Vous êtes sur la page 1sur 51

Université de M.B.E.

Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024


Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Introduction

L‘élimination de la pollution organique carbonée et azotée (sous forme colloïdale ou en


solution), lorsqu’elle présente une biodégradabilité satisfaisante, est essentiellement le fait des
procédés biologiques d’épuration. Ils constituent le mode de traitement le plus utilisé des eaux
résiduaires urbaines et de bon nombre d’eaux résiduaires industrielles, en raison de leur
efficacité et de leur rusticité.

Communément appelés traitements secondaires, les procédés biologiques sont


généralement mis en œuvre dans une chaîne de traitement d’eaux résiduaires. Ils se situent à
l’aval, d’une part, des prétraitements assurant la séparation des matières volumineuses denses
(déchets, graviers, sables) et gênantes (huiles, graisses...) et, d’autre part, des traitements de
décantation primaire ou physico-chimiques dont l’objet est d’assurer l’élimination partielle, voire
totale, de la pollution particulaire et, si nécessaire, de celle qui possède un caractère toxique.

Notons également que dans certains cas, l’épuration biologique peut avoir pour but
d’affiner la qualité de l’eau dans le cadre d’un traitement de finition ou tertiaire qui porte sur la
réduction de la pollution résiduelle aussi bien carbonée qu’azotée.

Le présent cours procède :

• à un rappel sommaire des principes fondamentaux de l’épuration biologique et plus


précisément des mécanismes réactionnels intervenant dans la métabolisation des matières
organiques en milieu aérobie et anaérobie ;

• à la description des différentes technologies de traitement assurant la dégradation par


voie bactérienne de la pollution carbonée et azotée en situant les critères de
dimensionnement, les performances épuratoires pouvant être obtenues et les domaines
d’applications industrielles.

1
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Chapitre I :
Généralités sur les traitements biologiques

Le traitement biologique des eaux usées est le procédé qui permet la dégradation des
polluants grâce à l'action de micro-organismes. Ce processus existe spontanément dans les
milieux naturels tels que les eaux superficielles suffisamment aérées. Une multitude
d'organismes est associée à cette dégradation selon différents cycles de transformation. Parmi ces
organismes, on trouve généralement des bactéries, des algues, des champignons et des
protozoaires. Cette microflore, extrêmement riche, peut s'adapter à divers types de polluants
qu’elle consomme sous forme de nourriture (substrats). Il est ainsi possible d'utiliser
systématiquement cette microflore dans un processus contrôlé pour réaliser l'épuration des eaux
résiduaires.
La pollution des eaux résiduaires urbaines et industrielles peut se caractériser selon son état
(solide, colloïdal ou en suspension) et sa nature (minérale ou organique).

L'élimination de la pollution organique sous forme finement colloïdale ou en solution, est


essentiellement le fait de procédés d'épuration biologiques. Dans l’état actuel de nos
connaissances, la voie biologique constitue, en raison de son efficacité et de sa rusticité, le mode
le plus utilisé d'épuration secondaire des eaux résiduaires urbaines et de certaines eaux
industrielles.

Son principe est de provoquer en présence ou non d’oxygène une prolifération plus ou
moins contrô1ée de micro-organismes capables de dégrader les matières organiques apportées
par l'effluent. Il s'agit en fait d'un véritable transfert d'une forme non accessible de la pollution
(matières colloïdales et dissoutes) en une forme manipulable (suspension de micro-organismes).
Les micro-organismes responsables de l’épuration s'agglomèrent sous forme de flocs et se
développent en utilisant la pollution comme substrat nécessaire à la production d'énergie vitale et
à la synthèse de nouvelles cellules vivantes (Figure 1). Une partie des éléments polluants qui
n’est pas dégradée biologiquement peut être adsorbée et incorporée aux flocs de boues.

2
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

De nombreux micro-organismes ayant différentes vitesses de croissance, tels que les


bactéries, les algues, les champignons et les protozoaires sont associés à ce processus de
dégradation. Les bactéries restent cependant les micro-organismes les plus impliqués dans ce
processus (environ 95 % des micro-organismes présents dans une boue activée).

Certaines molécules en suspension diffusent directement à travers les membranes


cellulaires. D'autres, plus grosses ou plus complexes, doivent subir un traitement préalable
d'hydrolyse par des enzymes extra-cellulaires sécrétées dans ce but par les bactéries. Les produits
ayant diffusés à l'intérieur de la cellule sont transformés par d'autres réactions métaboliques.
Tous ces processus biochimiques nécessitent la présence et l'utilisation de catalyseurs très
spécifiques : les enzymes.

Une phase de transport permet d'amener les polluants (solubles et insolubles) du sein du
liquide à la surface de la bactérie. Le substrat soluble diffuse facilement à travers la membrane,
alors que les matières insolubles (particules, colloïdes et grosses molécules) sont, après leur
adsorption à la surface de la bactérie, hydrolysées par des exo-enzymes avant d'être à leurs tours
facilement assimilables. C'est au sein de la cellule que s'effectue la métabolisation des polluants.

3
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Cette étape, beaucoup plus lente que les précédentes, se divise en trois parties (Figure2):
- l'assimilation (ou anabolisme) qui est l'utilisation des matières polluantes pour la synthèse de
nouvelles cellules
- la respiration (ou catabolisme) qui permet la combustion des substrats afin de libérer l'énergie
nécessaire aux micro-organismes pour assurer leurs fonctions vitales
- la respiration endogène au cours de laquelle les micro-organismes utilisent leur propre matière
en guise de substrat.

L’adaptation ou l’acclimatation des micro-organismes à divers types de substrats est


possible mais elle a toutefois ses limites. C'est pourquoi la qualité des eaux résiduaires doit être
contrôlée en laboratoire dans le but de décider si ces eaux peuvent être soumises à un procédé de
traitement biologique.

Pour juger des chances de réussite de l'épuration d'eaux résiduaires par un procédé
biologique, on se sert généralement du rapport DCO/DBO5.
Ainsi sur la base de ce rapport, on peut établir le classement suivant:
- DCO/DBO5 < 1.66: eaux résiduaires susceptibles d'être facilement traitées biologiquement.
- 1.66 < DCO/DBO5 < 2.5: eaux résiduaires susceptibles de subir un traitement biologique.
- 2.5 < DCO/DBO5 < 5: eaux résiduaires non susceptibles de subir un traitement biologique ou
nécessitant une acclimatation préalable des micro-organismes impliqués.
L'acclimatation doit se faire sur des eaux diluées. En outre, le pH, la température, les
substances minérales et les substances inhibitrices et toxiques sont les paramètres les plus
importantes à maîtriser pour l'utilisation des procédés biologiques. Pour les procédés aérobies, la
plage de pH se situe en général entre 6.5 et 8.
4
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Selon que l'oxydation se produit en présence d’oxygène dissous dans l'eau (processus
aérobie) ou qu'au contraire il y a transfert de l’hydrogène du combustible brûlé à un accepteur
d’hydrogène autre que l’oxygène moléculaire (processus anaérobie), la nature des produits de
l’oxydation sera différente. Dans les processus aérobies les produits sont CO2, H2O, NH3 ou NO3
alors que dans les processus anaérobies les produits sont le CO2, CH4 et acides gras.
Les enzymes, catalyseurs organiques sécrétés par les micro-organismes, sont, dans les
processus aérobies ou anaérobies, à l’origine de la décomposition des substances organiques.
Ainsi, on distingue les enzymes extracellulaires qui provoquent la destruction des
structures moléculaires trop complexes pour pénétrer au sein de la cellule et les enzymes
intracellulaires qui assurent l'assimilation et sont par conséquent, à l'origine de la prolifération
des cellules.
Les différents procédés biologiques d'épuration seront étudiés en détail par la suite.
Nous nous contenterons ici de les mentionner:
- les boues activées
- les lits bactériens
- le lagunage
- la digestion anaérobie.
L'épuration biologique peut s'effectuer par voie aérobie ou anaérobie. Dans les deux cas ce
sont des micro-organismes adaptés au procédé qui se multiplient en absorbant la pollution
organique (bactéries hétérotrophes assimilant les matières organiques).

Voie aérobie (Figure 3)


Au cours de la croissance aérobie, l'énergie prélevée de la transformation du carbone
organique, devient une énergie disponible pour la synthèse.

5
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Voie anaérobie (Figure 4)


La conversion anaérobie des matières solides organiques en sous-produits inoffensifs est
très complexe et résulte de multiples réactions comme cela est indiqué sur le schéma ci-dessous,

Les traitements aérobies sont les plus répandus, les traitements anaérobies restant réservés,
aux cas de pollution fortement concentrée pour laquelle l'apport d'O2 en quantité suffisante pose
un problème.

Elimination de la pollution azotée


L’élimination de la pollution azotée est assurée biologiquement par la nitrification-
dénitrification :
a) Nitrification
C'est la transformation de l'azote ammoniacal en nitrate. Cette oxydation biologique
s'effectue en deux phases sous l'action de micro-organismes autotrophes qui utilisent l'énergie de
la réaction pour réduire le CO2 et ainsi incorporer le carbone.
La nitritation, qui est la transformation de l'ammonium en nitrite, est essentiellement liée
aux Nitrosobactéries (genre Nitrosomonas) alors que la nitratation, au cours de laquelle les
nitrites sont oxydés en nitrates, est principalement l’œuvre des Nitrobactéries (genre
Nitrobacter). Ces bactéries nitrifiantes, du fait de leur très faible taux de croissance se trouvent
en large minorité au sein des boues activées (de 0.1 à 5% de la biomasse totale d’une boue
activée).

6
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

b) Dénitrification
C'est le processus de réduction de l'azote nitrique à un degré d'oxydation plus faible.
Certains micro-organismes, généralement hétérotrophes, sont en fait capables, en période
d'anoxie, d'utiliser les ions nitrites et nitrates au lieu de l'oxygène dissous dans leur chaîne
respiratoire et donc de réaliser cette transformation de l'azote nitrique. On estime que 25 à 40%
de la biomasse d'une boue activée est dénitrifiante facultative.

7
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Chapitre II.
Epuration Biologique aérobie

La croissance bactérienne en milieu constamment renouvelé, c'est-à-dire ou le substrat


arrive d’une façon plus ou moins uniforme tout au long du temps, est caractéristique des
procédés d’épuration. La parfaite connaissance des phénomènes de croissance bactérienne et
enzymatiques d’utilisation du substrat est difficile en raison de certaines approximations rendues
obligatoires dans un souci de simplification.

II.1. Croissance bactérienne discontinue


II.1.1. Etude de la croissance
Pour la dégradation aérobie de la matière organique, deux processus consommateurs
d’oxygène se développent parallèlement. Ce sont:
- Oxydation de la matière organique : Cette opération fournit l’énergie aux micro-organismes
(catabolisme), énergie nécessaire à la synthèse cellulaire et à la multiplication des micro-
organismes (anabolisme), le processus d’oxydation aboutit à un accroissement de la masse
cellulaire totale.
Réaction de synthèse de la biomasse:

La croissance d’une biomasse, placée dans des conditions idéales de culture peut quantifier
par l’expression suivante :

N1= N02n avec - N0 = nombre de bactéries au temps égale 0


- N1 = nombre de bactéries au temps t

En milieux non renouvelé, la croissance bactérienne est discontinue. Elle se définit à l’aide
des 3 paramètres reportés dans le tableau 1.

8
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Tableau 1 : Paramètre de la croissance discontinue


Paramètres Unité Définition Formulation
Taux de croissance horaire r h-1 Nombre de divisions par unité de temps n
t=
∆t
Temps de génération G h Temps de doublement de génération t1 −t 0 1
=
n r
Vitesse spécifique de croissance µ Accroissement de biomasse par unité de dB 1
temps ramené à l’unité de biomasse B dt

Avec : n = nombre de division, B = Biomasse.

Le paramètre µ peut être définit comme le coefficient direct de la courbe LnB= f(t) en
phase exponentielle. Pour cette raison, il est parfois appelé taux népérien de croissance.

II.2. Croissance des micro-organismes en culture pure

Dans un fermenteur, on procède à l’ensemencement d’une certaine quantité de milieu de


culture, préalablement stérilisé. Ainsi on peut suivre le développement des micro-organismes
présents (biomasse) jusqu’à épuisement du substrat principal. Cette culture discontinue est
appelée croissance en "batch". Dans ce cas, on observe les phases successives suivantes (Figure
5):

9
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

II.2.1. Phase d’adaptation


Cette période ″AB″ est dite phase d'adaptation ou de latence ; elle sépare le moment
d'inoculation du moment où la croissance devient perceptible. Cette durée d’adaptation dépend:
- du type de micro-organismes
- du nombre de germes inoculés
- de l'état physiologique de ces germes
- de la température du milieu de culture
- des différences de compositions et concentrations entre l'ancien et le nouveau milieu de culture
- s'il s'agit d'algues, de l'intensité lumineuse et de la longueur d'onde des radiations éclairant le
fermenteur.

II.2.2. Phase de croissance


Après une courte période de démarrage BC, d'allure très variable, on constate que log X (X
étant la teneur en biomasse) varie linéairement en fonction du temps. Cette phase de croissance à
vitesse constante est appelée phase de croissance exponentielle. La vitesse observée est égale à la
vitesse de synthèse, le phénomène de respiration endogène étant négligeable. Les besoins en
oxygène des cellules durant cette phase sont assez variables selon les espèces.

II.2.3. Phase de ralentissement


Cette phase "DE" est dite phase de ralentissement et correspond à une perturbation du
milieu de culture par la croissance exponentielle des micro-organismes. Le passage en phase de
ralentissement correspond à une diminution de la concentration du substrat et de la vitesse de
croissance.

II.2.4. Phase de stabilisation


La phase de ralentissement se termine toujours par une inactivation totale de la culture dont
le nombre d'individus n'augmente plus et on atteint ainsi la phase de stabilisation. Au cours de
cette phase, il n'y a plus de substrat et le taux de croissance est nul.

II.2.5. Phase de respiration endogène


La stabilisation de la culture conduit rapidement au décès des micro-organismes et
s'accompagne d'une lyse des cellules libérant des produits divers. Durant cette période, les
besoins en oxygène sont limités aux besoins respiratoires d'entretien des cellules ; c'est une phase
de décroissance dite phase de respiration endogène.

10
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

En réalité, le phénomène de croissance bactérienne est plus complexe car, dans le cas d'une
eau usée, le substrat est complexe et l'ensemencement sauvage (plusieurs souches). De plus,
l'épuration n'est pas réalisée de façon discontinue mais elle a lieu dans un aérateur en continu où
un débit d'eau usée est mis en contact avec la population microbienne (l'illustration graphique
utilisée jusqu'ici est relative à une souche bactérienne pure se développant grâce à un substrat
unique, le glucose).

Suivant le temps de contact et la masse de micro-organismes, on se trouve dans l'une des


phases qui viennent d'être décrites.

Durant les différentes phases de la croissance bactérienne, les principaux paramètres de


contrôle (DBO, concentration de la biomasse et concentration en Azote) évoluent différemment.
Le plus important de la DBO est éliminée durant la phase de croissance exponentielle qui
voit en même temps augmenter la teneur en biomasse et en Azote. Durant la phase de
ralentissement l’élimination de la DBO fléchit alors que les teneurs en Azote et en biomasse
subissent des fléchissements pour décroître après durant la phase de respiration endogène, phase
au cours de laquelle la DBO se stabilise à la valeur de DBO résiduelle (voir Figure 6).

11
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

II.3. Formulation de la croissance bactérienne

En supposant que la masse biologique est proportionnelle au nombre, la modélisation


dB
générale de la courbe s’écrit = ( µ − b) B0 , avec :
dt
- µ = vitesse spécifique de croissance
- b = coefficient de mortalité
- B = biomasse au temps t
- B0 = biomasse initiale

Dans ce modèle, le paramètre µ dépend de la concentration des substrats utilisés pour la


croissance. MONOD, s’inspirant des lois de la cinétique enzymatique, a déterminé une
expression quantifiant le phénomène.

S
µ = µmax
Ks + S

- S = concentration en substrat.
- Ks = concentration de Monod
- µmax = vitesse maximale spécifique de croissance
- µ = vitesse spécifique de croissance.

La constante de MONOD, ou de demi-saturation, a la dimension concentration et


µmax
correspond à la valeur pour laquelle µ = , dans le cas ou S tend vers Ks.
2
La concentration en substrat ou en produit peut être calculée à un temps t quelconque par la
relation :
dS dS
= −k[S ] ⇒ = −kdt
dt S

S t
dS S
De (1) ⇒ ∫
S0
S
= −k ∫ dt
0
⇒ Ln
S
= −kt ⇒ [ S ] = [ S 0 ]e − kt

12
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Le signe moins affectant S, provient du fait de sa disparition dans le réacteur. En


dB
appliquant le même raisonnement mathématique, l’équation = ( µ − b) B0 notée (2) devient :
dt
S
( µ −b ) t S ( u max
KS +S
−b ) t
(2) ⇒ B = B0 e avec µ = µmax donc B = B0 e
Ks + S

Dans le cas des bassins d’épuration, la réalité est bien plus complexe. Les bactéries ont à
leur disposition une multitude de substrats. Le plus facilement assimilable est le premier utilisé,
si la bactérie en est capable. Ce modèle de croissance exposée ci-dessous, ne représente
qu’incomplètement le phénomène réel. La connaissance des écoulements hydrauliques
(hydraulicité) complète la cinétique enzymatique car les bassins des stations d’épuration sont des
réacteurs à écoulement et à culture continus.

II.4. Généralisation

II.4.1. Notion de facteurs limitants

Pour permettre une croissance bactérienne, outre le carbone, interviennent les éléments
nutritifs, l’oxygène, l’azote, le phosphore et les oligo-éléments, l’expression du taux de
croissance doit tenir de ces données. En conséquence, on a :

Le N O2 P Ca 2+
µ = µmax . . . . ……………….. (3)
K Le + Le K N + N K O2 + O2 K P + P K Ca 2+ +Ca 2+

Li
Cette expression peut s’écrire sous la forme µ=f(µmax), µ = µmax ∏
K Li + Li

Le paramètre Le est la DBO5 qui représente la fraction organique biodégradable.


Dans l’épuration des eaux usées, on admet les données suivantes comme valeurs des
constantes de demi-saturation :

Tableau 1 : Valeurs moyennes des constantes de demi-saturation.


KLe KN KP KO2
75 à 80 0,2 0,4 0,5
N symbolise NKT et P les ortho-phosphates. Les concentrations sont données en mg/L

13
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Dans le cas d’une eau résiduaire urbaine classique, seul la valeur K O2 peut être

éventuellement limitante pendant les périodes d’anoxie.

Le
En, conséquence, on peut simplifier l’équation (3) sous la forme µ = µmax .
K Le + Le
La croissance d’une biomasse épuratrice est donc directement fonction de la teneur en
carbone mesurée par la DBO5 dans la plus part des cas, la teneur de l’eau brute, de l’ordre de 400
mg/L, est fortement supérieure à la valeur limité de 80 mg/L. Celle-ci est synonyme d’une
carence nutritionnelle.

II.4.2. configuration des bassins

Il faut considérer l’écoulement su substrat (eau usée) au sein du bassin sur une station
d’épuration à boues activées. Il existe plusieurs modes de distribution du couple effluent-boue au
sein d’un bassin, mais seul le réacteur piston sera développé.
Un bassin qui reçoit son alimentation en mode piston correspond au schéma suivant :

Eau brute Eau traitée


Q et Le0 (DBO5, EB) V V+dV Q et Le (DBO5, ET)

Le bilan de matière sur la DBO5 ne peut être réalisé que sur un élément de volume dV du
fait d’hétérogénéité de la concentration de la pollution au sein du bassin. On peut écrire :

Flux entrée +Flux production = Flux sortie + Flux variation interne (4)
dLe
(4) ⇒ Q[Lev] – vdV = Q [Le(V+dV)] + V
dt
- v : vitesse de la réaction par unité de volume en kg/m3.j.
- V : volume du bassin.
A l’état stationnaire des réactions enzymatiques, il n’y a plus de variation de la DBO5 en
dLe
fonction du temps sur l’intervalle dV, donc → 0 .

dt

14
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

De plus, l’approximation linéaire de Le en V0 valable pour dV suffisamment petit, s’écrit :


dLev
LeV + dV = Le(V ) + dV
dV
Cela consiste en fait à remplacer la courbe par sa tangente au point d’abscisse V0.

d [ Le]dV
(4) ⇒ Q[ LeV ] − vdV = Q[ LeV ] + Q
dV
(4) ⇒ -vdV = Q d[Le]

En supposant une cinétique d’ordre 1, on a v = k[Le]. Des lors, on peut écrire :

d [ Le] V
(4) ⇒ -k[Le]dV=Q d[Le] ce qui équivaut à = −k dV
Le Q
Le V
d [ Le] 1
(4) ⇒ ∫
Le0
Le
= −k ∫ dV
Q0

V
Or, le temps de séjour dans le bassin est égal au rapport on en déduit :
Q

[ Le]ET
(4) ⇒ Ln = −kt Donc [ Le]ET = [ Le]EB e − kt
[ Le]EB

La diminution de la DBO5 ou de toute autre pollution suit donc une loi exponentielle en
présupposant que la vitesse de réaction enzymatique suive une cinétique d’ordre 1.

II.4.3.Application aux types de charge.

a) Les stations en forte charge présentent un rendement d’épuration de la pollution carbonée


de l’ordre de 85%. La biomasse est en phase exponentielle. Produite en quantité
importante, est concentrée en matières organique, donc très fermentescible.
dB
La croissance bactérienne ce caractérise par l’expression = ( µ − b) B0 notée (5).
dt
Dans le cas présent, le substrat n’est pas limitant et la mortalité peut être négligée. En
conséquence, on a b=0 et µ= µmax.
dB
(5) ⇒ = µmax B0 [Le]ET = [Le]EB e-kt
dt

15
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

dLe 1 dB
L’élimination du substrat se quantifie par l’expression : =− noté (6)
dt Y dt
Avec – Y : coefficient de rendement cellulaire
– Le : substrat en l’occurrence la DBO5
dLe 1
(6) ⇒ = − µmax B0
dt Y
Si les extractions de boue sont constantes, la biomasse est constante, donc :
Le
1 1 t
(6) ⇒ dLe = − µmax B0 dt
Y
équivalent à ∫ dL = − Y µ
Le0
max B0 ∫ dt
0

µmax B0
(6) ⇒ Le0 − Le = t de la forme v=k[Le]
Y

Cette expression est caractéristique d’une cinétique d’ordre 0. Le taux d’épuration varié
linéairement avec le temps de séjours dans l’étage biologique. Or celui ci étant faible, le
rendement épuratoire est limité 80-85% en ce qui concerne la pollution carbonée. La production
de biomasse est de l’ordre de 1,1 kg de MVS par Kg de DBO5 éliminés.

b) dans le cas des moyennes charges, la biomasse se trouve en phase de croissance ralentie et
Le est faible devant KLe. La variation de biomasse s’écrit :
dB Le
= µmax B0 − bB0
dt K Le
L’élimination du substrat s’écrit, en négligent la mortalité :
dLe 1 dB 1 Le µ
=− = − µmax B0 = − max B0 Le Notée (8)
dt Y dt Y K Le YK Le
µmax B0
Le −(
YK Le
)t
µmax Le
(8) ⇒ =e si on pose k = , l’expression 8 devient = e −kB0t
Le0 Yk Le Le0
L’expression (8) fait apparaître le paramètre KLe d’une valeur comprise entre 75 et 80 mg/L
il s’agit d’une cinétique d’ordre 1. Le temps de demi-réaction d’expression Ln2/k est
indépendant de la concentration Le0.

c) Dans les usines de dépollution en aération prolongée, les besoins en O2 sont très
importants. En effet, une partie de la biomasse se trouve en phase de respiration endogène
ou d’autolyse. En conséquence, la mortalité ne peut pas être négligée. On à donc.

16
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

dB dLe 1 dB
= ( µ − b) B0 La disparation du substrat suit l’équation =− qui s’écrit
dt dt Y dt
dLe 1
= − (u − b) B0 notée (9)
dt Y
µmax
bK B − t bK Le B0
(9) ⇒ Le = (− Le 0 + Le0 )e YK Le +
µmax µmax

Cette équation est de la forme Le = k1e-k2t + k3. On peut tracer l’allure de cette courbe pour
avoir une idée de la cinétique de disparition du substrat dans le bassin.

II.5. Biodégradabilité de la pollution

En mode aérobie, une croissance normale de la biomasse nécessite des apports de carbone,
d’azote et de phosphore dans la proportion de 100/5/1. Les paramètres DBO5 pour le carbone,
NKT pour l’azote et Ptotal pour le phosphore, sont à prendre en considération.
Dans le cas d’un effluent urbain, on a C/N/P ⇒ DBO5/NKT/P = 400/80/5 = 100/20/3,73.

17
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Chapitre III.
Epuration par boues activées

III.1. Principe

Le procédé à boues activées a été découvert en 1914 à Manchester et repose sur la


constatation suivante:
Une eau d'égout aérée permet le développement rapide d'une flore bactérienne capable de
dégrader des matières organiques polluantes. Dans les conditions idéales d'aération, les micro-
organismes d'une eau usée se développent et s’agglomèrent en flocs. Au repos, ces derniers se
séparent très bien de la phase liquide par décantation. C'est dans le clarificateur que cette
séparation entre la boue et l'eau clarifiée a lieu. Une partie des boues est renvoyée dans l'aérateur
pour le réensemencement permanent ou réinjectée en tête de station, l'autre en excès, est
éliminée et doit faire l'objet d'un traitement séparé.

Le principe du procédé à boues activées consiste donc à provoquer le développement d'un


floc bactérien dans un bassin alimenté en eau usée à traiter (bassin d’activation). Afin d’éviter la
décantation des flocs dans ce bassin, un brassage vigoureux est nécessaire. La prolifération des
micro-organismes nécessite aussi une oxygénation suffisante.

Le bassin d’activation peut être précédé d'un décanteur primaire dans le but d'éliminer les
matières décantables et suivi d'un clarificateur pour la séparation de l’effluent épuré et des boues.
Plusieurs configurations de bassins d’aération dans le cas du procédé par boues activées
peuvent être mises en œuvre (Figure III-1):
- Conventionnel (le plus fréquemment utilisé)
- Contact stabilisation
- Alimentation étagée
- Mélange intégral (complet)

18
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Figure III-1 : Les différents types de bassins à boues activées

III.2. Bassin d'aération

Le bassin d'aération constitue le cœur même du procédé dans lequel s'effectue le


métabolisme bactérien à l'origine de l’épuration.
C’est dans ce bassin que la majeure partie des réactions biochimiques de transformation de
la pollution carbonée (voire azotée et phosphorée) a lieu. On y maintient généralement 3 à 4 g/L
de biomasse active en état d’aérobiose à une concentration de 2 à 2,5 ppm en oxygène dissout.

Figure III.2 : Schéma de base du procédé de boues activées

19
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

III.3. Notion de charge


III.3.1. Définition
La charge représente la quantité de pollution mesurée en DBO5 arrivant par jour sur
l’installation, ramenée soit au volume d’aération, soit à la quantité de biomasse mesurée en
MVS.
- La charge volumique traduit le rapport entre la masse journalière de substrat biodégradable
apportée par l’effluent brut et le volume du bassin épurateur.
- La charge massique représente le flux de DBO5 entrant rapporté à la quantité de biomasse
présentée dans le bassin d’aération.
La quantité de micro-organisme du clarificateur peut y être associée. On considère alors
l’étage biologique constitué du bassin d’aération et du décanteur secondaire.

Tableau III.1 : Expression des charges volumiques et massiques.


Charge Cv Q[ DBO5 ]
volumique en kg de DBO5 /j.m 3 VBA
Charge Cm Q[ DBO5 ] Q[ DBO5 ]
massique en kg de DBO5 /j.kg MVS VBA [ MVS ] BA (VBA + 0,75VCL )[ MVS ] BA
Avec : - Q : débit d’eau brute journalier en m3/j
- [DBO5] : concentration moyenne de l’effluent brut en kg/m3
- VBA et VCL : volume du bassin d’aération et du clarificateur en m3
- [MVS] BA : concentration des boues dans le bassin d’aération en kg/m3

Les valeurs de ces deux paramètres définissent le type de charge des usines de dépollution.
Une installation présentant un faible volume de bassin et recevant beaucoup de pollution est une
station à forte charge. Elle est faible charge dans le cas contraire.
Tableau III.2 : Type de charge d’une station
Type de charge Cm Cv
Forte charge 0,4 à 1 1,5
Moyenne charge 0,15 à 0,35 0,5 à 1,5
Faible charge 0,1 0,3
Aération prolongée 0,07 0,25

Le volume de bassin définit une notion temporelle. Le temps de séjours ts correspond au


temps de séjours hydraulique de l’eau dans un bassin avec ts = VBA/Q en heures.

20
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Le débit de l’effluent étant rarement constant, on définit des temps de séjours moyen et
minimum calculés à partir des débits moyens horaires et pointe.
Ces différents temps permettent la mise en contact ou adsorption entre la pollution et la
biomasse. Si la charge d’une station est faible, le volume du bassin est grand. Les temps de
séjour et de contact sont importants. En conséquence, les phénomènes d’adsorption,
d’assimilation et de dégradation de la pollution sont très développés. La charge volumique est
indispensable pour dimensionner le bassin d’aération.

III.3.2. Implication de la charge en mode aérobie

Dans le cas d’installations a forte charge, il y a peu de biomasse épuratrice par rapport à la
pollution entrante car le volume de bassin et faible. Cette pollution et seulement collée aux
quelques bactéries isolées et est très peu dégradée, car le temps de séjour est faible. Si celui-ci
augmente et devient supérieur à une heure, les bactéries ont le temps de floculer. Elles forment
un floc biologique, unité de basse de bio élimination.

III.4. Boues biologiques


III.4.1. Production
L’évaluation de la production de boues est indispensable pour dimensionner la filière boue.
Pour les exploitants, elle permet de valider l’optimisation des réglages. L’accumulation des
matières en suspension non biodégradables et l’accroissement de la biomasse épuratrice sont les
deux phénomènes de la production de boues.

MES minérales

MES organiques non


biodégardables

Matières organiques
biodégardables

MES organiques
biodégardables

Adsorption

Assimilation

Figure III.3 : Représentation du floc biologique constituant la boue biologique

21
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Une partie des MES de l’eau brute n’est pas biodégradable. Il s’agit des MES minérales et
d’une partie des MES organiques. Ces particules sont piégées par adsorption par le floc et
retrouvent dans les boues biologiques. L’accroissement de la biomasse est fonction de la
multiplication des bactéries proportionnellement à l’élimination de la pollution, diminuée de la
mort d’une partie d’entre-elles par le phénomène d’autolyse lors de la phase de respiration
endogène.
Plusieurs modèles d’évaluation de la production de boues ont été développés.
ECKENFELDER a proposé, en 1956, une première formule. Sa détermination à été réalisée en
laboratoire, en batch, sur une souche pure nourrie avec substrat pur de type glucose. Elle fait
appelle aux coefficients d’anabolisme ‘am’ et de catabolisme ‘b’. la détermination exacte de ces
paramètres, surtout de ‘b’, posse de sérieux problèmes. En effet, son évolution est linéaire sur les
5 premiers jours, puis logarithmique. La valeur conventionnellement admise de 0,055 n’est
valable que si l’âge des boues est inférieure a cette durée de 5 jours. Ce modelé s’applique
exclusivement aux stations de forte et moyenne charge.
Dans le cas d’effluent domestiques et pour des usines en aération prolongée, certaines
constructions ont adopté un ratio de 0,8 à 1 kg MS/kg DBO5 éliminée.
L’AGHTM et le CIRSEE ont proposé une formulation valable pour les eaux urbaines
présentant le ratio MES/DBO5 compris entre 0,75 et 1,25 pour l’eau brute. Dans cette formule, le
terme (0,83 + 0,2 log Cm) DBO5 intègre les processus de bio-sorption en fait varier le coefficient
de synthèse biologique en fonction de la charge massique.

Tableau III.3 : Formules de la production de boues biologique.


Auteur-Constructeur Production de boues en kg MS/j Paramètres
ECKENFELDER Smin + Sdur + amLe – bSv – Seff am : biomasse produite par kg DBO5
b : fraction biomasse détruite par jour
Constructeur KLe K : compris entre 0,8 et 1,1
Constructeur Smin + Sdur + 0,25 amLe – Seff
AGHTM Smin + Sdur + (0,83 + 0,2 logCm)Le – Seff Cm : charge massique de la station
Smin : masse de matières minéral en suspension de l’eau brute évaluée à 30 % des MES
Sdur : masse de matières en suspension difficilement biodégradables évaluée à 17,5 % des MES
Le : masse de DBO5 éliminée par jours.
Sv : masse de boues organiques dans le bassin d’aération en kg de MVS.
Seff : masse de boues évacuée avec l’effluent traitée en kg de MES par jour.

22
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Les valeurs des coefficients am et b dépendant de la charge massique de la station


d’épuration. En aération prolongée, on peut considérer qu’ils sont respectivement égaux à 0,6 et
0,055.
Tableau III.4 : Valeurs des coefficients am et b en fonction de la charge.
Valeurs de Cm 0,1 0,2 0,3 0,4 0,5
Valeurs de b 0,065 0,07 0,07 0,07 0,07
Valeurs de am 0,66 0,59 0,56 0,53 0,5

La conservation du flux de matières minérales constitue un principe fondamental dans


l’évolution de production de boues. La biomasse dégrade les éléments organiques, mais ne peut
en aucun cas, éliminer la matière minérale. En conséquence, la qualité de matières minérales
évacuée avec l’eau traitée et dans les boues est égale au flux minéral apporté par l’effluent brut.
Une étude récente propose une évaluation rapide à 10% prés de la production de boues
fluxDBO5 + fluxMES
sous la forme du rapport .
2

III.4.2. Recirculation-Extraction
La quantité de biomasse doit rester constante dans le bassin d’aération. Les boues
biologiques décantent dans le clarificateur. Pour éviter toute fermentation dans cet ouvrage non
aéré et maintenir une biomasse stable, il faut les recirculer à partir du décanteur secondaire vers
le bassin. Le débit de recirculation R, varie en fonction du débit d’eau brute Q, de la
concentration des boues dans le bassin d’aération CBA et des boues recirculées CR. Pour des
valeurs de MES de l’eau clarifiée inferieurs à 30 mg/L, et pour une boue décantant correctement,
on peut utiliser l’expression énoncée dans le tableau III.5.

L’indice de MOLHMAN, permet d’apprécier l’aptitude de la boue à la décantation, il s’agit


du volume occupé par un gramme de boue après 30 minutes de décantation. En général, IM est
compris entre 90 et 130 mL/g. au delà de ces valeurs, la boue est trop ou peu décantable. Au delà
d’une concentration supérieure à 3 g/L, cet indice ne peut être utilisé. On emploie alors l’indice
de boues ou IB. Cette mesure est réalisée avec dilution. Celle-ci est accomplie avec l’eau traitée
et se détermine afin d’obtenir un V30 inférieur à 250 mL. IB est constant. Toute modification du
V30, pour une même dilution, signifie une augmentation des MS dans le bassin d’aération. Cet
indice évalue approximativement leur concentration. Il permet de calculer la masse et le volume
de boues à extraire.

23
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

L’âge des boues représente leur temps de séjours dans l’étage biologique. Il détermine de
nombreux paramètres du traitement. La taille et la densité du floc biologique, le degré de
minéralisation de la boue et la possibilité de nitrifier sont fonction de son ancienneté. Cet âge est
le rapport entre la quantité de boue contenue dans le biologique St et la quantité E soutirée
quotidiennement. Son calcul doit s’effectuer sur une période suffisamment longue. L’excès de
boue se retrouve dans l’étage biologique. Il faut absolument l’extraire à partir du clarificateur. En
effet, leur concentration y maximale. Il faut absolument l’extraire est d’autant plus réduit. Il
s’évalue à partir de la concentration nominale en MS, c'est-à-dire celle donnée par le
constructeur pour obtenir un fonctionnement optimal de l’installation.

Tableau III.5 : expression mathématique des paramètres concernant la boue


IM IB Recirculation Extraction Age de boue
V30 V30 corrigé R C BA C BA − C BAnon St
= VBA
MS MS Q C R − C BA CR E

III.5. Aération-Brassage
III.5.1. Evaluation théorique des besoins
La fourniture d’oxygène est indispensable à tout système biologique aérobie, en
l’occurrence les boues activées. Ces besoins dépendent de la quantité de pollution carbonée et
azotée à éliminer quotidiennement et de la consommation de la biomasse. L’oxygène nécessaire
pour dégrader le carbone se répartit entre la respiration endogène et la dégradation de la DBO5,
respectivement quantifiée par b’Sv et a’Le.

L’élimination de l’élément azoté passe par les étapes de nitrification et de dénitrification.


Le flux d’azote à oxyder est noté NN. Cette quantité est égale à NKT entrant sur le réacteur
biologique diminué de l’azote assimilé, soit 5 % de la DBO5, et du flux NKT sortant. On peut
prendre en compte le flux réellement ammonifiable dans l’estimation du NKT. En effet, 22% de
l’azote organique est réfracteur à l’ammonification. Il ne peut donc pas être nitrifie. Une partie
de l’oxygène consommée par la nitrification est récupérée lors de dénitrification. La quantité à
dénitrifier NDN est égale à NN auquel on soustrait le flux sortant de nitrate en N-NO2.

24
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Besoins en O2 en kg/j = a’Le + b’Sv + 4,3 NN – 2,85 c’NDN

- a’ : quantité d’oxygène nécessaire à l’oxydation de 1 kg de DBO5


- Le : quantité de DBO5 à éliminer en kg/j
- b’ : quantité d’oxygène nécessaire à la respiration endogène de 1 kg de MVS de boues par jour
- Sv : masse de biomasse dans le bassin d’aération en kg de MVS
- 4,3 : taux de conversion de l’azote réduit en azote nitrique
- NN : flux d’azote à nitrifier
- 2,85 : taux de conversion de l’azote nitrique en azote gazeux
- c’ : fraction de l’oxygène des NO3- récupérée par dénitrification, soit entre 60 et 70 %
- NDN : flux d’azote à dénitrifier

La valeur de c’ constitue un facteur de sécurité dans le dimensionnement et comprend les


départs d’azote oxydé dans l’effluent traité. Les paramètres a’ et b’ sont respectivement des
coefficients d’anabolisme et de catabolisme. Leurs valeurs dépendent de la charge massique de
l’installation.

Tableau III.6 : Valeurs des coefficients a’ et b’ en fonction de la charge massique.


Valeurs de Cm < 0,1 0,1 0,15 0,2 0,3 0,4 0,5
Valeurs de a’ 0,66 0,65 0,62 0,6 0,56 0,53 0,5
Valeurs de b’ 0,06 0,075 0,085 0,7 à 1,2

III.6. Clarificateur
III.6.1. Principe
Les boues biologiques sont floconneuses, d’une densité voisine de l’eau. Leur décantation
est freinée. La chute d’une particule de floc influence celle des autres. A partir d’une certaine
concentration, elles sédimentent en masse. La théorie de KYNCH précise que la vitesse de chute
est fonction de la concentration. Elle est donc élevée en haut du clarificateur et moindre en bas.
L’indice de MOHLMAN caractérise la plus ou moins bonne décantabilité de la boue. Il varie en
fonction de la charge massique du bassin et des caractéristiques de l’eau brute.
Le clarificateur ou décanteur secondaire est situé en aval du traitement biologique. Cet
ouvrage assure la séparation de l’eau épurée de la biomasse floculée et un premier
épaississement des boues. Il reçoit une liqueur mixte d’une concentration en MES de l’ordre de 3
à 4 g/L et doit restituer une eau clarifiée à 30 mg/L. le rendement d’élimination est de 99 %. Sa
conception et son dimensionnement doivent être particulièrement soignés.

25
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

III.6.1. Dimensionnement
QP
La vitesse ascensionnelle v, ou charge hydraulique superficielle, définie par le rapport ,
S
est le premier paramètre à considérer. Il faut tenir compte du débit de pointe QP pour éviter toute
surcharge hydraulique qui perturberait fortement la décantation. Une vitesse inférieure à 0,4 m/h
est préconisée pour les installations à faible charge.
De récentes études ont montré que la vitesse ascensionnelle n’est pas le seul critère
important. La charge superficielle massique, ou charge au radier, quantifier le flux horaire de
boue entrante par m2, on obtient la formation suivante :

(QEB + QR ) MS BA
Débit massique = En kg MS /m2h
S

Le paramètre S est la surface du plan d’eau. La charge au radier doit être inferieur à 5 ou à
7,5 en pointe si le clarificateur est sucé.

Tableau III.7 : Critères de dimensionnement d’un clarificateur


Clarificateur classique Clarificateur lamellaire
Faible Cm Moyenne Cm Faible Cm Moyenne Cm
Charge hydraulique en m/h 1,2 0,4 0,45 0,3
Charge au radier en kg MES /m2h 5 5 25 25

26
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Chapitre IV.
Biofiltration

La biofiltration de l’eau usée était d’abord du ressort des lits bactériens à ruissèlement.
L’eau à traiter percolé sur un matériau support des micro-organismes. L’aération est naturelle par
ouïes. Ce procédés représente encore 15% des installations d’épuration et traite 10% de la
pollution totale en France. Puis, vient l’idée de mettre le matériau de remplissage dans l’eau à
épurer. Les lits immergés ou granulaires, aussi appelés biofiltre, étaient nés. Comme son nom
l’indique, ce procédé utilise des bactéries épuratrices et retient les matières en suspension.

IV.1. Principe
Il s’agit d’un ouvrage en béton rempli d’un matériau immergé dans l’eau à traiter. Le
matériau permet la fixation bactérienne et possède un taux de vide permettant la filtration des
MES. L’oxygène nécessaire à l’épuration est apporté par injection d’air. Le rétrolavage fait appel
à l’air et l’eau.

IV.1.1. Sens de circulation des fluides


Il existe deux grandes variantes. Si l’air procédé ou de process progresse dans le même
sens que l’eau à traiter, on a affaire à une circulation co-courant ou ascendante en référence à
l’eau. Dans le cas d’une circulation à contre-courant ou descendante, les fluides se croissent à
l’intérieure de l’ouvrage. Cette dernière technologie a été la première à être brevetée par OTV
pour le biofiltre Biocarbone. La circulation de l’eau détermine le sens ascendant ou descendant. La
comparaison des sens de l’eau et de l’air précise la dénomination de la filtration

EB
ET

air air
EB
ET

eau : sens descendant air : sens ascendant eau : sens ascendant air : sens ascendant
filtration à contre-courant filtration à contre-courant
Figure IV.1 : Sens de circulation eau/air dans un biofiltre.
.

27
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Les avantage et inconvénients de chacun des procédés sont difficiles à cerner. Les
informations sont données sous toute réserve car chaque constructeur défend avec acharnement
sa réalisation. Néanmoins, on peut lister ces paramètres.

Tableau IV.1 : avantages et inconvénient des sens de circulation des fluides


Flux co-courant ou ascendant Flux contre-courant ou descendant
Colmatage très fréquent Peu de colmatage
Matériau ne se tasse pas Matériau se tasse
rétention homogène des MES - capacité de rétention limitée -
forte capacité de stockage des MES - forte énergie en début de lavage -
lavage nécessite peu d’énergie -
Rendement oxygénation élevé Bonne dissolution de l’oxygène
Meilleur aspect esthétique car l’eau traitée en Aspect esthétique laissant à désirer car l’eau brute
surface à la vue de tous en surface à la vue de tous
Bonne répartition des fluides sans passages Colmatage en haut du filtre et dans le sens du filtre
préférentiels lors du lavage. Les MES sont éliminées en premier

IV.1.2. Lavage

La rétention des MES et le développement de la biomasse à l’intérieur des espaces


interstitiels entrainent un colmatage progressif de la masse filtrante. Un biofiltre est lavé en
moyenne une fois par jours, généralement la nuit. Sauf en cas de problème particulier de
colmatage.
Une séquence de lavage d’une durée de 20 à 30 minutes s’organise comme suit :
- Détassage du matériau par insufflation d’air à un débit d’environ 50 Nm3/m2.h.
- Lavage à l’eau et à l’air pour décrocher la fraction de biomasse en excès.
- Rinçage complet d’un débit de 50 Nm3/m2.h et évacuation des eaux sales.
Un lavage complet d’un biofiltre exige 6 séquences décrites ci-dessus. Le temps nécessaire et
compris entre 1 h 20 et 2 heures en moyenne. Il existe aussi des miniséquences. L’eau perdue
lors de chaque lavage est de l’ordre de 3 fois le volume du matériau.
La charge hydraulique superficielle peut atteindre des valeurs de 15 à 40 m/h. Pour éviter
tout problème de décantation, une bâche d’eau sale de lavage s’impose. Une période de
redémarrage du biofiltre est nécessaire. Celui-ci retrouve son rendement initial au bout de 5
minutes.

28
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

eau brute

bâche
eau
sale
bâche
eau
traitée

boues en excés

eau épurée

air process air lavage eau lavage

Figure IV.2 : Installation de lavage d’un biofiltre.

IV.2. Critères de dimensionnement


IV.2.1. Notion de charge-Production de boues
La charge hydraulique correspond au débit admissible par m2 de filtre et par heure. Elle
définie par le rapport Q/S. La fourchette la plus large possible, donnée par les constructeurs, se
situe entre 4 et 10 m/h. Cette dernière valeur est réservée aux effluents très dilues. En pratique,
on conseille des valeurs compris entre 2 à 4 m/h.
La charge organique est le flux de pollution exprimé en DCO ou MES admis par m3 de
matériau filtrant et par jours. Dans le cas des biofiltre, on préfère utiliser la notion de charge
volumique moyenne en kg /m3.j. En général, la charge est 5 à 6 fois celle d’un bassin de boues
activées. Les chiffres moyens sont de 3 à 8 kg de DCO m3/j et de 1,7 kg /m3.j de MES.

La production de boues biologiques en excès a été évaluée dans deux cas différents. Si le
biofiltre est employé en tant que traitement secondaire, les paramètres les plus importants sont
les MES et la pollution carbonée évaluée en DCO soluble (DCOs) car seul cette fraction est
éliminé par les bactéries. En effet, les phénomènes d’hydrolyse sont très faibles du fait du temps
de contacte excessivement court.

29
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

La production de boues biologiques se quantifie en kg/j par l’expression

P = 0,8 kg de MES/j + 0,2 kg de DCOs/j + 0,2 kg de NN/j

- NN représente la quantité d’azote à nitrifier. Cette quantité peut éventuellement être négligée si la fonction
principale du biofiltre est d’éliminer la pollution carbonée.

IV.2.2. Aération
L’air indispensable aux processus biochimique de dégradation de la pollution par les
bactéries épuratrices est dénommé air procédé ou air process. Sa répartition doit être uniforme à
la base du massif filtrant.
Ce système présent déperditions importantes. En effet, seulement 10 % de l’air injecté se
retrouvent sous l’état dissous disponibles pour la biomasse. Au niveau biochimique, la
respiration bactérienne en utilise 7/10 et le reste permet l’assimilation de la pollution. Des études
ont montré que les besoins en oxygène étaient de 2,5 à 5 kg/kg DCO ce qui correspond à 5 Nm3
d’air. L’apport doit être de 50 Nm3. En général, il est nécessaire de disposer respectivement de
50 et 250 Nm3 par kg de DCO et Kg de NH4+ (1 Nm3 = 1 normomètre cube indique une mesure
établie à la pression atmosphérique normale de 1,013.105 Pa = 1 bar et 0 °C de température).

Les besoins journaliers en Nm3 par jours sont donnés par l’équation expérimentale ;

1,5
Besoins en Nm3/j = (37,5 DCOs + 10 DCOp)
h − 0,3

Avec : DCOs : DCO soluble éliminée en kg/j


DCOp : DCO particulaire = DCOtotale – DCOs en kg/j
h : hauteur du matériau en m.

D’autre constructeur utilise l’expression

Qm = 0,83(35 DCO + 13 MES)


Le débit d’air maximal est de 40 m3/m2j

30
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

IV.3. Avantage-Inconvénients

Le procédé boue activée est très efficace en terme de rendement épuratoires et de fiabilité.
Il donne néanmoins un terrain d’une superficie suffisante. Une capacité épuratoire limitée à
environ 1 kg/m3.j en DBO5, une concentration en boues maximale admissible de l’ordre de 6 g/L
et des problèmes de dilatabilité au niveau du clarificateur avec une possible sortie du lit de boue,
sont quelques-uns des problèmes d’exploitation de ce type d’installation.
La concentration des MES dans l’eau traitée est de ‘ordre de 5 mg/L ce qui permet, lors
d’une désinfection en aval, de traiter à un taux inférieur de 30% par rapport à celui mis en place
sur le rejet d’une boue activée.
La concentration de la pollution en entrée est limitée. Les maxima admissibles sont de 200
mg/L pour les MES et de 400 en ce qui concerne la DCO. Or, un effluent urbain moyen présente
des taux de 300 et de 800 mg/L pour les mêmes paramètres. Un traitement primaire poussé
s’impose. En générale, il s’agit d’un tamisage et d’une coagulation-décantation.

31
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Chapitre V
Le Lagunage et l’Epuration Biologique Anaérobie

V.1. Le Lagunage

Le lagunage est un procédé d'épuration qui consiste à faire circuler des effluents dans une
série de bassins pendant un temps suffisamment long pour réaliser les processus naturels de
l'auto-épuration. Il est pratiqué dans les régions très ensoleillées, dans des bassins de faible
profondeur.

Le principe général consiste à recréer, dans des bassins, des chaînes alimentaires
aquatiques (Figure V.1). Le rayonnement solaire est la source d'énergie qui permet la production
de matières vivantes par les chaînes trophiques. Les substances nutritives sont apportées par
l'effluent alors que les végétaux sont les producteurs du système en matière consommables et en
oxygène.

Figure V.1: Cycles Biologiques d'une lagune

Les bactéries assurent la part prépondérante de l'épuration et la microfaune contribue à


l'éclaircissement du milieu par ingestion directe des populations algales et des bactéries.

32
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Ce procédé simple demande des surfaces importantes car les temps de réactions sont très
longs. Pour que le lagunage s'effectue dans les meilleures conditions d'aérobiose, tout en évitant
les odeurs et la prolifération des insectes, il faut prévoir une décantation primaire des effluents.
On empêche, ainsi, un colmatage rapide des bassins. Selon les régions, on peut traiter par ce
procédé de 25 à 50 kg de DBO5 par hectare et par jour.
L'inconvénient majeur de ce type de procédé est le dépôt qui se produit à la longue et qui
reste en phase anaérobie.
Ce traitement demande des surfaces importantes avec des temps de séjour de l'ordre de 30 à
60 jours et une profondeur des bassins de 0,5 à 1,2 m.

V.2. Les différents types de lagunage


V.2.1 Le lagunage naturel:
D'une profondeur de 1,2 à 1,5 m au maximum et de 0,8 m au minimum (afin d'éviter le
développement de macrophytes), avec un temps de séjour de l'ordre du mois, ces bassins
fonctionnent naturellement grâce à l'énergie solaire. On peut obtenir un rendement d'épuration de
90 %. Ces procédés sont très sensibles à la température et sont peu applicables aux régions
froides.
Leur dimensionnement est généralement basé, pour un climat tempéré, sur une charge
journalière de 50 kg de DBO5 /ha.j, soit environ 10 m2 par habitant.
La teneur en matière en suspension dans l'effluent traité reste élevée (de 50 à 150 mg/L).
Aussi la DBO5 en sortie est souvent supérieure à 50 mg/L.

V.2.2. Le lagunage aéré:


En fournissant l’oxygène par un moyen mécanique, on réduit les volumes nécessaires et on
peut accroître la profondeur de la lagune. La concentration en bactéries est plus importante qu'en
lagunage naturel. Le temps de séjour est de l'ordre de 1 semaine et la profondeur de 1 à 4 m. Le
rendement peut être 80 % et il n'y a pas de recyclage de boues. L’homogénéisation doit être
satisfaisante pour éviter les dépôts.
Certains rejets industriels sont traités par ce procédé qui reste valable pour les produits
organiques très lentement biodégradables. Ces rejets sont caractérisés par de faibles teneurs en
MS et avec des DBO5 dans la gamme 300-1500 ppm (Conserverie, Industrie Chimique
(Phénols)). Le brassage est effectué par des turbines fixées sur des flotteurs amarrés au centre du
bassin.

33
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

V.2.3. Le lagunage anaérobie:


Il n'est applicable que sur des effluents très concentrés et, le plus souvent comme pré-
traitement avant un étage aérobie. La couverture de ces lagunes et le traitement des gaz produits
sont nécessaires vu les risques de nuisances élevés (odeurs).
Les temps de séjour sont souvent supérieurs à 50 jours. Les charges organiques appliquées
sont de l'ordre de 0,01 de DBO5 kg/m3.j. Une profondeur importante (5 à 6 m) est en principe un
élément favorable au processus.
Dans la réalité, la classification aéro-anaérobie des lagunes n’est pas superflue, car dans les
zones amont ou profondes des lagunes aérobies, on observe souvent un fort déficit en oxygène.
Un curage des bassins tous les 10 ans est nécessaire du fait de la production des boues.

V.3. Epuration Biologique anaérobie

Ce traitement est en général réservé à la réduction de la teneur en M.O. fermentescibles des


boues résiduaires (digestion) par des bactéries vivant dans des conditions anaérobies (absence
d’oxygène).
Il peut être utilisé dans le cas où les rejets sont à très haute concentration de pollution.
C'est le Les eaux usées sont envoyées dans un digesteur puis ressortent épurées pour être
séparées des boues par décantation, ces dernières étant renvoyées dans le digesteur pour
maintenir l'ensemencement.
Les rendements sont de 90 % environ mais comme les eaux sont très chargées au départ, il
est nécessaire de faire un traitement complémentaire pour affiner l’épuration, le plus souvent en
aérobiose.
La conduite de ce procédé est difficile et délicate. Ce type de traitement est abordé
normalement en détail dans le module traitement des boues résiduaires.

34
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Chapitre VI
Traitement et devenir des boues
VI.0. Généralités

Une station d’épuration n’élimine pas la pollution, mais en transforme une grande partie en une
matière plus concentrée et décantable, les boues. Ces boues sont « piégées » soit :

• dans un décanteur primaire : ce sont des « boues primaires » ou « boues fraîches »


composées de matières minérales (sables, limons...) et de matières organiques lourdes
très putrides et nauséabondes ; (elles sont régulièrement extraites et dirigées vers le
digesteur) ;
• dans un clarificateur : ce sont les boues « secondaires" ou biologiques » résultant de la
transformation de la pollution dans le bassin d’aération (flocs de micro-organismes des
cultures libres).

La production de boues de stations d’épuration urbaines (et assimilées) est d’environ un million
de tonnes de matières sèches (MS) plus ou moins déshydratées.
Les boues provenant des décanteurs (primaires et secondaires) ne peuvent pas être utilisées telles
quelles :

• trop volumineuses à cause du volume d’eau qu’elles contiennent ;


• trop fermentescibles à cause de micro-organismes encore en action dans la boue.

Selon la destination finale, on choisira une filière de traitement adaptée, mais les objectifs
resteront les mêmes :

• réduction du pouvoir fermentescible par stabilisation (aérobie, chimique ou digestion


anaérobie) ; c’est-à-dire transformation de la matière organique, au moins partiellement,
en matière minérale ;
• réduction du volume par épaississement et déshydratation.

La filière boues est aussi importante que la filière eau. Le devenir des boues est une des clés
de l’épuration.

VI.1. Stabilisation ou digestion des boues


• Les systèmes de traitement très faible charge ou « aération prolongée » combinent dans
le même bassin la dégradation de la pollution et la stabilisation des boues.
• Le digesteur assure une transformation des boues par voie anaérobie en 2 phases : acide
puis basique.
• Le stabilisateur aérobie assure une transformation des boues par voie aérobie.

En aération prolongée, le temps de séjour des boues en présence d’O2 est important et assure leur
stabilisation. Ce n’est pas le cas des boues produites par les traitements à moyenne et forte
charge, dont les boues secondaires ne sont qu’en partie minéralisées. La minéralisation des boues
se poursuit dans un digesteur (digestion anaérobie ou stabilisation aérobie) où les micro-
organismes non nourris « digèrent leurs réserves ».

35
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

VI.1.1. La digestion anaérobie

Ce procédé permet une dégradation importante des matières organiques en matières minérales
par fermentation anaérobie (avec production de méthane utilisé parfois énergétiquement en
station). Pour une bonne digestion :

• pH entre 6,8 et 7,2 (à contrôler régulièrement, tous les mois par exemple) ;
• température : 35 °C ;
• temps de séjour : 3 semaines.

Les bactéries présentes font subir aux boues des transformations suivant deux phases : une phase
acide (production de sous-produits acides) et une phase basique (production de sous-produits
basiques et de gaz comme CH4 et CO2). Après un certain temps de fonctionnement, ces deux
phases doivent coexister.

La présence de boues brunes à grisâtres et odorantes est caractéristique de la prédominance de la


phase acide (souvent au démarrage des installations) : faire un apport de chaux (pour favoriser
la phase basique).

VI.1.2. Stabilisation chimique


En augmentant le pH jusqu’à 11, on tue les bactéries. On le fait avec de la chaux qui a l’avantage
d’être économique.

VI.1.3. La stabilisation aérobie


Ce procédé consiste, par une aération prolonger des boues, à continuer le développement de
micro-organismes aérobies (jusqu’à dépasser la période de synthèse des cellules et réaliser leur
propre auto oxydation) et à les minéraliser par oxydation. Le stabilisateur doit donc être aéré.

Son efficacité reste limitée dans des conditions de température basse.

36
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

VI.2. L’épaississement ou concentration


Une fois stabilisées (encore très liquides : l à 4 % de matières sèches), les boues sont épaissies
gravitairement (statique) ou mécaniquement pour réduire leur volume. Les boues épaissies
contiennent encore 90 % d’eau.

VI.2.1. L’épaississement statique

Dans un épaississeur statique, les boues décantent par gravité avant d’être extraites pour être
déshydratées ou stockées. Le cycle complet (alimentation – épaississement - évacuation de
l’eau - vidange des boues) ne doit pas excéder 48 h avant transfert (vers le stockage ou la
déshydratation), sous peine de dysfonctionnement.

37
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

VI.2.2. L’épaississement mécanique


Utilisé dans les stations importantes, l’épaississement comprend deux étapes : la floculation et la
séparation :

• Adjonction d’un produit floculant avant le passage des boues sur le support filtrant
d’égouttage. Le choix du produit floculant (sels d’aluminium, de fer, alginates,
polyélectrolytes, etc.) et de son dosage influe sur l’efficacité de l’épaississement ainsi que
sur la maintenance du support filtrant.
• Séparation par passage des boues sur des tables ou des grilles d’égouttage, ou encore à
travers des cylindres ou des tambours rotatifs (supports filtrants de maille 500 à
600 microns).

L’entretien et la surveillance de ces ouvrages consiste à :


38
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

• veiller à l’entretien courant des pompes, pompes doseuses, moteurs et systèmes


d’entraînement ;
• assurer une maintenance régulière des supports filtrants (rinçages à contre-courant) ;
• surveiller l’efficacité du lavage, l’état du support de filtration (toile, grille, diffuseurs,
pression de lavage, cycle, …) ainsi que la qualité des eaux d’égouttage.

La siccité des boues après épaississement est de l’ordre de 10 % (1 à 4 % en sortie de


stabilisation).

39
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

VI.3. Déshydratation et stockage des boues


VI.3.1. La déshydratation
Même après épaississement et concentration, les boues restent très liquides 10 % de siccité).
Suivant leur destination finale, et en particulier≈( pour les rendre pelletables, il est donc parfois
nécessaire d’amener leur teneur en matières sèches jusqu’à 25 % voire 50 %. Après
déshydratation, la siccité est entre 15 et 50 %.

Deux procédés sont principalement utilisés : l’épandage sur des lits de séchage et la
déshydratation mécanique.

a) Les lits de séchage

Ils sont constitués de bacs (rectangulaires dont le fond est composé de matériaux filtrants) sur
lesquels sont répandues les boues. L’eau s’en extrait par drainage (80 %) et par évaporation
(20 %).

L’épandage de nouvelles boues liquides doit se faire sur des lits débarrassés (à la pelle ou à la
fourche) des boues sèches, et rechargés en sable propre. Les drains doivent être régulièrement
nettoyés.

Cette technique de séchage présente des avantages, mais elle pose aussi des problèmes liés
notamment à la surface des lits, à la manutention et aux conditions climatiques (durée des
périodes humides).

40
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

b) Déshydratation mécaniques (dans les stations importantes)

Dans les stations importantes, on utilise plutôt des procédés de déshydratation mécanique :
centrifugation, filtre à bandes presseuse, filtre presse, ... La floculation préalable des boues est
indispensable.

La déshydratation des boues par filtre à bandes ne peut être mise en œuvre que sur des boues
résiduaires parfaitement floculées (dans le cas contraire, la boue flue sur les côtés). Le
développement de ces appareils est donc allé de pair avec les progrès accomplis dans la
floculation des boues.

VI.3.2. Le stockage des boues stabilisées


Les boues traitées sont généralement destinées à être utilisées en agriculture. Des contraintes
(agronomiques ou climatiques) peuvent interdire temporairement tout épandage agricole. Il est
donc nécessaire de prévoir, dès la conception du système d’assainissement, des équipements de
stockage des boues. Les structures de stockage peuvent être situées à proximité de la station
d’épuration, soit à proximité des parcelles d’épandage. Le stockage doit être couvert ;
généralement sous hangar en en silo.

41
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

VI.4. Le devenir des boues


Chaque habitant produit par jour 2,5 à 3,5 l de boues (30 m3 pour une ville de 10 000 habitants).
Ces quantités ne peuvent pas être gardées à la STEP, il faut leur trouver une destination régulière
et fiable.

Les boues d’épuration sont considérées par la réglementation comme des déchets à valoriser.
Depuis 2002, leur mise en décharge est interdite. L’épandage agricole et l’incinération (en
mélange ou non avec les ordures ménagères) sont les principales destinations des boues
produites dans les STEP traitant des ERU.

VI.4.1. L’épandage agricole des boues


Compte tenu de la valeur agronomique des boues (car contenant du carbone, azote, phosphore et
potassium) et de l’importance des surfaces agricoles en France, l’épandage agricole des boues
d’origine domestique (exemptes de substances toxiques) est souvent la meilleure solution à leur
valorisation. C’est la voie la mieux adaptée pour les petites collectivités. Les contraintes de
transport sont très réduites lorsque le rayon d’épandage ne dépasse pas quelques kilomètres.

• 100 m3 de boues liquides à 3 % de matière sèche apportent en moyenne :

• 2 tonnes de matière organique (équivalent à 16 tonnes de fumier de bovins) ;


• 180 kg d’azote total, dont 50 à 70 % disponibles la première année ;
• 100 kg d’acide phosphorique ; 12 kg de potasse ;
• 15 kg de magnésie ; 15 kg de chaux.

VI.4.2. La réglementation

• les boues ont un statut de déchet dont l’élimination incombe au producteur ;


• le producteur doit s’assurer de leur innocuité et de leur intérêt agronomique ;
• le producteur doit réaliser leur traitement (réduire pouvoir fermentescible et risques
sanitaires) avec :

• étude préalable concluant à la bonne qualité des boues et à l’aptitude des sols à les
recevoir,
• plan d’épandage (matériels, parcelles) comportant une solution alternative,
• surveillance régulière de la qualité des boues et des sols récepteurs (tenue d’un registre).

Les risques sanitaires sont très faibles si certaines précautions élémentaires (et réglementaires)
sont prises :

• épandre hors des périmètres de protection des captages AEP ;


• ne pas épandre par aéro-aspersion ;
• ne pas épandre par fortes pluies, par gel intense, ou sur sol saturé en eau (contamination
de nappes) ;
• interdire l’épandage sur les cultures maraîchères consommées crues ;
• respecter un délai de 6 semaines après épandage sur des prairies destinées au pâturage ;
• assurer un suivi rigoureux du plan d’épandage : enregistrement des quantités épandues
parcelle par parcelle, analyse des boues, analyse des sols...

42
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

VI.4.3. L’incinération des boues


Il faut de grosses quantités de boues : riches en matières organiques et pauvres en humidité (dans
ce cas, les besoins complémentaires en fuel ou gaz d’appoint seront miniums)

Ne pas oublier l’élimination des cendres et le lavage des fumées.

43
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Travaux Dirigé N°1

Exercice N°1 :
Une souche de Pseudomonas isolée à partir du sol est capable de se développer sur le
milieu suivant:
Glucose : 16g/L ; (NH4)2SO4: 1g/L ; K2HPO4: 7g/L ; KH2PO4: 3g/l ; MgSO4,7H2O: 0,1g/L.

Pour étudier la croissance bactérienne de cette souche, ce milieu a été ensemencé à partir
d'une culture de 24 h de cette souche sur gélose nutritive puis incubé dans les conditions
optimales de température et de pH. L’évolution du nombre de bactéries en fonction du temps est
schématisée sur la figure 1.

1) Délimiter sur le graphe ci-dessus les différentes phases de croissance; interprétez et qualifiez
chacune d’elles.
2) Déterminez la valeur numérique de trois paramètres nécessaires et suffisants pour caractériser
cette croissance.
3) D'après les conditions expérimentales, de quoi dépend la 1ère phase de la courbe ?
4) Expliquez la troisième phase de la courbe à partir de la corrélation entre la croissance
bactérienne et la consommation du glucose (figure 2).

44
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Exercice N°2 :
La souche de Pseudomonas est cultivée sur milieu synthétique contenant une source
d’azote minérale, des sels minéraux et le glucose à faible concentration. On mesure la densité
optique à intervalles de temps réguliers.
1) Au temps 12 h, on ajoute du glucose et on poursuit les mesures. On obtient la courbe de
croissance ci-dessous (figure 3a). Interprétez les résultats obtenus.
2) Quelle serait l'allure de la courbe (complétez la figure 3b) si au temps 12 h on avait ajouté du
lactose à la place du glucose, sachant que la souche est capable d’utiliser le lactose ?

Figure 3a

Figure 3b

45
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Travaux Dirigé N°2


Exercice N°1 :
La cinétique de disparition du substrat (en l’occurrence la DBO5) au sein d’une station a
boues activées en moyenne charge massique suit l’équation :
µ 0 B0
L = L0 e-kt avec k = YK
L

- Calculer le temps de demi-réaction noté t1/2

Exercice N°2 :
Le phénomène de stabilisation biologique aérobie des boues suit la loi M = M0.e-bt avec
M0 = masse MVS à t = 0 et b constante dépendante des boues et des conditions du milieu.
On donne les résultats suivants :
t 1 5 10 15 20 25
M 1669 812 330 134,3 54,6 22,2
On prendra M0 = 2000 kg
- Linéariser l’expression M = M0e-bt
- Donner la valeur de b

Exercice N°3 :
On désire déterminer la valeur de la constante cinétique (k) de la DBO et ça concentration
initial (L0) d’une eau usée dont l’analyse de la DBO en fonction du temps a donnée les résultats
suivants :
Temps (j) 0,5 1 2 3 4 5 7 10 15 20
DBO (mg/l) 5 20 90 160 200 220 260 285 320 335

Exercice N°4 :
La capacité d’une usine de dépollution est de 20 000EH.
Calculer le volume du bassin d’aération et les temps de séjour en supposant la station en
forte charge puis en faible charge.
Données : 1 EH = 200 L.hb-1.j-1 et 60 g de DBO5.m-3

46
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Exercice N°5 :
Calculer la production de boues à partir de la formule d’ECKENFELDER dans le cas d’une
station moyenne charge urbaine de capacité 50 000 EH.
Données : - MES = 60 g/hb.j - DBO5 = 60 g/hb.j - Qhb= 150 L/hb.j - Cv = 1 - a = 0,5
- b = 0,07 - [MES]ET = 35 mg/L - [MS]BA = 4 g/L - MVS/MS = 60 %

Exercice N°6 :
A partir de l’exercice N°5, calculer la quantité et le volume de boues à extraire.
Données :
Dimensionnement nominal : IB = 120 mL/g.
Mesures réelles V30= 150 mL dilution au 1/4.
On considère que [MS]extraites = 2 [MS]BA

47
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Travaux Dirigé N°3


Exercice N°1 :
Un biofiltre fonctionne selon les paramètres suivants :
- Qm = 100 m3/h,
- Vitesse de filtration : v = 4 m/h,
- Temps de contact : t = 45 min.
Calculer :
- la surface de l’ouvrage,
- la hauteur nécessaire de matériau.
On à : v = Qp/S
avec : Qp = cp.Qm ; cp = 1,5 + 2,5 / Qm et Qm = débit moyen en L/s

Exercice N°2 :
La dépollution sur un biofiltre est quantifiée par les rendements suivants :

MES DCO DBO5 NKT


Teneur de l’eau décantée 180 350 140 70
Rendement en % 78 40 68 12

Les faibles rendements de dépollution des matières carbonées montrent une insuffisance de
l’oxygénation dont l’apport est fixé à 60 kg O2/h
- Calculer le débit horaire d’air nécessaire à une épuration correcte.
- Calculer la quantité d’O2 alors apportée.

Données : - Hauteur de matériau = 2 m - QEB = 125 m3/h


- DCOs = 0,4 DCOT - FCG = 0,5

Exercice N°3 :
Un bilan d’un biofiltre donne les résultats suivants (Les concentrations sont données en mg/L et les
débits en m3/h).

MES DBO5 DCO NKT N-NO3 Q


Eau à traiter 150 125 300 80 0 75
Eau traitée 20 25 122 60 15 75

- Calculer la production de boues biologiques dans le cas du traitement du seul carbone,


puis du carbone et l’azote.

48
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

Exercice N°4 :
Calculer la DCO en mg/l d’un gramme de glucose.

6 C6H12O6 + 4 NH3 + 16 O2 4 C5H7NO2 + 16 CO2 + 28 H2O

Exercice N°5 :
A partir de l’équation globale de nitrification, calculer :
- Quantité d’oxygène nécessaire
- Production de biomasse
- Consommation d’alcalinité
Les calculs seront effectués pour 1 mg de N-NH4+ nitrifie.

49
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

TD Projet :
CALCUL D'UNE UNITE D'EPURATION PAR BOUES ACTIVEES

Une usine de production d’espèces organiques souhaiterait traiter ses effluents liquides
par boues activées. Les normes en vigueur prévoient une DBO5 dans le rejet de 30mg.L-1, avec
une tolérance pouvant aller jusqu’à 50mg.L-1. Les caractéristiques de l’effluent sont consignées
dans le tableau suivant :

Afin de permettre le calcul de l'installation, des études ont été menées au laboratoire sur
divers pilotes à charge variable. Les tableaux suivants présentent les résultats obtenus, chaque
réacteur ayant atteint le régime permanent.

50
Université de M.B.E. Bordj-Bou-Arréridj Année Universitaire 2023/2024
Département de Génie de l’Environnement 2ième Année Master : Option : Génie des Procédés de l’Environnement
Unité : Traitement Biologique des Eaux Usées et Traitement des Boues Réalisé par le Dr. R. Ayeche

1) Sachant que le choix d'un procédé est dicté par l'obligation de répondre à la norme de
pollution organique et par la nécessité d'obtenir des boues facilement décantables, quel est le
procédé le mieux adapté ? Ce réacteur sera ensuite utilisé pour toute la suite.
2) Evaluer la production quotidienne de boues.
3) Calculer les besoins en O2.
4) Est-il nécessaire de prévoir une neutralisation de l’effluent ?

N.B) Dans tout le problème, on admettra qu'on maintient une concentration moyenne en matières
en suspension de 3500 mg.L-1dont 85 % sont volatiles. On admettra, de plus, que tous les
réacteurs considérés sont parfaitement agités.
La concentration en matières en suspension à la sortie du clarificateur ne devra pas dépasser
20mg.L-1

51

Vous aimerez peut-être aussi