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Ministère de la Communication et BURKINA FASO

des Relations avec le parlement Unité-Progrès-Justice


Secrétariat général
Institut des Sciences et Techniques de
l’Information et de la Communication
(ISTIC)

Mémoire de fin de cycle

THEME :

« Problématique de l’accès des journalistes aux


informations au Burkina Faso : cas des
informations judiciaires »

Pour l’obtention du diplôme de :


Conseiller en sciences et techniques de l’information et de la
communication
Option : journalisme

Sous la direction de :
Présenté par :
Dr Jean-Claude MEDA
SAOUADOGO Ali Mars 2018 Enseignant à l’ISTIC
i

DEDICACE

A
SAOUADOGO W. Abdul Nasser.
Mon fils, j’ai placé une barre, son niveau dépendra de tes ambitions !
ii

REMERCIEMENTS

Nous avons pu réaliser ce travail grâce aux soutiens de certaines personnes.


Qu’elles trouvent ici la manifestation de notre gratitude.

Nous témoignons nos sincères remerciements à notre directeur de mémoire,


monsieur Jean-Claude MEDA qui a bien voulu nous encadrer malgré ses
occupations.

Nous remercions le corps enseignant et l’administration de l’Institut des


Sciences et Techniques et de l’Information et de la Communication (ISTIC) pour
l’encadrement durant ces trente derniers mois.

Nos remerciements vont également à l’endroit des acteurs de la chaîne


judiciaire de la région du Centre, de nos confrères des différents organes de presse
pour la collaboration et les échanges fructueux.

Nos remerciements s’adressent également à notre famille et à nos amis


pour le soutien et la compréhension durant cette formation.

Nous adressons notre reconnaissance à nos camarades de classe pour la


bonne collaboration durant cette formation.

A l’ensemble des agents de l’AIB et de SIDWAYA, nous leur disons merci


pour le soutien et les encouragements.

A tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la réalisation
de ce travail, qu’ils trouvent ici notre gratitude renouvelée.
iii

SOMMAIRE

DEDICACE ........................................................................................................ i
REMERCIEMENTS .......................................................................................... ii
SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................... iv
LISTE DES TABLEAUX .................................................................................. v
LISTE DES GRAPHIQUES ............................................................................. vi
RESUME ......................................................................................................... vii
MOTS CLES .................................................................................................. viii
INTRODUCTION ............................................................................................. 1
PREMIERE PARTIE : ....................................................................................... 5
CADRE THEORIQUE, METHODOLOGIQUE ET CONCEPTUEL DE
L’ETUDE .......................................................................................................... 5
Chapitre I : Cadre théorique et méthodologique de l’étude .............................. 6
Chapitre II : Cadre conceptuel de l’étude ...................................................... 20
DEUXIEME PARTIE : .................................................................................... 36
ACCES A L’INFORMATION JUDICIAIRE AU BURKINA FASO ............. 36
Chapitre I : Droit d’accès à l’information et les sources d’information .......... 37
Chapitre II : Accès à l’information judiciaire ................................................ 53
TROISIEME PARTIE : ................................................................................... 61
COLLECTE, PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS 61
Chapitre I : Collecte et interprétation des résultats ........................................ 62
Chapitre II : Recommandations ..................................................................... 87
CONCLUSION ................................................................................................ 90
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 92
ANNEXES .......................................................................................................... I
iv

SIGLES ET ABREVIATIONS

AIB : Agence d’information du Burkina


AJB : Association des journalistes du Burkina
AN : Assemblée nationale
ANAIP : Autorité nationale d’accès à l’information publique
ARCEP : Autorité de régulation des communications électroniques et des postes
CGD : Centre pour la gouvernance démocratique
CNP-NZ : Centre national de presse-Norbert Zongo
CNT : Conseil national de la transition
CSC : Conseil supérieur de la communication
DEA : Diplôme d’études approfondies
DUDH : Déclaration universelle des droits de l’homme
ISTIC: Institut des sciences et techniques de l’information et de la
communication
MACO : Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou
OBM : Observatoire burkinabè des médias
PIRDCP : Pacte international relatif aux droits civils et politiques
SDLP/UJAO : Surveillance et défense de la liberté de la presse en Afrique de
l’Ouest/ Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest
SEP : Société des éditeurs de la presse privée
SYNATIC : Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de la culture
v

LISTE DES TABLEAUX

Tableau I : expérience professionnelle des enquêtés (journalistes)

Tableau II : rapports entre les journalistes et les acteurs de la chaine


judiciaire selon les journalistes

Tableau III : fonction des enquêtés (acteurs de la justice)

Tableau IV : rapports des acteurs de la justice avec les journalistes


(selon les acteurs de la justice)

Tableau V : caractéristique des enquêtés (public des médias)


vi

LISTE DES GRAPHIQUES

Graphique I: proportion des journalistes ayant déjà réalisé une production


journalistique dans le domaine de la justice
Graphique II : genres journalistiques utilisés par les journalistes
Graphique III : connaissances des journalistes en Droit
Graphique IV : opinion des journalistes sur l’accessibilité des sources
d’information en justice (acteurs de la chaine judiciaire)
Graphique V : recoupement de l’information par les journalistes
Graphique VI : opinion des journalistes sur la rétention de l’information par
les acteurs de la chaîne judiciaire

Graphique VII : motif de la rétention selon les journalistes


Graphique VIII : rôle des médias dans la promotion de la justice selon les
acteurs de la chaîne judiciaire
Graphique IX : opinion des acteurs de la justice sur les productions des
journalistes en rapport avec des questions de justice
Graphique X : opinion des acteurs de la justice sur la restitution de
l’information reçue par les journalistes
Graphique XI: crédibilité des journalistes selon les acteurs de la chaîne de
justice
Graphique XII : confiance des acteurs de la justice selon le type de média
Graphique XIII : confiance des acteurs de la justice selon le statut du média
Graphique XIV : opinion des acteurs de la chaîne judiciaire sur la maîtrise des
sujets en rapport avec la justice traités par les journalistes
Graphique XV : proportion d’enquêtés s’intéressant aux informations
judiciaires

Graphique XVI: opinion du public sur la qualité des productions


journalistiques dans le domaine de la justice
vii

RESUME
L’accès à l’information est un droit fondamental de l’homme reconnu par
les instruments juridiques internationaux et nationaux. Le journaliste participe à
l’effectivité de ce droit du citoyen à travers l’information qu’il lui apporte. La
justice est un domaine sensible et la promotion de celle-ci est une des conditions
de la bonne gouvernance. Le journaliste peut et doit aider à l’administration d’une
bonne justice à travers l’information qu’il apporte aux citoyens. Cependant, la
problématique de l’accès des journalistes aux informations judiciaires se pose.
L’objectif du présent mémoire est de contribuer à améliorer l’accès des
journalistes aux informations judiciaires. Le problème majeur des journalistes
dans leur travail de collecte de l’information judiciaire est le difficile accès aux
sources d’informations. Pour aborder un tel sujet, nous nous sommes interrogés
sur les barrières à l’accès des journalistes aux informations judiciaires au Burkina
Faso.
Dans le cadre du présent mémoire, nous avons utilisé la recherche
documentaire, mais aussi l’enquête-terrain et l’observation directe. Pour
l’enquête, la population-cible est composée de cent (100) journalistes et soixante
(60) acteurs de la chaîne judiciaire. La population-témoin est un échantillon de
cent (100) habitants de la région du Centre.
Notre étude a révélé que les journalistes ont de réelles difficultés pour
accéder à l’information judiciaire. Cette situation est due au déficit de confiance
et de crédibilité qu’ont les acteurs de la justice vis-à-vis des journalistes. La non-
spécialisation des journalistes est aussi une entrave à leur accès à l’information
judiciaire.
Pour un meilleur accès des journalistes aux informations judiciaires,
l’opérationnalisation des lois sur la presse et la spécialisation des journalistes
s’avèrent nécessaires. Enfin, une franche et bonne collaboration entre les acteurs
de la chaîne judiciaire et les journalistes s’impose pour une justice transparente,
au service des citoyens.
viii

ABSTRACT
Access to information is a fundamental human right recognized by
international and national legal instruments. The journalist participates to the
effectiveness of this right of the citizen through the information he gives him.
Justice is a sensitive area and the promotion of it is a condition of good
governance. The journalist can and must help in the administration of good justice
through the information he brings to the citizens. However, the problem of
journalists ' access to judicial information arises.
The purpose of this thesis is to contribute to improving the access of journalists
to judicial information. The major problem of journalists in their work of
collecting judicial information is the difficult access to information sources. To
address such a topic, we-we are asked about the barriers to journalists ' access to
judicial information in Burkina Faso.
As part of this brief, we used documentary research, but also the field survey and
direct observation. For the survey, the target population is composed of one
hundred (100) journalists and sixty actors in the judicial chain. The control
population is a sample of one hundred (100) inhabitants of the central region.
Our study found that journalists have real difficulties in accessing judicial
information. This is due to the lack of confidence and credibility that the actors of
justice have with regard to journalists. The non-specialization of journalists is also
an obstacle to their access to judicial information.
For the better access of journalists to judicial information, the operationalization
of press laws and the specialization of journalists are necessary. Finally, a frank
and good cooperation between the actors of the judicial chain and journalists is
necessary for a transparent justice, serving the citizens.

MOTS CLES : Accès ; Informations ; Journalistes ; Judiciaire ; justice ;


Médias
1

INTRODUCTION

La presse est le 4e pouvoir dans un Etat de droit, dit-on. Eric RHODE


affirme, « il n’y a pas de démocratie sans information libre et de qualité ». Le
président du Conseil national de la transition (CNT), Cheriff SY, parlant de
l’insurrection populaire des 30 et 31 octobre 2014 qui a conduit à la chute du
régime de Blaise COMPAORE, renchérit en ces termes : « Les médias étaient les
principaux acteurs positifs. Le peuple avait oublié le rôle clé qu’ils jouent »1.

L’accès à l’information renforce la confiance entre les gouvernants et les


gouvernés. Il participe à éliminer les suspicions souvent suscitées par la gestion
opaque des affaires publiques. L’accès à l’information est par ailleurs un canal
d’éducation et d’instruction du peuple. Le travail du journaliste répond donc à un
désir d’informer le public dans l’intérêt commun. Une presse libre et crédible, aux
yeux du public, est celle qui donne l’information juste, vérifiée et intéressante
pour celui-ci. Cela montre à souhait que le journaliste ne peut accomplir son
devoir d’informer le public si lui-même ne peut accéder aux informations. L’accès
aux informations est indispensable pour le travail du journaliste. L’accès des
journalistes aux informations est essentiel à l’existence d’une presse libre
garantissant le droit du public à l’information. Malheureusement, la mission du
journaliste n’est pas toujours comprise par les pouvoirs publics, qui sont les
sources d’information de ce dernier. Pourtant, ces pouvoirs publics ont aussi
besoin de l’accompagnement de la presse pour la visibilité de leurs actions.
Philippe REINHARD dit à ce propos que les relations entre politiques et
journalistes sont frappées du sceau de l’ambiguïté : « le pouvoir et la presse
fredonnent la chanson de Gainsbourg ‘’je t’aime moi non plus’’, gouvernants et
élus feignent la proximité avec les journalistes et jouent du registre de la

1
International Medias Support, De la crise à la transition : les médias au Burkina Faso, janvier 2015, page 10
2

complicité alors même qu’ils nourrissent à leur endroit une méfiance viscérale »2.
Les journalistes dans leur travail doivent être à l’abri de toute attitude de rétention
ou de refus d’accès à l’information qui les empêcheraient de s’acquitter de leur
devoir envers la société.

C’est dans cette optique que des structures et organisations professionnelles


des journalistes au Burkina Faso tels le Centre national de presse-Norbert
ZONGO (CNP-NZ), le Syndicat autonome des travailleurs de l’information et de
la culture (SYNATIC), la Société des éditeurs de presse privée (SEP) ou encore
l’Association des journalistes du Burkina (AJB), ont fait du droit d’accès à
l’information, un combat. Cette lutte a abouti en 2015 à l’adoption par le CNT des
lois sur la presse au Burkina Faso et particulièrement la loi 051-2015/CNT portant
droit d’accès à l’information publique et aux documents administratifs. Avec cette
loi, le Burkina Faso intègre le droit d’accès à l’information publique dans son
dispositif juridique. Contrairement à la loi de 1993 portant code de l’information
au Burkina Faso, ce dispositif juridique élargit l’accès à l’information publique et
aux documents administratifs à tout citoyen.

Tout comme dans les autres domaines, le public a le droit d’avoir des
informations justes et vérifiées sur la justice, 3 e pouvoir dans une démocratie. A
ce propos, la brochure Surveillance et défense de la liberté de presse en Afrique
de l’Ouest / Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (SDLP/UJAO) dans sa
publication intitulée ‘’Pouvoir judiciaire et liberté de presse en Afrique de
l’Ouest’’3 souligne que : « la justice est rendue au nom du peuple, dans ce sens,
la publicité constitue une garantie de loyauté et de clarté de l’activité judiciaire,
préférable aux rumeurs, aux soupçons et aux fuites devenus pratiquement
inévitables dans un contexte de médiatisation croissante de la vie sociale ».4 D’où
la nécessité pour les journalistes et les acteurs de la chaîne judiciaire de collaborer

2
Philippe Reinhard dans presse et pouvoir : un divorce impossible. Edition First_Gründ, Paris 2011 Page 9
3
SDLP/UJAO, édité grâce au projet ‘’Médias pour la démocratie en Afrique’ , mars 1995
4
Pouvoir judiciaire et liberté de presse en Afrique de l’Ouest page49
3

pour faciliter l’accès aux informations judiciaires afin de les transmettre au public.
En effet, le droit à la justice est un droit fondamental pour les citoyens consacré
par les instruments juridiques internationaux et intégré dans la Constitution du 2
juin 1991 à son article 4 : « Tous les Burkinabè et toute personne vivant au
Burkina Faso bénéficient d’une égale protection de la loi. Tous ont droit à ce que
leur cause soit entendue par une juridiction indépendante et impartiale. Tout
prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie. Le droit
à la défense y compris celui de choisir librement son défenseur est garanti devant
toutes les juridictions ». Au-delà du droit, la justice est une préoccupation
naturelle et permanente des hommes. Elle constitue un facteur de cohésion et de
bien-être social. Ce besoin de justice est l’une des causes de l’insurrection
populaire des 30 et 31 octobre 2014, selon le diagnostic fait lors des assises sur le
Pacte pour le renouveau de la justice au Burkina Faso, tenu du 24 au 28 mars
2015.

Dans la dynamique de l’effectivité du droit du citoyen à la justice, les


journalistes peuvent et doivent jouer un rôle déterminant dans l’information et la
sensibilisation. La confiance en la justice, le respect des décisions de justice ne
peut être effectifs que si les citoyens sont bien informés, d’où l’indispensable
collaboration entre journalistes et acteurs de la justice. Les acteurs de la justice
en tant que sources d’informations et spécialistes des questions judiciaires
peuvent éclairer les journalistes dans le traitement de l’information judiciaire.

Cependant, si les journalistes ont un rôle à jouer dans la promotion de la justice,


des insuffisances et des obstacles existent dans leur travail de recherche et de
collecte de l’information judiciaire.

C’est pourquoi nous avons choisi de traiter du thème: « Problématique de


l’accès des journalistes aux informations au Burkina Faso : cas des
informations judiciaires». Le choix de ce thème se justifie à un double niveau. Il
s’agit de savoir quelles sont les causes des difficultés que rencontrent les
4

journalistes dans leur travail de collecte de l’information judiciaire au Burkina


Faso. Quel regard, les acteurs de la chaîne judiciaire ont envers les journalistes?
Quel type de collaboration entretiennent-ils avec les journalistes? Cette étude
sera circonscrite dans la région du Centre.

Notre travail comporte trois grandes parties. Dans la première partie, nous
exposons le cadre théorique et conceptuel, la deuxième partie traite de l’accès aux
informations judiciaires au Burkina Faso. La troisième partie est consacrée à la
présentation, à l’interprétation des résultats et à des propositions.
5

PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE, METHODOLOGIQUE ET
CONCEPTUEL DE L’ETUDE
6

Chapitre I : Cadre théorique et méthodologique de l’étude

Dans ce chapitre, nous allons décliner le cadre théorique de notre étude


(section I) et la méthode de travail utilisée (section II).

Section I : Cadre théorique

Dans cette partie, nous allons poser le problème qui nous a conduit à nous
intéresser au sujet (paragraphe I). Ensuite, nous allons donner les objectifs de
notre étude dans le paragraphe II.

Paragraphe 1 : Problématique

Dans son ouvrage intitulé ‘’Etude sur le droit d’accès à l’information’’, le


Centre pour la gouvernance démocratique au Burkina (CGD)
définit l’information comme étant « l’ensemble des éléments de connaissance qui
intéressent l’homme et la société dans son ensemble »5. Cette information
provient de diverses sources qui peuvent être publiques ou privées. Pour le
professeur Francis BALLE, « le droit à l’information réclame pour tous les
citoyens la possibilité d’accès à tous les faits d’actualité, que ceux-ci rédigent lors
les évènements eux-mêmes ou dans l’expression des jugements ou d’opinions. A
condition que les faits soient présentés de manière intelligible pour tout un
chacun »6. Alexis GUEDJ dans son mémoire de DEA de droit de la
communication intitulé « La protection des sources journalistiques », explique
que « le droit du public à l’information est un droit à ‘’finalité démocratique’’ 7.

5
Centre pour la Gouvernance Démocratique au Burkina Faso, « Etude sur le droit d’accès à l’information »
édition 2016, page 3
6
Francis Balles, « Médias et société », 9e édition, Montchrestien, Paris, 2011 Page 44
7
Alexis GUEDJ, mémoire de DEA de droit de la communication, « La protection des sources journalistiques »,
page 50
7

Il confère aux journalistes une mission spécifique : celle d’informer le public du


fonctionnement de la société à travers le contrôle des institutions et de ses
dirigeants »8.

Le droit à l’information est un droit fondamental et découle de la liberté


d’expression et de presse. Il a pour objet la libre circulation des informations. Ce
droit est consacré par des instruments juridiques internationaux, régionaux et
nationaux. La notion du droit à l’information trouve ses débuts au XVIIIe siècle.
La Suède est le premier à légiférer sur le droit à l’information. Déjà en 1766, elle
avait reconnu le droit du citoyen à l’information publique. Ce droit a été reconnu
à l’échelle internationale comme une composante de la liberté d’expression et une
condition essentielle à une démocratie véritable. Le droit à l’information
comprend la liberté de rechercher, de recevoir et de répandre des informations et
des idées de toutes espèces, sans considération de frontières, sous une forme orale,
écrite, imprimée ou artistique, ou par tout autre moyen de son choix.

Sur le plan international, les instruments juridiques les plus emblématiques


sont : la Déclaration universelle des droits de l’homme et du citoyen de 1789 ; la
Déclaration universelle des droits de l’homme et des peuples des Nations unies
(DUDH) de 1948 en son article 19 ; le Pacte international relatif aux droits civils
et politiques en son article 19 (PIRDCP).

Sur le plan africain, le droit d’accès à l’information est consacré par la


Charte africaine des droits de l’homme et des peuples de 1981; la Charte africaine
de la démocratie, des élections et de la bonne gouvernance de 2007.

Sur le plan national, en plus des instruments juridiques internationaux et


régionaux ratifiés par le Burkina Faso, des instruments juridiques garantissant le
droit d’accès à l’information existent. On peut retenir pour l’essentiel, la
Constitution du 2 juin 1991 en son article 8 et les lois sur la presse de 2015 ainsi

8
Alexis GUEDJ, mémoire de DEA de droit de la communication, « La protection des sources journalistiques »,
p.50
8

que la Charte des journalistes burkinabè qui précisent les modalités d’exercice de
ce droit.

Ces instruments juridiques internationaux et nationaux garantissent le droit


d’accès à l’information pour le citoyen, y compris le journaliste. Avec l’existence
de ces instruments, l’information publique devrait être facile d’accès par le
citoyen en général et particulièrement les journalistes, eux qui sont chargés
d’informer les citoyens donc investi d’une mission de mise en œuvre de ce droit.
Dans le domaine de la justice, la loi 010-93/ADP portant organisation judiciaire
au Burkina Faso, promeut la publicité des audiences notamment en son article 5
alinéa 1 qui dispose que « Les audiences de toutes les juridictions sont publiques,
à moins que la publicité ne soit dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes
mœurs ou interdite par la loi ; dans ce cas, la juridiction intéressée ordonne le
huis clos». Aussi, la promotion de la justice est une des recommandations du Pacte
sur le renouveau de la justice de 2015.
De ce qui précède, les acteurs de la chaîne judiciaire ont le devoir de rendre
disponible l’information judiciaire aux journalistes afin qu’elle soit transmise au
public.
Cependant, la réalité est tout autre. Accéder aux informations judiciaires est
un parcours du combattant pour le journaliste dans sa mission de collette et de
traitement de l’information.
Ce difficile accès des journalistes à l’information judiciaire nous a conduit à
formuler les interrogations suivantes :

 Pourquoi malgré l’existence des instruments juridiques internationaux et


nationaux garantissant ce droit, les journalistes éprouvent des difficultés
pour accéder à l’information en général et particulièrement à l’information
judiciaire au Burkina Faso?
 Quelle est la part de responsabilité de chaque acteur dans les difficultés
liées à l’accès aux informations judiciaires ?
9

 Quelles sont les solutions envisageables afin de faciliter l’accès des


journalistes aux informations judiciaires ?

Ces questionnements nous conduisent à décliner nos objectifs et notre hypothèse


d’étude.

Paragraphe II : Les objectifs de la recherche, les hypothèses et la


question de recherche

Dans ce paragraphe, nous allons situer les raisons qui nous ont conduit à nous
intéresser à ce thème et nos hypothèses de départ.

II-1- Les objectifs de la recherche

 Objectif général

L’objectif général de notre recherche est de contribuer à la réflexion pour


l’amélioration de l’accès des hommes et femmes de médias aux informations
judiciaires au Burkina Faso.

 Objectifs spécifiques

De cet objectif général ci-dessus, nous dégageons les objectifs spécifiques


suivants :

 montrer que la rétention de l’information est basée sur un manque de


confiance des acteurs de la chaîne judiciaire envers les journalistes ;
 déterminer la part de responsabilité des journalistes dans les difficultés
qu’ils rencontrent dans la collecte de l’information judiciaire
10

 montrer que la non-maitrise du langage judiciaire est un frein à l’accès des


journalistes aux informations judiciaires.

II-2- Les hypothèses de recherche

A la lumière de ce qui précède, nous formulons les hypothèses suivantes :

 Hypothèse principale :

Pour notre étude, nous partons de l’hypothèse selon laquelle les informations
judiciaires au Burkina Faso sont difficiles d’accès par les journalistes. De cette
hypothèse découlent trois hypothèses secondaires.

 Hypothèses secondaires :

 Les acteurs de la chaîne judiciaire font de la rétention de


l’information.
 Aux yeux des acteurs de la chaîne judiciaire, les journalistes
manquent de crédibilité et de confiance.
 Le manque de spécialisation des journalistes limite leur accès aux
informations judiciaires.

II-3- Les questions de recherche

Pour parvenir à nos objectifs et vérifier nos hypothèses, nous nous sommes
posés les questions suivantes : Pourquoi les journalistes éprouvent des difficultés
11

pour accéder aux informations judiciaires au Burkina Faso ? Il s’agit de savoir


quelles sont les barrières à l’accès des journalistes aux informations judiciaires au
Burkina ? Comment les acteurs judiciaires et les journalistes collaborent-ils dans
le cadre de la collecte de l’information judiciaire ? En d’autres termes, les
relations entre journalistes et acteurs de la justice sont-elles empreintes de
méfiance ou de confiance ? Enfin, nous nous sommes interrogés sur le
comportement des journalistes dans le traitement de l’information judiciaire.
Traitent-ils l’information avec professionnalisme ? Sont-ils crédibles vis-à-vis
des acteurs de la justice ? Ont-ils les bagages nécessaires pour décoder le langage
juridique ?

Section II : Cadre méthodologique de l’étude

Il s’agit de présenter la zone dans laquelle nous menons notre étude


(paragraphe I), d’identifier la population de l’étude (paragraphe II). Nous allons
montrer aussi nos outils de collecte des données en paragraphe III. Enfin, nous
allons dire pourquoi nous nous intéressons au sujet et quelles sont les difficultés
que nous avons rencontrées pendant notre travail de recherche, de collecte et de
rédaction du présent mémoire (paragraphe IV).

Paragraphe I : La zone et la population de l’étude

Notre étude dans le cadre du présent travail s’est déroulée dans la région du
Centre. La région du Centre a été administrativement créée le 02 juillet 2001. Elle
comprend une commune urbaine à statut particulier et divisée en 12
arrondissements, regroupant 55 secteurs. La région du Centre compte également
6 communes rurales incluant 172 villages. Le chef-lieu de la région du Centre est
Ouagadougou.
12

Au Burkina Faso, l’institution judiciaire comprend les juridictions de


l’ordre judiciaire et celles de l’ordre administratif selon l’article 2 de la loi 010-
93/ADP du 17 mai 1993 portant organisation judiciaire au Burkina Faso, modifié
par la loi 028-2004/AN du 08 septembre 2004. La région du Centre abrite le plus
grand nombre de sièges des juridictions.
La région du Centre est également celle qui a la plus forte densité en termes
d’implantation des médias au Burkina Faso. Ces médias sont à caractère public,
mais aussi privé commercial, confessionnel ou communautaire. Ce paysage
médiatique comprend aussi les représentants et les correspondants de la presse
étrangère.
Ces médias implantés dans la région du Centre sont composés de la presse écrite,
de la presse audiovisuelle, de la presse en ligne. Selon le rapport public 2015 du
Conseil supérieur de la communication (CSC), la région du Centre compte
cinquante-deux (52) organes de presse écrite ; soixante (60) organes de presse
audiovisuelle et vingt-cinq (25) organes de presse en ligne.

Paragraphe II : La population de l’étude

Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi comme population d’étude, les
acteurs concernés par la question de l’accès aux informations judiciaires, de même
que le public des médias. Ainsi, notre enquête a été menée auprès d’une
population-cible composée de journalistes, d’acteurs de la chaîne judiciaire et
d’une population-témoin composée de citoyens vivant dans la région du Centre.
13

 La population-cible

La population-cible prioritaire de notre travail est composée de deux (2)


groupes. Les journalistes de la presse écrite, audiovisuelle et en ligne du public et
du privé pour un échantillon de cent (100) personnes d’une part, et les acteurs
judiciaires composés des juges au siège, des magistrats du parquet, des auxiliaires
de justice, des collaborateurs de la justice et des agents du ministère en charge de
la Justice pour un échantillon de soixante (60) personnes, d’autre part.

 La population-témoin

Nous avons considéré comme population-témoin, pour notre étude, le public


des médias. Il s’agit de citoyens vivant dans la région du Centre. Ce sont les
lecteurs de la presse écrite, les auditeurs, les téléspectateurs et les lecteurs de la
presse en ligne. Ils ont été choisis de manière aléatoire et l’échantillon compte
cent (100) personnes.

Paragraphe III: Les outils de collecte de l’information

Pour collecter les données, nous avons utilisé des techniques d’estimation
quantitative et qualitative. Il s’agit de la recherche documentaire, de l’entretien,
du questionnaire et de l’enquête.

 La revue documentaire

La revue documentaire a consisté, dans le cadre de notre étude, à consulter


des documents qui ont un lien avec notre thème. Il s’agit notamment d’ouvrages
généraux sur le journalisme, d’ouvrages spécialisés et des travaux de recherche
sur le droit d’accès à l’information, de même que des mémoires et des thèses
14

traitant de l’accès aux sources d’information par les journalistes. L’objectif est
d’avoir une idée de la production déjà faite dans le domaine du journalisme en
général et de l’accès des journalistes aux informations judiciaires en particulier.

 L’entretien

L’utilisation de cette technique nous a permis de collecter des données


quantitatives et surtout qualitatives dans le cadre de notre étude. Ces entretiens
ont été obtenus sur rendez-vous au lieu de travail des personnes-ressources. Ces
personnes-ressources sont des journalistes chevronnés, des représentants
d’organisations professionnelles des médias ou des acteurs du système judiciaire.
L’étude s’effectuée de décembre 2017 à février 2018.

 Le questionnaire

Cette technique de collecte a été la plus usité dans le cadre de notre étude.
Elle a permis l’administration des questions lors de l’enquête. Trois types de
questionnaires ont été utilisés. Il s’agit du questionnaire pour les journalistes
professionnels, celui administré aux acteurs de la justice et le questionnaire
administré à la population. L’étude s’effectuée de décembre 2017 à février 2018.

 L’enquête de terrain

Dans le cadre de notre étude, les enquêtes se sont déroulées dans les organes
de presse implantés dans la région du Centre, les tribunaux, les cours, dans les
cabinets des auxiliaires de justice et à la Maison d’arrêt et de correction de
Ouagadougou (MACO). Elle s’est aussi déroulée dans les quartiers de la ville de
Ouagadougou et les communes rurales de la région du Centre. Cette enquête de
15

type transversal a concerné les journalistes, les acteurs de la justice et la


population. L’étude s’effectuée de décembre 2017 à février 2018.

 Internet

Dans le cadre de notre travail, nous avons aussi utilisé Internet pour
collecter certaines données ou consulter certains documents. Il s’agit des sites web
du Conseil supérieur de la communication (CSC), du ministère de la Justice, des
droits humains et de la promotion civique, du Centre national de presse-Norbert
ZONGO (CNP-NZ).

 L’échantillonnage

Dans le cadre de la présente étude, nous avons réalisé l’échantillonnage à


partir des deux groupes de la population-cible et du groupe de la population-
témoin.

Le premier groupe-cible est constitué de journalistes. Nous nous sommes


intéressés à ceux qui ont déjà traité un sujet en lien avec la justice ou non.

Le second groupe-cible est constitué des acteurs de la chaîne judiciaire ayant déjà
eu affaire ou non à un journaliste dans le cadre de la recherche de l’information
judiciaire.

Pour la population-témoin, nous avons opéré un choix aléatoire des habitants des
quartiers et des communes de la région du Centre.

Afin que les résultats de cette étude soient extensibles, nous avons choisi
un échantillon de 100 journalistes des organes de presse publiques et privées de
la presse écrite, en ligne et audiovisuelle dans la région du Centre pour la
16

population-cible un (1). Pour la population-cible deux (2), nous avons choisi


soixante (60) acteurs intervenant dans la chaîne judiciaire.

Pour la population-témoin, nous avons choisi aussi un échantillon de 100


personnes dans la zone d’étude.

 Choix des variables et indicateurs

Les questionnaires administrés à nos enquêtés ont permis de recueillir des


informations quantitatives et qualitatives que nous appelons variables. Les
indicateurs nous permettent d’évaluer les variables.

Pour l’enquête auprès des journalistes, les variables suivantes ont été retenues :

 Le type de médias : c’est-à-dire le média dans lequel l’intéressé travaille


(presse écrite, presse en ligne, radio ou télévision).
 Le statut du média : le média est-il public ou privé ?
 L’ancienneté dans le service. Pour cette variable, nous avons choisi comme
indicateur les intervalles d’expérience de 10 ans de service.

Pour l’enquête auprès des acteurs de la chaîne judiciaire, les variables retenues
sont le poste occupé et l’ancienneté dans le service. Le poste occupé nous permet
de faire la distinction entre le personnel judiciaire, les auxiliaires de justice et les
collaborateurs du personnel judiciaire. Pour l’ancienneté dans le service,
l’indicateur utilisé est le même que pour les journalistes.

En ce qui concerne l’enquête auprès du public des médias, les variables


utilisées sont l’âge, le niveau d’instruction et le sexe. Pour l’indicateur de l’âge,
les intervalles suivants ont été utilisés : de 18 à 35 ans ; de 36 à 60 ans et plus de
60 ans. Pour la variable sexe, l’indicateur est homme ou femme et pour la variable
niveau d’instruction, l’indicateur utilisé est : primaire ; secondaire ; supérieur ;
aucun.
17

Paragraphe IV : L’intérêt de l’étude et les difficultés rencontrées

Dans ce paragraphe, nous allons dire pourquoi ce thème a retenu notre


intention et quelles ont été les difficultés que nous avons rencontrées pendant nos
travaux de recherche et de rédaction de ce mémoire de fin de cycle.

 Intérêt de l’étude
 Intérêt général

Notre recherche dans le cadre du présent travail vise un triple intérêt. Il s’agit
d’abord pour nous de poser un diagnostic sur la problématique de l’accès des
journalistes aux sources d’information dans le domaine judiciaire dans un
contexte de renouveau de la justice au Burkina. Cette recherche va nous permettre
de ressortir les barrières à l’accès aux informations judiciaires au Burkina Faso. Il
s’agit ensuite d’interpeller les Hommes de médias sur leur responsabilité pour plus
de professionnalisme dans le traitement de l’information judiciaire. Il s’agit enfin,
d’interpeller les acteurs de la justice sur le rôle primordial du journaliste dans la
promotion de la justice.

 Intérêt personnel

La production de ce document rentre dans le cadre de notre formation pour


l’obtention du diplôme de Conseiller en sciences et techniques de l’information et
de la communication. Elle sanctionne trente (30) mois de formation à l’Institut
des sciences et techniques de l’information et de la communication. Cette
production est une occasion pour nous de toucher du doigt certaines réalités dans
la pratique du métier de journaliste. Notre ambition est aussi de nous spécialiser
dans le domaine de la justice après notre formation.
18

 Les difficultés rencontrées

Dans la réalisation de tout travail scientifique, des difficultés ne manquent


pas. Notre travail n’a pas échappé à cette règle.

Les premières difficultés que nous avons rencontrées sont les conditions
d’études et de travail au sein de l’Institut des sciences et techniques de
l’information et de la communication (ISTIC). La production d’un mémoire de
fin de cycle nécessite un cadre approprié pour la réflexion et les recherches.
Cependant, dans le cadre de notre mémoire, nous n’avons pas eu droit à une salle
pour pouvoir travailler en toute sérénité. Ce travail, nous l’avons réalisé en grande
partie à la maison et à l’Agence d’information du Burkina (AIB).

L’enquête et la recherche au niveau de l’administration judiciaire, des


démembrements du ministère de la Justice et auprès des cabinets des auxiliaires
de justice ont été particulièrement difficiles. Nous avons vécu les mêmes
difficultés que les journalistes à la recherche de l’information judiciaire. Au
niveau du Tribunal de grande instance de Ouagadougou, de la Cour d’appel de
Ouagadougou ou encore à la Cour de cassation, il fallait à chaque fois rédiger une
demande timbrée adressée au supérieur hiérarchique de celui qui doit renseigner
notre questionnaire. Même avec l’autorisation en main, certains refusent, soit de
renseigner le questionnaire, soit de se faire enregistrer. Au niveau des magistrats,
nous avons tenté des interviews. Mais seuls quelques-uns ont accepté de répondre
à nos questions. Par exemple, lorsque nous avons rencontré le président de la Cour
d’appel de Ouagadougou, il nous a renvoyé au parquet parce que pour lui, les
juges au siège ne communiquent pas avec les journalistes. Le parquet est toujours
bondé de justiciables. Toute chose qui rend difficile l’obtention d’un rendez-vous.

Pour pallier cette difficulté, nous avons choisi d’adresser des demandes
supérieures au nombre que nous nous sommes fixé, afin d’espérer administrer au
moins le nombre voulu. Par ailleurs, pour avoir un rendez-vous avec les avocats,
19

c’était la croix et la bannière. Ces auxiliaires de la justice n’ont pas le temps pour
nous recevoir.

Au niveau de l’enquête auprès des journalistes, il y a eu aussi quelques


difficultés surtout avec les journalistes de la télévision. Certains étaient réticents
à renseigner nos questionnaires.

L’indisponibilité de données fiables ou de documents a constitué aussi une


difficulté que nous avons rencontrées sur le terrain.

Malgré ces difficultés, nous avons pu mener à bien notre travail de collecte des
informations.
20

Chapitre II : Le cadre conceptuel de l’étude

Ce chapitre est consacré à la définition de notions et concepts susceptibles


de contribuer à la compréhension de notre thème (section I). En section II, il sera
question de présenter les ouvrages de certains auteurs qui ont abordé la question
du journalisme et du droit d’accès à l’information, mais aussi les théories qui sous-
tendent notre thème.

Section I : Définition de concepts

Il s’agit de définir quelques notions en journalisme et dans le domaine


judiciaire.

Paragraphe I : Notions en journalisme

Dans la rédaction de notre mémoire, nous avons utilisé des notions


journalistiques. L’explication de certaines de ces notions permettra de mieux
comprendre le document.

 La notion de journaliste

Le Larousse 2010 définit le journaliste comme une « personne qui a pour


occupation principale, régulière et rétribuée l’exercice du journalisme dans un
ou plusieurs organes de la presse écrite ou audiovisuelle ».

Pour le journaliste Jules WITCOVER, le journaliste est celui qui rend compte des
affaires publiques en assumant trois missions essentielles : « rapporter ce que
21

disent les pouvoirs publics, découvrir si leurs affirmations sont véridiques,


déterminer si la politique envisagée peut réussir, si elle a réussi ou non ».9

Les lois portant régime juridique de la presse écrite, de la presse en ligne et de la


presse audiovisuelle au Burkina Faso, définissent le journaliste professionnel
comme « toute personne qui a pour occupation principale, régulière et rétribuée,
la recherche, la collecte, la sélection, l’adaptation, l’exploitation, la présentation
des informations et qui exerce cette activité dans un organe de presse écrite, en
ligne ou audiovisuelle publique ou privée »10.

A cette définition, la loi ajoute des critères relatifs à l’expérience et au diplôme.


Elle précise que le journaliste professionnel est « toute personne justifiant d’un
diplôme de journaliste ou d’un diplôme reconnu équivalent ou justifiant d’une
expérience de deux (02) ans au moins pour les personnes ayant tout autre titre
universitaire ou de trois (03) ans pour les autres ».

La loi confère également la qualité de journaliste professionnel aux collaborateurs


directs de la rédaction. Il s’agit des rédacteurs traducteurs, des rédacteurs-
réviseurs, des sténographes-rédacteurs et des dessinateurs.

Mais cette nouvelle loi précise que la qualité de journaliste professionnel est
attestée par une carte professionnelle délivrée par un comité technique.

Nous définissons donc le journaliste comme celui qui se livre à la collecte, au


traitement et à la diffusion de l’information et qui remplit les conditions exigées
par les lois et règlements en vigueur.

9
Jules WITCOVER cité par Henri et SCHULTE, Marcel P. DUFRESNE dans ‘’pratique du journalisme’’ page 295
10
Article 50 de la loi 057-2015-CNT du 04-09-2015 portant régime juridique de la presse écrite au Burkina Faso.
22

 La notion d’information publique

Etymologiquement, information vient du latin « informare » qui signifie


« donner forme à » ou « se former une idée de »11. Selon le Larousse 2010,
l’information est un renseignement obtenu de quelqu’un sur quelqu’un ou quelque
chose. C’est une nouvelle communiquée par une agence de presse, un journal, la
radio ou la télévision.

Mais qu’entend-on par information publique et document administratif ?

Selon Adama Barro, journaliste, ancien secrétaire général du ministère de la


Communication, « l’information publique est celle qui se situe au niveau des
structures publiques et qui par définition ne doit pas être secrète dans la mesure
où elle doit être connue de tous »12.

Au terme de l’article 3 de la loi 051-2015/CNT, l’information publique s’entend


par toute information détenue par tout organisme de service public dans
l’exercice de ses missions, que leur conservation soit assurée par l’organisme de
service public ou par un tiers.

L’article 4 de cette même loi définit le document administratif comme tout


document reçu ou produit, dans le cadre de la mission de service public, par l’Etat,
les collectivités territoriales ainsi que par les autres personnes de droit public ou
les personnes de droit privé chargées d’une telle mission. Dans notre entendement,
l’information publique peut se définir comme tout renseignement, toute
information ou tout document détenu par une source publique dans le cadre de sa
mission de service public ou par toute personne privée dans le cadre d’une mission
de service public.

11
Wikipédia, consulté le 11 janvier 2018 à 15 heures
12
Adam BARRO cité par Natalie KAORE dans son mémoire de fin de cycle ISTIC 2012 ‘’la problématique de
l’accès des journalistes burkinabè aux sources d’information publiques : cas des sources d’information sanitaire
dans la région du Centre’’
23

 La notion de source d’information

Selon le Larousse 2010, une source est « l’origine d’un renseignement ».

La source d’information est définie par le ‘’Dictionnaire du journalisme et des


médias’’ comme « une personne ou une organisation qui transmet, de façon
régulière ou ponctuelle, officielle ou officieuse, des informations aux
journalistes »13.

Dans son cours intitulé ‘’Collecte et traitement de l’information en presse écrite’’,


Noèl DAH, enseignant en techniques rédactionnelles à l’ISTIC, définit la source
d’information comme « la personne que le journaliste cite, c’est l’évènement qu’il
décrit ou le rapport qu’il cite ». La source est dite directe ou primaire quand le
journaliste a accès directement à la personne qu’il cite, à l’évènement qu’il décrit
ou au rapport qu’il cite. La source est dite secondaire ou indirecte quand le
journaliste n’a pas accès directement à la personne qu’il cite, à l’évènement qu’il
décrit. Ici le journaliste n’est pas un témoin, il a accès à une information déjà
traitée ou rapportée par un intermédiaire 14.

Dans la recherche et la vérification de l’information, le journaliste fait appel donc


à tous ces types de sources.

 La notion d’information judiciaire

Dans le langage juridique, une information judiciaire est la phase d’une


procédure pénale qui précède un jugement et au cours de laquelle un juge
d’instruction, sous le contrôle de la chambre d’instruction, procède aux recherches
permettant la manifestation de la vérité, rassemble et apprécie les preuves, entend

13
Dictionnaire du journalisme et des médias, édition 2010, page 552.
14
Noèl DAH, collecte et traitement de l’information en presse écrite, ISTIC 2015
24

les personnes impliquées ou poursuivies et les témoins, décide de mettre en


examen une personne et de la suite à donner à l’action publique.

Mais dans le cadre de notre travail, l’information judiciaire est un renseignement


ou un document ou encore une information sur l’organisation, le fonctionnement,
les procédures de la justice ainsi que les actes produits par cette institution ou en
rapport avec cette institution. C’est toute information publique détenue par les
acteurs de la justice ou toute information qui concerne le domaine de la justice.

Paragraphe II: Les notions en justice

Le monde judiciaire a son langage technique. Il s’agit de donner quelques


définitions et termes juridiques qui ont été utilisés dans le cadre de cette étude.

 La notion de droit

Le Larousse 2010 défini le droit comme ce qui est juste. C’est la faculté
d’accomplir ou non quelque chose, d’exiger quelque chose d’autrui, en vertu des
règles reconnues, individuelles ou collectives. Il s’agit d’un pouvoir, d’une
autorisation. Dans sa définition du droit, le lexique des termes juridiques fait la
distinction entre « le Droit objectif qui est l’ensemble des règles régissant la vie
en société et sanctionnées par la puissance publique, et le Droit subjectif,
prérogative attribuée à un individu dans son intérêt lui permettant de jouir d'une
chose d'une valeur ou d'exiger d'autrui une prestation »15.
Nous pouvons donc définir le droit comme l’ensemble des règles qui régissent le
fonctionnement de la société.

15
Lexique des termes juridiques, collection numérique, www.anaxagora.net, consulté le 18 janvier 2018 à 10
heures.
25

 La notion de justice
La justice est d’abord un principe moral qui consiste à être juste, à respecter le
droit d’autrui. Le Larousse 2010 définit d’ailleurs la justice comme un principe
moral qui exige le respect du droit et de l’équité. C’est l’action par laquelle, une
autorité, un pouvoir judiciaire reconnaît le droit de chacun. En droit, la justice est
définie comme une fonction souveraine de l’Etat consistant à définir le droit
positif et à trancher les litiges entre sujets de droit.
Mais vue sous l’angle institutionnel, la justice est une institution qui exerce un
pouvoir juridictionnel. On distingue dans le droit romano-germanique, les
juridictions de l’ordre administratif qui connaissent les litiges avec
l’administration publique et celles de l’ordre judiciaire, chargées des litiges entre
particuliers. Dans le cadre de la présente étude, nous définissons la justice sous
l’angle de l’institution judiciaire.

 La notion du droit d’accès à l’information

L’accès peut se définir comme ce qui permet d’accéder à un lieu, une situation.
L’accès à l’information publique et aux documents administratifs s’entend comme
toute procédure, tout mécanisme, toute voie de recours et tout outil pour chercher,
rechercher et recevoir cette information. Au Burkina Faso, ce droit est encadré par
la loi N° 051-2015/CNT du 04 septembre 2015 portant droit d’accès à
l’information publique et aux documents administratifs.

 La notion de verdict

Un verdict est un terme qui vient du latin «vere dictum» qui signifie
véritablement dit16. C’est donc une opinion ou un jugement émis avec réflexion
et autorité. Le verdict est défini comme une déclaration solennelle par laquelle la

16
Larousse 2015
26

Cour et le jury d’assises répondent aux questions qui sont posées à l’issue des
débats, et se prononcent sur la culpabilité de l’accusé et la peine qui lui est
infligée. Le verdict s’entend comme un jugement rendu par la cour.

 La notion de jugement

Le Larousse 2015 définit le jugement comme « une action de juger une affaire
selon le droit. C’est une décision rendue par un tribunal ». En droit, le jugement
est un terme général pour désigner toute décision prise par un collège de
magistrats ou par un magistrat statuant comme juge unique. Le jugement désigne
plus spécialement les décisions rendues par les tribunaux de grande instance
(TGI), tribunal de commerce ou tribunal administratif 17. Mais, si la « Décision est
rendue par le président d’une juridiction (Président du TGI ou du premier
Président de la cour d’appel), ou encore d’un magistrat chargé de l’instruction
(juge de mise en état, juge d’instruction, juge des libertés et de la détention et
certaines décisions du juge des peines), cet acte est appelé Ordonnance »18.

Le jugement est toute décision rendue par une juridiction de premier degré et qui
est susceptible d’appel devant une juridiction supérieure.

 La notion d’arrêt

Par opposition au jugement, un arrêt est défini par le lexique des termes
juridiques comme une décision de justice rendue par une juridiction supérieure
(Cour d'appel, Cour de cassation, cours administratives …)19.

17
Lexique des termes juridiques, 2018, 24e édition
18
Lexique des termes juridiques, 2018, 24e édition
19
Lexique des termes juridiques 2018, 24e édition
27

 La notion de tribunal

La loi 010-93/ADP portant organisation judiciaire au Burkina Faso organise


l’administration judiciaire au Burkina Faso en octroyant à chaque institution des
attributions. Selon l’appellation, les attributions et le fonctionnement diffèrent.

Le tribunal est le lieu où siègent les juges. C’est une juridiction formée d’un ou
de plusieurs magistrats20. Il s’agit par exemple des tribunaux de grande instance,
des tribunaux d’instance, des tribunaux du travail. En général, les tribunaux sont
des juridictions de premier degré. C’est-à-dire que leur jugement est susceptible
d’appel devant la cour d’appel.

 La notion de cour

La cour est l’ensemble des magistrats qui composent un tribunal. Mais la


cour s’entend aussi par juridiction d’ordre supérieur. Il peut s’agir d’une
juridiction de second degré qui statue sur les appels interjetés par les tribunaux
inférieurs ou de cassation c’est-à-dire, placée au sommet des juridictions civiles
et pénales de l’ordre judiciaire. Dans le cadre de la présente étude, la cour s’entend
par toute juridiction d’ordre supérieur.

 La notion de barreau

Le barreau est la place réservée aux avocats dans un prétoire et qui était
autrefois délimitée par une barre de bois ou de fer. C’est l’ensemble des avocats
établis auprès d’un même tribunal de grande instance 21. Selon le lexique des
termes juridiques, « les avocats inscrits auprès d’un TGI constituent un ordre
appelé barreau, doté de la personnalité civile ». Au Burkina Faso, il n’existe

20
Larousse 2015
21
Larousse 2015
28

qu’un seul barreau. Les avocats inscrits au barreau plaident devant toutes les
juridictions.

 La notion de parquet
Le dictionnaire Larousse 2015 définit le parquet comme l’ensemble des
magistrats qui forment le ministère public et appelé magistrature debout (par
opposition aux juges du siège ou magistrature assise). Selon le lexique des termes
juridiques, le parquet se définit comme « les magistrats composant le ministère
public dans chaque TGI, placés sous l’autorité d’un procureur de la république ».
Le parquet général est le nom donné à l’ensemble des magistrats exerçant les
fonctions du ministère public.

Section II : Revue de littérature et approche théorique

Il s’agit de donner ici un aperçu des ouvrages qui ont traité des sujets en
rapport avec notre thème, mais aussi les théories qui sous-tendent notre thème.

Paragraphe I : Revue de littérature

Si l’objectif d’un mémoire est d’apporter un plus pour améliorer l’existant


dans un domaine, il doit s’appuyer sur les publications antérieures. Dans le cadre
du présent mémoire, nous avons fait un travail de recherche documentaire sur les
ouvrages des auteurs qui ont abordé la question journalisme et la problématique
de l’accès à l’information.

Les auteurs Michel SARAZIN et Sophie MASSIEU ont abordé la liberté


d’expression et de presse. Ces auteurs reconnaissent la nécessité de l’effectivité
de cette liberté afin que le journaliste puisse exercer convenablement son métier.
29

Cependant, la pérennité de cette liberté est tributaire de son bon usage par les
journalistes. Dans leur ouvrage intitulé «Le journaliste responsable, pas
coupable ? », ils appellent les journalistes à la responsabilité dans la recherche et
le traitement de l’information. Ces auteurs expliquent que les journalistes
empruntent souvent une mauvaise démarche dans la recherche et la collecte de
l’information. Cela est dû à l’absence de recoupement de l’information, la
confiance aveugle, la recherche du sensationnel et du scandale. Pour ces auteurs,
«le recoupement permet de ne pas publier de fausses informations, la
distanciation, d’échapper à la connivence, la séparation des faits et des
commentaires, d’éviter de se rendre coupable de partialité »22. Cette œuvre nous
a permis d’avoir une idée sur la responsabilité et la crédibilité des journalistes
dans leur travail de recherche et de collecte de l’information. Les manquements
qu’ils soulèvent constituent des barrières qui ne favorisent pas l’accès du
journaliste à l’information. D’ailleurs, lors de notre enquête de terrain auprès des
acteurs de la chaîne judiciaire, le déficit de confiance et de crédibilité des
journalistes a été souligné par les enquêtés. Cependant, les auteurs n’abordent pas
suffisamment la question de l’accès à l’information. Nous nous sommes appuyés
sur cet ouvrage pour nous intéresser à l’accès à l’information dans le domaine
spécifique de la justice. Il s’est agi de savoir quelles sont les barrières à l’accès à
l’information par les journalistes dans ce domaine précis.

Philippe REINHARD dans son ouvrage intitulé « Presse et pourvoir : un


divorce impossible », aborde la problématique de la collaboration entre pouvoir
public et médias. Pour lui, médias et tenants du pouvoir public forment un vieux
couple. Ils s’aiment autant qu’ils se détestent mais ne peuvent se passer l’un de
l’autre. Leurs relations sont souvent empreintes de connivence et d’inimitié.
Cependant, l’auteur pense que les choses ont brusquement changé avec
l’apparition de Internet. Il regrette que ce puissant instrument de communication

22
Michel SARAZIN et Sophie MASSIEU, ‘’Le journaliste responsable, pas coupable ? ‘’, Editions Mangos
document, 2001 page 93.
30

ait séduit jusqu’aux journalistes traditionnels qui répercutent et relaient les scoops
sur la toile pour garder leur public. « Peu importe que les informations publiées
par les sites Internet aient été vérifiées ou non, la peur du ratage l’emporte sur
l’exigence de la déontologie »23. En abordant la question de la collaboration entre
pouvoir public et médias, cet ouvrage nous a inspiré. Il nous a permis de nous
interroger sur la collaboration entre médias et pouvoir judiciaire. Sans une bonne
collaboration, il est difficile pour le journaliste d’obtenir l’information ou le
renseignement souhaité auprès des sources judiciaires.

A propos des sources d’information, Marc-François BERNIER dans son


ouvrage intitulé « Le journalisme victime des journalistes », soutient que « le
journaliste n’est pas qu’un communicateur, il est aussi un chercheur qui se livre
à une forme d’interrogatoire public au nom de ses lecteurs, auditeurs et
téléspectateurs qu’il représente »24. L’auteur explique l’importance des sources
d’informations pour le journaliste, mais souligne la dangerosité des sources
anonymes qui peuvent induire le journaliste et partant le public en erreur.

Dans leur ouvrage intitulé « Pratique du journalisme », Henry H.


SCHULTE et Marcel P. DUFRESNE proposent des solutions aux journalistes
pour trouver gérer et exploiter durablement les sources d’informations. Pour la
collecte et le traitement convenable de l’information, ces auteurs reviennent sur
la couverture du sujet, l’observation directe, l’exploitation des archives,
l’exploitation des bases de données, les sondages et le journalisme assisté par
ordinateur. Pour ces auteurs, le journaliste dans la pratique du métier, doit avoir
des relations exemptes de favoritisme, de manipulation et de violation de la vie
privée avec ses sources d’information. Ils concluent que la manière dont le

23
Philippe REINHARD, ‘’Presse et pouvoir : un divorce impossible’’, Editions First-Gründ Paris 2011, page 277
24
Marc-François BERNIER, ‘’Les planqués : le journalisme victime des journalistes’’, VLB Editeur, Québec, 1999,
page 14
31

journaliste gère ses relations avec les sources détermine bien souvent la qualité
et la fiabilité de l’information qu’il obtient.

Bill KOVACH et Tom ROSENSTIEL parlent de la nécessité de vérifier


l’information avant la publication dans leur ouvrage intitulé « Principes du
journalisme : ce que les journalistes doivent savoir, ce que le public doit exiger ».
Ils soutiennent que l’un des principes cardinaux du journalisme est l’obligation de
vérifier les informations reçues des sources d’information. Les auteurs estiment
que pour rétablir la confiance entre le journaliste et son public, il est nécessaire
que celui-ci cite ses sources dans le traitement de l’information. Vis-à-vis des
sources, ils soutiennent, qu’une obligation de franchise pèse sur le journaliste
même si pour eux, le déguisement ou le système de caméra cachée peut être
souvent toléré. Bill KOVACH et Tom ROSENSTIEL posent toutefois des
conditions pour tolérer ces comportements du journaliste.

Dans son mémoire de DEA de droit de la communication intitulé « la


protection des sources journalistiques », Alexis GUEDJ donne une situation du
droit d’accès à l’information publique dans le monde et en Europe. Pour cet
auteur, le droit d’accès à l’information est un droit consacré et protégé par des
instruments juridiques internationaux. Cependant, il reconnaît que la situation de
l’effectivité de ce droit varie d’un pays à un autre. « Le droit du public à
l’information est un droit à finalité démocratique. Il confère aux journalistes une
mission spécifique : celle d’informer le public du fonctionnement de la société à
travers le contrôle des institutions et de ses dirigeants »25.

Les auteurs de ces quatre derniers ouvrages cités plus haut, nous ont permis
de comprendre la place et le rôle important de la source d’information dans la
collecte de l’information de manière générale, mais aussi la gestion durable des
sources d’information et les instruments juridiques internationaux qui consacrent

25
Alexis GUEDJ, Op.cit., page 50
32

le droit à l’information. Cependant, ces auteurs n’abordent pas le cas spécifique


des informations judiciaires, notre centre d’intérêt.

Le Centre pour la gouvernance démocratique (CGD), dans son document intitulé


« Etude sur le droit d’accès à l’information », fait un état des lieux des
instruments juridiques sur le droit d’accès à l’information et sa mise en œuvre.
L’étude constate que des instruments juridiques externes et internes consacrent et
encadrent le droit d’accès à l’information. Cependant, l’étude révèle des
insuffisances qui ne permettent pas l’effectivité du droit d’accès à l’information
au Burkina Faso. Le document cite, entre autres défaillances, le niveau de
couverture du territoire national par les médias publics, la non mise en œuvre de
l’Autorité nationale d’accès à l’information publique (ANAIP) et l’insuffisance
de publicité des textes de loi sur l’accès à l’information publique. Cette riche étude
nous a permis d’avoir une idée sur les instruments juridiques internationaux et
nationaux qui encadrent le droit d’accès à l’information, mais aussi les
insuffisances des textes sur l’accès à l’information publique au Burkina Faso.
Mais, l’étude s’est basée sur l’accès des citoyens à l’information publique au
Burkina Faso. L’information des citoyens étant la raison d’être du journaliste,
nous nous sommes intéressés à l’accès à l’information de celui-ci dans un
domaine sensible comme la justice afin de mieux informer les citoyens.

Surveillance et défense de la liberté de presse en Afrique de l’Ouest/Union


des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (SDLP/UJAO), dans son étude intitulée
« Médias, démocratie et droit de l’Homme : pouvoir judiciaire et liberté
d’expression en Afrique de l’Ouest », aborde la problématique de la collaboration
entre les acteurs de la justice et les Hommes de médias. Elle pose la problématique
en ces termes : «de manière fondamentale, la question qui semble dominante dans
ce débat est celle du comment concilier le rôle du juge, gardien de la liberté avec
‘’le quatrième pouvoir’’ non défini constitutionnellement (contrairement au
pouvoir judiciaire), mais qui incarne une liberté consacrée par les conventions
33

internationales et les constitutions »26. L’étude constate que les pays de la sous-
région ouest-africaine connaissent des rapports tendus entre médias et pouvoir
judiciaire. Le document démontre qu’à partir des années 80, « il y a eu un
mouvement de pluralisme dans le domaine de la presse avec l’émergence d’une
nouvelle presse indépendante et un ton de liberté. Cette liberté n’est pas pour
plaire aux gouvernants arc-boutés aux derniers instruments de contrôle de
l’information : le pouvoir judiciaire, pour donner une apparence de légalité »27.
L’étude soutient qu’il est difficile pour le journaliste d’accéder aux textes et
décisions de justice rendues par les juridictions en Afrique de l’Ouest. L’ouvrage
conclut que c’est d’ailleurs au niveau des juridictions que résident les limites les
plus importantes au droit d’accès à l’information alors que le juge en tant que
gardien des libertés doit jouer un rôle primordial dans le droit d’accès à
l’information par les journalistes.

Cet ouvrage a été d’un grand apport dans la présente étude tant il aborde la
question de la collaboration entre pouvoir judiciaire et journalistes en Afrique de
l’Ouest et le droit d’accès à l’information. Cependant, cette étude date de 1995 et
concerne toute la sous-région ouest-africaine. Avec l’avènement des nouvelles
lois sur la presse au Burkina Faso et les avancées dans le domaine de la liberté
d’expression et de presse, nous avons choisi de nous intéresser à la question sous
l’angle de l’accès aux informations judiciaires par les journalistes au Burkina
Faso.

Le tour d’horizon sur ces différentes publications nous a permis de nous


outiller sur les différentes notions et les productions déjà faites dans le domaine
avant d’aborder notre thème.

26
SDLP/UJAO, pouvoir judiciaire et liberté d’expression en Afrique de l’Ouest, 1995, page 9
27
SDLP/UJAO, pouvoir judiciaire et liberté d’expression en Afrique de l’Ouest, 1995, page 7
34

Paragraphe II : Approche théorique de l’étude

L’analyse de l’accès à l’information judiciaire par les journalistes au


Burkina Faso, nécessite une approche du droit à l’information. Le droit à
l’information est un pan du droit de l’information et de la communication. « Le
droit de la communication est une spécialité ayant trait à l'étude des médias, leurs
structures, leurs organisations, leurs composantes. Le droit de la communication
s'intéresse au statut des journalistes, des agences de presse, des messageries de
presse, ainsi qu'au principe de libre circulation des idées et des opinions (avec
ses limites) »28. Le droit de la communication repose sur les instruments juridiques
internationaux et nationaux sur la liberté d’expression et de presse.

L’évolution de la société démocratique a fait de l’information un droit. Ce


droit trouve aujourd’hui sa place parmi les autres libertés ou droits de l’homme.
Alexis GUEDJ dans son mémoire de DEA de droit de la communication intitulé
« La protection des sources journalistiques », soutient que « le droit du public à
l’information est un droit à ‘’finalité démocratique’’. Il confère aux journalistes
une mission spécifique : celle d’informer le public du fonctionnement de la société
à travers le contrôle des institutions et de ses dirigeants »29. Le droit à
l’information est le corollaire de la liberté d’expression et de presse consacré par
des instruments juridiques internationaux et nationaux.

 Le droit à l’information, un droit du citoyen

Le droit à l’information est de nos jours un droit fondamental du citoyen. J


Chevallier affirme qu’ « en se plaçant du côté des destinataires et en s’efforçant
de garantir l’accès de tous à l’information, on se préoccupe de l’exercice concret
de la liberté de communication et on la transforme en un véritable droit subjectif

28
http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Droit%20de%20la%20communication/fr-fr/, consulté le 10 janvier
2018.
29
Alexis GUEDJ, Op.cit., p.50
35

au profit des individus »30. Le droit à l’information a pour objet l’accès du citoyen
à l’information que ce soit à travers la publication de l’information administrative
ou l’accès à l’information journalistique assuré par une diffusion pluraliste ou la
réception de l’information. Sans le travail de recherche du journaliste, le public
ne peut pas bénéficier de son droit d’accès à l’information. Le journaliste, en tant
que relais de l’information, doit lui-même être bien informé. Pourtant selon
Emmanuel DERIEUX, la législation française par exemple a du mal à « admettre
que le journaliste puisse avoir accès à la plupart des sources d’information »31.
Cette réalité est vécue par les journalistes de la sous-région y compris le Burkina
Faso.

Cette approche théorique nous a permis de confirmer les théories qui sous-
tendent notre thème.

30
J. CHEVALLIER, constitution et communication, Dalloz 1991. p. 252
31
Emmanuel DERIEUX, «Le secret professionnel des journalistes ». Legipresse 1988, n°57, p 82
36

DEUXIEME PARTIE :
ACCES A L’INFORMATION JUDICIAIRE AU BURKINA
FASO
37

Chapitre I : Le droit d’accès à l’information et les sources


d’information

L’accès à l’information est un droit fondamental du citoyen. Mais pour que


ce droit soit effectif, il doit être encadré par des textes. Ces textes doivent
permettre aux citoyens de pouvoir exercer ce droit d’une part mais aussi, d’autre
part, aux journalistes de pouvoir obtenir l’information auprès des sources. Dans
ce chapitre, nous allons aborder le droit d’accès à l’information à la section I et
les sources d’informations à la section II.

Section I : Le droit d’accès à l’information

Le droit d’accès à l’information s’entend par les normes juridiques qui


consacrent et encadrent ce droit. Ces normes juridiques découlent de la liberté
d’expression et de presse. Ils sont, soit internationaux, régionaux ou nationaux.
Nous déclinons le cadre normatif du droit d’accès à l’information au paragraphe
I, le cadre institutionnel au paragraphe II et la mise en œuvre du droit d’accès à
l’information au paragraphe III.

Paragraphe I : Cadre normatif du droit d’accès à l’information


I-1 Le cadre normatif international

Le droit d’accès à l’information est un droit relativement récent au Burkina


Faso eu égard de la législation en la matière. Cependant, sur le plan international,
des instruments juridiques anciens qui encadrent et consacrent le droit à
l’information existent. Parmi de ces textes, les principaux ont été ratifiés par le
Burkina Faso et intégrés dans l’ordre juridique interne. Il s’agit de:
38

 la Déclaration des droits de l’Homme et du citoyen de 1789. En son article


11, cet instrument juridique de la Révolution française consacre le droit
d’accès à l’information en ces termes. « La libre communication des
pensées et des opinions est un des droits les plus élémentaires de l’Homme,
tout citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre
de l’abus de cette liberté dans les cas déterminés par la loi ». Cette
Déclaration va inspirer plus tard les Nations unies.
 la Déclaration universelle des droits de l’Homme (DUDH) du 10 décembre
1948. Ce texte dispose en son article 19 que « tout individu a le droit à la
liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être
inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre,
sans considération de frontières, les informations et les idées par quelque
moyen d’expression que ce soit ».
 le Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIRDCP) du 16
décembre 1966. Cette disposition reprend au mot près en son article 19
alinéas 2, l’article 19 de la DUDH. Ce principe affirmé par la DUDH et le
PIRDCP, reconnaît à tout citoyen, la faculté d’avoir une opinion, un point
de vue ou une conviction et de le faire connaître, quelque soit le support
utilisé. Ces instruments juridiques internationaux ont érigé la liberté
d’expression au rang de droit fondamental de l’homme. « Ce droit
fondamental se manifeste par le désir inné de l’Homme de recevoir des
informations venant de partout sans restriction. Ainsi donc, privé l’Homme,
pris individuellement ou collectivement d’informations est une violation
d’un droit de l’Homme dont les conséquences se répercutent sur les autres
droits »32.
 la Convention des Nations unies contre la corruption du 14 décembre 2005,
dans sa rubrique de mesures préventives contre la corruption, fait

32
Centre pour la Gouvernance Démocratique, ‘’Etude sur le droit d’accès à l’information’’ Edition 2016, page
10
39

obligation aux Etats parties de mettre en place des organes chargés


notamment de l’accroissement et de la diffusion de connaissances
concernant la prévention de la corruption. En son article 10, la convention
dispose que: « Compte tenu de la nécessité de lutter contre la corruption,
chaque État-partie prend, conformément aux principes fondamentaux de
son droit interne, les mesures nécessaires pour accroître la transparence
de son administration publique, y compris en ce qui concerne son
organisation, son fonctionnement et ses processus décisionnels s’il y a lieu.
Ces mesures peuvent inclure notamment: l’adoption de procédures ou de
règlements permettant aux usagers d’obtenir, s’il y a lieu, des informations
sur l’organisation, le fonctionnement et les processus décisionnels de
l’administration publique, ainsi que, compte dûment tenu de la protection
de la vie privée et des données personnelles, sur les décisions et actes
juridiques qui les concernent; la simplification, s’il y a lieu, des procédures
administratives afin de faciliter l’accès des usagers aux autorités de
décision compétentes; et la publication d’informations, y compris
éventuellement de rapports périodiques sur les risques de corruption au
sein de l’administration publique ». Cet article pose ainsi le principe du
droit d’accès à l’information en instituant la prise de mesures pour faciliter
l’accès des citoyens aux informations détenues par les administrations
publiques des Etats-parties.
 la déclaration de l’UNESCO concernant la contribution des organes
d’information au renforcement de la paix et de la compréhension
internationale, à la promotion des droits de l’Homme et à la lutte contre le
racisme, l’apartheid et l’incitation à la guerre du 28 novembre 1978. Cette
déclaration explique d’abord en son article premier l’importance de la libre
circulation et du traitement équilibré de l’information dans le renforcement
de la paix et la cohésion internationale, et consacre en ses articles 2 à 11
le droit d’accès à l’information.
40

 En 2013, le comité des droits de l’Homme des Nations unies dans ses
observations sur le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIRDCP) indique au point 34 de ses observations que « le
paragraphe 2 de cet article 19 du PIRDCP, comprend un droit d’accès
à l’information détenue par les organismes publics et le comité invite
par conséquent les Etats à mettre à la disposition du public, les
informations d’intérêt général détenues par les pouvoirs publics ».
Cette observation souligne de façon explicite le droit d’accès à
l’information.

A ces instruments juridiques internationaux viennent s’ajouter ceux régionaux.

 Il s’agit de la Charte africaine des droits de l’Homme. En son article 9 alinéa


1 et suivants, cette Charte s’aligne sur le principe de la DUDH du PIRDCP
en disposant que «Toute personne a droit à l’information. Toute personne
a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions dans le cadre des lois et
règlements ».
 L’article 6 de la Charte africaine de la démocratie, des élections et de la
gouvernance met à la charge des Etats membres, l’obligation de s’assurer
de la jouissance par leurs citoyens de tous les droits et libertés
fondamentaux de l’Homme. Cette disposition inclut de fait le droit d’accès
à l’information.
 Nous pouvons également citer en exemple la Convention sur l’accès à
l’information, la participation du public au processus décisionnel et l’accès
à la justice en matière d’environnement (Convention d’Aarhus). Cette
convention consacre le droit d’accès à l’information en ses articles 4 et 5
en faisant de l’accès à l’information en matière d’environnement une
obligation des Etats-parties, et définit les conditions et les modalités
d’accès à l’information.
41

1-2 Le cadre normatif national

A l’interne, le Burkina Faso dispose de textes qui consacrent et encadrent le


droit d’accès à l’information :

 la Constitution du 2 juin 1991. Dans son préambule, cette Constitution


reconnaît les instruments juridiques internationaux et régionaux qui
consacrent le droit à l’information. C’est l’article 8 de la Constitution qui
consacre le droit d’accès à l’information au Burkina Faso en disposant que :
« les libertés d’opinion, de presse et le droit d’accès à l’information sont
garantis. Toute personne a le droit d’exprimer et de diffuser ses opinions
dans le cadre des lois en vigueur ». Cette disposition de la loi fondamentale
reconnaît le droit d’accès à l’information à tout citoyen.

Des textes de lois viennent préciser et encadrer les modalités d’exercice du droit
d’accès à l’information. Il s’agit de:

 la loi N°006-2013/AN portant code de l’environnement qui consacre le


droit d’accès à l’information dans le domaine de l’environnement
notamment en son article 7 qui dispose que « Toute personne intéressée a
le droit d’accéder aux informations relatives à l’environnement sous
réserve des restrictions légales ou réglementaires en vigueur».
 la loi N° 004-2015/CNT portant prévention et répression de la corruption
au Burkina Faso, pour des besoins de transparence et de bonne
gouvernance, fait du droit d’accès à l’information une obligation. « Les
institutions, les administrations et les organismes publics ont l’obligation
de rendre publiques et accessibles aux usagers les informations sur
l’organisation et le fonctionnement des processus décisionnels de
l’administration publique; simplifier les procédures administratives et les
faire connaître aux usagers par tout moyen ; publier par tout moyen à
l’attention des agents et des usagers des informations de sensibilisation sur
42

les comportements à forts risques de corruption à proscrire au sein de


l’administration publique ; organiser l’accès effectif des médias et du
public à l’information concernant les dossiers dont ils ont la charge sous
réserve de la protection de la vie privée, de l’honneur, de la dignité des
personnes et des raisons de sécurité nationale, d’ordre public ainsi que du
secret de l’instruction ; répondre aux requêtes et doléances des citoyens
dans des délais raisonnables ; motiver leurs décisions lorsqu’elles sont
défavorables au citoyen et préciser les voies de recours en vigueur »33.
 la loi N°57-2015/CNT du 4 septembre 2015 portant régime juridique de la
presse écrite au Burkina Faso. Les articles 66 à 71 de cette loi régulent le
droit d’accès à l’information. En effet, l’article 66 de cette loi dispose que
« Le journaliste professionnel a droit, dans le cadre de l'exercice de son
métier, au libre accès aux sources d'information conformément aux
dispositions de la loi portant droit d’accès à l’information publique et aux
documents administratifs ».
 la loi N°58-2015/CNT du 4 septembre 2015 portant régime juridique de la
presse en ligne au Burkina Faso, en ses articles 49 à 53. Ces articles
reprennent les dispositions des articles 66 à 71 de la loi sur la presse écrite.
 la loi N°59-2015/CNT du 4 septembre 2015 portant régime juridique de la
radiodiffusion sonore et télévisuelle au Burkina Faso, en ses articles 79 à
84, reprennent les dispositions de la loi sur la presse écrite concernant le
droit d’accès à l’information.
 A ces textes, s’ajoute celui spécifique au droit d’accès à l’information. Il
s’agit de la loi N°51-2015/CNT portant droit d’accès à l’information
publique et aux documents administratifs au Burkina Faso qui organise les
modalités et les conditions d’accès à l’information publique et aux
documents administratifs.

33
Article 34 de la loi portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso
43

Pour la mise en œuvre effective du droit d’accès à l’information, un cadre


institutionnel est nécessaire.

Paragraphe II: Cadre institutionnel du droit d’accès à


l’information au Burkina Faso

Pour assurer l’effectivité du droit d’accès à l’information au Burkina Faso, des


attributions ont été données à des organismes et institutions publiques. Ces
organismes font la régulation et la promotion du droit d’accès à l’information au
Burkina Faso.

II-1 Le ministère de la Communication et des Relations avec le


parlement :

Ce ministère est la structure garante du droit à l’information au Burkina Faso.


En effet, le ministère de la Communication et des Relations avec le parlement a
pour attributions le « renforcement de la couverture médiatique du territoire
national ; le développement technologique et infrastructurel des organes de
presse publics ; la promotion de l’effectivité du droit des citoyens à
l’information ; la mise en œuvre de la politique nationale de la communication ;
la coordination de l’information du public sur l’activité gouvernementale à
travers le Service d’information du gouvernement (SIG) en relation avec la
direction de la communication et de l’information du premier ministère »34.

34
Decret N°2016-006/PRES/PM/SGG-CM du 06 février 2016 portant attributions des membres du
Gouvernement. JO N°07 du 18 février 2016, article 21.1
44

II-2 Le Conseil supérieur de la communication (CSC):

C’est l’organe de régulation de la communication au Burkina Faso. C’est une


Autorité administrative indépendante dont les attributions sont entre autres,
« promouvoir la liberté d’expression et le droit à l’information conformément à
la loi ; garantir le droit d’accès des organes de presse aux sources
d’information ; délivrer les autorisations d’exploitation de station ou de société
de radiodiffusion sonore et télévisuelle privées »35. En somme, le CSC a pour
mission d’œuvrer à l’effectivité du droit d’accès à l’information par la régulation
de l’activité des médias au Burkina Faso.

II-3 L’Autorité de régulation des communications


électroniques et des postes (ARCEP):

Cette institution joue un rôle important dans le domaine de la


communication au Burkina Faso. Elle concourt, dans ses missions, à la réalisation
du droit d’accès à l’information même si son rôle est beaucoup plus technique.

II-4 L’Autorité nationale d’accès à l’information publique


(ANAIP) :

C’est une structure étatique prévue par la loi 051 portant droit d’accès à
l’information publique et aux documents administratifs au Burkina Faso. Cette
structure a pour mission de « promouvoir le droit d’accès à l’information
publique, veiller au respect de la liberté d’accès aux informations publiques et
aux documents administratifs ; veiller au respect des dispositions relatives à la
réutilisation des informations publiques ; résoudre les litiges liés au droit d’accès

35
Article 4 de la loi organique N°015-2013/AN portant attribution, composition et fonctionnement du conseil
supérieur de la communication
45

à l’information publique et aux documents administratifs à travers notamment la


négociation, la conciliation ou la médiation ; entreprendre toute procédure
d’audit, d’enquête ou de contrôle sur les mécanismes d’accès à l’information
dans une administration de service publique donnée ». Cependant cette structure
n’a pas encore été créée.

II-5 L’Observatoire burkinabè des médias (OBM)

Il s’agit d’une structure d’autorégulation mise en place par les associations


professionnelles des médias pour pallier à certains manquements des journalistes.
l'OBM se donne pour missions de veiller au respect du Code d'éthique et de
déontologie, de promouvoir et défendre la liberté de presse, de protéger le droit
du public à une information libre, honnête et complète, de veiller à la sécurité des
journalistes, de constater et de dénoncer les manquements à l'éthique et à la
déontologie. Cette structure contribue de ce fait à l’effectivité du droit d’accès à
l’information.

Paragraphe III : La mise en œuvre du droit d’accès à


l’information

L’effectivité du droit d’accès à l’information se traduit par des mécanismes


de publication et de diffusion de l’information publique d’une part, et des
mécanismes qui favorisent l’accès aux sources d’information par les citoyens et
les journalistes, d’autre part.

Les mécanismes de publication et de diffusion doivent être assurés en


amont par l’Etat. En effet, l’Etat garantit l’accès à l’information par la publication
et la diffusion de l’information publique. Cela peut se réaliser à travers les organes
de presse publique que l’Etat crée, l’affichage ou tout autre moyen de
46

communication. L’accès à l’information est un service public à caractère


obligatoire et gratuit que les organes de presse publique doivent garantir 36. Le
Burkina Faso dispose d’une dizaine de radios publiques, de trois chaines de
télévisions publiques et des organes de presse écrite et en ligne.

Le droit d’accès à l’information est garanti par l’Etat. Ce droit est consacré
par la Constitution de 1991. L’Etat a libéralisé le secteur de l’information et de
la communication. Selon le plan stratégique 2017-2021 du CSC, le Burkina Faso
compte cent quatre-vingt-douze (192) médias audiovisuels, soixante-dix (70)
journaux et environ cinq cents (500) agences de communication. Ces organes
privés concourent aussi à l’effectivité du droit d’accès à l’information.

Avec l’adoption des lois sur la presse votées le 04 septembre 2015 par le
CNT, c’est la loi 051-2015/CNT qui organise la procédure d’accès à l’information
et aux documents administratifs au Burkina Faso. En effet, cette loi dispose en
son article 7 alinéa1 que le droit d’accès à l’information publique et aux
documents administratifs est reconnu à « tous les usagers du service public et tout
organisme investi d’une mission de service public ». En définissant le champ
d’application de ce droit, la loi 051 dispose que « constituent des informations ou
des documents administratifs communicables au sens de la présente loi, tous
dossiers, rapports, croquis, plans, schémas, études, documents d’orientation ou
de politiques publiques, comptes rendus procès-verbaux, statistiques, directives,
instructions, circulaires, notes de service et réponses ministérielles qui
comportent une interprétation du droit ou une description des procédures
administratives, les avis, les prévisions et les décisions » ainsi que « les
documents administratifs et les informations publiques nominatifs à la demande
des concernés, sans que des motifs de refus tirés du secret de la vie privée, du
secret médical ou du secret en matière commerciale et industrielle, portant

36
Plan stratégique 2017-2021 du CSC, septembre 2016, p.11, cité par le CGD, ‘’étude sur le droit d’accès à
l’information’’, 2016.
47

exclusivement sur des faits qui leurs sont personnels, puissent leur être
opposées »37. Ces documents sont en principe accessibles par le citoyen et régis
par des principes d’égalité, de liberté et de gratuité. Les documents non
communicables sont cités à l’article 47 et suivants de loi 051, «ne sont pas
communicables, les informations ou documents qui ne présentent pas par leur
nature et leur objet, un caractère administratif et les informations dont la
divulgation peut compromettre le bon fonctionnement de l’administration ». Sont
aussi concernés, les documents inachevés, les informations ou documents
administratifs qui touchent aux activités relevant du pouvoir régalien de l’Etat et
mettant en cause l’intérêt général, les renseignements ou informations de service
ayant des fonctions de prévention, de détection ou de répression lorsque la
communication de ces éléments est susceptible de causer certains risques.

Dans le domaine judiciaire, c’est l’article 49 de la loi 051 qui énumère les
documents non communicables. Il s’agit des informations dont la communication
est susceptible d’entraver le déroulement d’une procédure judiciaire, des
documents pouvant compromettre une enquête en cours, à venir ou suspendue. La
révélation d’une méthode d’enquête, d’une source confidentielle d’information,
d’un programme ou d’un plan d’action destiné à prévenir, détecter ou réprimer le
crime ou les infractions à la loi ne sont pas aussi communicables. Font également
partie des informations non communicables, les informations de nature à mettre
en péril la sécurité d’une personne ou à causer préjudice à une personne qui est
l’auteur d’un renseignement. Les informations sur les composantes d’un système
de communication destiné à l’usage d’une personne chargée d’assurer le respect
de la loi ou les renseignements transmis à titre confidentiel ne peuvent pas être
divulgués. Enfin, les informations de nature à favoriser l’évasion d’un détenu ou

37
Article 44 et 45 de la loi 051-2015/CNT
48

à porter atteinte aux droits d’une personne à être jugée de manière équitable ne
sont pas aussi communicables.

L’accès à l’information consiste en une consultation sur place, une reproduction,


le prêt pendant les heures habituelles de travail ou à distance lorsque le document
ou l’information est disponible en ligne. Pour ce faire, le citoyen demandeur de
l’information ou du document, doit adresser une demande écrite ou verbale. Selon
la loi, les délais de traitement de la demande sont de 21 jours prorogés de 10 jours.

Section II : Les sources d’information

Le journaliste dans sa mission de collecte de l’information a nécessairement


besoin de sources d’information. Le journaliste a recours à ces sources
d’information, soit pour chercher l’information, mieux comprendre l’évènement
ou la situation ou soit pour vérifier et recouper l’information qu’il a reçue pour en
tester l’exactitude. Dans ce chapitre, nous allons aborder la typologie des sources
d’information, leur gestion par les journalistes et les difficultés d’accès que
rencontrent les hommes de médias sur le terrain.

Paragraphe I : Les différents types de sources d’informations

L’article 67 de la loi 057-2015/CNT portant régime juridique de la presse


écrite, définit la source d’information. «Est considéré comme source
d’information tout document produit ou reçu dans le cadre de leur mission de
service public, par l’Etat, les démembrements de l’Etat, les collectivités
territoriales ainsi que par les autres personnes de droit public ou les personnes
de droit privé chargées d’une mission de service public ». Cette définition
concerne les sources d’information publique. De manière générale, la source
49

d’information est tout document ou toute personne pouvant renseigner le


journaliste sur un fait ou un évènement.

Les sources d’information auxquelles le journaliste a accès dans le cadre de


son travail de recherche, de collecte ou de vérification de l’information sont de
plusieurs types. Les sources d’informations peuvent être des personnes physiques,
des documents écrites ou des documents électroniques.

Les sources physiques sont les personnes-ressources qui livrent leurs propos
lors d’une interview ou d’un entretien. Ces personnes sont des témoins d’un
évènement, des spécialistes d’un sujet ou concernées par une information.

Pour collecter l’information en quantité et en qualité suffisante auprès de ce type


de source, le journaliste doit préparer et mener une bonne interview en posant des
questions pertinentes. Cette méthode de collecte permet au journaliste de
rassembler des faits précis en rapport avec son sujet. Les explications reçues de la
personne interviewée permet au journaliste d’illustrer son article ou son reportage
pour le rendre vivant. Ce type de sources est souvent officiel ou anonyme. La
source anonyme est beaucoup plus utile pour le journaliste selon les auteurs Herry
H. SCHULTE et Marcel P. DUFRESNE. Selon eux, elle permet au journaliste de
démêler les évènements complexes. « Sans elle, de véritables avenues
d’informations seraient coupées et la capacité des journalistes à mener à bien une
enquête fortement diminuée »38.

Les sources écrites sont constituées de textes originaux comme les


manuscrits, les correspondances, les comptes rendus ; les documents officiels et
les ouvrages tels que les autobiographies, les mémoires, les exposés scientifiques
et tout type de document tel que défini par les lois sur la presse. Ce type de sources
permet la vérification et l’authentification d’une information.

38
Henry H. SCHULTE et Marcel P. DUFRESNE dans ‘’pratique du journalisme’’, page 55
50

Les sources électroniques sont celles auxquelles le journaliste accède par


l’utilisation des Technologies de l’information et de la communication (TIC). Il
s’agit de Internet, des réseaux sociaux (les publications sur Twitter, Facebook,
Instagram, Linkdink, etc.). Le journaliste dans l’utilisation de ces sources
d’information doit être très prudent car, si le développement des TIC est une
aubaine, de par la quantité et la diversité des informations qu’on peut y trouver,
l’exactitude et l’authentification de ces informations reçues sont difficiles à
prouver surtout pour le cas des réseaux sociaux.

La source d’information peut être primaire, secondaire ou complémentaire.

Elle est dite primaire si l’acteur est au premier plan concerné par le sujet ou
l’évènement, ou les documents obtenus par le journaliste sont de premières
mains.

Les sources secondaires sont les acteurs de second plan ou les témoins d’un
évènement. Elles peuvent être aussi les travaux de synthèse de documents dits de
sources primaires.

Les sources complémentaires sont des informations qui complètent les sources
primaires et secondaires.

I-2 Internet, une source d’information particulière

Le développement des TIC a enrichi le monde de l’information et de la


communication. Cette nouvelle façon de communiquer a créé de nouveaux acteurs
dans l’univers de l’information et de la communication comme les journalistes
citoyens, les web activistes, les observateurs etc. qui concurrencent le journaliste
professionnel traditionnel sur le terrain de la diffusion de l’information. Toute
chose qui a amené les médias traditionnels à s’adapter à la nouvelle donne par la
51

création de site web, de journal en ligne et même de page Facebook et de compte


Twitter.

Internet est aussi un réservoir de sources d’informations riches et variés. Il


concurrence les sources traditionnelles dont les journalistes avaient généralement
le privilège (dépêches d’agence, conférences de presse, dossiers de presse, etc.).
Aujourd’hui, même si ces sources traditionnelles restent celles jugées plus
crédibles par le journaliste professionnel, elles sont complétées par l’immense
espace d’informations, facilement accessibles, que constitue internet. Internet est
même considéré comme un outil précieux pour le journaliste dans sa recherche de
l’information. Les moteurs de recherche, les annuaires généraux et spécialisés, les
bibliothèques en ligne, les encyclopédies et dictionnaires en ligne (…) sont autant
de sources d’information à portée de main pour le journaliste. Il y a aussi les
personnalités physiques ou morales accessibles par le biais de Internet. Dans les
rédactions, le réseau Internet est de plus en plus utilisé. Il est aujourd’hui un
moyen pour les médias dépourvus de service d’agence de presse et de
documentation conséquente, pour accéder à l’information.

Cependant, si l’avènement de Internet constitue une chance pour le monde de


la presse, il est aussi dangereux d’en faire un usage sans prudence en tant que
source d’information pour le journaliste. En effet, l’information sur Internet est
accessible facilement certes, mais n’est pas toujours crédible, d’où la nécessité
pour le journaliste professionnel d’adopter une attitude de prudence vis-à-vis de
ces sources d’informer en leur appliquant les règles traditionnelles de
recoupement des sources d’information. Le journaliste doit, de ce fait, savoir
chercher l’information sur Internet par l’acquisition d’un minimum de savoir sur
l’exploitation des moteurs de recherche, ce qui lui permettra de pouvoir ‘’séparer
le bon grain de l’ivraie’’.
52

Paragraphe II : La gestion des sources d’information

Le journaliste, pour donner l’information juste aux populations, a besoin


souvent de renseignements de la part de personnes-ressources, ou de la
documentation pour recouper l’information reçue. Cependant, l’accès à ces
sources n’est pas toujours aisé pour le journaliste. Le journaliste doit savoir
accéder et gérer les sources d’information.

L’accès aux sources d’information pour le journaliste constitue la pierre


angulaire de son travail de collecte de l’information. Il est de ce fait important
pour le journaliste de savoir gérer durablement ses sources. Henry H. SCHULTE
et Marcel P. DUFRESNE dans leur ouvrage ‘’Pratique du journalisme’’
proposent aux praticiens du journalisme des pistes pour trouver des sources
d’information fiables et l’exploitation de la documentation et des archives
publiques. Pour ces auteurs, les relations entre le journaliste et ses sources doivent
être exemptes de favoritisme, de manipulation et de violation de la vie privée. La
gestion de ses relations avec ses sources, détermine très souvent la qualité et la
fiabilité de l’information que le journaliste obtient. La vérification des
informations par le journaliste avant la publication est une obligation pour le
journaliste. Bill KOVACH et Tom ROSENTIEL dans leur ouvrage intitulé
« Principes du journalisme : ce que les journalistes doivent savoir, ce que le
public doit exiger », soutiennent que l’un des principes du journalisme est
l’obligation de vérifier les informations données par la source. Pour ceux, les
journalistes doivent être indépendants vis-à-vis des sources. Selon ces mêmes
auteurs, si le journaliste veut établir la confiance entre lui et son public, il doit
citer les sources dans le traitement de l’information. Les auteurs soutiennent
également que le journaliste a une obligation de franchise envers ces sources.
53

Chapitre II : L’accès à l’information judiciaire

« La recherche de la matière première informative ou encore matériaux


bruts informatifs, est une recherche de sources d’information », selon Noèl DAH,
enseignant en techniques rédactionnelles à l’Institut des sciences et techniques de
l’information et de la communication (l’ISTIC). Dans cette partie, nous allons
aborder la collecte de l’information judiciaire (section I) et les limites au droit
d’accès à l’information dans le domaine judiciaire (section II).

Section I : La collecte de l’information judiciaire

Les sources d’information dans le domaine judiciaire peuvent être de


plusieurs types. Il s’agit des sources physiques d’information judiciaire et des
sources documentaires et des sources électroniques.

Paragraphe I : L’information judiciaire de sources physiques

Pour traiter de l’information judiciaire, le journaliste doit accéder aux


sources. Les sources physiques d’information judiciaire s’entendent des
personnes dans l’administration judiciaire ou non qui détiennent l’information
concernant le domaine de la justice.

Dans le souci de promouvoir le rapprochement de l’institution judiciaire


au justiciable, le législateur a prévu la publicité des décisions de justice. Selon
l’article 5 de la loi 10-93/ADP portant organisation judiciaire au Burkina Faso,
« Les audiences de toutes les juridictions sont publiques, à moins que la publicité
ne soit dangereuse pour l’ordre public ou les bonnes mœurs ou interdite par la
loi ; dans ce cas, la juridiction intéressée ordonne le huis clos ». En plus de cette
54

publicité, la loi 051-2015/CNT organise l’accès à l’information publique et aux


documents administratifs.

Le journaliste en tant que citoyen peut accéder aux audiences. Il peut aussi
y accéder en sa qualité de journaliste en vertu des dispositions des lois sur la
presse. Dans ce cas, le journaliste peut faire l’observation directe, recueillir des
informations et se faire une idée de l’évènement.

Mais le journaliste peut aussi recueillir les informations auprès des acteurs de
la justice. Selon Baudoin PODA, juge au Tribunal du travail de Ouagadougou,
« les acteurs de la chaîne judiciaire se composent du personnel judiciaire (juges,
greffiers, procureurs et substituts du procureur…), des auxiliaires de justice
(avocats, huissiers de justice) et des collaborateurs de la justice (officiers de
police judiciaires, personnel de la sécurité pénitentiaire…) »39. Ces acteurs sont
des sources physiques d’information pour le journaliste en quête d’informations
judiciaires. Il s’agit de :

 des juges du tribunal ou de la cour : ces représentants sont le président du


tribunal ou de la cour, les juges qui siègent au tribunal ou à la cour. Ils ont
directement accès aux différentes informations concernant la justice et les
dossiers judiciaires. A ce titre, elles peuvent renseigner le journaliste dans
le cadre des lois et des règlements. Mais ces personnes sont peu bavardes
et le journaliste doit jouir d’une grande crédibilité pour espérer avoir
l’information avec ces sources.
 de personnel du greffe : le greffier fait partie du personnel de justice. C'est-
à-dire un fonctionnaire dont le rôle est entre autres, tenir le registre du
tribunal, faire prêter serment aux témoins et membres du jury. Il est aussi
le gardien du sceau destiné à authentifier les actes judiciaires émanant du
tribunal ou de la cour (jugements, ordonnances, injonctions). A ce titre, il

39
Extrait de l’entretient avec Baudoin PODA, le 22 janvier 2018
55

est la mémoire de la justice. Il constitue une mine d’informations pour le


journaliste.
 des procureurs et substituts du procureur : ils sont des magistrats chargés
de défendre les intérêts de la société et l’application de la loi. A ce titre, ce
sont généralement des personnes qui communiquent sur les dossiers
pendants. Ils sont considérés comme les chargés de communication de la
justice. Selon le premier président de la Cour d’appel de Ouagadougou,
« c’est le parquet qui communique sur les dossiers ». Elles sont des sources
intéressantes pour le journaliste.
 des auxiliaires de justice : les avocats sont les conseils, les mandataires et
les défenseurs des plaideurs. De ce fait ils ont accès aux dossiers en justice.
En tant que spécialiste du droit également, l’avocat peut renseigner et
éclairer les journalistes sur les informations judiciaires. Du fait de la nature
libérale de leur fonction, ils sont beaucoup plus enclins à communiquer
avec la presse en principe. Il suffit au journaliste d’être professionnel pour
bénéficier de la confiance de ces acteurs. Ces acteurs constituent des
sources d’information importantes pour les journalistes. Il y a aussi les
huissiers de justice. L’huissier de justice est un officier ministériel chargé
de signifier les actes de procédure et les décisions de justice, d’assurer leurs
exécutions et de procéder à des constats. C’est un libéral mais en tant que
spécialiste et praticien du droit, il peut renseigner et éclairer le journaliste
dans la recherche ou le traitement de l’information judiciaire. Le Notaire
est également un auxiliaire de juste qui peut éclairer le journaliste.
 des collaborateurs de la justice : il s’agit des officiers de police judiciaire,
des agents de police judiciaire et du personnel pénitentiaire. Ces acteurs
collaborent avec le personnel judiciaire pour une bonne administration de
la justice. De ce fait, ils détiennent des informations sur certains dossiers.
Cependant, ce sont des sources qui parlent peu.
56

 du ministère de la Justice : dans le principe de l’indépendance de la justice,


le ministère en charge de la Justice ne peut normalement communiquer sur
des dossiers en justice. Cependant, les représentants du ministère de la
Justice (direction de la communication et de la presse ministérielle) peuvent
donner des informations sur l’organisation, le fonctionnement en lien avec
l’institution judiciaire. Ils peuvent également guider et renseigner le
journaliste.

Paragraphe II: L’information judiciaire de sources documentaires

Les archives de la justice constituent une mine d’or pour le journaliste dans
le cadre de la collecte de l’information judiciaire. Il s’agit des différents types de
documents sur l’organisation, le fonctionnement de l’administration judiciaire ou
des décisions de justice et autres actes détenus par les acteurs de la justice. Il s’agit
aussi de tous les documents administratifs tels que définis par les articles 44 et 45
de la loi 051-2015/CNT portant accès à l’information publique et aux documents
administratifs. Il s’agit : de tous les dossiers, les rapports, les croquis, les plans,
les schémas, les études, les documents d’orientation ou de politiques publiques,
les comptes rendus, les procès-verbaux, les statistiques, les directives, les
instructions, les circulaires, les notes de service et réponses ministérielles qui
comportent une interprétation du droit ou une description des procédures
administratives, les avis, les prévisions et les décisions. Sont aussi concernés, les
documents administratifs et les informations publiques nominatifs à la demande
des concernés, sans que des motifs de refus tirés du secret de la vie privée, du
secret médical ou du secret en matière commerciale et industrielle, portant
exclusivement sur des faits qui leur sont personnels, puissent leur être opposées.
A ces documents, nous pouvons ajouter les décisions de justice comme les
jugements, les ordonnances, les arrêts, les injonctions.
57

Paragraphe III: L’information judiciaire de sources électroniques

Dans la recherche de l’information judiciaire, le journaliste peut consulter


les sources électroniques. Il s’agit des sites web du ministère de la Justice et de la
Promotion civique, des sites web spécialisés sur les questions de droit comme
legiburkina.bf. Selon le président de l’Association des journalistes du Burkina
(AJB), Guezouma SANOGO, « Les documents judiciaires sont sur le net, il suffit
d’aller chercher. Mais il faut dire que ce qui intéresse le journaliste, c’est
l’information brûlante. Il y a eu un crime tout de suite, chacun veut avoir
l’information. Les juges ont aussi des contraintes telles que l’instruction alors
que les journalistes ont aussi leurs contraintes. Il y a eu un coup d’Etat, le citoyen
se pose des questions et le journaliste est là pour lui apporter cette information ».

Sections II : Les difficultés liées à l’accès aux informations


judiciaires

Si la loi permet l’accès aux informations et aux documents administratifs


dans le domaine de la justice, certains facteurs entravent son efficacité.

Paragraphe I : L’accès à l’information judiciaire et le secret de


l’instruction

Le lexique des termes juridiques définit le secret de l’instruction comme


« un principe au terme duquel, sauf les cas où la loi en dispose autrement, les
procédures d’instruction et d’enquêtes sont secrètes pour les personnes qui y
concourent ». Le secret de l’instruction s’impose à toute personne appelée à
prêter son concours professionnel à l’instruction. Celui qui viole ce secret est puni
des peines prévues par la loi. Les personnes visées par le secret de l’instruction
58

sont les juges, les membres du parquet, les enquêteurs, les greffiers, et toutes les
personnes employées à leurs services. Le prévenu ou les tiers, notamment les
parties civiles, les journalistes ne sont pas tenus par le secret de l’instruction

Le secret de l’instruction, qui protège toutes les informations liées à une


enquête en cours, empêche les journalistes d’accéder de manière officielle aux
documents d’un dossier judiciaire, et les oblige à dépendre entièrement de leurs
sources. Cette situation entraîne un relatif manque d’accès à l’information. Aux
Etats-Unis par exemple le ‘’Freedom of Information Act’’ (loi sur la liberté
d’information) oblige les agences fédérales à transmettre tout document officiel à
quiconque en fait la demande. Ce qui constitue une avancée notable pour l’accès
des journalistes aux informations judiciaires. Au Burkina Faso, l’article 35 de la
loi 051-2015/CNT dispose que les dossiers d’instruction judiciaire ne peuvent être
communiqués qu’après vingt ans à compter de la date de clôture du dossier. Cette
disposition est une entrave au droit d’accès à l’information publique. D’ailleurs,
la majorité des acteurs de la chaîne judiciaire enquêtés évoque le secret de
l’instruction pour refuser l’accès à l’information aux journalistes. Pour Jean-Paul
Toe, directeur de l’observatoire des médias au CSC, « le secret de l’instruction
est en principe une limite au droit d’accès à l’information prévue par la loi.
Cependant, il ne doit pas être interpréter de manière large au point de refuser la
communication d’une information ou d’un document qui n’a pas de lien avec
l’instruction ».

Paragraphe II : Les mauvaises pratiques administratives

Les mauvaises pratiques administratives sont une entrave au droit d’accès à


l’information. Ces pratiques sont de plusieurs ordres.

 Méconnaissance des textes par les organismes de service public. Cette


méconnaissance constitue une entrave à l’accès des citoyens et des
59

journalistes aux informations publiques. C’est le cas de la loi sur le droit


d’accès à l’information publique qui, jusqu’à présent, n’est pas bien connu
par les différents acteurs.
 Le mauvais archivage des documents admiratifs. En effet, le manque de
moyens ou de projection n’a pas permis à nos administrations publiques de
développer une politique d’archivage des documents. La justice n’échappe
pas à cette règle. Si des avancées sont constatées ces dernières années pour
archiver les documents, le service de documentation ou d’archivage est
inexistant dans certains organismes publics.
 La culture du tout secret par les agents de l’administration judiciaire. La
justice est un domaine sensible. Cet état de fait amène très souvent les
acteurs de la justice à se cacher derrière le secret professionnel pour ne pas
donner certaines informations. A cela, il faut ajouter les pratiques au niveau
de l’administration judiciaire qui conditionnent souvent l’accès à certaines
personnes ou informations par la rédaction d’une demande timbrée.

Paragraphe III : Les insuffisances des textes sur l’accès à


l’information

Si l’arsenal juridique pour l’accès à l’information en général et à l’information


judiciaire existe, l’effectivité de ce droit est mise à rude épreuve. Au nombre des
difficultés, il y a l’effectivité de la mise en œuvre de la loi 051-2015/CNT portant
accès à l’information publique et aux documents administratifs au Burkina Faso.
Le défaut est la mise en place effective de certaines structures de régulation du
droit d’accès à l’information, notamment l’Autorité nationale d’accès à
l’information publique (ANAIP). Cela constitue un handicap majeur à la
réalisation du droit d’accès à l’information.
60

La lourdeur des procédures d’accès aux documents administratifs et aux


sources d’informations judiciaires est aussi une entrave au droit d’accès à
l’information. La loi 051-2015/CNT fait de la demande d’accès à l’information
un principe et la divulgation automatique une exception, toute chose qui n’est pas
favorable à l’accès aux informations.

Ces difficultés constituent parfois de véritables obstacles à la promotion de la


transparence et de la justice.

Il se pose dès lors la question de savoir si l’accès à l’accès à l’information est


effectif dans les organismes de service public comme la justice.
61

TROISIEME PARTIE :
COLLECTE, PRESENTATION ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
62

Chapitre I : Collecte et interprétation des résultats

Cette partie de notre travail est consacrée à la présentation des résultats


(section I) et à leur analyse (section II).

Section I : Collecte et présentation des résultats

Notre enquête s’est menée auprès des acteurs de la chaîne de justice, des
journalistes et du public des médias. Les résultats sont présentés sous forme de
tableaux ou de graphiques et repartis en trois (03) groupes :

 le groupe des journalistes ;


 le groupe des acteurs de la chaîne judiciaire ;
 le groupe du public des médias.

Paragraphe 1 : Présentation des résultats de l’enquête auprès des


journalistes

Tableau I : expérience professionnelle des enquêtés (journalistes)

Expérience professionnelle Nombre Fréquence


Moins de 10 ans 70 70,00%
De 10 à 20 ans 26 26,00%
20 ans et plus 4 4,00%
Total 100 100%
Sources : enquête-terrain janvier 2018

Sur un total de cent (100) enquêtés, soixante-dix (70) journalistes ont moins
de dix (10) ans de service, vingt-six (26) ont entre dix (10) et vingt (20) ans de
service et quatre (04) journalistes ont plus de vingt (20) ans de service.
63

Graphique I: proportion des journalistes ayant déjà réalisé une


production journalistique dans le domaine de la justice

Sources : enquête-terrain janvier 2018

S’agissant des productions journalistiques, quatre-vingt-deux (82) journalistes


sur cent (100) enquêtés déclarent avoir déjà réalisé au moins une production
journalistique dans le domaine de la justice. Par contre, dix-huit (18) journalistes
disent n’avoir jamais réalisés de production journalistique dans le domaine de la
justice.

Graphique II : genres journalistiques utilisés par les journalistes


64

NB : Il s’agit d’une question à choix multiples. Sur les cent enquêtés (100),
certains ont coché plus d’une réponse. Chaque portion du graphique représente le
nombre de réponses données par les cent (100) enquêtés.

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Six (6) genres journalistiques ont été soumis aux enquêtés. Soixante-dix
(70) enquêtés ont déjà réalisé au moins un compte-rendu dans le domaine de la
justice, soixante-quatre (64) journalistes ont déjà réalisé au moins un reportage
dans le domaine de la justice. Quatorze (14) journalistes ont, quant à eux, déjà
réalisé au moins une enquête judiciaire contre sept (7) qui produisent des
chroniques judiciaires. Enfin, quatorze (14) journalistes produisent au moins des
dossiers contre trois (3) qui réalisent au moins des magazines.

Graphique III : connaissances des journalistes en Droit

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Sur les cent (100) journalistes enquêtés, soixante (60) ont déclaré n’avoir pas
des connaissances en Droit contre 39 journalistes qui ont des notions de Droit.
Une (01) personne est sans avis sur la question.
65

Graphique IV : opinion des journalistes sur l’accessibilité des


sources d’information en justice (acteurs de la chaîne judiciaire)

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Sur la facilité d’accès aux acteurs de la chaîne judiciaire pour recueillir


l’information, quarante (40) enquêtés sur cent (100) disent que les sources
d’information sont difficiles d’accès. Trente-six (36) pensent que les acteurs sont
souvent faciles d’accès, quinze (15) personnes pensent que les acteurs de la
justice ne sont pas accessibles contre trois (3) enquêtés qui disent que les acteurs
de la chaine judiciaire sont faciles d’accès. Six enquêtés disent ne pas avoir un
avis sur la question.

Tableau II : rapports entre les journalistes et les acteurs de la


chaîne judiciaire selon les journalistes

Nombre de réponses
Rapports entre journalistes et acteurs de la justice
des enquêtés
Sans réponse 07
Rapport de travail 84
Rapport d’amitié 25
Rapport de parenté 06
Total 100

NB : Il s’agit d’une question à choix multiple. Certains enquêtés ont déclaré


entretenir au moins deux types de rapport avec les acteurs de la chaîne judiciaire

Sources : enquête-terrain janvier 2018


66

Quatre-vingt-quatre (84) journalistes enquêtés affirment entretenir au


moins des rapports de travail avec les acteurs de la chaine judiciaire. Vingt-cinq
(25) enquêtés disent avoir au moins des rapports d’amitiés avec les acteurs de la
chaine judiciaire, alors que six (6) entretiennent au moins des rapports de parenté
avec ces derniers. Sept (7) journalistes n’ont aucun avis sur la question.

Graphique V : recoupement de l’information par les journalistes

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Dans la collecte de l’information judiciaire, cinquante-neuf (59) enquêtés


affirment vérifier l’information reçue des sources judiciaires plus de deux fois
avant la publication. Vingt-trois (23) disent recouper l’information deux fois et
neuf (9) affirment qu’une seule source leur suffit pour publier une information
judiciaire. Neuf (9) autres n’ont pas d’avis sur la question.
67

Graphique VI : opinion des journalistes sur la rétention de


l’information par les acteurs de la chaîne judiciaire

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Quatre-vingt-huit pour cent (88%) des enquêtés affirment que les acteurs
de la chaîne judiciaire font la rétention de l’information. Huit pour cent (8%) sont
sans opinion et quatre pour cent (4%) affirment que les acteurs de la chaîne
judiciaire ne retiennent pas l’information.
68

Graphique VII : motif de la rétention selon les journalistes

NB : il s’agit d’une question à choix multiples. Certains enquêtés ont répondu


plus d’une fois. Chaque portion du graphique représente le nombre de réponse des
cent (100) enquêtés.

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Selon les motifs de rétention de l’information, cinquante-six (56) enquêtés


sur cent (100) affirment que la rétention de l’information par les acteurs de la
chaine judiciaire est due aux conséquences que ces derniers disent craindre.
Trente-neuf (39) sur cent (100) disent que le motif invoqué par les acteurs de la
justice pour retenir l’information est qu’ils n’ont pas l’autorisation de le faire.
Vingt-trois (23) journalistes sur cent évoquent le manque de confiance des acteurs
de la justice vis-à-vis d’eux. Vingt et un (21) enquêtés affirment que les acteurs
de la justice disent qu’elles ne sont pas indiquées pour fournir l’information aux
journalistes. Douze (12) journalistes sont sans opinion sur la question et trois (3)
enquêtés affirment que les acteurs de la chaîne judiciaire retiennent l’information
sans aucun motif.
69

Paragraphe II : Présentation des résultats de l’enquête auprès des


acteurs de la chaîne judiciaire

Tableau III : fonction des enquêtés (acteurs de la justice)

Fonction Nombre Fréquence

Juges 10 10%
Substituts du procureur 10 10%

Greffiers 10 10%
Auxiliaires de justice 10 10%

Collaborateurs de justice 10 10%


Agents du ministère de 10 10%
la justice
Total 60 100%
Sources : enquête-terrain janvier 2018

Sur soixante (60) acteurs de la chaîne judiciaire enquêtés, dix (10 ) juges,
dix (10) substituts du procureur, neuf (09 ) greffiers, dix (10 ) auxiliaires de
justice, dix (10 ) collaborateurs de la justice et dix (10 ) agents du ministère en
charge de la Justice ont été pris en compte.
70

Graphique VIII : rôle des médias dans la promotion de la justice


selon les acteurs de la chaîne judiciaire

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Vingt-huit (28) acteurs de la chaîne judiciaire enquêtés sur soixante (60)


estiment que les médias jouent un rôle important dans la promotion de la justice.
Par contre, dix-sept (17) pensent que le rôle des médias dans la promotion de la
justice est peu important. Quinze (15) des enquêtés jugent très important le rôle
que joue les médias dans la promotion de la justice.

Tableau IV : rapports des acteurs de la justice avec les


journalistes (selon les acteurs de la justice)

Nature des rapports Nombre Fréquence


Confiance 17 28,30%
Méfiance 34 56,70%
Indifférent 09 15,00%
Total 60 100%
Sources : enquête-terrain janvier 2018
71

Trente-quatre (34) acteurs de la chaîne judiciaire enquêtés sur soixante (60)


disent avoir des rapports de méfiance avec les journalistes. Dix-sept (17) enquêtés
affirment avoir des rapports de confiance avec les journalistes contre neuf (9)
enquêtés qui disent être indifférents.

Graphique IX : opinion des acteurs de la justice sur les


productions des journalistes en rapport avec des questions de
justice

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Quarante-deux (42) acteurs de la justice enquêtés sur soixante (60) jugent


les productions journalistiques en rapport avec les questions de justice passables,
alors que seize (16) enquêtés estiment les productions journalistiques bien. Deux
(2) enquêtés par contre estiment que les productions journalistiques sont
mauvaises.
72

Graphique X : opinion des acteurs de la justice sur la restitution


de l’information reçue par les journalistes

Sources : enquête-terrain janvier 2018

Les acteurs de la chaîne judiciaire ont l’opinion suivante sur la restitution


de l’information par les journalistes lorsqu’ils viennent collecter l’information :
Quarante-huit (48) enquêtés sur soixante (60) pensent que les journalistes
restituent souvent ce qu’ils ont reçu comme information. Six (6) enquêtés pensent
que les journalistes restituent bien les informations qu’ils reçoivent des acteurs de
la justice alors que six (6) enquêtés estiment que les journalistes ne restituent pas
exactement l’information que la source leur livre.

Graphique XI: crédibilité des journalistes selon les acteurs de la


chaine de justice

Sources : enquête-terrain janvier 2018


73

L’enquête sur la crédibilité des journalistes aux yeux des acteurs de la


chaîne judiciaire a donné les résultats suivants : quarante-cinq (45) enquêtés sur
soixante (60) estiment que la crédibilité des journalistes est insuffisante. Les
journalistes jouissent d’une crédibilité acceptable auprès de huit (8) enquêtés et
d’une bonne crédibilité auprès de sept (7) enquêtés.

Graphique XII : confiance des acteurs de la justice selon le type de


média

NB : il s’agit d’une question à choix multiples. Certains enquêtés ont


déclaré avoir confiance en au moins deux types de média.
Sources : enquête-terrain janvier 2018
Selon le type de média, les acteurs de la chaîne judiciaire sont plus ou moins
confiants. Trente-huit (38) enquêtés sur soixante (60) font confiance à la presse
écrite, trente-cinq (35) acteurs de la justice estiment que la télévision est digne de
confiance contre dix-huit (18) enquêtés qui disent faire confiance à la radio. Sept
(7) enquêtés font confiance à la presse en ligne tandis que trois (03) personnes
disent n’avoir pas de choix.
74

Graphique XIII : confiance des acteurs de la justice selon le statut


du média

er

Sources : enquête-terrain janvier 2018

En fonction du statut du média d’appartenance du journaliste, vingt (20)


enquêtés sur soixante (60) font confiance aux médias de statut privé. Vingt (20)
enquêtés sont indifférents alors que douze (12) personnes font confiance aux
médias de statut public. Huit (8) enquêtés estiment que les médias étrangers sont
dignes de confiance.
75

Graphique XIV : opinion des acteurs de la chaîne judiciaire sur


la maîtrise des sujets en rapport avec la justice traités par les
journalistes

Sources : enquête-terrain janvier 2018


Cinquante-quatre (54) enquêtés sur soixante (60) estiment que les
journalistes ne maîtrisent pas les sujets en rapport avec la justice qu’ils traitent
contre six (6) qui pensent que les journalistes maîtrisent lesdits sujets.
76

Paragraphe III : Présentation des résultats de l’enquête auprès du


public des médias

Tableau V : caractéristique des enquêtés (public des médias)

Sexe Nombre Fréquence


Homme 60 60,00%
Femme 40 60,00%
Total 100 100%
Sources : enquête-terrain janvier 2018
L’enquête auprès du public des médias a concerné cent (100) personnes
dont soixante (60) hommes et quarante (40) femmes.

Graphique XV : nombre d’enquêtés s’intéressant aux


informations judiciaires

Sources : enquête-terrain janvier 2018


77

Quatre-vingt-neuf (89) personnes sur cent (100) enquêtés déclarent


s’intéresser aux informations judiciaires contre onze (11) qui disent n’avoir
aucun intérêt pour les informations judiciaires.

Graphique XVI: opinion du public sur la qualité des productions


journalistiques dans le domaine de la justice

es

Sources : enquête-terrain janvier 2018


Quarante-trois (43) personnes sur cent (100) enquêtés pensent que les
productions des journalistes sur la justice sont passables tandis que vingt-neuf (29)
jugent ces productions insuffisantes. Vingt enquêtés les qualifient d’assez-bonnes
contre six (06) qui sont sans avis. Deux (2) enquêtés jugent les productions
bonnes.
78

Section II : Analyse des résultats et vérification des hypothèses

Après avoir présenté les résultats de notre enquête, nous allons donner notre
lecture de ces résultats. A base de cette analyse, nous dirons si nos hypothèses de
départ sont confirmées ou infirmées.

Les résultats de l’enquête auprès des journalistes, des acteurs de la chaine


judiciaire et du public montrent que tous les acteurs s’accordent sur la sensibilité
de la justice où il y a un besoin de protection de la vie privée des justiciables et
de la réserve nécessaire pour l’aboutissement de certains dossiers (secret de
l’instruction). Ces différents acteurs accordent aussi une importance aux
informations concernant le domaine de la justice et pensent que les médias jouent
un rôle important dans la promotion de la justice. D’ailleurs, Vingt-huit (28)
acteurs de la chaine judiciaire sur soixante (60) enquêtés estiment que les médias
jouent un rôle important dans la promotion de la justice et quinze (15) enquêtés
jugent très important le rôle que joue les médias dans la promotion de la justice.

 La rétention de l’information par les acteurs de la chaîne


judiciaire : une atteinte au droit à l’information

Le tableau II du paragraphe I nous renseigne sur les relations que les


journalistes disent entretenir avec les acteurs de la chaîne judiciaire. Ainsi, quatre-
vingt-quatre (84) journalistes enquêtés affirment entretenir des rapports de travail
avec les acteurs de la chaîne judiciaire. Vingt-cinq (25) enquêtés disent avoir des
rapports d’amitié avec les acteurs de la chaine judiciaire. Alors que pour accéder
à l’information, le journaliste doit entretenir de bons rapports avec ses sources et
avoir un bon carnet d’adresses.

N’ayant pas d’autres rapports que ceux liés au travail, les journalistes
estiment que les acteurs de la chaîne judiciaire font de la rétention de
79

l’information. Quatre-vingt-huit pour cent (88%) des enquêtés affirment que les
acteurs de la chaîne judiciaire font de la rétention de l’information. Seulement
quatre pour cent (4%) affirment que les acteurs de la chaîne judiciaire ne
retiennent pas l’information. Nous pouvons déduire que ceux qui ont accès à
l’information sont ceux qui entretiennent de bons rapports en plus de ceux liés au
travail avec les acteurs de la justice. D’ailleurs, trente-quatre (34) acteurs de la
chaîne judiciaire enquêtés sur soixante (60) disent avoir des rapports de méfiance
avec les journalistes. Seulement dix-sept (17) enquêtés affirment avoir des
rapports de confiance avec les journalistes. Selon les journalistes, les acteurs de
la chaîne judiciaire évoquent plusieurs motifs pour retenir l’information. Le
graphique VII du paragraphe I montre que cinquante-six (56) enquêtés sur cent
(100) affirment que la rétention de l’information par les acteurs de la chaîne
judiciaire est due aux conséquences de l’exploitation faite par les journalistes que
ces derniers disent craindre. Trente-neuf enquêtés (39) disent que le motif évoqué
par les acteurs de la justice pour retenir l’information est qu’ils n’ont pas
l’autorisation de le faire. Vingt-trois (23) journalistes évoquent le manque de
confiance des acteurs de la justice vis-à-vis d’eux. Vingt et un (21) enquêtés
affirment que les acteurs de la justice disent qu’ils ne sont pas les personnes
indiquées pour fournir l’information aux journalistes.

La synthèse des différents tableaux montre que quatre-vingt-huit journalistes sur


cent (100) enquêtés pensent que les acteurs de la justice font de la rétention de
l’information. La majorité des acteurs de la chaîne judiciaire soit trente-quatre
(34) sur soixante (60) affirment effectivement qu’ils sont méfiants vis-à-vis des
journalistes. Cette situation de méfiance peut amener les acteurs de la justice à
retenir l’information demandée par le journaliste. Le témoignage de Yirmalè
Fréderic SOME, directeur général de la radio WATT FM est éloquent. «Pour
avoir des informations sur le responsable des scellés en justice, j’ai envoyé une
correspondance au président du tribunal de grande instance de Ouagadougou
80

depuis 2016 et jusqu’à ce jour (24 janvier 2018), je n’ai pas encore de
réponse »40. Ce silence peut être interprété comme un refus ou une rétention de
l’information de la part de l’administration judiciaire. Au-delà du silence, les
acteurs de la chaîne judiciaire évoquent d’autres motifs pour retenir l’information.
Il s’agit du secret de l’instruction. Selon le substitut du procureur, Arouna
YODA, « les informations en lien avec le secret de l’instruction ou dont la
publication peut entraver une enquête en cours, ou encore les informations à
caractère personnel ne peuvent pas être données aux journalistes ou au
public »41.

La synthèse de ces affirmations combinée avec les résultats cités plus haut
confirment notre hypothèse selon laquelle les acteurs de la chaine judiciaire
font de la rétention de l’information. Cette rétention a un impact négatif sur
le travail du journaliste. En effet, celui-ci n’ayant pas accès à l’information
éprouve du mal à recouper l’information reçue.

 La crédibilité et la confiance envers les journalistes dans le


traitement de l’information judiciaire

Les difficultés que rencontrent les journalistes dans la collecte de


l’information judiciaire peuvent être liées à la crédibilité ou au déficit de
confiance envers ces derniers. Le tableau I du paragraphe I montre que la majorité
des journalistes enquêtés ont une expérience professionnelle relativement faible.
Sur un total de cent (100) enquêtés, soixante-dix (70) journalistes ont moins de
dix (10) ans de service.
Le graphique XI donne l’opinion des acteurs de la chaîne judiciaire sur la
crédibilité envers les journalistes. Quarante-cinq (45) enquêtés sur soixante (60)

40
Extrait de l’interview réalisé avec Yirmalè Frédéric SOME, le 24 janvier 2018
41
Extrait de l’interview réalisée avec le substitut du procureur du Faso, Arouna YODA, le 22 janvier 2018.
81

estiment que la crédibilité des journalistes est insuffisante. Les journalistes


jouissent seulement d’une crédibilité acceptable auprès de huit (8) enquêtés et
d’une bonne crédibilité auprès de sept (7) enquêtés. Selon le type ou le statut du
média du journaliste, les acteurs de la justice font plus ou moins confiance à celui-
ci. Trente-huit (38) enquêtés sur soixante (60) ont confiance en la presse écrite,
trente-cinq (35) acteurs de la justice estiment que la télévision est digne de
confiance contre dix-huit (18) enquêtés qui disent faire confiance à la radio. Sept
(07) enquêtés font confiance à la presse en ligne, selon les résultats du graphique
XII. Le graphique XIII montre que vingt (20) enquêtés sur soixante (60) font
confiance aux journalistes du privé contre douze (12) personnes qui estiment que
les journalistes du public sont dignes de confiance.

Pourtant, l’enquête auprès des journalistes démontre que ceux-ci utilisent


les genres journalistiques les plus faciles. Le graphique II montre que les comptes
rendus journalistiques et le reportage sont les genres les plus pratiqués par les
journalistes dans le domaine de la justice. Le graphique V montre également que
les journalistes recoupent l’information avant de la publier. Cinquante-neuf (59)
enquêtés affirment vérifier l’information reçues des sources judiciaires plus de
deux fois avant la publication et vingt-trois (23) disent recouper l’information
deux fois. Selon l’éthique et la déontologie du métier de journaliste, l’information
est crédible si elle est recoupée pour en vérifier l’exactitude. Pourquoi donc ce
manque de crédibilité et de confiance à l’égard des journalistes dans le traitement
de l’information judiciaire ? D’ailleurs, les résultat du graphique IX qui montrent
l’opinion des acteurs de la justice sur la qualité des productions journalistiques en
rapport avec la justice contredisent les affirmations du graphique XI sur la
crédibilité des jopurnalistes. Selon l’enquête, quarante-deux (42) acteurs de la
justice sur soixante (60) jugent les productions journalistiques en rapport avec les
questions de justice passables et seize (16) enquêtés estiment les productions
journalistiques biens. Seulement deux (2) enquêtés ont jugé que les productions
82

journalistiques sont mauvaises. Cela signifie que les productions en rapport avec
la justice sont acceptables du point de vue professionnel. Le graphique X montre
également l’avis des acteurs de la justice sur la restitution de l’information par les
journalistes. Quarante-huit (48) enquêtés sur soixante pensent que les journalistes
restituent souvent ce qu’ils ont reçu comme information. Six (6) enquêtés pensent
que les journalistes restituent bien les informations qu’ils reçoivent des acteurs de
la justice. Seuls six (6) enquêtés estiment que les journalistes ne restituent pas
exactement l’information que la source leur livre. L’analyse du graphique XVI
montre également que le public apprécie les productions des journalistes sur la
justice. Quarante-trois (43) personnes sur cent (100) enquêtés pensent que les
productions des journalistes sur la justice sont passables. Vingt (20) enquêtés les
qualifient d’assez bonnes et deux enquêtés jugent les productions bonnes. Le
président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), Guezouma
SANOGO pense que les journalistes sont assez responsables pour savoir ce qu’ils
doivent publier. Pour lui, « L’éternel débat est la responsabilité des journalistes.
Qu’est-ce qu’on fait des informations qu’on nous donne. Mais nos interlocuteurs
(acteurs de la justice) doivent comprendre que le journaliste doit toucher la partie
sensible de l’information quitte à ce qu’il sache quoi diffuser. Dans tous les cas
il y a des institutions qui existent pour recadrer les journalistes et il y a aussi la
loi qui est là. Mais quand on donne l’information au journaliste, il doit savoir les
limites qui sont fixées par la législation et la déontologie du métier. En tout état
de cause il doit avoir à l’esprit que ces agissements peuvent porter grief aux
autres »42. L’avocat à la Cour et ancien ministre en charge de la jeunesse, Salifou
DEMBELE, soutient que certains journalistes manquent de professionnalisme
dans le traitement de l’information43. Le président de la Cour d’appel de

42
Extrait de l’entretien avec Guezouma SANOGO, le 22 janvier 2018
43
Extrait de l’entretien avec Salifou DEMBELE, le 29 janvier 2018
83

Ouagadougou est du même avis. «Certains journalistes ne prennent pas le soin


de vérifier et de recouper les informations qu’ils publient »44, a-t-il soutenu.

Des résultats de l’enquête auprès des journalistes et des acteurs de la


chaîne judiciaire, mais aussi des déclarations des acteurs de la chaîne
judiciaire et des organisations professionnelles des médias, nous posons le
diagnostic suivant : pourquoi malgré le recoupement de l’information par les
journalistes, ils ne sont pas crédibles aux yeux des acteurs de la chaîne
judiciaire ? Pourquoi y a-t-il un déficit de confiance des acteurs de la chaîne
judiciaire à l’égard les journalistes? Cela est-il dû à la jeunesse des
journalistes ? En effet, le tableau I montre que soixante (70) journalistes sur
les cent (100) enquêtés ont moins de dix (10) ans d’expérience professionnelle.
Si l’avis des acteurs de la chaîne judiciaire corrobore notre hypothèse
secondaire selon laquelle les journalistes manquent de crédibilité aux yeux
des acteurs de la chaîne judiciaire, cet avis est battu en brèche par les
affirmations des journalistes sur leurs pratiques professionnelles, mais
également l’opinion des acteurs de la chaîne judiciaire eux-mêmes et du
public des médias sur la qualité des productions journalistiques en rapport
avec la justice. Sur la question de la confiance envers les journalistes, dix-
sept enquêtés (17) sur soixante acteurs de la chaîne judiciaire font confiance
aux journalistes contre trente-quatre (34) qui sont méfiants vis-à-vis des
journalistes. Nous pouvons conclure que la confiance est la cause des
difficultés que rencontrent les journalistes dans leurs rapports avec les
acteurs de la justice et non le manque de crédibilité de ces derniers.

44
Extrait des propos du président de la cour d’Appel de Ouagadougou dans le questionnaire administré le 24
janvier 2018
84

 La spécialisation des journalistes : une solution à l’accès des


journalistes aux informations judiciaires

La question de la spécialisation des journalistes est d’actualité. Elle est le


gage d’une bonne pratique professionnelle dans un domaine aussi sensible et
important comme la justice. Les résultats du graphique II donnent les genres
journalistiques réalisés par les enquêtés. Seulement sept (7) journalistes sur cent
(100) produisent des chroniques judiciaires. Quatorze (14) journalistes produisent
des dossiers contre trois (3) qui réalisent des magazines. L’interprétation de ces
chiffres nous fait dire que les journalistes ne sont pas suffisamment spécialisés
pour traiter des questions du domaine de la justice. Le graphique III confirme
cette idée. En effet, sur les cent (100) journalistes enquêtés, soixante (60) ont
déclaré n’avoir pas des connaissances en Droit contre trente-neuf (39) journalistes
qui ont des notions de Droit. Le graphique XIV donne l’opinion des acteurs de la
chaîne judiciaire sur la maîtrise des sujets par les journalistes dans le domaine de
la justice. Cinquante-quatre (54) enquêtés sur soixante (60) estiment que les
journalistes ne maîtrisent pas les sujets en rapport avec la justice qu’ils traitent
contre six (6) qui pensent que les journalistes maîtrisent lesdits sujets.

A cet effet, le substitut du procureur du Faso, Arouna YODA pense que « les
journalistes doivent chercher à comprendre le fonctionnement de la justice afin
de pouvoir donner la bonne information au public »45. Guezouma SANOGO,
président de l’AJB est d’avis qu’il faut que les journalistes se spécialisent pour
plus de professionnalisme. « La question de la spécialisation, l’AJB la soutient et
c’est une question fondamentale car chaque journaliste doit se spécialiser ça y va
de sa crédibilité et de son professionnalisme »46, a conclu le président de l’AJB.

Nous observons à l’analyse des résultats de notre enquête que le manque


de confiance des acteurs de la justice vis-à-vis des journalistes est en partie

45
Extrait des propos du substitut du procureur du Faso dans le questionnaire administré le 22 janvier 2018
46
Extrait de l’interview avec Guezouma SANOGO, président de l’AJB, le 22 janvier 2018
85

lié à la non-spécialisation de ces derniers qui ne maîtrisent pas le vocabulaire


technique des juristes. Cette non-maîtrise du langage juridique fait que le
journaliste ne restitue pas fidèlement les propos de son interlocuteur. Toute
chose qui confirme notre hypothèse secondaire selon laquelle le manque de
spécialisation des journalistes est l’une des causes des difficultés liées à l’accès
aux informations judiciaires.

 L’accès des journalistes aux informations judiciaires : un


casse-tête chinois

L’analyse du graphique IV dans le paragraphe I montre que sur cent (100)


journalistes enquêtés, quarante (40) soutiennent que les informations judiciaires
sont difficiles d’accès. Quinze (15) enquêtés ont déclaré que les sources
judiciaires ne sont pas accessibles et trente-six (36) autres estiment que les
informations judiciaires sont souvent accessibles. Les propos du président de
l’Association des journalistes du Burkina (AJB), Guezouma SANOGO viennent
soutenir cette opinion des journalistes. « L’accès aux informations judiciaires est
un débat de très longue date et qui n’est pas prêt à se résoudre. Les acteurs
judiciaires sont accessibles quand ça les arrange. Dans cette situation, ils sont
ouverts et prêts à communiquer. Mais quand ça ne les arrange pas ils sont
inaccessibles »47.

Les résultats de notre enquête montrent à souhait que les journalistes sont
confrontés à des difficultés pour accéder aux informations judiciaires. Cette
situation confirme notre hypothèse principale selon laquelle les informations
judiciaires sont difficiles d’accès au Burkina Faso. Ces difficultés entravent

47
Extrait de l’interview avec Guezouma SANOGO, président de l’AJB, le 22 janvier 2018
86

le travail du journaliste et ne lui permet de donner une information juste et


saine à la population dans le domaine de la justice

 Conclusion partielle

Les résultats de notre enquête-terrain combinés avec les déclarations des


personnes ressources confirment nos hypothèses de départ selon lesquelles les
informations judiciaires sont difficiles d’accès pour les journalistes. Ces
difficultés sont liées à la rétention de l’information par les acteurs de la chaîne
judiciaire et la non-spécialisation des journalistes. Cependant, le manque de
crédibilité des journalistes n’a pas pu être démontré par les résultats de notre
enquête. La confrontation de certains résultats obtenus des journalistes et des
acteurs de la chaîne judiciaire nous fait penser qu’il y a un déficit de confiance
envers les journalistes et non un problème de crédibilité de ces derniers. Cette
méfiance des acteurs de la chaîne judiciaire vis-à-vis des journalistes est à notre
avis, un manque de communication et de compréhension entre les différents
acteurs.
87

Chapitre II : Recommandations

Les résultats de notre étude montrent que les journalistes ont des difficultés
pour accéder à l’information judiciaire. Selon Alfred SAUVY, « Bien informés,
les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets ».
Cependant, pour que le journaliste puisse jouer son rôle d’informer la population
et participer à la promotion de la justice, il est nécessaire que les informations
judiciaires soient accessibles. Pour cela, nous formulons les recommandations
suivantes aux autorités politiques et judiciaires (section I) et aux journalistes
(section II).

Section I : Recommandations à l’endroit des autorités politiques


et judiciaires

Pour l’effectivité du droit d’accès à l’information des journalistes, l’Etat


doit lutter contre la culture du ‘’tout secret’’ dans les administrations publiques.
Pour cela, l’autorité politique doit prendre des actes pour obliger les
administrations publiques à systématiser la publication et la diffusion des
documents et informations communicables. L’Etat doit garantir une bonne
application de la loi sur l’accès à l’information publique et aux documents
administratifs à travers l’opérationnalisation des lois sur la presse. Il s’agit de la
mise en place de l’Autorité nationale d’accès à l’information publique (ANAIP)
et l’adoption des textes d’application de ces lois. L’Etat doit organiser des séances
de sensibilisation sur le contenu de la loi sur l’accès aux informations publiques.
L’administration doit former les fonctionnaires afin de leur permettre de répondre
aux demandes d’information formulées par les journalistes.

Dans le domaine judiciaire, le Conseil supérieur de la magistrature (CSM)


doit renforcer les capacités des acteurs de la chaîne judiciaire sur le rôle du
journaliste dans la promotion de la justice. L’institution judiciaire pourra
88

accompagner les journalistes qui s’intéressent aux informations judiciaires dans


le renforcement de leurs capacités. Le Conseil supérieur de la magistrature en
collaboration avec les organisations professionnelles des médias devra instituer
des laissez-passer pour les journalistes qui se spécialiseront dans le domaine de
de la justice. Cette carte doit faciliter l’accès des journalistes aux personnes-
ressources et aux documents dans le domaine de la justice.

A l’endroit des acteurs de la chaîne judiciaire, il est nécessaire que ceux-ci


considèrent le journaliste comme un partenaire dans la promotion et
l’administration d’une bonne justice et non comme un ennemi. L’administration
d’une bonne justice passe nécessairement par la transparence et la confiance que
la population a envers l’institution judiciaire. Dans cette optique, le journaliste
peut aider le citoyen à comprendre le fonctionnement de la justice et les décisions
de justice s’il a la bonne information. Les acteurs de la chaîne judiciaire ne
devraient pas conditionner leur accès par l’obtention d’une autorisation préalable
de la hiérarchie.

Section II: Recommandations à l’endroit des journalistes

Au regard de la sensibilité du domaine judiciaire, les journalistes doivent


se garder de livrer des informations non vérifiées au public. Ils doivent travailler
avec conscience et professionnalisme dans la collecte, le traitement et la diffusion
de l’information judiciaire. Cela passe par le recoupement des sources
d’information et le respect des règles de l’éthique et la déontologie du métier de
journaliste. En effet, lors de notre enquête, les raisons que les acteurs de la chaîne
judiciaire avancent pour refuser de donner l’information sont, entre autres le
manque de confiance vis-à-vis des journalistes, les manquements dans le
traitement de l’information judiciaire et le non recoupement de l’information par
les journalistes. Pour cela, l’avocat à la Cour, Salifou DEMBELE suggère aux
89

journalistes de « recouper impérativement les informations afin de donner


l’information juste et objective »48.

La majorité des journalistes interrogés lors de notre enquête ont reconnu


que les meilleures sources d’information sont les personnes ressources ; il est
donc impératif que le journaliste se dote d’un bon carnet d’adresse dans le secteur
de la justice. Ce carnet devra lui permettre un accès facile aux sources
d’information judiciaire.

Pour être crédibles aux yeux des acteurs de la justice, les médias doivent
évoluer vers la spécialisation des journalistes. Il s’agira d’organiser des poules de
journalistes formés aux questions de droit et de justice. Cela va rendre les
journalistes plus crédibles aux yeux des acteurs de la chaîne judiciaire.

Dans les écoles de journalisme, les enseignants insistent sur la nécessité des
critiques objectives lors des conférences de rédaction. Cependant, le constat actuel
est que ces critiques objectives tendent à disparaître des rédactions. Il est
important que cette pratique revienne afin de susciter des débats constructifs dans
les rédactions pour plus de professionnalisme.

Enfin, les organisations professionnelles des médias doivent accentuer le


contrôle et les sanctions sur les manquements à l’éthique et à la déontologie, mais
aussi la formation des membres. Ces mesures vont donner plus de gage de
confiance envers les journalistes.

48
Extrait de l’entretien avec Salifou DEMBELE, le 29 janvier 2018
90

CONCLUSION

Les résultats de notre étude sur « la problématique de l’accès des


journalistes aux informations : cas des informations judiciaires au Burkina
Faso » confirment que le problème que nous avons soulevé est une réalité au
Burkina Faso. Les journalistes ont des difficultés réelles pour accéder aux
informations judiciaires au Burkina Faso.

Cette difficulté, nous en avons été témoin lors de la collecte des


informations dans le cadre de la présente étude. Des cas de demandes timbrées
par-ci, des rendez-vous manqués par là ou encore des refus d’enregistrer ont été,
entre autres, les difficultés que nous avons rencontrées. Mais en dépit de ces
entraves, nous avons atteint notre objectif principal. Celui d’identifier les raisons
pour lesquelles les journalistes ont des difficultés pour accéder aux informations
judiciaires au Burkina Faso.

Il ressort de notre étude que les raisons pour lesquelles les acteurs de la
chaîne judiciaire ne livrent pas les informations aux journalistes sont, entre
autres :

la rétention de l’information de la part des acteurs de la chaine judiciaire. Le


manque de confiance des acteurs de la justice envers les journalistes. La majorité
des journalistes qui font des productions dans le domaine de la justice n’ont pas
de connaissances sur le vocabulaire juridique ou l’organisation judiciaire au
Burkina Faso. Ce qui fait que les journalistes ne frappent pas toujours à la bonne
porte pour avoir l’information.

cette rétention de l’information est souvent tributaire de l’opinion des acteurs de


la justice envers les journalistes. Certains acteurs de la chaîne judiciaire estiment
que soit les journalistes déforment leurs propos soit ils ne maitrisent pas les termes
appropriés.
91

les acteurs de la chaîne judiciaire reconnaissent le rôle du journaliste dans la


promotion de la justice mais la culture du tout secret dans le domaine de la justice
fait que les acteurs ne sont pas prompts à donner l’information souhaitée aux
journalistes.

Malgré les griefs faits aux uns et aux autres, chaque acteur doit savoir que
l’accès à l’information publique fait partie de la nomenclature des droits humains
consacrés par des instruments juridiques internationaux et nationaux. L’adoption
des décrets d’application de la loi 051-2015/CNT portant droit d’accès à
l’information publique et aux documents administratifs ainsi que
l’opérationnalisation de l’Agence nationale de l’accès à l’information publique
pourraient être des solutions durables aux difficultés d’accès des journalistes aux
informations publiques au Burkina Faso en général et, particulièrement dans le
domaine de la justice.

Le juge rend la justice au nom du peuple et dans l’intérêt du peuple, le


journaliste lui aussi tient son mandat du public et travaille dans l’intérêt commun.
Nous estimons que les deux entités poursuivent le même objectif avec des moyens
différents. Pour le président de l’AJB, Guezouma SANOGO, « La relation entre
acteurs de justice et journalistes est complexe et va au-delà de ce que la loi peut
régir. Ce n’est pas par les lois qu’on peut résoudre le problème mais c’est une
question de volonté. Il faut que nous soyons dans une société ouverte quelles que
soient les lois, s’il n’y a pas de volonté, les choses ne vont pas évoluer. Même
avec les lois sur la presse, je doute fort que les choses évoluent car la relation
entre les sources et les journalistes est complexe ». Il est donc indispensable que
les acteurs de la chaîne judiciaire collaborent avec les journalistes pour la
promotion d’une justice équitable, transparente et rendue au nom du peuple et
pour le peuple.
92

Bibliographie

I- Les ouvrages généraux


 BALLE Francis Médias et société Edition JC Lattès, 1987
 BERNIER Marc François les planqués : le journalisme victime des
journalistes, Editions VLB Québec, 1995
 Emmanuel DERIEUX, Le secret professionnel des journalistes.
Legipresse 1988, n°57, p 82
 KOVACH Bill ROSENTIEL Tom Principes du journalisme : ce que
les journalistes doivent savoir, ce que le public doit exiger, Editions
Nouveaux Horizons, Paris 2004
 REINHARD Philippe Presse et pouvoir : un divorce impossible,
Editions First-Grund, Paris 2001
 SARAZIN Michel, MASSIEU Sophie Le journaliste responsable, pas
coupable ? Editions Mango Document 2001
 SCHULTE Henry H., DUFRESNE Marcel P. Pratique du
journalisme, Collections nouveaux Paris, Septembre 1999
 TUDESQ Jean André Les médias en Afrique, Editions Ellipses, 1999

II- Travaux de recherche


 Centre pour la gouvernance démocratique, Etude sur le droit
d’accès à l’information, 2016
 GUEDJ Alexis La protection des sources journalistiques,
BRUYLANT Bruxelles 1998
 SDLP/UJAO Médias, démocratie et droits de l’homme :
pouvoir judiciaire et liberté d’expression en Afrique de l’Ouest,
Mars 1995
93

III- Documents spécifiques


 Loi 051-2015/CNT portant droit d’accès à l’information publique et aux
documents administratifs
 Loi 057-2015/CNT portant regimbe juridique de la presse écrite au
Burkina Faso
 Loi 058-2015/CNT portant régime juridique de la presse en ligne au
Burkina Faso
 Loi 059-2015/CNT portant régime juridique de la presse audiovisuelle au
Burkina Faso
 Loi organique 015-2013/AN portant attribution, composition et
fonctionnement du Conseil supérieur de la communication
 CSC, Rapport 2015
 CSC, Répertoire des médias au Burkina Faso
 Constitution du 2 juin 991
 Loi 10-93/AN portant organisation judiciaire au Burkina Faso
 Décret 2016-006/PRESS/PM/SGG-CM du 06 février 2016 portant
attribution des membres du gouvernement, JO 07 du 18 février 2016

IV- Webographie
 www.csc.bf
 www.justice.gov.bf
 www.legiburkina.bf
 www.cnpress-zongo.org
 www.sig.bf
 www.wikipedia.org
 www.anaxagora.net
I

ANNEXES
Annexe I
Liste des structures prises en compte par l’étude
Les services de la justice
 La cours d’appel de Ouagadougou
 La cours de cassation
 La direction de la communication et de la presse ministérielle du
Ministère de la justice et de la promotion des droits civiques
 La Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO)
 Le Barreau
 Le tribunal administratif
 Le tribunal de grande instance de Ouagadougou
 Le tribunal du travail

Les organes de presse


 L’évènement
 L’observateur Paalga
 Le reporteur
 Les Editions le Pays
 Les éditions Sidwaya
 BF1
 Burkina info
 Canal3
 La RTB/radio
 OMEGA
 Ouaga FM
 RTB/télé
 Savane FM
 WATFM
 Burkina 24
 Le Faso.net
 Zoodomail.com

Les services documentaires


 Centre national des archives
 L’IPERMIC
II

 Le Centre national de presse Norbert ZONGO


 Le conseil supérieur de la communication

Les personnes ressources


 Arouna YODA, substitut du procureur du Faso
 Baudoin PODA, juge au tribunal de grande instance de Ouagadougou
 Guezouma SANOGO, président de l’AJB
 Jean Paul TOE, directeur général de l’observatoire des médias du CSC
 Yirmalè Fréderic SOME, directeur de WATFM
III

Annexe II : les questionnaires de l’enquête


Questionnaire d’enquête adressé aux journalistes
Ce questionnaire vous est adressé par Ali SAOUADOGO dans le cadre de
son mémoire de fin de cycle ‘’A’’ à l’ISTIC sur le thème « Problématique de
l’accès à l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas de
l’information judiciaire »
Par conséquent les informations obtenues seront utilisées dans un cadre
purement académique
Contact : 70 19 46 07
Mail : alisaouadogo@gmail.com
Le type de média dans lequel vous exercez
Presse écrite Radio Télévision Presse en ligne
Le statut de l’organe Public Privé
Votre expérience professionnelle
Moins de 10 ans 10-20 ans Plus de 20 ans

1- Faites-vous des productions journalistiques dans le domaine de la justice?


Oui Non

Si Oui, lesquels
Reportage
Compte rendu
Enquête
Magazine
Dossier
Chronique judiciaire

2- Avez-vous des connaissances en droit ?


Oui Non

3- Quels sont les meilleures sources d’information selon vous ?


Documents écrits
Personnes ressources (interviews)
Internet
IV

4- Quelles sources vous utilisez dans la recherche et la collecte de


l’information judiciaire ?
Personnes ressources uniquement
Personne ressources et internet
Personnes ressources et documents écrits
Personnes ressources, documents écrits et internet
Autres : ……………………………………………….

5- Les sources judiciaires d’information sont-elles faciles d’accès ?

Oui Souvent Non Difficile d’accès


Pourquoi :
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………………
………………………………………………………………..
6- Quels types de sources judiciaires est généralement difficile d’accès ?
Les sources physiques
Les documents écrits
L’internet

7- Quels types de rapports avez-vous avec les sources physiques judiciaires


Rapport de travail
Rapport d’amitié
Rapport de parenté
8- Comment sont vos rapports avec les sources judiciaires ?
Bons
Moins bons
Mauvais
9- Ces rapports facilitent-ils votre accès à l’information ?
Oui
Non
Quel est l’influence de ces rapports sur votre accès à l’information ?
……………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………
……………….
V

10- Avez-vous déjà été interpelé par une source judiciaire après la
diffusion de votre production ?
Oui
Non
11- Pourquoi avez-vous été interpeler ?
Pour vous féliciter
Pour se plaindre du traitement de l’information

12- Pensez-vous que l’information de sources judiciaires doit être libre


d’accès sans conditions ?
Oui
Non
Pourquoi ?.....................................................................................................
.......................................................................................................................
.................................................................
13- Combien de fois recoupez-vous les informations sur la justice avant
de les diffuser ?
Je ne recoupe pas, une seule source me suffit
Deux fois
Plus de deux fois

14- Pensez-vous que les acteurs de la justice font de la rétention de


l’information ?

Oui Non
Si oui, pour quel motif ?
Manque de confiance
Elle se dit ne pas être indiquée
Elle se dit ne pas être autorisée
Elle a peur des conséquences
Sans motif

15- Pensez-vous que les journalistes font preuve de professionnalisme


dans le traitement de l’information judiciaire ?
……………………………………………………………………………
……………………………………………………………………………
VI

Questionnaire d’enquête adressé aux acteurs de la chaîne de justice


Ce questionnaire vous est adressé par Ali SAOUADOGO dans le cadre de
son mémoire de fin de cycle ‘’A’’ à l’ISTIC sur le thème « Problématique de
l’accès à l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas de
l’information judiciaire »
Par conséquent les informations obtenues seront utilisées dans un cadre
purement académique
Contact : 70 19 46 07
Mail : alisaouadogo@gmail.com

Quelle est votre fonction: ……………………………………………………


Votre expérience professionnelle :
moins de 10 ans 10-20 ans plus 20 ans

1- Selon vous, quel rôle joue le journaliste dans la promotion de la justice ?


Très important
Important
Peu important
Non important
2- Quels rapports avez-vous avec les journalistes en quête de l’information ?
Confiance
Méfiance
Indifférent
Pourquoi ?.....................................................................................................
.......................................................................................................................
...................................................................................................
3- Comment jugez-vous le travail des journalistes sur les sujets de justice ?
Très bien
Bien
Passable
Mauvais
Autres Précisez………………………………………….

4- Les journalistes traduisent-ils fidèlement ce qu’ils ont obtenu des sources


dans leurs productions ?
VII

Oui
Souvent
Non

5- Avez-vous déjà donné de l’information à un journaliste pour une émission


ou un article sur la justice ?
Oui
Non
Pourqoui ?.....................................................................................................
.......................................................................................................................
......................................................

6- Comment appréciez-vous la crédibilité des journalistes ?


Très bonne
Bonne
Acceptable
Insuffisant
Pourqoui ?.....................................................................................................
.......................................................................................................................
......................................................

7- Donnez-vous toutes les informations souhaitées aux journalistes?


Oui
Non
Pourquoi ?.....................................................................................................
......................................................................................................................
8- A quel type de média faites-vous confiance ?
Radio
Presse écrite
Télévision
Presse en ligne
Pourqoui ?.....................................................................................................
...................................................................................................................
9- Faites-vous confiance aux médias de statut :
Public
Privé
Etrangère
Indifférent
VIII

Pourqoui ?.....................................................................................................
...................................................................................................................

Pensez-vous que les journalistes maitrisent les sujets en rapport avec la


justice qu’ils traitent ?
Oui Non

10- Quels suggestions faites-vous aux journalistes dans leurs quêtes de


l’information ?...............................................................................................
.......................................................................................................................
.......................................................................................................................
.......................................................
IX

Questionnaire à l’endroit du public des médias

Ce questionnaire vous est adressé par Ali SAOUADOGO dans le cadre de


son mémoire de fin de cycle ‘’A’’ à l’ISTIC sur le thème « Problématique de
l’accès à l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas de
l’information judiciaire »
Par conséquent les informations obtenues seront utilisées dans un cadre
purement académique
Contact : 70 19 46 07
Mail : alisaouadogo@gmail.com

Vous êtes : homme femme


Tranche d’âge : de 18 à 35 ans 35-60 ans plus de 60 ans

Niveau d’instruction : primaire secondaire supérieur


aucun

1- Suivez-vous les informations sur la justice ?


Oui
Non Pourquoi ?………………………………………………

2- Quel canal utilisez-vous pour suivre les informations sur la justice ?


Presse écrite
Télévision
Radio
Presse en ligne
Autres Précisez…………………………………..
3- Utilisez-vous les médias de quel statut ?
Public
Privé
Etrangère

4- Accordez-vous une priorité aux informations judiciaires dans vos choix ?

Oui Non
X

Pourquoi ?................................................................................................................
.................................................................................................................................
.............................................................

5- Comment trouvez-vous les productions des journalistes sur les sujets


concernant la justice ?
Bonne
Assez bonnes
Passable
Insuffisant
XI

Protocole d’entretien avec les responsables des médias

Contexte :

Ce protocole d’entretien est élaboré dans le cadre des travaux de recherche


de notre mémoire dont le thème est : « Problématique de l’accès à
l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas des informations
judiciaires ».

Objectifs :

Il s’agit pour nous, dans le cadre du présent travail :


- D’avoir l’appréciation des journalistes sur l’accès à l’information
judiciaire au Burkina Faso
- Les difficultés de collaborations avec les acteurs de la chaine judiciaire
- L’appréciation des rapports existants entre les journalistes et les acteurs
de la justice
- L’influence de ses rapports sur l’accès aux informations
- La perception des journalistes du monde judiciaire
- Quelles propositions pour améliorer ses rapports
- Le point de vue du journaliste sur la question de la spécialisation

Conclusion :

Ces informations vont permettre de compléter les données quantitatives


pour permettre une analyse objective.
XII

Annexe III : protocoles d’interviews


Protocole d’entretien avec les organisations professionnelles des médias
Contexte :
Ce protocole d’entretien est élaboré dans le cadre des travaux de recherche
de notre mémoire dont le thème est : « Problématique de l’accès à
l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas des informations
judiciaires ».

Objectifs :

Il s’agit pour nous, dans le cadre du présent travail :

- D’avoir l’appréciation des organisations professionnelles des médias sur


l’accès à l’information judiciaire au Burkina Faso
- La crédibilité et la responsabilité des journalistes
- Le point de vue du journaliste sur la question de la spécialisation des
journalistes

Conclusion :

Ces informations vont permettre de compléter les données quantitatives


pour permettre une analyse objective.
XIII

Protocole d’entretien avec les acteurs judiciaire


Contexte :
Ce protocole d’entretien est élaboré dans le cadre des travaux de recherche
de notre mémoire dont le thème est : « Problématique de l’accès à
l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas des informations
judiciaires ».
Objectifs :
Il s’agit pour nous, dans le cadre du présent travail :
- D’avoir l’appréciation des acteurs de la chaine judiciaire sur l’accès à
l’information judiciaire au Burkina Faso
- Les difficultés de collaboration avec les journalistes
- L’appréciation des rapports existants entre les journalistes et les acteurs
de la justice
- La perception des de ces acteurs sur le traitement de l’information liées
à la justice par les journalistes
- Quelles propositions pour améliorer ses rapports
- Le point des acteurs sur la question de la spécialisation des journalistes

Conclusion :

Ces informations vont permettre de compléter les données quantitatives


pour permettre une analyse objective.
XIV

Protocole d’entretien avec les spécialistes du droit d’accès à l’information


Contexte :
Ce protocole d’entretien est élaboré dans le cadre des travaux de recherche
de notre mémoire dont le thème est : « Problématique de l’accès à
l’information par les journalistes au Burkina Faso : cas des informations
judiciaires ».
Objectifs :

Il s’agit pour nous, dans le cadre du présent travail :

- D’avoir l’appréciation des spécialistes sur l’accès à l’information


judiciaire au Burkina Faso
- L’état des lieux du dispositif juridique et l’effectivité du droit d’accès à
l’information au Burkina Faso
- Le point de vue du journaliste sur la question de la spécialisation des
journalistes

Conclusion :

Ces informations vont permettre de compléter les données quantitatives


pour permettre une analyse objective.
XV

TABLE DES MATIERES


DEDICACE ........................................................................................................ i
REMERCIEMENTS .......................................................................................... ii
SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................... iv
LISTE DES TABLEAUX .................................................................................. v
LISTE DES GRAPHIQUES ............................................................................. vi
RESUME ......................................................................................................... vii
MOTS CLES .................................................................................................. viii
INTRODUCTION ............................................................................................. 1
PREMIERE PARTIE : ....................................................................................... 5
CADRE THEORIQUE, METHODOLOGIQUE ET CONCEPTUEL DE
L’ETUDE .......................................................................................................... 5
Chapitre I : Cadre théorique et méthodologique de l’étude .............................. 6
Section I : Cadre théorique ........................................................................... 6
Paragraphe 1 : Problématique ....................................................................... 6
Paragraphe II : Les objectifs de la recherche, les hypothèses et la question de
recherche ...................................................................................................... 9
Section II : Cadre méthodologique de l’étude............................................. 11
Paragraphe I : La zone et la population de l’étude ...................................... 11
Paragraphe II : La population de l’étude..................................................... 12
Paragraphe III: Les outils de collecte de l’information ............................... 13
Paragraphe IV : L’intérêt de l’étude et les difficultés rencontrées .............. 17
Chapitre II : Le cadre conceptuel de l’étude .................................................. 20
Section I : Définition de concepts ............................................................... 20
Paragraphe I : Notions en journalisme ........................................................ 20
Paragraphe II: Les notions en justice .......................................................... 24
Section II : Revue de littérature et approche théorique ............................... 28
Paragraphe I : Revue de littérature ............................................................. 28
Paragraphe II : Approche théorique de l’étude ........................................... 34
DEUXIEME PARTIE : .................................................................................... 36
ACCES A L’INFORMATION JUDICIAIRE AU BURKINA FASO ............. 36
Chapitre I : Le droit d’accès à l’information et les sources d’information ..... 37
XVI

Section I : Le droit d’accès à l’information ................................................ 37


Paragraphe I : Cadre normatif du droit d’accès à l’information .................. 37
I-1 Le cadre normatif international ............................................................ 37
Paragraphe II: Cadre institutionnel du droit d’accès à l’information au
Burkina Faso .............................................................................................. 43
Section II : Les sources d’information ........................................................ 48
Paragraphe I : Les différents types de sources d’informations .................... 48
Paragraphe II : La gestion des sources d’information ................................. 52
Chapitre II : L’accès à l’information judiciaire .............................................. 53
Section I : La collecte de l’information judiciaire ...................................... 53
Paragraphe I : L’information judiciaire de sources physiques .................... 53
Paragraphe II: L’information judiciaire de sources documentaires ............. 56
Paragraphe III: L’information judiciaire de sources électroniques .............. 57
Sections II : Les difficultés liées à l’accès aux informations judiciaires..... 57
Paragraphe I : L’accès à l’information judiciaire et le secret de l’instruction
................................................................................................................... 57
Paragraphe II : Les mauvaises pratiques administratives ............................ 58
Paragraphe III : Les insuffisances des textes sur l’accès à l’information .... 59
TROISIEME PARTIE : ................................................................................... 61
COLLECTE, PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS 61
Chapitre I : Collecte et interprétation des résultats ........................................ 62
Section I : Collecte et présentation des résultats ......................................... 62
Paragraphe 1 : Présentation des résultats de l’enquête auprès des journalistes
................................................................................................................... 62
Paragraphe II : Présentation des résultats de l’enquête auprès des acteurs de
la chaîne judiciaire ..................................................................................... 69
Paragraphe III : Présentation des résultats de l’enquête auprès du public des
médias ........................................................................................................ 76
Section II : Analyse des résultats et vérification des hypothèses ................. 78
Chapitre II : Recommandations ..................................................................... 87
Section I : Recommandations à l’endroit des autorités politiques et
judiciaires................................................................................................... 87
XVII

Section II: Recommandations à l’endroit des journalistes .......................... 88


CONCLUSION ................................................................................................ 90
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 92
ANNEXES .......................................................................................................... I

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