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Sommaire

Sommaire............................................................................................................................................................. I
Dedicace ............................................................................................................................................................. II
remerciements ................................................................................................................................................ III
resume................................................................................................................................................................ IV
abstract ................................................................................................................................................................V
liste des abreviations .................................................................................................................................... VI
liste des figures ............................................................................................................................................. VII
liste des tableaux ......................................................................................................................................... VIII
Introduction generale .................................................................................................................................... 1
Premiere partie : approche theorique de la diffusion d'information non financiere par
les entreprises camerounaises .................................................................................................................. 14
Chapitre 1 : fondements theoriques de la diffusion d’information non financiere ............ 16
Section 1 : l’information non financière : un concept flou ............................................... 16
Section 2 : les théories explicatives de la diffusion d’information non financière ........... 26
Chapitre 2 : analyse des determinants de la diffusion d’information non financiere ....... 36
Section 1 : les facteurs économiques de la diffusion d’information non financière ......... 36
Section 2 : identification des facteurs pour la diffusion d’information non financière .... 42
Deuxieme partie : les pressions des parties prenantes comme facteur explicatif de la
diffusion d'information non financiere................................................................................................. 56
Chapitre 3 : méthodologie de la recherche ......................................................................................... 58
Section 1 : le protocole de recherche ................................................................................ 58

i
Dédicace

A mes parents,
mes sœurs et
mes frères

ii
Remerciements

Ce travail de recherche n’aurait pu voir le jour sans le soutien de nombreuses


personnes : professeurs, cadres et chefs d’entreprises, camarades, parents et amis. Pendant ce
moment, elles ont contribué directement ou indirectement à l’élaboration de cette recherche.
Que tous trouvent ici l'expression de ma profonde gratitude et de ma reconnaissance pour les
nombreux sacrifices en temps, en conseils, et en encouragements dont ils m'ont honoré.
Je voudrais, en tout premier lieu, remercier mon directeur de recherche, le Docteur
SADJO Kaoutoing, pour ses conseils, son soutien, ses encouragements, la patience, ses
observations et sa disponibilité tout au long de cette recherche, par ailleurs Chef de
département de Comptabilité-Finance.
J’aimerais aussi profiter de l’occasion pour remercier, le Doyen de la FSEG de
l’Université de Ngaoundéré, le Professeur HAMADOU BOUKAR, qui malgré ses
multiples occupations, met à la disposition des jeunes de son établissement un cadre
d’apprentissage sain avec du personnel hautement qualifié ;
Ma profonde gratitude va à l'attention de tout le corps enseignant de la FSEG
des Universités de Ngaoundéré et autres enseignants venus d’autres établissements,
qui n'ont ménagé aucun effort pour nous dispenser de précieux enseignements. Nous
leur sommes à tout jamais redevables du savoir supplémentaire qu'ils nous ont permis
d'acquérir.
Je remercie et témoigne ma gratitude à l’endroit de tous les cadres et dirigeants de
l’entreprise qui m’ont ouvert leur porte et accepté d’être associé à cette étude, en mettant les
moyens nécessaires pour le bon déroulement de notre étude.
Je tiens également à remercier mes amis et camarades de promotion pour leur écoute,
leur sympathie et l’aide technique opportune.
Beaucoup d’autres personnes m’ont accompagné pendant la conceptualisation, la
collecte des données et la rédaction de ce mémoire. Je ne peux les remercier nommément.
Néanmoins, qu’elles se sachent remerciées.
Je remercie du fond du cœur mes parents pour l'éducation qu'ils m'ont donnée
et pour la confiance affective qu'ils me portent.
Mes remerciements infinis à tous mes frères, mes sœurs, mes oncles et mes
tantes pour leur soutien moral, affectif et leurs multiples encouragements.

iii
Résumé

iv
Abstract

v
Liste des abréviations

INF : Informations Non Financières


SYSCOHADA : Système Comptable OHADA
OHADA : Organisation pour L'Harmonisation en Afrique du Droit des Affaires
GRI : Global Reporting Initiative
RSE : Responsabilité Sociétale des Entreprises
ONG :
CCE :

vi
Liste des figures

Figure 1: Modèle de diffusion d’information non financière ....................................................................... 53

vii
Liste des tableaux

Tableau 1: Textes faisant référence à une définition de l’information non financière ................................ 19

viii
INTRODUCTION GENERALE

1
1. Contexte de recherche
La dernière décennie a été marquée par la prise de conscience que satisfaire l'ensemble
des parties prenantes de l'entreprise constituait un élément stratégique. De plus, après la
dernière crise économique, les organisations ont commencé à subir des pressions externes
pour être plus responsables au sein de l’environnement dans lequel elles opèrent (Biondi et
Bracci, 2018). A cet égard, l’INF a été perçue ces dernières années comme une alternative à
celle proposée dans les rapports financiers traditionnels, pour répondre aux demandes des
différentes parties prenantes sur les questions liées à la légitimité et à la responsabilité
(Montesinos et Brusca, 2019).
Cette satisfaction ne repose plus maintenant seulement sur la publication
d'informations économiques et financières satisfaisants les actionnaires mais aussi sur la
publication d'informations non financières. L’analyse de la littérature académique et
professionnelle a montré qu’il s’agit en particulier des informations sociétales,
environnementales et relatives au capital immatériel.
Deux explications nous semblent pouvoir être avancées. Tout d’abord, une pression
accrue de l’environnement concurrentiel, légal et relationnel au sens large, pousse les
entreprises à accroître le contenu des informations sociétales en particulier environnementales
et relatives à la société civile. En second lieu, le poids croissant des actifs immatériels dans la
valorisation et la mesure de performance des entreprises et la nécessité d’expliquer leur
business model justifie la nécessité pour les entreprises d’aller au-delà du cadre normatif en
publiant volontairement des informations non financières. A ces deux explications s’ajoute le
développement très rapide d’Internet, vecteur privilégié de diffusion de l’information non
financière, en raison des possibilités de diversification et d’enrichissement de l’information
présentée au-delà de ce que permettent les supports papiers.
Cette tendance est perceptible dans les pays développés (Griffin et Sun, 2018), où les
divulgations RSE sont plus nombreuses, les marchés sont mûrs et les parties prenantes sont
conscientes. Très peu d'études ont été menées sur les économies émergentes et en
développement en occurrence le Cameroun, où le marché des capitaux est encore mature et
les règles et réglementations sont généralement faibles.
Par ailleurs, depuis quelques années, des informations non financières apparaissent
progressivement dans les différentes publications d’entreprises. En effet, les organisations
fournissent de plus en plus d’informations qui ne traitent pas directement des données
financières. Ces « nouvelles » divulgations viennent tantôt compléter les données financières,

2
tantôt traiter des sujets tout à fait différents. L’information non financière semble donc être le
complément de l’information purement financière ; elle se présente aujourd’hui de plus en
plus comme une aide capitale pour une bonne compréhension et appréciation des entreprises
actuelles (Pigé, 2013).
De nombreux travaux accordent d’ailleurs une importance grandissante à cette
information non financière, voire parfois même supérieure pour certaines entreprises à celle se
rattachant à la finance proprement dite pour, ainsi, saisir de manière plus globale la situation
d’une entité (Dupuis, 2014).
Ces informations non financières abordent des thématiques telles que la responsabilité
sociétale des entreprises (RSE), le développement durable, la satisfaction des clients, la
gouvernance d’entreprise, l’impact social, la satisfaction du personnel, la recherche et
développement etc. (Erkem et al., 2015). On constate donc que la taxonomie concernant cette
thématique balaye un panel important de sujets parfois bien différents. Il est difficilement
concevable d’espérer qu’un jour ces différentes informations figurent au bilan. Pourtant, elles
sont primordiales pour le succès actuel mais aussi et surtout futur d’une entreprise placée dans
un environnement concurrentiel (Kaplan & Norton, 2010).
La divulgation d'informations non financières est appliquée depuis longtemps dans les
pays développés du monde entier sous plusieurs formes avec des lignes directrices telles que
la Global Reporting Initiative (GRI), un cadre du Carbon Disclosure Project ou d'autres lignes
directrices. Les informations non financières, qui jouent un rôle important dans le système
d'information comptable, ont le potentiel d'ajouter une valeur significative (Fraser, 2012), la
divulgation d'informations non financières permet aux entreprises de se développer plus
durablement, de permettre à la valeur des entreprises d'être reconnue par la société et
d'améliorer la compétitivité des entreprises dans le monde.
Au Cameroun, les entreprises prêtent principalement attention aux informations
financières, et certains types d'informations non financières présentes dans les notes des états
financiers sont utilisés pour expliquer et étayer les informations financières, et non les
informations non financières sur l'environnement, la société, et les entreprises cotées en
bourse sont conscientes du rôle important de la divulgation d'informations non financières
selon les normes internationales.

3
Par conséquent, en 2018, l'Organisation pour l'harmonisation en Afrique du droit des
affaires (OHADA)1 s'engage dans l'intégration de la responsabilité sociétale des entreprises
(RSE). Le système comptable révisé (SYSCOHADA) avec la note 35 annexée posait déjà, dès
2018, les fondamentaux d'un reporting extra financier à l'échelle des Etats membres. Ainsi, les
entreprises de plus de 250 salariés doivent fournir une liste de 26 informations relatives aux
enjeux sociaux, sociétaux et environnementaux.
En conséquence, la recherche sur la divulgation d'informations non financières attire
de plus en plus l’attention. Partout dans le monde, il existe plusieurs recherches sur le niveau
de divulgation des informations non financières et les facteurs affectant ce niveau, comme
Sierra-Garcia et al (2018), Szadziewska et al (2018).
On constate donc que l’information non financière est un sujet qui a déjà fait couler
beaucoup d’encre depuis quelques années et qui continue aujourd’hui à alimenter plus que
jamais les débats (Dupuis, 2014). C’est en ayant écho de cet intérêt grandissant pour les
informations non financières d’une entreprise pour mieux apprécier sa réelle valeur et de
nouveaux projets de lois nationales et internationales pour mieux régir ces informations que je
me suis intéressé à ce sujet. En réalisant mes recherches, l’envie de savoir et de comprendre
comment les entreprises produisent et divulguent des informations non financières s’est
précisée. C’est dans cette optique que nous proposons de mener une recherche sous le thème
de : « la production et la divulgation d’informations non financières par les entreprises
camerounaises »
.
2. Problématique et questions de recherche
La littérature scientifique reconnait depuis plusieurs années l’utilité de certaines INF
comme indicateurs de performance économique.
Au cours des dernières décennies, la divulgation hors bilan (informations non
financières) a attiré l'attention et la reconnaissance dans les pays en développement et
émergents en raison de l'insuffisance des informations financières traditionnelles pour
répondre au besoin d'évaluer la valeur des organisations (PWC, 2017). L'étude a également
souligné que la plupart des cadres supérieurs et des dirigeants de sociétés multinationales
estiment que les mesures de performance hors bilan l'emportent sur les mesures de
performance financière en termes de création et de mesure de la valeur actionnariale à long

1
Pierre-Samuel Guedj, président d'Affectio Mutandi et de la commission RSE & ODD du CIAN. Dossier
Afrique : L'AGEFI HEBDO / du 23 au 29 juin 2022, p. 24

4
terme. Selon Yusuf (2017), les informations hors bilan sont les mesures qui incluent les scores
d'indice, les ratios, les décomptes et d'autres informations non présentées dans les états
financiers de base. Il est reconnu que la divulgation d'informations hors bilan peut être un
terme imparfait car l'information peut finalement avoir une dimension ou un impact financier.
L'étude d'Okoye (2016) a mesuré les informations hors bilan à l'aide de la divulgation du
capital intellectuel (ICD) représentée par l'efficacité du capital humain. La divulgation de la
gestion des risques a été utilisée comme proxy pour la divulgation non financière par Ismail et
Rahman, (2013) tandis que Rouf (2016) a utilisé la divulgation non financière en utilisant la
divulgation de la responsabilité sociale des entreprises. Dans cette étude, nous utilisons
l'efficacité de la responsabilité sociale comme proxy pour la divulgation d'informations non
financières.
La complémentarité entre les données financières et les données non financières a
aussi été avancée dans des recherches antérieures, entre autres par Amir et Lev (1996)2 qui
ont étudié la valeur et la pertinence de renseignements non-financiers dans l’industrie des
communications sans fil. Sur une base autonome, ils indiquent que les informations
financières (salaires, valeur comptable des actifs, et flux de trésorerie) sont très peu
pertinentes pour l’évaluation boursière des entreprises de téléphonie cellulaire. Par contre, des
indicateurs non financiers, tels que la taille de la population (comme proxy de croissance) et
la pénétration du marché (comme mesure du rendement de l’exploitation), sont hautement
pertinents dans ce cas. Toutefois, lorsqu’elles sont combinées avec des informations non
financières, les données de la comptabilité financière gagnent une contribution marginale pour
l’explication des cours boursiers, ce qui suggère un degré de complémentarité entre les
données financières et non financières. Ceci est un point partagé par Cohen (2004), qui pense
que si l’information comptable constitue un matériau nécessaire et particulièrement adapté
pour le diagnostic financier, elle ne saurait cependant répondre à tous les besoins
informationnels des analystes financiers dont la tâche d’évaluation et de prévision requiert
également des informations extra- comptables de caractères qualitatif et quantitatif.
L’information non financière couplée à l’information financière permettrait alors de mieux
appréhender la valorisation des firmes, notamment dans les secteurs liés au développement
des technologies de l’information et de la communication. Il indique dans ce sens que les
informations non financières qui donnent des détails sur les alliances stratégiques nouées ou

2
Mervelskemper, L., & Streit, D. (2017). Enhancing market valuation of ESG performance: is integrated
reporting keeping its promise? Business Strategy and the Environment, 26(4), 536-549.

5
les processus opérationnels implantés au sein de la firme, sont davantage prédicteurs de la
tendance des résultats futurs.
D'un point de vue théorique, les études se sont appuyées sur les théories de la
légitimité, des parties prenantes et de l'institution, en raison de la relation des organisations
avec la société (Othman et al., 2017), comme un mécanisme pour justifier et expliquer leurs
actions, répondre aux besoins d'information des utilisateurs ou pour répondre aux pressions
externes ou aux attentes de l'organisation. Sur la base de ces apports théoriques
fondamentaux, ce travail considère la révolution que le gouvernement électronique a apportée
à la diffusion de l'information, visant à définir et analyser les facteurs déterminants de la
divulgation d'informations pertinentes sur la durabilité.
La théorie institutionnelle suppose que les organisations publiques et privées naissent
dans des contextes hautement institutionnalisés et se sentent donc obligées d'incorporer des
pratiques et des procédures généralement imposées par l'opinion publique et d'autres acteurs
essentiels qui sont associés à la réalité et au statut social, pour assurer leur survie et légitimer
leurs actions (Kostova et al., 2008). En ce sens, Buhr et al. (2014) considèrent que l'une des
raisons pour lesquelles les entreprises produisent des rapports de développement durable est
de répondre aux pressions, aux attentes et aux changements sociaux, de contribuer au débat
public et à la formation de l'opinion des gouvernements, des ONG, des utilisateurs et des
médias.
En ce qui concerne le secteur public, Frumkin & Galaskiewicz (2004) soulignent que
les entités publiques sont plus vulnérables aux pressions externes en raison de la nature de
leurs ressources, qui nécessitent une gestion plus transparente, contrairement aux
organisations privées, dont les ressources sont principalement liées à un groupe particulier de
propriétaires. Ils sont également les principaux fournisseurs de services essentiels à but non
lucratif et sont soumis aux demandes des citoyens (Gallego-Álvarez et al., 2010).
Dans le cas des gouvernements locaux, les pressions institutionnelles sont considérées
comme ayant influencé la manière dont leurs informations sont divulguées. Aussi, ces entités
recherchent l'harmonie avec les valeurs sociales dans leur gestion organisationnelle (Joseph &
Taplin, 2012) et l'introduction de divers changements dans la gestion des maires. Il est
souligné, par exemple, l'adoption du gouvernement ouvert (divulgation électronique) en tant
que mécanisme pour répondre aux demandes du public d'accès à l'information (León-Silva et
al., 2022), qui aide les entités à avoir des capacités institutionnelles et politiques.

6
Une autre approche théorique de l'étude de la divulgation d'informations est liée à la
théorie de la légitimité. Pour Marcuccio & Steccolini (2009), la légitimité est considérée
comme une ressource dont les organisations ont besoin pour survivre. Ainsi, cette perspective
conclut que les organisations publiques et privées divulguent des informations relatives à
leurs activités en tant que mécanisme pour légitimer leurs actions auprès des parties
prenantes. Du point de vue du secteur public, Araujo & Tejedo-Romero (2016) soulignent
qu'il existe une relation entre la divulgation de l'information et la transparence, dans la mesure
où l'accès à l'information publique permet aux citoyens de connaître et de suivre sur les
décisions prises par les dirigeants, contribuant ainsi à la légitimation des actions et à
l'amélioration de la perception politique. Par conséquent, les « institutions gouvernementales
sont de plus en plus préoccupées par la diffusion plus large de l'information et la création de
nouveaux mécanismes pour améliorer la qualité de la prise de décision, promouvoir une plus
grande transparence dans le processus politique et accroître la légitimité des décisions ».
Plusieurs auteurs se sont penchés sur la théorie de la légitimité pour expliquer le
niveau de divulgation des INF, dans la mesure où les entités doivent également prendre des
mesures pour garantir la légitimité de leurs actions auprès des différents utilisateurs
(Lawrence et Priscilla, 2021). Ainsi, cette information est considérée comme un mécanisme
approprié pour construire, légitimer et maintenir des accords avec la population, soulignant le
rôle joué par les dirigeants dans la prise de décision (Cuadrado-Ballesteros et al., 2014).
Donc, comme vu ci-dessus, les études antérieures portant sur la valeur, les attributs et
la pertinence de l’information non financière ont jusqu’ici contribué à montrer son utilité et
l’intérêt grandissant que lui vouent les parties prenantes aux activités des entreprises. Ces
études ont pour la plupart porté sur des techniques d’observation, d’enquêtes, ou de sondage.
La présente étude voudrait non seulement confirmer l’utilité prédictive et la pertinence
reconnues à l’information non financière, mais aussi déterminer les facteurs qui motivent la
diffusion de ces informations.
Ainsi, le problème soulevé dans cette recherche est le manque de connaissances
existantes sur les raisons pour lesquelles les entreprises divulguent des informations extra-
financier en l'absence de toute exigence réglementaire ou de toute reconnaissance par les
organismes professionnels.
De ce fait, analyser les facteurs explicatifs de la divulgation d’informations non
financières produites par les entreprises camerounaises est la principale préoccupation de
cette recherche. Cet objet de recherche suscite des questions subsidiaires suivantes :

7
 Les entreprises divulguent-elles des informations non financières pour légitimer leurs
comportements d'entreprise auprès de leurs groupes de parties prenantes ?
 Les entreprises divulguent-elles des informations non financières aux exigences
d'information de leurs groupes de parties prenantes ?

3. Objectifs de la recherche
Notre thème qui porte sur la production et la divulgation d’informations non
financières par les entreprises camerounaises. Ainsi notre objectif principal est de déterminer
pourquoi les entreprises camerounaises divulguent des informations non financières en
l'absence de toute reconnaissance par la profession comptable et les organismes de
réglementation. De cet objectif principal découlent trois (03) objectifs spécifiques ou
secondaires. Il sera question pour nous :
 Justifier la diffusion d’information non financières des entreprises camerounaises ;
 D’évaluer le niveau de divulgation d’informations non financières des entreprises
camerounaises ;
 Identifier et évaluer l'influence de diffusion d’informations non financières des
entreprises camerounaises ;
Après avoir déterminé les objectifs de cette recherche, nous situerons l'importance et le
bien-fondé de cette étude en présentant l'intérêt théorique et managériale de cette dernière.

4. Intérêts de la recherche
Les résultats de cette étude contribueront à l’amélioration de la connaissance des
pratiques de diffusion de l'information no financière des entreprises camerounaises. Les
études antérieures dans ce domaine ont été essentiellement menées dans le contexte anglo-
saxon.
Les conclusions de cette étude nous en diront davantage sur la possibilité d'une
éventuelle généralisation de l'effet de l'information non financière sur les jugements et
décisions des utilisateurs, dans un contexte de règlement comptable tout à fait différent de
celui précédemment étudié par les chercheurs. L'importance de cette recherche est à deux
niveaux :
Sur le plan théorique : cette recherche sera utilisée comme une base pour des études
empiriques, pour les recherches futures. Bien que l'étude d’informations non financières des
entreprises ait été soulevée par différents chercheurs, notre travail se démarque des autres

8
recherches sur deux plans. La première contribution de ce travail consiste à tester ces relations
dans le contexte camerounais. En effet, les recherches antérieures ont été exclusivement
réalisées dans le contexte américain et européen. La deuxième contribution consiste à vérifier
que l’information non financière est utile pour les entreprises camerounaises.
Sur le plan pratique : les résultats de cette étude nous permettront de proposer des
recommandations pertinentes pour les entreprises. En effet les entreprises sauront désormais
que l’INF permet d’apprécier l’état des finances et la situation économique d’une entité telle
qu’une entreprise et est, par conséquent, un moyen pour différents acteurs d’établir une
« valeur », un prix pour cette entité.

5. Base d’hypothèse et hypothèse de recherche


La divulgation volontaire de l’information corporative n’est en général pas aléatoire.
Le cadre théorique initial pour expliquer les divulgations volontaires remonte à Kamenica,
(2019). qui estiment que l’incitatif principal pour une entreprise à divulguer de façon
volontaire est son avantage concurrentiel.
La taille de l'entreprise est communément considérée comme une variable
déterminante de la divulgation d'informations (Patten 2002). Les grandes entreprises sont
soumises à une plus grande pression de la part des parties prenantes ; par conséquent, on
s'attend à ce qu'ils rendent compte de manière plus complète des questions non financières
afin de répondre aux besoins des utilisateurs et sont plus susceptibles de faire face aux coûts
politiques de leurs actions. De plus, la plupart possèdent des systèmes d'information de niveau
supérieur avec lesquels créer des rapports d'entreprise, facilitant ainsi la divulgation
(Tagesson et al. 2009 ; Melis et al. 2015).
Les études ont montré que l'entreprise est la seule organisation qui possède des
ressources humaines, technologiques, financières et motivationnelles nécessaires pour être
socialement responsable. Il a été avancé que la taille de l'entreprise a non seulement une
influence sur les pratiques de RSE (Commission des Communautés Européennes, 2002), mais
aussi sur l‘importance de la perception d'être engagé dans une telle stratégie (Department of
Trade and Industry, 2002).
Selon Krauthammer (2009), les employés des grandes entreprises developpent le plus
les comportements socialement responsables dans l'atteinte de leurs objectifs. II démontre que

9
la taille influe positivement sur la performance de l’entreprise : plus l’entreprise est de grande
taille, plus sa performance suite aux actions socialement responsable n’est meilleure.
Pour Spence et al. (2008), l’entrepreneur considère que les petites entreprises n’ont pas
de ressources nécessaires pour adopter les pratiques de la responsabilité sociétale et
environnementale. Elles doivent d’abord chercher à se conformer à l’environnement dans
lequel elle se trouve afin de développer les stratégies referentiel1es. Au vu de ces
considérations, nous proposons une troisième hypothèse selon laquelle :
H1 : Existe-t-il des associations entre la taille de l'entreprise et le niveau
d'informations non financières divulguées par les entreprises camerounaises?

Le management responsable a pour but de minimiser (voire supprimer) les effets de la


pollution, les inégalités, la pauvreté, l’épuisement des ressources, les changements
climatiques, etc. L'entreprise peut ainsi agir sur ces différents fléaux en adoptant une stratégie
socialement responsable.
Plusieurs études effectuées dans le cadre de la RSE ont pris en compte la variable
secteur d'activité et ont démontré que celle-ci n'est pas contraignante dans la mise en œuvre
des comportements responsables.
Lors d'une étude menée par Berger-Douce (2008) portant sur le management
environnemental des PME rentables dans quelques pays développés de l'Europe, plus de 75%
de ces PME constituées des entreprises industrielles étaient celles qui diffusaient des systèmes
de management environnemental ainsi que les pratiques et les performances
environnementales. Le secteur industriel parait ainsi être celui qui communique le plus sur le
thème de responsabilité sociétale et est plus sensible que les autres (service, technologie,
commerce) aux préoccupations sociales et environnementales. II est par conséquent le secteur
qui dégage le plus de valeur environnementale au regard des problèmes que soulève la RSE.
Les entreprises opérant dans des secteurs d'activité sensibles publient souvent des
informations extra- financières plus détaillées. Nous suggérons donc que la nécessité pour une
entreprise d'offrir une plus grande visibilité aux aspects sociaux et environnementaux de ses
actions, ainsi que des niveaux élevés de pression des parties prenantes à cet égard,
déterminent le degré de divulgation des informations non financières (Brammer et Pavelin
2008). De nombreuses études ont rapporté que le secteur d'activité dans lequel une entreprise
opère est significativement associé à son niveau de divulgation d'informations sociales et
environnementales (Fernandez-Feijoo et al. 2014 ; Fortanier et al. 2011 ; entre autres).

10
Pour Koleva (2005), le secteur d'activité est la principale variable explicative des
pratiques responsables. Les informations sur les performances sociales et environnementales
sont relativement élevées dans les secteurs les plus polluants de l'économie (entreprise
pétrolière, chimie et confection, aluminium, etc.). Par conséquent, nous proposons la
deuxième hypothèse suivante :
H2 : Il existe une relation positive entre le secteur d’activité de l’entreprise et la
diffusion d’informations non financières

La transparence organisationnelle non financière et financière et l'engagement en


ligne, associés à une gestion adéquate des médias sociaux, représentent une stratégie efficace
pour répondre aux principales demandes des parties prenantes et assurer un plus grand
engagement pour les avantages de la légitimité tels que la stabilité, la survie et la loyauté des
parties prenantes. En ce sens, Reverte (2009) souligne que les théories des parties prenantes et
de la légitimité, entre autres, représentent un cadre adéquat sur la manière dont l'information
non financière contribue à satisfaire les attentes informatives des parties prenantes pour une
plus grande légitimité organisationnelle.
De plus, Andrades-Peña (2015) soutiennent que la théorie des parties prenantes est la
théorie la mieux adaptée pour expliquer la plus grande visibilité des entreprises en termes de
performances économiques, sociales et environnementales. De plus, la présence des
entreprises dans les médias sociaux offre aux parties prenantes un canal par lequel accéder
aux informations de l'organisation, et potentiellement, la capacité de créer un dialogue entre
elles et l'organisation (Bonson et Ratkai, 2013). Considérant que les gestionnaires mettant en
œuvre des mécanismes de redevabilité basés sur des informations non financières doivent
rencontrer les opinions des différentes parties prenantes afin d'ouvrir le processus de
participation aux questions de gestion.
Selon la théorie des parties prenantes, les organisations devraient atteindre leurs
objectifs en tenant compte de leurs différentes parties prenantes. À cet égard, toutes les entités
devraient informer leurs parties prenantes sur les activités menées et, ce faisant, les fidéliser,
qui à leur tour servent de base à des relations sociales à long terme. Par conséquent, l'un des
éléments clés que les organisations peuvent utiliser dans la gestion des relations avec leurs
parties prenantes est d'établir des canaux de communication plus directs et fluides. Les médias
sociaux peuvent faciliter la participation de toutes les parties prenantes et contribuer ainsi à
une responsabilisation efficace (Bonson et al., 2017).

11
H3 : La diffusion d'information non financière constitue une réponse sociétale de
l’entreprise face aux pressions des parties prenantes.

6. Démarche méthodologique
Nous mènerons cette recherche suivant une démarche hypothético-déductive dans le
but d'accorder une fiabilité ou un rejet aux éléments théoriques qui font l'objet de notre étude.
Ainsi, nous partirons de la littérature existante dans le domaine pour déterminer les concepts
susceptibles de permettre l'apport des éléments de réponse à nos questions de recherche. En
suite ces éléments de réponse seront confrontés à la réalité par une recherche empirique. À cet
effet, nous constituerons un échantillon d’entreprises camerounaises par la méthode
d'échantillonnage de convenance. Les données seront collectées à l'aide d'un questionnaire sur
support papier. Notre démarche sera clôturée par l'analyse des données à l'aide du logiciel
SPSS (Statistical Package For Social Science) qui nous permettra de tester nos hypothèses par
la méthode de khi deux et la régression multiple.

7. Plan du travail
Ayant mis en évidence deux axes de réflexion sur la diffusion d'information non
financière, la responsabilité sociétale et la réactivité sociétale, la structure de notre travail
adoptera ces deux axes.
Pour tenter de fournir des éléments argumentés, susceptibles d'apporter une
contribution à la connaissance de la diffusion d’information non financière, nous mettons dans
une Première Partie, en évidence l'existence d'un paradoxe concernant la diffusion
d'information non financière. Ce paradoxe résulte de la confrontation de deux éléments
présentés dans les deux chapitres de cette première partie.
Le chapitre 1 analyse la diffusion d'INF par rapport aux différentes dimensions de la
responsabilité sociétale de l'entreprise. Elle montre l'absence de contraintes réglementaires
pour la diffusion d'INF. Par ailleurs, le chapitre 2 montre l'existence de pratiques de diffusion
d'INF, à la fois grâce à une revue de la littérature existante sur le sujet.
Tentant de dépasser ce paradoxe, nous envisageons un second axe possible de
l'analyse de la diffusion d'INF, correspondant à la réactivité sociétale de l'entreprise. Notre
Seconde Partie examine si les pressions des parties prenantes peuvent constituer un facteur
explicatif de la diffusion d'INF.

12
Dans le chapitre 3, nous présentons la méthodologie retenue et nous cherchons un
cadre théorique possible pour l’étude des pressions des parties prenantes. Nous justifions le
choix de la théorie des parties prenantes pour effectuer cette étude. Et, nous identifions la
nature des parties prenantes pouvant influencer la diffusion d'INF. Finalement, le chapitre 4
constitue l'application de la théorie des parties prenantes à l'étude de la diffusion d’INF, ainsi
que les résultats obtenus à l'issue de l'étude.
Nous proposons une conclusion de notre recherche mettant en évidence les limites
ainsi que les pistes de recherche suggérées par nos résultats.

13
PREMIERE PARTIE : APPROCHE THEORIQUE DE LA DIFFUSION
D'INFORMATION NON FINANCIERE PAR LES ENTREPRISES
CAMEROUNAISES

14
D’après Perrini (2006), la divulgation d’informations non financières résulte de la
réflexion des entreprises sur ce qu’est la RSE, sur son importance, et sur la façon dont elle
peut être partagée avec les parties prenantes.
En outre, comme l’information financière est principalement rétrospective et basée sur
les performances passées, la divulgation d’informations non financières peut fournir aux
investisseurs et autres parties prenantes des indications sur le potentiel futur de l’entreprise.
En d’autres termes, l’information non financière telle que celle sur la qualité de la gestion des
risques, la gouvernance, l’orientation stratégique, la qualité du management, ainsi que la
performance sociale et environnementale aident les parties prenantes à mieux comprendre la
performance globale d’une entreprise, sa stratégie et ses perspectives de croissance.
L'explication de la diffusion de l'information non financière au regard des deux
facettes les plus couramment admises de la responsabilité sociétale de l'entreprise nous a
permis de dégager une situation paradoxale (chapitre 1). Il nous semble alors nécessaire de
confirmer la réalité de la diffusion de l'information non financière. Ce travail constitue, selon
nous, un prérequis pour la suite de notre étude. Ainsi, nous allons tenter de mettre en
évidence, grâce aux études existantes dans la littérature, puis ensuite par notre propre travail
empirique, la diffusion d'information non financière (chapitre 2).

15
CHAPITRE 1 : FONDEMENTS THEORIQUES DE LA DIFFUSION
D’INFORMATION NON FINANCIERE

Au cours de ce premier chapitre, les différents aspects théoriques liés au thème de


l’INF vont être abordés. A cette fin, notre premier chapitre présente, à travers deux sections,
les définitions de l’expression et ses dimensions. Aussi, la première section est relative au
contenu du concept et à ses caractéristiques. Nous y évoquons ses principaux aspects dans son
cadre règlementaire, et en montrant une absence de contrainte dans les domaines investis. La
deuxième section propose les théories en présence, susceptibles d’expliquer les facteurs de cet
engagement, notamment de la diffusion d’information non financière

Section 1 : l’information non financière : un concept flou


Avant d'expliquer le cheminement de notre réflexion, il nous semble important de
définir ce que nous entendons par information non financière. Ceci nous amène à préciser la
notion d'environnement que nous allons retenir dans la suite de notre recherche.

I. La notion de l’information non financière


L’INF est un concept très large au sein duquel on retrouve un vocabulaire et des
définitions variées et plus ou moins redondantes. Il est très difficile de donner une définition
précise et surtout complète de l’information non-financière. En effet, son cadre est bien moins
restrictif que celui utilisé pour l’information financière. Il n’existe donc pas de définition
synthétique de celle-ci et les différents auteurs la perçoivent très souvent comme l’opposé de
l’information financière. (Poincelot & Wegmann, 2005 ; Protin & al, 2014).

1.1. Définition et dimension de l’information non financière


Afin de préciser notre définition de l’information non financière, nous allons cerner
quelle est l’étendue d’une information non financière, et préciser ce qu’elle recouvre, en la
déclinant selon un certain nombre de dimensions possibles.

16
1.1.1. Perceptions sur la signification de l'information non financière
Pour explorer la convergence ou la divergence entre les résultats des deux méthodes de
recherche, les définitions de l’INF, issues de l'enquête, ont été appariées à celles identifiées
dans la littérature. Les résultats sont présentés et analysés ci-dessous.

1.1.1.1. Les informations non financières en tant qu'informations de responsabilité


sociale d'entreprise.
Selon les définitions placées dans la catégorie RSE, INF fait référence aux politiques,
activités et impacts d'une entreprise sur les questions environnementales et sociales (Manes-
Rossi et al., 2018). Cette conceptualisation de l'INF n'a pas été souvent notée dans les points
de vue des participants. En effet, seul un faible pourcentage de chercheurs estime que l'INF «
concerne des objectifs, des actions et des impacts environnementaux, sociaux et économiques
ou qu’il permet une évaluation correcte des impacts d'une entreprise.

1.1.1.2. Informations non financières en tant qu'informations concernant la


performance de l'entreprise
Cette définition couvre la performance globale de l'entreprise et ne se focalise pas
uniquement sur les sphères sociales et environnementales (Erkens et al., 2015 ; Chong et al.,
2018).

1.1.1.3. Informations non financières en tant qu'informations externes aux états


financiers.
Dans ce cas, l'accent est mis sur l'endroit où les INF sont divulgués (états financiers
internes ou externes) (Orens et Lybaert, 2007 ; Cohen et al., 2008). Une minorité de
répondants définissent les INF comme « des informations qui ne sont pas directement
dérivées des états financiers » ou « des informations divulguées dans un document séparé ».

1.1.1.4. Informations non financières en tant qu'informations non comptables.


L’INF est associée à des informations qui ne sont pas exprimées en termes financiers.
Bien que dans la littérature cette dimension de l’INF ne soit prise en compte que dans l'étude
de Haller et al. (2017). Dans cette catégorie, certaines définitions soulignent également que
les INF complètent les informations financières.

17
1.1.1.5. Les informations extra financières comme informations environnementales,
sociales et de gouvernance.
L'INF concerne les informations environnementales, sociales et de gouvernance ou,
plus généralement, les informations sur les questions de durabilité (Farooq, 2015 ; Mio et al.,
2015 ; La Torre et al., 2018). Certains auteurs partagent ce point de vue et déclarent que :
- L'INF concerne l'analyse des aspects sociaux et environnementaux liés aux activités
de l'entreprise.
- Le INF est une information pertinente pour évaluer la pérennité des actions de
l'entreprise.

1.1.1.6. Les informations extra financières comme informations relatives à la stratégie.


Les définitions qui appartiennent à cette catégorie stipulent que l'INF se concentre sur
la direction stratégique d'une entreprise (Vanstraelen et al., 2003 ; Perrini, 2006). Seuls
quelques chercheurs définissent les INF comme « des informations qui montrent aux parties
prenantes la mission, les valeurs et les lignes stratégiques sur lesquelles repose une entreprise
». Ainsi, à l'instar de ce que l'on retrouve dans la littérature, cette définition est parmi les
moins utilisées.

1.1.2. Définition de l’information non financière


Tenter de définir l’INF d’une entreprise est particulièrement délicat dans la mesure où
cela soulève le problème de sa finalité. Ce point particulier a fait l’objet de nombreux travaux.
Nous allons essayer de nous situer parmi ceux-ci. Comme nous l’indique une étude
bibliométrique (Protin & al. 2014), nous pouvons néanmoins trouver des caractéristiques
importantes propres à l’information extra-financière qui reviennent très couramment dans les
différents textes dépeignant ce sujet :

18
Tableau 1: Textes faisant référence à une définition de l’information non financière

Auteurs et année Définition de l'INF


Würzburg (1998) ... des informations sur le capital intellectuel des entreprises
La divulgation d’informations non financières résulte de la réflexion des
entreprises sur ce qu’est la RSE, sur son importance, et sur la façon dont
elle peut être partagée avec les parties prenantes. En outre, comme
Perrini (2000) l’information financière est principalement rétrospective et basée sur les
performances passées, la divulgation d’informations non financières peut
fournir aux investisseurs et autres parties prenantes des indications sur le
potentiel futur de l’entreprise.
... les informations ont été regroupées en six catégories, à savoir,
Vanstraelen et al. l'environnement autour de l'entreprise, la stratégie et le management, les
(2003) tendances de l'entreprise, l'environnement de l'entreprise, la production
et les clients.
Flöstrand et Ström Le terme INF dans cette étude fait référence à des informations
(2006) qualitatives en dehors des quatre états financiers et des notes annexes.
L'INF, comme celle sur la qualité de la gestion des risques, la
gouvernance d'entreprise, l'orientation stratégique, la qualité de la
Perrin (2006) gestion et la performance sociale et environnementale, aidera les parties
prenantes à mieux comprendre la performance globale d'une entreprise,
sa stratégie commerciale et ses perspectives de croissance.
Orens et Lybaert INF est défini comme toute information divulguée en dehors des états
(2007) financiers d'une entreprise...
Lim et al. (2007) ... révèle des informations sur la responsabilité sociale de l'entreprise
INF est défini comme des informations qui ne sont pas directement
dérivées des états financiers, telles que les conditions économiques
Cohen et al. (2008)
générales, les changements technologiques dans l'industrie du client et
les nouveaux produits des concurrents
Le terme 'non financier' n'inclut pas les informations traditionnelles
Polo et Vazquez
collectées dans les principaux états financiers, mais il est plutôt intégré
(2008)
de manière indépendante dans la comptabilité
Serrano-Cinca et al. INF a été utilisé pour identifier plusieurs constructions intangibles...
(2010)
Arvidsson (2011) INF lié aux actifs incorporels ...
Les informations non financières offrent un outil de mesure de la valeur
Cohen et al. (2012) de l'entreprise découlant des actifs incorporels et des flux de trésorerie
futurs qui fait défaut dans les rapports financiers traditionnels
Abidin et al. (2014) INF tels que des informations sur la responsabilité sociale
INF, tel que celui lié à l'environnement, au social et à la gouvernance
Farooq (2015)
(ESG) ...
Ahmed Haji (2015) INF d'une entreprise, y compris les informations IC ... ...

19
la divulgation de INF devrait faire la lumière sur les politiques et
Camilleri (2015)
pratiques sociales et environnementales de l'entreprise
NF, c'est-à-dire des informations qualitatives qui ne sont pas incluses
Holt et al. (2015 dans les états financiers mais qui ont été identifiées comme étant
importantes pour la prise de décision d'investissement...
Mio et al. (2015) INF se réfère spécifiquement aux informations liées à la durabilité
Szabo et INF, autrement connu sous le nom d'informations sur la responsabilité
Sørensen (2015) sociale des entreprises (RSE)
Nous définissons les INF comme des informations fournies à des
personnes extérieures à l'organisation sur des dimensions de la
performance autres que l'évaluation traditionnelle de la performance
Erkens et al. (2015) financière du point de vue des actionnaires et des créanciers. Notre
définition inclut, mais sans s'y limiter, les éléments liés à la comptabilité
sociale et environnementale, à la RSE et au capital intellectuel divulgués
en dehors des états financiers
Bonson et Bednárová INF tels que ceux liés à des questions environnementales ou sociales
(2015)
... les informations nécessaires pour comprendre le développement, les
résultats et la position de l'organisation et l'impact de ses opérations en
Kristofík et al. (2016)
ce qui concerne les questions environnementales et sociales, le respect
des droits de l'homme, la lutte contre les pots-de-vin et la corruption
Krasodomska et Cho INF lié aux questions de responsabilité sociale des entreprises (RSE)
(2017)
Matuszak et ... les divulgations volontaires concernant les questions de RSE
Roza_nska (2017)
INF comprend toutes les données quantitatives et qualitatives sur la
Haller et al. (2017)
politique poursuivie, les opérations commerciales et les résultats de cette
politique en termes de production ou de résultat, sans lien direct avec un
système d'enregistrement financier
Chong et al. (2018) ... des informations sur les performances et les risques de l'entreprise ”
Ochi (2018) INF telles que les informations ESG...
INF fait référence à un large éventail de thèmes et de questions tels que
les politiques et les impacts environnementaux et sociaux (par exemple,
l'utilisation des ressources et de l'énergie, les émissions de gaz à effet de
Manes-Rossi et al.
serre, la pollution, la biodiversité, le changement climatique, le
(2018)
traitement des déchets, la santé et la sécurité des employés, le genre).
égalité, éducation) et est essentielle pour améliorer la responsabilité et la
transparence envers les parties prenantes
Le terme INF est ambigu car il fait spécifiquement référence à la
La Torre et al. (2018)
divulgation d'informations sur la société et l'environnement

Source : Lara Tarquinio et Stefania Carolina Posadas (2020)

20
Le constat essentiel, observé dans la majorité des définitions proposées, souligne qu’il
fait référence à des informations présentées en dehors des états financiers. Cette approche
nous parait trop large. C'est pourquoi nous allons retenir la définition de Perrini (2006), la
divulgation d’informations non financières résulte de la réflexion des entreprises sur ce qu’est
la RSE, sur son importance, et sur la façon dont elle peut être partagée avec les parties
prenantes. En outre, comme l’information financière est principalement rétrospective et basée
sur les performances passées, la divulgation d’informations non financières peut fournir aux
investisseurs et autres parties prenantes des indications sur le potentiel futur de l’entreprise.
En d’autres termes, l’information non financière telle que celle sur la qualité de la gestion des
risques, la gouvernance, l’orientation stratégique, la qualité du management, ainsi que la
performance sociale et environnementale aident les parties prenantes à mieux comprendre la
performance globale d’une entreprise, sa stratégie et ses perspectives de croissance.
En conclusion, pour la suite de notre recherche, nous retiendrons la définition
proposée par Perrini pour caractériser le comportement de l'entreprise en matière de diffusion
d'information non financière.
De plus, la responsabilité sociétale et la réactivité sociétale sont deux processus
évolutifs, ce qui rend encore plus difficile l'observation du comportement de l'entreprise par
rapport à la diffusion d'information non financière. Ces processus évolutifs soulignent, en fait,
un aspect particulier de la diffusion d’une telle information, à savoir sa finalité.

1.2. Les finalités de l’information non financière


Les finalités poursuivies à travers les informations non financières sont apparues
comme multiples et concomitantes. Nous en proposons ici un panorama, selon une approche
pragmatique, dont l’objectif est d’en révéler la diversité. Elles seront examinées plus en
profondeur au cours de notre recherche.
Il peut s’agir de répondre à des pressions externes. Cela concerne principalement les
pressions provenant des clients, de l’opinion publique, des groupes environnementaux, des
médias et de la communauté locale (Wilmshurst et Frost, 2000).
L’engagement extra financier est susceptible d’être lié à des pressions internes. Celles-
ci sont alors relatives à deux groupes : les investisseurs ayant un intérêt pour l’engagement
sociétal. La finalité peut être d’adopter une éthique d’entreprise. Cela fait référence à
l’intention et à l’idéologie guidant les actions des dirigeants.

21
Il peut également s’agir d’améliorer l’image de l’entreprise. L’état de l’art fait souvent
référence à l’engagement sociétal comme un moyen de développer une image favorable
auprès des consommateurs et des citoyens (Kleiner, 1991). Gérer et améliorer la position
concurrentielle constitue, par ailleurs, une finalité potentielle.
La liste de ces facteurs révèle la difficulté de définir la responsabilité sociétale par sa
finalité : plusieurs objectifs peuvent être poursuivis avec des priorités ou des hiérarchies plus
ou moins explicites.

1.2.1. Principales informations non financières diffusées


L’analyse des études utilisant des scores permettant de distinguer plusieurs
catégories d’informations non financières. Elles montrent que les informations les plus
diffusées portent sur la RSE et sur le capital immatériel.

1.2.1.1. Les informations sociétales


Les informations sociétales ou relatives à la responsabilité sociale de l’entreprise ont
fait l’objet d’un nombre important d’études. En termes d’évolution, on note tout d’abord
une augmentation de la diffusion de cette catégorie d’informations non financières. Ionel-
Alin (2011) observe, par exemple, une augmentation du score d’informations
environnementales sur la période 2006 à 2009 pour un échantillon de 48 entreprises
européennes. Par ailleurs, la catégorie des indicateurs non financiers est, d’après son étude,
la plus fournie (score de 100% pour les 48 sociétés) et 42% des entreprises de l’échantillon
fournissent une information certifiée en 2009 contre moins de 20 % en 2006.
Par ailleurs, la majorité des études montre que les principales informations
sociétales sont le plus souvent narratives (Trébucq, 2006) et portent sur l’environnement, les
relations avec la société civile et les ressources humaines. Ainsi, pour les Etats-Unis,
Holder-Webb et al. (2009) ont étudié l’information sociétale à partir des principaux
supports de communication d’un échantillon de 50 entreprises. Ils observent que la quasi-
totalité de l’échantillon (44/50) publie des informations sociétales et que les items ou
groupes d’items les plus diffusés portent sur les relations avec la société civile (24 % des
données RSE), les ressources humaines (23%) et la santé/sécurité (15%). Pour l’Europe,
Perrini (2005) aboutit à des résultats comparables sur un échantillon de 90 sociétés
européennes publiant un rapport de développement durable. Il analyse, à partir d’une grille
multicritères établie sur la base des principaux référentiels RSE, le contenu des rapports de

22
développement durable en relation avec 8 catégories de stakeholders. Il montre que les
informations les plus diffusées au sein des RDD sont la stratégie environnementale (91%),
l’engagement citoyen (86%), l’environnement (80%) et la santé/sécurité (76%). Pour la
France, Oxibar (2003) trouve également que les principales informations sociétales
diffusées portent sur l’environnement, la société civile et les ressources humaines.
Les résultats de ces études suggèrent donc que les entreprises perçoivent
l’information sociétale comme principalement liée à la protection de l’environnement et des
citoyens.

1.2.1.2. L’information sur le capital immatériel


L’intérêt croissant porté au capital immatériel ou intellectuel est due, d’une part, au
poids des actifs immatériels dans la valorisation et la mesure de performance des
entreprises et d’autre part à l’incapacité du cadre normatif comptable à reconnaitre, à
évaluer ces actifs et à en rendre compte de manière satisfaisante (Jenkins et Upton, 2001 ;
Upton, 2001). Ceci explique qu’une partie importante du reporting des entreprises se
rapporte, à cette catégorie d’informations non financières. C’est ce que montrent, par
exemple, Kang et Gray (2011), dans le cadre d’une étude sur le niveau de diffusion
d’informations relatives au capital immatériel sur un échantillon de 181 grandes entreprises
issues de 23 pays émergents.
Concernant les caractéristiques des informations diffusées, la plupart des études
montre qu’il s’agit du capital humain, et du capital relationnel (Striukova et al., 2008).
D’après ces mêmes études la forme de l’information communiquée est essentiellement non
financière (97% des informations selon Bellora et Guenther), qualitative (80% des
informations selon Striukova et 74% selon Bellora et Guenther) et historique (88% des
informations selon Bellora et Guenther).
En résumé, la littérature montre que les entreprises ont eu tendance au cours des 15
dernières années à accroître la quantité d’informations non financières diffusée dans les
différents supports de communication. En termes de contenu, ce type d’information est soit
de type sociétal soit relatif au capital immatériel. La forme est plutôt narrative, non
financière, qualitative et historique.
1.2.1.3. Profil des entreprises émettrices d’information non financière
La majorité des études menées sur les différentes catégories d’information non
financière inclut généralement une analyse de facteurs explicatifs de la diffusion

23
d’information non financière. L’analyse de ces facteurs permet de dresser un portrait type
des entreprises qui communiquent des informations non financières. Par ailleurs, ces
facteurs utilisés comme proxies ou variables de mesure des déterminants théoriques
peuvent, être mis en relation avec les déterminants théoriques analysés dans la partie
suivante de cette étude.
Le premier critère fréquemment identifié par les études est la taille. Il se retrouve
quel que soit le pays ou le support de communication étudié. Les grandes entreprises ont
tendance à communiquer plus d’information non financière (Orens et Lybaert, 2010) ce qui
peut s’expliquer, notamment, par une visibilité politique voire environnementale plus
importante (Oxibar, 2010).
Le second critère caractérisant les forts diffuseurs est la dilution du capital. Les
entreprises ayant un plus grand nombre d’actionnaires communiquent également plus
d’informations non financières. Dans le même ordre d’idées, le nombre d’analystes suivant
la société est également un facteur positivement associé au niveau de diffusion
d’informations non financières (Abdelsalam et al., 2007).
Le secteur d’appartenance influence également significativement le niveau de
diffusion d’informations non financières. Ainsi selon le type d’information non financière
et de support considérés l’appartenance au secteur des hautes technologies ou des
technologies de l’information est positivement associé à un niveau plus élevé
d’informations non financières (Xiao et al., 2004 ; Damak-Ayadi, 2006 ; Trébucq, 2006 ;
Boubaker et al., 2011 ; Kang et Gray, 2011). De même Damak-Ayadi (2006) et Robb et al.
(2001) vérifient l’influence du secteur, lorsque celui-ci est réputé sensible au « sociétal »
pour la diffusion d’informations environnementales ou RSE.
En résumé et d’après les résultats de la littérature, les entreprises diffusant des
informations non financières (environnementales, sociétales, relatives au capital humain, à
la gouvernance ou au capital immatériel) sont des entreprises de grande taille, multi-cotées,
peu endettées avec un nombre élevé d’actionnaires, une forte asymétrie d’information
entre stakeholders internes et externes et appartenant soit au secteur des hautes
technologies, soit à un secteur réputé sensible aux dimensions environnementales ou
sociétales.
Ainsi donc par rapport à la notion d’INF, nous ne pouvons justifier aisément la
diffusion d'une telle information. Nous étendrons donc cette étude au constat de l’absence
de contraintes règlementaires à la diffusion d’INF.

24
II. Cadre réglementaire de la diffusion d’information non financière
Ainsi que nous venons de mettre en évidence la définition de l’INF. Nous allons donc
analyser s'il existe des contraintes légales pour la diffusion d'information non financière. Pour
ce faire, nous allons examiner les dispositions réglementaires internationales et régionales
(bilan social) en matière de diffusion d’information extra financières.

2.1. Dispositions internationales : les propositions de l'IASC


Dans sa norme 16 révisée en 1993, l'IASC mentionne les critères à prendre en compte
pour pouvoir immobiliser les dépenses liées à la protection de l'environnement. Ainsi, au
paragraphe 14 (IASC, 1995), les dépenses pour des raisons de sécurité ou pour des raisons
liées à l'environnement sur des immobilisations données peuvent être comptabilisées dans les
actifs si elles permettent à l'entreprise de tirer des avantages économiques futurs des actifs
supérieurs à ceux que l'entreprise aurait pu obtenir sans leur acquisition. Cette norme indique
de plus le traitement à retenir pour les frais de démantèlement, d'enlèvement ou de remise en
état d'un bien. Ces frais peuvent être soient déduits de la valeur résiduelle du bien, en
augmentant la charge d'amortissement, soient constatés comme une charge distincte sur la
durée d'utilisation du bien, ce qui conduira au provisionnement complet de ces frais à la fin de
la vie du bien. Finalement, l'on trouve aussi des précisions relatives aux éventualités et
événements survenant après la date de clôture de l'exercice. Selon l'IASC n°10. les pertes
éventuelles, si elles sont probables, doivent être enregistrées. L'estimation du montant
comptabilisable dans les états financiers doit être la meilleure possible. Si aucune estimation
ne parait satisfaisante, alors le montant minimum doit être comptabilisé. Une explication
concernant la possibilité d'une perte supérieure au montant comptabilisé, doit être donnée. Et
s'il y a insuffisance ou contradiction des éléments nécessaires à l'estimation, une note doit être
établie sur l'existence et la nature de l'éventualité. Une fois de plus, sur le plan international,
on remarque une progression de la réflexion des instances comptables sur le traitement à
réserver aux frais de protection de l'environnement.
2.2. Le bilan social
Du point de vue social, les contraintes réglementaires sont inscrites dans la loi
instituant le Bilan Social. Ce document est spécifique, distinct du rapport annuel et des états
financiers. Obligatoire pour les entreprises et les établissements de plus de trois cents salariés,

25
il permet de « rendre compte du comportement social de l’entreprise sur un mode proche de
celui dont celle-ci rend compte annuellement de ses aspects financiers » (Capron, 2000a).
Le Bilan social synthétise, en un document unique, « les principales données chiffrées
permettant d’apprécier la situation de l’entreprise dans le domaine social, d’enregistrer les
réalisations effectuées et de mesurer les changements intervenus au cours de l’année écoulée
et des deux années précédentes ». L’article précise les différentes catégories d’information
susceptibles de donner une image de la situation de l’entreprise dans le domaine social. Il
s’agit « d’informations sur
 l’emploi ;
 les rémunérations et charges accessoires ;
 les conditions d’hygiène et de sécurité ;
 les autres conditions de travail ;
 la formation ;
 les relations professionnelles ;
 les conditions de vie des salariés et de leurs familles dans la mesure où ces conditions
dépendent de l’entreprise ».
En conclusion, l'examen des diverses réglementations et normes existantes tant au plan
national qu'au plan international, fait apparaître l'absence de dispositions obligatoires
concernant la diffusion d'information environnementale. Cependant, l'on note au cours de la
période récente la multiplication des recommandations tant au niveau national, qu'au niveau
international. Il n'existe donc pas encore de contraintes réglementaires réelles pesant sur les
entreprises dans ce domaine. Et l'information non financière demeure une information à
caractère volontaire. A partir de ce constat, la présence d'information de cette nature peut
paraître paradoxale dans la mesure où aucune obligation ne contraint l'entreprise à fournir ce
type d'information.
Nous allons cependant poursuivre notre analyse en envisageant les théories
explicatives de la diffusion de l'information non financière sous une deuxième facette.
Section 2 : les théories explicatives de la diffusion d’information non financière
Nous regroupons dans cette section, les théories généralement mobilisées pour tenter
d’étudier la diffusion d’informations de vue général, et celle relative à l’information non
financière spécifiquement. Ces corpus théoriques divers peuvent tout de même, selon la
logique de la présente recherche être scindés en deux blocs : les théories politico-
contractuelles permettant de mieux expliquer les comportements des acteurs, et l’approche

26
interprétative focalisées sur les partenaires, qui englobe la théorie des parties prenantes et de
la légitimité apportant leurs contribution à l’explication du second pan de la diffusion d’INF.

I. Les apports de la théorie politico-contractuelle


La théorie politico-contractuelle de la comptabilité s’appuie sur les théories
économiques de l’agence et de la réglementation. Dans le cadre ce travail, nous exposons la
théorie de l’agence puis décrivons l’approche de Hill et Jones (1992) qui proposent une
généralisation de la théorie de l’agence et offrent ainsi un cadre fécond d’analyse de la
diffusion d’information non financière.

1.1. Théorie de l’agence


Sur les quelques travaux existants, relatifs à la diffusion d’informations non
financières, la théorie de l’agence est l’une des théories importante généralement utilisée pour
expliquer l’interaction. Bien qu’appliquée à différents phénomènes de l’organisation, la
théorie de l’agence a pour but d’analyser la relation contractuelle entre le principal et l’agent.
Précisément, la relation d’agence est un contrat par lequel une ou plusieurs personnes (le
mandant) engagent une autre personne (le mandataire) pour exécuter en leur nom quelques
services, ce qui implique une délégation d’une certaine autorité de prise de décision à l’agent.

1.1.1. Typologie de théorie d’agence


La théorie de l’agence peut se diviser en deux types : la théorie positive et la théorie
normative (Charreaux, 1998).

1.1.1.1. La théorie positive


La théorie positive cherche à expliquer les formes organisationnelles comme modes de
résolution des conflits entre mandant et mandataire. Elle vise principalement à comprendre les
effets des modifications de l’environnement contractuel et des techniques de surveillance sur
la forme des contrats et la survie des organisations (Charreaux, 1998).

1.1.1.2. La théorie normative


Par contre, la théorie normative propose des mécanismes permettant de réduire le coût
des conflits entre mandant et mandataire. Elle étudie le partage optimal du risque entre les
agents, les caractéristiques des contrats optimaux et les propriétés des solutions d’équilibre

27
(Charreaux, 1998). Les contrats sur lesquels peut se construire la relation d’agence peuvent se
diviser en deux types principaux (Chanson, 2003) : sur le comportement et sur le résultat.
- Le contrat fondé sur le comportement, par lequel l’agent s’engage sur les actions
qu’il effectuera pour le compte du principal.
- Le contrat fondé sur le résultat, par lequel l’agent s’engage sur le résultat des actions
qu’il effectuera pour le compte du principal.

1.1.2. Théorie d’agence et divulgation d’information non financière


La divulgation d’information est alors considérée comme l’un des mécanismes
d’équilibrage susceptibles de réduire l’asymétrie d’information entre dirigeants et
actionnaires. L’information diffusée s’inscrit, dans cette optique, à la fois comme un coût de
surveillance / de contrôle, car elle permet aux actionnaires d’accroitre leur information sur
l’action du dirigeant, et comme un coût de dédouanement, car les dirigeants peuvent l’utiliser
pour défendre leurs propres intérêts et montrer aux actionnaires que leur gestion est efficace
(Oxibar, 2003). Il en résulte une diminution des coûts d’agence (à travers la baisse des coûts
de surveillance) et une augmentation de la valeur de la firme (Labelle et Schatt, 2005).

1.2. Les travaux de Hill et Jones (1992)


Hill et Jones (1992, p. 131) soulignent les « possibilités offertes par la théorie de
l’agence pour expliquer la nature des relations explicites ou implicites existant entre les
différentes parties prenantes de l’entreprise ». Ils proposent une théorie de l’agence
généralisée incluant, outre les actionnaires et les dirigeants, les autres parties prenantes
de l’entreprise que constituent les employés, les clients, les fournisseurs, les créanciers, les
communautés locales, la Société dans son ensemble. L’orientation de Hill et Jones conduit à «
envisager la firme comme un nœud de contrats passés entre détenteurs de ressources » (p.
132). Pour Hill et Jones (1992), sont considérés comme parties prenantes, tous les groupes ou
entités qui ont une créance légitime sur la firme, dont l’origine est liée à une relation
d’échange, portant sur les ressources apportées ou sur les produits ou services achetés et
consommés. Il est ainsi possible d’identifier les différentes parties prenantes d’une
organisation, de déterminer la ressource critique qu’elles lui apportent et la contrepartie
qu’elles en attendent. Ainsi, les actionnaires fournissent des capitaux à l’organisation et
attendent en contrepartie des dividendes. Les créanciers fournissent des financements en
échange du versement régulier d’annuités. Les salariés attendent une rémunération adéquate

28
et de bonnes conditions de travail en contrepartie de leur travail. Les clients paient pour
obtenir des produits et services. Les fournisseurs approvisionnent l’organisation moyennant
paiement des services et marchandises. Les communautés locales et la Société dans son
ensemble proposent des sites et des infrastructures aux organisations et attendent d’elles
qu’elles se comportent de façon citoyenne et responsable et ne portent pas atteinte à leur
qualité de vie.

1.3. Théorie politico-contractuelle et diffusion d’information non financière


Dans le cadre de cette théorie, plusieurs motivations peuvent influencer le processus
de divulgation d’information :
- Les motivations contractuelles liées à l’optimisation des relations de la société avec
ses actionnaires, ou ses créanciers, par l’alignement de leurs intérêts respectifs au travers de
contrats (rémunération, clauses d’indexation d’emprunts, etc.). La tentation du dirigeant à
avoir un comportement opportuniste peut être d’autant plus préjudiciable aux actionnaires que
l’environnement est incertain et que l’asymétrie d’information est forte. Au final, la diffusion
d’information permet de limiter les conflits d’intérêt qui ont pour effet de diminuer la valeur
de la firme (théorie de l’agence).
- Les motivations réglementaires qui résultent d’un processus politique dans lesquels
différents groupes de pression interviennent pour des transferts de richesse en leur faveur. Les
lois et règlements résultent d’un équilibre entre deux forces opposées : celles qui en
perçoivent les bénéfices et celles qui en supportent le coût. Dès lors, les entreprises les plus
visibles diffuseraient volontairement des informations par crainte de nouvelles interventions
des politiques20.
Cette approche est particulièrement adaptée à la diffusion d’informations sociétales.
En effet, elle implique que les entreprises de grande taille sont plus fortement exposées aux
diverses régulations, et cherchent à réduire leurs coûts politiques par les différents moyens
qu’elles ont à leur disposition. En rendant compte de leurs diverses activités sociales, allant
bien au-delà du simple respect des lois, ces entreprises pourraient éviter un alourdissement de
leurs diverses taxes et contraintes réglementaires. De ce point de vue, une telle conduite est
parfaitement conforme à la recherche, par les dirigeants, de la maximisation de leur propre
fonction d’utilité (Trébucq, 2006).
Il nous reste maintenant à présenter les études qui relèvent du dernier courant que nous
avons dégagé, à savoir le courant interprétatif.

29
II. Les apports de la théorie du courant interprétatif
Ce courant cherche à interpréter et à expliquer le comportement de l'entreprise par
rapport aux différents acteurs avec lesquels elle peut être amenée à être en relation. C'est
pourquoi ce courant admet implicitement l'existence d'utilisateurs potentiels variés de
l'information environnementale. Ces utilisateurs peuvent d’ailleurs présenter des besoins
d'information différents voire contradictoires. Deux théories peuvent être rattachées à ce
courant : la théorie de la légitimité et la théorie des parties prenantes (stakeholder theory).

2.1. Théorie de la légitimité


Les recherches sur la diffusion d’INF ont fréquemment sollicité la théorie de la
légitimité. Nous donnerons, dans un premier temps, une définition de la légitimité
organisationnelle puis évoquerons les études des pratiques de diffusion d’information
sociétale qui se sont inscrites dans ce cadre.

2.1.2. Cadre général de la théorie de la légitimité


Dans le modèle économique classique, la légitimité des organisations est déterminée
par le marché. Certains auteurs considèrent cependant qu’elle ne peut pas provenir
uniquement de la réalisation de profits ou du strict respect de la réglementation. D’après la
théorie de la légitimité, la pérennité du contrat social entre l’entreprise et la société dépend du
respect par les entreprises d’un ensemble de règles et de normes acceptées par la société, des «
valeurs communes entre l’organisation et le système social auquel elle appartient », qui sont
socialement créées.
Mais au-delà de la légitimité « objective », il importe aussi pour les entreprises de
paraître légitimes, c’est-à-dire de « donner l’impression partagée que les actions de
l’organisation sont désirables, convenables ou appropriées par rapport au système socialement
construit de normes, de valeurs ou de croyances sociales » (Suchman, 1995 ; Deegan et al.,
2002). Elles doivent donc justifier leurs activités et adoptent pour cela des stratégies de
légitimation pour combler un éventuel déficit perçu entre les objectifs économiques et les
objectifs de réponse aux attentes de la société.
Ainsi, suite à l’analyse fondatrice de Suchman (1995), la littérature distingue deux
natures de légitimité :

30
- La légitimité « stratégique » - ou substantive - qui, dans une logique instrumentale, est
utilisée par les entités pour poursuivre leurs buts. Dans cette logique, les chercheurs attendent
généralement un haut niveau de contrôle managérial sur le processus de légitimation.
- A l’inverse, la légitimité « institutionnelle » - ou symbolique - n’est pas considérée
comme une ressource opérationnelle mais comme un ensemble de croyances que suggère
l’organisation et qui incite la société à maintenir certaines apparences extérieures. L’accent est
mis, dans cette logique institutionnelle, sur la dynamique de l’environnement, sectoriel
notamment, qui crée une pression culturelle transcendant le contrôle de l’entité (Powell et
DiMaggio, 1991). Ceci indique que, parmi les éléments de concurrence et de conflits entre les
organisations, figurent aussi des conflits de systèmes, de croyances ou de points de vue. Les
organisations s’enrichissent en paraissant naturelles et pleines de sens. L’accès aux ressources
n’est qu’un sous-produit.
C’est essentiellement sur cette légitimité institutionnelle que l’entreprise peut agir pour
maintenir ou favoriser sa légitimité. Pour cela elle peut soit adapter ses produits, services,
processus afin de se conformer aux attentes, soit faire diversion par rapport aux points « qui
fâchent » en concentrant l’attention de la société sur des questions plus favorables, soit agir en
termes de communication afin d’agir sur les critères d’appréciation de la légitimité sociale ou
de faire en sorte d’être appréciée en conformité avec les valeurs représentatives (Cowan et
Deegan, 2011). Ce sont ces derniers leviers de stratégie de légitimité qui font le lien avec
l’attitude de divulgation d’information ; dans ce cadre en effet, la communication des
entreprises est conçue en réaction aux pressions de l’environnement économique, social ou
politique afin de légitimer leurs actions. Ce dernier point relève du courant stratégique de la
théorie de la légitimité, du ‘management symbolique’ de la légitimation qui, comme
l’expliquent Dejean et Oxibar (2010), « permet à l’organisation de ne pas modifier son
système de production mais de le présenter par le biais de la communication sociétale de telle
façon qu’il apparaisse conforme aux attentes et aux valeurs sociales ».

2.1.3. Diffusion d’information non financière et légitimité


Les initiatives des dirigeants peuvent entraîner des différences significatives dans la
façon dont les activités organisationnelles seront perçues comme souhaitables, convenables et
appropriées à un contexte culturel donné. « Comme dans la plupart des processus culturels, le
management de la légitimité repose fortement sur la communication ; dans le cas présent, sur
la communication entre l’organisation et ses différents publics » (Suchman, 1995, p. 586).

31
Selon la théorie de la légitimité, les organisations diffusent des informations en réaction à des
pressions de leur environnement économique, social ou politique et ainsi légitiment leur
action (Guthrie et Parker, 1989). « Les organisations doivent diffuser suffisamment
d’informations non financières afin d’être jugées ou non comme de bons citoyens par la
Société » (Woodward, Edwards et Birkin, 1996, p. 332).
Patten (1991) indique que « l’étendue de la diffusion d’information sociétale dépend
beaucoup plus de variables indicatives de la pression du public que de mesures de
profitabilité puisque s’agissant de légitimité sociale des entreprises on se situe plus dans le
champ socio-politique que dans celui des marchés ».
Afin d’expliquer les pratiques ‘ordinaires’ de diffusion d’information non financière des
entreprises, d’autres orientations théoriques semblent devoir être privilégiées.

2.2. Théorie des parties prenantes (stakeholder theory).


Cette théorie propose une vision centrée sur l'organisation, et ses perceptions. La
conception de l'organisation soutenue par la théorie des parties prenantes correspond
davantage à une vision systémique. En effet, l'organisation est caractérisée par ses relations
avec différents groupes ou individus, chacun d'entre eux ayant le pouvoir d'affecter la
performance de l'organisation, ou pouvant être affecté par les activités de l'organisation. Après
avoir défini la notion de parties prenantes, nous aborderons les différentes dimensions de cette
théorie. Les propositions de typologie des parties prenantes sont ensuite examinées. Enfin,
sont présentées les études qui se sont inscrites dans le cadre de la théorie des parties
prenantes.

2.2.1. Définition des parties prenantes (PP)


La définition des parties prenantes n’est pas clairement établie. Pour Freeman (1984),
il s’agit de «tout groupe ou individu qui peut affecter ou qui est affecté par l’accomplissement
des objectifs d’une organisation». Ces groupes peuvent inclure les organismes
gouvernementaux, des groupes politiques, des associations commerciales, des syndicats, des
communautés, de futurs employés ou clients, et le public au sens large (Donaldson et Preston,
1995). Oxibar (2003) et Cauvin et al. (2006) font un état des lieux de la chronologie des
définitions des parties prenantes recensées dans la littérature, parmi lesquelles certaines sont
beaucoup plus restrictives, ainsi que des différentes classifications proposées.

32
Quelle que soit la définition retenue, l’organisation est représentée, dans cette théorie,
au centre d’un ensemble de relations avec des parties de nature très diverses et qui sont
susceptibles d’être influencées par son activité ou de l’influencer.
Ces différentes études montrent la variété des parties prenantes possibles dans
l'information non financière. C'est pourquoi, il parait intéressant de tenter d'effectuer une
classification de ces parties prenantes

2.2.2. Typologie des parties prenantes


Plusieurs critères de classifications des parties prenantes ont été proposées dans la littérature.

2.2.2.1. Parties prenantes primaires / secondaires


La classification la plus répandue distingue des parties prenantes primaires et des
parties prenantes secondaires. Cette distinction a été introduite dès 1965 par 1. Ansoff. Le
niveau de classification des parties prenantes dépend de la façon dont elles sont nécessaires
pour la fonction économique principale. Pour Clarkson, les parties prenantes primaires sont
celles sans la participation desquelles l'entreprise ne pourrait survivre, les parties prenantes
secondaires influencent, affectent, ou sont influencées par l'entreprise, mais ne sont pas
essentielles pour sa survie. Caroll (1995) distingue aussi ces deux types de parties prenantes.
Les parties prenantes primaires sont celles ayant des relations formelles, officielles ou
contractuelles avec l'entreprise, les autres sont qualifiées de secondaires.
2.2.2.2. Parties prenantes au sens large / au sens limité
Les parties prenantes au sens limité correspondent aux membres d'un groupe sans le
support duquel l'organisation devrait cesser d'exister. On peut citer dans cette catégorie les
actionnaires, employés, clients, fournisseurs, prêteurs, gouvernement, communautés locales.
La définition des parties prenantes au sens large entraîne un élargissement de la responsabilité
de l'entreprise. En effet, cette définition reconnait la possibilité pour ce type de partie prenante
d'avoir des revendications de nature morale liées à l'impact social des activités de
l'organisation, même si ces revendications ne sont pas transformables en actions
économiques, légales ou politiques. Calton (in Niskala, Nàsi, 1995) utilise une terminologie
légèrement différente. Il distingue les parties prenantes au sens étroit et les parties prenantes
au sens étendu. Les parties prenantes au sens étroit sont composées des individus ou des
groupes dont les liens avec l'organisation sont déterminés par un noeud de relations basées sur
la création de valeur par l'échange d'information et la résolution en commun de problèmes.

33
2.2.2.3. Parties prenantes institutionnelles, économiques et éthiques
Pellé-Culpin (1998) se fonde sur les travaux de Carroll (1979) sur la
responsabilité de l’entreprise pour proposer la deuxième classification en parties prenantes
institutionnelles, économiques ou éthiques. A partir des quatre niveaux de responsabilité
définis par Carroll, responsabilité économique, légale, éthique et discrétionnaire, Pellé–Culpin
(1998, p. 219) souligne que « chaque partie prenante peut être affectée ou affecter chacune
des dimensions de la responsabilité sociétale » et propose de distinguer les parties prenantes
selon le type de pressions qu’elles sont susceptibles d’exercer sur l’entreprise. Certaines
exercent des « pressions institutionnelles » par le biais de lois, de réglementations,
ou émanant d’organismes inter organisationnels ou professionnels. D’autres exercent des
« pressions économiques » sur les différents marchés sur lesquels l’entreprise est positionnée
(capitaux, travail, produits et services). Une troisième catégorie exerce des « pressions
éthiques ».
En réalité, il est impossible d’énumérer toutes les théories susceptibles d’expliquer la
diffusion d’information non financière. Bien que les théories mentionnées ci-dessus ne soient
que quelques théories importantes auxquelles les chercheurs ont souvent recours, elles
peuvent nous apporter un éclairage sur l’analyse de la diffusion d’information non financière.
Cette section nous a permis d’appréhender les courants théoriques susceptibles
d’identifier les déterminants relatifs à la diffusion d’INF. Les approches présentées ont relevé
des théories théorie politico-contractuelle (théorie néo-classique et théorie politico-
contractuelle), de la théorie des parties prenantes et de la théorie de la légitimité. Il est apparu
que la théorie néo-classique n’a pas permis d’expliquer l’engagement de diffusion. Cette
théorie n’offre pas de perspectives lorsque la recherche est relative à des éléments non
quantifiables, ne faisant pas l’objet d’un droit de propriété, au sens étroit du terme. La théorie
politico-contractuelle a ouvert des horizons en introduisant le concept de rationalité limitée et
l’existence de coûts politiques.
L’objectif poursuivi par ce chapitre qui s’achève est de donner une justification
théorique au concept d’INF et d’inscrire cette réalité objet de la présente recherche dans des
cadres théoriques de l’évolution de la pensée en management. S’appuyant sur une double
approche, nous avons dans la section première présentée les tentatives de définition de la
notion d’INF.

34
La seconde section essentiellement dédiée aux théories explicatives a essayé de
présenter des morceaux choisi de corpus théoriques qui nous semblait opportun pour mieux
comprendre les motivations de la diffusion d’une telle information. Ces théories mobilisées
ont été scindée en deux blocs. Le premier bloc expliquant le développement de la relation et le
second, celui du courant interprétatif.
Cependant, les théories des parties prenantes et de la légitimité nous ont semblé mieux
se prêter au contexte de notre recherche. Finalement, le champ retenu, à savoir les théories des
parties prenantes, nous a paru opportun. Cette théorie a présenté, de ce fait, un intérêt certain
pour le développement de notre recherche et a conduit la suite de nos investigations. C’est
pourquoi, nous présentons au chapitre suivant les facteurs susceptibles d’expliquer
l’engagement de la divulgation des informations extra financières des entreprises et relatifs
aux champs théoriques retenus.

35
CHAPITRE 2 : ANALYSE DES DETERMINANTS DE LA DIFFUSION
D’INFORMATION NON FINANCIERE

Le chapitre précédent nous a permis d’identifier et de présenter les fondements des


théories pertinentes à l’égard de notre objet de recherche, à savoir, celles politico-
contractuelles et du courant interprétatif. Parmi les différentes approches théoriques,
susceptibles d’expliquer les pratiques de diffusion d’information non financière des
entreprises, que nous venons de décrire, la théorie des parties prenantes qui intègre la
dimension politique du processus de diffusion et permet d’appréhender les relations
contractuelles existant entre les parties prenantes de l’entreprise est apparue la plus riche.
Nous nous référons à ce cadre d’analyse pour analyser les facteurs explicatifs de la
diffusion d’information non financière. Au sein de ces approches, plusieurs déterminants
peuvent être retenus, ayant trait principalement aux pressions sociétales exercées par
différents groupes et acteurs.
Neu (1992) rappelle que les recherches appartenant au courant de la théorie positive
de la comptabilité tentent d’expliquer les comportements des acteurs comptables, en se
fondant généralement sur l’hypothèse économique de maximisation de l’utilité et
privilégient des déterminants économiques dans leurs tentatives d’explication du choix des
méthodes comptables par les dirigeants. Ce chercheur remarque que « dans cette approche
les facteurs économiques ont été préférés aux facteurs sociaux, feignant d’ignorer que ces
facteurs économiques sont étroitement liés à un ensemble de relations sociales et que ces
relations sociales influencent, contraignent et définissent le comportement adéquat ».
Aussi propose-t-il d’étudier l’influence des relations sociales sur les choix des
dirigeants. Suivant les propositions de ce chercheur, nous examinerons, d’une part les
facteurs économiques, d’autre part les facteurs sociaux susceptibles d’expliquer les
pratiques de diffusion d’information non financière des entreprises. A l’issue de cet exposé,
nous présentons le modèle explicatif de la diffusion d’information sociétale et l’ensemble
d’hypothèses associées que nous proposons et que nous testerons dans la seconde partie.

Section 1 : les facteurs économiques de la diffusion d’information non financière


Les études des pratiques de diffusion d’information sociétale proposent d’établir une
relation entre un certain nombre de facteurs économiques et les publications d’information

36
non financière de l’entreprise. Avant de présenter ces différents facteurs, nous allons
d’abord définir clairement le cadre théorique retenu.

I. Application de la théorie des parties prenantes à l'étude de la diffusion d'information


non financière
Ayant retenu ce cadre théorique pour la suite de notre étude, nous choisissons
d'effectuer une présentation plus détaillée de celui-ci et nous tentons de résoudre certaines
difficultés apparues pour la mise en œuvre de la théorie des parties prenantes dans l'étude
de la diffusion d'information non financière.

1.1. Présentation détaillée de la théorie des parties prenantes


Freemann (1984) fait remonter l'apparition du terme de partie prenante (stakeholder)
à 1963. A cette date, il apparaît dans un document du Stanford Research Institute. Dans
cette première définition, les parties prenantes correspondent aux groupes sans le support
desquels l'organisation cesserait d'exister.
L'histoire du concept relatée par Freemann indique que le terme de partie prenante a
été utilisé dans des branches relativement variées de la recherche en gestion. En effet, on
retrouve cette notion dans la littérature relative à la stratégie, à la théorie des systèmes, à la
responsabilité sociétale de l'entreprise, et finalement à celle relative à la théorie des
organisations.
Il revient cependant à Freemann (1984) d'avoir proposé dans son ouvrage une vision
plus structurée du concept de partie prenante, et de son application potentielle à la gestion
stratégique de l'entreprise. Dans son ouvrage, Freemann définit une partie prenante de la
manière suivante : une partie prenante d'une organisation est par définition tout groupe ou
individu susceptible d'affecter ou d'être affecté par l'accomplissement des objectifs de
l'entreprise"3
Ayant précisé ce que nous entendions par théorie des parties prenantes, nous allons
essayer de résoudre les difficultés pouvant résulter de l'utilisation de cette théorie pour
l'étude de la diffusion de l'information non financière.

3
Stakeholder is any group or individual who can affect or is affected by the achievement of an organisation
purpose"

37
1.2. La nature des parties prenantes et des intérêts en matière d'information non
financière
Pour Freeman (1984), ainsi que nous l'avons noté précédemment, une partie
prenante représente "chaque groupe ou individu qui peut affecter ou est affecté par
l’accomplissement des objectifs d'une organisation". D'autres définitions des parties
prenantes ont été proposées. Ainsi pour Clarkson (1993), une partie prenante se caractérise
comme une personne ou un groupe, qui possède ou réclame des droits de propriété ou des
intérêts dans une entreprise et ses activités passées, présentes et futures. Une autre
définition intéressante est proposée par Caroll dans son ouvrage "Business and Society"
(1989). Selon lui, la partie prenante est "tout individu ou groupe qui peut affecter ou être
affecté par les actions, décisions, politiques, pratiques ou objectifs d'une organisation". De
plus, il distingue trois différents niveaux d'intérêts pour les parties prenantes, chaque partie
prenante pouvant posséder différents intérêts dans une entreprise. A un extrême, l'intérêt
peut correspondre à une revendication de propriété. A l'autre extrême, il correspondrait
simplement à un intérêt dans les actions d'une organisation. Entre les deux, se situeraient les
droits légaux et moraux que les parties prenantes pourraient posséder sur une organisation
Ces différentes approches illustrent la difficulté de définir de façon claire les parties
prenantes d'une entreprise, et par voie de conséquence les intérêts qui les lient à celle-ci.

II. Performances et diffusion d’information sociétale


Les recherches sur la relation entre les performances de l’entreprise et ses diffusions
d’information sociétale testent trois liens unissant : la performance financière de
l’entreprise et le degré de mise en œuvre de sa responsabilité sociale ; le niveau de diffusion
d’INF de l’entreprise et le degré de mise en œuvre de sa responsabilité sociale ; la
performance financière et le niveau de diffusion d’INF. Nous présentons successivement
les propositions et conclusions concernant ces différentes relations.

2.1. Performance financière et responsabilité sociale de l’entreprise


Selon McGuire, Sundgren et Schneeweis (1988), les recherches sur la relation entre
responsabilité sociale et performance financière sont fondées sur des arguments théoriques
différents et parfois divergents. Ainsi, certaines études ont formulé l’hypothèse d’une
relation négative entre responsabilité sociale et performance financière. Selon cette

38
hypothèse, une forte responsabilité sociale induit des coûts supplémentaires pour
l’entreprise et placent celle-ci dans une situation économique désavantageuse par rapport à
d’autres entreprises moins responsables socialement.
Friedman (1970) remarque que « puisque l’implication sociétale des entreprises
constitue un coût, les actionnaires, à la lecture du rapport d’activité sociétales des
entreprises, peuvent en conclure que les dirigeants de l’entreprise ne gèrent pas celle-ci au
mieux de leurs intérêts, puisqu’ils ne maximisent pas le revenu qui leur sera versé sous
forme de dividende ». Selon cette même hypothèse, « l’orientation sociétale de l’entreprise
peut réduire sa marge de manœuvre stratégique, en lui interdisant, par exemple, de
fabriquer certains produits tels des armes ou des pesticides, de s’installer ou d’investir dans
certains pays » (McGuire et al., 1988).
D’autres études formulent, a contrario, l’hypothèse d’une relation positive entre
responsabilité sociale de l’entreprise et performance économique. Les études de ce courant
soutiennent, en effet, que les coûts associés à un comportement socialement responsable de
l’entreprise sont faibles et qu’ils constituent, en fin de compte, un bénéfice pour l’entreprise
en terme de bien être des salariés et d’amélioration de leur productivité ou bien encore, en
terme de confiance des consommateurs. Ces études formulent également l’hypothèse d’une
meilleure perception de l’entreprise socialement responsable par les pouvoirs publics, les
créanciers ou les investisseurs, celle-ci se traduisant par un bénéfice économique. Une
entreprise socialement responsable connaîtrait ainsi un accès facilité à des ressources
financières. Enfin, ces chercheurs indiquent que « les activités et dépenses de l’organisation
à des fins sociales à un niveau adéquat lui profitent directement, lui permettant, par
exemple, de recruter de meilleurs employés et dirigeants, de résoudre des problèmes de
pollution d’une manière et à un rythme qu’elle choisit avant de se les voir imposer par une
loi rigide ».
Spicer (1978) indique que deux nouveaux facteurs sont pris en compte par les
investisseurs en raison de l’augmentation de l’intérêt du public sur les conséquences
sociales et environnementales des activités des entreprises. Le premier de ces facteurs,
induit par la prise de conscience par le public des conséquences sociales et
environnementales des activités de l’organisation, est l’apparition et l’augmentation de
sanctions contre certaines activités des entreprises. Le second facteur à prendre en compte
est l’augmentation du nombre d’investisseurs qui, en raison de leurs préoccupations
morales et pouvoir discrétionnaires, ne souhaitent pas investir dans des entreprises dont

39
l’activité est supposée causer des dommages sociaux ou environnementaux. Qu’elles
abordent la performance économique des entreprises en se fondant sur leurs données
comptables ou sur leurs performances boursières, les études formulent en général
l’hypothèse d’une relation positive entre performance économique des entreprises et le
niveau de mise en œuvre de leur responsabilité sociétale.
L’étude du lien entre performance économique des entreprises et diffusion
d’information sociétale nécessite cependant d’aborder au préalable la question de la relation
entre la mise en œuvre de leur responsabilité sociale et leur niveau de diffusion
d’information sociétale.

2.2. Diffusion d’information non financière et responsabilité sociale de l’entreprise


Plusieurs études se sont interrogées sur l’existence d’une relation entre performance
sociale et diffusion d’INF et ont tenté d’établir des corrélations entre la réalité de la
première et l’étendue de la seconde. En effet, comme il apparaît beaucoup plus facile de
déterminer l’INF diffusée que la performance sociale d’une entreprise, la mise en évidence
empirique d’une corrélation entre ces deux mesures faciliterait la prise de décision des
parties intéressées par la performance sociale des entreprises. Ullmann (1985) formule
l’hypothèse d’une relation positive entre la performance sociale de l’entreprise et les
quantités et qualité de l’information sociétale diffusée. Les études qui ont eu pour objectif
la vérification de cette hypothèse, ont suivi une démarche expérimentale assez proche. La
première étape consiste à mesurer l’information sociétale diffusée. Pour cela, les études ont
procédé, en général, à une analyse de contenu des rapports annuels des entreprises. La
mesure de la performance sociétale des entreprises constitue la deuxième étape du
processus expérimental suivi par ces études, avant la mise en relation des deux dimensions.
Ullmann (1985) souligne « les problèmes considérables que pose la mesure de la
performance sociétale ». Il indique, en effet, que « la performance sociétale fait référence à
la façon dont l’organisation répond aux besoins, attentes et demandes d’un certain nombre
d’entités externes en plus de celles directement liées aux produits/marchés de l’entreprise ».
La mesure de la performance sociétale des entreprises impliquerait donc d’établir la liste
exhaustive des entités liées à l’organisation et d’évaluer leur satisfaction pour,
éventuellement, dégager un indice global de performance sociétale. Devant la difficulté
d’une telle mesure, due non seulement à l’identification des parties liées à l’organisation
mais également à leurs demandes changeantes ou à la variation de leurs critères de

40
satisfaction dans le temps, les études ont eu recours à des mesures simples telles que les
indices de réputation ou des mesures objectives fondées sur l’observation de données
physiques telles que les niveaux de pollution de l’entreprise.
L’étude de Cowen et al. (1987) fait apparaître une relation positive entre la présence
d’un comité chargé de la responsabilité sociale des entreprises et le niveau de diffusion
d’information sur les ressources humaines. Cette relation n’est pas vérifiée pour la diffusion
d’information non financière en général, ni pour les autres catégories d’information
sociétale (environnement, énergie, pratiques d’affaires loyales, implication dans la
communauté, produits). Les résultats obtenus par Roberts (1992) révèlent une relation
positive entre les variables de performance sociétale et le niveau global de diffusion d’INF.

2.3. Performance financière et diffusion d’INF


Les études ayant tenté d’établir une relation entre performance financière des
entreprises et diffusion d’information se sont fondées sur les hypothèses suivantes. La
première hypothèse est que la diffusion d’INF réduit l’incertitude informationnelle des
investisseurs. Les études qui s’appuient sur cette hypothèse évaluent la performance
financière à partir de variables de marché. La seconde hypothèse est que la diffusion
d’information non financière est corrélée, positivement ou négativement, avec la
performance financière. Les études qui se fondent sur cette hypothèse procèdent à une
évaluation de la performance financière à partir de données comptables. Les études fondées
sur le revenu des actionnaires comme mesure de la performance financière de l’entreprise
ont procédé à des opérationnalisations diverses de ce critère.
La mise en relation de l’information non financière diffusée et de la performance
financière de l’entreprise, mesurée par le revenu des investisseurs, corrigé du risque,
présente une faille supplémentaire. En effet, dans le cadre de l’hypothèse des marchés
efficients, s’il existe une relation entre diffusion d’information sociétale et revenus des
investisseurs, toute nouvelle information sociétale diffusée est immédiatement intégrée
dans les cours. Par conséquent, la mise en relation de la diffusion d’information sociétale et
des revenus des investisseurs ne semble possible que dans le cadre d’une étude
d’événement.
Dans un premier temps, cette section a rendu compte de plusieurs recherches ayant
abordé la relation entre l’INF et performance économique. Ces études ont montré,

41
globalement, une association positive suggérant un cercle vertueux entre engagement extra
financier et performance économique
Une limite de ce type d'étude sur la performance et la diffusion d’INF, réside dans le
fait que les diffusions d’informations ne sont pas forcément le reflet de l'activité sociétale
réelle de l'entreprise. Ainsi, une entreprise peut être fortement impliquée dans des actions
sociétales et choisir de ne pas diffuser ce fait dans son rapport annuel alors qu'inversement
certaines entreprises peuvent se préoccuper très peu de ces activités et mettre en avant leurs
actions dans des communications sociétales, afin de promouvoir leur image.
Cette remarque semble être corroborée par les résultats des études portant sur le lien
entre performance sociétale et communication sociétale, puisque selon ces études, il ne
semble pas y avoir de corrélation, entre une bonne performance et le niveau de diffusion de
ce type d'information. Les études précédentes, par l'incohérence de leurs résultats, relèvent
une carence dans le domaine de la recherche sur la diffusion d'information non financière,
celle de l'absence de fondements théoriques. Cette absence a d'ailleurs été dénoncée par
Ullmann. C'est pourquoi nous cherchons à pallier cette lacune en nous référant à une des
diverses théories pour identifier ces facteurs.

Section 2 : identification des facteurs pour la diffusion d’information non financière


Les études des pratiques de diffusion d’information sociétale des entreprises ont
implicitement adopté les orientations de Neu (1992) dans leur recherche des déterminants
de ces pratiques. Il est ainsi possible de classer les déterminants (autres que les
déterminants économiques) identifié dans la littérature au sein de chacune des catégories de
relations mises en évidence par Neu. En croisant la typologie d’Adams (2002) et les trois
réseaux de relations mis en évidence par Neu (1992), les déterminants qui relèvent des
caractéristiques de l’entreprise tels que la taille ou le secteur d’activité sont à rattacher au
réseau de relations institutionnelles, les caractéristiques socioculturelles au réseau de
relations sociales et l’identité du dirigeant au réseau de relations individuelles.

I. Les caractéristiques internes à l’entreprise


Les caractéristiques internes à l’entreprise désignent son identité, sa structure et son
personnel. S’agissant de l’identité de l’entreprise, elle comprend : la taille, le secteur
d’activité, la localisation, son contexte culturel, social et politique, son âge, ses
performances économiques. Selon Cabagnols et Le Bas (2006), les caractéristiques internes

42
à l’entreprise induisent au moins potentiellement certaines formes de responsabilité sociales
et environnementales des entreprises. Ce sont des facteurs qui influencent la diffusion
d’informations. Pour ce qui est de cette étude, seuls les facteurs liés à l’identité de
l’entreprise, les plus importants, seront retenus (taille et le secteur d’activité de
l’entreprise).

1.1. La taille de l’entreprise


La taille est la caractéristique des entreprises qui est retenue pour déterminer leur
degré d’exposition politique, l’intensité de l’observation dont elles sont l’objet de la part du
régulateur ou du grand public. D’autres critères sont susceptibles de susciter l’intérêt de ces
observateurs des activités des organisations. Les études des pratiques de diffusion
d’information sociétale indiquent que le secteur d’activité de l’entreprise est une dimension
sur laquelle porte l’attention du grand public ou du régulateur. La modalité de cette
variable, la plus fréquemment avancée par les études, est le degré d’exposition
environnementale du secteur.
Les recherches sur les conséquences économiques des choix comptables tentent
d’expliquer le choix de techniques et/ou stratégies comptables par les entreprises. Les
études de ce courant de recherche, en s’appuyant en particulier sur la théorie de l’agence et
la théorie de la réglementation cherchent à démontrer la relation entre le choix des
techniques comptables et les coûts de transactions (théorie de l’agence) ainsi que la
visibilité politique (théorie de la réglementation). Raffournier (1990) identifie les
différentes situations dans lesquelles les entreprises s’exposent à un risque politique. Il
souligne, tout d’abord, que « plus une entreprise est grande, plus sa capacité de contribution
au financement de l’Etat est élevée ». En effet, « le régulateur détient le pouvoir d’effectuer
des transferts de richesses entre différents groupes » (Watts et Zimmerman, 1978). Les
détenteurs du pouvoir politique seront attentifs aux performances financières des grandes
entreprises sur lesquelles ils ont la possibilité d’effectuer des prélèvements au profit de
vastes couches de la population. Mesuré en terme de pourcentage de vote, « il est plus
rentable et moins coûteux d’accroître les charges des entreprises que les impôts des
particuliers car elles sont plus riches et les détenteurs du capital peu nombreux ».
Dans les entretiens menés auprès de dirigeants britanniques et allemands, Adams
(2002) pose la question de l’influence du degré de régulation sur les pratiques de diffusion.
Les entreprises germaniques, dont le cadre légal est caractérisé par un fort niveau de

43
régulation environnementale, « révèlent qu’elles diffusent des informations
environnementales de façon à influencer les politiciens, parfois en faisant changer l’opinion
publique avec pour objectif de faire diminuer ou de devancer la législation ».
Trotman et Bradley (1981) proposent de se situer dans la lignée des travaux de
Watts et Zimmerman (1978). Ils suggèrent d’étudier la relation entre la variable de taille de
l’entreprise et le niveau de diffusion d’information sociétale et précisent qu’étant donné que
« les coûts politiques réduisent la richesse des dirigeants, les entreprises tentent de réduire
ces coûts par des procédés tels que les campagnes de diffusion d’information sociétale.
Comme les coûts politiques dépendent fortement de la taille de l’entreprise, une relation
positive entre taille de l’entreprise et diffusion d’information sociétale est attendue ». De la
même façon, Cowen, Ferreri et Parker (1987) indiquent que les entreprises les plus grandes
ont tendance à faire l’objet d’une plus grande attention de la part du public et sont par
conséquent exposées à une plus forte pression en matière de diffusion d’informations
relatives à leur responsabilité sociale.
Belkaoui et Karpik (1989) évaluent également la taille de l’entreprise par son chiffre
d’affaires et constatent une relation significative et positive entre cette variable et le niveau
de diffusion d’information sociétale de l’entreprise. Il en est de même pour Cowen, Ferreri
et Parker (1987) qui montrent que la taille, mesurée par le rang de l’entreprise dans le
classement Fortune, a un fort pouvoir explicatif dans leur modèle d’analyse de la diffusion
d’information sociétale. Patten (1991) mesure la taille de l’entreprise à partir des revenus de
l’année afin de formaliser la pression du public. Il constate un lien significatif entre la taille
de l’entreprise et son niveau de diffusion d’information sociétale. Hackston et Milne (1996)
utilisent différentes mesures de la taille, le chiffre d’affaires de l’entreprise, sa capitalisation
boursière, le total de son bilan, et concluent à une forte corrélation positive entre ces
mesures et le niveau de diffusion d’information sociétale de l’entreprise.
Deegan et Gordon (1996) testent la relation entre taille de l’entreprise mesurée par
son chiffre d’affaires et son niveau de diffusion d’INF. Ils obtiennent une forte corrélation
positive entre ces deux mesures, sur un échantillon composé d’entreprises appartenant à des
secteurs faiblement et fortement exposés d’un point de vue environnemental. Cependant,
lorsqu’ils divisent en deux leur échantillon en fonction du degré d’exposition
environnementale des entreprises (forte exposition, faible exposition), ils ne parviennent à
établir de relation entre taille de l’entreprise et niveau de diffusion d’information non
financière que pour les entreprises appartenant à des secteurs hautement exposés. Roberts

44
(1992) introduit également la variable taille de l’entreprise dans son modèle explicatif de la
diffusion d’information sociétale mais utilise cette variable comme variable de contrôle et
utilise une moyenne des revenus pour mesurer cette variable. A la différence de Patten
(1991) qui utilise le même mode de mesure pour cette variable, ce chercheur ne parvient
pas à établir de relation entre la taille de l’entreprise et ses pratiques de diffusion
d’information sociétale. D’autres chercheurs ne parviennent pas à mettre en évidence une
relation entre taille de l'entreprise et pratiques de diffusion d’information sociétale. Ainsi en
est-il de Davey (1982), dans leurs études portant sur des entreprises néo-zélandaises.
Rappelons toutefois que la taille de l’entreprise est mesurée par plusieurs variables
parmi lesquelles nous pouvons citer le chiffre d’affaires et l’effectif du personnel. Selon
cette hypothèse, les entreprises appartenant à des secteurs fortement exposés du point de
vue environnemental font l’objet d’une attention accrue de la part de la classe politique et
du grand public. Les entreprises diffuseront des informations sociétales et, en particulier
extra financier, afin de réduire leur visibilité environnementale. L’hypothèse testée sera :
H1 : Il existe des associations entre la taille de l'entreprise et le niveau
d'informations non financières divulguées par les entreprises camerounaises

1.2. Le secteur d’activité


Les études des pratiques de diffusion d’information non financière proposent une
extension de la notion de visibilité politique et la déclinent en visibilité environnementale,
visibilité vis à vis du grand public, visibilité pouvoir discrétionnaire. Le secteur d’activité
auquel appartient l’entreprise est ainsi considéré comme un déterminant de la visibilité
environnementale.
Pour Dierkes et Preston (1977), « les entreprises dont l’activité économique a pour
conséquence une modification de l’environnement naturel, telles que les entreprises
appartenant au secteur de l’extraction, sont beaucoup plus susceptibles de diffuser des
informations concernant leur impact sur l’environnement naturel que les entreprises
appartenant à d’autres secteurs ». Rockness et al. (1986) notent de la même manière que «
l’industrie chimique a fait l’objet d’une attention particulière de la part du public, pour les
questions concernant l’environnement et la sécurité liées à ses produits ».
Patten (1991) se fonde, également, sur la relation du secteur avec l’environnement
naturel pour distinguer les entreprises appartenant à des secteurs hautement exposés et
celles appartenant à des secteurs faiblement exposés. De la même façon, Ness et Mirza

45
(1991) formulent l’hypothèse d’une relation entre secteur d’activité et pratiques de
diffusion d’information environnementale. Afin de tester cette hypothèse, ces chercheurs
procèdent à un classement des entreprises de leur échantillon en isolant celles qui
appartiennent au secteur pétrolier. Plus simplement, il distingue les entreprises appartenant
aux secteurs primaire et secondaire, d’une part, et les entreprises appartenant au secteur
tertiaire, d’autre part, pour définir leur degré (fort ou faible) de visibilité environnementale.
Les chercheurs testent la relation entre le niveau de diffusion d’information sociétale
et le degré de sensibilité du secteur auquel appartient l’entreprise. Le secteur d'activité a été
identifié comme un élément pouvant exercer une influence sur les pratiques de diffusion
d’information sociétale. Plusieurs études ont conclu à une relation positive entre secteur
d'activité et diffusion d'information sociétale. Ainsi Kelly (1981), dans une étude
australienne, trouve-t-il que les entreprises des secteurs primaires et secondaires ont
tendance à publier plus d'informations environnementales ou relatives à l'énergie que les
entreprises du secteur tertiaire, tandis que l'on observe le comportement inverse pour ce qui
est de la diffusion d'informations concernant l'implication dans la communauté. Cowen,
Ferreri et Parker (1987) arrivent à la même conclusion d'une influence du secteur d'activité
sur la diffusion d'information sur l'énergie et l'implication dans la communauté. Cependant,
leur étude indique clairement qu'il n'est pas possible d'établir de relation entre le secteur
d'activité et le comportement des entreprises en matière de diffusion d'information sociétale
en général ou entre le secteur d'activité et le volume total d'informations sociétales
produites. A contrario, Patten (1991) et Roberts (1992) trouvent une relation positive entre
les entreprises fortement exposées (secteur chimique, pétrolier, papier chez Patten - secteur
automobile, aéronautique, pétrolier chez Roberts) et le volume d'informations sociétales
diffusées.
Neu (1992) souligne que face à l’incertitude, les entreprises ont tendance à se
conformer aux pratiques d’autres entreprises qui ont apparemment réussi. Il note un certain
comportement de mimétisme de la part des dirigeants et explique l’apparition parmi les
entreprises d’un certain consensus concernant les bonnes pratiques, lié à la participation des
entreprises à des associations sectorielles. Ce chercheur évoque un processus
d’institutionnalisation des pratiques au sein des secteurs d’activité. Il s’agit d’un processus
mimétique qui constitue l’un des mécanismes conduisant à l’isomorphisme institutionnel
décrit.

46
Ces auteurs indiquent que « l’incertitude représente une force puissante qui
encourage l’imitation, lorsque les buts sont ambigus, ou lorsque l’environnement crée une
incertitude symbolique, les organisations peuvent se façonner d’après les autres
organisations ». Ils évoquent les pressions croissantes qui s’exercent sur les entreprises les
conduisant à copier d’autres entreprises à mesure que le nombre de leurs salariés ou de
leurs clients croît. Au fur et à mesure de l’adoption de pratiques par un ensemble
d’entreprises, les pratiques tendent à s’institutionnaliser au sein du secteur. D’où
l’hypothèse :
H2 : Il existe une relation positive entre le secteur d’activité de l’entreprise et la
diffusion d’informations non financières

II. Des facteurs contextuels généraux


L’influence de facteurs contextuels généraux sur les pratiques de diffusion
d’information sociétale est examinée dans un certain nombre d’études. Adams (2002)
souligne que ces relations sont plus complexes à mettre en évidence en raison de la
difficulté à isoler les variables contextuelles et en raison des interactions qui existent entre
ces variables.
Nous allons chercher à identifier les différentes pressions qui peuvent exister pour la
diffusion d’INF, selon leur nature. Pour ce faire, nous nous appuyons sur la classification
des parties prenantes que nous avons proposée dans la section précédente. Nous allons donc
distinguer les pressions institutionnelles, économiques et pouvoir discrétionnaires

1.1. Pressions économiques pour la diffusion d'information non financière


Avant de mettre en évidence les pressions des partenaires économiques de
l'entreprise pour la diffusion d’INF, nous allons examiner brièvement quelles pourraient
être les motivations des entreprises pour cette diffusion.
- Premièrement, les entreprises pourraient voir dans cette diffusion la possibilité
d'avoir un impact sur la performance boursière de leur entreprise. Ainsi, cette diffusion
permettrait de gérer les relations de l'entreprise avec les marchés financiers et le niveau de
diffusion pourrait être en relation avec le besoin de l'entreprise d'avoir recours aux marchés
de capitaux.

47
- Deuxièmement, les entreprises pourraient grâce à cette diffusion réduire le risque
perçu par les apporteurs de capitaux ou bien les créanciers. La diffusion d’INF s'inscrirait,
alors, à nouveau comme un moyen de gestion des relations avec le marché des capitaux.
- Finalement, les entreprises peuvent concevoir la diffusion de l’INF comme
procurant un avantage concurrentiel. L'information serait, à ce moment-là, vue comme un
outil de gestion de l'entreprise par rapport aux marchés des facteurs (produits, travail..). Les
partenaires qui seraient alors les plus concernés par ce type de gestion seraient les
concurrents, les fournisseurs, les clients ainsi que les employés potentiels de l'entreprise.
Afin de mener à bien notre analyse, nous distinguons quatre catégories de parties prenantes
économiques : les investisseurs, les concurrents, les créanciers et les clients de l'entreprise.

1.1.1. Pressions des investisseurs


L'existence de pressions de la part des investisseurs peut être mise en évidence de deux
façons différentes:
- soit en établissant un lien entre performance boursière et diffusion
environnementale, ce qui constituerait une mise en évidence indirecte.
- soit en interrogeant directement les investisseurs sur leurs attentes et leurs besoins
dans ce domaine. C'est d’ailleurs les deux voies qui ont été empruntées par les travaux de
recherche dans le domaine.
Ainsi, les investisseurs considèrent que l'environnement constitue un domaine
critique auquel les entreprises doivent s'intéresser de plus en plus. Ces deux études
s'adressant directement aux investisseurs individuels ou institutionnels montrent une
demande de ces groupes en matière d'information extra financière. Nous mettons ensuite en
évidence d'éventuelles pressions d'autres partenaires économiques de l'entreprise en ce qui
concerne l'information environnementale.
Ainsi, nous distinguons comme autres partenaires économiques susceptibles
d'exercer des pressions pour la diffusion d'information environnementale, les concurrents.

1.1.2. Les pratiques des concurrents


Les pratiques des concurrents en matière de diffusion d’INF sont intéressantes à
étudier, car elles peuvent fournir aux entreprises un modèle. Ceci est particulièrement vrai
pour les pratiques des entreprises américaines ou canadiennes soumises à une législation
plus rigoureuse.

48
De plus, la mondialisation croissante amène les entreprises africaines à être
confrontées aux pratiques comptables américaines ou canadiennes, ce qui ne peut pas être
neutre quant à leur comportement présent et futur. Et, l'existant aux Etats-Unis peut aussi
contribuer au développement de la réglementation et de la normalisation des états financiers
de certains pays africains, dans le domaine environnemental.

1.1.3. Pressions des créanciers


Il nous semble important de mentionner les pressions pouvant exister de la part de la
communauté financière, mais aussi des fournisseurs. En effet, l'existence d'un passif
environnemental latent pourrait avoir pour conséquence d'obérer sensiblement les facultés
de remboursement des emprunts ou des dettes.

1.1.3.1. Attentes de la communauté financière


Généralement, le "Corporate Report" indique que la communauté financière a des
besoins d'information assez similaires à ceux identifiés pour les investisseurs. Par
communauté financière, nous entendons les banques, les assurances ainsi que les autres
acteurs du secteur financier. Les partenaires financiers cherchent à estimer les revenus
futurs de l'entité, ainsi que sa capacité de remboursement. De plus, ils essaient d'établir la
position et la perspective d'évolution de compagnies isolées à l'intérieur d'un groupe. Au-
delà de la vérification pour les banques de la capacité de remboursement, il semble
important pour elles de pouvoir évaluer précisément la valeur des immobilisations (biens ou
terrains) que les entreprises peuvent avoir reçu en garantie d'un prêt. Pour les compagnies
d'assurance, la nécessité de disposer d'information environnementale devient de plus en
plus grande.

1.1.3.2. Attentes des fournisseurs


Les fournisseurs peuvent aussi avoir des attentes en matière d’INF de leurs clients,
et ce surtout dans la mesure où l'on assiste à un développement des "audits fournisseurs".
Ce nouveau phénomène trouve son essence dans la volonté des clients que les produits et
les services achetés correspondent aux standards appliqués au sein de leur entreprise. Même
si le phénomène est récent comme le souligne R. Gray, il n'existe pas une méthodologie
bien établie pour mener à bien ce type d'audit. Cela amène néanmoins les fournisseurs à une

49
prise de conscience de l'environnement. Les clients se font en quelque sorte l’éducateur des
fournisseurs en ce domaine.
Pour Gray, l'influence de ces audits fournisseurs sur l'activité environnementale des
entreprises sera importante pour les années à venir. La diffusion d’INF pourrait être un
moyen intéressant pour donner la philosophie de l'entreprise dans le domaine des audits
fournisseurs. De plus, comme l'indique le "Corporate Report", les fournisseurs recherchent
aussi au sein des rapports annuels des informations sur la capacité de leurs clients de payer
les biens et services achetés, mais aussi sur la viabilité à long terme d’un client. Le
fournisseur peut avoir décidé d'ajuster sa production et d'augmenter sa capacité de
production pour satisfaire à la demande d'un client. C'est pourquoi, l'information concernant
la stabilité financière et les perspectives d'évolution de l'entreprise cliente peuvent être
utiles.
Or, les conséquences environnementales des activités de l'entreprise peuvent en
affecter la viabilité à long terme. Ceci constitue aussi une raison pour le fournisseur de faire
pression pour l'obtention d'un maximum d'informations environnementales.
Au-delà des créanciers de l’entreprise directement intéressés par sa faculté de
remboursement, il semble que les clients puissent aussi exercer des pressions auprès des
entreprises pour la diffusion d’INF.
1.1.4. Pressions des clients
Si l’on tentait de définir les modèles de consommation, on pourrait dire que les
années 1980 ont été la décennie de l'individualisme, de l'accomplissement de soi et de la
recherche de l'excellence personnelle, alors que l’on prédit que les années 2000 mettront
l'accent sur la conscience sociale, sur la manière dont les relations s'établissent entre les
êtres humains, et la manière dont on agit ensemble pour faire face aux problèmes globaux.
Ces préférences semblent se traduire entre autres par un consumérisme vert, qui correspond
à un choix d'achat exprimant la préférence du consommateur pour des biens ou des services
moins nuisibles à l'environnement (Adams, 1990).
Pour effectuer ces choix d'achat, les consommateurs ont besoin d'être mieux
informés pour faire le meilleur choix économique, l’INF devant faire partie de l'ensemble.
Il semble donc que les consommateurs aient de nouvelles valeurs en matière de
consommation, et qu'ils désirent obtenir des informations dans le domaine de ces valeurs
pour exprimer véritablement leurs préférences. La conscience environnementale pourrait
donc être vue comme une valeur nouvelle de la compétitivité des entreprises à côté de

50
valeurs plus traditionnelles, telles que le prix, la qualité, le service, la sécurité... C'est
pourquoi de nombreuses entreprises intègrent la composante environnementale au niveau
des caractéristiques de leurs produits pour répondre aux attentes des consommateurs dans
ce domaine. C'est aussi la raison pour laquelle les rapports annuels peuvent traiter de la
composante environnementale dans la présentation de leur production. Il parait donc
indéniable qu'il existe une sensibilité grandissante des consommateurs et des associations
de consommateurs à l'égard de l'environnement, et que la demande de ce type d'information
est en augmentation.
Ainsi, l'on peut penser que le client peut être un des partenaires économiques de
l'entreprise qui exercera sa pression pour la diffusion d’INF.
Même si l'antagonisme entre environnement et économie néo-classique subsiste, un
certain nombre d'acteurs économiques peuvent exercer des pressions pour la diffusion
d'information environnementale Ainsi, nous avons pu identifier les pressions potentielles
exercées par les investisseurs, les concurrents, les créanciers et les clients. Pour que notre
analyse soit la plus complète possible, il convient d'examiner quelles autres parties
prenantes pourraient exercer des pressions sur l'entreprise pour la diffusion de ce type
d'information. En effet, étant donné la dimension sociétale de cette information, d'autres
partenaires peuvent être intéressés par celle-ci. C'est ce que nous allons étudier ensuite en
distinguant les pressions que nous avons qualifiées d'institutionnelles.

1.2. Les pressions institutionnelles


Afin de mettre en évidence la diffusion d’INF en réponse à des pressions légales ou
quasi-légales, nous allons tout d'abord montrer que ces pressions existent, et tenter de
préciser leur nature.
- En ce qui concerne les pressions légales, il s’agit du contexte dans lequel est
élaborée la politique environnementale du pays sur lequel porte notre recherche. Autrement
dit, les pressions pouvant résulter de l'évolution de la responsabilité civile, et de la
responsabilité pénale des entreprises en matière d'environnement.
- En ce qui concerne les pressions quasi-légales, nous distinguons les pressions
provenant des organismes internationaux et les pressions des organismes professionnels.
Par ailleurs, il existe d'autres types de pressions pouvant expliquer l'intégration
d’INF dans les rapports annuels. Ces pressions émanent essentiellement de deux sources
quasi-légales, les organismes internationaux et les organismes professionnels.

51
Les pressions émanant d'organismes internationaux
Ces recommandations, même si elles n'ont pas force de loi, peuvent constituer un
élément motivant la diffusion d'information à caractère extra financier, car elles se
présentent bien souvent sous une forme relativement opérationnelle. Ainsi, l'industriel peut
en faire l'application de manière plus aisée. De plus, elles peuvent, lorsqu'elles émanent
d'organismes professionnels, recevoir un accueil plus favorable de la part des entreprises.
Ces recommandations sont trouvées dans le domaine du reporting financier, qui provient de
trois sources différentes :
- les Nations Unies,
- la Chambre de Commerce International,
- et le CEF1C (European Chemical Industry Council)
De plus, nous avons aussi montré qu'il existait des pressions que l'on pourrait
qualifié de quasi-légales, et qui émanent d'organismes ou de groupements professionnels.
Ces pressions sont plus directes que les pressions légales. En effet, les organismes
fournissent souvent des indications précises sur ce qui pourrait constituer un modèle de
diffusion d’INF. Ceci est principalement le cas du CEF1C et de l’ONU.
En résumé, un certain nombre d'acteurs économiques peuvent exercer des pressions
pour la diffusion d’INF. Ainsi, nous avons pu identifier les pressions potentielles exercées
par les investisseurs, les concurrents, les créanciers et les clients. Pour que notre analyse
soit la plus complète possible, il convient d'examiner quelles autres parties prenantes
pourraient exercer des pressions sur l'entreprise pour la diffusion de ce type d'information.
En effet, étant donné la dimension sociétale de cette information, d'autres partenaires
peuvent être intéressés par celle-ci. C'est ce que nous allons étudier ensuite en distinguant
les pressions que nous avons qualifiées de responsabilités discrétionnaires.

1.3. La responsabilité discrétionnaire


La dernière dimension des pressions de l'entreprise, sa responsabilité
discrétionnaire, dépend de la personnalité du dirigeant et correspond en quelque sorte à son
libre arbitre. Cette dimension ne semble pas non plus devoir être ignorée comme
justification de la diffusion de l'information non financière. Nous n'avons cependant pas
développé cet axe de justification, qui pourrait faire l'objet de recherches ultérieures.

52
Nous avons montré dans cette sous-section l'existence de pressions de parties
prenantes de l'entreprise pour la diffusion d'information non financière. De plus, nous avons
souligné la diversité de ces pressions, puisque selon notre classification, elles peuvent être
le fait de parties prenantes institutionnelles et économiques, mais aussi du pouvoir
discrétionnaire du dirigeant. D’où notre troisième hypothèse de recherche :
H3 : La diffusion d'information non financière constitue une réponse sociétale
de l’entreprise face aux pressions des parties prenantes.

A l’issue de l’examen de la littérature sur les déterminants économiques et


l’identification des facteurs de la diffusion d’information non financière, nous proposons
de présenter un modèle de la diffusion d’information non financière.
Nous présentons, dans la figure suivante, le modèle de diffusion d’information non
financière.

Figure 1: Modèle de diffusion d’information non financière

La taille de l’entreprise

Diffusion d’information non financière


Le secteur d’activité

Pressions économiques

Les pressions des parties


Pressions institutionnelles
prenantes

Pouvoir discrétionnaires
Source : nous-même

Cette section a rendu compte des différents facteurs sociaux susceptibles d’être
évoqués en tant que déterminants de l’engagement extra financier. Deux catégories de
facteurs ont été ainsi identifiées. La première a été relative aux caractéristiques de
l’entreprise. Il s’agit de la taille de l’entreprise et du secteur d’activité. La seconde catégorie
de facteur a spécifié l’influence exercée par les pressions des parties prenantes à la
divulgation d’INF.

53
Ce chapitre a présenté une revue des principaux déterminants empiriques relatifs à
l’engagement sociétal, faisant référence implicitement au cadre de la théorie des parties
prenantes. Dans la première section, nous avons évoqué les facteurs économiques de la
diffusion d’information non financière en définissant avec précision le cadre théorique
retenu, c’est-à-dire les performances et diffusion d’information non financière. Dans la
deuxième section, deux catégories de facteurs ont été examinées. La première a été relative
aux facteurs internes, n’ayant pas de relation économique directe avec l’entreprise. Il s’agit
des facteurs taille et du secteur d’activité. La seconde catégorie de facteurs a été constituée
par les pressions institutionnelles, économiques et pouvoir discrétionnaires par rapport à la
divulgation d’information non financière. Les autres éléments de la théorie des parties
prenantes n’ont pas été testés, à notre connaissance, dans ce domaine.
L’objectif de cette première partie est d’identifier les déterminants de la diffusion
d’information non financière. L’objet du premier chapitre est de déterminer les objectifs
poursuivis par les entreprises au travers de la diffusion d’information non financière. Un
examen de la littérature met en exergue les deux principales approches théoriques
explicatives de la diffusion d’information non financière : la théorie de la légitimité et la
théorie des parties prenantes. La théorie de la légitimité envisage la diffusion d’information
non financière comme un moyen mis en œuvre par les entreprises pour négocier, auprès de
la Société, la poursuite de leurs activités, lorsqu’elles perçoivent un décalage entre les
valeurs qui leurs sont associées et les normes de comportement acceptable définies par le
système social auquel elles appartiennent.
Selon la théorie des parties prenantes, les entreprises diffusent des informations non
financière dans une perspective de reddition de comptes sociaux à l’intention d’un
ensemble d’individus ou groupes d’individus auxquels elles sont liées via des contrats
explicites ou implicites. La théorie politico-contractuelle, moins sollicitée que les deux
précédentes dans le cadre des études de la diffusion d’information non financière, constitue
une troisième approche et possède un fort pouvoir explicatif.
Cette deuxième approche a été retenue et le second chapitre est consacré à l’analyse
des déterminants de la diffusion d’information non financière, dans ce cadre. Suivant les
remarques de Neu (1992), sont exposées, d’une part les déterminants économiques, d’autre
part les déterminants sociaux de la diffusion d’information non financière. A l’issue de ces
travaux, un modèle de la diffusion d’information non financière, dans lequel interviennent

54
les variables retenues, est proposé. La dimension pouvoir discrétionnaire est également
intégrée au modèle. Un ensemble d’hypothèses est associé à ce modèle.

55
DEUXIEME PARTIE : LES PRESSIONS DES PARTIES PRENANTES COMME
FACTEUR EXPLICATIF DE LA DIFFUSION D'INFORMATION NON
FINANCIERE

56
Dans la première partie de cette étude, nous avons présenté le cadre conceptuel et
théorique de notre recherche. A l’issue de l’analyse de la littérature, nous avons construit un
modèle explicatif de la diffusion d’information non financière. L’objectif de cette deuxième
partie est d’évaluer la validité du modèle de diffusion d’information non financière. Elle
consiste dans un premier temps à confronter notre modèle de recherche au terrain d’étude et
à faire émerger certaines variables dans l’élaboration de notre modèle final adapté au
contexte d’étude puis dans un second temps, à tester le modèle final. Ainsi, nous proposons
de tester les différentes hypothèses formulées, au travers d’une étude empirique.
Pour ce faire, nous avons divisé cette partie en deux chapitres. Dans un premier
chapitre, nous présentons le cadre méthodologique de cette étude. Ce chapitre permet,
d’une part, de décrire de façon détaillée les différentes étapes d’adoption d’un outil
d’évaluation de la diffusion d’information non financière. Les difficultés méthodologiques
rencontrées et les choix opérés sont précisés. Il résulte de cette démarche une grille
d’analyse des diffusions d’information non financière des entreprises.
D’autre part, est présentée la mesure des variables proposées lors de la définition du
modèle.
Dans le chapitre IV, nous présentons les résultats issus de l’investigation du terrain
d’étude. Ces résultats concernent les travaux préparatoires aux analyses de données, la
validation de nos hypothèses et propositions. Dans ce chapitre nous discutons également les
différents résultats obtenus.

57
CHAPITRE 3 : POSTURE ET CHOIX METHODOLOGIQUE DE L’ETUDE DE LA
DIFFUSION D’INFORMATION NON FINANCIERE

La méthodologie empirique consiste à connecter le théorique au terrain. Il est


question de stratégies opératoires qui permettent de relier les aspects théoriques et le recueil
de données par des choix méthodologiques. C’est aussi, pour Wacheux (1996),
l’appréhension des faits en relation avec la problématique et les logiques et outils adoptés
pour l’observation et la collecte des informations.
Selon ce même auteur, le chercheur peut construire sa propre méthodologie ou opter
librement pour déterminer celle qui convient à son projet. Spécifique à l’objet théorique et
empirique de la recherche, elle doit répondre à ses objectifs et à ses contraintes.
Notre recherche combine au sein d’une démarche hypothético-déductive (Crozier et
Friedberg, 1977) et les tests d'hypothèses. L’enquête par questionnaire a eu lieu à des fins
de triangulation des résultats escomptés. Nous traiterons, alors, des critères de qualité de
l’instrument de mesure mobilisé et de l’intérêt de l’approche par la triangulation adoptée.
En second lieu, nous exposerons la démarche de l’étude auprès des cadres et employés des
sociétés. La procédure de la collecte de données et les principaux résultats en découlant
seront précisés. Enfin, la démarche de l’étude par questionnaire sera expliquée.

Section 1 : le protocole de recherche


Dans cette section, il s’agit de faire le choix d’une approche et celui du type
d’investigation avant de nous attarder sur le processus d’échantillonnage et la méthode de
collecte des données.

I. le positionnement épistémologique de la recherche


Toute recherche se construit par le canal d’un positionnement épistémologique.
Selon Thiétart et al., (2007), « la réflexion épistémologique s’impose à tout chercheur
soucieux d’effectuer une recherche sérieuse, car elle permet d’asseoir la validité et la
légitimité d’une recherche ». Selon ces auteurs, l’épistémologie, ayant pour objet l’étude
des sciences, cherche à savoir ce qu’est la science en discutant de la nature, de la méthode
et de la valeur de la connaissance.

58
1.1. Stratégie de recherche
Trois paradigmes centraux caractérisent la posture épistémologique. Le choix de
l’un d’eux est fonction de l’objectif du chercheur et des critères de validité qu’il poursuit.
Le premier paradigme est le positivisme. Une recherche qui s’appuie sur le
fondement selon lequel la réalité est objective, donc indépendante du chercheur, aurait de
ce fait le positivisme comme posture épistémologique. Les positivistes considèrent ainsi
qu’il y aurait une indépendance entre l’objet (la réalité) et le sujet qui l’observe ou
l’expérimente (Thiétart et al., 2007). Le rôle du chercheur positiviste est donc d’interroger
la réalité afin de la dévoiler. Par conséquent son objectif se limitera à l’explication de la
réalité extérieure (Colle, 2006) par l’observation. Il est dans ces conditions recommandé au
chercheur de se distancier complètement de l’objet afin de le saisir objectivement, dans sa
forme et sa structure réelle (Colle, 2006).
Le deuxième paradigme est le constructivisme. Il est considéré comme radicalement
opposé au positivisme en ce sens qu’il conteste le caractère saisissable de la réalité défendu
par les positivistes. Les constructivistes affirment que « la réalité reste inconnaissable dans
son essence puisque l'on n 'a pas la possibilité de l'atteindre directement » (Thiétart et al.,
2007). Plus encore, les radicaux affirment qu’elle n’existerait pas et qu’elle est inventée ou
construite par le chercheur. Il n’existe donc pas une indépendance entre le chercheur (le
sujet) et le phénomène ou la réalité observée (l’objet).
Si le constructivisme modéré et l’Interprétativisme, le troisième paradigme, ne
partagent l’idée de « construction de la réalité », ils partagent en revanche celle de la «
dépendance entre sujet et objet de la recherche ». Pour ces paradigmes pour qui la réalité ne
peut être indépendante de l’esprit, il faudrait parler d’hypothèse relativiste (considérant des
modes d’apparition interne des choses dans la conscience des individus) en lieu et place
d’hypothèse réaliste telle que prônée par le positivisme.
Ces trois principaux paradigmes sont complétés par d’autres tels que le réalisme
critique, le pragmatisme, et le post-positivisme (Gavard-Perret et al., 2012 ; Thiétart et al.,
2014). En pratique, les travaux en sciences de gestion ont montré que le chercheur peut
adopter une démarche allant de l’utilisation d’un unique paradigme à une démarche «
multiparadigme » en passant par la position aménagée (Colle, 2006).
Nous pensons qu’il serait difficile d'analyser le mécanisme psychosocial par lequel
les dirigeants d’entreprises développent des attitudes et intentions à l'égard du marché
financier sous l’angle d’un unique paradigme. L’adoption du paradigme positiviste pur

59
signifierait la négation du caractère intentionnel de l’introduction en bourse alors que celle-
ci semble être également fonction de la perception et de la culture du dirigeant (Bayala,
2002). Nous pensons donc que la réalité est à la fois objective et contextuelle, c’est-à-dire
qu’elle a une essence propre et nous permet ainsi de savoir que l’intention est une cause de
la tendance au comportement de réserve vis-à-vis de la bourse. Mais aussi cette réalité
semble contextuelle du moment où ces attitudes et intentions ne dépendent pas uniquement
de l’environnement objectif dans lequel les dirigeants d’entreprises se trouvent. Elles
dépendent en partie de l’environnement psychologique qu’ils construisent à partir de leurs
propres perceptions (Bayala, 2002). Il importe donc d’expliquer et de comprendre les
réalités qu’ils vivent.
Pour ce faire, nous adoptons un positionnement positiviste. Nous avons dans un
premier temps analysé la littérature inhérente aux concepts et théories mobilisés de sorte à
construire le modèle théorique qui traduit les principales hypothèses. Il s’est agi donc
d’expliquer le concept de divulgation d’information non financière et les différentes
variables qui l’influencent. Nous nous intéressons aux faits, mais aussi nous essayons
d’appréhender la façon dont ils sont interprétés.

1.2. La démarche adoptée


Le chercheur doit, à la suite du choix de sa posture épistémologique, opter pour un
choix particulier du mode de raisonnement afin de répondre à sa question de recherche. Ce
choix est fondamentalement tributaire de ladite posture. Si le chercheur est positiviste, le
raisonnement qui lui est étroitement lié est la déduction qui fonde la démarche de la
méthode hypothético déductive (Thiétart et al., 2014 : 79). À l’opposé, les postures
interprétativiste et constructiviste sont en général opérationnalisées par deux démarches :
l’induction et l’abduction (ou adduction).
Troisièmement, les postures aménagées empruntant à plus d’un paradigme ont
l’avantage d’user simultanément de la déduction et de l’induction ou particulièrement de
l’hypothético-déductif et de l’abduction. Bien que cette recherche se base sur la démarche
hypothético-déductive, il convient de rappeler brièvement les particularités de chacun des
raisonnements évoqués.
La déduction est un mode de raisonnement, un moyen de démonstration qui permet
d’expliquer et de prédire à partir de la théorie (Charreire Petit et al, 2014). Déduire signifie
partir des lois et théories universelles afin d’aboutir à des explications et prédictions sans

60
forcément confronter l’ensemble des hypothèses formulées initialement à la réalité. Cette
confrontation est nettement effectuée lorsque le chercheur opte pour la démarche
hypothético-déductive. La démonstration dans ce cas-ci part des lois et théories universelles
pour formuler des hypothèses et construire des modèles qui seront (Charreire-Petit et
confrontés au terrain en vue de proposer des explications et prédictions Durieux, 2014).
Toutefois, l’induction et l’abduction procèdent en sens inverse.
L’induction est une inférence conjecturale permettant de passer directement des faits
constants établis par observation à la formulation de lois et théories universelles, du
particulier (fait d’exemples concrets) au général sans transiter par une démonstration
rigoureuse (Gavard-Perret et al, 2012). Cette limite est en outre palliée par l’abduction. En
effet la démarche abductive part de la régularité des faits, structure l’ensemble des
observations pour produire du sens, propose de nouvelles conceptualisations théoriques et
hypothèses rigoureusement élaborées (Charreire-Petit et al, 2014) qui pourront par la suite
être sujettes à des tests. Elle s’oppose donc à la démarche hypothético-déductive.
Ce mémoire se veut une démarche qui s’appuie sur les démarches hypothético
déductive. Il s’agit donc de se focaliser sur l’ensemble des travaux concernant la diffusion
d’INF et les théories explicatives afin de proposer un ensemble d’hypothèses.
En somme, quatre raisons majeures expliquent le choix de notre démarche :
La première tient à l’abondance de travaux sur les facteurs et les influences menant
les entreprises à publier des informations non financières, sans pour autant qu’ils soient "
obligatoires".
Deuxièmement, peu d’études ont été menées dans un contexte de pays en voie de
développement plus précisément dans un contexte camerounais ; ainsi l’objectif de cette
démarche est d’identifier les facteurs qui sont conformes à notre contexte d’étude, c'est-à-
dire en prenant en compte les spécificités sociales.
Troisièmement, malgré l’abondance des travaux sur le processus de diffusion
d’informations non financières, la variable taille n’a pas été prise en compte dans
l’explication des déterminants de la divulgation d’informations non financières.
La dernière est liée au choix du modèle théorique adopté (la théorie des parties
prenantes) qui stipule que l’influence de diffusion est mieux perçue grâce à la formulation
d’un corps d’hypothèse et qui doit être testé sur un échantillon. Pour nous imprégner de la
réalité de la diffusion d’informations non financière, nous avons d’abord procédé à une
recherche qualitative exploratoire (à la suite de la revue de la littérature) et ensuite à la

61
recherche quantitative. Ces étapes de la recherche s’inscrivent dans la posture
épistémologique présentée précédemment.

II. Processus d’échantillonnage et méthode de collecte des données


Ce paragraphe se propose d’examiner dans un premier temps la méthode de collecte
des données et dans un second le processus d’échantillonnage.

2.1. Technique de collecte des données


L’information étant la source principale de notre étude, sa collecte et son traitement
doivent faire l’objet d’une attention particulière afin de ne pas être biaisés. A cet effet, nous
présenterons successivement l’élaboration du questionnaire, son contenu, son codage, son
mode d’administration et les difficultés liées à l’enquête.

2.1.1. La collecte des données : le questionnaire


La collecte des données est un élément crucial du processus de recherche en
management (Thiétart et coll., 2003). Elle consiste à rassembler le matériel empirique
(informations) sur lequel le chercheur fonde son étude. Pour constituer cette base empirique,
le chercheur doit tout d’abord se poser la question de l’existence ou non de données déjà
disponibles. C’est ce qui conduit à la distinction de deux types de données : données primaires
et données secondaires.
L’utilisation de données secondaires (ou de seconde main) présente de réels avantages
car le chercheur peut se dispenser de recueillir lui-même les données sur le terrain. Il
disposera ainsi de plus de temps pour procéder à leur analyse. Cependant, la principale
difficulté dans la collecte des données secondaires réside dans l’identification et l’accès à des
sources de données secondaires tant internes qu’externes aux organisations.
A défaut de données disponibles, le chercheur peut s’engager dans la collecte des
données primaires, qu’il va recueillir directement sur le terrain.
Pour ce qui nous concerne, ayant adopté une démarche hypothético-déductive, nous
avons essentiellement besoin de données primaires. Avec ce recueil direct se pose alors la
question des instruments avec lesquels le chercheur va obtenir les données empiriques de sa
recherche.
Le mode de collecte de données primaires le plus développé dans les recherches
quantitatives est le questionnaire (Thiétart et coll., 2003). Chauchat (1985) pour sa part pense

62
que le questionnaire semble le mieux adapté aux enquêtes quantitatives. Sans toutefois vouloir
s’aligner derrière l’un ou l’autre des auteurs précédents, le questionnaire est l’instrument de
collecte de données le plus usité en management. Il permet de traiter des échantillons de
grande taille et d’établir des relations statistiques et de minimiser les coûts des opérations
d’administration. A cet effet, il est important de connaître son élaboration, son contenu qui
nous permettra de voir comment les variables de nos hypothèses y sont appréhendées, son pré
test et son administration définitive.

2.1.2. Elaboration du questionnaire


J.P. Pourtois et H. Desmet (1988) définissent l'enquête par questionnaire comme "un
instrument de prise de l'information, basé sur l'observation et l'analyse de réponses à une série
de questions posées". Cette définition met en avant quelques-unes des difficultés liées à
l'élaboration d'un questionnaire. En effet, la nécessité de formuler des questions oblige le
passage du "langage de la théorie" au "langage des observables", ainsi que les nomment
Ghiglione et Matalon (1980). Même si le phénomène observable a été réduit par la
formulation des hypothèses, les variables hypothétiques ne peuvent être saisies directement.
Leur observation passe par la formulation de questions. C'est pourquoi cette tâche se révèle
toujours délicate. Nous élaborons tout d'abord le plan du questionnaire qui est fortement lié à
la structure retenue pour notre recherche. Dans un premier temps, nous posons des questions
sur l'état de la diffusion de l'information non financière dans l'entreprise.
- La première question est très globale, et sert à positionner l'entreprise par rapport à
l'environnement.
- La deuxième et la troisième question interrogent sur la diffusion d'information non
financière, puis sur les media utilisés pour cette diffusion.
- Nous examinons ensuite qui prend la décision de diffusion, et finalement quelles
peuvent être les raisons amenant l'entreprise à diffuser une information non financière.
Le reste du questionnaire analyse plus en détail une des raisons susceptible d'être à
l'origine de la diffusion, à savoir les pressions des partenaires de l'entreprise. Ces pressions
sont classées selon leur nature ainsi que nous les avons définies précédemment. Nous
analysons donc les pressions légales ou quasi-légales, les pressions de nature économique, et
finalement les pressions éthiques.
Nous tentons, tout d'abord d'examiner si les entreprises interrogées ont connaissance
de certaines pressions pouvant exister et les perçoivent. Ensuite, nous cherchons à examiner si

63
la diffusion d'information non financière peut être une réponse à ces pressions, et quels
partenaires de l'entreprise sont susceptibles d'influencer la diffusion de l'information
environnementale
A partir de ce plan, nous concevons une première version de notre questionnaire. Pour
le tester, nous élaborons un tableau de correspondance. Celui-ci nous amène à supprimer
certaines questions ne correspondant pas aux objectifs assignés à notre recherche. Finalement,
nous retenons vingt-six questions. Ces questions sont toutes des questions fermées
Le constat initial correspond à la mise en évidence de l'existence de la diffusion
d'information non financière.

2.1.3. Le contenu du questionnaire


Les questions contenues dans notre support d’investigation ont été formulées pour une
grande partie à partir de l’opérationnalisation des concepts utilisés dans nos hypothèses. Ces
hypothèses sont elles-mêmes inspirées d’une revue de la littérature en matière de diffusion
d’INF. Etant donné la spécificité de nos objectifs de recherche, le questionnaire proposé se
subdivise en trois rubriques (voir annexe 1) :
- la première est relative à la présence de diffusion d’information non financière. Il
s’agit plus concrètement des questions allant de Q1 à Q6 du questionnaire présenté en annexe
1;
- la seconde quant à elle appréhende les variables de la motivation à la diffusion. Il
s’agit, dans le questionnaire, des questions allant de Q7 à Q17 ;
- la dernière rubrique traite de l’identification du répondant et de l’entreprise dont les
questions vont de Q18 à Q26.
Au-delà de ce fractionnement du questionnaire, soulignons que chaque question a un
objectif précis comme l’indique le tableau.
Figure 2: Finalité des questions

Variables observées Questions correspondantes


Taille de l’entreprise Q19, Q20
Secteur d’activité Q18
Présence d’information non financière Q1
Pression institutionnelle Q8, Q9
Pression économique Q8, Q9, Q10
Pression éthique Q15, Q16, 17
Diffusion d’information non financière Q2, Q3, Q4

64
Questions descriptives Q22, Q23, Q24, Q25, Q26
Source : nos enquêtes

Comme on peut le constater, plusieurs questions, sous réserve de celles visant à tester
les hypothèses se recherchent, ont été introduites dans le questionnaire. Leur objectif est
d’appréhender certaines réalités qui peuvent contribuer à expliquer davantage les facteurs de
divulgation.

2.1.4. Le codage du questionnaire


En ce qui concerne le codage, le principe général est que plus les chiffres sont élevés
par question, plus les réponses données par le répondant vont dans le sens valorisant l’échelle.
Certaines de nos questions sont composées d’items mesurés sur des échelles ordinales
(échelle de Likert à 5 points). Ces échelles permettent en effet d’obtenir une information riche
se prêtant à un nombre d’analyses important. C’est le cas par exemple de la question Q5 :
« Dans votre entreprise, qui a une influence sur la décision de divulguer l'information non
financière ? »
Réponse Très faible Faible Moyen Elevé Très élevé
Codage 1 2 3 4 5

La plupart de nos questions sont fermées. Pour ces questions fermées, le répondant
doit obligatoirement choisir parmi l’éventail des réponses celle qui lui semble cohérente.
C’est par exemple le cas de la question Q11 : « Les pratiques de vos concurrents ont-elles
modifié vos propres pratiques en matière de divulgation? »
Réponse : Oui Non
Codage : 1 2
Il convient de noter que les codes ne figurent pas directement sur le questionnaire. Ce
choix est justifié par le souci de ne pas orienter la réponse de l’enquêté.

2.1.5. Mode d’administration du questionnaire


Il existe plusieurs méthodes d’enquêtes : l’enquête face à face, l’enquête par voie
postale, l’enquête par téléphone, l’enquête par Internet (par ordinateur ou par Minitel)4.

4
Pour plus d’approfondissements sur ces méthodes, voir Evrard, Pras et Roux (1997), Market : études et
è
recherches en marketing, fondements et méthodes, 2 édition Nathan.

65
Le choix d’une méthode dépend à la fois du temps imparti à l’enquête, des moyens
financiers et matériels disponibles, du profil du répondant, des besoins en informations et de
la taille de l’échantillon. En ce qui nous concerne, plusieurs raisons ont milité en faveur de
l’enquête face à face :
- ce mode d’administration permet non seulement d’accroître théoriquement le taux de
réponses, mais également de créer des liens durables entre l’enquêteur et le répondant ;
- le contexte de l’étude : au Cameroun comme dans plusieurs autres pays en voie de
développement, l’accès à l’information auprès des entreprises est une tâche extrêmement
difficile (Tsapi, 1997). Pour faciliter les réponses au questionnaire, des explications précises
et surtout la motivation sont parfois nécessaires ;
- cette procédure permet en outre, de distinguer notre questionnaire des enquêtes
administratives et fiscales qui effraient les répondants. En effet, la présentation de l’attestation
de recherche rassurait les répondants sur le caractère académique de l’étude. Elle permet
également de comprendre les propos de l’enquêté, de prendre des notes intéressantes pour
approfondir nos analyses si celui-ci commente ses réponses. En cas d’incompréhension de
l’une des questions par ce dernier, cette méthode offre l’occasion à l’enquêteur de donner des
éclaircissements supplémentaires.
Ce mode d’administration du questionnaire présente cependant des limites (Thiétart et
coll, 2003) : le chercheur doit toujours se garder d’exprimer toute opinion ou forme
d’approbation ou de désapprobation qui risque d’influencer le répondant. Par ailleurs, ce
mode d’administration bloque les réponses de certaines personnes qui les considèrent comme
trop personnelles pour être exprimées en face à face. Pour contourner ces insuffisances, nous
avons évité les questions strictement personnelles.

2.1.6. L’administration du questionnaire


L’administration proprement dite s’est déroulée du 04 au 11 juillet 2023. Les
questionnaires ont été administrés par nous-même dans la ville de Ngaoundéré et avec l’aide
des amis et camarades de la ville de Garoua et Maroua ayant déjà une expérience dans ce type
de recherche. L’accueil dans les entreprises a été favorable dans l’ensemble. Ceci provient du
fait que nous avions une lettre de recommandation établie par notre directeur de recherche.
Certains répondants acceptaient de nous recevoir immédiatement, d’autres plutôt sur rendez-
vous. Toutefois, la phase d’administration de notre questionnaire recelait quelques difficultés
dont il convient de présenter.

66
2.1.7. Les difficultés liées à l’enquête
Après l’administration de nos questionnaires, tous n’ont pas été recouvrés. Sur les 120
questionnaires administrés, 92 ont été récupérés et 62 non collectés. Ceci est dû au facteur
temps qui ne nous a pas permis d’attendre la totalité des réponses. Aussi, les contraintes
financières et la non disponibilité de certains administrateurs d’entreprises ont également
influencé la taille de notre échantillon. Une autre grande difficulté réside dans le fait que, dans
certaines entreprises, les membres du CA sont inaccessibles ou instables au sein de
l’organisation.
Néanmoins, les responsables ciblés sont peu habitués à ce genre d’enquête dans notre
pays et se méfient de l’usage qui sera fait des résultats. Cette méfiance se justifie par la peur
du fisc ou d’une éventuelle « mèche » qui serait vendue aux concurrents. C’est ainsi qu’ils
nous donnaient des rendez-vous qui n’étaient quelques fois pas honorés.
Toutes ces difficultés ont provoqué la réduction de la taille de notre échantillon et
l’impossibilité d’étendre nos travaux sur le plan national.
En dépit de toutes ces difficultés, nous avons fait le maximum d’effort pour collecter
les informations nécessaires à nos analyses.
En somme, la description de ces techniques de collecte de données doit aboutir à la
constitution d’un échantillon d’étude.

2.2. Processus d’échantillonnage


Le processus d’échantillonnage est un procédé technique qui ressort les différentes
étapes aboutissant à un échantillon de la population concernée par l’étude. Il se réalise par les
étapes telles que :
- la définition de la population et de l’unité d’échantillonnage ;
- le choix du cadre d’échantillonnage ;
- et le choix de l’échantillon.

2.2.1. La définition de la population


Selon Chauchat (1985), la population est un ensemble des individus auxquels
s’applique l’étude. Les limites de cette population et ses caractéristiques sont définies en
fonction de l’enquête. Dans le cadre de notre étude, notre population peut être caractérisée par
deux éléments à savoir : la nature de la population et l’espace géographique.

67
Notre étude vise à ressortir les facteurs de la divulgation d’INF. La population
strictement concernée est tous les types de sociétés. Le choix de la personne à interroger est
relativement délicat, puisque les pressions qui peuvent amener la décision de diffusion de
l’INF peuvent être de nature très différente et concernent donc un nombre important de
services au sein de l'entreprise. On peut citer : la direction générale, le service juridique, le
service comptable et financier, le service des relations publiques, les services de production,
et le service environnement
L’espace géographique de ce travail est quant à lui constitué par les entreprises,
localisées dans les villes du grand Nord.

2.2.2. La sélection de l’échantillon


Tiré par définition d’une population mère, l’échantillon peut être constitué selon
plusieurs méthodes. Thiétart et coll. (2003) les regroupent en quatre catégories.
Une première catégorie rassemble les méthodes dites probabilistes (aléatoire simple,
systématique, stratifié, en degré, par grappes). Elles sont dites probabilistes dans la mesure où
tout élément de la population présente une probabilité, connue a priori, et différente de zéro,
d’appartenir à l’échantillon.
Le second ensemble regroupe les méthodes de sélection de l’échantillon par choix
raisonné. Contrairement aux méthodes probabilistes, où l’on cherche à éliminer la subjectivité
du chercheur, les méthodes par choix raisonné reposent fondamentalement sur le jugement.
Elles permettent de choisir de manière précise les éléments de l’échantillon afin de respecter
plus facilement les critères fixés par le chercheur.
Le troisième ensemble correspond à la méthode des quotas. C’est une méthode non
aléatoire permettant d’obtenir un échantillon ayant une certaine représentativité de la
population. Elle peut être utilisée pour diverses raisons, par exemple lorsqu’on ne dispose pas
de base de sondage, que la base n’est pas suffisamment renseignée, ou encore pour des raisons
de coût.
Les échantillons de convenance désignent les échantillons sélectionnés en fonction des
seules opportunités qui se sont présentées au chercheur, sans qu’aucun critère de choix n’ait
été défini a priori.
En ce qui nous concerne, compte tenu de la particularité de notre sujet de recherche
devant étudier la publication des informations extra financières, un choix par la méthode de
convenance a été fait. Cette méthode correspond parfaitement à nos aspirations.

68
2.2.3. La taille de l’échantillon
Il s’agit de tirer d’une population déterminée une fraction dans laquelle les différents
caractères sont connus. Autrement dit, on doit veiller à ce que le caractère donné dans
l’échantillon se rapproche le plus possible de l’ensemble de la population.
Etant donné que notre échantillon sera confronté à certains tests statistiques, nous
avons enquêté dans le but d’obtenir un échantillon dont la taille serait d’au moins trente (30)
individus exploitables. Aussi, sachant qu’un échantillon de grande taille reproduit avec plus
de précision les caractéristiques de la population (Langley R., 1969), nous avons interrogé le
maximum des entreprises possibles. Au total, 154 entreprises (des villes de Douala et
Yaoundé) ont reçu chacune un questionnaire, 92 questionnaires ont été collectés, soit un taux
de réponse de 59,74 %. Finalement, 84 seulement ont été exploitables après dépouillement.
Les contraintes financières, le temps qui nous était imparti pour l’administration du
questionnaire ainsi que les politiques des entreprises sont les principaux facteurs qui ont
influencé la taille de l’échantillon. Le tableau ci-dessous présente la répartition de
l’échantillon suivant l’espace géographique.

Tableau 3 : Répartition de l’échantillon par ville


Questionnaires Questionnaires Questionnaires Questionnaires
administrés récupérés non récupérés exploitables
Ngaoundéré
Garoua
Maroua
Total
Source : nos enquêtes
De cet échantillon, nous voyons que les entreprises de la ville de Douala représentent à
elles seules près de 87 % de la taille de l’échantillon. Ceci est dû au fait que la majorité des
S.A. sont localisées dans cette ville, grand pôle économique du pays.
Une fois présentés les techniques de collecte des données et le processus
d’échantillonnage, il convient d’aborder la mesure des variables, d’examiner les outils
d’analyses statistiques et les caractéristiques des entreprises de l’échantillon.

69
70
CHAPITRE 4 : APPLICATION DE LA THÉORIE DES PARTIES
PRENANTES À L’ÉTUDE DE LA DIFFUSION DE L'INF

71
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