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Interdiction de l'écriture inclusive : cinq questions sur la proposition de loi

adoptée au Sénat
Par Manon Derdevet. Publié le lundi 30 octobre 2023 à 13h32

Les sénateurs ne veulent pas entendre parler d'écriture inclusive. Ils ont adopté lundi une proposition de loi de
la droite pour bannir ces nouvelles règles de rédaction visant à réduire les inégalités entre les genres.
Emmanuel Macron a, de son côté, appelé à "ne pas céder aux airs du temps".
[...]

Que contient la proposition de loi ?


Selon les auteurs de la proposition de loi, "l’écriture inclusive constitue en effet un frein à la lecture et à la
compréhension de l'écrit. Ils estiment que l'impossibilité de transcrire à l'oral gêne la lecture comme la
prononciation, et par conséquent les apprentissages. Ils jugent que l'écriture inclusive constitue, plus
généralement, une menace pour la langue française." [...]
Le texte présenté au Sénat entend notamment interdire l'écriture inclusive dans les modes d'emploi, les
contrats de travail, les règlements intérieurs d'entreprises, mais aussi les actes juridiques. La proposition de loi
prévoit aussi d'inscrire l'interdiction de l'écriture inclusive dans le code de l'éducation. [...]
Que pense l'Académie Française de l'écriture inclusive ?
L'écriture inclusive fait aussi grincer des dents à l'Académie Française qui la qualifie même de "péril mortel".
[...] Sur France Inter, le 29 septembre dernier, Amin Maalouf, le nouveau secrétaire perpétuel de l'Académie
française, s'est exprimé contre cette pratique. L'écrivain a notamment regretté qu'on ne puisse "pas lire un
texte écrit en écriture inclusive". [...] Il a toutefois reconnu que l'écriture inclusive soulève des interrogations
en mettant en avant des "difficultés notamment liées à la féminisation, à l'héritage latin qui fait que certains
mots sont masculins quand d'autres sont féminins sans qu'il n'y ait de logique". Pour Amin Maalouf, il faut donc
"réfléchir à ce problème et chercher des réponses", même s'il ne "pense pas que l'écriture inclusive soit la
bonne réponse".
Que disent ceux qui défendent l'écriture inclusive ?
L'écriture inclusive est soutenue depuis 2015 par le Haut conseil à l'égalité entre les femmes et les hommes.
[...] Elle assure ainsi que : "Promouvoir une communication libérée des stéréotypes de sexe permet une
ouverture du champ des possibles pour tous et toutes et contribue à promouvoir une société d’égalité".
Interrogée sur France Inter, Laélia Véron, linguiste, maîtresse de conférence en stylistique et langue française
et membre du collectif des Linguistes atterrés, assure que "la proposition de loi du Sénat apparaît difficilement
applicable ne serait-ce que parce qu'elle veut contrôler des pratiques privées. Mais cela permet de faire le buzz
médiatique". "C'est vrai que le point médiant ce n'est pas facile à comprendre, ça peut être une difficulté mais
il y a bien d'autres difficultés en langue française, comme par exemple une orthographe qui est quelque fois
arbitraire. Et là, les mêmes qui vont vous dire que c'est difficile l'écriture inclusive ne sont pas forcément ceux
qui sont pour la simplification, donc il y a peut être quelque chose derrière", analyse-t-elle. [...]

Source: https://www.radiofrance.fr/franceinter/cinq-questions-sur-la-proposition-du-senat-d-interdire-l-
ecriture-inclusive-2093990
Chaque année, le HCE (Haut Conseil à l’Égalité) rend un rapport sur l’état du sexisme
en France. Le dernier en date a été publié le 23 janvier 2023, et dès la première ligne, le message est clair :
« Le sexisme ne recule pas en France. Au contraire, certaines de ses manifestations les plus violentes
s’aggravent, et les jeunes générations sont les plus touchées ».

Ce rapport s’appuie sur un sondage qui évalue la perception de la population face aux inégalités entre les
femmes et les hommes, ainsi que le degré de sexisme dans la société française. On peut d’abord y lire que les
droits des femmes semblent progresser en France : elles ont de plus en plus accès à des rôles de pouvoir
(Elizabeth Borne a été nommée première ministre en mai 2022), la contraception est gratuite pour les moins
de 25 ans, le délai d’IVG a été rallongé, des efforts ont été faits pour mieux prendre en compte les plaintes des
femmes victimes de violence.
Et pourtant, le constat est sans appel : la société française reste très sexiste.

Quelques chiffres clés du rapport :


93% des personnes interrogées (hommes et femmes) estiment que les femmes et les hommes ne connaissent
pas le même traitement dans au moins une des sphères de la société (travail, espace public, école, famille…).
37 % des femmes affirment d’ailleurs avoir déjà vécu des discriminations sexistes dans leurs choix
d’orientation professionnelle.
57 % des femmes ont déjà subi des blagues ou remarques sexistes (au sein des catégories socio-
professionnelles supérieures, il s’agit même de 2 femmes sur 3)
37 % des Françaises interrogées ont déjà vécu une situation de non-consentement et seulement 12 % des
hommes déclarent avoir déjà insisté pour avoir un rapport sexuel alors que leur partenaire n’en avait pas envie
14 % des femmes déclarent avoir subi un « acte sexuel imposé », c’est-à-dire une agression sexuelle ou un viol
(22 % des femmes de 18 à 24 ans)
7 % des femmes françaises ont déjà subi des étreintes, baisers par un collègue ou un homme qu’elles ne
connaissaient pas.
97 % des violences sexuelles sont commises par des hommes
15 % des femmes ont déjà subi des coups portés par leur partenaire ou ex-partenaire
122 femmes sont victimes de féminicide conjugal en 2021 (augmentation de 20% par rapport à 2020)

Des jeunes générations toujours très sexistes


Suite au mouvement #MeToo et à la prise de conscience qui a suivi, de nombreux hommes se sentent
menacés par le féminisme. Le rapport du HCE décrit un phénomène de Backlash (ou retour de bâton) avec une
nouvelle vague anti-féministe : « 33 % des hommes interrogés pensent que le féminisme menace la place et le
rôle des hommes dans la société, et 29 % d’entre eux estiment que les hommes sont en train de perdre leur
pouvoir ».
On retrouve ainsi une vague de pensée masculiniste en ligne, où les valeurs traditionnellement dites
masculines sont mises en avant. Le rapport explique que c’est notamment le cas chez les hommes de moins de
35 ans. Par exemple, « 23 % des hommes de 15 à 34 ans estiment qu’il faut parfois être violent pour se faire
respecter, et 52 % des hommes entre 15 et 34 ans considèrent que l’image des femmes véhiculées par les
contenus pornographiques n’est pas problématique ».

Source : https://ledrenche.fr/rapport-du-hce-sexisme/ (extraits)


QUESTIONS DE GENRE

Rapport du HCE
(1) Lisez et demandez le vocabulaire que vous ne connaissez pas
(2) Quels sont les points positifs relevés dans le texte concernant la situation du sexisme en France?
(3) Que montrent les chiffres exposés? Quels sont les types de discriminations observées? Ces chiffres
sont-ils surprenants?
(4) En quoi l’attitude des jeunes est-elle préoccupante? Quelle nouvelle tendance observe-t-on?

Vidéo: BRUT. “C'est quoi l'écriture inclusive ?”


(https://youtu.be/clmOwRIVoaE)

(1) Comment a commencé le débat sur l’écriture inclusive?


(2) Relevez 5 procédés caractéristiques de l’écriture inclusive cités par la linguiste Julie Neveux
(3) Quel est l’objectif de l’écriture inclusive?
(4) Est-ce que les règles de grammaire françaises étaient neutre avant l’apparition de l’écriture inclusive?

Article: France Inter. “Interdiction de l'écriture inclusive : cinq questions sur la proposition de
loi adoptée au Sénat”
(1) En quoi consiste la proposition de loi présentée au Sénat concernant l’écriture inclusive?
(2) À votre avis, quelle est la position du Président Emmanuel Macron sur le sujet? Justifiez.
(3) Quelle est la position de l’Académie Française ? À votre avis, tous les académiciens sont-ils d’accords ?
(4) Pourquoi la linguiste Laélia Véron met-elle en doute les objectifs réels des sénateurs ? Expliquez.

Oral : Débat par équipes.

Prenez position pour ou contre l’écriture inclusive et préparez des arguments (et des contrarguments).

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