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Modèles transnationaux de diplomaties culturelles

Les 3 modèles
• la diplomatie culturelle est à la fois au croisement de plusieurs politiques
publiques en direction de l’étranger et au croisement entre actions
publiques et privées.
• à partir de recherches empiriques, des modèles plus abstraits que l’on
pourrait ensuite comparer. d’un côté, une implication visible de l’État et,
de l’autre, son retrait apparent, on peut dégager trois grands modèles
• Le modèle centré sur l’action de l’Etat

Le premier modèle
est celui dans lequel l’État ne cache pas son influence. Ce message subtil de
propagation d’un message d’autopromotion évite la grande propagande au
profit, pour plus d’efficacité, de canaux discrets visant à une hégémonie avant
tout symbolique. C’est l’exemple du « modèle français qui se caractérise par
l’importance accordée à la propagation de la culture par le biais de la langue,
avec non seulement ses relais formés par l’Alliance française mais surtout grâce
à l’implication du ministère des Affaires étrangères.

Les diplomates, se font parfois même écrivains. Il est vrai que cette implication
de l’État, visible et assumée, masque parfois la présence d’autres acteurs
importants, notamment dans le monde universitaire.

2ème modèle
Les États-Unis dont l’administration fédérale reste longtemps en retrait sur le
terrain de la politique culturelle extérieure. Même après la Seconde Guerre
mondiale, elle fonctionne largement par le biais de la sous-traitance à des
fondations privées. Qu’il s’agisse des fondations Rockefeller, Carnegie, ou Ford,
ces grandes entreprises philanthropiques jouent un rôle important dans le
soutien aux échanges. Elles véhiculent un système de représentations qui
valorise le libéralisme et s’oppose fondamentalement au communisme. En cela,
elles accompagnent une américanisation qui se produit grâce à une hégémonie
géopolitique et économique qui permet de diffuser sans effort des
représentations positives.

L’État se fait donc discret ; il n’en est pas pour autant absent. Entre 1950 et
1967, il finance au contraire des programmes d’échanges académiques et une
propagande culturelle, dirigée par la CIA, pour valoriser en Europe l’« American
Way of Life » et décrédibiliser le communisme.

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3ème modèle
Dans les modèles hybrides, les ministères des Affaires étrangères assument une
certaine part de la diplomatie culturelle tout en en déléguant une partie,
parfois non négligeable, à des organismes publics, semi-publics ou privés. On
pense ici au cas britannique, dans lequel le British Council, fondé en 1934, se
tient à une certaine distance de l’État, mais fonctionne sur des fonds publics et
a pour mission de diffuser une image du pays conforme aux orientations de sa
politique étrangère. Avec la fondation Pro Helvetia, lancée en 1939 et fondée
officiellement en 1949, la Suisse possède elle aussi un instrument de diplomatie
culturelle apparemment indépendant de l’État, mais directement financé par
celui-ci pour défendre les intérêts de sa culture

Le cas de l’URSS
La principale institution en charge de ces questions est la VOKS (Société pour
les échanges culturels entre l’URSS et l’étranger), créée en 1925 dans le sillage
de la politique d’information qui vise à favoriser l’aide étrangère à l’URSS. D’un
côté, ses représentants sont plutôt issus du monde culturel pour éviter que les
actions n’apparaissent comme trop propagandistes. De l’autre, la VOKS est aussi
soumise au contrôle, par le financement, la nomination des dirigeants et la
présence de membres du Parti pour veiller à l’application de la ligne politique.

La VOKS (Société pan-soviétique pour les relations culturelles avec l’étranger)


est une entité de diplomatie culturelle créée par le gouvernement de l’URSS en
1925 pour promouvoir les contacts culturels internationaux entre écrivains,
artistes, scientifiques, éducateurs et athlètes de l'URSS avec ceux d'autres pays
via des visites et des conférences.

Curieusement, le fonctionnement de Pro Helvetia et du British Council, qui


forment également des structures paraétatiques liées financièrement à leur
gouvernement, ne seront pas sans rappeler le modèle soviétique. Ceci prouve
au passage que le dispositif de diplomatie culturelle n’est pas conditionné au
régime politique, démocratique ou autoritaire.

Les modèles hybrides se multiplient donc, durant la Guerre froide, pour éviter
aux États d’apparaître agressifs, tout en continuant de projeter leur culture vers
l’extérieur. Cette hybridation et la montée en puissance d’institutions dévolues
à la diplomatie culturelle sont également renforcées par une spécialisation de
l’art et de la communication qui exigent la présence d’experts. Aussi, le contexte

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géopolitique influence-t-il grandement les formes de diplomaties culturelles et
le rôle qu’y jouent les États.

L’influence de la Guerre froide sur l’engagement des États


Après une première période, de la fin du xix e siècle à la Première Guerre
mondiale, caractérisée par un impérialisme culturel fondé sur la propagation de
la langue – pensons à l’Association pour le germanisme à l’étranger (1881), à
l’Alliance française (1883) ou encore à la Societé Dante Alighieri (1889) – les
États se font plus présents durant l’entre-deux-guerres, avec l’intégration des
questions culturelles à leur appareil diplomatique. British Council, de la Division
des relations culturelles intégrée au Département d’État américain. L’Allemagne
et l’Italie fascistes utilisent aussi pleinement la culture comme outil de
propagande, jugé suffisamment menaçant pour que la Suisse réponde par la
fondation de Pro Helvetia en 1939.

En s’appuyant sur une des premières expériences de diplomatie culturelle des


États-Unis, la Première Guerre mondiale fonctionne comme un laboratoire. On
suit ainsi la trajectoire de Henryk Opieński, pianiste et compositeur polonais,
qui tisse durant l’entre-deux-guerres un réseau de relations artistiques en
Suisse, dont profite le ministère des Affaires étrangères de la nouvelle Pologne,
sans prendre toutefois la mesure de son importance. Ces deux proto-
diplomaties publiques restent encore balbutiantes et c’est surtout après la
Seconde Guerre mondiale que les dispositifs s’étoffent.

Avec la guerre froide


En effet, le conflit latent de la Guerre froide, basé sur une confrontation
culturelle entre des représentations antagonistes du monde, l’amélioration des
moyens de communication et l’expansion des sondages d’opinion sont autant
de facteurs décisifs pour l’essor d’une diplomatie publique où l’État joue un rôle
central. En ce sens, cette période où prospère la propagande vers l’autre bloc
pour le déstabiliser et vers son propre bloc pour affermir les liens est
particulièrement favorable à ces dispositifs. la Guerre froide a été une
parenthèse où, jamais auparavant ni après, les États n’ont investi autant
d’argent dans la promotion culturelle à l’étranger.

Les « modèles » aident en effet à la compréhension d’une réalité complexe en


la simplifiant, mais la confrontation avec le terrain apporte des nuances à ces
grilles de lecture. On montre à quel point l’implication du secteur privé est
importante dans la mise en place des échanges universitaires entre les États-
Unis et l’URSS, mais combien les divergences sont profondes avec l’État fédéral.

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Le modèle américain ne se construit pas sans heurts ni difficultés. Ici, malgré la
prégnance de l’État, les impulsions viennent des universitaires eux-mêmes, et il
convient donc d’articuler diverses échelles pour analyser ce développement.
Après s’être focalisés sur la possibilité de croiser histoire culturelle et histoire
diplomatique, les chercheurs portent désormais leur regard sur
le fonctionnement des différentes formes de diplomatie culturelle et leurs
influences mutuelles, en accordant une attention particulière aux acteurs et
actrices et leurs relations aux structures étatiques.

UN ENJEU MAJEUR DU XXIEME SIÈCLE


Les luttes d’influence sont devenues un enjeu majeur au plan international. La
mondialisation, la transformation des médias à l’ère du numérique ont
engendré l’apparition d’une opinion publique internationale versatile. Dans ce
contexte, il est nécessaire que la diplomatie culturelle et d’influence monte
rapidement en puissance dans ses différentes dimensions.

Les principaux champs d’intervention


1. Le réseau d’enseignement à l’étranger
2. Les universités et écoles
3. La promotion du tourisme
2. Dans un monde qui est devenu le théâtre de véritables guerres d’influence,
certains pays ont bien compris l’impact des réseaux culturels, qui sont de
puissants outils de diplomatie linguistique, culturelle et économique...
Le réseau de l’enseignement français à l’étranger (EFE) est un véritable fleuron
de notre diplomatie culturelle et d’influence. Interne et à l’étranger... Le secteur
de l’éducation, reconnu comme particulièrement performant au Liban, est
extrêmement fragilisé par la crise sans précédent que traverse ce pays.

Les instituts de langue (action externe)

• Créé en 2004, le réseau des instituts Confucius compterait 525 instituts


dont 18 en France. Ce réseau vient s’insérer au sein d’universités
étrangères, tout en restant contrôlé par un organisme émanant de
l’administration chinoise (le Hanban).
• En 2019, le MEAE a décidé la fermeture de 4 instituts français (IF
Amérique centrale, IF Brésil, IF Norvège, Centre culturel français Canada),
dont les recettes de cours n’étaient pas jugées significatives au regard de
dépenses de fonctionnement.
• La création d’un institut français à Erevan (Arménie) serait
particulièrement bienvenue, dans ce pays en proie comme le Liban à de

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grandes difficultés, où des puissances telles que la Russie ou la Chine
développent leur influence.
• L’accueil des étudiants étrangers
• L’accueil d’étudiants étrangers est un investissement en termes
d’influence. Or, dans un contexte de plus en plus concurrentiel, la France
est en perte de vitesse.
• En dix ans, la France est passée du 3ème au 7ème rang des pays
d’accueil. Alors qu’elle était auparavant le premier pays non anglophone,
elle est désormais devancée par l’Allemagne, la Russie et le Canada.
• La France pourrait être bientôt dépassée par les Émirats Arabes Unis qui
mènent une politique d’attractivité dynamique et occupent la 8ème
place.  Pour l’accueil d’étudiants européens, la France n’est qu’à la 9ème
place, après la Turquie, l’Italie et la Pologne.
• Formation des Imams
• Formation militaire
• Le tourisme

Après la forte chute de l’activité touristique engendrée en 2020 par la


pandémie de covid-19, le tourisme est aujourd’hui à un moment clef. La
dernière saison estivale a permis une reprise, avec des résultats qui restent en
retrait par rapport à 2019, mais sont moins dégradés qu’en début d’année.

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