Juif... : « le syncrétisme judéo-
païen» : 266-282.
77Une inscription retrouvée à Astorga révèle à quel point la confusion, l'assimilation, et le
syncrétisme prédominaient: Etç ZEÙÇ~Épa1TLç'law, « Zeus, Sérapis et Iaô [ne font qu'] un »,
cf. Bigg : 282.
78P.-J. Proudhon, Jésus et les origines du christianisme, Paris, G. Havard Fils, 1890 : 20.
79L'Humanité hebdo du 3 avril2004 (propos recueillis par Claude Ravant) dans une série sur
le Christ et l'origine du christianisme, art. « La divinisation, enjeu central de l'expansion du
christianisme». Françoise Dunand évoque les ambiguïtés liées à l' appelation kyrios en ces
termes: « Cependant le mot KUpLOÇ, Deissmann l'a fait remarquer, renferme un concept
typique des religions orientales, où le rapport du fidèle à son dieu est assimilé à celui de
l'esclave à son seigneur, se trouve employé comme nom divin dans un certain nombre de
cultes de l'époque gréco-romaine; les exemples en sont fréquents dans les papyrus et les
inscriptions, qui présente des parallèles assez curieux avec des expressions chrétiennes.
KUpLOÇ est employé également dans le culte de l'empereur, à partir de Domitien seulement en
Occident (...), mais beaucoup plus tôt en Orient, où il est donné à Ptolémée Philopator, à
Ptolémée Épiphane, aux co-régents de Ptolémée XIII, Ptolémée XIV et Cléopâtre. »
(Dunand: 51-52, voir les notes).
80 Notre propos n'est pas de les passer tous en revue: les débats sont innombrables et d'une
portée bien trop importante. Nous garderons l'optique de la divinisation du Christ avec pour
support certains passages du NT dont il nous faut examiner quelques caractéristiques. Pour ce
faire, nous nous inspirerons des remarques formulées par Boismard : 63-123.
81 La version de Darby traduit ainsi: « (...) et nous sommes dans le Véritable, (savoir) dans
son Fils Jésus Christ: lui est le Dieu véritable et la vie éternelle. »
82 Cf. Bailly: 1427 : « ttef. OU1:0çse rapporte qqf. à l'objet le plus éloigné, lorsque c'est celui
sur lequel on veut insister, et EKELVOÇ au plus proche, s'il est considéré comme secondaire. ».
Voir par ex. Ac 4:10-11, Ac 7:18,19, 8:26, 1Jn 2:22, 2Jn 7.
83 Wallace, Greek Grammar: 327. Wallace, qui identifie le Christ à Dieu, signale néanmoins
la division des spécialistes à ce sujet: c'est bien que le texte est ambigu. Cf Stafford: 406-
409.
84 Voir Ezra Abbot, « On the construction of Titus iL 13 », JBL 1.1, 1881 : 3-19 et Stafford:
367-410 « Excursus: the Signifiance of Article-Nouns-KaL-Noun Constructions In Passages
Relating to the Divinity of Christ ». Voir aussi Wallace, Greek Grammar: 270-290.
85Boismard : 64.
86 Dans ce passage célèbre, le premier the os est déterminé par un article, tandis que le second
ne l'est pas. Certains traducteurs ont donc traduit le second substantif en le considérant
comme un adjectif qualificatif: et la « Parole était divine », ou « et la Parole était dieu» (cf. F
Godet, Commentaire sur l'Évangile de Jean, Neuchatel, 1970, 1.2, p.36 ; voir par exemple les
traductions de H. Oltramare, H. Pernot, Goguel, Monnier, J. Schneider, B. Wilson, etc.). J. H.
Greenlee, A concise exegetical grammar of New Testament Greek (Grand Rapids, 1986, 5e
éd.), soutient que Ie terme denote la nature du logos: « and the Word was deity (i.e., of the
nature of God) » (p.24). Boismard au contraire rappelle et soutient la règle: « lorsqu'un
substantif est en position d'attribut, il perd son article même s'il est déterminé» (Boismard :
87), et de citer Jean 1:49, qui confirme l'assertion. Ici Boismard fait allusion à l'étude menée
par E.C. Colwell, plus connue sous Ie nom de « règle de Colwell» (E.C. Colwell, « A definite
rule for the use of the article in the Greek New Testament », JBL 52, 1953 : 12-21) et qui est
289
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souvent avancée pour supposer le caractère défini de theos en Jn 1:1c. Cette « règle» se
formule ainsi: « a defmite predicate nominative has the article when it follows the verb; it
does not have the article when it preceds the verb. » (p.13) R.I. Decker commente cette règle
de la manière suivante: « Il n'est pas possible de supposer la règle inverse. C'est à dire qu'il
n'est pas vrai que parce qu'un nom attribut précède un verbe copulatif: il est par conséquent
défmi. Cela est souvent ignoré, et la règle est utilisée comme s'i! était dit: 'un attribut sans
l'article qui précède le verbe est habituellement défini.' » (Decker: 2). Mais Boismard n'est
pas le seul à recourir à cette règle; d'autres, pourtant non des moindres, vont dans le même
sens (Kuen, Metzger; voir Kuen : 453, Carson: 82-84). En fait, si la règle de Colwell est si
souvent mal employée ou interprétée (à commencer par Colwell lui-même), c'est parce
qu'elle permet, mais n'exige pas, à un nom attribut sans article placé devant un verbe
copulatif d'être défini plutôt qu'indéfmi (NET: 1888). En effet, de multiples exemples
montrent que des noms attributs sans article et précédant le verbe peuvent être indéfinis (Mc
6:49, Il:32, Jn 4:19,6:70,8:44,9:17, 10:1,13,33, 12:6). Dans ce cas, la tournure est
qualitative et appuie les traductions comme « un dieu» ou «dieu» en Jn 1:lc. À ce sujet, P.
Harner est à l'origine d'une étude qui démontre que « le nom attribut employé sans article et
qui précède le verbe a essentiellement une valeur adjective. [En Jean 1:lc, Jean] indique que
le logos a la nature de theos. Rien ne permet de considérer l'attribut theos comme défini. »
(<<Qualitative Anarthrous Predicate Nouns: Mark 15:39 and John 1:1 », JBL 92, 1973 : 85.)
Paul Stephen Dixon va plus loin, et conclut, au terme d'une étude doctorale sur les noms
attributs sans article dans l'évangile de Jean (The Signifiance of the Anarthrous Predicate
Nominative in John, Th.M. thesis, Dallas Theological Seminary): « when John wished to
express a definite predicate nominative, he usually wrote it after the verb with the article, 66
of 77 occurrences or 86% probability. When he wished to express a qualitative predicate
nominative with the verb, he usually wrote it before the verb without the article, 50 of 63
occurrences or 80% probability. Finally, we may conclude three things about John 1:1. First,
Colwell's rule cannot be applied to the verse as an argument for definiteness. Colwell's rule
says that definite predicate nominatives preceding the verb usually are anarthrous. The rule
asserts nothing about definiteness. It does not say that anarthrous predicate nominatives
preceding the verb usually are definite. This is the converse of the rule, and as such is not
necessarily valid. Indeed, our thesis demonstrates just the opposite, that anarthours predicate
nominatives preceding the verb usually are qualitative, 94% of occurrences. Second, on the
basis of the contrast with 1:14 (where the humanity of Christ is stressed), and on the basis of
the comparison with the fust two clauses in 1:1 (where two eternal qualities of the Logos are
laid out), we conclude that theos in 1:1c stresses quality. Third, this thesis demonstrates that
the statistical probability of theos being qualitative, rather than definite or indefinite, is quite
high, 94%. » (Dixon: 54-55) De cette brève analyse, il ressort qu'en Jn 1:1c, si la traduction
"et la Parole était Dieu" n'est pas foncièrement impossible (hors contexte usuel et
théologique), des considérations syntaxiques et statistiques tendent à appuyer plus fortement
une tournure où l'emphase serait mise sur la nature, la qualité du theos (Wallace, Greek
Grammar: 269, l'admet d'ailleurs) pour une traduction du type: « et la Parole était divine»
ou : « et la Parole était [un] dieu». Cette traduction est souvent mal comprise, et taxée de «
polythéiste» (Wallace, Greek Grammar: 266). Le Nouveau Vocabulaire Biblique (dir. J.-P.
Prévost, éd. Bayard, 2004 : 441) en explicite la teneur: « L'auteur veut dire que le logos
faisait partie de la réalité divine, sans être le Dieu suprême. 'Divin' est trop faible, 'Dieu' est
trop fort. Le mot 'dieu', avec la minuscule, cherche à rendre la pensée. » (Sur le supposé
polythéisme de cette traduction, ct: Didier Fontaine, «Les dieux de la Bible », 2006,
http://www.areopage.net/dieux.pdf.) Il faut d'ailleurs souligner que ceci est cohérent avec le
reste de la christologie de Jean, lequel, bien qu'il établisse la divinité de Jésus (c'est-à-dire sa
condition divine, cf. Jn 1:18, 49, 8:58, Il :27, 19:7, 20:28,31), ne l'identifie jamais à Dieu lui-
même (Jn 1:1 précisément, 17:3, 20:17). Le Nouveau Testament ne donne d'ailleurs pas cette
impression: Jésus y est décrit comme « premier-né» (Co 1:15 ;prototokos : niera-t-on l'idée
de génération ?) ou monogenes (Jn 1:18, 3 :16, 18, terme dont l'analyse étymologique, malgré
ce qu'on en a dit, confirme bien le lien avec le verbe gennaô), voire possédant la « forme»
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(morphè, Ph 2 :6) ou « l'image» (Co 1:15, eikôn) de Dieu (ces deux termes sont d'ailleurs
interchangeables dans la LXX, cf. Boismard: 93), mais ne partage jamais son identité. Les
tout premiers traducteurs du Nouveau Testament en copte sahidique, au lIe siècle, l'avaient
bien compris. Plus proches du strict monothéisme juif de l'évangéliste que ne le sont nos
traducteurs et exégètes contemporains, tout imprégnés de conceptions nicéennes, ils avaient
traduit Jean 1: 1b,c ainsi: « La Parole était avec Dieu, et la Parole était un dieu. » (Cf. Solomon
Landers, 'An Early Coptic Translation and John 1:lc', in: Navas: 309-314.) Quoi qu'il en
soit, il est aisé de constater que les spécialistes sont partagés. Chacun apporte dans le texte
une grille de lecture déformante. Nous pensons que le contexte plus que la grammaire permet
de saisir pleinement le mystérieux prologue johannique. Stafford: 326-350, en donne la
meilleure vue d'ensemble.
87 Voir aussi Matthieu 27:46, Marc 15:34, Romains 15:6 et Révélation 3:2 où Jésus appelle le
Père « mon Dieu».
88 Cf. Didier Fontaine, « Que signifie 'en forme de Dieu' ? », 2006, disponible à l'adresse:
http://www.areopage.net/PhilippienslI6.pdf. Voir aussi Boismard : 93.
89 Dans l'esprit du lecteur des premières communautés judéo-chrétiennes, deux éléments
sautaient aux yeux immédiatement: « Au commencement» (Ev &PXÔ,LXX; n"~~j.~, BHS),
référence directe à la Genèse, et une Parole auprès de Dieu, autre référence évidente à
l'Ancien Testament, en l'occurrence Proverbes, où Dieu est accompagné de sa Sagesse,
artisane de l'Univers avec lui: 8:27, 30 (1Tap' aùt4), LXX ; ;r,~~, BHS). Sorti de son contexte
sémitique, on a trouvé le prologue particulièrement « philosophique ». ''1~!-1-#- H~i' (Jean,
fils de Zébédée) ne l'entendait sûrement pas de cette oreille.
90 Boismard : 85. Même réflexion sur les hymnes de Co 1:15-20 et Ph 2:6-11.
91
Boismard : 99.
92 Stafford: 66, 161-164,375-378,388-402.
93 Les deux études principales sur ce sujet sont dues à Ludwig Traube et A.H.R.E. Paap (cf.
bibliographie). Pour les développements plus récents, cf. Hurtado, The Earliest Christian
Artifacts: 95-134, Comfort, Encountering the Manuscripts: 199-253, Trobisch : 11-19,
Metzger, Manuscripts of the Greek Bible: 36-37.
94 C.H. Roberts, Books in the Greco-Roman World and in the Nestament, in: The Cambridge
History of the Bible, vol.l : 64.
95 Cf. Comfort, Encountering the Manuscripts: 208.
96 Roberts, Manuscripts, Society and Belief..: 46.
97 Schuyler Brown, in: Metzger, Manuscripts of the Greek Bible: 37.
98 « Dans la récente guerre de Judée, en effet, le chef de la révolte des juifs, Bar Khokhébas,
ordonnait de faire subir aux seuls chrétiens de terribles supplices, s'ils se refusaient à renier et
à blasphémer Jésus-Christ. » Justin, lApaI. 31.6 (trad. : Œuvres complètes, Paris 1994, p.49)
in HE IV, 8.4
99 Thiede et d'Ancona,' 189.
100Perrier, Évangiles, de l'oral à l'écrit: 149.
101« although this has not been noticed widely by scholars, along with the early Christian
preference for the codex, the nomina sacra are the earliest extant manifestations of an
emergent 'visual and material culture' in early Christianity (cf L.W. Hurtado, 'The Earliest
Evidence of an Emerging Christian Material and Visual Culture: The Codex, the Nomina
Sacra and the Staurogram', in Text and Artifact in the Religions of Mediterranean Antiquity
Essays in Honour of Peter Richardson, ed. Stephen G. Wilson and Michel Desjardins, 2000:"
271-288.). The nomina sacra were intend to register religious devotion visually. They are
textual phenomena with an iconographic function. » - Lord Jesus Christ: Devotion to Jesus in
Earliest Christianity, L.W. Hurtado, Wm. B. Eerdmans Pblishing, 2003 : 627.
102« In writing kurios as KC, the New Testament writers and scribes were signaling that
Jesus was the divine Lord, superior to Caesar and any god. » - Comfort, Encountering the
manuscripts: 215. Cette désécularisation pourrait être quelque peu comparée à notre système
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de capitalisation, qui indique une importance plus grande accordée au mot dont la première
lettre est mise en majuscules.
103Mazzaferro: 39.
104Aland: 81.
105
Christopher Tuckett a affirmé (<<çp52 and Nomina Sacra », NTS 47, 2001 : 544-48) que ce
papyrus aurait porté le nom de Jésus en entier, de même que Gertoux, Divine Name,« Lack of
nomina sacra in the earliest Christian papyrus»: 252-253. Mais la démonstration est
contestée: L.W. Hurtado, « çp52(p. Rylands Gk. 457) and the Nomina Sacra - Method and
Probability », Tyndale Bulletin 54.1, 2003: 1-14, et d'ailleurs Comfort et Barrett font
apparaître les nomina sacra dans leur transcription du çp52 : The Text of the Earliest... : 367-
368, sans discussion. Le fait est que le çp52ne porte pas de nomina sacra dans le passage qu'il
préserve. Tout le reste n'est qu'hypothèse. Cf. la transcription de Robert Waltz:
http://www.skypoint.coml-waltzmnJManuscriptsPapyri.html#P52 ; voir aussi celle de Gérard
Gertoux : http://gertoux.online.fr/divinename/faq/A20.htm.
106Pour être complet, il faut également mentionner le papyrus Egerton 2, daté c.200 (sans
doute quelque peu antérieur), qui contient des nomina sacra (pour les termes Seigneur, Dieu,
Jésus, père, Moïse, prophètes, rois, Ésaïe, prophétisa et p.ê. comme). Cet écrit, sorte
d'évangile ni canonique, ni hérétique, ni gnostique, est difficile à caractériser. Sa dépendance
avec l'évangile de Jean, qui apparait au premier abord, est contestée; il s'agirait plutôt d'un
document s'inspirant des mêmes sources que Jean et les synoptiques (document Q ou tradition
orale). Cf. Enrico Norelli, in : Marguerat, Jésus de Nazareth: 397-435.
107D'après Mazzaferro: 21, qui s'appuie sur Aland: 57. Les dates sont, bien sûr, toujours
sujettes à caution. Par exemple, les Aland situent çp13 vers III-IV, tandis Comfort,
Encountering the manuscripts: 91, le situe début III.
108Mazzaferro: 27, nous soulignons.
109Sur le fond, Hurtado n'est pas convaincu par la thèse de Trobisch (ni nous entièrement
d ' ailleurs) ; cependant les éléments qu'il met en lumière appuient, à notre sens, I'hypothèse
d'une activité éditoriale, quelle qu'ait été sa nature et son ampleur. En fait, Hurtado n'a
qu'une seule visée: démontrer la divinité de Jésus par les signes précoces de dévotion à son
égard. Cependant, si les faits historiques que fournit Hurtado sont probants et dans l'ensemble
mis en contexte, il nous semble qu'il mésestime sérieusement la portée christo logique des
textes du Nouveau Testament concernant la nature de Jésus (qui sont à la base de tout). En
effet, il affirme: « As I have demonstrated elsewhere, the conviction that Jesus shares God's
name and glory and the devotional practice of treating him as the worthy recipient of worhip
arose early, among Jewish Christian circles, and cannot be accounted for in the way Howard
proposes. » (op. ci!. : Ill) Il est vrai que le culte de Jésus s'est instauré rapidement (cf. la
correspondance de Pline qui fait état de chants adressés à Jésus quasi deo, « comme à un
dieu» ; ou Celse qui qualifie Jésus du « dieu» des chrétiens), et que l'on a très vite pensé que
Jésus partageai! le Nom du Père (Justin Martyr, c.140, cf. infra), mais cette confusion résulte
précisément des phénomènes dont George Howard fait état! Cette confusion n'est pas non
plus soutenable à la lumière du NT lui-même.
110 « d'après les témoignages que nous conservons, le NT présente, entre 150 et 200, une
diversité textuelle considérable»; «Entre 135 et 200, le texte courant primitif est
progressivement remanié. » ; « Ainsi, entre 150 et 200, le texte des premières recensions se
charge de multiples leçons nouvelles. » - Vaganay-Amphoux : 138, 145, 155.
111Cf. Mazzaferro: 29.
112« Moreover, in the book of Exodus we have also perceived that the name of God Himself
which, He says, was not revealed to Abraham or to Jacob, was Jesus, and was declared
mysteriously through Moses. » - ANF.
113Cf. Hurtado: 111 : « The result of this review of possible derivations of the nomina sacra
is to make it more likely that the specific practice originated among early Christian circles. » ;
Comfort, Encountering the Manuscripts: 202 : « One of the main reasons we know that the
Old Testament manuscripts are Christian manuscripts and not Jewish is the presence of
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nomina sacra in the text. » ; Comfort, The Quest... : 47 : « Thoug the creation of the nomina
sacra may reflect the Jewish influence of the tetragrammaton (YHWH, the consonantal
structure of the name Yahweh), abbreviating the divine names is an entirely new creation
found exclusively in Christian documents. »
114D'après Comfort et Barrett: 263.
115Yoir Yacherot ; Matter; Biet ; Bigg : 63-72.
116Comfort, The Quest: 53. La bibliothèque aurait contenu à une époque environ 700000
volumes, cf. Westphal, Dictionnaire encyclopédique: 29, Smith: 30.
117Cf. Comfort et Barrett: 28 ; Comfort, Encountering the Manuscripts: 17.
118Par exemple, les œuvres d'Homère avaient été pourvues d'un apparat critique. Certains des
symboles employés dans cet apparat furent par la suite repris dans les manuscrits du NT. Cf.
http://www.skypoint.comlmembers/waltzmn/ShortDefs.html#critSyms (voir aussi Metzger,
The Text... : 149-152). C'est également à Alexandrie (et concomitamment à Pergame) que
furent édités les premiers archétypes et préarchétypes des textes classiques, documents qui
serviraient de support à la tradition textuelle ultérieure (Dain: 109-114). Il y avait donc bien
un processus éditorial, supposant des méthodes homogènes et clairement définies.
119HE II, 5, 4 ; la population juive représentait le tiers de la population totale d'Alexandrie, et
devait avoisiner les 180000 âmes, cf Joseph Mélèze-Modrzejewski, « Un judaïsme
d'expression grecque », in : Geoltrain : 61. Cela dit, l'antisémitisme était très répandu dans la
ville, et des manifestations anti-juives surgissaient parfois (ct: infra).
120
On possède même une lettre indiquant les transferts de livres entre Alexandrie et
Oxyrhynque (P.Oxy.2192). Comfort, op.cit.: 7; The Quest...: 59-60. II est de même
probable qu'Oxyrhynque possédait son propre scriptorium dès le lIe s (Roberts: 24), et
consitituait un centre intellectuel pour le christianisme en Égyte rurale (Comfort, op. ci!. : 60).
121TC : 5* : « The Alexandrian text (...) is usually considered to be the best text and the most
faithful in preserving the original. Characteristics of the Alexandrian text are brevity and
austerity. » On pourrait ajouter aussi que, puisque les scribes étaient habitués à manier la
langue grecque littéraire, les principales corrections intentionnelles qu'on leur doit relève des
atticismes et autres corrections grammaticales.
122
Comfort, The Quest... : 53. Comfort met en doute que cette norme alexandrine se soit
uniformément imposée avant le lye s.
123Or Alexandrie était le creuset du syncrétisme à l'époque. Les philosophies platonicienne,
philonienne, gnostique s'y côtoyaient et s'interpénétraient, influencées çà et là par les
idéologies antijudaïques gréco-romaines (Lazare: 1-21, 51-52 ; Matter: 271s, Encyclopaedia
Universalis, vol. I, 1968: 623-624, Westphal, Dictionnaire encylopédique, vol. I: 29-30 ;
Pierre-Emmanuel Dauzat, « Les chrétiens à Alexandrie: foyer de culture chrétienne », in:
Geoltrain: 495-510). De violentes altercations avaient d'ailleurs opposés les Alexandrins aux
Juifs (GJ II, 487-498; cf. Lazare: 31, Haas: 88, Geoltrain: 66-70) et les Juifs aux
Alexandrins (Haas: 99s). Il n'est donc pas étonnant qu'une composante aussi sémitique et
dérangeante que le Nom ait pu être purgée à Alexandrie. Pour donner une meilleure image de
leur religion, les Juifs d'Alexandrie avaient même falsifié quantité d'auteurs grecs classiques
Eour faire d'eux des plagaires de Moïse! (cf. Lazare: 28-29, Biet: 56-119, 342-343)
24 Cette déclaration quelque peu empreinte de désillusion (ou d'ironie f), fait suite au constat
(très important) que les éditions modernes du texte grec, tout comme les apparats critiques,
procèdent de choix, et ne doivent pas donner l'illusion que nous sommes enfin parvenus à
restituer le texte original du NT (en évoquant le texte des Aland) : « En dépit des progrès
documentaires, l'apparat critique est avant tout conçu pour justifier le texte établi, lequel est
présenté comme coïncidant pratiquement avec le texte primitif, puisque, pour les seuls
passages entre crochets, 'l'appartenance au texte primitif (...) n'est pas assurée' (Introduction,
p.8) », regrettant à raison que des témoins anciens soient un peu trop vites écartés et du texte
et de l'apparat. (Ibid)
125Comfort, The Quest ... : 48 ; pour des éléments appuyant l'activité éditoriale alexandrine,
cf. pp.48-53.
126Roberts, Manuscript, Society and Belief.. : 46.
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127« Pour le NT, la copie des papyrus, durant les trois premiers siècles au moins, est due,
semble-t-il, à des scribes de fortune. Toutes sortes de déformations, des fautes involontaires
aux corrections intentionnelles, ont pu s'y produire ou être recopiées. » - Vaganay-Amphoux :
113.
128Review of Trobisch, The First Edition of the New Testament, par Jason T. Larson, TC :
Journal of Biblical Textual Criticism, 2002.
129Cité dans Gertoux, Divine Name: 127.
130Trobisch : 44.
131Filologia Neotestamentaria 12, 1999 : 25-54.
132On note qu'Origène qui a conservé les paroles de Celse, ne les nie pas, et se contente
d'attribuer ces retouches à Marcion, Valentin et Lucain.
133Plus loin Tertullien conclut: « il ne faut donc pas en appeler aux Écritures» (XIX, 1) car
elles sont susceptibles d'interprétations différentes, ou on peut arguer à sa guise qu'elles ont
été altérées. La seule solution est donc pour lui de refuser à ceux qu'il juge hérétiques le droit
de disposer des Écritures, en leur « prouvant» qu'elles appartiennent à la véritable Église
apostolique dont il fait partie, et qui est seule à même d'établir une lecture et une tradition
dignes de foi. Il est très intéressant de constater qu'au cours de son argumentation, le débat
autour de la nature du Christ est palpable à chaque ligne: « XX. Le Christ Jésus, notre
Seigneur qu'il me permette de m'exprimer ainsi un moment -, quel qu'il soit, de quelque Dieu
qu'il soit le fils, de quelque matière qu'il ait été formé homme et Dieu tout ensemble, quelque
foi qu'il enseigne, quelque récompense qu'il promette (.. .). » Mais il ne saurait rester
longtemps dans cette hypothèse rhétorique, et face à la contradiction de ses adversaires, il
déclare: «XXXI. De ces faits, voici la prescription que nous dégageons. Du moment que
Jésus-Christ, notre Dieu, a envoyé les apôtres prêcher »
134Constantin charge Eusèbe de Césarée d'effectuer 50 copies de belle facture des Saintes
Écritures, et c'est peut-être de là que sont nés le Codex Vaticanus et le Codex Sinaïticus (Vie
de Constantin, IV, 36).
135
On les distingue par les signes aidant à la lecture, la tenue générale plus aérée, certains
signes de ponctuactions ou de pause dans la lecture, etc. Parmi eux: spI, sp4/64/67,sp5, sp13,
sp27, sp30, sp46, sp66, sp69, sp75, sp90, etc. Ct: Comfort, The Quest... : 57.
136Ces recensions ont lieu dans la seconde moitié du Ille siècle; elles expliquent la disparition
d'un grand nombre de corruptions que nous allons évoquer. Mais pas toutes: les recenseurs
eux-mêmes avaient leurs visées théologiques.
137Sur la méthode éclectique, ct: Vaganay-Amphoux : 129-134.
138Vaganay-Amphoux : 185.
139Ces références sont indiquées à titre indicatif, pour approfondir la discussion. Elles n'ont
Eas nécessairement un lien direct avec notre analyse de la nature de la variante.
40 « An Eclectic Study of the Text of Acts », Biblical and Patristic Studies in Memory of
Robert Pierce Casey, éd. J. Nevill Birdsall et R.W. Thomson, Fribourg, 1963 : 65-66.
141Comme le suggère J.H. Ropes, l'omission est due à l'opinion du réviseur occidental selon
laquelle l'esprit saint est un don du Christ (non de Dieu), ct: The Beginning of the
Christianity, vol. 3, The Text of Acts, Londres, 1926 : 105.
142
HNT restaure ici le nom: « ;~~7~-n~ :1):1~ n~~ ..~ », i.e. « car Jéhovah a envoyé son
ange », peut-être par harmonisation avec le verset 7 où l'expression typique aYYEÀoç KUPLOU
est traduite par :1T;:1~-1~7~ 'l'ange de Jéhovah'.
143
Le sens passe de « Dieu a apporté en Israël un Sauveur, Jésus» à « Dieu a apporté le salut
en Israël », ce qui est beaucoup plus ambigu.
144
De nombreuses traductions hébraïques rendent d'ailleurs le grec tov ÀOYov tOÛ KUptOUpar
:1T;:1~'~-:'rn~ par exemple HNT. L'expression revient assez régulièrement dans les Actes:
8:25; 13:44,48; 15:35,36; 16:32; 19:10.
145Le verset peut signifier que Dieu a acquis l'église au prix de son sang. Cette idée
choquante est sans doute à l'origine du changement de 'l'église de Dieu' en 'l'église du
Seigneur' .
294
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substance du Père. » Plus loin l'article 4 souligne cette idée de génération: «YEvv1l9EV'tllou
1TOL1l9EV'tU
178Büschel, TDNT 4, 740 : «W.OVOYEV~Ç
-
», i.e. « engendré, non pas fait [ou créé] » Boularand, La « Foi» de Nicée: 295.
8EOÇ]can only begotten God; to render 'an only-
begotten, who is God' is an exegetical invention. It can hardly be credited of [John], who is
distinguished by monumental simplicity of expression. » ; in : Furuli : 222.
179
Pour Metzger il s'agirait là d'un signe du caractère primitif de l'expression, à mettre en
~aral1èle avec l'expression sans article également rencontrée en Jn 1: 1 (TC: 169).
80 En fait, Arius (lye s.) connaissait et acceptait la lecture « dieu unique-engendré », tandis
que ses adversaires trinitaires la rejetaient.
181Ehrman, Orthodox Corruption: 79-83. En effet, Ehrman ne fait appel qu'à des éléments
internes, mettant en défaut son habituelle méthode éclectique. Wallace, The Text and
Grammar of John 1: 18 sur bible.org attire l'attention sur d'autres problèmes d'ordre
grammatical; cf. note de la NET ad loco
182
Cf. Navas: 86-148 par exemple.
183Pour un excellent état de la question, cf: Charles Powell, « The Textual Problem of ouôÈ 0
ut6ç in Matthew 24:36 », Dallas Theological Seminary, sur bible.org.
184
C'est ce que signifie ces hermétiques, mais si utiles, abréviations que nous avons
rencontrées: main originale et second correcteur: N *,2 et premier correcteur: NI
185Queré, Évangiles apocryphes: 120. France Quéré indique en note: « Le tragique de la
mort est nié. L'Esprit divin quitte le Christ et va rejoindre le Père, tandis que le Seigneur est
'élevé'. La mort est l'étage de la glorification. »
186
ANF, vol. X: Origen's Commentary on the Gospel of John,I,40.
187
Par exemple, XWpLÇapparaît bien plus fréquemment en Hébreux que dans le reste du NT.
188
Par exemple, en Hébreux, XWpLÇest toujours suivi d'un nom non articulé.
189À aucun endroit dans l'épître aux Hébreux le terme xapLç ne s'applique à la mort salvifique
de Jésus.
190On peut aussi mentionner l'Aposto/icon de Marcion.
191Yariantes tirées de l'apparat critique du NA27. Le GNr n'en mentionne aucune. TC : 530.
192Introduction 7*.
193Sur ce passage, bien qu'il n'y ait plus guère de doute parmi les spécialistes, cf. Stafford:
135-143. Nous nous écartons cependant d'Ehrman qui tente de prouver que Luc ne mentionne
jamais la mort de Jésus comme une expiation des péchés, ni par sa propre compréhension, ni
par la tradition paulinienne dont il fait part.
194Metzger, The Text of the New Testament: 234-236 ; idem dans TC: 425-427.
195
Par exemple la NEG (1979), O/iviétan (éd 1996), Parole Vivante, du Semeur (2000), à la
Colombe (2001), TOB (1975), Osty et Trinquet (1973), Nouvelle Bible Segond (2002)...
196
Cf. Wallace, Greek Grammar: 59, TC : 592-593.
197Le nominatif pour le vocatif est une tournure fréquente en grec (cf. par ex. Mc 15:34;
Robertson, Grammar: 465, évoque une soixantaine d'exemples; il précise qu'en Rb 1:8 il
n'y a pas de certitude quant au cas, nominatif ou vocatif: de 0 9EOÇ).
198Ainsi la Bible du rabbinat français rend Ps 45:7 : « Ton trône [fondé par] Dieu, durera à
jamais. » De même la version JPS : « Thy throne given ofGod is for ever and ever ».
199
R.E. Brown, Gospel According to John, AB 29-29A, 1966 : 1026. Pour les différentes
interprétations possibles de ce verset, voir Didier Fontaine, « Jean 20:28 : Thomas s'adresse-t-
H à quelqu'un? », 2006, http://www.areopage.net/JeanXX28.pdf.
200
Un Messie humain, « oint », « choisi» par Dieu; ou un fils de Dieu au sens adoptif; ou
«Fils de Dieu» d'un genre nouveau que les Écritures avaient suggéré sans le révéler
pleinement (Gn 1:26, Pr 8:22, 30:4). Sur la christologie de la communauté judéo-chrétienne
de Jérusalem, cf. Rainer Riesmer, « The christology of the Early Jerusalem Community »,
Mishkan 24, 1996 : 7-16.
201
Il Y également dans l'exaltation du Christ après sa crucifixion une intention ironique, voire
parodique, à l'égard des adversaires de Jésus. Ce procédé est sensible dans tous les évangiles,
et particulièrement celui de Marc. Cf. Joel Marcus, « Crucifixion as Parodic Exaltation », JBL
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125/1, 2006 : 73-74 : « The central irony in the passion narratives of the Gospels is that
Jesus'crucifixion turns out to be his elevation to kingship. This seems to be the best way to
understand, for example, the fact that in Mark's Gospel Jesus is never called a « king» until
he stands before Pilate on the way to the cross; yet from that point forward, within the space
of thirty verses, he is called « king» six times: three times by Pilate (15: 2, 9, 12), twice by
mockersjust before andjust after his crucifixion (15:18, 32), and once by the inscription over
his cross (15:26). These instances of PCXOI,Â.EÛÇ are heavy with irony, since none of the
characters - neither Pilate, nor the soldiers who mockingly dress Jesus in royal garb, nor the
anonymous composer of the inscription « The King of the Jews» nor the taunting passersby
at Golgotha - really believes that Jesus is a king. (...) Yet the reader understands that these
characters actions and words point toward a truth unknown to them: royal garments and
1
crowns rightfully do belong to Jesus, who will show his kingship precisely by not saving
himself but by dying on the cross. Although the degrading slave's death of crucifixion seems
to the mockers to be a decisive contradiction of the claim that Jesus is a king, the reader
knows the opposite to be true. » (nous soulignons)
202
En effet les spéculations de Platon sur la nature divine ouvrirent la voie à l'hénothéisme,
forme particulière du polythéisme qui, sans nier l'existence des autres divinités, met en valeur
une divinité unique et transcendante.
298
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Conclusion
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Baal est un terme qui n'a plus grande signification aujourd'hui. Ce terme
".p:h signifie maître, possesseur, mari, et même seigneurll. On pourrait donc
presque traduire par: ils « ont oublié mon nom pour 'Seigneur' }). De fait, ce
passage de Jérémie condamne bel et bien l'oubli du Nom de Dieu, et avec
cet oubli l'abandon de Dieu Lui-même.
Comme toujours cependant, cette «chute}), cet oubli du Nom, devait
coïncider avec une «restauration}). C'est l'apôtre Pierre, qui, en termes
prophétiques, nous le révèle: «Et dans les derniers jours, dit Dieu, je
répandrai une partie de mon esprit sur toute sorte de chair, et vos fils et vos
filles prophétiseront, et vos jeunes gens verront des visions, et vos vieillards
rêveront des rêves; et même sur mes esclaves mâles et sur mes esclaves
femelles je répandrai une partie de mon esprit en ces jours-là, et ils
prophétiseront. Et je donnerai des présages dans le ciel en haut et des signes
sur la terre en bas; du sang et une brume de fumée; le soleil se changera en
ténèbres et la lune en sang avant que le grand jour de Jéhovah arrive. Et tout
homme qui invoque le nom de Jéhovah sera sauvé. }) Ac 2: 17-21 (TMN)
Effectivement, le Dieu souverain a promis que son Nom glorieux serait
connu de toutes les nations. Ceux qui aiment son Nom se réjouissent donc
quand Dieu Lui-même fait cette promesse, autre restauration dans la lignée
des restaurations12 :
Je sanctifierai mon grand nom profané parmi les nations, que vous avez
profané au milieu d'elles: « Et les nations sauront que je suis Jéhovah ».
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1 Pour être précis, on peut signaler que quelques fragments de la météorite tombée dans
l'Arizona existent toujours. Ainsi en est-t-il des relicats tels le nom divin j1"(Yah) subsistant
dans la Révélation.
2 Puisque pas un n'est identique, comment identifier le manuscrit qui préserverait le texte
authentique? C'est ce qui fait dire à P. W. Comfort avec une pointe d'ironie: « If an
autograph of the New Testament were found today, it would very likely be labeled as an
ancient manuscript that preserves a pure text type with some emendations. » - Comfort, The
Quest...: 122.
3 Cette répugnance Gentile est perceptible dans les propos d'Hellmut Rosin: « It might mean
that 'Jehovah' would irrevocably become the strange God of the D.T. and that the cleavage
between the two Testaments might also rend apart the church (.. .). » (nous soulignons).
Cependant, cette affirmation s'appuie sur des données erronées; en particulier, Rosin
soutenait (en 1952) : « we should not forget that there is no sign of any such transcription of
the tetragram in the N.T. and the LXX.», ce que nous savons faux puisque la LXX
transcrivait primitivement le tétragramme en hébreu ou en grec; quant au N.T., comme nous
en avons étudié les indices, certaines parties rédigées initialement en hébreu présentaient
sûrement le même phénomène. Partant de là, Rosin déduit: « That YHWH was invoked as
'the Lord', that He was spoken of as 'the Lord', that He made himself known as 'the Lord' -
all this is already part of the canonical testimony of the expiring Old Covenant and not just of
later Judaism. (...) There is nothing to correct or restore there. Not disobedience but
obedience has led to replacement of the name YHWH. Its place was to be cleared for another
proper name, that of Jesus Christ. It might be disrespectful and disobedient, therefore, to
restore something that God himselfhas demolished. » (The Bible Translator 1952 03/4 : 182).
Hormis l'importance du nom de Jésus, c'est exactement l'inverse de ce que prétend Rosin qui
est avéré. Dieu, dans l'Ancienne Alliance hébraïque (ou dans sa traduction grecque) s'est fait
connaître sous son Nom: Jéhovah. C'est sous ce Nom Jéhovah que ses fidèles serviteurs du
passé l'ont invoqué (Gn 13:4). C'est la désobéissance qui a conduit à oublier son Nom pour
'Seigneur' (voir Jr 10:25, 23:27). Et c'est l'obéissance qui pousse à le restaurer et l'employer
(Jo 2:3, Ac 2: 17-21, Ro 10: 13). Mais il est évident qu'employer le nom 'Jéhovah' à la place
de 'Seigneur' est assez embarrassant pour une personne trinitaire. Rosin lui-même en
témoigne: « for are not 'Jehovah's witnesses' anti-Trinitarians? » (ibid.) La question oratoire
ici soulevée peut se comprendre ainsi: appeler Dieu 'Jéhovah', reviendrait (outre 'risquer'
l'allusion au mouvement religieux qui porte ce nom), à compromettre la doctrine trinitaire,
dans la mesure où la confusion autour du terme 'Seigneur' serait moins évidente (Dieu aurait
un nom propre; Jéhovah et Jésus seraient plus facilement distingués). Il est donc évident que
'Jéhovah' apparaît comme un nom barbare, étrange, aux oreilles de nombreux chrétiens
d'aujourd'hui: de cette façon se répète l'histoire, puisque le même sentiment prévalut lorsque
le message judéo-chrétien fit irruption chez les Gentils.
4 Pierre Perrier, Évangiles, de l'oral à l'écrit et Les colliers évangéliques, éd. Sarment (2000
et 2003).
5 Tresmontant, Les Evangiles: 17.
'
6 Cf supra. Y. Yadin, The Ben Sira Scroll from Masada, Jerusalem: Israel Exploration
Society, 1965. Sur le triple yod, voir aussi Howard, mL 96/1, 1977 : 69.
7 « Il s'introduisit dans le Temple, où se trouvait la pierre fondamentale [ct: T.J. Yoma 42c,
ndla], dont le nom s'explique par le fait que Dieu l'avait fondée; sur elle Isaac notre père (la
paix sur lui !) avait répandu l'huile d'onction; elle portait engravées les lettres du Nom
explicite. Quiconque en connaissait le mystère pouvait agir à sa guise. Le bâtard connaissait
son mystère et les Sages d'Israël avaient très peur que les jeunes d'Israël ne l'apprennent et ne
se livrent à des forfaits. Ils prévinrent le danger astucieusement en fabriquant deux lions
d'airain suspendus aux deux colonnes de fer en face de la porte du Temple: si l'on entrait
pour apprendre les lettres, à la sortie on les oubliait aussitôt; si on les écrivait sur un
parchemin, on ne pouvait plus sortir. Que fit le bâtard? Il prononça les lettres sur sa cuisse,
l'incisa sans ressentir de souffrance, et y plaça le parchemin porteur de l'inscription; puis il
prononça à nouveau les lettres et remit la peau en place. À sa sortie les lions rugirent devant
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lui: il oublia ce qu'il avait appris, mais le parchemin resta en place. Il déchira à nouveau sa
cuisse pour en extraire le parchemin, il apprit les lettres de manière à pouvoir agir en toute
indépendance, ce qu'il fit; et il agit à sa guise. » - Osier: 38-39. Dès lors, le récit poursuit en
dépeignant Jésus « prononcer les lettres du Nom», ou « mentionner le Nom explicite» pour
faire des miracles. On rencontre l'expression « prononcer les lettres du Nom ineffable»
(Osier: 73), ce qui montre bien que pour les Juifs, le Nom n'était pas ineffable, mais plutôt
qu'il n'était pas permis de le prononcer, ce qui est explicitement confirmé par la mention« la
faute qu'il y a à prononcer le Nom» (Osier: 93). Les Toledoth, profanatoires à bien des
égards, puisqu'elles font de Jésus le fils illégitime (qui plus est conçu en période de nidah) de
Marie et de Joseph ben Pandéra, mélangent réminiscences historiques, bibliques (en attestant
le lieu de naissance de Jésus à Bethléem [Osier: 90], en évoquant Judas Iscariote, certes
d'une manière bien particulière, ou Jean Baptiste, Matthieu, Jean, Pierre, PauL..) et fantaisies
chronologiques patentes (évocation de Constantin !). Jésus est tantôt accusé de s'arroger le
titre de fils de Dieu (Osier: 93, 110), tantôt de Dieu (Osier: 58, 81, 110). Plus intéressant
encore, les Toledoth fournissent un témoignage supplémentaire, et crédible, indiquant que les
disciples de Jésus, après la mort de ce dernier, continuaient de fréquenter les synagogues:
« une immense dissension régnait entre eux [les disciples de Jésus, appelés 'vauriens' dans le
texte] et Israël... Bouleversement dans l'ordre des prières [allusion à la bénédiction des
hérétiques ?] et pertes d'argent [cf. l'épisode des marchands du Temple I]. Où qu'ils vissent
des Israélites, les vauriens disaient: 'Vous avez tué le Messie de Dieu !' à quoi les Israélites
répondaient: 'Vous méritez la mort car vous avez foi en un prophète mensonger !'. Mais ils
ne se séparaient point pour autant d'Israël: la dissension et la dispute régnaient au milieu
d'eux et Israël ne connaissait plus le repos. » (Osier: 79, 108-109) Aussi, les Sages d'Israël
vont-ils user d'un subterfuge pour « leur [faire] abandonner la Torah d'Israël» (Osier: 58 ;
cf. 59). Il faut donc considérer ces Toledoth Yeshuh [yeshuh au lieu de Yeshua', car ce sont
les initiales de 'que soient Effacés son Nom Et sa mémoire', cf. Osier: 89] comme un écrit
polémique à part entière, à prendre avec précaution à ce titre, et qui a été rédigé par ceux-là
même que le christianisme institutionnalisé persécutait déjà grandement. Textes hébreux
consultables sur: http://lemidrash.free.fr/JudaismeChristianisme/index_toledoth.html. Une
-
autre tradition juive qui nous renseigne sur le Nom bien que totalement mythique, celle-là! -
est contenue dans l'Alphabet de Yeshoua Ben Sira (même époque de rédaction que les
Toledoth, vers le Xe s.). Elle débute ainsi: « Dieu créa Adam et vit qu'il était seul. Il dit: 'Il
n'est pas bon pour un homme d'être seul'. Alors, Il créa une femme, à partir de la terre
comme Adam et Il l'appela Lilith. Adam et Lilith se querellèrent. Il lui dit: 'Je ne me
coucherai pas sous toi, mais seulement au-dessus de toi. Tu es faite pour être dessous, parce
que je te suis supérieur'. Lilith répondit: 'Je ne me coucherai pas sous toi mais sur toi. Nous
sommes égaux, nous avons été créés de la même terre'. Aucun des deux ne voulut céder.
Quand Lilith le vit, elle prononça le Nom Ineffable et partit dans les airs. » (Wikipédia, art.
Ben Sira ; nous soulignons). Où l'on voit que la connaissance du Nom a servi la cause de la
première féministe de I'Histoire!
8 Compte tenu de leur substrat sémitique, les Évangiles, les Actes d'Apôtres et la Révélation?
9 Comfort, The Quest...: 10.
tO
Le terme est tl1TOKtlt(XOttlOtç,
restauration ou rétablissement, formé sur le même préfixe que
(x1TOK(XÂ.Utf1tÇ,
révélation...
Il Cf. Joüon 136d, Feyerabend (Langenscheidt's Pocket Hebrew Dictionary) : 44.
12 Ézéchiel 36:23a, TA. La partie b ajoute :
:C:J'~.'~7 C~~ '/tÇli?i}~ i1ii1~ ~~.,~ \c~~ i.e.
« déclare [déclaration de] le Seigneur Jéhovah, quand je me sanctifierai, par vous, sous leurs
yeux.»
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Annexe 1
Versets bibliques où le Nom pourrait être restauré
Pour savoir où le nom divin a été remplacé par les termes grecs KVpLOÇet
e€OÇnous avons déterminé les endroits où les rédacteurs chrétiens inspirés
ont cité des versets, des passages et des expressions tirés des Écritures
hébraïques, puis nous nous sommes reportés au texte hébreu pour voir si le
nom divin y figurait. C'est ainsi que nous avons pu établir l'identité de
Kurios et de Théos et savoir de quelle personne il s'agissait.
Le Comité en question a donc identifié les citations, mais aussi les expressions
bibliques usuelles, en se reportant au texte massorétique. Une telle méthode, on le
sait, est faussée aujourd 'hui (et donc facile à remettre en question), puisque le
Nouveau Testament donne l'impression de ne s'appuyer essentiellement que sur la
Septante (l'étude de Jones le met en évidence magistralement), Septante qui ne porte
plus le nom divin en lettres hébraïques. Néanmoins, la réalité est que, la plupart du
temps, les versets bibliques où le Nom est restauré citent les Écritures, où figurait le
Nom tant dans la version pré-massorétique que connaissaient Jésus et ses disciples
que dans la Septante, où le tétragramme n'avait pas encore été remplacé.
Pour rester dans notre rôle de traducteurs et ne pas verser dans l'exégèse,
nous avons chaque fois longuement réfléchi avant de traduire le nom divin
dans les Écritures grecques chrétiennes, nous référant toujours aux
Écritures hébraïques. Nous avons aussi cherché confirmation dans les
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Ce principe, plus discutable sur la fonne, est essentiel. Il signifie que les
traducteurs de la TMN ont opté pour une restitution du Nom sur la base du sens et
du contexte, davantage que sur le texte lui-même et, pour s'assurer de ne pas verser
(trop) dans l'exégèse, ils se sont reportés à des traductions hébraïques du Nouveau
Testament. Cette méthode scandalise Lundquist. Il est vrai que des versions
hébraïques du NT, par définition, n'ont pas de valeur intrinsèque pour l'étude du
Nouveau Testament, ou pour la restauration du Nom. Et ce n'est pas ce que prétend
le Comité de la TMN. Mais ce dernier s'y reporte pour trouver « un appui» à sa
démarche, non une preuve comme semble le penser Lundquist. C'est d'ailleurs une
réaction naturelle, que l'on peut illustrer de la manière suivante: supposons un jeune
hébraïsant auquel on demande un thème tiré de la Genèse. L'élève s'exécute
péniblement, cherchant à rétroverser le français en un hébreu idiomatique. Quelle
envie ressentira cet élève une fois le thème terminé? Savoir ce qu'un vrai
hébraïsant, natif de préférence, aurait fait à sa place: en l'occurrence, consulter les
pages de la Genèse, et découvrir comment Moïse lui-même a dit la chose! Aussi le
Comité de la TMN, conscient du substrat sémitique du NT, se réfère-t-il à des
versions hébraïques, certes' anachroniques', mais réalisées par des personnes
hébraïsantes sensibles au substrat du NT, et à son contexte, pour garantir que leur
restitution n'est pas hors de propos, ni impensable. Quand on a compris cela, les
expressions 'jour de Jéhovah', 'déclare Jéhovah des armées', 'ange de Jéhovah',
'Jéhovah Dieu, le Tout-Puissant', etc., deviennent naturelles.
Dans la liste qui suit, nous avons indiqué par le symbole & les citations qui se
conforment à la Septante contre le sens du texte massorétique, noté flll. Un
astérisque indique les cas où les citations sont formellement introduites (expressions
'il est écrit', 'car:', etc.). Les cas où les citations se conforment parfaitement au
texte de la Septante sans contredire celui du texte massorétique n'ont pas été
indiqués.
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Mt 21:42 Ps 118:23*
Mt 22:37 Dt 6:5*
Mt 22:44 Ps 110:1* Ps 8:6
Mt 23:39 Ps 118:26
Mt 27:10 Ze Il: 13
Mt 28:2
Me 1:3 Is 40:3-5*
Me 5: 19
Me Il:9 Ps 118:25-26
Me 12:Il Ps 118:22-23*
Me 12:29 Dt 6:4-5
Me 12:30 Dt 6:4-5
Me 12:36 Ps 110:1
Me 13:20
Le 1:6
Le 1:9
Le 1:Il Ange de ;'1;''1
Le 1:15
Le 1:25
Le 1:28
Le 1:32
Le 1:38
Le 1:45
Le 1:46
Le 1:58
Le 1:66
Le 1:68
Le 1:76
Le 2:9 Ange de jj,jj" ; 2 oee.
Le 2: 15
Le 2 :22
Le 2 :23 Ex 13:2
Le 2 :24 Lv 12:8
Le 2 :26
Le 2:39
Le 3:4 Is 40:3-5*
Le 4:8 Dt 6: 13*
Le 4: 12 Dt 6: 13*
Le 4: 18 Is 61:1-2*
Le 5: 17
Le 10:27 Dt 6:5*
Le 13:35 Ps 118:26 Jr 22:5
Le 19:38 Ps 118:26
Le 20:37 Ex 3:6*
Le 20:42 Ps 110:1*
309
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Jn 1:23 Is40:3*
Jn 6:45 Is 54:1-3* & Jr 31 :33-34 &: Dieu; Wl: Jéhovah
Jn 12:13 Ps 118:25-26
Jn 12:38 Is53:1* 2 occ.
Ac 1:24
Ac 2:21 Jo 2:32*
Ac 2:25 Ps 16:8-11 *
Ac 2:34 Ps 110:1*
Ac 2:39
Ac 2:47
Ac 3: 19
Ac 3 :22 Dt 18:15-16*
Ac 4:26 Ps 2:1-2*
Ac 4:29
Ac 5:9
Ac 5: 19 Ange de ;'1;''1
Ac 7:31
Ac 7:33 Ex 3 :5*
Ac 7:49 Is 66: 1-2*
Ac 7:60
Ac 8:22
Ac 8:24
Ac 8:25
Ac 8:26 Ange de ;'1;''1
Ac 8:39
Ac 9:31
Ac 10:33
Ac Il :21 2 occ.
Ac 12:7 Ange de ;'1;''1
Ac 12:17
Ac 12:23 Ange de ;'1;''1
Ac 12:24 Variantes Dieu / Seigneur
Ac 13:2
Ac 13:10
Ac 13:Il
Ac 13:12
Ac 13:44 Variantes Dieu / Seigneur
Ac 13:47
Ac 13:48 Variantes Dieu / Seigneur
Ac 13:49
Ac 14:3
Ac 14:23
Ac 15:17 Am 9:11-12* Is 45 :21 2 occ.
Ac 15:35
Ac 15:36
310
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Ac 15:40
Ac 16:14
Ac 16:15
Ac 16:32
Ac 18:21 txt : Dieu
Ac 18:25
Ac 19:20
Ac 21 :14
2Co 8:21
2Co 10:17 Jr 9 :24
2Co 10:18
Co 1:10
Co 3: 13
Co 3: 16 txt: Dieu
Co 3 :22
Co 3 :23
Co 3 :24
2 Th 2:2
2 Th 2:13
2 Th 3:1
2 Ti 1:18
2Ti2:19 Nb 16:5* 2 occ.
2Ti4:14
312
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2P 2:9 Ps 34: 19
2P 2: Il
2P 3:8 Ps 90:4 Wl ne contient pas le Nom
en Ps 90:4
2P 3 :9
2P 3: 10 J03:4[2:31]
2P 3: 121 Jo 3:4 [2:31] txt : Dieu; variantes Dieu /
1 La NET porte la note suivante à ce passage: « The coming of the day of God. Peter
elsewhere describes the coming or parousia as the coming of Christ (cf. 2 Pet 1:16 ; 3:4). The
almost casual exchange between' God' and 'Christ' in this little book, and elsewhere in the
NT, argues strongly for the deity of Christ (see esp. 1:1).» C'est loin d'être obligatoire. D'une
part, les variantes appuyant la lecture 'Seigneur' (C P 323 945 1245 1739 al t vgcl bo)
indiquent, si besoin est, que l'expression « jour de Jéhovah [jour du Seigneur] » devait être au
moins aussi familière aux scribes, si ce n'est plus, que «jour ou avènement du Christ» ;
d'autre part le contexte immédiat est celui d'une citation-paraphrase de l'AT.
313
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Rv 1:8 Is 48:12 ; Am
3: 13
Rv 4:8 Is 6:3
Rv 4: Il 1Ch 29: Il
Rv Il:17 Am 4:13 & Ex 6:3 KUplE 0 8Eàç 0 TIlXv'toKpa'twp
(TIlXv'toKpa'twp = ~~)
"'w
Rv 15:3 Am4:13 &; Ex 34:10, Ex KUplE 0 8Eàç 0 TIlXv'toKpa'twp
7b : Dn 3:27s &
Rv 18:8 Is 47:14, Jr 50:34
Rv 19:6 Ps 104:5, etc KUplOÇ 0 8Eàç [~~wv] 0
TIlXv'toKpa'twp
Rv 21:22 KUplOÇ 0 8Eàç 0 TIlXv'toKpa'twp
Rv 22:5 Dn 7:18,24
Rv 22:6 Nb 27:16 NT, &: KUplOÇ0 8EOÇ tWV
1TvEU~atWV
Wl : nh"ï1 "H~~ jj,jj"
\ /00 0:: T:
2 Voir la Tour de Garde, 01/06/98 : 16, qui émet des réserves sur cette citation apocryphe. Le
Livre d'Hénoch n'étant pas daté avec certitude, il est bien possible que ce soit ce dernier qui
emprunte à Jude, et non l'inverse. Mais cela ne résoud pas la provenance de cette citation, que
Jude introduit formellement (npOE~~tE\)(JEV... ÂÉYwv')comme si elle était familière à la
communauté à laquelle il s'adresse.
3 Dont 57 introduites formellement. Stafford: 32, arrive à un total de 79, tandis que Lundquist
en compte 112 (Lundquist, The Tetragrammaton... : 222).
4 Stafford quant à lui, et de manière fort judicieuse, distingue les instances où l'action est
réalisée par Jéhovah (16 occ.) et celles où le contexte indique que Jéhovah est la personne en
question (61 occ.). Cf. Stafford: 32.
5 Lundquist en compte 125 (Lundquist, The Tetragrammaton... : 222)., et Stafford, mais avec
une méthode différente (cf. Stafford: 31-32), 83.
314
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BFC). On est donc assuré que ce passage ne portait pas le Nom dans l'autographe du
disciple Jacques. Il y a encore dix instances plus ou moins discutables en Mt 4:4, Jn
6:45, Ac 18:21, Ro 4:3, Ga 3:6, Co 3:16, Rb 2:13, Je 2:23 (2 occ.) et 2P 3:12 où le
texte, bien que vraisemblablement tiré ou inspiré de la Septante, porte 'Dieu', là où
la traduction grecque porte' Seigneur' ou 'Dieu' au même passage. Il est donc plus
hypothétique (mais possible néanmoins) que le tétragramme y ait figuré.
Sur la base de ce qui précède, on peut établir le scénario suivant, concernant par
exemple le passage de Mt 22:44 (citation formelle): Matthieu, qui rapporte la
controverse de Jésus avec les Pharisiens au sujet de l'identité du Messie, se souvient
que Jésus en a fait appelle au Psaume 110: 1. Il connaît sans doute par cœur de longs
passages des Psaumes, car il est Juif et cela constitue l'essence de son éducation.
Mais il consulte quant même le rouleau en question, où il découvre:
,,~t~ ",~
")"~"~ :1W")"K~ ;";''' OK)
On a vu que les rédacteurs inspirés du NT prenait des libertés dans les citations de
l'AT. Matthieu ne fait pas exception: il ne mentionne pas l'en-tête, et substitue un
mot pour un autre (ù1ToKa't'wpour Ù1T01TOÔLOV) ; mais, comme tout Juif qui se respecte,
il ne touche pas au Nom, qu'il reproduit à l'identique:
6
U1TOKa't'west la lectio difficilior. D'autres manuscrits lisent U1T01TOÔLOV
(K W TI 0102 0161 fl
13 33 1342 Byz ita itaur itCitf itff1 itff2 i~l it1vg syrp COpmaeç) ce qui pourrait être une
harmonisation. À l'inverse, U1ToKatwpeut s'expliquer comme un problème de mémoire: un
mot lu (ou entendu) est suppléé par un synonyme.
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Annexe 2
Repères chronologiques
410u Claude expulse les Juifs (et judéo- 48 : Émeutes juives en Judée
49 chrétiens) de Rome.
c.47-48 Premier voyage missionnaire (Paul) : c.50-52 : Épître aux Galates
Chypre, Asie Mineure, Antioche de c.50 : Première épître aux
Pisidie, Lystres, Iconium, Galatie... Thessaloniciens
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Remerciements
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Crédits photographiques
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Toutes les images présentes dans cet ouvrage sont soit: 1) dans le domaine public
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3) propriété respective des personnes citées, dont la reproduction a fait l'objet
d'une autorisation.
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Abréviations
Les versets bibliques sont tirés tantôt de la version Louis Segond (1910), tantôt de la
version Crampon (1905). Quand ce n'est pas le cas, l'abréviation de la version usitée
est indiquée.
Pour le texte grec, le texte est celui du NA27, et pour le texte hébreu, celui de la
BHS. Référence biblique: Livre, chapitre: verset (ex. Genèse 1:1). Abréviations des
livres: voir page suivante.
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Bibliographie
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Licence accordée à Sébastien Côté sebastien-cote@live.ca - ip:24.122.0.229
345
Licence accordée à Sébastien Côté sebastien-cote@live.ca - ip:24.122.0.229
Christologie, 175, 189, 196, 202, 204, DUNAND, Françoise, 51, 61, 62, 286,
219,232,241,245,261,262,264,286, 289,334
290,298 EHRMAN, Bart D., 167, 172, 258, 261,
Citations, 27, 67, 68, 69, 72, 80, 84, 88, 263,265,266,268,272,273,275,277,
105, 109, Ill, 115, 117, 118, 122, 127, 278,296,297,334
129, 133, 136, 152, 160, 167, 198,206, ÉPIPHANE, 38,44, 77, 289
242,259,261,266,274,281,295,313, ÉTIENNE, 8, 107, 119, 131, 181, 182,
314,315 216,286,289,317,342
CLÉMENT d'Alexandrie, 104, 107, 136, Euphémisme, 92, 93, 97, 99,217
206,229,285,286,320,324,333 EUSÈBE de Césarée, 57, 60, 85, 99, 107,
CLÉMENT de Rome, 191, 192, 196, 201, 154, 162, 184, 190, 191, 194, 195, 199,
317, 319, 324 205,209,217,219,220,251,256,294,
Codex Aleppo, 171 321,327,334
Codex Bezae, 155, 162, 266, 267, 282, GAMALIEL, 118, 119, 181,217
324 Gentils, Il, 12, 25, 49, 82, 93, 95, 97, 99,
Codex Koridethi, 296 106,121,128,165,177,179,180,194,
Codex Leningrad, 147, 171 214,223,224,231,248,250,255,285,
Codex Marchalianus, 56 305
Codex Prophetarum Vaticanus 2125, GERTOUX, Gérard, 7, 17, 23, 30, 31, 38,
252-253 39, 41, 42, 43, 44, 53, 62, 63, 99, 107,
Codex Reuchlianus, 171 131,135,147,171,216,219,286,292,
Codex Sinaiïicus, 97, 101, 134, 158, 267, 294,323,335
268,275,294,296,324 Gnosticisme, 17, 22, 57, 210, 220, 221,
Codex Vaticanus, 61, 153, 158, 223, 252, 227,229,276,286,293,319,334,337
267,294,324 Grec (langue), 77-79
Codex Washingtonensis, 159 GUIGNEBERT, Charles, 58, 224, 242,
COMFORT, Philip Wesley, 53, 62, 63, 243,284,285,288,289,335
250,251,291,292,293,294,303,305, HADRIEN, 193, 194, 195,218,319
306,333 HAMMAM, A.G., 201, 224, 285, 336
CONSTANTIN, 294, 306, 321 HARL, Marguerite, 75, 77, 327, 334, 336
Controverses christologiques, 12, 67, 264, Harmonisations, 131, 153, 171, 257, 258,
265,300 259,260,261,262,263,264,266,272,
Critique textuelle, 131, 139, 140, 151, 294,295,315
153, 154, 163, 164, 167, 172, 251, 256, Hébreu (langue), 73-75
257,275,280,334,342 HERMÈS, 136,243
Croix, 183, 239, 240, 242, 288 HERMÈS TRIMÉGISTE, 22
Culte impérial, 233, 234, 235, 236, 238, HÉRODE, Agrippa, 182,216,238,317
241, 287, 319 HOWARD, George, 22, 53, 61, 67, 84,
DANIÉLOU, Jean, 135, 137, 217, 220, 97, 98, 108, 128, 129, 132, 133, 134,
333 135,249,261,263,286,292,305,336,
DÉMÉTRIUS de Phalère, 48 339
dieu(x), 7, 16, 23, 26, 56, 57, 70, 106, HURTADO, Larry W., 63, 232, 250, 286,
120,125,128,130,149,190,208,225, 291,292,293,336
233,234,235,236,237,238,239,240, IGNACE d'Antioche, 192, 201, 202, 203,
241,242,243,245,250,258,269,271, 204,215,219,220,317,319,324
273,274,284,287,289,292,297,317 Ineffabble (Nom), 16, 17, 22, 27, 28, 29,
DIOCLÉTIEN, 172,233,235,251,321 36,42,48,58,61,63,96,97,226,229,
DION CASSIUS, 191,193,195,234,319 230,231,236,285,306
Divinisation, 214, 232, 233, 234, 237, Inspiration des Écritures, 141-144
240,241,242,243,244,255,258,263, IRÉNÉE DE LYON, 227, 228, 230, 278
289 ISIS, 243, 289
DOMITIEN, 190, 191, 235, 238, 289, JACQUES (disciple), 123-125
318,319 Jamnia, 48, 186, 217, 318, 338
DORIVAL, Gilles, 327, 336 JEAN (apôtre), 107-111
DU TILLET, Jean, 97, 99, 134, 324 JÉHOVAH, 28-36
346
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347
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Rome, 62, 63, 73, 85, 97, 112, 122, 131, 278,284,286,288,294,297,301,302,
134, 135, 166, 181, 182, 183, 184, 185, 306
191,192,194,196,201,210,211,216, Transcendance,208,224, 227, 285
217,233,234,280,287,288,295,301, TRESMONTANT, Claude, 89, 106, 108,
317,318,319,320,324,332,337,338 132,133,172,301,305,328,342
SABAZIOS, 243, 289 Trmité,228, 230, 254, 280, 284, 286, 288
Sémitismes, 76, 89, 90, 92, 104, 108, 113, TROBISCH, David, 250, 252, 253, 291,
132, 133, 134 292,294,324,342
Septante (LXX), 47-60 TROCMÉ, Étienne, 289, 342
SEPTIME Sévère, 248, 287, 320 VALENTIN, 129,213,255,294,319
SÉRAPIS, 243,289 Variantes, 97, 101, 118, 131, 146, 150,
SHANKS, Hershel, 115, 135, 136, 341 151, 153, 154, 161, 167, 172,257,258,
SHEM TOB, 87, 97, 98, 107, 134, 135, 259,260,261,262,264,267,268,275,
301,336 276,279,294,295,296,313
Sifrei Ha-Minim (livres des hérétiques), VESPASIEN, 185,318
187, 188, 189, 301 WALLACE, Daniel B., 165, 170, 172,
S~acide,53,62,301,305,306 173,289,290,297,342
So~b,34,35,43,324 YAHWEH, 36-41
Sopherim, 145, 146 Yom Kippour, 54, 95, 96, 186, 297
STAFFORD, Greg, 12, 25, 42, 44, 62, ZEUS, 130, 136, 225, 234, 235, 237, 243,
128,129,172,260,261,289,291,295, 289,297
296,297,314,328,341
Staurogramme, 232, 250
SUÉTONE, 183, 184, 190, 191, 216, 234,
287
Superstition, 10, 15, 17, 20, 21, 49, 59,
82,107,112,147,183,184,190,250,
285,302
SYMMAQUE,48, 188, 320
Talmud, 16, 20, 31, 42, 54, 75, 79, 146,
147, 187, 188,301,320,321,333,33~
337
Targum,23,41, 74,91,148,288,342
TATIEN, 192,213,319
TERTULLIEN, 154, 184, 192, 212, 219,
220,227,236,237,242,255,280,285,
287,288,294,320,342
Tétragramme (YHWH, ;";'''), 30, 147-
150
Texte massorétique, 29, 49, 80, 126, 148,
150,307,308
THÉODORET, 38, 57
THÉODOTION, 48, 317
Théophores (noms), 13, 23, 31, 32, 33,
38,39,40
THIEDE, Carston, 217, 218, 248, 291,
342
TITUS,73,185,238,318
Toledoth Yeshuh, 17, 302, 306
Tosefta, 25, 42, 57
Tradition, 10, 22, 25, 26, 30, 40, 42, 44,
72,79,82,84,103,126,128,134,136,
145,149,155,162,166,191,205,212,
217,219,224,227,240,251,253,275,
348
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Exode Ecclésiaste
3:14,15 19, 148-149 12:9,10 141-142
20:7 15, 16, 19, 21, 28 54,
56,59 Isaïe
Lévitique 9:6 128,233,273,282
19:12 16, 17 40:3 72, 108, 109, 254
24: 14-16 8, 21, 28, 30, 42, 63, 40:8 144
93, 132 52:6 41
53:7 240
Deutéronome
4:2 168 Jérémie
6:13 16, 19, 54 10:25 14,55
12:32 168 20:8,9 124
17:18 144 23:27 54,149,304,305
Josué Ezéchiel
1:8 144 36:23 127,304,306
2 Rois Daniel
22:8, 11-13 168-169 12:4,8,9 170
349
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Jean Romains
1:1 232, 245, 246, 273, 2:24 25,42
274, 270, 282, 289- 5:15 245
291 8:35 261
1:18 257, 269-274, 289 9:5 261
1:29 240 10:9 241
3:16 272 10:13 7,41,114, 127-128
3:18 272 10:16-17 261
4:1 259 14:4 261
5:2-4 154-158 14:10-11 261
6:69 259 14:Il 68,261
7:53-8: Il 161-164 16:20, 24 159-160
8:54 259
10:30 71 1 Corinthiens
10:33 107,128,132,287 1:12 213
10:35 142, 167 1:18 239
16:27 259 5:5 261
17:3 83,245 7:40 261
20:17 245,290 8:5,6 42,241,250
350
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2 Corinthiens 1 Pierre
6: 14-18 115-116 1:23-25 168
3:12 122
Galates 3:15 263
2:14 179
2:20 261 2 Pierre
3:17 262 1:20,21 142
4:7 262 1:2 263
6: 17 262,277 2: 1 209
3:9,10 122-123
Éphésiens
1:12 231 1 Jean
5:5 262 3:23 78,274
4:3 276
Philippiens 4:9 270,271,273
1:Il 262 5:1 270-271, 273
2:6 233,245,291 5:7 160-164,246
2: Il 231, 241 5:18 263,271
2:30 262 5:20 244
Colossiens Jude
1:15 27,233,273,291 5 263
2:2 262 9 125
2:9 70, 128
3:13 263 Révélation
3:16 263 1:8 68
4:3 263 II:17 69
4:16 169 19:1 110
22:18,19 168
1 Thessaloniciens
2: 14-16 176-177,215
AUTRES SOURCES
2 Thessaloniciens
2:3 209
1 Hénoch
1 Timothée 1:9 136, 314
3:16 151, 152, 164-166,
269 Apocalypse d'Abraham
2 Timothée X, 3, 8 231
2:14 263
3:16,17 142 Ascension d'Isaie
1:7 231
Tite 7:12 231
2:13 244,246,282 8:7 231
9:5 231
Hébreux Celse
1:4 231 Discours vrai
1:8,9 281-282 1,20 255
2:9 276-277 III, 82 227
4:12 142 IV, 104 239
351
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352
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Suétone
Vie des douze Césars
Caligula, 22 235,287
Caligula, 57 287
Claude, 25 183
Claude,42 131
Claude,45 287
Néron,16 184
Néron, 38 216
Néron, 57 287
Domitien, 13 287
Tacite
Annales
XV,44 183, 216
XXXVIII-XLIV 216
Tertullien
Apologétique
V,1 237
V,3 216
XI,6 237
XI, 13 237
XII, 3 289
XXIX- XXXIV 287
XXXIV, 3-4 237
XL,9 285
Théodoret
Quaest. xv in Ex. 38
Quaest. in libros
Regnorum et
Paralipomenon,80,805 57
353
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