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UNIVERSITÉ ABDELMALEK ESSAÂDI

Faculté des Sciences de Tétouan

Mémoire du
Projet de fin d’études
Pour l’obtention du
Diplôme de licence d’études Fondamentales
Sciences de la Matière Chimie

Présenté par
EL FKIRI Rajae

DIGESTION AEROBIE
DES DECHETS DES OLIVES
Sous la direction du
Professeur ABDERRAZIK Nadia

Soutenu le 14 juin 2014 devant la commission d’examen composée de :

BOUCHTA Amal Professeur à la Faculté des Sciences de Tétouan, Président


ECHARI Raouf Professeur à la Faculté des Sciences de Tétouan, Examinateur
ABDERRAZIK Nadia Professeur à la Faculté des Sciences de Tétouan, Encadrant

Année universitaire 2013-2014


SOMMAIRE

Introduction générale :

- problème des margines ;

- son impact sur l'environnement ;

- méthodes de traitements ;

- le choix du traitement biologique: digestion aérobie.

I] Problématique des margines

- composition chimique des margines ;

- Problématique environnementale générée par les


margines

- pollution des eaux ;

- pollution des sols ;

- les dangers des rejets

II] Traitement biologique

- fonctionnement du traitement biologique ;

- les types de traitement biologique: aérobie et


anaérobie ;

- détails sur la digestion aérobie ;

III] traitement des margines avec le procédé aérobie :


Résultats sur la fraction grasse

VII] conclusion
IV] bibliographie

Introduction générale :

L’huile d’olive vierge est le jus de fruit d’olive directement consommable,


obtenue par des procédés mécaniques et physiques et dans des conditions appropriées.
Pour cela l’industrie d’huile d’olive est une activité économique importante de
plusieurs pays, particulièrement, ceux du bassin méditerranéen. En revanche cette
industrie génère des quantités importantes de déchets solides (grignons d’olive) et
d’effluent liquide (margines).

Selon le procédé utilisé, la quantité de margine produite peut atteindre des


valeurs supérieures à 1 litre/kg d’olive (Martinez-Garcia et al., 2006). Généralement
ces eaux rejetées, très chargées en matière organique et en polyphénols, peuvent poser
de sérieux dégâts de pollution des eaux de surface, de la faune, de la flore et de la
microflore des cours d’eau et du sol. D’autre part, la présence des polyphénols
caractérisés par un effet antibactérien et phytotoxique, peut inhiber le traitement
biologique.

Pour résoudre ce problème de margines qui ont un impact néfaste sur l’eau et les
nappes phréatiques, les scientifiques ont utilisés plusieurs procédés de traitements
physique, chimique biologique ou des procédés combinés.

Dans ce travail on se propose d’étudier les margines, leur impact sur l’environnement
et leur traitement par un procédé biologique aérobie combiné à un traitement physico-
chimique.
I] Problématique des margines

- problème des margines ;


La trituration des olives laisse, en plus de sa production principale qui est l’huile, deux
résidus, l’un solide (les grignons) et l’autre liquide (les margines). La production mondiale
de résidus solides brute est estimée à environ 2.9 millions de tonnes. Celle des résidus
liquides est estimée à 8.4 millions de mètres cubes (Nefzaoui, 1987). Au Maroc, la
production annuelle des grignons est estimée à 30 000 tonnes (Annaki et Chaouchi, 1999)
et celle des résidus liquides à 250 000 de mètres cubes (IOM, 2003/2004).

- son impact sur l'environnement ;


L’industrie d’extraction d’huile d’olive pose de sérieux problèmes environnementaux.
Les effluents d’huileries d’olive ne subissent aucun traitement et sont souvent déversés
dans les égouts d’assainissement, stockés dans des bassins d’évaporation ou épandus
directement sur le sol. Il en résulte un impact négatif sur l’environnement qui se traduit
par le colmatage des sols, la pollution des eaux superficielles et souterraines et le
dégagement d’odeurs nauséabondes. Ces problèmes environnementaux sont attribués à la
richesse des effluents en matière organique (Galli et al., 1997).
- méthodes de traitements ;
Les principales technologies de traitement sont : procédés thermiques, procédés
biologiques, traitements physiques, procédés physico-chimiques, traitement par
oxydation, procédés combinés.
Ces technologies comprennent plus de 20 procédés applicables dont la plupart sont encore
au stade d’expérimentation alors que les systèmes déjà fonctionnels posent certaines
contraintes. En fait, les bassins de vaporisation sont peu efficaces et la pollution
s'accumule d'années en années, de même les traitements physiques ne résolvent pas le
problème de la pollution provoquée par les margines du fait qu'ils réalisent une simple
séparation entre l'eau et les matières organiques. Le traitement biologique permet la
dégradation des composés organiques contenus dans les margines jusqu’à des niveaux
satisfaisants.
- le choix du traitement biologique: digestion aérobie.
Le traitement biologique consiste à utiliser les microorganismes pour dégrader les
composés organiques (matières en suspension et matières dissoutes) des effluents
d’huileries d’olive. Ils sont subdivisés en processus anaérobie (sans utilisation d’oxygène)
et aérobie (avec utilisation d’oxygène).
La digestion anaérobie engendre des quantités faibles en boues et produit du biogaz qui
peut contribuer à l'amortissement du prix des installations (Boari et al., 1984), cependant
elle se heurte à des problèmes d'acidification, de toxicité et de biodégradabilité.
Le système aérobie, malgré qu’il utilise une énergie importante pour l'aération et produit
des grandes quantités de boues, il donne des résultats de dépollution acceptables et
présente l’avantage d’être une technique facile à mettre en œuvre.
Le présent travail est principalement axé sur le traitement biologique aérobie des
margines. Il retrace d'abord les caractéristiques qualitatives et quantitatives des déchets
des olives issus des huileries, ainsi que les nuisances et difficultés qu'ils peuvent
engendrer. Puis il se concentre sur le traitement biologique aérobie des margines, en
faisant plus particulièrement le point sur les paramètres de fonctionnement de ce procédé,
ses performances, ses limites, tout en présentant une solution pour l’amélioration de la
biodégradabilité de la partie garasse de cet affluent.

I.1 composition chimique des margines ;


Les margines ont un aspect trouble et une couleur rose-brun intense ou noire, avec une
forte odeur d'olive. Cette couleur est fonction de l’état de dégradation des composés
phénoliques et des olives dont ils dérivent (Hamdi et Ellouz. 1993). Leur pH est acide (de
4 à 5,5) (Levi- Minzi et al.1992) et leur salinité est élevée exprimée en conductivité
électrique (18 à 50 S/cm²), celle-ci est due surtout aux ions potassium, chlore, calcium et
magnésium.. Leur composition comporte approximativement 90 % d'eau, 7 à 15 % de
matières organiques et 1 à 2 % de substances minérales (Fiestas Ros de Ursinos, 1981).
La composition organique varie en fonction du stade de maturation des olives, du
processus d'extraction, des conditions climatiques et de la variété de l'olivier.

I.1 .1 La fraction organique


La fraction organique des margines a une composition très complexe et hétérogène.
Les margines comprennent deux fractions organiques (Hamdi 1991a):
- Fraction insoluble constituée essentiellement de pulpes d’olive. Cette fraction
représente les matières en suspension et colloïdales.
- Fraction soluble dans la phase aqueuse et contient les sucres, les lipides, les acides
organiques et les composés phénoliques.
I.1.1.1- Les glucides
Les études effectuées par Hamdi (1993a) ont montré que la teneur en glucides varie entre
2 et 8% du poids de la pulpe fraîche d’olive. Les glucides rencontrés dans les margines
contiennent principalement des composés ligno-cellulosiques et les pectines qui
représentent respectivement environ 3 % et 0,6 % du poids de la pulpe fraîche. La
présence d’autres sucres simples tels que: raffinose, mannose, saccharose, glucose,
arabinose et xylose, a été signalée par Salvemini (1985).
I.1 .1.2- les composés azotés
La fraction azotée est principalement représentée par des protéines avec un pourcentage
variant entre 1,2 et 2,4%. Presque tous les acides aminés sont présents dans les margines.
Les plus abondants sont les acides aspartique et glutamique, la proline et la glycine
(Salvemini, 1985 et Capasso et al. 2002a).

I.1 .1.3- les vitamines


En ce qui concerne les vitamines, plusieurs ont été identifiées dans les margines
notamment les vitamines du groupe B et la vitamine PP (124 mg/kg) (Salvemini, 1985).
I.1 .1.4- Les huiles
La concentration d'huile résiduaire dans les margines est très variable selon le processus
d'extraction; l'acide oléique est l'acide gras le plus abondant (65 %).
I.1 .1.5- les acides organiques
Les mêmes auteurs ont noté que les principaux acides organiques rencontrés dans les
margine sont les acides fumarique, glycérique, lactique, malique et malonique (Fiestas
Ros de Ursinos, 1981; Salvemini, 1985).

I.1 .1.6- Les composés phénoliques


Les composés phénoliques des margines sont très divers et leur structure est très variable.
Ils proviennent de l’hydrolyse enzymatique des glucides et des esters de la pulpe d’olive
au cours du processus d’extraction. La teneur en composés phénoliques dans les margines
dépend du système d’extraction de l’huile d’olive (Annaki et al. 1999b) et de la variété
d’olive traitée (Ramos – Cormenzana.1986). En général, elle varie entre 3 et 5 g/l (Fenice
et al.203) et elle peut même dépasser les 9g/l (Aissam rt al. 2002).
Plus de 50composés phénoliques et plusieurs alcools ont été identifiés (Casa et al.2003),
ces derniers sont classés en deux catégories:
I.1.1.6.1. Monomères phénoliques
Plusieurs monomères aromatiques ont été identifiés dans les margines par les techniques
de chromatographie.
* les acides phénoliques suivants ont été cités:
- Acide caféique (trans), acide caféique (cis), acide p-coumarique, acide protocatéchuique,
acide vanillique (Vazequez et al., 1974); Acide 4-hydroxyphénylacétique, acide
protocatéchuique, acide syringique et acide p-hydroxybenzoïque (Cichelli et Solinas,
1984).
- Acide p-hydroxyphénylacétique, acide vératrique, acide vanillique, acide
3,4,5-triméthoxybenzoïque, acide syringique et acide caféique (Salice et Cera, 1984).
* Les alcools phénoliques ont été aussi cités: Le 4-hydroxyphényl alcool,3,4-
dihydroxyphényl éthanol (Cichelli et Solinas, 1984 ; Vazequez et al., 1974). Ces alcools
sont parfois associés à des glucosides comme le 4-diglucoside B (3,4 dihydroxyphényl)
éthanol.
* D'autres composés phénoliques ont été identifiés: oleuropéine, L-caféyl- glucose,
tirosol, hydroxytirosol, apéginine, lutéoline. L'oleuropéine dont la concentration peut
atteindre jusqu'à 2 % du poids d'olives, est très abondante dans les margines (Wagner et
al.; 1984).
La structure et la teneur des monomères phénoliques rencontrée dans les margines sont
rassemblées dans le tableau n°1 en annexe.
I.1.6.2. Les composés phénoliques à haut poids moléculaire
Les polyphénols identifiés dans les margines sont essentiellement:
- les anthocyanes (Tanchev et al., 1980);
- les tanins dont la concentration peut atteindre 12 g/I (Salice et al.,1982). Les tanins sont
des polyphénols dont les structures sont complexes, conventionnellement classés en tanins
hydrolysables et tanins condensés (Monties, 1980).
- La lignine est un hétéropolymère formé par la polymérisation oxydative de trois
monomères dérivés de l'alcool hydroxycinnamique : le 4-hydroxycinnamate, le 4-
hydroxy- 3 méthoxycinnamate (coniférylate) et le 3,5 - diméthoxy -4- hydroxycinnamate
(sinapylate),(Hamdi.1991a).

I.1 .2- La fraction minérale


La fraction minérale a été complètement analysée par Salvemini (1985) et rapportée dans
le tableau 2.

Tableau 2: Composition minérale des margines (166,8 g/l de MS).


Elèments Concentrations (mg/l)

Phosphore (PO4²¯) 800,6


Chlore (Cl¯) 270,2
Sulfate (SO4²¯) 16,68
Sodium 5370,9
Potassium 15295,5
Calcium 1167,6
Magnésium 410,3
Fer 103,4
Aluminium 8,34
Chrome 0,66
Nickel 3,36
Cobalt 1,33
Manganèse 1,66
Cadmium 0,83
Oxyde de silicium (SiO2) 41,7
Zinc 10,0

I.2- Problématique environnementale générée par les


margines:
Les milieux pollués sont des milieux contaminés avec des produits de nature
organique, minérale ou métallique. On parle de pollution lorsque la présence de ces
produits dans un milieu entraîne sa modification. Les substances polluantes sont
également classées selon leur toxicité et leur impact sur la faune et la flore.
Au premier rang (en termes de quantités), les éléments polluants riches en carbone,
azote et phosphate (polluants C-N-P) constituent la pollution la plus abondante. Ces
substances n’ont pas d’effet toxique direct sur les êtres vivants. Toutefois, à fortes
concentrations, ils peuvent s’avérer dangereux pour les écosystèmes.
Dans les margines d’olives, seuls quelques micro-organismes arrivent à se développer. Ce
sont essentiellement des levures et des moisissures. Le pouvoir antimicrobien des
margines est lié essentiellement à l’action exercée par les phénols monomériques et les
pigments bruns ou catéchol mélaninique (Hamdi et Ellouz.1993). Ces effluents agissent
sur les bactéries en dénaturant les protéines cellulaires et en altérant les membranes
(Rannili. 1991a). Ils peuvent inhiber également l’activité des bactéries symbiotiques
fixatrices d’azote dans le tube digestif des ruminants en inhibant leur activité
enzymatique.
La demande chimique en oxygène DCO et la demande biologique en oxygène DBO 5 des
margines peuvent respectivement dépasser les 200 et 100 g/l (Salice et al., 1982). Ces
valeurs sont 200 à 400 fois supérieures à celles des eaux municipales (Tabet et al. 2006).
Les margines sont peu dégradables à cause des substances phytotoxiques et
antimicrobiennes (phénols, acides gras volatiles, insecticides, etc.…) qu'elles
contiennent. [Belaid et al, 2002]

I.2.1- pollution des eaux ;


L’impact des margines sur le milieu aquatique est la conséquence des modifications
physico-chimiques de l’environnement. Ces conditions favorisent le développement de
certains organismes au détriment des autres en les privant de sources d’énergie ou
d’éléments nutritifs essentiels. Par exemple, les zones privées des ressources en
oxygène et/ou de lumière à cause de la pollution entraînent la mort de la faune et de la
flore ou créent des barrières infranchissables empêchant notamment la migration des
poissons (Vernier 1992).
Les margines sont rejetées le plus souvent dans des récepteurs naturels, des cours
d’eau, sans aucun contrôle préalable et nuisent fortement à la qualité de ces eaux de
surfaces; la très forte charge en matières organiques empêche ces eaux de s'auto-épurer
et la pollution peut s'étendre sur de très longue distances. [Mébirouk, 2002]
La coloration des eaux naturelles due aux tannins est l’un des effets les plus visibles de
la pollution. De plus, la teneur élevée en sucres réducteurs provoque la prolifération
des micro-organismes qui y profitent comme substrat, ceci diminue la disponibilité de
l’oxygène pour d’autres organismes vivants et entraîne un déséquilibre de
l’écosystème aquatique, de même que l’accumulation du phosphore provoque
l’eutrophisation des eaux et favorise la multiplication de pathogènes [Lacomelli, 2000]
En outre, l’épandage des margines, très riches en éléments azotées, peut causer la
pollution des nappes souterraines situées dans la zone ou à proximité du site
d’épandage et souiller la qualité de l’eau potable ; or dans le bassin méditerranéen, les
ressources en eau sont rares et leur préservation, tant que quantitativement que
qualitativement est capitale [Benyahia et Zein, 2003].
Ensuite, Les lipides présents dans les margines forment un film impénétrable à la
surface des rivières et ses bords empêchent la pénétration de la lumière et l’oxygène.

I.2.2- pollution des sols ;


Les acides, les éléments minéraux et les substances organiques aboutissent à une
destruction de la capacité d’échange cationique du sol (CEC), par suite, une réduction
de la fertilité du sol. La fertilité du sol se réduit suite à l’action altérante des acides, des
minéraux et des composés organiques. [Cadillon et Lacassin, SD]
La forte acidité des margines a un impact négatif sur le sol et ses constituants. La
microflore bactérienne du sol peut être détruite suite à l'acidification du milieu. Par
ailleurs le caractère visqueux des margines entraîne la formation d'un dépôt huileux
qui provoque l'imperméabilisation du sol dans un premier lieu et son asphyxie par la
suite.

I.2.3- Air et paysage:


Les fortes teneurs en sels des margines, leur forte charge et leur acidité
sursaturent le milieu récepteur et provoquent des conditions d'anaérobioses propices
aux dégagements d'odeurs désagréables liées à la formation d'acide H 2S lors du
processus de fermentation. Les odeurs incommodent fortement les riverains du cours
d’eau.

I.2.4- Les dangers à longs termes:

Les margines sont des composés difficiles à épurer par dégradation biologique
naturelle, cette persistance est due surtout à la présence de composés phénoliques.
Cette persistance est en étroite relation avec leur réactivité chimique:
-les composés insaturés sont moins persistants que les saturés.
-les alcanes sont moins persistants que les aromatiques.
-la persistance des aromatiques augmente avec le nombre de substituant.
-Toxicité des tannins
-De plus, une pollution atmosphérique considérable serait induite en raison de la
fermentation anaérobique et de la production de gaz (méthane). [Fung, 1997]

II] Traitement biologique

1. fonctionnement du traitement biologique ;


- Généralités :
La voie biologique est utilisée pour l’épuration des eaux usées contenant des polluants
biodégradables de nature organique ou chimique. Les procédés de traitement des eaux
usées ont pour principe de mettre en contact des micro-organismes et les polluants
dans des enceintes (réacteurs) dont il est possible de contrôler les conditions
environnementales (Arundel 2000).
Les réactions biologiques font intervenir trois entités essentielles qu’il est important de
distinguer :
– Les biomasses regroupent des micro-organismes qui participent aux chaînes de
dégradation.
– Les substrats sont les composants nutritifs qui sont dégradés par les micro-
organismes
– Les produits sont les composants résultants de la dégradation des substrats par les
micro-organismes. A noter que dans le cas où plusieurs réactions s’enchaînent, le
produit d’une réaction peut être considérée comme le substrat d’une autre.
Alors que la biomasse peut être considérée comme faisant partie de la phase solide, les
substrats et les produits sont majoritairement sous forme de molécules dissoutes ou
gazeuses. A l’issue du traitement, la biomasse est séparée de la phase liquide par
décantation (phénomène physique) et le surnageant « dépollué » est rejeté au milieu
naturel.
Dans certains cas, la séparation solide-liquide est améliorée ou accélérée par
centrifugation, filtration par membrane ou par ajout de coagulants. L’excès de
biomasse, produit de la croissance cellulaire, est retiré. En d’autres termes, les
procédés biologiques de traitement des eaux transfèrent la pollution d’une forme
liquide et la concentre sous une forme solide.
Les boues concentrées sont en grande partie valorisées en agriculture par épandage
dans les sols cultivés ou valorisés en énergie thermique par incinération.

- Métabolisme et réactions biologiques


L’élément déclencheur d’une réaction biologique est la présence de micro-organismes
dans un environnement favorable à leur croissance. Pour permettre le bon
fonctionnement de son métabolisme et assurer sa croissance, une cellule bactérienne a
besoin principalement d’une source d’énergie et d’une source de carbone. D’autres
éléments chimiques comme l’oxygène, l’azote et l’hydrogène sont nécessaires pour la
croissance cellulaire et sont assimilés lors de la biosynthèse, (Gerhard 1987).
D’une manière générale, on distingue deux sources d’énergie pour les êtres vivants :
l’énergie lumineuse (plantes et bactéries phototrophes) et l’énergie chimique (animaux
et bactéries chimiotrophes).
Les bactéries chimiotrophes tirent leur énergie de la dégradation des molécules
organiques complexes. Dans un premier temps, les molécules complexes sont
dégradées, par hydrolyse, en molécules plus petites susceptibles d’entrer dans la
cellule. Les étapes de dégradation successives en molécules simples à l’intérieur des
micro-organismes permettent une libération d’énergie et la production de pouvoir
réducteur. L’énergie libérée est utilisée pour effectuer des réactions de biosynthèse ou
est stockée sous forme de liaisons chimiques riches en énergies comme la liaison
phosphate de L’ATP. Le devenir des molécules simples va dépendre du type de micro-
organisme et de la présence ou non d’oxygène dans le milieu. Les réactions chimiques
qui sont mises en œuvre par la suite sont soit des réactions d’oxydation soit des
réactions de fermentation (Gerhard 1987).
Au cours de la fermentation, les molécules sont partiellement dégradées en molécules
organiques comme l’éthanol et l’acide lactique puis transformées en biogaz riche en
méthane, gaz carbonique et hydrogène. Cette voie métabolique fournit peu d’énergie
pour les bactéries et concerne seulement les bactéries anaérobies (Batstone et al.
2002).
Au cours de la réaction d’oxydation (appelée également respiration), les molécules
organiques (donneurs d’électrons) perdent des électrons qui vont être captées par
d’autres molécules (accepteurs d’électrons). Cette réaction est réalisée en présence de
bactéries aérobies.

2. les types de traitement biologique: aérobie et


anaérobie ;
o Traitements anaérobies

La digestion anaérobie permet une réduction de DCO de l’ordre de 70 à 85%. Son


rendement est proportionnel à la concentration en microorganismes et varie largement
selon la nature du support (montmorillonite ou sepiolite) (Martin et al., 1991).
Des études ont montré que pour une efficacité d’épuration de 80%, il faut un temps de
rétention de seulement 20 jours, avec en plus l’avantage de réduire la production des
boues et la consommation en énergie en produisant une quantité non négligeable du
biogaz : 855 litres/ kg de matière organique digérée (El Alami, 2000). Cependant, cette
digestion peut être inhibée par les acides gras à chaines longues, notamment l’acide
oléique (Koster et Cramer, 1980). De même à partir d’une concentration de 100 mg/L
d’acides phénoliques dans les effluents d’huileries d’olive, les bactéries méthanogènes
sont inhibées (Hamdi et al., 1991). Ils sont aussi très limités à cause de faible
biodégradabilité des polymères de couleur foncée et de l’acidification des réacteurs
(Mouncif et al., 1995).

o B. Traitements aérobies

Lors du traitement aérobie, les microorganismes aérobies dégradent les composés


organiques par oxydation avec l’oxygène de l’air ou l’oxygène pur et utilisent la
plupart de ces composées organiques présents dans le milieu pour leur nutrition et leur
reproduction.
Plusieurs travaux ont été réalisés sur le traitement et le prétraitement des effluents
d’huileries d’olive par voie aérobie en utilisant des souches de microorganismes telles
que les basidiomycètes (Dias Albino et al., 2004), Pleurotus ostreatus (Fountoulakis et
al., 2003) et Aspergillus niger (Cereti et al., 2004) en raison de leur grand pouvoir de
dégrader les composés phénoliques (Hamdi et Ellouz, 1993). Les tests de toxicité ont
montré une diminution de la toxicité des effluents d’huileries d’olive après traitement
par ces microorganismes.
D’autres auteurs ont utilisé des suspensions mixtes de microorganismes et ont abouti à
des abattements très importants en termes de DCO et de polyphénols (Zenjari et al.,
1999 ; Hafidi et al., 2005). Ces abattements sont très variables et varient en fonction de
la performance des souches sélectionnées. Certaines souches de bactéries et de
champignons ont été également testées pour décolorer les effluents d’huileries d’olive
et réduire leur toxicité, parmi ces microorganismes on peut citer : Baccilus pumilus
(Ramos, 1986) ; Coriolus versicolor et Funalia troggi (Yesilada et al., 1998) ;
Phanerochaete chrysosporium (Sayadi et al., 1996) et Pleurotus ostreatus (Martirani et
al., 1996).
Les procédés aérobies tels que les boues activées sont aussi utilisés pour éliminer les
polluants dissous et colloïdaux à faibles concentrations dans les eaux usées. Toutefois,
les concentrations élevées en matière organique peuvent être tolérées lorsque le temps
de rétention est long et/ou avec un pourcentage de recyclage élevé. Les effluents
d’huileries d’olive étant très chargés en matière organique, il est recommandé de les
diluer avant leur traitement par voie aérobie 70 fois Balice et al. (1988)
La consommation importante d’oxygène peut être réduite ainsi que la toxicité des
effluents d’huileries d’olive vis-à-vis des microorganismes épurateurs et ce au moyen
des prétraitements physiques de ces déchets (filtration, distillation, évaporation)
recommandés par plusieurs auteurs.
L’utilisation de ces deux procédés à la fois (physique et biologique) a permis d’avoir
de meilleurs résultats par rapport à l’utilisation d’un procédé biologique direct
(Zenjari, 2000).

- détails sur la digestion aérobie ;


o Fondement :
Le traitement aérobie consiste en la dégradation biologique des polluants organiques
présents dans la margine, grâce aux micro-organismes qui consomment l’oxygène
dissous dans l’eau en modifiant l’équilibre naturel. Pour éliminer ou contrecarrer
l’effet négatif que, sur les courants d’eaux superficiels, peut avoir le déversement de
substances organiques, celles-ci doivent être éliminées au préalable. La quantité
d’oxygène demandé par un courant pollué par des substances organiques
biodégradables se détermine à l’aide d’une analyse standardisée connue comme
demande biologique en oxygène (DBO5)
Le traitement aérobie revêt donc les aspects suivants :
 Biochimie et microbiologie : ayant pour but de trouver les
microorganismes capables de dégrader les composantes
polluantes des margines ;
 technologie : ayant pour but de trouver des solutions
technologiques pour l'aération de la culture microbienne utilisée
par un transport suffisant d'oxygène de l'air jusqu'aux enzymes
respiratoires de la cellule.
o Biochimie et microbiologie
La mise en œuvre d'un traitement des margines doit être basée sur la recherche d'un
microorganisme qui soit capable de dégrader la majorité des composés toxiques des
margines comme les tanins, les composés phénoliques et les huiles. La croissance de
ce microorganisme doit être facile, rapide et ne pas nécessiter une technologie de
fermentation sophistiquée.
Ci-après quelques résultats des recherches en la matière :
1. Il existe des microorganismes aérobies (bactéries et champignons) qui
peuvent dégrader en totalité les composés polyaromatiques complexes et de
hauts poids moléculaires, comme les lignines, les tanins et les polyphénols
(Rober et al., 1999).
2. Hafidi et al., (2004) ont traité les margines par des micro-organismes du sols
et par des levures à pH acide. Seules les levures s’adaptent au pH acide des
margines. La réduction de la DCO de 22,47 et 58,77%, respectivement à pH
initial, en présence de levures et à pH neutralisé. En termes de polyphénols,
les abattements sont : 29, 57 et 60%, respectivement.
3. A. niger est très souvent utilisé pour le traitement des margines à cause de la
facilité de sa culture, son spectre très large de dégradation, ses rendements
élevés et l'absence de production de métabolites indésirables. A. niger est
capable à la fois d'hydrolyser des polymères aromatiques comme les tanins
et les anthocyanes et de dégrader les monomères aromatiques
(Kieslich,1976).
4. Les composés aromatiques identifiés dans les margines sont dans leur
majorité dégradés par le genre Aspergillus.
5. La composition en tanins, composés phénoliques, anthocyanes et lignine des
margines a été peu étudiée. Ces composés complexes, dotés de propriétés
antibactériennes sont toxiques pour les microorganismes (Flemming et
Etchells, 1967; Saiz et Gomez, 1986; Macris et al., 1987).
6. En isolant des souches capables de dégrader les tanins, Ikeda et al. (1972)
ont montré que le microorganisme le plus efficace est celui de A. niger. Ces
mêmes auteurs ont noté que les tanins peuvent être plus ou moins dégradés
par des bactéries et des champignons comme Saccharomyces cerevisiae,
Mycotorula japonica et Penicillium glaucum.
7. Pour la dégradation de la lignine, les champignons de la pourriture blanche
sont les plus efficaces (Kirk, 1984) grâce à des exoenzymes de type
peroxydase. Certaines bactéries possèdent également des activités
Iigninolytiques mais de moindre importance (Crawford et al, 1983). Les
bactéries actuellement capables de dégrader la lignine sont des
actinomycètes (Crawford et al, 1983), des corynébactéries, et des
Pseudomonas (Odier et al., 1978). Les principaux microorganismes
dégradant la lignine sont (Kirk, 1984):
o Bactéries: Pseudomonas, F/avobacterium, Nocardia, Streptomyces,
o Corynebacterium et Mycobacterium
o Champignons imparfaits: Fusarium et Papu/ospora
o Ascomycètes: Chaetomium, Aspergillus, Hypoxy/on et Xy/aria
o Basidiomycètes: Collybia, Mycena, Corio/us, Phanerochaete, Poria et
G/oeophullum
o Technologie de la fermentation aérobie

a. Transfert d'oxygène

Le problème fondamental de la fermentation aérobie est l'aération d'une culture


microbienne par un transport suffisant d'oxygène de l'air jusqu'aux enzymes
respiratoires de la cellule afin de maintenir une activité métabolique correcte. Pour
cela il faut vaincre une série de résistances qui s'opposent à ce transfert (Richards,
1961). Le passage de l'oxygène de la phase gazeuse à la phase liquide doit vaincre trois
résistances:
o la résistance diffusionnelle côté gaz
o la résistance à l'interface gaz-liquide
o la résistance diffusionnelle côté liquide.

b. Coefficient volumique de transfert d'oxygène (KL a)


De nombreuses théories sont proposées pour représenter les mécanismes du transfert
d'un soluté d'une phase gazeuse à une phase liquide. Pour chacune des théories,
l'expression du flux (FA) peut être calculée. On l'exprime généralement sous la forme :
FA = KL (C*- CL)
Où KL est la conductance partielle du transfert de l'oxygène côté liquide,
C* est la concentration d'oxygène dans le liquide en équilibre
thermodynamique avec la concentration CG de la phase gazeuse.
CL est la concentration en oxygène dans la phase liquide.
A l'interface, la loi de Henry s'applique puisque les compositions des solutés
sont, en régime permanent, en équilibre thermodynamique.
On montre que le débit d'oxygène transféré est le produit du coefficient de transfert
volumique KLa par la différence du potentiel d'échange et par le volume.
c. Evaluation de la demande biologique en oxygène

La demande en oxygène des microorganismes peut être évaluée par plusieurs


méthodes. Pratiquement, le bilan gazeux est le plus utilisé. Théoriquement, cette
demande est obtenue en comptabilisant les besoins nécessaires à la croissance, la
maintenance, la respiration endogène et l'excrétion des métabolites.
A titre d'exemple, des demandes spécifiques en oxygène (Q O 2) pour différents
microorganismes sont données dans le tableau ci-après.
Tableau : Demandes spécifiques en oxygène de quelques microorganismes
(Mavituna et Sinclair, 1985)
Microorganisme Q O2 (g O2 1g X. h)

Aspergillus niger 0,095


Streptomyces griseus 0,096
Penicillium chrysogenum 0,125
klebsiella aeroginosa 0,128
Saccharomyces cerevisiae 0,256
Escherichia coli 0,346

Cependant, il faut noter que ces demandes spécifiques en oxygène sont variables
suivant le rendement de conversion de l'oxygène en biomasse du substrat utilisé
(Matelas, 1971).
d. Description technique :

Le traitement, outre poursuivre la réduction de la DBO5, a pour objectif la réduction


ou l’élimination d’un autre type de composés (sels organiques, composés azotés ou
ammoniacaux) dont la quantification se fait à l’aide d’une autre analyse standardisée
dénommée demande chimique en oxygène (DCO).
Le traitement aérobie d'effluents aqueux est possible, si ces derniers possèdent un
minimum de biodégradabilité (exprimée en rapport de α= DBO5 / DCO) ; et pas de
toxicité forte. Le quotient α appelé degrés de dégradation peut théoriquement se
trouver entre 0 et 1. Toutefois un rapport DBO5/ DCO< 0.1 met en relief un effluent
qui sera difficilement biodégradable.
La présence de produits toxiques doit être détectée au plus tôt car non seulement ils ne
sont pas biodégradables, mais ils peuvent aussi entraîner des disfonctionnements tels
que:
-l'instabilité de biomasse bactérienne
-l'abaissement du rendement global d'épuration
-une mauvaise décantation des boues
- une adsorption des éléments toxiques par la biomasse, la rendant ainsi inapte à une
utilisation agricole ou à une mise à décharge.
Les bactéries utilisées exigent un apport permanent d'oxygène (bactéries strictes), on
distingue 3 méthodes essentielles:
--les lits bactériens:
--les boues activées:
--l'épandage
Les principales techniques: les bassins d'oxydation, le lagunage aéré, les disques
biologiques et les lits bactériens.
o Installation de traitement aérobie:
Les installations de traitements aérobies sont des installations où l’on facilite, accélère
et contrôle la dégradation biologique qui aurait lieu dans le milieu naturel.
Les microorganismes qui réalisent la dégradation peuvent être en suspension ou fixes,
et le processus est réalisable en continu ou en discontinu. Après une période de temps
appropriée de traitement, dépendant des conditions opérationnelles et de la charge
polluante de la margine, on procède à la clarification de l’eau résiduaire obtenant ainsi
un effluent propre et une boue active qui est recirculée vers la citerne de traitement et
une boue vieille qui doit être éliminée et qui, généralement, est utilisable comme
substrat ou amendement organique sur terres de culture.
Traditionnellement, la margine était traitée en la déposant dans des bassins de
sédimentation où la dégradation aérobie ne pouvait se faire adéquatement du fait que
les bassins étaient insuffisamment aérés, ce qui favorisait la digestion incontrôlée et
l’émission de mauvaises odeurs. Le problème peut être atténué si l’on dispose
d’équipements de ventilation (oxygénation) dans les bassins qui fournissent l’oxygène
nécessaire pour que la digestion aérobie de la matière organique biodégradable se
fasse.
o Contraintes dans les implantations existantes :
Ces dernières années, un grand effort économique a été fait dans tous les pays
producteurs d’huile d’olive, notamment par ceux qui se trouvent dans la zone
méditerranéenne, pour trouver des microorganismes à l’épreuve de la haute toxicité
des margines.
Les résultats obtenus dans toutes les expériences réalisées sont décourageants du fait
que les temps requis sont élevés et du manque d’efficacité des procédés utilisés.
La principale cause de cet « échec » est dû à la concentration élevée de composés de
nature phénolique se caractérisant par leur effet antimicrobien élevé.

o Solutions: procédés combinés, Physicochimiques et


biologiques
Fondement : De nombreuses études démontrent que les polyphénols de la margine,
principaux agents antimicrobiens responsables du mauvais fonctionnement des
systèmes d’épuration biologique, peuvent être dégradés par des champignons et des
bactéries après une hydrolyse enzymatique. A la vue des bons résultats obtenus lors de
l’élimination de ces composants phénoliques (Borja et Al . 1990), l’institut de la
Graisse de Séville (Espagne) aborda l’application successive des procédés d’épuration,
anaérobies, aérobies et physico-chimique dans le but d’arriver à obtenir un effluent
ayant des caractéristiques adéquates en vue de son déversement dans les fils fluviaux.
Description technique : Application successive de quatre étapes
a) Bioconversion : Elle a pour objet de récupérer l’huile émulsionnée avec la
margine et d’éliminer les composants phénoliques.
b) Biométhanisation : Procédé d’épuration anaérobie impliquant la rupture des
molécules organiques jusqu’à leur transformation en méthane et en anhydride
carbonique sous l’action symbiotique de 3 groupes de microorganismes :
bactéries hydrolytiques, acétobacters et méthanobactéries
En raison de la présence de polyphénoles inhibiteurs dans la margine fraiche,
les temps de séjour hydrauliques dans les bioréacteurs sont très élevés, de
l’ordre de 30 à 40 jours, ce qui répercute sur des coûts d’installation élevés.
Mais, en appliquant la digestion anaérobie à l’effluent résultant de la
bioconversion, l’effet inhibiteur disparaît et les temps de séjour hydraulique ne
dépassent pas quatre jours. La température optimale de procédé est de 35-37°C.
c) Traitement aérobie : un procédé d’aération (aérobie) est appliqué à l’effluent
antérieur.
d) Traitement physico-chimique : pour éliminer la coloration du liquide résultant
et continuer à diminuer sa DCO, on applique un traitement physicochimique
consistant en l’adjonction de petites quantités de sulfate d’alumine comme
polyélectrolyte.
Dans l’ensemble, un temps de séjour hydraulique total de moins de 15jours
donne une épuration totale (99,6%) de la margine et l’obtention des produits
prescrits dans le tableau récapitulatif qui suit.
Coûts : La répercussion estimée par m3 de margine traitée, dans une installation dont
les dimensions sont de moyennes élevées (de l’ordre de 1 000 m3/an), se situe aux
valeurs suivantes :
Opération : 7,8 Euros/m3
Amortissement : 3,6 Euros/m3.
Aucune recette n’a été déduite pour la valeur du biogaz ni des déchets gras ou
protéiques utiles.
Exemples d’installation existantes : Deux installations de ce type furent mises en place
dans la Coopérative de Puebla de Cazalla (Cordoba). Avec un digesteur de 500 m3 et
à Monterrubio de la Serena (Badajoz), dont le digesteur est de 1 000 m3 ; On arrivait à
ramener la DCO à 500ppm. L’installation d’épuration de Soller, est fondée sur des
principes analogues.
Epuration intégrale par des procédés physico-chimique et biologique
Valeurs des mesures avant valeurs des Mesures après après Après Tr.
traitement mesures après Biométhanisation Traitem Physico-
ent chimique
Bioconversion aérobie
pH 4.5 – 5.5 4.5-5.5 7.2-7.5 7.0- 7.2 6.5-7.0
DCO (ppm) 45 000 à74 000 20 000 à 4 000 à 5 000 1 000 <500
30 000
Efficacité 80% 80% 99.6%
d’épuration
Sels dissous 5 5-7
kg/m³
Coloration Exempt
Masse Quantité 56
lipoprotéique obtenue (kg/m³)
humidité 70%
Huile d’olive 7%
protéine 10%
Hydrates de 11%
Margine carbone
8 m³/j Minéraux 12%
Polyphénols Quantité 1000 – 1500
séparée (ppm)
Taux 70%
d’élimination
solides en Quantité séparée: 9
suspension kg/m³
Taux 100%
d’élimination
substances Taux 100%
colloidales élimination
sels Quantité 5
minéraux séparée ( kg/m³)
Taux partielle
d’élimination
Volume 10
Biogaz obtenu m³/ m³
d’effluent
Pouvoir calorifique Kcal/ m³ 6 000
Equivalent énergétique 60 000
Kg fuel-oil/ m³ et 17 kg tourteau
Quantité obtenu: 3 kg/m³
humidité 70%
Biomasse bactérienne Protéine 10%
Hydrate de 12%
carbone
minéraux 8%

Pendant la campagne 1998-99, un total de 512m 3 de margine fut traité. Les consommations de
réactifs de l’installation d’épuration furent, pour cette quantité d’influent, les suivantes :
Cal (CaO) : 5,5 Kg/m3
Polyélectrolite : 0,068 Kg/m3
Acide sulfurique : 0,0976 Kg/m3
Oxygène pur (O2) : 100,2 Kg/m3
Groupement bactérien lyophilisé: 0,06 Kg/m3.
III] traitement des margines avec le procédé aérobie :
Résultats obtenus pour la fraction grasse au moyen de la
levure Y. lipolytica et sa lypase
1. Microorganisme utilisé pour le traitement: Yarrowia lipolytica :
Y. lipolytica est une levure aérobie stricte que l’on trouve dans le sol, les effluents, les
matières riches en lipides et en protéines tels les fromages et les saucissons. Elle est
capable d’assimiler une grande variété de substrats : alcanes, lipides, acides gras,
alcools, sucres, comme seule source de carbone. A partir de ces substrats carbonés, Y.
lipolytica est capable de produire de la biomasse, des acides organiques tels que
l’acide citrique, ainsi que des enzymes extracellulaires : protéases alcaline et acide,
RNAses, phosphatases, ainsi que des lipases et des estérases (Barth et Gaillardin,
1997).

Responsables du développement :
Au laboratoire du Centre Wallon de Biologie Industrielle Faculté Universitaire des
Sciences Agronomiques de Gembloux (Belgique).
2. Méthode :
M. Alloue et al., ont montré dans ledit laboratoire l’aptitude de la levure de Y.
lipolytica JMY1105 d’une part à dégrader les matières grasses d’un effluent de
l’industrie des olives dans un bioréacteur de 2l, ils ont d’autre part mis en évidence
l’effet synergique de sa lipase dans le processus de dégradation. Ce travail a passé par
les étapes suivantes :
o Culture de Yarrowia lipolytica ;
o Préparation des déchets graisseux :
- Echantillonnage des déchets graisseux : Les déchets graisseux sont issus de
l’industrie des olives. Ils ont été prélevés en tête de station d’épuration.
- Fractionnement des déchets graisseux : pour l’obtention de la matière grasse
décantée (MGD), qui constitue la matière première mise en oeuvre dans les
réacteurs.
- Extraction des matières grasses : L’extraction de la matière extractible à l’hexane
(MEH)
o Dosage de l’azote par la méthode de Kjeldahl
o Mesure de la proportion d’acides gras libres des MEH : Le dosage des acides gras
libres s’est fait par neutralisation au moyen d’une base forte
o Dérivatisation des acides gras
o Procédures analytiques
- Chromatographie sur couche mince
- Chromatographie en phase gazeuse
o Essai en bioréacteur de 2l :
Les essais de biodégradation ont été réalisés en réacteur de 2l, agité à 130 rpm, doté
d’un mobile d’agitation et aéré (1 vvm). La température est maintenue à 30°C. La
quantité de matière grasse décantée ajoutée dans le milieu est telle qu’on se trouve à
une concentration proche de 10 g/l en acide gras totaux.
Des quantités d’azote et de phosphore sont ajoutées sous forme de (NH4)2SO4 et de
(NH4)2HPO4 de manière à respecter un rapport DCO/N/P de 100/2,8/0,6 (g/g/g).
Les réacteurs testés sont inoculés respectivement à l’aide de deux concentrations
cellulaires (105 et 107 cellules/ml de Y. lipolytica). Dans le deuxième temps, les
mêmes concentrations de cellule sont testées mais en présence, de l’enzyme produite
par la souche avec une activité lipolytique de l’ordre de 15.000 U/ml.
1 unité est définie comme étant la quantité d'enzyme nécessaire pour former 1μmôle
d'acide gras par minute dans les conditions opératoires choisies de températures: 37°C
et pH 7.
3. RESULTATS

- Caractérisation de l’effluent
La matière grasse décantée est la fraction grasse flottante du déchet graisseux. Les
matières extractibles à l'hexane peuvent être assimilées à la fraction de lipides présents
dans l’échantillon. Cette fraction représente 38,6 % ± 2,1 % de la matière grasse
décantée. Le PH de l'effluent est de 5,7. Ce pH convient parfaitement à la culture de
Yarrowia lipolytica car elle se développe sur des milieux dont les pH varient de 3 à 8
(Barth et Gaillardin, 1997)
- Pourcentage d’acides gras libres dans les MEH
Le pourcentage d’acides gras libres présents dans les MEH est de 2,4 % ; ce qui
indique que la majeure partie de la matière grasse se trouve sous forme de tri et di-
glycérides.
- Dosage de l’azote par la méthode de Kjeldahl
Les résultats montrent une faible teneur en azote de la matière grasse décantée. 100 g
de matière grasse décantée contiennent environ 40 g de matière extractible à l’hexane
ce qui correspond à 115,6 g de DCO. (1g de lipides = 2,89 g de DCO), et 0,075 g
d’azote. Il y a donc lieu de rajouter 2.7g d’azote pour respecter le rapport préconisé par
Canler, 2001.
- Caractérisation qualitative de la matière grasse des effluents
Les résultats de la chromatographie sur couche mince montrent que la matière grasse
étudiée est présente sous forme de triglycérides, diglycérides, et acides gras et que les
triglycérides représentent donc une fraction majoritaire de la matière grasse des
effluents.
- Analyse qualitative des matières extractibles à l'hexane : Composition en
acide gras.
La chromatographie en phase gazeuse a permis de caractériser la composition totale en
acides gras présents dans les matières extractibles à l'hexane (MEH), les résultats sont
dans le tableau suivant :
Ac.Palmitique Ac.stéariqu Ac.oléique Ac.linoléique Total des Ac gras
(Cl6) e (Cl8 :1) (Cl8 :2) majoritaires
(Cl8)
% massique des 1,3 0,4 % 11, 2 7,6 20.5
acides gras/ MGD
Proportion en 6,5 1,9 % 54,6 36,9 100
acides gras
majoritaires (%)

De la fraction grasse (MEH) à partir de la matière grasse décantée (38.6%) les acides
gras majoritaires représentent 20.5%.
L’acide oléique et linoléique y sont prépondérants, ils représentent respectivement
54,6 et 36,9 %..
- Dégradation de la MGD en bioréacteur aéré
En réacteur, les essais de dégradations de la matière grasse ont été envisagés en
suivant l’évolution des quatre acides gras majoritaires. Le premier objectif était de
déterminer l’aptitude de Y. lipolytica à dégrader seule la matière grasse. Ainsi deux
concentrations cellulaires ont été testées, à savoir : 105 et 107 cellules/ml. Le
deuxième objectif était de suivre la dégradation des matières grasses avec les mêmes
concentrations mais en présence de l’enzyme produite par la même souche. La
concentration de matières grasses décantée dans le réacteur est de 10g/l et 2.79g/l
d’azote.
Quatre types de réacteurs ont été mis en œuvre. Le tableau ci-après résume pour
chaque réacteur les taux (%) d’élimination des acides gras majoritaires obtenus après
16 heures ainsi que la vitesse moyenne d’élimination pendant les 16 premières heures.
Tableau 3 : Bilan des essais de dégradation de la matière grasse
Réacteur 1 Réacteur 2 Réacteur 3 Réacteur 4
105 cellules/ml 105 cellules/ml + 107 cellules/ml 107 cellules/ml +
lipase (15.000 lipase (15.000
U/ml) U/ml).
Vitesse de dégr. (g /l/h) 0,07 0,14 0,24 0,30
% ac. oléique éliminé 21,73 51,44 60,91 77,18
% ac. Linoléique éliminé 24,10 28,25 74,59 81,14
% ac. palmitique éliminé 4,44 39,13 47,61 53,84
% ac. stéarique éliminé 23,07 31,57 29,41 53,33

L’élimination des quatre acides gras majoritaires montre que les acides gras insaturés
(oléique et linoléique) sont nettement plus éliminés que les deux acides gras saturés
(palmitique et stéarique).
Le suivi des taux d’élimination des acides gras totaux au niveau de chaque réacteur
montre que l’addition de lipase permet d’accélérer le processus de dégradation et de
l’augmenter. Au cours des 16 premières heures, le taux d’élimination des acides gras
passe de 21% à 39 % pour le réacteur1 et de 64 % à 76 % pour le réacteur 3.

VII] conclusion

- Les margines comprennent deux fractions, l'une insoluble est essentiellement


constituée de pulpes d'olives, l'autre soluble et contient les sucres, les lipides,
les acides organiques et les composés phénoliques. L'élimination des matières
en suspension est difficile par filtration car le gâteau formé par les pulpes
d'olive n'est pas perméable.
De nombreuses études démontrent que les polyphénoles de la margine,
principaux agents antimicrobiens responsables du mauvais fonctionnement des
systèmes d’épuration biologique, peuvent être dégradés par des champignons et
des bactéries après une hydrolyse enzymatique. A la vue des bons résultats
obtenus lors de l’élimination de ces composants phénoliques (Borja et Al .
1990), l’institut de la Graisse de Séville (Espagne) aborda l’application
successive des procédés d’épuration, anaérobies, aérobies et physico-chimique
dans le but d’arriver à obtenir un effluent ayant des caractéristiques adéquates
en vue de son déversement dans les fils fluviaux. Dans l’ensemble, un temps de
séjour hydraulique total de moins de 15jours donne une épuration totale
(99,6%) de la margine. Des installations de ce type furent mises en place.

- La fraction grasse des margines est responsable de nuisances olfactives en


raison de leur caractère fermentescible important. Dans les bassins d’aération,
elle réduit les transferts d’oxygène à deux niveaux différents : au niveau du
floc, par adsorption sur celui-ci (création d’un film lipidique qui réduit le
transfert d’oxygène dissous entre l’eau et le floc) et au niveau de la surface du
bassin par la constitution d’une pellicule entre l’air et l’eau. Des mesures ont
montré que les huiles réduisaient le coefficient de transfert de l’aération. Un
ajout de 10 mg/l de lipides dans un bassin d’aération en présence de boues
abaisse la dissolution de l’oxygène de l’ordre de 10 %. La fraction grasse
représente une grande partie de la pollution organique (1 mg de lipides est
équivalent à 2,3 mg de DCO).

- Le traitement des effluents réalisé avec la levure de Yarrowia lipolytica montre


que cette souche présente une aptitude à dégrader les matières grasses et à
assimiler les acides gras libérés lors de leur hydrolyse. Cette étude a montré que
la densité de l’inoculum de la souche sélectionnée est un facteur important
permettant d’accroître substantiellement le taux d’élimination de la matière
grasse par rapport à l’effluent non traité avec la levure. Une densité de
107cellules/ml semble être suffisante pour atteindre des vitesses de dégradation
importantes.

- L’effet synergique de la lipase sur la biodégradation des matières grasses a


également pu être montré. L’enzyme permet l’hydrolyse rapide des
triglycérides et accélère le processus de dégradation par le microorganisme.

- Enfin, comparativement à la littérature, il a pu être démontré qu’une aération


importante au moyen d’un réacteur agité améliore l’efficacité du procédé. La
présente étude pose donc les jalons nécessaires à la mise au point d’un starter
mixte original (enzyme –microorganisme) pouvant être utilisé dans un procédé
de traitement des effluents graisseux industriels.
BIBLIGRAPHIE

o Ajmia CHOUCHENE : Etude expérimentale et théorique de procédés de valorisation


de sous-produits oléicoles par voies thermique et physico-chimique / - 2010

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o Gouvernement de la catalogne (centre d’initiatives pour la priduction propre) :


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