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En 2022, le secteur de l’aviation représente 3,4 % des émissions de CO2 produites par les moyens de
transport (on note que les transports représentent approximativement 28,5 % des émissions totales
de CO2 produites dans le monde entier).
Le transport aérien connait une popularité sans précédent, ce qui justifie une inquiétude sur la
consommation de vol au total dans le monde. En 1960, on comptait environ 100 millions de
voyageurs, contre 4,5 milliards en 2019. Bien sûr, la crise sanitaire avait freiné la consommation de
trajets aériens, mais d’après les estimations, le secteur devrait avoir retrouvé son rythme d’ici 2024
pour finalement atteindre approximativement 8,5 milliards de passagers en 2039.
Dans le secteur aéronautique, le plus urgent est déjà de limiter voire de stopper les émissions de
carbone (CO2) produite par les moteurs à réactions d’avions. L’enjeu est de taille, puisqu’il s’agit la de
réduire l’empreinte carbone des compagnies aériennes dans un premier temps, pour par la suite
envisager d’atteindre la neutralité carbone sur un plus long terme.
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BUSSON Jade, T-C Grand oral Sciences de l’Ingénieur Session 2023
Les oxydes d’azote (Nox) rejetés en altitude par les réacteurs augmentent la concentration de l’ozone
(O3) et du méthane (CH4) qui sont d’autres gaz à effet de serre. En prenant en compte l’ensemble de
ces gaz, le transport aérien est alors à l’origine de 4,9 % du réchauffement climatique mondial.
Pour réduire l’impact environnemental d’un avion, il faut d’abord penser à optimiser ses
performances et son rendement énergétique. En premier lieu, il faut penser à optimiser les
procédures de vol ; par exemple, on peut penser à :
Dans un modèle à pile à combustible, l’avion dispose de réservoirs d’hydrogène sous pression qui
permettent d’alimenter la pile, laquelle produit à son tour de l’électricité par recombinaison du
dihydrogène avec l’oxygène ; cette électricité alimente enfin les moteurs électriques de l’avion. C’est
donc un type d’avion électrique. Le seul rejet en vol est de la vapeur d’eau.
Le fonctionnement d’une pile à combustible est assez simple : il repose sur une réaction
électrochimique que l’on appelle oxydoréduction. La pile à combustible est composée de deux
électrodes : une anode oxydante qui émet des électrons et une cathode réductrice qui collecte des
électrons.
Lorsque l’on met de l’hydrogène et de l’air au contact d’un catalyseur, la pile à combustible génère
de l’électricité permettant d’alimenter un moteur électrique, le seul résidu libéré étant de la
vapeur d’eau.
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Les intérêts de l’hydrogène sont multiples. En premier lieu, il affiche un excellent rapport
énergétique : l’hydrogène produit quatre fois plus d’énergie que le pétrole ou le gaz naturel et fournit
un combustible non polluant car il produit de l’eau sans gaz carbonique. La condition indispensable
pour y parvenir : le fabrique en utilisant des énergies renouvelables, grâce notamment à l’électrolyse
et à la pile à combustible, tout l’enjeu du nouveau business de l’hydrogène.
Actuellement, 95 % de l’hydrogène industriel provient des hydrocarbures. Un des processus les plus
courants consiste justement à fabriquer l’hydrogène par vaporeformage, technique utilisant du gaz
naturel. L’objectif prioritaire consiste donc aujourd’hui à remplacer la production d’hydrogène
industriel basé sur les énergies fossiles par une production utilisant des énergies renouvelables.
C’est notamment le cas des compagnies comme Airbus, ZeroAvia ou Otto Aviation, étudiant et
proposant des modèles d’avions prototypés fonctionnant grâce à des moteurs hybrides
hydrogène/électrique.
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Annoncé à plusieurs reprises par les dirigeants d’Airbus, le projet de création d’un avion de test
hybride voit le jour avec l’E-Fan X, conjointement réalisé avec Rolls Royce et Siemens.
L’objectif des trois entreprises est clair : sur un modèle d’un avion commercial de taille moyenne,
on souhaite embarquer un moteur électrique de 2 Mégawatts et trois moteurs à kérosène et pour
couvrir une distance semblable à un court-courrier régional. Ainsi, l’énergie électrique serait
déployée lors du décollage et de l’atterrissage, les moteurs à combustion de kérosène prendraient
le relais sur le reste du courrier.
Des tests ont déjà été réalisés au sol avec succès. Une fois en vol, le prototype permettra de
récolter des données sur la réaction du moteur électrique embarqué, afin d’optimiser les
performances et la sécurité mais également d’identifier les prérequis pour une certification
prochaine de la technologie, lorsque les vols hybrides commerciaux seront lancés. Si le test à un
moteur électrique est un succès, le consortium prévoit d’en implémenter un second pour une
phase de tests ultérieure.
La course au tout électrique est lancée. Le secteur reste responsable de 2 à 3% des émissions de
gaz à effets de serre qui risque de s’accentuer avec le doublement de la fréquentation prévu d’ici
les vingt prochaines années. Naturellement, l’électrique est la voie la plus plébiscitée pour
répondre à cet enjeu.
On retient que l’un des défis majeurs de l’avion électrique reste la trop faible densité d’énergie des
batteries lithium-ion (dont l’E-Fan est équipé) comparativement au kérosène.
Le 2 mars 2023, l’avion civil Bombardier Q Series ou de Havilland Canada DHC-8, aussi connu sous
le nom de Dash 8, a volé au-dessus de Moses Lake, dans l’Etat de Washington. Cet avion était
équipé d’un moteur extrêmement novateur utilisant un carburant qui pourrait révolutionner le
transport aérien. L’avion était piloté par Alex Kroll, ancien de l’Air Force, et deux assistants. Après
son décollage, il a réduit la puissance de l’un des moteurs, pour ne voler qu’avec celle d’un unique
moteur à hydrogène.
Cet avion est le fruit des travaux de Universal Hydrogen, une startup basée à Los Angeles qui
cherche à transformer les niveaux d’émission produits par le transport aérien commercial
conventionnel. « Si nous ne trouvons pas de solution de décarbonisation, nous allons devoir
réduire les volumes de trafic, nous devrons limiter la croissance de l’industrie pour la première fois
depuis la naissance de l’aviation de ligne », déclarait son PDG, Paul Eremenko, à The Seattle Times.
L’appareil est assez spécial. Il utilise un moteur traditionnel fonctionnant au kérosène et un moteur
électrique alimenté par une batterie à l’hydrogène liquide sous l’autre. Alex Kroll précisait que non
seulement l’avion n’a connu aucun incident pendant son vol avec ce seul moteur à l’hydrogène,
mais « tous les bruits provenaient du côté gauche », soit celui qui avait le moteur conventionnel.
Ce n’est pas le premier vol test à l’hydrogène. En 1988, des ingénieurs soviétiques avaient conçu et
fait voler un Tupolev-155 avec un moteur équipé d’une batterie à hydrogène. Cependant, l’appareil
n’avait pas tenté de voler avec ce seul moteur, ce qui fait du vol de ce Dash 8 une vraie première.
Paul Eremenko expliquait aussi que l’hydrogène, jusqu’à présent, reste la seule alternative viable
pour l’industrie de l’avionique si elle veut pouvoir réduire ses émissions comme attendu dans
l’Accord de Paris sur le climat. Le processus émet de la vapeur d’eau et de l’air chaud, et c’est tout.
Ce qui pourrait permettre de réduire drastiquement les émissions carbones d’une industrie qui
compte pour 2,5 % des émissions de CO2 mondiales.
Ce moteur apporte aussi quelque chose qu’il est impossible d’atteindre avec les techniques
conventionnelles. “Une fois en vitesse de croisière, nous avons décéléré et volé presque
exclusivement avec le moteur de droite. C’était silencieux”, ajoutait Alex Kroll. Cette solution à
l’hydrogène pourrait aussi réduire la pollution sonore autour des aéroports.
Les spécialistes de la santé ont déjà établi des liens entre les perturbations sonores des aéroports
et une diminution des performances intellectuelles, de la qualité du sommeil et même une
augmentation des maladies cardiovasculaires chez les habitants autour de ces installations. Paul
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Eremenko imagine un futur où l’aviation commerciale utiliserait cette technologie, avec des avions
opérationnels dès 2030.
Si l'hydrogène figure comme le meilleur candidat pour décarboner l'avion de demain et constitue
de fait la solution privilégiée par les avionneurs à l'horizon 2035 pour réduire l'impact de l'aviation
sur le changement et le réchauffement climatique, son « utilisation impose de repenser totalement
l'architecture, le design et la conception des avions », nous explique Yves Gourinat, impliqué dans
la recherche actuelle sur les technologies nécessaires à l'aile volante.
L'hydrogène sera « certes trois fois plus léger que le kérosène, mais presque quatre fois plus
volumineux », nécessitant donc d'immenses réservoirs. Son utilisation nécessitera aussi de
voler « moins haut et moins vite ». L'aile volante constitue donc l'architecture la plus intéressante
pour un avion à hydrogène, en raison de ses capacités de stockage et la mieux adaptée pour
répondre aux exigences de ces deux autres besoins.
Afin de limiter la taille de ces réservoirs, ces ailes volantes voleront moins vite avec un « Mach moyen
M qui diminuera tout comme la consommation énergétique horaire et donc les quantités
d'hydrogène à embarquer ». Cela augmentera de façon assez significative la durée des voyages
aériens. Concrètement, le « trajet Paris-Sydney qui représente actuellement 22 heures de vol en
nécessitera 38 et un Paris-New York demandera 15 heures de vol ». Ces voyages plus longs
participeront à la suppression de l'empreinte énergétique des vols long-courrier sur le climat.
« Nous en sommes avec l'hydrogène où nous en étions avec l'essence au début de l'aviation. En
1903, lors du premier vol des frères Wright, ils avaient un réservoir de trois litres seulement,
pourtant l'essence d'aviation s'est ensuite généralisée en quelques années. » Il faut savoir que
l'hydrogène « possède une énergie massique de combustion exceptionnelle (142 MJ/kg, trois fois
celle du kérosène d'aviation). Mais comme sa masse volumique est très faible (71 kg/m 3sous
forme liquide, quatorze fois moins dense que l'eau !), son énergie volumique est 3,7 fois plus faible
que celle du kérosène ». L'hydrogène sera « certes trois fois plus léger que le kérosène, mais presque
quatre fois plus volumineux », nécessitant donc d'immenses réservoirs impossibles à loger dans une
architecture d'avion classique.
Dit autrement, si on utilisait les avions en service aujourd'hui, et que l'on se contentait de remplacer -
volumiquement - le carburant par de l'hydrogène, « l'autonomie de ces avions serait divisée par
quatre » sans même tenir compte des adaptations technologiques (matériaux isolants, etc.). D'où le
besoin de développer une nouvelle formule capable de transporter de très grandes quantités
d'hydrogène et donc, « l'architecture qui s'y prête le mieux c'est l'aile volante ». Selon les concepts
d'ailes volantes à l'étude, en se basant sur l'envergure maximale admise (de l'ordre de 80 mètres) et
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avec des profils épais, on estime que « l'ensemble de l'aile peut abriter 1.100 m3 d'hydrogène liquide.
Par comparaison le B787 et l'A380 emportent respectivement 139 et 310 m3de kérosène ».
Si l'idée de faire voler un avion commercial neutre en carbone en 2035 semble réalisable, « pour peu
que l'on s'en donne les moyens financiers », se pose aussi la question du modèle économique que
l'on souhaite appliquer à ce type d'avions commerciaux. Or, avec un pétrole qui ne coûte pas cher, et
qui pourrait durablement le rester à des niveaux très bas, l'hydrogène « s'annonce comme un
combustible assez cher à fabriquer », notamment du fait que toutes les étapes de sa production
devront être décarbonées. « Tout cela est plus compliqué que pomper le pétrole et le raffiner. »
Energie volumique 3,7x plus puissante que le Energie volumique 3,7x plus faible que le
kérosène kérosène
Autonomie de vol pour un avion de ligne Autonomie de vol pour un avion de ligne
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