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THEME :
Sous la direction de :
Présenté par :
Dr Jean-Claude MEDA
SAOUADOGO Ali Mars 2018 Enseignant à l’ISTIC
i
DEDICACE
A
SAOUADOGO W. Abdul Nasser.
Mon fils, j’ai placé une barre, son niveau dépendra de tes ambitions !
ii
REMERCIEMENTS
A tous ceux qui, d’une manière ou d’une autre, ont contribué à la réalisation
de ce travail, qu’ils trouvent ici notre gratitude renouvelée.
iii
SOMMAIRE
DEDICACE ........................................................................................................ i
REMERCIEMENTS .......................................................................................... ii
SIGLES ET ABREVIATIONS ......................................................................... iv
LISTE DES TABLEAUX .................................................................................. v
LISTE DES GRAPHIQUES ............................................................................. vi
RESUME ......................................................................................................... vii
MOTS CLES .................................................................................................. viii
INTRODUCTION ............................................................................................. 1
PREMIERE PARTIE : ....................................................................................... 5
CADRE THEORIQUE, METHODOLOGIQUE ET CONCEPTUEL DE
L’ETUDE .......................................................................................................... 5
Chapitre I : Cadre théorique et méthodologique de l’étude .............................. 6
Chapitre II : Cadre conceptuel de l’étude ...................................................... 20
DEUXIEME PARTIE : .................................................................................... 36
ACCES A L’INFORMATION JUDICIAIRE AU BURKINA FASO ............. 36
Chapitre I : Droit d’accès à l’information et les sources d’information .......... 37
Chapitre II : Accès à l’information judiciaire ................................................ 53
TROISIEME PARTIE : ................................................................................... 61
COLLECTE, PRESENTATION ET INTERPRETATION DES RESULTATS 61
Chapitre I : Collecte et interprétation des résultats ........................................ 62
Chapitre II : Recommandations ..................................................................... 87
CONCLUSION ................................................................................................ 90
BIBLIOGRAPHIE ........................................................................................... 92
ANNEXES .......................................................................................................... I
iv
SIGLES ET ABREVIATIONS
RESUME
L’accès à l’information est un droit fondamental de l’homme reconnu par
les instruments juridiques internationaux et nationaux. Le journaliste participe à
l’effectivité de ce droit du citoyen à travers l’information qu’il lui apporte. La
justice est un domaine sensible et la promotion de celle-ci est une des conditions
de la bonne gouvernance. Le journaliste peut et doit aider à l’administration d’une
bonne justice à travers l’information qu’il apporte aux citoyens. Cependant, la
problématique de l’accès des journalistes aux informations judiciaires se pose.
L’objectif du présent mémoire est de contribuer à améliorer l’accès des
journalistes aux informations judiciaires. Le problème majeur des journalistes
dans leur travail de collecte de l’information judiciaire est le difficile accès aux
sources d’informations. Pour aborder un tel sujet, nous nous sommes interrogés
sur les barrières à l’accès des journalistes aux informations judiciaires au Burkina
Faso.
Dans le cadre du présent mémoire, nous avons utilisé la recherche
documentaire, mais aussi l’enquête-terrain et l’observation directe. Pour
l’enquête, la population-cible est composée de cent (100) journalistes et soixante
(60) acteurs de la chaîne judiciaire. La population-témoin est un échantillon de
cent (100) habitants de la région du Centre.
Notre étude a révélé que les journalistes ont de réelles difficultés pour
accéder à l’information judiciaire. Cette situation est due au déficit de confiance
et de crédibilité qu’ont les acteurs de la justice vis-à-vis des journalistes. La non-
spécialisation des journalistes est aussi une entrave à leur accès à l’information
judiciaire.
Pour un meilleur accès des journalistes aux informations judiciaires,
l’opérationnalisation des lois sur la presse et la spécialisation des journalistes
s’avèrent nécessaires. Enfin, une franche et bonne collaboration entre les acteurs
de la chaîne judiciaire et les journalistes s’impose pour une justice transparente,
au service des citoyens.
viii
ABSTRACT
Access to information is a fundamental human right recognized by
international and national legal instruments. The journalist participates to the
effectiveness of this right of the citizen through the information he gives him.
Justice is a sensitive area and the promotion of it is a condition of good
governance. The journalist can and must help in the administration of good justice
through the information he brings to the citizens. However, the problem of
journalists ' access to judicial information arises.
The purpose of this thesis is to contribute to improving the access of journalists
to judicial information. The major problem of journalists in their work of
collecting judicial information is the difficult access to information sources. To
address such a topic, we-we are asked about the barriers to journalists ' access to
judicial information in Burkina Faso.
As part of this brief, we used documentary research, but also the field survey and
direct observation. For the survey, the target population is composed of one
hundred (100) journalists and sixty actors in the judicial chain. The control
population is a sample of one hundred (100) inhabitants of the central region.
Our study found that journalists have real difficulties in accessing judicial
information. This is due to the lack of confidence and credibility that the actors of
justice have with regard to journalists. The non-specialization of journalists is also
an obstacle to their access to judicial information.
For the better access of journalists to judicial information, the operationalization
of press laws and the specialization of journalists are necessary. Finally, a frank
and good cooperation between the actors of the judicial chain and journalists is
necessary for a transparent justice, serving the citizens.
INTRODUCTION
1
International Medias Support, De la crise à la transition : les médias au Burkina Faso, janvier 2015, page 10
2
complicité alors même qu’ils nourrissent à leur endroit une méfiance viscérale »2.
Les journalistes dans leur travail doivent être à l’abri de toute attitude de rétention
ou de refus d’accès à l’information qui les empêcheraient de s’acquitter de leur
devoir envers la société.
Tout comme dans les autres domaines, le public a le droit d’avoir des
informations justes et vérifiées sur la justice, 3 e pouvoir dans une démocratie. A
ce propos, la brochure Surveillance et défense de la liberté de presse en Afrique
de l’Ouest / Union des journalistes de l’Afrique de l’Ouest (SDLP/UJAO) dans sa
publication intitulée ‘’Pouvoir judiciaire et liberté de presse en Afrique de
l’Ouest’’3 souligne que : « la justice est rendue au nom du peuple, dans ce sens,
la publicité constitue une garantie de loyauté et de clarté de l’activité judiciaire,
préférable aux rumeurs, aux soupçons et aux fuites devenus pratiquement
inévitables dans un contexte de médiatisation croissante de la vie sociale ».4 D’où
la nécessité pour les journalistes et les acteurs de la chaîne judiciaire de collaborer
2
Philippe Reinhard dans presse et pouvoir : un divorce impossible. Edition First_Gründ, Paris 2011 Page 9
3
SDLP/UJAO, édité grâce au projet ‘’Médias pour la démocratie en Afrique’ , mars 1995
4
Pouvoir judiciaire et liberté de presse en Afrique de l’Ouest page49
3
pour faciliter l’accès aux informations judiciaires afin de les transmettre au public.
En effet, le droit à la justice est un droit fondamental pour les citoyens consacré
par les instruments juridiques internationaux et intégré dans la Constitution du 2
juin 1991 à son article 4 : « Tous les Burkinabè et toute personne vivant au
Burkina Faso bénéficient d’une égale protection de la loi. Tous ont droit à ce que
leur cause soit entendue par une juridiction indépendante et impartiale. Tout
prévenu est présumé innocent jusqu’à ce que sa culpabilité soit établie. Le droit
à la défense y compris celui de choisir librement son défenseur est garanti devant
toutes les juridictions ». Au-delà du droit, la justice est une préoccupation
naturelle et permanente des hommes. Elle constitue un facteur de cohésion et de
bien-être social. Ce besoin de justice est l’une des causes de l’insurrection
populaire des 30 et 31 octobre 2014, selon le diagnostic fait lors des assises sur le
Pacte pour le renouveau de la justice au Burkina Faso, tenu du 24 au 28 mars
2015.
Notre travail comporte trois grandes parties. Dans la première partie, nous
exposons le cadre théorique et conceptuel, la deuxième partie traite de l’accès aux
informations judiciaires au Burkina Faso. La troisième partie est consacrée à la
présentation, à l’interprétation des résultats et à des propositions.
5
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE, METHODOLOGIQUE ET
CONCEPTUEL DE L’ETUDE
6
Dans cette partie, nous allons poser le problème qui nous a conduit à nous
intéresser au sujet (paragraphe I). Ensuite, nous allons donner les objectifs de
notre étude dans le paragraphe II.
Paragraphe 1 : Problématique
5
Centre pour la Gouvernance Démocratique au Burkina Faso, « Etude sur le droit d’accès à l’information »
édition 2016, page 3
6
Francis Balles, « Médias et société », 9e édition, Montchrestien, Paris, 2011 Page 44
7
Alexis GUEDJ, mémoire de DEA de droit de la communication, « La protection des sources journalistiques »,
page 50
7
8
Alexis GUEDJ, mémoire de DEA de droit de la communication, « La protection des sources journalistiques »,
p.50
8
que la Charte des journalistes burkinabè qui précisent les modalités d’exercice de
ce droit.
Dans ce paragraphe, nous allons situer les raisons qui nous ont conduit à nous
intéresser à ce thème et nos hypothèses de départ.
Objectif général
Objectifs spécifiques
Hypothèse principale :
Pour notre étude, nous partons de l’hypothèse selon laquelle les informations
judiciaires au Burkina Faso sont difficiles d’accès par les journalistes. De cette
hypothèse découlent trois hypothèses secondaires.
Hypothèses secondaires :
Pour parvenir à nos objectifs et vérifier nos hypothèses, nous nous sommes
posés les questions suivantes : Pourquoi les journalistes éprouvent des difficultés
11
Notre étude dans le cadre du présent travail s’est déroulée dans la région du
Centre. La région du Centre a été administrativement créée le 02 juillet 2001. Elle
comprend une commune urbaine à statut particulier et divisée en 12
arrondissements, regroupant 55 secteurs. La région du Centre compte également
6 communes rurales incluant 172 villages. Le chef-lieu de la région du Centre est
Ouagadougou.
12
Dans le cadre de notre étude, nous avons choisi comme population d’étude, les
acteurs concernés par la question de l’accès aux informations judiciaires, de même
que le public des médias. Ainsi, notre enquête a été menée auprès d’une
population-cible composée de journalistes, d’acteurs de la chaîne judiciaire et
d’une population-témoin composée de citoyens vivant dans la région du Centre.
13
La population-cible
La population-témoin
Pour collecter les données, nous avons utilisé des techniques d’estimation
quantitative et qualitative. Il s’agit de la recherche documentaire, de l’entretien,
du questionnaire et de l’enquête.
La revue documentaire
traitant de l’accès aux sources d’information par les journalistes. L’objectif est
d’avoir une idée de la production déjà faite dans le domaine du journalisme en
général et de l’accès des journalistes aux informations judiciaires en particulier.
L’entretien
Le questionnaire
Cette technique de collecte a été la plus usité dans le cadre de notre étude.
Elle a permis l’administration des questions lors de l’enquête. Trois types de
questionnaires ont été utilisés. Il s’agit du questionnaire pour les journalistes
professionnels, celui administré aux acteurs de la justice et le questionnaire
administré à la population. L’étude s’effectuée de décembre 2017 à février 2018.
L’enquête de terrain
Dans le cadre de notre étude, les enquêtes se sont déroulées dans les organes
de presse implantés dans la région du Centre, les tribunaux, les cours, dans les
cabinets des auxiliaires de justice et à la Maison d’arrêt et de correction de
Ouagadougou (MACO). Elle s’est aussi déroulée dans les quartiers de la ville de
Ouagadougou et les communes rurales de la région du Centre. Cette enquête de
15
Internet
Dans le cadre de notre travail, nous avons aussi utilisé Internet pour
collecter certaines données ou consulter certains documents. Il s’agit des sites web
du Conseil supérieur de la communication (CSC), du ministère de la Justice, des
droits humains et de la promotion civique, du Centre national de presse-Norbert
ZONGO (CNP-NZ).
L’échantillonnage
Le second groupe-cible est constitué des acteurs de la chaîne judiciaire ayant déjà
eu affaire ou non à un journaliste dans le cadre de la recherche de l’information
judiciaire.
Pour la population-témoin, nous avons opéré un choix aléatoire des habitants des
quartiers et des communes de la région du Centre.
Afin que les résultats de cette étude soient extensibles, nous avons choisi
un échantillon de 100 journalistes des organes de presse publiques et privées de
la presse écrite, en ligne et audiovisuelle dans la région du Centre pour la
16
Pour l’enquête auprès des journalistes, les variables suivantes ont été retenues :
Pour l’enquête auprès des acteurs de la chaîne judiciaire, les variables retenues
sont le poste occupé et l’ancienneté dans le service. Le poste occupé nous permet
de faire la distinction entre le personnel judiciaire, les auxiliaires de justice et les
collaborateurs du personnel judiciaire. Pour l’ancienneté dans le service,
l’indicateur utilisé est le même que pour les journalistes.
Intérêt de l’étude
Intérêt général
Notre recherche dans le cadre du présent travail vise un triple intérêt. Il s’agit
d’abord pour nous de poser un diagnostic sur la problématique de l’accès des
journalistes aux sources d’information dans le domaine judiciaire dans un
contexte de renouveau de la justice au Burkina. Cette recherche va nous permettre
de ressortir les barrières à l’accès aux informations judiciaires au Burkina Faso. Il
s’agit ensuite d’interpeller les Hommes de médias sur leur responsabilité pour plus
de professionnalisme dans le traitement de l’information judiciaire. Il s’agit enfin,
d’interpeller les acteurs de la justice sur le rôle primordial du journaliste dans la
promotion de la justice.
Intérêt personnel
Les premières difficultés que nous avons rencontrées sont les conditions
d’études et de travail au sein de l’Institut des sciences et techniques de
l’information et de la communication (ISTIC). La production d’un mémoire de
fin de cycle nécessite un cadre approprié pour la réflexion et les recherches.
Cependant, dans le cadre de notre mémoire, nous n’avons pas eu droit à une salle
pour pouvoir travailler en toute sérénité. Ce travail, nous l’avons réalisé en grande
partie à la maison et à l’Agence d’information du Burkina (AIB).
Pour pallier cette difficulté, nous avons choisi d’adresser des demandes
supérieures au nombre que nous nous sommes fixé, afin d’espérer administrer au
moins le nombre voulu. Par ailleurs, pour avoir un rendez-vous avec les avocats,
19
c’était la croix et la bannière. Ces auxiliaires de la justice n’ont pas le temps pour
nous recevoir.
Malgré ces difficultés, nous avons pu mener à bien notre travail de collecte des
informations.
20
La notion de journaliste
Pour le journaliste Jules WITCOVER, le journaliste est celui qui rend compte des
affaires publiques en assumant trois missions essentielles : « rapporter ce que
21
Mais cette nouvelle loi précise que la qualité de journaliste professionnel est
attestée par une carte professionnelle délivrée par un comité technique.
9
Jules WITCOVER cité par Henri et SCHULTE, Marcel P. DUFRESNE dans ‘’pratique du journalisme’’ page 295
10
Article 50 de la loi 057-2015-CNT du 04-09-2015 portant régime juridique de la presse écrite au Burkina Faso.
22
11
Wikipédia, consulté le 11 janvier 2018 à 15 heures
12
Adam BARRO cité par Natalie KAORE dans son mémoire de fin de cycle ISTIC 2012 ‘’la problématique de
l’accès des journalistes burkinabè aux sources d’information publiques : cas des sources d’information sanitaire
dans la région du Centre’’
23
13
Dictionnaire du journalisme et des médias, édition 2010, page 552.
14
Noèl DAH, collecte et traitement de l’information en presse écrite, ISTIC 2015
24
La notion de droit
Le Larousse 2010 défini le droit comme ce qui est juste. C’est la faculté
d’accomplir ou non quelque chose, d’exiger quelque chose d’autrui, en vertu des
règles reconnues, individuelles ou collectives. Il s’agit d’un pouvoir, d’une
autorisation. Dans sa définition du droit, le lexique des termes juridiques fait la
distinction entre « le Droit objectif qui est l’ensemble des règles régissant la vie
en société et sanctionnées par la puissance publique, et le Droit subjectif,
prérogative attribuée à un individu dans son intérêt lui permettant de jouir d'une
chose d'une valeur ou d'exiger d'autrui une prestation »15.
Nous pouvons donc définir le droit comme l’ensemble des règles qui régissent le
fonctionnement de la société.
15
Lexique des termes juridiques, collection numérique, www.anaxagora.net, consulté le 18 janvier 2018 à 10
heures.
25
La notion de justice
La justice est d’abord un principe moral qui consiste à être juste, à respecter le
droit d’autrui. Le Larousse 2010 définit d’ailleurs la justice comme un principe
moral qui exige le respect du droit et de l’équité. C’est l’action par laquelle, une
autorité, un pouvoir judiciaire reconnaît le droit de chacun. En droit, la justice est
définie comme une fonction souveraine de l’Etat consistant à définir le droit
positif et à trancher les litiges entre sujets de droit.
Mais vue sous l’angle institutionnel, la justice est une institution qui exerce un
pouvoir juridictionnel. On distingue dans le droit romano-germanique, les
juridictions de l’ordre administratif qui connaissent les litiges avec
l’administration publique et celles de l’ordre judiciaire, chargées des litiges entre
particuliers. Dans le cadre de la présente étude, nous définissons la justice sous
l’angle de l’institution judiciaire.
L’accès peut se définir comme ce qui permet d’accéder à un lieu, une situation.
L’accès à l’information publique et aux documents administratifs s’entend comme
toute procédure, tout mécanisme, toute voie de recours et tout outil pour chercher,
rechercher et recevoir cette information. Au Burkina Faso, ce droit est encadré par
la loi N° 051-2015/CNT du 04 septembre 2015 portant droit d’accès à
l’information publique et aux documents administratifs.
La notion de verdict
Un verdict est un terme qui vient du latin «vere dictum» qui signifie
véritablement dit16. C’est donc une opinion ou un jugement émis avec réflexion
et autorité. Le verdict est défini comme une déclaration solennelle par laquelle la
16
Larousse 2015
26
Cour et le jury d’assises répondent aux questions qui sont posées à l’issue des
débats, et se prononcent sur la culpabilité de l’accusé et la peine qui lui est
infligée. Le verdict s’entend comme un jugement rendu par la cour.
La notion de jugement
Le Larousse 2015 définit le jugement comme « une action de juger une affaire
selon le droit. C’est une décision rendue par un tribunal ». En droit, le jugement
est un terme général pour désigner toute décision prise par un collège de
magistrats ou par un magistrat statuant comme juge unique. Le jugement désigne
plus spécialement les décisions rendues par les tribunaux de grande instance
(TGI), tribunal de commerce ou tribunal administratif 17. Mais, si la « Décision est
rendue par le président d’une juridiction (Président du TGI ou du premier
Président de la cour d’appel), ou encore d’un magistrat chargé de l’instruction
(juge de mise en état, juge d’instruction, juge des libertés et de la détention et
certaines décisions du juge des peines), cet acte est appelé Ordonnance »18.
Le jugement est toute décision rendue par une juridiction de premier degré et qui
est susceptible d’appel devant une juridiction supérieure.
La notion d’arrêt
Par opposition au jugement, un arrêt est défini par le lexique des termes
juridiques comme une décision de justice rendue par une juridiction supérieure
(Cour d'appel, Cour de cassation, cours administratives …)19.
17
Lexique des termes juridiques, 2018, 24e édition
18
Lexique des termes juridiques, 2018, 24e édition
19
Lexique des termes juridiques 2018, 24e édition
27
La notion de tribunal
Le tribunal est le lieu où siègent les juges. C’est une juridiction formée d’un ou
de plusieurs magistrats20. Il s’agit par exemple des tribunaux de grande instance,
des tribunaux d’instance, des tribunaux du travail. En général, les tribunaux sont
des juridictions de premier degré. C’est-à-dire que leur jugement est susceptible
d’appel devant la cour d’appel.
La notion de cour
La notion de barreau
Le barreau est la place réservée aux avocats dans un prétoire et qui était
autrefois délimitée par une barre de bois ou de fer. C’est l’ensemble des avocats
établis auprès d’un même tribunal de grande instance 21. Selon le lexique des
termes juridiques, « les avocats inscrits auprès d’un TGI constituent un ordre
appelé barreau, doté de la personnalité civile ». Au Burkina Faso, il n’existe
20
Larousse 2015
21
Larousse 2015
28
qu’un seul barreau. Les avocats inscrits au barreau plaident devant toutes les
juridictions.
La notion de parquet
Le dictionnaire Larousse 2015 définit le parquet comme l’ensemble des
magistrats qui forment le ministère public et appelé magistrature debout (par
opposition aux juges du siège ou magistrature assise). Selon le lexique des termes
juridiques, le parquet se définit comme « les magistrats composant le ministère
public dans chaque TGI, placés sous l’autorité d’un procureur de la république ».
Le parquet général est le nom donné à l’ensemble des magistrats exerçant les
fonctions du ministère public.
Il s’agit de donner ici un aperçu des ouvrages qui ont traité des sujets en
rapport avec notre thème, mais aussi les théories qui sous-tendent notre thème.
Cependant, la pérennité de cette liberté est tributaire de son bon usage par les
journalistes. Dans leur ouvrage intitulé «Le journaliste responsable, pas
coupable ? », ils appellent les journalistes à la responsabilité dans la recherche et
le traitement de l’information. Ces auteurs expliquent que les journalistes
empruntent souvent une mauvaise démarche dans la recherche et la collecte de
l’information. Cela est dû à l’absence de recoupement de l’information, la
confiance aveugle, la recherche du sensationnel et du scandale. Pour ces auteurs,
«le recoupement permet de ne pas publier de fausses informations, la
distanciation, d’échapper à la connivence, la séparation des faits et des
commentaires, d’éviter de se rendre coupable de partialité »22. Cette œuvre nous
a permis d’avoir une idée sur la responsabilité et la crédibilité des journalistes
dans leur travail de recherche et de collecte de l’information. Les manquements
qu’ils soulèvent constituent des barrières qui ne favorisent pas l’accès du
journaliste à l’information. D’ailleurs, lors de notre enquête de terrain auprès des
acteurs de la chaîne judiciaire, le déficit de confiance et de crédibilité des
journalistes a été souligné par les enquêtés. Cependant, les auteurs n’abordent pas
suffisamment la question de l’accès à l’information. Nous nous sommes appuyés
sur cet ouvrage pour nous intéresser à l’accès à l’information dans le domaine
spécifique de la justice. Il s’est agi de savoir quelles sont les barrières à l’accès à
l’information par les journalistes dans ce domaine précis.
22
Michel SARAZIN et Sophie MASSIEU, ‘’Le journaliste responsable, pas coupable ? ‘’, Editions Mangos
document, 2001 page 93.
30
ait séduit jusqu’aux journalistes traditionnels qui répercutent et relaient les scoops
sur la toile pour garder leur public. « Peu importe que les informations publiées
par les sites Internet aient été vérifiées ou non, la peur du ratage l’emporte sur
l’exigence de la déontologie »23. En abordant la question de la collaboration entre
pouvoir public et médias, cet ouvrage nous a inspiré. Il nous a permis de nous
interroger sur la collaboration entre médias et pouvoir judiciaire. Sans une bonne
collaboration, il est difficile pour le journaliste d’obtenir l’information ou le
renseignement souhaité auprès des sources judiciaires.
23
Philippe REINHARD, ‘’Presse et pouvoir : un divorce impossible’’, Editions First-Gründ Paris 2011, page 277
24
Marc-François BERNIER, ‘’Les planqués : le journalisme victime des journalistes’’, VLB Editeur, Québec, 1999,
page 14
31
journaliste gère ses relations avec les sources détermine bien souvent la qualité
et la fiabilité de l’information qu’il obtient.
Les auteurs de ces quatre derniers ouvrages cités plus haut, nous ont permis
de comprendre la place et le rôle important de la source d’information dans la
collecte de l’information de manière générale, mais aussi la gestion durable des
sources d’information et les instruments juridiques internationaux qui consacrent
25
Alexis GUEDJ, Op.cit., page 50
32
internationales et les constitutions »26. L’étude constate que les pays de la sous-
région ouest-africaine connaissent des rapports tendus entre médias et pouvoir
judiciaire. Le document démontre qu’à partir des années 80, « il y a eu un
mouvement de pluralisme dans le domaine de la presse avec l’émergence d’une
nouvelle presse indépendante et un ton de liberté. Cette liberté n’est pas pour
plaire aux gouvernants arc-boutés aux derniers instruments de contrôle de
l’information : le pouvoir judiciaire, pour donner une apparence de légalité »27.
L’étude soutient qu’il est difficile pour le journaliste d’accéder aux textes et
décisions de justice rendues par les juridictions en Afrique de l’Ouest. L’ouvrage
conclut que c’est d’ailleurs au niveau des juridictions que résident les limites les
plus importantes au droit d’accès à l’information alors que le juge en tant que
gardien des libertés doit jouer un rôle primordial dans le droit d’accès à
l’information par les journalistes.
Cet ouvrage a été d’un grand apport dans la présente étude tant il aborde la
question de la collaboration entre pouvoir judiciaire et journalistes en Afrique de
l’Ouest et le droit d’accès à l’information. Cependant, cette étude date de 1995 et
concerne toute la sous-région ouest-africaine. Avec l’avènement des nouvelles
lois sur la presse au Burkina Faso et les avancées dans le domaine de la liberté
d’expression et de presse, nous avons choisi de nous intéresser à la question sous
l’angle de l’accès aux informations judiciaires par les journalistes au Burkina
Faso.
26
SDLP/UJAO, pouvoir judiciaire et liberté d’expression en Afrique de l’Ouest, 1995, page 9
27
SDLP/UJAO, pouvoir judiciaire et liberté d’expression en Afrique de l’Ouest, 1995, page 7
34
28
http://dictionnaire.sensagent.leparisien.fr/Droit%20de%20la%20communication/fr-fr/, consulté le 10 janvier
2018.
29
Alexis GUEDJ, Op.cit., p.50
35
au profit des individus »30. Le droit à l’information a pour objet l’accès du citoyen
à l’information que ce soit à travers la publication de l’information administrative
ou l’accès à l’information journalistique assuré par une diffusion pluraliste ou la
réception de l’information. Sans le travail de recherche du journaliste, le public
ne peut pas bénéficier de son droit d’accès à l’information. Le journaliste, en tant
que relais de l’information, doit lui-même être bien informé. Pourtant selon
Emmanuel DERIEUX, la législation française par exemple a du mal à « admettre
que le journaliste puisse avoir accès à la plupart des sources d’information »31.
Cette réalité est vécue par les journalistes de la sous-région y compris le Burkina
Faso.
Cette approche théorique nous a permis de confirmer les théories qui sous-
tendent notre thème.
30
J. CHEVALLIER, constitution et communication, Dalloz 1991. p. 252
31
Emmanuel DERIEUX, «Le secret professionnel des journalistes ». Legipresse 1988, n°57, p 82
36
DEUXIEME PARTIE :
ACCES A L’INFORMATION JUDICIAIRE AU BURKINA
FASO
37
32
Centre pour la Gouvernance Démocratique, ‘’Etude sur le droit d’accès à l’information’’ Edition 2016, page
10
39
En 2013, le comité des droits de l’Homme des Nations unies dans ses
observations sur le Pacte international relatif aux droits civils et
politiques (PIRDCP) indique au point 34 de ses observations que « le
paragraphe 2 de cet article 19 du PIRDCP, comprend un droit d’accès
à l’information détenue par les organismes publics et le comité invite
par conséquent les Etats à mettre à la disposition du public, les
informations d’intérêt général détenues par les pouvoirs publics ».
Cette observation souligne de façon explicite le droit d’accès à
l’information.
Des textes de lois viennent préciser et encadrer les modalités d’exercice du droit
d’accès à l’information. Il s’agit de:
33
Article 34 de la loi portant prévention et répression de la corruption au Burkina Faso
43
34
Decret N°2016-006/PRES/PM/SGG-CM du 06 février 2016 portant attributions des membres du
Gouvernement. JO N°07 du 18 février 2016, article 21.1
44
C’est une structure étatique prévue par la loi 051 portant droit d’accès à
l’information publique et aux documents administratifs au Burkina Faso. Cette
structure a pour mission de « promouvoir le droit d’accès à l’information
publique, veiller au respect de la liberté d’accès aux informations publiques et
aux documents administratifs ; veiller au respect des dispositions relatives à la
réutilisation des informations publiques ; résoudre les litiges liés au droit d’accès
35
Article 4 de la loi organique N°015-2013/AN portant attribution, composition et fonctionnement du conseil
supérieur de la communication
45
Le droit d’accès à l’information est garanti par l’Etat. Ce droit est consacré
par la Constitution de 1991. L’Etat a libéralisé le secteur de l’information et de
la communication. Selon le plan stratégique 2017-2021 du CSC, le Burkina Faso
compte cent quatre-vingt-douze (192) médias audiovisuels, soixante-dix (70)
journaux et environ cinq cents (500) agences de communication. Ces organes
privés concourent aussi à l’effectivité du droit d’accès à l’information.
Avec l’adoption des lois sur la presse votées le 04 septembre 2015 par le
CNT, c’est la loi 051-2015/CNT qui organise la procédure d’accès à l’information
et aux documents administratifs au Burkina Faso. En effet, cette loi dispose en
son article 7 alinéa1 que le droit d’accès à l’information publique et aux
documents administratifs est reconnu à « tous les usagers du service public et tout
organisme investi d’une mission de service public ». En définissant le champ
d’application de ce droit, la loi 051 dispose que « constituent des informations ou
des documents administratifs communicables au sens de la présente loi, tous
dossiers, rapports, croquis, plans, schémas, études, documents d’orientation ou
de politiques publiques, comptes rendus procès-verbaux, statistiques, directives,
instructions, circulaires, notes de service et réponses ministérielles qui
comportent une interprétation du droit ou une description des procédures
administratives, les avis, les prévisions et les décisions » ainsi que « les
documents administratifs et les informations publiques nominatifs à la demande
des concernés, sans que des motifs de refus tirés du secret de la vie privée, du
secret médical ou du secret en matière commerciale et industrielle, portant
36
Plan stratégique 2017-2021 du CSC, septembre 2016, p.11, cité par le CGD, ‘’étude sur le droit d’accès à
l’information’’, 2016.
47
exclusivement sur des faits qui leurs sont personnels, puissent leur être
opposées »37. Ces documents sont en principe accessibles par le citoyen et régis
par des principes d’égalité, de liberté et de gratuité. Les documents non
communicables sont cités à l’article 47 et suivants de loi 051, «ne sont pas
communicables, les informations ou documents qui ne présentent pas par leur
nature et leur objet, un caractère administratif et les informations dont la
divulgation peut compromettre le bon fonctionnement de l’administration ». Sont
aussi concernés, les documents inachevés, les informations ou documents
administratifs qui touchent aux activités relevant du pouvoir régalien de l’Etat et
mettant en cause l’intérêt général, les renseignements ou informations de service
ayant des fonctions de prévention, de détection ou de répression lorsque la
communication de ces éléments est susceptible de causer certains risques.
Dans le domaine judiciaire, c’est l’article 49 de la loi 051 qui énumère les
documents non communicables. Il s’agit des informations dont la communication
est susceptible d’entraver le déroulement d’une procédure judiciaire, des
documents pouvant compromettre une enquête en cours, à venir ou suspendue. La
révélation d’une méthode d’enquête, d’une source confidentielle d’information,
d’un programme ou d’un plan d’action destiné à prévenir, détecter ou réprimer le
crime ou les infractions à la loi ne sont pas aussi communicables. Font également
partie des informations non communicables, les informations de nature à mettre
en péril la sécurité d’une personne ou à causer préjudice à une personne qui est
l’auteur d’un renseignement. Les informations sur les composantes d’un système
de communication destiné à l’usage d’une personne chargée d’assurer le respect
de la loi ou les renseignements transmis à titre confidentiel ne peuvent pas être
divulgués. Enfin, les informations de nature à favoriser l’évasion d’un détenu ou
37
Article 44 et 45 de la loi 051-2015/CNT
48
à porter atteinte aux droits d’une personne à être jugée de manière équitable ne
sont pas aussi communicables.
Les sources physiques sont les personnes-ressources qui livrent leurs propos
lors d’une interview ou d’un entretien. Ces personnes sont des témoins d’un
évènement, des spécialistes d’un sujet ou concernées par une information.
38
Henry H. SCHULTE et Marcel P. DUFRESNE dans ‘’pratique du journalisme’’, page 55
50
Elle est dite primaire si l’acteur est au premier plan concerné par le sujet ou
l’évènement, ou les documents obtenus par le journaliste sont de premières
mains.
Les sources secondaires sont les acteurs de second plan ou les témoins d’un
évènement. Elles peuvent être aussi les travaux de synthèse de documents dits de
sources primaires.
Les sources complémentaires sont des informations qui complètent les sources
primaires et secondaires.
Le journaliste en tant que citoyen peut accéder aux audiences. Il peut aussi
y accéder en sa qualité de journaliste en vertu des dispositions des lois sur la
presse. Dans ce cas, le journaliste peut faire l’observation directe, recueillir des
informations et se faire une idée de l’évènement.
Mais le journaliste peut aussi recueillir les informations auprès des acteurs de
la justice. Selon Baudoin PODA, juge au Tribunal du travail de Ouagadougou,
« les acteurs de la chaîne judiciaire se composent du personnel judiciaire (juges,
greffiers, procureurs et substituts du procureur…), des auxiliaires de justice
(avocats, huissiers de justice) et des collaborateurs de la justice (officiers de
police judiciaires, personnel de la sécurité pénitentiaire…) »39. Ces acteurs sont
des sources physiques d’information pour le journaliste en quête d’informations
judiciaires. Il s’agit de :
39
Extrait de l’entretient avec Baudoin PODA, le 22 janvier 2018
55
Les archives de la justice constituent une mine d’or pour le journaliste dans
le cadre de la collecte de l’information judiciaire. Il s’agit des différents types de
documents sur l’organisation, le fonctionnement de l’administration judiciaire ou
des décisions de justice et autres actes détenus par les acteurs de la justice. Il s’agit
aussi de tous les documents administratifs tels que définis par les articles 44 et 45
de la loi 051-2015/CNT portant accès à l’information publique et aux documents
administratifs. Il s’agit : de tous les dossiers, les rapports, les croquis, les plans,
les schémas, les études, les documents d’orientation ou de politiques publiques,
les comptes rendus, les procès-verbaux, les statistiques, les directives, les
instructions, les circulaires, les notes de service et réponses ministérielles qui
comportent une interprétation du droit ou une description des procédures
administratives, les avis, les prévisions et les décisions. Sont aussi concernés, les
documents administratifs et les informations publiques nominatifs à la demande
des concernés, sans que des motifs de refus tirés du secret de la vie privée, du
secret médical ou du secret en matière commerciale et industrielle, portant
exclusivement sur des faits qui leur sont personnels, puissent leur être opposées.
A ces documents, nous pouvons ajouter les décisions de justice comme les
jugements, les ordonnances, les arrêts, les injonctions.
57
sont les juges, les membres du parquet, les enquêteurs, les greffiers, et toutes les
personnes employées à leurs services. Le prévenu ou les tiers, notamment les
parties civiles, les journalistes ne sont pas tenus par le secret de l’instruction
TROISIEME PARTIE :
COLLECTE, PRESENTATION ET INTERPRETATION DES
RESULTATS
62
Notre enquête s’est menée auprès des acteurs de la chaîne de justice, des
journalistes et du public des médias. Les résultats sont présentés sous forme de
tableaux ou de graphiques et repartis en trois (03) groupes :
Sur un total de cent (100) enquêtés, soixante-dix (70) journalistes ont moins
de dix (10) ans de service, vingt-six (26) ont entre dix (10) et vingt (20) ans de
service et quatre (04) journalistes ont plus de vingt (20) ans de service.
63
NB : Il s’agit d’une question à choix multiples. Sur les cent enquêtés (100),
certains ont coché plus d’une réponse. Chaque portion du graphique représente le
nombre de réponses données par les cent (100) enquêtés.
Six (6) genres journalistiques ont été soumis aux enquêtés. Soixante-dix
(70) enquêtés ont déjà réalisé au moins un compte-rendu dans le domaine de la
justice, soixante-quatre (64) journalistes ont déjà réalisé au moins un reportage
dans le domaine de la justice. Quatorze (14) journalistes ont, quant à eux, déjà
réalisé au moins une enquête judiciaire contre sept (7) qui produisent des
chroniques judiciaires. Enfin, quatorze (14) journalistes produisent au moins des
dossiers contre trois (3) qui réalisent au moins des magazines.
Sur les cent (100) journalistes enquêtés, soixante (60) ont déclaré n’avoir pas
des connaissances en Droit contre 39 journalistes qui ont des notions de Droit.
Une (01) personne est sans avis sur la question.
65
Nombre de réponses
Rapports entre journalistes et acteurs de la justice
des enquêtés
Sans réponse 07
Rapport de travail 84
Rapport d’amitié 25
Rapport de parenté 06
Total 100
Quatre-vingt-huit pour cent (88%) des enquêtés affirment que les acteurs
de la chaîne judiciaire font la rétention de l’information. Huit pour cent (8%) sont
sans opinion et quatre pour cent (4%) affirment que les acteurs de la chaîne
judiciaire ne retiennent pas l’information.
68
Juges 10 10%
Substituts du procureur 10 10%
Greffiers 10 10%
Auxiliaires de justice 10 10%
Sur soixante (60) acteurs de la chaîne judiciaire enquêtés, dix (10 ) juges,
dix (10) substituts du procureur, neuf (09 ) greffiers, dix (10 ) auxiliaires de
justice, dix (10 ) collaborateurs de la justice et dix (10 ) agents du ministère en
charge de la Justice ont été pris en compte.
70
er
es
Après avoir présenté les résultats de notre enquête, nous allons donner notre
lecture de ces résultats. A base de cette analyse, nous dirons si nos hypothèses de
départ sont confirmées ou infirmées.
N’ayant pas d’autres rapports que ceux liés au travail, les journalistes
estiment que les acteurs de la chaîne judiciaire font de la rétention de
79
l’information. Quatre-vingt-huit pour cent (88%) des enquêtés affirment que les
acteurs de la chaîne judiciaire font de la rétention de l’information. Seulement
quatre pour cent (4%) affirment que les acteurs de la chaîne judiciaire ne
retiennent pas l’information. Nous pouvons déduire que ceux qui ont accès à
l’information sont ceux qui entretiennent de bons rapports en plus de ceux liés au
travail avec les acteurs de la justice. D’ailleurs, trente-quatre (34) acteurs de la
chaîne judiciaire enquêtés sur soixante (60) disent avoir des rapports de méfiance
avec les journalistes. Seulement dix-sept (17) enquêtés affirment avoir des
rapports de confiance avec les journalistes. Selon les journalistes, les acteurs de
la chaîne judiciaire évoquent plusieurs motifs pour retenir l’information. Le
graphique VII du paragraphe I montre que cinquante-six (56) enquêtés sur cent
(100) affirment que la rétention de l’information par les acteurs de la chaîne
judiciaire est due aux conséquences de l’exploitation faite par les journalistes que
ces derniers disent craindre. Trente-neuf enquêtés (39) disent que le motif évoqué
par les acteurs de la justice pour retenir l’information est qu’ils n’ont pas
l’autorisation de le faire. Vingt-trois (23) journalistes évoquent le manque de
confiance des acteurs de la justice vis-à-vis d’eux. Vingt et un (21) enquêtés
affirment que les acteurs de la justice disent qu’ils ne sont pas les personnes
indiquées pour fournir l’information aux journalistes.
depuis 2016 et jusqu’à ce jour (24 janvier 2018), je n’ai pas encore de
réponse »40. Ce silence peut être interprété comme un refus ou une rétention de
l’information de la part de l’administration judiciaire. Au-delà du silence, les
acteurs de la chaîne judiciaire évoquent d’autres motifs pour retenir l’information.
Il s’agit du secret de l’instruction. Selon le substitut du procureur, Arouna
YODA, « les informations en lien avec le secret de l’instruction ou dont la
publication peut entraver une enquête en cours, ou encore les informations à
caractère personnel ne peuvent pas être données aux journalistes ou au
public »41.
La synthèse de ces affirmations combinée avec les résultats cités plus haut
confirment notre hypothèse selon laquelle les acteurs de la chaine judiciaire
font de la rétention de l’information. Cette rétention a un impact négatif sur
le travail du journaliste. En effet, celui-ci n’ayant pas accès à l’information
éprouve du mal à recouper l’information reçue.
40
Extrait de l’interview réalisé avec Yirmalè Frédéric SOME, le 24 janvier 2018
41
Extrait de l’interview réalisée avec le substitut du procureur du Faso, Arouna YODA, le 22 janvier 2018.
81
journalistiques sont mauvaises. Cela signifie que les productions en rapport avec
la justice sont acceptables du point de vue professionnel. Le graphique X montre
également l’avis des acteurs de la justice sur la restitution de l’information par les
journalistes. Quarante-huit (48) enquêtés sur soixante pensent que les journalistes
restituent souvent ce qu’ils ont reçu comme information. Six (6) enquêtés pensent
que les journalistes restituent bien les informations qu’ils reçoivent des acteurs de
la justice. Seuls six (6) enquêtés estiment que les journalistes ne restituent pas
exactement l’information que la source leur livre. L’analyse du graphique XVI
montre également que le public apprécie les productions des journalistes sur la
justice. Quarante-trois (43) personnes sur cent (100) enquêtés pensent que les
productions des journalistes sur la justice sont passables. Vingt (20) enquêtés les
qualifient d’assez bonnes et deux enquêtés jugent les productions bonnes. Le
président de l’Association des journalistes du Burkina (AJB), Guezouma
SANOGO pense que les journalistes sont assez responsables pour savoir ce qu’ils
doivent publier. Pour lui, « L’éternel débat est la responsabilité des journalistes.
Qu’est-ce qu’on fait des informations qu’on nous donne. Mais nos interlocuteurs
(acteurs de la justice) doivent comprendre que le journaliste doit toucher la partie
sensible de l’information quitte à ce qu’il sache quoi diffuser. Dans tous les cas
il y a des institutions qui existent pour recadrer les journalistes et il y a aussi la
loi qui est là. Mais quand on donne l’information au journaliste, il doit savoir les
limites qui sont fixées par la législation et la déontologie du métier. En tout état
de cause il doit avoir à l’esprit que ces agissements peuvent porter grief aux
autres »42. L’avocat à la Cour et ancien ministre en charge de la jeunesse, Salifou
DEMBELE, soutient que certains journalistes manquent de professionnalisme
dans le traitement de l’information43. Le président de la Cour d’appel de
42
Extrait de l’entretien avec Guezouma SANOGO, le 22 janvier 2018
43
Extrait de l’entretien avec Salifou DEMBELE, le 29 janvier 2018
83
44
Extrait des propos du président de la cour d’Appel de Ouagadougou dans le questionnaire administré le 24
janvier 2018
84
A cet effet, le substitut du procureur du Faso, Arouna YODA pense que « les
journalistes doivent chercher à comprendre le fonctionnement de la justice afin
de pouvoir donner la bonne information au public »45. Guezouma SANOGO,
président de l’AJB est d’avis qu’il faut que les journalistes se spécialisent pour
plus de professionnalisme. « La question de la spécialisation, l’AJB la soutient et
c’est une question fondamentale car chaque journaliste doit se spécialiser ça y va
de sa crédibilité et de son professionnalisme »46, a conclu le président de l’AJB.
45
Extrait des propos du substitut du procureur du Faso dans le questionnaire administré le 22 janvier 2018
46
Extrait de l’interview avec Guezouma SANOGO, président de l’AJB, le 22 janvier 2018
85
Les résultats de notre enquête montrent à souhait que les journalistes sont
confrontés à des difficultés pour accéder aux informations judiciaires. Cette
situation confirme notre hypothèse principale selon laquelle les informations
judiciaires sont difficiles d’accès au Burkina Faso. Ces difficultés entravent
47
Extrait de l’interview avec Guezouma SANOGO, président de l’AJB, le 22 janvier 2018
86
Conclusion partielle
Chapitre II : Recommandations
Les résultats de notre étude montrent que les journalistes ont des difficultés
pour accéder à l’information judiciaire. Selon Alfred SAUVY, « Bien informés,
les hommes sont des citoyens, mal informés, ils deviennent des sujets ».
Cependant, pour que le journaliste puisse jouer son rôle d’informer la population
et participer à la promotion de la justice, il est nécessaire que les informations
judiciaires soient accessibles. Pour cela, nous formulons les recommandations
suivantes aux autorités politiques et judiciaires (section I) et aux journalistes
(section II).
Pour être crédibles aux yeux des acteurs de la justice, les médias doivent
évoluer vers la spécialisation des journalistes. Il s’agira d’organiser des poules de
journalistes formés aux questions de droit et de justice. Cela va rendre les
journalistes plus crédibles aux yeux des acteurs de la chaîne judiciaire.
Dans les écoles de journalisme, les enseignants insistent sur la nécessité des
critiques objectives lors des conférences de rédaction. Cependant, le constat actuel
est que ces critiques objectives tendent à disparaître des rédactions. Il est
important que cette pratique revienne afin de susciter des débats constructifs dans
les rédactions pour plus de professionnalisme.
48
Extrait de l’entretien avec Salifou DEMBELE, le 29 janvier 2018
90
CONCLUSION
Il ressort de notre étude que les raisons pour lesquelles les acteurs de la
chaîne judiciaire ne livrent pas les informations aux journalistes sont, entre
autres :
Malgré les griefs faits aux uns et aux autres, chaque acteur doit savoir que
l’accès à l’information publique fait partie de la nomenclature des droits humains
consacrés par des instruments juridiques internationaux et nationaux. L’adoption
des décrets d’application de la loi 051-2015/CNT portant droit d’accès à
l’information publique et aux documents administratifs ainsi que
l’opérationnalisation de l’Agence nationale de l’accès à l’information publique
pourraient être des solutions durables aux difficultés d’accès des journalistes aux
informations publiques au Burkina Faso en général et, particulièrement dans le
domaine de la justice.
Bibliographie
IV- Webographie
www.csc.bf
www.justice.gov.bf
www.legiburkina.bf
www.cnpress-zongo.org
www.sig.bf
www.wikipedia.org
www.anaxagora.net
I
ANNEXES
Annexe I
Liste des structures prises en compte par l’étude
Les services de la justice
La cours d’appel de Ouagadougou
La cours de cassation
La direction de la communication et de la presse ministérielle du
Ministère de la justice et de la promotion des droits civiques
La Maison d’arrêt et de correction de Ouagadougou (MACO)
Le Barreau
Le tribunal administratif
Le tribunal de grande instance de Ouagadougou
Le tribunal du travail
Si Oui, lesquels
Reportage
Compte rendu
Enquête
Magazine
Dossier
Chronique judiciaire
10- Avez-vous déjà été interpelé par une source judiciaire après la
diffusion de votre production ?
Oui
Non
11- Pourquoi avez-vous été interpeler ?
Pour vous féliciter
Pour se plaindre du traitement de l’information
Oui Non
Si oui, pour quel motif ?
Manque de confiance
Elle se dit ne pas être indiquée
Elle se dit ne pas être autorisée
Elle a peur des conséquences
Sans motif
Oui
Souvent
Non
Pourqoui ?.....................................................................................................
...................................................................................................................
Oui Non
X
Pourquoi ?................................................................................................................
.................................................................................................................................
.............................................................
Contexte :
Objectifs :
Conclusion :
Objectifs :
Conclusion :
Conclusion :
Conclusion :