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Roumania

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Grande Roumanie
Sa structure éconornique
sociale, financière, politique
et particulièrement
ses richesses

par

C. G. Rommenhceller
Consul general de Roumanle

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LA HAYE
MRRTINUS NIJHOFF
1926

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Préf ace.
Cette etude est l'une des premieres qui aient paru sur le
nouveau royaume de Roumanie.
Elle est basee sur les publications des ministeres, des bu-
reaux de statistiques, d'autres administrations et sur les ren-
seignements que nous avons recueillis sur les lieux.
Son but est de mieux faire connaitre la Roumanie, de donner
aux milieux commergants et industriels une idee des tresors que
renferme ce pays et des travaux qui seront necessaires a l'avenir
pour les mettre en ceuvre. C'est pourquoi nous nous sommes
etendu particulierement sur les domaines qui interessent le fabri-
cant et le commercant, l'importateur et l'exporta teur, et tous ceux
qui sont en relations avec la Roumanie.
Nous avons également parle en detail de la legislation écono-
mique, de ses rapports avec la vie sociale et politique, sans
oublier la constitution de l'Etat roumain, son administration et
l'organisation de ses tribunaux.
Nous souhaitons que ce livre, comme celui que nous avons
publié, en 1898, «Rumenie, Handelspolitieke Studie», en hollandais
et en francais, durant l'exercice de nos fonctions a Rotterdam,
contribue a se mieux connaitre, a rapprocher les peuples qui
dependent les uns des autres, et a développer pacifiquement leurs
relations économiques.
C. G. Rommenhaeller
Consul general de Roumanie.

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Table des matières.
page
I. Le pays et ses habitants 1

H. L'histoire des Roumains 15

III. La Constitution et l'administration de la Grande-Roumanie 31

IV. La structure nationale de la population 70


I° Les Roumains 70
2° Les Hongrois 75
30 Les Juifs 82
40 Les Allemands . . . . . 86
5° Les Slaves, etc 97
V. L'Agriculture 102
10 Les céréales 104
2° Les plantes textiles et oléagineuses 115
30 Les légumineuses 117
4° Les plantes industrielles 120
5° Les legumes 123
6° Les fourrages 126
70 Les arbres fruitiers 127
8° Les vins 128
L'élevage du betail 130
10 Les chevaux 135
2° Les betes A cornes 136
30 Les moutons 139
40 Les porcs 140
Les poissons 141

VI. Les forks 152

VII. La réforme agraire 164


1° Son histoire 164
2° Les lois d'expropriation 177
3° Ses consequences 186
40 Moyens pour supprimer ses effets défavorables du debut 194

VIII. Les associations 203


10 Les associations de credit 203
2° Les associations d'affermage 206
30 Les associations d'usine et de consommation 208

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VI Table des matiares
page
IX. L'industrie 212
La petite industrie, l'industrie domestique 213
La grosse industrie 225
1° L'industrie métallurgique 237
a. Les fonderies 239
b. Les usines métallurgiques 247
c. Les dtablissements de mécanique fine 252
d. Divers 252
2° L'industrie du bois et du papier 258
3° L'industrie chimique 270
a. Les raffineries de pétrole 270
b. Les fabriques de savons et de bougies 271
c. Les fabriques de produits techniques et chimiques . 272
d. Les distilleries de bois et de charbon 274
e. Les fabriques de couleurs 274
f. Les fabriques de produits pharmaceutiques et les par-
fumeries 275
g. Les fabriques d'acide carbonique 275
h. Les fabriques d'acide sulfurique et de sulfates . . 275
i. L'industrie de la soude 276
j. Les fabriques d'oxygene et d'acetylene 277
4° L'industrie alimentaire 282
a. Les minoteries 283
b. Les distilleries 286
c. Les brasseries 288
d. Les fabriques de vinaigre et de spiritueux 290
e. Les fabriques d'eaux minérales 291
f. Les huileries 291
g. Les sucreries 292
h. Les fabriques de produits sucrés 294
i. Les fabriques de pates alimentaires 295
j. Les grandes boulangeries 296
k. Les feculeries 296
I. Les fabriques de conserves 297
m. Les laiteries, fromageries, succédanés, etc 298
5° L'industrie textile 300
a. L'industrie de la laine 303
b. L'industrie du coton et du lin 306
c. L'industrie du chanvre et du jute 310
d. Les fabriques de tricotages 311
e. Les fabriques de chapeaux 312
f. Les fabriques de ouate 315
g. La soierie 316
h. Divers 318
6° L'industrie des cuirs 320

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Table des matieres VII

p age

7° L'industrie ceramique 329


a. Les tuileries 329
b. Les fabriques de ciment 332
c. L'industrie du plâtre 337
d. L'industrie de la chaux 337
e. L'industrie de l'asphalte 339
f. Les modeles ceramiques 339
g. Les verreries 340
8° L'industrie électrique 345
9° L'industrie graphique 347
Les mines 350
1° Le charbon 351
2° Les minerais (bauxite, mica, or) 355
3° Les minéraux et les terres rares 364
4° Le petrole 365
a. Son histoire 365
b. La geologic 369
c. Les forages 375
d. La technique d'extraction et de transport 376
e. Le capital engage, les participations etrangeres, le
revenu net des grandes sociétes petrolieres 380
f. Les territoires de production et la production . . 395
5° Le methane 407
6° Les sources minerales et les villes d'eaux 419
X. L'organisation de l'industrie roumaine 433
Xl. Les nouvelles lois économiques. 441
1° La loi miniere 444
2° La loi de commercialisation 465
3" La loi d'énergie 478
4° La loi du regime des eaux 486
XII. Les lois d'encouragement de !Industrie 493
XIII. La politique economique de la Roumanie 503
XIV. Les chemins de fer et la navigation 515
XV. Le commerce extérieur 519
10 Les exportations 521
2° Les importations 547
XVI. La politique commerciale de la Roumanie de 1875 A 1925 . . 566
XVII. Le tarif douanier-or de 1924 579
XVIII. La monnaie roumaine 595
XIX. Les banques roumaines 606
XX. Les finances et le budget 629

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I. Le pays et ses habitants.
A premiere vue, le lecteur sera peut-etre étonné que ce livre
sur la Grande-Roumanie commence par sa geographie. La raison
en est que ce pays, sa constitution physique et politique, est
excessivement peu connu a l'etranger. Dernierement, un ecrivain
américainl écrivait qu'on savait tres peu de choses sur la
Roumanie aux Etats-Unis. A Pecole, on apprend que la Roumanie
est situee dans les Balkans, ce qui est inexact au point de
vue geographique, que sa capitale s'appelle Bucarest et que
ia reine Carmen Sy lva était une grande poetesse.
Ii faut chercher les causes de cette ignorance dans la place
que la Roumanie occupait, avant la grande guerre, dans la famille
des peuples européens. C'etait un petit pays qui passait inapercu.
Les grands évenements de l'histoire universelle se deroulaient
ailleurs. Seuls, la science et le commerce parlaient de lui. Un
certain nombre de jeunes Roumains faisaient leurs etudes a
l'étranger. Dans les milieux cultives, on apprenait quelque chose
de l'histoire de ce peuple, des méthodes de sa technique, de son
industrie et de son agriculture. Le commerce créait d'autres
relations. On savait qu'il y avait là-bas beaucoup de cereales, de
bétail, de bois et de pétrole. Mais comparee a l'importance
economique et politique des autres Etats continentaux, la
Roumanie se trouvait tout a fait a l'arriere-plan comme les petits
Etats du sud-est de l'Europe.
Tout a change. Apres la grande guerre, le nouvel arrange-
ment dans le groupement des Etats a transforme la Roumanie:
d'un petit Etat, elle est devenue un grand Etat, et le nombre
de ses habitants a plus que double. Il est passé de 7 897 311 a
16 267 177 habitants. Sa superficie, qui etait de 137 903 kilo-
metres carrés, est aujourd'hui de 294 244 kilometres carres.
L'influence et la puissance de cet Etat ont ainsi con-
sidérablement grandi et sa situation economique parmi les
economies européennes s'est modifiée. Le nouveau royaume a
une autre geographic et une autre economic que l'ancien royaume
d'avant-guerre. Ii occupe aujourd'hui la premiere place dans
les Balkans. Plus que jamais l'étranger s'interesse, a l'heure
Charles Upson Clark: Greater Roumania (New-York, 1922).
1

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2 Le pays et ses habitants
actuelle, a cette puissance influente, et il vaut la peine de mieux
connaitre la nouvelle structure de ce pays, son avenir économique,
social et financier. Le profit immediat qu'en retireront les corn-
mergants se montrera bien vite.
La Roumanie a la forme d'une ellipse. Elle a 800 kilometres
de long et 500 de large. A l'ouest et au nord, elle touche a la
Hongrie, a la Tchécoslovaquie, a la Pologne et a l'Ukraine. Le
Dniester (1040 kilometres) la separe de la Russie et la Theiss de
la Hongrie. A l'est, elle est limitée par la mer Noire; au sud le
Danube forme la frontiere entre la Bulgarie et une partie de la
Yougoslavie. Cette importante frontiere fluviale a une longueur de
1075 kilometres et une largeur de 609 a 1400 metres.
Avant la guerre, l'ancien royaume avait une superficie de
137 903 kilometres carrés. II comprenait les provinces suivantes:
Olténie, Valachie, Dobroudja et Moldavie. Ces noms ne represen-
tent pas une division administrative; ils sont uniquement des
denominations historiques.
Apres la guerre, ce territoire initial s'accrut de plus de la
moiti é. La superficie du nouveau territoire est de 156 341 kilo-
metres carrés. II comprend: la Bessarabie, la Bukovine, la
Transylvanie, le Maramuresh, la Crichana et le Banat. Parmi
ces nouvelles acquisitions, la Transylvanie avec 57819
kilometres carrés et la Bessarabie avec 44 422 kilometres carres
tiennent la tete. Les Roumains les considerent comme une
reintegration de parties qui, sous l'empereur romain Trajan,
appartenaient a la Dacie, ancienne province romaine qui a été
le berceau du peuple roumain, et que les voisins avaient
séparées de la mere patrie. Leur retour a retabli le royaume
roumain dans les frontieres naturelles et éthnographiques qu'il
avait il y a bientôt deux mille ans.
Le territoire entier du pays compte maintenant (137 903 +
156 341) 294 244 kilometres carrés. II est un peu moins grand que
celui de l'Italie (312 510 kilometres carrés) ou celui de l'Angle-
terre (313 373 kilometres carres); il est vrai que la population de
la Roumanie est beaucoup plus petite que celle de ces deux Etats.
La Roumanie est située au milieu de la zone tempérée. Le
parallele du 45e degre de latitude passe a peu pres au nord de
Ploesti. Baltchik, la ville la plus meridionale de la Roumanie,
est a la meme latitude que Nice et Marseille; le point le plus.
septentrional, qui est dans la Bukovine, se trouve sur le meme
degre de latitude que Paris.
Cette situation est favorable a la Roumanie. Elle forme le
pont entre l'Orient et l'Occident. Deja dans l'antiquite, la civili-
sation de l'ernpire romain et byzantin rayonna sur ce pays. Au
moyen age, les cornmergants génois et venitiens, qui venaient par

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Le pays et ses habitants 3

la mer Noire sur le Danube, jusqu'a Turnu Severin, l'associerent


a la civilisation europeennel. Aujourd'hui encore, les deux ports
Giurgiu, sur le Danube, au sud de Bucarest, et Calaf at, au
sud-ouest de Cr aiova, rappellent les temps oil les Italiens
faisaient id du commerce. Giurgiu derive de San Giorgio, le
patron de Génois et Calafat vient de calafatare (calfater). La
ohi se trouve le port, les Italiens s'arretaient pour calfater leurs
navires.
D'un autre côté, cette situation a fixe le sort de la Roumanie.
Elle a eu beaucoup a en souffrir dans l'histoire. Elle était exposee
aux assauts des Bar b ar es, dont les invasions se sont deversées,
durant des siecles, par le plateau de la Moldavie et les champs .

de la Roumanie actuelle, de l'Asie vers l'Europe centrale. Ils


s'établissaient temporairement dans les fertiles plaines du pays et
les quittaient apres les avoir épuisees. Plus tard, les Turcs et
les Barbares l'envahirent a plusieurs reprises, comme on le verra
dans le second chapitre relatif a l'histoire des Roumains.
La Roumanie est un pays riche en rivieres. La plupart
prennent leur source dans les Karpathes et se jettent dans le
Danube. Ce sont: le Jiu, l'Olt avec son affluent le Lotru, la
Vedea, l'Arges avec ses deux affluents le Riul Doamnei et le
Riul Targului, importants pour l'industrie; la Prahova avec la
Doftana et la Jalomitza. Le Buzeu se jette dans le Seret qui
se réunit au Danube a un kilometre et demi en aval de Galatz.
Les autres grandes rivieres sont: la Bistritza et le Pruth qui se
jettent aussi dans le Danube. Le Maros traverse la Transylvanie
et se jette dans la Tisza, comme les trois rivieres du Cris. Le
Temes arrose le Banat et se jette dans le Danube. La Dobroudja
ne possede pas de rivieres importantes, mais seulement des lacs;
les plus grands sont les lacs de Rozelm et de Sinoe. Dans l'an-
cienne Roumanie, il y a les lacs de Potel, Greaca, Brates; en Bessa-
rabie ceux de Catul, Jalpug, Catalpug et Sarata. Tous ces lacs
sont tres poissonneux, principalement les lacs du Danube.
Les cours d'eau de la Roumanie représentent une grande
source d'energie. Sauf le Séret, le Pruth et le Dniester, ils
descendent tons des Karpathes, d'une altitude qui depasse souvent
1000 metres, et coulent rapidement dans la plaine. On a estime
Penergie potentielle de leurs eaux a 5 millions de chevaux-
vapeur2. Ces calculs sont purement theoriques; ils supposent un
pays tres montagneux. En réalité, les forces hydrauliques utili-
sables sont sensiblement moindres. D'apres les etudes faites
par l'Office hydraulique de la Transylvanie, les rivieres du pays
peuvent fournir 725 000 chevaux-vapeur. La revue «Energia» (du
1 Geografia Romaniei (Géographie de la Roun.thnie) par le professeur
et docteur Murgoci et J. Popa-Burca, Bucarest, 1920, page 10.
2 Onciul, Wirtschaftspolitisches Handbuch von Rumänien, Gotha 1917,
page 6.
1*

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4 Le pays et ses habitants
4 mai 1921) donne les chiffres suivants : le Maros 178 500 CV,
l'Olt 85 100 CV (il faut ajouter les rivieres de l'ancienne Roumanie
dont les forces potentielles sont superieures parce qu'elles sont
fortement pressees en traversant les Karpathes); le Temes 25 000
CV, le Sebes 24 500, le Crisul Repede (le rapide Cris) 22 900,
la Cerna 22 000, le Lapusnic 21 500, l'Aries 20 700, la Bistra
Mare 20 000, le Streiu 16 600, la Bistra 15 500, etc.
La force potentielle du Danube, aux Portes de fer, oti le
large fleuve est resserré par les montagnes et a moins de 100
metres de large, est estimée a 2 millions de chevaux-vapeur
environ. D'apres l'avis des meilleurs techniciens hydrauliques,
300 000 CV au minimum sont immédiatement utilisables.
Dans l'ancien royaume, on peut evaluer a 650 000 CV
Pénergie utilisable des cours d'eau, de sorte que le pays tout
entier peut fournir a peu pres un million et demi de chevaux-
vapeur.
Comparons ce chiffre avec les quantites d'energie des autres
pays. Les chiffres suivants sont empruntes au projet de loi
francais de 1919 pour l'utilisation de Penergie hydraulique.
La France' possede des forces hydrauliques de 9 000 000 CV.
La Norvege 7 500 000
La Suede 11 11
6 750 000
L'Autriche-Hongrie It 11
6 450 000
L'kalie 91
5 500 000
L'Espagne U 13 5 000 000
La Suisse 1 500 000
L'Allemagne 11 11
1 450 000
L'Angleterre 963 000

Ainsi la Roumanie se trouve au meme rang que la Suisse par


ses forces hydrauliques, tandis que l'Allemagne, qui est beaucoup
plus grande, en possède moins. La configuration des cours d'eau
allernands est defavorable: ils ne traversent pas de grands massifs.
A la tete des sources d'énergie du monde se trouvent les
Etats-Unis dont les forces hydrauliques disponibles s'elevent
a 36 millions de chevaux-vapeur; 6 millions sont deja employes.
II ne faut pas oublier, dans tous ces calculs, que la base
est variable parce que le cours des rivieres se modifie d'année
et qu'elles contiennent des quantites d'eau qui varient d'apres
les conditions meteorologiques. Une riviere peut descendre d'une
grande hauteur et n'avoir que peu d'eau dans son lit; de sorte
que Penergie utilisable est faible. La Jalomitza a, par exemple,
une déclivite de 700 metres dans la contrée montagneuse; et
cependant cette forte petite ne represente que 7000 CV, parce
que son volume d'eau n'est que d'un metre cube a la seconde.
En outre, on ne peut jamais utiliser toute la force de l'eau.
Calculées d'apres le niveau de l'eau.

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Le pays et ses habitants 5

L'ingenieur Demeter Leonida publie dans la revue «Energial-»


que, d'apres ses calculs précis, la Bistritza pourrait fournir environ
300 000 CV dans la region montagneuse seulernent. Mais si l'on
voulait utiliser toute cette force, il faudrait construire toute une
série d'installations électriques qui entraineraient de grands frais.
Pratiquement, ii faudra se contenter d'utiliser tout au plus
200 000 CV.
Une autre tAche importante reste a accomplir: régulariser les
cours d'eau pour les rendre navigables. Parmi les rivieres et
fleuves frontiere, le Dniester est déjà navigable sur une longueur
de 192 kilometres. Cependant, depuis 1918, les bateaux n'y
circulent plus A cause des difficultés qui ont surgi A la frontiere.
Ils naviguent maintenant sur le Danube. D'ailleurs le
fleuve est fortement ensable et, A certains endroits, les debris des
bateaux coulés ernpechent la navigation. Le Pruth est navigable
sur une longueur de 115 kilometres; le Maros a partir de Deva.
Par contre, sur l'Olt ne circule jusqu'à present aucun navire
quoiqu'on puisse le rendre navigable A fres peu de frais; ii l'a
dejà ete autrefois. Le gouvernement hongrois a empêché la
regularisation de cette riviere pour qu'une armee roumaine ne
puisse pas s'appuyer sur une flotte de l'Olt.
La canalisation de ces cours d'eau est une question impor-
tante; elle fournirait de grands avantages au commerce roumain.
Le transport des marchandises encombrantes, telles que les
ceréales, les materiaux de construction, etc., est beaucoup rneilleur
marche par eau que par chemin de fer. En outre, l'augrnentation
des transports par eau, d'apres les experiences des autres pays,
influe heureusement sur Paccroissement du trafic par les
chemins de fer; ceux-ci effectuent rapidement la repartition des
produits fabriqués A l'aide des matieres premieres amenees
par eau.
II faut que les bateaux employes aient d'assez grandes
dimensions; car le rendement de la navigation depend avant tout
de leur grandeur. Mais pour pouvoir les employer, les cours d'eau
doivent avoir suffisamment d'eau. Tant qu'on n'aura pas pris
des mesures A ce sujet, selon la temperature et la quantité de
neige fondue, leur debit sera tantôt gros, twit& petit. Les
rivieres doivent etre pourvues d'écluses dans les contrees mon-
tagneuses de leur cours pour assurer a la navigation la quantite
d'eau nécessaire dans les annees de sécheresse et inversement
pour proteger le pays contre les inondations dans les annees de
pluie; en meme temps, on réduira leur vitesse qui cause de
grandes difficultes A la navigation. Les frais de ces constructions
sont insignifiants en comparaison des avantages qu'elles represen-
tent pour le pays.
1 No du 4 mai 1921, page 322.

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6 Le pays et ses habitants
11 faut creer tout d'abord des barrage s. On peut les
etablir en bois, en terre ou en magonnerie. La construction en
bois est avantageuse la ou le bois est A bon marché et lorsque les
barrages ne sont pas calcules pour une longue dui-6e. Le
professeur Bujor, A Bucarest, s'est occupe /dernierement de
l'emploi du tras s. Nous parlerons de cette matiere a propos
de Pindustrie des ciments roumaine. M. Bujor a montré que
le trass est superieur au ciment dans Perection des barrages;
ceux-ci créent une brillante perspective A l'industrie du trass.
Si nous faisons exception du barrage de la Bistra
que l'on vient de commencer, la Roumanie ne possede jusqu'a
l'heure actuelle aucun barrage. 11 existe un projet de barrage
sur la Bistritz a, en amont de Bicas. II aura 60 metres de
hauteur au-dessus du lit de la riviere et formera un lac de
400 millions de metres cubes. 11 régularisera le volume d'eau
de la Bistritza au cours de Pannée. Cette immense quantité est
nécessaire quoique la riviere soit l'un des cours d'eau roumain
les plus réguliers, car elle coule en grande partie dans des
montagnes boisées.
Le barrage de la Bistra est le premier grand projet
réalisé en Roumanie. 11 permettra d'utiliser les deux cours d'eau
de la Bistra et du Cris. Il pourra contenir 6 millions de
metres cubes et la hauteur de l'eau sera de 192 metres. A l'aide
d'un tunnel, la chute sera conduite dans une autre vallee. Toutes
les villes et tous les villages situes dans le voisinage seront
pourvus de lumiere et d'energie. On espere que cette installation
amenera un fort developpement de l'industrie. La ville d'Oradia
Mare ou Grosswardein (60 000 habitants) a fait un emprunt de
60 millions de lei destine A payer les frais d'électrification. Pour
l'amortir, le prix du kilowatt-heure, a deja eté fixé a 1 leu 30 pour
les buts industriels et a 1 leu 90 pour l'éclairage. Grace a ces
prix, l'emprunt sera amortil en sept années.
Ces barrages ne servent pas uniquement A régler le niveau
de l'eau; ils fournissent aussi, comme on vient de le voir, de
la force. Pour cela, ils exigent la construction d'usines hydro-
electriques dans leur voisinage ou A une certaine distance sur
un canal, sur une conduite ou pres d'un tunnel.
La montagne convient le mieux pour l'installation de ces
usines; leur rendement est insuffisant dans les pays de collines
ou de plaines, car les rivieres y ont un lit trqp large. Elles ont en
outre un cours fres variable et charrient de l'argile, du sable,
du gravier, du bois qui remplissent facilement le lac du barrage.
L'usine électrique de Cotroceni sur la Dambovitza
est un exemple de ce mauvais rendement. Elle devait fournir
1 Ces renseignements ont été fournis en été 1922 par M. Chercin,
ingénieur et inspecteur d'industrie A Grosswardein.

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Le pays et ses habitants 7

la force necessaire pour éclairer le grand boulevard de Bucarest


et actionner les tramways qui y circulent. On s'apergut bientôt
que l'enlevement des grandes masses de sable et de limon
entrainées par la riviere etait tres coilteux. On renonça A
et on remplaga les turbines hy dr a uli qu es
l'installation
par des machines A vapeu r. L'eau amenee par un canal
lateral et qui était destinée aux turbines sert maintenant au
refroidissement des condensateurs. On a choisi une construction
verticale pour que l'eau tombant verticalement entraine la boue
au lieu de la deposer. Les constructeurs des condensateurs, l'All-
gemeine Elektricitäts-Gesellschaft, avaient eu des doutes sur cette
solution qui s'est montree heureuse.
Pour dominer les forces hydrauliques de la Roumanie, ii
faut, au préalable, faire des etudes sur le niveau des eaux
des riviere s. Jusqu'ici, on n'a rien fait dans l'ancien royaume.
En Transylvanie et en Bukovine, on possede des donnees suffi-
santes. On a encore peu étudié les cours d'eau A cause des
frais importants occasionnes et parce que, jusqu'en 1924, il
n'existait aucune loi sur l'exploitation de la houille blanche.
Mais cette loi a ete votée en 1925. Nous en parlerons plus tard,
A propos de la loi relative au regime des eaux.
II y a deux exceptions cependant. L'Office technique de la
vine de Bucarest etudie la Jalomitza avec l'intention d'approvision-
ner la capitale en eau de cette riviere. L'ingenieur roumain Demeter
Léonida, que nous avons déjà cite, a fait des etudes exactes de
sa propre initiative sur la Bistritza; ii les a publiées dans la
revue «Energia». Sauf ces deux exemples, c'est l'obscurité
complete qui regne sur le regime des eaux. II faudra encore
beaucoup de temps avant d'atteindre l'ideal: regler les variations
de l'eau durant une armee entière a l'aide de recherches scien-
tifiques. L'exploitation rationnelle des eaux en est encore A ses
debuts en Roumanie.
Ii faut regulariser les rivieres et les rendre navigables.
Aujourd'hui, elles servent uniquement au transport du bois
sous la forme de flottage en trains nommes «plute». Cependant,
on a deja commence A installer des écluses; la force de l'eau
qui s'en échappe actionne des turbines accouplées A des
générateurs. Ces usines electriques actionnées par la houille
blanche existent déjà A Dej, Cluj, Bistritz, Sibiu, Sebesul-Sasesc
et Reghinul-Sasesc.
Un ingenieur allemand a projeté A Dicio San Martin la
construction cl'une centrale qui fournira 27 000 CV et appro-
visionnera toute la Transylvanie en electricité.
La Roumanie est non seulement un pays de rivieres, c'est
aussi un pays de montagnes. Elle est traversée par la chairue
gigantesque des Karpathe s.

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8 Le pays et ses habitants
A divers points de vue, elles ont une influence preponderante
sur le pays; le climat, le sol, la flore et la faune dependent
d'elles. El les ont pris part a l'histoire du peuple roumain qui y a
cherché une protection dans les temps de guerre et de détresse.
Elles commencent au Danube, a la hauteur de ViennePres-
bourg et décrivent un grand arc vers le nord et l'est a travers
la Tchecoslovaquie et la Pologne. Elles touchent la Hongrie et
traversent la Roumanie dans plus de la moitie de leur longueur
pour finir, au sud, au Danube, de l'autre côte duquel les mon-
tagnes des Balkans les continuent.
On distingue les Karpathes s ept entrion ales, orie n-
tales et méridionalesl.
Ces trois parties different par leur constitution geologique,
leur hauteur et leurs forets.
Les Karpathes septentrionales forment trois a
quatre rangées d'arcs de cercle; leurs sommets rocheux sont
formes des memes roches. Elles ressemblent aux Alpes; elles
sont nues et plus elevées que les autres Karpathes. Le point
culminant est la Tatra (2663 metres). Comme elles ne sont
pas habitées des Roumains, nous n'en parlerons pas davantage.
Les Karp ath es orientaIes se dirigent vers le sud-est
jusqu'a leur grand coude dans la contrée de Buzau. Leur partie
septentrionale est plus basse que le reste de la chaine; elle est,
par suite, presque entierement couverte de forets de hetres et
de coniferes. On Pappelle les Ka r p a th es for es ti er e s. Leur
hauteur moyenne est de 1000 a 1700 metres. La chaine est
formée de granit, de calcaire et d'autres roches dures. A l'est
s'étendent plusieurs chaines de collines de 500 a 700 metres qui
se rattachent aux Karpathes proprement dites. Ce sont les Kar-
pathes moldaviennes (Subcarpatii Moldavei).
A l'ouest des Karpathes orientales s'étend une autre chaine
de montagnes d'origine volcaniqu e. On trouve ici la plus
grande rangee de volcans anciens de l'Europe. Ils ne sont
plus actifs. Leurs crateres transformes en lacs témoignent encore
aujourd'hui de leur &tat initial. Ces montagnes renferment de
nombreuses ouvertures et grottes d'oh s'échappent des gaz plus
ou moins malodorants, tels que l'acide sulfureux et l'hydrogene
sulfuré. Parfois, on utilise ces gaz, comme dans la grotte de
Puciosul. Depuis 1881, ils sont captes et amenés par des
tuyaux dans des usines oh l'on séparé l'a cid e car boniqu e
de l'hydrogene sulfure pour le liquefier ensuite. La montagne
dans laquelle se trouve la grotte et ses environs forment un
groupe de sulfatares et de mofettes, comme les environs de
Naples. 11 existe aussi des sources d'alun. Tres souvent, les
1 D'après la Geografia Romaniei par Murgoci et Popa - Burca,
Bucarest 1920.

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Le pays et ses habitants 9

gaz traversent des sources, se dissolvent dans Peau et forment


ainsi des eaux min er ale s. On connait les sources d'eau
minérale de Tarhau, Ouasul, Vatra-Dornei, Calimanii, Borsec, etc.
Nous en parlerons plus loin a propos des villes d'eaux roumaines
importantes et des sources minérales pour les malades.
Les divisions de cette partie des Karpath es orientales
sont:
1° Les montagnes de la Marmatia et de la Bukovine, appelees
aussi montagnes noires a cause de leurs rochers noirs et de
leurs sapinieres. Au sud s'éleve le massif de la Rodna.
2° Les Karpathes de la Moldavie septentrionale formées par
la chaine de la Bistritza, le massif du Ceahlau, célebre par sa
belle vue.
3° Les Karpathes de la Moldavie meridionale composées de
divers massifs.

La crete principale des Karpath es meridionales est


formée de roches dures et anciennes, dont les sommets depassent
2000 metres. Les plus elevés sont: le Negoiul 2542 metres,
l'Omul 2508 metres'. Elles ressemblent aux Alpes, et souvent
les etrangers appellent la partie située entre Buzau et Temes-
Cerna les Alpes de Transylvanie. Les cretes sont larges comme
de petits plateaux. Les forets manquent totalement. Les derniers
coniferes croissent 300 a 400 metres plus bas, de sorte que les
hautes montagnes sont dépourvues d'arbres et seulement cou-
vertes d'herbe. En été, les bergers y font paitre leurs troupeaux
de moutons.
Les Karpathes s'abaissent lentement vers le sud et forment
un pays de collines appele K arpath es de Munténi e. Ces
Karpathes comme celles de la Moldavie se distinguent par leur
constitution géologique des Karpathes proprement dites. Elles
sont formées d'argile, de gypse et de gres; elles renferment de
grands gisements de sels et des couches de pétrole.
Elles comprennent les massifs de Buzau, de Barsa, de Fagaras
a l'est de l'Olt, de Sebes entre l'Olt et le Jiu, de Parangul au nord
de la source du Jiu, de Retezatul, de Valcan, de Cerna. Ces
montagnes vont jusqu'au Danube.
La voie la plus importante entre l'ancienne Roumanie et la
Transylvanie traverse le massif de Barza, passe a Predeal, par la
vallee de la Prahova et réunit Bucarest a Brasov. Le chemin de fer
qui forme la communication traverse le territoire industriel le plus
important de l'ancienne Roumanie.
1 Geografia Romaniei, pages 30 et 31.

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10 Le pays et ses habitants
La ou les collines et les plateaux meurent dans la plaine,
en Muntenie, on rencontre la contrée des vignobles la plus
célebre. On l'appelle podgoria, mot qui vient du slave et si-
gnifie «sous la montagne».
Les depressions qui se trouvent entre les Karpathes et leurs
contreforts sont intéressantes au point de vue orographique. Elles
forment un territoire de peuplement favorable et de nombreux
gros villages, déja tres anciens, s'y sont établis. On les ren-
contre en 'Moldavie oii elles s'étendent du nord au sud; en
Valachie, oü elles vont de l'ouest a l'est et en Olténie, oii elks
sont les plus larges.
Les montagnes de la Serbie s'étenclent au dela du Danube
dans la Roumanie occidentale. Elles forment le massif du
Banat oriente du nord-est au sud-ouest. Les mon ts d'Anina
sont importants pour l'industrie. Its sont formes de calcaire
mele h une espece de granit (appele banatite). IN renferment du
fer, du plomb, des minerais d'argent, etc. Deja dans les temps
les plus recules, la contrée situee entre le massif du Banat,
Cerna et le massif Godianu, était la plus peuplee de la Dacie.
Avant la conquete romaine, ii y avait des routes qui menaient a
Sarmisegetuza, capitale de la Dacie, localité qui fut detruite
plus tard par les Romains. Aujourd'hui, une ligne ferrée va
d'Orsova, par Herkulesbad dans la vallée du Temes, a Caran-
sebes, dans ce district se trouvent les usines Resitza, et a
Temesvar. De nombreux chemins franchissent les cretes des
monts.

Au massif du Banat appartiennent également les monts


des M et aux, ainsi nommés a cause de leur richesse en métaux.
Les mines d'or, d'argent, de plomb, de cuivre, etc., qu'on y
trouve etaient dejà connues a repoque des Romains. La mine
d'or de Brad occupe le premier rang. Ces montagnes .sont
principalement formées de roches éruptives (dacites) contenant
les minerais ci-dessus.

Le massif du Banat finit assez abruptement dans la plaine


d'Arad. Ses pentes sont plantées de vignobles célebres.
Les pentes des montagnes ou des collines qui finissent dans la
plaine sont les plus propices a la culture des vignes en Roumanie,
car celles-ci exigent une forte irradiation du soleil, le plus possible
verticale.

La Roumanie est situee sous le 45e degre de latitude. Elle


devrait donc avoir un climat tempere et doux. Celui-ci est
modifie par la situation du pays a l'interieur du continent et

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Le pays et ses habitants 11

par son relief (montagnes, collines, plaines). Aussi les parties


de la Roumanie, qui sont situées sur la mer, se distinguent-elles,
au point de vue climatique, de celles qui sont entourées par les
hautes chaines des Karpathes et de celles qui rappellgnt les
steppes russes.
Etudions les facteurs les plus importants qui determinent le
la temperature, la fréquence des pluies et la
climat:
pression atmospherique.
La temperature moyenne annuelle d'un lieu depend de sa
latitude et de son altitude. Par suite, la temperature dans la mon-
tagne est plus basse que dans la plaine. Sinaia est h 860 metres
d'altitude. Sa temperature moyenne annuelle est de 50,7. Sur
la montagne Raraul, en Bukovine, le temperature est de 00,6 h
1536 metres d'altitude; dans les Karpathes, elle s'abaisse au-
dessous de zero au-dessus de 1700 metres.
En ete, c'est dans la plaine qu'il fait le plus chaud, mais
aussi le plus froid en hiver, a cause des vents froids qui y
soufflent.
L'influence de la mer Noire sur le climat est faible parce
qu'elle est un mare clausum et qu'elle ne possede pas de courants
chauds.
Les contreforts des Karpathes et les depressions qui les
séparent entre elles et des Karpathes ont, par contre, des étés
moderement chauds et des hivers doux. Le peuple roumain
a pris naissance dans ces contrees.
Parmi les trois grands plateaux de la Roumanie, celui de
Transylvanie est le plus chaud; les Karpathes le protegent contre
les vents du nord et de l'est. Le plus froid est celui de la
Moldavie qui est exposé h ces vents. Le plateau de Muntenie est
chaud a cause de sa bonne exposition meridionale.
La temperature moyenne annuelle du territoire
entre le Dniester et la Theiss (celle des grandes montagnes
exceptée) est de 90,5.
Voici les moyennes mensuelles de quelques villesl:
janvier février mars avril mai juin juillet am:it
Bucarest -4,3 0,8 4,4 10,6 16,7 20,1 22,8 22,5
Jassi -4,2 -1,6 3,2 9,4 16,3 19,3 21,6 21,1
Hermannstadt -5,1 -2,8 2,9 9,4 14,2 17,4 19,7 19,0
Czernovitz -5,1 -4,0 1,0 8,6 14,7 18,3 29,1 10,4
septernbre octobre novembre d6cembre en moyenne
Bucarest 17,6 12,0 4,2 -1,0 14,4
Jassi 16,3 10,4 3,5 -1,3 9,6
Hermannstadt 14,7 9,9 2,7 -2,6 8,3
Czernovitz 14,8 9,0 1,5 -3,5 7,9

1 Murgociu, Popa-Burca, Geografia Romaniei, page 64.

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12 Le pays et ses habitants
D'apres la meme source (page 66), les temperatures minima
et maxima sont:
Giurgiu Bucarest Sibiu Chisinau Czernovitz
maximum 43 40 35 37 37
minimum 35 62 35 29 35
Les temperatures extremes depassent donc 400. Giurgiu a eu
420,8 le 7 aofit 1896. A Bucarest, le thermomètre est monte
A 550 au soleil et A 350 A l'ombre A la fin de juillet 1922. Evi-
demment, chaque armee n'a pas une telle chaleur excessive.
La maturite des céréales dure de 100 A 105 jours
en 'Muntenie et dans la Pusta. La récolte du froment dans la
plaine du Danube et de la Theiss a lieu 20 jours plus tot que
dans le voisinage des montagnes; la vendange, dans les contre-
forts des Karpathes, est en retard de 15 jours sur la plaine.
Nous avons vu que les temperatures extremes depassent
400 A l'ombre. En hiver, le thermometre descend souvent A 300
et meme davantage. Les localités les plus froides du pays sont:
Paucesti-Dragomiresti (-279, Sibiu et Striharet. La tempe-
rature moyenne la plus basse de 25° A 300 a eté relevée le long du
Danube.
En comparant les temperatures les plus basses et les tempe-
ratures les plus hautes du pays, on constate que la difference
dépasse 700. La Roumanie a donc des temperatures extremes.
L'eté suit presque immediatement l'hiver qui dure parfois
jusqu'en avril; la temperature monte alors rapidement et, a la fin
du mois de mai, commencent les grandes chaleurs. Le tableau
des temperatures mensuelles de l'année ci-dessus montre ce pas-
sage rapide de l'hiver a l'été. La Roumanie n'a pas de prin-
temps. Hugo Grothe a écrit sur l'automnel: «La plus belle saison
est l'automne au ciel bleu et clair, aux jeux de couleurs étonnants,
aux chaudes journees soulageantes et caressantes; cette saison
dure généralement du commencement de septembre jusqu'à la
fin de novembre.» Parfois, et surtout dans la montagne, le passage
est tres brusque et l'hiver commence déjà en octobre. Les extre-
mes se touchent donc; nous verrons que l'absence de transition
se manifeste non seulement au point de vue climatique, mais
encore au point de vue economique et social.
Par suite de sa situation geographique, le climat de la
Roumanie est sujet A de fortes variations. Au plus fort de Pete,
il fait frais dans la montagne tandis que dans les plaines du
sud le thermometre est A plus de 40°. Aussi les habitants qui
en ont les moyens passent-ils l'ete, juillet surtout, que le Roumain
appelle «le mois du four», dans les localités elevees des Karpathes.
Sindia est la residence d'été de la cour royale.
1 Zur Landeskunde Rumäniens, page 15.

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Le pays et ses habitants 13

Avec la temperature, les plui es déterminent le .climat


de la Roumanie. Elles sont de la plus haute importance pour un
pays agricole. Elles ne sont pas tres fortes. Faibles dans les
steppes de la Valachie, de la Dobroudja et dans la Bessarabie
méridionale, elles augmentent considerablement dans les Kar-
pathes. Dans la region de la mer Noire, la quantite de pluie
moyenne est de 400 millimetres; elle grandit en allant vers les
montagnes. Dans l'ancien royaume, la repartition, d'apres l'alti-
tude, est la suivante:
de 100 a 200 metres 534 a 571 millimetres
200 300
A 778
300 a 500 866
500 a 700 901
700 a 900 876 13

En Transylvanie, ii tombe en moyenne 600 a 700 millimetres


d'eau et meme moins.
Les montagnes de Maramuresh sont riches en pluics. II
tombe annuellement jusqu'a 1400 millimetres d'eau. En Bukovine,
la plaine regoit moins de 600 millimetres, les vallées jusqu'à 800
millimetres. La chute annuelle atteint 1450 millimetres a Ravan.
La grande carte des pluies de M. Harpites, directeur de
l'Institut meteorologique de Bucarest, fournit des renseignements
intéressants sur la diversité des quantites de pluie qui tombent
dans les differentes contrées.
Si l'on considere un grand laps de temps, on constate que
les années seches predominent et qu'une faible partie est
normale. On compte dans un siecle:
3 années de sécheresse extreme
58 partielle
24 ,, d'humidA
15 tres humides.
Nous voyons que, dans un siecle, plus de la moitié des annees
etaient seches. Ce fait est d'importance vitale pour les habitants;
car une armee de secheresse amene la faim et la misere. En 1899
et en 1904, la Roumanie a chli importer du blé pour eviter la
famine apres une mauvaise recolte de céréales.
La pression atmospherique enfin est un autre facteur
qui determine le climat. Elle est variable. Elle est plus forte
dans la plaine que dans la montagne. Elle diminue en avancant
vers le sud. La plaine possede moins de forets; l'humidité y est
moins grande et moins d'eau s'évapore.
La pression atmospherique determine les vent s.
Quatre vents dominent en Roumanie. Le criv a tz vient du
nord-est. En été, ii apporte l'air chaud, en hiver l'air froid.
Sous son influence, le Danube gele en hiver et le thermomètre
descend parfois de 100 a 100. L'a ustrul est aussi frequent

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14 Le pays et ses habitants
que le crivatz. Il souffle de l'ouest ou de Pouest-sud-ouest (en
Hongrie et dans le Banat). En Allemagne, le vent d'ouest apporte
de l'humidité et de la pluie; l'austrul, par contre, est un vent
sec pour la Roumanie. II perd son humidite en passant au-
dessus des Alpes Dinariques et des monts de Serbie. II amene en
été la sécheresse. Du centre de l'Europe, vient le van tul mare
(le grand vent). Ce vent du nord-ouest souffle par-dessus les
Karpathes septentrionales et les Karpathes forestieres, ott if
abandonne son humidité, si bien qu'il apporte le beau temps
en Transylvanie et dans les Karpathes meridionales, de la pluie
en Bukovine et au nord de la Bessarabie parce qu'il souffle
directement sur la plaine. Le vent le plus chaud est le b altar e t
qui vient du Danube. C'est un vent du sud ou du sud-est.
11 est accompagné de pluie dans les Karpathes.
Les montagnes m6difient tres souvent la direction de ces
vents. Les plus frequents sont les vents d'est (480/0); les plus
rares sont les vents du sud (4 OM. D'une maniere generale, les
vents sont tres irreguliers en Roumanie. C'est pourquoi on
n'y rencontre presque pas de moulins A vent. La meunerie repose
eintierement sur les moulins A eau et A vapeur.

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II. L'histoire des Roumains.
L'histoire du peuple roumain ne peut etre que brievement
resumée dans un ouvrage qui poursuit des buts pratiques. Cepen-
dant on ne peut pas Pomettre entierement quoique la plupart
des événements des siecles passes soient lettre morte pour k
present. Seules les questions qui nous occupent aujourd'hui et
que le passé peut expliquer seront traitees. Nous laisserons de
côté tout le reste. La grande guerre par laquelle nous termine-
rons cet expose représente un tournant important dans l'histoire
roumaine; un nouveau royaume est constitué; la question des
nationalites, celle de l'organisation de Padministration, que le
vieux royaume n'avait pas connues, sont soulevees.
L'histoire d'un peuple est determinee par divers facteurs
qui ont leur origine dans les conditions naturelles. Les K a r -
path es et le Danube sont les deux grands faits naturels qui
ont considerablement influence l'histoire des Roumains. Les mon-
tagnes formaient la retraite dans laquelle ils se retirerent aux
temps des invasions des Barbares. Le Danube avec son delta et
ses ,grands lacs, les steppes avec leurs immenses plaines her-
beuses sans village et sans chemin separaient la Roumanie des
Balkans et l'isolaient de cette facon. Peu de conquérants ont osé
franchir le Danube, sauf Darius, roi des Perses, Alexandre de
Macedoine, Trajan, empereur romain et quelques successeurs.
Le peuple le plus ancien établi dans la Transylvanie actuelle,
dont nous ayons connaissance, etait les Agathyrses, peuple de
la Thrace. IN disparurent apres Hérodote (400 avant J.-C.); les
Daces que les anciens Grecs appelaient Getes les remplacerent.
La presence de sel, de metaux precieux, un climat favorable a
Pagriculture et a Pelevage du betail étaient les raisons qui
engagerent ces peuples a s'etablir dans le pays.
Tr aja n conquit de 101 a 106 apres Jesus-Christ le
royaume des Daces, qu'il transforma en une province romaine
appelee Dacia felix. Cette période prospere dura jusqu'aux
invasions des Barbares.
Apres avoir vaincu les Daces, Trajan établit des Romains
en Dacie. Les an ciens Roumains descendent des ele-

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16 L'histoire des Roumains
ments romains et daces de ce territoire de colonisation.
L'empereur Aurélien ne put resister A la poussée des invasions
et fit repasser le Danube A ses legions en 275 apres Jesus-Christ.
Une question litigieuse surgit. Les legions d'Aurélien seules
ont repasse le Danube et la plus grande partie de la population
est restée dans la Dace de Trajan; le peuple roman est alors
autochtone en Dace; ou bien la population romane a quitté la
Dace ou elle est retournée A la fin du Xlie siecle ou au commen-
cement du XIIIe.
La continuite des Romans en Dace est une question de
haute importance pour le present. De sa solution dependent
les droits historiques que les Roumains font valoir aujourd'hui
sur la Transylvanie.
D'un côte se trouvent nombre de savants, ayant R8sler
a leur tete, qui soutiennent que les Romans se sont complete-
ment retires; les Hongrois, peuple d'origine ougro-finnoise,
auraient donc les premiers droits sur le pays.
De l'autre ate, il y a les partisans de la theorie de la
continuite, parmi lesquels on compte l'historien roumain
X enop ol, de l'Université de Jassi. Ce savant a réfuté toutes
les preuves des adversaires de cette theorie dans une serie de
conferences qu'il a faites A Paris et dans son ouvrage en Ian-
gues roumaine et francaise: l'Histoire de la Rournanie (en
12 volumes), sauf une. Celle-ci est une preuve philologique et
non historique. Elle repose sur le fait qu'on ne trouve dans
la langue roumaine aucun element d'ancien germain qui aurait
dà absolument y pénetrer, comme c'est le cas des langues
italienne et francaise, si les Romans avaient véritablement vécu
avec les Gépides, en Dade, pendant six siecles.
Dernierement, le docteur C. Diculescu a fait cette derniere
preuve. Cet historien et philologue a publie un livre sur les
«Gepides», en 1922, dans lequel il a constate l'etymologie d'un
grand nombre de noms romans provenant du germain.
11 est donc irrefutablement prouve que les Romans sont
autochtones en Roumanie, c'est-A-dire qu'ils sont le premier
peuple qui ait occupé le pays et qu'ils ont exerce leur droit
de possession sans interruption A travers les siecles. C'est là
un fait historique des plus importants pour le peuple roumain,
car il fonde son droit sur son pays.
Reprenons le fil du développement historique apres cette
digression théorique. Les parties de la Roumanie actuelle furent
dominees apres 275 par des tribus germaines, les Goths, les Van-
dales et les Gepides. La domination gothique et vandale fut
passagere; par contre, les Gepides se fixerent definitivement dans

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L'histoire des Roumains 17

le pays. Leur royaume fut anéanti politiquement, en 567-571,


par les Lombards et les Avares réunis; par cette défaite, le
peuple tomba sous la domination avare.
Les Avares comme les Huns et les Hongrois plus tard,
etant un peuple des steppes, s'etablirent uniquement dans la
plaine de la Theiss et du Danube; les Gépides resterent dans
les contrees montagneuses de la Dacie. Pour les tenir con-
stamment en echec et rendre un soulevement impossible, les
Avares essayerent de rompre la compacité des colonies gepides
et roumaines dans les regions montagneuses a l'aide des Slaves
qui leur etaient soumis; le nom des localités permet de con-
stater clairement oh ils se fixerent. Leurs colonies correspon-
dent genéralement aux contrées dans lesquelles existaient de
vieilles institutions municipales. C'est pourquoi les lieux oil
se trouvait l'ancien porolissum portent aujourd'hui un nom
slave: Moigrad; l'ancien Apulum: Balgrad (aujourd'hui par-
tiellement traduit: Alba Julia); Ampelum riche en or: Zlatna
(du slave zlato = or); Sarmisegethuza ou Ulpia Trajana: Gra-
distea; Romula sur le bas Olt: Resca, etc.
Au bout d'un siecle environ, le gros des colons slaves a
quitte le pays et a passe le Danube, tandis que le reste a eté
absorbé par les anciens Roumains.
Les sources historiques mentionnent les Gepides pour la
derniere fois, en 795, lorsqu'ils combattirent sur la Theiss,
comme allies des Avares, contre les Francs de Charles le Gros.
Leur nom disparait completement dans la suite. Ils s'étaient
fondus avec les anciens Roumains en un peuple, a peu pres en
meme temps que les Lombards en Italie devinrent des Italiens,
les Francs en Gaule des Français parlant le roman et les Goths
de l'Ouest en Espagne des Espagnols parlant le roman, c'est-a-
dire vers le IXe siecle.
C'est ainsi que s'explique comment les Romains ont pris,
a la meme époque, la place des Gépides en Dacie au point
de vue politiquel.
1 Les debuts de l'histoire des Roumains a surtout occupé les savants
allemands. Leurs opinions sont partagées par les savants italiens, francais
et anglais.
Les historiens roumains tels que Hasdeu, Xenopol, Onciul, etc., sont
d'avis que les Roumains sont autochtones. En Allemagne, Mommsen et
Kiepert sont du meme avis. Les Autrichiens soutiennent que le pays
d'origine des Roumains est au sud du Danube et qu'ils ont émigré en
Roumanie au Xie ou Xile siecles. Jorga, le plus grand historien actuel
de la Roumanie, pretend que les Slaves ont emigre en Dacie déjà aux lye
et ye siecles, alors gulls sont venus, en vérité pendant ia domination
avare (vers la fin du Vle jusqu'à la fin du yliie siecle). II fait descendre
les Roumains du melange des Romans de la Dacie avec les Slaves: Les
Slaves devaient venir pour faciliter la formation d'un peuple roumain
l'est (Jorga, Histoire du peuple roumain, 1905, Ier vol. page 63). Pour
lui, l'important de l'histoire ancienne de la Roumanie est l'apport slave.
2

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18 L'histoire des Roumains

Lorsque les Hongrois arriverent a la fin du IXe siecle dans


la plaine de la Theiss, ils ne trouverent pas de Gépides, mais
des Roumains et des Slaves contre lesquels ils eurent a soutenir
des combats. Le résultat de ces luttes fut que les principautés
roumaines dans la Crishana, le Banat et la Transylvanie septen-
trionale tomberent dans la dependance de la Hongrie.
Vers la fin du XIlle siecle, la Munténi el (la Valachie)
est formée par la reunion de plusieurs petites principautés
(Voevodates de voevod = souverain) avec Curtea de Arges
(c'est-à-dire la cour de Arges) pour capitale, oil se trouvent
aujourd'hui les tombeaux du premier roi et de la premiere reine
de Roumanie. Aux XIVe et XVe siecles a lieu une grande
expansion de cette principauté qui s'étend sous Mircea Bassarab
jusqu'au Danube et a la mer Noire; elle englobe toute la
Dobroudja et la Bessarabie meridionale.
La seconde partie d'oh devait sortir plus tard la principauté
de Roumanie est la Moldavi e. Son histoire commence plus
tard que celle de la Valachie et se termine plus tOt par l'asser-
vissement complet. Elle fut créée vers la moitie du XIVe siecle
par le voevod Bogdan, qui avait franchi les montagnes. ii
prit pour armes de son Etat la tete d'un aurochs avec trois étoiles
brillantes entre les comes (les armes de la Munténie etaient
un aigle avec une croix au bec). II conquit encore quelques
territoires, etendit considerablement sa nouvelle principauté et
se fit nommer despote par l'empereur romain d'Orient.
Toute l'histoire de la Moldavie a un caractere sombre,
affligeant et effrayant. Des troubles, des luttes de partis minerent
le pays. En 1538, les Turcs brillerent Jassi.
On peut considerer ces deux principautes, la Valachie et
la Moldavie, au point de vue historique, comme un bastion pour
arreter la marche des Turcs vers l'Occident chrétien. Le prince de
Valachie,Mircea, commenca non sans succes une guerre die re-
Pour Diculescu, elle est germaine, c'est-A-dire que les Gépides sont le
peuple dominateur qui a eté finalement romanisé. Le slaviste J. Barbulescu
a fourni dernierement une preuve en faveur de l'opinion de Diculescu
contre celle de Jorga: le slave n'a eu aucune part dans la formation de la
langue roumaine (Archiva, Jassi, 1923, pages 1 A 29). Les slavismes péné-
trerent dans le roumain lorsque la période roumaine fut close, c'est-A-dire
vers le Xe siecle apres Jesus-Christ environ.
Munténie vient du mot roumain munte = montagne et signifie pays
montagneux. Ce nom donne A un pays compose surtout de plaines
s'explique par la fondation de la principauté qui a eu lieu de la montagne
par les montagnards de la Transylvanie. Le nom de Valach d'origine
germanique signifie roman (cf l'ancien haut allemand Walachisc, en
nouveau haut allemand wälsch). Les Roumains eux-m8mes ne se sont
jamais donne le nom de Valache. Ce sont plutôt les Allemands et les
Slaves qui les ont ainsi appelés. Le nom de Roumanie a été employe
dans le droit international apres le Congres de Paris de 1856.

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L'histoire des Roumains 19

sistance contre eux. Mais lorsqu'il vit qu'il ne pourrait pas conti-
nuer a la longue, de ses propres moyens, tine resistance victorieuse,
ii signa avec eux, en 1416, un traité par lequel la Valachie
s'engageait a payer annuellement a la Porte, un tribut de 3000
florins-or au debut; en revanche, la Turquie garantissait l'auto-
nomie entiere du pays. Néanmoins la Valachie eut encore a
lutter contre les Turcs dans la suite, car ceux-ci utiliserent les
troubles du trOne pour intervenir dans les affaires interieures
du pays.
Dans ces luttes, les deux principautes n'étaient pas alliées,
rnais souvent meme ennemies.
Apres Mircea, le souverain rournain le plus important fut
Etienne le Grand (1457-1504), souverain de Moldavie, qui
reprit la lutte contre les Turcs avec énergie. II lutta contre
les Turcs, les Hongrois, les Polonais et les Tartares. 11 fit aussi
la guerre a la Valachie et lui arracha la Bessarabie rnéridionale.
Son fils devint tributaire de la Turquie, de sa propre ,ini-
tiative, comme le prince Mircea de Munténie, cent ans auparavant.
Quittons les evénements guerriers et occupons-nous du
commerce.
Les relations commerciales de la Moldavie au xve siecle
dépassent les frontieres du pays et s'étendent au loin. Des corn-
mercants etrangers vinrent dans le pays et y obtinrent des
privileges. On faisait du commerce avec Lemberg et Cracovie,
avec Kronstadt et Bistritz. On introduisait des articles indu-
striels. Le commerce était surtout fait par les étrangers: Saxons,
commercants de Lemberg, Arméniens. Le marché de Campulung
en Muntenie etait tres fréquente par les commercants saxons.
La Moldavie et la Valachie etaient avant tout des pays
de transit entre l'ouest et l'est. Les commercants polonais
exportaient des draps des provinces allemandes, de la Silesie
principalement, mais aussi de la Flandre, a Kaffa en Crimée. Les
Saxons trafiquaient les articles industriels. De la Tartarie
venaient les produits orientaux et les fruits, le poivre, le safran,
la soie, la parfurnerie. Toutes ces marchandises acquittaient
des droits aux frontieres. Les villes surtout tiraient du profit de
ce commerce. Les commercants allaient de ville en ville, avec
leur voiture et écoulaient leurs marchandises.
L'argent qui servait de moyen de payement dans le commerce
etait principalement des monnaies etrangeres. La plus petite
unite monetaire etait le b a n. Ce nom vient de Banul Severinului
qui avait introduit de l'argent hongrois dans le paysl. Le perpérul,
1 D'apres une autre explication, il viendrait de ban = droit (amende).
Dans les composes Banmeile, Gerichtsbann, ii était employe dans le sens
de pouvoir d'une autorité lors d'une menace de peine.
2*

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20 L'histoire des Roumains

monnaie byzantine, valait environ 24 bani. Le florin hongrois


representait tine plus forte unite monétaire. II avait la valeur
d'un florin vénitien. L'argent italien avait cours en Tartarie.
Les Polonais et les Russes appelaient le florin rouble)rD'Autriche
vint le thaler du lion, ainsi nomme parce que cette piece portait
l'image d'un lion. Il s'appelait 1 e u ou thaler. Les principautes
étaient au niveau des echanges en nature. Mais le commerce
se servait d'argent etranger qui venait de la Turquie, de l'Italie,
de la Hongrie et de l'Autriche. Les denominations usuelIes du
change roumain d'aujourd'hui, le le u et le b a n , proviennent des
principales unites monetaires etrangeres.
Les droits de douane etaient payes en monnaies etrangeres.
Une patente de Mircea de 1413 fixe que les commercants de
Kronstadt devront payer h leur arrivée:
Pour etoffes de Belgique . . . 1 perper
Cologne . . . 12 ducats
11 11 Silesie . . . . 6
A leur retour de Tartarie, payeront trois pour cent
ils
pour le poivre, le safran, le coton, les poils de chameau et les
peaux de moutons1.
L'organisation politique des deux principautes est
tres semblable a celle de l'empire byzantin. Les institutions
d'Etat etaient copiees sur celles de Constantinople; la forme de
gouvernement était l'absolutisme. Le voevod était le premier
et unique souverain absolu. L'Etat etait sa propriete. Le pays
et ses habitants lui appartenaient. 11 pouvait en faire cadeau,
les vendre, les transmettre a sa mort. Ii pouvait demander conseil
h un organe particulier, le divan, compose de dignitaires
Cependant le souverain n'était pas
ecclesiastiques et laiques.
tenu d'accepter ses decisions.
Les charges étaient réparties entre les dignitaires qu'on
appellerait aujourd'hui ministres. 11 y avait, par exemple, un
employe supérieur pour les tribunaux; un autre était charge des
caves; un ecuyer avait la surveillance des chevaux du prince; un
ministre des finances calculait les recettes et les depenses de la
cour et de l'Etat, et les administrait.
Le prince avait le droit le legiférer, d'administrer, de rendre
la justice. Dans sa main etaient reunies toutes les fonctions
qui sont confiées h des organes speciaux dans les Etats modernes.
II nommait le metropolite, les eveques et les fonctionnaires. II
avait seul le droit de decider la guerre ou la paix,.
Les droits de ces princes absolus furent restreints sous la
domination turque. Us durent se charger de devoirs, et surtout
I Balau, Histoire des Roumains, page 61.

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L'histoire des Roumains 21

de payer le tribut annuel au sultan. L'obtention de tous les


emplois dignitaires, l'acces au trône, le trône du prince dépen-
daient de la faveur du sultan. L'oppression des sujets, l'effusion
de sang innocent, le manque de ponctualité dans le payement des
tributs pouvaient amener la deposition du prince.
La structure des classes de cet Etat comprenait trois
couches do min an t es : la grande noblesse, les boierii mari
(du bulgare boljari les braves, avec le titre maH grand); la
petite noblesse, les boierii mici, nobles du rang d'un comes; et
les dignitaires du clergé. Les nobles sans emploi dans l'Etat
s'appelaient boierii mazili.
La classe assujettie était formée par les pays an s. Ils
étaient A demi-libres, c'est-A-dire serfs. Ils etaient redevables de
charges personnelles et réelles envers les propriétaires nobles.
Ils devaient leur payer la dime (dijma), c'est-A-dire la dixieme
partie du rendement du sol qu'on leur avait laissé pour cultiver.
En outre, ils devaient travailler pour rien dans le bien 'di
seigneur. Seule, une partie des paysans avaient conserve leur
liberté primitive, ceux qui faisaient le service militaire per-
manent A la frontiere ou qui 'habitaient dans les montagnes, oh
ii n'y avait pas de féodalité. II existait aussi des esclaves;
c'etait des prisonniers de guerre, des Tartares et des bohémiens.
Ils appartenaient au prince, aux nobles ou aux convents.
La vie économique des deux principautes a dépendu de
la Turquie ou a été influencee au point de vue financier par
elle du XVe au XIXe siecle. La Turquie était l'Etat le plus
puissant du sud-est de l'Europe depuis le XVe siecle. Elle
avait rendu tributaires un grand nombre de pays: la Crimee,
toute la Russie meridionale, l'Arabie, la Mesopotamie, la Syrie,
l'Egypte, l'Afrique du Nord, la Hongrie, de 1520 A 1688,
(jusqu'a ce que l'Autriche l'enleva aux Turcs) et la plupart
des pays des Balkans. Nous avons vu que les deux princi-
pautés roumaines avaient subi ce meme 'sort. Sous Mircea, la
Muntenie fut soumise au tribut (traite de 1416). II a durei
formellement pour la Roumanie jusqu'en 1877, jusqu'à la guerre
turco-russe sjui permit aux Roumains de se rendre financiere-
ment indépendants.
Pendant ce demi-millénaire qu'ont duré les tributs, les
impOts que les principautés devaient payer A la Porte ont eté
variables. On peut lire dans la Descriptio Moldaviae que le
fils d'Etienne le Grand lui remit, en 1513, 4000 galbeni (plus
de 8000 lei), 40 chevaux et 24 faucons; il s'engageait en outre
A mettre A sa disposition, en cas de guerre, 4000 Moldaves.
Vers 1580, le tribut s'éleve déja a 12 000 galbeni (25 000 lei);
a la fin du XVIIe et au commencement du XVIIIe siecle, ii .est
de 100 000 lei (en 1710).

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22 L'histoire des Roumains

A ces sommes, 11 faut ajouter les cadeaux faits au sultan, A


sa femme favorite (valide), au grand vizir, A Pemployé supérieur
chargé des affaires etrangeres et A d'autres dignitaires tures.
Souvent, ces presents dépassaient le tribut lui-meme. Ils corn,
prenaient de l'argent et des objets de valeur, tels que des
fourrures de zibeline et de lynx.
Au point de vue militaire, les principautes etaient obligees
de fournir des soldats et d'approvisionner Parmee turque lors-
qu'elle séjournait dans le pays ou dans le voisinage. Sou-
vent elles devaient livrer des céreales pour Parmee A Con-
stantinople. Les Turcs regardaient comme un acte hostile les
engagements qui n'étaient pas tenus ponctuellement. Les nom-
breuses guerres qu'ils ont faites a la Moldavie et A la Valachie
sont une preuve patente que leurs relations etaient loin d'etre
bonnes.
L'influence de la puissance turque s'etendait aussi sur la
nomination des souverains. Les Tures se mefiaient
des chefs d'Etat des deux principautés qui entretenaient des
relations avec la Russie; depuis le debut du XVHIe siecle, ils
les remplacerent par des employes tures. Les deux pays
devinrent ainsi au point de vue du droit international entierement
dependants de la Porte et l'on ne peut separer leur histoire. IN
devinrent des provinces turques.
Cette periode qui commence en 1711 pour la Moldavie
s'appelle er e des F an ar i o t e s. Le Fanar est un quartier
de Constantinople, situé sur le port, ou se trouve le phare ainsi
nommé. Les riches Grecs habitent ce quartier de la Come d'Or.
IN occupaient une situation dominante dans le commerce
turc. Par leur richesse, ils avaient obtenu une influence dans
l'Etat. Parmi eux, on choisissait le grand dragoman chargé
de diriger toute la politique exterieure de l'empire. La plupart
de ces Grecs, a la fois négociants et politiciens, etaient des horn-
mes de culture occidentale; ils ont rendu de bons services A
l'Etat, comme representants diplomatiques, A Pétranger. Ils furent
donc choisis pour occuper le poste de souverains en Moldavie
et en Valachie. C'etait de grands dragomans qui achevaient leur
carriere d'employés dans cet emploi. IN s'engageaient A payer
annuellement une certaine somme au sultan. La consequence
était que ces souverains étrangers, appelés hospodars, exploi-
taient le pays d'une façon extraordinaire, sans menagement et
sans scrupule, pour trouver la somme destinee au sultan et pour
s'enrichir. Souvent, les sultans changeaient les fanariotes pour
obtenir ces tributs. Ils s'élevaient a un demi-million de thalers
du lion (plus d'un million de francs). Celui qui offrait davantage
obtenait la place. Plus les hospodars changeaient, d'autant
mieux s'en trouvaient les finances turques. Suivant Seignobosl,
L'histoire politique de l'Europe moderne (Leipzig 1910, page 585).

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L'histoire des Roumains 23

de 1716 a 1821, la Valachie eut 37 hospodars et la Moldavie 33.


Depuis 1774, le tsar, qui prétendait etre le protecteur des
chrétiens, avait oblige le sultan a regler le tribut et a nommer
les hospodars pour sept annees.
La période des fanariotes qui dure jusqu'en 1821, ou de
nouveau les Turcs nommerent des souverains indigenes dans
les deux principautes, a laisse, sinon de la haine, peu de
sympathie, dans le peuple roumain. Cependant, ii faut noter
que cette domination etrangere a apporte la civilisation et
l'instruction grecques en Roumanie. On enseigna le grec moderne
dans les écoles et la langue grecque acquit une grande influence.
Les consequences sociologiques de la domination etrangere sont
manifestes: j les couches inferieures adoptent les costumes, les
mceurs et la langue des souverains. Beaucoup de choses
orientales, que Pon rencontre encore aujourd'hui en Roumanie,
datent de cette époque. Pour bien comprendre la Roumanie
moderne, ii faut se rappeler qu'elle est soumise a trois influences
civilisatrices: l'influence orientale, russe et occidentale.
Nous ne pouvons nous étendre sur les changements
territoriaux que la Moldavie et la Valachie ont subis au
cours des siecles avant de devenir un seul Etat. Elles ont gagné
des territoires qu'elles ont reperdus. Des guerres continuelles
remplissent leur histoire.
Une fois, en 1600, le plus grand souverain munténien,
Michel le Brave, réussit a reunir sous son sceptre tous les pays
roumains, pour peu de temps, il est vrai. La Moldavie, la
Bukovine et la Bessarabie y comprises (ces deux pays ont
toujours ete une partie de la Moldavie), la Transylvanie et la
Valachie formerent un Etat dont l'étendue correspondait a peu
pres a celle la Grande-Roumanie actuelle. Mais par la defection
des boyards et la presomption, ii ne put se maintenir.
Plus tard, le grand territoire primitif des deux Etats perdit
notablement en etendue par suite de la soif des conquetes des
Russes et des Autrichiens. En 1699, les Autrichiens s'emparerent
du Banat et de la Transylvanie et y supprimerent l'influence
turque. En 1718, iN conquirent la partie occidentale de la
Valachie, l'Oltenie, mais qu'ils durent rendre en 1739. Dans
la premiere guerre turco-russe (1768-1772), les Autrichiens et
les Russes envahirent les principautés. Les Russes occuperent
la Moldavie et en 1770 la Valachie. En 1775, l'Autriche s'empara
de deux districts de la Moldavie qu'elle appela B ukovin e,
c'est-a-dire le pays des hetres (en roumain faget). Cette conquete
excita la rivalite de la Russie et de l'Autriche. Elles instituerent
en 1781 et en 1783 un contrôle des finances a Jassi et a Buca-

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24 L'histoire des Roumains

rest. La seconde guerre turco-russe amena les Russes en Mol-


davie et les Autrichiens en Valachie. En 1792, la paix de Jassi
mit fin a la guerre. Tout le pays jusqu'au Dniester passa h la
Russie. La troisieme guerre turco-russe dura de 1806 a 1812.
Les Turcs furent vaincus et durent signer la paix deshonorante
de Bucarest en 1812. La Russie recut la moitie de la Moldavie
et l'appela B essar a bi e. En 1816, ce pays obtint l'autonomie
jusqu'en 1871, date a laquelle la Russie l'annexa.
Au XIXe siecle, l'E tat se m o der nis e. A l'aide d'une
revolution organisee par Tudor Vladimir es cu, fils d'un
paysan du village de Vladimir, en Munténie, on supprime la
domination des fanariotes et le gouvernement retourne a des
souverains indigenes.
En 1829, la paix d'A n dr in op 1 e, qui termina la qua-
trieme guerre turco-russe, ouvrit la mer Noire au commerce
international. La Russi e avait vaincu. Les principautes roumaines
recurent le droit de nornmer leurs princes a vie. Les forteresses
turques sur la rive gauche du Danube furent rasees. Le tribut
annuel a payer a la Turquie fut maintenu, mais ii fut reduit
3 millions de lei par an. La Turquie dut payer tine indemnité
de guerre. Les Russes resterent dans les principautés jusqu'a
son payement. L'occupation dura jusqu'en 1834. Les Turcs ayant
payé le reste de l'indemnite, les Russes evacuerent le pays.
Un evenement important eu lieu pendant l'occupation russe:
le decret de la premiere constitution dans le pays
gouverne jusque-la par l'absolutisme. Sous le general russe
Kisselef, deux commissions de bojards et d'eveques furent nom-
mées pour discuter un projet d'organisation prepare a Saint-
Pétersbourg. Le résultat des discussions parut en 1832 sous
le nom de Reglement organique (Regulamentul organic),
qui represente le premier dro it d'Etat des principautés
roumaines. Ces stipulations furent acceptees par le gonverne-
ment russe apres quelques modifications et mises en vigueur.
Cette constitution n'organisait pas encore les deux Etats d'apres
le sens moderne; mais c'etait un commencement, tel que la
separation de la justice et de l'administration. Toute la puissance
restait entre les mains des bojards. Ils ne payaient aucun impôt
et tous les emplois de l'Etat leur étaient reserve's. Toutes les
charges publiques étaient supportées par les paysans et les villes.
On voit comment une couche dominante etrangere, qui occupe
le pays, se sert de la reforme de l'organisation de l'Etat pour
gagner la couche importante de l'Etat (les bojards). Dans ce
but, on lui accorde les grands avantages mentionnés, fixes
dans un statut d'organisation special; c'est une constitution, il
est vrai, mais pas une constitution moderne basee sur la divi-
sion des pouvoirs et la representation nationale.

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L'histoire des Roumains 25

La r evolution de 1 8 4 8 fut dirigee contre la domination


des bojards et leur pouvoir arbitraire. Le peuple etait mécontent
du Reglement organique réactionnaire. La jeunesse exaltée par
l'idéal de libertés occidentales réclamait une constitution qui
tint compte des principes démocratiques. Des insurrections
eclaterent en Moldavie et en Muntenie. Un par ti national
se forma a Jassi. II demande une constitution et une admini-
stration démocratiques, la confiscation des biens de l'Eglise,
l'abolition de la servitude et la suppression de l'immixtion étran-
gere (du protectorat russe). Le mouvement révolutionnaire fut
bientôt étouffé par les armes dans les deux principautes.
II ne faut pas se représenter ce mouvernent comme s'il
venait de la population entiere. Les principaux meneurs etaient
les bojards qui étaient mécontents de la domination des hos-
podars. Pour défendre leurs propres droits, ils exigeaient d'eux
une constitution. L'hospodar de la Moldavie leur répondit en
les faisant chasser du pays. En Valachie, soutenus par la popu-
lation de Bucarest, ils contraignirent l'hospodar a signer une con-
stitution et ils réussirent a former un gouvernement provisoire
apres qu'il eut fui. Mais lorsqu'une armee russe eut occupé la
Moldavie et qu'une armee turque eut pris Bucarest, le tsar et
le sultan convinrent, par le traite de B alta-Li m an (mai 1849),
de remplacer les deux hospodars. Ils furent nommés pour sept
annees seulement. Le Reglement organique fut modifié, non
dans le sens d'un adoucissement, mais d'une aggravation.
Un soulevement éclata aussi en Tr ans ylv an i e. Lorsque
les Hongrois sous leur chef Kossuth se souleverent, ils se de-
clarerent independantg et incorporerent la Transylvanie
l'Etat hongrois. Les Roumains vivant en Transylvanie pro-
testerent dans une grande assemblee dans «le Champ de
la liberte» et essayerent de lever une armee. Ils appelerent
les Autrichiens a leur secours, puis lorsque ceux-ci ne
purent venir a bout des Hongrois, ils appelerent les Russes
qui forcerent la Hongrie a capituler en 1849, sans que les
Roumains de Transylvanie obtinssent de grands avantages. En
1867, apres la défaite des Autrichiens de Sadowa et lorsque
les Hongrois leur eurent arraché le dualisrue, la Transylvanie
fut réunie a la Hongrie; les Roumains perdirent leurs droitS
politiques jusqu'a la grande guerre qui leur rendit leur pays.
Le traite de Paris de 1856 reunit les deux principautes.
C'est la un fait d'une grande importance. Cette paix terminait
la guerre de Crimee. Elle avait commence en 1853 par la
declaration de guerre de la Russie a la Turquie qui avait refuse
de lui accorder des droits particuliers sur les chrétiens de son
empire. Les conditions de paix furent fixées au congres de
Paris. La Moldavie et la Munténie devaient etre délivrées du

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26 L'histoire des Roumains
protectorat russe, mais rester sous la souveraineté de la Turquie.
Les principautés etaient placees sous la garantie collective des
puissances ; l'Angleterre, la France, la Prusse, la Russie, l'Au-
triche, la Turquie et la Sardaigne faisaient partie des puissances
protectrices. Cep endant la reunion des deux principautés en
un Etat unique les divisa. Les sympathies de la France étaient
pour les unionistes qui demandaient la reunion sous un sou-
verain etranger. L'Autriche et la Turquie la combattaient. Elle
ne put don c pas se faire en une fois. Elle se fit par étapes et
fut le résultat d'un compromis. Deux gouvernements furent
formes avec deux hospodars et deux assemblées de represen-
tants qui form erent une commission de 16 membres (1858)
pour les deux principautes.
La fusion complete eut lieu lorsque les deux assemblées
accomplirent l'union personnelle en nommant le meme sou-
verain. Les deux principautes choisirent a l'unanimité le bojard
moldave Couza Voda ; ii avait fait ses etudes a Paris et il proi-
fessait des opinions democratiques. Lorsque les Turcs l'eurent
reconnu, ii annonca, comme premier souverrain des deux princi-
pautes réunies, dans une proclamation de 1861, que la nation
roumaine etait fondee.
Ce premier souverain commun du peuple thumain a rendu
de gran ds services. II confisqua la fortune enti ere des convents,
un cinquieme des biens du pays etait la propriété de l'Eglise,
des dignataires de l'Eglise grecque surtout, au profit de l'Etat
(secularisation de l'Eglise en 1863).
La r é f or m e a gr a i r e fut beaucoup plus difficile. Les
b o jar ds opposerent une vive resistance a l'abolition de la ser-
vitude. Devenus egoistes par le contact avec le capitalism e et
la maniere de vivre de l'Occident, ils rejeterent son projet de loi.
Couza était place dans l'alternative d'abandonner la reforme
agraire ou de l'executer a l'aide d'un coup d'Etat contre la
volonte de la Chambre. Il se décida pour le coup d'Etat. En
1864, il dissout la Chambre, publie en meme temps un nouveau
statut qui introduisit le suffrage universel et crea un Senat et
une Chambre des deputes. Il le soumit a un plebiscite pour
eluder la Chambre. Le plebiscite sanctionna sa reforme. Par
cette voie extraordinaire, la s ervitude des paysans fut abolie
en 1864. Le sol, qu'ils avaient possede jusque-la comme fer-
miers, devint leur proprieté. Les bojards reçurent une indem-
nite de l'Etat. Par cette reform e 400 000 familles devinrent
propriétaires fonciers.
Les reform es de Couza s'étendirent aussi a Pinstruction.
II promulga une loi sur l'enseignement public qui decIara Pecole
primaire gratuite et obligatoire. L'universite de Jassi fut fondee
en 1860 et celle de Bucarest en 1864.

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L'histoire des Roumains 27

Toutes ces reformes avaient cause une grande exasperation


dans la noblesse campagnarde contre leur auteur. On considerait
le coup d'Etat de Couza comme une violation de la constitution.
En 1866, il fut assailli la nuit par des conjures qui le forcerent
A abdiquer. 11 mourut h Heidelberg en 1873.
On institua une régence apres le depart de Couza; puis on
s'occupa de l'élection d'un nouveau prince. Les families domi-
nantes du pays ne pouvaient consentir h obéir h l'un de leur
membre. On décida done pour éviter des combats intérieurs,
a cause de la succession, d'appeler un prince &ranger au trône
roumain. La Chambre elut tout d'abord un prince beige (le comte
de Flandres) qui refusa parce que la Turquie, la Russie et la France
protesterent Elle choisit alors Charles de Hohenzollern-Sigmarin-
gen, qui monta sur le trône, en 1866, sous le nom de Carol Ier,
quoique les puissances protectrices fussent divisees, la Tur-
quie, la Russie et l'Autriche s'étaient déclarees contre son choix.
Ce monarque constitutionnel, qui regna jusqu'en 1914, fut appele
a maintenir Pequilibre, d'apres la Constitution, entre les forces
politiques du pays, les conservateurs composes principalement
des grands proprietaires et les liberaux, entre les intérets des
représentants de la propriéte mobiliere et immobiliere et ceux
de la bureaucratie roumaine qui avait grandi rapidement parce
que la classe des bojards n'etait pas propre h gouverner.
L'histoire moderne de la Roumanie commence avec Carol.
La Roumanie devient un Etat moderne. En 1866, on
vota une constitution d'apres le modele de celle de la
Belgique. Elle etait entierement libérale (cours d'assises, liberte
d'association et de la presse, egalité de tous les citoyens devant
la loi). Tout le systeme gouvernemental reposa sur des prin-
cipes constitutionnels modernes: un ministere responsable nomme
par le roi, un parlement legislatif compose de deux Chambres
élues par un systeme electoral a plusieurs degrés. Le Senat
était compose de 120 membres, la Chambre des deputes de 178.
Par la division du pays en cercies et districts, Padministration
imita celle de la France divisee en cantons et arrondissements.
Le roi Carol commenca son regne avec le ministere liberal
Bratianu. Son programme etait de développer les forces produc-
tives du pays par la construction de chemins de fer et par des
reformes scolaires. Mais le parti liberal était encore trop faible
pour pouvoir réaliser de grandes reformes. Le pays, qui avait
été jusque-la gouverné par des princes absolus, avait passe
directement a une Constitution libérale. Ce changement sans tran-
sition amena de grands conflits intérieurs. Ils eclaterent dans la
politique exterieure lorsque l'Allemagne declara la guerre a la
France en 1870. Un grand mouvement populaire se produisit
contre le prince de Hohenzollern, car, a l'encontre des siens, les
sentiments du peuple étaient du côté de la France. Le prince

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28 L'histoire des Roumains
se vit oblige de dissoudre la Chambre libérale (1871). Elle
consentit A soutenir un ministere conservateur, le ministere C a r -
tagi qui resta jusqu'en 1876, lorsque la crise orientale eclata.
Sous Carol Ier, la vassalité turque de la Roumanie continua
jusqu'à la gu err e tur co-russ e. Lorsqu'elle éclata en mai
1877, le gouvernement proclama Pindependance du pays. II se
mit du elite de la Russie. Jon Br ati anu, qui était president
du ministere, signa avec les Russes une convention qui leur
permettait le libre passage a travers la Roumanie. L'armee
roumaine s'établit le long du Danube. A la fin de juin, les Russes
franchirent le fleuve. Ils voulurent que Parmee roumaine se
placat sous le commandement supérieur russe. Carol s'y refusa
et ne prit pas part A, la marche des Russes vers la Bulgarie.
Mais lorsqu'ils furent battus, le tsar telegraphia A Carol pour
lui demander du secours. L'armée roumaine passa alors le
Danube et sauva la situation. Le prince avait pris le commande-
ment de tous les corps de troupes, ce que les Russes ne you-
hirent pas tout d'abord. Apres la prise de Plevna, il se retira
sur la rive gauche du Danube.
Cette guerre eut une grande importance pour la Roumanie.
Elle s'etait alliée A la Russie et son intervention avait amene
la victoire. C'est depuis cette guerre que la Roumanie est un
Etat souverain. La Porte avait, jusque-la, refuse de nommer la
Roumanie par son nom, de reconnaitre ses agents diplomatiques
en Turquie et de leur laisser representer les affaires des sujets
roumains; bon gre mal gre, elle dut s'y resoudre.
La paix qui fut signée a San-Stéf an o, le 3 mars 1878,
ne valut aucun avantage aux Roumains qui avaient secouru les
Russes dans une heure critique. Ils ne prirent pas part aux
négociations de paix et ne recurent pas d'indemnité de guerre
de la Turquie. Bien plus, la Russie garda les trois districts de
la Bessarabie meridionale dont elle avait besoin pour atteindre
la rive gauche du Danube. Seule, la Dobroudja avec les villes
Tulcea et Constantza lui fut donnée. Ce traitement souleva une
querelle entre les deux puissances. La consequence fut la revi-
sion du traite par les grandes puissances au Con-
gr es de Berlin en 1 8 7 8. Le Congres qui fut preside par
Bismarck reconnut la souveraineté de la Roumanie selon le
droit public; en meme temps, il proclama l'égalite légale des
confessions religieuses. Cette decision fut importante pour les
300 000 juifs de la Moldavie qui jusque-là avaient été prives de
leurs droits politiques. La Russie garda les trois districts de la
Bessarabie. Comme equivalent, la Roumanie recut definitivement
la Dobroudja qui avait déjà appartenue a la Moldavie, sous
Mircea, comme nous l'avons vu.

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L'histoire des Roumains 29

En 1881, la principauté de Roumanie devint un royaume et


Carol Ier fut couronné roi. La couronne royale en fer fut faite
avec le metal d'un canon conquis devant Plevna. La reine
Elisabeth (Carmen Sy Iva) recut une couronne en or.
Carol ler a régné jusqu'en 1914. Son successeur est Fer-
dinand ler.
Les deux grands événements de Phistoire de la Roumanie
des derniers temps sont la guerre des Balkans et la grande
guerre.
La guerre des Balkans éclata en 1912. Les Bulgares,
les Serbes et les Grecs s'allierent contre les Turcs. Les allies
furent vainqueurs. Ils ne purent s'entendre sur le partage du
butin et la guerre recommenca entre eux. Les Grecs et les
Serbes s'unirent contre les Bulgares. Les succes de ces derniers
au debut menagait de rompre l'équilibre dans les Balkans.
C'est alors que la Roumanie crut devoir intervenir en 1913.
L'armée roumaine franchit le Danube, occupa une grande partie
de la Bulgarie et menaca de s'emparer de la capitale. Les Bul-
gares furent forces de conclure la paix. Elle fut signee a Buca-
rest, dictee par la Roumanie et le president du ministere grec
Venizelos, en 1913. La Bulgarie dut se contenter d'une faible
partie des pays conquis sur les Turcs. La Roumanie obtint le
reste de la Dobroudja, c'est-a-dire le carré formé par la ligne qui
part du Danube, a l'est de Turtucaia et aboutit a la mer Noire,
au sud de Balcic.
Le 27 aollt 1916, la Roumanie intervint dans la gr an d e
gu err e. Son armee entra en Transylvanie. L'Allemagne, qui
avait pris le dessus en Autriche, depuis Pentrée de l'Italie dans
la lutte, vint au secours des Autrichiens. L'attaque eut lieu pres
de Herrrnannstadt. Les Roumains durent se retirer. Mackensen
envahit la Dobroudja a la tete d'une armee germano-bulgare et
forca les Roumains a se retirer sur la rive gauche du Danube.
En été 1917, les hostilités reprirent lorsque Parmée roumaine
se fut relevée de ce coup. Les secours russes étaient insuffisants.
L'armée russe fut battue a Tarnopol et évacua la Galicie orien-
tale et la Bukovine. Dans l'intervalle, la revolution avait eclaté
en Russie. La Roumanie ne pouvait plus songer a resister avec
succes. Elle se vit donc obligee de signer un armistice avec les
puissances centrales, suivi de la paix de ,B u car est, le
7 mai 1918. C'était une paix forcee, la continuation de la guerre
avec d'autres moyens. Elle ne fut qu'un episode; il est donc
inutile de parler de ses conditions qui furent annulées plus tard.
L'intervention de l'Amérique dans la grande guerre la décida
en faveur de l'Entente. Les Francais battirent les Bulgares,

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30 L'histoire des Roumains
chasserent les Autrichiens de la presqu'Ile des Balkans et l'armee
de Mackensen fut forcée de quitter le pays. Les Roumains
occuperent la Transylvanie et la Bukovine.
La consequence decisive de la tournure des évenements
en faveur des Allies fut la creation de la Grande-Roumanie. La
reunion des nouvelles provinces fit de l'ancien royaume roumain
l'Etat le plus grand du sud-est.
La Bessarabie fut le premier pays qui se reunit a la Rou-
manic. Un conseil national s'était forme immédiatement apres
l'effondrement de Parmee russe. Il se reunit a Chisinau et
proclama d'abord Ia république moIdave en Bessarabie. Le
9 avril 1918, la reunion de la Bessarabie a la Roumanie fut pro-
clamee apres la visite du president du conseil Marghilornan
dans la capitale.
Le 28 novembre de la meme armee, la Bukovine se joignit
a la mere patrie, apres la debacle de l'armée austro-hongroise.
Les partis de la Bukovine avaient convoque le 27 octobre une
assemblee des Roumains du pays a Czernovitz. Les représen-
tants du peuple roumain la declarerent Assemblée constituante de
la Bukovine; un conseil national de 50 membres fut élu et
chargé de l'administration provisoire. Le pays tout entier fut
occupe militairement pour eviter une contre-révolution. Au con-
gres general du 28 novembre 1918, la reunion sans condition de
la Bukovine a Vanden royaume fut proclarnée solennellement et
votee a l'unanimité.
La reunion a la Roumanie des pays hongrois fut plus
difficile.
Un conseil exécutif fut institué a Hermannstadt; il convoqua
les Roumains hongrois a une assemblee qui devait decider de
leur sort. Elle vota le 1 er decembre 1918 la reunion de tous
les territoires de l'ancienne Hongrie habités par les Roumains,
c'est-a-dire de la Tr ans yIvani e, de quelques parties de la
Hongrie et du Banat.
La conference de Paris en 1919 a reconnu les reunions
effectuees ainsi et en meme temps la Romania mare dans ses
limites actuelles au point de vue du droit international. En 1923,
Ferdinand ler fut couronné solennellement roi de Grande-
Roumanie. La Constitution du nouveau royaume, dont nous
parlerons au chapitre suivant, est entree en vigueur et a eté
publiée dans le No 282 du Journal officiel (Monitorul oficial).

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III. La Constitution et l'administration
de la Grande - Roumanie.
La nouvelle Constitution de la Grande-Roumanie du 29 mars
1923 s'inspire, selon sa maniere et son contenu, dans ses 138
articles des grandes constitutions des Etats de l'Europe centrale
et occidentale. Elle a un caractere absolument moderne. Elle
repose sur la garantie des droits fondamentaux individuels et
des libertés, sur le principe de la division des pouvoirs et de la
representation nationale. Elle se distingue de la Constitution
anglaise principalement par les nombreux droits qu'elle accorde
au roi.
Dans son ensemble, elle est une ceuvre qui sert les deux
grands buts de la vie politique: realiser la liberté et le progres.
Le roi Ferdinand s'exprima dans ce sens lorsqu'il preta ser-
ment a la Constitution: «Je suis persuade, dit-il, que cette
Constitution servira a l'affermissement et aux progres de l'Etat.»
La Constitution de la Roumanie cornprend les titres sui-
vantsl:
Titre I. Le territoire de la Roumanie.
II. Les droits des Roumains.
III. Les pouvoirs de l'Etat.
Chapitre 1 . La representation nationale.
a. La Chambre des Deputes.
b. Le Sénat.
c. Le Conseil d'Etat.
)7 2. Le roi.
)7 3. Les ministres.
7) 4. Le pouvoir judiciaire.
)3 5. Les institutions des districts et des com-
munes.
IV. Les finances.
V. L'armée.
.. VI. Dispositions generales.
VII. La revision de la Constitution.
VIII. Dispositions transitoires et complementaires.
1 Cette division differe de celle parue dans le No 282 du Monitorul
Oficial en ce que le chapitre 2 du texte officiel est intitule: Le roi et les
ministres avec une sous-division: Le roi. En réalité, le chapitre 2 ne park
que du roi et le chapitre 3 des ministres.

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32 La Constitution et l'administration de la Grande-Roumanie
La base de toutes les constitutions est le pays habité par
un peuple. Le pays du royaume de Roumanie et un Etat na-
tional unique et indivisible; ce territoire ne peut pas etre aliene,
ses frontieres ne peuvent pas etre modifiées, sauf en vertu d'une
loi. Ce pays appartient aux Roumains. Il ne peut pas etre
colonise par une population de race étrangere.
L'a dm inistr ation de la France a servi de modele a
Padministration roumaine. Comme celle-la, elle repose sur Pidee
que l'administration d'un Etat doit servir la legislation et exe-
cuter sa volonte. Elle n'a pas d'autre devoir que d'exécuter
les lois.
La suppression des grandes differences dans Padministration
de l'ancienne Roumanie et des nouveaux territoires était une
question importante. La Transylvanie qui appartenait autrefois
a la Hongrie, la Bukovine autrichienne et la Bessarabie russe
avaient des institutions administratives et des droits tres diffe-
rents. Ce fut une grande tache que Ue les placer sous un
systeme administratif unique par la loi administrative du 13 juin
1925. Ce travail etait difficile a Pancienne Roumanie parce que
les traditions historiques et politiques lui faisaient defaut. Son
Etat d'autrefois était petit, unifie et facile a gouverner. Le grand
accroissement de territoire amené par le retour des nouvelles
provinces avec leurs institutions diverses lui a pose des problemes
énormes pour la solution desquels les données historiques lui
manquent. L'expérience fournit toujours la critique a un peuple.
Celle-la manque a la Grande-Roumanie; elle ne trouvera pas
facilement, en peu de temps, une solution absolument satis-
faisante au probleme administratif, d'autant plus que deux gran-
des idées sont en presence: Pidee centralisatrice et Pidee
d é centralis at ri c e. La premiere est representée par le noyau
de la population roumaine; elle est realisée dans la Constitution.
La seconde est representee par les regionalistes avec le but de
donner aux nouvelles provinces l'autonomie politique et ad-
ministrative dans le cadre du royaume.
On a tenu compte du principe de l'unification dans le
domaine legislatif par les prescriptions suivantes de la Consti-
tution. Tous les codes et les lois existants dans les diverses
parties de l'Etat roumain seront revises afin de les mettre
d'accord avec la Constitution et d'assurer l'unité legislative.
Jusque-la, ils restent en vigueur.
A partir de la proclamation de cette Constitution, les pre-
scriptions des lois, des décrets et reglements contraires a la Con-
stitution, seront abrogés (Article 137).
La nouvelle Constitution fait un nouveau pas dans le domaine
de l'unification de l'administration en supprimant les differences
dans ses divisions. L'ancien royaurne était divise en districts
(judete); ceux-ci en cantons (plasi ou sous-préfectures) et ceux-ci

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Les districts de la Grande-Roumanie 33

en communes. Les divisions de la Transylvanie 6taient: les dis-


tricts, les cantons, les notariats et les communes. La Bukovine
avait deux divisions : les districts et les communes. La Bessa-
rabie était divisée en districts, en cantons (voloste en russe) et
en communes. L'article 4 de la Constitution a mis fin A cette
diversité : «Au point de vue de l'administration, le territoire de
la Roumanie se divise en districts (judete) et ceux-ci en com-
munes.» Leur nombre, leur &endue et leurs subdivisions seront
fixes par les lois administratives. D'apres l'article 108, les in-
stitutions des districts et des communes seront reglees par
des lois.
Les districts de la Grande-Roumanie.
I. Dans l'ancien royaume:
10 Arges avec Pitesti pour residence de la prefecture
20 Bacau 11
Bacau
30 Botosani ,, Botosani
40 Braila 11 Braila 11

50 Buzau 13 Buzau 11

6° Caliacra ,, Bazargic 11

70 Constantza 71 Constantza 71
8° Covurlui ,, Galati
90 Dambovita 11 Tirgoviste 1/
100 Dolj ,, Craiova 11

110 Dorohoi . Dorohoi 11

120 Durostor ,, Silistra


13° Falciu ,, Husi 11

140 Gorj ,, Tirgu-Jiu 1/


150 Jalomita 1/ Calarasi 11

160 Jassi 11 Jassi /1


170 Jlfov ,, Bucuresti 11

180 Mehedintsi ,, Turnu-Severin IT


190 Muscel ,, Campulung 1

200 Neamt 11 Piatra-Neamt


210 Olt 11 Slatina 11

220 Prahova /7 Ploesti 11

230 Putna 11 Focsani


240 R.-Sarat ,, Rdmnicul-Sarat 1/
250 Roman ,, Roman 1

260 Romanati ,, Caracal 11

270 Suceava ,, Falticeni 1


280 Tecuci ,, Tecuci 11

290 Teleorman 11 Turnu-Magurele


300 Tulcea ,, Tulcea 11
310 Tutova ,, Bdrlad 11
320 Vaslui ,, Vaslui 11
33° VAlcea Ramnicul-Valcea
340 Vlasca 11 Giurgiu

II. Dans la Transylvanie:


10 Alba-de-Jos avec Aind pour residence de la prefecture
20 Arad Arad
30 Bihor Oradia-Mare
40 Bistrita-Nasaud Bistrita
3

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34 La Constitution et l'adrninistration
50 Brasov avec Brasov pour residence de la prefecture
6° Caras-Severin 1) Lugoj /I
70 Ciuc 7) Mercurea-Ciuc If
8° Cojocna $1
Cluj 11

90 Fagaras 1) Fagaras 71

100 Hunedoara ,, De va lt
110 Maramures ft Sighetul-Maramuresulu ft
120 Mures-Turda ,, Targa-Mures
130 Odorhei ,, Odorhei It
140 Saleaj . Jalau
150 Satmar ,, Ca reii-Mari 71

160 Sibiu 1) Sibiu 11

17° Solnoc-Dobaca ,, Dej 17

180 Tarnava-Mare 11
Sighisoara 11

19° Tarnava-Mica ,, Dicio San Martin 11

200 Timis-Torontal ,, Timisoara 11

210 Trei-Scaune ft Sf-Gheorghe 11

220 Turda-Aries ,, Turda 17

III. Dans la Bukovine:


1° Umpulung avec Câmpulung pour residence de la prefecture
2° Cernauti Cernauti
3° Cotmani Cotmani ft
40 Gura Humorului Gura Humorului
50 Radauti , Radauti
60 Siret Siret 1)

70 Storjine Storjine
80 Suceava Suceava 1)

90 Vascausti Vascausti
100 Vijnitsa Vijnitsa
110 Zastavna Zastavna

IV. Dans la Bessarabie:


10 Balti avec Balti pour residence de la prefecture
2° Cetatea-Alba Cetatea-Alba
3° Cahul Cahul /)
4° Chisinau If Chisinau
50 Hotin 11
Hotin
60 Jsmail ,, Ismail
70 Orhei , Orhei 7/
80 Soroca . Soroca
90 Tighina Tighina

D'apres la nouvelle loi administrative du 13 juin


1925, qui organise et unifie l'administration de la Roumanie (voir
le Monitorul oficial du 14 juin 1925), le territoire est divisé len
districts et les districts en commune s. Pour le contrôle,
la surveillance de l'application des lois et la bonne marche de
l'administration, les districts sont divisés en guar ti er s ou
secteur s. Les cantons et les secteurs ne sont pas des unites
administratives, ni des personnes juridiques, comme les districts
et les communes.
Chaque habitant du pays, sans distinction de sexe et de na-
tionalité, doit appartenir a une commune et participer a ses

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L'administration communale 35

charges. Il est tenu de faire une declaration lors du changement


de domicile.
Chaque territoire du pays doit faire partie d'une commune.
Cette prescription n'existait pas dans l'ancienne loi administra-
tive.
Les étrangers ne peuvent pas s'établir dans une commune
sans remplir certaines formalités contenues dans une loi parti-
culiere.
Les organ es de Padministration communale
sont:
1° Le cons eil municipal qui est compose de membres
dont les 3/5 sont élus et les 2/5 nommes de par la loi, puis
de membres féminins cooptés par le conseil. Le nombre des
membres depend de la grandeur de la commune. Le conseil
d'une commune de plus de 250 000 habitants compte 36 mem-
bres ; celui d'une commune de 10 000 n'en compte que 15. La
loi regle le nombre des membres des conseils. Ceux-ci prennent
des decisions sur des questions de nature locale, specifiées dans
la loi.
2° La representation permanente de la com-
mune qui se compose du maire et de 2 a 9 membres, selon
l'importance de la commune, élus par diyerses categories de
professions. Sa mission est de remplacer le conseil. Ses attri-
butions (établissement des listes électorales, du budget, surveil-
lance des institutions communales) sont specifiées dans la loi
administrative.
3° Le m air e qui execute comme chef de l'administration
communale les decisions du conseil, de la representation per-
manente de la commune et surveille avec elle la marche de
l'administration. 11 représente la commune devant les tribunaux.
Il est le chef de la police municipale. Ii conyoque le conseil
et preside ses seances. II est en outre officier de l'état civil.
4° Le notair e qui est l'agent de l'autorité eentrale dans
les communes rurales. En cette qualité, ii possède les attri-
butions suiyantes
II fait appliquer les lois, les reglements administratifs, les
ordonnances, dispositions et autres actes émanant du pouyoir
exécutif. La publication de ces rnesures se fait a l'aide d'affiches
et de proclamations verbales.
II fait executer les publications relatives aux renseignements
statistiques, les mesures concernant la sfirete et la police, toutes
les missions et dispositions que lui confere la loi. II est le chef
de la police administrative dans les communes yillageoises. 11
est officier de police judiciaire et aide du procureur dans les cas
de flagrants delits.
3*

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36 La Constitution et l'administration
II est autorise A recevoir des plaintes concernant les in-
fractions aux lois, A les examiner et A les constater.
Comme représentant du maire, il a aussi des attributions
d'officier de l'état civil, mais non dans les mariages. II est
responsable, dans tous les cas, de Pétablissement des actes de
l'état civil.
On peut nommer avec l'autorisation du prefet des secre-
taires de notaire dans les grandes communes.
Le notaire a le droit d'assister aux seances du conseil muni-
cipal, mais il n'a pas le droit de voter.
II est nomme par le préfet. II doit posseder le diplOme Kle
l'école d'administration.
Jusqu'a ce que Penseignement administratif soit organisé
et que l'on ait un nombre suffisant d'éleves ayant acheyé letters
etudes, on choisira de préférence les notaires parmi:
10 Les licenciés en droit et en économie politique;
2° Les dipliknes des écoles de notaires de Fagarach, Lugoj
et Arad;
30 Les diplómés des ecoles de notaires de l'ancien royaume:
Tous les candidats doivent subir un examen d'aptitude avant
d'etre nommés.
Les organes de l'administration du district
sont:
10 Le cons eil de district qui est compose comme
municipal de deux' groupes de ,membres élus et
le conseil
nommés de par la loi. II comprend cinq commissions qui
examinent toutes les questions ressortissant au conseil de district,
font des rapports et des propositions:
a. La commission de l'administration, des finances et du
contrôle.
b. La commission des travaux publics (routes, canalisation,
bAtiments, etc.).
c. La commission economique (agriculture, commerce et
industrie du district).
d. La commission des cultes et de Pinstruction publique.
e. La commission sanitaire et de prevoyance.
Le conseil de district se réunit le ler octobre et le ler mars
de chaque année.
Des sessions extraordinaires peuvent avoir lieu selon les
besoins. La durée des sessions ordinaires est de 1 5 jours; celle
des sessions extraordinaires 10 jours avec possibilité de les pro-
longer.
Le conseil de district siege A la prefecture. Ses membres
ne sont pas payés. Le préfet assiste A ses seances. Il a le droit
de prendre la parole, mais non celui de voter.

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L'administration du district 37

20 La representation permanente du district


qui est formee par les rapporteurs des cinq commissions du
district. Elle siege sous la presidence du préfet dont la presence
est obligatoire quand une decision est prise. Ses attributions
s'etendent sur toutes les decisions relatives aux questions res-
sortissant au conseil de district (approuver les comptes, autoriser
les emprunts, les documents de dispositions, tels que donations,
arrangements, etc., les concessions de services et de travaux, les
participations, les modifications de territoire des communes et
des districts). Ses propres attributions sont: la surveillance de
l'administration des services du district, le contrôle de l'administra-
tion des communes du district excepte des municipes
remarques sur les decisions des conseils municipaux; avis de-
mandes par les autorites competentes; decisions sur toutes les
plaintes, appels, arrangements, mesures pour défendre les in-
térets du district devant les tribunaux.
La representation permanente egt un organe consultatif du
préfet. I

Ses membres touchent un traitement, mais ils ne peuvent


exercer aucune autre fonction. Ils peuvent Etre suspendus et
renvoyés comme les membres de la representation permanente
des communes.
3° Le préf et qui est nomme sur la proposition du ministre
de l'Intérieur par decret royal. II doit etre age de 30 ans au
moins, posséder le diplOme d'une grande ecole reconnue par l'Etat.
II ne doit remplir aucune autre fonction publique dans la com-
mune, le district ou l'Etat, ni exercer aucune profession libérale, ni
avoir aucune place dans les conseils d'administration des sociétés
civiles ou commerciales, syndicats, banques populaires de son
district, sauf si le conseil supérieur d'administration l'y autorise.
Le prefet est le representant du pouvoir central dans son
district. II represente le gouvernement et le pouvoir exécutif
et communique avec tous les ministeres pour ,les questions qui
les concernent. II execute toutes les decisions du conseil de
district et de la representation permanente, surveille avec celle-ci
l'administration des districts, des communes, excepte celle des
communes urbaines. D'accord avec la representation permanente,
ii nomme les employes du district, les fait avancer, les renvoie
et les punit. II est le chef de la police du district et pent re-
quérir la force publique dans certains cas, etablir les documents
constatant les crimes, les délits, les infractions. II surveille tons
les etablissements de bienfaissance et de prévoyance, qu'ils
appartiennent ou non a l'Etat, au district, a la commune ou
soient des institutions privees. Deux fois par an, il convoque une
conference dans laquelle on traite les questions d'intéret local,
3 Chefs-lieux de prefecture.

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38 La Constitution et radministration
elucide l'application de certaines lois et discute les mesures A
prendre dans l'interet d'une bonne administration, de l'économie,
de la sante publique et de la civilisation. A la fin de l'annee,
ii adresse un rapport au ministre de l'Intérieur et publie un
rapport detaille sur la situation financiere, économique, culturelle
et administrative du district et des communes. II a le droit
de publier des ordonnances. II a a sa disposition un ou deux
employes qui forment son cabinet.
40 Le conseil de prefecture qui est forme dans
chaque district du préfet comme president, du maire du
chef-lieu, du premier procureur ou du procureur du tribunal,
du premier médecin du district, de l'administrateur des finances,
de l'ingenieur, architecte, vetérinaire du district, de l'inspecteur
des écoles, du conseiller d'agriculture, du forestier ,le plus
élevé en grade, du commandant de gendarmerie, de represen-
tants du ministere de l'Industrie, du Commerce et du Travail.
Les membres de la representation permanente du district sont
de par la loi membres du conseil .de prefecture.
Le préfet convoque le conseil de prefecture selon les besoins,
rnais une fois par mois au moins.
Sa mission est de mettre en harmonie les divers services
de l'administration du district et de supprimer les difficultés
resultant de l'application des lois et ordonnances.
II regle les differends; lorsqu'un accord est impossible,
le préfet fait un rapport au ministre de l'Interieur ou au
ministre competent.
50 Le sous-préf et, qui est nomme par décret royal,
assiste le préfet et le remplace en cas d'absence. Chaque
prefecture de district a un sous-préfet. II est aussi officier de
police judiciaire.
La loi administrative contient des prescriptions detaillees
sur nombre de points valables A la fois pour les districts et les
communes (alinéa 4).
Dans les elections du district et de la commune, sont
electeurs thus les citoyens roumains Ages de 21 ans qui remplis-
sent les conditions des elections legislatives, et ont leur
domicile fixe dans le district ou la commune depuis un an. Pour
les fonctionnaires, cette derniere condition n'est pas necessaire.
Sont eligibles thus les Roumains qui remplissent les conditions
d'electeurs, sont Ages de 25 ans et savent lire et écrire.
L'incapacite, la perte des droits civiques, l'incapacité de faire
du commerce sont des cas d'ineligibilité.
Les militaires actifs, les proprietaires de debits de boissons
dans les communes rurales, les moines, les fermiers de terres
communales ou du district, les entrepreneurs de fournitures
pour le district ou la commune, les employes des communes,

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L'administration du district 39

du district, de l'Etat, d'institutions publiques ou plac6es sous


leur contrôle ne peuvent etre élus.
Les parents jusqu'au quatrieme degre ne peuvent etre mem-
bres du meme conseil municipal ou de district.
On ne peut refuser un mandat a moins d'avoir plus de
60 ans, d'etre malade, de changer de domicile ou d'entrer dans
un service public, incompatible avec le mandat.
Les elections ordinaires ont lieu tous les 8 ans; le tiers
des membres du conseil est renouvele tous les 4 ans. Les
elections complémentaires peuvent avoir lieu en tout temps
lorsqu'une place est libre.
Les membres du conseil municipal ou de district ne peu-
vent assister aux seances dans lesquelles des parents ou des
parents par alliance jusqu'au quatrieme degre ont un interet
direct ou personnel. Ils ne peuvent pas revetir d'autres fonc-
tions que celles de conseiller municipal ou de district. Ils ne
peuvent agir comme avocats ou mandataires dans les proces
contre la commune ou le district. Ils ne peuvent pas prendre
part a l'examen des comptes d'une administration publique dans
le cas oii le conseil municipal ou de district a dresse ces comptes.
Les decisions des conseils municipaux ou de district sont
nulles et non avenues lorsqu'elles concernent des domaines
hors de leur competence, lorsqu'elles enfreignent les lois et
reglements de l'administration publique, accordent directement
ou indirectement une entreprise, fourniture, concession a un
membre du conseil, contreviennent a l'ordre et a la sarete de
l'Etat.
Les decisions des conseils municipaux et de district rela-
tives aux emprunts sont valables lorsque les 'conditions sui-
vantes sont remplies:
a. Le but de l'emprunt doit etre motive par son emploi
urgent; il n'aura jamais pour but le payement de traite-
ments, de gratifications, de recompenses, etc.;
b. L'emprunt doit etre consacré a des ameliorations classées
d'apres le programme de la commune;
c. Les moyens necessaires au payement des intérets et
des amortissements doivent etre prévus en meme temps;
d. Le montant total des intérets et annuités de tons les
emprunts ne doit pas atteindre la somme fixée dans
le budget pour le service des dettes.
Les communes et les districts peuvent contracter des em-
prunts a la caisse communale et de district et dans les autres
établissements publics ou prives.
Ils sont autorises en vertu d'une loi speciale a émettre des
obligations.

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40 La Constitution et l'administration
Pour empecher que les grandes communes et les districts
ne s'endettent pas trop, on a fixé que leurs emprunts .de-
passant 1/5 des recettes ordinaires n'auraient lieu qu'avec l'autori-
sation du conseil des ministres, sur un rapport commun des
ministeres de l'Intérieur et des Finances.
Les communes et les districts peuvent s'a ssocier entre
eux ou avec l'Etat dans un but special, comme pour l'exé-
cution de travaux, la creation et l'entretien d'institutions d'in-
téret local ou regional servant a des buts sanitaires, Cconomi-
ques, culturels ou publics. Cependant ces associations ne doi-
vent pas pratiquer le commerce, exploiter des services ou in-
stitutions qui ne sont pas de la competence de la commune ion
du district. Ils peuvent aussi s'associer avec des particuliers
pour commercialiser des entreprises d'un caractere économique
d'apres la loi de commercialisation. L'association a besoin de
l'autorisation de l'autorité compétente. Les conseils munici-
paux decident le but, la durée, les moyens financiers de l'asso-
ciation, son siege, son mode de liquidation, le projet de ses
statuts, la participation de ses membres.
Chaque canton est dirige par un pr é te ur nomme par
decret. II doit etre diplôme de l'école d'administration ou avoir
été 5 ans notaire. Il est fonctionnaire et possede les memes
droits et les memes garanties que les autres employes de l'ad-
ministration. II est sous les ordres du preet. Il est l'agent
de l'autorite centrale dans son canton. II execute les decisions
du conseil de district, de la representation du district et toutes
les autres missions que lui conferent les lois et les reglements.
Le préfet a le droit de transmettre au prkeur, par la voie
écrite, une partie de ses attributions, mais provisoirement seule-
ment.
Le préteur est le chef de la police dans son canton. En
cette qualité, ii prend toutes les mesures, sous le contrôle du
préfet, pour empecher les delfts, pour maintenir l'ordre et la
sécurité. 11 donne ses ordres aux organes de la police et de
la gendarmerie qui doivent les executer.
11 pent constater les infractions a la loi et edicter des
pein es conformément a l'article 52 de la loi sur les tribunaux
de canton.
II doit demeurer au chef-lieu du district.
Chaque préteur a un secrétaire payé par l'Etat. Le préfet
repartit les préteurs dans chaque district. II n'a pas le droit
de les changer.
Leurs attributions sont: la surveillance et le contrôle de
l'administration des communes du canton. Ils révisent la caisse
des communes, contrôlent la comptabilité, l'existence des fonds

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Les droits des Roumains 41

enregistres, examinent les pieces A l'appui et dressent un proces-


verbal avec le maire sur les faits constates.
Ils peuvent encore examiner la situation morale et ma-
térielle de la population, l'hygiene et la proprete des communes,
leurs conditions economiques et culturelles. Ils peuvent prendre
des mesures d'amelioration dans le cadre de la loi.
Le preteur rassemble tous les deux mois les maires, les
notaires et les autres employes spéciaux pour discuter en commun
les diverses questions d'intéret general, l'application des lois
et des mesures a prendre pour la bonne administration, la cul-
ture, la sante, les economies des communes et l'harmonie des ser-
vices locaux. II fait un rapport au préfet sur les résultats des
discussions.
Pour resumer, les organes qui représentent la puissance de
l'Etat dans le pays sont:
10 Le prefet dans le district;
20 Le sous-préfet comme son remplagant;
30 Le préteur dans le canton ;
40 Le notaire dans les communes rurales;
50 La police comme organe exécutif.
Le s e con d tit,r e de la Constitution, roumaine traite des
dr o its d es R ou m a in s. Elle ne mentionne pas speciale-
ment les diverses nationalites que renferme le royaume. Les
Allemands n'obtiennent pas, comme ils l'avaient cru, de droits
speciaux; la Constitution ne pade partout que des Roumains
sans difference de race, de langue ou de religion. La question
des minorites a eté exclue de la Constitution. Elle est centrali-
satrice. Elle ne connait aucune separation politique, Ccono-
mique, historique et culturelle entre les diverses parties du pays.
C'est une heureuse solution qui est due au ministere liberal
B r a ti an u, car un nouvel Etat comme la Roumaine, qui est
compose, comme nous le verrons dans le chapitre suivant, de
diverses nationalités, a besoin de concentrer ses forces pour
pouvoir mieux gouverner le tout. Le r é gi o nalis m e, tel
que le representent les Allemands en Transylvanie et en Bessa-
rabie, aboutit finalement A une separation de parties de l'Etat;
il equivaut A un affaiblissement de l'idée nationale et doit etre
rejeté. La Constitution n'accorde pas de droits aux minorités ;
il ne faut point voir dans ce fait ni «l'e s cla v a g e», comme
le pretend Ma niu, le chef des nationalistes transylvaniens, ni
un motif de separation, comme le prophétise le zaraniste P a n
H a lip an pour la Bessarabie, ni une cause de misere, comme
le dit Bo dna r es cu A propos de la Bukovine. Ces partis re-
poussent la Constitution d'une fawn, generale. Les ,Saxons
de la Transylvanie regardent ses stipulations comme une vio-
lation des decisions de Karlsbourg de décembre 1918, des pro-

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42 La Constitution et l'administration
messes faites aux Saxons transylvaniens et qui avaient ete la
principale cause de leur rattachement A la Roumaine.
Les droits que la Constitution accorde aux Roumains sans
distinction de race, de langue et de religion sont la liberté de
conscience, la liberté de l'enseignement, la liberte de la presse,
la liberte de reunion, la liberté d'association. Toutes ces libertés
doivent etre précisées par des lois. La Constitution ne donne
que la regle; la loi donne l'exécution precise. La premiere con-
dition qu'il faut remplir pour jouir de ces libertés, c'est d'etre
Roumai n. Les autres conditions sont déterminees par la Con-
stitution et les autres lois. Elle ne conteste pas, sans autre facon,
aux femmes l'exercice des droits politiques; on le su-
bordonne a des lois speciales h faire et qui fixeront les con-
ditions auxquelles les femmes seront admises h jouir de ces
droits. Cependant la Constitution designe, de prime abord,
que les dr o its civils des femmes en Roumanie ne doivent
pas etre moindres que ceux des hommes; mais elle ne regle pas
légalement les dr o its politique s. L'article 108 prescrit
que les femmes peuvent faire partie des conseils municipaux.
La Constitution leur concede ce droit politique sans l'agrément
de lois spéciales; par contre, elle exige d'autres prescriptions
legales pour l'exercice d'autres droits, comme le droit d'élire les
deputes, les juges.
Les etr an ger s qui sont naturalises obtiennent les droits
civils et politiques en Roumaine. Jusque-là le Parlement ac-
ceptait ou repoussait la demande de naturalisation. Desormais,
ii n'a plus a s'en occuper, et c'est le conseil des ministres qui
l'accorde d'apres les constatations d'une commission qui prou-
vent que le solliciteur remplit les conditions legales. Cette
commission se compose du premier president et du president
de la cour d'appel de la capitale du pays. Les conditions et
la procedure de la naturalisation feront l'objet d'une loi speciale.
La naturalisation n'a pas d'effet rétroactif. Ainsi lorsqu'une
famille est naturalisee, les enfants mineurs sont en meme temps
soumis h la naturalisation, mais non les enfants majeurs, a moins
que leur naturalisation ne soit particulierement demandee. Une
loi spéciale regle les details de la naturalisation.
La nouvelle Constitution a levé les obstacles qui s'opposaient
autrefois h la naturalisation des juifs. Elle etait excessivement
difficile. L'acquisition des droits civils exigeait pour ,chaque
cas l'assentiment du Parlement. Cette, acquisition personnelle
était réunie h des grandes difficultés. Aussi la plupart des juifs
de l'ancien royaume n'etaient pas naturalises et ne jouissaient
d'aucun droit politique. Its n'avaient pas le droit de vote;
ils etaient egalement prives de droits civils. IN ne pouvaient
devenir ni professeur, ni fonctionnaire, ni officier. Mais ils

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Les droits des Roumains 43

devaient supporter toutes les charges des citoyens (militaires


et fiscales). L'article 7 de la nouvelle Constitution supprime
cet état de choses. II dit: «Les differences de croyance et de
confession, de race et de langue ne forment aucun empêche-
ment en Roumanie pour obtenir et exercer les droits civils et
politiques.»
La Constitution roumaine repose sur une base demo-
cr a ti qu e. Elle n'admet aucune distinction de n ais s an ce et
d' eta t. Ce principe existait deja dans l'ancienne Constitution;
Peeve d'une école militaire, qui avait passe ses examens, pouvait
arriver a une haute charge militaire qu'il flit le fits d'un paysan
ou d'un officier, d'un noble ou d'un bourgeois.
La Constitution repose en outre sur le principe de Pe g a -
lite de v ant la 1 o i. Seul, le Roumain est admis aux emplois
publics et aux dignités, civils ou militaires. L'étranger n'est
admis que dans le cas oh un indigene competent manque dans
un domaine quelconque. 11 jouit de la protection que les lois
accordent aux personnes et aux biens. Les privileges, les-
exonerations de devoirs, par exemple l'exonération d'impot ou
du service militaire de certaines classes, les ,monopoles de'
classes sont interdits. Le corps des officiers ou le haut clergé
ne peuvent donc pas etre fournis par une classe.
La Constitution repose encore sur le principe de la lib er t
in div i du ell e. Elle est garantie. Personne ne peut etre
poursuivi et visite que dans les cas et d'apres la procedure pré-
vus par les lois. Personne ne peut-etre arrete qu'en vertu d'un
mandat d'arret qui doit etre présenté sur-le-champ ou dans les ,

24 heures au plus tard. L'arrestation pent etre effectuée tout


de suite si quelqu'en est pris en flagrant délit. Le détenu doit
etre amene devant le juge. Personne ne peut etre soustrait au
juge contre sa volonte.
Par ces dispositions, la liberté civile est entouree de garan-
ties legates. En garantissant ainsi la liberté individuelle, la
Constitution n'entend point la rendre inattaquable; elle vent
seulement qu'elle ne soit pas restreinte arbitrairement.
La dem eur e du citoyen est inviolable. Des perquisitions
pourront y etre faites, mais seulement par l'autorité compétente
et dans certains cas, d'apres la procedure prescrite par la loi,
qui vent aussi éviter l'arbitraire dans ce domaine.
La Constitution établit trois regles pour les p ein es A in-
fliger. La peine doit etre basee sur une loi. Aucune punition
ne pent done etre infligee si elle n'est prescrite par une loi quel-
conque. Aucune loi qui prononce la peine de la confiscation
des biens ne peut etre promulguée. Des parties de la fortune

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44 La Constitution et l'administration
peuvent naturellement etre confisquées dans le cas de -.:ontrzbande,
par exemple. La peine de mort, que la Constitution de
1866 avait abolie, ne pourra etre retablie. Elle pourra etre
prevue dans le code militaire en temps de guerre.
La propriete priv é e est la base de ce regime. L'Etat
la garantit; ii garantit aussi les billets de l'Etat (lettres de credit
sur l'Etat). 11 est autorisé a utiliser, en vertu d'une loi, le
sous-sol d'une proprieté fonciere appartenant A des particu-
liers ; mais il est tenu de reparer les dommages causes a la surface.
Dans l'exploitation des mines, notamment, des crevasses peu-
vent se produire aux maisons; ces dommages doivent donc
etre repares.
D'apres la Constitution, la propriété est inviolable. Cepen-
dant le droit d'expropriation dans l'interet public
existe. On ne peut exproprier que contre indemnité. Les cas
principaux concernent les voies de communication, la sante publi-
que, la defense nationale, les travaux d'interet militaire ou civili-
sateur et ceux qu'exige l'intéret immediat de l'Etat dans l'ad-
ministration publique. D'autres cas non prevus d'interet public
peuvent etre determines par la loi.
L'acquisition de biens-fonds ruraux est seulement
permise aux Roumains et aux Roumains naturalises. II est ainsi
défendu aux étrangers d'acquerir du sol a la campagne en Rou-
manie. Ils sont seulement autorises a les prendre a bail. Par
contre, ils peuvent s'établir dans les villes en y achetant des
immeubles. Aux yeux des Roumains, la ville est internationale.
La nationalisation des richesses souterraines
de la t err e est formulée dans la Constitution; c'est la un point
important pour la Roumanie. L'article 19 dit: «Les gisements
et toutes les richesses du sous-sol sont la propriete de l'Etat.»
Sont exceptees les roches communes des carrieres fournissant des
materiaux de construction et les tourbieres, sans prejudice des
droits acquis par l'Etat en vertu de lois antérieures. On Cite ainsi
a la speculation privee la richesse souterraine en pétrole, charbon,
marbre, methane, acide carbonique, etc. Cependant l'Etat peut
accorder au capital prive, pour une dui-6e fixe, des concessions
pour l'exploitation de mines; les concessions au dela de 50 an-
nees ne sont pas permises.
Comme domain e publi c, on distingue les voies de com-
munication, l'atmosphere, les eaux navigables et flottables. Les
biens publics sont les eaux qui peuvent fournir de la force mo-
trice et celles qui peuvent etre utilisees dans l'interet public. Le
propriétaire d'un terrain traverse par un cours d'eau navigable
n'est pas fondé en droit de considérer comme sa propriété la
partie de la riviere ou du fleuve. Elle appartient a l'Etat.

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L'Eglise roumaine 45

Les facteurs qui servent a la production, entrepreneurs


et ouvriers jouissent de la protection de l'Etat. Pour prévenir
les conflits économiques et autres, ii pent intervenir dans les
rapports des producteurs. L'ouvrier doit etre protégé comme
l'entrepreneur. L'assurance sociale doit l'assister en cas de ma-
ladie et d'accident.
La Constitution renferme des prescriptions étendues sur les
eglises et les ecoles. La liberté de conscience existe en Roumanie
comme dans les pays de l'Europe centrale et occidentale. Ce-
pendant les rapports de l'Eglise et de l'Etat sont differents.
Parmi les trois modalites possibles1 union, separation et inde-
pendance, la premiere est en vigueur. L'Etat et l'Eglise sont
allies. L'Eglise est soutenue financierement par l'Etat. La loi
du 17 décernbre 1863 la secularisa. Les biens des convents furent
declares propriete nationale contre le payement d'une indemnité
de 20 millions de lei et la remise de leurs dettes de 12 millions.
De cette façon plus du tiers du pays, qui etait proprieté de l'Eglise,
passa a l'Etat. Depuis cette époque, le clerge est retribué
par lui.
Les deux Eglises principales de la Roumanie sont l'E glise
chrétienne orthodoxe et l'Eglise catholique grec-
q u e. Comme les Eglises russe, bulgare, serbe et grecque, avec
lesquelles elle est identique dans les questions de culte et de
doctrine, l'Eglise chretienne orthodoxe ne reconnait pas le pape.
L'Eglise d'Orient s'est séparee de l'Eglise d'Occident en 1054.
Les Roumains reconnurent des le debut l'Eglise d'Orient ou
Eglise chretienne orthodoxe quoiqu'ils fussent d'origine rou-
maine. Au XVIlle siecle une scission s'est produite parmi les
Roumains transylvaniens; une partie resta dans l'ancienne Eglise,
l'autre entra dans l'Eglise catholique grecque qui reconnait le
pape comme chef de l'Eglise. Par contre, elle garda le culte et
les principales doctrines de l'Eglise chretienne orthodoxe. Cette
conversion fut favorisée par les droits politiques et les avantages
que l'Autriche accorda aux Roumains convertis de la principauté
de Transylvanie. Elle eut une grande importance pour l'Autriche
parce que l'Eglise catholique roumaine était un des liens qui
unissait cet Etat de nationalites diverses.
L'article 22, alinéa 3 de la Constitution, fixe ainsi les rap-
ports entre les deux Eglises: «L'Eglise roumaine orthodoxe
étant la religion de la grande majorité des Roumains est l'Eglise
dominante dans l'Etat roumain et l'Eglise catholique grecque a
la preeminence stir les autres cultes.»
L'Eglise roumaine orthode est independante de tOute autre
Eglise étrangere. Cette disposition a une importance historique;
car jusqu'en 1885, l'Eglise roumaine dépendait du patriarcat grec
de Constantinople. Malgré cette autonomie, l'unite est main-

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46 La Constitution et l'administration
tenue avec l'Eglise cecumenique d'Orient quant aux dogmes.
On veut unifier son organisation dans toute la Roumanie. Elle
réglera par ses organes et sous le contrôle de l'Etat ses questions
religieuses et culturelles, dirigera et administrera ses fondations
et ses tutelles. En 1924, le primat roumain a ete proclamé
patriarche; l'Eglise roumaine orthodoxe est ainsi devenue un
patriarcat
Une autorité synodique centrale, le saint syno de de
l'Eglise roumaine (sfantul sinod al bisericei române) est comp&
tente dans les questions ecclesiastiques et canoniques. Un con-
sistoire central (lnaltul consistoriu bisericese) s'occupe de l'ad-
ministration de l'Eglise. La caisse de l'Eglise (casa biserecei),
fondée en 1902, est chargee de l'administration de sa fortune.
Malgré ces dispositions, il n'en reste pas moins un fait que
l'Eglise roumaine n'a aucune independance au point de vue
politique et qu'elle est etroitement unie a l'Etat.
Néanmoins, ii garantit la meme lib ert é et la meme p r o -
t e cti on a tous les cultes. Ainsi les Lipoveniens, secte russe qui
admet la castration comme moyen pour atteindre la perfection
divine, jouissent de la meme liberte de doctrine que les catholi-
ques romains et les protestants. Mais on suppose que l'exercice
de leur culte n'entre pas en collision avec l'ordre public, les
bonnes mceurs et les lois du pays. La loi fixera les relations
des divers cultes avec l'Etat.
Malgre la grande importance que possede l'Eglise pour
le peuple roumain, les actes civils doivent preceder les actes
religieux lors des naissances, mariages et autres actes de la vie
civile. Le pretre ne peut célebrer aucun mariage avant Rue
l'officier de Petat civil n'ait effectué le mariage civil. II n'a pas
qualité pour délivrer des extraits de naissance et de deces;
l'officier de l'état civil (ofiteral starii civile) seul en est charge,.
C'est le sens de Particle 23 qui dit que les actes de Petat civil
sont des droits de la loi civile.
La Constitution regle l'instruction publiqu e. Elle se
borne a fixer quelques principes sans établir une organisation
unique ou des regles pour le programme des etudes.
En tete vient le principe de la liberté de l'enseignement.
L'enseignement primaire est obligatoire. L'obligation s e-
colair e existe done. Elle n'est pas de date recente. Elle a
ete introduite en 1865; d'autres lois (celles de 1893, 1896, 1898)
ont organise l'einseignement primaire, moyen et supérieur. Ce-
pendant l'obligation scolaire générale n'existait que sur le papier
dans les campagnes. D'apres Onciul (page 51), 616 570 enfants
seulement, c'est-h-dire 51 ok, sur 1 200 000 enfants en age de
scolarite obligatoire, etaient inscrits en 1912-1913 dans les
registres des ecoles. Le manque d'écoles et d'instituteurs, le

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La liberte d'opinion 47

mauvais état des écoles existantes en sont les raisons. Dans


de telles circonstances, les resultats etaient tres petits. Sur
616 570 élèves inscrits, 49 180 seulement atteignaient le but de
recole primaire .Aussi le nombre des ill e ttr és de l'ancienne
Roumanie était-il grand; il atteignait 60 a 800/0 dans certaines
contrees. Le recensement de 1912 rnontra que parmi les Rou-
mains âges de plus de 7 ans 46,50/0 et parrni les Roumaines
79,50/0 ne savaient ni lire ni ecrire. Ce grand nombre d'illettres
provient de ce que les paysans considerent leurs enfants comme
des aides dans leurs travaux et la frequentation de recole est
un obstacle a leur emploi. Ils préferent payer la faible amende
de 12 lei par an au lieu d'envoyer leurs enfants a recole.
L'enseignement est gratuit. L'Etat, les districts et les com-
munes accordent des secours et des facilites aux eleves indigents.
Autrefois, renseignement secondaire des lycees était aussi gratuit.
Le droit d'exprimer librement son opinion est
l'un des droits individuels les plus importants que la Constitution
roumaine connaisse. Chacun doit avoir le droit de communi-
quer oralement, par 6crit ou par la presse, ses pensees et ses
opinions. Seulement ii ne faut pas que cette liberté entre en
conflit avec le code penal. On ne pent pas creer de lois
d'exception. On n'établira ni censure ni mesures de pre-
caution pour la parution, la vente et la distribution crime publi-
cation quelconque. Un journal ou toute autre publication peu-
vent paraitre sans l'autorisation préalable d'une autorité. On
ne peut pas exiger de caution non plus. Aucun avertissement
ne sera adressé a la presse. Il est interdit de supprimer un
journal ou une publication. Pour les publications periodiques, ii
est prescrit d'indiquer Pediteur responsable et, en l'absence de
celui-ci, un rédacteur responsable. Tous les deux doivent posseder
leurs droits civils. Cette stipulation est dirigée contre le systeme
des hommes de paille. Le nom de l'éditeur ou du rédacteur doit
figurer en tete de la publication. L'éditeur est tenu de donner
son nom au tribunal et de le faire enregistrer avant la parution
de la publication périodique. Des prescriptions analogues sont
valables pour les publications non périodiques, pour les livres,
par exemple. L'auteur en est responsable et, en son absence,
réditeur; si tous les deux sont introuvables, rimprimeur est
responsable.
Les delits de presse sont renvoyes aux jures. Dans rancienne
Constitution, to u s les delits de presse etaient juges par eux.
Le grand nombre d'acquittements permettaient aux journaux
d'écrire ce qu'ils voulaient. Sous le regime illimité de cette
hberté, il n'etait pas rare de trouver dans les journaux des atta-
ques contre le roi, des excitations a organiser des pogroms
contre les juifs, des discussions sur des scandales de famille et
affaires personnelles.

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48 La Constitution et l'administration

Aussi a-t-on, dans la nouvelle Constitution, retire aux jurés


certains cas determines de délits de press e pour les ren-
voyer a des tribunaux exceptionnels, qui les jugent d'apres le
droit commun. Ces cas sont les suivants:
10 Les delits contre le chef de l'Etat, le prince royal, les
membres de la famille royale et la dynastie, contre les chefs
d'Etat étrangers et leurs représentants.
20 L'excitation directe au meurtre et a l'insurrection pourvu
que ceux-ci ne soient pas executes.
30 Les diffamations, les insultes et outrages qui portent
atteinte a la vie privée, l'honneur personnel des particuliers ou
des fonctionnaires.
Un autre droit individuel que la Constitution accorde aux
Roumains et qui existait deja auparavant est la protection
du secret des lettres, télégrammes et conver-
sations telephonique s. Evidemment des cas peuvent se
presenter, dans les poursuites judiciaires, par exemple, oit la
justice deroge a cette prescription. Mais ces cas et la responsa-
bilité des fonctionnaires doivent avoir une base légale.
II faut ajouter le dr oit de reunio n. Les Roumains
sans distinction de race, de langue ou de religion peuvent se
rassembler paisiblement et sans arme pour discuter toute sorte
de questions. Ils n'ont besoin d'aucune autorisation. Les assem-
blees en plein air sont egalement permises, sauf sur les places
publiques et dans les rues.
Les Roumains ont aussi le droit de se reunir en asso-
ciation s. Ils doivent naturellement observer les lois dans
l'exercice de ce droit. La Constitution fait expressement re-
marquer que la formation d'une association n'implique pas le
droit de former une personne civile. Une loi spéciale
fixera les conditions auxquelles les associations représentent
des personnes civiles.
Chaque citoyen possede le droit de petition et
peut adresser tine demande a une autorité publique. C'est
là un droit important. Pour empecher que les petitions restent
sans reponse, Particle 107 de la Constitution dit: «Celui qui
est blesse dans son droit par un acte administratif, par une
infraction aux lois ou reglements, par le refus d'une autorité
administrative de recevoir une petitiou relative a un droit,
peut demander a un tribunal; la reconnaissance de ce droit.»
Chaque fonctionnaire peut etre traduit devant les tribu-
naux sans l'autorisation de Pautorite au service de laquelle ii
se trouve. Seule, l'autorisation du Parlement est necessaire
pour les accusations contre un ministre. Une loi speciale ré-
glera les cas et les modalites des assignations.

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Le pouvoir législatif 49

La Constitution protege l'honneur personnel. Des pres-


critions particulieres du code penal fixeront les peines pour
les diffamateurs.
Le titre H dit enfin qu'aucun Roumain ne peut enter 'au
service d'un Etat étranger sans l'autorisation du gouvernement
s'il ne veut pas perdre en meme temps ses droits de citoyen.
La Constitution defend l'extradition de refugies politiques,
defense qui existe aussi dans d'autres Etats.
Apres avoir fixe les droits fondarnentaux et les libertes
du citoyen roumain, la Constitution s'occupe dans la Me partie
de l'autorité publique, de son origine, de son or-
ganisation et de sa repartition.
La Constitution roumaine est democratique, L'article 33
de cette partie commence ainsi: «Tous les pouvoirs de l'Etat
émanent du peuple.» Mais le peuple lui-meme ne peut exercer
aucun pouvoir. 11 confere ce droit a des personnes et a des
organes qu'il délegue. Cette delegation a lieu d'apres les
principes et les regles fixes dans la Constitution.
Comme les autres constitutions, la Constitution roumaine
divise l'autorité publique en:
1° Pouvoir législatif;
2° Pouvoir exécutif;
3° Pouvoir judiciaire.
Le pouvoir législatif est exerce collectivernent par le r o i
et la representation nationale. Celle-ci est composee
d'une Chambre des deputes et d'un Sénat. Pour qu'une
loi soit votee, ii faut qu'elle ait l'assentiment du roi et des
deux Chambres. Aucune loi ne peut etre soumise a la sanction
du roi avant d'avoir eté discutee et acceptée par la majorité des
deux Assemblées.
Chacune d'elles et le roi ont le droit de presenter .des
projets de loi. Ce droit d'initiative tst complete par la pres-
cription suivante qui se rapporte a la loi des finances, car le
budget est vote en Roumanie aussi sous la forme d'une loi
des finances:
«Chaque loi relative aux recettes et aux dépenses de l'Etat
ou du contingent de l'armée doit etre tout d'abord votée par
la Chambre des deputes.»
Le ministre de la Justice promulgue les lois. 11 est en
meme temps garde du grand sceau de l'Etat. 11 public chaque
année un recueil des lois et des reglements. Aucune
loi et aucun reglement n'est valable pour l'administration du
district et de la commune avant que cette publication ait eu lieu.
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50 La constitution et radministration
Le pouvoir executif est exercé par le r o i et ses m in istr e s.
Le roi est ainsi un facteur legislatif et executif.
Le pouvoir judiciaire est exercé par des arganes nommés
dans ce but. Les jugements des tribunaux sont executes au
nom du roi.
La Constitution parle tout d'abord du systeme de deux
Chambres en general. Les membres des deux Assemblées, la
Chambre des deputes et le Sénat, représentent le peuple. Leurs
seances sont publiques; elles peuvent etre déclarées secretes
dans certaines circonstances. Personne ne pent appartenir a la
fois aux deux Assemblées. Le sénateur ou le depute' qui est
nommé a un emploi rétribue par le pouvoir exécutif perd son
mandat de représentant du peuple. Cependant cette prescription .
n'est pas valable pour les ministres et les sous-secretaires d'Etat.
Les articles 47 a 63 parlent de la composition des deux
Chambres, de l'élection du president, du vote, de l'adoption des
projets de loi, du droit d'enquete judiciaire, de la possibilite de
modifier les projets presentes, du droit d'interpellation et de
petition, de l'immunité des deputes et sénateurs, des droits
d'administration directe des deux Assemblees, de la defense
d'intervention militaire dans les debats parlementaires, des con-
ditions a observer par la loi électorale, de la periode electorale
quadriennale, du reglement des indemnites parlementaires par
une loi spéciale.
Les deputes jouent un grand role en Roumanie. Autrefois,
ils etaient élus par circonscription en trois colleges électoraux
etablis d'apres le cens. La Constitution a définitivement sup-
prim é ce systeme electoral a trois degres, imité du systeme
prussien. Aujourd'hui existe le droit de vote e ga 1, dir ect,
o 1) li gatoi re et secr e t. Dans un Etat qui compte un
grand nombre d'i 11 ettr és, il n'est pas aussi facile d'exercer
ce droit que dans un pays dont toute la population sait lire iet
ecrire. Le vote des illettrés se fait d'une maniere ingenieuse.
Chaque bulletin de vote renferme le nom des candidats d'un
parti qui est muni d'une marque distinctive. C'est une image,
une etoile, une famille, etc., comnre embleme d'un parti qui
saute aux yeux. L'electeur qui ne sait ni lire ni écrire exprime
sa volonté en appliquant un timbre sur la liste des candidats
qui lui plaisent. Le droit de vote est obligatoire et chacun est
oblige de deposer un bulletin dans Fume. La loi électorale fixe
thus les autres details.
Le droit electoral passif depend de quatre con-
ditions. Celui qui veut etre elu doit:
10 Etre citoyen roumain;
20 Posséder et exercer ses droits civils et politiques;
30 Avoir 25 ans accomplis;
40 Avoir son domicile en Roumanie.

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Les partis politiques 51

D'apres une stipulation de la loi administrative, l'eligible


doit savoir lire et écrire.
La lutte electorate a generalement un caractere tres pas-
sionné. La nature particuliere des partis en est la cause.
La Roumanie ne possede pas de partis politiques, tels qu'on
en trouve dans les pays de l'Europe centrale ou occidentale,
fondes sur des traditions, sur des interets de classe nouveaux
ou anciens et exprimés dans un programme d'idees. Dans un
pays jusque-la essentiellement agricole, aucune grande diffe-
rence economique ne pouvait creer des partis. II existait, ii
est vrai, des differences sociales. Les revolutions des paysans
n'avaient cependant pas la force capable de former des partis.
El les n'amenerent que des tensions interieures qui ne se mani-
festerent pas en organisations sociales. Les conditions nécessaires
a la formation des partis modernes manquent donc en Roumanie.
Les conservateurs et les liberaux sont pint& des camps poli-
tiques divers que des creations sociologiques caracterisées par
la difference de leurs intérets.
Les Roumains sont un peuple jeune, au point de vue poli-
tique; ils commencent maintenant a donner a la formation
des partis un caractere social. La creation du par ti des
paysans est un nouveau facteur qui entre dans l'ancienne
structure politique tres peu diverse. Son fondateur, Pins-
tituteur Jon Mihalache s'est servi des syndicats ruraux; a l'aide
du suffrage universel, egal et direct, il a fait entrer un grand
nombre de paysans au Parlement en 1919. Le second parti
qui s'est introduit avec son caractere moderne dans l'ancienne
constellation est le ,p arti socialist e. II est limité aux
grandes villes. Fondé en 1910, et cornpletement opprimé par
les classes dominantes, ii n'a pas encore pu se développer. Ses
deputes furent arretes et emprisonnes en 1921 lorsqu'ils lance-
rent un manifeste dans le but d'adherer a la 3e Internationale.
En hiver 1920, un attentat a l'aide de bombes eut lieu contr.&
le Sénat. Les socialistes avaient mis en scene la greve generale
parce que la journee de huit heures leur avait eté refusee;
mais comme ils ne pouvaient pas s'appuyer sur une
forte organisation, elle échoua et mit le parti dans une
grave situation. Les chefs furent arretes et les hommes
de confiance des ouvriers furent condamnes. Ils deposerent
alors leur mandat. La greve finie, le gouvernement annonça
la prolongation de la journée de travail de 9 a 10 heures. Ces
fautes ont fait que le socialisme ne joue pas un grand role en
Roumanie. Thoma Dragu, dans l'ancienne Roumanie et Gri-
gorovici de Czernovitz sont presquf4 les seuls chefs que le
parti ait gardes. Les autres, comme Christescu et Dobro-
geanu-Gherea sont devenus communistes. Une fraction de ce
4*

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52 La Constitution et Padministration

parti fut dispersee par des soldats et ses chefs furent arretes
au moment oa ils proclamaient l'adhesion a la 3e Internationale.
L'organisation communiste fut ainsi aneantie.
Les partis politiques de la Roumanie se groupent de la
maniere suivante:
10 Les liberaux (Bratianu);
20 Les conservateurs progressifs (Marghiloman);
30 Le parti national (Julius Maniu et Vaida Voevod);
40 Le parti des paysans (Mihalache, Lupu et Stere);
50 Le parti populiste (Averescu);
60 Les democrates nationaux (Jorga);
70 Les socialistes (Thoma Dragu).
Ces partis se concentrent sur des p ersonn es et non sur
des programmes. II arrive meme que le chef de parti représente
lui-meme le programme. C'est le cas de Pierre Carp autour
duquel se groupent les carpistes; du démocrate conservateur
Take Jonescu avec le groupe des takistes. A la mort de son
chef, le parti des takistes s'est reuni an parti national. Par
contre, le parti des paysans possede un programme bien de-
fini; le parti liberal aussi. Ces deux partis se distinguent des
conservateurs par leur attitude dans la question agraire: les
liberaux sont adversaires, les conservateurs partisans de la grande
propriete. Dans le domaine de l'industrie, les liberaux recomman-
dent et encouragent l'industrialisation a l'aide de mesures utiles
et de droits protecteurs; les conservateurs par contre representent
davantage l'interet agricole des exportations libres et sont scep-
tiques quant au développement de l'industrie. En matiere de
politique exterieure, les conservateurs etaient du côte des puis-
sances centrales avant la guerre. Ils se diviserent en trois groupes
quand la guerre éclata et qu'il fallut decider si la Roumanie devait
se mettre du côte des puissances centrales. A la tete de Pun
d'eux se trouvait Carp. Il demandait la guerre aux côtés de l'Alle-
magne. A la tete de l'autre etait Marghiloman, partisan d'une
neutralite bienveillante. Le troisieme groupe avait pour chef
Nicolai Filipescu; ii n'était pas germanophile et se trouvait
du côte de la France et des Allies. Apres la victoire, ils perdirent
une grande partie de leurs partisans. Ils se réunirent au parti
populiste a la mort de leur chef Marghiloman (1925). Leurs or-
ganes sont: La Politique et Steagul (L'Etendard). Leur or-
ganisation n'est point rigide, et on ne peut la comparer a celle
des iibéraux qui possedent la meilleure organisation politique
et la plus grande puissance economique. Celle-ci s'appuie sur
les syndicats de credit. Derriere elle sont les grands capitaux
des banques du pays. Les libéraux ont contribué a la fondation
de la Banque Nationale qui a le privilege d'émettre les billet;
elle a pris la succession de la Banque austro-hongroise a des

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Les partis politiques 53

conditions avantageuses. La Banca Rornaneasca est une entre-


prise du parti liberal. C'est la banque privée la plus in-
fluente; elle a un réseau de succursales dans l'ancien royaume
et dans les territoires recouvres. II faut ajouter presque tous les
autres Instituts financiers importants. Viitorul (L'Avenir) et
l'Indépendance roumaine sont les organes politiques principaux
de ce parti qui compte plus des deux tiers de tous les mandats.
Ces journaux jouent un grand role dans la vie publique de la
Roumanie.
Les democrates conservateurs, qui formaient le
parti de feu Take Jonescu, se sont réunis en grande partie au
parti national transylvanien; il a pour chef Manius.
Le parti populiste du general Averescu, qui a eté forme
en 1918 par la liga poporului, est le groupernent d'un certain
nombre de personnes autour d'une personne. Apres l'effondre-
ment le la Roumanie, ii avait pour objet de constater les re-
sponsabilités du malheur national, de punir les coupables et
de faire des réformes radicales dans Padministration et Pagri-
culture. Sa politique est représententée par l'Indreptarea
(L'Amelioration).
Le parti des paysans gagna en influence a mesure que
le parti populiste perdait de l'importance et de la puissance. Ses
membres se nomment zaraniste s. Ils ont de nombreux
partisans dans les nouveaux territoires. Ses organes sont la
Tara Nona (Le Nouveau Pays) et l'Aurora (L'Aurore).
Les démo crates nation aux sont peu importants. Ils
se groupent autour de Jorga, l'historien roumain bien connu.
En 1925, a eu lieu la coalition du parti national, des démocrates
nationaux et des zaranistes sous la direction de Jorga, ,qui est
le promoteur de cette fusion.
Le professeur Cuza a Jassi est le représentant de la direction
nationaliste antisémite. Ses partisans sont appelés cuzistes.
Il defend l'idée que les juifs sont un corps étranger en Rou-
manie. II faut les expulser et les envoyer a Ouganda en Afrique.
En Palestine, on fait une injustice immense en donnant aux
juifs des territoires qui appartiennent aux Arabes. L'organe
de cette direction est le Neamul românesc.
II est caracteristique qu'il n'y ait pas de parti moyen en
Roumanie. 11 manque un parti du centre qui rapproche, qui
balance les forces entre la droite et la gauche. Le parti populiste
est le plus propre a remplir cette fonction.
Un autre caractere des partis roumains est qu'ils se trou-
vent tous, meme ceux orientes vers la droite, sous la contrainte,
de Pi dee demo cr atiqu e. Le parti a orientation tout a
fait conservatrice ne s'appelle pas uniquement conservateur; il
s'efforce de s'adapter aux idées modernes a l'aide d'une epi-

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54 La Constitution et l'administration

thete democratique. De la la denomination de démocrates con-


servateurs qu'avaient adoptee les conservateurs avant leur reu-
nion au parti national et de progressistes conservateurs comme
s'appelaient les partisans de Marghiloman.
Les libéraux sont le parti dominant de la Roumanie. Leur
chef, Jon C. Bratianu ainé, gouverna avec une courte inter-
ruption de 1876 a 1888. Le regne si long d'un parti est unique
dans la vie politique de la Roumanie. En 1888, le ministere fut
renversé a la suite de troubles sanglants fomentes par les
partis de l'opposition. En 1889, un ministere de coalition (lib&
raux, dissidents et jeunes conservateurs) fut forme. Ce parti
n'etait pas bien organise. Les cabinets de Lascar Catargiu, du
general Florescu, du general Manu, etc. se suivirent. En 1891
mourut le vieux Bratianu. Dimitrie A. Sturdza, puis Aurelian
prirent la direction du parti liberal. Le parti conservateur re-
vint au pouvoir. Pendant quelques années, son chef Lascar
Cartagiu, qui avait déjà forme un ministere, fut le chef du gou-
vernement. A sa mort (1899), G. Gr. Cantacuzino, appelé Nababul
(nabab) a cause de ses richesses, fui succeda a la tete du parti.
Pierre Carp, chef des junimistes (jeunes conservateurs) le rem-
placa pendant la grande crise de la Roumanie en 1900. Des
luttes eclaterent de nouveau, plus tard, dans le parti conserva-
teur A propos de la presidence; ils amenerent une nouvelle
separation entre les junimistes et les vieux conservateurs. Pen-
dant que les conservateurs étaient au pouvoir avec Cantacuzino,
la Roumanie, et ce qui est plus important, tous les Roumains,
célebrerent le millenaire de la romanisation de la Dacie par
l'empereur romain Trajan (806). A l'occasion de cette fête eut
lieu a Bucarest une grande exposition industrielle a laquelle
participerent les Roumains du Banat, de la Transylvanie et de
la Bukovine. Cette exposition était rceuvre du parti conser-
vateur. L'annee d'apres, en 1907, un soulevement sanglant des
paysans eclata en Roumanie, A la suite duquel le ministere con-
servateur démissionna. Les libéraux réussirent a etouffer la
révolte. De nouveau les conservateurs étaient au pouvoir sous
la direction d'un autre junimiste Maiorescu lorsque la guerre des
Balkans éclata. Son ministere fut de courte duree. Les libéraux
etaient a la tete du gouvernement avec Bratianu quand vint Ja
grande guerre. La Roumanie observa une attitude réservee sous
leur direction.
En 1917, Bratianu se retira lorsque les Roumains durent
signer un armistice. Le general Vaitoianu lui succeda; mais ii
fut bientôt remplacé par un ministere de coalition des partis
démocrates nationaux avec le Transylvanien Vaida Voevod
comme president, en septembre 1919. Averescu, le general
populaire et le capitaine heureux, prit sa place en mars 1920;
puis vinrent au pouvoir Take Jonescu et Jon Batianu en 1922.

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Le Sénat 55

Revenons a present a l'organisation de l'autorite publique


dans les deux Assemblées. Nous avons déja parle de la Chambre
des deputes et des elections legislatives. Nous avons vu que la
nouvelle Constitution a établi des conditions determinees pour le
droit de vote passif. Les conditions d'éligibilité au Senat
sont les memes qu'a la Chambre, avec cette difference que la
limite d'age a eté portee de 25 a 40 ans. Le Sénat doit Ore
compose de personnes âgées et experimentees.
Les senateurs sont elus, mais en partie seulement. Ceux
qui les nomment sont divises en divers groupes :
10 Un certain nombre de sénateurs sont nommes par toute
la population au suffrage obligatoire, egal, direct et secret.
20 Un college forme des conseillers municipaux et de district
nomment un sénateur par district, en tout 76 senateurs, car les
districts sont au nombre de 76.
30 Les Chambres de commerce, d'industrie, de travail et
d'agriculture se réunissent en colleges sépares et nomment cha-
cune un sénateur, pris dans leur sein, par circonscription elec-
torale.
40 Les Universites du pays enfin nomment chacune un
sénateur, pris dans leur milieu, et elu par les prof esseurs.
Le Senat est donc compose de membres elus par tous les
citoyens, par les organisations professionnelles principales et par
les grandes Ecoles, les Universités du pays.
Outre ces membres élus du Senat, la Constitution en a cree
un second groupe qui ne sont pas élus, mais qui sont sena-
teurs eo ipso, en vertu de leur haute situation dans l'Eta t et
l'Eglise.
Ces membres sont:
a. Le prince royal a partir de sa 18e année, mais il n'aura
voix deliberative qu'à partir de sa 25e armee.
b. Le métropolitain du pays.
c. Les eveques de l'Eglise orthodoxe roumaine et de l'Eglise
catholique grecque, pourvu qu'ils aient été nommés con-
formement aux lois de l'Etat.
d. Les chefs des confessions reconnues par l'Etat, a raison
d'un par confession, pourvu qu'ils aient ete nommes
conformernent aux lois de l'Etat et qu'ils representent
plus de 200 000 croyants; puis le premier représentant
religieux des musulmans du royaume.
e. Le president de l'Academie roumaine.
Le mandat de ces senateurs cesse avec la qualite ou la
dignite qui leur avait confere ce droit.
Un tr o is i em e groupe de sénateurs enfin est forme par
ceux qui, en vertu de la loi, ont droit a un siege au Sénat.

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56 La Constitution et l'administration

Ce sont:
a. Les anciens presidents du conseil qui ont eté quatre ans
en fonction; les anciens ministres ayant au moins passé
six ans dans un ou plusieurs ministeres.
b. Les anciens presidents des Assemblees Iegislatives qui
ont rempli cette dignité dans huit sessions ordinaires au
moins.
c. Les anciens sénateurs et deputes qui ont été elus a dix
legislatures quelle qu'en soit la durée.
d. Les anciens premiers presidents de la Cour de cassation
qui ont rempli cette fonction durant cinq ans.
e. Les generaux de reserve et les genéraux en retraite.
Ceux qui ont eu un commandement militaire devant Pennemi
au rnoins pendant trois mois.
Ceux qui ont rempli les fonctions de chef du grand etat-
major ou d'inspecteur general de Parmee en temps de paix
pendant quatre ans au moins.
Le nombre des senateurs de la seconde categoric sera, de
quatre au plus, d'apres Panciennete.
f. Les anciens presidents des Assemblees nationales a Chis-
nau, Czernovitz et Alba-Julia qui ont proclamé la reunion.
La Constitution prend des dispositions a Particle 74, pour
que des erreurs éventuelles puissent etre corrigées, en destinant
qu'un dernier examen ait lieu, de par la loi, des conditions a
remplir par les senateurs. Cet examen sera fait par une com-
mission spéciale, composée des presidents de section de la Haute
Cour de cassation et de Justice sous la presidence du premier
president.
La Constitution roumaine connait encore, outre la Chambre
des deputes et le Senat, un troisiem e organe qui n'existait pas
jusque-là; le Conseil législati f. Il prepare les lois et les
coordonne, c'est-a-dire qu'il veille a ce qu'elles s'adaptent entre
elles et ne renferment pas de contradiction. Son activite s'etend
sur toutes les lois, soit qu'elles emanent du pouvoir executif
ou de l'initiative du Parlement. II participe aussi a Pelaboration
du reglement general pour l'application des lois.
Tous les projets de loi sont étudies par cet organe, la Joi
de finances exceptee. Cependant le Senat et la Chambre des
deputes peuvent discuter et voter les projets si ce corps con-
sultatif n'a pas remis son rapport dans un certain delai legal.
Une loi speciale regle l'organisation et le travail de ce con-
seil qui est entre en activite le ler janvier 1926. Elle a paru
dans le No 46 du Monitorul oficial, le 26 février 1926.
Le Conseil législatif travaille a Pelaboration, a la coordi-
nation des lois et des reglements généraux nécessaires a leur

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Le Conseil législatif 57

execution. Le pouvoir legislatif et le pouvoir executif sont


obliges de lui demander son avis sur thus les projets de lois con-
stitutionnelles ou ordinaires, excepte sur ceux relatifs aux cre-
dits budgetaires. Le pouvoir exécutif a le meme devoir vis-a-
vis des reglements concernant l'exécution des lois.
Le Conseil legislatif a les a ttr i buti ons et les obliga -
tio n s suivantes:
10 11 étudie les questions qui lui sont soumises dans leurs
relations avec les doctrines de la jurisprudence, de la juridiction,
de l'histoire, de la jurisprudence comparée et les necessités
qu'exige la legislation.
2° II fait les etudes préparatoires pour élaborer les projets
de loi, les reglements et les motifs des lois.
3° Il examine les projets de loi, les reglements generaux
élabores par le gouvernement, les deputes ou les sénateurs et
propose les modifications gull juge utiles.
40 Il catalogue et examine les codes, les lois, les decrets de
lois, les ordonnances et les dispositions d'exécution en vigueur;
il attire Pattention du pouvoir exécutif et du pouvoir législatif
sur Pabrogation ou la modification des lois qui ne sont plus
actuelles, qui ne sont plus d'accord avec les principes consti-
tutionnels, qui peuvent donner lieu a des confusions, a des contra-
dictions et qui ont besoin d'etre modifiées et unifiees.
50 II suit la juridiction des cours de cassation, celle des
autorités civiles, militaires, religieuses, de la science, des finan-
ces, de l'industrie, du commerce, attire Pattention du pouvoir
executif sur Pinterpretation et Pexecution des lois et propose les
abrogations et modifications necessaires.
60 II conserve une copie des originaux des lois votees par
le Parlement, des décrets de sanction, des promulgations de lois
et de reglements generaux, surveille leur publication dans le
Moniturol oficial.
7° II assure la publication du recueil des lois et reglements
conformement a l'article 37 de la Constitution et en general
la publication des editions officielles des lois et reglements, des
motifs et travaux preparatoires qui peuvent servir a l'inter-
prétation des lois.
8° Il entretient des relations avec les institutions analogues
de Petranger, avec les instituts, les associations d'études juridi-
ques, economiques et sociales du pays et de l'étranger, ras-
semble a temps les materiaux nécessaires pour faciliter le travail
législatif et remplir sa mission.
9° II surveille l'administration de l'imprimerie du Conseil
legislatif et publie chaque année en langues roumaine et fran-
caise un bulletin d'études et de travaux legislatifs.
Le Conseil législatif est adjoint au ministere de la Justice.

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58 La Constitution et radministration
II se compose de membres permanents et inamovibles,
nommés par le ministre de la Justice, par decret royal; de mem-
bres t emp or air e s, c'est-A dire de personnes compétentes, nom-
mées sur la decision du ministere de la Justice et dont la col-
laboration est accidentelle; enfin de rapporteurs possedant
le titre de docteur, ayant fait des etudes juridiques, économi-
ques et sociales et servant d'assistants.
Le Conseil legislatif comprend trois sections:
La lere section est competente dans le domaine du droit
public en general, du droit constitutionnel et du droit ad-
ministratif.
La 2e section a dans sa competence le droit privé avec toutes
ses branches, le droit civil, le droit commercial, le code de
procedure, le droit privé international et l'uniformisation des
codes.
La 3e section est competente dans la juridiction sociale, eco-
nornique et financiere (industrie, commerce, agriculture, travail,
domaines, finances, communications, sante publique, assurances,
assistance publique, syndicats, etc.).
Les bureaux du Conseil legislatif sont dirigés par un seer&
taire general.
Les fonctions de conseiller sont incompatibles avec celles de
depute et toute autre fonction reposant sur l'election ou la no-
mination, avec les professions libérales, avec l'emploi de direc-
teur ou administrateur d'une sociéte privée.
La commission qui existe au ministere de la Justice pour
l'uniformisation des codes est rattachée au Conseil legislatif.
La Constitution s'occupe tout au long du roi. Sa puissance
en Roumanie est beaucoup plus grande que celle des monarques
en Angleterre ou en Hollande. Le roi est un facteur de la legis-
lation et, par son veto, il fait échouer une loi.
Le pouvoir constitutionnel du roi est heréditaire dans la
ligne male, dans l'ordre du premier-ne, A l'exclusion continue des
femmes et de leur descendance. Les descendants seront éleves
dans la religion orthodoxe d'Orient. L'article 78 de la Consti-
tution regle la succession au tr8ne dans le cas oh le roi n'a pas
de descendant male. Les possibilités sont nombreuses et souvent
difficiIes a régler. La royaute passe au frere ainé du roi ou .A
ses descendants si le roi n'a pas d'heritier. II designe lui-meme
son successeur pris dans l'une des familles européennes, avec
l'assentiment de l'Assemblee nationale, si aucun de ses freres ou de
leurs descendants n'est plus en vie, ou s'ils refusent d'accepter
le trône. Nous avons déjà vu, dans la partie historique, que la
solution de cette question est en correlation avec les querelles
de rivalites des familles dominantes du pays. D'apres la Consti-

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Le roi 59

tution, tous les emplois de l'Etat doivent etre occupes par des
Roumains; le poste supreme fait une exception. Le trône est
vacant s'il n'y a pas de pretendant du côte des freres du roi
ou de leurs descendants et si le roi refuse de nommer son
successeur. Dans ce cas, le Senat et la Chambre des deputes se
réunissent en assemblee, sans convocation spéciale, dans
l'espace de huit jours au plus et élisent au scrutin secret un
roi choisi dans une dynastie souvraine de l'Europe occidentale.
Dans l'intervalle, trois personnes choisies par les deux Assem-
blées réunies exerceront par interim le pouvoir royal. Lorsque
le roi meurt, l'exercice du pouvoir royal constitutionnel appar-
tient au Conseil des ministres en fonction, au nom du peuple
roumain, jusqu'à la prestation de serment de son successeur.
Le r o i est majeur a l'âge de 18 ans. En montant sur le
trône,ilprête ser ment a la Constitution devant les Assem-
blees réunies. Voici le texte du serment: «Je jure de veiller a
la Constitution et aux lois du peuple roumain, de proteger ses
droits nationaux et l'intégrite de son territoire.» Le roi peut
nommer avant de mourir un conseil de regence compose de trois
personnes avec l'assentiment de l'Assemblée nationale et dans
les formes prescrites par la Constitution lorsque le successeur
au trône est encore mineur. Ce conseil de régence est chargé
de la tutelle du successeur mineur. Les deux Assemblees ont
le droit de nommer ce conseil si le roi ne l'a pas fait.
Si le roi est mis dans l'impossibilite de regner par la maladie
ou pour une autre raison, les ministres convoquent les Assem-
blees apres avoir constaté cette impossibilite selon la loi. Elles
nonunent le conseil de régence qui exerce aussi la tutelle. Pen-
dant la duree de ses fonctions, la Constitution ne peut pas etre
modifiée.
Le roi ne peut pas etre en meme temps le chef d'un
autre Etat sans l'assentiment des Assemblées. Une union per-
sonnelle telle que le gouvernement hongrois l'a proposee au roi
Ferdinand, qui l'a repoussée, apres la tentative du roi Charles
en 1921, n'est done possible qu'avec l'assentiment du Parle-
ment; les deux tiers des membres au moins doivent etre pre-
sents. La decision doit etre votee par les deux tiers des mem-
bres presents.
La personne du roi est inviolable. Tous ses actes officiels
doivent etre contresignés par un ministre. Cette prescription dit
que le ministre est responsable des actes du roi. C'est ab-
solument ce qui se fait dans le systeme parlementaire.
Le roi nomme et renvoie les ministre s. Lorsque le
ministere se retire, le president du conseil se rend chez le roi
et présente la demission du cabinet. Le roi l'accepte ou refuse
de l'accepter. Dans le premier cas, ii prie le president de rester

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60 La Constitution et l'administration
en fonction avec ses collegues jusqu'a la formation du nouveau
cabinet.
Le roi confere alors géneralement avec les presidents de
deux Chambres et avec les chefs des partis. H entend leurs
propositions et fait appeler le citoyen auquel ii croit pouvoir
confier la formation d'un nouveau cabinet. Si celui-ci accepte,
il est oblige de presenter au roi, le plus vite possible, la Este
des ministres. Si le roi ne l'approuve pas entierement, ii faut
remplacer les noms qui ne lui plaisent pas par d'autres. La liste
étant complete et les ministres nommés, le president du conseil
demissionnaire contresigne le décret de nomination et les nou-
veaux ministres pretent serm en t au roi sur la Constitution.
La formation du cabinet en Roumanie ne se distingue en
rien de la formation du cabinet en Angleterre et dans les autres
pays constitutionnels.
Le roi est encore, comme nous l'avons vu, un facteur
le gis latif: ii confirme et promulgue les lois. II a le droit
de refuser leur confirmation. Dans ce cas, la loi n'existe pas.
Il a le droit de grace dans les affaires politiques.
Ii peut en outre remettre ou reduire des peines, excepte
celles qui sont prononcees contre les ministres. Ii ne peut pas
les amnistier.
Par contre, ii n'est pas autorise, comme la Constitution le
constate expressément, a intervenir dans la marche d'une proce-
dure legale, d'en suspendre la decision ou de s'ingérer d'une
fac.on quelconque dans l'administration de la justice. L ' i n -
dependance complete d es tri bun aux est ainsi garantie.
11 promulgue les prescriptions d'application des
lois nommees reglements. Mais ii n'a pas le droit de modifier
les lois, de les suspendre, ou de dispenser quelqu'un de les
executer. La Constitution met des bornes a la puissance royale.
Le roi est le chef de l'armée et le commandant supreme.
H confere les charges militaires, selon les lois, et les decorations.
II a le droit de battre monnaie.
11 négocie des tr ait es avec les Etats étrangers, traites
de commerce et conventions maritimes, etc. Cependant, pour
etre valables, ils doivent etre ratifies par le pouvoir législatif.
La liste civil e est fixée pour toute la duree de son
regne. Une loi speciale regle la liste civile du premier roi des
Roumains reunis.
Le roi convoque chaque annee le Sénat et la Chambre des
deputes s'ils se réunissent avant le 15 octobre. Cependant, ii
est de regle qu'ils se rassemblent d'eux-memes a cette date,
sauf si le roi les convoque plus tot. La duree de la session est
de cinq mois et celle de la legislature de quatre ans. La session est

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Les ministres 61

ouverte par un discours du trône auquel repondent les Assem-


blees. Le roi en prononce la cloture. Il a le droit de convoquer
les Assemblees en session extraordinaire, de les dissou dr e
toutes les deux, ou l'une d'elles seulement ou de les p r o -
roge r. Cependant la prorogation ne doit pas dépasser un mois.
Une seconde prorogation ne pent avoir lieu pendant la meme
session sans l'assentiment de l'Assemblee. Le roi n'a pas d'autres
pouvoirs que ceux que la Constitution lui confere.
A côte du roi, ii y a les ministr es qu'il nomme. Ils
forment le gouvernement et exercent le pouvoir exécutif en
son nom.
Les ministres reunis composent le conseil des ministres on
le cabinet. Le president du conseil est charge par le roi de le
presider.
Leur activite s'exence dans des ressorts determines; on ne
pent en supprimer ou en creer de nouveaux que par une loi.
Il en est de meme des ressorts des sous-secrétaires d'Etat.
Actuellement, l'administration centrale est composée des mi-
nisteres suivants: les Finances, l'Intérieur, les Affaires etrangeres,
le Commerce et l'Industrie, les Travaux publics, les Cultes et
les Beaux-Arts, l'Instruction publique, l'Agriculture, le Travail et
la Névoyance sociale, la Guerre, la Justice, les ministeres de la
Bessarabie, de la Bukovine, de la Transylvanie et des minorites.
Les ministres sans portefeuille des nouveaux territoires
sont charges des relations avec les bureaux compétents a
Bucarest.
Chaque ministere se compose d'un certain nombre de b u -
r eaux dans lesquels travaillent des 'employes sous la direction
d'un chef de bureau. Ils etudient les faits pour informer le
ministre, preparent les decisions, les decrets et travaillent les
questions techniques et de comptabilite. Plusieurs bureaux for-
ment une direction dirigée par un directeur. Celui-ci exe-
cute les affaires que lui confie le ministre et signe les pieces.
Au-dessus de lui est le s e cr etaire genera 1. Il vient imme-
diatement apres le ministre et decide toutes les questions qui ne
lui sont pas reservees ou qui ne sont pas confiees aux direc-
teurs. II signe toutes les pieces au nom du ministre s'il y est
autorise par écrit et si cette autorisation a paru dans le Journal
officiel.
Les ministeres possèdent en outre des cons eill ers et des
co mmissio ns qui secondent le ministre dans des questions
speciales. Les conseillers emettent des avis, les commissions ont
un certain droit de prendre des dispositions.
Le minis tr e est le chef de la branche administrative que
lui a confiée le roi. D'apres la Constitution, seul, le citoyen rou-
main ou qui est naturalise roumain pent etre ministre. Les mem-

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62 La Constitution et l'administration
bres de la famille royale sont exclus. Le ministre peut etre
membre du Senat ou de la Chambre des deputes. S'il ne l'est
pas, il peut néanmoins pendre part a la discussion des lois sans
avoir le droit de vote. Lors des discussions des Assemblees, la
presence d'un ministre au moins est necessaire. El les peuvent
du reste exiger la presence des ministres a leurs deliberations.
Les ministres sont responsables. Leur responsabilité est
triple: civil e, de droit crimine 1, politiqu e. La premiere
concerne les actes que le ministre commet hors de ses fonctions.
Elle ne se distingue en rien de la responsabilité des autres
citoyens. La seconde est relative aux infractions au code penal.
Politiquement, le ministre est responsable s'il signe seul ou avec
d'autres des decrets qui violent la Constitution ou les lois; s'il
empeche des citoyens dans l'exercice de leur droit de vote ou
s'il trompe les Assemblees législatives sur la situation des affaires
publiques au detriment de l'Etat. Tous ces délits peuvent etre
commis par des actes ou des omissions.
Lorsqu'ils commettent des delits, les ministres, en vertu
de la Constitution, peuvent etre mis en état d'accusatio n.
Chacune des Assemblees a le droit d'en demander la poursuite.
Seule, la Haute Cour de cassation et de justice est compétente.
Les ministres peuvent etre poursuivis devant d'autres tribunaux,
dans les plaintes civiles, pour des crimes commis hors de leurs
fon ctions.
La plainte peut etre deposee par les Assemblées legislatives
pour les delfts commis en fonction sous certaines garanties: elle
doit etre votee par les deux tiers des membres presents.
L'instruction est faite par une commission de cinq membres
de la Haute Cour de cassatio n. Ils sont tires au sort par
les sections réunies. La commission qualifie les delits commis.
et en decide la poursuite. Le procureur porte plainte. La loi sur
la responsabilite des ministres designe les cas de responsabilite
et les peines qui leur sont applicables. Lorsque le ministre a
signé un decret illegal et qui viole la Constitution, le parti qui
en souffre peut demander des dommages-interets en especes
pour le tort subi; on peut demander compte au ministre du
dommage réclame ou subi par l'Etat.
II nous reste a parler du pouvoir judiciair e. Il est
contenu dans le tres court chapitre IV au titre III et comprend
les articles 101 a 107.
En Roumanie une autorite judiciaire ne pent etre instituee
qu'en vertu d'une loi. Les tribunaux exceptionnels sont défendus.
«On ne pent créer de commissions et tribunaux extraordinaires
sous aucune denomination et pour aucune raison en vue de
certains proces civils ou criminels, ou pour juger certaines per--
sonnes (article 101, alinéa 2)».

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L'organisation judiciaire 63

L'organisation judiciaire de la Roumanie est reglee


par la loi du 14 avril 1925, parue dans le Monitorul oficial, sur
la simplification des dispositions des lois sur l'organisation des
tribunaux, les circonscriptions juridiques, la formation, les
fonctions des instances et le corps des huissiers.
Cette loi est un grand pas de fait vers l'unifi cation
de la justic e, car elle étend de nombreuses dispositions de
l'ancienne organisation judiciaire roumaine et du code d'instruc-
tion criminelle a tout le territoire du royaume et en introduit un
certain nombre de nouvelles.
10 Les tribunaux de district.
20 Les tribunaux de premiere instance.
30 Les cours d'appel.
40 Les cours d'assises.
50 La Haute Cour de cassation et de justice.
D'apres l'ancienne loi d'organisation judiciaire, il existait des
justices de paix pour les communes. Cette denomination a ete
remplacée dans la nouvelle loi par le nom judecatoriile ou tribu-
naux de district.
Les tribunaux de district se divisent en tribunaux
urbains, ruraux et mixtes, selon le caractere des communes du
ressort. Ils se composent d'un juge, d'un ou de plusieurs juges
adjoints, d'un ou deux greffiers et de plusieurs employes. Le
nombre et le siege de ces tribunaux se trouvent sur une liste
jointe a la loi. Les ressorts sont fixes par decret royal.
D'apres la nouvelle loi d'organisation judiciaire, il y aura
un tribunal de premiere instance dans chaque chef-
lieu de district. Son ressort s'étend sur les circonscriptions des
tribunaux de district figurant sur la liste ajoutée a la loi. II
comprend une ou plusieurs sections. Chacune d'elles a un
president, deux juges deliberants, un ou deux suppléants, un ou
plusieurs greffiers, greffiers adjoints et employes. Chaque tri-
bunal aura en outre un nombre suffisant de juges qui seront
délégués comme juges d'instruction, juges syndics, juges pupil-
laires. Un premier president sera nomme dans les tribunaux
ayant plusieurs sections. Le tribunal qui n'a pas de section
jugera toutes les affaires qui surviennent dans le ressort. Dans
les tribunaux a sections, le premier president repartira toutes
les affaires selon la loi et le reglement d'administration.
Le premier president repartit les juges entre les sections,
mais pour une armee seulement, au commencement de
l'année judiciaire, tandis que les juges d'instruction sont delegues
par le ministre de la Justice; leur delegation peut etre contre-
mandée sur un rapport du procureur general.
En principe, il existe pour tous ces tribunaux la juridiction
d'un seul juge, c'est-a-dire que toutes les affaires qui sont de

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64 La Constitution et l'administration
la competence du tribunal de premiere instance sont instruites et
jugées par un seul juge, tire au sort, chaque jour, avant les
deliberations et en presence d'un procureur. Cependant le tri-
bunal decide en colleges de deux juges les affaires pénales, 'les
affaires d'administration litigieuses, les faillites; il en est de meme
comme instance d'appel ou de pourvoi. Un troisieme juge est
appelé en cas de divergence d'opinions entre les deux juges.
Le ministre de la Justice peut envoyer dans d'autres services les
juges en surnombre par suite des nouvelles réformes; cette
disposition est en contradiction avec la Constitution qui garantit
aux juges leur situation.
Le tribunal de premiere instance qui avait jusque-là tenu le
cadastre le remet aux tribunaux de district. En outre les
procureurs et les juges d'instruction recoivent les attributions
d'officiers de police judiciaire, c'est-à-dire qu'ils ont
le devoir de découvrir les crimes et les delfts, de faire les pre-
mieres constatations sur les lieux et de traduire les malfaiteurs
en justice.
Ii existe des tribunaux speciaux, appelés cadiate s, dans
les districts de Tulcea, Constantza, Silistra, Bazargic. Ils doi-
vent juger les affaires d'apres la loi et les coutumes musulmanes.
Seules, les affaires relatives a l'organisation de la famille, a la
puissance des parents, aux mariages, divorces et heritages sans
testament sont portées devant ces tribunaux. Les cadiates sont
diriges par un cadiu (cadi) assisté d'un greffier. Le ministre de
la Justice nomme le cadi apres avis du mufti ou chef de la colonie
musulmane du district en question. II doit avoir étudié le droit
ou la theologie, etre de religion musulmane, citoyen roumain,
connaitre les lois et les coutumes mahométanes. Les Tures ne
payent aucun frais aux tribunaux; aussi est-il défendu aux cadis
de prelever des droits. Les parties peuvent interjeter appel au
tribunal de district contre le jugement du cadi.
Le nombre des tribunaux de deuxieme instance
(Curtile de apel) est de 12 pour tout le royaume; leur siege
est Brasov, Bucarest, Czernovitz, Chisinau, Cluj, Constantza,
Craiova, Galatz, Jassi, Oradia-:Mare, Timisoara, Targul-Mures.
Les Cours d'appel se composent d'un president, de cinq con-
seillers, d'un procureur general, d'un inspecteur judiciaire et
d'un conseiller chargé de presider la cour d'assises.
Le president de la premiere section a le titre et la compe-
tence du premier president de la Cour d'appel. Il est assimile a
un conseiller de la Cour de cassation des sa nomination. Au
commencement de chaque année judiciaire, le premier president
d'accord avec le president de la section 'répartit les conseillers
dans les differentes sections de sorte que le meme conseiller
n'exerce pas plus de deux ans de suite les memes fonctions
dans la meme section.

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L'organisation judiciaire 65

Dans chaque Cour d'appel, la Chambr e des mis es


en accusation (Camera de punere sub acuzare), composée
de trois conseillers, decide, apres avis du procureur, si une action
sera intentee contre un accuse.
Elle tient des seances si cela est necessaire. Ses travaux se
rangent avant ceux des debats.
Les sections de la Cour d'appel ont une competence generale
dans tous les domaines.
Les Cour s d'assis es sont instituees pour toutes les
causes criminelles, pour tous les délits politiques et delits de
presse, excepté ceux qui sont mentionnés a l'article 26 de
la Constitution. II s'agit de certains cas que la Constitution:
excepte.
Un conseiller de la Cour d'appel preside la Cour d'assises;
il est assiste de deux assesseurs tires au sort parmi les
juges du tribunal de premiere instance. Le procureur general
ou son remplacant, le premier procureur ou un autre procureur
delegue par le procureur general soutient l'accusation devant les
jure& Une ordonnance d'exécution fixera les details, l'époque
laquelle les sessions ordinaires des Cours d'assises auront lieu
et l'ordre dans lequel la Cour d'assises fonctionnera dans chaque
district du ressort de la Cour d'appel. Le ministre de la Justice
a le droit, au besoin, de prolonger les sessions ordinaires des
Cours d'assises, de fixer des sessions extraordinaires ou de de-
clarer permanente une Cour d'assises.
La cour supreme est la Cour de cassatio n. Elle a pour
mission de casser les jugements des plus hauts tribunaux; le
proces est alors renvoye a une autre cour. Elle a trois pre-
sidents et comprend plusieurs sections. Sa mission est de
verifier si les lois sont conformes a la Constitu-
tion. Les lois qu'elle declare en contradiction avec la Con-
stitution ne sont pas applicables. Cependant son jugement de
non-conformite des lois est limité au cas a juger. La loi reste,
meme si elle est contraire a la Constitution. Si la Cour de cassa-
tion l'abrogeait, elle se placerait au-dessus du Parlement qui
seul a le droit d'abroger des lois. Cette haute cour decide
en outre les co n f lits de competence. Elle decide de
la competence des tribunaux quand celle-ci est douteuse.
Le ministere public ou parquet est un chainon
particulier de cette organisation judiciaire. Pres de la Cour
de cassation, il est forme d'un procureur general et de cinq
procureurs; pres des Cours d'appel, d'un procureur general et
d'un procureur de chaque section. A Bucarest, ii y a un pro-
cureur de plus que le nombre des sections. Pres des tribunaux
de premiere instance, il existe un premier procureur, s'il y a des
sections; pres des tribunaux qui n'en ont pas, il existe seulement
un procureur, un suppléant, des secretaires et des greffiers.
5

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66 La Constitution et radministration
Les huissiers forment le dernier chainon de l'organi-
sation judiciaire. Ils sont charges pres des tribunaux de premiere
instance et des tribunaux de district de l'exécution du code de
procedure, des poursuites et executions ordonnées par la justice.
Un huissier peut exercer ses fonctions aupres de deux ou
plusieurs tribunaux. Dans chaque tribunal, il se trottve sous la
surveillance d'un huissier principal qui repartit les travaux. Le
nombre des huissiers est fixe par le ministre de la
Justice. doivent deposer une caution. Ils prélevent des
Ils
taxes pour les divers actes. La loi fixe leur instruction pre-
paratoire.
La Roumanie étant un Etat militaire, elle possede une
justice militaire independante a côté de la justice civile.
Une loi spéciale (article 106) l'a organisée. Le pouvoir judiciaire
n'a pas le droit de juger les actes de nature militaire du com-
mandant ni ceux du gouvernement. Celui-ci peut défendre des
journaux lorsqu'une insurrection eclate, par exemple, sans que
les personnes lésees puissent protester. Si elles intentent une
action contre lui, l'avocat du ministere fait valoir que la plainte
n'est pas recevable parce qu'iI s'agit d'un acte du gouvernement.
11 en est de meme des actes de nature militaire. Ces cas ne
ressortent pas aux tribunaux civils, mais aux tribunaux mili-
taires et sont juges d'apres le code militaire.
La Constitution regle enfin la juridiction administr a -
t i v e. Les tribunaux administratifs jugent les differends qui
eclatent entre les particuliers et les autorites ou entre les
autorités elles-memes. Un particulier peut etre lesé dans ses
droits par une autorité administrative de diverses manieres.
Ces cas sont mentionnés dans la Constitution: acte d'autorité,
mesures administratives qui transgressent les lois ou reglements,
requete negligée a laquelle on ne donne pas suite. On peut,
dans ces cas, s'adresser au tribunal administratif pour faire re-
connaitre son droit. II decide s'il y a acte illegal. Les organes
du pouvoir judiciaire peuvent alors l'annuler ou accorder des
dommages-intérets pour rétablir le droit lesé. Ils peuvent aussi
juger l'action en dommages-interets contre l'autorite administra-
tive defenderesse ou contre le fonctionnaire coupable.
Le pouvoir judiciaire n'est pas competent, comme nous
l'avons vu, dans les actes de service militaire.
Jusqu'a la publication des lois speciales fondees sur les
principes de la Constitution presente, les lois actuelles rela-
tives a l'organisation et au jugement du tribunal administratif
restent en vigueur (article 135).
La question des f in an c es est tres importante pour toutes
les constitutions. Elle est réglee dans les quelques articles du
titre IV de la Constitution roumaine. La plus grande partie du

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Les finances 67

travail a ete laisse a la legislation spéciale. Les prescriptions


detainees sur le budget, les credits, la competence du ministre
des Finances, etc. manquent. Seuls, les recettes et le contrôle
sont traités en detail. Les recettes sont basées sur les impOts.
La Constitution a établi le principe que tous les impôts ne
peuvent etre percus qu'en vertu d'une loi et pour le bien de
l'Etat, des districts, des communes ou des institutions publiques
qui rendent des services publics. On ne peut imposer aucune
charge au district ou h la commune sans son assentiment. ,Les
conseils de districts et les conseils municipaux doivent done
accorder les impOts imposes. Cependant, on ne dit pas dans
quelle mesure ils sont autonomes.
Le principe de la géneralite est valable pour tout
le systeme d'impôts. Tous les citoyens doivent etre traités de
la meme facon quant aux impositions; aucun privilege ne peut
etre accordé dans ce domaine.
L'Etat a le droit de créer des monopoles de produc-
tion ou de commerce, mais seulement en vertu d'une loi et
uniquement au profit de l'Etat, des districts ou des communes.
On peut accorder des pensions sur des fonds particuliers et
des indemnites extraordinaires aux frais de l'Etat en vertu
d'une loi seulement. Ces stipulations légales veulent éviter tout
bon plaisir dans les depenses des fonds de l'Etat.
La période budgetaire dure une armee. La Chambre des
deputes place les recettes en face des dépenses, fait le bilan .et
vote le budget. Lorsqu'il n'est pas vote h temps, les pouvoirs
publics sont autorises a faire des dépenses pour les bureaux
d'apres le budget de Pannee écoulee. Cependant celui-ci ne
peut pas etre employe plus d'une armee.
Le contrOle des depenses et des recettes forme en quelque
sorte la clef de voilte des droits constitutionnels du peuple. Elles
pourraient n'exister que sur le papier si leur existence veri-
table n'etait pas prouvée par un nouviel examen. Dans ce but,
iiexiste un organe de contrOle superieur, la Cour des
Compte s. Elle soumet chaque année a la Chambre des
deputes un rapport general resumant les reglements de comptes
et signale les irregularités commises par les ministres dans
l'emploi du budget. Elle doit lui presenter le reglernent dé-
finitif de chaque exercice dans l'intervalle de deux années au plus
tard apres sa cloture.
11 est prescrit que toutes les sommes provenant de diverses
caisses et dont dispose le gouvernement sous differents titres
soient inscrites dans le budget general afin que rien ne
puisse etre cache.
La publication de toutes les lois de finances a lieu comme
celle des autres lois administratives dans le Journal officiel.
5*

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68 La Constitution et radministration
Le titre V de la Constitution traite de l'armée. Seuls,
les points principaux ont été resumes. Ils concernent en premier
lieu l'obligation de servir. Chaque Roumain est un element
de l'armee. On ne fait aucune difference de race, de langue
ou de religion.
Les parties de l'armee sont:
10 L'armée active avec ses cadres permanents.
20 La reserve.
30 La milice qui comprend les vieilles classes.
La Roumanie dispose ainsi d'une armee nationale.
Les grades, decorations et pensions des rnembres de cette
armee sont inviolables. On ne peut les leur retirer qu'en vertu
d'un jugement et dans les cas prevus par la loi.
Chaque année, les deux Asseniblees legislatives votent Ie
contingent de l'armée permanente.
Outre le ministere de la Guerre, qui est charge de Pad-
ministration des affaires militaires, la Constitution a cree dans
l'article 122 un autre organe, le Conseil sup érieur de
la d ef ens e national e. 11 a pour mission de prendre les
mesures nécessaires h la defense du pays.
Enfin la Constitution prend des precautions pour qu'aucune
armee étrangere n'entre au service de l'Etat ou ne pénetre sur
le territoire de la Roumanie, excepte en vertu de la loi.
Le titre VI renferme quelques prescriptions gén é-
r ales qui completent les anciennes. 11 fixe les couleurs nationales
de la Roumanie: bleu, jaune et rouge dans l'ordre vertical.
Le siege du gouv ern em en t est dans la capitale.
Il a ete question de choisir Brasov (Kronstadt), qui a une situa-
tion plus centrale, h la place de Bucarest. Le transferement n'a
pas encore eu lieu.
La Ian gu e of fi ci ell e de la Roumanie est le roumain.
Toutes les deliberations officielles ont donc lieu en roumain
dans les territoires de langue allemande de la Transylvanie et de
la Bukovine; les ordonnances officielles sont publiées dans cette
langue.
Personne ne peut etre oblige de preter un serm ent
qu'en vertu d'une loi. La formule du serment est fixee par
la loi.
La Constitution ne peut pas etre supprimee en partie ou
entierement. Evidemment certains articles peuvent etre momen-
tanement suspendus. En cas de danger national, ils peuvent
etre suspendus si l'état de siege general ou partiel
est proclamé.
Sur la proposition du roi ou des Assemblées legislative$,
la Constitution peut etre révisée toute entiere ou partiellement,

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Les stipulations transitoires 69

car la vie politique et économique est sujette a des modifications.


Le titre VII renferme les prescriptions detaillées qui devront
etre observées a ce sujet.
Les stipulations transitoires et complementaires cliMurent
la Constitution. El les concernent en premier lieu les lois agraires.
Elks modifient fortement, comme nous le verrons plus loin, les
conditions de la proprieté. II était nécessaire d'inserer dans
la Constitution les prescriptions de ces lois pour les protéger
contre des modifications éventuelles. Nous en reparlerons A
propos de la repartition du sol.
La Constitution de la Roumanie est une exuvre animée de
l'esprit moderne. Elle doit servir de regle et de borne a la
legislation. L'essentiel est que son application apporte des
succes a la vie politique et economique. Un pays peut posséder
la meilleure Constitution sur le papier et s'en écarter dans la
pratique publique et administrative. L'esprit de cette Constitu-
tion doit se manifester dans son execution. Pour cela, ii ne
suffit pas de l'expliquer aux enfants sur les banes de l'école;
ii faut aussi que les fonctionnaires s'en penetrent.

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IV. La structure nationale de la population.
L'ancienne Roumanie etait un Etat de composition unie.
11 comptait 7 200 000 habitants (1912) dont plus de 92 0/0
étaient Roumains et 8 0/0 a peine appartenaient a d'autres
nationalités.
Gette proportion s'est modifiee apres la formation de la Grande-
Roumanie. L'acquisition de nouveaux territoires a fait de la
Roumanie un Etat de nationalites diverses ayant tous
les soucis et difficultés politiques que celles-ci entrainent.
L'ancien Etat ne les connaissait pas. Apres la guerre, une
foule de problemes nouveaux ont ete souleves, car parmi les
16 800 000 habitants du nouvel Etat, 5 000 000 appartiennent
a des nationalités étrangeres; c'est-h-dire 30 0/0 en chif fres ronds.
Aussi la q u e s t i o n d e s m i n o r i t é s est-elle devenue tres
importante.
Pour comprendre ce probletne, nous allons étudier la s t r u c -
t u r e n a t i o n a 1 e a l'aide de statistiques en nous arretant
sur les groupes principaux de la population.
D'apres les chiffres1 officiels, on comptait en :
Nouvelle Ancienne Total en 0/0
Roumanie Roumanie
Roumains 5 005 000 6 800 000 11 805 000 69,9
Magyars 1 518 000 50 000 1 568 000 9,3
Ukrainiens . . 792 000 792 000 4,7
Allemands . . 690 000 35 000 725 000 4,3
Juifs . . . . 600 000 300 000 900 000 5,3
Bulgares . 140 000 150 000 290 000 1,7
Bohemiens . . 60 000 225 000 285 000 1,7
Lipovaniens . 59 000 40 000 99 000 0,6
Polonais . . . 37 000 37 000 0,2
Turcs . . . 170 000 170 000 1,0
Divers . 196 000 30 000 226 000 1,3
9 097 000 7 800 000 16 897 000 100,0

Nous voyons par ce tableau que les 12 millions de .Rou-


mains en chiffres ronds foment la grande masse de la population.
Ils sont repartis dans tout le pays. La pureté de leurs carac-
1 Deutsche Tagespost Nos 99 et 100, année 1920.

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La langue 71

teres s'est conservee dans les campagnes; ils sont souvent


melés dans les villes. Les habitants des carnpagnes sont excessi-
vement conservateurs dans leurs costume s, leurs moeurs et
leurs coutumes. Les paysans ont leurs costumes nationaux. IN
different, il est vrai, selon la contrée, par la forme et la cou-
leur des broderies. Quelques-uns, en Bessarabie et sur les bords
du Danube, ont une certaine ressemblance avec ceux des Russes,
des Bulgares et des Turcs.
La Ian gue des Roumains appartient aux langues romanes.
Elle est homogene et n'a pas, comme les langues d'autres peu-
ples, de dialectes qui empechent les differents groupes du peuple
de se comprendre entre eux. Ainsi le paysan du Banat, par
exemple, peut facilement se faire comprendre d'un paysan bessa-
rabien. Néanmoins la langue roumaine renferme des provincia-
lismes. L'absence de dialecte s'explique par l'étendue du pays
qui n'est pas tres grande et par l'Age du peuple qui West pas
tres vieux; en outre son activité dans les diverses contrées
n'est pas tres différente, comme c'est le cas chez d'autres peuples.
Sa langue primitive, nee d'une langue dacienne romanisante, in-
fluencée par le slave, s'est developpée en une langue unique.
Dans d'autres langues, telles que les langues française et
italienne, ii existait des dialectes; parmi ceux-ci, l'un d'eux s'est
iransforme pour devenir la langue dominante. C'est le cas du
dialecte de la Toscane au commencement de la Renaissance.
On peut distinguer deux types parmi les Roumains: le
type noir et le type blond. Des transitions les reunissent. Le
sang slave et le sang germain ont créé le type blond; le sang
dacien et le sang roman ont crée le type noir. Le type blond
est en minorite.
Pic' decrit le type roman comme étant de taille bien pro-
portionnee, aux cheveux noirs, souvent frisés, aux yeux noirs
et ardents, au visage rouge brun, au nez fortement aquilin
et au menton court, de sorte que la partie inferieure du visage
parait assez ovale. On peut le placer a côte du type des
sculptures romaines, surtout des sculptures des types romains
de la Colonne trajane.
Cet éthnologue rencontra ce type dans le Banat, entre
Lugos et Orsova, puis dans le district d'Arad, en Bukovine oi
il put observer pendant un marché, A Radouc, dans le couvent
duquel est enterre Bogdan, quelques magnifiques tetes romaines
et quelques types romains prononcés, parmi la population des
campagnes. 11 raconte ensuite un fait bizarre: dans la jeunesse,
ce type n'est pas le meme; il a vu lui-meme Ides enfants aux
1 Jos. Lad. Pic: Zur rumanisch-ungarischen Streitfrage. Leipzig 1886,
pages 4 et 5.

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72 La structure nationale de la population
cheveux blonds parmi ses representants. «Fetais allé voir Petra
Turnu pres de Karansebes; je traversai plusieurs villages dont
la population montrait clairement les contours prononcés du
type en question (yeux, cheveux et moustache noirs, visage
rouge brun, nez legerement aquilin). Les enfants qui couraient
dans le village avaient les cheveux frises et blancs comme le
lin. Pourtant les Roumains me disaient que le soleil saurait bien
brunir leurs cheveux, ce que l'on pouvait constater sur les
autres enfants plus grands; car, plus ils étaient grands, plus
foncés étaient leurs cheveux. J'ai aussi remarque, exception-
nellement, dans cette contree, des yeux bleus et des nez droits.
Au nord-est de Lugos, dans la vallée de la Bistritza, vers les
Portes de fer, on trouve aussi des types blonds, aux cheveux plus
ou moins blonds, aux yeux souvent bleus, au nez droit, au
menton long, par suite du mélange slave.D
Par contre, la Moldavie et la partie septentrionale de la
Transylvanie montrent du sang dacien (des Daces romanisants)
melange au sang slave. «Lorsque je vis les premiers types .de
paysans, raconte Pic (page 10), dans la Moldavie meridionale,
je fus si &tonne le premier instant que, seule, la certitude d'etre
dans un territoire absolument roumain m'empecha de leur
adresser la parole en slave. Mon étonnement fut encore plus
grand a Czernovitz, oh je voulais etudier les types pendant le
marche sans connaitre les nuances des costumes locaux; car ni
mon compagnon ni moi nous ne pilment distinguer un Roumain
de naissance, du Ruthene, d'apres le type des Roumains. Nous
dimes nous approcher des paysans pour savoir quelle langue
ils parlaient avant de savoir avec sfireté a quelle nationalité ils
appartenaient. 11 fallait deviner tout le reste, au hasard.D
Les Roumains, comme les peuples slaves, sont extraordinaire-
ment féconds. Le chiffre des naissances depasse
certaines années 440/0o, c'est-a-dire qu'il y a 44 naissances
pour 1000 habitants. Dans des circonstances favorables, ce
chiffre monte jusqu'à 46, comme on le constate chez les Rou-
mains qui ont émigré aux Etats-Unis. Ils accusent le plus fort
chiffre des naissances parmi toutes les nations qui peuplent les
Etats-Unis. 11 faut dire aussi que la mortalité est tres grande
(jusqu'à 27°/00) a cause des conditions peu hygieniques dans
lesquelles vivent les enfants et du manque de médecins. Sages-
femmes et médecins manquent dans les villages roumains. Le
docteur 'Mirea Alexandre, médecin pratiquant de Bucarest, qui a
etudie les causes de la mortalite en Roumanie, en Allemagne et
en France, dit a propos de la haute mortalite en Roumanie:
«Elle depend de trois causes: 10 la misere du paysan roumain;
20 l'ignorance des meres; 30 l'indifference pour les prescriptions
hygieniques. Autrefois les femmes des paysans étaient forcees
d'aller travailler dans les champs peu apres leur accouche-

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L'accroissement de la population 73

ment; les enfants restaient a la maison toute la journée


sous la surveillance d'une vieille femme ou de leurs freres et
somrs. Comme nourriture, ils recevaient un morceau de
pain noir enveloppe dans un morceau de toile qu'ils sugaient. Des
infections, des troubles digestifs (gastro-enterite) se produisaient
facilement. On n'appelait pas le medecin et en genéral, ii n'y
en avait pas dans les campagnes. Je crois que la mortalité di-
minuera a present que la réforme agraire a amélioré le sort des
paysans. Ii faudrait aussi que la mere flit orientée par le pretre
le jour du bapteme sur les prescriptions hygiéniques.»
Le manque de propreté est un autre facteur defavorable.
II y a des bains dans les villes; mais Us sont assez chers.
A la campagne, on n'éprouve pas le besoin de prendre re-
gulierement des soins de proprete corporelle. Le docteur
Breuer de Jassi dit que le rural en Roumanie ne se baigne que
deux fois dans sa vie: quand on le baptise et quand il est mort.
C'est sans doute le cas des paysans de tous les pays.
Une partie de la population rurale est affaiblie par l'alcoo-
lisme, les maladies, parmi lesquelles on compte la pellagre.
Elle est causee par la consommation de mauvaise farine de
mais que l'humidité a fait fermenter; elle produit une maladie
cutanee avec complications. Cette maladie a presque entiere-
ment disparu en Italie depuis qu'on a installe des fours a secher
le mais. II n'en existe pas en Roumanie. On rencontre aussi
la malaria dans les contrées marécageuses. Elle est causee par
des parasites qui penetrent dans le sang par les piqiires de
moustiques et engendrent la fievre.
Ces maladies repandues affaiblissent les parents et nuisent
a la progeniture.
L'accroissement de la population, c'est-a-dire
l'excedent des naissances sur les déces, s'eleve a 21 0/0 dans
certaines annees. II est particulierement grand chez les juifs oii
ii atteint 12 0/0 en moyenne. II y a de nombreuses familles, a
la campagne, qui ont une demi-douzaine d'enfants; d'autres en
ont tine douzaine et plus (jusqu'a 25). L'Etat paye une prime
pour chaque enfant au-dessus de 12. Cette mesure est tres juste
dans un pays faiblement peuple. Le paysan regarde les
enfants, d'apres les idees de son église, comme une bene-
diction de Dieu. Les femmes steriles sont meprisees. La
stérilite est une cause de divorce. Le paysan roumain
se distingue du paysan français par sa mentalité; chez lui
les motifs economiques jouent un petit role. Il a de quoi nourrir
un grand nombre d'enfants. Dans l'ancienne Roumanie, il est
tres difficile de decider un paysan a envoyer ses enfants a la
ville, comme domestiques, ou dans les fabriques, comme ouvriers;
de meme, ii ne cherche pas a tirer du profit par la vente de ses
récoltes; il travaille pour sa famille plutOt que pour le marché.

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74 I.a structure nationale de la population
Les Roumains sont un peuple m a crobi e n; les centenaires
ne sont pas rares dans les villages. Cette longévité est la conse-
quence d'une maniere de vivre frugale et saine. Les gens dor-
ment en plein air, en eté et en automne, sous le toit de la
prispa, veranda en torchis.
La population de l'an ci enn e Roumani e augmente sans
cesse, de 120 000 habitants environ, par an, par suite du fort
excédent des naissances et de la grande immigration d'autres
territoires, de la Russie et des Balkans. II n'existe pas d'émP
gration. En Tr ansylvani e il en est autrement. Les habi-
tants emigrent annuellement par centaines de mille aux Etats-
Unis et au Canada, bien que le pays soit beaucoup plus riche
en richesses naturelles que l'ancienne Roumanie. Mais les bonnes
voies navigables, les chemins de fer et les routes bien traces
manquent; avec de grandes difficultes, les produits de l'industrie
atteignent le Danube. Ces obstacles opposes au développement
de l'industrie sont la cause de l'émigration.
Les bons connaisseurs du peuple vantent le caract er e des
Roumain s. «Le caractere du peuple roumain, dit Onciul
(page 13), n'a rien de commun avec celui de ses voisins russes,_
ruthenes, tartares, hongrois, serbes et bulgares. Le Roumain se
separe d'eux par sa langue, son caractere, ses mceurs et ses
traditions. A l'exception des villes avec leur vernis international,
on voit partout en Roumanie une forte particularite dans le style
des maisons, dans les costumes, dans l'economie rurale, et meme
dans l'attitude et le caractere des habitants. Les campagnards,
seuls porteurs des particularités nationales, ont l'air robustes.
Leur demarche et leur maintien sont fermes, mesures, reserves.
Ils ont une maniere de parler tranquille, posee, imagee, riche en
idees. Leur egalite d'humeur ne se laisse troubler par rien. Ils
sont braves a la guerre, endurants, fideles jusque dans la mort
a leur chef. Leur modestie dépasse tout ce qu'on pent s'imaginer;
on croirait qu'ils peuvent se passer de tout. Malgré leur indi-
gence, ils sont attaches a la glebe. Les emigrants trouvent la
vie dure a l'etranger et reviennent bientôt ... Le Roumain est
desarme comme un enfant en face des moyens raffinés de la vie
moderne; mais comme un enfant, il est riche en sentiment et
susceptible de bien. II lui manque seulement l'instruction et le
sentiment de sa valeur vis-à-vis des avises et des forts. La oU
s'est maintenue une trace de liberte et d'independance économi-
que, comme chez les Rezes et les montagnards, on rencontre,
une dignite vraiment aristocratique et patriarcale, un vif senti-
ment de la famille, de l'honnetete et un sentiment de l'honneur
prononce.D
Ce jugement est encore juste aujourd'hui. Le voyageur qui
parcourt le pays en trouvera partout la confirmation. Le Rou-

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Les Hongrois 75

main cultive se fait remarquer tout d'abord par sa politesse et


son amabilite. Partout l'étranger est regu avec des prevenances
extraordinaires. En voyage, on lie tres vite des relations. On
se présente, on se donne la main et l'on cause comme si l'on
se connaissait depuis longtemps. 11 n'est point rare qu'un Rou-
main invite un étranger a diner avec lui. Ces traits d'amabilite
et ces attentions ne sont point isolés; ils appartiennent au carac-
tere du peuple. Beaucoup nous rappellent la maniere de vivre
et les mceurs de la civilisation française. Dans l'un des premiers
ouvrages parus en langue allemande sur la Roumanie, Rudolf
Bergner1 dit: «D'ailleurs, sur le bas Danube, on est traité plus
poliment et plus convenablement que dans la plupart des hotels
allemands. La politesse et l'honneteté sont partout en Roumanie;
a la campagne et A la montagne, vous trouvez l'hospitalite qui
gagne les cceurs. L'élegance de l'Europe méridionale s'allie a
l'hospitalite orientale.» Rappelons encore que le Roumain est
toujours pr et A venir en aide a son prochain. Le pro-
fesseur Schaffeit2 dit, dans les observations qu'il a faites pendant
l'occupation allemande: «On voit rarement un paysan ensemen-
cer son champ tout seul. En general, les voisins s'aident. Lors-
que l'un d'eux a achevé son travail, il va chez un autre pour lui
dormer un coup d'epaule.»
Parmi les elements de la population non-roumaine, les H o n -
gr o i s viennent en tete numeriquement. II n'est pas facile de
se faire une idee juste de leur nombre A l'aide des donnees
statistiques qui existent. Tant que le Banat et la Transylvanie
ont été hongrois, on n'a pas cru devoir s'occuper de la question
des nationalités. Ce mot était remplacé par celui de la langue
principale, meme dans le recensement de 1910. Les statistiques
de Budapest sont faites d'apres le modele de l'Europe occiden-
tale; cependant, elles ne séparent pas la langue maternelle de la
langue principale. On a ainsi agi pour constater que le nombre
des habitants hongrois etait plus grand que celui des habitants
roumains. Plus tard, le bureau des statistiques hongrois, pour
cacher cette intention tendancielle, a renonce a cette designation
en etudiant les resultats des tableaux et l'a remplacee par la
langue maternelle des habitants. Pour cette raison, il est im-
possible de constater la proportion exacte des nationalites en
Transylvanie et dans les autres contrées qui ont appartenu a
la Hongrie.
Le directeur general du Bureau des statistiques a Bucarest,
M. Colescu3, a essayé de corriger les statistiques hongroises a
l'aide des statistiques sur la religion.
i Breslau 1887, page 8.
2 Ernst Schaffeit, Die landwirtschaftlichen Verhältnisse Rumaniens,
Hanovre 1921.
3 Buletinul Statistic al Romaniei, 1919, No 1, Bucarest, 1919.

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76 La structure nationale de la population
Suivant les statistiques hongroises, il y avait, en 1910, en
Transylvanie, 2 millions d'habitants. D'apres leur langue, ils
étaient repartis de la maniere suivante.
Langue roumaine . . 1 472 021 personnes
PI hongroise . . 918 217 PP

allemande . . 234 085 PP

PP
bohemienne 43 683 PP

slovaque . . 2 404
PI
ruthene 1 759 PP

1, polonaise 1655 PI

PP
italienne . 1 369 PP

tchéco-morave 1 331
croate 523
serbe 421 PP

PP
bulgare 225 PP

autres langues 674 7/

2 678 367 personnes


La langue principale etait donc la langue roumaine parlee
par 550/0 des habitants ; la langue hongroise n'était parlée que
par 340/0 et la langue allemande par 80/o des habitants.
Ce qui surprend le plus dans ce tableau et qui est une
preuve de l'inexactitde des satitstiques hongroises, c'est que les
64 074 habitants de religion juive sont ajoutes .a Pelement
hongrois, bien que l'on sache que thus les juifs de la Hongrie
ne parlent pas le magyar; beaucoup d'eux ne parlent que le
«jiddich». Le nombre de ces juifs représente les 2,4 0/0 de la
population totale de la Transylvanie; il fallait done soustraire
ce nombre de celui des Hongrois. De plus, les Bohemiens ne
parlent pas une langue a eux; puis il est difficile de constater
la langue maternelle des enfants qui ne parlent pas encore. Tous
ces faits montrent qu'on ne peut pas utiliser ces statistiques pour
fixer les nationalités.
D'apres M. Colescu, qui a essayé de rectifier ce tableau, les
rapports entre les nationalites de la Transylvanie sont les sui-
vants :
Roumains 1 546 112 = 57,7 %
Hongrois 264 165 = 9,9 %
Szeklers (Sacuis) 454 450 = 17,3 %
Allemands 234 085 = 8,7 %
Juifs . . . 64 074 = 2,4 %
Bohémiens 43 683 = 1,6 %
Divers 71 798 = 2,4 %
Total 2 678 367 = 100,0 %
Nous avons vu au debut qu'un petit nombre de Hongrois
vivent dans l'ancienne Roumanie, 50 000 en chiffres ronds, tandis
que plus d'un million et demi sont repartis dans les nouveaux
territoires.
Parmi ceux-ci, la moité environ est formee par les Szekler s.
Ils habitent la partie orientale du plateau transylvanien en masses
compactes; les magyars sont distribues dans les autres parties

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Les Hongrois 77

de la Transylvanie et du Banat. Ils y furent etablis apres la


fondation de l'Etat hongrois, ii y a plus de 1000 ans, pour le
proteger et le defendre a l'est. Pendant 400 ans environ, ils
reussirent a empecher l'établissement de la féodalité dans les
montagnes qu'ils habitaient. Ils n'auraient pas pu conserver
leurs caracteres, a cause de la distance qui les separait des
Hongrois proprement dits, sans les grands privileges qu'ils re-
curent des rois de Hongrie. Leur type ethnique est different de
celui des Hongrois; il en est de meme de leur dialecte et de
leur religion. Leur vie commune avec les Roumains, le meme
genre d'occupation dans les montagnes, ont fait que leur langue,
leurs mceurs, leurs costumes et leur art se sont influences
mutuellement. Leurs habitations sont construites de la meme
maniere. Les produits de l'industrie domestique (tissus, broderie,
coloration et dessins des ceufs de Paques) se ressemblent. Leurs
contes et leurs chansons non plus ne sont pas trop differents.
Un autre groupe de Hongrois est appele Cianga Its
sont au nombre de 50 000. Des l'antiquite, ils ont vecu dans les
districts de Bacau et Roman, dans l'ancienne Roumanie. Ce sont
surtout des mineurs travaillant dans les mines de sel gemme,
des cultivateurs et des sylviculteurs. Seule, leur religion catho-
lique les distingue des Roumains qui sont grecs orthodoxes; leur
langue, leurs costumes et leurs coutumes sont roumains. Leur
assimilation est complete parce qu'ils ont toujours vécu sous une
administration étrangere et n'ont pas joui, comme les Sacuis, de
privileges qui leur eussent permis de conserver leurs caracteres.
Les relations entre les Hongrois et les Roumains ont éte
fortement troublees par la magyarisation tant que les nouvelles
provinces ont été sous la domination de la Hongrie. Elle avait
substitue les intérets nationaux particuliers d'une race a l'interet
general de l'Etat et avait ouvertement proclamé, comme étant
le but final de ses efforts, l'unite nationale des diverses indi-
vidualités du pays et l'affermissement de son hegemonie.
La domination d'un peuple sur d'autres minorités vivant dans
le cadre de son territoire peut s'établir de diverses manieres.
Presque régulierement, on crée des lois ou des prescriptions
exceptionnelles qui desavantagent les minorites. Vis-a-vis des
Roumains transylvaniens, comme du reste vis-à-vis des Saxons
qui ont eté incorpores contre leur volonté, c'est-à-dire de vive
force a l'Etat hongrois, la race hongroise dominante s'est servie
des prescriptions de la loi electoral e, de la loi sur éga-
lite des droits des nationalités, de la loi de l'en-
seigment, de la loi municipale, de la loi de la pre.sse
et des lois agraires.
Sur les 17 300 000 habitants de la Hongrie, les Roumains
comptaient presque 3 millions; en Transylvanie, dans le Banat,

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78 La structure nationale de la population
dans l'Arad, a Bihor Szilagy, Satrnar et A Maramaros, ils vivaient
en masses compactes; pourtant ils n'avaient pas plus de 10 a
12 deputes. Dans les comitats de la Transylvanie habités par
eux, ii y avait un depute par 50 ou 60 000 habitants, tandis qu'il
y en avait un par 4 A 5000 habitants, dans le pays des Szeklers.
La loi elector ale était d'une confusion vraiment babylonienne
et portait gravement prejudice aux minorites. C'était une machine
de guerre pour neutraliser les nationalites. Une formidable cor-
ruption donnait presque un caractere de guerre civile aux luttes
électorales.
La loi sur l'egalite des droits des nationalites
de 1868 avait pour but d'assurer les droits des langues non-
magyares. En realite, ii ne s'agissait ni d'égalite de droits pa-
tionaux ni de droits de langue, mais de mesure dans l'emploi
des langues non-magyares vis-a-vis de la langue magyare pour-
vue de privileges spéciaux. Cette loi plaçait le Roumain sur le
même pied que le Hongrois pour arriver aux emplois publics;
dans la pratique, on ne fit aucun usage de cette egalite. Aucun
Roumain n'arrivait aux postes supérieurs de Padministration,
des 23 comitats dans lesquels ils avaient une forte majorite. Dans
tout le royaume, ii n'y avait pas un seul chef de comitat ou un
sous-chef qui flit pris parmi les Roumains qui étaient cependant
au nombre de 3 millions. Sur les 65 tribunaux hongrois, le gou-
vernement n'avait nomme qu'un seul president de tribunal de
nationalite roumaine; parmi les juges, il y en avait tres peu de
roumains. Dans les deux Universites du pays, il y avait un seul
professeur roumain et un seul inspecteur dans toute l'administra-
tion de l'enseignement. La loi de 1868 permettait a chaque
citoyen de se servir de sa langue maternelle devant les autorités;
néanmoins la langue roumaine etait entierement exclue des tri-
bunaux, du cadastre, des administrations cantonales, etc. On
refusait simplement les requetes adressées A un service public
quelconque si elles n'étaient pas ecrites en langue ma-
gyare. Devant les tribunaux, celui qui ne comprenait pas
la langue devait payer traducteur et interprete. Le peuple
roumain ressentait comme une lourde charge cet em-
pechement d'utiliser sa langue dans ses rapports avec les
diverses autorités, surtout avec les autorites militaires, des fi-
nances, de l'agriculture, de l'industrie, du commerce, des cultes
et de l'enseignement.
L'école etait au service de la politique de magyarisation de
l'Etat. Dans le memoire des Roumains adresse le 26 mars 1892
A l'empereur d'Autriche, et dont nous parlerons plus tard, on
disait: «Les ecoles confessionnelles ont cessé d'etre des établisse-
ments pour repandre l'instruction; on les a rabaissees au niveau
de simples foyers d'expansion de la langue magyare.» Les mino-
rites avaient bien le droit de fonder des ecoles A leurs frais;

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L'oppression hongroise 79

mais aucune autorisation n'etait accordee pour creer des lycées


roumains. L'Etat ne crea pas un seul etablissement d'instruction
primaire ou supérieure; sa pensee était que les Rournains de-
vaient envoyer leurs fils dans les écoles hongroises. On erigea
meme une Université A Klausenbourg dans laquelle les cours
étaient faits exclusivement en langue magyare.
En 1879, on fit la loi sur l'enseignement obliga-
toire de la langue magyare dans toutes les ecoles
primair es du pays. Cette loi prescrit la formation dans la
langue magyare des instituteurs élevés dans des écoles normales
oii l'enseignement etait fait en langue non-magyare. Celui qui
veut enseigner dans les écoles primaires doit parler et ecrire la
langue magyare. Le hongrois est une matiere d'enseignement
obligatoire. L'introduction de cette loi fut suivie d'attaques diri-
gees contre les instituteurs non-magyars A cause de leur con-
naissance insuffisante de la langue d'Etat et contre Pecole con-
fessionnelle A cause des succes insuffisants dans l'enseignement
du magyar.
Quatre années plus tard, en 1883, suivit la loi sur les é c o -
les primaires supérieures, et, en 1891, celle sur les
ecol es mat ern ell e s. Celles-ci veulent magyariser les en-
fants avant d'avoir atteint Page d'aller A école. Tous les enfants
de 3 A 6 ans doivent frequenter les écoles enfantines dans les-
quelles on les occupe et remplace la langue maternelle par des
exercices pratiques dans la langue officielle. Le § 8 dit: «La
mission des écoles maternelles, et autant que possible des creches,
est d'instruire les enfants par des exercices de devotion A parler
clairement et A chanter; puis de les occuper par des exercices
de gymnastique convenables et des jeux pour développer leur
intelligence; enfin de les habituer, sans les fatiguer physiquement
et intellectuellement, a des travaux manuels, qui développent
l'adresse, A l'ordre, A la proprete et A une conduite décente
On réunira l'occupation des enfants dont le hongrois n'est pas la
langue maternelle avec Pinitiation a la langue officielle».
Partout le hongrois fut introduit comme langue officielle; le
roumain fut completement banni de l'administration, de la juri-
diction et de l'enseignement. La loi de la presse qui était,
comme la loi electorale, une loi spéciale pour la Transylvanie et
renfermait des prescriptions séveres, donna au procureur un
pouvoir discretionnaire pour poursuivre la presse roumaine pour
excitation contre la nationalite magyare et autres delfts, et la
supprimer si elle s'opposait aux visées du gouvernement. Cette
loi était un instrument dans la lutte des races pour etouffer
l'opposition contre la race dominante. Neanmoins les delfts de
presse etaient soumis aux jurés en Transylvanie.
Les Roumains choisirent la voie de la resistance pa
siv e comme protestation contre cette violence. Ils ne prirent

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80 La structure nationale de la population
plus part a la vie publique de la Hongrie en s'abstenant de voter
et en n'envoyant plus de deputes au Parlement hongrois. Au
congres des delegues de 1881, on résolut de ne plus nommer
de deputes pour le Parlernent; cependant on décida de participer
aux elections en Hongrie et de voter pour les représentants qui
accepteraient et défendraient le programme national établi par les
Roumains. En 1887, on réduisit la participation aux elections
au Parlement en Hongrie aux circonscriptions electorales rou-
maines. Lorsque, cette année, un seul depute roumain (le general
Traian Doda) fut élu dans une seule circonscription pour repre-
senter les interets des Roumains avec les 423 autres deputes,
ii declara qu'il ne siegerait pas au Parlement et deposa son
mandat. II fut condamne a deux ans de prison en contumace.
Au congres roumain des délegues des electeurs de nationalite
roumaine a Hermannstadt, les 20 et 21 janvier 1892, on decida,
«en vue des elections prochaines au Parlement, la passivité ab-
solue et generale de tous les Roumains de la Hongrie». Ils
renoncaient a leur droit d'envoyer des representants au Parlement
de Budapest et se consideraient comme n'étant plus représentes.
En meme temps, comme on prévoyait que cette resistance
passive n'aurait pas les fruits desires, on résolut de preparer un
mémoire sur l'oppression politique des Hongrois
et de le remettre a l'empereur Francois-Joseph I er.
Ce document tres important pour connaitre la situation a
la forme d'un memorandum' et renferme de nombreux materiaux
sur Poppression de la minorité, sur les atteintes portets
a son droit de conserver sa langue maternelle. «Une
armee d'invasion qui penetre dans un pays &ranger utilise,
dans ses rapports avec la population du pays conquis, des
gens qui connaissent la langue et les habitudes de cette
population. Dans le royaume de Hongrie, les Roumains
sont plus mal traités que population id'un pays conquis.
la
Dans l'administration, dans les tribunaux ou ii s'agit de rendre la
justice, dans la vie publique, partout ils se trouvent en presence
de gens parlant le magyar et qui ignorent leur langue, leurs
caracteres, leurs habitudes et leurs interets speciaux. Le Rou-
main se voit traduit en langue hongroise a la barre des tribu-
naux civils et criminels; les débats ont lieu dans la meme langue;
le jugement est prononcé dans la même langue; dans la plupart
des cas, il se voit condammer sans pouvoir se rendre compte du
pourquoi et du comment. Les juges ne savent generalement pas
le roumain; d'autre part l'instruction prealable et les delibera-
tions ont lieu en langue magyare que le Roumain ne comprend
pas; aussi dans la majeure partie des cas, emploie-t-on un huis-
sier quelconque comme intermediaire entre juge et accuse. 11
1 Brote: Die rumänische Frage in Siebenbiirgen und Ungarn, Berlin
1895, page 326.

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L'oppression hongroise 81

arrive frequemment que le jugement est rendu d'apres l'inter-


prétation d'un homme qui ne possede pas l'instrucfion suffisante
pour faire de telles interpretations ou qui manque dans certains
cas de la bienveillance nécessaire.» C'est le côté faible qui, dans
un Etat polyglotte, comme la Hongrie, devait amener des con-
flits constants entre les parties de la population ne parlant pas
le hongrois.
Cet acte d'accusation soutient que les lois hongroises ont
presque entièrement supprime les institutions constitutionnelles
créés par la monarchie autrichienne. Apres 25 années de gou-
vernement constitutionnel, la legislation hongroise n'a pas cru
devoir voter une loi d'association et de reunion; des obligations
impopulaires etaient oubliees; des proces d'indemnité entre
seigneurs et serfs étaient traines en longueur, pendant 20 a 30
ans, par les tribunaux avec des milliers de florins de frais. Si
un proces apres un long temps tournait en faveur du paysan
corvéable, le seigneur, qui avait violé la loi, n'était pas tenu de
payer de dommages-interets. Le memorandum decrit en termes
emus le mécontentement cause par cette situation et attire l'atten-
tion sur les dangers des troubles qu'elle pourrait amener. «Des
Portes de fer a la Leitha, de l'Adriatique aux sommets des Kar-
pathes galiciennes, le pays est saisi d'une excitation permanente
et d'un profond mecontentement... Apres 25 annees de vie
constitutionnelle, les esprits sont en presence plus hostiles que
jamais et la lutte des races a éte organisée de propos delibere.D
Pour sortir de cette situation, le mémoire recommande tin
changement de gouvernement qui conserve et garantisse les droits
acquis et les légitimes intérets de tous les peuples formant l'Etat
polyglotte hongrois. Nous retrouvons ici l'idee du parti national
roumain, qui avait eté cree en 1881, c'est-a-dire que la fusion
violente et contre nature des peuples ne pent amener que des
rapports extérieurs et apparents; elle ne peut donc etre de duree
et ne présente aucune garantie pour l'existence de l'Etat.
11 est clair que la race magyare dominante devait faire jouer
tous les ressorts pour repousser cette forte opposition dirigee
contre l'unification nationale. Les ministres hongrois empecherent
la remise du mémoire a l'empereur, par une deputation composée
de 300 Roumains, le ler juin 1892. Six mois plus tard, les
chefs de la deputation et les signataires du memoire furent mis
en accusation (proces de Klausenbourg) et les plus marquants
parmi eux furent jetes en prison pour avoir encourage l'autonomie
de la Transylvanie. L'organisation politique des Roumains fut
dissoute par decret. Vers la fin du siecle seulement, l'opposition
roumaine reprit son activité politique. Le parti national
roumain fut de nouveau créé. Georges Pop de Basesti en
devint le chef. La Tribuna, son organe principal, fondée en
1884, parut tout d'abord a Hermannstadt et plus tard a Arad.
6

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82 La structure nationale de la population
Ces évenements se repercuterent en Roumanie, surtout parmi la
jeunesse des écoles. Une vive agitation qui n'existait pas au-
paravant se produisit en faveur des freres transylvaniens. On
fonda a Bucarest une ligue des interets civilisateurs communs
des Roumains. Ce mouvement national est done de date recente.
La politique agressive des nationalistes hongrois poussa les
Roumains a se défendre a l'aide d'organisations politiques et
fit naitre les premiers sentiments de solidarite nationale. Les
chefs de cette organisation étaient traités de traitres, d'excita-
teurs et d'agitateurs par les Hongrois qui les appelaient Dace-
Romans, ennemis de l'Etat et regardaient leur activite comme
une irr ed en ta roman a. Cependant le ministre de l'Intérieur
hongrois Hieronymi reconnut que le cens electoral general
et que la suppression des abus sociaux et administratifs se-
raient un moyen pour contenter les Roumains. Dim itri e
Sturdz a, chef du parti de l'opposition libérale nationale, re-
poussa les tendances irredentistes de ses compatriotes: «A mon
avis Pirredentisme roumain est une invention des ennemis de
notre peuple. Les quelques personnes qui le prechent sont payees,
irresponsables et niaises.»1 II fit appel a la solidarité nationale:
«Nous Roumains du royaume, nous avons le sentiment que
notre heure aura sonne lorsque retentira le glas des 3 millions
de Roumains de Hongrie. II faut que le gouvernement s'oc-
cupe de cette question nationale. Ii faut qu'il joue le role du
courtier honnete pour amener une entente entre les Roumains
et les Magyars.»
La pression politique amena done la formation d'organi-
sations de defense. Elle eut une autre consequence: une forte
emigration des Roumains transylvaniens. Ce mouvement économi-
que cause par le systeme politique conduisit des milliers de
commercants, d'agriculteurs, d'ingenieurs, de medecins, de pro-
fesseurs et autres membres des classes cultivees au dela des
frontieres; par contre, un mouvement contraire de Roumanie
en Transylvanie ne se fit pas.
La situation des juifs est tout a fait differente. Leur
histoir e est tres ancienne. Au XVe siecle, ii y avait deja
des commergants juifs en Moldavie. Ils ont rapidement augmente
par l'immigration. A Jassi, ils étaient déjà si nombreux en 1763
qu'ils pouvaient former une commune. Ils étaient inegalement
répartis. Au nord de la Moldavie, la population juive etait plus
dense qu'au centre et qu'au sud du pays, oil ils ne purent pren-
dre pied parce que le commerce était entre les mains de corn-
mercants roumains. Le nombre des juifs qui vinrent de Mol-
-davie en .Muntenie etait tres petit; pendant le XIXe siecle, la
1 Demeter A. Sturdza, La question roumaine en Hongrie. Discours
fait au Sénat roumain le 9 octobre 1893. Voir Brote, page 354.

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Les Juifs 83

Muntenie eut une immigration juive beaucoup plus petite que


la Moldavie. La raison en est que le commerce était déja entre
les mains des Grecs.
Les p a ys d'ou vinrent les juifs sont la Galicie, la Pologne
et la Russie, Nous appellerons ces juifs tout simplement jui fs
de l'est.
A la fin du XVIIIe siecle eut lieu une grande immigration.
En 1803, le nombre des juifs ne dépassait pas 12 000. Leur
accroissement fut cause par le premier partage de la Pologne
(1793-1795). En 1820, la population juive de la Moldavie atteint
19 000 Ames. Apres la signature du traité de paix d'Andrinople,
en 1829, qui accordait la liberte du commerce aux principautes,
l'immigration prend de grandes dimensions. En 1831, 37 000
juifs vivent en Moldavie; en 1838, ils sont au nombre de 80 000.
Le recensement de 1859 accuse 119 000 juifs; en 1899, ils at-
teignent le chiffre de 196 000, c'est-a-dire 10,70/0 de la popu-
lation. En Muntenie, ils étaient 6000 en 1838, 9264 en 1859 et
68 852 en 1899.
Les immigrants juifs ne venaient pas tous de Galicie, de
Pologne et de Russie d'ou ils étaient chasses par l'oppres-
sion tsarienne; une partie d'eux vint d'Esp a gn e. Les perse-
cutions étaient aussi la cause de leur emigration. Au moyen
age, ils avaient émigré d'Egypte par l'Afrique du Nord, en
Espagne; ils avaient secondé les Arabes qui avaient conquis ce
pays au VIle siecle. Sous la domination des Maures, ils étaient
parvenus a de hautes situations dans l'Etat. En 1494, tous
les juifs qui ne se convertirent pas au christianisme furent ex-
pulses du pays. Une partie vint en Roumanie.
Aujourd'hui encore, ces deux classes de juifs se distinguent
clairement en Roumanie. Les juifs de l'e s t ont conserve
leurs caracteres sémitiques. Leur langue, leur religion, leurs
mceurs qui sont en relations avec leur religion, leurs occupa-
tions de commergants et d'artisans en font une couche speciale.
Par contre, les juifs espagnols se sont completement assimilés.
Ils se sont entierement adaptes aux Roumains par leur langue,
leurs mceurs, leurs costumes. De grandes differences existent
done entre ces deux categories de juifs. Les représentants des
juifs de l'est, orthodoxes et conservateurs, ne sont pas bien
intentionnes envers leurs coréligionnaires assimiles qu'ils regar-
dent comme n'étant pas de «bons juifs». .

Cette forte immigration des juifs amena Went& des c o n -


flits avec la population indigene. En qualité de cornmergant,
le juif était bien superieur, sous beaucoup de rapports, au Rou-
main qui, genéralement, ne savait ni lire ni ecrire. II savait sur-
tout mieux profiter des nouvelles conjonctures.
Le grand tour n an t de l'histoire de la Roumanie est,
comme nous l'avons vu, le tr a i t é de paix 'd'Andrinople
6*

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84 La structure nationale de la population
(1829) qui ouvrit un grand domaine a l'activité commerciale et
libéra la navigation sur le Danube des chicanes des autorités
turques.
Avant cette paix, la majorité des commergants et industriels
de la Moldavie étaient des Roumains. Cependant, les grandes
maisons de commerce etaient entre les mains d'etrangers, Grecs,
Arméniens, Bulgares, juifs. Les Roumains ne disposaient que
de petits capitaux; ils ne pouvaient done pas faire de grosses
affaires. Les Grecs et les Arméniens avaient du credit dans
les banques grecques et armeniennes de Constantinople. Les
juifs possedaient aussi de plus grands moyens financiers et de
meilleures relations que les Roumains. Ils recevaient de l'argent
de Lemberg, de Cracovie et meme de Leipzig. Ils furent les
premiers a se rendre a la foire de Leipzig; aujourd'hui encore,
on appelle les marchands d'etoffes et de mercerie des lipscanis,
c'est-a-dire des Leipzigeois.
Le traite d'Andrinople fit tomber les obstacles opposes a la
liberte commerciale. Ce fut le debut d'une magnifique
co nj o n cture pour le commerce. L'occasion de s'enrichir
rapidement attira de nombreux juifs. Leur nombre augmenta
excessivement. Le commerce exterieur, qui etait presque nul
en 1828, monta à58 millions 400 000 lei en 1839 et a 210 millions
en 1852. La valeur du sol doubla, quadrupla, décupla rapider
ment. Les revenus des boyards augmenterent. Un grand nombre
d'eux modifierent leur maniere de vivre et adopterent les ha-
bitudes de la noblesse des autres pays. L'amélioration de l'ha-
billement de la population, du linge, jusqu'aux soins des che-
veux, l'embellissement de l'installation intérieure des maisons,
le perfectionnement des instruments aratoires, thus ces chan-
gements creerent de nouvelles professions qui rapporterent plus
que les anciennes.
Les Roumains resterent relativement passifs en face de
cette grande evolution economique. IN ne surent pas en firer
profit, car ils etaient beaucoup plus orientés vers l'agriculture
que vers le commerce. Seuls, les Roumains de la Transylvanie
possédaient de grandes aptitudes commerciales. Il en etait
autrement des juifs. La plupart des professions leur étaient
fermées; ils s'etaient donc coneentrés sur le commerce. Ils
étaient un peuple de commercants par excellence. Entrepre-
nants et résolus, melés a la vie commerciale depuis des siecles,
ils etaient nés pour le commerce. Dans la concurrence avec
les Roumains, iN étaient le parti superieur. Les Roumains
possédaient peu de capitaux; ils n'avaient pas de credit a
l'etranger, ni de relations avec les marches de l'Occident; ils
ne connaissaient pas non plus les lieux oü etaient produites
les marchandises étrangeres; ils ignoraient leur valeur et leurs
differences de qualite. En outre, la majorite des Roumains de

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Les Juifs 85

Moldavie etaient, a cette époque, illettres: beaucoup de corn-


mergants et presque tous les artisans ne connaissaient pas leurs
lettres.
II faut ajouter que beaucoup de commergants juifs n'étaient
pas tres scrupuleux et pratiquaient l'usure. De bonne heure,
le gouvernement prit des mesures contre l'usure en creant
des instituts fon ci ers. En 1873, fut fondé le Cr editul
funciar qui pretait des capitaux aux propriétaires fonciers a
interets faibles. La fondation d'associations de credit rural
porta un fort coup aux pr et eur s juifs qui plagaient des capi-
taux sur hypoteques a interets tres éleves. Le paysan ne fut
plus oblige de vendre son ble aux marchands juifs. Néanmoins,
ii existe encore aujourd'hui des mar ch an ds de bl és juif s;
mais ils ne possedent plus l'influence qu'ils avaient autrefois.
Les districts de Jassy, Neamtz, Roman et Vaslui, dans les-
quels la population juive est tres dense, forment une exception.
Ainsi les derniers rapports de la Chambre de commerce de
Jassy, qui comprend les districts de Jassy, montrent que le
commerce des cereales de ces districts, qui sont grands pro-
ducteurs de bles, est fait exclusivement par des maisons juives.
Les banquiers juifs pratiquaient aussi l'usure. Le mot ban-.
quier n'a pas la meme signification en Roumanie qu'en Occident.
En Moldavie, nombre de personnes, qui pretent a usure, font
le commerce des bles et toute espece d'affaires vereuses, se
nomment banquiers sans l'etre veritablement.
La plupart des ar t i s a n s jui f s sont reflechis, paisibles, ran-
ges, infatigables au travail. Ils exercent des metiers divers. Ils sont
principalement tailleurs, cordonniers, ferblantiers, macons, hor-
logers. Beaucoup de tailleurs de Bucarest et de Jassy sont juifs.
Ils travaillent a meilleur marche que tous les autres. Ces
ouvriers preparent le terrain de leurs affaires en étendant leur
clientele; pour cela, ils travaillent a meilleur prix que leurs
concurrents. Ils gagnent moins et sont moins aises que les
riches commercants; ils ont par suite plus a souffrir qu'eux
des crises économiques. Dans les f abriques, on trouve
peu de juifs parmi les ouvrier s; ils n'appartiennent pas au
proletariat des usines.
Outre son côté économique, le probleme juif en a un autre
ethnologique. Les juifs sont une race étrangere qui
se distingue des Roumains par leur foi. Mais, en plus, ils sen-
tent qu'ils sont membres du peuple juif. «11 rn'est arrive
plusieurs fois, raconte Schmalz, (page 128), qu'un homme par-
lant roumain a repondu a ma question: Etes-vous Roumain?
«je suis juif.» Si la reponse avait éte: «Je suis Roumain», elle
aurait paru fausse au sentiment populaire roumain. Le paysan
unit l'idée de Roumain a l'idée de chrétien.

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86 La structure nationale de la population
Les caracteres distinctifs des juifs ont aussi leur part dans
le developpement des sentiments qui leur sont hostiles. En
Roumanie, ils représentent une mass e homo gen e qui a
conserve ses particularités quant a l'exterieur, aux mceurs, cou-
tumes, costumes. Leur langue, le jiddich, est un melange
d'ancien hebreu et d'ancien allemand. Cependant les juifs, par
suite de leurs relations avec les Roumains, comprennent aussi
le roumain qu'ils parlent avec un accent singulier. En Transyl-
vanie, oii ils étaient de grands patriotes hongrois, sous les
Hongrois, ils possédaient les memes droits que les autres ci-
toyens, ils parlent aussi le hongrois. Leurs ,noms pro-
viennent de l'Ancien Testament, ou ils ont eté modifies par le
jiddich, comme Itzic de Isaac, Avram de Abraham, Moake de
Moise, Schmil de Samuel, Tule ou Naftule de Nathaniel, Leib
ou Leibisch de Levi, Strul de Israel, Dudi de David. II est tres
rare qu'un juif porte un nom chretien orthodoxe, tel que Con.
stantin. Autrefois, les juifs n'avaient pas de nom de f am ill e.
Its en recurent un au commencement du XIXe siecle, en Prusse
d'abord, puis en Autriche. Des commissions spéciales furent
institutées pour executer cette denomination. Elles partirent
de certains objets de la nature : Gold (or), Silber (argent),
Edelsteine (pierres precieuses); les couleurs, les noms de villes,
d'animaux, de plantes servent frequemment a former des noms
de famille comme Goldstein, Goldberg, Feingold, Silbermann,
Silberberg, Silberfeld, Silberstein, Diamant, Rubin, Wolf, Baer,
Katz, Ochs, Rosenstock, Rosenberg, Rosenzweig, Weiss,
Schwarz, Griin. Ii y a en outre des juifs avec des noms he-
breux slavises; par exemple, Herscovitz, Salomonovitz, Berlo-
vitz, Marcovitz, etc. Dans les derniers temps, un certain nombre
de juifs ont profite de la facilité de changer de nom d'autrefois
pour romaniser le leur. De Schwarz, ils ont fait Negreanu,
de Bergmann Deleanu, de Weiss Albu, de Wolf Lupu, de Gold-
berg Aurescu. Dans beaucoup de cas, les efforts des juifs pour
se rapprocher des Roumains ont éte reduits a ce changement
de nom 1.
Les Allemands vivant en Roumanie ont eu un autre
sort que les juifs. Ils ont été des hOtes considerés et estimés
des Roumains; ils ont pu se développer paisiblement tout en
gardant leur croyance et leur langue, leurs mceurs et leuns
habitudes.
Ils ont eu et ils ont encore une grande importance pour
le pays parce qu'ils représentent un fa cteur a ctif dans
le grand processus de la delivrance de la Roumanie
d e l'O ri en t. Ils ont beaucoup contribue a européaniser
cet Etat. L'influence de leur civilisation a encourage son éman-
1 Voir Verax, La Roumanie et les juifs, Bucarest, 1903.

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Les Allemands 87

cipation de l'esprit oriental et a fortement agi sur la langue et


la civilisation roumaines. La Transylvanie, habitée par une
population allemande industrieuse, a eté, dans les siecles écoulés,
la maitresse des pays voisins. Les Allemands établis au sud
et a l'est des Karpathes ont agi d'une maniere feconde sur
leur entourage. Dans le nouveau royaume, les Allemands sont
les porteurs du progres économique, les organi-
sateurs de la technique de l'Europe occidentale
dans l'industrie, les initiateurs pour l'introduc-
tion d'innovations dans l'agriculture. Ils repre-
sentent un element civilisateur qui fertilise Feconomie
nationale roumaine par l'e sprit capitaliste et collaborent de
cette maniere aux grandes taches que la Roumanie doit re-
soudre dans le domaine economique, technique et social.
L'immigration des Allemands en Roumanie et en
Transylvanie a deja eu lieu au moyen age. Elle rernonte au
XlIe siecle pour la Transylvanie.
Les Saxons forment la partie principale de la population
allemande de la Roumanie actuelle. Le roi de Hongrie Geisa
(1141-1162) les appela en Transylvanie pour peupler et co-
loniser le pays peu peuple. II était habite par les Slaves et les
Valaques qui ne s'étaient pas encore completement melés.
Les Allemands immigres ont porta' jusqu'aujourd'hui le
nom de «S axon s», bien que ce nom ne soit pas juste, car
les immigrants ne sortaient pas du tout d'une tribu d'apres la-
quelle iN se nommaient. Les Allemands de Hermannstadt,
Kronstadt, Schwssburg, Muhlbach et d'autres localites de la
Transylvanie sont des Francs de la Moselle. IN sont originaires
des contrees d'Aix-la-Chapelle, du Luxembourg, de Treves et de
Metz. Les recherches récentes sur les dialectes, les noms de fa-
mille et de localité ont prouvé ce fait d'une maniere irrefu-
table. II est done faux de les designer tout simplement sous,
le nom de Saxons, quoique cette denomination soit devenue cou-
rante. Le mot de Saxon servait uniquement a designer des
colons, peu importe d'ou ils venaient.
L'histoire de la colonisation de la Transylvanie nous apprend
que 50 000 families environ prirent possession du vieux pays,
sur l'Olt. Du pays de la Bistritza, elles se répandirent, occuperent
les localites deja habitees de la Bukovine actuelle, de la Mol-
davie septentrionale, telles que Rodna, Suceava qui fut long-
temps la capitale de la Moldavie, Baia, Cotnari, Sasisoara,
Sascur, Sasa, etc., villages, marches et villes que les Saxons ont
Muller-Langenthal: Die Siebenburger. Sachsen und ihr Land.
Stuttgart. Dr Emile Fischer de Bucarest: Die Kulturarbeit des Deutsch-
turns in Rumänien, Hermannstadt, 1911. F. Teutsch: Die Siebenburger
Sachsen in Vergangenheit und Gegenwart, Leipzig, 1916 (Tome I der
Schriften zur Erforschung des Deutschturns im Auslande).

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88 La structure nationale de la population
fondes ou denommes et peuples. Un district septentrional de
la Moldavie s'appelle encore aujourd'hui Neamtu; c'est le mot
allemand Heimstatt, pays allemand. Cette contree avait fait
une telle impression sur les Valaques qu'ils lui donnerent ce
nom quand ils le connurent. Neamtu signifie Allemand en
roumain; en magyar nernet, de nema = muet. Les Slaves sont
ceux qui parlent, c'est-h-dire ceux qui se comprennent parce
qu'ils ont la merne langue 1 Campulung, l'ancien Langenau,
etait aussi un marche allemand encore administré au XVIle
siecle par un Groff (Graf, comte, juge municipal, maire) et 12
pãrgari (citoyens, conseillers municipaux)2.
Le Burzenland, le coin sud-est de la Transylvanie, fut peuple
par les chevaliers de Marie a qui le roi André II avait cede Ia
terre de Borza en 1211. De la, ils creerent de nouvelles colonies.
L'Ordre de Saint-Jean recut, en 1247, de Bela IV, le Banat de
Severin, l'Olténie et la Koumanie 3. En 1261, l'ordre quitta
le pays.
Comme tous les emigrants, ces Francs de la ,Moselle,
nommés Saxons, étaient des gens entreprenants dont Fischer dit
qu'ils auraient montre au monde l'exemple de la Hansa s'ils
s'etaient établis quelque part sur les bords de la mer Orientale,
a Salonique ou en Crimee, tant ils étaient pleins d'esprit d'entre-
prise et d'audace (page 11). Encourages par des privileges, ils
devinrent les précepteurs de leurs compatriotes magyares et
valaques. Seuls, des Allemands pouvaient s'etablir parmi eux
et etre admis dans les corporations. Le noble hongrois qui
désirait s'installer dans leur pays devait obtenir leur permission
et renoncer aux privileges de la noblesse. A côté des Szeklers
et des nobles, les Allemands formaient une classe spéciale.
En 1437, ils se réunirent a l'Union des trois Nations.
Deux fois au cours de leur histoire, on porta atteinte a leur
autonomi e: la premiere fois, vers la fin du XVIIIe siecle,
lorsque l'empereur Francois-Joseph II abolit tous les privileges
ties Hongrois; la seconde fois, apres les luttes pour l'indepen-
dance de 1848-1849, par le gouvernement de Vienne. Les der-
niers restes de leur situation particuliere disparurent en 1868
lorsque la Transylvanie, avec l'Union, cessa d'etre une prin-
cipauté independante.
Leur force commenca a dechoir lorsqu'on supprima les
privileges qu'ils possedaient comme minorite. Mais d'autres
causes générales, qui depuis la fin du XVIe siecle contrarierent
l'expansion des Allemands a l'étranger, contribuerent a leur
' Fischer, pages 89 et 97.
Fischer, page 121.
3 On ne sait pas exactement ou se trouvait la Koumanie. Certains
documents la placent A l'est de l'Olt dans la grande Valachie. Fischer la
met entre le Dnieper et le Don (page 101).

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Les Allemands 89

affaiblissement. Dans certains lieux, a Tirgu Neamtu, par exemple,


les charrons, les forgerons, les cordonniers allemands se sont
conserves; dans d'autres, a Baia, Cotnari, Sasii, Nemtii, ils ont
completement disparu. ça et la, on rencontre encore des arti-
sans allemands dans les grandes villes.
L'influence des Allemands a ete tres grande. Leur langue
et leur civilisation, leur technique et leur commerce étaient des
elements qui penetraient dans leur entourage. Le professeur
Marescu a montre que le roumain moderne possede plus de
990 mots all em and s. «Kronstadt, ecrit le professeur B o g -
d a n dans la preface de son «Relatiile Tarei romanesti cu
Brasovul», cette métropole saxonne des pays danubiens, domi-
nait presque tout le commerce extérieur de la .Roumanie a
l'epoque des Anjous, la période de la plus grande prospCrite"
des colons allemands en Transylvanie, grace aux privileges
que lui avaient accordés les rois hongroig.» Avec Kronstadt,
Hermannstadt et Bistritz étaient les plus grands fournisseurs
des populations des principautés roumaines. Cependant Lem-
berg en Moldavie avait la preference indiscutable sur Bistritz.
Fischer a cite, d'apres des documents, un grand nombre de mar-
chandises que ces villes vendaient en Roumanie (page 178).
Elles montrent le grand courant de vie allemande qui coulait,
de la, vers les principautés danubiennes. Les princes et les
boyards moldaves s'adressaient a ces villes allemandes quand
ils avaient besoin de médecins, d'artistes, d'orfevres, d'architectes,
d'horlogers et meme de boulangers. Les Saxons apporterent
l'a rt all em a n d, surtout le style gothique. Les églis es
qu'Etienne le Grand fit construire avec l'aide d'architectes étran-
gers en sont une preuve. De nombreux monuments de la
Transylvanie sont egalement construits dans le style gothique.
On peut admirer aujourd'hui encore, dans le musée Brukenthal,
a Hermannstadt, les travaux artistiques des artisans organises
en corporations. Les Saxons ont apporté le protestantisme ,et
repandu l'idée de la Réforme parmi les Roumains. Ils avaient
déjà, au XVI& siecle, plusieurs grandes ecoles a Klausenburg,
Karlsburg, Schxssburg, Hermannstadt, Kronstadt, etc. De nos
jours, l'eglise et Pecole sont encore les organisatrices et l'asile
de la pensée allemande.
Un peu plus tard qu'en Transylvanie, nous trouvons aussi
des masses compactes d'Allemands dans le Banat. En 1923,
les colons du Banat ont célébré leur deuxieme centenaire. Au
moyen Age, des Allemands s'y etaient deja établis. Les guerres
entre les Turcs et les Hongrois les avaient presque complete-
ment exterminCs. Lorsque le prince Eugene eut délivre le pays
de la domination turque, le gouvernement autrichien commenca
a le repeupler. De 1716 a 1718, plusieurs lieux abandonnés fu-
rent de nouveau occupes par les colons. Le ler janvier 1718,
.

il existait déja une commune allemande, a Temesvar, avec une

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90 La structure nationale de la population
municipalité, un juge municipal et quatre conseillers munici-
paux. De grandes colonies furent creees a Weisskirchen, Wer-
schetz, Mercydorf et a d'autres endroits dont les noms tra-
hissent leur origine allemande.
On a appele ces Allemands, qui se sont etablis au XVIIIe
siecle dans le Banat, des Souabe s. Ce nom est aussi faux
que celui de Saxons pour les Allemands de Transylvanie. Les
Souabes ne sont nullement une seule tribu comme les Souabes
de la Haute-Allemagne. Ils ne sont point venus du Wurtemberg,
mais de diverses contrees de l'Allemagne et meme de l'Autriche.
Au point de vue ethnologique, on peut donc les regarder comme
un peuple homogene.
Ces elements allemands, de meme que les Saxons, durent
leur prospérite a leur situation particuliere dans l'Etat et la
societe, aux nombreux privileges que les princes leur accorderent.
Ces privileges etaient un moyen pour se faire des partisans sur
lesquels ils pouvaient s'appuyer. Ils avaient besoin aux fron-
tieres de gens sars, formant un rempart contre leurs ennemis,
Les Hongrois ont privilegie les Allemands en Transylvanie et au
Banat pour pouvoir s'en servir de heurtoir contre les Roumains;
ces privileges etaient des moyens importants pour les Allemands
dans la lutte pour la vie. Sans eux, ils n'auraient pas pu se
maintenir et auraient peri. Sous l'empereur Charles, les fa-
veurs 1 suivantes leur furent accordees : exemption de droits
de douane et de peage en voyage; dons de terres et de de-
meures avec du bois de construction et de chauffage; exemption
complete d'impôt pendant les trois premieres annees, et partielle,
pendant les trois suivantes ; fournitures de matériaux de con-
struction par le fisc au prix colItant; liberté de commerce et
éloignement des juifs du territoire de la colonie; autorisation
d'amener leurs pasteurs que le gouvernement entretenait con-
venablement; construction des presbyteres aux frais de l'Etat.
Pour attirer dans le pays les artisans, qui étaient les bien-
venus, on leur promit quinze annees d'exemption d'impôt. Sous
Marie-Therese, apres la Guerre de Sept ans, les colonies prirent
un grand essor. Par une ordonnance impériale de 1763, on mit
a la disposition des colons maison et champs, les animaux de
trait nécessaires, les instruments aratoires et ustensiles de
menage; la premiere année, du fourrage et des céreales, des
avances d'argent qu'ils devaient rembourser peu a peu.
Les Souabes qui vivent dans la partie occidentale du Banat
et dans la plaine de la Theiss sont au nombre de 220 000. Le
nombre des Saxons de la Transylvanie est de 240 000 environ
et celui de la Bukovine 70 000.
1 Kaindl: Geschichte der Deutschen in den Karpathenlandern. 3 Vol.
Geschichte der Deutschen in Ungarn; Rückblick auf die Geschichte der
deutschen Ansiedlung im Banat in Ost und Sild, 1923.

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Les Allemands 91

Leur nombre n'a pas augmente. Le system e des f a-


milles de deux enfants a limite leur accroissement, de
sorte que la population allemande reste stationnaire, tandis que
la population roumaine augmente.
Sauf un petit nombre, les Allemands du Banat ont éte en-
tierement denationalises. La magyarisation, commencée en Hon-
grie, ii y a 30 ans environ, les a fortement influences. Les vieilles
gens parlent encore bien l'allemand; la jeunesse ne le coin-
prend presque pas. Peu avant la fin de la grande guerre en-
core, l'enseignement de l'allemand était defendu dans les écoles
du Banat; l'église catholique, étant l'eglise nationale, se trouvait
completement sous l'influence hongroise.
La situation était différente en Transylvanie. Les Hongrois
considéraient les Saxons comme un rempart contre les Rou-
mains; pour cela, ils faisaient de moins grands efforts que dans
le Banat pour les magyariser. Si la domination hongroise avait
dure encore 50 ans dans le Banat, tous les Alletnands auraient
éte assimilés. Le traite de paix en a donne la plus grande partie
a la Roumanie; l'autre partie a la Yougoslavie; au point de vue
allemand, c'est une heureuse solution.
Au XIXe siecle, les Allemands ont fondé un grand nombre
de colonies florissantes en Bessarabie et dans la Do-
broudj a. Ils venaient de Prusse (Westphalie), de Wurtem-
berg et de Souabe. Quand on les voit aujourd'hui, on ne se
doute pas que le desert d'autrefois a éte change en un jardin
florissant. A dite de ces villages allemands, les villages russes
font pietre mine. Le froment et le yin sont les principaux pro-
duits de l'agriculture.
La plupart des localités portent des noms allemands
qui se rapportent a la bible, au lieu d'origine des colons, aux
theatres de guerre, etc. C'est ainsi qu'on rencontre Jakobstal,
Friedental, Rosenfeld, Hoffnungstal, Karlsfeld, Danielsfeld,
Eigenheim, Gottlieb, Schultz, Justin Galin, Seimental, Mariens-
feld, Olgental, Leipzig, Friedensfeld, Gnadensfeld, Benckendorf,
Sophiental, Strasbourg I, Strasbourg II, Paris, Gnadental, Lich-
tental, Hoffnungsfeld. La localité la plus importante et le centre
de la population allemande ne porte pas un nom allemand; elle
s'appelle Tarutino et est situee, comme les localités citees, dans
le district d'Ackermann (Cetatea-Alba). Une colonie allemande
porte le nom de Berlin.
Le nombre des Allemands en Bessarabie s'éleve a 113 000.
Ils ont eté favorisés par les Russes comme les Saxons et les
Souabes l'ont ete par les Hongrois. Ces colonies agricoles sea
sont bien developpées. Les colons sont devenus de riches pay-
sans. La transformation des produits agricoles a amene la crea-
tion de petites fabriques; le paysan russe est reste a son ex-
ploitation primitive. Sous la domination roumaine, rien n'a

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92 La structure nationale de la population
change. Une forte russification comrnenca sous le gouvernement
russe; les écoles allemandes furent supprimées.
Une partie des Allemands qui avaient emigre en Bessarabie
continuerent leur marche vers le sud. En 1842, 6000 quittent
cette partie de la Russie et émigrent en Rounlaniel. Ils errerent
pendant longtemps sans réussir a s'établir quelque part. Finale-
ment un Russe, qui etait fonctionnaire roumain a Braila,
leur procura un domicile. C'est ainsi que naquit la colonie
de Jacobsontal pres de Braila. La plupart n'y resterent pas long-
temps; ils se sentaient opprimés et s'en allerent dans la D o -
broudja turque. Ils s'établirent dans le voisinage des villes
de Tulca, Babadag et dans le canton de Constantza. En 1878,
la Dobroudja devint roumaine; de nouvelles difficultés naquirent
dans le domaine des reglements scolaires.
Les Allemands dans l'ancienne Roumanie ont un
autre caractere. On ne les rencontre que dans les villes. Its
sont industriels, commercants et artisans. Its habitent Craiova,
Rimmic, Ploesti, Galatz, Azuga et surtout la capitate du pays,
Bucarest. Avant la guerre, nombre d'industriels allemands de
Bucarest se faisaient remarquer dans les differents domaines.
Voici les plus importantes maisons appartenant a des Allemands:
10 Les brass eri es Joh. Timpel, Kube, Czipser, Krebs,
Zweck, C. Hoflich-Oppler, E. Luther (actuellement Gebrader
Czell); les brasseries D. M. Bragadir et Basilescu ont des bras-
seurs allemands; a Constantza, J. Gruber; a Pitesti, J. F.
Schwartz; a Turnus-Severin, Rudolf von Artner.
20 Les fabriques pour le façonnage du bois E. Lessel
(qui possede un chemin de fer forestier de 40 kilometres pres
d'Arges), Bucher et Durrer (fabrique de meubles), Ch. E. Rosen,
G. Eichler, Kissing Möhlmann, Alfred Weter, Dienermann 8z
Wechsler, Herm. Theiler, L. Predinger, Berliner Holz-Comptoir,
Ad. Kräber, Geb. Rosenberg, J. Schmidinger, J. Storck (fabrique
de meubles).
30 Les etablissements métallurgiques, P. Keilhatter (fon-
derie), E. Wolff (chaudronnerie), J. Haug (constructions de
fer), F. Freund (machines agricoles), E. Cziriak (tournerie et
fonderie), W. Staadecker (machines agricoles), Clayton and
Schluttleworth (machines agricoles), Watson and Youell
(machines agricoles), Fr. Weigel (constructions de fer), K. Pri-
fert, Simering Briin, Franz Eitel, Rich. Graepel, Gustave Wolf,
C. Klein, E. Behles (machines agricoles), R. Oppler (actuellement
J. Katz) (vaissellerie et emaillerie).
40 Les fabriques de bonneterie H. Schubert Söhne (1860),
F. Basken (1892), Soc. Romana de tricotage «Victoria» (1892,
Directeur Gerling), Rehler (1901).
1 von Dungern: Rurnkfien, Gotha, 1916, page 16.

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Les Allemands 93

50 L'huilerie Mohr (Str. viilor).


6° Les minoteries Zehender et Halberstadt, W. Knöfcl.
70 L'huile &Unique Böttcher & Cie.
8° Les teintureries P. Falk, G. L. Schmidt & Cie.
90 Les tuileries a vapeur M. Tonolla (4 fours annulaires,
tuiles moulees et faconnees).
100 La glacerie Aug. Zw6 Her.
110 Les imprimeries Winterhalder, Thiel et Weiss, Wei-
gand, Socecu & Cie, Sander, F. Gob! (Vater), GObl Joseph,
GObl Gustave, Alb. Baer.
12° La ferblanterie et ornements en zinc B. Gaiser.
130 Les tanneries B. Weithase & Cie (1867), M. Gelber et
Geb. Rosenbaum (1890), Schick & Ponet (1888), S. Fliedermann
(1886), H. Pfeffermann (1875).
140 Les boutonneries J. Th. Koh lent (1893), A. Meltzer.
15° La fabrique de rouennerie L. Geller & Cie.
16° La fabrique de succédanes de café H. Franck Sane
(1889).
17° L'aiguillerie et la fabrique d'agrafes (1907).
Nous verrons plus tard, h propos du developpement in-
dustriel de la Roumanie, la part des Allemands dans l'industrie
pétroliere surtout, h la tete de laquelle se trouve la Steaua Ro-
mana qui est une creation allemande. 11 ne peut etre question
de ger m anis atio n de la Roumanie dont parle Jorga, car le
nombre des entreprises est trop faible. L'influence allemande a
éte éliminée, apres la guerre, par la politique de nationali-
sation de l'industrie roumaine. La plupart des entreprises
dirigees par les Allemands sont aujourd'hui dans les mains de'
Roumains. Nous verrons plus loin quelle place les etrangers
occupent encore actuellement dans l'industrie de la Roumanie.
En resume, les Allemands de la Grande-Roumanie se corn-
posent de cinq groupes historiques et géographi-
qu es differents:
1° Les Saxons de la Transylvanie,
20 Les Allemands de la Bukovine.
30 Les Souabes du Banat.
4u Les Allemands de la Bessarabie et de la Do-
broudja.
50 Les Allemands de l'ancien royaume.
Il est singulier que ces cinq fragments d'un meme peuple
possedent une trempe nationale tres différente. Le moins
resistant est celui du Banat; le plus resistant celui de
la T r ans ylv an i e oIt les Allemands ont le mieux conserve
leurs caracteres; leurs propres ecoles, journaux, bibliotheques,

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94 La structure nationale de la population
une église independante et une architecture a eux en sont une
preuve. C'est la que la solidarité était la plus forte des le debut.
Les memes interets les reunissaient aussi dans le domaine materiel.
C'est ainsi que se forma l'Association des industriels transyl-
vaniens dans le but de defendre leurs intérets et d'encouragen
l'industrie du pays. Son siege est a Kronstadt.
Apres la guerre, les Allem an ds des divers territoires se
reunirent en un grand bloc national, lorsque la Tran-
sylvanie fut separee de la Hongrie, la Bukovine de l'Autrich.e
et la Bessarabie de la Russie. Ils avaient vécu jusque-la separes;
la formation de la Grande-Roumanie les rapprocha; elle servit
de pont aux Iles de langue allemande du pays, leur permit
d'entretenir des relations etroites et de rassembler leurs forces.
C'est pourquoi les Allemands de Roumanie n'étaient pas des ad-
versaires du nouvel arrangement. Le docteur Karl Kurt Klein
de Hermannstadt ecrit:1 «Si quelque chose pouvait nous recon-
cilier avec la destruction de la vieille forme d'Etat du sud-est
de l'Europe et des traditions plusieurs fois séculaires, c'etait la
pensée que cinq petits fragments d'un grand peuple pouvaient
se réunir pour former un tout et fortifier leurs forces en faisant
cause commune.»
Les consequences de la nouvelle situation furent bien vite
tirees. En vertu d'une decision d'un congres auquel prirent part
des deputes de toutes les contrées colonisées par les Allemands,
et qui eut lieu a Czernovitz les 18, 19 et 20 septembre 1921,
les 7 a 800 000 Allemands de Roumanie se réunirent en une
«Union des Allemands de la Grande-Roumanie».
Le depute Rudolf Bandsch en est le president. Elle se propose
de défendre les droits de la minorite allemande et d'encourager
ses progres économiques et civilisateurs.
Le tr ait é de P a r is du 9 decembre 1919 a établi des
regles fixes relatives a l'usage de la langue maternelle, aux ga-
ranties juridiques, a l'enseignement et aux affaires religieuses
des minorites.
La Roumanie s'engage par ce traité a ne publier aucune
ordonnance qui renferme une restriction de la liberté d'employer
une langue etrangere, soit dans la vie privée, dans le commerce,
dans la religion, la presse et dans les publications de toute
sorte, soit dans les discussions publiques.
On accordera des facilites raisonnables aux sujets roumains
qui parlent une autre langue, malgré la fixation d'une langue
officielle de la part du gouvernement, afin qu'ils puissent
l'employer en justice oralement ou par ecrit.

1 Dans un article de la Briicke" (Le Pont) de Danzig, du 5 novembre


1921.

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Les Allemands 95

Les sujets roumains appartenant A une minorité ethnique,


religieuse ou de langue seront traités de la merne facon que
les autres sujets et jouiront des memes garanties juridiques. Ils
auront spécialement le meme droit de creer, d'administrer et
de contrôler A leurs frais des etablissements de bienfaisance,
des institutions religieuses et sociales, des écoles et établisse-
ments d'éducation avec le droit d'employer leur langue et de
pratiquer leur religion.
Dans le domaine de l'instruction publique, le gouvernement
roumain accorde aux villes et districts oil vivent relativement
beaucoup de sujets roumains qui parlent une autre langue, des
facilites garantissant A leurs enfants l'enseignement dans leur
propre langue. Cette ordonnance n'empeche pas le gouverne-
ment roumain de rendre la langue roumaine obligatoire dans
ces ecoles.
On assure aux minorites des villes et districts qui renferment
relativement beaucoup de sujets roumains appartenant a une
minorité ethnique, religieuse ou de langue qu'elles recevront
une part des sommes ou fonds que le budget destine A Peduca-
tion, a la religion et A la bienfaisance.
La Roumanie consent a accorder, sous le contrôle de l'Etat,
aux communes des Saxons et Sacuis en Transylvanie une auto-
nomie locale dans les affaires religieuses et d'enseignement.
La Roumanie reconnalt que les ordonnances susdites pour
les personnes appartenant A une minorité de race, de religion
ou de langue forment un engagement d'interet international
et seront placees sous la garantie de la Societe des na-
tio n s. Elles ne pourront pas etre modifiees sans son autori-
sation. Les puissances qui ont signé ce traité (les Etats-Unis
d'Am erique, l'Angleterre, la France, Phalle et le Japon) s'en-
gagent A ne pas refuser leur assentiment a une modification de
des paragraphes si la majorite de la Societe des nations l'ap-
prouve.
La protection des droits des minorités ethniques etait donc
déjà reglee dans le traité de paix. Cependant les Allemands ont
evite de s'autoriser de lui. Ils s'appuyerent plutôt sur les d é -
cisions de K arls b a d du ler décembre 1918. Ces decisions,
qu'ils placaient au-dessus des droits des minorités assures dans le
traité de paix, disaient que chaque nation en Roumanie devait avoir
le droit de se faire juger, instruire et administrer par
ses propres fils. La nouvelle Union avait ainsi un guide pour
orienter sa politique. Seuls, des juges allemands, capables par
leur langue et leurs connaissances, doivent rendre la justice A
leurs compatriotes. On demanda aussi que les avocats puissent
se servir de la langue allemande sans etre soumis a des conditions
restrictives. Les instituteurs allemands devaient aussi enseigner
dans les ecoles dans leur propre langue. Dans les contrées

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96 La structure nationale de la population
allemandes, on demanda des préfets, des juges de district, des
juges municipaux et des maires allemands. Toutes ces revendi-
cations concernant la justice, l'école et Padministration devaient
etre realisees legalement sans délai. Au congres de Czernovitz, on
vota la resolution suivante: «Le Congres de tous les Allemands de
la Grande-Roumanie, tenu le 18 septembre 1921, a Czernovitz,
espere fermement que la question des minorites ethniques sera
reglée sans retard par la loi. L'interet general de l'Etat exige
impérieusement que cette question ne soit pas aggravee inutile-
ment, a l'avenir, par le maintien de la situation actuelle, obscure
et partiellement illegale. On n'arrivera jamais a un accord
qui est dans l'intéret de tous, sans créer une situation legale.»
Malgré ces revendications, ii n'est point question d'une
irr e d ent a territorial e. Pour des raisons géographiques,
elle est absurde. La creation d'une Union des Allemands de la
Grande-Roumanie ne doit pas etre non plus une irredenta
spirituelle qui séparerait et entraverait la collaboration, dans
la grande communauté de travail, dans le domaine public.
II n'y a pas de doute que la mission des minorites , consiste
a etre le pont qui réunit et non le coin qui sépare. Elles ne
doivent pas creer des oppositions dans le pays qu'elles habitent.
Leur tache est de contribuer, au point de vue économique, spiri-
tuel et civilisateur, a l'intelligence mutuelle des nations parmi
lesquelles elles vivent et de supprimer ce qui les divise. Elles
doivent former un trait d'union. Si elles ont conscience de ce
devoir, Pentente des peuples en sera facilitée.

Au point de vue politique, les Allemands de la Grande-


Roumanie ont forme le parti populaire allemand repré-
senté par son president le docteur Roth, depute avisé et po-
liticien bien doue. Son programme est: mise en valeur des droits
du peuple comme minorité, autonomie de l'église et de l'école.
II compte 5 deputes. Son devancier, le groupe parlementaire
allemand, avait 17 deputes et sénateurs. II s'appuie sur les
commissions locales des communes. Les questions dis-
cutées sont portées devant la commission du distric t.
Les représentants des commissions de district forment le c o n -
s eil populair e. C'est la representation politique superieure
dont les deputes sont les porte-parole.
Les principaux journaux allemands sont le Siebenbürgisch-
deutsche Tageblatt et la Deutsche Tagespost a Hermannstadt
(Sibiu).
Les Allemands de la Grande-Roumanie se sont réunis au
point de vue r eligieux a la 29e Assemblée de l'Eglise natio-
nale, qui s'est tenue du 6 au 13 novembre 1921 a Hermann-
stadt. Cette reunion s'est effectuee avec le maintien de l'auto-

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Les Slaves 97

nomie complete de toutes les Eglises. L'Assemblee accepta


Pecole confessionnelle, entretenue, dirigée et surveillée par l'Eglise.
Avec les Magyars, les Juifs et les Allemands, d'autres peuples
non moins nombreux vivent aujourd'hui dans le royaume rou-
main. En premier lieu viennent les Slave s. Ils se composent
de Serbes, de Ruthenes, de Russes et de Polonais.
Ii y a plus de 50 000 Serb es en Roumanie. Ils vivent au
sud-ouest du Banat, meles aux Roumains et aux Souabes. IN
y sont venus comme fugitifs des Balkans aux XVIIe et XVIIIe
siecles. Une partie d'eux fut appelée par les rois de Hongrie
pour coloniser la Pussta méridionale. Le gouvernernent hon-
grois les utilisa, comme les Allemands, comme heurtoir contre
les Roumains et les privilégi a. Entre les deux peuples se
sont développes des rapports amicaux, une aide mutuelle qui n'ont
rien perdu de leur intensité jusqu'aujourd'hui. Depuis le traite de
Paris, un refroidissement passager s'est produit dans les milieux
imperialistes a cause de la partie du Banat, la vallée du Toron,
qui est echue a la Yougoslavie, et que reclament les Roumains;
puis a cause des Roumains de la vallée du Timoc que les Serbes
essayent d'isoler. Outre leur langue maternelle, tous les Serbes
parlent le roumain. II existe aussi quelques villages serbes
dans la Valachie, par exemple, dans le district d'Obate, le village
de Brebeni. Les habitants portent des costumes serbes; leurs
mceurs ont ete fortement influencées par' les Roumains; ils
parlent la langue roumaine.
Les Ruth e n es sont ariginaires d'Ukraine; ils parlent
iin dialecte russe; on les appelle aussi pour .cela Petits
Russ e s. Ils sont établis principalement au nord et au nord-
ouest de la Bukovine oit ils representent un tiers de la po-
pulation. On les rencontre encore au nord de la Bessarabie et
dans quelques colonies le long du Dniester. Les Ruthenes sont
au nombre de 600 000 au moins en Roumanie. On les appelle
Hutules dans les montagnes du Maramuresh et de la Buko-
vine. Ce sont des Dakoromans slavises, qui ressemblent davan-
tage aux Roumains par leur langue, leurs costumes et leurs
mceurs. Ils se distinguent aussi des Ruthenes par la couleur des
cheveux; ces derniers sont blonds et les Hutules bruns.
Le nombre des Ruthenes était faible dans ce territoire tant
que la Bukovine et la Bessarabie appartinrent a la Moldavie; ii
augmenta lorsque la Bukovine devint autrichienne et la Bessa-
rabie russe. La raison en est que les Autrichiens favorisaient
les Ruthenes de la Bukovine pour affaiblir l'element roumain.
Le gouvernement autrichien suivit aussi ailleurs, en Italie, par
exemple, cette politique consistant a favoriser la minorité pour
avoir un frere d'armes contre la majorité. A Fiume, les Croates
7

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98 La structure nationale de la population
etaient préférés a la majorité italienne; inversement on
favorisait les Italiens dans le territoire entre Fiume et la Dal-
matie oii les Croates avaient la majorite. L'accroissement des
Ruthenes en Bessarabie s'explique par les conditions favorables
que ce pays offrait aux Russes comme colonie lorsqu'il devint
leur possession. Ils s'etablirent au nord et sur les bords du
Dniester, c'est-a-dire dans le territoire frontiere. La Russie
favorisa ces etablissements en dirigeant les Roumains deloges
vers l'intérieur de la Russie, le Caucase et la Sibérie. Seul,
ce procede brutal de Padministration explique comment tant de
Russes ont pu etre intercalés entre les Roumains en si peu de
ternps. L'infiltration se fit vers le milieu du XIXe siecle.

Les Russ es sont au nombre de 99 000 dans la Grande-


Roumanie : 59 000 dans la nouvelle Roumanie et 40 000 dans
l'ancienne. Ils vivent disperses au suct de la Bessarabie, au
nord de la Dobroudja, sur les bouches du Danube et dans
quelques villes de la Moldavie. Les Russes sont nombreux
a Jassi. Ils entretiennent des rapports d'amitie avec les Rou-
mains ; ils appartiennent comme ces derniers a l'Eglise ortho-
doxe et la Roumanie a toujours ete un asile pour les Russes
poursuivis dans leur patrie. C'est ainsi que la secte religieuse
des Lip o v en es, qui etait persecutee dans Pancienne Russie,
a trouvé la liberte en Roumanie. La plupart des pecheurs du
Danube inférieur et des bouches du Danube, des jardiniers et
des apiculteurs appartiennent a cette secte.
Enfin les Polonais form ent une partie de la population
slave habitant en Roumanie. Ils vivent surtout dans les villqs
de la Bukovine, de la Transylvanie et de la Bessarabie. Leur
nombre varie suivant les sources: 50 000 d'apres Murgoci et
Popa-Burka ; 37 000 seulement d'apres les statistiques antérieures.
Ils sont agriculteurs, grands industriels, commercants OU appar-
tiennent aux professions lib érales. Ils vivent en bonne in-
telligence avec les Roumains. «Partout, ils ont éte des fac-
teurs civilisateurs et des amis de la nation roumaine» 1

En Roumanie, on rencontre encore des Arm en i ens et


des Grecs.
Les Arm en i en s, au nombre de 12 000 environ, sont etablis
depuis longtemps (2 a 3 siecles), en Roumanie et se sont presque
entierement assimiles. Ils sont marchands, fabricants, artisans,
mais aussi instituteurs, fonctionnaires et avocats. Ils conservent
la pureté de leur race (cheveux noirs et nez courbé) par le
mariage entre eux pour des raisons economiques. Ils ne veu-
1 Murgoci et Popa-Burka, page 124.

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Les Grecs 99

lent pas disperser la fortune qu'ils ont acquise dans leurs


positions en se mariant avec les representants d'autres natio-
nalités. IN ont oublié presque entierement leur langue natio-
nale; ils parlent roumain bien qu'ils se distinguent des Rou-
mains au point de vue religieux. Les immigrants de récente
date parlent arménien et turc.
Les Grecs sont surtout commercants dans les ports du
Danube et de la mer Noire. Leur nombre est relativement
petit. Ils ont leurs écoles et leurs eglises, comme les autres
étrangers. Nous avons déja vu, dans le chapitre relatif a l'histoire
de la Roumanie, le role qu'ils ont joue autrefois dans le pays.
Dans le monde politique, dans le Parlement surtout, beaucoup
de personnalités sont d'origine grecque. Mais ces Grecs sont
entierement roumanisés, tels que Cantacuzino, Mavrocordato et
d'autres familles appartenant aux Fanariotes.
Les Bohém i ens forment une tres ancienne partie de
la population. IN sont originaires d'Asie, des contrées si-
tuées entre l'Indus et l'Euphrate. Ils vinrent en Roumanie a
l'époque des invasions des Barbares. Une partie est nomade;
l'autre partie est sédentaire; ce sont les artisans, les marechaux
ferrants; puis les rudaris, qui font des cuillers et autres ar-
ticles en bois; les joueurs de violons, les celebres lautaris. Par-
fois, ils forment des villages entiers autour de vieux chateaux
auxquels ils appartenaient autrefois comme esclaves. Ils demeu-
raient dans des cavernes et sous des tentes autour des fermes.
Sous le prince Couza Voda, depuis 1850, ils ont été eman-
cipes; peu a peu, ils sont sortis de Vesclavage. En 1853,
beaucoup sont devenus libres grace a l'Etat qui a indemnise
leurs maitres. Les Bohémiens nomades vivent du racommodage
de marmites, d'étamage, de vols et de mendicite.
Les Bohemiens sédentaires parlent le roumain et ne veulent
pas passer pour des bohemiens, mais pour des Roumains; les
nomades ont conserve leur langue apportee d'Asie. Leur nombre
est de 285 000, dont 60 000 dans la nouvelle Roumanie et 225 000
dans l'ancienne, suivant les statistiques.
En Roumanie vivent egalement des Tartar e s. Ils appal,
tiennent aux Mongols. Ils sont moins nombreux que les bo-
hemiens; on en compte environ 200 000 ou un peu plus. Qn
ne les rencontre que dans la Dobroudja et la Bessarabie. Ce
sont des gens tranquilles, travailleurs, qui parlent la :langue
roumaine. Ils ont de petits yeux noirs, enfoncé dans la tete.
La plupart sont agriculteurs.
Parmi les Tartares, les Tur cs appartiennent aussi aux
Mongols. Ii y en a un peu moins de 100 000 en Roumanie,
dans la Dobroudja, a Deliorman et dans l'ile Ada-Kaleh. Ils
7*

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100 La structure nationale de la population
ont immigre au xve siecle. Beaucoup quitterent le pays a la
fin du XIXe siecle. On les trouve encore dans d'autres con-
trees ; ils sont marchands et vendent des tapis, des moulins
a café, etc., ou gardes de proprietés agricoles. IN sont aussi
nomades comme marchands de bullies. Ils parcourent le pays
avec un troupeau et vendent leurs animaux et leurs produits.
Les Turcs sont mahometans; cependant, dans la Dobroudja
et dans la Bessarabie meridionale, 80 000 environ sont chre-
liens et parlent la langue turque. On les appelle Gagauti s.
En roumain, ce mot sert a designer les imbeciles et les naffs.
Les Gagautis se roumanisent tres vite bien que les Bulgares de
la Dobroudja essaient de les bulgariser. Leur origine est in-
connue.
La Roumanie, qui est si riche en types nationaux, compte de
nombreux representants d'un peuple voisin avec lequel elle
entretient des rapports peu arnicaux; ce sont les Bulgar e s.
urgoci et Popa-Burka, qui sont justes dans leur jugement
porte sur les autres nationalités, jugent les Bulgares d'une
maniere tres défavorable. «Les Bulgares possedent une grande
puissance de travail et beaucoup do patience; mais leurs ma-
nieres sont asiatiques et incultes, sans sentiment, avec des in-
stincts effrenés et une perseverance entetee; ce ne sont point
la des qualites favorables au développement d'un peuple» (page
128). La politique a sans doute influence ce jugement. On
y retrouve les differences qui ont sépare jusqu'à nos jours
la Roumanie et la Bulgarie. Les Bulgares sont d'origine ougro-
finnoise, mais de langue slave; 150 000 vivent dans l'ancienne
Roumanie et 140 000 dans la nouvelle; ce sont 290 000 en tout,
c'est-à-dire 1,7 0/0 de la population totale de la Roumanie. On
les rencontre dans la Dobroudja oil une partie a emigre en
1750 et la plus grande partie apres la guerre turco-russe de
1877-1878. Cette guerre donna la Dobroudja a la Roumanie.
La Bulgarie a essayé d'augmenter sa population dans ce terri-
toire qu'elle réclamait pour renforcer son influence. Suivant
les statistiques roumaines, on comptait avant la guerre 54,7 0/o
de Roumains et 14.3 0/0 de Bulgares. Ces chiffres ne sont
peut-etre pas tres exacts. IN ne renferment pas seulement les
Roumains nes et établis dans la Dobroudja, mais aussi ceux
qui y ont emigre beaucoup plus tard. Néanmoins les Bulgares
n'avaient aucun droit pour reclamer ce territoire, apres la vic-
toire allemande, en disant qu'ils représentaient la majeure partie
de la population. Cela est absolument faux. Autrefois, il y
avait beaucoup plus de Bulgares au sud de la Bessarabie; une
partie d'eux émigra dans la Dobroudja lorsque la puissance des
Turcs fut brisee. En Munténie, quelques villages bulgares etaient
disperses ; leurs habitants sont entierement rournanises. Ce qui
est singulier, c'est que, dans quelques-uns de ces villages, la

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Le traitement des minorites 101

religion de ces Bulgares n'est pas la leur ou celle du pays


(c'est-A-dire la religion orthodoxe), mais la religion catholique;
tel est le cas du village de Cioplea pres de Bucarest.
Le traitement des minorités est tres divers en Rou-
manie. Le Roumain est fier de sa nationalité. II cherche A la
faire accepter et rencontre alors la resistance des populations
étrangeres. Les egards qu'il a pour elles ne dependent point
de leur force, mais de divers facteurs politiques et d'autres
facteurs.
Ainsi la Roumanie actuelle renferme un grand nombre de
peuples dont quelques-uns seulement peuvent etre assimilés;
les autres insistent A conserver leurs particularites. Le traite-
ment de ces minorités appartient aux problemes les plus diffi-
ciles de la politique intérieure d'un pays. La nouvelle Constitu-
tion l'a resolu en ne parlant pas des diverses nationalités, mais
uniquement des «Roumains sans distinction de race, de langue
ou de religion». Cette egalité ne résout qu'une partie de la
question en ecartant l'autre. Ii importe avant tout, dans un
pays qui possede 30 0/o de populations etrangeres, de savoir
dans quelle mesure il saura gagner leur collaboration aux tAches
communes de l'Etat et dans quel esprit la jeunesse sera élevée,
Les evénements de la grande guerre ont rapproche les divers
groupes des populations. La politique pratique de la Roumanie
devra avoir pour mission de fortifier, de plus en plus, le lien
commun qui enserre tout par de bonnes lois et une bonne ad-
ministration, par de bonnes écoles et de bonnes institutions
publiques. Les dissonances resultant de l'hétérogeneite de la
population se feront de moins en moins sentir et finiront par
disparaitre entierement.

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V. L'agriculture.
L'agriculture forme la base de Peconomie politique de la
Roumanie. Elle est la source la plus importante de la fortune
nationale. La Roumanie doit a la fertilité de son sol le role
qu'elle joue parmi les pays agricoles du monde. Ce sol est si
fertile qu'il n'a pas besoin d'engrais; ii fournit de grands rende-
ments quoiqu'on ne lui ajoute pas suffisamment de matieres
nourricieres. II est certain que ces, rendements seraient aug-
mentés par le fumier ou les engrais chimiques. Jusqu'aujourd'hui,
l'optimum n'a éte atteint dans aucune partie de la Roumani'e.
Le fumier, dans l'ancien royaume, est brilIe ou jeté par les
paysans lorsqu'on ne l'emploie pas dans la construction des
maisons. On ne peut songer h employer les engrais chimiques;
les paysans ne possedent pas les connaissances de chimie né-
cessaires. Les reserves du sol sont encore assez grandes pour
que la question de lui reintegrer les substances enlevees par
les récoltes ne soit pas actuelle.
Les hauts rendements dependent moins du remplacement des
matieres nourricieres que de la f a con de travailler le sol
et naturellement de la temperature. La culture est encore des
plus primitives. La terre est labouree peu profondément avec
des charrues de construction ancienne; on la gratte seulement.
En unténie, on seme le froment dans les chaumes de mais
aux larges sillons, sans que l'on utilise la charrue ou un autre
instrument aratoire. Apres avoir seme les grains, on passe la
herse dans le champ et les semailles sont terminees. La culture
du colza est aussi simple. On le seme dans Ies champs de mdis
verts; on le recouvre lorsqu'on pioche le mais pour la seconde
fois. Apres la recolte du mais, on a un champ ensemence de
colza. Environ 200/0 du colza est cultivé de cette facon.1 On est
étonne de voir le sol donner des richesses exuberantes malgré
cette preparation défectueuse. II faut ajouter que le paysan
ignore le choix des semences et les methodes modernes des
ensemencements. II suit la tradition et travaille comme ses
ancetres ont travaille. Les grands biens ont commence a moder-
niser l'agriculture, dans l'ancienne Roumanie, par le travail ra-
tionnel du sol, l'emploi des engrais et des machines agricoles.
1 Michel Serban: Rumaniens Agrarverh5ltnisse, Berlin 1914, page 69.

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Le sol roumain 103

La grande réforme agraire les a démembrés; aussi le probleme du


travail rationnel de la terre est-il devenu plus urgent. Le ren-
dement du sol a fait de grands progres dans les autres pays
civilises; en Roumanie, celui du mais surtout est resté au meme
niveau qu'il y a 50 ans. Celui du froment est encore de moitié
inferieur au rendement allemand.
La prodigieuse f ertilit é du sol roumain a excite partout
l'attention. Elle est due a sa richesse en humus qui atteint par-
fois une épaisseur d'un metre. Cette terre noir e, qui carac-
terise le sol des plaines, le cernosiom, renferme 80/o de terre
noire proprement dite et 6 a 80/0 de terre noire et brine; elle
forme un lit extraordinairement fertile aux cultures de froment
et de mais. Au-dessous de cette couche d'humus se trouve fré-
quemment une couche de loess de plusieurs metres d'epaisseur,
composee d'argile fin melé a du sable. Cette derniere repose sur
une couche plus ancienne d'argile tertiaire.
Les analyses du sol que l'on a faites ont montré que la
terre arable renferme:
0,170/0 d'azote
0,10 0/o d'acide phosphorique
0,990/0 de chaux
0,190/0 de potasse
5,57 0/0 d'humus.
Les cultur es sont pratiquees dans trois regions : les pla-
teaux, les collines, les plaines (la steppe). Le climat qui a une
grande influence sur les plantes cultivees est different dans ces
trois regions. Mais il est singulier que les plantes de la zone
septentrionale et de la zone méridionale se touchent id. Partni
les premieres, ii y a l'avoine, qui est une plante du nord de
l'Europe par sa resistance aux influences atmospheriques. Le
mais, le tabac et le raisin representent les produits de l'agri-
culture des pays du sud. Dans les plain es de la Roumanie
et sur les plateaux exterieurs des montagnes s'etendent les,
champs de froment, fl'orge et de mais. Sur les c o 11 i n e s, sur
les pentes des Karpathes, en Moldavie, sur le plateau transyl-
vanien, on rencontre des vignes, des arbres fruitiers et des
prairies a côte des champs de seigle, de mais et d'orge. Dans
les montagnes ii y a des forets et des paturages.
D'apres les publications du ministere du Commerce et de
l'Industrie de 1921, on peut partager la constitution orographique
du pays de la maniere suivante : plus de la moitie des plain es
est cultivee de ceréales. L'ancienne Roumanie, la Bessarabie,
les plaines du Banat et de la Crishana sont les trois territoires
qui forment le grand grenier de la Roumanie et de l'Europe
méridionale. Dans la deu xi em e con tr e e, parcourue de mon-

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104 L'agriculture

tagnes et de collines, la culture des céréales occupe un peu


moins du quart de la superficie, Elle s'étend en Transylvanie,
dans une partie du Banat (Caras-Severin) et en Bukovine.
Les céréales occupent presque la moitié des surfaces culti-
\Tees de la Roumanie. En 1923, elles s'élevaient a 10 712 073 hec-
tares repartis comme suit:
céréales 9 654 192 hectares = 90,1 %
fourrages . . . . 469 211 ,, = 4,40 %
plantes industrielles, racines, etc . . 241 822 PI
= 2,27 %
plantes textiles et oléagineuses . 164 772 PP = 1,54 %
cultures maraichères . . . . 92 097 ,, = 0,87 %
légumineuses 90 029 II = 0,82 %

La culture du f r o m e n t et du m a i s occupe la premiere


place parmi les produits divers de l'agriculture de la Roumanie.
Le mais est la principale nourriture du peuple; il occupe la plus
grande surface: un tiers des champs; le froment un quart. La
temperature et les exploitations agricoles ont associé ces deux
cultures. Les périodes critiques pour leur developpement, le temps
des semailles, la floraison et la maturité ne coincident pas. II
arrive que la récolte du froment est mauvaise et celle du mais
bonne ou inversement. Le froment est le principal produit agri-
cole d'exportation de la Roumanie; le mais est l'aliment principal
de sa population rurale et une bonne nourriture pour les ani-
maux. Par suite, la culture du froment donne de grands Mile-
fices; le profit retire du mais consommé dans le pays pour
couvrir les besoins des exploitations agricoles est beaucoup
moins grand. Ces deux plantes sont en outre des parties im-
portantes de la suite des récoltes; leurs cultures alternent. Le
rendement du froment est beaucoup plus grand lorsqu'on a
cultive du mais dans le champ l'année auparavant. La Roumanie
exporte une grande partie de sa production de froment. Cet
excédent est dil au faible peuplernent des campagnes, mais sur-
tout a la grande fertilite du sol.
Les surfaces ensemencées de froment n'ont pas augmente
proportionnellement a l'accroissement du territoire roumain. De
1909 a 1913, le froment couvrait en moyenne, dans l'ancienne
Roumanie, une surface de 1 million 800 000 hectares; le mais
une surface de 2 millions 100 000 hectares. Apres la guerre,
cette surface aurait dil doubler pour le froment, car la super-
ficie du royaume a double. Les chiffres ci-apres nous montrent
qu'il n'en a pas ete ainsi. D'apres les bulletins agricoles publiés
par le ministere de l'Agriculture (Buletinul Agriculturii), la sur-
face cultivée de froment etait de:
2 022 710 hectares en 1920
2 488 335 ,, 1921
2 649 640 // 1922
2 690 341 >, 1923

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Les céreales 105

Cette ét en du e est de beaucoup inferieure A une super-


fice de 4 millions d'hectares. Diverses causes genérales et parti-
culieres ont empeché le doublement de la surface cultivée. Parmi
les premieres, ii faut citer la situation de l'agriculture apres la
guerre, la perte et la diminution de l'inventaire vivant et mort,
la direction defectueuse par suite de la mort de nombreux peres
de famille, les troubles sur les frontieres (de la Hongrie et de
l'Ukraine), la reforme agraire, la situation incertaine existant A
cause de l'expropriation du sol et pendant l'expropriation, les
difficultes de transport qui entravaient parfois le transport des
semences, le manque de sacs et l'approvisionnement tardif
en semences dans certaines contrees. Parmi les causes parti-
culieres, citons l'obligation de livrer sa recolte, les prix maxima,
c'est-a-dire le regime des annees passees dont la consequence
était que le prix du from ent n'atteignait pas meme la
moitie du prix de l'avoine et de l'orge. Toutes ces causes .ont
fait que l'etendue ensernencée de frornent a éte bien inferieure
a celle qu'on aurait pu attendre.
Le rendement des terres cultivees en froment est loin d'at-
teindre celui des pays de l'Europe occidentale. Malgre l'excellence
de ses terres a froment, la Roumanie vient bien apres le Dane-
mark, la Hollande l'Angleterre et l'Allemagne. En Allemagne,
le rendement a l'hectare a été, en quintaux metriques, de: 20,6
en 1911; 22,6 en 1912; 23,6 en 1913; 19,9 en 1914. Dans les
pays cites, les rendements moyens etaient compris entre 20 et
30 quintaux metriques. En Roumanie, le rendement, avant la
guerre etait de:
12,85 en 1905
15,42 en 1906
14,57 en 1913.
Ce rendement varie suivant les conditions climatiques et le
mode de culture. II est le plus fort dans la Muntenie occidentale,
dans le Banat, la vallée de la Theiss et dans le grand domaine
d'exploitation de la plaine muntenienne. On recolte environ
18 hectolitres a l'hectare. Dans d'autres regions, le rendement est
beaucoup moindre. Dans l'ancienne Roumanie, ii etait de 14 hecto-
litres 70 en mgyenne dans les années de 1911 A 1915.
L'étendue des propriétes joue aussi un role. Les gr an ds
pr oprietair es travaillaient mieux le sol que les petits; iIs
possedaient de meilleurs moyens techniques et employaient de
meilleures semences; la production etait donc plus elevee dans
les grands biens. Elle depassait souvent 20 hectolitres a l'hectare.
Dans la Orande-Roumanie, la recolte de froment a éte, en
hectolitres, de:
22 050 034 ou 10,9 par hectare en 1920
27 648 749 11,1 1921
32 687 407 12,3 1922
35 698 009 -- 13,2 1923

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106 L'agriculture

Cette statistique montre que la recolte du froment a grandi


en meme temps que le rendement a l'hectare.
En comparant les divers territoires de la Roumanie, on ob-
tient un tableau plus instructif. Nous voyons que la Transyl-
vanie vient apres l'ancienne Roumanie, que la Bukovine vient
en dernier lieu quant a la quantite de froment recolté, mais en
tete quant au rendement a Phectare. On a recolté, en hecto-
litres:
Ancienne Roumanie.
9 064 761 ou 11,6 par hectare en 1920
15 287 616 13,2 PP
1921
16 109 248 13,3 PI 1922
16 938 291 13,8 1923

Transylvanie.
6 130 384 ou 9,1 par hectare en 1920
8 987 354 11,6 PP
1921
8 551 977 10,2 PP
1922
7 040 138 10,4 P/ 1923

Bukovine.
151 819 ou 12,5 par hectare en 1920
210 102 13,8 PP 1921
326 369 14,6 PI 1922
316 046 16,1 ,, 1923

Bessarabie.
6 703 070 ou 11,7 par hectare en 1920
3 163 677 5,9 PP
1921
7 699 813 13,4 PP
1922
11 403 534 14,8 1923.

Les rendements de la Bessarabie montrent a quelles enormes


fluctuations la recolte est sujette; la mauvaise recolte de 1921,
qui ne donna que 3 millions 163 677 hectolitres et la magnifique
recolte de 1923 qui fournit 11 millions 403 534 hectolitres avec
un rendement a l'hectare qui dépassa celui de l'ancienne Rou-
manie, en sont les meilleures preuves.
Si la surface ensemencee de la Grande-Roumanie n'était pas
de 2 millions d'hectares environ, mais de 4 millions, selon l'agran-
dissement du pays, on obtiendrait une production totale de 60 mil-
lions d'hectolitres, en supposant un rendement de 15 hectolitres
a l'hectare. Nous avons vu que la recolte a ete de 35 millions
698 009 hectolitres en 1923. Cette recolte excellente etait due a
des conditions atmosphériques excessivement favorables. Les
deux annees précédentes avaient fourni un rendement moyen de
30 millions d'hectolitres en chiffres ronds. II en résulta un ex-
cel:lent d'exportation énorme qui plaça, d'un seul coup, la Rou-
manie a la tete des pays du monde exportateurs de ble. Avant
la guerre, la Russie exportait le plus de froment (43 millions de

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Les cereales 107

quintaux métriques); puis venait en seconde ligne le Canada


(21 millions); en troisieme ligne les Etats-Unis (16 millions) et
la Roumanie (14 millions) en quatrieme ligne. La Russie n'est
plus, aujourd'hui, un territoire unique. L'Ukraine avec ses gran-
des quantités de céréales est un Etat particulier. La Roumanie
pourrait devenir une puissance dominante sur le mar:he mon-
diale, pour le froment, si elle pouvait doubler sa production.
II n'est point du tout impossible de résoudre ce probleme. II est
egalement faux de supposer que la suppression des
gra n ds do tn aine s, qui ont fourni jusque-la les plus fortes
récoltes, empeche les excédents de production. Nous verrons plus
tard comment on peut y arriver.
En 1923, la production mondiale de froment a ete de 940 mil-
lions de quintaux metriques. D'apres la Revue «Wirtschaft und
Statistic» (No 4, page 98, 1924) publiée par l'Office des Sta-
tistiques du Reich (Statistisches Reichsamt), la production était
repartie comme suit, sans la Russie:
Etats-Unis . . . 213 847 000 quintaux métriques
Canada . . . 127 850 000
Indes anglaises 100 497 000 IP ft
France . 79 055 000 IP IP
Argentine 70 580 000 If
Italie 61 191 000 /7 PP

Espagne . . . 42 759 000 )7


Allemagne 28 971 000 PI
Roumanie . 27 902 000 IV
Hongrie . . 18 419 000

Le contenu en farine du froment roumain et supérieur a


celui des produits concurrents des autres pays: le froment russe
(azima Yesk) renferme 340/o de farine, le froment francais 370/o,
le froment hongrois 73,20/o, le froment roumain 73,70/o. La
moyenne du froment etranger est 70,20/0. Le contenu en gluten
est en rapport inverse avec le poids de l'hectolitre. Les rela-
tions exactes entre le contenu en gluten et les conditions de
production naturelles se sont pas encore suffisamment connues.
Mais c'est lui qui determine la valeur du froment. La farine
riche en gluten prend beaucoup d'eau par le petrissage, donne
plus de pate et un plus beau pain que la farine pauvre en gluten.
La quantite de gluten contenu dans le froment et presque plus
importante que son poids, car si un froment lourd donne plus
de farine, celle-ci est moins avantageuse si elle n'est pas ,riche
en gluten. Pour l'exportation, le contenu en gluten est de grande
importance. Beaucoup de meuniers a l'etranger utilisent la farine
de froment roumain pour la melanger avec des farines pauvres
en gluten et améliorer ainsi leur qualite.
En 1913, l' exp o r tatio n de froment s'eleva a plus de
10 millions de quintaux metriques; en 1921, elle ne fut que de
732 000 et en 1922, de 252 000 quintaux metriques.

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108 L'agriculture

II faut ajouter l'exportation de farine de from en t qui


se chiffra par:
8 000 quintaux métriques en 1920
156 000 SP
1921
227 000 PS 1922

A cote du froment, le mais joue un role primaire dans


l'agriculture de la Roumanie. Nous avons deja dit qu'il est l'ali-
ment principal de la grande masse de la population. Le trigs est
en outre une bonne nourriture pour le betail; il est facile a
récolter, a transporter et a conserver. Apres avoir égrené les epis,
on les emploie comme combustible; les paysans s'en servent pour
allumer les feux dans les champs. On le cultive principalement
dans les petites exploitations agricoles.
Les diverses qualités cultivees en Roumanie sont les sui-
vantes:
10 Le mais zea dentiformis ou rnais dent de cheval dore;
20 Le mais zea vulgaris ou mais ordinaire;
30 Le mais zea microsperma ou mais a petits grains.
11 existe divers groupes qui portent en general des noms italiens,
tels que cincantin Pignoletto, etc.
Cette plante souffre beaucoup de la sécheresse, certaines
annees, bien que le sol et le climat conviennent spécialement a
sa culture. Le mais est une plante tres exigeante; elle demande
beaucoup de chaleur pour mil& completement. Si l'automne
est trop court et si le froid vient de bonne heure, il est recolté
sans etre mar. La consommation de ce mais cause frequemment
une maladie qui amene des troubles cutanés et cérébraux; on
l'appelle la pellagra. En Italie, ou elle avait pris une grande
extension, elle a completement disparu. Avant d'emmagasiner
le mais, on le seche dans des fours particuliers. Ces fours
n'existent pas encore en Roumanie et la pellagra est tres re-
pandue.
Le mais est parmi les plantes cultivees celle qui occupe la
plus grande surface dans la production globale de la Rou-
manie. Elle depasse de beaucoup celle du froment. Elle était de:
3 295 418 hectares = 38,06 % de la surface totale cultivée en 1920
3 443 990 2, = 34,29 % 7, " 1921
3 403 854 = 32,93 % If 1922
= 31,78 %
71

3 404 492 I, 1923

Ce tableau montre que le mais occupe un tiers des terres


cultivées, que sa part etait plus grande autrefois et qu'elle est
devenue plus petite, c'est-a-dire qu'elle est inferieure a
un tiers.

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Les céréales 109

En 1923, la repartition des étendues cultivées entre les


&verses provinces était comme suit:
Dans l'ancien royaume 1 965 803 ha = 36,11 % des terres cultivées globales
en Transylvanie . . . 731 798 = 32,60 %
en Bukovine . . . . 57 967 = 21,35 %
= 23,60 %
PP

en Bessarabie . . . 648 924 9, IP

On voit que c'est dans l'ancienne Roumaine que la culture


du mais est la plus repandue. En Transylvanie, un tiers des
terres cultivées sont ensemencées de mais. En Bukovine et en
Bessarabie, sa part baisse de 1/3 a 4/5 en chiffres ronds.
Le rendement en mais est tres irrégulier. II était en
Grande-Roumanie:
De 61 512 135 hectolitres = 18 hectolitres 60 par hectare en 1920
37 471 613 = 10 99 90 1921
39 304 844 = 11 PP
50 1922
57 409 260 = 16 99 9! 60 1923
Les parts des divers territoires etaient les suivantes :
Ancienne Roumanie.
35 872 116 hectolitres = 18 hectolitres 90 a l'hectare en 1920
21 221 214 7/ = ii 40 1921
22 538 957 = 11 40 1922
37 153 676 = 18 II 90 P/ 1923
Transylvanie.
10 872 697 hectolitres = 17 hectolitres 20 a l'hectare en 1920
9 334 886 = 10 9, 70 1921
8 242 554 = 11 99 40 1922
8 488 856 9, = 11 60 1923
Bukovine.
1 320 137 hectolitres = 21 hectolitres 20 a l'hectare en 1920
816 805 = 13 99 40 PI /I 1921
845 883
"
= 16 10 // 1922
994 590 = 17 10 17
1923
Bessarabie.
13 447 185 hectolitres = 18 hectolitres 90 a l'hectare en 1920
7 098 708 =9 /I 40 , 1921
7 677 450 = 11 1/ 70 PI 1922
10 772 138 = 16 PI 60 , 1 PP
1923

Parmi les quatre annees citees, l'annee 1920 a fourni le plus


haut rendement. Elle a ete suivie d'une mauvaise année pour
le mais. Le rendement a Phectare, qui etait de 18 hectolitres
60 en 1920, l'année du plus fort rendement, s'abaisse a 10 hecto-
litres 90 Pannee suivante. Les diverses parties du royaume don-
nent des resultats analogues. Les bonnes récoltes suivies de
mauvaises, qui pouvaient am ener une désorganisation complete
du marche, sont la consequence des variations du t e in ps de
la moisson qui decide de la richesse ou de la pauvrete de

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110 L'agriculture

la population. La Bukovine a fourni les meilleurs rendements;


l'ancienne Roumanie les plus grandes qualites.
Une partie de la recolte de maIs est exportée. L'exportation
moyenne des annees de 1911 a 1915 a été de 10 434 207 quin-
taux métriques. Les années d'apres-guerre, elle diminue, comme
l'indiquent les chiffres ci-apres
4 434 450 quintaux métriques en 1920
8 308 870 1921
3 025 090 >1 11 1922
2 962 140 1923

Le mais sert a la consommation interieure qui est en


moyenne de 29 956 158 quintaux métriques annuellement.

Apres nous etre occupe des deux principales ceréales de


la Roumanie, passons aux autres qui n'ont pas la meme im-
portance ni par Petendue des surfaces cultivées, ni par leur
rendement.

Le s e i g 1 e est beaucoup moins cultive que le froment dans


la G r a n d e - R o u m a n i e. Voici les surfaces cultivees :
315 603 hectares = 3,64 % des surfaces cultivées globales en 1920
326 576 = 3,25 % ,, ,, 1921
266 523 = 2,58 % 31 1922
=
11

270 456 2,52 % I> 11 11 11 1923

Ainsi 21/2 a 31/20/0 des terres cultivees sont emblavées de


seigle en Roumanie. Le Roumain n'estime pas le seigle. 11
préfere le pain blanc; en outre le froment rapporte plus que le
seigle. La paille est utilisée a cause de son élasticité et de sa
longueur pour lier divers objets. On la tresse et on en fait
des toitures de maison.
De grandes surfaces sont ensernencees de seigle dans les
contrées montagneuses dont le sol est sablonneux ou forme de
sable et d'argile; le seigle alterne avec le mais. On le cultive
aussi dains les districts de la plaine du Danube, de Covurlui,
Tulcea, Constantza, Mehedintsi et Dolj.
Les surfaces cultivees en seigle en 1923 etaient:
Dans l'ancienne Roumanie de 66 057 ha = 1,21 % des surfaces cultivées
en Transylvanie . . .. 65 951 = 2,94 % lf
en Bukovine , 20 271 = 7,46 % 11 11

en Bessarabie . . 118 177


. = 4,29 % 11

La Bessarabie vient en tete pour les qualites. Ses terres


emblavées de seigle sont le double de celles de l'ancienne Rou-
manie. En comparaison des terres cultivées, la petite Bukovine,.
avec ses 7,460/0, possede la plus grande culture de seigle.

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Les céreales 111

Le tableau ci-dessous indique les r é c o 1 t e s d e s e i g 1 e:


Grande-Roumanie.
3 409 676 hectolitres = 10 hectolitres 80 A l'hectare en 1920
3 199 166 11 =9 11 80 )1 1921
3 252 369 = 12 20 11 1922
3 301 882 = 12 20 ,f )1 1923
La part des divers territoires du royaume est comme suit:
Ancienne Roumanie.
749 863 hectolitres = 11 hectolitres 40 a l'hectare en 1920
695 419 11 = 9 ,, 60 pp pp 1921
658 906 = 11 ,, 10 1922
810 153 ,, = 12 50
/1 11
pp 1623

Transylvanie.
798 968 hectolitres = 9 hectolitres 60 a l'hectare en 1920
1 604 423 ,, = 11 11
60 11
9, 1921
941 900 PP
= 10 20 pp 1922
723 639 /I = 10 11 90 11
,, 1923

Bukovine.
189 437 hectolitres = 10 hectolitres 20 a l'hectare en 1920
193 310 9 = 11 . 80 pp 1/ 1921
326 514 ,, = 13 ,, 00 /I 1922
287 322 ,, = 14 20 ,, n 1923
Bessarabie.
1 671 639 hectolitres = 11 heetolitres 20 a l'hectare en 1920
703 014 = 7 10 ..yr 11 1921
1 325 049 = 14 pp 60 ), 1922
1 480 768 P1 = 12 pp 50 pp 1923

L ' o r g e a beaucoup plus d'importance que le seigle pour


la Roumanie.
Durant les quatre dernieres années, les surfaces emblavées
de seigle ont diminue; eelles ensemencees d'orge ont sensible-
ment augmente. Ge fait est en relation avec l'attitude du gou-
vernement roumain, dont nous parlerons plus loin, quant aux
cereales; il est surtout la consequence des restrictions dans le
trafic des céréales et des bas prix maxima auxquels l'orge était
assujettie. Les surfaces ensemencees d'orge étaient de:
1 400 173 hectares = 16,17 % des surfaces cultivées totales en 1920
1 569 373 = 15,63 % II PI 1921
1 727 454 = 16,71 % /1 11 1922
1 878 391 = 17,53 % 1923
Sur les 1878 391 hectares cultivés en orge, la part des diffe-
rents territoires etait pour .

L'ancienneRoumanie 926 900 hectares = 17,02% des surfaces cultivées globales


la Transylvanie 150 559 ,, = 6,71% pp 11 11 11

la Bukovine 38 143 = 14,04%


la Bessarabie 762 789 11
= 27,73%

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112 L'agriculture

L'ancienne Roumanie se trouve de nouveau en tete quant


a la grandeur des surfaces cultivées. La Bessarabie la suit; sa
part sur l'ensemble des terres ensemencées d'orge est tres im-
portante: 27,730/o, contre 17,020/0 dans l'ancienne Roumanie.
La Bukovine possede la plus faible étendue: 6,710/0.
En Moldavie, on cultive principalement une sorte spéciale,
l'orge a six lignes, tres appréciée des brasseurs et que l'on ex-
parte en grandes quantites. Elle porte le nom d'orzoaica.
La production globale de l'orge des differentes parties du
royaume est la suivante:
Grande-Roumanie.
22 962 591 hectolitres = 16 hectolitres 40 a l'hectare en 1920
15 517 886 ,, =9 11 90 ,,
,
1921
32 262 228 7/ = 18 1/ 70 1922
21 399 129 11
= 11 /1 40 11
1923

Ancienne Roumanie.
9 123 632 hectolitres = 18 hectolitres 40 a l'hectare en 1920
9 127 648 = 12 ,, 90 ,, // 1921
17 153 177 = 19 It 60
" "
1922
10 191 352 --- 11 00 /1 1923

Transylvanie.
1 526 896 hectolitres = 12 hectolitres 30 a l'hectare en 1920
1 820 072 /1 = 10 ,, 80 ,, ,, 1921
1 849 269 = 13 11 20 ,, 1/ 1922
1 710 429 ,, = 11 ,, 30 ,, "
1923
Bukovine.
423 221 hectolitres = 14 hectolitres 30 a l'hectare en 1920
430 342 11 = 13 , 20 11 , 1921
/1
510 838 = 15 , 90
593 563
11

/I - 15 50
11 11
11992232

1923

Bessarabie.
11 888 842 hectolitres = 15 hectolitres 80 a l'hectare en 1920
4 139 824 1/ = 6 , 30 ,, ,, 1921
12 748 944 /1 = 18 70 1922
8 903 785 11 = 11 60 1/ 11 1923
Les surfaces ensemencees ont augmente d'annee en année;
néanmoins les rendements ont subi de fortes fluctuations. L'an-
cienne Roumanie marche en tete pour la production de l'orge.
D'une année a l'autre, le rendement passe de 9 a 17 millions
d'hectares. La Bessarabie vient en deuxieme ligne; sa pro-
duction tut de 4 millions en chiffres ronds en 1921; l'annee
suivante, dle atteint 12 millions. La production de la Transyl-
vanie et de la Bukovine est faible.
En Roumanie l'orge est principalement employee pour pre-
parer l'orge perle, pour la fabrication de la biere, la distillation
de l'alcool et comme nourriture du befall. La paille remplace

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Les cér6a1es 113

generalement le foin comme fourrage. Sur le marché mondial,


Forge roumaine est tres estimée des brasseurs. On a exporte
4 200 000 quintaux métriques en 1920
3 800 000 ,, 1921
5 700 000 , 1922

L'agriculture rournaine produit h peu pres la tneme quan-


tite d'a v o i n e que d'orge. Le grain et la paille servent sur-
tout h la nourriture des chevaux. Les paysans prétendent que
les poules nourries d'avoine pondent davantage.
Les s u r f a c e s ensemencees d'avoine étaient de:
966 393 hectares = 11,16 0/0 des surfaces cultivdes totales en 1920
1 239 006 = 12,34 0/0 ,,
,, ,. ,, 1921
1 333 522 = 12,89 °/0 ,, " ,, 1922
/1
1 345 402 = 12,55 0/0 If 11
1923
Les 1 345 402 hectares ensemences d'avoine en 1923 etaient
repartis comme suit:
Ancienne Roumanie 787 988 hectares = 14,48 0/0 des surfaces cultivdes totales
Transylvanie 262 353 = 11,68 °/0
Bukovine 47 982 = 17,66 0/0
Bessarabie 247 079 = 8,9 0/0
On voit que c'est l'ancienne Roumanie qui cultive le plus
d'avoine; la Transylvanie et la Bessarabie en cultivent moins
de la moitié; mais si l'on compare les champs d'avoine .avec
l'ensemble des terres cultivées, c'est la Bukovine qui cultive
en pour-cent le plus d'avoine des quatre territoires.
Les rendements ont éte les suivants:
Grande-Rournanie.
21 488 793 hectolitres = 22 hectolitres 20 A l'hectare en 1920
20 544 778 71 = 16 17 60 1921
29 288 213 ,, = 21 90 1922
21 662 927
n
= 16 ,, 10 1923
La part des diverses parties du pays dans la production
de l'avoine a été la suivante:
Ancienne Roumanie.
13 144 332 hectolitres = 25 hectolitres 40 a l'hectare en 1920
12 718 398 = 19 ,, 20 , 17 1921
17 118 485 ,, = 22 17 70 ,, 1922
13 066 257 77 = 16 ,. 50 ,, ,, 1923

Transylvanie.
3 883 988 hectolitres = 17 hectolitres 30 A l'hectare en 1920
4 693 517 11
= 16 ,, 60 77 1921
3 380 729 11 = 14 11 50 11 1 922
3 612 001 71 = 13 ,, 60 /7 /1 1923
8

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114 L'agriculture

Bukovine.
560 457 hectolitres = 20 hectolitres 00 A l'hectare en 1920
647 422 = 18 ,, 20 1921
745 815 = 21 /1 00 /7 11 1922
1 221 076 11
= 25 ,, 40 12 1923

Bessarabie.
3 900 016 hectolitres = 19 hectolitres 70 a l'hectare en 1920
2 485 441 ,, = 9 11 90 17
1921
8 043 184 77 = 25 17 70 1922
3 763 593 11 = 15 17 20 77 1923
Ces tableaux montrent que l'ancien royaume est le prin-
cipal producteur d'avoine.
La Transylvanie et la Bessarabie ont a peu pres la meme
production si l'on fait exception de l'année 1922. La Bessarabie
seme peu d'avoine, comparee aux autres céreales. La pro-
duction est supérieure aux besoins du pays, une partie de
l'avoine est exportee. L'exportation a été de:
390 000 quintaux metriques en 1920
1 508 000 ,, 1921
2 329 000 - PP
1922

Enfin la Roumanie produit encore du m i 1 (meiu) et du


s a r r a s i n (hrisca); le mil est peu cultivé. Les surfaces ense-
mencées étaient de:
68 581 hectares = 0,80 % des surfaces cultivées globales en 1920
73 938 ,, = 0,73 % ,, PP 7/ ,, 1921
60 067 ,, --- 0,58 % I/ 1922
P)
" 72

61 358 ,, = 0,58 % 77 // 17 P1
1923

Le rendement total a ete de:


455 639 hectolitres = 6 hectolitres 20 A l'hectare en 1921
449 868 ,, = 7 71 50 1922
749 599 = 12 ,, 20 ,, ,, ,, 1923

La culture de ces cereales plutôt destinees a la nourriture


des animaux domestiques, notamment de la volaille, qu'à celle
de l'homme a diminue ces dernières années. Elle est re-
pandue au sud de la Dobroudja et de la Jalomitza. On exporte
une partie du mil qui est consomme par la population musulmane.

Le s a r r a s i n aussi occupe de faibles étendues. Il est surtout


cultivé dans le nord de la Moldavie. Les paysans consotnment
sa farine. Les étendues cultivees etaient de:
4 448 hectares = 0,05 % de l'ensemble des surfaces cultivées en 1920
3 137 1/ = 0,03 % P1 // /7 . 1921
3 043 PP
= 0,04 % PP 7/ IP /1 1922
3 702 Pt = 0,03 0/0 11 PI /1 P7
1923

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Les plantes textiles et oléagineuses 115

La recolte de sarrasin s'eleva a:


30 454 hectolitres = 9,7 0/0 de l'ensemble des surfaces cultivées en 1921
31 164 = 10,3 0/0 a . 1922
48 794 = 13,2 0/0 a 1923

Le deuxieme groupe de plantes que cultive l'agriculture


roumaine est forme par les plantes textiles et oléa-
Les principales sont le lin, le chanvre, le colza
g i n e u s e s.
et le tournesol. Les étendues qu'elles couvraient se chiffrent par:
128 354 hectares = 1;248 0/0 des surfaces cultivées totales en 1920
123 745 ,, = 1,23 a/a ,, 1921 PI 11

122 988 PI= 1,18 % . II " ft " 1922


164 772 It 1,54 °I0 II /I 1923
n " "
line augmentation considerable de la production, du touraesol
surtout, a eu lieu ces dernieres années.
Les surfaces ensemencees de plantes textiles et oleagi-
neuses, en 1923, se repartissent entre les divers territoires de
la Roumanie comme suit:
Ancienne Roumanie 46 328 hectares = 0,850/0 des surfaces cultivées totales
Transylvanie 30 908 1,380,o 11 /1 11 11 11

Bukovine 2 276 = 0,84% /1 11 /1 II If


Bessarabie 85 260 11 II Pt
11 11

La Bessarabie possède les cultures les plus étendues a thus


les points de vue. C'est le pays principal du tournesol.

La plus importante des plantes textiles et oléagineuses est


le c o 1 z a (rapita). Les champs qu'il recouvre s'élevaient a:
56 236 hectares = 0,650/0 de l'ensemble des étendues cultivées en 1920
42 415 ,, = 0,42% ,, 1/ ,, 1921
11 11

42 362 9, = 0,41 0/0 ,, 3, 1) II 1/ 1922


45 923 /I = 0,430/0 a ,, 11 12 1) 1923
La part des divers pays sur ces 45 923 hectares etait, en
1923, pour
l'ancienne Roumanie de 31 895 hectares = 0,580/0 des terres cultivées globales
la Transylvanie 4 378 ,, 0,200/o ,, ,, 1/ 11
la Bukovine 33 It 0,12% 11 11 11

la Bessarabie 9 617 0,350/o 11 It 11 11

Le territoire de production le plus important pour le colza


est donc l'ancienne Roumanie, notamment la plaine de la Mun-
ténie, de la Valachie et de la Theiss.
Le colza est la premiere plante qui est recoltée au com-
mencement de Pete. Ii fournit le premier argent aux producteurs.
Son rendement est tres problématique. C'est une plante tres
sensible au froid; elle a done a souffrir du temps. Lorsqu'il
est défavorable, la recolte est completement anéantie sur de
8*

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116 L'agriculture

grandes &endues. La culture du colza renferme ainsi de grands


risques.
La production de colza a ete de:
173 769 hectolitres = 4 hectolitres 10 a l'hectare en 1921
297 645 = 7 11 00 1922
258 656 11 = 5 PP 60 1923

Le 1 i n (jn) joue un role beaucoup moins important


que le colza dans l'agriculture roumaine. Les surfaces qu'il
occupait étaient de:
12 699 hectares = 0,140/s de l'ensemble des terres cultivées en 1920
11 018 11
= 0,1 1 ()/0 77 11 11 71 1921
10 865 11
= 0,11 0/0 7/ 11 17 )7 1/ 1922
13 442 ,, = 0,12010 /7 17 11 1/ 11 1923
La culture du lin, en 1923, était répartie entre les
divers territoires du royaume, comme suit:
Ancienne Roumanie 4 888 hectares = 0,09 % des terres cultivées globales
Transylvanie . 1 527 . = 0,07 % 1/ /V
Bukovine . . 595 . = 0,22 %
. IP
Bessarabie . . . 6 432 --= 0,23 % /I P>

Le plus grand territoire de culture dans le nouveau royaume


est la Bessarabie. On cultive principalement le lin dans
les petites exploitations agricoles, stir de petites &endues,
pour les besoins domestiques, rarement pour les fabriques. Dans
le sud de la Dobroudja et de la Jalomitza, le lin est plutot
cultive comme plante oleagineuse que comme plante textile.
La production du pays est loin de suffire a ses besoins; aussi la
defense d'importer du lin brut fut-elle levee en 1923.
Si l'on compare la culture actuelle du lin avec celle d'avant-
guerre, on constate une énorrne diminution. Dans l'ancienne
Roumanie, elle se chiffrait par:
21 124 hectares qui produisirent 212 379 hectolitres en 1911
31 761 If 1/ 11 272 138 1912
27 299 PI 9/ 200 667 1913
Les faibles &endues sernees en lin, apres la guerre, donne-
rent les faibles récoltes de:
45 048 hectolitres = 4 hectolitres 10 A l'hectare en 1921
73 417 3/ =6 70 1922
94 133 =7 1923

Le c h a n v r e (cânepa) est semblable au lin. Les &endues


qu'il recouvrait s'élevent a:
19 946 hectares = 0,23 % des terres cultivées totales en 1920
41 191 It = 0,41 % II II lf 1921
36 045 /t = 0,34 % 7, II 1922
30 619 = 0,29 % /I // 1923

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Les plantes textiles et oleagineuses 117

Les terres cultivees en chanvre, en 1923, etaient ainsi


reparties:
Ancienne Roumanie . 6 949 ha = 0,13 % des étendues cultivées globales
Transylvanie . . . 15 331 = 0,68 % 7/ 77 77

Bukovine 1 461 = 0,53 % If


Bessarabie . . . 6 878 = 0,25 %
La Transylvanie est le pays qui possede les cultures de
chanvre les plus étendues.
La production a ete de:
272 056 hectolitres = 6 hectolitres 60 A l'hectare en 1921
310 977 =8 60 311922 1/

241 618 =7 90 1923 33

Elle etait beaucoup plus petite avant la guerre. Si I'on


prend l'année 1921, ou la culture du chanvre a eté la plus
forte, comme base, on obtient pour l'ancienne Roumanie une
recolte de 73 103 hectolitres pour 8509 hectares; en 1913, les
4891 hectares semés de chanvre fournirent une récoIte de
35 329 hectolitres.

Les étendues cultivees en t o u r n e s o 1 apres la guerre


étaient de:
39 473 hectares = 0,46 % de l'ensemble des terres cultivées en 1920
29 121 PP
= 0,29 % ,, 33 11 1921
33 716 ,, = 0,32 % 31 33 33 II 1922
74 788 31
= 0,70 % ,, ,, 13 1923

La culture du tournesol etait repartie, en 1923, entre les pro-


vinces du royaume roumain cornme suit:
Ancienne Roumanie 2 596 hectares = 0,05% des surfaces cultivées totales
Transylvanie. . . 9 672 I/ = 0,43% 33 33 /3 33

Bukovine . . .
. 187 = 0,07% 33 I/
Bessarabie . . 62 333
. = 2,26% 33 33 PI

La Bessarabie marche en tete quant a la culture de cette


plante oleagineuse. La production a été de:
361 056 hectolitres = 12,4 par hectare en 1921
811 199 = 24,0 1922
1 751 847 = 23,4 1923

Elle s'est done considerablernent accrue, surtout en 1923.

Les legum in eus es form ent le troisieme groupe de plantes.


Les principales sont: les haricots, les pois, les lentilles et les
feves, toutes productrices d'azote. En Rournanie, comme en Alle-
magne, ces plantes (les haricots) sont cultivees sur une grande
echelle avec d'autres, avec le mais surtout.

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118 L'agriculture

Les etendues globales cultivees en legumineuses


se sont chiffrees par:
78 034 hectares= 0,90°/0 de l'ensemble des terres cultivées en 1920
105 384 ,= 1,05 °A I/ 1/
1921 17

93 785 ,, = 0.910/. 17 // 1/ 1922 11

90 029 = 0,820/0 71 II 11 1923 11 11

Les légumineuses cultivées, en 1923, etaient réparties comme


suit :
Ancienne Roumanie 60 236 hectares = 1,100/0 des surfaces cultivées globales
Transylvanie 14 154 = 0,63°4
Bukovine 1 412 ,, = 0,52%
Bessarabie 14 227 = 0,510/0
L'ancienne Roumanie se trouve ainsi a la tete pour la
culture des légumineuses.

Passons en revue chacun des ces fruits importants.


Les surfaces plantées de haricots (fasole) contenaient le
haricot comme fruit principal ou comme fruit intercalé, generale-
ment avec le maIs. Nous designons les premieres par a les
secondes par b. Elles s'élevaient A:
a) 61 783 hectares ) 0 710/0 de l'ensemble des terres cultivées en 1920
b) 239 485 . ) '
a) 81 869 =
b) 309 912
1/
0,820/0 II 11
,, II , 1921
a) 68 563
b) 563 208
II
. )
)
= 0 660/
' a "
71 11 V/ 77 >, 1922
a) 68 065 . )
= 0,64% 1923
b) 600 944 . ) +, 71 1/ 11 17

Les etendues cultivées en haricots, en 1923, étaient


ainsi reparties:
Ancienne Roumanie. a-1 49 887 hectares = 0,92% des terres cultivées globales
b 408 725 .
Transylvanie: a) 8 048 77
)
b) 176 510 11
a'360/0 11 11 71

Bukovine: a) 90
b) 13 640
17
0 030/
II ) " 11 11

Bessarabie: a) 10 040 71
= 0,36%
b) 2 069 77
11 11 11

Les domaines principaux des haricots sont situes au sud


de la Dobroudja, a Baragan, Tecuci et Ilfov. Les champs avec
les haricots comme recolte intercalée dominent, car les travaux
qu'ils exigent se font facilement avec ceux que demande le
mails. En 1923, ils etaient environ 8 fois plus nombreux dans
la vieille Roumanie, et 22 fois en Transylvanie. En Bessarabie,,
les terres ensemencees de haricots comme recolte principale
sont plus importantes que celles portant des haricots comme
recolte intercalée.

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Les légumineuses 119

La récolte s'éleva a:
a) 503 539 hectolitres = 6 hectolitres 10 par hectare en 1921
b) 811 693 n =2 n 60 1921
a) 531 231 ,, =7 n 60
71

n
/7
1922
b) 1 551 241 =2 . 70 II n 1922
a) 835 056 It = 12 30 1923
b) 2 171 114
"
=3 "
n 70
VI

,, H
17

1923
Cette production dépasse les besoins du pays.
Les etendues cultivees en p o i s (rnazare) se chiffraient par:
10 395 hectares = 0,12 % de l'ensemble des terres cultivées en 1920
11 1111 = 0,11 0/0 IP V/ VI II 1921
11 199 = 0,11 0/0
" n 71 /1 , 1922
11 669 = 0,10 0/0 71 77 1) 1923
Ces chiffres indiquent un accroissement lent des cultures
de pois; mais comparées a Pensemble des surfaces cultivées du
pays, elles ont lentement diminue ces dernieres annees.
La part des divers territoires du royaume dans la culture
des pois est la suivante:
Ancienne Roumanie 7 103 hectares = 0,13 °/0 des champs cultivés globaux
Transylvanie 2 623 17 = 0,1 1 " /0 77 77 It
Bukowine 519
"
= 0,19 0/0
= 0,05 0/0
. . .
Bessarabie 1 424 I/ " 77 17 1)

La plupart des pois sont produits dans l'ancienne Roumanie;


la Transylvanie vient en seconde ligne; la Bessarabie en troi-
sieme, mais sa part, qui est de 0,05 du total des terres cultivées,
est la plus petite.
Les récoltes se sont élevées a:
108 217 hectolitres = 9 hectolitres 80 a l'hectare en 1921
165 773 = 14 80 1922
162 590 = 13 90 1923
La production totale de 162 590 hectolitres, en 1923, se
répartit de la facon suivante entre les diverses provinces :
Ancienne Roumanie 105 472 hectolitres = 14 hectolitres 80 a l'hectare
Transylvanie 30 410 ,1 = 11 60 7I
Bukovine 5 501 17 =10 n 60
Bessarabie 21 207 n =- 14 11 90
L'ancienne Roumanie fournit les plus grandes quantites
de pois, et la Bessarabie les meileurs rendements a l'hectare;
ceux de l'ancienne Roumanie leur sont de tres peu inférieurs.
Les pois commencent a devenir un article d'exportation.
La culture des lentilles (linte) joue un role inférieur
en Roumanie. Les étendues cultivees en lentilles présentent
de fortes fluctuations suivant les années; elles Etaient de:
1 Dans la statistica anuala Romaniei pe anul 1922, page 33, on a
indiqué 11 041 hectares pour toute la Roumanie; c'est sans doute une
erreur.

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120 L'agriculture
3 285 hectares = 0,040/0 du total des terres cultivées en 1920
4 592 = 0,040/0 I) 71 72 77 1921
12 709 = 0,12010 V/ 11 71 11 1922
8 346 = 0,070/a ft PI 11 If 1923
On forga la culture en 1922 et les terres cultiv6es triplerent
presque; il est vrai qu'elles diminuerent l'annee suivante.
Les surfaces cultivées en len till e s, en 1923, étaient re-
parties comme ci-apres:
Ancienne Roumanie 2 977 ha = 0,050/a de l'ensemble des champs cultivés
Transylvanie 2 667 ha = 0,12% ,, s ft VI

Bukovine 228 ha = 0,080/0 17 15 17 7$ 7/


Bessarabie 2 474 ha = 0,09 17 77 77 11 71

L'ancien royaume possede les plus grandes terres de len-


puis viennent la Transylvanie et la Bessarabie; mais pro-
tilles ;
portionnellement aux surfaces cultivees, c'est en Transylvanie
que les champs de lentilles sont les plus nombreux.
La recolte a fourni:
27 765 hectolitres = 6 hectolitres 00 par hectare en 1921
118 146 71 = 9 11 30 71 1922
96 511 17 = 11 VI 60 77 1923

Les f eves (bob) ont convert les surfaces suivantes :


2571 hectares = 0,030/0 du total des terres cultivées en 1920
7812 /V = 0,08 °J0 " 71 11 11 71 1921
1314 11 = 0,02% 11 71 17 71 1922
1949 17
= 0,01% ,, 11 II II 17 1923
Ces chiffres indiquent un recul evident dans la culture des
feves.
Les champs cultivés, en 1923, en feves se répartissent comme
suit entre les divers territoires du royaume:
Ancienne Roumanie 269 hectares = 0/0 des étendues cultivées totales
Transylvanie 816 = 0,04% ff
17 11 11

Bukovine 575 = 0,220/0 ,, 11 11

Bessarabie 289 = 0,01 0/0 77 71 11 11

Les feves sont tres peu cultivees dans l'ancien royaume. La


plus forte culture est en Transylvanie; mais c'est en Bukovine
qu'elles sont proportionnellernent les plus cultivées.
Les récoltes se sont elevees, dans tout le royaume, a:
54 688 hectolitres = 7 hectolitres 00 a l'hectare en 1921
19 534 = 14
11 80 1922 11

22 623 = 11
71 60 11 1923 11

Dans le quatrieme groupe, nous avons reuni les plant es


in dustri ell e s, les r a cin es et diverses autres plantes. La
betterave a sucre, le tabac, la pomme de terre sont
cultivés comme fruit principal ou fruit intercalé.

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Les plantes industrielles 121

Ces plantes ont convert les étendues suivantes:


143 908 hectares = 21:1067 0/0 des terres cultivées globales en 1920
210 911 11
= 2,10 °/0 71 71 7/ 71 , 1921
189 131 ,. = 1,83 G70 ,. v, 1/
"
1922
241 822 ,, = 2,27 0/0 ,. . 1923 11

Ce tableau montre que la culture de ces plantes est sou-


mise, d'une armee a l'autre, a de fortes fluctuations, arnenees
par la conjoncture.
En 1923, les terres cultivees en plantes industrielles et ra-
cines se répartissaient comme suit:
Ancienne Roumanie 54 084 hectares = 0,99% des champs cultivés globaux
Transylvanie 88 508 ,, = 3,940/0 . . 13 tl
Bukovine 55 312 1/ =20,37% "
Bessarabie 43 923 ,, = 1,59% ,, // /7

La petite Bukovine cultive proportionnelIement le plus de


plantes de ce groupe; la Transylvanie en fournit les plus gran-
des quantites, tandis que l'ancienne Roumanie n'y consacre pas
meme 10/0 de ses terres cultivées.

Les tures cultivées en b e t t e r a v e s a s u c r e (siecla de


zahar) comprenaient:
6 298 hectares = 0,08% de l'ensemble des &endues cultivées en 1920
23 060 = 0,23"/0 , ,v . 1921
21 803 . = 0,210/a . "
1922
37 231 . = 0,35% 11 1923 "
V/
"
II 71 71

La culture de la betterave a sucre a considérablement


augmente ap.res la guerre; de 1920 a 1923, les surfaces cultivees
ont sextuple.
Les champs plantes de betteraves a sucre etaient répartis
de la maniere suivante entre les diverses provinces:
Ancienne Roumanie 19 913 hectares = 0,370/, du total des surfaces cultivées
Transylvanie 9 482 = 0,42% I/ If 11

Bukovine 1 489 = 0,55% " 77 17

Bessarabie 6 347 = 0,23%


It resulte de ces chiffres que les plus grandes quantites de
betteraves a sucre sont produites dans l'ancienne Roumanie;
propoz-tionnellement, c'est la Bukovine et la Transylvanie qui
possedent la plus forte culture et la Bessarabie la plus faible.
Elle est d'ailleurs répartie d'une fawn tres irreguliere. Elle
s'est concentrée aupres des fabriques de sucre, dans les dis-
tricts de Botosani, Roman, Putna, Ilfov, Kronstadt, dans la
vallée de la Theiss, du Toron et de l'Arad.
On a récolte dans le pays entier:
3516450 quintaux métriques = 152 quintaux métriques 5 a l'hectare en 1921
3310289 ,, = 151 8 11 1922 11

6 428681 ,, ,, = 172 ,, 11 7 1923

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122 L'agriculture

En Roumanie existe le monopol du t a b a c, de sorte que so


culture est sous le contrôle de l'Etat. Les champs plantés de
tabac comprenaient:
17 270 hectares = 0,200/0 des champs cultivés en 1920
17 366 11 = 0,17% /1 1921
21 382 17
= 0,210/0 11 71
1922
17 774 1/ = 0,17% It It 1923
En 1923, la culture de cette plante s'est répartie comme
ci-apres entre les divers territoires de la Roumanie:
Ancienne Roumanie 9 982 hectares = 0,18 des terres cultivées
Transylvanie 4 033 71
--= 0,18
Bukovine
Bessarabie 3 759 ,, = 0,14
L'ancienne Roumanie est le centre principal de la culture
du tabac. En Bukovine, on ne le cultive pas. La culture se
concentre dans certaines contrees oh on peut facilement la
contrôler, dans les districts de Romanatsi, Vlasca, Ilfov et de
Jalomitza, tous situes en Munténie. En Moldavie, le district
de Tutova est le plus important pour la culture du tabac; dans
la Dobroudja, c'est le district de Tulcea; en Bessarabie, les districts
de Chisinau et d'Orhei. Les manufactures de tabac sont instal-
lees A Bucarest, Jassi, Saint-Giorgiu et Cluj. Le tabac est livre
A l'état sec A l'une des deux ,régies A Bucarest ou A Chisinau
par l'intermediaire des organes administratifs; il est travaillé
dans les manufactures et les produits sont vendus par des com-
mergants qui en ont la concession.
La récolte s'est montée A:
104 876 quintaux métriques = 6 quintaux métriques 0 a l'hectare en 1921
125 875 ,, ,, =5 If 11 8 Ill 11 1922
96 874 /1 11 =5 II II 4 /1 1923

La culture de la p o m m e d e t e r r e (cartofi) est tres


inegalement répandue dans le pays. Elle ne joue pas en Rou-
manie le role important qu'elle joue en Allemagne. Elle est
generalement cultivee comme recolte principale; cependant, on
la rencontre aussi dans les champs de mdis comme recolte inter-
calée. Les terres cultivées en pommes de terre ont éte de:
a)
0 1197 7,7
730 hectares ) = 1,39 0/0 de l'ensemble des surfaces cultivées en 1920
a) 165 440 ) 1921
34 270 ) 1,65 0/0 ,, ft 11 PI /1
b)
a) 143 474 ) 1922
II It
60 173 ) 1'38 % " 71 /1

173 868 ) = 1,63 0/0 1923


1a
b 60 687 ) ,, ft 11 19

En 1923, les champs plantes de pommes de terre étaient


ainsi répartis entre les différentes contrées du pays:
Ancienne Roumanie a) 21 818 hectares ) 0,40 0/0 des terres cultivées
b) 18 557 )

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Les plantes potageres 123

a) 70 237 = 3,13 0/0 des terres cultivées


Transylvanie: b) 39 904
11

11
a) 53 801 1
Bukovine: b) 42
= 19,82 0/0 9,
PP

Bessarabie: a) 28 012 1,
) = 1 101 0/0 11 PI
b) 2 184 11
11

La Bukovine est proportionnellement le plus grand pro-


ducteur de pommes de terre; l'ancienne Roumanie et la
Bessarabie en cultivent peu; leur production ne couvrent pas
leurs besoins. La culture de la pomme de terre est aussi ré-
pandue dans le Banat, en Crishana et en Transylvanie. La pro-
duction s'est élevée a:
a) 13500741 quintaux métriques = 81 quintaux métriques 6 A l'hectare en 1921
b) 375884 ,, 11 = 10 1P 9,, 1, 1921
a) 10258031 11 = 71 II 4 ,, ,, 1922
b) 903 513 " ,, = 15 II 0 PI 1922
a) 18485036 /I ,, = 106 11 31, 1/ 1923
b) 1042237 IV 1/ = 17 VI 2,, /I 1923

On a en outre recolte en 1923, 29 564 hectolitres de graines


de jonc (maturi) sur une étendue de 3026 hectares, c'est-a-dire
7 hectolitres par hectare.
Parmi les autres plantes, ii y a lieu de mentionner le p a -
vot qui a fourni, en 1923, 1464 hectolitres sur une surface
de 166 hectares, c'est-h-dire 8 hectolitres 80 A l'hectare.
L'anis a donne 27 823 hectolitres sur une surface de
3521 hectares, c'est-A-dire 7 hectolitres 90 par hectare.
Enfin, pour la chi cor e e, il n'existe pas de statistiques en
1923; en 1922, 83 hectares avaient donné 918 quintaux métri-
ques, c'est-A-dire 11 quintaux métriques a l'hectare.
Les plant es p ota ger es forment tin cinquieme groupe.
Ce sont les chou x, les oignons et autres legumes, les
melons et les courge s. Ces plantes qui servent A la nour-
riture des habitants ont acquis une importance de plus en plus
grande ; les surfaces cultivées le prouvent. Elles se sont éle-
vées a:
42 288 hectares = 0,49 % des terres cultivées en 1920
84 930 = 0,85 % /1 1921
89 757 I, --= 0,86 % 1922
92 097 7.= 0,87 % 1923
" " "
Ces étendues se répartissent ainsi entre les diverses con-
trees de la Grande-Roumanie, en 1923:
Ancienne Roumanie . . 40 187 hectares = 0,74 % des étendues cultivées
Transylvanie . . 28 071 = 1,26 %
Bukovine 3 147 ,, = 1,15 %
Bessarabie 20 692 /V = 0,76 %
"

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124 L'agriculture

Les c h o u x ont ete ,cultives sur les surfaces ci-apres:


1 598 hectares = 0,02 % des champs cultives en 1920
9 650 = 0,10 % II II 1921
17 420 = 0,16 % II PI 1922
18 637 IP = 0,18 % II II " 1923
L'augmentation de la culture des choux a Re considerable
d'une année a l'autre.
La Transylvanie a eu la plus grande production. En 1923,
les terres cultivées en choux étaient ainsi réparties :
Ancienne Roumanie . . 6 883 hectares = 0,13 % des &endues cultivées
Transylvanie . = 0,35 %
. 7 829
Bukovine = 0,44 % 1 168 ,3
PP

II
Bessarabie . .2 757 ,, = 0,10 %
.

La recolte des choux s'est montée a:


922 683 tetes = 95 tetes 6 par hectare en 1921
2 801 635 = 160 8 1922
2 183 184 = 117 2 1923

Les champs plantes d ' o i g n o n s (ceapa) comprenaient:


3 294 hectares = 0,04 % des champs cultivés en 1920
8 983 II = 0,09 % ,, 1921
14 835 = 0,15 % 1922
15 669 = 0,14 % 1923
Comme pour les choux, la culture des oignons s'est con-
siderablement accrue au cours des quatre annees d'apres-guerre.
En 1923, les terres plantees d'oignons se répartissaient
comme suit:
Ancienne Roumanie . . 5 948 hectares = 0,11 % des surfaces cultivees
Transylvanie . . 6 151 = 0,27 %
Bukovine 984 = 0,36 % )1
Bessarabie 2 622 = 0,10 %
La récolte des oignons s'est elevee a :
515 654 quintaux métriques = 57 quiRtaux métriques 4 par hectare en 1921
1 273 720 = 85 II II 8 1922
1 117 910 = 71 ,, 4 1923

Les surfaces plantees d ' a u t r e s 1 é g u m e s s'élevaient a :


6 952 hectares = 0,08 % des terres cultivées en 1920
24 327 = 0,24 % ,, 1921
26 187 = 0,25 % ,, 1922
21 089 = 0,20 % II 1923
La recolte a ete de:
1 204 889 quintaux métriques = 49 quintaux métriques 5 par hectare en 1921
1 375 225 ,, II = 52 " II 5 1922
1 079 724 II = 51 2 1923
Les m elons (pepeni) occupent une place speciale en Rou-
manie. On distingue les melons blancs (jaunes) et les melons

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Les plantes potageres 125

xouges ou melons d'eau (pepeni albi et pepeni galbeni). Les


étendues cultivees en melons se chiffraient par:
19 285 hectares = 0,22 % des terres cultivees en 1920
29 256 II = 0,21 % II 1921
26 836
',
= 0,25 % PP 1922
32 162 7/ = 0,31 % IP IP 1923
En 1923, ces etendues cultivées en melons se répartissaient
ainsi entre les diverses contrees:
Ancienne Roumanie 17 415 ha = 0,32 % de l'ensemble des champs cultivés
Transylvanie. . . 2 336 = 0,11 % 97 PI
Bukovine . . . . 22 ,, IP PI II
Bessarabie . . . . 12 389 = 0,46 % // PI

Les champs de melons les plus importants se trouvent dans


l'ancienne Roumanie et en Bessarabie. Ils sont peu répandus
en Transylvanie; en Bukovine, leur culture est insignifiante.
La recolte s'est elevée a:
998 242 centaines = 24 melons 1 par hectare en 1921
1 131 287 = 42 II 1 PP 1922
1 218 126 = 37 IP 8 ,, I, II 1923
La production des melons, comparee aux années d'avant-
guerre a considerablement augmente. Dans l'ancienne Roumanie,
elleétait, en milliers de melons, en 1913, de 16 768; en 1914
de 15 920 et en 1921 de 64 458.

La Roumanie cultive les courges (dovleci) en grandes


quantites. Elles sont cultivees comme recolte principale ou comme
récolte intercalée dans le mais. Ces cultures comprenaient:
a) 11 159 hectares 1
= 0,13 0/0 des surfaces cultivées en 1920
b) 159 821 I/
a) 12 714 = 0,13 0/0 1921
It
b) 234 143 IP
11 IP 79

a) 4 479 PI
I 0 OP/0 1922
Is
b) 582 151 PP
11 PI

a) 4 540 IP
= 0,04 WO 1923
b) 586 174 IP j
PP PP 9I IP

Les courges sont beaucoup plus cultivdes comme fruit inter-


cale que comme fruit principal.
Les champs plantes de courges, en 1923, se repartissaient
comme suit entre les divers territoires du pays:
1 410 hectares
Ancienne Roumanie: a)
b 354957
) 0,03°/odes surfaces cultivées totales
11

Transylvanie: a) 2607 19

b) 189762 11
11 11 19

Bukovine: a) 25 11

b) 3056 11

Bessarabie: a) 498
b) 38399
11

19
;-°,01%

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126 L'agriculture

La recolte se monta a:
a. 166 005 centaines de courges = 13 courges 0 par hectare en 1921
b. 1 279 648 77 >7
=6 1 11 1921
a. 111 674 ,, = 24 9 II II 1922
b. 2 593 766 IP )5 )3 = 4 IP 4 ,, ,, 1922
a. 72 180 = 19 9 pp 1923
=
PP 11

b. 3 564 764 fl >I 6 7, 1 71 1923


Dans l'ancienne Roumanie la ,récoIte s'eleva dans les champs
speciaux, en 1913, en milliers de courges, a 186; en 1914 a 785;
par contre, en 1921 a 9443. La récolte dans le mais se chiffra
par 166 232 en 1913; 139 395 en 1914; par 89 281 en 1922.
Il s'est produit une modification dans les deux especes de cul-
tures en faveur de la premiere quoique nous ne possédions pas
de statistiques su,r les surfaces cultivées.

Les p I a n t e s f o u r r a g 6 r e s forment le dernier groupe.


Ce sont les betteraves fourrageres, la luzerne, le trefle, les her-
bes des prairies naturelles et artificielles. Les surfaces cou-
vertes par ces plantes s'elevaient a:
192 570 hectares = 2,22 % des champs cultivés en 1920
373 573 = 3,72 % ll 1921
=
PP

398 525 IP 3,86 % ), 1922


489 211 IP = 4,40 % 11 1923

Les champs cultivés en plantes fourrageres, les prairies et


les paturages ont considérablement augmente durant les quatre
dernieres années relativement et absolument.
En 1923, ils se repartissaient entre les diverses contrées
comme suit:
Ancienne Roumanie . . 218 032 hectares = 4,02 % des surfaces cultivées
Transylvanie . . . . . 194 570 = 8,66 %
=
PP 77 77 71

Bukovine . . . 24 436 ), 9,00 % IP


Bessarabie . . . 32 173 = 1,17 %
"
PP

PP

Les terres cultivées en b etter ayes f ourr ager es (ra-


dacini de nutret) comprenaient:
10 019 hectares = 0,11 % des champs cultivés en 1920
14 551 = 0,14 % 7/ 3, 1921
13 353 = 0,14 % ,P >, 1922
16 103 ,, = 0,16 % ,, I, 1923

La recolte fut de:


1 650 173 quintaux métriques = 113 quintaux metriques 4 par hectare en 1921
2 729 306 If Pf = 177 7 II 1922
= 170 )7
77 77

2 739 698 11 fl 2 77 1923


La plus grande quantité des betteraves fourrageres est pro-
duith par la Transylvanie. Dans l'ancien royaume, la production
qui était de 134 799 quintaux métriques en 1913 et de 117 972
en 1914 a recule a 10 817 quintaux metriques en 1921.

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Les prairies 127

Les prairies et les paturages (fânete) possedent une


grande importance. On distingue les paturages artificiels et
naturels. Les premiers sont couverts de luzerne, de trefle et
d'autres plantes fourrageres; en 1920, iN occupaient tine étendue
de 182 551 hectares, c'est-à-dire 2,110/0 des terres cultivées.
En 1921, leur repartition était la suivante:
luzerne 54 827 hectares = 0,55 % des champs cultives
trefle . 79 423 = 0,79 %
autres prairies . . 224 772 = 2,24 % 11

En 1922, l'accroissement est notable:


luzerne 80 491 hectares = 0,77 % des terres cultivées
trefle . 93 285 = 0,92 % PI 11 71

autres prairies . 209 396 /I = 2,03 % IP

L'augmentation continue en 1923:


luzerne 85 128 hectares = 0,80 % des &endues cultivées
trefle . . . 99 132 = 0,91 %
autres prairies . 268 848 = 2,51 %
II faut ajouter les prairies naturelles. Elles couvraient:
250 595 hectares en 1920
875 998 1921
1 408 057 1922
1 441 696 1923
La Transylvanie possedent les prairies naturelles les plus
nombreuses. Les 1 441 696 hectares se repartissent ainsi:
Ancienne Roumanie . . 319 903 hectares
Transylvanie . . . 873 117 OP

Bukovine 148 991 11


Bessarabie 99 685 11

Les prairies diminuent a mesure que la culture des cereales


s'etend. La oa dornine Pelevage du bétail se trouvent les prairies
et les paturages les plus etendus. En consequence, ils sont plus
répandus en Transylvanie, dans le Banat, le pays du Cris, dans
la Bukovine oii prospere l'elevage que dans l'ancienne Roumanie.
Nous possedons de bonnes statistiques sur les cultures dont
nous venons de parler; il n'en est pas de meme pour les arbr es
fruitier s. Elles manquent depuis 1918. Cela est fort regret-
table, car les arbres fruitiers occupent des surfaces considérables
en Roumanie. Leur repartition dans le pays est irréguliere. Ils
prosperent le mieux sur les collines de la Munténie et de
l'Olténie, sur le plateau transylvanien, dans les vallées du Cris,
dans les plaines du Banat et des basses Karpathes, au centre de
la Moldavie et de la Bessarabie, en un mot, dans les contrées
qui sont les plus favorables a la culture de la vigne. II y a
quelques annees encore, les agriculteurs produisaient seulement
les fruits dont ils avaient besoin. Depuis quelque temps, les
fruits sont produits en grandes quantités et sont exportes frais
ou conserves.

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128 L'agriculture

Les pruniers occupent la premiere place parmi les arbres


fruitiers. On peut voir des forets bleues resplendissantes en Rou-
manie; les prunes sont si abondantes qu'on les utilise pour la
nourriture des animaux. tine grande partie sert a la fabrication
du tuica, boisson alcoolique tires aimee des habitants. Cette
fabrication represente une importante source de revenus pour
les populations des contrees de collines. Une petite partie des
prunes est sechee et sert de nourriture.
La surface couverte par les pruniers s'éleva dans l'ancien
royaume, en moyenne, a 502 hectares pendant les années de
1910 a 1914. Environ 600 pruniers sont plantés par hectare et
fournissent une production de 22 quintaux metriques 2; la pro-
duction to-tale était estimee a 1 652 885 quintaux metriques.
Avant la guerre, le prix moyen de 100 kilogrammes de
prunes etait de 9 lei 52. II est monte proportionnellement a la
forte baisse du cours du lei, plus tard. Cependant les recettes
fournies par les récoltes des prunes ne sont pas les memes
chaque armee. Les bonnes et les mauvaises récoltes alternent.
En regle generale, une bonne récolte est suivie de deux récoltes
moyennes. Lorsque la récolte est tres abondante, une partie des
branches se cassent sous le poids des prunes et la recolte des
années suivantes en souffre. Elle est aussi décimée par les
chenilles certaines annees.

Apres les pruniers viennent les no yer s. IN fournissent


des fruits renfermant beaucoup d'huile et que la population
consomme volontiers a l'époque du careme. Les paysans les
pressent et preparent leurs aliments avec l'huile obtenue. Les
residus sont employes dans les patisseries.
Pendant l'occupation allemande, un grand nombre de noyers
ont éte abattus en Munténie et Olténie; le bois a eté 'employe
dans la construction des navires. L'administration militaire alle-
mande avait erige des installations de sechage et des fabriques
de marmelades pour couvrir les besoins de l'Allemagne; elle a
montre quelles possibilités d'emploi technique en grand on pou-
vait creer.
Mentionnons encore les p o rn miers et les poirier s. IN
fournissent aussi de riches récoltes. La mar cretesc est une
qualité de pomme celebre.
La Roumanie est un pays 'riche en vignoble s. Les condi-
tions climatiques sont tres favorables a la culture de la vigne. Les
raisins y trouvent la quantite de chaleur necessaire pour se
développer et marir. 11 est vrai que la Roumanie a des hivers
froids. Aussi faut-il couvrir les vignes avec de la terre et de
la paille pour empecher qu'elles ne gelent.

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Les vignobles 129

Les contr e es de coll in es fournissent les meilleures


conditions pour la culture de la vigne. Elles possederent de tout
temps les meilleurs raisins qui servent A fabriquer des vins
celebres.
Les centres de vignobles les plus importants sont Cetatea-
Alba au sud de la Bessarabie; Chisinau dans la Bessarabie
moyenne; Sarica dans le district de Tulcea; Cotnari, Socola,
Jassi, Husi dans le district de Falciu; Nicoresti dans le district
de Tecuciu, Odobesti et Panciu dans le district de Putna, Dealul
mare dans le district de la Prahova; Dragasani dans le district
de Valcea; Orevita dans le district de Mehedintsi; Varset et
Biserica Alba dans le Banat; Siria, 'Minis, Maghiera dans le
pays du Cris; Alba-Julia, 'Medias et Sighisoara en Transylvanie,
etc. Les vins provenant des raisins müris sur les collines sont
les meilleurs, notamment si les vignes sont exposées au sud.
Les plain es renferment aussi de nombreux vignobles qui
donnent de grosses qualites de yin; par exemple, dans les
districts de Teleorman, Vlasca, Romanati, etc. Ces vins ne se
conservent pas longtemps; ils deviennent rapidement acides et
doivent etre consommés en peu de temps.
Dans les m on t a gn e s, on recontre aussi des vignes. Les
raisins n'ont pas la chaleur nécessaire pour grandir et milrir;
on ne les trouve que dans des lieux particulierement favorisés.
II n'y a pas de vigne au nord.
Avant la guerre, l'ancienne Roumanie possedait 87 963 hec-
tares de vignobles. Le nouveau royaume en possede 241 144
répartis comme suit:
Transylvanie 45 114 hectares
Bessarabie 39 976
Bukovine 1 807

En prenant pour base la production moyenne de 44 hecto-


litres 60 par hectare des annees de 1910 A 1914, on peut estimer
A 10 ou 11 millions la production de yin actuelle de la Roumanie.
Cependant, ii ne faut pas oublier qu'elle est sujette A
de grandes fluctuations. Dans les bonnes années de vin, Fan-
cienne Roumanie, A elle seule, produit jusqu'a 4 millions d'hecto-
litres. Des maladies surgissent qui anéantissent la récolte. Autre-
fois, le phylloxera a cause de grands degâts. En 1885, il envahit
les vignobles de la Roumanie. Le gouvernement prit des me-
sures energiques. On importa d'Amerique des vignes qui résis-
taient mieux au phylloxera; on les greffa de plants roumains,.
En Bessarabie, sur 39 976 hectares de vignes, 14 797 sont plan-
tes de vignes indigenes et 9069 de vignes americaines. Dungers
dit donc A tort que les anciennes vignes roumaines n'existent
plus et que toutes les vignes actuelles sont d'origine arnéricaine.
Les froids hivers peuvent fortement reduire le rendement
des vignobles, car les ceps qui ne sont pas bien proteges gelent.
9

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130 L'agriculture

Apres la guerre, les hivers ayant &é doux, les vignerons ont
renonce a recouvrir les vignes de terre. Aussi, un grand nombre
a-t-il gele pendant le froid hiver de 1923; et les vendanges de
1924 n'ont fourni que la moitié de la recolte precedente.
Ce deficit a aussi eté cause par la temperature de l'automne
1923 qui fut tres long et chaud. Les arbres fruitiers et la vigne
eurent une deuxieme floraison. On vit des fleurs et des fruits
de la deuxieme vegetation. Le froid surprit les arbres fruitiers
et les vignes en pleine seve; ils souffrirent plus que si l'automne
avait eté normal.
L'Elevage du Mail.
Nous venons de voir que Pagriculture est une source de
richesse pour la Roumanie. L' élevage du betail en est
une autre. Les animaux domestiques ne sont pas egalement
répartis dans le royaume. Les nouvelles provinces sont les plus
riches en bétail. Elles possedent les meilleurs animaux et sont
dans ce domaine beaucoup mieux partagees que l'ancienne Rou-
manic. Au sujet du cheptel, ii existe une bien plus grande
difference entre la nouvelle Roumanie et rancienne qu'au sujet
de la production des ceréales, quant a la quantite et a la qualite.
Au point de vue du nombre et de la qualité des animaux, .Pan-
cienne Roumanie vient bien apres la nouvelle Roumanie.
Ii y a 50 a 60 ans, Pelevage prosperait dans l'ancien
royaume. De grandes prairies le favorisaient. Les voyageurs qui
traversaient le pays parlaient de la richesse en chevaux, bceufs
et moutons; c'etait le cas de la Moldavie surtout. Les c h e -
vaux roumains étaient celebres. Les peuples voisins savaient
qu'ils etaient propres aux services de l'armée. La cavalerie rou-
maine était célebre et crainte dans tout le sud-est de l'Europe,
non seulement a cause de ses hardis cavaliers, mais aussi de
ses chevaux resistants. Les juments moldaves etaient exportées
en Danemark pour améliorer la race du cheval danois. La
Prusse, l'Autriche ont importe pendant un siecle des chevaux
de Roumanie. En Allemagne, en Suede, en Danemark et en
Pologne, on appelle un cheval châtre un Wallach, c'est-à-dire
un cheval qui vient de la Wallachei (Valachie), oit l'art de la
castration était particulierement bien pratiqué. Les Tures avaient
le proverbe: «Un paysan persan et un cheval moldave, c'est
tout ce qu'on peut desirer de mieux.» On avait stipule entre
autres dans le traite de vassalite, au commencement du -xve siecle,
entre la Moldavie et la Turquie, que la Moldavie livrerait a la
Porte un certain nombre de juments poulinières; c'est une
preuve de la haute qualité du cheval moldave. Les juments
servaient de souche aux haras de Petranger.
Les b ce u f s et les moutons roumains avaient un bon
renom. On les recherchait a l'etranger et ils formaient un bon

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L'élevage du bétail 131

article de commerce. La Roumanie fournissait de ces animaux


les marches de l'Allemagne, de l'Autriche, de la Pologne, de la
Russie et de la Turquie. Les impôts étaient calculés d'apres
le nombre des animaux. Cependant, ii n'y avait pas de races
tres selectionnees. El les servaient néanmoins aux buts auxquels
les animaux étaient destines. Les bceufs de Bucsan1, les mou-
tons de Tigaia2 et les porcs de Mangalita3 étaient particuliere-
ment bons.
Ainsi l'élevage florissait autrefois en Roumanie et for-
mait une occupation importante des habitants; mais au cours
de la seconde moitié du siecle dernier, il a considérablement
retrograde; actuellement il est arrive a un niveau tres bas.
C'est ce que prouvent les statistiques. D'apres Aur elian
(Nostra terra, Bucarest, 1888) et les dernieres statistiques d'avant-
guerre, le developpement du cheptel de l'ancienne Roumanie
était comme suit:
Années vaches, boxufs, chevaux, moutons, porcs
buffles ânes chevres
1860 2 751 168 512 839 5 242 977 1 088 737
1873 1 886 990 433 593 5 091 633 836 944
1911 2 666 945 828 962 5 456 008 1 021 465

Si l'on compare ces chiffres avec les surfaces cultivées ,et


la population qui ont augmenté dans cet espace de temps, ,on
constate une diminution relative pour toutes les especes d'ani-
maux. D'apres Serban (page 78), le nombre des vaches, boeufs,
veaux, les plus utiles des animaux domestiques, était par 100
habitants de
70,2 en 1860
43,3 1873
37,7 1911

Le nombre des porcs était par 100 Ames de


27,8 en 1860
19,2 1873
12,8 1911
Ce recul numerique du bétail roumain, que nous constatons
dans le passe, est accompagne d'un recul de la race. Les ani-
maux sont degénérés. La diminution du nombre n'a pas éte
compensee par une amelioration du rendement et des qualites
des animaux; au contraire, en meme temps que la reduction
de la quantite a eu lieu une reduction de la qualité.
Onciul dit dans son livre sur la Roumanie a propos des
principales especes d'animaux (page 19):

1 Localité du Banat.
2 Espece de laine.
3 Mot serbe.
9*

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132 L'agriculture

«Le c h e v al roumain, autrefois tres recherche, est rapide


et resistant, mais petit et malingre parce qu'il n'est pas suf-
fisamment soigné dans sa jeunesse. Les poulains sont nourriS
de son et de tiges de mais; les chevaux, de paille et de mauvais
foin. II existe deux races: le cheval de montagne et le cheval
de plaine. Le premier est petit, fort, resistant et a des sa-
bots durs. II se contente de sa maigre nourriture et est plein
de feu. Le cheval de plaine est plus grand, plus beau, plus
agile, mais moins resistant. Pour ameliorer la race des che-
vaux roumains, l'Etat entretient des haras installés systémati-
quement. La Roumanie possede aussi un elevage moderne de
chevaux pur sang, depuis 1875, lorsque Vivian, consul general
anglais a Bucarest, fonda un club de jockeys; cependant on
ne constate pas encore les effets de ces mesures.
Les b e t es A corn es sont inferieures par suite de mau-
vaise nourriture et de soins insuffisants. On eleve des boeufs
seulement pour le travail et des vaches en petit nombre. Dans
ces derniers temps, de grands propriétaires ont essayé d'ame-
liorer les betes A cornes degenerées a l'aide de races etran-
gel-es ; mais ii y a peu d'exploitations qui aient des taureaux
suisses et hollandais. On n'engraisse des animaux que dans
les étables des sucreries et des distilleries. La production du
lait a recule; elle atteint annuellement a peine 240 millions de
litres, c'est-A-dire 1/12 de litre par jour et par habitant.
L'é I ev a g e des m ou tons s'accroit lentement A cause
de la diminution continue des pAturages ; ii recule dans
certaines contrees; mais c'est dans les contrees inontagneuses
qu'il est le plus intensif. D'une facon generale, le mouton
roumain est moins degenére que le cheval et les betes A
comes. On a importe des males merinos de France, des frisons
d'Allemagne et des Boukhara de Russie.»
Nous avons vu que la Roumanie exportait autrefois des
chevaux; avant la guerre, l'administration militaire a été obligee
d'en acheter en Hongrie et en Bessarabie. Serban parle d' «un
elevage arriére inqualifiable». Les plus beaux veaux sont castres,
tandis qu'on estime les plus mauvais assez bons pour Pelevage.
Les animaux sont dégenéres et affaiblis. Ils ne peuvent pas
effectuer les travaux seuls et il faut 4 A 6 bceufs pour la-
bothrer. Leur poids est faible. Onciul dit que les meilleurs
bceufs de la Moldavie pesent 400 a 500 kilogrammes et jus-
qu'a 600 kilogrammes quand iN sont gras. Les meilleures vaches
pesent 300 A 400 kilogrammes; les plus rnauvaises souvent
moins de 200. Il remarque a ce sujet (page 79): «Du reste
ii n'y a pas de quoi s'étonner. Car laisser manger les animaux,
et souvent meme seulement ce qu'ils trouvent, cela ne s'ap-
pelle pas faire de Pelevage. Ils peuvent le faire aussi a Petat
sauvage et ils sont mem e mieux partagés, car s'ils sont privés

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L'élevage du betail 133

des soins des hommes, ils en sont amplement dedommages


du fait qu'ils n'ont pas de travail a accomplir.»
La principale raison du recul de l'élevage de l'ancienne
Roumanie est la fermeture de la frontiere hongroise en 1886,
a la suite d'un conflit douanier; le commerce des bestiaux
en fut entierement paralyse. Le transport de la viande dans
les pays voisins, en Autriche et en Hongrie fut interdit, a plus
forte raison celui des animaux vivants. L'Autriche et la Hongrie
en fermant leurs frontieres a l'importation d'animaux voulaient
protéger leur agriculture contre la concurrence du bétail, de
la viande et des produits animaux de Petranger, et relever
ainsi leur propre production. Nous parlerons plus amplement
de cette question a propos de la guerre douaniere avec la
Hongrie.
La gr an de gu err e a aussi reduit fortement le nombre
des animaux domestiques. Un grand nombre fut réquisitionné
dans les territoires occupes. En outre beaucoup moururent faute
de nourriture en 1918 et en 1919. Suivant une etude parue en
1919, les pertes de l'ancienne Roumanie s'eleverent a des
milliards. Dans les territoires occupes plus de 40 0/0 des che-
vaux et des betes a comes, plus de 60 0/0 des moutons et des
pores furent perdus. La Transylvanie et la Bukovine subirent
aussi de grandes pertes. La Transylvanie perdit:
348 570 chevaux
500 412 bétes a cornes
1 800 000 moutons
En Bukovine, les pertes s'eleverent a 50 0/0 environ; en
Bessarabie a 10 ou 20 0/0 seulement.
La diminution du cheptel, de l'élevage et de la qualite
des animaux ont des consequences funestes pour Pagriculture.

Quelle est, dans ce domaine, la situation actuelle de la


Roumanie, qui a acquis de nouveaux territoires? Les statistiques
officielles1 nous donnent renseignent a ce sujet. D'apres cel-
les-ci, on comptait:
Chevaux.
1 379 916 en 1919
1 485 200 1920
1 686 728 1921
1 802 051 1922

La Transylvanie possede le plus grand nombre de chevres.


Ancienne Roumanie 903 088
Bessarabie 435 415
Bukovine 71 623
Transylvanie 391 925

1 Buletinul Agriculturii Anul 4, tome II, 1923, page 186.

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134 L'agriculture

Betes a comes.
4 633 999 en 1919
4 729 766 1920
5 520 914 1921
5 745 534 1922
La part des diverses provinces etait:
Ancienne Roumanie 2 777 193
Bessarabie 764 702
Bukovine 243 319
Transylvanie 1 969 320
L'ancien royaume possede le plus grand nombre de betes
a comes; la Transylvanie occupe le second rang.
Buffles.
145 858 en 1920
200 256 1921
186 676 1922
IN etaient repartis comme suit en 1922:
Ancienne Roumanie 45 792
Bessarabie 691
Bukovine
Transylvanie 140 193
La plupart des buffles sont elevés en Transylvanie.
Moutons.
8 689 996 en 1920
11 119 047 1921
12 320 569 1922
Durant les trois dernieres années, le nombre des moutons
a considérablement augmenté. Ils etaient repartis de la maniere
suivante:
Ancienne Roumanie 6 196 654
Bessarabie 2 297 306
Bukovine 235 344
Transylvanie 3 591 265

Chevres.
354 775 en 1919
499 922 1920
573 900 1921
551 712 1922
Le nombre des chevres est relativement petit.
En 1922, elles etaient ainsi réparties:
Ancienne Roumanie 229 685
Bessarabie 23 382
Bukovine 11 117
Transylvanie 287 528
La Transylvanie possede le plus grand nombre de chevres.

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Les chevaux 135

Porcs.
2 289 458 en 1919
2 513 610 1920
3 132 004 1921
3 146 806 1922
Le nombre des porcs a considérablement augmente.
Ils etaient repartis de la facon suivante en 1922:
Ancienne Roumanie 1 447 271
Bessarabie 507 830
Bukovine 121 916
Transylvanie 1 069 789

L'ancienne Roumanie et la Transylvanie sont les principales


contrées d'élevage de porcs.
Les mulets sont peu nombreux en Roumanie. On en
comptait:
2 221 en 1921
2 846 , 1922
Leur repartition était la suivante :
Ancienne Roumanie 1 481
Bessarabie 189
Bukovine 34
Transylvanie 1 142
Le nombre des Aries etait de :
10 621 en 1921
10 143 , 1922
Ils etaient répartis ainsi:
Ancienne Roumanie 5 891
Bessarabie 564
Bukovine 22
Transylvanie 3 666
Ces chiffres montrent que la situation generale du cheptel
roumain s'est am éliorée par l'acquisition des nouvelles pro-
vinces, car elles possedent plus d'animaux que l'ancien
royaume. L'ancien gouvernement et les particuliers ont beaucoup
fait pour encourager l' elevage des animaux en Transylvanie et
en Bukovine.

Passons maintenant en revue les especes d'animaux 'les


plus importantes.
Les ch ev aux sont les plus repandus en Bessarabie, dans
la Dobroudja, dans la plaine de la Muntenie et la vallée de
la Theiss ; les meilleurs sujets se trouvent dans la vallée de la
Theiss et en Transylvanie. Ils sont de race hongroise et sont de
bons animaux de trait. Le gouvernement hongrois avait beaucoup
fait pour Pelevage du cheval. Ii importait des chevaux de bonne
qualite et les remettait a prix moderés aux grands et aux

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136 L'agriculture

petits eleveurs. Avant la guerre, ii existait en Transylvanie


874 étalons répartis entre 270 haras. Les principales specialites
étaient les bons chevaux de selle pour les domaines et les
chevaux de trait legers.
En Bessarabie, ii y a beaucoup de chevaux r us se s. Le
cheval indigene est cependant de la meme origine que le
cheval moldave. II existe aussi un melange de la race ardennaise.
Les chevaux laissent beaucoup a desirer dans la plupart
des contrees de la Roumanie. Ils sont petits, sans ligne et
pas assez forts pour les lourds travaux.
Dans les montagnes et les contrées accidentees, il existe
un cheval de montagne particulier, petit, aux sabots gracieux,
attentif et a l'allure legere. II s'adapte a la montagne et peut
marcher vite et stir dans les étroits chemins, au bord des
precipices.
On trouve des élevages speciaux pour Parmee et les cour-
ses a Radauti (Bukovine), Cislau (district de Buzau) et a Uncet
(district de la Dambovitza).
La Roumanie a eu un haras militaire jusqu'en 1909. Il
existait depuis 1875; cependant ii n'a pas beaucoup contribué
Pamelioration de la race de chevaux roumains. L'Etat se soucia
peu des buts zootechniques. Ils sont devenus l'objet de l'activité
de son administration depuis 1908. Le ministre de l'Agriculture
s'occupe de Pelevage et de l'amélioration des races d'animaux
roumaines. 11 existait trois depôts d'étalons a Konstantza, a
Grachi et a Slobozia lorsque la guerre éclata. Au total, la
Roumanie possede 1500 etalons, nombre insuffisant. Les efforts
faits pour ameliorer les races sont encore a leur debut.
Leur base est le cheval roumain d'origine orientale et le cheval
roumain qui est un croisement d'anglo-arabe et de demi-sang.
On a croise le cheval indigene avec le percheron et l'ar-
dennais pour creer un type propre a l'agriculture; les resultats
obtenus sont bons.
Le clirnat roumain n'est malheureusement pas favorable a
Pelevage des chevaux: il est trop chaud en éte et trop froid en
hiver. Aussi a-t-on propose d'employer le meme procédé que
la France en Algerie. La race bretonne a donne de bons re-
sultats en Algerie. Elle s'acclimatera aussi sans doute en
Roumanie.

Les b et es a cor n es sont beaucoup plus nombreuses


que les chevaux en Roumanie. Elles sont au nombre de
5 millions 700 000. La plupart des bceufs se trouvent dans
la vallée de la Theiss et sur le plateau transylvanien. Ce sord
des animaux d'excellente qualite, gros et forts, aux longueS

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Les bétes A cornes 137

cornes courbees en forme de lyre, de race transylvanienne. Elle


provient du croisement de la race indigene avec la race de
Simmental et de Pinsgau. II existe en outre la vieille race pro-
venant du bos primigenius, et dans les contrées montagneuses
une race appelée moconita; ce nom vient de mocan, monta-
gnards. II en est de meme en Bukovine. L'elevage y était
meilleur que dans l'ancien royaume.
La race moldave, sur le plateau de la Moldavie, entre le
Sereth et le Pruth, fournit aussi de bons produits d'éle-
vage, notamment pour le lait. Ii existe deux types: un gros,
au poil gris, au front convexe et aux longues comes; un petit,
au front concave ou droit et aux petites comes courbees en
forme de couronne. Les betes de la montagne ne sont pas bonnes
pour le travail, mais sont d'excellentes laitieres. Par contre, dans
laplupart des contrées de l'ancienne Roumanie, les betes A
comes sont petites et degenerees. On a peu fait jusqu'ici pour
améliorer leur valeur parce que la demande des produits animaux
(fait, beurre, fromage) est faible, par suite du genre de vie du
peuple roumain. Les laiteries ne trouvent pas d'ecoulement
suffisant pour leurs produits dans le pays.
On a importe des animaux d'elevage de Suisse et de
H ollande pour ameliorer la race roumaine. On avait fait des
experiences dans les grands biens des boyards avant la guerre.
Elles furent trop rares et resterent sans effet pour le pays. Le
croisement des animaux indigenes avec les Simmental, les hol-
landais et les Pinsgau a donne de bon résultat. On préfere le
deux premieres races en Bukovine et en Transylvanie. Les
Simmental se rencontrent surtout dans la plaine; la race suisse
est plus propre A l'amélioration des animaux de montagne.
On ne peut pas s'en remettre aux particuliers pour l'ameliora-
ton des races. Nulle part l'intervention de l'Etat n'est plus
justifiée et plus necessaire. Aussi l'Etat roumain a-t-il prevu
dans ce but des sommes importantes dans le budget. En 1924,
on a accorde 100 millions de lei. C'est encore peu pour satis-
faire les principaux desirs zootechniques des communes. Dies
recoivent de l'Etat des emprunts sans intéret pour deux ans;
elles sont tenues de recouvrer le montant preté chez les habi-
tants, proportionnellement au nombre des animaux femelles
qu'ils tiennent. Le remboursement au gouvernement se fait en
payements semestriels. Les prets sont repartis par la commission
zootechnique du district. En outre l'Etat roumain eleve dans des
établissements a lui des animaux de choix, contrôle les etablisse-
ments privés et leur accorde des facilites pour se procurer ides
betes de qualite.
L'entretien des taureaux de village est fort important. Ils
sont la propriete des communes. Cependant, ils ne sont pas
de bonne qualite et insuffisants 'pour couvrir les centaines de

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138 L'agriculture

de vaches. Le professeur Konstantinescu decrit ainsi la situation:1


«Dans l'ancienne Roumanie oii la culture des céreales joue le
principal role, le taureau de village n'était pas soigné. Chaque
habitant pouvait s'en servir. II n'était jamais dans son étable,
mais constamment chez un paysan quelconque. Il n'avait pas
de nourriture assurée, pas d'abri stir, pas de maitre et était
tres mal entretenu pendant l'hiver. On choisissait les plus mau-
vais veaux pour en faire des taureaux; les meilleurs devenaient
des animaux de trait.»
Cette situation a empeche jusque-là l'amelioration de la race.
De bons soins et un bon entretien du taureau communal sont
en premier lieu necessaires.
II y a lieu d'examiner comment l'importation d'animaux de
bonne race peut améliorer la race roumaine. A l'heure actuelle,
la Roumanie est dans une situation economique difficile; par
suite l'importation de Simmental et de suisses est fort coCiteuse.
Un taureau suisse cofite 40 000 A 50 000 lei, alors que le prix
n'est que de 20 000 a 25 000 dans le pays.
M. Konstaninescu dit A propos de l'importation d'animaux
d'élevage: «En Roumanie, ii existe deux races: une race autoch-
tone et une race importée. Pour acclimater cette derniere aux con-
ditions du nouveau pays, des dizaines d'annees sont parfois
nécessaires. Une race transplantee ne s'acclimate qu'apres des
generations. Jusqu'a ce que ce resultat soit atteint, ii faut in-
troduire constamment de nouveau «sang» du pays d'origine
afin que les descendants de ces animaux de race ne
degenerent pas et ne s'eloignent pas des caracteres ethniques de
la race. Les Hongrois ont apporte des races étrangeres dans
leur pays; elles se sont repandues en Transylvanie jusqu'aux Kar-
pathes; mais ils ont continue A acheter régulierement des taureaux
du pays d'origine. Ce processus n'est pas encore acheve en
Transylvanie, et cette operation doit etre continuée.»
Pendant la guerre et apres, on n'a plus utilise de nouveau
sang; . Konstaninescu pretend que les éleveurs auxquels ii
a pade lui ont declare que les Simmental de la Rourndnie
montrent deja des indices de degeneration; mais ce fait n'a
pas encore été examine scientifiquement A l'aide de methodes
biometriques. Que le standard original ait subi ou non une
deviation, une nouvelle source de sang pur du pays de cette
race est de grande valeur.
II n'existe pas, malheureusement, jusqu'à ce jour, de s y n -
di cats pour les animaux d'élevage en Roumanie. 11
faudrait en créer bientot; car ils ne se proposent que l'elevage
d'une seule race. IN poursuivent un but précis et examinent
exactement tous les animaux des membres du syndicat; ce que
1 Les secours de l'élevage dans 1' Argus du 5 juin 1924.

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Les moutons 139

les communes ne peuvent pas faire. Tous les syndicats


l'étranger tiennent des registres génealogiques ; la oü iIs n'exis-
tent pas, on fait une grande propagande pour les créer. Dans
les pays occidentaux, ii existe des milliers de ces syndicats. IN
sont specialement une condition sine qua non pour garantir la
valeur des animaux dans les contrees de petites propriétes ;
car là les éleveurs qui produisent des animaux de race man-
quent.
Pour obtenir de bons animaux d'élevage sans envoyer de
l'argent a l'étranger, la Roumanie doit elle-mem e créer ces ani-
rnaux; et c'est là la tAche des syndicats. II faut done veiller A
ce que les secours accordés aux communes ne soient pas un
obstacle a la creation de syndicats d'éleveurs.

Sur les 12 millions 320 569 moutons que la Roumanie


possédait en 1922, 6 millions 196 654 appartenaient A l'ancien
royaume. Depuis longtemps, les moutons avaient ete la fortune
principale des paysans roumains. On tenait de grands troupeaux
la oü l'agriculture n'était pas encore développée, comme dans le
Baragan, et ou les conditions géographiques imposaient l'élevage
des moutons, comme sur les hauteurs des Karpathes. Pendant
l'été, les moutons restent dans la montagne qu'ils quittent
l'automne pour se rendre dans la plaine et dans les contrees
maritimes ott ils se répandent, jusqu'à la Dobroudja, et passent
l'hiver. Au printemps, commence la montée vers les montagnes.
Les moutons de la Roumanie appartiennent A diverses races.
On distingue les bArsanas et les spancas, une race pour la viande
et une race pour le lait; puis la race tigaia qui est une bonne
race de laine. La race la plus primitive est la race turcana, a
laine rude et longue. La Bessarabie possede la race carachiul
(astrakan); en Transylvanie, on trouve les merinos qu'on a im-
portés.
Ces différentes races se distinguent par la qualité de leur
laine.La race tigaia fournit une bonne laine; les races tur-'
cana et stogasa, une laine ordinaire.
Avant la guerre, la lain e obtenue représentait un poids de
12 a 13 millions de kilogrammes. On importait la laine fi n e
de l'étranger. Les fabriques de drap de la Roumanie dépendaient
done de P étranger pour couvrir leurs besoins.
Depuis quelque temps, on s'efforce d'améliorer la laine
en croisant la race indigene avec d'autres. On a fait des essais
avec les Southdown, frisons, merinos, Charmois, Boukhara. On
a eu vite constate que deux races seulement donnaient de bons
resultats ; les m e r in os et les B oukhar a. La premiere sert
a am éliorer la laine des moutons tigaia et stogasa ; l'autre pour
produire des peaux d'astrakan.

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140 L'agriculture

La Roumanie possédait 3 millions 146 806 porcs en 1922,


dont 1 million 447 271 dans l'ancien royaume. Le Banat est
la contree d'elevage la plus celebre; puis la Transylvanie, POI-
tenie et la 'Muntenie septentrionale. Dans la Roumanie orientale,
en Moldavie et en Bessarabie, 11 y a peu de porcs; ils sont les
plus rares dans la Dobroudja.
D'une facon generale, les porcs roumains sont de bonne
qualite. En premiere ligne vient le porc mangalita, aux
soies blanches et frisees, au groin court et aux jambes courtes.
11 se distingue par sa graisse et peut rivaliser a ce sujet avec
les porcs d'York. Par contre, le porc ordinaire n'a pas beau-
coup de lard ni une bonne viande. Les autres races, aux lon-
gues oreilles tombantes, fournissent une production de viande
plus grande.
On croise ces animaux avec les races anglaises, surtout avec
les Borck, les York et les Craonnais pour les améliorer. Les
resultats obtenus avec les deux premieres races ont été bons.
Le gouvernement roumain a employe divers moyens pour
ameliorer élevage du b et ai I. II a rendu obligatoire les
prairies communales pour ernpecher que l'on conduise les trou-
peaux dans les champs incultes.

Les plus importantes mesures que l'on devrait prendre pour


encourager l' elevage sont les suivantes:
10 Intervention indirecte et sérieuse de l'Etat.
2° Creation d'elevages d'apres les contrees de montagn es
ou de plaines.
39 Organisation de syndicats d'eleveurs.
4° Organisation de dépôts d'etalons dans les diverses par-
ties du pays.
50 Organisation de dépôts pour les jeunes animaux.
6° Organisation de depOts de remonte.
7° Creation d'un etablissement zootechnique pour Petude
des questions d'elevage.
8° Vote d'une loi pour Pam elioration et l'assurance des
animaux.
Ce programme est etendu. Mais ii faudra le realiser pour
attenuer les difficultes créées par le passé, la guerre et la re-
forme agraire. La reorganisation du cheptel, son amelioration
par Pelevage sont les consequences necessaires de la reforme
agraire qui a divise le pays en petites proprietés, ayant besoin
de beaucoup de bestiaux d'un bon rendement pour pouvoir
approvisionner la population de produits suffisants. Pour cela
ii faut réunir tous les paysans en syndicats d'eleveurs qui auront
mission d'am éliorer les races. 11 suffit de jeter un coup d'ceil

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Les poissons 141

sur les syndicats des autres pays pour reconnaitre la grande in-
fluence qu'ils exercent sur l'entretien du bétail des agriculteurs.
Le projet de loi sur l'encouragement de l'éle-
vage que le ministre de l'Agriculture a approuve en 1925 tient
compte, dans une grande mesure, des conditions ci-dessus.
Voici son contenu : Le premier alinéa fixe que le ministere :de
l'Agriculture est l'organe des autorites d'elevage ; le Conseil
national d' élevage est son organe consultatif. En outre,
sous la surveillance du ministere de l'Agriculture, les sections
d'élevage des Chambr es d'agri cultur e serviront les in-
terets de l'elevage. Le second alinea prescrit que le pays sera
divisé en plusieurs cercles d' eleva ge pour organiser Pele-
vage suivant les r a ces; le ministre decide quelles races pour-
ront etre elevees dans les divers cercles. Une commission
speciale v e ill e r a a: ce que les males seuls pres-
crits dans les divers cercles soient utilises. Chaque com-
mune est obligee de faire le necessaire pour l'achat d'un nombre
suffisant de male s. Les sections d'elevage des Chambres d'agri-
culture fixent pour chaque commune une date a laquelle elle
est tenue de se procurer le nombre nécessaire de mates, sans
quoi le ministere competent prelevera d'office sur le budget
communal la somme necessaire dans ce but. Le ministere de
l'Agriculture accordera des secours pour encourager l'elevage
dans le pays, en premier lieu aux syndicats d'elevage des com-
munes. Des cr edits a bon m a r ch é seront accordes pour
l'achat d'animaux qui servent a l'elevage des communes, pour
la construction d'étables, d'ecuries et pour la creation des prai-
ries. Les tarifs de transport seront reduits de 500:0 pour le
transport des animaux d'elevage et des fourrages; d'autres s e -
co u s pourront encore etre accordes aux syndicats d'elevage.
L'élevage des chevaux sera encourage par des primes
speciales. L'alinea 3 prescrit la creation d'un Institut d'ele-
vage n ati o n a I. Pour developper Pelevage, des etablisse-
ments d'Etat seront installés. L'alinéa 4 fixe que l'Etat four-
nira des vaccins a bon marché aux Chambres d'agriculture et
regle l'organisation de marches de vente et l'erec-
tion d'a b a ttoirs pour Pexportation. Le dernier alinéa
énumere les peines pour les prejudices causes au développement
de l' elevage.

Les poissons.
La Roumanie est un pays riche en eau. Ses rivieres et ses
lacs couvrent une superficie de 1 million 200 000 hectares. Elle
a donc aussi une grande fortune en poissons. Elle possede, si
l'on excepte les grandes pecheries du Volga, les plus gran d es
pecheries d'eau donee de l'Europe. Ses pecheries
maritimes sont insignifiantes.

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142 L'agriculture

Le poisson occupe une place dominante dans la nourriture


du peuple. 11 vient en troisieme lieu parmi les aliments. An-
nuellement, les Roumains mangent environ 100 a 200 millions
de kilogrammes de fromage, 85 a 88 millions de kilogrammes de
viande et 33 a 35 millions de kilogrammes de poissons.
Il est singulier que 3 a 4 millions de kilogrammes 'seule-
ment soient exportes bien que Pénorme richesse en poissons
pfit permettre une exportation beaucoup plus forte si l'on dis-
posait des installations techniques nécessaires. On importe meme
des poissons. Ils viennent a Petat frais ou conserves, 12 a
13 millions de kilogrammes, de Russie, de Hollande, de France,
de Norvege, etc. On compte parmi ces poissons irnportes 6 a
8 millions de kilogrammes de poissons sales de Russie, 6000 kilo-
grammes d'ceufs de poisson de Turquie, presque 5000 kilo-
grammes de carpes salees, plus de 2 millions de harengs et de
sardines sales en tonneaux. Ces quantites ne comprennent pas
les sortes de poissons fines, telles que les sardines a l'huile,
le homard marine, le caviar, le thon, etc. Il est vrai que la guerre,
la situation politique et Petat du ravitaillement ont rendu im-
possible cette importation pour longtemps. La Roumanie doit
donc se suffire aujourd'hui de sa production.
Les bonnes années, on peche dans les eaux roumaines plus
de 33 millions de kilogrammes de poissons; selon d'autres sour-
ces (Les forces economiques de la Roumanie, Bucarest 1920,
page 36), meme 45 millions de kilogrammes; les mauvaises an-
nees, ce chiffre baisse a 17 ou 18 millions de kilogrammes.
Cependant les mauvaises annees de poissons sont rares.
Le Dan ub e est le plus important domaine de la peche.
Les plus grandes quantités de poissons sont pechées dans les
marecages du Danub e, dans les la cs et le Danube lui-
meme. Le rendement des viviers et des barrages est moins
grand aujourd'hui; leur importance est toute locale. Depuis
que les moulins a vapeur ont remplacé les moulins a eau, nombre
d'etangs ont été desseches pour cultiver ces surfaces; ces étangs
et ces barrages sont donc perdus pour la peche.
Les p ech eri es du Danube sont entierement la pro-
prieté de l'Etat.
Sur les trois sections du Danube, la section montagneuse
entre Bazias et Turnu-Severin est la moins riche en poissons.
Sauf les esturgeons et les maquereaux, la peche y est peu
tructueuse. Le Danube se ralentit de Turnu-Severin jusqu'a la
kontiere de Mehedintsi. La production annuelle de cette section
est de 30 a 40 000 kilogrammes qui couvrent a peu pres les
besoins de la population de Turnu-Severin. La troisieme section
du Danube, a partir de la frontiere du district de Dolj, oir le
fleuve innonde les environs et forme une contree marécageuse,

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Les poissons 143

est plus riche en poissons. Cette richesse augmente a mesure


qu'on s'approche de son embouchure. On peche l'esturgeon, le
maquereau, le silure. Le Danube fournit en outre l'esturgeon
nain, la lamproie, la carpe, la sandre et des poissons blancs
tres recherches. Les poissons du Danube sont en general de
tres bonne qualite.
L'eleve des poissons se fait principalement dans la contree
des marécages du Danube avec ses marais et ses champs
inondes. Lorsque la neige commence A fondre, au printemps,
le Danube grossit fortement et deborde. Tous les environs sont
alors couverts de 1 metre 50 A 2 metres d'eau. L'eau baisse
lorsque la grande chaleur de Fete arrive; elle diminue dans
les lacs et les marecages. Au printemps déjà, suivant leur in-
stinct, les poissons se retirent dans les endroits plus profonds.
du Danube ou dans les lacs plus stirs du delta; car ils payeraient
sans faute de leur vie a vouloir s'attarder. En automne, quelques
rnarecages sont completement A sec et les lacs du Danube ont
perdu tant d'eau que leur profondeur n'est plus que de 50 A
60 centimetres, alors qu'elle était de 5 A 6 metres au printemps.
Ces lacs gelent entierement .quand vient le froid. Le delta du
Danube est couvert d'une riche vegetation de roseaux qui lui
donne l'aspect d'une mer de roseaux infinie.
Le territoire appartient pour la plus grande partie A l'Etat. II
faut distinguer le territoire marecageux 'et le territoire d'inondation;
le premier embrasse 481 500 hectares; le second 561 500 hectares.
La plus grande partie du territoire marécageux, c'est-A-
dire 930/0 est propriete de l'Etat. Sa part dans le territoine
d'inondation est de 580/0. 11 possede donc en tout 714 600 hec-
tares dans les deux territoires, c'est-A-dire 750/0. La plus grande
partie de la production des pecheries provient ainsi des eaux
de l'Etat. Par suite, les pecheries privées qui se trouvent sous
la surveillance de l'Etat sont de peu d'importance. Leur pro-
duction s'eleva a 1 917 000 kilogrammes en 1917-1918 pour
une production globale de 7 787 000 kilogrammes. Si l'on ajoute
les pecheries des lacs de Braila, qui sont egalement propriete
privee, leur part s'augmente d'un million, de sorte que la pro-
duction privée se chiffre par 3 a 3 millions 500 000 kilogrammes
de poissons. La production de l'ancienne Roumanie étant de 24
A millions de kilogrammes', il en résulte que la part des pecheries
privees est d'environ 1/8.
Dernierement2 le gouvernement a commence A reorganiser
les pecheries de l'Etat.
Jusqu'ici les pecheries de la mer Noire ont ete negligees,
de sorte que les Roumains ne pechent qu'un demi-million de
1 Nous avons dit qu'elle s'éleve A 34 millions pour tout de royaume.
2 D'aprs la deutsch-rumanische Wirtschaftszeitung, 1922, page 108.

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144 L'agriculture

maquereaux, alors que les Bulgares en prennent jusqu'à 20 mil-


lions.
L'administration des pecheries de l'Etat a ordonne de pecher
plus serieusement dans la mer Noire.
Dans le delta du Danube, la situation est encore plus défavo-
rable. Des 260 000 hectares qui pourraient fournir 20 millions
de kilogrammes de poissons au moins, on en retire a peine
3 millions. 11 faut chercher la cause dans la transformation
du territoire en marais.
Les nombreux lacs de la Bessarabie donnent aussi peu de
poissons par suite des rnoyens de transport défectueux.
La côte de la Bessarabie et de l'embouchure du Danube,
dont les eaux sont faiblement salées jusqu'au cap Media, est
tres riche en lacs sales sur une étendue de 260 kilometres.
C'est la côte la plus poissonneuse de la mer Noire. On y trouve
des maquereaux du Danube et des muges. Les esturgeons et
les maquereaux font leur ponte la oii le Danube se jette dans
la mer ou dans le fleuve lui-meme; par contre les muges fraient
dans les lacs de la côte.
Du cap *Media jusqu'à Konstantza, et plus au sud, on ne
rencontre plus l'esturgeon et tres peu d'autres especes de pois-
sons. On trouve de grandes quantités de turbots; inalheureuse-
ment cette peche est ruinee aujourd'hui.
Plus on se rapproche, le long de la côte, de la frontiere
bulgare, plus nombreux sont les maquereaux bleus et les autres
sortes de poissons qui viennent de la mer Egée et de la Medi-
terranee a certaines époques de l'année.
Etudions maintenant la peche elle-meme, sa technique
et les principales sortes de poisson s.
II est clair que la peche est peu fructueuse au printemps
alors que les eaux sont abondantes, car les poissons se répartissent
sur une grande quantite d'eau. Si l'on veut pecher a ce temps,
on ne pent pas utiliser les filets. On se sert uniquement de
nasses. Aussi la peche est-elle peu abondante en mai et en
juin. 'Mais a partir d'aont, lorsque l'eau se retire des domaines
d'inondation et que les lacs ont perdu beaucoup d'eau, on
commence a utiliser les filets; la peche fournit alors de grands
rendements. Aoüt, septembre, octobre et novembre sont les
bons mois de peche pour les lacs. En janvier et en fevrier, on
peut encore prendre de grandes quantités de poissons sous la
glace lorsque les lacs sont peu profonds et le froid pas trop
fort. On fait un trou dans la glace avec une hache; les pois-
sons s'y rassemblent aussitôt en foule.
La peche de l'e sturgeon est la mieux organisee. C'est
le poisson qui fournit le caviar. Beaucoup de gens preferent le

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Les poissons 145

caviar du Danube au caviar russe. La plupart des esturgeons


sont pris en éte; tres peu en hiver.
Le maqu er eau du Danube est -fres souvent fume. Au
printemps, en février parfois, ces poissons viennent dans l'em-
bouchure du Danube et y restent jusqu'en mai. Ils remontent
ensuite le fleuve pour frayer. Dans les bonnes années, on en
prend 4 millions; dans les mauvaises 800 000; en moyenne
2 millions 400 000 kilogrammes annuellement. Ces grandes diffe-
rences proviennent des courants de la mer Noire et de la tempe-
rature de Peau de la mer et du Danube.
Le muge est un autre poisson que l'on pent facilement con-
server. C'est un poisson migrateur. De mai a la fin de juillet
et meme jusqu'en aofit, il se rend de la mer dans les lacs c6tiers.
Il est pris en grandes quantités dans des canaux construits
pour cela, dans le voisinage de la côte, a l'aide pieges.
La peche de la raie et du tur bot est inferieure a celle du
muge. Le turbot ne jouit pas de la faveur du consommateur
roumain bien qu'il soit un excellent poisson. On en exporte de
grandes quantites a Constantinople. On atteindrait une pro-
duction considerable et l'on étendrait la duree de la peche.,
si celle-ci était mieux organisee et si l'on encourageait les
pecheurs.
La r oussette est un poisson semblable au turbot.
On la rencontre en grande foule, mais jusqu'a l'heure actuelle,
on ne l'a pas pechée. Elle se prete fres bien a la conservation.
Les maquereaux bleus sont principalement pechés dans
la contrée de Konstantza, vers Mangajia, et surtout clans le
golfe de Balcic, vers la frontière bulgare. On en prend ,an-
nuellement plus d'un million, c'est-a-dire 60 a 80 000 kilogram-
mes. Les moyens de transport étant insuffisants, ils se &eat
facilement; aussi essaie-t-on de les sécher d'une maniere pri-
mitive.
11 existe aussi des sardines, des thons et beaucoup
d'autres sortes de poissons; mais on ne les peche pas. On
peche les truit es dans les rivieres de la montagne. ca et
la, on a installé des étangs a truites, par exemple a Rucar
en unténie.
Nous pouvons distinguer de b onn es et de m auvais es
ann e es de poisson s, selon Pattitude du Danube. Les an-
nees riches en poissons sont celles dans lesquelles l'eau fraiche
du Danube pénetre en grande quantité dans les lacs. Jon
G. Vidrascul dit, dans son grand ouvrage sur l'utilisation du
territoire d'inondation, que la richesse en poissons est infé-
Jon G. Vidrascu: Valorificarea Regiunei Inundabile a Dunarei,
Bucarest, 1921.
10

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146 L'agriculture

rieure quand l'inondation ne se produit pas au printemps


a l'epoque habituelle, quand les lacs ne sont pas bien alimentes
en eau fraiche du Danube et quanci l'eau sale et putride
n'est pas bien eloignée. Les lacs les plus poissonneux sont
ceux qui sont fartement alimentes, au printemps, d'eau fraiche
du Danube, contenant de Pair, dont l'eau s'évapore lente-
ment et dans lesquels ii y a peu de rnouvement durant toute
l'année.
Les poissons qui vivent dans les lacs degenerent quand
ils ne recoivent pas suffisamment d'eau fraiche. Ils prennent
une tete verte, des yeux profonds, de grosses aretes, mai-
grissent et leur chair est peu savoureuse. Souvent, ils sont
immangeables a cause de leur mauvais goilt et de leur odeur.
Il existe beaucoup de lacs, gran ds et profonds, dans le
delta du Danube; ils sont improductifs a cause de leur eau
putride. Ils ont une grande vegetation de plantes qui em-
pechent d'entrer a l'air, la lumiere et la chaleur. El les meurent
en automne, tornbent au fond de l'eau, pourrissent et degagent
des gaz mal odorants. Les poissons ne peuvent pas y vivrei.
Le territoire d'inondation offre cependant une abondante
nourriture aux Toissons. 11 forme un domaine pour tout ce
qu'ils consomment. Leur nourriture consiste en vers de toute
espece, en crustacés, larves, vers blancs, petits mollusques, en
graines d'herbes de toute sorte. C' est la richesse en aliments
de ce genre qui explique leur sejour dans le territoire d'inonda-
tion et dans les lacs.
En 1918, le niveau des eaux du Danube était tres has.
El les ne purent pas entrer dans les lacs. Ii n'y eut pas d'inonda-
tion et l'eau des lacs ne fut pas renouvelée. La consequence
fut qu'aucun Poisson ne penétra du Danube dans les lacs. Les
poissons qui s'y trouvaient ne trouverent aucune nourriture au
fond; en outre l'eau stagnante renfermait peu d'air; aussi mai-
grirent-ils et leur chair eut peu de valeur. Beaucoup per--
rent. Le frai manqua pour la reproduction. Ce fut la plus
mauvaise armee de poissons que la Roumanie ait eue.
La pr o du ction de poissons s'éleva, par hectare de
surface d' eau a :
29 kg A Balta Potelu;
32 dans les lacs entre Giurgiu et Oltenita;
35 de Varasti Calarasi;
41 entre la ligne Cerna Voda et ITArsova;
48 le lac de Buceac (dans le voisinage d'Ostrov);
43 d'Oltina;
75 a Razimul sur la mer Noire;
15 dans les lacs du delta du Danube.
Le delta du Danube est l'une des plus grandes nappes
d'eau du pays, ii compte 250 000 hectares, et pourtant

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Les poissons 147

ii fournit la plus petite production de poissons. C'est que les


conditions naturelles y sont mauvaises: les lacs mal alimentes
d'eau douce sont pour la plupart remplis d'herbes et de plantes
aquatiques. Seuls, y vivent les tanches, les corassins et des
poissons blancs qui se contentent de peu de lumiere et de peu
d'oxygene.
La Commission europeenne du Danube a pris la navigation
du bras de Su lima sous sa protection, mais non les pecheries.
Elle ne s'est souciée que de la regularisation de ce bras et
de sa richesse en eau en fermant les jonctions qui 'avaientl
jusque-la alimenté les lacst. On n'a pas évacué l'eau putride
du delta, de sorte que les eaux de beaucoup de lacs sont
toutes noires et puantes.
Dans tout le delta du Danube, la production de poissons
est, en moyenne, annuellement de:
2 700 000 kg de carpes
260 000 sandres
1 150 000 silures
4 000 000 brochets, corassins, tanches
600 000 poissons blancs
200 000 divers poissons
8 910 000 kg
Les poissons pris dans les bras du Danube et a l'embouchure
ne sont pas compris.
Un grand nombre de lacs alimentés d'eau trouble sont
presque transformés en marécages, comme le lac de Murughiol,
le lac de Crapina, l'un des plus beaux de la Rournanie, le lac
de Greaca et le lac de Bistritz qui est ensablé.
L es la cs d e R azim, dans la proximite de la mer Noire,
fournissent un bon exemple comment on peut augmenter la
richesse en poissons des lacs en les approvisionnant artificielle-
ment Wean douce. Ils ont une superficie de 80 000 hectares
et n'avaient, avant 1906, aucune communication avec le Danube.
La teneur en sel de leurs eaux empechait presque les poisson
d'y vivre. Leur production en poissons ne dépassait pas 40 000
kilogrammes par an, c'est-a-dire un demi-kilograrnme par hectare.
Lorsqu'on eut construit le canal du Regele Carol, qui unit les lacs
au Danube, l'eau s'améliora: l'eau douce remplaca l'eau salee.
La consequence etait que les poissons se rnultiplierent forte-
ment. La production atteint aujourd'hui 6 millions de kilo-
grammes annuellement, c'est-a-dire 75 kilogrammes par hectare.
La peche des premieres années a dejà paye les frais du canal.
De 1912 a 1914, on a construit le canal du Prinzipele Ferdi-
nand qui réunit le lac de Dranov au Danube. La premiere armee
1 E 1 1924, la navigation était fortement entravée, les grands bateaux
ne .pouvaient plus passer comme autrefois le bras de Sulima; de grandes
plaintes s'éleverent parce que l'importation était menacée.
10*

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148 L'agriculture

apres son ouverture, la production a passé de 200 000 kilo-


grarnmes a 700 000 kilogrammes de poissons. Les depenses
occasionnées par la construction du canal ont eté couvertes
par la peche de la premiere armee.
Ces exemples ne permettent plus de douter de la plus-
value que l'on peat créer par les lacs lorsque la science et la
pratique s'entendent pour corriger la nature.
II reste encore beaucoup a faire. Actuellement, le delta
du Danube ne donne que 15 kilogrammes de poissons en
moyenne par hectare. Si l'on réussissait a porter cette pro-
duction a 40 kilogrammes, qui reste encore de beaucoup in-
ferieure a celle des lacs de Razim, on obtiendrait une pro-
duction totale de 250 000 ha x 25 kg = 6 200 000 kilogrammes;
a raison de 2 lei le kilogramme de poisson, les recettes s'ele-
veraient annuellement a 12 millions 500 000 lei.
II est vrai que des conditions naturelles amenent de grandes
pertes de poissons d'eau donee. Elles sont causees par les
vents du nord et du nord-ouest qui entrainent au printemps
les poissons avec l'eau du Danube dans la mer Noire ou
l'eau salée les aneantit. II faudrait établir des refuges pour
ces poissons d'e au douce pour eviler des pertes aux
pecheries du pays.

La situation économique des pecheries roumaines est


la suivante: apres la guerre la population a double, mais la pro-
duction de poissons n'a pas augmente d'une fawn correspondante.
La part de poissons peches par tete d'habitant est mettle devenue
plus petite. Elle s'elevait dans l'ancienne Roumanie a 24 millions
qui, divises par 7 millions 500 000, donnent 3 kilogrammes 200
par habitant. Aujourd'hui, si l'on ajoute la production de 10 mil-
lions de la Bessarabie, elle est seulement de 2 kilogrammes
dans le nouveau royaume (34 millions :17 millions =2 kg). Il
en resulte qu'il existe un manque de poissons peches. II
touche a la fois la population urbaine et la population rurale.
La premiere consomme principalement des poissons frais; la
seconde doit se contenter des poissons sales. Le paysan qui
veut manger une fois des poissons frais pendant le long careme
ou en éte, peche lui-meme dans la riviere voisine ou dans
l'etang qu'il a install&
Les pecheries roumaines ne possedent pas assez d'installa-
tions pour conserver le poisson et les méthodes de conserva-
tion sont imparfaites dans leur technique. Dans toute la Ron-
manie, ii n'existe que 8 wagons frigorifiques pour le transport
des poissons.
Par suite de l'insuffisance des installations, les poissons,
peches courent le grand danger de se gâter. Les faits sui-

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Les poissons 149

vants1 en sont une preuve: En 1920, l'Office de l'Hygiene fit


saisir 399 075 kilogrammes de poissons pourris et 41 693 kilo-
grammes de truites; en 1921, 91 171 kilogrammes, en 1922,
82 749 kilogrammes; c'est-a-dire 572 995 kilogrammes de poissons
pourris, en trois ans, dans quatre villes (Galatz, Braila, Focsani,
Falticeni).
A Bucarest, dans le meme espace de temps, on saisit et
detruisit 218 267 kilogrammes de poissons pourris et 40 millions
de truites mortes et gatees. Ces aliments gâtés ne peuvent plus
etre utilises. En Allemagne, les poissons impropres a la con-
sommation ne sont pas jetes; iN sont remis aux fabriques de fa-
rines de poisson ou convertis en huile, gelatine ou colle.
II faudrait augmenter le nombre des salages et des fumoirs.
Nous avons dejà dit que le manque de moyens de transport
oblige les pecheurs a conserver le poisson. Leur perfectionne-
ment augmenterait en meme temps la consommation des
poissons frais.
En troisieme lieu, il faudrait créer des installations
artifi ci ell es pour am éliorer l'élevage des poissons et cor-
riger les imperfections de la nature. Un lac abandonné a lui-
meme ne donne pas autant de poissons que celui qui est regu-
larise. Un excellent moyen pour relever la production est d'as-
surer par des travaux techniques la quantite d'eau douce néces-
saire aux lacs.
Pour mieux utiliser les lacs et augmenter leur production de
poissons, M. Vidrascu propose les mesures suivantes:
1" Etablissement de nouveaux canaux pour assurer l'alimen-
tation des contrées de lacs en eau fraiche et contenant de l'air
du Danube et éloigner l'eau putride.
2" Relevement du niveau des lacs et maintien de ce niveau
pour les lacs peu profonds afin que la vie des poissons et du
frai ne soit pas en danger par le tarissement.
3" Nettoiement, maintien de la profondeur et de la circula-
tion de l'eau du bras du fleuve utilise.
4° Fermeture des bras du fleuve qui renferment de l'eau
nuisible.
5" Reunion des lacs qui sont aujourd'hui isolés, non ali-
mentes et inexploites.
6" Destruction de la vegetation dans les lacs, des plantes
aquatiques qui sont nuisibles a la vie et a la reproduction des
poissons et de thus les obstacles qui genent ou rendent impossible
l'exploitation des lacs.

P. Daia, inspecteur, dans le Buletinul Economic Romanesc, avril 1923,


page 252.

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150 L'agriculture

70 Creation de refuges et de ports pour les pecheurs sur les


bords de la mer Noire oti ils peuvent se retirer en cas de
tempete.
80 Creation de bassins d'eau douce sur la côte de la mer
oh peuvent se sauver les poissons qui quittent le Danube ou
les lacs.
90 Erection de reservoirs dans lesquels on puisse conserver
les poissons indigenes apres une peche abondante avant de les
livrer a la consommation.
100 Erection de stations d'elevage pour seconder la nature
bars d'un rempoissonnement des lacs.
110 Erection d'installations et de stations pour les recher-
ches scientifiques dans lesquelles on etudiera la vie et les habi-
tudes des poissons d'eau douce et de mer. Les questions A
etudier concernent les modifications du niveau du Danube, les
inondations, les vents, les courants marins, la flore, la petite
faune qui forme la nourriture des poissons, les maladies des
poissons, les conditions les plus favorables au développement
et a l'accroissement des crustacés, surtout des ecrevisses qui
ont presque totalement disparu aujourd'hui des lacs roumains,
leurs maladies. II faut aussi étudier la conservation et le trans-
port des poissons, leur industrialisation dans des fabriques de
conserves, les installations de fumage et salage, la production
d'huile de foie de morue et de farine de poisson, la facilité du
trafic dans les contrées de roseaux des grands lacs.
De cette fawn, les pecheries pourraient etre placees sur
une base solide et productive.
Pour se proteger contre les inondations du Danube, il fau-
drait créer de grandes digues.
Si ce programme etait realise, les lacs de l'ancienne Rou-
manie pourraient facilement fournir 28 A 30 millions de kilo-
grammes de poissons annuellement. Cette production serait
portee A 40 ou 45 millions si l'on etendait le programme aux
eaux de la Bessarabie, A la peche dans le Danube et sur les
c8tes de la mer. Ce chiffre représente un facteur important pour
Papprovisionnement du pays. En admettant le prix de 2 lei pour
un kilogramme de poisson, cette production representerait 80 a
90 millions de recettes annuelles. De nombreux pecheurs pour-
raient vivre de ces recettes et l'Etat en retirerait de grosses
sommes. Le grand avantage d'une meilleure exploitation des
pecheries est la balance immediate entre les recettes et les de-
penses hydrauliques faites dans leur interet.
Nous sommes tres mal renseigne stir les prix des pois -
s o n s. On trouve quelques renseignements dans le fascicule du
Dr Gurgea, directeur de l'Office municipal A Chisinau: Observa-
tions économiques sur la Bessarabie (1921). La Bessarabie

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Les poissons 151

est une province des plus riches en poissons. Tant qu'elle ap-
partint a la Russie, les pecheries etaient données en bail; les
recettes de l'Etat etaient petites tandis que les fermiers faisaient
de bonnes affaires. Actuellement, les prix des poissons montent
fortement. Au commencement d'aocit 1920, le prix moyen d'un
kilogramme de poisson frais etait de 11 lei dans toute ia
Bessarabie; le prix maximum etait de 22 lei 75 bani a Hotin
(au nord de la Bessarabie) et le prix minimum de 5 lei 33 bani
a Ismail sur le Danube. La pecherie d'Etat vendit le kilogramme
9 a 10 lei suir le marché de Chisinau; les pecheries privées le
vendaient en secret 20 lei. La cause de cette hausse reside dans
les difficultes de transport et les intermédiaires: la marchan-
disc passe de main en main et chacun veut gagner. Le manque
de contrôle et de concurrence a eu aussi sa part: les fermiers
des lacs avaient disparu et les pecheurs faisaient ce qu'ils
voulaient.
L'exploitation en regie exige de nombreux employés et
Tapporte par suite peu. Nous parlerons a la fin du chapitre XI
des reformes exécutées dans le commerce des poissons.
,
Le monopole des poissons qui a éte creé, en 1893,
sur les conseils du Dr Antipa, eleve de Haeckel, pour mettre
fin a la peche exterminatrice, est institue de telle sorte que les
pecheurs fournissent les engins de peche et leur travail; l'Etat
fournit les poissons. Le partage des recettes se fait ainsi que les
pecheurs regoivent 800/0 des poissons pris dans la mer, 700/0 de
ceux pris dans le Danube et 500/0 de ceux pechés dans les lacs.
La peche est contrôlee par des fonctionnaires. Ils s'occupent en
meme temps de l'expedition des poissons et du payement des
pecheurs. L'instance supreme est la Direction des pecheries au
ministere des Domaines.

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VI. Les forets.
La Roumanie est un pays excessivement riche en bois. Celui
qui voit une fois les sombres forets des Karpathes avec leurs
peuplements millenaires est facilement ebloui par la magnifi-
cence et l'etendue de ces masses d'arbres gigantesques. Mais
ces provisions naturelles qui semblent inépuisables ne seront
d'une valeur durable pour reconomie roumaine que si elles
ne sont soumises A aucune exploitation exterminatrice, c'est-A-
{lire que si on ne leur enleve pas plus de bois qu'il en pousse
annuellement. Le probleme forestier de la Roumanie est done
tres important. Il consiste A adapter l'exploitation annuelle A
l'accroissement.
Constatons tout d'abord, par des chiffres, la richesse fore-
stiere du pays. ll n'existe pas de statistique sylvicole exacte.
C'est que toutes les forets ne sont pas mesurees et que les
donnees reposent souvent sur des estimations.
Suivant les statistiques, sur les 32 millions 5 00 000 hec-
tares que comprend la superficie totale du pays, 7 millions sont
couverts de forets, c'est-A-dire 220/0 ou en chiffres ronds: le
quart du territoire global. Ces 7 millions d'hectares sont plantés
de coniferes, de chenes et d'autres arbres A feuilles. Les coni-
feres représentent environ 300/0 des forets, les bois durs 200/o
et les bois A feuilles (hetres, frenes, tilleuls) 500/o . En Transyl-
vanie bruissent les forets de chenes; dans l'ancienne Roumanie,
elles ont presque disparu. Parmi les coniferes, le pinus sil-
vestris (le sapin rouge) et le larix europea (le méleze) sont
celebres. Le premier a un bois dur tres propre A la fabrication
des meubles. On emploie aussi dans ce but le frene hongroi§.
Les étendues boisees se répartissent ainsi entre les divers
territoires:
4 200 000 hectares en Transylvanie
2 086 185 , dans l'ancien royaume
469 890 en Bukovine
263 000 , en Bessarabie
7 019 075 hectares en tout
La Bukovine est le pays le plus boise. Les forets recouvrent
encore 450/o de sa superficie totale. Puis viennent la Transylvanie
et le Banat oil les forets occupent les 330/o du pays. Autrefois
la Bessarabie possédait aussi de grandes forets. L'exploitation

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Les forêts 153

a outrance les a fortement reduites; aujourd'hui, elle est pauvre


en bois. Les forets centenaires ont presque entierement disparu.
Malgré le deboisement, le premier district forestier est celui de
Chisinau.
L'ancienne Roumanie a aussi des forets considérables, comme
celles de la vallee du Lotru. Les especes les plus frequentes
sont les hetres, les sapins, les pins. Les forets sont epaisses, le
bois sain et sans nceud. Le transport a lieu A l'aide de flottages
jusqu'à Brezoi oil se trouvent de grandes scieries. Ce transport
par eau est fait pas des associations de paysans qui ont passé
des contrats speciaux avec les compagnies forestieres et amenent
le bois jusqu'à Dragashni, Slatina, Stoeneshti, Magurele et Giur-
giu. 11 est tres important pour la Roumanie quoique la qualite
du bois souffre de l'action de l'eau. Pour la Moldavie, les
meilleurs moyens de transport sont la Moldovitza, la Suceava,
le Sereth et le Pruth; pour l'ancien royaurne, outre le Pruth.
et le Lotru, surtout le Muresh, l'Olt, la Bistritza et le Sebesh.
La simplicite et le bon marche de ce moyen de transport
a singulierement facilite l'exploitation, de sorte que les forets
de la Bukovine, de la Transylvanie, du Maramuresh et de la
Moldavie, vieilles de plusieurs siecles, ont pu etre exploitées
sur une grande echelle. El les l'ont eté sans interruption et
chaque armee des millions de lei de bois sont transportés ivers
le Danube.
Galatz est aujord'hui le port le plus important pour le bois
destine a l'Orient; ii regoit la production de la Rournanie .qui
afflue, ici, des diverses provinces.

En Roumanie, comme dans les autres pays occidentaux, la


foret est propriete de l' Etat pour la plus grande partie.
Elle ne peut pas etre exploitée continuellement; aussi ses pro-
duits restent longtemps immobilises. Elle exige un plan économi-
que calculé a long terme. Les conditions de son exploitation
doivent etre mises d'accord avec les besoins de l'économie politi-
que. C'est pourquoi il est juste que la foret soit exploitee par
l'Etat et non par les particuliers. Mieux que ces derniers, il
peut tenir compte de ces points de vue. S'il ne dependait que
d'eux, elle serait en peu de temps, et pour quelques grands
profits, abattue au désavantage de la collectivite.
L'Etat possede un quart des forks totales. D'apres les
statistiques, la repartition du territoire forestier de l'Etat est
la suivante:
1 537 hectares en Bukovine
11 137 en Bessarabie
682 000 , en Transylvanie
1 068 173 dans l'ancien royaume
1 762 847 hectares
Ce sont 240/0 du territoire forestier global.

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154 Les forets

11 faut ajouter les forets de la Bessarabie qui ont éte ex-


propriees en vertu de la réforme agraire et celles des autres
provinces qui ont ete expropriées ou achetées par l'Etat; ses
forets atteignent ainsi la proportion de 250/o.
Une autre partie est dans la possession des districts et des
communes:
26 522 hectares en Bukovine
1 200 000 en Bessarabie, Ardeal et ancienne Roumanie
1 226 522 hectares
Cette partie represente 16,80/0 des forets roumaines.
D'autres forets sont dans la possession de l'administration
publique:
225 149 hectares en Bukovine
50 735 en Bessarabie
270 485 en Ardeal
174 150
"
dans l'ancienne Roumanie
720 519 hectares
Ces forets représentent 100/o des forets globales.
Dans ces chiffres sont sans doute comprises beaucoup de
forets de mainmorte. La proprieté privée compte:
198 015 hectares en Bukovine
187 484 en Bessarabie
1 957 994 " en Transylvanie
11

1 225 309 11 dans l'ancienne Roumanie


3 598 802 hectares
La part de la propriete privee est donc de 500/o.
En résumé, la moitié du domaine forestier de 7 millions
d'hectares en chiffres ronds est proprieté privee, un quart pro-
prieté publique et le reste, la mainmorte comprise, est pro-
prieté de diverses administrations publiques.
La foret est donc une grande fortune de l'Etat en Rou-
manie. M. Ventila Bratianu, ministre des Finances,
a montre, dans une conference' faite le 25 mai 1921, la
necessité de la protéger et de l'utiliser rationnellement. II a
émis les idées suivantes":
oLes conditions de l'exploitation des forets en Roumanie sont
les memes que celles des mines en general et des pétroles en
particulier.
Les grands massifs forestiers, concentres dans quelques ré .
gions, représentent un grand rassemblement de richesses qui
exigent de forts capitaux pour leur exploitation. Comme le
petrole, qui est emmaganise sous la terre depuis des siecles,
d'oii on l'extrait par des forages et dont la production n'est pas
1 Oeconomia forestiera, juniseptembre 1921.

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Les forêts 155

en rapport avec les frais d'extraction, ou par des conduites qui


dominent tout un territoire par le transport facile, la foret sera
mobilisée par une ligne de chemin de fer ou par un canal
qui permettra l'exploitation d'un bassin ou d'un massif entier.
Le petrole, dans la terre, comme le bois dans les grands
massifs, sont des richesses que le possesseur de la surface ne
peut pas exploiter, de ses propres moyens, dans la plupart des
cas. Bien qu'elles soient de grande valeur, elles sont sujettes
A une depreciation artificielle et peuvent etre accaparées. C'est
pourquoi les trusts cherchent A se répandre dans les nouveaux
Etats et A mettre la main plut8t sur le bois et le pétrole que sur
tout autre produit.»
A propos de la politique forestiere du gouvernement, M. Ven-
tilaBratianu mentionna que la source des richesses du Stan-
dard Oil Trust est une conduite de petrole qui a permis de
dominer la production americaine en dominant le commerce. 11
ajouta: «Si une politique consciente qui protege les interets de
Peconomie nationale n'intervient pas, il n'est pas impossible que
le quart du territoire de la Roumanie ne tombe sous le con-
trôle de trusts étrangers.»
Aussi la politique économique roumaine au sujet de Pex-
ploitation des forets vise-t-elle A proteger la production nationale.
Les conditions auxquelles la richesse forestiere de la Rou-
manie peut etre utilisee sont dictées, d'une part, par une ex-
ploitation rationnelle qui donne un haut rendement a peu de
frais; d'autre part, par la meilleure utilisation possible du produit
obtenu, c'est-A-dire du bois.
Jusqu'ici l'exploitation s'est faite de tette sorte que le pro-
prietaire d'un terrain en louait une certaine étendue, d'apres sa
valeur, pour etre exploitee. Le possesseur du sol n'était donc
pas intéressé A la production. Le bon systeme serait de le faire
participer progressivement au nombre de metres cubes de bois
obtenus.
L'Etat doit etablir les directives pour l'exploitation des
forets qui, d'apres leur situation, peuvent etre exploitees en com-
mun et pour celles qui peuvent l'etre par le syndicat des proprie-
taires. L'exploitation doit tenir compte d'autres intérets: les
interets du travail qui, d'apres les nouvelles idees, est une parti-
cipation A l'utilisation. Pour avoir les plus grands avantages,
l'Etat doit creer un syndicat des interesses du commerce en gros,
comme ii l'a fait dans l'industrie du petrole. Le but de ce syndi-
cat est de permettre aux producteurs d'exporter et de couvrir les
besoins intérieurs A des prix normaux.
D'apres . Bratianu, la politique de l'Etat doit suivre
quatre directions:
10 Introduire un regime qui assure la production et la con-
servation du bois d'une part; qui empeche les visees de mono-

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156 Les forets

pole nuisibles aux interets genéraux d'autre part. L'Etat ne


doit pas oublier qu'il doit donner l'exemple comme proprié-
taire de forets.
2° Les conditions d'exploitation forcent l'Etat A suivre une
politique d'intervention et de protection afin de sauvegarder
les facteurs économiques et nationaux qui cooperent a Pex-
ploitation des bois, d'empechu Paccaparement et la dévasta-
tion que les trusts essayent en Roumanie.
3° L'administration des richesses forestieres et Putilisation
des produits ne sont possibles que par une politique qui assure
une production permanente et facilite Pecoulement a Pintérieur
et A Petranger.
4° La consequence immediate de l'application de cette poli-
tique est la creation d'une organisation financiere et technique,
et comme centre de celle-ci la casa paduli, pour atteindre la
collaboration et l'aide de tous les facteurs nationaux travaillant
dans le domaine des forks et du bois.
Pour obtenir les specialistes necessaires A l'application de
ce programme, il faut organiser l'enseignement forestier A trois
degrés, inférieur, moyen, supérieur.
Les r és erv es de bois forment la question la plus im-
portante de toutes les questions relatives aux forets en Rou-
manie. La generation actuelle produit-elle plus ou moins de
bois qu'elle ne consomme? Tel est le fond de cette question.
Le sort de l'exportation du bois depend naturellement de la
reponse.
A ce sujet deux opinions sont en presence en Roumanie.
Selon l'une, la Roumanie a besoin d'une periode de repos de
20 A 30 années par suite de l'exportation exagerée qui a eu lieu
avant et pendant la guerre; l'exploitation et l'exportation doi-
vent cesser pour longtemps.
D'apres l'autre, de grands capitaux sont investis dans les
forets; ils ne peuvent produire des intérets que s'il y a ex-
portation. La Roumanie dispose de tant de bois qu'elle peut
en livrer une partie a Petranger. L'exportation est necessaire
pour payer les dettes du pays A l'aide de recettes A Petranger,
meme si cette grande richesse n'existait pas.
Laquelle de ces deux opinions est la bonne? Celle qui
demande la liberte d'exploiter et d'exporter ou Pautre?
Pour le savoir, ii faut considerer l'importance économique
de la foret et non l'importance que lui donnent les entreprises
d'exploitation de forks. La foret est un bien économique dont
tout le monde tire des porfits. Pour cela, ii ne faut pas que la
consommation interieure et l'exportation depassent la nouvelle
production. Si elles sont supérieures A la production, le develop-

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Les foréts 157

pement de l'industrie forestiere en Roumanie, telle qu'elle est


pratiquée, aujourd'hui, par nombre de grandes sociétés d'ex-
ploitation, équivaut a l'anéantissement de la richesse sylvicole
du pays. L'acquisition de devises a l'aide de bois livres a
l'étranger, c'est-h-dire l'amelioration de la monnaie, serait payee
par la destruction d'une partie essentielle de la fortune nationale
au lieu de l'etre par l'utilisation rationnelle des forces productives
du pays.
Dans l'Economia forestiera de mars 1920, M. S tin gh e
montre que les difficultés d'un plan forestier rationnel proviennent
de l'absence de bonnes statistiques. Nous donnons ici ses idees
qui sont des plus interessantes.
L'accroissance en bois annuel est base sur les cercles an-
nuels que montre la masse du bois. Par production de bois, on
entend le volume total de tous les cercles annuels par hectare.
On ne peut enlever a une foret qu'une quantite equivalente h
cet accroissement annuel. Cette quantite est qualifiee de opos-
sibilité». On entend par lh la production effective de bois que
l'on peut exploiter sans dommage pour la foret.
Le nombre de metres cubes d'accroissement annuel par hec-
tare varie d'année en année. Tres faible au commencement, tant
que les arbres sont jeunes, ii grandit avec les années et atteint
son maximum pour diminuer de nouveau.
Si nous additionnons les volumes de ces accroissements jus-
u'à un certain age, disons 100 ans, et divisons ce chiffre par
le nombre d'annees, nous obtenons une valeur moyenne.
La production de bois se rapporte toujours a cette valeur
moyenne, l'accroissement moyen. Elle varie avec Page pris
pour base. Elle depend de la fertilite du sol et de l'intensite
de la culture forestiere.
L'accroissement annuel peut etre inférieur h 1 metre cube;
ii peut etre aussi de 7 h 8 metres cubes dans des conditions
favorables. On le considere comme satisfaisant quand il est de
3 h 4 metres cubes par hectare.
Le cercle annuel est le resultat de trois facteurs: la na-
Ce dernier est représenté par le
ture, le travail, le capital.
peuplement qu'une foret doit avoir a une époque fixée pour
pouvoir produire un nouvel accroissement de bois annuel. Les
installations de transport appartiennent aussi au capital; mais
c'est le capital d'exploitation et non un facteur de production de
bois, car sans lui la foret produit aussi du bois.
Toute la substance qui se trouve dans une foret, une armee
quelconque, forme le capital pour la production de bois de
l'année suivante. La cote d'accroissement est independante de
.la grandeur du capital en bois. Celui-ci, dans Peconomie forestiere,
peut etre compare aux machines dans l'industrie. Le corn-

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158 Les forets

bustible et les matieres premieres de Pindustrie, c'est, dans


Peconomie sylvicole, ce que la foret tire de l'air et du sol.
L'existence du capital en bois est indispensable; meme si les
dimensions du bois sont tres petites, il a neanmoins un certain
nombre de cercles annuels. Tout l'accroissement depuis l'exis-
tence de la foret forme le capital pour la production de l'année
suivante.
La valeur de ce capital depend des dimensions que nous
voulons produire. Dans tous les cas, elle est 3 a 4 fois plus
grande que la valeur du sol dans lequel croit le bois.
L'accroissement en bois n'atteint un maximum qu'une fois
dans la vie de Parbre. C'est pourquoi ii faut attendre pour
l'exploiter qu'il ait atteint ce maximum. De 'cette maniere
seule, on peut obtenir economiquement le plus grand profit
et le maximum de la production forestiere.
L'age de capacite d'exploitation est la constata-
tion de Page auquel les arbres sont mars dans ce sens.
L'aménagement en est chargé. 11 peut aussi constater les cas
spéciaux dans lequels on peut aussi exploiter une foret avec
le plus grand profit a d'autres époques. Mais ii s'agit là d'un
facteur d'exploitation special.
Sans capital en bois, pas de production. Comme dans la
production forestiere, le capital et le produit naturel sont visible-
ment unis d'une facon inseparable, on n'observe pas toujours la
frontiere et l'on attaque le capital, c'est-à-dire la substance
du bois.
Cela ne doit pas se faire. Une comparaison va nous le
montrer.
Comme dans une banque, le capital est aussi dans la pro-
duction forestiere le facteur principal. Dans une banque, on
ne touche pas au capital parce qu'on ne veut pas entrer en
conflit avec la justice, s'il s'agit de fonds deposes; dans l'econo-
mie forestiere, les forets sont completement abattues sans qu'elle
intervienne.

Quel doit etre l'accroissement annuel qui peut etre ex-


ploité?
En Autriche, l'accroissement moyen s'eleve a 3 metres cubes
par hectare et la production globale de toutes les forets a 29 mil-
lions 700 000 metres cubes.1 D'apres von Engel, l'accroisse-
ment par an et par hectare est de 3 metres cubes 1 en Bukovine,
3,7 en Galicie, 3,2 en Boheme, 3,7 en Silesie, 1,8 en Tirol,
3 en Styrie, 1,4 en Dalmatie.
1. Alexandre von Engel: Oesterreiche Holzindustrie und Holzhandel
dans l'ouvrage: Die Holzproduktion Oesterreichs, 1907, page 3.

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Les forêts 159

On a fait des recherches sur l'accroissement du bois dans


ces contrées avant la guerre; en Rournanie, on ne connait pas
l'accroissement ultérieur des diverses forets dans les divers terri-
toires. L'Autriche avait amenage ses forets et enregistré l'ac-
croissement et la diminution; la Roumanie ne l'a pas fait
L'Etat vent etre le meilleur sylviculteur, mais ii n'a aménagé
aucune foret. Toute la sylviculture en Roumanie est unique-
merit un régulateur empirique de la coupe des forets dont la
surface est le critérium. Un principe qui tient compte de l'ac-
croissement manque. L'amenagement et les regulateurs d'ex-
ploitation permettent d'exploiter dans la foret, dans un nombre
fixe d'annees, l'accroissement du laps de temps en question et
le capital en bois.
Jusqu'a present regne encore le systeme oriental de la vente
a des entrepreneurs d'apres l'étendue. Ceux-ci, qui vendent les
arbres abattus, ont un calcul exact, mais non Padministration
forestiere. On ne peut faire de statistique sur la consomrnation
du bois dans les forets de l'Etat avant que l'exploitation en
régie soit devenue generale et que des chiffres existent pour
les f orets privees.
Aussi, ne connait-on pas aujourd'hui en Roumanie la pro-
portion qui existe entre pr o du ction et co n so m m a tio n.
On ne possede aucun chiffre qui precise l'accroissement. Le
professeur J. N. Anghelescu a admis, dans le Correspondance
économique (1920, fascicules 5 et 6), un accroissement tres
bas de 1 metre cube 5. Sur cette base, il a calculé la production
de bois annuelle de la Roumanie, qui s'éleve a 10 millions 500 000
metres cubes, et fixe comme suit la consommation:
3 millions 500 000 metres cubes pour routes, chemins de fer et installations
4 500 000 constructions et bois de chauffage
2 500 000 l'exportation.
Le Dr C. Bungetianu a utilise le meme calcui dans son
article du No 2 de la Correspondance économique: Les forets
de la Roumanie.
Quelle valeur peuvent avoir ces chiffres et que veulent-ils
prouver?
Ils ne peuvent etre admis que dans des conditions anorrnales.
Qui sait si la valeur moyenne n'est pas inferieure a 1 metre
cube 5? M. Stinghe doute qu'elle soit juste, il est vrai par hypo-
these, car il y a beaucoup de forets en Roumanie qui sont con-
pees et d'autres encore vierges, mais vieillies.
. Stinghe admet que la consommation minimum de bois est
d'un demi metre cube par habitant et par an. On obtient
ainsi pour 1 6 millions d'habitants 8 millions de metres cubes
de bois. 11 faut ajouter le bois pour les chemins de fer, routes
et installations. 11 ne reste alors rien pour l'exportation.

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160 Les forets

Ces considerations se terminent par un résultat negatif.


La Roumanie n'ayant pas de statistiques sures sur la pro-
duction et la consommation de bois, on n'a pas de base pour
une bonne gestion forestiere. II faut connalire les classes
d'age pour constater les reserves en bois du pays. Ce qui
est certain, c'est que la Roumanie a ruine ses forets de chenes
et trop fortement exploite ses forets de coniferes pour satis-
faire ses besoins interieurs et l'exportation; la guerre est la
cause principale des devastations des forets roumaines. On
coupa sans pitie les meilleurs chenes et les meilleurs coniferes.
Leur restauration exige une reduction de la consommation et
de l'exportation. Mais tant qu'un grand inventaire des forets
n'aura pas eu lieu, tant qu'on n'aura pas fixé la cote d'ac-
croissement annuel, on ne pourra pas savoir avec sfireté quelles
quantités de bois on gagne annuellement, ce qu'on pent con-
sommer dans le pays et ce qu'on peut exporter.
Pour empecher le deboisement et l'exploitation A outrance
des forets, l'Etat, les pouvoirs publics et les personnes morales
sont tenus de se soumettre A la loi forestiere.
Cette excellente loi roumaine dont nous allons parler est
Pceuvre du College for esti er roumain (corpul silvic),
dont la plupart des membres sont des anciens eleves de l'Ecole
forestiere de Branesti. Les professeurs de cette ecole sont les
pionniers de la sylviculture en Roumanie et les preparateurs d'une
gestion rationnelle des forets.
La loi forestiere (Codicele cilvic) date de 1910 avec un
amendement de 1920. Toutes les forets de l'Etat, de la cou-
ronne, de l'administration publique, des fondations publiques,
les forets privées situées dans les montagnes, celles qui sont
situées dans la plaine dont la conservation est nécessaire A la
protection des terrains aux bords ou a l'embouchure de ri-
vieres, ou a la defense nationale aux frontières, ou qui sont
necessaires A l'Etat d'apres l'avis du ministere, enfin les forets
privees dont les possesseurs demandent un contrôle qui leur
procure des avantages quand l'exploitation est faite par des
tiers sont soumises a cette loi.
Avant elle regnait une exploitation destructrioe in-
croyable et les étendues forestieres de la Roumanie avaient
excessivement diminué. Depuis, on ne peut couper une foret
qu'en vertu d'un reglement d'exploitation fixe. Les forets in-
ferieures a 100 hectares, excepté les forets de montagne, peu-
vent etre exploitees sans reglement, apres un court examen; les
forets de montagne si elles sont inferieures A 25 hectares.
Le reglement d'exploitation doit contenir des prescrip-
tions sur divers points:
10 Le temps necessaire A la reconstitution naturelle de la
surface exploitee.

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Les forêts 161

20 La reconstitution artificielle.
30 La somme qui doit etre désposée au ministere des Do-
maines comme garantie que les obligations de ,reboisement
seront remplies. Elle ne sera pas supérieure a 100 lei par
hectare. D'apres l'amendement de 1920, elle petit dépasser
ce chiffre. L'exploitation commencera seulement apres que la
somme aura ete déposee. Au bout de 12 années (h partir
de 1922), le ministere peut, dans certains cas, dispenser ,du
depot les proprietaires qui ont jusque-là bien administre et
bien replante leurs forets.
D'autres prescriptions concernent le reboisement d'eclair-
cies, d'étendues infertiles et de terrains achetes dans ce but.
L'Etat, la couronne et les fondations privées, mais non les
particuliers, y sont tenus.
L'essartage et la mise en culture des forets ne sont permis
que dans certains cas. Ainsi les grandes proprietes ne peuvent
pas abattre completement leurs forets; un quart des terres cultivées
doit rester couvert de bois. Le propriétaire peut essarter toute
la foret s'il s'engage h y planter des arbres fruitiers dans la
meme proportion. 11 peut aussi la couper entierement si elle est
située dans 1a plaine, inférieure a 25 hectares et h plus d'un
kilometre d'une autre foret avec laquelle elle ne .2ompte pas
25 hectares.
Des prescriptions particulieres regleront le pacage du bétail
dans la foret d'apres son Age et sa nature.
Les forets publiques de la Roumanie sont administrées par
une autorité qui porte le nom de Maison f or esti ere (casa
padurilor). Elle fut creee en 1910 pour gérer les forets de l'Etat,
fournir les ressources necessaires et les secours aux forets pri-
vées. Sa creation est une preuve de prevoyance économique et
financiere. Elle possede la connaissance exacte de la sylviculture
roumaine. Son but est expose dans le rapport qui fut soumis
au Parlement en 1910.
«Nous avons essaye d'assurer, par les mesures que nous
avons proposées dans la legislation forestiere et dans cette loi:
10 Le reboisement des forets des paysans et de celles de
propriété privée qui ne sont pas encore exploitees.
20 L'agrandissement du domaine forestier public, la recon-
stitution des farets de l'Etat exploitees et la regeneration des
forets qu'on exploite.
Pour atteindre ce but, il faut une administration hien or-
ganisee et les fonds nécessaires sans lesquels on ne peut
augmenter les forets de l'Etat et ameliorer les forets existantes.
Nous croyons que l'organisation de la casa padurilor y répond.»
La casa padurilor a le caractere d'un organ e ad -
ministratif des forets et d'un institut de credit
11

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162 Les forets

f or esti er, mais pour les forets de propriete privee et des


personnes morales. Environ 700/0 du territoire forestier qui
est en possession des personnes morales, des communes, asso-
ciations et particuliers ne sont pas finances et secourus par la
casa padurilor. Un institut de credit qui mettrait a la disposition
des propriétaires les ressources financieres pour administrer
leurs foréts manque encore pour ces 5 millions d'hectares de
forets.
Les dernieres prescriptions que le ministre de l'Agriculture
a publiCes en 1924 sur l'exploitation des forets ont la teneur
suivante:
Les parties des forets de l'Etat et des forets gérées par l'Etat,
prévues conformément au programme de 1923/1924 peuvent etre
coupées au cours de l'année. Ces parties seront designees sur
les lieux, le bois sera estime et le proces-verbal remis a la
casa padurilor; apres son assentiment, la vente du bois pourra
avoir lieu d'une fawn quelconque. Toute exploitation est inter-
dite dans les forets oh il existe une surveillance publique, mais que
l'Etat roumain n'administre pas, si leurs projets d'exploitation
n'ont pas eté examines dans l'esprit de l'amendement de la loi
forestiere de 1920 et si elles n'ont pas de projets d'exploitation.
Quant aux forets expropriées, les prescriptions suivantes sont
valables pour toute leur etendue ou partiellement: Les anciens
projets d'exploitation relatifs aux coupes de 1923/1924 sont va-
lables pour les forêts entierement expropriees en faveur de l'Etat
Toumain pourvu qu'elles n'aient pas été vendues avec le contrat
existant avant 1918. IN sont aussi valables pour les parties de
forets expropriees pour l'Etat pourvu qu'ils aient prévu la coupe
de ces; parties. La casa padurilor prescrira la coupe des forets
expropriees dans des buts communaux. Aucune permission de
coupe ne sera accordee pour les forets entierement ou partielle-
rnent expropriées si des contrats avec les anciens proprietaires
existaient avant ou apres 1918; la copie du contrat legalisee
sera envoyee, pour chaque cas, a la casa padurilor; lorsqu'elle
aura confirmé sa valeur, elle prendra une decision sur les coupes.

Parmi les nouvelles lois qui s'occupent de la sylviculture


roumaine, il y a lieu de mentionner la loi pour l'approvi-
sionnement normal en bois de chauffage et de
construction des populations rurales dans l'an-
cienne Roumanie, la Bessarabie et la Bukovine.1 Elle est en
rapport avec la loi agraire. Jusqu'ici, on ne pouvait forcer per-
sonne a vendre du bois au paysan qui en avait besoin ou a en
livrer a l'industrie qui le travaille. Fréquemment le paysan était
dépourvu de bois. La loi ci-dessus a eté votée pour remCdier
1 Mcnitorul oficial, I er juillet 1924.

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Les foréts 163

a cet état de choses. Le point principal est contenu dans la


prescription suivante: Une certaine partie des forets de l'Etat est
destinée a couvrir les besoins en bois de chauffage et de con-
struction de la population; en outre les forets de personnes
civiles, publiques et privees seront expropriees. Les besoins
seront fixes d'apres le nombre des maisons de chaque com-
mune rurale et la surface des forets disponibles qui se trouvent
dans le territoire de la commune ou dans un périmetre de
20 kilometres de rayon. Une certaine quantite de foret sera
attribuee a chaque maison pour lui fournir son bois de chauffage.
Si les forets de l'Etat ne suffisent pas, on expropriera tout d'abord
les personnes civiles, les fondations, etc., et les personnes
privets. L'expropriation des personnes civiles ne depassera
pas 1000 hectares. Les forets privees inférieures a 100 hec-
tares ne seront pas expropriees.

11*

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VII. La réforme agraire.
La situation agraire de la Roumanie a subi un changement
fondamental apres la guerre. Jusque-la, elle était un pays de
grands propriétaires; elle est devenue tin pays de
paysan s. Les latifundia ont été supprimés; la grande pro-
prieté a ete divisee. Le cri des paysans: «Nous voulons des
terres», qui retentissait dans tout le pays, s'est tu: leur desir
a éte rempli. La base de la repartition des revenus
existant jusque-la et la constitution de la pr op r i et é f on -
ci er e f é o dale ont eté supprimees.

Pour bien comprendre cette revolution, il faut connaitre


la situation des paysans jusqu'au moment de la grande réparti-
tion du sol. Nous etudierons donc tout d'abord l'histo ire
de la reforme agraire. En second lieu nous décrirons 1 ' a p -
plicati o n te chn ique de cette grande réforme sociale; en
troisieme lieu, les cons 6 q u en ces qu'elle a entrainées. Nous
terminerons par les mesures a prendre pour supprimer les
suites indesirees que son application a fait naitre au debut.
Jusqu'a la fin de la guerre, la Roumanie a ete un Etat de
latifundia.La classe dominante des grands proprietaires était
les boyards. 11 y avait 5385 grands terriens, dont la propriété
fonciere dépassait 100 hectares et qui possedaient presque la
moitié (480/o) des terres cultivees. La repartition de la proprieté
fonciere était la suivante:
jusqu' a 10 hectares 3 153 645 hectares = 40,290/0 des terres cultivées
de 10 a 50 II 695 953 = 8,89 °Is 1/
, 50 a 100 I/ 166 847 1/
11

= 2,13% 11
11

1/
11
100 a 500 1/ 816 385 1/ = 10,43% If/V 11
au-dessus de 500 ,, 2 993 966 . = 38,260/0 "
7 826 796 hectares1
existait des latifundia qui depassaient l'étendue de 5000
II
hectares. Dans le district de Braila, 35 grands propriétaires
possédaient entre 1000 et 3000 hectares; 10 entre 3000 et
1 Les champs de pruniers et les vignes ne sont pas compris dans ce
tableau; si on les ajoute, la superficie totale est de 8 millions d'hectares,
c'est- a-dire 60,900/o de la surface cultivée.

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Son histoire 165

5000 hectares et 13 plus de 5000 hectares. Dans le district de


la Jalomitza, 65 avaient de 1000 a 3000 hectares, 23 de 3000
A 5000 hectares et 17 plus de 5000 hectares. Dans celui de
Teleorman, le nombre des grands propriétaires de ces trois
categories etait de 39, 10 et 11. Dans les 32 districts de la
Roumanie, les grandes propriétes etaient ainsi réparties:1
100 A 500 hectares 3 314 propriétaires
500 A 1 000 ,, 1 122
1 000 a 3 000 771 /7
3 000 A 5 000 112
au-dessus de 5 000 66
5 385 IS

En face de cette population rurale de 0,640/0 se trouvait


1 million de paysans, c'est-a-dire 99,40/0 de la population agri-
cole qui se partageaient l'autre moitie du sol. La plus gran&
partie etait formée par les petits paysans; car les agriculteurs
qui ne possédaient rien ou jusqu'a 10 hectares de terres représen-
taient 95,400/0 de la population agricole, tandis que ceux qui
possédaient 10 a 100 hecartes, c'est-a-dire les grands culti-
vateurs, a peine 3,960/o.
Cette repartition de la propriete formait un grand danger
social. La revolte des paysans en 1906, qui fut reprimée par
la force armee, montra que des forces intérieures menaçaient
d'eclater et que cette explosion pouvait etre néfaste A l'existence
de l'Etat. Lorsque nous considererons les rapports sociaux entre
les grands propriétaires et les paysans, on comprendra pourquoi
cette repartition de la propriété menagait de devenir un danger
pour la Roumanie.
Nous avons déja vu, dans la partie historique de notre
etude, que l'année 1 8 6 4 avait apporté aux paysans roumains
la liberté et un peu de terres. Le paysan voulait etre le maitre
absolu du sol qu'il avait jusque-la travaille et que le boyard
lui avait cede contre des services et des redevances. Le cheptel
formait la mesure pour la repartition du sol. La terre qu'il
recevait devait etre inalienable. Malheureusement, cette pre-
scription ne fut pas observee; on la tourna par la voie de
Pechange indirect. La dependance et les charges n'avaient pas
change, mais leurs formes seulement.
Cette loi insuffisante et dont les résultats furent maigres
ne put etre faite que par un coup d'Etat. Le gouvernement
d'alors avait prepare cette loi qui contenait une expropriation
partielle de la grande propriéte et la repartition du sol ex-
proprie entre les paysans. Le projet de loi n'avait aucune chance
1 Dr G. D. Creanga, Grundbesitzverteilung und Bauernfrage in Ru-
mänien in den Schmollerschen Forschungen, Fascicule 129, Leipzig 1907,
page 129.

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166 La rdforrne agraire
d'etre vote par les Chambres, car la puissance politique etait
entre les mains des boyards. Le prince Couza se decida avec
le president du ministere Michel Cogalniceano a dissoudre les
Chambres et a executer la réforme agraire sous la forme d'un
decret. Ce coup d'Etat eut pour consequence la destitution du
prince (1866); mais la reforme agraire due a son initiative et a
celle de son ministre ne pouvait plus etre annulee. La division
du sol de 1864 n'était point parfaite et renfermait de grands
dangers pour l'avenir. De plus, les grands propriétaires n'etaient
pas -a la hauteur de leur mission, comme ils auraient di l'etre
dans un pays agricole. Rares etaient les boyards qui administraient
eux-memes leur bien. Ils le confiaient a un regisseur qui n'avait
pas généralement les connaissances nécessaires, ou le louaient
la plupart du temps a des &rangers, Grecs, Bulgares ou juifs
qui pouvaient payer un bail plus eleve que les Roumains. En
Moldavie, oui l'on rencontrait principalement des fermiers juifs,
ceux-ci se reunirent en grands trusts de fermiers qui représen-
taient un monopole complet des employeurs des campagnes.
Les fermiers qui disposaient de cette fawn d'etendues enormes
étaient a meme d'écarter toute concurrence et de dieter leurs
conditions de travail aux paysans. Le trust le plus connu etait
celui des f r er es F is che r. Ii reunissait, en 1905, 159 399
hectares de terres cultivees et 98 439 hectares de forets, c'est-
a-dire plus d'un quart de million d'hectares. A peu pres les
2/3 de la grande propriete etaient loues directement, ou par
des fermiers intermédiaires, aux paysans. Un autre trust était
celui des fr er es Jus ter qui avait loué, en 1905, des biens
d'une etendue de 30 152 hectares pour plus de 500 000 lei (c'est-
a-dire pour 17 lei 40 par hectare). Leur principal champ d'action
etait le district de Jassi. Le paysan etait force de payer l'hec-
tare 40 a 60 lei et meme 70.1 Ces fermiers pensaient moins a
exploiter le sol que les paysans. II s'ensuivit une situation de's
plus inquiétante qui amena des manifestations antisemitiques.
Ces rapports anormaux entre fermiers, qui ne pensaient qu'a
faire de grands profits, et les paysans opprimés amenerent
bienteit les grandes révoltes des annees 1898 et 1907. La der-
niere revolte fut sanglante. Le gouvernement conservateur était
impuissant; il se retira et les libéraux prirent le pouvoir. On
mobilisa 120 000 hommes qui furent envoyes contre les insurges
qui pillaient et assassinaient. Le nouveau cabinet décida d'in-
denmiser les propriétaires des dornmages subis.
On ne peut comprendre ces révoltes de paysans que si Von
connait le systeme d'exploitation dont on trouve les 6-tails
dans de nombreux ouvrages roumains, dans les publications
1 Creanga, page 155.

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Son histoire 167

officielles e1 les enquêtes, dans les descriptions de Creanga,


Xenopol, Jarga.
Le paysan avait besoin de terres. Pour pouvoir vivre, il
lui fallait agrandir sa propriete qui n'etait souvent que de 3 a
4 hectares. Avec une culture extensive, les revenus de ses terres
ne suffisaient pas pour nourrir sa famille. Le system e de
fermage reposait sur la repartition insuffisante du
s o 1. Le tiers des grandes propriétés qui n'étaient pas louées etait
travaille a l'aide des paysans et de leurs attelages. Ces services
représentaient l'équivalent du sol loue. Les contrats que le grand
propriétaire passait avec le paysan lui étaient tres défavorables.
11 devait s'engager a executer tout d'abord les travaux sur la
propriete du grand proprietaire, puis sur les champs loues ;
son champ a lui venait en dernier lieu. En untenie, 30,10/0
des paysans n'eurent pas meme 47 jours, en 1906, pour travailler
leurs champs ; 8,50/0 n'avaient que 27 jours et 250/0 42. La
surface moyenne de la propriete d'une famine de paysans etait
de 3 hectares 42; elle exigeait 78 jours de travail. Un quart
des paysans avaient donc a leur disposition un peu plus de la
moitie du temps nécessaire au travail de leur propre parcelle.1
La recolte des paysans était mauvaise parce qu'ils ne pouvaient
la rentrer qu'apres avoir fait celle du grand terrien. Le paysan
travaillait du printemps a l'automne, du petit jour au coucher
du soleil; mais ii faisait ce travail pour des étrangers et non pour
les siens. Ce qu'il arrachait au sol au-dessus du tribut lui
appartenait, mais c'etait tres peu.
La ou le systeme de louage du travail n'existait pas, mais
celui de la cultur e p a r t i ell e, le paysan devait remettre
au loueur une partie de ses récoltes, generalement la moitié.
Cependant, ce systeme etait peu répandu parce qu'il était peu
profitable au loueur. Celui-ci préférait utiliser les bras et les
attelages du paysan, lui prescrire le travail du sol et l'emploi
de bonnes semences pour obtenir de plus hauts rendements
que de se contenter des 500/o de sa maigre récolte.
Le paysan devait aussi payer ou fournir du travail pour uti-
liser les pâturages du grand proprietaire. Celui-ci etait riche
en terres, mais pauvre en betail; c'etait le contraire du
paysan qui possédait trop d'animaux pour ses champs. Ses
charges augmentaient lorsqu'il devait faire paltre son betail
dans les prés du terrien.
La plupart des contrats, generalement d'une année, etaient
conclus en hiver, c'est-a-dire en un temps ou le paysan n'a pas
d'argent. Les avances étaient d'usage. Souvent, ii devait 2 a
3 annees de travail d'avance. Pour ses dettes chez le fermier,
ii devait payer des intérets usuraires. «Souvent le paysan qui a
1 Serban, pages 90 et 91.

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168 La réforme agraire
travaille pendant neuf mois entre dans la nouvelle armee avec
des dettes. Un rude hiver arrive sur sa triste et basse chaumiere;
ii lui faut alors aller, la casquette a la main, demander des
avances; et cela continue ainsi.»1 A propos du car acter e
économique du paysan roumain, G. D. Creanga, bon
connaisseur de la situation agricole de la Roumanie, dit: «II
est caractéristique, que dans plusieurs districts, surtout a Neamtu
oh plus de 10 000 ouvriers étrangers travaillent a l'exploitation
des forks, les paysans, meme ceux qui ne possedent pas de
terre, refusent obstinement d'y participer, préférant souffrir dans
la plus grande misere que de se soumettre aux conditions dra-
coniennes des grands propriétaires et des fermiers qui profitent
de leur dependance. Les ouvriers etrangers touchent un salaire
journalier de 2 a 3 lei 50; les paysans ne font rien pendant
l'hiver et se louent d'avance, pousses par le besoin, pour la
prochaine saison a raison de 40 a 50 bani par jour. 11 résulte,
en effet, d'une ceuvre publique que j'étais chargee de diriger,
que, dans les 32 districts de la Roumanie et les 13 districts
de la Moldavie, plus de 950/0 des contrats agricoles sont conclus
en hiver.»2 Les dettes des paysans sont ainsi une consequence
de la fawn de penser qui les caractérise et dont profitent les
fermiers et les propriétaires.
Dans beaucoup de contrats agricoles, les paysans etaient
rendus responsables des cas de force majeure. Its devaient dé-
dommager le proprietaire dans les cas de mauvaise récolte, de
clegâts de souris, d'egrenage des épis, de dommages causes
par les corbeaux, etc., peu importe qu'ils fussent a meme de
le faire ou non. De fortes peines etaient prévues pour les obli-
gations qui n'etaient pas iremplies. Ces contrats etaient regles par
les stipulations d'une sexie de lois (1866, 1872, 1882, 1893); mais
elles ne contenaient que des directives qui ne touchaient pas les
conditions exigees par les grands proprietaires. Creanga declare
que la majoirite de ces contats étaient contraires a la loi. Ils
devenaient de plus en plus séveres et le fermage plus haut.
La loi de 1882 supprime l'intervention de la force armee et
accorde deux jours par semaine aux paysans pour leur récolte.
On est étonné que ce systeme d'oppression et d'exploitation
de la plus grande couche sociale du pays ait pu durer si long-
temps. Les protestations n'ont pas manqué; la legislation est
intervenue contre les mesures oppressives, mais sans succes
reel. Ce que l'Etat fit pour les paysans de 1864 a 1906 ne fut
pas non plus un contrepoids sérieux. La colonisation interieure
1 Caragiale: La Roumanie telle qu'elle est, 1907.
2 Creanga: Grundbesitzverteilung und Bauernfrage, Leipzig, 1907,
fasciculc 129 der Schollerschen Forschungen, pages 128 et 129.

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Son histoire 169

distribuA a ceux qui avaient moins de 10 hectares 1 million


300 000 hectares de terres, sans reussir a améliorer leur con-
dition. Ces terres etaient d'un prix éleve; elles ne purent con-
server longtemps leur grandeur primitive et furent vite divisées
par la loi de succession. «Les petites proprietés se mangent
elles-memes; les grandes nourrissent leur homme»; ce pro-
verbe est toujours vrai.

La Roumanie entra dans la gu err e m on dial e avec cette


population oppressée, exploitée et mécontente: 630/0 des habi-
tants possedaient insuffisamment de terres, souffraient, etaient
soumis aux dures conditions des propriétaires et des fermiers,
et fiches contre les boyards. C'est elle qui a pre cipite
sérieusement la solution de la question agraire. Les miseres de
la guerre forcerent l'Etat a faire des concessions a la classe
dominante; c'est un fait qui n'est pas rare dans l'histoire.
Dans l'une des situations les plus critiques de la guerre,
lorsque la moitie du pays etait en possession des armées enne-
mies, le roi Ferdinand adressa, le 22 mars 1917 le manifeste
suivant aux soldats pour fortifier l'esprit des troupes et rassembler
les forces nationales:
«Vous autres, fils de paysans, qui avez defendu de vos
bras et de votre poitrine le pays dans lequel vous etes nés, et
augmenté, moi, votre roi, je vous declare que la grande re-
compense de la victoire, qui vous assure la reconnaissance de
toute notre nation, vous a valu le droit de posseder la terre,
sur laquelle vous avez combattu, dans une plus grande mesure
que jusqu'a present. On vous donnera du sol. Moi, votre roi,
je serai le premier a donner le bon exemple. On vous con-
cedera une plus grande participation aux affaires de l'Etat.»
Peu de jours apres ce manifeste, le Parlement roumain A
Constitution en votant
Jassi changea Particle 9 de la
l'expropriation du sol dans le but d'augmenter
la proprieté pay sa n n e. Les domaines de l'Etat, les per-
sonnes morales, la propriéte des étrangers, des absents et celle
des particuliers, dans la proportion de 2 millions d'hectares,
étaient soumis a l'expropriation.
Les termes du changement de la Constitution relatif a l'ex-
propriation étaient les suivants:
I. Dans l'interet de la Nation, la propriete paysanne sera
agrandie par l'expropriation de surfaces agricoles qui seront
vendues dans le but indique aux paysans agriculteurs, de pré-
férence a ceux qui ont été mobilises ou a leur famille, s'ils
sont morts par suite de la guerre ou pendant la guerre. L'ex-
propriation a lieu dans les proportions et aux conditions sui-
vantes :

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170 La réforme agraire

Seront completement expropriées:


a. Les étendues agricoles des domaines de la Couronne,
celles de la Casa rurala et de toutes les personnes morales,
publiques et privees, des fondations, etc., meme si les docu-
ments de fondation ou de donation, les testaments ou autres
prescriptions de quelques titres qu'ils soient, prevoient leur
inalienabilite directe ou indirecte, ou leur ont donné une autre
destination spéciale.
b. Les proprietés rurales des ressortissants étrangers dans
toute leur etendue, soit que ceux-ci sont étrangers d'origine,
soit par leur mariage ou par une autre voie.
c. Les propriétés rurales des absentéistes dans toute leur
étendue.
Sur toutes ces propriétes rurales et sur les domaines de
l'Etat, qui seront vendus egalement aux paysans agriculteurs,
l'Etat pourra reserver les surfaces qui ont ,une destination
spéciale ou qui peuvent en avoir une dans l'interet general.
II. Une surface de 2 millions d'hectares de proprietes pri-
vées rurales sera expropriee. L'expropriation aura lieu suivant
une echelle progressive fixée par la loi d'expropriation. Elle
commencera par les propriétés supérieures a 100 hectares comme
étendue minimum.
La grandeur de la proprieté sera calculée d'apres la si-
tuation du 15 aoat 1916. On tiendra compte cependant des
effets des heritages qui ont eu lieu jusqu'à la promulgation
de la loi generale d'expropriation.
Les propriétes rurales mentionnees aux alineas I a et b,
qui doivent etre entierement expropriées, ne seront pas com-
prises dans le montant des 2 millions d'hectares, mais seule-
ment celles mentionnees sous c dans leur partie agricole.
Les territoires petroliferes reconnus jusqu'à une étendue
de 12 000 hectares seront exclus de l'expropriation dans tout
le pays a la condition que le propriétaire sujet a l'expropriation
donne la meme surface agricole dans le meme district ou dans
le district voisin.
III. La loi d'expropriation prevoira la creation de patu-
rages communaux pour les contrees montagneuses, outre les
etendues prévues aux alinéas I a, b, c, et II. Ils seront formes
par la propriété privee expropriee qui n'appartient pas a la
categorie ci-dessus.
IV. Le prix des etendues agricoles expropriées dans des
buts de prosperité nationale sera fixé en derniere instance
par Ile tribunal; le payement peut avoir lieu en titres de rentes
d'Etat amortissables et rapportant 5 0/0 d'interet; la valeur no-
minale sera calculée comme valeur réelle.

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Les lois agraires 171

V. Les travaux d'elaboration de la loi d'expropriation gene-


rale et spéciale pour le bien de la Nation commenceront aussit6t.
Ces lois seront promulguées au plus tard six mois apres la
liberation du territoire occupe.
La loi d'expropriation generale dans l'intéret national, ,que
les principes contenus dans cet article doivent etendre, sera
votee conformément au dernier alinéa de l'article 128 de la
Constitution actuelle. Ses stipulations seront enregistrees dans
cet article auquel elles appartiennent de par la loi.
L'execution legislative de ce changement de la Constitu-
tion fut retardee par l'occupation du pays par l'armée austro-
allemande. La loi agr air e fut promulguee le 15 decembre
1918, pour l'ancien royaume, lorsque les armees ennemies eurent
quitte le pays. D'apres les prescriptions contenues dans la
Constitution, on expropria 2 millions d'hectares de terms agri-
coles des domaines de l'Etat, de la Couronne, des personnes
morales et de la proprieté privée; en vertu de la loi, on put
distribuer aux paysans 2 224 588 hectares en tout.
Cette loi, completée par l'amendement du 16 juillet 1921,
fut suivie de lois particulier es pour les pays retrouves :
la Transylvanie, la Bukovine et la Bessarabie.
Comme ii n'exista pas de Parlement de 1918 a 1920, ces pres-
criptions furent publiées sous forme de d é cr ets qui furent
transformés, en 1921, par le Parlement, en lois definitives, d'un
caractere législatif pour chacune des parties du royaume. A
cause de la difference de reconomie publique et des origines
historiques, la reforme agraire ne comporte pas u n e seule loi
mais quatre, qui different sur plusieurs points.
La loi agr air e pour l'ancienne Roumanie se compose
des chapitres ci-apres : 10 Prescriptions générales. 20 Estima-
tions du prix. 30 Organes d'application generale. 40 Exé-
cution de l'expropriation. 50 Execution definitive de l'expro-
priation et sa realisation sur le terrain. 60 Exploitation du fonds.
70 Payement et liquidation. 80 Droit de vote (relatif aux pieces
de terre). 90 Parcellement du sol. 100 Organes d'exécution lo-
caux. 110 Procedure de repartition (Prescriptions de la loi). 12°
Execution de la repartition (realisation). 13° Colonisation. 140
Alienation de la terre (vente, échange, donation, etc.). 150 In-
divisibilite de la terre. 16° Comossage. 17° Culture de la
terre. 180 Son payement. 190 Prescriptions finales.
L'expropriation est entierement appliquee pour les Rou-
mains qui demeurent a l'étranger (absentéistes), pour les etrangers
et ceux qui ont loue leurs champs pendant 10 annees de suite4
Le sol de culture des personnes morales est aussi entière-
ment exproprié.

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172 La réforme agraire
L'autre sol cultivé sera partiellement exproprié, par degre,
selon la densite de la population, les installations, les ameliora-
tions et le nombre des terres.
Les 2 millions d'hectares de propriétés privees n'avaient
pas eté atteints. L'examen montra que dans le temps d'exé-
cution de l'ardonnance, de 1918 a 1919, 1 million et demi de
proprietes privees seulement avaient été expropriées. Un
deuxieme décret du 14 juillet 1921 permit d'exproprier le demi-
million manquant. Ii renfermait des prescriptions beaucoup plus
severes. Les limites maxima suivantes furent fixées:
Dans la montagne, le grand proprietaire garde 100 hec-
tares; dans la plaine et dans les contrées oh le manque de
terres est tres grand 150 hectares; dans la plaine et dans les
territoires oh les paysans ne désirent pas de sol 250 hectares.
La loi dépassa ces limites maxima, sauf pour les Wens situés
dans les montagnes, pour ceux qui avaient fait des investissements
considerables en bâtiments, machines, cheptel et installations in-
et les porta a 200, 300 et 500 hectares; la surface
dustrielles,
expropriée fut de 200 hectares dans les contrees a population
dense, de 300 dans les localités de population moyenne et de 500
dans les contrées peu habitées. On fixa aussi des limites minima
A l'expropriation. Le maximum des terres louées mut selon les
contrees de 100, 200 et 250 hectares. Les biens des absen-
teistes qui avaient eté loués pour dix ans, du 23 avril 1910
au 24 avril 1920, furent entierement expropriés.
Tous ces champs qui devinrent par suite de l'expropriation
propriété d'Etat seront répartis entre les paysans a des prix
fixes par la loi comme suit: en lots depuis 5 hectares aux
paysans qui ne possedent rien; a ceux qui possedent moins de
5 hectares; et enfin a ceux qui s'établiront dans des ,xmtre'es
population faible.
Autrefois, le grand proprietaire était tenu de remettre une
prairie aux paysans; cette obligation est maintenant supprimet,
car des pâturages speciaux seront fort/16s avec la propriete
expropriee.
Des fermes-modeles et d'essais seront créées dans
des terres spéciales. La grande propriete avait Cte jusque-la
tin exemple, une école, pour les paysans au point de vue tech-
nique; comme elle disparait, ces écoles doivent remplacer son
enseignem ent.
Cependant le paysan n'est pas completement possesseur
du sol. Le sous-sol des terres cultivées appartient
a I.' Etat ; celui des pâturages aux anciens propriétaires, c'est-
a-due aux grands terriens. C'est une concession qu'on a faite aux
ancicns proprietaires.

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Les lois agraires 173

Apres l'expropriation, la repartition du sol est la suivante:


la propriete inferieure a 100 hectares embrasse en tout 7 millions
300 000 hectares; celle au-dessus de 100 hectares seulement
1 million d'hectares. La grande propriete, qui etait encore de
4 millions d'hectares en 1916, en a presque perdu 3 millions,
dont 200 000 forment les nouveaux paturages et 30 000
les f er m es-mod ele s. Le reste de 2 millions 700 000 hectares
a passe entre les mains des petits paysans dont la propriété était
inferieure a 5 hectares. En 1916, les étendues agricoles de la
grande propriété comportaient 48 0/0; apres la réforme agraire,
elles ont eté réduites a 8 0/0. C'est tout le contraire pour la
part de la petite propri ét é inferieure a 10 hectares; en
1916, elle représentait 39 0/0 des terres cultivees; elle est main-
tenant de 79 0/o. La proprieté moyenne de 10 a 100 hectares est
de 130/0 a peu pres du sol cultive.
Le prix que l'Etat paye aux anciens proprietaires varie
suivant la situation locale et la production. Il ne doit cependant
pas dépasser le fermage fixé par l'Etat, des années 1917 a 1922,
multiplie par 40.
Le grand proprietaire a été indernnisé en rente sur l'Etat
5 0/o. On peut aussi payer les hypotheques avec cette rente. Elle
sera amortie en 50 ans, sauf dans le cas oii les anciens pro -
priétaires sont des personnes morales; elle est alors perpetuelle.
Le prix que les paysans avaient a payer a l'Etat ne devait
pas depasser le fermage local de 1916 multiplie par 20. Le
paysan qui n'avait pas assez d'argent pour s'acquitter tout
de suite devait payer un acompte de 20 0/0; on lui faisait credit
pour le reste a condition qu'il se libere en 20 ans.
II en résulte que les paysans ne payent que la moitie
du prix de la terre; l'Etat ou les impôts de la population en-
tiere paye l'autre. De cette fawn, le tort qu'on leur a fait dans le
passe est ainsi en partie repare.
Un organe special fut chargé de l'exécution de la re-
partition du sol: la Caisse centrale des Banques populaines
et des Associations paysannes, placée sur une large base et
qui porte le nom de «Caisse centrale pour les Asso-
ciations et la repartition des terres aux paysans»;
depuis la publication de l'ordonnance, elle est considérée comme
une institution aupres du ministere de l'Agriculture et des
Domaines.

La deuxieme loi agraire concerne la.Bessarabie.


La situation est presque la meme que dans l'ancien royaume
au point de vue historique; cependant elle etait tres différente au
moment de la publication des lois agraires.

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174 La réforme agraire
Lorsque la Bessarabie fut separée en 1812 de la Moldavie
et incorporée a la Russie, la division de son sol était a peu pres
la meme qu'en Moldavie. De 1812 a 1917, elle avait de grandes
propriétes supérieures a 5000, meme a 10 000 hectares, iet des
paysans sans terre que les grands propriétaires exploitaient. On
n'essaya pas de changer cet état de choses. De nombreux
paysans qui ne pouvaient pas se procurer du sol érnigraient et
se fixaient en Crimee, dans le Caucase et merne dans la Sibérie
orientale. Avant la gu erre, sur 450 000 families qui formaient
la population agricole de la Bessarabie, 145 a 150 000 ne posse-
daient pas plus de 8 hectares, 200 000 3 hectares 50 et presque
100 000 moins d'un hectare. Le mecontentement cause par cette
situation n'éclata pas a cause du gouvernement militaire tsarien,
tres severe en Bessarabie. En 1917, les paysans bessarabiens
mirent la main sur la grande propriete privee, sur la proprigté
de l'Etat et sur celle des personnes morales lorsque la gr a n d e
revolution éclata en Russie; ils créerent, ainsi, une situation
particuliere a la Bessarabie. Dans l'ancienne province russe, la
reform e agraire sortit de la revolution ; la legis-
lation ne pouvait pas faire autre chose que de la r econ-
naitre comme un fait accompli.
Les premieres stipulations prises par les autorites de la
Bessarabie autonome, puis independante voulaient donner une
base juridique au procéde employe par les paysans. L'Assemblée
constituante, qui proclama le 27 mars 1918 la reunion de la
Bessarabie a la Roumanie, se réserva le droit de resoudre le
probleme agraire selon la situation particuliere de la Bessarabie.

La grande loi agraire de la Bessarabie parut le


14 mars 1920. Elle ordonna l'expropriation complete de tous
les domaines de l'Etat, des biens des personnes morales, des
semstvos, des communes, des societes, des églises, des convents
a l'exception des etendues absolument indispensables pour les
habitations, les ecoles, etc. Les eglises ne conserverent qu'un
lot pour chaque pretre et les convents chacun 50 hectares. La
surface de la propriéte privee superieure a 100 hectares fut
expropriee, excepte les vignes et les pepinieres.
Le sol de l'Etat exproprié le premier fut reparti entre les
paysans qui n'avaient pas de terre. La plus grande partie devint
la propriéte individuelle du paysan; une faible partie des patu-
rages communs (allmende). Les paysans qui avaient moins de
6 hectares recurent en outre 6 autres hectares, ceux qui n,e posse-
daient rien eurent 6 a 8 hectares. Dans les contrees faiblement
peuplees, on créa des colonies de 8 a 10 hectares pour ceux
qui devaient venir d'autres contrees. Les instituteurs et les
pretres qui vivaient a la campagne furent considérés comme
paysans.

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Les lois agraires 175

Le payement du sol exproprie est analogue A celui de l'an-


cien royaume. L'Etat paye les anciens proprietaires a l'aide de
titres de rente rapportant 50/o d'interet et amortissables en 50 ans.
Le prix est fixé par une commission. Le base de l'estimation
des batiments et de l'inventaire est le prix des frais de pro-
duction; pour les forets, lacs, vignes et jardins, la valeur pro-
ductive, capitalisee a 50/o; pour les terres agricoles, le prix
moyen du fermage triennal de la periode de 1905 a 1914, capitalise
a 51/20/o.
=4
L'étendue de la grande proprieté en Bessarabie s'élevait
1 million 500 000 hectares en 1916. La plus grande partie,
c'est-à-dire 1 million 200 000 hectares fut expropriée jusqu'au
20 mai 1922; il ne restait que 310 000 hectares. Jusqu'a cette
date, les surfaces expropriees furent ainsi réparties:
785 115 hectares entre les paysans
37 275 les écoles, les institutions agricoles et artisanesques
56 450 loués aux paysans
878 840 PP
324 261 etaient en train d'etre répartis.
Les terres disponibles ont éte attribuées a 265 543 paysans
qui presque tous sont peres de famille. Au cours de 1922,
94 402 paysans ont recu de terres. Toute la population agricole
de la Bessarabie est ainsi pourvue de terre.
Le troisieme territoire dont la situation agraire fut réformee
est celui de la Tr ansylvani e et du Banat. Ces pays
n'avaient pas eu a souffrir de l'invasion etrangere depuis la
fin du XVIIIC siecle. Ils avaient porte leur agriculture a un niveau
technique relativement eleve. Néanmoins, le paysan etait dans
une situation aussi difficile que dans l'ancienne Roumanie et
en Bessarabie. Durant les 70 dernieres années, le paysan a essayé
de toutes ses forces d'augmenter sa propriete parce qu'elle ne
suffisait pas a le faire vivre. Chaque fois, ii rencontra la resis-
tance opiniâtre du gouvernement hongrois compose de rnembres
de la noblesse campagnarde a vues feodales.
Les chiffres suivants montrent la disproportion dans la repar-
tition de la proprieté: 436 722 familles avaient moins de 5 jochs
(1 joch = 0 ha 57), c'est-à-dire 50,50/0 de la population agricole;
1198 familles possédaient plus de 1000 jochs, c'est-à-dire a
peine 9,11 cvo.
La Tr ans ylvanie est un pays d'emigrants a cause du
manque de terres et de leur peu de fertilité. Aussi un grand
nombre d'ouvriers agricoles emigraient-ils en Amérique et dans
l'ancienne Roumanie. La situation s'ameliora avec l'effondrement
de la domination hongroise. L'Assemblee constituante de la
Transylvanie et du Banat (Conseil national) de Sibiu vota en

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176 La réforme agraire
1919 le projet de loi agraire qui commença la repartition de la
propriéte fonciere aux paysans sans terre. Lorsque le Parlement
eut vote ce decret-loi, ii fut prornulgue et complete par la loi
sur la réforme agraire du 23 juillet 1921. En somme, cette loi
renferme les memes stipulations que pour la Bessarabie et les
autres parties du royaume. Les absentéistes, comme dans l'an-
cienne Roumanie, sont entierement expropries. L'expropriation
de la propriete privee a eu lieu d'apres les normes suivantes:
dans les contrees de montagnes, ii fallut ceder tout ce qui dépasse
50 jochs; dans les contrées accidentees, tout ce qui dépasse
100 jochs; dans la plaine tout ce qui est superieur A 200 jochs;
dans les contrées out le manque de terres est grand, ce qui
dépasse 300 jochs; oii il est moyen et on ii n'existe pas, ce qui
dépasse 500 jochs. Dans le but de colonisation, la commission
agraire peut ordonner l'expropriation des biens de 300 et 500
jochs et les réduire A 200. Cette loi contient des prescriptions
severes relatives au sol loue. Les proprietés rurales de terres
cultivées supérieures A 30 jochs dans les communes et a 10 jochs
dans les villes seront expropriees si elles ont ete louees pen-
dant dix ans durant la période de 1904 a 1918. Si elles n'étaient
pas louées avant le ler mai 1921, seule la partie superieure a
50 jochs sera expropriee.
Les lots A distribuer sont moins grands que dans
l'ancienne Roumanie et la Bessarabie s'il n'y a pas assez de
terres et s'il y a un grand nombre d'ouvriers a satisfaire dans
les biens ruraux inférieurs A 5 jochs. On a en outre créé
des lots complementaires de 5 jochs, des lots entiers de 5 a 7
jochs et des lots de colonisation de 16 jochs au plus.
Les anciens propriétaires du sol exproprié sont payes au
comptant ou en titres de rente rapportant 50/0 d'interet et
amortissables en 50 ans. La somme est payee a l'Etat. Le pavsan
ne paye donc que 500/0 du prix du sol; celui-ci est fixé par la
commission du district. La qualite du sol, le montant de son
rendement, le prix de vente la derniere année d'avant-guerre, le
fermage capitalise a 50/o, les taxations faites autrefois par les
etablissements de credit, Pimp& foncier et autres données ser-
viront de base a l'estimation. Dans tous les cas, le prix ne
depassera pas le prix de vente moyen de la derniere année nor-
male d'avant-guerre (1913), la couronne hongroise etant comp-tee
pow un leu.

L'etendue expropriée s'éleva, en Transylvanie, A 2 millions


de jochs cadastraux (1 152 500 hectares) de terres cultivees et
de prairies et A 1 million de jochs cadastraux (576 250 hectares)
de forets; ce sont 3 millions de jochs cadastraux ou 1 728 750
hectares en tout. Le nombre des participants était de 892 856;
mais il fut impossible de les pourvoir tous de terre. Le probleme

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Les lois agraires 177

n'a pas ete suffisamment résolu par la réforme agraire. Le


devoir du gouvernement est de prendre des mesures pour placer
dans l'industrie ou etablir dans l'ancienne Roumanie une partie
des paysans dépourvus de sol et absolument proletaires.
A la suite des mouvements révolutionnaires de 1848, un
décret imperial de 1858 fit passer les 3/4 des terres cultivees
de la Bukovine entre les mains des paysans. Cette. &endue etait
trop petite; elle devint insuffisante, les 30 dernieres années, lors-
que la population augmenta considerablernent par suite de l'ac-
croissement des naissances et de l'immigration. Une réforme
était donc necessaire.
Environ 1/3 des terres agricoles étaient entre les mains des
grands propriétaires. Avant et apres l'effondrement, ils lotis-
saient leur propriete en grand; d'autres vendaient tout; mais ils
demandaient des prix exhorbitants. En 1919, le gouvernement
defendit la vente de terres supérieures a 200 hectares et promit
une réforme agraire.
Le 6 septembre 1919 parut le decret royal sur la ref or m e
a gr air e. 11 fut confirmé et complete le 23 juillet 1921 par le
Parlement. Cette loi s'appuie sur les autres lois agraires.
Comme dans les autres parties du royaume, l'expropriation
en Bukovine voulut agrandir la propriete paysanne dans l'intéret
economique et general. Les conditions climatiques, les caracteres
du sol et les gofits des populations rurales pour l'elevage du
bétail ont conduit les législateurs a completer les paturages corn-
munaux ou ils existent déjà et a en créer oil ils manquaient.
La propriete rurale des personnes civiles publiques (sauf
les terres de quatre convents d'importance historique qui ont
pu conserver 100 hectares, les fondations religieuses auxquelles
on laissa jusqu'a 50 hectares, les terres des communes ruralep
et les forets des fonds de religion orthodoxe grecque), celle des
absenteistes, les terres cultivées des personnes civiles privées
et des proprietes rurales qui avaient éte louées plus de 9 ans
entre le ler janvier 1905 et le ler janvier 1919, a l'exception de
la propriete des mineurs, des fonctionnaires et des femmes qui
n'etaient pas capables de la faire valoir; les terres cultivées des
personnes en tutelle si elles n'ont pas de descendants directs, et
les biens a fermage heréditaire ont été entierement expropriCs.
L'expropriation du sol appartenant aux particuliers corn-
menca a partir de 100 hectares. Celui qui avait moins de 100 hec-
tares n'avait rien a ceder. Elle eut lieu suivant une échelle
progressive. Celui qui possédait, par exemple, 200 hectares en
conserva 165; celui qui en avait 300, en garda 201; celui qui en
avait 400 en garda 224; celui qui en avait 500 en conserva 241;
celui qui en possédait 600 en garda 250. La proprieté superieure
a 600 hectares était entierement expropriee sauf 250 hectares qui
12

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178 La réforme agraire
representent la possession maxima. Les propriétaires dont les
fils avaient étudié l'agriculture ou qui l'étudiaient a Pepoque de
la repartition avaient le droit de se faire reserver un lot de
terre de 50 hectares au-dessus de la grandeur légale. us devaient
s'engager a ce que leurs fits obtinssent le diplôme dans l'inter-
valle de 5 ans, c'est-à-dire jusqu'en 1926 et travaillassent ensuite
eux-memes le sal, sans quoi iN perdaient ce droit.
Tout sol capable d'etre cultivé, champ, prairie, pâturage,
tout sol qui est propre a etre utilise avec succes pour l'agri-
culture peut etre exproprié. L'expropriation ne s'étend p a s aux
jardins, vergers, vignes, forets, prairies boisées inferieures a
10 hectares, aux ruisseaux, étangs, installations industrielles.
Plusieurs immeubles du meme possesseur, les proprietes indivises
sont considerees comme une seule proprieté. Le proprietaire a
le droit de choisir la partie qui ne peut etre expropriee. II en
résulte que l'expropriation d'un propriétaire foncier qui a cinq
biens se fait comme s'il n'en possedait qu'un.
La loi prévoit l'indivisibilité des lots pour favoriser la cul-
ture intensive, la haute production et empecher le morcellement
nuisible de la petite propriete. L'article 95 dit: Le sol cultivé
dans la plaine ne peut pas etre divisé par l'heritage au-dessous
de 2 hectares; dans les pays accidentés et montagneux au-dessous
de 1 hectare. Cependant la division de la proprieté est permise
sans limite pour les emplacements a batir, les fabriques, les
jardins potagers, les vergers et les vignobles.
Le paysan peut perdre le sol qui lui est attribue s'il attend
longtemps pour en payer le prix. II peut aussi etre dépossédé
s'il n'observe pas les stipulations prescrites par la Casa centrala.
Dans le but d'assurer le bon travail du sol par le petit pro-
prietaire, la meilleure utilisation des pâturages communaux et
l'emploi des produits de la petite propriéte, celle-ci a le droit
d'imposer des obligations aux petits propriétaires quant au pro-
gramme de culture, l'organisation des moyens auxiliaires de
culture et d'association qui peuvent conduire les habitants de
la commune a la culture rationnelle et intensive du sol, de fixer
et d'imposer des prescriptions relatives a l'emploi de leurs pro-
duits, a l'amélioration de leurs races d'animaux et de designer
en meme temps les mesures a prendre. Si les paysans ne remplis-
sent pas ces obligations, ils perdront leur possession, sans
sommation, sur le désir du service du district agricole et apres
avoir entendu l'interesse dont la depossession est demandée par
la publication de la decision du juge de district. Par contre, la
loi permet la vente libre du sol donne en lots et leur reunion en
proprietes moyennes. Les petits lots peuvent etre vendus. Les
donations, les legs et échanges sont aussi permis. Le sol en
possession des habitants du village peut etre acheté, sous reserve
du droit d'achat de l'Etat, par chaque citoyen roumain avec
l'engagement de le travailler soi-meme.

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L'expropriation 179

Les ventes entre les habitants de la commune qui travaillent


le sol de leurs mains et celles aux diplômés d'ecoles d'agriculture
de tout grade ne sont pas soumises au droit d'achat de l'Etat.
Comme dans le reste du royaume, le paysan prend h ferme
les terres expropriees jusqu'à l'exécution de la repartition.
La vente du sol exproprie aux paysans commença en 1922 in
Bukovine. En meme temps que la mise en bail, la Casa cen-
trala a impropritaririu fonda des associations auxquelles fut
remis le sol devant etre affermé.
Le dédommagement des anciens propriétaires est analogue h
celui des autres territoires. Comme base, on prend le prix de
vente du sol des cinq dernieres années avant le ler aocit 1914
ou le fermage d'avant-guerre capitalise par 20. L'Etat paye
500/0 du prix d'achat. Celui-ci est fixe pour chaque propriété,
pour chaque categorie et qualite du sol en premiere instance par
la Commission d'expropriation du district, en se-
conde instance par la Commission régionale. Le Co-
mit é agr air e sert d'office d'examen pour l'unification des
prix fixes par cette Commission. On peut faire appel h la
Cour d'a pp el pour fixer définitivement le prix. Ces organes
ont une grande importance pour l'exécution de l'expropriation.
La Commission d'expropriation du district est composee d'un
representant du nainistere de l'Agriculture, des propriétaires fon-
ciers, des paysans et du juge de district comme president. La
nomination d'un suppléant a lieu en meme temps que celle des
représentants des proprietaires et des paysans. La Commis-
sion d'expropriation régionale, qui a son siege h
Czeirnovitz, se compose de 8 membres: deux membres de la
Cour d'appel (2 juges), deux representants des proprietaires,
deux representants de la Casa centrala et deux representants des
habitants de la commune. Le Co mit é agr air e est Porgane
consultatif du ministre de l'Agriculture dans toutes les affaires
concernant l'expropriation, la participation au sol, la creation de
propriétés moyennes et la remise des terres soumises h l'ex-
propriation ou leur utilisation pendant la période transitoire. Sa
sphere d'activite et sa composition sont fixées par le § 37 de la
loi sur la reforme agraire dans l'ancien royaume.
Les travaux d'expropriation supposent naturellement des
mesurages complets. Lorsque le bien est mesuré, le tableau des
ayants droit est vérifie et le sol parcellé. On forme une surface
réguliere que le paysan recoil.
La base de la repartition est formee par retendue du sol et
le nombre de paysans. Les lots ne sont pas distribués tout 11e
suite; il existe un reglement de faveur contenu dans la loi sur
la réforme agraire; les lots sont vendus d'apres ce reglement:
12*

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180 La réforme agraire
1(' Aux paysans qui travaillent le sol et qui possedent moins
de terre que la grandeur du type de lot fixé dans la commune.
20 Aux pretres orthodoxes, 6 hectares pour chaque cure
auxiliaire.
30 Aux écoles de village pour des essais d'agricultur e,
1 hectare pour chaque classe.
40 Aux paysans qui travaillent le sol et ne possedent pas de
terre du tout.
Dans cette categoric jouissent de la préférence:
a. Les families des soldats morts pour la patrie et des in-
valides;
b. Ceux qui ont pris part a la guerre, les volontaires de
l'armée roumaine ou d'une armée alliée ayant la pre-
ference;
c. Ceux qui ont eu des dommages du fait de la guerre; y
ont droit les hommes a partir de 21 ans, du jour de la
publication du decret-loi No 3871 du 6 septembre 1919
et les enfants mineurs.
Si les conditions de participation sont égales, on préférera:
1° Ceux qui ont un inventaire et une exploitation rurale
existante;
2° Ceux qui ont le plus d'enfants;
30 Ceux qui sont les plus vieux.
Le sort decide quand les conditions sont égales entre les
ayants droit de la meme categorie et en cas de manque de
terre.
Les paysans qui n'ont pas rev.' de terre peuvent s'installer
dans d'autres contrees. II y a des contrees montagneuses oii
regne un manque de sol; les paysans ne peuvent done obtenir
de terrain. Beaucoup de villages ne recoivent rien parce qu'il
n'y a pas de terre qui puisse etre divisée dans le voisinage.
Dans ce cas, il est loisible aux paysans de se presenter, s'ils
veulent avoir du sol, dans un autre district, en Moldavie ou
en Bessarabie, par exemple. Ils recoivent de plus grandes éten-
dues qu'ils n'auraient regues sans cela. Ils obtiennent des
facilites, par exemple, du bois pour la construction de maisons.
L'article 64 de la loi agraire fixe ce qui suit pour la coloni-
sation int érieur e: «La oil ii n'existe pas suffisamment
de sol pour satisfaire tous les ayants droit, une partie d'eux
pourra se fixer dans des territoires de colonisation. L'habitant
du village fait lui-meme son choix. Mais si un resultat amiable
ne pent etre atteint par cette voie, le choix sera fait par le
Comité de participation local. Les invalides, les veuves de
guerre, et, dans chaque categorie, les chefs de famille qui posse-

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La repartition du sal 181

dent une exploitation, jouissent de la preference dans la partici-


pation locale».
L'ensemble du travail de colonisation des contrees faible-
ment peuplees est confié h la Casa centrala. Elle prend les me-
sures necessaires pour la fondation de nouveaux villages ou
Pagrandissement des villages existants.
Elle designe les contrees dans lesquelles la colonisation
aura lieu; elle fixe le nornbre des colons qui peuvent servir
de reserve d'apres les nécessités locales et le développement
futur, le plan du village, les parties de son agrandissernent et
celui des pâturages communaux crees, les lots pour Pecole
et diverses installations de caractere officiel et execute les tra-
vaux nécessaires.
La Casa centrala établira des depôts de matériaux de con-
struction, outils, semences pour faciliter aux colons la construc-
tion de leur exploitation; elle leur accordera du credit, exécu-
tera les travaux techniques nécessaires, dressera les plans de
constructions agricoles avec devis h l'aide de la direction du
cadastre et des ouvriers techniques pour en faciliter Pexecu-
tion aux colons.
L'Etat avance par la Casa centrala les sommes necessaires
pour la construction des exploitations; les colons en rembourse-
ront la moitié dans l'espace de 40 ans en annuités qui commen-
ceront cinq ans apres leur installation. L'autre moitié sera sup-
portée par la Casa centrala h l'aide du fonds fourni annuelle-
ment par le budget.
La grandeur des lots est differente. On distingue trois
groupes:
10 Les lots complementaires (d'au moins 1/4 d'hectare);
20 Les lots entiers de 4 hectares au plus;
30 Les lots de colonisation de 6 hectares au plus et de
8 hectares a u plus dans les pays montagneux si le sol ne peut
pas etre cultive.
Les cures orthodoxes recoivent jusqu'à 6 hectares pour
chaque cure auxiliaire, 3 hectares pour chaque place de chantre
et 1 hectare pour chaque place de bedeau. Les ecoles recoi-
vent un hectare pour chaque classe.
Les organes ci-apres servent h l'application technique de
la repartition du sol entre les paysaus:
10 Le Comité local;
20 La Commission de district;
30 La Commission de participation regionale.
Le Comité local est compose du maire, du pretre ou
du directeur de l'école et de deux delegués des habitants de

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182 La réforme agraire
la commune (elus parmi eux), c'est-à-dire de quelques paysans
ou du grand propriétaire.
Le Comae local dresse la liste de thus les habitants iayant
droit a la repartition d'apres les stipulations de la loi et l'ordre
de preference fixé, complétees par des instructions. Il établit
le tableau de repartition et l'affiche a la porte de la mairie, (le
l'école, de Peglise et de tous les locaux publics de la commune.
Celui qui n'est pas content peut reclamer aupres de la C o m -
mission de participation du district.
Celle-ci se compose:
a. Du president du tribunal de district dans lequel la com-
mune est située ou de son suppleant.
b. De l'agronome regional ou du délégué de l'Office agri-
cole (consilieratul agricol).
c. De 2 delegues des habitants de la commune qu'ils de-
signent au commencement des operations en presence du juge.
d. D'un délegué de la Casa centrala.
La Commission de district examine la liste, etablie par
le Comité local, de ceux qui désirent participer a la repartition
et les range selon l'ordre de preference.
Nous avons deja vu quelle etait la composition de la
Commission d'expropriation et de repartition ré-
gionale. A la place du délegué des propriétaires, il y a, dans
les travaux de repartition, un delegue de la Casa centrala.
La Commission regionale juge a son siege et en derniere
instance tous les différends survenus dans l'etablissement de
la liste de repartition et etablit la liste definitive des habitants
qui participeront a la repartition.
Elle fixe aussi la grandeur du lot type dans chaque com-
mune et effectue le tirage des lots pour les ayants droit de
chaque categorie si le nombre des lots fixes est inférieur au
nombre des ayants droit.
L'enregistrement de la propriété dans le cadastre en faveur
des nouveaux propriétaires a lieu apres le payement d'une
avance d'au moins 20 OA) du prix d'achat.
Les operations d'expropriation et de repartition du sol aux
paysans ont ete partout fetées en Roumanie. Celui qui a
vu ces fetes dans diverses communes est 'persuade que la
joie des paysans etait l'expression du contentement et de la
fierté causes par le nouvel etat de choses. Voici la description
d'une de ces fetes parue dans le Gross Kohler Bote du 30 juillet
1922: «Entre 10 et 11 heures commenca la cérérnonie de
la remise symbolique du sol exproprie aux paysans. Une hutte
de feuillage spacieuse, décoree a l'interieur d'images et de

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La reparation du sol 183

broderies et renfermant une table, avait éte érigée dans la


prairie, rau-dessous du bord de la foret, entre la proprieté
de Samuel Abraham et le chemin de Bajendorf, sur le sol
de Peglise. Les ministres avec leur suite et le prefet du comitat
s'y rendirent. Le plus vieux d'entre eux, apres les prieres
rituelles et les cerémonies, fit une allocution dans laquelle ii
montra que le soldat de l'ancien royaume avait franchi les
montagnes qui le séparent a travers la neige haute d'un metre
et au milieu des plus grandes fatigues; en faisant le sacrifice
de sa vie, il avait conquis pour les Roumains de la Transylvanie
la delivrance du joug, le droit de vote libre et une part du
sol pour chaque agriculteur et combattant. Le pretre bénit le
commencement de l'ceuvre et les ministres qui poserent ensuite
leurs mains sur la charrue conduite par un adolescent roumain
et trainee par trois paires de bceufs Simmenthal. I! s'agis,sait
de tracer le sillon limite du morceau de terre destine aux pay-
sans de Dunesdorf. La meme cérémonie eut lieu quand on
traga les limites du morceau echu aux paysans de Schaessburg..
On avait attele des bceufs Pinzgau. Ii n'y avait pas de paysans
saxons. Ajoutons que le chceur des filles roumaines de Dunes-
dorf se fit entendre apres les chants de benediction et que les
ministres ne purent faire que quelques metres dans leur auto,
une fois le programme fini, car le peuple en joie les entoura.
et dansa, en poussant des cris, sa traiasca, la Hora autour de
la voiture, aux sons de la musique de bohemiens de Petonier.»

L'execution pratique, de cette reforme agraire s'est faite


a l'aide des associations qui jouent un grand role en Roumanie,
surtout a la campagne. Sans elles, on n'aurait pu diviser le
pays en un temps relativement court. Elles ont été en quelque
sorte les organes exécutifs dont s'est servi l'Etat pour rea-
liser la réforme. Les hommes d'Etat roumains ont aussitôt re-
connu qu'on pouvait les utiliser comme charpente organisatrice.
Un decret-loi que le Parlement a ratifie plus tard augmenta
la Caisse centrale des Banques populaires et des Associations
villageoises et lui confia le pouvoir executif. ,La Cais s.e
centrale des Associations et de la Réforme agraire
renferme cinq sections:
10 La Centrale des Banques populaires, insti-
tution semi-officielle, ayant un capital de fondation fourni par
la souscription de l'Etat et des Associations. Elle a la quali-
fication d'une personne morale et remplit vis-a-vis des Banques
populaires les fonctions que la Caisse centrale avait autrefois.
20 La Centrale des Associations de production
et de cons om mation organisee comme la précédente. Elle
dirige, contrOle et finance les associations de production et
de consommation.

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184 La réforme agraire
30 La Centrale des syndicats pour l'exploitation agricole,
dirige et finance les associations pour l'affermage et l'achat
du sol ; c'est une personne morale comme la précedente.
40 La Direction des rentes et du credit hypo-
th é cair e qui encaisse les montants que les paysans doivent
payer pour leur sol et remet les indemnités aux possesseurs.
50 La Direction du cadastre et des ouvriers
techniques élabore le plan fondamental et la repartition
du sol exploite en parcelles. Ce fut une tache difficile, ca,r
ii n'existait aucun cadastre exact. Dans certaines regions, le
sol n'était pas meme cadastré. 11 fallut tout d'abord former un
certain nombre d'ingenieurs.
A l'Universite de Bucarest, des cours de topographic, de
trigonometric et d'instruments de mesure furent créés pour
la formation des ingénieurs de cadastre. L'Etat se procura
ainsi les employes nécessaires A l'exécution de la réforme.
On doit A M. G. Cipaianu, ancien directeur de la Centrale des
Associations, aujourd' hui secretaire d'Etat au ministere de l'Agri-
culture, l'organisation de ce service.
Les paysans recurent le sol par les Associations, nom-
inees obsti en roumain. Tout d'abord le mot obsti signifia
uniquement association, c'est-à-dire collaboration A un but scienti-
fique. Plus tard, l'expression a été specialisée et s'emploie
dans le sens d'association d'affermage. Nous en parle-
rons dans le chapitre suivant.
Les rapports entre la r éf or m e agraire et les associations
ont permis de cultiver deux millions d'hectares qui avaient été
enlevés a la grande propriéte, la premiere année apres la r6-
forme. La loi de la réforme agraire dans l'ancienne Roumanie
désigne que les associations d'affermage se chargeront des
terres expropriées jusqu'à leur repartition en parcelles indivi-
duelles. Elle avait prescrit leur fondation et leur activite. On
fonda 2300 associations d'affermage qui assurerent la culture
de 2 135 414 hectares. Les anciennes associations uniquement
basees sur un contrat entre paysans et proprietaires fonciers
furent dissoutes. Quelques-unes resterent sur les biens non
expropriés et sur ceux que ne toucha pas la réforme agraire.
Le legislateur avait donné un caractere provisoire A ces
associations; elles devaient etre dissoutes lorsque le paysan
serait entierement en possession du sol exproprie. La reforme
agraire étant presque achevée, les 2300 associations d'affermage
sont en liquidation.
D'apres la situation au ler aofit 1924, les resultats
de la ref or m e a gr ai r e quant a l'expropriation et A la
repartition du sol sont les suivants dans l'ancien royaume:

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Ses résultats 185

1 496 538hectares 9 400 m' appartenant a des particuliers


413 702 VP 400 ,, de domaines de l'Etat ou de main-morte
102 430 ,, 7 200 appartenant a des étrangers
41 601 PP 6 300 a des Roumains vivant a retranger
19
160 446 Pt 1 100 . " A l'Etat
411 118 1, 5 700 expropriés en vertu de la loi agraire
2 625 835 hectares 30 1001370 en tout.
En Transylvanie, y compris le Banat, le territoire du Kreich
et du Maramuresh, on a exproprie:
461 505 hectares 6 000m' de terres labourables
97 335 7 300 prairies
214 772 5 300 paturages
2 948 9 000 terres irnproductives
776 560 hectares 27 600m'
En Bessarabie, les travaux d'expropriation sont entierement
terminés. On a exproprié en tout 1491 920 hectares 2400m2.
Cette étendue est passee en la possession de l'Etat.
En Bukovine, la surface expropriée est de 67 572 hectares
8300 m2.
Dans les quatre contrées, la repartition du sol exproprié est
la suivante:
Dans l'ancien royaume, le nombre des ayants droit est de.
599 529, dont 414 968 ont recu definitivement 1 400 493 hectares.
On a destine:
282 293 hectares pour des buts publics généraux.
243 848 2 500 ma pour des pdturages
24 062 4 800 forks.
Le reste de 675 163 hectares 2800 sera réparti.
En Transylvanie, le nombre des ayants droit etait de 350 000,
dont 23 162 ont recu definitivement du sol et 218 124 provisoire-
ment; 404 644 hectares 6000 m2 ont donc éte repartis. En outre
on a réparti les etendues suivantes, dont les communes sont
usufruitieres:
306 383 hectares 9200 To comme paturages communaux
112 455 3600 comme forets communales
127 704 6500 reserves dans des buts d'Etat
30 192 73
5100 pour des buts publics genéraux
363 258 5300 pour forets d'Etat
177 331 6600 restent encore pour des ayants droit
En Bessarabie, on a reparti en tout 1 098 045 hectares a
357 016 ayants droit. Le reste du sol exproprié se compose de
198 404 hectares 8400 m2 de forets; on a reserve pour divers
buts 195 470 hectares 3600 m2.
En Bukovine existent 70 000 ayants -droit en chiffres ronds;
13 065 ont recu 8581 hectares 7900 m2; sur ce nombre 6625 ont
reg.' definitivement 3888 hectares 8000 et 6640 ont recu pro-
visoirement 4693 hectares 7100 m2.

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186 La rdforme agraire

On a destine:
6637 hectares 9200 m' aux paturages communaux
3022 5600 A des buts publics géneraux
2848 2000 foréts
4648 3600 ayants droit
La repartition pour la colo n is a ti olt rencontra de grandes
difficultés. Dans certaines contrées, par exemple dans le district
de Constantza, le sol exproprie depasse les demandes. D'apres
l'esprit de la loi, l'excedent doit etre employe pour la coloni-
sation. Dans l'ancien royaume, ii reste 80 000 hectares (Comi-
fats de la Jalomitza, Constantza, Ilfov et Braila); en Transylvanie
40 000 (Comitats de Satmar, Bihar, Arad et Temech-Torental).
En Bessarabie et en Bukovine, le sol de colonisation n'a pas
encore été fixe; pour le moment 120 000 hectares restent a
la disposition.
Sur cette surface disponible 7500 ayants droit, dans l'ancien
royaume, ont obtenu des parcefles. En outre, 1000 colons ont
été établis dans la Dobroudja, chacun ayant 7 hectares de terres
labourables et 2000 metres carrés d'emplacement a bâtir. En Tran-
sylvanie, on a installé jusque-la dans le comitat de Satmar 200
montagnards (de l'Erzgebirge transylvanien), avec chacun 16 jochs
de terres labourables.

Ces chiffres officiels donnent une idee du grand changement


cause en Roumanie par l'expropriation de 5 millions 700 000
hectares. La réforme agraire représente la plus gr and e tr an s-
formation economique et sociale que le pays ait
vue. La nouvelle repartition du sol aura certainement de grandes
consequences pour l'économie entiere de la Roumanie. On les
juge differemment selon le point de vue du critique. II faut
distinguer les consequences passageres et les consequences dé-
finitives; c'est ce qu'on ne fait pas généralement.

Ii faut reconnaitre que les eff ets so ciaux de la réforme


agraire sont excessivement favorables. Elle a libere et déchargé
les paysans. Elle leur a apporte un accroissement. II y avait
abondamment de sol; tous en ont rev. Par cela, la reforme
roumaine se distingue de la reforme yougoslave parce qu'elle
disposait suffisamment de terres; dans le pays voisin la grande
propriété ne suffit pas pour pourvoir de terres tous les citoyens
pauvres. En Roumanie, le sol etait abondant et a bon marche.
On le ceda aux paysans a un prix excessivement bas. Le prix
du sol de 1913 fut pris pour base. En Transylvanie et en Buko-
vine, la couronne fut comptée pour un lei. A cette époque un
joch avait la valeur d'une paire de bceufs. Au moment de la
repartition, une paire de bceufs coiltait 20 000 lei et un joch
de terre 500 lei. Dans les discussions parlementaires sur la

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Ses consequences 187

réforme agraire, on a dit que le paysan a obtenu l'hectare pour


une paire de souliers. Ce bas prix s'explique par le desir de
preserver les paysans de trop lourdes charges. IN ne devaient
pas recevoir dans leurs mains des moyens de production trop
chers. Le bas prix du sol signifie aussi que les autres milieux
de la societe devaient participer aux charges de cette reforme.
La consequence de la nouvelle repartition de la proprieté
fonciere est que le paysan, qui travaillait jusque-la un sol
etranger, peut maintenant conduire sa charrue sur sa propre
terre. Ce changement est a meme de faire naitre un plus
gran d d és ir de tr a v a i 1. «Jamais les paysans n'ont cultivé
leurs champs avec autant de zele qu'apres cette reforme», a dit
l'un des meilleurs connaisseurs de l'économie roumaine.1 Ils
peuvent aussi mieux les cultiver parce qu'ils ne sont plus obli-
ges de remplir tout d'abord leurs obligations vis-a-vis du grand
proprietaire et d'emblaver ensuite leurs champs. Sisesti fait
remarquer qu'ils ont reconstitué leurs écuries et étables, leurs
instruments, leurs maisons beaucoup plus vite que les grands
proprietaires, et que le nombre des animaux de trait est de
nouveau au niveau d'avant-guerre. Dans son nouvel ouvrage2
le professeur Ifor L. Evans dit que sans la reforme agraire
l'envie de travailler du paysan aurait éte beaucoup plus petite,
le mécontentement plus grand et le relevement presque impos-
sible. Elle a été le stimulant d'une plus grande activite et a eu
un heureux effet sur la production agricole. Evidemment, le
paysan ignore encore beaucoup de choses au point de vue
technique; mais les conditions psychologiques existent pour
relever la production par des mesures éducatrices energiques.
II était necessaire, apres la guerre, de stimuler le travail de
l'ouvrier agricole et d'activer le pays. Personne ne l'a mieux
compris que le ministre des Finances Br a tianu au congres
agricole de Bucarest, en 1923. «Le travail agricole, dit-il, était
impossible apres la guerre, sans réforme agraire; mais le paysan
épuisé a trouvé un nouveau stimulant pour le travail dans
la conscience qu'il est le maitre de son sol. La réforme agraire
n'a pas cause un retard, comme beaucoup le pretendent, dans
la reprise de la production; elle a plutôt apporte la paix dans
I e pays en un temps ou existait le désordre. Bien plus, elle
a eté le meilleur moyen pour le relevement de la Rou-
m an i e. On n'aurait pas pu faire le grand effort qui a éte
fait dans les cinq dernieres annees avec milk grands proprié-
taires, des hommes sans animaux, sans outils et sans ouvriers.
Une seule branche économique n'etait pas en etat de prendre
toute la responsabilite du relevement.»
1 Rapport de Jonescu Sisesti au congres d'agriculture international
de Paris, en mai 1923.
2 Ifor L. Evans: the agrarian Revolution in Romania, Cambridge, 1924.

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188 La réforme agraire
Le principal avantage de la réforme agraire est qu'elle a
amelioré la situation sociale de la classe de la population de la
Roumanie la plus grande et la plus nombreuse.
Le paysan cons omm e aujourd'hui plus qu'autrefois. Sa
maniere de vivre était inferieure avant fa guerre. Nous avons
vu que la mamaliga était son principal aliment. Apres la réforme
agraire, le paysan s'est mis A consommer du pain de froment.
Les statistiques montrent que les produits des jardins ont con-
sidérablement augmente. On cultive beaucoup plus de courges,
de tomates, d'oignons, de choux, beaucoup plus de legumes qui
sont consommes pas les paysans. La consommation de la viande
augmente; le paysan devenu independant et s'etant acquitté de
ses dettes en consomme davantage. Autrefois, le riche paysan
n'était pas a meme d'abattre plus d'un pore a la Noel; au-
jourd'hui, ii n'est pas rare que cela arrive trois ou quatre fois
par an. L'augmentation de la consommation interieure, amenée
par la réforme agraire, est un facteur important pour le prochain
avenir. L'amélioration du genre de vie du paysan a fait que
l'éxportation des vivres a beaucoup plus diminué qu'on ne
l'aurait cru. La fiche économique des annees qui viennent sera
de supprimer ce recul.
II importe tout d'abord que le sol labourable soit de plus
en plus cultive. De grandes surfaces incultes ont déjà dispariu.
En 1919, 346 000 hectares etaient encore en jacheres; en 1920
ce chiffre fut réduit A 235 000 hectares et a 119 000 en 1921.
II n'existe plus de champ non cultivé sur le sol réparti. De
nouveaux villages sortent de terre. Lorsqu'un paysan regoit sa
parcelle A 20 kilometres, bientôt surgissent des bAtiments. Dans
tous les villages, on construit des maisons, des bAtiments d'ex-
ploitation bien que les conditions économiques generales soient
beaucoup plus difficiles qu'avant la guerre. La situation sociale
s'eleve avec l'independance economique; les conditions materielles
s'améliorant, les maladies, la haute mortalité infantile, la misere,
qui balancaient jusque-la les avantages du grand chiffre des
naissances, doivent diminuer.

Une si grande reforme montre naturellement quelques points


que nous pouvons comparer aux taches du soleil. L'un des buts
principaux de la réforme agraire était de cas er les nom -
breux soldats qui revenaient de la guerre et qui
n'a vai en t au cun e t err e. Cet établissement se fit d'un
point de vue politique sans qu'on ait bien tenu compte des
nCcessités economiques. Beaucoup devinrent possesseurs de terres
qu'ils ne savaient pas cultiver. Les veritables paysans qui pos-
sedaient déja du sol furent pourvus plus tard et recurent beau-
coup moins qu'ils auraient recu sans la repartition A la categoric
des dépourvus de sol. 11 devait nécessairement en resulter une

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Ses consequences 189

aggravation de la situation et un recul dans la production.


L'ancien ministre de l'Agriculture, . Constantin Goroflid, a dit a
propos de la politique agraire que l'Etat doit suivre, étant donne
la nouvelle situation creee par la réforme, au congres agricole
de 1924: «Le sol exproprie a eté donne a ceux qui n'en posse-
daient pas autrefois et qui ont seulement combattu pendant la
guerre. Les vrais paysans, qui étaient devenus des Clements de
confiance sous l'ancienne forme économique et qui formaient
le soutien des grands terriens, n'ont presque rien obtenu, parce
qu'ils possédaient deja des terres ou parce qu'on a pense a
eux en quatrieme ou cinquieme lieu. S'ils ont pris part a la
repartition, ils ont généralement beaucoup moins de terres a
travailler qu'autrefois; leur situation est donc devenue sans nul
doute defavorable, car avec les conditions de propriete actuelles,
ils ne peuvent plus acquerir de sol. Ce sont aujourd'hui les
elements economiques les plus faibles que represente notre agri-
culture parce qu'ils ne sont plus a meme de conserver leurs bons
moyens de travail avec le peu de sol qui leur est resté. La
meilleure preuve est qu'on voit aujourd'hui rarement des agri-
culteurs labourer avec quatre bceufs.»
La réforme agraire a aussi modifie la direction de la pro-
duction et créé ainsi une autre difficulte.
La grande propriete utilisait les paysans comme main,
d'ceuvre étrangere; elle produisait de grandes quantités de froment
d'apres les principes capitalistes et les vendait sur le marche.
Elle a disparu en grande partie. Elle comprend actuellement
les 8 a 100/0 des surfaces agricoles tandis que les exploitations
des petits paysans en représentent les 900/o. Ces dernieres ne
produisent generalement que ce qu'elles consomment. Le paysan
produit pour couvrir ses besoins. Le but é con omique de
la grande proprieté était de couvrir les besoins
des a utr e s. Le principe de produire pour le marche et de
gagner ainsi de l'argent n'est pas encore developpé. Le paysan
n'est pas encore orienté vers le cap i t al, c'est-a-dire qu'il ne
pense pas a produire des biens avec profit. La population
urbaine est etonnee de ne plus voir les paysans vendre a des
prix derisoires leurs produits qu'ils preferent consommer chez
eux. La grande exploitation capitaliste produisait en premier
lieu du froment pour l'exportation; le paysan produit d'abord
ce dont il a besoin pour sa nourriture et pour son exploitation.
Ce n'est pas le froment, mais le mais; en seconde ligne l'orge
et l'avoine qui exigent moins de travail: en troisieme ligne le
froment. La culture du froment est n é gligé e parce que l'Etat
a fixe de bas prix minima pour cette ceréale, alors qu'il n'en
existe pas pour l'orge et l'avoine. Cette modification survenue
dans la culture des diverses cereales équivaut a une extension
d es culture s. II faut ajouter que les &endues restant a la

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190 La loi agraire
grande propriéte ne peuvent plus etre suffisamment cultivees
parce que le paysan n'a aucun interet a travailler sur un sol
étranger et que la contrainte d'autrefois a disparu. Le résultat
est que la production a diminu é.
Ce rnouvement retrograde de la production a egalement
son origine dans la desorganisation de Peconomie apres la
guerre; c'est un phénomene passager et non durable. La perte
d'instruments de travail et de bétail, le manque de capitaux et
de main-d'ceuvre devaient réduire la production. L'inventaire
vivant et mort manque pour cultiver le sol. Les animaux des
paysans étaient et sont restés petits et mal nourris. Pour cette
raison, les machines doivent etre petites si l'on veut que les
animaux puissent les trainer. La charrue doit avoir de petites
dimensions et ne peut travailler a plus de 10 centimetres de
profondeur.1 On se demande alors quels resultats tine culture
si primitive peut donner, si l'on ne gratte en quelque sorte qu'un
peu la surface du sol, s'il existe peu ou point de machines, si
l'on seme avec la main et abandonne ensuite le sol a lui-meme
dans l'espoir que la pluie et le soleil feront le nécessaire. Cet
état de choses ne s'est pas modifié et c'est la, en premiere
ligne, la cause du recul de la production apres la guerre.
II faut ajouter le systeme de contingentement des prix
maxima, les defenses d'exporter, les droits de sortie qui ont
découragé les 12 millions d'agriculteurs. C'est ainsi que des
branches entieres de la production agricole furent abandonnees,
d'autres limitées et qu'on ne produisit que ce qui etait nécessaire
a la consommation domestique.
Au congres agricole de Bucarest, en 1924, le professeur
Tasca attribua aux cinq raisons suivantes la diminution du ren-
dement de Pagriculture roumaine:
10 La petite propriété ne fait aucun invesiissement parce
qu'elle n'a pas a sa disposition les capitaux avec lesquels
travaillait la grande propriété.
20 La petite propriéte ne peut pas se permettre les travaux
qui représentaient un avantage essentiel de la grande propriete.
30 L'Etat entrave la production par des mesures restrictives
et le prélevement de lourdes taxes.
40 Le manque de main-d'ceuvre et la qualite inferieure du
travail a la suite de la guerre.
50 Le fait que toute modification dans la possession conduit
a une reduction de la production comme l'expérience le montre
dans tous les cas.
I Bardarau: La production agricole apres la guerre, dans l'Argus du
10 mai 1924.

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Ses consequences 191

En Allemagne, sous l'effet de la guerre, le rendement de


1924 n'a pas encore atteint celui d'avant-guerre. Ii ne s'agit
donc pas en Roumanie, quant a la diminution de la production
agricole, d'un phénomene qu'on peut placer sur le compte de la
réforme agraire seul. Le tableau suivant du ministere de l'Agri-
culture, paru dans l'Argus du 22 mai 1924, et qui contient une
rectification des chiffres publiés par Bardarau dans un article
du 7 mai, nous montre l'importance du recul. Il a éte en moyenno
pendant les cinq années d'avant la guerre:
production dliftrence en
rendement moyen par rendement moyen par production moyenne par mains de la pro-
hectare pendant duction moyenne dIfitrence
hectare de la grade hectare de la petite moyenne par
Par hectare
les 4 amines avant sor 100
proprlett proprittt hectare et milts
d'aprts-guerre In guerre

Pour le froment 16 hectolitres 00 13 hectolitres 40 14 hect. 60 11 hect. 90 2 beet. 70 18,4%


le seigle 14 80 12 20 12 40 11 10 1 30 10,40/.
l'orge 18 90 17 10 17 50 14 00 3 50 20,0%
l'avoine 25 60 21 90 23 20 19 00 4 20 18,1%
le =is 20 70 18 00 18 30 14 40 3 ,, 90 21,3%

La production agricole n'ayant pas augmenté dans la propor-


tion de l'accroissement du territoire a aggrave la situation de
l'industrie et du commerce exterieur. Celui-ci était actif avant la
guerre; il a éte passif en 1919, 1920 et 1921. En 1922, la
balance commerciale a eté active avec une plus-value des ex-
portations d'environ 10 millions de lei-or. La Roumanie ne pent
payer avec les cereales exportees de son territoire agrandi les
matieres premieres importees dont a besoin son industrie. Elle
a da la reduire. En 1922, on a importe 550 540 tonnes de
matieres, c'est-h-dire les 2/5 des importations d'avant-guerre. De-
puis 1919, les importations, quant au nombre de tonnes, ont sans
cesse diminue, sauf en 1921. Nous reviendrons la-dessus a propos
du commerce roumain.
Les paysans livrent sur le marché les cereales dans un
moins bon état que les anciens grands terriens; l'exportation
en souffre. Leur contenu en corps etrangers est grand. Evans
(page 167) nous dit que les céréales roumaines ont eté exclues
pour cela du marché de Londres ces dernieres annees. Les
corps etrangers du froment, par exemple, qui representaient
autrefois rarement plus de 20/0 vont actuellement jusqu'à 80/0,
et meme plus haut pour l'orge. Pour cette raison, l'exportation
est dirigee plutôt vers Anvers que vers Londres. L'honnêtete,
apres la guerre, a partout diminué dans le monde du commerce.
Cependant, cette situation s'ameliore, comme le constate Evans
et le retour h la situation d'avant-guerre n'est pas impossible
si l'on place tout le commerce et l'échange sur une nouvelle
base. Les meilleurs des anciens propriétaires fonciers portent
encore leur attention sur la proprete des ceréales. On la favori-

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192 La loi agraire
sera en reorganisant les associations, en créant un reseau public
ou prive de stations oil les ceréales seront rassemblees, mani-
pulées et, s'il le faut, entreposées avant d'etre conduites aux
élevateurs. La qualité du froment redeviendra ce qu'elle était
avant la guerre si on le trie systematiquement, si l'on utilise ra-
tionnellement les voies navigables du pays, si l'on possede de
bons entrepôts.
Les economistes anglais voient la solution des difficultés
dans la réforme du systeme d'exportation, les économistes alle-
mands sont d'un autre avis.
Bamberger-Daimling, qui s'est occupe des consequences de
la réforme agrairel, attribue la situation actuelle de la Roumanie
a la cherte, a la baisse du credit a l'étranger, a la diminu-
tion du pouvoir d'achat du leu. Se lon lui, l'effondrement
monétaire est la consequence directe de la division de la grande
propriéte; mais ii oublie les causes generales des annees d'apres-
guerre qui ont diminue la production et ne reconnait pas que
le recul est un phénomene transitoire. «La principale cause,
dit-il, de ces difficultes dans l'économie politique et le budget
est que le pays agricole de la Roumanie n'a plus a sa disposition,
en quantité nécessaire comme avant la guerre, le moyen de
payement naturel a l'etranger, les céréales. L'exportation du
petrole, qui s'est peu a peu relevée apres les destructions de la
guerre, ne pourra guere modifier Petat de choses. Pour corn-
penser en quelque sorte le deficit en froment, mais et petrole,
la Grande-Roumanie exporte maintenant de plus grandes quantites
d'orge et d'avoine qu'avant la guerre; elle exporte du betail
de la Transylvanie et de la Bukovine quoique le cheptel de
l'ancienne Roumanie et de la Bessarabie laisse beaucoup A
desirer quant a la quantite et a la valeur; elle exporte encore
du bois des forets transylvaniennes bien que l'ancienne Roumanie
en manque. ais tous ces articles n'ont pu ramener le valeur
des exportationes a celle d'avant-guerre, et encore moins a
celle nécessaire pour payer les importations d'articles industriels
dont a vraiment besoin le royaume agrandi.»
Cette situation influence celle d'autres pays. La reforme
a cause des prejudices aux exportations allemandes. L'exporta-
teur allemand ne peut pas livrer en Roumanie les quantités qui
correspondent a la grandeur de ce territoire excessivement accru.
«Le manque de ces moyens de payement, dit l'auteur cite plus
baut, qui sont recherchés en premiere ligne sur le marche mon-
dial des cereales, permet de moins en moins au marche roumain
l'achat et le payement des articles industriels étrangers et par-
lyse surtout l'industrie de l'Europe centrale.» Ii s'agit de savoir
si cette situation sera passagere ou durable. Nous nous en
1 Folgen einer überstiirzten Agrarreform dans !Industrie und Han-
delszeitung du 12 avril 1924.

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Ses consequences 193

occuperons quand nous parlerons des mesures propres a y


apporter un remede.
Le professeur Hollmann qui critique la reforme agraire
de la Roumaine dans les «Berichten fiber Landwirtschaft»
(f ascicule 1, Berlin 1923), publiés par le ministere de
L'Alimentation et de l'Agriculture du Reich, regarde les
difficultés actuelles de la Roumanie et le recul de sa production
exclusivement comme une consequence du bouleversement
agraire. «Avant la guerre, l'ancienne Roumanie produisait environ
30 millions d'hectolitres de froment. Les exportations s'élevaient
a 1 million de tonnes en chiffres ronds. En 1920-1921, le
nouveau royaume de Grande-Roumanie ne produisit que 27
millions d'hectolitres (2 millions 100 000 tonnes) sur une sur-
face double. Les exportations ont ete minimes et n'ont pas
meme suffit a couvrir les engagements pris envers la France
et la Suisse a propos d'emprunts d'Etat; en février 1921, la
defense d'exporter les supprima afin d'assurer l'approvisionne-
ment du pays jusqu'à la nouvelle recolte.» Il ne faut pas
oublier, dans ces comparaisons, que Pannee 1920-1921 a donne
partiellement une mauvaise recolte. Hollmann croit que le recul
des cultures est de nature passagere. Selon lui le deficit des
rendements est une consequence de la culture défectueuse des
paysans. II appelle la réforme agraire une solution radicale, mais
mécanique de la question agraire, de nature purement politique;
d'apres Petat de choses, elle était peut-etre inevitable; au point
de vue economique, on ne peut la justifier; au point de vue
social, elle n'a pas satisfait. II fait entrevoir que Pamelioration
viendra par le retour a la grande propriete. Mais la loi defend
la creation de grandes proprietes. «Il y a, dans la nouvelle Ron-
manie, des territoires oit l'exploitation paysanne peut se dé-
velopper; mais la plaine roumaine, le territoire de la culture
des céréales, appartiendra toujours aux grandes exploitations
d'apres le principe du rendement» (pages 53 et 54).
Cependant ii n'y a pas lieu de croire que la solution des
difficultés causees par les temps d'apres-guerre t la réforme
agraire depend du retour a la grande propriété. II est
un fait certain que la division du sol a porte prejudice au bilan
de payement du pays, du moins pendant les trois premieres
annees d'apres-guerre: en 1922 et 1923 les exportations ont ete
superieures aux importations; neanmoins elle ne peut pas con-
duire a la reconstitution de la grande propriete dans l'esprit de
l'ancien systeme. II faudra seulement que les paysans adoptent
le plus possible dans leurs petites exploitations les avantages
des grandes.
Ces deux genres d'exploitations ont naturellement leurs
avantages et désavantages particuliers. Les grandes, par suite
de leurs grands credits, peuvent facilement se ;procurer de
13

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194 La loi agraire
grands capitaux; c'est là leur avantage. Leurs machines per-
fectionnées en sont un autre. Le genre de la proprieté a une
influence sur la maniere et l'emploi des machines. Le grand
proprietaire peut acheter des machines plus puissantes et plus
cheres que celles du petit ou du propriétaire moyen. Ii y a des
travaux agricoles qui ne peuvent etre executes avec profit qu'avec
de grandes machines agricoles, telles que les charrues et les
batteuses. La grande propriété a en outre l'avantage de pou-
voir employer des semences choisies et de disposer de meil-
leures conditions d'ecoulement parce que la récolte est con-
centrée en grandes quantites.
Dans les petites exploitations, les travaux peuvent etre
faith A temps parce qu'elles disposent de la main-d'ceuvre; les
animaux et les plantes sont mieux traités; la quantite de travail
dépensé dans le processus de la production est plus grande;
le travail est donc plus intensif dans la petite exploitation.
Les grandes exploitations ne peuvent aucunement posseder
les avantages des petites; mais le contraire est possible: 1 e s
paysans peuvent s'assurer les avantages des ex-
ploitations en grand par l'association. Par elle,
ils peuvent se procurer des animaux et des machines et les
mettre A la disposition des membres. Ils peuvent créer une
organisation pour assurer la moisson. Ils peuvent rassembler
les ceréales en grandes quantités et les vendre en commun.
Ils peuvent s'assurer tous les moyens de progres pour obtenir
de grands rendementsl.
Au congres agricole A Bucarest, en 1924, le professeur
T as ca a montre dans un discours sur «l'organisation des
groupes producteurs A l'effet de poursuivre des buts communsD
que les consequences de la pulverisation des exploitations agri-
coles peuvent etre evitees par de fortes organisations sous la
forme de syndicats2.
11 faut donc avant tout former des s y n di c a ts a gr i eo 1 es
que l'Etat doit favoriser de toute facon. Ils seront creés par
commune; tous les agriculteurs, petits et grands, en feront
partie. La direction en sera confiee aux grands proprietaires
qui possedent le plus d'expérience et sont A la tete quant A la
production. Ces syndicats A leur tour formeront des associa-
tions, representeront une grande puissance parce qu'ils auront
toute la population agricole derriere eux; l'Etat ne pourra pas
les ignorer.
Le premier devoir des associations sera de procurer des
credits. Rien ne peut fortifier davantage les rapports entre les
Sisesti: Les syndicats et le relevement de l'agriculture dans l'Argus
du 24 avril 1924.
Rapport sur la conference dans la Deutsche Post du 8 février 1924-
et dans l'Argus du 4 février 1924.

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Moyens pour supprimer ses effets defavorables 195

membres qu'une bonne organisation de credit. Avant la guerre,


la plus grande partie des credits que le pays obtenait était em-
ployée pour l'agriculture. Depuis la repartition du sol, la plus
grande partie de l'argent dont disposent les caisses de credit
agricole sert A acheter des terres et ne soutient pas le travail.
Les syndicats locaux, réunis par comitat et disposant d'un point
central dans la capitale, doivent avoir leurs banques locales qui
auront leurs centrales dans les localités du comitat et dans
la capitale. Chaque cultivateur contribuera au capital des ban-
ques locales pour qu'elles forment un facteur important,
l'Etat fournira si possible une contribution, et puissent dis-
poser d'un grand credit de reescompte dans la Banque Nationale.
La seconde tache des syndicats agricoles sera de créer des
associations de production qui s'occuperont, avec l'aide et sous
la direction des banques, de l'utilisation du lait, de l'élevage
du bétail et de la volaille, organiseront des expositions dans
les communes (non dans les villes) pendant les mois de fevrie,r
et de mars, procureront des moteurs t des machines aux
membres. Grace A leur emploi, la production peut etre plus
soignee, car l'agriculteur trouve le temps de choisir les se-
mences, d'améliorer ses produits.
Pour atteindre tous ces buts, il faut, selon Tasca, la colla-
boration active de la grande propriété pour laquelle la syndi-
calisation de Pagriculture est d'un intéret vital; puis l'aide
de l'Etat qui doit aller jusqu'à forcer les agriculteurs A entrer
dans les syndicats; celle de la Banque Nationale qui doit seconder
les banques agricoles; enfin toutes les forces intellectuelles et
morales des agriculteurs instruits, des agronomes qui serviront
de chefs.
L'acquisition de machines pour les exploitations pay-
sannes est importante afin qu'elles profitent des avantages de
la grande proprieté. Autrefois, celle-ci pouvait utiliser les machi-
nes agricoles, comme motocharrues, batteuses, semeuses en grand
nombre. Son lotissement a considerablement réduit le rayon
d'emploi de ces appareils, car la surface sur laquelle ils tra-
vaillaient est devenue plus petite. Les grands proprietaires
ont vendu une grande partie de leurs machines et instruments
aratoires devenus inutiles. Ce désavantage est compense en
partie par la formation d'associations agricoles qui peuvent
acheter et utiliser ces machines. Ces «obstilD (voir le prochain
chapitre) achetent des machines, des installations et les mettent
A la disposition de leurs membres. Elles sont financees par
les banques populaires qui se trouvent sous le contrôle de
l'Etat.
La motoculture a un grand avenir en Roumanie. Les
associations roumaines peuvent se procurer des charrues A
vapeur et de grandes machines qu'elles mettent A la disposi-
13*

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196 La loi agraire
tion de leurs mernbres pour que l'exploitation paysanne se
mécanise de plus en plus. Hollmann dit (page 52): «La moto-
culture a un grand avenir en Roumanie et l'on peut prédire
que les surfaces restantes seront cultivées a l'avenir, plus inten-
sivement qu'autrefois.» On doit a M. Garoflid, l'ancien ministre
de l'Agriculture et l'auteur des lois agraires, une loi qui devait
encourager la motoculturel. Elle n'est plus en vigueur. Elle
accordait certains avantages aux agriculteurs qui employaient
des moteurs; dispensait de droits d'entree, de commission et
d'autres droits d'importation les appareils, pieces de rechange
et accessoires de motoculture, recipients pour essence, en cas
qu'ils ne fussent pas produits dans le pays. Des avantages etaient
aussi accordes aux exportations: dispense de droits de sortie
et commissions, meme si l'exportation etait défendue. Cette
dispense était valable pour deux ans si l'entrepreneur agricole
importait des appareils de motoculture apres le ler avril 1922.
Celui qui importait avant cette date jouissait de cette faveur
pendant trois ans. A cette dispense de droits avaient droit:
a. 500 kilogrammes d'avoine, de mais, de mil, d'orge, de
pois par hectare, travaille avec ces appareils;
b. 500 kilogrammes d'avoine, de pois, d'orge par hectare
laboure mecaniquement et planté de betteraves a sucre.
A ces avantages s'ajoutaient des reductions de tarifs pour
le transport en chemin de fer des machines agricoles et
combustibles.
Les proprietaires fonciers qui voulaient se procurer des
appareils de motoculture avaient droit a un emprunt en bons
du tresor-or.
L'abrogation de cette loi a cause un grand dommage
l'agriculture.
Les associations devront supprimer les troubles qui regnent
dans l'é coulem ent des pro duit s. L'exploitation paysanne
qui produit ce qu'elle consomme pent etre transformée en une
exploitation travaillant pour le marche et fournissant des excé-
dents si les produits peuvent facilement s'ecouler vers les grands
centres de vente et d'exportation. C'est la mission des a s so -
ciations d e vent e d'amener cette canalisation et la circu-
lation des produits paysans. On a deja fait des essais les
premieres annees apres la guerre. Dans ces temps difficiles, les
associations se chargerent de rassembler les céréales, froment
et mals, pour approvisionner les contrees dans lesquelles la
guerre avait fait rage. De grandes quantités furent exportées
et, avec les montants obtenus, on paya les engagements de
l'Etat ou on introduisit certaines marchandises par la voie des
compensations. De 1919 a 1922, la centrale exporta pour
I Monitorul oficial No 199, 1921.

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Moyens pour supprimer ses effets defavorables 197

son compte ou pour le compte des associations affiliees 12 000


wagons de céreales en France et en Suisse, 15 000 wagons de
céréales en France et en Suisse, 15 000 wagons de froment
pour remplir des obligations de l'Etat et 14 000 wagons de
diverses céreales. En 1923, on exporta 462 wagons de froment
en France et 1881 wagons d'orge et d'avoine en Suisse' pour
remplir des traites de l'Etat; cette operation de grand style
a été exécutée par une organisation en train de se developper.
11 est hors de doute que ces forces réunies pourront faire quelque
chose de grand h. l'avenir.
Aujourd'hui, la Centrale des associations agricoles fait de
grands efforts pour reduire et supprimer les difficultes entrainees
par la reforme agraire dans l'économie roumaine. Elles sont
en train de devenir un element de progres comme elles le
sont dans les autres pays h population de petits paysans, comme
le Danmark. Le progres consiste a améliorer la technique,
h relever la production et la concentration de la vente.
La legislation favorise les associations et leur facilite leur
mission sous plus d'un rapport. D'apres les lois agraires, elles
sont préférées dans les affermages. Les paysans se sont organises
en associations d'affermage et d'achat. L'Etat a le droit d'achat
lorsqu'un bien est a vendre. La Centrale qui accorde les pro-
priétés peut faire exercer ce droit par les associations d'achat
paysan n es.
D'apres Sisesti, elle a organise, en 1923, une assurance mu-
tuelle contre la girele pour 2032 hectares dans 13 districts, pour
247 exploitations syndicales et 2 de l'Etat. Elle a en outre cree
des installations pour le contrôle des semences de 2000 hec-
tares dans divers districts. On a installe un musée d'outils agri-
coles dans lequel les paysans peuvent voir ce dont ils ont besoin.
Le programme futur de la Centrale renferme Papprovisionthe-
ment des paysans en outils, semences et des associations en
grosses machines, l'achat et l'entretien d'animaux d'élevage, la
vente de produits agricoles, l'organisation des associations pour
l'exploitation des pâturages2.
Le ministre de l'Agriculture roumain, M. Alexandre Constan-
tinescu a dit de l'avenir: «Les consequences de la repartition du
sol se feront encore sentir une dizaine d'années par la reduc-
tion de la production generale. 11 faut laisser aux associations
villageoises, h lair cooperatives et federations le temps ne-
cessaire pour etre h meme de remplacer, quant au capital et a la
technique agricole, ce que nous avons perdu par la disparition
de la grande propriete. La reduction passagere de la production
est dejh aujourd'hui largement compensee par la solidarité que.
1 Sisesti dans l'Argus du 2 mai 1924.
2 Argus du 24 avril 1924.

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198 La réforme agraire
la grande réforme agraire a creee et qui assurera sous peu l'équi-
valent de ce que nous avons perdu; elle nous donnera plus
que l'état d'auparavant, a suppose qu'il n'y ait pas de bouleverse-
ments intérieurs produits par la lutte des classes et que regne
une atmosphere de paix sociale et de fraternité.» Le ministre
reconnait donc que le recul de la production ne pourra pas etre
compense aussitôt, mais que les associations ont une importante
mission: procurer des capitaux et des machines et avec leur aide
relever la culture. Ce travail commun et cette solide union
sont plus precieux que la perte passagere subie par la division
du sol.
L'Etat a aussi de grands devoirs a remplir quant a l'aug-
mentation et l'amelioration de la grande production agricole.
II ne doit pas abandonner l'agriculture A elle-meme; il faut qu'il
intervienne dans l'intéret de la collectivité si les forces des
particuliers et des associations ne suffisent pas.
II doit servir d'exemple aux paysans; car les hommes
n'apprennent Tien si facilement que par l'exemple. Les f er m es-
modeles qui profitaient jusque-la surtout a la grande propriete
doivent etre mises au service des paysans. II s'agit de biens
crées en 1894 par le ministre de l'Agriculture, Pierre Carp, pour
servir de modeles a l'agriculture, fournir le personnel enseignant
des Ecoles d'agriculture et le personnel necessaire des exploita-
tions privées. Ils ont rempli leur mission. La Roumanie doit a
ses fermes-modeles l'introduction des grandes cultures de céréales
selectionnees, de diverses sortes superieures d'orge, d'avoine,
de seigle, de mais; l'acclimatation et la propagation du chevat
de trait, des vaches Schwyz et Simmental, des moutons de
Frise et d'Oxford, des porcs de Yorkshire. On leur doit encore
la vulgarisation de la culture de la luzerne et du trefle, des tra-
vaux intensifs dans l'agriculture pratique, du roulage et du
hersage, des machines agricoles, de la culture du mais comme
plante fourragere.
II faut dire que les paysans n'ont pas tire de tres grands
profits de ces exemples, car les efforts des dirigeants d'alors
s'adressaient surtout a la grande propriété.
La situation a completement change aujourd'hui. La reforme
agraire a donne une autre mission aux fermes-modeles. II leur
faut venir en aide a la petite agriculture afin qu'elle ,améliore
son exploitation et avant tout ses semenoes. Le petit a gr
culteur n'a pas suffisamment de bonnes semen-
c e s. Chacun recolte ce qu'il seme; ce proverbe est aussi vrai
au sens propre. II faut donner de bonnes semences au petit
paysan comme base de son exploitation. Tous les dix ans au
Buletinul Agriculturii, vol. III, Bucarest, 1922, page 73.

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Moyens pour supprimer ses effets défavorables 199

moins, ii faut les renouveler. Les fertnes-modeles devront les


produire et les distribuer entre les agriculteurs a l'aide des
associations paysannes; elles accorderont des primes d'encourage-
ment pour les meilleurs rendements. D'apres M. Caruntu, Direc-
teur general de l'agriculture et de la viniculture au ministere de
l'Agriculture, a qui nous empruntons ce programme', une super-
ficie de 30 000 hectares est nécessaire pour produire ces
semences.
Ces fermes-ecoles pourront aussi montrer aux paysans corn-
bien l'intensification de la production agricole est
nécessair e. Le passage a une plus grande intensification dé-
pend de plusieurs conditions. Nous ne nous occuperons ici que du
côte technique du probleme. La Roumanie tire de son sol un
rendement a l'hectare beaucoup inferieur a celui des autres pays.
Elle a eu jusqu'ici le systeme de culture extensif. La majogité
des grandes étendues des anciens grands propriétaires etaient
travaillées d'une fawn primitive. Aussi la production etait-elle
petite comparée a la superficie. Elle était la moitié, et meme
moins, de celle des pays de l'Europe occidentale. II faut !mieux
travailler la terre pour supprimer ce deficit. Le paysan devenu
possesseur du sol a un grand intéret a le mieux travailler. Pour
cela ii faut qu'il voie comment la production grandit par un
meilleur travail et qu'il y a encore d'autres plantes dont la cul-
ture est rémunératrice. Si elles exigent plus de travail, elles
rendent davantage, comme les pommes de terre, les betteraves
sucre, le chanvre, le lin, le tournesol, etc., la surtout oii les
lots ont été réduits a 3 ou 4 hectares par suite de la densité de
la population. Dans ces contrées, l'agriculteur peut tirer d'un
petit lot de plus grands revenus qu'un autre qui cultive 5 a 7
hectares rien qu'en céréales. La culture de plantes rémunéra-
trices qui exigent plus de travail résoudrait le probleme de la
repartition du sol, dans les contrées accidentées aussi, et justi-
fierait la diminution des lots.
Avec ces nouvelles cultures, il faudrait introduire, dans
chaque contrée, un system e de cultur e convenable pour
atteindre une production maximum. Dans les contrées seches,
on emploiera le systeme des surfaces seches qui a donne de bons
résultats en Amérique. II est connu sous le nom de Dry f ar-
m i n g. II faudrait cultiver des plantes fourrageres en plus grande
quantité dans les regions humides pour obtenir le maximum
de production. Toutes ces innovations ne peuvent se faire que
I Caruntu: Rolul ce l'au si vor trebui sa-I joace in viitor Fer-
mele, scolile, pepinerele, statiunile agronomice, sericicole, etc. pentru
Dezvoltarea si propasirea agriculturii noastre. Extrait du Buletinul
Agriculturii, Bucarest 1921. (Le rOle que les fermes-modeles, les écoles,
les pépinieres, les stations agronomiques et séricicoles, etc. ont eu et auront
dans l'évolution et la prospérité de notre agriculture.)

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200 La réforme agraire
progressivement. La transformation ne doit pas provoquer des
bouleversements nuisibles a l'agriculture.
Les paysans accepteront de leur propre initiative ces nou-
velles méthodes de culture lorsqu'ils se seront persuades des
résultats qu'elles ont donnees dans les fermes - modeles et les
Ecoles d'agriculture de leur contrée. Ces fermes doivent etre
un modèle vivant pour l'application de ces cultures; leur compta-
bilité doit montrer a chaque instant les chiffres de leurs depenses
et de leur succes. Le paysan doit voir fonctionner les machines
économisant le travail; il doit apprendre a s'en servir en les
empruntant. 11 appreciera ainsi leur utilite et les emploiera seul
ou en commun avec d'autres paysans. Ce procéde est important
pour un pays encore insuffisamment developpé comrne la Rou-
manie.
Les exploitations accessoires favoriseront l'inten-
sification et le relevement du rendement des exploitations pay-
sannes. En Roumanie, l'industrie du sucre et des huiles, la fabri-
cation de l'amidon, la meunerie et la fabrication de l'alcool se sont
completement separées de Pagriculture et ont pris le caractere
d'une grande industrie capitaliste; les paysans ne peuvent en
retirer aucun profit. Dans d'autres pays, les rapports qui ont
existe entre ces industries et l'agriculture A l'origine n'ont pas
été detruits. En Allemagne, il existe encore de nombreuses
distilleries agricoles. L'agriculture retire de grands avantages de
ces exploitations, car elle utilise directement leurs sous-produits
sous la forme de tourteaux, residus de betterave, mélasse, son.
II y a lieu de douter que l'on puisse rattacher de nouveau
ces industries A l'agriculture maintenant qu'elles se sont émanci-
pees. Néanmoins les fumes-modeles sont propres A exploiter des
industries accessoires en petit ou en communaute avec les pay-
sans voisins, telles que les sécheries de fruits. La Roumanie
est tres riche en fruits qui ne sont pas suffisamment utilises;
on pourrait facilement les transformer en marmelade s, dans
des fabriques de construclon simple. LA ou cela serait impos-
sible, on pourrait sécher les fruits. Les fruits secs et les con-
serves de legumes ont un grand avenir. La fabrication de v i n ,
alcool, vinai gr e appartient aussi aux exploitations agri-
coles secondaires. 11 faudrait encourager et développer l'éleve
de la volaille, des abeilles, du ver a soie et des poissons afin
que le paysan acquiere le plus de connaissances possible de
ces sources de richesses secondaires de l'agriculture.
L'Etat peut encourager l'eleve du betail A l'aide de
ses fumes-modeles. Nous avons deja constaté son recul. 11 y
a cinquante ans, ii était encore la branche agricole la plus impor-
tante. Les bestiaux étaient un article important de l'exportation.
Le commerce exterieur, la liberté du trafic et le developpement

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Moyens pour supprimer ses effets défavorables 201

de la technique des machines ont fait que la culture des céréales


a depassé Peleve du bétail. A l'heure actuelle, ii semble qu'il va
reprendre sa place dominante; car la repartition du sol entre les
paysans, la hausse des prix des bestiaux influencent favorable-
ment la production de la viande, du Iait et des animaux de
travail. Malheureusement les betes d'elevage sont de mauvaise
qualité. Ii faut les ameliorer par la selection et le croisement
comme en Transylvanie, au Banat, en Bukovine oü ii existe de
bonnes races. A cOté de Pactivité des établissements zootechni-
ques, ii faut constamment montrer au petit paysan le role que
joue le bétail dans les exploitations agricoles. On y arrivera par
les fermes-modeles, situées dans son voisinage; elles lui montre-
ront les methodes pour soigner, nourrir le bétail et obtenir de
hauts rendements de lait et de viande. II faut mettre gratuite-
ment a sa disposition des bestiaux de race: étalons, taureaux,
béliers, verrats pour couvrir ses animaux. Les sujets de belle
qualite obtenus seront primes et achetes par les fermes pour
servir d'animaux d'élevage aux communes eloignees. Les pro-
duits d'elevage des fermes-modeles devraient etre répartis entre
les paysans qui s'occupent avec intelligence de Péleve du betail.
Chaque ferme devrait avoir au moins 2 a 4 etalons, 4 a 10
taureaux, 20 beliers et 10 verrats servant uniquement a couvrir
les betes des paysans. Le nouveau projet de loi de 1925, sur
l'encouragement de l'éleve du bétail, dont nous avons déja
parlé, aura d'heureux résultats s'il est vote.
II faut aussi f or m er des agronomes capables en les en-
voyant a l'étranger oü ils acquerront des connaissances prati-
ques et théoriques de la technique agricole et de ses progres,
Les exploitations agricoles dirigees par le ministere serviront
d'excellente preparation pratique. Une ou deux annees seraient
encore nécessaires pour apprendre aux jeunes gens tout ce qui
existe dans une exploitation modele au point de vue technique.
La Roumanie a besoin de 50 f er m es-modeles environ si
l'on veut tenir compte de la diversite du sol, de l'altitude, des
conditions climatiques, des pluies. Elles devraient posséder au
moins 250 hectares de terre pour bien remplir leur mission.
II faut en outre créer des stations a gri coles pour le
contrôle des semences, l'essai des terres, l'examen des divers
produits agricoles et l'étude des divers problemes agricoles.
L'ancienne Roumanie a aujourd'hui une seule station agricole.
Les champs d'essais et de demonstrations permettent de faire
l'essai de plantes, d'examiner les systemes de culture selon les
differentes regions.
On a aussi besoin de stations entomologiques pour etudier
et combattre les insectes, les maladies et les parasites.
Si la Roumanie possedait de telles stations a côté de chaqur
ferme-modele et de chaque Ecole d'agriculture, celles-ci represente-

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202 La réforme agraire
raient un grand progres pour la population paysanne et l'agri-
culture.
Nous venons de voir que les associations et l'Etat ont une
foule de fiches a remplir si l'on veut surmonter les difficultes
actuelles et que la réforme agraire soit un bienfait pour le pays.
Sans ces conditions, on n'arrivera pas au but propose. II est
faux de croire que la situation difficile, causee par la crise de
l'économie mondiale et aggravée par la reforme agraire, dans
laquelle se trouve la Roumanie, soit de du.ree. Des que les
phénomenes transitoires auront disparu et que les reformes
nécessaires auront ete executees par les associations et l'Etat,
l'agriculture roumaine reparaitra comme grand fournisseur sur
le marché mondial et en meme temps comme acheteur de pro-
duits industriels etrangers. On ne peut pas regarder la réforme
agraire uniquement du point de vue des troubles que devait
forcément amener une revolution si considerable dans la pro-
priete. II faut la considerer comme la plus grande réforme sociale
que la Roumanie ait exécutée relativement en fres peu de temps
et avec succes; car la plus grande classe du pays est plus con-
tente, plus heureuse et plus aisee; et l'Etat et l'économie
nationale en tirent du profit. II faut accepter les consequences,
économiques facheuses, le deplacernent de la production et le
recul des exportations, amenees par d'autres circonstances encore.

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VIII. Les associations.
Les associations sont en pleine prospérité en Roumanie.
El les sont devenues pour le pays ce que l'Anglais Greely avait
dit d'elles en 1872: «un mot magique de notre siecle.» Nous
avons dejà vu quelle est leur importance pour la reforme
agraire. El les ont aussi de rinteret pour retranger; car elles
sont le trait d'union entre les producteurs roumains et les
fournisseurs étrangers. Celui qui vent, par exemple, exporter
des machines agricoles en Roumanie devra generalement entrer
en relations avec les associations comme preneurs; ii livrera les
machines h elles et non aux paysans. II est done important
de connaitre leur développement et leur organisation.
El les sont encore jeunes en Roumanie, et n'ont pas beau-
coup plus de 30 ans; neanmoins elles se sont rapidement deve-
loppées. El les ont leurs origines dans le désir du paysan d'ame-
liorer sa situation économique. Leur chef intellectuel, M. Spiro
Haret, a de grands merites dans la realisation de l'idée d'associa-
tion. 11 était professeur de rnathématiques a l'université de
Bucarest et auteur d'un livre (en langue francaise) sur la me-
canique politique. Etant ministre de l'Instruction publique, il a
encourage théoriquement et pratiquement l'idée d'association a
l'aide du pretre et de l'instituteur de village; il a énormément
contribue a l'essor des associations. Mais cet essor aurait ete
impossible si le mouvement n'avait pas ete seconde par les
pretres, les instituteurs et les fonctionnaires.
Les associations les plus importantes sont:
10 Les associations', de credit;
20 Les associations d'affermage;
30 Les associations d'usine et de consomrnation.
Les associations de credit sont a la tete des asso-
ciations roumaines; elles ont éte créées pour se défendre de
l'usurier. Une grande usure naquit dans ragriculture irnme-
diatement apres l'émancipation des paysans. Ceux-ci etaient
exploités par les juifs. Nous en avons déja parle plus haut.
Lorsque cet état de choses empirait de plus en plus, deux
ou trois simples instituteurs de villages recules de l'Olténie
prirent l'initiative et montrerent aux paysans comment ils pou-
vaient se sauver de leurs propres moyens. La premiere banque

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204 Les associations

populaire fut fondee en Roumanie en 1891 et organisée


d'apres le systeme Raiffeisen. En 1903, leur situation juridique
fut reglee par la loi sur les Banques populaires et les Asso-
ciations villageoises. Elle est encore en vigueur aujourd'hui
apres avoir subi plusieurs modifications. Elle simplifia les forma-
!lies de fondation et régla les cotisations d'apres le principe de
Raiffeisen. Elle créa une juridiction de Padministration corn-
munale relative A la legalisation des signatures, aux contrats
de credits et aux poursuites des débiteurs. A la tete de l'organi-
sation, on institua une centrale portant le nom de Caiss e
centrale des Ban ques populaires et Associations
villa geoise s. C'est un organe de l'Etat qui a pour mission
de diriger, contrôler et financer les associations.
La Caisse centrale accorde des emprunts A bon marché
aux associations, recoit des depôts d'épargne et ouvre des cre-
dits en compte courant. Les associations recoivent la moitié
de son benefice net; l'autre moitié est affectee au fonds de re-
serve. Celui-ci lui perm et de soutenir les associations qui sont
dans une situation difficile.
Elle exige que les associations ne dépassent pas le taux
d'intéret maximum qu'elle fixe. L'administration des associations
de credit ayant un capital social inférieur A 10 000 lei est gra:
tulle. La responsabilité des membres est limitee au montant
de leur part. Les statuts des associations 'ne peuvent etre
modifies sans l'autorisation de la Caisse centrale. Elles sont
exemptes par la loi de certains impôts et taxes et possedent en
outre d'autres privileges.
La loi d'association et la Caisse centrale ont largement con-
tribué A la prosperité des associations de credit rural. Leur
rapide accroissement survenu apres la promulgation de la loi
le prouve.
date nombre des nombre des capital verse
associations de credit membres en lei
1902 750 59 844 4 250 600
1910 2 650 454 187 61 016 395
1919 3 114 678 061 243 863 356
Plus tard, ces associations de credit (Banques populaires)
ont commence A se grouper en grandes unites ou féderalies.
On a voulu etablir ainsi des rapports solidaires entre les di-
verses associations et faciliter leurs relations avec la Caisse
centrale. Il s'agissait en outre de faciliter l'émission d'em-
prunts, de faire travailler les dépôts, de faire de la propagande,
d'organiser l'éducation syndicale et d'effectuer le contrôle par
des organes propresl.
1 Jonescu Sisesti dans son rapport au congrès international d'agri-
culture 6 Paris, mai 1923; dans le Buletinul Agriculturii, 4e année, tome II,
1923, Nos 4, 5, 6.

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Les associations de credit 205

Les associations de credit rural ont continue A se multi-


plier. D'apres les données de la Centrale, ii existait au
31 décembre 1922:
Banques populaires nombre des nombre capital deplits bilan
qui travaillent avec bongoes des
la Centrale populaires membres depose a vue general
Ancienne Roumanie 3 213 717 507 398 900 000 306 100 000 1 064 000 000
Bessarabie 373 219 503 2 700 000 23 200 000 69 300 000
Bukovine 362 241 262 3 300 000 22 900 000 43 100 000
3 947 1 178 272 404 900 000 352 200 000 1 176 400 000

II n'existe qu'une seule c e n tr ale, A Bucarest, pour toutes


les Banques populaires. L'organisation comprend en outre les
f edér ales, c'est-A-dire des reunions de Banques populaires
d'apres les contrees (districts). L'a ssociation villageoise
represente la plus petite unite.
Dans l'a ncienne Roumanie, II y a 45 fédérales posse-
dant un capital total de 18 millions 900 000 lei.
En Tr an syl van i e, ii y a 125 Banques populaires qui
travaillent avec la Centrale de Bucarest, 622 Caisses de credit
et d'epargne qui travaillaient autrefois avec la Centrale des
Banques populaires A Budapest; aujourd'hui, ces relations ont
eesse; 160 Associations Raiffeisen, sociétes filiales de la grande
Association Raiffeisen de Hermannstadt. La Transylvanie
possede en tout 907 associations de credit.
En Bessarabie, on compte 362 associations de credit
possedant un capital de fondation de 3 millions 300 000 lei; au
31 decembre 1921, le capital souscrit s'elevait à43 mil-
lions 100 000 lei.
Une loi pour l'unification des associations est en prepa-
ration. Elle a pour but de supprimer les differences qui existent
entre les diverses provinces. II est tout naturel qu'un si grand
appareil ait besoin d'employes possedant des connaissances spe-
ciales. La Centrale des Banques populaires a pris l'initiative
d'organiser un enseignement syndical. Le mouvement des asso-
ciations a pris une grande extension; aussi les associations
villageoises ne peuvent plus s'appuyer uniquement sur les in-
stituteurs, les pretres et les simples employes communaux. II
faut des hommes instruits pour diriger les associations, former
des employes, assurer la propagande et le contrôle.
Les écoles de comptabilite et d'instruction syndicale se sont
organisees sur une base ferule apres la guerre. En 1922, le
nombre des éleves était de 577. A Bucarest, ii existe une
Academie pour Petude des associations; 40 étudiants ont (MP
obtenu le diplOme de cette grande ecole; 80 sont actuellement
immatricules; l'école existe depuis 1920.

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206 Les associations

La Roumanie possede encore une autre sorte d'association


prospere, in connue dans les autres pays : l'a sso ci a ti o n d'a f -
f er m a g e. Elle donne au mouvement syndical roumain sa
tournure particuliere; elle est en relations étroites avec la rC-
partition de la proprieté avant la réforme agraire. Elle se de-
veloppa plus tard que les associations de credit, de 1906 a 1908.
Voici a quelles causes elle dut sa naissance.
Dans le passé, le paysan souffrait énormement du manque
de terre. Les paysans se réunirent pour y remédier. A partir
de 1903, ils créerent des associations qui devaient mettre des
champs a la disposition de leurs mernbres. Ces terres étaient
louées et les ressources destinees a payer ,le fermage, les
impôts et autres dépenses collectives étaient administrées en
commun.
Ces associations paysannes entraient en concurrence lors-
qu'un bien était a louer avec d'autres fermiers, la plupart du
temps, des etrangers, des Grecs ou des juifs. La legislation Iles
favorisait. En 1909, une loi destina que les domaines de l'Etat
et la propriété privée agricole des corporations publiques ne
devaient etre affermes qu'a ces associations. Elles se sont si
rapidement developpees qu'apres dix ans elles pouvaient ,con-
currencer tous les fermiers. Les associations de credit leur
fournissaient d'ordinaire les moyens nécessaires a leur fondation.
Si le capital etait insuffisant, la Caisse centrale le completait.
Celle-ci secondait et contrôlait aussi cette sorte d'association.
Les membres de l'association d'affermage étaient solidaire-
ment garants envers la Caisse centrale et les bailleurs. Cette
obligation de responsabilité solidaire de tous les membres offre
une garantie suffisante. Jusqu'ici elle a été sans consequence,
car les paysans remplirent constamment leurs engagements. II
en résulta que les proprietaires préférerent ces associations aux
autres postulants quand ils voulaient louer leurs champs.
Chaque association d'affermage est assistee d'un agronoine
qui a suivi les cours d'une ecole moyenne ou d'une grande
école d'agriculture. La Caisse centrale le nomme. 11 conseille
les paysans dans le choix des semences, animaux, machines.
La direction de l'association appartient a trois délegues élus
lors de la fondation et dont le mandat dare pendant tout le
bail.
L'association qui loue des terres ne les fait pas valoir
elle-meme, sauf lorsqu'il s'agit de branches d'exploitation pro-
pres a etre exploitees en commun. D'ordinaire, le sol loué
par l'association est parcelle et reparti entre les membres.
L'association fait le nécessaire pour leur procurer a tous les
semences de meilleure qualité, des machines agricoles et des
animaux de trait; elle veille a ce que les terres soient cultivem
rationnellement et organise la vente en commun de la moisson.

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Les associations d'affermage 207

Ces associations se sont rapidement developpees. En 1903,


on en comptait 8; leur nombre s'etait decuplé 3 ans plus tard.
Les chiffres suivant indiquent leur développement:
nombre des sup erficie fermage nombre des capital
amide associations louée en en lei membres verse
hectare
1908 172 133 227 3 628 062 23 263 852 163
1910 378 283 381 9 230 806 62 009 2 486 433
1918 496 406 664 17 235 115 82 293 6 705 153

H existe encore des associations pour l'achat de


p r opr i é t é s. Secondées par les Banques populaires et la
Caisse centrale, elles achetent des biens pour les parceller
et les répartir entre leurs membres. Ceux-ci payent le prix
d'achat en annuites de 10 annees au plus. Jusqu'a l'acquittcment
de la dette, le sol est sous le contrôle d'un adrninistrateur et
de plusieurs delegues, comme pour les associations d'affermage.
Nous avons vu au chapitre de la réforrne agraire le role
important que les associations d'affermage ont joué dans l'ex-
propriation des grands biens. Par la loi agraire, l'idee d'asso-
ciation a pris un nouvel essor. Dans beaucoup de contrées,
les paysans ont fondé des associations pour la mise en valeur
du sol, pour l'achat de machines et d'outils, de semences, pour
l'organisation de la vente en commun des céréales. En 1923,
le nombre de ces associations etait le suivant:
nombre superficie capital
associations des en fermage d' prix
achat capital de
membres hectares fondation
associations
d'affermage 142 16 695 87 010 3 282 917
associations
d' achat 111 6 106 34 888 65 044 404
associations
agricoles 105 8 125 8 963 793 2 031 393
358 30 926
La reforme agraire a reduit le nombre des associations qui
achetaient du sol parce qu'elle a résolu le probleme de la
repartition de la propriete.
Les nouvelles forces qui existent dans la classe des pay-
sans devenus independants continueront a travailler pour le
bien de la collectivite grace aux associations. II importe ce-
pendant d'eliminer les desavantages de la pulverisa-
tion de 1 a p r o du ction causee par l'existence de nombreuses
petites exploitations. Les associations y parviendront en ache-
tant tout ce que les paysans ont a vendre pour le mettre a la
disposition du reste de la population ou de l'étranger a Paide
du commerce. L'idee d'association renferme le meilleur moyen
pour consolider le royaume roumain.

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208 Les associations

D'autres associations ne se sont pas si fortement deve-


loppees parce qu'elles ne repondaient pas h une si pressante
necessité que celle impliquée par les conditions de credit et
de proprieté fonciere.
Ce sont les associations de consommation (associa-
tions d'achat et de vente), associations d'usines de diverse sorte,
telles que les associations d'exploitation de forets, de laiterie,
de boulangerie, de meunerie, de machines agricoles, de mines,
de pecheries, etc. Le tableau ci-apres nous donne une idée
de leur importance.
nombre des nombre des capital de
année associations membres fondation
1910 454 21 236 2 688 293
1919 755 39 935 4 491 810

L'activite accessoire exprimee dans ces associations avait la


tendance de se concentrer dans des mains heterogenes qui
n'avaient aucune relation avec la population oil elle était exercée.
Le petit commerce du village, la boulangerie, la meunerie,,
les ateliers mecaniques, les batteuses, l'exploitation des forets
ont passe d'une maniere inapercue dans d'autres mains que
celles des paysans.
A ce sujet une reaction instinctive s'est produite a l'aide des
associations. Leurs debuts ont été plus modestes que ceux des
associations de credit parce que le probleme a résoudre parais-
sait moins urgent.
En 1919, on fonda la Centrale des associations de production
et de consommation. Elle est devenue un grand institut qui
est en etat de seconder, de diriger et de financer les associations.
Son capital et ses reserves s'élevent a 45 millions. Elle a con-
senti des credits a diverses associations et fédérales du montant
global de 830 millions 200 000 lei. Elle est soutenue par la
Banca Nationale qui lui a ouvert un credit en compte courant
de 200 millions lui permettant de négocier des lettres de change
jusqu'au montant de 200 millions; un autre credit de 200 mil-
lions pour l'approvisionnement en mais des contrées qui n'en
produisent pas; et enfin un troisieme credit de 150 millions
pour l'achat de marchandises. La Centrale a execute de gran-
des operations a l'aide de ces credits et par ses propres moyens.
De 1919 a 1922, elle a achete pour 178 millions 400 000 lei
pour approvisionner ses succursales en coton, lin et instruments
agricoles.
En meme temps, elle a exp o r t é pour son propre compte
et pour ceux des associations 12 000 wagons de céréales en
France et 15 000 wagons de froment en Suisse conformément au

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Les associations de consommation 209

traité passe entre ces Etats et la Roumanie. Elle a également


exporte 14 000 wagons de diverses céréales pour le compte de l'Etat.
A l'aide des associations affiliées, elle a acheté des produits
dans les contrées qui avaient eu une bonne récolte pour les
vendre la oh il y avait un manque.
De 1920 a 1923, elle a imp or té pour 225 millions de lei
d'articles agricoles et de marchandises pour approvisionner les
associations affiliees.
Sa principale activité a eté la propagande et les conseils
qu'elle a donnes pour la fondation d'association de production
et de consommation de 1919 a 1923.
En 1919, il existait dans l'ancienne Roumanie 755 asso-
ciations avec 39 935 membres et 4 492 000 lei de capital verse.
Quatre années plus tard, au 31 décembre 1923, le nombre des
associations avait double et celui des membres quadruple; la
puissance financiere représente par le capital verse était 14 fois
plus grande qu'en 1919.
Les associations comprenaient, en 1923, les sortes de pro-
duction les plus diverses:
1 073 associations pour l'approvisionnement et la vente commune,
399 II l'exploitation des forets,
PP

3 PI les eaux minérales,


PP

6 II PI les boulangeries,
16 PP IP les meuneries,
11 PP 9I l'achat et la location de machines agricoles,
7 PI IP les laiteries,
3 PI PI les machines agricoles,
9 .1 9 IP les pecheries,
41 PI II diverses entreprises,
1 568 7, dans l'ancienne Roumanie.

Au 31 decembre 1923, le nombre des membres et le capital


de ces associations etaient comme suit:

Ancienne Roumanie.
territoire nombre des nombre des capital souscrit capital verse
associations membres en lei en lei
Ancienne
Roumanie 1568 144 780 80 077 310 63 395 073

Provinces adj ointes.


Transylvanie 615 86 895 24 465 710 11 522 469
Bessarabie 313 56 297 3 489 884 3 406 543
Bukovine
Total
12
940
_ 138
143 330
298 906
28 254 500
207 811
15 136 823
Total general 2 508 288 110 116 331 810 78 531 896
14

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210 Les associations

La plupart des associations dans les territoires nouvellement


rattachés sont des associations de production et de consom-
mation. El les sont ainsi devenues une grande puissance dans la
vie économique.
Parmi elles, les associations forestieres méritent de
retenir notre attention; elles doivent completer l'action économi-
que de la réforrne agraire. Dans les montagnes, les paysans n'ont
pas pu participer a ses avantages, car la superficie du sol cultivé
était tres petite. Une colonisation sur une grande échelle était
aussi impossible. La population devait trouver d'autres moyens
pour utiliser son travail; ce sont les forets qui les lui ont fournis.
Les paysans se sont organisés en associations forestieres. Ils
sont en meme temps entrepreneurs et ouvriers. L'Etat leur vend
des forets. La Centrale leur accorde son attention particuliere;
engage le personnel technique pour l'association et met des
credits importants A sa disposition. Elle a déjà consenti pour
plus de 103 millions 700 000 lei de prets. 28 associations .fores-
tieres sont organisees en grandes entreprises; elles ont 30 fabri-
ques, 65 scieries et disposent de 2050 C V.
Le développement qu'ont pris les entreprises forestieres
montre que ces associations tendent a devenir industrielles et
commergantes. Cette tendance est accentuée par le passage des
associations communales A la Centrale des associations de pro-
duction et de consommation.

Ces consideration nous montrent que l'idee d'association a


pris une grande importance en Roumanie. II existe actuellement
plus de 8000 associations avec un million de mernbres environ
pour une population totale de 17 millions 500 000. Elles dis-
posent d'un capital verse de 500 millions de lei sans compter
les capitaux de la Centrale et des fedérales. Ce ,grand succes
est dü a l'organisation, a l'esprit de communauté qui animent
les paysans et a la legislation qui encourage l'association. La
legislation devra a l'avenir unifier les associations dans les
diverses parties du pays. En Roumanie, on regarde le mouve-
ment d'association comme le moyen propre a supprimer, les
années qui viennent, les troubles qui ont surgi dans Peconomie
a la suite de la division des grandes propriétes. 11 est aussi le
moyen pour relever bientôt la production. «Il est certain, dit
M. Sisesti dans son rapport au Congres international agricole a
Paris, que la Roumanie grandira considérablement, par rapport A
la production actuelle, par Peducation du petit agriculteur et par
les associations. Les paysans devenus proprietaires fonciers,
organisés en associations, créeront les conditions d'une évolu-
tion dont les premiers pas ont éte faits maintenant.»

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Les associations forestieres 211

Pour nous resumer, disons que les associations ont, sous la


forme d'associations de credit, résolu le probleme du credit agri-
cole; sous la forme d'association d'affermage, elles ont assure
le sol aux paysans avant la réforme agraire et assure son exe-
cution technique; enfin elles ont fortement contribue a l'emploi
de la technique moderne, au relevernent de la production, a .la
concentration et a l'écoulement des produits comme associations
de production et d'usines. Leur importance économique reside
dans l'execution de ces trois grandes fonctions.

14*

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IX. L'industrie.
La Roumanie est le pays des contraires. Les transitions qui
rapprochent et relient les extremes dans les autres pays euro-
peens manquent Le fait que dans Pagriculture et dans l'industrie
ii n'y a pas de classe moyenne le montre clairement La réforme
agraire a, il est vrai, introduit un changement dans l'agriculture.
Mais, dans l'industrie, les petits et les tres grands se trouvent
côte a côte, sans classe assez étendue qui puissent les réunir.
En d'autres termes, la transformation des matieres premieres a
lieu, en partie dans des ateliers tres primitifs, en partie dans des
entreprises de technique moderne. Nous rencontrons, d'un côté,
dans une grande mesure, la petite industrie, dans la maison du
paysan; de l'autre, la fabrique moderne. La premiere est autoch-
tone et sédentaire; elle est sortie de Pagriculture indigene et
s'est developpée dans son cadre. La seconde est un produit
étranger importé. On a pu eriger et exploiter de grands établisse-
ments d'une technique parfaite seulement a l'aide d'ingenieurs
&rangers et de fabriques etrangeres qui ont livre les machines.
La Rournanie n'est pas absolument depourvue du systeme
industriel qui existe dans l'histoire économique des pays euro-
peens entre Patelier paysan et l'usine; mais ii ne possede pas
l'importance qu'il a dans d'autres pays, meme tres développes. La
Roumanie a en quelque sorte franchi le degré intermédiaire.
Elle a introduit aussitôt le systeme des machines de l'usine,
avec l'aide de Petranger, a côte de la production réunie a Pagri-
culture. La grosse industrie, minoteries, filatures, tissages, cor-
donnerie, que nous rencontrons en Roumanie, a éte créée, pour
la plus grande partie, par des maisons etrangeres. Les grands
moulins du Banat ont éte construits par les maisons Amme,
Gieseke & Konegen (Brunswick) ou par Seck (Dresde); les
grandes fabriques de machines ont achete leurs machines dans
les usines de l'AEG (Berlin). Les maisons sont roumaines; mais
leurs moyens d'exploitation, la superconstruction des etablisse-
ments sont &is aux facultes techniques des autres pays qui ont
atteint dans leux développement le niveau des industries d'Etat.
Dans d'autres pays, les formes primitives de la production ont
presque disparu, repoussees par la fabrique; en Roumanie, elles
jouent encore un grand role. L'industrie domestique couvre en-
core la plus grandepartie des besoins des campagnards. Le
signe caracteristique de l'industrie roumaine est l'existence,

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La petite industrie 213

côte a côte, de la forme industrielle toute primitive et de la


forme fres développée. Nous nous occuperons tout d'abord de
la premiere.
La petite industrie.
«Les systemes d'exploitation industrielle primitifs, dit le
professeur Dr Bucher,1 ont eté jusqu'ici, a peine observes dans
leur grande importance historique bien qu'ils aient regles la vie
économique des peuples, pendant des siecles, et laisse de pro-
fondes traces dans leur organisation sociale.» 11 n'y a pas de
doute que l'étude de la petite industrie en Roumanie, qui est
pratiquee en grande partie dans la maison paysanne et que nous
appellerons, comme l'auteur que nous venons de citer, i n dustrie
domestique, est d'une grande valeur scientifique et pratique;
car elle nous montre, comment un peuple agricole couvre lui-
meme la plupart de ses besoins, quelles methodes ii emploie pour
fabriquer les principaux objets d'usage journalier, comment les
produits des fabriques indigenes et etrangeres pénetrent peu a
peu dans l'exploitation ancienne, comment ce phénomene est
accélere par les effets du trafic moderne qui fait disparaitre peu
a peu l'ancienne forme. Aujourd'hui encore, ce changement n'est
pas fres avance. La situation de la petite industrie paysanne a
son importance pour l'écoulement des produits étrangers en Rou-
manie. Une substitution se produira par la production des fabri-
ques indigenes, par les importations, ou par ces deux facteurs
réunis, a mesure que la petite industrie se reduira pour faire
place a des methodes plus completes.
La forme primitiVe de la fabrication de produits dans l'exploi-
tation rurale consiste a transformer et a consommer des matieres
premieres dans la maison. Dans le degre de développement
suivant, les besoins personnels sont dépasses et l'on travaille
pour le marché. Le paysan produit pour vendre ce qu'il ne peut
pas utiliser dans sa propre exploitation. La Roumanie se trouve
aujourd'hui a ce degre.
II est typique que la butte dans laquelle le paysan demeure
est rceuvre de ses mains et que les objets et installations qu'elle
renferme ont été crees par lui. 11 faut dire que cette construction
est excessivement simple. Elle se compose d'argile et de bran-
ches de saule, avec un toit de roseaux ou de paille. Les vete-
ments des membires de la famille, filles et garcons, sont fabriques
dans la maison avec le lin ou le chanwe que l'on cultive, ou avec
la laine des moutons qu'on eleve. Ainsi, la nourriture, le loge-
rnent et l'habillement sont crees par la voie qui consiste a se
suffire a soi-meme.
1 Karl Bucher: Die Entstehung der Volkswirtschaft, 2e edition.
Tubingue, 1908, pages 129 et 130.

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214 L'industrie

Le meme syteme a toujours existé en Bukovine. «Dans


le petit milieu de la famille ou a l'intérieur des limites étroites
du village, les ruraux de la Bukovine se procurent tout ce
dont ils ont besoin pour vivre. D'ordinaire, l'homme sait ac-
complir les travaux du charpentier, du couvreur, dans la con-
struction de sa maison, tandis que la femme se charge de
recouvrir de mortier les parois, de fermer les fentes avec de la
mousse, de battre la terre du sol et d'autres travaux. Depuis
la culture des plantes a fibre ou de l'éleve du mouton jusqu'à
la fabrication des draps de lit et du vetement en lin, Phabitant
des campagnes de la Bukovine produit tout, laine, fourrure, cuir,
feutre ou paille tressée, meme les couleurs que lui fournis-
sent des plantes cultivées dans ce but et les outils excessivement
primitifs dont il a besoin. Il en est de meme de sa nourriture.
Avec beaucoup de peine, le paysan cultive son champ de mais,
fabrique avec un moulin a main la farine qu'il utilise pour pré-
parer son principal aliment (la mamaliga semblable a la polenta).
Ii sait aussi fabriquer ses simples instruments aratoires, les réci-
pients et les ustensiles pour son 'exploitation et sa cuisine, lou
du moins, un autodidacte du village le sait. Seul, le travail du
fer, que la population indigene emploie en tres petites quantités,
est laissé en general aux bohémiens disperses dans le pays.1
Ii existe un excellent ouvrage sur l'industrie domestique de
la Roumanie; c'est celui de Nicolas J. Moga de Mircesti.2 II
decrit les tissages de tapis qui jouent un grand role en Rou-
manic, car les tapis sont une partie importante de l'installation
intéxieure des maisons des paysans; puis la fabrication des paniers,
le tressage des joncs, le travail du bois, la fabrication d'usten.
siles en faience des sartes les plus ,diverses et celle des den-.
telles. En revanche, il ne pade pas de l'éleve du ver a soie tres
répandu et de la filature des fils de soie a domicile. Les avan-
tages de ce livre resident dans sa base empirique. Moga decrit
un certain nombre de villages connus par le travail de quelques
types de petits paysans. Pour montrer la part des produits in-
dustriels fabriqués par la famille d'un paysan dans son budget,,
il prend une ou deux familles et etablit leurs depenses et leurs
recettes, chose certainement tres difficile, car le paysan roumain
n'est pas tres renseigne là-dessus et ignore ce que c'est que la
comptabilité. Mais le tableau qu'il fait de l'activite de ces gens
simples, travailleurs, vivant souvent dans des conditions tres
peu hygieniques et meme miserables, est parfois poignant. Quelle
peine doivent-ils se donner pour fabriquer chez eux, avec des
outils primitifs ce qu'on peut produire a l'aide des machines
i C. A. Romstorfer chez Exner: die Hausindustrie Oesterreichs, page
159; cf. H. Wiglitzky: die Bukowinaer Hausindustrie und die Mittel und
Wege zur Hebung derselben, Czernovitz, 1888.
2 Moga: Ueber ländliche Hausindustrie in Rumanien. Inaugural-
Dissertation, Halle, 1909.

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L'industrie domestique 215

d'une fawn excessivement simple et a peu de frais. Cela ne veut


pas dire que les produits de l'industrie domestique soient de
qualite inferieure; au contraire les habits et les chemises fabri-
ques dans la maison paysanne, avec beaucoup de soins et une
grande dépense de travail, sont beaucoup plus durables que les
produits analogues des machines. On pent employer un produit
d'autant plus longtemps qu'il renferme plus de travail humain;
c'est la un vieux principe d'économie politique qui est principale-
ment valable pour les objets fabriques par l'industrie domestique.
«Dans certaines localites, comme Brenza, Moreni, Campulung,
ecrit Moga, on fabrique des produits de qualité, des tapis, bro-
deries et tissus dans lesquels l'industrie domestique, par une
technique plus fine et une plus grande habilete, a une avance
sur la fabrique. II existe en outre nombre d'industries, telles
que la production de la soie, les dentelles au crochet, dentelles
au fuseau, sculptures sur bois qui, jusqu'a ce jour, n'appartien-
nent qu'a l'industrie domestique. La plupart des articles que le
paysan fabrique pour son exploitation sont concurrences par les
produits des fabriques; la vannerie fait une exception.
L'étranger qui arrive en Roumanie est surpris par les cos-
tumes nationaux des paysans et des paysannes. Ils sont décorés
de jolies broderies et entierement fabriques a la maison. La
filature et le tissage dotnestiques s'etendent en premiere ligne
sur la fabrication de l'habillement.
En été, les hommes de la plaine portent des pantalons blancs;
en hiver, un pantalon de laine blanche ou brune; par-dessus, une
chemise descendant jusqu'au genoux, maintenue par une cein-
ture autour des hanches. Comme chaussures, ils portent des
«opinci».
Les femmes portent egalement une longue chemise, main-
tenue par une ceinture; par-dessus, un fichu sombre et carre,
la catrinta (horbotka), dont les bouts sont croisés sur le deivant.
Il est fabrique en laine. La catrinta remplace la jaquette; elle
est en drap brun ou noir, a raies de diverses couleurs, parfois
a filets d'or et d'argent avec une bordure. Un mouchoir re-
couvre leur tete.
On distingue la chemise de fete et la chemise de travail.
Toutes les deux sont munies de broderies.
Ces vetements, de la toile fine et grossiere, de jolis fichus
a dessin sont fabriques a domicile; puis des couvertures gros-
sieres, une etoffe de loden grossiere, noire, brune ou blanche,
avec laquelle on fait les pantalons des hommes; enfin des cein-
tures en couleur avec des poches pendantes.
Le filage et le tissage de la laine, du lin, du chanvre et du
coton sont partout repandus dans le pays. Tous les membres

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216 L'industrie

de la famille y participent, en premier lieu les femmes naturell


lement. Les filles les apprennent de leur mere. A rage de 8 ans,
elles cornmencent a filer. Parfois, on fait appel a une femme du
voisinage. Les paysannes dirigent le travail. On rencontre des
femmes qui portent une quenouille. «Lorsque la paysanne a
fixe la laine avec du fil A la partie supérieure de la quenouille,
elle la fixe dans sa ceinture sur le côte gauche du corps, com-
mence a firer la laine avec la main gauche et A tourner le rouet
de la main droite. Souvent les paysannes filent ainsi en se
rendant chez une voisine ou dans les champs; dans les contreets
montagneuses, on peut voir frequemment des femmes A cali-
fourchon sur un cheval, filant diligemment.1
Le tissage des tapis est célehre. En Roumanie, comme en
Orient, les tapis sont une partie de l'installation et de l'ornement
des appartements. On peut voir des pieces de la classe aisée
qui ne renferrnent que des tapis couvrant le plancher et les
murs. Us sont tres repandus et les familles de paysans les
emploient aussi. Genéralement, ils sont a jolis dessins géo-
metriques, A motifs de plantes. Les premiers representent des
surfaces irrégulieres, des carres, des rosettes hexagonales et
octogonales. La plupart des ornements sont adaptés aux ob-
jets qui jouent un role dans l'exploitation paysanne: de grosses
et petites roues, des anneaux, des comes de Mier, des herbes,
des verges, des epis, des araignees. On imite aussi des orne-
ments de plantes, tels que branches, feuilles, fleurs, fruits des
champs et des forets; des animaux, tels que chiens, poules,
vers, coléopteres; des instruments aratoires, rouets et d'autres mo-
tifs se rapportant aux phases du travail. On reconnait ainsi
comment l'art est réuni au travail et représente en somme un
reflet des phenomenes qui forment le milieu immédiat du pay-
san. Cela n'empeche point que beaucoup inventent aussi des
motifs speciaux et indépendants de leur entourage, combinent
des modeles propres. Les tapis d'Orient avec leur ornementation
particuliere leur servent peut-être aussi de modeles. Ces tapis
qui se trouvent fréquemment depuis longtemps dans les églises
roumaines sont d'une haute valeur artistique pour l'enseigne-
ment par l'aspect.
Kolbenheyer a qui l'on doit un volumineux et excellent
olivrage sur la broderie2 a relevé l'accord singulier qui existe
entre l'industrie domestique des peuples des Balkans, malgré
leurs diversites régionales, et celle des Finlandais, Norvegiens
et Suedois. Les tapis de ces contrées sont souvent analogues
par leur technique, dessin et couleurs, A ceux fabriques en
Roumanie. «Neanmoins il faut se demander comment cela se
1 Moga, page 13.
2 Kolbenheyer, directeur de l'Ecole industrielle publique de Czerno-
vitz: Motive der hausindustriellen Stickerei in der Bukovina, Vienne, 1914.

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L'industrie domestique 217

fait que l'ornementation générale de la Bukovine, qu'elle soit


roumanie ou ruthene, possede un nombre important de mo-
tifs que l'on retrouve dans des zones étrangeres tres éloignees
et que les relations reciproques existant dans le pays ne peu-
vent nullement expliquer. C'est la nature de l'art populaire
de fleurir, sans se soucier des frontieres linguistiques et na-
tionales, partout oui la population trouve les mémes condi-
tions d'existence et oii regnent les mêmes habitudes . . .
Par-dessus l'espace et le temps, l'ornementation de la Bukovine
forme un lien entre le nord et le sud, entre celle du grand
territoire russe et celle du territoire balkanique, partout oh
la population rurale vit depuis longtemps dans les memes con-
ditions et travaille la terre natale.» Tous ces peuples sentent
et pensent de la meme facon. II n'y a donc rien d'étonnant
que leur art possede la meme expression.
Les modeles des tapis ont des couleurs qui sont preparees
dans les maisons. Les regles de l'harmonie sont rigoureuse-
ment observées sans qu'un membre de la famille ait recu une
instruction quelconque. L'instinct nature! dit ce qui va ensemble.
Pour colorer le fil et la laine, on emploie les ,feuilles, les
fleurs et l'écorce de diverses plantes que l'on cueille en temps
propice, seche et prepare. Pour preparer le jaune citron, on
utilise la couleur du genet (genista tinctoria). Fin juin, a
Pepoque de la pleine floraison, on cueille les fleurs, on les
seche, on les fait cuire dans l'eau; on les laisse refroidir, puis
on y ajoute 2 a 3 pincées d'alun; on y plonge ensuite le fit
blanc que l'on veut colorer en faisant bouillir encore une .fois
la dissolution.
La couleur rouge est tres employee. On l'obtient a l'aide
des feuilles et des fleurs des pommiers sauvages, ou avec les
feuilles et les fleurs de l'origan (origanum vulgare).
On prepare la couleur bleue en dissolvant le vitriol dans
l'acide nitrique; on fait bouillir une partie dans une chaudiere de
cuivre avec de l'eau en y ajoutant un peu d'alun. On y plonge
la laine blanche en faisant bouillir le liquide de nouveau; elle
prend une belle couleur bleu clair. Si on veut qu'elle soit
foncée, on la fait bouillir deux ou plusieurs fois. On lave
ensuite la laine dans l'eau courante et on la seche.
On obtient la couleur noire avec l'écorce fraiche de jeunes
aunes. On emploie aussi les feuilles de noyer.
Le vert est obtenu en traitant le fil coloré en jaune ,aveg
la couleur bleue.
Aujourd'hui ohi l'on n'a plus assez de temps pour utiliser
ces longs procedés, et oil l'on pent se procurer des matieres
colorantes a bon marché, on les emploie encore. Moga con-

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218 L'industrie

state que les femmes ne savent pas bien s'en servir de sorte
que les couleurs sont parfois trop criardes, qu'elles passent au
soleil, A l'humidité et diminuent la valeur de l'etoffe coloree.

Le professeur Marian de Suceava a publie un travail dé-


taillé sur la teinture des Roumains. II porte le titre de: Chro-
matica poporului romanu de S. Fl. Marianu, Bucarest, 1882.
Moga a trace un tableau de ce travail de petits paysans
dans sa description du tissage de tapis dans les communes
pauvres en terre de Lunca et de Morceni dans le district de
la Dambovita. II s'agit de deux villages comptant 1797 'Ames
ou 479 familles qui sont obligees d'avoir une occupation ac-
cessoire par manque de terres labourables. Le tissage des
tapis est pratiqué dans ces communes par toutes les families,
depuis celle du pretre jusqu'à celle des journaliers. On travaille
toute la journee; en éte, de 5 heures du matin jusqu'à 9 heures
du soir. Deux ouvrieres font en deux jours, a Mormai, am
tapis de 2 metres 50 de long et de 1 metre 50 de large, avec
bordure, du poids de 4 kilogrammes 500. La production familiale
moyenne s'eleve annuellement a 50 tapis pour deux ouvrieres
et A 30 pour une. Ces tapis sont fabriques pour etre vendus.
Le premier degre de I'industrie domestique qui consiste
couvrir les besoins personnels est franchi et a fait place A un
excedent de production. Le commerce se fait en nature. On
echange les produits fabriques contre d'autres. Lorsque la pay-
sanne a besoin de farine, elle donne quelques aunes de toile
qu'elle a tissée ou un autre produit de l'industrie domestique.
Cependant les tapis et les autres produits d'habillernent sont
d'ordinaire vendus aux commercants ou au marche le plus
proche. La paysanne vend ainsi non seulement du beurre, ides
ceufs, des legumes, mais encore des tissus de laine, des tapis,
des tabliers, du fil.
Le tissage des tapis a une fonction qui complete Pactivite
agricole. C'est un travail qui augmente les revenus et occupe
le paysan en hiver quand la nature se repose et gull a peu
a faire dans les champs et chez lui. II remplit le vide des mois
d'hiver.
Les constations que l'on a faites dans une famille pauvre
de la commune de Morceni montrent quelle est la part du tissage
des tapis dans son revenu. Les revenus du tissage domestique
s'élevaient a 44,860/o des revenus totaux; ceux d'une famille
aisee a 23,220/o.
Cependant les progres de l'industrie domestique laissent
beaucoup a desirer. Avec des outils primitifs, on ne peut
fabriquer que des tapis mal travailles. Ils ont un coloris peu
durable des que les femmes ne savent pas utiliser les couleurs

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L'industrie domestique 219

d'aniline. Us sont vendus A bon marché. Les paysans placent


le peu d'argent qu'ils possedent sur des matières premieres; il leur
faut attendre d'avoir vendu leurs tapis pour s'en procurer de
nouvelles. La vente ne se fait qu'à certaines époques de l'annee;
les fabricants sont obliges ou d'attendre ou de vendre les
tapis A perte aux commergants. Celui qui a des ressources test
naturellement mieux partagé. Les marchands sont pour la plu-
part pauvres et ne peuvent pas acheter sur commande.
Dans les families aisées, on préfere parfois les tapis tures. Les
tapis roumains sont excessivement répandus dans le peuple.
Les paysans qui n'ont pas de production les achetent. En 1924,
le gouvernement a defendu l'importation des tapis pour pro-
teger la production du pays. 11 faudrait qu'elle fat secondée
par les machines et que la situation du tissage A domicile Hit
amélioree. Les paysans pourraient former des associations de
production qui leur faciliteraient l'achat des matieres premieres,
de meilleurs outils et de quelques machines A filer pour la
trame, qui seraient mues par l'électricite. La vente devrait etre
effectuee par des commercants qui ont des capitaux. La So-
ciete Fur nica (la Fourmi) a beaucoup contribué a l'écoule-
ment des tapis. Elle fut fondée en 1882 pour encourager la
broderie et le tissage nationaux entre .les paysans. Elle livra
des outils, des matieres premieres, de bons modeles s'entre-
mit pow la vente; les paysannes furent ainsi assurées d'une oc-
cupation constante et remuneratrice. La direction technique du
travail et la vente des produits sont confiées a un comité cen-
tral.On avance de l'argent aux membres pauvres de la So-
ciete.Les clients sont l'administration militaire pour le drap
des uniformes et les ecoles superieures de jeunes filles pour
la toile. On vend meme a Petranger des blouses et des broderies;
les grands Magasins de Wertheim A Berlin, entre autres, tiennent
ces articles.

La broderie des campagnes orne les épaules, les man-


ches et les devants de chemises, les mouchoirs de tete, les
essuie-mains, les mouchoirs, les serviettes, les courtes-pointes,
les tapis de table, les tabliers, etc. Les modeles de broderie de
Gorj, Valcea, Muscel, Prahova, Neamtz et Suceava sont les
plus connus.

La vannerie est une autre petite industrie paysanne


A laquelle la technique moderne n'a pas beaucoup nui; car
on ne peut pas tresser des paniers a la machine. La van-
nerie est par suite predestinee a l'industrie domestique. Les
paniers et les objets tresses sont tres repandus en Roumanie.
On les emploie A des usages les plus divers. Avec les batons et
les verges des sautes qui poussent partout a l'état sauvage, le

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220 L'industrie

paysan tresse des clotures autour de la cour et du jardin, des


murs de granges, des greniers a mais, des échelles de poulailler
et toute espece de corbeilles servant dans l'exploitation. Ce-
pendant la fabrication familiale n'est pas fres répandue. Autre-
fois, les paniers fins étaient importés de l'etranger. Les raisins
et les autres fruits sont aussi transportés dans des cruches,
baguets, sacs et tabliers. Le tressage est enseigné dans beau-
coup d'écoles primaires et d'artisans: pourtant la Roumanie ne
peut pas couvrir ses besoins. La vannerie est fabriquee a do-
micile et dans des fabriques.

Regardons de pres le travail du vannier. L'osier qui croit


dans les vallées est coupe au printemps lorsqu'il est plein de
seve ou au commencement d'aoilt. Le pere s'en va avec ses
fils pour plusieurs jours. La nuit, on écorce les verges. Un adulte
n coupe 4000 par jour. Lorsqu'elles sont seches, on les
apporte a la maison sur un char a bceufs; la femme et ses en-
fants les trient d'apres leur grosseur et en font des paquets que
l'on conserve au grenier ou en un autre endroit sec. On les
met dans l'eau avant de s'en servir. Durant la morte-saison de
l'agriculture, en general en hiver, le vannier commence son
travail sur le plancher de la maison ou sur une planche. En
moyenne, le paysan de la contrée de la Dambovita fabrique
400 paniers par an; ils sont simples, durables, proprement faits.
Lorsqu'il en a fini un certain nombre, ii les charge sur sa voiture
a bceufs et va les vendre a la ville ou aux foires; les colporteurs
les vendent aussi contre leur contenu d'épis de mais ou la moitié
de troment ou de haricots. Certains paysans vendent leur paniers
a d'autres paysans du village ou de villages etrangers.
La vannerie fournit au paysan des revenus qui atteignent
parfois 400/0 de son revenu general. II s'agit principalement
de paysans dont les parcelles sont trop petites pour pouvoir en
vivre. La vannerie sert de complement de recettes.
L'atelier du vannier est tres primitif. La famille demeure,
dort et travaille dans une chambre. Quelques animaux domesti-
ques y vivent aussi a cause de la chaleur nécessaire. On
l'aere le moins possible. Aussi ces maisons sentent toujours le
renfermé. Les rnurs de la chambre sont formes de verges
tressées, recouvertes d'argile et blanchis a la chaux. Le plancher
est en terre comprimée. Les chaumieres des vanniers sont exces-
sivement primitives.
Les paysans sont si pauvres parfois qu'ils ne peuvent pas
acheter suffisamment de matieres premieres. A l'époque de la
coupe, ils achetent quelques milliers de verges a l'aide du credit
des Banques populaires. 11 faudrait que les paysans puissent
louer les vallees a osier pour s'en procurer de grandes quan-
tités et de bonne qualité par des coupes régulieres.

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L'industrie domestique 221

C'est aussi un desavantage que les paniers soient toujours


fabriqués a l'aide de vieilles methodes et qu'on ne fasse pas de
nouveaux modeles. II faudrait apprendre aux paysans des villages
qui font de la vannerie a fabriquer les paniers tres dernandes
et faciles a fake. Puis ii faudrait créer une ecole qui ensei,
gne la fabrication des paniers fins.
Ii faut aussi améliorer les outils du vannier et organiser des
'expositions de divers modeles afin que le paysan puisse con-
naitre les modeles les plus pratiques. Mais toutes ces amelio-
rations ne compenseront pas les desavantages du manque d'hy-
giene des lieux de production.
Parmi les industries domestiques, on compte encore le
tressage des jonc s. Dans le voisinage de l'embouchure
du Danube, ou les joues irecouvrent des milliers d'hectares, ii
y a nombre de villages qui s'occupent du tressage des joncs.
Les paysans vont chercher A 60 ou 70 kilometres, avec leurs voi-
tues A boeufs, la matiere necessaire A la fabrication de paillassons.
On les utilise frequemment A la place des tapis de laine pour
couvrir les planchers, les murs et le lit. Moga a décrit le
tressage des joncs dans la commune de Sivitza, dans Ie district
de Covurlui; elle est située sur le côté ouest du lac de Brates.
et 1613 habitants y vivaient avant la guerre. Depuis long-
temps, on tresse les joncs dans cette commune, car la matiere
premiere est en abondance et la vente des paillassons facile
a cause du voisinage de Galatz et de Braila.
On coupe en aoilit et en septembre les joncs dont on fait
des paquets. Tout le jour les hommes sont dans l'eau let
coupent les joncs avec une faucille. De cette maniere, ils
font 30 paquets par jour. Pour un homme et tine femme,
1 20 paquets suffisent comme matière premiere d'une année.
Pour un enfant, on compte 60 paquets environ. Les trois
premieres feuilles de chaque tige servent A la fabrication des
nasses. La partie intérieure sert A faire les paniers fins. Le
tressage des paillassons se fait A la main A l'aide d'un métier
simple. On ne les colore pas; cependant les paysans les mu-
nissent de jolis dessins en les tressant. Une personne tresse
en moyenne 180 paillassons, 60 paniers et 200 nasses par ,an.
L'homme et la femme ensemble peuvent fabriquer jusqu'à 300
paillassons. Ils sont venclus A Braila et A Galatz. Dans le
village, ils sont moins chers; on les echange contre les ar-
ticles dont on a besoin. Lorsque la paysanne manque de
parole ou de farine et qu'elle n'a pas d'argent, elle paye le
marchand avec un paillasson. Depuis quelque temps, il existe
des communications par chemin de fer et les paysans cornmen-
cent a vendre leurs paillassons directement aux consommateurs.

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222 L'industrie

Le travail du bois est une autre industrie domestique.


La plupart des instruments des paysans sont en bois: voitures
a bceufs et a chevaux, traineaux, cuilleres, fuseaux, moulins,
baguets a laver et a pétrir, rateaux, jougs, brocs, etc. Moga
a decrit le charronnage dans la commune de Tausa, dans le
district de Vaslui. Avant la guerre, le village comptait 4172
habitants, répartis en 910 familles; 430/o étaient charrons. De-
puis longtemps, ils fabriquent des instruments agricoles en bois,
des roues entieres sans utiliser un seul clou. Ils font les
essieux en bois de chene et de hetre, les roues en bois
d'orme, les jantes en bois de frene. Les traineaux a chevaux
sont en frene et en hetre. Le bois de hetre est fres aimé. Un,
homme fait une voiture a bceufs en bois en une semaine si les
,rais sont faits d'avance. On emploie le bois frais, tel qu'il est
coupe dans la foret, de sorte que les objets fabriques ont
bientôt besoin de reparations. Selon Moga, le charronnage
fournit au paysan de cette localité 900 lei de revenu ou 600/0
de son revenu total annuel. La creation d'une Banque popu-
laire a eu d'heureux effets. Les paysans peuvent attendre plus
longtemps une meilleure clientele et ne sont plus obliges de
vendre leurs marchandises a des speculateurs. Actuellement,
le travail du bois souffre a Tausa, par suite des difficultes que
les charrons rencontrent pour se procurer du bois et aussi
a cause de ses hauts prix; des ateliers entiers sont aban-
donnés. Par contre, les tonneliers de la commune de Breaza de
Sus, dans le district de la Prahova sont dans une bonne situation.
«Ils joignent facilement les deux bouts et beaucoup ont des
economies a la Banque populaire.»
L'industrie domestique fabrique aussi de la poterie, des
pots, écuelles, plats, creusets, assiettes, cruches, bougeoirs, sa-
lieres, couvercles, jouets, pots a fleurs, etc.; la forme, le vernis, la
decoration, la qualité de la poterie et du travail varient sui-
vant les localités. Ces articles sont achetés par la population
pauvre. Cette production industrielle domestique fait une grande
concurrence a la porcelaine, a la faience, a la majolique, a la
vaisselle en verre et en fer blanc.
'Moga décrit la céramique dans la commune de Beaza dii
district de la Prahova. Elle compte 405 habitants, repartis en
98 famines, dont 36 potiers, c'est-a-dire 390/0 des famines
ouvrieres. On emploie un argile sableux. On le forme sur
un disque. Les carreaux pour les poeles sont fabriqués dans
des formes en bois spéciales. La cuisson s'effectue dans des fours
primitifs construits dans la cour. Beaucoup d'objets, tels que
les pots a fleurs, les potg a lait, les tuiles a lit ne sont pas vernis;
pour les autres articles, le vernissage est de regle. On tire de
l'étranger les couleurs minérales et la litharge.

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L'industrie domestique 223

On se plaint que les paysans n'adaptent pas leurs produits


au gout du public, n'emploient pas de meilleurs materiaux et
n'attachent pas suffisamment d'importance A leur instruction tech-
nique. Comme presque tous les travailleurs A domicile, ils ne
connaissent pas exactement les prix de revient. Ils manquent
d'association pour l'achat de matériaux et de credit.
L'éle v e du ver a soie est devenu important pour la
Roumanie apres le retour des nouvelles provinces. II a joué un
role autrefois, mais il avait retrograde par suite des maladies des
vers a soie; il a pris actuellement un grand essor depuis que
l'Etat l'encourage.
L'elevage se fait dans les maisons des paysans. La paysanne
achete au commencement du printemps, quand les arbres pren-
nent des feuilles, des graines de ver A soie si elle n'en possede
pas suffisamment. Elles sont placees sur une assiette dans un
four moderément chauffe. Au bout de quelques jours, il en sort
de minuscules chenilles. On les place sur des planches que l'on
pose sur les lits, les chaises, les tables de la chambre d'une
temperature moderee et on les nourrit de feuilles de marier.
Apres un mois, ces chenilles ont grandi; on place des branches
de chene, de genet surtout, sur les planches; les chenilles y
grimpent et s'enferment dans un cocon. Les cocons de couleur
blanche ou jaune, parfois verdAtre, sont recueillis par les femmes
et les enfants comme les fruits sur les branches et mis dans
des corbeilles. Une petite partie est mise de dote pour la repro-
duction. On laisse eclore les chrysalides. Les papillons obtenusl
s'accouplent; les males meurent et on enleve les cadavres. Peu
de temps apres les femelles pondent et meurent aussi. Les ceufs
sont recueillis et conserves jusqu'au printemps dans un local a
temperature moderee.
La plus grande partie des cocons est utilisée A la production
de la soie. On les jette dans une chaudiere contenant de l'eau
bouillante et on les remue avec un baton jusqu'à ce qu'un fil se
defasse; les femmes l'enroulent sur une bobine. Finalement, ii ne
reste dans la chaudiere qu'un tas de vers sans poil que l'on
jette. On fahrique ensuite des tissus sur le métier A tisser avec
la soie enroulee sur les bobines.
Les conditions de la Roumanie sont favorables A Veleve du
ver a soie. II convient comme exploitation accessoire de Pagri-
culture mieux que toute autre. Il est fait particulierement par
les femmes; les travaux des champs n'ont pas A en souffrir.
En outre, il est facile et n'exige ni grands capitaux, ni machines,
instruments cofiteux ou outils.
Une organisation spéciale existe depuis 1905: la Societe
Tesetoarea (la Tisseuse). Elle a ete fondee A Bucarest dans
le but d'encourager Peleve du ver A soie. Une ecole spéciale

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224 L'industrie

enseigne la technique et le tissage A la main. La Societe distri-


bue des chenilles et regle la vente des cocons a Praterieur et a
Petranger. Plus de 50 000 éleveurs lui doivent leurs moyens
d'existence.

Cette branche de l'industrie domestique n'avait pas de 1 o i


protec tr i c e qui encourageat l'éleve du ver a soie dans tout
le royaume. Les provinces retrouvées possedaient un élevage tres
developpe; le gouvernement hongrois lui avait accordé son atten-
tion en Transylvanie et au Banat, de sorte qu'il avait fait de
grands progres et fournissait de grandes recettes.
On y a remédie. En 1921, le gouvernement a presenté au
Parlement1 un projet de loi pour encourager et développer Peleve
du ver a soie et l'utilisation de la soie.
II s'est inspire des lois analogues des pays A élevage de ver
O soIe, surtout du Banat. Son but est de placer sous le contrôle
de l'Etat l'importation des graines de ver a soie, déjà porteurs
de maladies, de créer des instituts publics pour diriger l'élevage,
d'accorder des primes aux éleveurs.
La France et l'Italie sacrifient chaque armee des sommes
considerables dans ce but. La France accorde des primes pour
le kilogramme de cocons; on etudie les maladies des vers, les
methodes d'elevage, la qualite des soies.
Seul, le ministere de PAgriculture sera autorisé A se procurer
des graines dans le pays ou a l'étranger. Des établissements pour
la production des graines seront créés par le ministere ou par
des particuliers autorises. Le prix des graines se dirigera d'apres
la bourse des vers A soie de la France et de l'Italie; le ministere
le fixera et le publiera. Pour empecher la population d'etre ex-
ploitee, le ministere remettra aux paysans qui exercent le tissage
comme industrie domestique une certaine quantite de fils de soie
au prix cofitant, principalement A ceux qui ont déjà pratiqué
Peleve du ver A soie. Les graines, les fils, les machines, appareils,
et outils, sont exempts de droits de douane et de taxe a
l'importation. Cependant l'autorisation du ministere de l'Agri-
culture est necessaire pour importer de la soie et des graines.
Ces marchandises seront transportees A demi-tarif par les chemins
de fer. Le transport se fera par les express pendant la récolte des
cocons du 15 mai au 15 juillet. La preference sera accordee a ces
transports. Le ministere erigera une pépiniere dans tous les
établissements places sous ses ordres, dans les villages, au moins
une par district. Les milriers le long des chemins et des routes,
sur les places publiques deviendront propriété de l'Etat et pour-
ront etre utilises par les eleveurs des communes. Des primes
seront accordees aux instituteurs, aux maires qui auront les meil-
1 Buletinul-Agriculturii, janvier-juin 1921, vol. 1.

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La grosse industrie 225

leurs et les plus beaux mariers. On prélevera sur toutes les soies
naturelles ou artificielles, brutes ou travaillées, importrées un droit
de 1120/0 de leur valeur pour couvrir les depenses entraInées par
les primes, la construction de batiments et les autres rnesures a
prendre. Avec ces recettes, on formera un fonds de 20 millions
de lei pour servir uniquement a ce but. Celui qui pratique l'éleve
du ver a soie sans en faire la declaration au ministere de l'Agri-
culture sera puni; de meme celui qui endommage les marie*.
Des cours sur l'elevage du ver a soie, la culture des mariers,
le travail de la soie seront institues dans tous les établissements
d'instruction pour l'industrie domestique, dans les écoles moyennes
d'agriculture et dans d'autres etablissements. Si les circonstances
le permettent, le ministere de la Guerre enseignera aux soldats
l'éleve theorique et pratique du ver a soie. Le ministere de l'Agri-
culture est tenu de donner, sur demande, des renseignements sur
les plantations de mariers et l'éleve du ver a soie a toutes les
autorités et a tous les particuliers. Le ministere des Travaux
publics est tenu de dormer la preference aux mariers quand on
plantera des arbres sur les bords des routes.
Ainsi l'Etat intervient par ces mesures pour relever la pro-
duction de la soie. La Roumanie, apres le rattachement des nou-
velles provinces, montre une renaissance de l'eleve du ver a soie.
Elle a lieu dans des conditions de développement beaucoup moins
favorables qu'autrefois; un nouveau concurrent de la soie a sur-
gi: la soie artificielle. II faut attendre pour savoir quelle sera
l'influence de cette nouvelle industrie mondiale, dont nous repar-
lerons1, sur les pays veritables producteurs de soie naturelle.

La grosse industrie.
La Roumanie possede une grosse industrie remarquable.
Le ministere du Commerce et de l'Industrie a entrepris, en 1920,
une enquete sur le nombre des fabriques, sur le capital qui y
est investi, sur les machines motrices et les chevaux-vapeur, les
matieres premieres, les combustibles, la quantité et la valeur de
la production, sur le personnel occupe. Ses resultats permettent de
se faire une idée exacte du développement de l'industrie roumaine
apres la guerre.2
Tout d'abord, qu'est-ce que la grosse industrie? Les opinions
divergent sur cette idée. La science n'a pas enore pu tracer une
ligne-limite universellement reconnue. Pour qu'une exploitation
1 Voir le chapitre de l'industrie textile.
2 Ancheta industriala din 1920 dans le Buletinul industriei, juillet-
septembre 1921, publiee par le ministere du Commerce et de l'Industrie,
Bucarest, 1921.
15

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226 L'industrie

soit grande, moyenne ou petite, cela depend de son rendement.


Celui-ci est determine par les forces employees, soit en machines
soit en main-d'ceuvre. En Allemagne, la grosse industrie com-
mence avec 200 CV; la moyenne se trouve entre 25 et 200 CV;
la petite au-dessous de 25 CV.
En Roumanie, on est allé plus loin. Dans l'enquete ci-dessus
mentionnée, on a fixe que tous les établissements qui possedent
plus de 5 CV appartiennent A la grosse industrie. Une exploita-
tion mécanique qui n'a pas de force motrice spéciale et occupe
uniquement des ouvriers est comptée comme appartenant A la
grosse industrie si elle emploie plus de 20 ouvriers. Font exception
a cette regle, les moulins pour lesquels on a fixé la force motrice
de 50 CV, comme minimum. Cette decision a supprimée des
difficultés d'interprétation qui auraient gene la marche de
l'enquete.
II en resulte que l'enquete roumaine renferme 'nombre
d'établissements qui appartiendraient, dans un autre pays, A la
rubrique des établissements moyens ou petits. Le domaine des
établissements comptés est considérablement étendu.
L'enquete a ete faite par les inspecteurs d e l'i ndustri e.
Ils ont rassemblé les données non seulement en chif fres sans
couleur, mais en constatations vivantes. Le pays entier a éte
divisé en 21 inspections industrielles. Chacune d'elles comprend
plusieurs districts selon l'importance de leurs industries. On a
place A la tete de chaque inspection un ingénieur avec un per-
sonnel auxiliaire pour le contrôle. Chaque inspecteur a eté
chargé de l'enquete dans une contree fixée. Elle a eté execu-
tee par des spécialistes et, par suite, elle reproduit exactement les
choses. Elle s'est faite A l'aide de questionnaires, d'apres les
branches industrielles. Les réponses ont ete contrôlées par un
specialiste pour ne pas refaire les fautes de l'enquete de 1901.
Les inspecteurs de l'industrie se rendirent dans les divers etablisse-
ments, examinerent les réponses du questionnaire et se persuade-
rent sur les lieux si le contenu correspondait A la réalité.
Les donnees furent rassemblées de la fin de juillet 1920
jusqu'à aoilt 1921 et remises A la Direction des Statistiques .du
ministere du Commerce et de l'Industrie pour etre travaillees.
La plus grande partie des précieux resultats obtenus a 6te
publiée dans l'organe du ministere du Commerce et de l'Industrie,
le Buletinul Industriei (juillet-septembre 1921) sous le titre:
Ancheta industriala din 1920, Bucarest 1921.
Cette enquete est peu connue a l'étranger. Elle mei-11e cepen-
dant qu'on s'y arrete parce qu'elle a eté faite d'apres les methodes
de la statistique de l'Europe occidentale et qu'elle represente un
travail modele dans le domaine de l'étude des masses industri.
elles. L'initiative en est due A l'ingenieur Man oiles cu, di-

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La grosse industrie 227

recteur genéral de l'industrie. Dans la suite, l'industrialisation de


la Roumanie a continue a faire des progres, de sorte qu'il faut
tenir compte des nouvelles données officielles.
Pour juger l'industrie roumaine, il faut savoir dans
quelle mesure les matieres premieres et le travail du pays par-
ticipent A la production, puis quel rapport existe entre le travail
roumain, les autres frais et la valeur globale de la production.
Nous avons donc affaire a deux coefficients: celui de la p a r -
t i c i p a t i o n nationale et celui de l'industrialisation.
Si a représente la valeur de la matiere premiere et du combustible étranger,
b f1 71 ,, >9 II ,I It P roumain,
c le travail, les autres frais et ce qui revient au capital,
a+b+c = P. (produit)
b+c
p est le coefficient de la participation nationale,
c
est le coefficient de l' industrialisation exécutée.
Ces deux cotes exprimees en pour-cent ou en fraction
sont tres importantes pour la representation de la valeur économi-
que d'une branche d'industrie dans un pays et pour l'évolution .
qu'elle a faite.
Plus la cote de participation nationale est grande,
mieux l'industrie en question a pris pied dans le pays et, par
suite, on peut la consid6rer dans le sens economique comme une
industrie nationale. Plus la cote d'industrialisation est
grande, plus une industrie prend part a l'utilisation des matieres
premieres et represente ainsi une forme de grande utilisation
des biens economiques.
Les industries de la Roumanie montrent des cotes
d'in dustrialisation tres diverses. Le tableau ci-dessus in-
dique la part de chacune d'elles.
cote
d' industrialisation
Industrie métallurgique 69,2
>, du bois 17,5
chimique 60,3
alirnentaire 35,0
textile 51,8
des cuirs 54,3
céramique 41,0
électrique 68,0
If graphique 51,5
moyenne de toutes les branches industrielles 42,7
Ces chiffres montrent quel role joue l'utilisation des richesses
du pays par les transformations industrielles. LA oil le rende-
ment des machines et de la main-d'ceuvre est le plus grand, la
cote d'industrialisation est aussi la plus élevée, comme dans
15*

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228 L'industrie

l'industrie metallurgique et l'industrie électrique. Par contre,


elle est relativement basse dans l'industrie du bois, alimentaire
et de la céramique parce que la transformation de la matierel
premiere en produit fini est courte et exige peu d'ouvriers quali-
fiés. Entre ces deux extremes se trouvent les autres industries
dont la cote d'industrialisation est environ 500yo,

Considérons le nombre des grands etablissements


dans l'ensemble, puis specialises d'apres les branches. En 1919,
il y avait 2747 grands établissements en Roumanie; l'ancienne
Rournanie accusait le plus grand nombre comme l'indiquent les
chiffres suivants:
Ancienne Roumanie 1 114 grands 6tablissements
Transylvanie 1 024
Bessarabie 262 77 PP

Bukovine 210
Banat 137 77 71

Le tableau ci-apres indique a queiles branches appartiennent


ces établissements:
1919 1923
Industrie métallurgique 305 470
77 du bois et du papier 502 729
" chimique 187 354
3P alimentaire 977 621
PP textile 156 227
,, des cuirs 133 237
/P céramique 216 517
électrique 137 ?
art graphique et i ndustries diverses 134 146

A l'exception de l'industrie alimentaire, le nombre des établis-


sements a consid6rablement augmente durant les 4 dernieres
annees.
D'apres les donnees de l'enquete industrielle de 1920, le
capital investi dans ces etablissements, dans le sol, edifices et
installations s'elevait a 2 milliards 800 millions de lei.
Ce montant se repartit comme suit entre les divers terri-
toires du royaume:
Ancienne Roumanie 1 406 millions de lei
Transylvanie 811
Bessarabie 184
Bukovine 198 77 71 77
Banat 237 77 71 77

La part du capital investi dans l'ancienne Roumanie est


donc de 1 milliard 406 millions, c'est-a-dire 4 9, 7 0,/o du capital
total engage. Avant la guerre, la fortune nationale de l'ancienne

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La grosse industrie 229

Roumanie etait estimée a 25 milliards.1 Le capital investi dans


la grande industrie etait de 5,40/0.2
Dans la Grande-Roumanie, le capital investi dans le sol,
edifices et bâtiments se répartit comme suit entre les diversm
branches de l'industrie:
Industrie métallurgique 289 millions de lei
11 du bois et du papier 478 17 77 77

31 chimique 247 77 77 PP

11 alimentaire 1 043 77 1.7 77

31 textile 109 77 77 7>

11 des cuirs 139 77 77 71

11 céramique 200 PP 77 PP

1) électrique 263 77 17 77

II graphique et divers 70 77 77 77

Pour completer ce tableau de l'enquete industrielle de 1920,


nous donnons les chiffres ci-apres, de source officielle, publiés a
la fin de 1923, sur le capital investi dans la grande industrie
roumaine.3 Nous ne pouvons savoir si les bases sont les memes
et si l'on peut en tirer des conclusions quant aux deplacements
de capitaux des différentes industries. II y a lieu de remarquer
que ces chiffres sont en leu-or; pour cette raison, on ne peut
guere les comparer avec ceux de 1919.
Industrie métallurgique 105 millions 900 000 lei-or
71 du bois 104 ,, 100 000 77

1) alimentaire 173 ,, 500 000 77

17 textile 96 ,, 900 000 77

13 des cuirs 30 ,, 900 000 77

,, céramique
11 des arts graphiques 1 97
11 chimique 112 ,, 700 000

Ce sont ainsi 721 millions de lei-or qui sont investis dans


3301 établissements. L'augmentation des investissements a eté
considerable dans le groupe de l'industrie chimique.

D'apres l'enquete, la for ce qui est a la disposition des


2747 etablissements s'éleve a 481 155 C V. Ce nombre renferme
aussi les 43 861 CV, qui sont fournis par la Centrale d'énergie
electrique et qui sont contenus dans le groupe d'électricite.

1 Xenopol: La Richesse de la Roumanie. Il n'existe pas encore


d'estimation de la fortune nationale de la Nouvelle-Roumanie qui permette
de faire une comparaison.
2 Les statistiques officielles indiquent 1,78 % (page 12), ce qui est
vraisemblablement une faute de calcul ou d'impression.
3 Importations-exportations, 1925, page 270.

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230 L'industrie

Les chevaux-vapeur qui forment le critérium d'évalution des


forces industrielles d'un pays se répartissent entre les provinces,
comme suit:
Ancienne Roumanie 189 776 CV
Transylvanie 194 433
Bessarabie 11 916
Bukovine 14 974
Banat 70 056
II en resulte que la Roumanie a pris un fort caractere in-
dustriel apres l'adjonction des nouvelles provinces. A la tete
de l'utilisation des forces se trouve la Transylvanie avec sa
grande industrie tres developpee. La Bessarabie, comme pays
purement agricole, occupe la derniere place au point de vue in-
dustriel.
L'agrandissement de la Roumanie a amene une augmentation
considerable de la force absolue de son industrie et une
legere augmentation relativ e.
Le rapport entre le nombre d'habitants et les chevaux-vapeur
employes dans l'industrie est le suivant. Pour un C V, il y a en :
Bessarabie 101 habitants
Banat et Transylvanie 26 91
Bukovine 43
Ancienne Roumanie 37 99

Valeur moyenne pour la Roumanie entiere 35


Si l'on calcule le rapport entre le nombre des CV et la
grandeur des diverses parties du pays, on obtient le tableau
suivant:
force motrice superficie CV par
en CV en km2 km2
Ancien royaume 189 776 137 903 1,37
Transylvanie 194 433 83 497 2,70
Banat 70 056 17 980 4,00
Bessarabie 11 916 44 422 0,27
Bukovine 14 974 10 442 1,43

On voit que le maximum d'intensité 4 CV par kq se trouve


dans le Banat.
La repartition de la force motrice industrielle est beaucoup
plus irnportante que la repartition geographique; le tableau ci-
apres le prouve.
1919 1923
Industrie metallurgique 58 587 CV 69 884 CV
du bois et du papier 66 581 60 427
chimique 56 526 77 438
alimentaire 98 584 " 90 462
textile 13 530 20 677 "
des cuirs 7 550 11 672
7/ céramique 39 779 45 000
électrique 137 605
7/ graphique et divers 2 213 16 505 ,,

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La grosse industrie 231

Les matieres premieres forment la base de l'industrie rou-


maine. On a essaye de constater la valeur de celles qui sont
travaillées dans les établissements industriels. Comme compa-
raison, on a pris les années 1913 et 1919. L'enquete evalue
la valeur des matieres premieres a 916 millions 700 000 lei en
1913 A 6 milliards 151 millions 900 000 en 1919. Une augmenta-
tion formidable de la consommation des matieres premieres a
en lieu. L'industrialisation du pays a fait des progres pendant
6 années.
Le tableau suivant montre la repartition r egion ale de
la consommation des matieres premieres. La valeur
en millions de lei des matieres premieres employees était en:
1913 1919
Ancienne Roumanie 480,4 3 164,7
Transylvarne 230,1 1 699,2
Bessarabie 61,1 260,1
Bukovine 52,4 442,0
Banat 92,7 585,8

La .,consommation des matieres premieres des


diverses branches industrielles a ete (en millions de
lei):
1913 1919
Industrie métallurgique 37,4 355,4
IP du bois et du papier 119,7 1 549,8
/I chimique 96,9 455,2
alimentaire 540,0 2 698,4
/I textile 35,8 469,3
PP des cuirs 35,4 410,9
IP céramique
électrique
des arts graphiques
-
44,3
-
131,0

et industries diverses 7,1 81,9

L'i ndus tr ie alimentaire vient en tete de toutcs les


branches industrielles quant au nombre des etablissements, du
capital investi et de la consommation des matieres premieres.

La consommation des combustibles est un autre


facteur pour juger l'industrie roumaine. Elle était de 109 mil-
lions 300 000 lei en 1913 et de 579 millions 600 000 en 1919.
Elle se répartit entre les divers territoires du royaume comme
suit en millions de lei:
1913 1919
Ancienne Roumanie 42,6 226,1
Transylvanie 42,3 223,6
Bessarabie 2,2 15,5
Bukovine 8,8 45,9
Banat 13,4 68,5

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232 L'industrie

La part des diverses branches de l'industrie dans la consom-


mation des combustibles en millions de lei est la suivante:
1913 1919
Industrie metallurgique 19,4 53,7
7/ du bois et du papier 28,9 143,9
chimique 12,8 28,1
alimentaire 25,3 174,2
textile 2,4 16,0
)1 des cuirs 0,7 11,0
céramique 13,0 71,5
électrique 6,6 79,1
des arts graphiques
et autres industries 0,2 2,1

La valeur de la production est de la premiere impor-


tance. Elle s'est extraordinairement accrue. Elle était avant la
guerre de 1 milliard 900 millions; calculée sur le territoire entier
actuel, elle était de 11 milliards 700 millions en 1919. Plus
de la moitié, c'est-a-dire 53 0/0, revient a l'ancienne Rouinanie.
C'est ce que montre le tableau ci-apres en millions de lei:
1913 1919
Ancienne Roumanie 989,6 6 190,2
Transylvanie 504,9 3 152,7
Bessarabie 96,2 442,1
Bukovine 109,8 633,0
Banat 209,5 1 293,7

Si l'on compare la production industrielle de l'ancienne Rou-


manie, en 1913, avec sa production agricole de la meme année,
on voit que la production de la grande industrie a éte de 989
millions 600 000 lei et celle de l'agriculture de 1 milliard 219 mil-
lions de lei. Si cette statistique est exacte, la production indu .
strielle représente 81 0/0 de la production agricole; ce chiffre a
quelque chose d'étonnant.
En déduisant de la valeur globale, la valeur constatée plus
haut des matieres premieres (4800 millions) et celle des com-
bustibles (42 millions 600 000), il reste une valeur de 466 millions
créée par l'industrie, en 1913, dans l'ancienne Roumanie, c'est-
a-dire 7410 lei par ouvrier industriel. Ce fort chiffre est dti
a la particularité de l'industrie pétroliere et a sa grande impor-
tance pour l'ancienne Roumanie. Partout oü ii s'agit de matieres
premieres de grande valeur ou de fabrication automatique a l'aide
de machines, la valeur revenant a chaque ouvrier est plus grande
que la oh ces conditions ne sont pas remplies, dans l'agriculture
par exemple. La valeur qu'elle a créée, en 1914, etait, apres
deduction des semences, d'une valeur de 116 millions, de 1 mil-
liard 102 millions; repartie entre 3 106 735 ouvriers, elle est
de 354 lei par ouvrier. L'ouvrier industriel a donc produit 21
fois plus de valeuirs, en 1914, que l'ouvrier agricole.

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La grosse industrie 233

Le tableau ci-apres montre, en millions de lei, la valeur de


la production dans les diverses branches industrielles:
1913 1919 1923
Industrie métallurgique 121,2 1 330,2 3 884,0
du bois et du papier 265,5 2 052,5 4 208,3
chimique 292,9 1 218,0 6 963,0
alimentaire 885,8 4 416,6 8 846,8
textile 95,8 1 007,8 3 307,2
)7 des cuirs 79,8 923,5 2 359,3
77 céramique 111,3 343,1 1 810,5
11 électrique 34,6 246,9
4 des arts graphiques et
industries diverses 23,1 173,4 420,0

La production de l'industrie roumaine represente, en 1923,


une valeur de 31 milliards 800 millions de lei-papier. Par suite
de la depreciation de l'argent, on ne peut pas comparer ce
chiffre avec celui de 11 milliards 700 millions de 1919, mais
on peut bien comparer la production industrielle avec la produc-
tion agricole: en 1923, en regard de 31 milliards 800 millions
de valeurs industrielles se trouvent 71 milliards et demi de valeurs
agricoles. Ainsi la production industrielle de la Grande-Rountanie
s'éleva, en 1923, a 44,3 0/0 de la production agricole, ce qui
parait plus vraisemblable que les 810/0 de l'enquete de 1923.

Le nombr e des ouvriers est aussi important pour ap-


précier l'industrie d'un pays. ll faut distinguer deux grands grou-
pes: d'une part le personnel administratif; d'autre part le per-
sonnel technique; ce qu'on appelle en Allemagne les employes
prives et les ouvriers proprement dits que l'on divise en ouvriers
qualifies et non qualifies. Les statistiques nous renseignent sur
ces deux groupes. En 1919, il y avait dans tout le royaume
157 423 personnes occupees dans l'industrie.
La densité de la population ouvriere est en general tres
faible en Roumanie. Le tableau suivant le montre:
employés et population habitants
ouvriers pour un ouvrier
Ancienne Roumanie 63 393 7 904 104 126
Transylvanie 52 211 \ 6 292 127 77
Banat 29 328 I
Bessarabie 5 244 2 344 800 445
Bukovine 7 248 808 098 112
157 423 17 349 129 111

Ii resulte qu'il y a un ouvrier industriel pour 111 habitants.


L'ancienne Roumanie avec 126 habitants est au-dessous de la
moyenne.

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234 L'industrie

D'apres ce tableau, 400/0 des employés et ouvriers occupés


dans l'industrie reviennent a l'ancienne Roumanie; en regard du
chifire de 3 925 967 habitants ayant une profession, en 1923,
c'est 1,60/o.
Le nombre des employes et ouvriers des diverses branches
industrielles et de leur qualification est indiqué sur le tableau
suivant:
branches industrielles employes techniciens ouvriers
qualifies non qualifies total
Industrie métallurgique 1 689 1 790 19 156 15 000 37 635
du bois et du papier 1 780 1 545 10 582 30 979 44 886
chimique 696 520 3 863 3 661 8 740
alimentaire 2 740 2 091 11 472 9 751 26 054
textile 424 484 6 810 2 691 10 409
des cuirs 436 336 3 165 2 353 6 290
céramique 557 523 5 368 8 057 14 505
électrique 462 432 848 1 290 3 032
des arts graphiques
et autres 506 277 3 552 1 537 5 872
9 290 7 998 64 816 75 319 157 423
d 1 -44A. xt.r zezi

Ainsi le nombre des ouvriers et du personnel d'administra-


tion est de 157 393, dont 17 288 pour le personnel technique
et d'administration; c'est 1,60/0 de la population totale. Les
ouvriers des entreprises de l'Etat et de l'industrie du pétrole,
qui représentent un pour-cent superieur, ne sont pas compris
dans ce chifire total.
La plupart des ouvriers sont occupés dans l'industrie du
bois; ce sont 320/0 du chiffre total des ouvriers. L'industrie
métallurgique accuse environ le meme pour-cent: en troisieme
lieu vient l'industrie alimentaire avec 190/o.

La grande industrie roumaine occupe plus d'employés d'ad-


ministration que de techniciens. Les ouvriers non qualifies do-
minent parmi les ouvriers. La proportion entre les ouvriers quali-
fies et non qualifies varie selon les industries. Les industries
métallurgique, chimique, alimentaire, textile, des cuirs,
graphique emploient plus d'ouvriers qualifies que d'ouvriers non
qualifies. Ces derniers prédominent, par contre, dans les industries
du bois et du papier, ceramique et electrique.
Le pour-cent des ouvriers qualifies est le plus eleve dans
il est de 560/0 du total des ouvriers de cette
l'industrie textile;
industrie. En seconde ligne vient l'industrie metallurgique avec
500/0 d'ouvriers qualifies.

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La grosse industrie 235

Le tableau ci-dessous indique le rapport entre les employes


et les ouvriers des divers pays du royaume.
employes techniciens ouvriers total
qualifies non qualifies
Ancien royaume 4 184 3 366 28 506 27 306 63 362
Transylvanie 2 794 2 326 17 830 29 261 52 211
Bessarabie 621 529 1 539 2 555 5 244
Bukovine 372 581 2 174 4 121 7 248
Banat 1 319 1 196 4 737 12 076 29 328
9 290 7 998 64 816 75 319 157 423

Ainsi le plus grand n om bre des ouvriers, 63 362, revient


A l'ancienne Roumanie; le nombre des ouvriers qualifies y est
plus grand que celui des ouvriers non qualifies. En seconde
ligne vient la Transylvanie avec cette difference que les ou-
vriers non qualifies prédominent fortement. En Bukovine, le
nombre des ouvriers non qualifies est environ le double de celui
des ouvriers qualifies; dans le Banat il est presque le triple.
En comparant le nombre des ouvriers en 1900 avec celui de
1921, on voit que le nombre des établissements et celui des
ouvriers ont quintuple; dans l'industrie ceramique, il a decuple.
L'industrie alimentaire fait une exception; le nombre des
établissements a quintuple et celui des ouviriers a double. Dans
l'industrie chimique, le nombre des établissements a A peine
double; celui des ouvriers a triple. Le tableau ci-dessous donne
des details complets.
annde 1900 annde 1921
nombre des nombre des nombre des nombre des
dtablissements ouvriers dtablissements ouvriers
Industrie métallurgique 75 7 565 305 37 635
du bois
et du papier 85 7 104 502 44 886
l, chimique 105 2 844 187 8 740
fl alimentaire 191 10 564 977 26 054
,, textile 66 2 444 156 10 409
7, des cuirs 25 1 213 133 6 209
PS céramique 19 1 094 216 14 505
,, graphique et divers 46 2 181 134 5 872

Dans l'ancienne Roumanie, le nombre des établissernents et


des ouvriers a double de 1900 a 1916.
Selon le sexe, le plus grand nombre des ouvrieres appar-
tient A l'industrie textile: 610/0 du chiffre total des ouvriers tex-
tiles. En second lieu, aux industries graphiques et divers avec
19,10/0. Nous trouvons le plus faible pour-cent d'ouvrieres, 0,90/o,
dans les centrales d'énergie électrique et dans l'industrie metal-
lurgique, 2,90/o. Le chiffre total des ouvrieres dans la grande
industrie est de 15 164; ce sont 10,80/0 du chiffre total des

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236 L'industrie

ouvriers. Pendant la guerre, ces chiffres ont été plus grands.


Ii y avait des ateliers avec 700/0 de femmes. Aujourd'hui, les
ouvriers occupent la premiere place avec 900/0 environ.
A propos des nationalités, l'enquete de l'industrie a montre
que relément étranger est le plus nombreux parmi le person-
nel techniqu e. Ce sont des ingénieurs et des chimistes
expérimentes venus de l'étranger qui occupent souvent des em-
plois supérieurs. Le pour-cent des &rangers est le plus fort
dans l'industrie ceramique et l'industrie chimique. II ne présente
pas de grandes differences dans le personnel d'administra-
tion des divers groupes d'industries. Dans l'industrie textile,
il est de 100/0 a peu pres; sauf la, ii varie de 2 a 30/o.
Le tableau ci-dessous donne tons les details utiles.
personnel adminlstratif personnel technique
0/0 des 0/0 des
Romanis &augers tot! Roumania Roumania itraudees total Roumania

Industrie métallur. 1 646 41 1 689 97,4 1 674 116 1 790 93,0


du bois et
du papier 1 742 38 1 780 97,9 1 482 63 1 545 95,9
chimique 671 26 696 96,4 478 42 520 91,9
,> alimentaire 2 664 76 2 740 97,2 1 991 100 2 091 95,2
textile 383 41 624 90,3 383 101 484 79,2
des cuirs 429 7 426 98,4 318 18 336 94,5
céramique 542 15 557 97,3 448 75 523 85,7
" électrique 456 6 462 98,7 427 5 432 98,8
des arts graph.
et divers 498 8 506 98,4 273 4 277 98,6

L'élément roumain du personnel technique represente en


moyenne 93,40/o de cette branche d'industrie; dans le personnel
d'administration, ii atteint 97,20/0. La moyenne des ouvriers rou-
mains est encore plus élevée; elle atteint 98,80/o. Seulement
1,20/0 d'etrangers sont occupés comme ouvriers dans les huit
grands groupes d'industries.
Le chiffre total des apprentis est 7736 dont 430/0 dans
l'industrie métallurgique, 17,50/o dans l'industrie du bois, 11,30/0
dans l'industrie graphique. Les autres industries accusent un
faible pour-cent.
Nous trouvons le plus grand nombre d'apprentis par rap-
port au nombre d'ouvriers dans l'industrie graphique; ii s'élève
a l50/0. L'industrie chimique et l'industrie alimentaire en ont le
moins, 2,90/o.
Le chiffre total des ouvriers de transport est de
67 583. IN sont ainsi répartis: dans l'industrie du bois 43,90/o
du chiffre total; dans l'industrie metallurgique 17,20/o et dans
l'industrie céramique 1,20/0. Dans les autres industries, leur
nombre baisse au-dessous de So/o.

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',Industrie métallurgique 237

L'enquete de l'industrie donne des renseignements sur la


composition organique du capital dans les huit grandes in-
dustries de la Roumanie.
chiffre total du chiffre de la main- d'ceuvre
personnel et des ouvriers moyenne par établissement
Industrie metallurgique 37 635 122
)3 du bois 44 886 89
II textile 10 409 67
céramique 14 505 67
chimique 8 740 47
des cuirs 6 290 47
graphique et divers 5 872 44
IP alimentaire 26 054 27
)7 électrique 3 032 22
total 157 423 532

D'apres Penquete de 1920, le nombre des personnes occu-


pees dans l'industrie etait de 157 423. Dans Pintervalle, il s'est
accru avec l'augmentation des établissements. Le tableau sui-
vant l'indique; les chiffres sont ceux de la fin de 1923:
Industrie métallurgique 37 627
du bois 51 556
I) chimique 13 565
alimentaire 23 662
, textile 18 870
. des cuirs 8 867
, céramique 23 481
"
des arts graphiques 4 863
182 491
L'industrie électrique n'est pas comprise dans ce tableau.
L'industrie du bois occupe encore le plus d'ouvriers
en Roumanie.
Apres cet aperçu general nous allons nous occuper en detail
des principales branches industrielles de la Rou-
manie.

L'industrie metallurgique.
L'industrie métallurgique a une grande importance pour
Peconomie de la Roumanie. Elle pourvoit l'industrie du pays,
l'agriculture, les entreprises de transport, de machines, de pieces
de machines, sans parler des engins de guerre de l'armée rou-
maine. Son but est d'assurer l'indépendance éconornique du
pays. Elle ne peut pas y arriver, comme nous le verrons quand
nous parlerons des matieres premieres. Car il lui rnanque du
minerai et du coke pour la fabrication du fer. Elle doit les im-
porter de l'étranger: la Roumanie ne possede pas suffisamment
de mineral de fer et de charbon qu'on peut transformer en
coke. Si le sol roumain fournissait des minerais et du coke, la

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238 L'industrie

cote de participation nationale serait de 900/0, selon les


donnees de Manoilescu.1 II renfertne quelques gisements de
minerais; mais ils seraient epuisés en 26 années si on les utili-
sait entierement pour alimenter l'industrie metallurgique. L'an-
cienne Roumanie tirait de Petranger 260 000 tonnes de produits
en fer; la nouvelle Roumanie en a besoin de 650 000 tonnes au
moins annuellement. Pour couvrir ces besoins avec du minerai
roumain, ii faudrait une production annuelie de 1 440 000 tonnes
de minerai. Une semblable consommation épuiserait les reser-
ves de minerai roumain en 8 années. Cette insuffisance de
matieres premieres pour l'industrie metallurgique oblige donc la
Roumanie a s'assurer des importations avantageuses de minerai
et de coke de Petranger. Si elle n'y réussit pas, l'industrie
metallurgique doit se contenter d'une production restreinte. Les
produits qu'elle fabriquera seront des marchandises de premiere
necessité, c'est-a-dire celles qui sont d'une importance primaire
pour les besoins economiques du pays, comme les tuyaux de
petrole, le materiel de chemins de fer, les machines, etc. La
fabrication de canons et d'autres engins militaires sert, par contre,
a des fins improductives et occupe une autre place dans la
hi6rarchie économique des biens. Le grand programme de désarme-
ment de la Societe des nations soulagera considerablement l'in-
dustrie métallurgique de la Roumanie de ce groupe de produits
et fera place a une production accentuée de marchandises .de
premier rang. Mais ii s'agit encore d'autre chose. L'industrie
métallurgique accuse une forte cote d'industrialisation. Ses
produits se distinguent par un minimum de matiere et par un
maximum de valeur de travail. La cote d'industrialisation
varie avec les produits. D'apres la source mentionnée plus haut,
elle est la suivante:
machines agricoles 72 %
constructions de ponts 53,5 %
parties de machines 55 %
pieces forgées simples 36 %
Ii faudrait donc concentrer la production sur. les articles
qui comme les machines agricoles accusent un fort coefficient
d'industrialisation.

L'industrie du fer et des metaux roumaine possede des


établissements tres divers. On ne peut pas la diviser rigoureuse-
ment d'apres l'espece de ses produits. Nous distinguerons les
groupes suivants:
a. Les fonderies;
b. Les usines métallurgiques;
1 Mihail Manoilescu: Importanta si perpectivele Industriei in noua
Romanie, Bucarest, 1921.

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L'industrie metallurgique 239

c. Les usines de m ecaniqu e fin e: balances, appareils


de mesure, poids, instruments de precision, etc.;
d. Divers : articles en fil de fer: (aiguilles, bouclels),
chaines, sabres, poignards, limes, etc.
Les fonderies les plus importantes sont celles de Resit a,
Arlin a et N a drag dans le Banat; puis celles de H un edor a,
Gavojdia, Gugir et de Calan en Transylvanie.
Ces groupes sont des entreprises verticales qui fabriquent
des produits bruts, semi-fabriqués (tels que fonte, acier, bil-
lette) et des produits finis (pieces completes de fonte et d'acier,
toute espece de machines, constructions en fer, etc.). Ce sont
des etablissements combines qu'on peut placer au point de vue
technique a côté des grandes usines de l'Europe occidentale ,et
qui embrassent tout le processus de la production depuis la
matiere brute jusqu'au produit fabrique.
Les nombreuses usines metallurgiques peuvent être divi-
sees en:
1° Usines pour les constructions en fer et la construction
de canaux;
2° Fabriques de machines;
3° Ateliers rnecaniques de reparations et de parties de
machines;
40 Fonderies de fer;
50 Fonderies de métaux: cloches;
6° Fonderies d'autres metaux; divers;
70 Fabriques de meubles et serrureries;
8° Fabriques de clous, vis, fil de fer, treillis;
9° Fabriques d'emballages et d'articles de ferblanterie;
100 Outils et engins;
11° Chaudrons en cuivre.
II faut encore ajouter les chantiers maritimes.
Parmi les grandes fonderies de la Rournanie, celles de
R e sit a occupent le premier rang. Leur passe et leurs dimen-
sions justifient cette place. L'histoire de ces etablissements re-
monte au commencement du XVIIIe siecle.1 En 1718, on de-
couvrit du minerai de fer pres de Vask6, a l'est du Banat. On
embaucha dans le pays et a Petranger des mineurs pour ex-
ploiter les gisements. Parmi les hauts fourneaux qui furent creCs
a cette époque en Hongrie, ceux de Boksan méritent d'etre
1 L'histoire de son développement se trouve l'ouage de Mihalik:
Passé et present de Resita, 1896.

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240 L'industrie

mentionnees parce qu'ils furent le berceau des établissements


de Resita. Situés h 21 kilometres, c'est de lh que sortirent les
projets d'agrandissement auxquels les hauts fourneaux de Resita
doivent leur creation. Le ler novembre 1769, on commenca la
construction de deux hauts fourneaux, d'une laminerie de fer
en barre, d'une forge d'outils, d'un atelier de polissage, d'une
scierie, de hangars a charbon, de fours a chaux et de deux tuile-
ries. Les constructions eurent a souffrir de diverses difficultes ; des
maladies épidemiques éclaterent parmi les ouvriers ; l'exploitation
des terrains entraina de graves conflits et des proces. En 1771,
les deux hauts fourneaux furent cependant achevés et l'exploita-
tion commenca. C'était des hauts fourneaux A charbon de bois
qui ne produisaient naturellement que de petites quantites de
fer. En 1846, ils furent transform es en hauts fourneaux h coke;
des ouvriers roumains et slovaques furent embauches outre ceux
de l'Autriche, du pays de Salzbourg et de la Styrie qui y travail-
laient deja. On avait ainsi la base nécessaire a un grand agran-
dissement. La transformation en coke du charbon que l'on de-
couvrit dans les mines de Doman et Szekul permit aux hauts
fourneaux de prospérer. Aujourd'hui encore, le charbon de ce
territoire est le seul en Roumanie qui s'approprie a la fabri-
cation du coke. Resita doit donc son evolution aux qualites de
cette importante matiere auxiliaire dans le travail des hauts
fourneaux et a l'existence de gisements de minerai. La guerre
de l'indépendance hongroise de 1849 et les destructions qu'elle
causa paralyserent cette ceuvre. On la restaura et la reconstruisit;
les installations furent perfectionnees.
Lorsque les ch e mins de f er surgirent, les établissements
furent agrandis pour la fabrication de materiel de chemins de
fer; leur production grandit certaines annees de 900/o. Ns pas-
serent a d'autres branches de production une fois que le réseau
des chemins de fer fut acheve et que les besoins des chemins
de fer hongrois diminuerent. Pendant la gr an d e guer r e,
ils furent un grand arsenal qui fabriqua des quantités énormes
de materiel de guerre; de grands agrandissements et de nou-
veaux investissements eurent lieu. Avant la guerre, tout le
materiel des canons etait tire des usines Krupp.
jusqu'en 1920, Resita était une Societe privilegiée austro-
hongroise pour les chemins de fer de l'Etat du Banat. Elle fut
transformee en Societe anonyme roumaine en vertu d'un
décret royal. La nouvelle Societe a laquelle l'ancienne apporta
toute sa fortune recut le nom de: Societe anonyme des H a ut s
f our n e aux et do m a in es de Resita. Cependant la Societe,
meme apres sa nationalisation, qui eut lieu en mai 1923, n'est
pas une Societe roumaine pure, car une partie de son capital:
est entre des mains étrangeres. Le grand consortium anglais
Vick ers a Londres est intéresse dans la Societe. Cette partici-

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L'industrie metallurgique 241

pation est excessivement précieuse au point de vue du perfec-


tionnement des usines et de leurs finances.
Lors de la fondation de la Societe en 1920, son capital
s'elevait a 125 millions de lei; en 1923, il a été porte a 185 et
en 1924 a 250 millions.
La Direction genérale est a Bucarest.
Resita est un etablissement absolument moderne dont l'im-
portance est caractérisee par sa situation aux portes de l'Orient.
11 est base sur la reunion de tous les stades de la production,

depuis la matiere premiere jusqu'au produit fabrique. On le


comprend le mieux en se représentant le développement de
l'entreprise a l'aide des chainons qui la composent. ,

,P La premiere base est formée par les mines de .f e r


de Maravitza, Dognacska et Delienesti. Le minerai sulfureux
est tout d'abord débarrassé de son soufre dans une installation;
le minerai inferieur est grille dans une installation agglomera-
tive et fondu.
Le minerai indigene ne suffit pas pour alirnenter les hauts
fourneaux. En 1913, on a utilise 142 500 tonnes dont 32 000
venant de l'étranger.
20 La deuxieme base est farrnee par les mines de char-
b o n. Elles renferment dn grisou et ne sont pas tres remunera-
trices. Elles sont situées a Anina, Secul et Domany. 11 existe
a Resita 70 fours a cake d'un rendement journalier de 17 wagons
de coke; a Anina M. Les usines produisent annuellement 100 000
tonnes de coke.
30 Sur cette base s'établit la fabrication de la fonte dans
les hauts f ourn eau x. Les installations de Resita compren-
nent 2 hauts fourneaux d'un rendement maximum de 500 tonnes
par jour, ou 146 000 tonnes annuellement (en 1913 les deux
hauts fourneaux produisaient 114 000 tonnes). A Anina, ii n'y
a qu'un haut fourneau qui donne 50 tonnes de fonte journelle-
ment. A Nadrag, ii y a un vieux four a charbon de bois. Le
rendement total des hauts fourneaux est de 450 tonnes par jour
ou 130 000 tonnes par an. En 1913, on produisait 131 135
tonnes. Toutes les sortes de fonte sont fabriquees: fonte d'acier,
de fer; celle qui va dans les fours Siemens-Martin, fonte de
fonderie, fonte miroitante et manganesifere. Les gaz veneneux
des hauts fourneaux sont utilises pour actionner de grands mo-
teurs a gaz. Les usines produisent ainsi la force motrice dont
elles ont besoin. Elles possedent quatre machines a gaz a quatre
mesures. Lorsque les hauts fourneaux ne fonctionnent pas, ces
machines a gaz sont actionnées au gaz de charbon de bois.
4. La fonte produite dans les hauts fourneaux, et qui n'est
pas utilisee comme fonte, se rend dans la fonderie. On distingue
la fonte et l'acier de fonderie. La fonderie de fer a Anina accuse
16

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242 L'industrie

un rendement journalier de 3 wagons; celle de Nadrag un ren-


dement de 2 wagons. La production globale de fer de fonte est
de 120 000 tonnes annuellement.
50 La fonte qu'on vent convertir en acier se rend dans le
melangeur. 11 contient 250 tonnes.
Les aciéries de Resita possedent 5 fours Siemens-Martin
de 30 tonnes pour la production de qualités d'acier du com-
merce; leur rendement journalier est de 400 tonnes d'acier ou
146 000 tonnes par an. En outre, les acieries pour aciers speciaux
comprennent 8 fours Martin de 10 tonnes et un four electrique
de 7 tonnes pour l'acier d'outil. La production annuelle est de
29 200 tonnes. En 1919, les fours a acier ne produisirent pas
plus de 38 633 tonnes, qui correspondaient h 390/o de la pro-
duction de 1913-1914.
60 Les lamineries comme la fonderie appartiennent aux
installations les plus grandes et les plus étendues. Elles cotn-
prennent un grand nombre de laminoirs et produisent toutes
les épaisseurs. On ne fait pas de tuyaux a Anina. Les installa-
tions de laminoirs comprennent:
a. Un blooming reversible;
b. Un train h facon reversible qui !amine les poutrelles,
rails et autres fers profiles;
c. Un gros train trio qui lamine les profils moyens des fers
faconnes;
d. Un train trio moyen qui lamine les gros rails, les pou-
trelles légeres et autres profils, les gros fers ronds, etc.
e. Un petit train trio qui lamine le fer en barres faible,
le fer rond, le fer profile;
f. Un laminoir h Mies fortes;
g. Un laminoir h tiles moyennes trio qui lamine les tôles
moyennes;
h. Un laminoir universel reversible qui lamine les larges
lamelles; il a éte fourni par Krupp.
A Nadrag existe un laminoir a tOles minces, un petit train et
une installation de galvanisation.
70 Aux lamineries sont reunis des ateliers mécaniques de
diverses especes avec les installations necessaires, notamment:
a. Une fabrique d'obus avec 300 machines-outils, une presse
hydraulique h vapeur de 1200 tonnes pour les tubes de canon
et les lourdes pieces forgées; 9 marteaux h vapeur pour les
petites pieces forgees; 5 marteaux pour les pieces moyennes;
3 marteaux a ressort; 9 presses pour obus;
b. Une installation pour la construction de machines desti-
nees h fabriquer des objets en fonte d'acier et des pieces
forgees;

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L'industrie métallurgique 243

c. Des ateliers pour la fabrication d'essieux de voiture


(production: 18 000 essieux montés);
d. Des ateliers pour la fabrication d'aiguilles (5000 tonnes);
e. Des ateliers pour ponts en fer et recipients (14 000
tonnes).
A Anin a existent les ateliers ci-apres:
a. Pour des pieces accessoires de chemins de fer;
b. Pour des briques refractaires.
A B o cs a existent des ateliers de machines agricoles et
de reparation de wagons, (25 000 annuellement).
11 existe encore d'autres usines, telle qu'une fabrique de
locomotives a Resita. Commencée en 1920, elle fut achevée
en 1922; elle devait produire 1200 locomotives par an; mais
son veritable rendement en 1923 fut de 300/0 et en 1924 de
200/0 seulement, parce que les commandes de l'Etat attendues
ne furent pas faites. Une partie des ateliers fut alors trans-
formée pour la fabrication des électr omoteur s.
Le manque de commandes de l'Etat a oblige les établisse-
ments de Resita a chercher un territoire d'écoulement .dans
l'industrie pétroliere. La production d'outils et d'appareils pour
cette industrie a considerablement augmenté, malgré la con-
currence étrangere qui se fait fortetnent sentir, par suite de
droits de douane insuffisants. Aujourd'hui, la Societe de Resita
fournit déjà a l'industrie pétroliere un grand nombre d'outils
qui etaient importés autrefois. Elle est en train de couvrir
tous les besoins d'outils et d'ustensiles de l'industrie petroliere
Toumaine.
11 faut encore mentionner:
Une tuileri e qui produit des briques refractaires, le mor-
tier et les produits moulus necessaires a l'exploitation;
Une fahrique de vis a Anina;
Une fahrique de poeles en tOle a Nadrag;
Une fahrique de poeles en email et en fonte a Nadrag aussi.
L'approvisionnement de ces installations en forces motrices,
qui se chiftraient par 32 850 CV, en 1919, a lieu par:
a. line centrale hydroelectrique d'un rendement
maximum de 3500 kilowatts. L'énergie de 18 000 CV est
fournie par une chute d'eau de 277 metres cubes par seconde.
Elle actionne 600 moteurs électriques dans les divers ateliers.
Ce rendement depend des pluies et s'abaisse a quelques centaines
de kilowatts pendant l'hiver et une longue sécheresse;
b. Une centrale electrique a gaz d'un rendement maximum
de 3500 kilowatts actionnee par les gaz des hauts fourneaux
épurés ;
16*

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244 L'industrie

c. Une centrale electrique a vapeur de 2500 kilowatts,


composee d'une turbine a vapeur avec un generateur di-
rectem ent accouplé ;
Une centrale electrique a vapeur a Anina qui pourvoit
d.
les installations des mines et des hauts fourneaux du lieu
et fournit aussi du courant aux etablissements de Resita.
La vapeur est obtenue principalement en bralant du charbon;
on chauffe aussi a l'aide de l'excédent de gaz des hauts ,four-
neaux et du coke.
Nous parlerons plus tard de la grande importance du g a z
naturel comme force motrice. Ii ne faut pas songer
a l'employer bientôt dans les usines de Resita. Ces gaz qui
sortent de terre representent une force motrice tres économique;
mais ils renchérissent avec la distance a laquelle on veut les
conduire. La conduite jusqu'à Resita aurait 400 kilometres et
serait en outre tres difficile a executer.
Le tableau ci-dessous indique les principaux produits
des établissements et les quantites d'apres les donnees de l'ad-
ministration :
rendement en tonnes
nom des produits avant pendant en sep-
1914 la guerre tembre 1919
coke 4 100 1 650
fonte pour la fabrication de l'acier . 9 800 7 500
fonte pour la fabrication du fer . 850 850 2 500
acier .. .
. . . 15 000 10 500 4 600
fonte d'acier (brute) 720 675 220
fonte de fer (brute) 300 285 80
articles a laminer 12 500 8 360 3 225
briques réfractaires 750 500 300
produits moulus réfractaires 1 680 950 600
sulfate d'ammoniaque 56 24
paires de roues de wagon 372 756 200
roues de wagon . . . 19 91
essieux de wagon 14 61
pikes de wagon . . . 20 5 15
pieces de fonte d'acier travaillées 95 71
affats de canon et d'obusier de 8 et
10 cm de calibre . . . 38
obus 2 35
constructions en fer . . . 330 280 200
aiguilles et embranchements . 450 370 200
instruments aratoires . . 50 110 220
fourgons de l'armée, materiel
decauville chapuis
autres produits d'atelier .
. . .. .
2
19
173
51 17

D'apres les données de la grande enquete de l'industrie,


la production totale du groupe de Resita s'est élevée a 162 911
tonnes d'une valeur de 42 millions 800 000 lei en 1913 et
a 53 844 tonnes d'une valeur de 143 millions 200 000 en 1919.

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L'industrie metallurgique 245

La production est donc loin d'avoir atteint son niveau


d'avant-guerre; elle est inferieure d'environ un tiers. Sa valeur
a été de 765 millions de lei en 1923 et de 1368 en 1924.

Des forets immenses sont rattachees a tous ces établisse-


ments. El les servent aux distilleries de bois auxquelles participe
la société, a couvrir les besoins de bois des mines, les
besoins de combustibles des ouvriers et employes. La societé
fournit de bois toute la population de la contrée de Resita,
les écoles et les églises. Le bois joue encore ici un grand
role.
L'administration comprend quatre directions:
10 La Direction des hauts fourneaux,
20 La Direction des ateliers (qui se trouve a la tete du
travail du fer apres le laminage),
30 La Direction des mines (a Anina),
40 La Direction des forets (a Morovitza).
Une si grande entreprise occupe nécessairement un grand
nombre d'e mploy es et d'o uvr ier s. En 1919, leur nombre
était comme suit:
personel d'administration . . 618
technique . . . 800
ouvners qualifies 8 436
non qualifies . . . 8 635
total: 18 489

Le b é n é f i c e n e t de l'entreprise a éte de:


26 mill. 400 000 lei pour 125 mill. de capital-actions, 20% de dividende en 1920
36 500 000 175 PP 20% 1921
36 800 000 175 20% ,, 1922
67 400 000 185 ,, 30% PI 1923

Les établissements de Resita ont cree tout un nombre


d'usines; ils sont affilies a d'autres qui ont beaucoup contribué
a leur developpement. Ces entreprises qu'ils dirigent et contrO-
lent sont les suivantes:
La Societatea Romana pentru industria distilarii lemnului
(Societe roumaine pour l'industrie de la distillation du bois),
fondee en 1921, comprenant deux fabriques de distillation et
une fabrique d'acide acétique.
La Societe anonyme miniere et metallurgique serbe.
La Societatea lndustria moraritului din Banat. (Societe de
l'industrie de la meunerie du Banat qui approvisionne les on-
vriers des établissement en farine.)
La Societe miniere et metallurgique bulgare.

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246 L'industrie

Les établissements de Resita ont des participations dans


les Sociétés suivantes:
L'Uginele metalurgice unite: Titan, Nadrag, Ca Ian S. A.,
Astra, Prima fabrica romana de vagoane si motoare din Arad S.A.
La Prima fabrica romana de explozibile din Fagaras. (Pre-
miere fabrique roumaine d'explosifs a Fagaras.)
Ils ont en outre une representation en Bukovine dans la
Representanta industriala S. A.
Le deuxiemel groupe de hauts fourneaux est représenté
par Hunedoara.
H appartient a l'Etat qui participe settlement aux etablisse-
ments de Resita.
Ces etablissements d'Etat possedent 5 hauts fourneaux dont
3 ont un rendement de 50 tonnes par jour chacun, un de
100 tonnes et un de 120 tonnes de fonte.
II existe a Gavojdia un petit haut fourneau qui fournit
25 tonnes journellement.
Le rendement global des 6 hauts fourneaux s'éleve a 395
tonnes de fonte par jour ou 142 200 tonnes par année. La
veritable production montait a 95 472 tonnes en 1913. En
1919, ils n'ont rien livré a cause du manque de coke metal-
lurgique.
Le minerai qui alimente ces hauts fourneaux provient des
mines de Ghelar. Elles appartiennent a l'Etat et sont les plus
importantes de la Roumanie par leur richesse en minerai. En
1913, elles ont fourni 243 000 tonnes.
Les hauts fourneaux de Gugir travaillent encore d'apres
le vieux procedé Puddler. Ils disposent de 5 fours Puddler et
produisirent 7394 tonnes en 1913 et 1898 tonnes de fer et
d'acier soudés en 1919. Comme le procédé Puddler est vieux
par rapport aux methodes modernes a exploitation rapide du
procedé Bessemer, peu rémunérateur et coateux, ii y a tout lieu
de croire qu'on y renoncera bient6t.
Ils peuvent fournir chaque jour 2 a 5 tonnes de billetts
d'acier.
Cet etablissement est le seul de la Roumanie dans lequel
on produit en grande quantite de l'acier a outils.
L'établissement de Calan dispose d'un seul haut fourneau
d'un rendement de 70 tonnes par jour ou 25 500 tonnes par
an. II est éteint depuis 1918 a cause du manque de coke.
En 1913, il fournit 24 178 tonnes de fonte brute qui fut tra-
vaillée dans la fonderie de Calan et dans l'établissement Ferdi-
nand dans le Banat. Il est démonte et ses installations ont ete
envoyées en Hongrie, de sorte qu'on ne peut pas songer
actuellement a sa reconstruction.

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L'industrie métallurgique 247

L'etablissement Ferdinand au Banat produisait avec 3 fours


Martin de 12 a 15 tonnes chacun environ 15 000 tonnes .de
billettes et de Vile mince.
Le minerai que le haut fourneau de Calan emploie était
extrait dans les mines de Teleciul-de-Jos (Hunedoara) qui
produisirent 74 000 tonnes de minerai en 1913.
Les groupes comprenant les hauts fourneaux de Hune-
doara et de Calan ont produit 119 650 tonnes de fonte brute
en 1913.
La production generale du groupe a eté de
134 089 tonnes d'une valeur de 13 millions 200 000 lei en 1913
3 896 If 24 900 000 1919

On voit A quel niveau la production a baissé dans les


années d'apres-guerre.
Apres la separation d'avec la Hongrie, le groupe de Hune-
doara manquait d'établissement qui continuait la transformation.
On produit suffisamment de fonte; mais les degrés supérieurs
de production font defaut. Ce défectueux état de choses entre
le rendement des divers hauts fourneaux et le travail de ,la
fonte provient de ce que l'établissement de Hunedoara est isolé
des autres usines en Hongrie avec lesquelles il était coordonné
pour la fabrication de produits finis. Pour des raisons pratiques,
cet établissement doit etre compléte par des fours pour le fer
et Fader et par des lamineries afin de pouvoir travailler les
154 000 tonnes de fonte dont il dispose.
L'ingénieur Enr ic Munteanu remarque dans l'enquête
de l'industrie que les hauts fottrneaux roumains n'ont actuelle-
ment d'autre perspective que de satisfaire les besoins intérieurs;
ii faut donc les organiser et les inettre A meme de travailler
suivant un bon programme dans lequel la production soit inten-
sifiée pour qu'ils puissent jouer le role principal dans le releve.-
ment économique du pays.
La Roumanie ne pent pas satisfaire entierement ses be-
soins de produits metallurgiques A l'aide de ses établissements
avant de s'etre assure une importation a des conditions avanta-
geuses de minerai et de coke; il faut donc faire un choix de
produits dont on puisse encourager la fabrication dans le pays.
C'est le point de vue que nous avons admis plus haut.
Nous passons maintenant au deuxieme groupe, aux etabli s-
sem en ts m étallurgi q u es. Leur developpement dans l'an-
cien royaume est reuni a l'introduction des machines agr
colts, a l'industrie petroliere et apres la declaration
de la guerre a la defense national e. La guerre a d'abord
eu une forte influence sur la technique et l'agrandissement des

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248 L'industrie

usines; puis, finalement, elle a foxtement trouble et desorganisé


toute cette industrie, sauf pour les etablissements situes au nord
des Karpathes. Les chiffres que nous donnerons plus loin sur
les matieres premieres et les combustibles employes, sur la pro-
duction des divers groupes speciaux des annees 1913 et 1919
montrent clairement que les ffets de la guerre n'ont pas encore
été annules, bien que les machines enlevées et detruites aient
éte remplacées et que les installations aient eté agrandies immé-
diatement apres la signature de la paix.
Si nous embrassons toute cette branche industrielle, nous
avons un tableau tres varie des diverses fabrications.
Les 288 etablissements de l'industrie metallurgique se répar-
tissent comme suit:
ateliers mécaniques de reparations et de pieces détachées 158
fabriques de machines . . . .. . . . . 36
fabriques de meubles et serrurerics . 26
fabriques de clous, vis et treillis en fil de fer 15
fonderies de fer . . . . . 14
fabriques de constructions en fer et de chaudieres . 13
fabriques de marchandises en tele 9

....
. . . . .

fonderies de metaux, cloches 5


chantiers maritimes . . . 5
fonderies d'autres métaux, divers 3
fabriques d'outils et d'ustensiles 2
fabriques de chaudrons en cuivre 2
La plupart de ces usines sont situees dans l'ancien royaume:
dans l'ancienne Roumanie 165
en Transylvanie . . . 69
en Bessarabie 24
en Bukovine 16
dans le Banat . . 14

Le c a p i t a 1 investi dans les fonds, immeubles et installa-


tions de l'industrie metallurgique s'eleve a 178 millions 300 000
lei. On obtient un capital moyen de 619 031 lei 44 par eta-
blissement. Les investissements sont déjà visibles sux le tableau
de la repartition des etablissements; pourtant les usines de con-
structions en fer occupent le 3e rang au lieu du 6e. Les capitaux
sont répartis comme suit:
ateliers mécaniques de reparations et
de pieces détachées . . . . . . 56 millions 400 000 lei ou 32%
fabriques de machines . . . . . . 36 900 000 21%
fabriques de constructions en fer et de
chaudieres . . . . . . . . . 24 II 500 000 ., 14%
fabriques de clous,vis et treillis en fil de fer 21 800 000 12%
chantiers maritimes . . . 19 10,5%
fonderies de fonte et autres métaux 9 II 300 000 II 5,1%
fabriques de meubles en fer 6 900 000 3,8%
fabriques de marchandises en tôle . 2 II 100 000 II 1,0%
fabriques d'outils et d'ustensiles . . . 800 000 0,4%
fabriques de chaudrons en cuivre . 400 000 0,2%

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L'industrie métallurgique 249

Ce capital se répartit de la fagon suivante entre les diverses


provinces:
dans l'ancienne Roumanie . . 125 773 936 lei ou 70,5%
en Bessarabie . . 7 603 000 4,5%
en Bukovine 6 212 000 3,5%
dans le Banat 1 790 000 1,0%
en Transylvanie 36 902 119 20,5%
total: 178 281 055 lei ou 100%
On juge une branche industrielle au capital investi et a
la force qu'elle utilise. Le tableau suivant nous indique cette
derniere:
nombre de moteurs chevaux-vapeur
fabriques de machines . . . . . . . . . 355 4 116
ateliers mecaniques de reparations et de
pieces détachees .. . . . . .. . . 147 4 242
fabriques de clous, vis et treillis en fil de fer 29 2 103
fabriques de constructions en fer et de
chaudieres .. . . . . 50 1 826
chantiers maritimes 23 1 034
fonderies de fer . . . . . . . 37 740
fabriques de meubles et serrureries 41 418
fabriques de marchandises en Vile . 18 400
fabriques d'outils et d'ustensiles 18 396
fonderies d'autres metaux . . . 13 70
fabriques de chaudrons en cuivre . 3 58
fonderies d'autres métaux, cloches . 1 20

On voit que les fabriques de machines, les ateliers meca-


niques de reparations et de pieces détachees emploient le plus
de chevaux-vapeur. Plus de la moitié des 15 423 CV utilises
reviennent a ces categories d'usine. ll y a des fabriques de ma-
chines qui travaillent avec des forces motrices allant jusqu'a
300 CV et produisent des installations de moulins, moteurs a
explosion, turbines a eau, installations de transmissions, machi-
nes agricoles, machines textiles, etc. Elles possedent des fonde-
ries qui fabriquent des pieces pesant jusqu'à 10 000 kilogrammes.

La repartition territoriale des chevaux-vapeur em-


ployes dans l'industrie metallurgique est la suivante:
dans l'ancien royaume . 9 245 C V
en Transylvanie . . . 4 642
dans le Banat 919
en Bessarabie 351
en Bukovine 287

Les territoires adjoints accusent une force motrice de 6198 CV


ou 67 0/0.
Les matieres premieres employees dans l'industrie metallur-
gigue se sont elevées
130 877 tonnes d'une valeur de 31 millions 600 000 lei en 1913
55 379 293 700 000 1919

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250 L'industrie

El les ont aussi diminue de plus de la moitie quant au poids,


tandis que leur valeur a presque décuplé par suite des hauts
prix.
Voici la consommation des matieres premieres des fonderies
de fer, des fabriques de constructions en fer et des fabriques de
machines dans les années 1913 et 1919:
fonderies de fer:
29 826 tonnes d'une valeur de 1 million 900 000 lei en 1913
20 616 1/ 15 millions 100 000 1919
fahriques de constructions en fer:
28 644 tonnes d'une valeur de 7 millions 800 000 lei en 1913
3 551 PP 22 200 000 1919
fabriques de machines:
17 714 tonnes d'une valeur de 5 millions 100 000 lei en 1913
6 337 PI PP P3 47 600 000 1919

La consommation des combustibles montre un


recul analogue des quantités et une augmentation de la valeur.
Dans les 288 fabriques de l'industrie métallurgique, elle était de:
78 436 tonnes d'une valeur de 5 millions 600 000 lei en 1913
33 365 PP
26 de 1919
La production de cette grande branche industrielle &tall de:
117 479 tonnes d'une valeur de 64 millions 100 000 lei en 1913
49 940 PP
1129 600 000 1919

De 1913 a 1919, la production a donc baisse de la moitié,


tandis que sa valeur est montée de presque 20 fois.
Le tableau suivant indique la quantité et la valeur de la
production dans les diverses branches de l'industrie metallur-
gigue:
fonderies de fer
26 844 tonnes d'une valeur de 3 millions 200 000 lei en 1913
18 555 PP 57 100 000 1919
fabriques de constructions en fer
25 870 tonnes d'une valeur de 12 millions 800 000 lei en 1913
3 196 PP PP PP
47 600 000 1919
fahriques de clous et de vis
17 839 tonnes d'une valeur de 10 millions de lei en 1913
6 387 IP 133 900 000 1919
fabriques de machines
15 536 tonnes d'une valeur de 12 millions 500 000 lei en 1913
5 703 IP PI 217 800 000 1919
ateliers mécaniques
13 355 tonnes d'une valeur de 12 millions 600 000 lei en 1913
11 814 PP PI 526 800 000 1919

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L'industrie métallurgique 251

fabriques de marchandises en tOle


11 382 tonnes d'une valeur de 6 millions de lei en 1913
610 25 500 000 1919
fahriques de meubles
3 727 tonnes d'une valeur de 2 millions 900 000 lei en 1913
1 409 I/ 23 200 000 1919
chantiers maritimes
2 256 tonnes d'une valeur de 2 millions 500 000 lei en 1913
1 688 // 39 500 000 1919
fonderies de cloches
274 tonnes d'une valeur de 900 000 lei en 1913
263 52 millions 600 000 1919
fabriques d'outils
270 tonnes d'une valeur de 100 000 lei en 1913
261 // 4 millions de 1919
fahriques de chaudrons
66 tonnes d'une valeur de 100 000 lei en 1913
43 1/ 900 000 1919
fonderies d'autres métaux
61 tonnes d'une valeur de 300 000 lei en 1913
12 >I 500 000 1919

Cette production se répartit de la maniere suivante entre


les diverses parties du royaume roumain; la plus grande partie
revient a Pancien royaume:
dans l'ancienne Roumanie:
74 488 tonnes d'une valeur de 46 millions 300 000 lei en 1913
24 222 /7 // 775 800 000 1919
en Transylvanie:
35 569 tonnes d'une valeur de 12 millions 100 000 lei en 1913
23 162 229 500 000 1919
en Bessarabiel:
3 940 tonnes d'une valeur de 1 million 700 000 lei en 1913
592 // 16 100 000 1919
dans le Banat:
2 902 tonnes d'une valeur de 2 millions 800 000 lei en 1913
1 661 /I /7 PI 94 400 000 1919
en Bukovine:
616 tonnes d'une valeur de 1 million 100 000 lei en 1913
304 1, 91 13 /I 700 000 1919

La cote d'industrialisation qui est de 69,2 pour toute


l'industrie metallurgique est de 80 pour les ateliers mecaniques
de reparations et de 75,02 pour les fabriques de machines.
1 Une spécialisation n'existe pas. Ces chiffres se rapportent A toutes
les fabriques du groupe de l'industrie mecano-metallurgique.

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252 L'industrie

L'industrie metallurgique occupe 15 936 employes et ou-


vriers, c'est-a-dire dans:
l'administration 928
la technique 930
ouvriers qualifies . 8 607
ouvriers non qualifies . . . 5 471

Le tableau suivant montre la repartition des employes et


ouvriers entre les diverses branches industrielles:
personnel ouvriers total
d'administration technique qualitids non qualitids
ateliers mécaniques . 299 361 2 758 2 368 5 786
fabriques de machines 308 249 2 625 1 347 4 529
fabriques de construc-
tions en fer . . . 94 115 1 016 676 1 901
chantiers maritimes . 66 60 924 227 1 277
fonderies de fer . . . 46 38 389 239 712
fabriques de meubles . 33 51 297 160 541
fabriques de marchan-
dises en tble . . 24 23 159 295 501
fabriques de clous et
de vis 37 17 229 77 360
fonderies d'autres me-
taux 16 8 84 14 122
fabriques d'outils . . 4 6 46 48 104
fonderies de cloches . 1 57 16 74
fabriques de chaudrons 1 1 23 4 29

Dans les diverses regions, le nornbre des employes et


ouvriers etait le suivant:
personnel quatiii:suvrnieorns
total
d'administration technique qualitids
dans l'ancien royaume 514 575 4 825 3 487 9 401
en Transylvanie . . . 215 244 2 847 1 410 4 716
dans le Banat . . . . 118 42 422 298 880
en Bukovine . . . 40 42 255 178 515
en Bessarabie . . . 41 27 258 98 424
Les territoires adjoints accusent un surplus de 6535 ouvriers
sur l'ancien royaume.
L'industrie possede encore deux etablissements de méca-
niqu e fine qui produisent des balances, des mesures, des
poids, etc. Leur capital s'eleve a 1 million 400 000 lei. Ils utilisent
3 moteurs de 12 CV. Leur production fut de 11 tonnes de la
valeur de 6900 lei en 1913 et 135 tonnes de la valeur de
6 millions 400 000 lei en 1919; a l'encontre de celle des eta-
blissements du seconde groupe, elle a done considérablement
grandi. Ces deux usines occupent 1 employe, 1 technicien, 11 ou-
vriers qualifies et 14 ouvriers non qualifies; en tout 30 personnes.

Dans le quatrieme groupe des eta bliss em ents divers,


on distingue 9 entreprises qui produisent des articles en fil de
fer (aiguilles, boucles, etc.), chaines, sabres, poignards, limes, etc.

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L'industrie metallurgique 253

Ces 9 C'tablissements possedent un capital de 2 millions et


demi de lei. IN emploient 24 moteurs de 279 CV. Leur pro-
duction s'eleva A 586 tonnes de la valeur de 1 million 100 000
en 1913 et A 554 tonnes de la valeur de 26 millions de lei
en 1919. Ils occupent 16 employés, 9 techniciens, 121 ouvriers
qualifies et 94 ouvriers non qualifies ; en tout 240 personnes.
Les 305 etablissements de l'industrie metallurgique sont
r6partis de la facon suivante:
Ancien royaume . . 171
Transylvanie . . . 75
Bessarabie . . . . 24
Banat 19
Bukovine . 16

Le capital des 305 etablissements de cette industrie me-


cano-métallurgique investi dans les biens-fonds, imrneubles et
installations se chiffre par 289 millions 100 000 lei. Le groupe
des hauts fourneaux est situé hors de l'ancienne Roumanie,
les hauts-fourneaux de Resita sont dans le Banat et les hauts
fourneaux Hunedoara sont en Transylvanie; neanrnoins 126
millions 700 000 lei ou 44 0/0 de ce capital appartiennent a l'an-
cienne Roumanie; 80 millions 600 000 ou 28 0/0 au Banat et
66 millions 900 000 ou 23,3 0/0 a la Transylvanie. La part de
la Bessarabie et de la Bukovine est un peu superieure A 2 0/0.
Ces 305 grands etablissements possedent une force de
58 587 CV. La principale consommation de cette Cnergie est
faite dans le Banat et en Transylvanie oii se trouvent les grands
établissements et non dans l'ancien royaume. Celui-ci possede
un nombre supérieur d'établissements dans lesquels sont investies
de grandes sommes; mais ii vient en troisieme ligne pour la
consommation d'energie.

Les 58 587 chevaux-vapeur utilisés se repartissent comme


suit:
Ancienne Roumanie 9 319 CV.
Bessarabie 287
Bukovine . . 331
Banat . . 33 874
Transylvanie 14 776
Les territoires adjoints accusent un excédent de force mo-
trice de 49 268 CV ou 53 cyo en regard de celle de l'ancienne
Roumanie.

La main-d' ce uvr e joue egalement un role important


dans cette industrie. Si nous laissons de côte le personnel
d'administration et technique, l'industrie metallurgique occupc
plus de 34 156 ouvriers.

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254 L'industrie

Le Banat se trouve encore au premier rang dans l'emploi


de la main-d'oeuvre; la Transylvanie vient apres l'ancien royaume;
cela provient vraisemblablement de ce que les etablissements
utilisent beaucoup de machines et peuvent se passer de nombreux
ouvriers. Les statistiques ne permettent pas de constater si les
differences de salaires influent sur le nombre des ouvriers, car
les hauts salaires obligent a employer davantage les machines
qui économisent le travail.
Les ouvriers sont répartis comme suit entre les parties du
royaum e :
Ancien royaume 8 412
Bessarabie . . . 356
Bukovine 433
Banat . . . . 17 891
Transylvanie . . 7 064
Les territoires recouvrés sont en augmentation de 25 744
ouvriers ou de 3170/o en regard des ouvriers de l'ancien
royaume.
Les matieres premieres employees ont été de:
707 891 tonnes de la valeur de 37 millions 400 000 lei en 1913
126 132 355 400 000 1919
Ainsi, en 1919, on n'a employe que 180/0 des matieres pre-
mieres utilisées en 1913.
Les combustibles employes se sont elevés it:
569 235 tonnes de la valeur de 19 millions 400 000 lei en 1913
131 412 53 700 000 ,, 1919
La quantite de combustibles consommee en 1919 a éte
ainsi 230/o de celle de 1913.
La production realisée de l'industrie metallurgique s'est
chiffrée par:
415 076 tonnes de la valeur de 121 millions 200 000 lei en 1913
108 369 1330 200 000 1919
La quantite produite en 1919 est donc seulement 260/o
de celle de 1913.
La valeur du combustible consomme en 1913 est 15,5 0/0
de la valeur de la production, tandis que la valeur de celui de
1919 n'est que de 4 0/0.
Dans l'ancien royaume et dans les pays transcarpathiques,
les etablissements métallurgiques sont pourvus des installations
les plus modernes; ils peuvent donc satisfaire la plus grande
partie des besoins varies du pays.
La conjoncture de cette industrie depend en premiere ligne
du degre d'occupation des autres branches industrielles du pays.

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L'industrie mdtallurgique 255

De nombreux travaux, le relevement de la production dans la


meunerie, les distilleries d'alcool, les sucreries, entrainent de
nouvelles commandes h l'industrie mécano-métallurgique. L'in-
dustrie petroliere est sa bonne cliente. Les ateliers mécaniques,
les usines de constructions en fer, la fabrication des
chaudieres, les fabriques de machines et les fonderies de fer
dependent dans une grande mesure de l'industrie du petrole.
D'autres usines, comme les fabriques d'articles en tole qui
produisent des emballages et des articles de ferblanterie dependent
surtout de la marche des affaires dans l'industrie des conserves
et dans l'industrie chimique. Le travail des chantiers maritimes
depend de l'importance de la navigation sur le Danube. Les
chantiers sont tous situes dans l'ancien royaume. IN exécutent
les reparations des navires a vapeur et en construisent.
Les grands etablissements tendent a s'en adjoindre d'autres
qui couvrent les besoins des grandes entreprises. Ils sont pres-
que tous pourvus d'a teliers m é canique s. C'est le cas des
grandes Sociétes de pétrole dont les ateliers mecaniques servent
uniquement a faire face h leurs besoins. Ils fabriquent les ci-
seaux, les barres et autres outils employes dans l'exploitation
pétroliere et réparent ce qui est endommage. Celle-ci a le grand
avantage de pouvoir disposer tout de suite de ce dont elle
a besoin, alors qu'elle devrait parfois attendre longtemps la
livraison de ses commandes dans d'autres etablissements. Les
ateliers sont des établissements auxiliaires qui préservent de
troubles la marche de la production dans l'extraction et le
raffinage du pétrole. Ils servent en derniere ligne a la continuite
de l'exploitation.
Ils se composent de diverses sections. Ceux de la Steaua
Romana comprennent:
10 Le montage dans lequel sont montes les objets nou-
vellement fabriques ou repares par les usines suivantes. 11 occupe
240 ouvriers qualifies et 50 apprentis et manceuvres;
20 La fonderie dans laquelle on coule divers moules;
30 La chaudronnerie composée de fours chauffés au methane
ou au pétrole. On y chauffe le fer. La forge compte un nombrr
de marteaux h vapeur d'un poids de 1000, 700, 500, 400,
200 et 120 kilogrammes. On construit des tubes, des reservoirs,
etc.;
40 La menuiserie dans laquelle on fait les modeles; elle
compte 5 menuisiers, 2 journaliers et 1 apprenti;
50 Le tournage et la serrurerie.
Le développement des etablissernents de ce groupe d'in-
dustrie depend finalement d'un facteur de politique commerciale
important, des droits protecteurs.

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256 L'industrie

Dans l'ancienne Roumanie, les fabriques de meubles de fer,


de clous, vis et autres articles en fil de fer ont mt se développer
fortement grace a un tarif douanier protecteur. La pro-
tection douaniere que le nouveau tarif accorde a l'industrie
métallurgique est assez forte pour lui permettre la fabrication
de divers produits. La construction des machines agricoles et
instruments aratoires merite la plus grande attention, car il
existe encore un manque en Roumanie. La production en masse
est le seul moyen de fabriquer a bon marché et d'assurer le
rendement remunerateur des entreprises; il faut specialiser la
fabrication. Cette mesure seule mettra a meme les fabriques
existantes de resister a Ia concurrence étrangere qui est plus
fortement et mieux organisée que celle de la Rournanie. 11 y a
divers moyens pour y arriver. Tout d'abord ii faut appeler des
ouvriers qualifies de l'etranger; des considerations natio-
nalistes s'y opposent souvent. Aussi faut-il former soi-merne
des ouvriers spéciaux. L'Etat et l'industrie travaillent l'un pour
l'autre. La formation d'ouvriers qualifies se fait par la creation
d'ecoles d'apprentis et, par Porganisation de l'enseignement tech-
nique. Enfin ii y a la question du credit ind ul stri el qui
n'est pas encore réglee d'une maniere satisfaisante et dont
nous reparlerons a propos des banques.

L'existence d'une forte industrie métallurgique est neces-


saire pour la bonne marche de l'industrie intérieure; Ii faut
done Ku assurer tous les moyens qui contribuent a son progres.
11 faut proceder avec precaution en accordant des exemptions

ou des reductions de droits pour encourager les etablissements


de machines, de pieces detachées et d'accessoires afin de ne
pas causer de dommages a l'industrie roumaine. Car ces
reductions créent des differences de concurrence qui favorisent
une partie aux depens de l'autre. II ne faut done accorder des
faveurs qu'aux machines qui ne peuvent pas etre fabriquees
actuellement dans le pays. 11 faut aussi accorder la preferenne
a l'industrie indigene dans les commandes de l'Etat. On assure
ainsi un fort développement a cette branche industrielle tres
importante pour le relevement economique du pays.
Citons pour terminer quelques grandes maisons
qui appartiennent a ce groupe. A Bucarest ii y a:
Wolf a Filaret pres Bucarest (fonderies de fer et de rnetaux,
chaudieres a vapeur, reservoirs, foyers, recipients en metal sou-
des, communicateurs, injecteurs d'huile, tuyaux en fer, etc.).
Elle represente la fabrique de moteurs Diesel de Cologne-Deutz,
la fabrique de locomotives de Wolf-Magdebourg, les Etablisse-
ments de Felten-Guilleaume de Cologne, la fabrique de soupapes
de Schaffer et Budenberg, entre autres.

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L'industrie metallurgique 257

Les usines Lemaitre, les plus grands ateliers mécaniques


de l'ancienne Roumanie (construction de machines a vapeur pour
l'industrie et l'agriculture, de batteuses, d'appareils et d'outils
de forage, communicateurs, pompes, balances decimates, instal-
lations pour injecteurs d'huile, fonderie de fer et de rnetaux).
Les usines metallurgiques de Bucarest (Uzinele Metalurgice
Bucuresti) avec ateliers d'émaillage et d'estampage, repara-
tions de chaudieres, serrurerie, ferblanterie.
Les usines Neptune (Uzinele Metalurgice Neptun) fabriquent
des aiguilles, fil de fer, de zinc, rivets pour chaudiere, outils
agricoles.
J. Haug (treillis de fil de fer et serrurerie d'art).
'Masura, Societe" anonyme (fine mecanique).
Les ateliers des chemins de fer de Bucarest-Nord et de l'Ar-
senal de l'armee appartiennent a l'Etat.
A Braila existent:
Les grands ateliers de reparations de wagons de chemins
de fer et locomotives fondes recemment (1924) avec des capitaux
francais et roumains.
A Galatz, on trouve:
Les chanters maritimes roumains sur le Danube (Santierele
Romane de la Dunare), Societe anonyme (anciennement Fernic)
de constructions de navires et reparations, ateliers spéciaux de
locomotives et de reparations de wagons, fonderie de fer et de
bronze, appareils de forage et installations de sondage a pétrole.
A Prahova, ii y a:
Les grands ateliers des Societés petrolieres qui fabriquent
spécialement et reparent les machines de forage, les appareils
et outils, par exernple ceux de la Steaua Romana a Campina,
de l'Astra, etc.
A Campina se trouve:
La clouterie Costinescu (la plus grande de la Roumanie).
A Arad, il y a:
L'Astra qui fabrique des moteurs, outils, pieces detachees, etc.
Joan Weitzer, fabrique de wagons.
'Marta, Societe anonyme, fabrique d'automobiles.
Les freres Schiel, fabrique de moteurs.
A Satumare existe:
L'Unio, Societe anonyme, fabrique de wagons.
A Hermannstadt, ii y a:
And, Rieger, fonderie et fabrique de machines agricoles;
il fait des peigneuses, des fouleries, des ouvreuses, des appareils
17

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258 L'industrie

réfrigérents pour la fabrication de la soude, des moulins décorti-


queurs, des charrues, des machines A battre le ble et autres
machines agricoles; des ustensiles de cuisine en aluminium; il
est spécialiste pour la fonte des tuyaux.
La Prima fabrica romana de pile, Societe anonyme, premiere
fabrique de limes, rendement: 70 000 limes par mois.
L'industrie du bois.
L'industrie du bois de la Roumanie, a laquelle nous rat-
tachons l'industrie de la cellulose et du papier, est beaucoup
plus grande que l'industrie metallurgique. Le nombre des etablis-
sements, le capital engage, les forces motrices, le nombre des
ouvriers, la quantité et la valeur de la production sont plus
grands.
La base de cette industrie est formée par la richesse fores-
tiere de la Roumanie dont nous avons déjà pade. Son exploita-
tion a crée de la vie dans les montagnes. L'utilisation des grandes
quantités de bois, leur exploitation, et leur transformation ont
été fortement développées a l'aide du capital etranger.
Les grandes sociétés ayant une organisation technique et
commerciale convenable ont pu mobiliser sur une grande échelle
le bois de grandes etendues forestieres des montagnes, car elles
ont cree les moyens de transport et les installations necessaires
pour la coupe et le transport de grandes masses de bois.
Les principales de ces sociétes forestieres qui disposent de
surfaces immenses de forets sont les suivantes:
La Societatea anonima pentru exploatare de paduri si feres-
trae cu vapori mai inainte fost P. C. Goetz (Societe anonym
pour l'exploitation du bois et scieries a vapeur, anciennement
P. et C. Goetz & Cie (16 millions de lei de capital).
La Carpatina, Societe anonyme roumaine pour l'industrie
forestiere a Bucarest (capital de 100 millions de lei).
La Romania Forestiera, Societe anonyme pour l'exploitation
des forets, le commerce et l'industrie du bois a Bucarest (capital
de 30 millions de lei).
La Foresta Romana, Societe de l'industrie du bois, A
Bucarest.
La Societatea anonima forestiera Union A Bucarest (capital
8 millions de lei).
La Dealul-Lung exploatare de paduri a Bucarest (capital
3 millions 300 000 lei).
La Silvica Romana, Societe anonyme a Bucarest (capital
10 millions exploite les forets de Goidesti Buzau.
La Societatea forestiera «Valea Lunga», A Bucarest (capital
4 millions de lei).

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L'industrie du bois 259

La Societatea pe actiuni pentru Industria Lemnului a Targul-


Mures (Exploitation de forets, scierie et fabrique de meubles,
capital 2 millions et demi de lei).
La Societatea anonima Bucovina.
La Taslau a Taslau (district de Neamtu).
La Raul Targului a Campulung.
Les Societatiile Siriu, Tega et Vatra Satului pentru exploa-
tari de Paduri si Fabrici de Cherestea (Sociétés Sirui, Tega et
Vatra Satului pour l'exploitation des forets et scieries a Bucarest).
La Societatea anonima and, p. industria forest (Societe'
anonyme de l'industrie forestiere a Kronstadt, capital 5 mil-
lions de Iei).
La Societe anonyme forestiere Froim Fischer & Cie, a
Jassi (capital 8 millions de lei).
La «Padurea Maxuk, Sociéte anonyme forestiere a Jassi
(capital 850 000 lei).
La Societatea anonima Forestiera Union a Targul-Mures
(avec fabriques, entrepôts de bois et exploitation de forets).
Les syndicats pour l'exploitation des forets sont:
Tazlaul a Tazlau dans le district de Neamtu (capital 412 034
lei-or).
Albina a Tarcau dans le district de Neamtu.
Avant la guerre, II existait dans l'ancien royaume 14 So-
ciétés de bois possédant de grands capitaux. La plus grande
était la Societe anonyme pour l'exploitation de bois et scieries
A vapeur, anciennement P. C. Goetz & Cie, avec de grands
établissements dans les districts de Buzau et Neamtu (Coma-
nesti). Elle a 96 porte-scies, 87 scies 'circulaires, toutes les
machines pour le travail du bois dans les centres industriels et
dans la plupart des contrees forestieres.

II existe encore beaucoup d'autres sociétés pour l'exploita-


tion des forets. La difficulté de les grouper empeche de les
classer. Nous n'avons pas indique le capital de toutes les so-
cietés. 11 y a une difference entre les capitaux, selon qu'ils sont
en lei-or ou en lei-papier deprécies par l'inflation. Aussi une
Sociéte avec un petit capital d'avant-guerre pent etre plus grande
qu'une autre avec un grand capital d'apres-guerre.

On voit par cette enumeration que ces societés d'exploitation


des forets ne sont pas des societés qui abattent uniquement des
arbres et vendent les troncs; elles executent aussi d'autres
phases de la production. C'est le cas des societes qui possedent
des scieries. Nous citerons plus tard, a propos des Sociétes de
17*

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260 L'industrie

fabrication, des entreprises qui embrassent toute la fabrication,


depuis les matieres premieres dans la foret jusqu'aux produits
fabriques dans la fabrique.
Pour que l'exploitation rationnelle des forets n'ait 'pas a
souffrir, on a fixé que ces Societés ne peuvent pas exploiter
plus d'un stere et demi par hectare. La quantite de bois obtenue
ainsi annuellement s'eleve A 10 millions de metres cubes et
demi.' Les besoins du pays sont de 7 millions de metres cubes;
les 3 millions restants ou 150 000 wagons peuvent etre exportés.
Pour connaitre l'exploitation, faisons un voyage dans le
domaine d'exploitation le plus éleve des Karpathes, sur un
wagonnet du chemin de fer forestier de la Carpatina qui suit
la vallée de la Pascoaea, affluent du Lotru. Le train se met lente-
ment en mouvement et remonte la sauvage vallee de ce torrent
furieux dont le lit est seme de pierres et de rochers. Péniblement
le train serpente le long du torrent, A travers les rochers, suivant
ses nombreux méandres. 11 le croise plusieurs fois sur des ponts
de bois. La petite locomotive remorque 16 wagons. On fait
plusieurs fois halte pour prendre du bois destine A la chauffer,
car il n'y a pas de charbon dans cette region. On continue le
voyage quand le tender est suffisamment plein de bois. Au
bout de quelques heures, nous sommes arrives dans la sphere'
d'exploitation. D'immenses etendues de forks représentent des
reserves de bois de dimensions gigantesques. Chaque annee,
on abat a cet endroit 50 000 metres cubes de bois. Notre guide
évalue les quantités A 400 000 metres cubes. C'est du travail
pour des dizaines d'annees. Nous descendons sur une forte
rampe oii l'on transporte de lourds madriers sur des wagons.
Nous nous arretons un instant dans le magasin de la Carpatina.
Puis nous montons sur un plan long de 2 kilometres et demi. C'est
un glissoir en bois, s'elevant peu a peu dans lequel on conduit
de l'eau qui entraine les troncs. Cette eau est recueillie dans
de grands étangs pour etre conduite dans les glissoirs au
moment voulu. Les troncs glissent de la montagne dans ces
reservoirs, de sorte que l'eau jaillit tres haut.
On distingue les glissoirs A eau et les glissoirs secs; ces der-
niers sont plus raides. Dans les glissoirs A eau, le bois glisse en-
traine par la force de l'eau courante. La construction de ces glis-
soirs qui forment une voie de transport pour les troncs abattu
et ecorces dans la haute montagne est cotiteuse et exige beau-
coup de soins. A Pepoque de notre voyage, en eté 1920, un
de ces glissoirs était en construction. Il montait dans un angle
raide et les ouvriers devaient etre fres précautionneux pout
eviler des accidents.
1 Voir: Correspondance économique, janvier-février 1920.

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L'industrie du bois 261

Le transport du bois se fait en plusieurs étapes:


1° L'arbre coupé passe par un glissoir sec ou par un glissoir
cree par la nature.
2° Il arrive dans un grand bassin.
3° De la il passe dans le glissoir a eau.
4° Il arrive alors sur la rampe d'oir il est chargé sur le
wagon.
La longueur des troncs transportés par les glissoirs varie
entre 4 et 14 metres; ii y en a aussi de 20 metres.
L'abatage dure de mai a juillet; il faut l'interrompre avant
ou apres, parce qu'on ne peut plus ôter l'écorce.
Les bilcherons habitent dans de petites cabanes en bois oti
ils font la cuisine et couchent. Un foyer se trouve au milieu de
la maisonnette.
Le bois est conduit aux scieries et aux etablissements qui
le transforment ou transporte en radeaux. Le flottage du bois
est tres important. Les troncs sont reunis en radeaux qui des-
cendent l'Olt et le Danube. Le flottage est un métier amessoire
des paysans. Outre les Roumains, les Italiens le pratiquent; ils
montrent tine grande habilete pour construire les radeaux. Ils
sont payes par metre cube. La qualite du bois souffre du trans-
port par eau. Autrefois, ii était le seul en usage; maintenant les
chemins de fer transportent aussi beaucoup de bois.

Le travail du bois se fait dans un grand


nombre d'etablissements. D'apres l'enquete de l'industrie de
1920, il y a 502 établissements qui servent au travail du bois
en Roumanie. La plus grande partie, c'est-a-dire 330, sont des
fabriques de bois de construction; 115 des fabriques de meubles.
Les autres établissements sont peu importants en comparaison
de ces deux grands groupes:
menuiseries
If
. . . . . . .
fabriques de cellulose, de papier et de cartons
d'emballages et de tonneaux . .
. . . .......
. ...... .
31
12
7
PP de voitures . . 7

Les ateliers appartenant au groupe de la menuiserie fabri-


quent des parquets, de la bimbeloterie, des accessoires, des
brosses, des pinceaux, divers objets en bois, des formes, etc.
Le plus grand nombre des établissements de cette industrie
appartient a la Transylvanie:
Transylvanie 240
Ancien royaume . 155
Bukovine . 67
Banat 25
Bessarabie 15

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262 L'industrie

La Transylvanie possede la plus grande richesse en forets,


4 millions 200 000 hectares, c'est-A-dire la moitié de la proprieté
forestiere du pays. La Bessarabie a peu de forets. Par contre,
la Bukovine est un pays forestier. La repartition de l'industrie
du bois s'est faite d'apres la richesse en forets.
Le capital engage dans l'industrie du bois, dans les fonds;
immeubles et installations ressort A 478 millions de lei. On a
ainsi un capital moyen de 95 217 lei par établissement.
La part de chacun des groupes est la suivante:
Industrie du bois de construction 357 millions 900 000 lei
Industrie des meubles . . . .. . . 56
. . 200 000
Industrie de la cellulose, du papier et des cartons 50
Industrie des emballages et des tonneaux . . 2 400 000
.

Industrie des voitures . . .. . . 700 000


11 résulte que l'industrie du bois de construction dispose du
plus grand capital investi dans l'industrie du bois, c'est-A-dire
de 750/0 du capital global.
Ce capital se repartit entre les differents territoires du
royaume de la maniere suivante:
Ancienne Roumanie 196 millions 400 000 lei
Transylvanie 191 300 000
Bukovine 75 600 000
Banat 10 800 000
Bessarabie 3 11 900 000
L'ancien royaume vient apres la Transylvanie quant au nom-
bre des etablissements; mais il est en tete quant au capital ri-
vesti dans l'industrie du bois et A l'importance des forces
employees.

Les forces motrices dont disposait cette industrie, avant la


guerre, dans l'ancien royaume, se chiffraient par 21 478 chevaux-
vapeur. Ii faut ajouter 13 000 CV des fabriques de cellulose et
des papeteries; on a le chiffre global de 33 478 CV.
L'adjonction des nouveaux territoires a porte ce nornbre A
66 581 CV. La force motrice a ainsi double.
Les diverses branches de oette industrie participent, dans
la proportion suivante, A cette quantite d'énergie:
Industrie du bois de construction 46 082 CV.
Industrie du papier 14 292
Industrie des meubles . 4 936
Industrie de la menuiserie 823
Industrie des tonneaux 379
Industrie des voitures . . . 69
66 581 CV.
Sur ces 66 581 chevaux-vapeur
396 machines A vapeur et turbines A vapeur fournissent . . . 53 278 CV.
75 moteurs A essence, A gaz, A huile, Diesel, etc. fournissent 1 553
398 moteurs électriques fournissent . . . . . . . . 5 645
76 divers (turbines A eau, etc.) fournissent 6 105

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L'industrie du bois 283

La plus grande partie de Penergie utilisée par cette branche


d'industrie est donc produite par les machines a vapeur et les
turbines a vapeur.
Cette force motrice provient de la consommation du bois;
une partie est fournie par les derives du pétrole, les chutes d'eau
(surtout en Bukovine) et le courant électrique. Celui-ci est uti-
lise dans les fabriques de meubles, la menuiserie et les fabriques
de divers objets en bois. L'industrie du bois pourrait se servir
du methane en Transylvanie et de la houille pour produire la
force motrice. Si elle arrive a réaliser ce progres, le pétrole
sera exporté; le bois pourrait trouver d'autres mplois plus
utiles que sa combustion.

Les combustibles employes ont ete de:


1 228 702 tonnes de la valeur de 28 millions 900 000 lei en 1913
653 697 ,, II 143 900 000 1919
Le tableau ci-dessous indique les especes de combustibles:
bois 142 005 tonnes
charbon
. ...........
4 140
lignite 4 171
coke . . . . . . 416
pétrole et dérivés 20 459
divers: charbon de bois, résidus, paille, roseaux, etc. 482 476
Parmi les residus qui forment le poste le plus grand des
combustibles, il faut citer les copeaux et la sciure de bois.

La part des combustibles des diverses branches de l'industrie du


bois est la suivante:
Fabriques de bois de construction . . . 125 millions 890 000 lei
. . .

Fabriques de cellulose, de papier et de cartons 430 000

......
9
Fabriques de meubles . . . . . . . . . . . 7 900 000
Fabriques de voitures . . . . . 40 000
Fabriques de tonneaux et d'emballages . . . 30 000

L'industrie du bois de la Roumanie a excessivement souffert


de la guerre. C'est elle qui a le plus souffert de toutes les
industries. Dans les statistiques ministerielles, le dommage cause
figure par 183 millions de lei, c'est-à-dire 130/0 des dommages
industriels totaux. Cette industrie, presque aneantic par la
guerre, s'est relevée et a été agrandie, grace aux tendances
d'industrialisation, aux prix grandissants et aux besoins in-
térieurs. Un nombre considerable de nouvelles entr epri-
s'e s ont été créées. Néanmoins, en 1919, lorsqu'on examina
la situation, la production et la consommation des fabriquco
étaient encore relativement faibles; 1919 est l'année du rele-
vement de toutes les industries que la guerre avaient paralysees.
C'est pourquoi la consommation des bois restant pour les

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264 L'industrie

fabriques n'a été que de 2 millions 600 000 metres cubes et


celle des papeteries de 50 000 tonnes.
Depuis 1913, le prix du bois a considérablement aug-
menté en relation avec la baisse du change. En 1919, il est
10 a 12 fois celui d'avant-guerre. La valeur globale des matieres
premieres employees dans toutes les fabriques de bois était de
1549 millions 700 000 lei. D'apres les donnees officielles, se chiffre
se repartit comme suit entre les diverses branches de la fabri-
cation.
Fabriques de bois de construction 1 385 462 295 lei
Fabriques de meubles . . . . . . 86 658 995
Fabriques de cellulose, de papier et de cartons . 61 583 935
Menuiseries . . . . . . . . 10 489 360
Fabriques d'emballages et de tonneaux 4 996 000
Fabriques de voitures 579 650
1 549 770 235 lei

On s'effo.rce beaucoup de développer les fabriques de meu-


bles et la menuiserie. Les moyens de transport sont insuffisants;
aussi y a-t-il lieu de travailler le bois sur place. Le produit
fabrique a un volume inférieur et se laisse plus facilement trans-
porter. L'industrialisation rencontre, il est vrai, de grands
obstacles. Les installations exigent de grands capitaux, des
ouvriers qualifies qui manquent et qu'il faut faire venir de
l'étranger.
Les valeurs produites par l'industrie du bois ont eté de:
265 millions 500 000 lei en 1913
2052 500 000 1919
La part des divers territoires a été comme suit:
1913
Transylvanie 122 millions de lei
Ancien royaume 91 11 500 000 lei
Bukovine 46 ,, 100 000
Banat. . . . 4 $, 400 000
Bessarabie 4 21 500 000
1919
Transylvanie 951 millions 900 000 lei
Ancien royaume . . 612 ,, 300 000
Bukovinc . . . . . 413 300 000
Banat . . . . 56 200 000
Bessarabie 18 II 900 000
Ces valeurs se repartissent de la maniere suivante entre les
divers groupes de l'industrie du bois:
Industrie du bois de construction 1 626 millions 370 000 lei
Industrie des meubles 229 470 000
Industrie du papier 151 630 000
Industrie de la menuiserie . . 31 240 000
Industrie des emballages et des tonneaux . . 11 870 000
Industrie des voitures . . . 1 930 000

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L'industrie du bois 265

En 1923, la production des principaux produits de bois fut


la suivante:
bois de construction 4 700 000 metres cubes
bois d'ouvrage 520 000 IP "
traverses 1 500 000
meubles . . . . . 285 000
outils en bois . . . . . 500 000 ,
meubles (nombre des garnitures) . . 6 000

La production globale de l'industrie du bois s'eleva a 7 mil-


liards de lei en 1923.

Parmi toutes les industries de la Roumanie, celle du bois


occupc le plus grand nombre d'ouvriers. De grandes sociétés,
comme la Carpatina, ont 8000 hommes dont 3000 dans les
scieries (d'apres les données du directeur Otto).
Le chiffre total de la main-d'ceuvre employee dans l'in-
dustrie du bois est de 44 886 personnes dont 1780 dans l'ad-
ministration et 1545 dans la technique. Le nombre des ouvriers
non qualifies est trois fois plus grand que celui des ouvriers quali-
fies: sur 10 582 ouvriers qualifies, ii y a 30 979 ouvriers non
qualifies; les 4/5 sont des Roumains et le reste des etrangers.
Parmi ces derniers, il y a les chefs d'ateliers, les mécaniciens
et divers ouvriers qualifies; ils sont déja depuis des generations
dans le pays.
Le tableau ci-dessous indique les employes et les ouvriers
occupés dans les diverses branches de l'industrie du bois:
administration technique ouvriers ouvriers total
quail( ids non qualifieA.
Fabriques de bois de
construction . . . 1353 1 117 5 605 28 753 36 828
Fabriques de meubles 241 301 2 384 1 290 4 216
Fabriques de papier . 85 85 2 018 356 2 544
Menuiseries . . . . 66 34 492 433 1 025
Fabriques d'emballage
et de tonneaux . . 30 4 48 102 184
Fabriques de voitures 5 4 35 45 89
Les fabriques de bois de construction occupent donc le plus
d'employés et d'ouvriers; le nombre des ouvriers non qualifies
est le plus grand. C'est le contraire dans les fabriques de
meubles oh les ouvriers non qualifies ne forment que la rnoitie
des oumriers qualifies.
Les ouvriers, techniciens et employes se repartissent comme
suit entre les parties du pays:
Ancien royaume . . . 18 613
Transylvanie 21 052
Bukovine 3 412
Banat 1 522
Bessarabie 287

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266 L'industrie

L'industrie du bois s'appuie sur un grand nombre de grandes


sci ex i e s. Nous ne pouvons pas les nommer toutes. Nous
nous contenterons d'indiquer leur repartition.
Les scieries sont au nombre de 4 dans le district de l'Arges,
de 14 dans celui de Bacau dont 3 appartenant a l'ancienne maison
Gcetz; de 3 a Botosani, 2 a Braila, 3 a Buzau. A Nehoiu se
trouvent les plus grandes scieries de la Roumanie (de l'ancienne
maison Gcetz). A Galatz, ii n'y a qu'une scierie, a Dambovita 3,
a Dolj 1 qui parte le nom de Comptoir de bois berlinois Lotru;
a Gorj 2, a Jassi 3, a Muscel 4, a Neamtu 12, dont la plus grande
a Tangareti appartenait autrefois a la maison a Gcetz; a Pra-
hova 12, a Putna 5, a Ramnicu-Sarat 2, a Romanati 3, a Ro-
man 2, a Suceava 4, a Valcea 8, a Vlasca 2.
La Bessarabie compte 11 scieries.
Les principales scieries de la Bukovine sont a Czernovitz,
Banaila moldoveneasca, Storojinet, Vatra Dorni (Goetz), etc.
En Transylvanie, une grande scierie situee dans le district
de Ciuc-Sexeda a 950 CV et 400 ouvriers; c'est la Societe ano-
nyme Lomas pour l'industrie du bois a Gyergovarhegy. A
OradiaMare se trouve la Societe anonyme pour l'industrie
du bois avec 530 CV et 250 ouvriers.
A Mures-Turda la Societe anonyme, Valea Muresului de
650 CV 160 ouvriers.
Dans le district de Hunedoara, la scierie Pollaczek & Scheber
de 500 CV et 630 ouvriers.
A Gyergyoszent, la Societe anonyme pour l'industrie du
bois Alfalau de 500 CV et 300 ouvriers.
A Ciuc, la Societe anonyme de l'industrie forestiere saxonne
de 500 CV et 355 ouvriers.
A 'Mures-Turda, la Societe anonyme magyare-roumaine pour
l'industrie du bois de 500 CV.
A Trei-Scaune, la Sociéte anonyme pour l'industrie du bois
de 500 CV et 2000 ouvxiers.
A Vamfalva, la Societe anonyme pour l'industrie du bois
de 400 CV et 500 ouvriers.
A Bistritza-Veche, la Societe anonyme pour l'industrie fore-
stiere de 350 CV et 500 ouvriers.
A Odorhei, la Societe anonyme pour l'exploitation des
forets de 300 CV et 350 ouvriers.
A Hamba pres Sibiu, Herzfeld Gyula de 275 CV et
120 ouvriers.
A Sebesul-sasesc, Henri Baiersdorf coupe du bois pour
les fabriques de cellulose avec 250 CV et 140 ouvriers.

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L'industrie du papier 267

A Dobresti (district de Bihor), la Société anonyme pour


l'industrie forestiere et calcaire de 250 CV et 750 ouvriers.
A Valea Mare, Adolphe Frank avec 300 CV.
Les autres etablissements tres nombreux de la Transylvanie
sont de petites scieries de moins de 70 CV.
La Roumanie possede un certain nombre de fabriques de
papier d'une production de 17 millions 100 000 lei. Les paper
teries de l'ancienne Roumanie fabriquaient 17 714 tonnes de
papier qui correspondaient a 2 kilogrammes 230 par habitant.
Aujourd'hui, apres l'adjonction des nouveaux territoires, cette
quantité ne suffit plus. Dans la nouvelle Roumanie, la pro-
duction est de 23 114 tonnes, ce qui équivant a 1 kilogramme
445 par habitant. Si l'on tient compte de sa consommation de
papier, sa production devrait augmenter beaucoup plus; dans
l'ancienne Autriche, la consommation de papier était de 5 kilo-
grammes par habitant. Le nombre des fabriques est insuffi-
sant a l'hettre actuelle; elles ont besoin d'etre secondées pour
fake face aux besoins intérieurs. Le cas écheant, ii ne faut
pas reculer devant l'importation de papier, car il s'agit ici d'une
question civilisatrice.
Les deux fabriques a Busteni (C. & S. Schiel, S. A. pentru
confectiunea hartiei) ont la plus grande production de la Rou-
manie; 900 wagons en 1923. La Letea pres Bucau possede un
capital de 20 millions et a fourni une production de 800 wagons
l'annee derniere. 11 faut encore citer: C. Lung (400 wagons);
P. Neamt (400 wagons); Petrifalau (360 wagons); Scaeni (180
wagons).
A Bucarest, il y a encore trois petites entreprises :
La Societe anonyme Campulungul;
La Societe anonyme pour l'industrie du bois;
La Societatea anonima romana de celuloza.
En Transylvanie, il y a:
Copony Martop, fabrique de papier de Zarnesti pres Kron-
stadt avec 1600 CV et 450 ouwiers.
La Societatea anonima Neusideli de hartie is Peterfalau
pres Hermannstadt, avec 1000 CV et 400 ouvriers.
La Fabrica de celuloza a Kronstadt (Zernesti) de 94 CV
et 650 ouvriers.
La fabrique de cartonnage d'Adolphe Sonnenfeld a Klausen-
burg avec 150 ouvriers.
Les fahriques de meubles existant dans l'a ci en royaume
sont a Bucarest, au nombre de 20 avec 34 ateliers mécaniques

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268 L'industrie

pour le travail du bois, d'apres l'Anuarul general al Romaniei


de 1920. La plus grande est:
L'Industria Lemnului, Societé anonyme (un million de lei),
meubles simples et de luxe, voitures, parquets.
A Jassi:
La Société anonyme Fortuna.
A Suceava:
Gustave Eichler a Gainesti (district de Suceava).
La Société anonyme Fabrifag a Falticeni.
A Neamtu:
L.A. Grumberg a Piatra-Neamtu.
En Transylvanie:
Lengyel Loxincz, fabrique de meubles a Arad, avec 180 CV
et 200 ouvriers.
Peltzer Karoly, fabrique de cannes a Visau ros (Maramuresh)
de 100 CV et avec 23 ouvriers.
Kimanoczy jeune, fabrique de meubles a Grosswardein de
120 CV et avec 84 ouvriers.
La plus grande fabrique de meubles en bois cintré est celle
de Timas Ladiszlav a Kiralychago (district de Bihor) de 100 CV
et avec 160 ouvriers.
11 existe en outre d'autres petites fabriques de 20 a 100 CV
a Turda, Sighetul Marmatiei, Arad, Cluj, Targu-Mures, Satmar,
Brasov, Sibiu, Oradia-Mare.
En Bukovine, on rencontre:
La fabrique de meubles et menuiserie Furnica, l'entre-
prise la plus importante, a Czernovitz, société a responsabilite
limitée, fondée en 1919 avec un capital de 100 000 couronnes.
Elle est actionnée a l'électricité et possede les machines usuelles
pour le travail du bois: raboteuses, scies circulaires et a
ruban, fraiseuses, machines a fabriquer les parquets, machines
a émoudre automatiques, etc. Elle a une sécherie de bois. Sa
consommation s'eleve a 24 wagons de bois doux et 12 wagons
de bois dur, 6000 metres carrés de bois a plaquer, 100 garni-
tures de glaces avec divers accessoires. Son personnel comprend
10 employés et 40 a 50 ouvriers. Elle produit des meubles
simples et de luxe, des articles d'ébénisterie de toute sorte ,et
des parquets. Sa production a une valeur de 2 millions de lei
environ et son rendement est de 600/o.
La seconde entreprise est la «Premiere fabrique de meubles
de la Bukovine Thöner a Radauti, societé a responsabilité li-
mitée. Son capital de fondation, en 1908, etait de 500 000
couronnes. Elle a été transformee en société en 1919. Sa pro-

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L'industrie des meubles 269

duction est de 100 a 120 garnitures de meubles, d'une valeur


de 600 000 a 800 000 lei.
La troisieme est la celebre fabrique de meubles et ébenis-
terie A. Himan a Vatra Dornei, fondee en 1910. Elle a été
detruite pendant la guerre et reconstruite en 1919 avec un
capital de 100 000 couronnes.
Enfin, ii faut encore citer la Societe pour l'industrie du
bois Romania, a responsabilité limitée, a Czernovitz, fondee
en 1920, avec un capital de 2 millions et demi de lei.
La Bukovine est célehre par la haute qualite de son bois
de clavier et de resonance. Avant la guerre, on produisait
100 wagons de bois a clavier et 50 a 80 wagons de bois de
'resonance. Ii y avait aussi plusieurs installations pour fabriquer
des plaques de resonance. Aujourd'hui, ii n'en existe qu'une,
la Societe Molidul a Frasin. Elle produit par an 10 wagons
de bois de resonance. Paul Muncke a Vama et Nospreis a
Jacobeni produisent aussi du bois de clavier, 20 A 25 wagons
de la valeur de 500 000 a 600 000 lei.
Parmi les fabriques qui produisent des tonneaux en bois,
ii faut cite,r, dans l'ancien royaume:
Bucher & Durrer a Bucarest,
E. Lessel a BucareSt,
Sylva, Societe anonyme A Bucarest.
En Transylvanie:
R. Munk a Caransebes, fabrique de tonneaux de 330 CV
avec 100 ouvriers,
A. Bihor, une fabrique de tonneaux de 60 CV et avec
45 ouvxiers.
La fabrique de tonneaux et de bois a Klausenburg, de-
puis 1919, fait des meubles, des installations d'ecole, des 'dis-
ques de cadres de bois, des brouettes, des parties de voitures,
des caisses, des tableaux noirs a dessiner, des flits. Elle a
abandonne la fabrication de boites a bonbons, des caisses de
bois pour les verres A reaction. Elle a entrepris la vannerie.
Elle possede des forets A elle.
En Bukovine, il n'y a qu'une seule fabrique de flits, celle
de Nicolas Zajaczkowski & fils, fondee en 1911 par la trans-
formation d'un petit atelier. L'exploitation réguliere commenca
en 1921. Son capital est de 300 000 lei. La fabrique a 9 mo-
teuxs electriques et un certain nombre de machines. Elle emploie
annuellement environ 10 000 metres cubes de bois de chene
et 5 a 6 wagons de plaques en chene. Elle occupe 2 employes
et 25 ouvxiers. Sa production annuelle est de 9000 tonneaux,

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270 L'industrie

la plupart des tonneaux a biere de 25 litres. Leur valeur est


de 1 million et demi.
Parmi les f a b ri qu es de v oitur es il faut mentionner:
Ferdinand 'Motylewski, a Czernovitz, la plus importante fa-
brique, fondee en 1892. Elle emploie annuellement, :comme
matieres premieres, 2 wagons de bois, 1 wagon d'essieux et
ressorts, des matieres accessoires, telles que cuir, toile, cou-
leurs. Son personnel se compose de 2 employes et de 7 ouvriers.
Avant la guerre, elle fabriquait 100 voitures; actuellement 50.
II faut ajouter les reparations de voitures qu'elle effectue.

D'autres objets en bois sont fabriques par:


La fabrique de liteaux de Lugoj, a Lugoj, de 240 CV avec
200 ouvriers;
Joseph Sztiaszui, a Arad, de 30 CV avec 18 ouvriers;
Gabor jeune, a Barot, fabrique d'articles en bois de 60 CV
avec 44 ouvriers;
Christel Martin a Colda pres Kronstadt, fabrique de man-
ches d'instruments et d'outils de 30 CV avec 20 ouvriers.
11 faut encore citer une f a bri qu e de bou chons en
Bukovine, la seule de la Roumaine. Elle produit 1000 bouchons
par jour. La valeur de sa production annuelle est de 80 000 a
100 000 lei. Cependant cette fabrique n'a pas une grande im-
portance.

L'industrie chimique.
L'essor de l'industrie chimique en Roumanie date d'apres la
guerre; jusque-la, elle était peu développée. Ce n'était point
pas manque de matieres premieres; elles etaient au contraire tres
nombreuses. La creation de cette industrie est compliquee. La
composition synthétique des produits chimiques exige des pro-
cedes techniques bien etudies. La Roumanie manquait d'in-
stallations et de chimistes suffisamment expérimentes. Puis les
derives ne pouvaient pas etre consommes dans le pays. Aussi
personne ne voulait courir le risque de placer des capitaux dans
cette industrie. 11 était plus simple de pratiquer l'agriculture
et de firer de Petranger les produits chimiques manquants, ou
de fabriquer soi-meme ce dont on avait besoin. Nous avons déja
vu que les paysans préparaient eux-memes leurs couleurs a
l'aide de flaws et d'écorces.
Une seule et grande industrie s'était formée: l'industrie
petroliere. Nous en parlerons plus tard a propos des mines.
La grande industrie chimique n'etait representée que par deux
fabriques d'acide sulfurique et d'engrais chimiques. Les autres
etablissements chimiques étaient presque insignifiants.

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L'industrie chimique 271

Apres la guerre, lorsque l'importation des produits chimiques


devint difficile et que la 'reunion de la Transylvanie et du Banat
augmenta leur consommation, l'industrie chimique prit une autre
tournure et attira l'attention de nombreux milieux.
Evidemment l'industrie chimique de la Roumanie ne peut pas
etre comparee avec celle beaucoup plus ancienne de l'Allemagne.
Pourtant certains de ses produits suffisent a la consommation
intérieure; d'autres, tels que la soude, sont fabriques en quantités
assez grandes pour etre exportes. Les plus grandes fabriques
se trouvent en Transylvanie, excepte les raffineries de petrole
et les savonneries.
L'industrie chimique roumaine compte 187 établissements, les
raffineries de pétrole forment le plus grand nombre; en second
lieu viennent les fabriques de savon et de bougies; en troisieme
lieu les fabriques de produits chimiques. Le tableau ci-dessous
indique le nombre des établissernents:
raffineries de pétrole 69
fabriques de savons et de bougies . 50
fabriques de produits chimiques 16
fabriques de glace . . . . 13
distilleries de charbon et de bois 11
fabriques de couleurs . . . . 8
fabriques de produits pharmaceutiques 6
fabriques d'acide carbonique liquide . 5
fabriques d'acide sulfurique et de sulfates 5
fabriques de soude et de potasse . 3
fabriques d'oxygene et d'acdtylene . . 1

Dans l'industrie petroliere de la Roumanie, on distingue


des sociétes qui extraient seulement le petrole, et d'autres qui
le raffinent. Leurs usines appartiendraient donc a l'industrie
chimique. Mais comme la plupart ont leurs sondages et leurs
raffineries, ii vaut mieux en parler a propos de l'industrie
pétroliere.

Les fabriques de savons et de bougies sont tres


developpees. Outre les 50 grands établissements, il en existe un
grand nombre de petits qui ont une ou deux chaudieres, mais
dont la production globale est neanmoins importante. De plus,
presque toutes les familles a la campagne fabriquent elles-memes
Ic savon dont elles ont besoin a l'aide de graisses animales
et de potasse; a Bucarest meme les femmes font leur savon
parce qu'il est meilleur marché que celui qu'elles achetent. Les
grandes usines ne couvrent donc pas a elles seules les besoins
et elles doivent compter avec la production farniliale. Quelques-
unes d'entre elles produisent aussi de la glycerine. Les prind-
pales matieses premieres et les graisses vegétales sont produites
dans le pays ou importées. On dispose de la soude necessaire.

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272 L'industrie

Les fahriques peuvent couvrir les besoins interieurs de


b ougi es. Ce sont:
Stella et C. T. Zanfirescu a Bucarest; C. Z. Zanfirescu 8c
Cie A Braila; Nicolaevici a Bucarest; Jacob Babad, L. Braun-
stein, Kunzelmann & 'Meissner a Galatz. II y a quatre fabriques
A Chisinau, trois A Bald et deux A Hotin.
Le savon est fabriqué:
a Bucarest par Achillon, Coroana, S. & 0. Klein, Alex.
Stoenescu, Stella, T. C. Zamfirescu, Crisantheme;
a Galatz par Leon Leibovici, Hirschen Tobias, Miron Savescu
et Moldova. La plus grande maison est la Fabricele Hongel-
mann et Moessner, sociéte anonyme.
En Transylvanie, ii y a:
Fabricile Unite de sapun a Temisoara,
Flora, societé anonyme A Oradia-Mare,
Fabrica de sapun mineral si medicinal (savons mineral et
medicinal), A Cluj.
En Bessarabie, ii y a 12 usines a Chisinau, 14 A Balti,
4 A Ackermann, 6 a Hotin, I a Ismail, 2 a Orhei, 5 A Soroca
et 1 a Tighina.
Toutes ces maisons ont de petites usines qui fabriquent le
savon dans des installations simples.
Dans le groupe des produits techniques et chimiques nous
avons compris les fabriques d'engrais chimiques, colle, cirage-
creme, huile a graisser, etc. La production d'engrais chimiques
ne peut pas etre entierement vendue dans le pays a cause
de la bonne qualite du sol et de Fignorance du paysan.
Le cirage-creme est fabriqué avec de la cire, des couleurs,
de l'essence de therebentine ou avec des succedanes. La popu-
lation préfere cependant les produits importés. «Les bons
produits, écrit le Journal de Czernovitz du ler mai 1924, signifient
pour la population de la Bukovine, les produits de l'Ouest.
Ce que l'Ouest produit est bon. II faut changer cette mentalite
de notre population par des essais de conversion pratiques.
II faut lui ouvrir les yeux. Les produits de notre grande fabrique
de produits chimiques s'implanteront alors facilement et stirement
dans notre pays.» Pour soutenir la concurrence des articles
etrangers et pouvoir mieux vendre leurs propres produits, les
fahricants de cirage-creme, les usines Teo de Czernovitz, ont
eu recours A un truc commercial. Le Journal de Czernovitz
écrit: «Notre population est habituee aux produits étrangers.
Elle ne demande que les marques de l'Ouest, comme «Erdal»,,
«Globus», etc. Que firent les industriels Ils donnerent A leurs
articles des noms semblables, comme «Erdat», «Globut», etc.
Mundus vult decipi, ergo decipiatur .... le monde veut etre

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L'industrie chimique 273

trompé et il le sera. Et qu'arriva-t-il? La population demanda,


au bout de peu de temps, les produits de notre fabrique de
cirage-creme dont la qualité est tres bonne et a meilleur marche
que ceux de l'Ouest». Le journal conseille d'employer ce moyen
pour thus les produits de l'industrie roumaine, qui ne se sont
pas encore repandus.
Les maisons suivantes fahriquent des produits chimiques:
a Bucarest:
Assan, Casassovici Madarescu & Cie, Bitumes Leul, Lesivar
Penolit, Sol. Sachs, Schnapt, S. A. 'Marasesti, S. A. Olex,
Taninul pour substances de tannage et de confection; Vultur
Charles Zimmer & Cie, Atlantis, fabrique de produits chimiques,
carton bitumé, carbolineum, vaseline, huile grasse et huiles
minerales, vernis, laques et mastic; la Societatea romana de pro-
duse chimice fabrique de l'acide sulfurique pour l'industrie et
les accumulateurs, du sulfate, des couleurs de fer, etc.;
a Bacau: .

Florescu;
a Galatz:
La Societe anonyme Albina et P. J. Mavrojany;
Jassi:
le Dr Racovitza (produits pharmaceutiques), la Societe ano-
nyme Industriile chimice;
Chisinau:
H. J. Maimann (fabrique de colle);
a Czernovitz:
Aroco (produits chimiques et pharmaceutiques), A. Rosen-
kranz & Cie;
a Sereth:
Laagsain & Weinberger.

La Roumanie possede 13 fabriques de soie arti-


f i ci elle et d'autres ont été créées recemment. Les brasseries
possedent des installations pour fabriquer la glace. Leur pro-
duction suffit pour satisfaire les besoins intérieurs avec la glace
naturelle des hivers; celle-ci cependant dépasse de beaucoup
les quantites de glace artificielle.
La Societe anonyme Frigul pentru industrializara frigului
artificial a Bucarest est l'une des plus grandes fabriques; elle
possede beaucoup de succursales. Son capital social s'éleve
a 25 millions. Elle procure et utilise le froid artificiel sous toutes
les formes connues jusqu'à ce jour: 10 dans les chambres froides,
fabriques de glace, halles, abattoirs, 20 dans les travaux techni-
ques, tels que constructions de tunnels, canaux, liquefaction de
18

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274 L'industrie

gaz, etc.; 30 conservation de fourrures, de fleurs. Elle represente


la Societe a responsabilité limitee Heylandt, grande maison
d'appareils pour la liquefaction des gaz et la fabrication d'oxygene.
Les Ha lles centrales municipales de Bucarest produisent
aussi de la glace artificielle.
11 existe 11 distilleries de charbon et de bois
en Grande-Rournanie. El les sont toutes situees en Transylvanie
et dans le Banat. L'ancien royaume n'a qu'une settle distillerie
de bois et quelques distilleries de charbon pour fournir du gaz
d'eclairage comme produit principal et le coke comme produit
secondaire. Les plus grandes distilleries de bois (Resita et Anina)
sont dans le Banat. El les produisent un succédane du coke de
houille pour des buts métallurgiques et le gaz d'eclairage comme
produit secondaire. Ce coke est loin de pouvoir couvrir les
besoins des usines indigenes. 11 est en outre bien inferieur
a celui exparté de Tchécoslovaquie et d'Angleterre. Le peu de
valeur du coke roumain provient de la nature de la houille
qui contient moins de calories et est moins pure que la houille
étrangere. La question du coke forme l'un des problemes de
la metallurgie de la Roumanie.
Elle compte 8 f a br i q u es d e co ul eur s. Elle possede
de nombreuses terres de couleurs, avec lesquelles on fabrique
les couleurs minérales. On les emploie pour la peinture, pour
les vases en argile et en verre. L'industrie des couleurs pour
ces buts a pris un grand développement dans ces derniers, temps.
Elle est en état de couvrir les besoins du pays.
La Roumanie ne possede aucune f a br i qu e d e co uleurs
or g a niqu es qu'elle tire de Petranger. Cette production n'a
pas pu se développeir parce que les matieres premières obtenues
par la distillation du goudron manquaient. On cree maintenant
cette industrie en Transylvanie, car on y trouve de la houille.
Les quantites sont réduites et probablement la fabrication des
couleurs d'aniline ne pourra prendre de grandes dimensions.
L'industrie textile est donc encore obligee de tirer ses couleurs
de l'étranger, de l'Allemagne surtout.
Les principales f a b ri q u es d e co ul eurs sont, a Buca-
rest: Chromos Societe anonyme, Mercur, Charles Zimmer &Cie
propriétaires, J. C. Apogi; Urbeanu, Societe anonyme, fabrique de
couleurs végétales; ii s'agit de couleurs pour limonade, liqueurs
et bonbons. Elle fait aussi des essences de fruits, de l'huile
etherique et du vinaigre. Les fabriques de laques sont: Assan,
Societe anonyme, la plus grande fabrique de laques; Leul, So-
ciete anonyme, Phoenix Societe anonyme, etc. Les fabriques
de couleurs de peinture sont: Assan, Albina, M. B. Draht &
H. Frank; Anton Panek & Cie, a Bucarest.

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L'industrie chimique 275

On rencontre aussi des fabriques de produits phar ma-


utiques et des par f um er ies en Roumanie. Mais cette
branche de l'industrie est peu développée; elle est en train
de grandir. Mentionnons 2 grandes fabriques d'éther éthylique
a Grosswardein et une a Dudecht qui appartient A l'Etat. Ces
fabriques exportent une partie de leur production, car la Roumanie
n'a pas d'industrie qui puisse employer de l'éther. Mais d'autres
pays, comme l'Angleterre, fabriquent l'éther a meilleur marché.
Quelques fabriques allemandes ont commence, comme Wolf
& Sohn de Karlsruhe, a fonder des fabriques pour articles de
toilette en Roumanie. La plupart de ces produits viennent de
France.
Elles fabriquent des articles tres divers. On peut le voir par
la liste des produits de la fabrique Vesta a Oradia-Mare dirigee
par le Dr Messinger: ether pour Panesthesie, ammoniaque, eau
d'amandes ameres, sels d'argent, sels de bismuth, capsules de
gelatine, chloroforme pour la narcose, taffetas, extraits de seigle
ergoté, solution d'aldehyde formique, albumineux ferrugineux,
sel de Karlsbad artificiel, savons moux, savons medicinaux,
onguents, vernis, siccatifs, bioxyde d'hydrogene.
La Roumanie a 5 fabriques d'acide carbonique
liquide qui produisent 684 tonnes et couvrent completement
les besoins du pays.
L'acide est obtenu a l'aide du coke ou des cereales par la
fermentation dans la fabrication de l'alcool.
Les fabriques d'acide carbunique sont a Bucarest: Bragadiru,
Société anonyme; Cell & Cie; la Fabricile romane nuite, la
Sociét6 anonyme Sanitas, la Société anonyme industria acidului
carbonic. Les deux premieres sont en meme temps des bras-
series, la derniere ne fait que de l'acide carbonique. Les autres
fabriquent aussi de l'eau de Seltz, des eaux minérales. Dans
le district de Botosani, il y a la fabrique de Leon Ghica Dum-
braveni; dans celui de Vaslui er Muntenie, celle de Topali
qui fabrique en meme temps de l'alcool.
Les fabriques d'acide sulfurique et de sul-
fates sont d'une grande importance. Sur les 5 etablissements
existants, un seul ne produit que du sulfate de cuivre; les autres
produisent de l'acide sulfurique, du sulfate de cuivre, du sulfate
de fer et du noir animal. Les usines de Marasesti et de Firizade-
Jos (Phcenix S. A.) fabriquent surtout des superphosphates. La
fabrique d'engrais chimiques de Marasesti produit des engrais
contenant de l'acide phosphorique avec les résidus de la fabri-
cation de la colle (superphosphates provenant des os). La seule
fabrique de Campina travaille d'apres le systeme de contact,
les autres d'apres le systeme de la chambre de plomb. Les
18*

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276 L'industrie

pyrites, minerai de cuivre en abondance en Transylvanie et dans


la Dobroudja forment la matiere premiere de ces fabriquels.
El les renferment du fer et du cuivre sous la forme de sulfates.
On les fait brüler dans un four; le soufre s'oxyde; cet oxyde
sert A fabriquer l'acide sulfurique. On extrait le fer et le cuivre
des résidus. En 1919, on utilisa 11 900 tonnes de pyrites qui
fournirent 9 tonnes de cuivre. Ces fabriques couvrent les
besoins de la Roumanie en acide sulfurique. La consommation
s'éleve A 25 000 tonnes d'acide sulfurique et a 6000 tonnes
de sulfate de cuivre; cependant cette quantité de sulfate ne
suffit pas aux besoins.
La Societe anonyme de produse chimice a Bucarest appar-
tient aux fabriques d'acide sulfurique. La Steaua Romana produit
de l'acide sulfurique pour les propres besoins de sa raffinerie
de petrole.
L'indus tr ie de la soude n'existait pas avant la guerre
quoique la Roumanie possedAt beaucoup de matiexes premieres
(sel de cuisine). Elle est représentee actuellement par les deux
grandes fabriques des usines Solvay A Turda et A Uioara si l'on
excepte une fabrique de potasse. L'usine de Turda produit par
la voie electrolytique de la soude caustique avec une lessive de sel
marin. Avec le chlore devenu libre, on fait du chlorure de chaux.
La production journaliere s'eleve A un wagon de bicarbonate de
soude et a un wagon de chlorure de chaux. La fabrication
est toute mécanique. Larsqu'on entre dans l'usine, on ne voit
pas un hon-ime. Toute l'entreprise n'occupe que 65 A 70 ou-
vriers. Les raffineries de pétrole emploient principalement de
la soude caustique; car le premier traitement du pétrole brut se
fait A la potasse; puis dans la fabrication des savons. Le chlorure
de chaux est une substance qui blanchit et desinfecte; il est
'employe dans l'industrie papetiere et textile.
La fabrique d'Uioara produit d'apres le systeme Solvay
de la soude calcinee, cristallisee et caustique et du chlorure de
calcium. 1

Annuellement, on emploie comme matieres premieres:


7 000 tonnes de sel
182 000 metres cubes de solution de sel naturelle
60 000 tonnes de pierre a chaux
13 400 tonnes de coke
350 tonnes de sels d'ammonium.
Toutes ces matieres premieres sont en abondance dans le
pays.
La fabrique de Turda et celle d'Uioara sont actionnées par le
methane qui est amené dans de grands tuyaux de Medias. On
en consomme 12 millions de metres cubes par an.
La production annuelle est de 28 A 30 000 tonnes de soude
calcinee (17 000 servent de matieres premieres pour la soude

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L'industrie chimique 277

cristallisée et pour la soude caustique), 1000 tonnes de soude


caustique, 6000 tonnes de chlorure de chaux et 1000 tonnes
de chlorure de calcium.
La consommation interieure n'atteint pas la moitié de cette
quantité, de sorte qu'une grande partie est disponible pour
l'exportation.
Une des plus grandes installations de l'industrie chimique
est celle de Di cio San Marti n. On a construit les usin es
d'azote dans le rayon des gaz naturels. Elles se composent
d'une centrale d'energie, d'une fabrique de carbure de calcium,
d'une fabrique d'azotate de chaux, d'une fabrique de chlore et
d'ateliers acessoires. La fabrique de carbure de calcium peut
fournir une production de 8 wagons par jour. Elle possede les
fours nécessaires a la cuisson de la chaux et les ateliers servant
a la production des tambours a carbure de calcium. La fabrique
d'azotate de chaux a un rendement de 10 wagons par jour; on
peut facilement Factrandir pour une production de 500/0 plus
grande. Cette installation est completee par celle qui produit
l'azote. D. est extrait de l'air par la voie thermique, La fabrique
de chlore fournit du chlore et ses derives. Actuellement, on
produit mensuellement 3000 metres cubes d'oxygene et 3000
kilogrammes d'ammoniaque liquide dans les usines acessoires.
A Bucarest, il existe encore une fabrique d'oxygene
et d'a cetyl en e. Elle a beaucoup souffert de la guerre, elle
a éte reconstruite et a la possibilité de is'etendre. La matiere
premiere pour la fabrication de Pacétylene, le carbure de cal-
cium, était autrefois importee de Suisse. Aujourd'hui, la fabri-
que de Dicio San Martin le fournit. La fabrique d'acetylene fait
les soudures autogènes; elle possede suffisamment d'ouvriers
habiles.
La fabrique d'acetylene la plus importante est a Buca-
rest; elle s'appelle Societatea anonima romana pentru fabri-
carea oxygenului, acetylenei si altor gaze. Elle produit aussi de
Pair liquide et de l'azote artificiel. La Societatea anonirna Blau-
gas a Bucaxest produit du gaz liquide.
Citons encore, parmi les autres fabriques chimiques, diverses
Sociétes verticales, telle que la Societe anonyme Assan a Buca-
rest. Elle produit de la farine, des huiles vegetales, de la colle
et des couleurs.
Les 187 fabriques chimiques dont nous venous de parler
sont réparties comme suit entre les diverses provinces:
Ancien royaume . 123
Transylvanie . 57
Bukovine 5
Banat 1

Bessarabie 1

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278 L'industrie

Le capital engage dans l'industrie chimique s'eleve a 247


millions 300 000 lei. Cette somme est répartie de la maniere
suivante entre les branches de ce groupe d'industries :
raffineries de parole 91 millions 100 000 lei
fabriques de soude et de potasse . . . 52 II 800 000
fabriques de savons et de bougies . . 25 700 000
fabriques de produits chimiques techniques 21 ,, 200 000
fabriques d'acide carbonique liquide . . 15 900 000
fabriques d'acide sulfurique et de sulfates 14
distilleries de charbon et de bois . . , 10 700 000
fabriques de couleurs . . 10 400 000

...
. . . ,

fabriques de produits pharmaceutiques 3 500 000


fabriques de glace . . . . . 1 700 000
fabriques d'oxygene et d'acétylene 300 000

La part de ce capital des divers pays est la suivante :


Ancien royaume . 129 millions 300 000 lei
Transylvanie 111 77 300 000 71

Banat 3 77 500 000 I/


Bukovine 2 700 000 77

Bessarabie 500 000 1/

L'industrie chimique emploie 548 moteurs et 56 526 che-


vaux-vapeu,r. Leur repartition est la suivante:
moteurs CV
fabriques de soude et de potasse . . 18 34 726
raffineries de pétrole . . . . 216 13 238
fabriques de produits chimiques techniques 60 2 526
distilleries de charbon et de bois . . . . 109 1 748
fabriques d'acide sulfurique et de sulfates 37 1 420
fabriques de produits pharmaceutiques . 15 1 066
fabriques de glace . . . . . . . 26 660
fabriques de savons et bougies . . 45 497
fabriques d'acide carbonique liquide . 14 405
fabriques de couleurs . . : . . 9 170
fabriques d'oxygene et d'acetylene . 1 70

Seules, les raffineries de petrole et l'industrie de la soude


emploient une grande énergie.
Le tableau ci-apres indique le genre des moteurs employes
dans les 187 etablissements de l'industrie chimique :
172 moteurs de 43 477 CV fournis par des machines a vapeur et tur-
bines a vapeur,
71 4 194 , moteurs a essence, gaz, huile
et Diesel
295 8 247 7/ . moteurs électriques alimentés
par la Centrale,
10 608 divers (turbines hydrauliques,
etc.).

La repartition territoriale de la force employee dans l'in-


dustrie chimique est comme suit:

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L'industrie chimique 279

moteurs chevaux-vapeur
Transylvanie 259 40 610
Ancienne royaume 276 15 443

...
.

Banat . . . . 5 410
Bukovine S 63
Bessarabie --
L'ancienne Roumanie vient en tete pour l'emploi de l'energie
dans l'industrie metallurgique; dans l'industrie du bois, elle tient
a peu pres la balance égale avec la Transylvanie; clans l'industrie
chimique, elle vient loin derriere elle.
La consommation du bois a éte de:
50 203 tonnes en 1913 et 45 435 tonnes en 1919;
celle du charbon de:
82 809 tonnes en 1913 et 1 815 tonnes en 1919;
celle du lignite de:
140 tonnes en 1913 et 27 tonnes en 1919;
celle du pétrole et derives de:
42 009 tonnes en 1913 et 9 775 tonnes en 1919;
celle de divers combustibles comme le charbon de bois, résidus,
paille, roseaux, etc., de:
4 547 tonnes en 1913 et 9 440 tonnes en 1919;
celle du methane de:
42 993 500 metres cubes en 1919.
Nous voyons que le bois occupe le premier rang comme
combustible; le petrole le second. Depuis quelque temps, le
methane commence a jouer un role important.
La consommation des matieres premieres d'apres la quantite
et la valeur dans les diverses branches de l'industrie chimique
cst la suivante: 1913 1919
quantitd valeur quantité valeur
branche industrlelle en tonnes en lel en tonnes en lei
Raffineries de pétrole . . 1 824 042 81 638 130 740 766 355 339 600
distilleries de charbon et de
bois 1 628 130 6 876 000 1 851 625 48 215 000
fabriques de savons et de
bougies 9 042 4 708 161 5 905 41 233 000
fabriques de produits
chimiques . . . 69 714 878 180 4 703 11 667 760
fabriques de produits
pharmaceutiques . . 824 525 000 633 7 157 000
fabriques de soude . . . 63 435 376 060 25 771 4 931 684
fabriques de couleurs . . 3 508 610 710 1 696 2 950 000
fabriques d'acide sulfurique
et de sulfates . . . . 45 695 1 157 500 13 440 2 709 250
fabriques d'acide carbonique
liquide 1 224 98 300 858 493 000
fabriques de glace . . . . 250 55 500 256 416 000
fabriques d'oxygene et
d'acétylene 2 1 900 4 41 000

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280 L'industrie

En comparant les quantités de matieres premieres employees


dans les deux années, on reconnait qu'elles ont été plus petites
en 1919 qu'en 1913. Settles les distilleries de charbon et de bois,
les fabriques de glace, d'oxygene et d'acetylene accusent une
augmentation. Par suite des differences de valeur du lcu, la
valeur des matieres premieres accuse une forte augmentation
malgre leur reduction. Les valeurs des raffineries de pétrole
occupent le premier rang; celles des fabriques d'oxygene et
d'acetylene, le dernier, car il ne s'agit que d'une seule fabrique.
La consommation des matieres premieres de l'industrie chi-
mique se répartit comme suit entre les divers territoires:
1913 2929
quantitd en tonnes valeur en lei quantitd en tonnes valeur en lei
Ancien royaume . 83 819 430 732 314 362 486 460
Transylvanie . . 1 823 547 11 976 061 1 906 123 84 426 434
Banat . . . . . 25 000 900 000 6 630 4 508 400
Bessarabie . . . 46 332 000
La consommation des combustibles accuse egale-
ment une diminution des quantités et une augmentation des
valeurs. Elle se chiffra par 28 millions 100 000 lei en 1919,
contre 12 millions 800 000 en 1913. La matiere premiere em-
ployee a eté de:
3 645 866 tonnes d'une valeur de 96 millions 900 000 lei en 1913
2 645 657 455 200 000 1919
Comme dans les autres industries, on constate une ré-
duction des matieres travaillées et une augmentation de leur
valeur.
La production dans l'industrie chimique a passé de 292
millions 900 000 en 1913 a 1217 millions 900 000 en 1919.
Le tableau ci-dessous indique l'augmentation des diverses
hranches. 1913 1919
branche industrielle quantitd valeur quantltd valeur
en tonnes en lei en tonnes en lei
raffineries de pétrole 1 790 702 213 092 000 722 399 816 217 500
fabriques de savons
et de bougies . . 11 501 13 156 100 58 552 111 660 000
distilleries de bois
et de charbon . . 3 075 000m3 29 441 500 2 361 600m3 88 369 980
431 590 295 270
fabriques de soude . 35 404 17 660 000 24 903 79 865 800
fabriques d'acide sul-
furique et de sulf. 39 270 6 404 000 10 775 44 859 000
fabriques de produits
chimiques . . . . 41 907 9 102 000 2 628 38 865 400
fabriques de produits
pharmaceutiques . 723 1 021 017 550 17 872 470
fabriques de couleurs 3 087 1 018 040 1 495 8 505 000
fabriques de glace . 7 853 391 900 6 063 8 192 000
fabriques d'acide car-
bonique liquide . . 1 159 1 503 000 684 3 297 000
fabriques d'oxygene et
d'acetylene . . . 30 000 ma 120000 19 843m' 992 150

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L'industrie chimique 281

A l'exception des fabriques de savons et de bougies, un


grand recul des quantites a eu lieu dans la production chimique.
La valeur en 1919 est partout superieure a celle de 1913.
La fabrication de la glace accuse la plus forte augmentation.
La valeur de la glace artificielle en 1919 est 20 fois plus grande
qu'en 1913. A la seconde place se trouve l'augmentation de
valeur des produits pharmaceutiques fabriqués. La quantite pro-
duite en 1919 a 17 fois la valeur de celle de 1913. A la
troisieme place se trouvent les savons et bougies dont la valeur
de la production est montee de 9 fois.
La derniere colonne montre que, comme valeur, les raffi-
neries de pétrole viennent en premier lieu des branches de
l'industrie chimique; les fabriques de savons et de bougies en
second.
La production de l'industrie chimique se répartit entre
les differents territoires de la maniere suivante; l'ancien royaume
vient en tete:
1913 1919
quantild en tonnes valeur en lei quantitd en tonnes valeur en lei
Ancien royaume 1 768 520 76197 854234
30 000 rns { 215 926 894 ms I 904 500 950
3 075 000 2 361 600 i
349 391 m8 i 290 775 950
Transylvanie 568 687 m8 I 70 633 563
Banat 23 000 5 430 000 6 039 12 640 400
Bukowine 2 985 919 100 360 9 500 000
Bessarabie 25 500 000
L'industrie chimique occupe 8 740 employes et ouvriers
en tout dont
696 dans l'administration
520 la technique.
Parmi les ouvriers:
3863 sont des ouvriers qualifies
3661 Pf non qualifies.
Le tableau ci-dessous indique la repartition des employes
et ouvriers entre les divers groupes de l'industrie chimique:
personnel ouvriers total
awe.. techni. qualit ds non qualitids
raffineries de petrole . . 288 171 2347 512 3318
distilleries de bois et de
charbon .. . . . . 37 35 176 1084 1332
fabriques de soude
et de de potasse . . . . 71 71 261 868 1271
fabriques de savons et de
bougies . . . . . . . 104 60 327 299 790
fabriques de produits
chimiques . . . . . . 44 34 138 388 604
fabriques d'acide sulfurique
et de sulfates . . . . . 41 38 124 224 427
fabriques de couleurs . . . 19 29 308 35 391
fabriques de produits
pharmaceutiques . . . . 48 51 146 128 373

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282 L'industrie
personnel total
d'admi. techni. qualiarrie nrosn qualifies
fabriques d'acide carbonique
liquide 6 6 9 96 117
fabriques de glace . . . 30 21 16 24 91
fabriques d'oxygene et
d'acétylene 8 4 11 3 26

On voit que les raffineries de petrole avec 459 et les fabri-


ques de savons et de bougies avec 164 ont le plus d'employés
et de techniciens; l'industrie de la soude et de la potasse
vient en troisieme lieu avec 142. Quant au nombre d'ouvriers,
les distilleries de bois et de charbon avec 1260, les fabriques
de soude avec 1129 sont a la seconde place; avec leur 2859
ouvriers les raffineries de pétrole viennent en tete. Les autres
branches chimiques occupent moins de 1000 ouvriers. Les raf-
fineries de pétrole emploient plus de quatre fois plus d'ouvriers
qualifies que d'ouvriers non qualifies; les distilleries de bois
et de charbon, par contre, occupent six fois plus d'ouvriers non
qualifies que d'ouvriers qualifies. Les ouvriers non qualifies
dominent dans l'industrie de la soude, dans la fabrication des
produits chimiques, dans l'industrie de l'acide sulfurique et des
sulfates, dans l'industrie de l'acide carbonique et dans les fa-
briques de glace. Les ouvriers qualifés sont en nombre su-
perieur dans la fabrication des savons et bougies, des couleurs,
des produits pharmaceutiques, de l'oxygene et de l'acetylene.

L'industrie alimentaire.
L 'industrie alimentaire est l'industrie la
plus impor tante de la Rournanie quant au nombre des
établissements, du capital engage et du chiffre de la production.
Elle occupe aussi la premiere place pour l'energie employee
si l'on excepte l'industrie electrique. Par contre, elle emploie
moins d'ouvriers que l'industrie du bois, du fer et des metaux.
La grande importance de cette industrie provient de ce
qu'elle transforme directement les matieres fournies par l'agri-
culture indigene. Elle fournit les céréales aux moulins, les
betteraves aux sucreries, l'orge aux brasseries, les pommes de
terre, les fruits, les céréales aux distilleries, les graines de lin,
de colza, de chanvre et de tournesol aux huileries. Les fabriques
de conserves preparent la viande, les legumes, les poissons;
les laitexies et les fromageries transforment egalement les pro-
duits de l'agriculture, comme les grandes boulangeries et bis-
cuitexies. La production de cette industrie est l'une des plus
pxécieuses du pays. II faut faire une exception pour l'in-
dustrie de l'alcool, tres développée en Roumanie, car elle ne
peat pas etre placée au meme rang que les autres branches
de cette industrie, au point de vue économique et social, du
moins en tant qu'elle pxoduit des boissons alcooliques. On

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L'industrie alimentaire 283

ne peut accoxder de valeur econornique qu'a l'alcool employé


dans l'industrie ou dans des buts medicinaux. Dans un pays
si riche en bois et en petrole, cette branche industrielle a peu
d'importance pow- des emplois techniques.
Le nombre des gran ds etablissements de l'industrie
de l'alimentation est de 977. Aucune autre industrie en Rou-
manic n'accuse une telle puissance numerique. En tete vien-
nent les grandes minoteries (mori mari); au second rang les
distilleries et au troisieme les huileries. Ces trois groupes re-
présentent environ les 3/4 de tous les établissements d'ali-
mentation:
minoteries 395
distilleries
.....
240
huileries 111
brasseries 55
boulangeries . 30
fabriques d'eaux minerales 28
fabriques de conserves 25
bonbonneries, chocolateries, etc. 20
fabriques de pates alimentaires 16
fabriques de cognac, liqueurs, champagne 13
sucreries 11
laiteries, fromageries 12
fabriques de vinaigre et de spiritueux
. .......
. 9
fabriques de succedanés . . . . . . 4
f éculeries . . . . . 4
moulins a riz 2
moulins a sel 2

L'industrie de l'alimentation roumaine embrasse donc 17


groupes divers.
Les moulins assurent la mouture de la plus grande
partie des céréales que la Roumanie produit annuellernent.
On distingue trois sortes de moulins :
10 Les grands moulins d'art,
20 Les moulins moyens,
30 Les tnoulins de paysans.
Les pr emi ers travaillent automatiquement. On les ap-
pelle aussi moulins a systeme. Ils ont éte construits par de
grandes fabriques de moulins etrangeres. Le moare mare a
Temisoara a été erigé par Amme, Giesecke & Konegm de
Brunswick. Leur rendement maximum est de 32 wagons' par
jour; mais leur rendement reel est de 24 wagons. Les
plus grands moulins sont ceux d'Arad qui peuvent
moudre 36 wagons journellement. Ils effectuent la mouture
a l'aide de cylindres, d'epluchoirs a gruau, de blutoirs. On

i Un wagon = 10 tonnes.

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284 L'industrie

peut preparer diverses sortes de farine et de sernoule. Ce


groupe ne comprend que les moulins qui utilisent plus de 50 CV.
Le deuxieme groupe des moulins moyens travaillent
aussi automatiquement, rnais emploient moins d'energie. Ils
moulent journellement moins d'un wagon et disposent d'une
énergie inferieure a 50 chevaux. On en compte 80 dans toute la
Rournanie de 2200 CV et d'un rendement total de 130 wagons
en 24 heures. En 1919, la production s'éleva a 7246 wagons .
de froment et de seigle et 1271 wagons de mais (400/o de la
production de 1913). Ces 80 moulins occupent 8317 ouvriers.
Le tr oisieme groupe est forme par les rnoulins de
paysans, établis dans les villages et qui moulent surtout le
mais. Ils servent a satisfaire les besoins immédiats du voi-
sinage. Le systeme d'exploitation est la mouture par client.
Ils ne pratiquent pas l'échange des moutures. II y a des con-
trees sans moulins de paysans, de sorte que les habitants sont
forces de se rendre fres loin pour faire moudre leur mafs. La
mouture se fait a l'aide de meules qui ne fournissent pas diffé-
rentes sortes de farine. II existe 7000 moulins de paysans
en chiffres ronds de 150 000 CV et d'un rendement de 4 millions
800 000 tonnes de mais. Ils sont a même de moudre la plus
grande partie de la recolte de mais de 1 million et demi de
tonnes. Le nombre des ouvriers travaillant dans ces petits
moulins est de 39 380.
Le premier groupe comprend 395 grands rnoulins auto-
matiques; le capital investi est de 401 millions 900 000 lei.
L'énergie est fournie par 672 moteurs de 51 800 CV.
Comme combustibles, les grands rnoulins ont utilise:
188 061 tonnes de la valeur de 9 millions 900 000 lei en 1913
173 845 65 800 000 1919
La consommation est restée a peu pres la meme, mais les
prix ont sextuple.
Les ceréales moulues ont été de:
2 664 900 tonnes de la valeur de 419 millions 300 000 lei en 1913
1 799 030 1851 400 000 1919
Le xecul est considerable. II a été cause par la situation
défavorable de l'industrie apres la guerre et par le grand chan-
gement politique qui amena la reunion a la Roumanie Kle
parties de la Hongrie et de l'Autriche. Les grands moulins ,du
Banat et de la Transylvanie situes a la frontiere, perdirent
leurs anciens territoires d'approvisionnement. Leur situation de-
vint difficile parce qu'ils ne pouvaient plus trouver assez de
céréales. Ils ont di restreindre leur exploitation. A Grosswardein

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L'industrie alimentaire 285

(Oradia-Mare), des moulins qui travaillaient autrefois 16 A


20 wagons par jour ont ete demontés et transférés a Buca-
rest. La production de la farine a par suite considerablement
diminué. Elle était de:
2 604 410 tonnes de la valeur de 599 millions 700 000 lei en 1913
1 762 340 2558 400 000 1919
La cote d'industrialisation des grands mou-
lins est 18,50/0. Cela signifie que la valeur de la matiere pre,
miere est majoree d'environ 250/0 par la transformation des
ceréales en farine.
Le nombre des personn es occupees dans les grands
moulins s'eleve a:
997 employés,
737 techniciens,
2623 ouvriers qualifies,
3468 ouvriers non qualifies,
en tout 7825 employés et ouvriers.
Les grands moulins de la Roumanie sont situés en Transyl-
vanie.Ce sont:
Moara Laszlo et Amyady «Victoria» a Oradia -Mare, 1300 CV,
178 ouvriers,
les Fratii Neumann, moulins a vapeur A Arad, 1100 CV, 460 ouvriers,
Moara, Sociéte anonyme a Temisoara, 800 CV, 200 ouvriers,
Moulins a vapeur, Société anonyme a Chichinda-Mare dans
le district de Torontal, 840 CV, 300 ouvriers,
Moara Hungaria a Temisoara, 600 CV, 260 ouvriers,
Moulins A vapeur, Societé anonym e a Satmar, 500 CV,
120 ouvriers,
Moulins a vapeur Emilia a Oradia-Mare, 750 CV, 17 ouvriers,
Prima Moara Carei Mari, 430 CV, 70 ouvriers,
'Moara cilindrica a Zombolya dans le district de Torontal, 440 CV,
67 ouvriers,
Moara Toldy a Salonta Mare, dans le district de Bihor, 300 CV,
27 ouvriers,
Industria de mori din Banat a Varset pres Temisoara, 300 CV,
40 ouvriers,
Moulins A vapeur J. Heiman A Targu-Mures, 260 CV, 97 ou-
vri ers,
Moulins a cylindres Reforme a Zombolya, 220 CV, 22 ouvriers,
Moara Banci Commerciale a Saplanta, 280 CV, 30 ouvriers,
Usina electrica si moara a Beius, district de Bihor, 200 CV,
12 ouvriers,
Moulins a vapeur Johanna des Fratii Glück, a Alba Julia, 300 CV,
20 ouvriers,
Moara Molner & Penter a Cluj, 175 CV, 25 ouvriers,

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286 L'industrie

Moulins A cylindres des Fratii Magner A Cichi Fa lva, district de


Torontal, 200 CV, 15 ouvriers,
Les autres moulins de la Transylvanie ont moins de 100 CV,
Parmi les moulins de Bu car est, citons:
Les moulins A farine et les huileries Assan,
la Societe anonyme .Moara commerciala,
Moara Ciurel a Ciurel pres Bucarest,
Moara Olmazu,
Moara J. Jon Stancivici,
Moara V. Stirbei,
Moara Trajan,
'Moara Zehender & Halberstadt.
En Bessarabie ii y a:
54 moulins a Chisinau,
30 moulins a Balti,
50 moulins A Hotin.
A Czernovitz on trouve:
Amster & Oxhorn,
Charles Bilgrey,
Prima Moara Bucovineana cu aburi, anciennement Schloss-
mann & Cie.
L'indus tr ie de l'alcool occupe la seconde place parmi
les industries de l'alimentation. H a lieu de se demander si
l'on peut vraiment la compter parmi les industries alimen-
taires. L'alcool fait d'ordinaire partie des aliments de consom-
mation volontaire; on pourrait meme le classer parmi les poisons.
Quand on pense aux consequences nefastes qu'une grande pro-
duction peut causer parmi la population et que la Roumanie
souffre de l'alcoolisme, on hesite a admettre que la grande
enquete de l'industrie fasse figurer l'industrie de l'alcool parmi
les industries de l'alimentation.
En 1925 un projet de loi a ete depose pour regler la
fabrication et la vente des boissons alcooliques.
II veut reduire la production et la consommation de l'alcool.
On n'accordera plus de concessions de cafes que pour 10 ans
dans les villes et 5 ans dans les villages. Ceux-ci ne pourront
avoir qu'un cabaret par 1000 habitants. Le comrnissaire du
district decide lorsque le nombre des habitants est inferieur A
ce nombre. On ne vendra plus dans les campagnes de boissons
alcooliques a credit. Dans les villes, les cafes devront etre
eloignés d'au moins 200 metres les uns des autres. Le nombre
des cabarets d'une ville ne depassera pas u n cabaret par
400 habitants. Les fabriques d'alcool qui utilisent des produits
agricoles pourront encore produire pendant 1 2 a n s. Durant ce
temps, on leur accordera un certain contingent qui leur permettra

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L'industrie alimentaire 287

d'amortir leurs installations. Le projet de loi veut donc


supprimer un nombre important de distilleries; ne s'agit
11

pas d'etablissements qui produisent pour l'industrie ou pour


l'exportation.
Cette attitude du gouvexnement vis-a-vis de l'alcool temoigne
de sa prévoyance. Au point de vue de l'economie privée,
il est regrettable d'anéantir une industrie florissante; pour la
collectivité cette mesure est des plus utiles.
La production des vinass es pourrait peut-etre fournir une
justification apparente pour classer les établissements d'alcool
parmi l'industrie de l'alimentation.
Les distilleries fournissent un sous-produit tres important
pour la nourriture des animaux. En Bukovine, 30 distilleries
environ ont eté fondées uniquement pour engraisser du betail.
Elles distillent du mals et des pommes de terre; mais l'article
principal est la vinasse et non l'alcool.
L'industrie de l'alcool est tres répandue en Roumanie;
elle compte 240 grands etablissements. 11 existe en outre un
grand nombre de petites distilleries.
Dans les families, on fabrique de l'alcool avec les provisions
de fruits. L'Etat favorise cette production en exemptant de
droits 60 litres d'alcool par habitant; les grands etablissements
considerent cette exemption comme une concurrence désagreable.
La matiere premiere qui sert h fabriquer l'alcool est le mais.
En 1919, les 240 distilleries avec leurs 351 moteurs et leurs
8600 CV ont consommé:
12 514 wagons de mals
1 237 pommes de terre,
1 370 d'orge.
La plupart des distilleries sont donc des distilleries de mais.
Avec ces matieres premieres, on a fabrique '150 000 hecto-
litres d'alcool, de la valeur de 452 millions de lei. Cette
production a eté inferieure de 430/0 a celle de 1913.
Si l'on se demande pourquoi cette industrie s'est tant répan-
due en Roumanie, car elle represente plus de la moitié du capital
investi dans l'industrie des moulins, c'est-à-dire 241 millions
400 000 lei, c'est que l'industrie de l'alcool est tres remunera-
trice; c'est une des grandes sources de richesses de la Roumanie;
la moitié de sa production peut etre exportee.
La plupart des fabriques d'alcool sont &al:dies en Transyl-
vanie. Elles occupent:
595 employes
502 techniciens
2 144 ouvriers qualifies
1 561 ouvriers non qualifies
en tout 4 802 personnes.

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'288 L'industrie

L'industrie de l'alcool tient ainsi la seconde place pour la


main-d'oeuvre parmi les industries de l'alimentation.
Voici quelques distilleries:
Bucarest:
la brasserie Bragadiru, Societe anonyme,
M. Z. Chrisoveloni,
Colentina, Societe anonyme,
M. Weinstein & Cie;
A Chisinau:
Moghilevski & Zonis,
Manuc Bey,
Reidel.
II y a encore des distilleries a Cetate Alba, Hotin, Orhei
et Soroca.
A Czernovitz:
la Premiere fabrique de levure et d'alcool de Czernovitz,
Societe A responsabilité limitée;
l'Utilisation de l'alcool de Bukovine, Societe anonyme.
Ii existe d'autres distilleries dans de nombreuses localites
de la Bukovine, a Radauti, Hliboca, etc.
En Transylvanie:
la fabrique d'alcool R. Quack A Alba Julia ayant 200 CV et
30 A 40 ouvriers;
Bognar & Szanto A Cluj, vins excellents, ventes mensuelles,
500 A 600 hectolitres, fabriquent aussi des liqueurs, alum,
absinthe, etc.
Les distilleries ne sont plus contingentees comme autrefois
en Hongrie; aussi la production et l'exportation ont fortement
augmenté.

Les br ass er ies sont étroitement unies aux distilleries.


La biere est fabriquee avec de l'orge et du houblon produits
en Roumanie.
Les grandes brasseries sont au nombre de 55.
Le capital investi dans les fonds, immeubles et instal-
lations s'eleve A 128 millions 300 000 lei.
Le nombre des moteurs employes est de 273 d'une force
15 662 CV.
La production annuelle de la biere s'est chiffree par
497 768 hectolitres, d'une valeur de 199 millions 100 000 lei
en 1919. Comparée avec celle d'avant-guerre, elle a diminue
de presque de la moitie; elle a éte de 968 669 hectolitres
d'une valeur de 48 millions 400 000 lei en 1913.

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L'industrie alimentaire 289

Le paysan roumain dédaigne la biere; aussi cette production


suffit pour la population urbaine consommatrice de biere. Les
brasseries pourront fournir des revenus tant qu'elles seront
protegees par des droits de douane contre la biere hongroise,
surtout contre celle des brasseries de Steinbruch. On importe
néanmoins des bieres de luxe étrangeres, des bieres de Porter,
de Munich, de Pilsen.
Les brasseries sont evidemment interessées A voir remplacer
les dangereuses formes de l'alcool, tels que le zuica, le rachi,
par une plus grande consommation de biere.
L'industrie des brasseries est importante en Bukovine; la
consommation de la Were s'eleve A 25 litres par habitant
annuellement, alors qu'elle n'est que de 5 litres dans le reste
du pays. Les brasseries de la Bukovine produisent environ
le quart de la production totale. El les n'ont plus A lutter contre
la concurrence de la biere de Boherne; elles ont reussi A acquérir
un important debouché au nord de la Moldavie et de la
Bessarabie. La crise des transports les genent; elles ont de
grandes difficultes A se pourvoir de combustible et de matieres
premieres.
Les brasseurs reclament une reduction des frais de transport
pour la biere et les tonneaux, une diminution des impôts sur
la biere et une augmentation de ceux des autres boissons
alcooliques.
Les brasseries occupent:
280 employes
140 techniciens
847 ouvriers qualifies
1 324 ouvriers non qualifies
en tout 2 591 personnes
Parmi les brasseries roumaines, citons
A Bucarest:
D. Bragadiru, Societe anonyme (Grandes Brasseries, a Nouveau-
Bu car est),
Luther, Societe anonyme,
Carol Oppler,
Gib, Fabrica de Bere;
A Jassy:
Zimbru;
A Azuga:
Azuga, Fabrica de Bere, Societe anonyme;
a Chisinau:
Matus & Quipuvasu,
D. Frunzesti,
Katz Daischir;
19

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290 L'industrie

a Balti:
M. Bastacio:
B. Bristicio;
a Cetate Alba (Ackermann):
Lachmanovici & Cie;
Hotin y a 4 brasseries, 2 a Orhei, 2 a Soroca;
a Czernovitz:
la Prima fabrica de bere bucovineana,
la brasserie municipale Wiznitzer;
a Radauti:
la premiere fabrique a vapeur de la Bukovine S. Rudich;
a Sirel:
Julius Bei 11.

L'industrie du vinaigre et de s spiritueux est


apparentée a l'industrie de l'alcool. Elle est représentée par
9 etablissements. Le capital investi s'eleve a 11 millions et demi
de lei. Elle emploie 46 CV, 312 ouvriers et employés. Sa
production se monta a:
41 930 hectolitres d'une valeur de 7 mllions 100 000 lei en 1913
24 650 71 )7 18 100 000 1919
Les etablissements de cette industrie sont:
a Bucarest:
Darmanesti, fabrique d'essences de vinaigre et de vinaigre,
Vultur, fabrique d'essences de vinaigre et de vinaigre,
M. Blau & Cie, fabrique d'essences de vinaigre et de vinaigre,
Albina, fabrique de vinaigre,
Porumbelul, fabrique de vinaigre.
a Czernovitz:
Ch. L. Frankel, vinaigre et levure.
D'autres etablissements figurent ci-dessous a la rubrique

II faut ajoutex l'industrie qui fabrique des co gn a c


liqueurs, champagnes et vins mousseux. 11 ya
13 grands etablissements avec un capital de 6 millions 700 000
lei, 13 moteurs, 267 CV et 160 ouvriers. Leur production
atteignit:
5 106 hectolitres de la valeur de 800 000 lei en 1913
2 731 11 4 millions 900 000 lei en 1919

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L'industrie alimentaire 291

flexiste diverses distilleries,


a Bucarest:
B. Ackermann & N. Finkelstein,
la Distileria Joho qui fabrique des huiles éthériques, des aromes
de vinaigre, des couleurs végétales,
Bresson, fabrique de cognac et de liqueurs,
D. J. Cretulescu,
la Fabricile du Dr A. Urbeanu de spiritueux et liqueurs, rhum,
cognac, essences de fruits, huiles éthériques, couleurs pour la
fabrication des limonades, liqueurs et bonbons;
dans le district de Bacau:
C. Th. Métaxas, cognac et liqueurs.
Les fabriques d'eaux minérales sont fres nom-
breuses, car la technique de leur preparation est tres simple.
11 y a 28 grands établissements. La valeur des installations est
de 69 millions de lei. Elles emploient 30 moteurs de 436 CV
et 415 employes et ouvriers. Leur production fut de:
135 600 hectolitres de la valeur de 2 millions 200 000 lei en 1913
66 925 6 900 000 1919
Les petites fabriques d'eaux rninerales sont excessivement
nombreuses. Parmi les grands établissements, citons,
a Bucarest:
la Fabricile Romane Unite,
la Societé cooperative Isvorul,
Sanitas, Societé anonyme qui fait de l'eau de Seitz, des eaux
minérales et des limonades de luxe,
Filaret, societe anonyme;
Pitesti:
la Socitatea Cooperativa Pitesti;
a Craiova:
Mercure, eaux minerales;
a Czernovitz:
10 fabriques parmi lesquelles le Syndicat coopératif des fabri-
cants d'eaux minérales.
L'in dus tr i e d es h ui 1 es de la Roumanie est basee sur
l'extraction de l'huile des graines de plantes olCagineuses, telles
que le tournesol, le lin, le colza et le chanvre.
Cette industrie possede 111 fabriques ayant un capital de
35 millions 800 000 lei, 145 moteurs fournissant 3559 CV, et
1804 ouvriers.
19*

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292 L'industrie

En 1919, on a employe 213 wagons de graines de lin, 772


de colza, 3343 de tournesol et 732 de chanvre qui ont fourni
une quantite d'huile vegetate egale au tiers des matières pre-
mieres employees.
La production globale s'est élevee a:
136 608 hectolitres d'huile de la valeur de 17 millions 400 000 lei en 1913
223 790 IP 210 400 000 1919

La Bessarabie possede la plus grande indusirie d'huile


vegetate. L'huile est extraite dans de petites fabriques. Les
residus de la fabrication, les tourteaux, sont employes pour
nourrir le betail.
D'apres l'Anuarul general al Romaniei de 1920-1921, ii y
a 3 huilexies a Chisinau, 15 a Balti, 4 a Kahul, 38 a Cetate
Alba, 16 a Hotin, 27 a Soroca, 9 a Tighina.
Ii y a 2 etablissements d'huiles de graissage a Chisinau:
le Dr Bossel & Leatuey et S. Gorisric & S. Wolper.
Bucarest est le centre de la production d'huile vegetate.
Les huilexies sont bien installées et leur rendement correspond
celui de toutes les fabriques de la Bessarabie. Les principales
sont:
la Societe anonyme Assan,
la Societe anonyme Phoenix,
la Societe anonyme Leul,
Vultur,
Victoria,
Charles Zimer & Cie, huile vegetate, laques, couleurs et pro-
duits chimiques;
a Braila :
N. Filipescu,
A. Sezonov;
a Galatz:
Astra,
la Societe anonym Fleming,
Etna.
La production des huileries depasse les besoins interieurs.
Sur les 2220 wagons d'huile produite en une année, un excédent
est exparté.
L'indus tx ie du sucre n'est pas en mesure comme
les industries des farines, alcool et huiles d'exporter une partie
de sa production. La consommation du sucre, qui est de 3 a
6 kilogrammes par habitant dans les autres pays, n'est que de
2 kilogrammes 700 en Roumanie. II n'en a pas toujours été

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L'industrie alimentaire 293

ainsi. Dans l'ancien royaume, la production qui est de 4600


wagons couvrait entierement les besoins du pays et une partie
était exportée. L'etat de choses a change depuis l'agrandisse-
ment de la Roumanie; sa production ne suffit plus A ses besoins
et elle est forcee d'importer du sucre. La question sucriere a
donc pris une grande importance.
Actuellement, 11 fabriques approvisionnent le pays de sucre;
elles representent un capital de 97 millions 400 000 lei.
La force est fournie par 86 moteurs de 12 449 CV.
En 1919, la production a ete de 15 227 tonnes d'une valeur
de 126 millions 600 000 lei. Le recul par rapport A 1913, dont
la production etait de 92 400 tonnes d'une valeur de 55 mil-
lions 600 000 lei, est enarme. Pour faire face aux besoins in-
terieurs, 2 A 3 nouvelles fabriques seraient nécessaires. En
outre, la culture des betteraves A sucre devrait offrir des con-
ditions avantageuses aux petits paysans pour les engager A la
pratiquer.
Le rendement de toutes les sucreries est de 8500 wagons
par an. A l'heure actuelle, elles en fournissent A peine 7000
et 9000 au moins sont consommes. Les causes du deficit sont
diverses. Pendant la guerre, l'industrie du sucre a beaucoup
souffert en Bukovine, en Bessarabie et dans l'ancien royaume
parce que la plupart des sucreries etaient situées dans la zone
des combats. La xeforme agraire a eu des effets défavorables ;
elle a reduit considérablement les champs de betteraves en
Transylvanie, car ils étaient entre les mains des grands pro-
priétaires et des moyens; dans l'ancienne Roumanie, le paysan
cultivait aussi la bettexave. C'est l'usage que les f a bxiqu es
se chargent des semailles; elles approvisionnent de semences
les producteurs de betteraves. A ce sujet, elles devraient con-
tinuer A faire des sacrifices afin que le paysan soit incite A
cultiver la betterave a sucre. II faudrait mettre de 1 'engrais
chimique A sa disposition, lui consentir des prets sans
int ere t. La betterave a sucre exige beaucoup de travail.
Si ces conditions sont remplies, on peut s'attendre a ce que
les surfaces plantees de betteraves grandissent.
11 faut aussi augment& le nombre des sucreries; ii y en
a trop peu et celles qui existent ne sont souvent pas A meme
d'utiliser lettr rendement. En Transylvanie, il n'y a que deux
sucreries : l'une a Bod pres Brasov, qui fut créée en 1889 comme
succursale de l'industrie sucriere hongroise, Societe anonyme,
avec un capital de 12 millions de couronnes; l'autre, la Fabrica
de Zahar Targu-Mures, fondee en 1894 avec un capital
de 1 million et demi. En 1919, elle avait si peu de matieres
premieres et de combustible qu'elle dut suspendre la fabri-
cation; depuis l'automne 1920 elle marche de nouveau.

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294 L'industrie

La production techniquement possible des 11 fabriques de


sucre roumaines est la suivante:
Roman 1500 wagons
Sascut 500 I/
Ripiceni 1000 >1

Danubiana . . 1000 11

Chitilia-Bucaresti 600 1/
Targu-Mures 1000
Bod 500 71
Lujeni >,
Zucia 1500
Giurgiu . 600 11

Zarojani . 300 7/

8500 wagons
Si ces sucreries utilisaient entierement leurs installations
techniques, il existerait encore un manque et les besoins in-
terieurs qui sont de 9000 wagons exigeraient des importations
des pays voisins, de la Hongrie et de la Tchécoslovaquie.
II faut accorder des avantages de toute sorte: emplacement
gratuit, 'exemption d'imp8ts, pour engager les entrepreneurs a
Greer de nouvelles fabriques. L'extension de la loi pour en-
courager l'industrie nationale aux nouveaux territoires est un
comm en cement.
'

En 1924, le Conseil économique superieur décida de relever


les (trolls d'entrée sur le sucre de 10 a 30 centimes-or pour em-
pecher l'inondation du marche roumain de sucre hongrois qui
menacait l'industrie sucriere roumaine. Le ministre du Com-
merce a, en mettle temps, fixe le prix de vente du sucre indigene
a 24 lei 50 pow le sucre cristallise et a 27 lei 50 pour le
sucre en morceaux afin de ne pas livrer les consommateurs a
la dictature des fabriques roumaines. Le systeme des droits
protecteurs comme soutien de l'industrie nationale est combine
avec les prix maxima pour empecher leurs effets nefastes.
L'industrie des substances suer e es se rattache a l'in-
dustrie sucriere. Ce sont surtout des fabriques de chocolat et de
bonbons; elles sont au nombre de 20. Le capital investi s'éleve
a 27 millions 300 000 lei. Elles emploient 72 motettrs donnant
25 CV et 2453 ouvriers. Leur production a été de
6867 tonnes de la valeur de 21 millions 100 000 lei en 1913
5870 192 100 000 1919
Parmi ces entreprises, citons,
a Bucarest:
la Societe anonyme Berindei,
Staicovici-Economu, Societe anonyme,
Regina Maria,
Zamfirescu, Societe anonyme;

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L'industrie alimentaire 295

a Temisoara:
la fabrique de bonbons et de chocolats Kandia de 40 CV et 200
ouvriers;
a Becichiricul-Mare:
Carol Hollander, 100 ouvriers;
a Czernovitz:
Bernhard Sternberg;
a Klausenburg:
la Fabrica de Bomboane «Melissa».
Les fabriques de pates alim en tair es (paste fanoasc)
sont au nombre de 16; elles forment un capital de 3 millions
et demi de lei. Elles emploient 25 moteurs fournissant 389 CV.
Leur production est loin de suffire aux besoins du pays. Elle
a été de:
2475 tonnes de la valeur de 1 million 900 000 lei en 1913
1910 // 13 millions 400 000 1919

Ii faudrait creer de nouvelles fabriques pour faire face a la


consommation.
Le nombre des employes et ouvriers de cette industrie est
de 457 dont
32 'employes,
22 techniciens,
283 ouvriers qualifies,
120 ouvriers non qualifies.
La premiere fabrique de pates alimentaires roumaine est
celle des
Fratii A. St. Solacoglu, fournisseurs de la Cour, a Bucarest;
puis ii y a
les Produse Alimentare, Societe anonyme, au capital de 2 mil-
lions,
Pavel Heliotti,
Th. Rovaciu;
a Braila :
Joseph Ambittis & Cie,
E. Lychiardopulos,
F. Ferona;
a Galatz:
J. Ludwig, Societe anonyme;
En Bessarabie,
il y a des fabriques a Chisinau, Balti, Cetate-Alba, Ismail,
Orhei et Soroca;

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296 L'industrie

a Kronstadt:
Eitel Ernst;
a Sibiu:
Uhl Jacob.
Les 30 grandes boulangeries de la Roumanie repré-
sentent un capital investi de 29 millions 700 000 lei; le nombre
des moteurs dont elles disposent est de 48 donnant 744 CV.
Elles ont travaillé
99 984 tonnes de farine, de la valeur de 27 millions 800 000 lei en 1913
63 418 11 11 11 /I I) 113 millions 300 000 1919
Leur production a été de:
137 505 tonnes de la valeur de 38 millions 800 000 lei en 1913
87 712 208 100 000 1919
Ces grandes boulangeries occupent 341 employés et ouvriers
dont:
22 employés,
29 techniciens,
160 ouvriers qualifies,
130 ouvriers non qualifies.
Citons-en quelques-unes.
A Bucarest:
la boulangerie mecanique Otto Blaschek,
Otto Gagel successeur, 58 CV, 172 ouvriers,
V. Geisler,
Alois Muller fils, 46 CV, 176 ouvriers,
Sanatatea,
M. Mihaileanu,
M. Teodorescu Fiu,
la Societe anonyme Viata de 66 CV et 120 ouvriers,
la Manutanta Centrala (entreprise d'Etat qui fournit du pain aux
casern es);
a Pitesti:
Brutaria populara,
Verset (district de Timis),
la boulangerie V. Adler de 25 CV et 10 ouvriers;
a Cluj:
la fabrique de pain Ungaria avec 20 ouvriers.
La Roumanie possede 4 f6culeries d'un capital investi
de 14 millions de lei, avec 5 moteurs fournissant 381 CV. Leur
production a fortement diminué: Elle a été de:
1900 tonnes de la valeur de 1 million de lei en 1913
306 It 3 millions 400 000 de lei en 1919

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L'industrie alimentaire 297

El les occupent 135 ouvriers et ernployés.


On distingue les fabriques de fécule blanche et les fabri-
ques de fecule bleue.
Parmi les premieres, nommons a Bucarest:
Colentina,
Pavel Heliotti,
N. Katinakis,
L. Rovaciu & Cie;
Parmi les secondes, ii y a :
J. Apogi,
Joseph Carniol,
Carul Hanfrecht.
L'industrie des conserves a de grandes chances
dans un pays si riche en vivres que la Roumanie. Ii existe déjà
25 grands établissements qui font des conserves de viande, legu-
mes, poissons; les fabriques de conserves de poissons et de fruits
manquent encore. La valeur des installations est de 9 millions
de lei; elles emploient 40 moteurs d'une force de 505 CV et
626 ouvriers et employes. Elles ont utilise comme matieres
premieres .
20 508 tonnes de la valeur de 10 millions 800 000 lei en 1913
29 086 7, 1, IP ,P 211 300 000 1919

La production de conserves a été de:


14 073 tonnes de la valeur de 24 millions 900 000 lei en 1913
19 116 1) 324 200 000 1919
La plus grande fabrique de conserves et la plus ancienne
est celle de Stirbei, entreprise verticale qui a des fermes, fait
de Pelevage, de l'agriculture et industrialise les produits oh-
tenus. II y a
a Bucarest
Dorobantul,
C. G. Dragu & A. Popper,
Grivita, Stefanescu & Cie possesseur, fait aussi de la moutarde,
l'Industria Alimentara,
Flora, fabrique de conserves et de comestibles ; fabrication et
commerce de comestibles, viande, poissons, legumes, conserves
de fruits, liqueurs, marmelades et eaux minérales;
a Beles:
Staicovici-Economu, la troisieme fabrique de la Roumanie, fait
aussi de la moutarde,
Speranta, conserves,
les Fratii Rochus, fabrique de saucissons,
Leopold Patzak, fabrique de saucissons,

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298 L'industrie

Carol Fischer, fabrique de saucissons,


Wilhelm Flasch, fahrique de saucissons,
J. Hahn, fahrique de saucissons;
a Craiova:
Cumpanasu & Fratii, fabrique de saucissons ;
a Galatz:
Ancara, fabrique de conserves;
Czernovitz:
la Premiere fabrique de conserves de legumes et de marmelades
de la Bukovine.
Les grandes la i t e ri es et les grandes from ageri es
sont au nombre de 12; le capital investi s'eleve a 13 millions
200 000 lei. Elles emploient 24 moteurs fournissant 443 CV
et 207 ouvriers et employes. La production de beurre, fromage,
etc., a ete de:
2853 tonnes de la valeur de 3 millions 500 000 lei en 1913
2518 16 900 000 1919
La production actuelle est presque revenue au niveau d'avant-
guerre.
Les 4 etablissements de succedan es, d'un capital de
4 millions de lei, emploient 4 moteurs qui fournissent 98 CV
et 131 employés et ouvriers. Leur production a eté de :
4750 tonnes de la valeur de 2 millions 500 000 lei en 1913
2670 13 100 000 1919

Les fabriques qui preparent des succédanés de cafe et de


the sont celles de Henri Frank fils et Mocaina a Bucarest.
Mentionnons encore deux moulins a riz et deux m o u -
lins a se 1. Les deux premiers avaient un capital de 6 mil-
lions, 2 moteurs donnant 530 CV, 20 ouvriers et une produc-
tion de 2340 tonnes de la valeur de 16 millions 500 000 lei.
Les deux seconds ont un capital investi de 5 millions 800 000
lei, 5 moteurs de 650 CV, 107 ouvriers et employes ; leur pro-
duction a ete de 42 350 tonnes, de la valeur de 52 millions
900 000 lei, en 1919.
En resume Pindustrie alimentaire rournaine accuse:
977 grands etablissements,
1 042 millions 600 000 lei de capital investi,
1 815 moteurs,
98 584 CV de force motrice,
26 054 employés et ouvriers.

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L'industrie alimentaire 299

L'énergie mecanique est répartie entre:


725 machines A vapeur et turbines de 55 622 CV
345 moteurs A essence, A gaz, a huile, Diesel de . . 30 209 .

546 moteurs électriques, alimentés par les centrales d'energie


electrique . 7 541
199 turbines a eau et autres de . 5 212

Les matieres premieres employees ont ete de


4 035 062 tonnes de la valeur de 540 millions de lei en 1913
2 309 157 2698 400 000 lei en 1919

La consommation des combustibles a ete de:


591 404 tonnes de la valeur de 25 millions 300 000 lei en 1913
541 221 PI IP // 174 200 000 1919
En 1919, l'industrie de l'alimentation a consomme:
389 215 tonnes de bois
41 889 charbons
27 862 lignite
944 coke
74 011 pétrole et derivés
7 200 charbon de bois, detritus, etc.
3 055 000 m3 methane
On ne peut pas fixer la production quantitative de cette
industrie a cause des donnees differentes en hectolitres pour
les liquides et en tonnes pour les matieres solides. En 1913,
elle avait une valeur de 885 millions 800 000 lei; en 1919,
une valeur de 4416 millions 600 000.
La plus grande partie de cette production revient a l'ancienne
Roumanie. La repartition regionale de l'industrie de Palimen-
tation est la suivante:
Ancien royaume 352 établissements
Transylvanie 338
Bessarabie . . . 174
Bukovine . . 78
Banat . 35 PI

Le capital engage est ainsi reparti entre les territoires:


Ancien royaume 478 millions 300 000 lei
Transylvanie 257 PI 300 000 Pl
Bessarabie 137 PP
600 000 10

Banat 99 700 000 PP

Bukovine 69 700 000


La f o r c e m o t r i c e des divers territoires est la suivante:
Ancien royaume . . . 608 moteurs représentant 51 528 CV.
Transylvanie . . . 650 PI ,, 26 662
Banat 261 ,, 8 001
Bessarabie 196 6 971
Bukovine 100 PI ,1 5 422

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300 L'industrie

Les ma tie r es premier es se répartissent comme suit :


Ancien royaume 2 023 971 t. de la valeu r de 1 mill. 300 000 lei en 1913
1 264 073 /1 /1 1 600 000 1919
Transylvanie 861 366 11 /1 11 119 800 000 1913
565 706 /0 11 11 565 600 000 1919
Banat 338 955 11 11 11 ,, 59 500 000 1913
221 771 11 11 11 236 800 000 1919
Bessarabie 386 191 11 11 ,, 58 700 000 1913
197 985 11 11 /1 224 800 000 1919
Bukovine 424 579 11 11 11 24 600 000 1913
59 622 11 11 11 11 50 300 000 1919

Les combustibles consommés ont été les suivants :


Ancien royaume 171 667 t. de la valeur de 11 mill. 100 000 lei en 1913
131 879 11 11 11 57 600 000 1913
Transylvanie 286 193 , IP 9 100 000 11 1913
295 540 78 200 000 11 1919
Banat 36 379 11 1 800 000 1913
45 100 11 19 800 000 11 1919
Bessarabie 49 510 11
1 600 000 11 1913
38 732 11 10 900 000 1919
Bukovine 47 355 1 700 000 11 1913
29 970 1/ 11 /I 7 700 000 1919

La production des 977 établissements de l'industrie de


l'alimentation a été :
Ancienne Roumanie . 466 millions 600 000 lei 2469 millions 900 000 lei
Transylvanie . . . . 192 100 000 3/ 1070 800 000
Banat 87 , 500 000 405 300 000
Bessarabie . . . . 88 700 000 346 700 000
Bukovine . . . . . 50 900 000 1/ 123 900 000
Les ouvriers et employes occupes dans l'industrie
de l'alimentation se repartissent ainsi :
ouvriers mien total
administration technique qualitlas non militia
Ancien royaume . 1212 877 5511 3991 11 591
Transylvanie . . 723 500 2604 2279 6 106
Bessarabie . . . 431 398 726 1951 3 506
Banat 219 70 1822 792 2 903
Bukovine 155 246 809 738 1 948

L'industrie textile.
L'industrie textile fournit les etoffes dont a besoin la popu-
lation pour s'habiller, Avec la nourriture et le logement, la
fabrication de l'habillement est la base sur laquelle est etablie
la vie economique d'un pays. Aussi la Roumanie s'efforce-t-elle
de developper son industrie textile. Comme les grands Etats
de l'Ouest, l'Angleture, la France et l'Allemagne qui ont porte
de bonne heure leur industrie textile h un niveau élevé, elle tend
a perfectionner cette industrie et a augmenter le nombre des
hroches et des métiers a tisser. Dans l'industrie de la laine, le
nomhre des broches est actuellement de 75 000; le nombre

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L'industrie textile 301

des metiers mecaniques de 1400. Par contre, elle ne possede que


deux filatures de coton, une de 19 668 broches a Arad,1
l'autre de 11 000 broches environ a Bucarest,2 et 3500 metiers
mécaniques pour le coton dans tout le pays. Ces filatures
de coton suffisent aux besoins des tissages adjoints seulement.
Leurs produits ne vont pas dans le commerce; ils ne sont
pas non plus cedes a d'autres ateliers de tissage. II faudrait
créer d'autres entreprises qui fourniraient les fils dont ont besoin
la grande industrie et l'industrie domestique. Si on ne les
a pas érigees dans l'ancienne Roumanie, c'est grace a l'inter-
vention des Etats inte,ressés aux produits de coton, l'Angleterre
et l'Italie. La Roumanie consentit a ne pas imposer le fil de
coton de droits superieurs a 3 lei par kilogramme, qui correspon-
dent a peu pres a 1,50/0 de sa valeur. La fabrication de la soie
avec des metiers mecaniques, les filatures et teintureries manquent
completement en Roumanie. Tout ce qui est fabrique dans ce
domaine se fait dans de petits ateliers. Les filatures de lin et
de jute manquent aussi. Depuis l'enquete de l'industrie, une
seule grande fabrique a éte creee a Lugoj. 11 en est de meme
du tissage en couleur depuis que l'unique fabrique de Bucarest a
ferme ses portes. II existe un seul tissage de tapis de Lazar
Dungyerzky a Becicherecul-Mare (district de Torontal) de 96 CV
et 500 ouvriers. Les fabriques de velours et de peluches, les
imprimeries pour les cotonnades font défaut. L'industrie textile
roumaine est encore insuffisante pour couvrir les besoins d'un
peuple de 17 millions d'habitants. L'industrie domestique fournit
une autre partie. Le paysan n'achete pas de toile dans la ville;
comme nous l'avons vu, il la fabrique lui-meme. La paysanne
tisse elle-meme ses costumes sur un cadre d'apres sa
methode. Cette industrie domestique couvre les besoins de
la plus grande partie des populations rurales. La population
urbaine fait appel au marche et celui-ci ne possede pas suffi-
samment de production indigene. Ce qui manque doit etre im-
porte de Petranger. Les importations de textiles de toute sorte
se chiffrent par milliards.

D'apres l'enquete de l'industrie de 1920, il y a, dans la


grande Roumanie, 156 fabriques qui appartiennent au groupe
de Pindustrie textile, savoir:
fabriques de draps . . 70
tissages de coton . . 34
fabriques de tricotages 29
fabriques de chapeaux 13
corderies . . . . 6
fabriques de ouate . . 4

1 Industria textila A Arad.


2 Societatea pentru Industria de Bumbac A Bucarest.

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302 L'industrie

Ces fabriques sont reparties de la fawn suivante:


Transylvanie . . . 71
Ancien royaume . . 58
Banat . . . . 14
Bessarabie . . . . 13
Dans ces territoires, on distingue les groupes régionaux
ci-apres:
10 Le groupe muntenien avec les centres principaux de
Bucarest, Ploesti, Doftana, Branesti, Campulung, Pitesti et
Craiova.
2° Le groupe moldave avec les centres principaux de Jassi,
Bacau, Roman, Buhusi ,Piatra-Neamt.
30 Le groupe de Kronstadt avec les centres principaux de
Kronstadt, Azuga, St George, RAsnov, Bran, DArste, Zizin,
Satu-Lung.
40 Le groupe de Hermannstadt avec les centres principaux de
Sibiu, 'Medias, Sighisoara, Aiud, Sebes, Laz, Seliste, Orlat, Dum-
brava, Sadu, Boitsa et Cisnadie.
50 Le groupe du Banat avec les centres de Temisoara,
Lugoj, Arad, Perjamos et Eselnita.
6° Le groupe de Bessarabie avec les petites filatures et les
tissages de laine de Cetatea Alba, Volintirovia, Tarutino,
Tighina, Ismail et Bolgrad. On rencontre aussi l'éleve du ver
A soie dans quelques localites.
D'autres fabriques textiles sont dispersées dans le pays,
Satmar, Cluj, TArgu-Jiu, Craiova, Slatina, Zimnicea, Galatz, Con-
stantza, Nehoiash, Buzau , Czernovitz, Storojinetz, Chisinau, etc.
L'industrie textile domine dans l'ancien royaume, au sud de
la Transylvanie et dans le Banat; elle est peu importante en
Bessarabie et en Bukovine.
L'industrie de la laine est particulierement developpée en
Moldavie, dans le Banat et en Transylvanie; l'industrie du coton
dans l'ancienne Roumanie et a Arad.
L'industrie du tricotage est partout répandue.
La corderie est surtout pratiquee dans l'ancien royaume.
L'industrie de la soie est localisee a Lugoj.
La fabrication des chapeaux de velours, de poils de lievre
et de lapin a son siege dans le Banat.
Apres la guerre, l'industrie textile de la Roumanie s'est
considerablement accrue par l'adjonction des nouveaux territoires
quoiqu'un nombre de fabriques aient eté détruites dans l'ancien
royaume par l'occupation. En 1921, les deux fabriques de drap
de Crompton et Colentina, a Bucarest, n'étaient pas encore recon-
struites. Les dommages que la guerre a causes A cette industrie
dans l'ancien royaunte sont évalues, A 61 millions de lei. En

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L'industrie textile 303

Transylvanie beaucoup de fabriques ont eté endommagees. Les


combats dans le voisinage de Hermannstadt ont cause de grands
degats aux fabriques. Une partie a ete reconstruite; l'autre a
passé dans une autre administration. La troisieme partie s'est
étendue et a augmenté ses installations . Une partie n'a pas pu
se relever.
A ces dommages de guerre s-'ajoutent les difficultes de
Papprovisionnement en laine et coton. Au debut, les frontieres
etaient fermées et le commerce n'etait pas organise, les couleurs
etaient tres cheres; les grandes fluctuations du change; Ie manque
de main-d'ceuwe entravaient la production.
Pour ces raisons, elle fut tres faible apres la guerre; l'en-
quete de 1919 ne donne pas une idée exacte du plein rendement
que cette industrie peut fournir dans des conditions normales.
L'i ndustrie de la lain e occupe le premier rang. II
existe, dans toute la Roumanie, environ 80 entreprises qui
travaillent la laine dans de grands établissements et fabriquent
des fils de laine, des draps, des étoffes, des cheviotes, ceintures,
couvertures, sacs, plaids. Elle possede, comme nous l'avons
déja dit, 75 000 bobines et plus de 1400 métiers mécaniques.
Le dr ap de Kr on s ta dt est célebre dans tous les Balkans.
On fait aussi des draps fins dans le Banat, a Azuga, Bucarest
et Buhusi. Les autres fabriques produisent des draps, des
étoffes ordinaires, des ceintures, du drap pour l'armée, des
couvertures, des chales, etc.
Dans la petite localité de H eltau, l'industrie du tissage de
la laine prospere depuis 1513. On y trouve 23 tissages marchant
tous a l'électricite. Ils forment l'Association des tissages de
Heltau.
L'article principal est le drap de Halina, fabrique avec de la
laine et des poils de chevre. II se vend bien dans l'ancien
royaume et en Transylvanie. Avant la guerre, il se vendait aussi
en Galicie.
L'industrie des couvertures est surtout developpee a Lugoj,
Buhusi et Cisnadie (dans le voisinage de Hermannstadt).
La matiere premiere est produite dans le pays qui compte
7 790 000 moutons, selon la statistique de 1919, ou importee de
l'étranger.
Les fils de laine qui servent a la fabrication des draps fins
sont faits a Temisoara. La plus grande partie est importée;
il en est de meme de la laine de merinos, car les moutons
roumains ne fournissent pas suffisamment de laine fine aux
fabriques.
La production de l'industrie de la laine a atteint 200/0 de
la production normale en 1919-1920. On voit quelles diffi-

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304 L'industrie

cultes la guerre a créées. Durant les annees d'apres-guerre, l'ex-


portation de la laine a été entierement défendue pour relever
la production. Aujourd'hui, les importations et la production
intérieure sont normales. Les fabriques de drap ont presque
retrouve leur production normale. Neanmoins, il faut importer
des quantités considerables de laine et d'etoffes de laine, car la
production des fabriques de drap est insuffisante pour couvrir les
besoins du pays.
Il n'existe malheureusement que deux ecoles en Roumanie
pour perfectionner l'instruction des chefs d'atelier, une école de
tissage pour le drap h Cisnadie (Heltau) dans le voisinage de
Hermannstadt, et les 4te.liers nationaux de tissage a Czernovitz.
Cette derniere école privée a été créée en 1906; elle est devenue
propriété de l'Etat en 1918. On a voulu que la population
paysanne apprenne le tissage sur des metiers perfectionnés afin
d'augmenter le rendement. Autrefois, on tissait 2 a 3 metres;
aujourd'hui, on peut en tisser 20. Le programme de l'école
a été modifie par la creation de fabriques pour le tissage. 11
fallait former des tisseurs professionnels. Outre ceux-ci, l'école
forme encore des institutrices. Elle comprend:
1° Une section de tisseurs professionnels qui sont instruith
dans le tissage mécanique;
2° Une section pour le tissage des tapis;
3° Une section de tissage a la main; elle a été supprimée
en 1921 pour faire place a une Ecole professionnelle de jeunes
filles qui était nécessaire;
40 Une teinturerie et des ateliers d'appretage.
A He !tau pres de Hermannstadt se trouve tine grande école
de tissage; mais le nombre des éleves qui la fréquentent est in-
suffisant si bien que les usines sont obligees de faire venir une
partie de leur personnel de Tchecoslovaquie et d'Allemagne.
L'Etat devrait favoriser la creation d'autres ecoles et accorder
des bourses aux tisseurs roumains qui font leurs etudes a
l'étranger.
Les 70 etablissements qui fabriquent des lainages disposent
d'un capital de 50 millions et demi de lei investi en fonds, im-
meubles et installations.
Le nombre des moteurs utilises est de 139 et leur puissance
7654 CV.
Les matieres premieres employees ont ete de:
17 millions 400 000 lei en 1913
218 600 000 1919.
Les combustibles utilises s'eleverent a:
34 833 tonnes de la valeur de 1 million 500 000 lei en 1913
53 334 11 300 000 1919.

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L'industrie textile 305

La valeur des produits était de:


46 millions 400 000 lei en 1913
487 700 000 1919

La production maximum annuelle est évaluée A 5 millions


de metres.
L'industrie des draps occupe en tout 5534 ouvriers et
!employés dont:
173 dans l'administration
262 la technique.
Parmi les ouvriers, il y a:
3926 ouvriers qualifies
1173 non qualifies.
Parmi les fabriques de draps, citons
A Bacau:
U. Gross & Cie,
S. Singer ;
A Buhusi (distrikt de Neamt):
la Societatea pentru industria textila, la plus grande fabrique
de draps de l'ancienne Roumanie et la seconde du nouveau
xoyaume, comptant 1500 CV et 1700 ouvriers (1922) et pro-
duisant 7000 metres environ par jour;
A TArgu-Neamt:
A. Izvoranu,
Froim B. Herscu, filature de laine;
a Ploesti:
Les produits textiles Marbe A Cohen,
la Société anonyme Dorobantul;
A Chisinau:
Dvantinanu;
A Cetul:
G. Gormal,
J. Lazarovici;
dans le distrikt de Cetatea-Alba:
J. Alperin A Leiptig,
A. Esse A Teplitz,
C. Julius A Archiz,
V. Joert a Volintrovca,
Rak 8i Gelbahn A Totorbunar,
M. Sirotschi A Totorbunar,
Treugott & Esse A Santa-Veche,
Zemstex A Tarutizo;
20

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306 L'industrie

a Cedav-Lunga:
K. Constantinov;
A Temisoara:
l'Industria lanei Fabrica de postav, tesatorie si torturi
de lana, Societe anonyme (fabrique de draps, tissage
et lainage), la plus grande fabrique de draps de la
Roumanie;
A Brasov:
Francisc Kleverhaus, fabrique de draps de 5 CV et
20 ouvriers,
Wilhelm Scherg, fabrica de fostev de 500 CV et 600
ouvriers;
A Rasinari (pres Brasov):
Stefan Papp, fabrique de draps de 75 CV et 50 ouvriers;
a Sibiu:
Scholz & Preszler, fabrique de draps de 60 CV et
40 ouvriers;
A Cisnadie Ares de Sibiu:
He,rbert Billes, fabrique de draps de 70 CV et 28 ouvriers.
11 faut encore mentionner la fabrique speciale de Kotzman
en Bukovine; elle fabrique des m an te aux de priere s. C'est
la seule de la Grande-Roumanie de son espece. La qualite
de ses produits est des meilleures; ceux-ci ne peuvent pas con-
currencer ceux de la Hongrie et de la Pologne dont la valeur
n'est pas la moitie des frais de production de la fabrique de
Kotzman. L'exportation de manteaux de prieres est interdite;
le rendement de la fabrique, par suite, n'est pas satisfaisant.
L' in du stri e du co to n et du lin occupe le second rang
dans l'industrie textile roumaine.
Tout le coton employé est importé de l'étranger: néan-
moins la consommation d'etoffes de coton est plus grande que
celle des étoffes de laine dont la matiere premiere est produite
dans le pays.
Il existe en tout 55 établissernents qui travaillent le fil de
coton et de lin. Un seul a Arad, qui compte 19 668 broches
et une sociéte anonyme A Bucarest fabriquent des fits avec du
coton brut, tandis que les autres emploient le coton déjà trans-
formé en fil.
Cette industrie compte plus de 3500 metiers mecaniques
qui ne marchent pas tous a cause du manque de matieres pre-
mieres et des difficultes et-66es par le change.
La force des moteurs en 1919 &fait de 3600 CV.

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L'industrie textile 307

Quelques usines travaillent aussi la laine; elles en font


des fils ou des fichu s. D'autres travaillent aussi le chanvre
et font des ficelles, des cordes et des courroies de transmissioni
Dans d'autres enfin, on melange le coton A la soie pour fa-
briquer des etoffes de fantaisie.
Dans l'ancien royaume, ii existait 3000 métiers A coton
avant la guerre. Leur nombre s'abaissa A 2041 par suite des
requisitions des armées d'occupation. En Transylvanie, ii y a
1045 metiers, 421 dans le Banat et 7 en Bukovine. En Bessa-
rabie, ii n'existe pas une seule entreprise qui fabrique des
étoffes de coton.
En 1920, le gouvernernent roumain a pris des mesures
pour importer une plus grande quantité de fil de coton né-
cessaire aux fabriques et A l'industrie domestique, car les pay-
sans en manquaient et les fabriques ne pouvaient pas marcher
par manque de matiere premiere.
On réduisit en meme temps les frais de commission pour
le coton brut de 2 a o,50A, afin de venir en aide aux
filatures de coton.
Dernierement, on a mis des droits de douane éleves sur
les produits étrangers pour defendre et encourager l'in-
dustrie nationale.
La production des fabriques de cotonnade a déjà con-
sidérablement depasse celle des fabriques de lainages; elle re-
presente les 750/o de la production normale. Elk aura bientOt
atteint le niveau d'avant-guerre; on pourra alors compter sur
une production annuelle de 15 millions de metres d'étoffe. Ce
chiffre comprend les etoffes de coton paysannes (provenant
de l'industrie domestique), etoffes naturelles, Oxford, piques
blancs et colores, zephir, essuie-mains, serviettes, torchons, dou-
blures d'habits, étoffes a sac, A paillasse et a tente, etc.
Les 34 grands établissements de tissage de coton posse-
dent un capital de 28 millions 200 000 lei investi dans des
fonds, immeubles et installations.
IN disposent de 63 moteurs dormant 3602 CV.
Ils ont dépensé en matieres premieres:
8 millions 600 000 lei en 1913
91 400 000 1919.
La consommation des combustibles a eté de:
11 020 tonnes de la valeur de 600 000 lei en 1913
18 610 3 millions 100 000 lei en 1919
La valeur des produits fabriqués a eté de:
23 millions 500 000 lei en 1913
210 900 000 1919.
20*

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308 L'industrie

Ces usines ont occupe 2022 employes et ouvriers, c'est-h-dire:


92 employes,
98 techniciens,
852 ouvriers qualifies,
980 ouvriers non qualifies.
Comme les fabriques de draps, les tissages de coton m a n -
quent de personnel qualifie. 11 n'existe pas d'école
qui forme des chefs d'ateliers habiles.
Parmi les tissages de laine et de coton, citons les maisons
suivantes:
a Bucarest, les tissages de laine:
F. Alexandratos & N. Colmbis,
Eug. Dimitrescu,
Ana Kromer,
Ivanicu Niculescu,
Heinrich Schubert & Fii.
Parmi les tissages de lin et de coton:
la Societe anonyme Tesaturi si impletituri,
Elena V. Nestorescu,
Razboiul Romania, Crompton A. E. & Cie Ltd,
Rizescu & Stavarachescu,
la Societe anonyme Draghiceanu, Chritescu & CO
la Societe anonyme pentru Industria Bumbacului,
Tesatoria Sf. Luca,
Tesatoria Colentina, Societe anonyme,
Societatea Textila Franco-Româna.
Pour les toiles nationales (toiles roumaines en lin surtout)
citons: Fu,rnica, Tesatoarea, Pajajenul, Elena Nasturel,
C. lliescu;
a Pitesti:
les tissages Tesatoria Romana;
Galatz:
l'Industrie du chanvre, Societe anonyme pentru In-
dustria Canspei;
a Branesti (district de la Dambovita):
les tissages Rizescu & Stavarachescu;
a Craiova:
les tissages de laine, Societe anonyme Munca,
la Societe Oltenia;
a Targu-Jiu:
les tissages N. N. Lupulescu;

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L'industrie textile 309

A Jassy:
les tissages Nathan Gelber,
les tissages Tesatw-a Jassy,
N. J. Stroici;
A Marulesti (district de la Jalomita):
les tissages et tricotages des Fratii Seceleanu;
A Targu-Neamt:
les tissages de laine Froim B. Herscu;
A Plcesti:
les produits textiles Marbe A. Cohen,
les tissages Paianjenul Reginei;
A Cernauti:
les tissages Alderstein & Osterer, Buchbinder Jakob,
les Fratii Melzer, les Fratii Sandmann, M. Zucker;
A Storojin et :
la Prisma tesatorie bucovineana de lana & bumbac
(premiers tissages de laine et de coton de la Bukovine),
. Abisch;
A Arad:
Hungaria, fabrique d'articles de coton de 1000 CV et
600 ouvriers;
A Temisoara:
la Lima Societatea textila de 350 CV et 190 ouvriers;
Josef Weisz, fabrique de tesut panza (tissages de lin)
de 42 CV et 85 ouvriers;
A Sighisoara:
W. Lcew, fabrique de fil de 178 CV;
A Lugoj:
la Société anonyme Industria Textila, toiles blanches
et en couleur de 180 CV et 200 ouvriers,
la Société anonyme pentru, tesutul bumbacului si ma-
tase (pour tissages de coton et de soie);
A Cluj:
Behrhardt & Cie, tissages de 15 CV et 42 ouvriers;
A Sebes:
Ferdinand Baumann, tissages de coton et fabrique de
draps de 100 CV et 10 ouvriers;
A Oradia-Mare:
la Fabrica de covoare si pAnza (fabrique de tapis et
de toile);

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310 L'industrie

a Cisnadie (pres Sibiu):


Toma Binder, tissages de laine de 45 CV et 10 ouvriers,
'Mihai Fleischer, tissages de laine de 20 CV et 9 ouvriers.

L'industrie du chanvre et du jute tient la troisieme


place dans l'industrie textile roumaine. Quelques fabriques
appartiennent a la section precedente; 20 autres travaillent
spécialement le chanvre et fabriquent des ficelles, cordes, cables
courroies de transmission, guides, tapis en ficelles, lacets, etc.
Ces fabriques sont établies dans l'ancien royaume et a
l'ouest de la Transylvanie.
Parmi les fabriques de lin, de chanvre et de feutre, citons
a Sant-George:
Heinrich Klinger, tissages de 255 CV et 1200 ouvriers;
a Bereny (Bichis):
Moritz Klein, tissages de 7 ouvriers;
a Curtici (district d'Arad):
T. Nadasdy, chanvre en rouleaux de 28 CV et 50
ouvriers;
a Lugoj:
G. Metasa, filature de soie;
a Temisoara:
Hungaria Naschitz 8E Daigona, fabrique de feutre de
32 CV et 35 ouvriers;
la Prima industria de textile Temisoara.
II existe peu de filatures de chanvre.
Le chanvre est produit dans le pays ou est importe d'Italie.
Le chanvre indigene est trop rude et de couleur trop sombre.
Quelques fabriques de Transylvanie travaillent presque exclu
sivement le chanvre qu'elles produisent elles-memes dans leurs
champs ou achetent aux paysans du voisinage. La Societe" Firuf
qui a son siege a Bucarest a repris l'idée de suffire a ses
besoins; elle cultive le chanvre dont elle a besoin. Ses usints
sont situées a Zinnicea sur le Danube.
On importe aujourd'hui de grandes quantites de ficelles,
cordes et cables: 2344 tonnes en 1919. Les étoffes de chanvre
sont importées en quantités encore plus grandes.
Ces faits prouvent que la production indigene est insuffi-
sante. Le jute pour les sacs provient entierement de Petranger.
Les fabriques de cette industrie ont un capital de 3 millions
600 000 lei investi dans les fonds, immeubles et installations.
Elles ont 10 moteurs fournissant 545 CV.

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L'industrie textile 311

La valeur de la matiere premiere employee a ete de:


500 000 lei en 1913
7 millions 600 000 1919.
Le combustible consomme a éte de:
600 tonnes d'une valeur de 36 000 lei en 1913
630 3, If 232 500 1919.
La production s'est élevée a:
1 million 800 000 lei en 1913
18 900 000 1919.
Ces fabriques ont occupé 465 employes et ouvriers dont
17 dans l'administration,
18 la technique,
397 ouvriers qualifies,
33 non qualifies.
Le nombre des ouvriers non qualifies de cette branche d'in-
dustrie est tres petit.
Le quatrieme groupe de cette industrie est forme par les
tri co ta g es (articles tricotes et tisses). Les grands etablisse-
ments se trouvent a Bucarest, Jassi, Arad et Temisoara ou sont
disperses dans les principaux centres de l'industrie textile. La
Bessarabie et la Bukovine n'ont pas de fabriques ou seulement
quelques-unes. Citons les grandes entreprises suivantes,
a Bucarest:
Lk Cerkes & Cie,
J. J. Fermo,
la Societe anonyme Filaret,
Hygeea,
la Societe anonyme de impletituri si tesaturi,
la Societe anonyme roumaine pentru fabricarea de trico-
tage,
Tomasch & Cie,
Triumph,
Viitorul;
a Botosani:
L. Abranovici,
M. Marovici;
a Jassi:
Moldava L. Gelber,
la Societe anonyme Perfectiunea,
M. & L. Rechler,
Zobesch & Cie;
a Piatra-Neamtu:
la Societe anonyme Doanna;

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312 L'industrie

A Foscani:
Isidore Hadman;
A Ternisoara:
la Prima fabrica de impletit si tesut (Premiere fabrique
de tricotage et de tissage);
A Brasov:
J. Herter, fabrique d'articles de tricotage.
La matiere premiere est produite dans le pays oil quelques
fabriques de tricotage possedent des filatures de laine; les fila-
tures des fabriques de drap approvisionnent aussi les fabriques.
El les importent les fils fins de laine, de coton, de vigogne et
de soie.
El les font des bas de coton, de la flanelle, des articles de
sport tricotés: chAles, guetres, sweater (chandails), des gants, des
bas de laine et des fichus. Ces articles sont de qualite courante
et se vendent facilement.
Dernierement, la fabrication des bas de bonne qualite, des
articles de soie tricotes (cravates et paletots) a pris de l'essor.
Cette industrie pourrait se developper davantage si l'approvi-
sionnement en fils de laine et de coton etait facilite.
Le capital investi dans les immeubles et installations des
29 fabriques mentionnees dans l'enquete de l'industrie se chiffre
par 22 millions de lei.
La force employee est fournie par 98 moteurs; elle s'eleve
A 858 CV.
La valeur de la matiere premiere a eté de:
3 millions 900 000 lei en 1913
67 800 000 1919.
Comme combustibles, on a consomme:
1848 tonnes de la valeur de 80 000 lei en 1913
3082 f, 7, 896 120 1919.
Les produits manufactures avaient une valeur de:
12 millions 300 000 lei en 1913
120 900 000 1919.
Le nombre des employes et des ouvriers est de 1922 dont:
108 dans l'administration,
81 la technique,
1279 ouvriers qualifies,
454 non qualifies.

L'industrie des chapeaux forme le cinquieme


groupe d'industrie. Sur les 13 chapeaux,
fabriques de
2 seulement possedent des installations pour la fabrication de
cloches de chapeaux; elles sont situées dans le Banat et peuvent

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L'industrie textile 313

produire 10 000 chapeaux par jour. Autrefois, leurs chapeaux


etaient vendus en Europe et dans les pays d'outre-mer. La plus
grande fabrique est a Temisoara. Sa production s'éleve a 200
douzaines de chapeaux lisses et de velours, et a 450 douzaines
de chapeaux de laine par jour.
Parmi les fabriques de chapeaux, citons
a Bucarest pour chapeaux d'hommes:
H. Prager,
L. Lernpart,
H. Moscuna,
Villa Umberto & Cie,
Em. Weinberg;
pour chapeaux de femmes:
H. Prager, H. Noscuna, Em. Weinberg et 20 autres entre-
prises qui ne sont pas de grands établissements dans le sens
de l'enquete;
pour chapeaux de paille:
21 fabriques dont:
la Fabrica de palarii de pac E. M. Marcovici,
R. Weinberg,
S. Lupescu,
S. M. Conescu,
Marcu Zacharia;
A Ploesti:
J. C. Cohen & Cie,
C. Haimovici;
A Falticeni (district de Suceava):
M. Covloloff,
G. Jacovloff;
Cernauti:
H. Luft;
a Temisoara:
la Prima fabrica de palarii de 200 CV et 500 ouvriers,
Ideal, fabrica de palarii;
A Periamos (district de Torontal):
M. Korber de 125 CV et 80 ouvriers;
6 Oradia-Mare:
Hermann Friedländer;
A Elisabetspol (district de Tarnava-Mare):

La Société anonyme Kondor, fabrica de palarii.

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314 L'industrie

La laine fine et les poils de lievre forment la matiere


premiere. Toutes les fabriques du pays pourraient etre ali-
mentées avec les produits semi-fabriqués du Banat si l'appro-
visionnement correspondait a leur capacite de production.
L'achat des peaux de lievre n'est pas organise en Roumanie;
les fabriques de chapeaux sont contraintes d'importer des poils
de lièvre qui viennent principalement de Belgique.
La qualite des chapeaux de feutre, de laine et de velours,
fabriqués dans le pays est bonne; l'importation serait superflue
si l'on pouvait amener les acheteurs a porter uniquement ces
chapeaux; mais comme ce n'est pas le cas, il y a une forte i m -
po rt a ti o n de chapeaux. Ils viennent surtout d'Italie qui
était déjà le plus grand fournisseur de l'ancien royaume avant
la guerre.
Les 70 fabriques de chapeaux existant en Roumanie viennent
en tete pour la grandeur des établissements et l'importance de
la production.
Le c a pit al investi s'éleve A 50 millions et demi de lei; il
représente presque la moitié du capital de l'indu-
strie te xt ile t o t a 1 place dans les immeubles et les in-
stallations.
La f o r c e m o t rice est également plus grande que dans
les autres branches de l'industrie textile; les 139 moteurs donnent
7654 CV; c'est plus de la moitié de l'énergie employee dans
toute l'industrie textile.
Le nombre des employes et ouvriers est de 5534;
il est supérieur a la moitie de ceux occupés dans toute l'indu-
strie textile. La main-d'ceuvre est ainsi répartie:
173 employes d'administration,
262 techniciens,
3 926 ouvriers qualifies,
1 173 ouvriers non qualifies.
La valeur de la m a tie re p rem i er e travaillée s'est
élevee a:
17 millions 400 000 lei en 1913
218 . 600 000 . . 1919
Elle a augmenté de douze fois dans l'espace de 6 années.
Les co m bus tib 1 es employes se sont chiffres par:
34 833 t. de la valeur de 1 million 500 000 lei en 1913
53 334 . . . . 11 . 300 000 . 1919
La production des chapeaux avait une valeur de:
46 millions 400 000 en 1913
487 700 000 . 1919
La valeur a ainsi augmenté de 10 fois environ.

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L'industrie textile 315

Le sixieme groupe est formé par les etablissements qui


fabriquent de la ouate et des articles de pansement.
11 existe quatre grandes entreprises en tout; puis quelques
fabriques qui peuvent produire annuellement 300 000 kilo-
grammes de ouate médicinale et de confection. En outre, ii y a
des fabriques avec 108 metiers a tisser qui produisent la mousse-
line destinée a la fabrication des pansements. En 1919, on a im-
porte 16 000 kilogrammes de ouate en Roumanie; 1100 kilo-
grammes ont eté exportés en Ukraine. Cette industrie est A
meme de couvrir les besoins du pays si elle peut suffisamment
s'approvisionner en matieres premieres (coton brut et fil de
coton).
Parmi les fabriques de ouate, citons
A Bucarest:
Principale B. Stirbey;
A Jassi:
L. & G. Rechler;
h Chisinau:
Golperini & Dvatman,
Litvac,
Trachtenbroit;
A Cetea-Alba:
S. Jsmas,
Z. Zaslovski.
11 n'en existe pas en Transylvanie et en Bukovine.
Dans les quatre fabriques, 1 million 700 000 lei sont places
dans les terrains, bAtiments et installations.
Chaque fabrique dispose d'un moteur. L'énergie totale
dépensée est de 435 CV.
Les matieres premieres avaient une valeur de:
30 300 lei en 1913
2 322 500 , . 1919
Les combustibles consommés ont éte de:
27 t. d'une valeur de 1 620 lei en 1913
508 , 172 500 1919

La production s'est considérablement accrue de 1913 a 1919.


Sa valeur était de:
96 220 lei en 1913
5 287 500 , , 1919

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316 L'industrie

Les fabriques occupent 156 employes et ouvriers:


9 dans l'administration
7 la technique
114 ouvriers qualifies
26 non qualifies
L'enquete s'est peu étendue sur l'industrie de la
s o i e.La raison est que cette industrie compte encore peu de
grands établissements en Roumanie. En outre, l'élevage du ver
A soie a diminué ces dernieres années bien que le milrier pros-
pere dans le pays et que la Roumanie en possede un grand
nombre; enfin c'est une industrie domestique. Les paysans ont
la coutume de bobiner le fil de soie des cocons et refusent de
les vendre. Ces fils qui sont files avec des moyens primitifs ne
peuvent pas etre utilises dans la grande industrie. IN satisfont
seulement l'industrie domestique.--- .,
Il n'existe qu'une seule filature de soie systematique, a
Lugo s dans le Banat. La Roumanie a hérité cette organisation
de la Hongrie. Elle possede une installation de 120 machines
A filer et une serie de 128 machines nouvellement installees. Il
y a aussi des locaux pour conserver les chrysalides. Le
ministere de PAgriculture a répare les dommages que la guerre
avait causes A cette organisation et a remis en ordre la filature.
M. Petrini, directeur general pour la réforme agraire A Cluj a
rétabli tout le systeme de la repartition des ceufs et de la récolte
des cocons et a exigé que les credits nécessaires soient mis a
sa disposition. La production actuelle des cocons de cette region
dépasse annuellement 100 000 kilogrammes. La filature a été
cedee a un concessionnaire actif et ami du progres A des con-
ditions avantageuses pour l'Etat. II achete les cocons du
rninistere A un prix constate A la Bourse de Milan.
La production des fils de soie s'éleve A 10 000 kilogrammes
(30 A 40 millions de lei).
Ce qui a Le fait dans le Banat peut servir de modele pour
les autres contrées de la Roumanie.
On a créé dernierement une petite fabrique pour teindre
et filer la soie A Bucarest.
Il n'existe pas de tissage de so i e en Roumanie.
Le développement de cette industrie depend de la maniere
dont on pratiquera Pelevage du ver A soie et la récolte des cocons.
La Roumanie importe aujourd'hui de tres grandes quan-
tites de produits en soie qui sont vendus dans les villes; la yenta
de ces articles que Pon pent fabriquer est done assuree.
Le ministere de PAgriculture a institue des offices de
sériciculture A Bucarest, Lugoj et Tighina.

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L'industrie textile 317

La Roumanie a fiche, ces dernieres années, d'encourager


l'élevage du ver a soie. Elle pourrait produire annuellemnt pour
un milliard de soie dont une bonne partie serait disponible pour
l'exportation.
On peut se demander si le développement d'une grande
industrie de la soie ne ferait pas tort a l'industrie paysanne; vrai-
semblablement le systeme d'exploitation capitaliste n'aura pas
ce résultat immediat. La grande industrie qui travaille la laine
n'a pas aneanti l'industrie domestique; de meme l'industrie de
la soie ne fera pas disparaitre le joli art populaire. C'es± aussi
l'avis de Jonescu Sisesti dans l'Argus du 18 avril 1924.
L'industrie de la soie deyra adopter les formes d'exploitation
moderne pour pouvoir se developper.
La nouvelle loi de 1924 pour seconder l'élevage du
ver a soie represente un grand progres. Elle s'occupe d'abord
des ceufs et constate que ceux-ci ne pedvent pas etre
produits autrement que d'apres le systeme cellulaire de
Pasteur. II a eté le premier qui ait etudie avec succes les
maladies du ver a soie; il a trouvé un remede contre ces maladies
qui causaient de grands ravages en France, en Italie et aussi
en Roumanie en examinant au microscope les papillons apres la
ponte. Les ceufs des papilons malades étaient détruits. On
a sauvé en France et en Italie Pelevage par cette méthode
cellulaire et le contrôle des graines dans des etablissements de
l'Etat. En Roumanie, thus les producteurs de graines doivent avoir
l'autorisation du ministere de l'Agriculture.
II faudrait que l'Etat el-66 des installations analogues a
celles que les Hongrois ont el-66es dans le Banat pour la pro-
duction des graines. II pourrait ainsi economiser quelques millions
que l'on dépense pour se procurer des ceufs a l'étranger.
La loi prescrit que l'importation des graines se fasse
par le ministere ou par des importateurs autorises et contrôles.
Les ceufs achetes par le ministere sont répartis gratuitement
ou contre payement.
Les éleveurs qui recoivent les graines gratis sont tenus de
vendre les cocons au ministere a un prix fixe d'apres le prix
mondial.
De cette façon l'Etat s'assure les cocons dont il a besoin
pour ses filatures.
Pour encourager les eleveurs, on créera des élevages mode-
les, des stations d'elevage et des fourneaux pour tuer les chrysa-
lides. On encouragera les filatures privees en leur remettant des
cocons récoltes par les eleveurs.
Des peines sont édictees contre ceux qui violeront les
reglements relatifs a la production, a l'importation des ceufs ou
endommageront les nrariers.

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318 L'industrie

Cependant, ii ne faut pas oublier, dans ces tentatives faites


pour relever l'industrie de la soie, que les pays asiatiques (la
Chine et le Japon) et l'Italie produisent des quantités enormes
de soie et qu'un fort concurrent de la soie naturelle a surgi, ces
dernieres annees, sur le marché mondial: la soie artif i ci ell e.
Celle-ci a été inventée par le comte Chardonnet. Le premier
échantillon fit sensation A l'exposition universelle de Paris en
1889. Elle est produite par la voie chimique. Elle forme
aujourd'hui un produit textile tres demandé A cause de son bon
marché et de ses qualités analogues a celles de la soie. La
production de la soie artificielle a dejA depassé celle de la soie
naturelle, abstraction faite de la consommation des territoires
asiatiques. Néanmoins, malgré sa marche triomphale, elle n'est
pas en mesure de faire une concurrence sensible A la production
de la laine et du coton; car celle-ci est trop grande. La production
mondiale de la laine se monte A 1300 millions de kilogrammes;
celle du coton A 5 milliards de kilogrammes; celle de la soie
artificielle a été de 58 millions de kilogrammes en 1924. La
production de la laine est done 30 fois plus grande que celle de
la soie artificielle; celle du coton 114 fois. Pourtant, ii faut
remarquer que la soie artificielle s'est développée tres rapide-
ment et que sa production est déjà supérieure A celle de la
soie naturelle. La production mondiale a été de
soie naturelle soie artificielle
24 millions 500 000 kg. 7 millions 500 000 kg. en 1909
32 , 500 000 35 . 500 000 . . 1922
34 . 44 . 1923
Les principaux producteurs sont les Etats-Unis qui viennent
en tete avec 14 millions de kilogrammes en 1923; puis la
Grande-Bretagne avec 7 millions, l'Allemagne avec 6 millions,
l'Italie avec 4 millions 600 000; la France avec 3 millions 500 000
kilogrammes. Ce pays a déjà un excédent d'importation de
soie artificielle, outre son industrie developpee.
Ce produit qui était un article de luxe est devenu une
marchandise de consommation en masse. Avant la guerre,
elle colitait déja le tiers de la soie naturelle. Depuis, elle est
encore devenue meilleur marché comme les autres textiles. Si
sa production continue A grandir, il se pent que la situation des
territoires qui pratiquent l'industrie de la soie devienne critique.

II existe encore des fabriques qui produisent divers ar-


ticles, tels que fils de couleur, boutons, fichus,
rubans, fleurs artificielles, confection (linge et vete-
ments confectionnés).
Cependant leur nombre et leur importance sont petits de
sorte que leur production disparait completement dans les
quantités mentionnees.

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L'industrie textile 319

La fabrication des mou choirs de tete fait peut-etre une


exception; une douzaine d'entreprises fournissent des produits
estimés et d'une bonne vente.
La grande industrie de la confection dans le sens des grandes
entreprises de l'Occident est encore dans le status nascendi.

En resume, les diverses branches de l'industrie textile


dont il vient d'etre question comptent 156 établissements
repartis comme suit:
Transylvanie . . . 71
Ancien royanne . . 58
Banat . . . . 14
Bessarabie 13

Le capital place dans cette industrie se monte a 109 mil-


lions; l'ancien royaume a la part du lion avec 56 millions,
la Transylvanie 37 millions 300 000, le Banat 12 millions, la
Bessarabie 3 millions 700 000 lei.
Le nombre des moteurs travaillant dans ces établissernents
est de 338, donnant 13 530 CV. Ils comprennent:
59 machines a vapeur et des turbines de .
49 moteurs a essence, a gaz, a huiles, Diesel, etc., dc
. . ..... 8 159 CV
1 932

. .....
. . .
222 moteurs electriques alimentés par les centrales de . . . 3 083
8 divers, turbines hydrauliques, etc., de . . 356
La main-d' oe uvre occupée dans l'industrie textile compte
10 409 employes et ouvriers dont:
424 dans l'administration,
484 dans la technique,
6 810 ouvriers qualifies,
2 691 ouvriers non qualifies.
La valeur des mati er es premieres employees s'est
chiffrée par:
35 millions 800 000 lei en 1913
469 300 000 . 1919

Dans l'espace de six annees, l'augmentation a éte de


13 fois.
Les combustibles utilises ont été de:
49 486 t. de la valeur de 2 millions 400 000 lei en 1913
76 661 . . " B 16 de . , 1919
En 1919, on a consommé:
bois 36 257 tonnes
houille . 2 093
lignite 11
coke 6
pétrole et derives . . . . 11 270
divers: charbon de bois, résidus, etc. 27 025
methane . . . . 20 000 metres cubes.

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320 L'industrie

La valeur des articles fabriqués a ete de:


95 millions 800 000 lei en 1913
1 007 800 000 . 1919
L'augmentation est done presque d'un milliard. La part
de l'ancien royaume est de 546 millions, celle du Banat 335 mil-
lions 700 000; celle de la Transylvanie 109 millions 200 000 lei.
La production textile est peu importante en Bessarabie; elle ne
s'éleve qu'a 17 millions de lei.

L'industrie des cuirs.


L'industrie des cuirs de la Roumanie se divise en deux
groupes. Le premier comprend les tannerie s. Leur tAche
est de rendre les peaux brutes imputrescibles. Le second groupe
est compose d'établissements qui font des articles avec les
semi-produits transformes en cuir par le tannage. Ils compren-
nent la conf ection de cuir. En premier lieu vient la fabri-
cation des soulier s. On fait aussi des gants, des courroies
et d'autres articles avec le cuir.
La plupart de ces fabriques du premier et du second groupe
sont de petits etablissement s. La Roumanie possede
un grand nombre de petites tanneries qui travaillent encore
parfois d'apres les methodes orientales. Ii existe seulement 114
gr ands etablissement s. Parmi ces tanneries toutes mo-
dunes, installées d'apres le modele de l'Europe occidentale,
4 possedent une section de confection de chaussures; ce sont
des entreprises combinées qui executent toutes les transforma-
tions du cuir, depuis le tannage jusqu'a la fabrication du soulier.
Le travail du cuir tanné se fait principalement dans de petites
usines. Dans les wands établissements, on travaille un dixieme
de ce que fait la petite industrie de ce groupe. On compte
16 grandes manufactures de chaussures, puis deux fabriques de
courroies et une fabrique de gants; toutes les autres sont des
etablissements moyens ou de petits etablissements; mais ce sont
ceux qui fournissent la plus grande partie de la production.
Tres lentement, cette industrie commence A se moderniser.
Les petites tanneries s'étendent. Le grand besoin de cuir qui
commenca A se faire sentir lorsque la guerre finit pousse A créer
de nouvelles tanneries. Le nombre des grandes tanneries a
augmente. Les éleveurs de bétail fournissent de nornbreuses
peaux A des prix relativement bas, surtout si leur exportation
est interdite. Le gouvernement a defendu l'exportation des peaux
A quelques exceptions pres et augmenté considerablement les
droits d'importation sur les marchandises de cuir. Dans ces
conditions favorables ont surgi un grand nombre de fabriques
qui achetent leurs matieres premieres au-dessous des prix mon-
diaux et vendent leurs produits A l'intérieur au-dessus de ces

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L'industrie des cuirs 321

prix parce que les droits de douane les protegent contre la


concurrence etrangere.
Sur les 114 grandes tanneries de la Grande-Roumanie, sept
répondent aux exigences de la technique moderne; les autres
n'ont pas suivi de la meme fawn les progres que ces établisse-
ments ont a tteints a l'heure actuelle dans les autres pays in-
dustriels. La tann erie moderne rapide est encore peu répan-
due. On ernploie presque partout du tan de chene pour le tan-
nage; mais ce procédé est tres long. En outre, la production de
tan indigene diminue. Les prix on t renchéri et les besoins peu-
vent a peine etre converts, tandis qu'avant la guerre régnait une
abondance de tan; la Transylvanie a elle seule en exportait
1000 wagons. Les tanneries modernes raccourcissent sensible-
ment le processus de la production en employant des substances
etrangeres. Celles-ci accélerent le tannage et donnent certaines
qualités au cuir. Elles sont fournies par des ecorces, fruits, feuil-
les, racines, bois etrangers, tels que le quebracho (d'Argen-
tine), les valonea (fruits de chene italiens), les myrabolanes,
dividivi (tan de noix), etc. Le tannage moderne dure 6 a 9 se-
maines environ; avec du tan de chene, ii dure une année et
demie; il est vrai que les produits sont meilleurs. Les tanneries
roumaines tirent leur tan d'Argentine, de France et de
Yougoslavie. D'Orient, provient le sumach, une feuille donnant
du tan. A 'Muraseni existe une fabrique de tan assez importante
et installee d'une facon rnoderne.
Outre la tannerie vegetal e, qui emploie le tan de
toute sorte d'arbres, ii existe encore la tannerie animal e. Elle
consiste A introduire de la graisse (huile) par la pression dans
les parois intercellulaires des peaux. La tannerie Damianoff a
Turnul-Severin tanne A la graisse. Le cuir obtenu sert a la
fabrication des gants.
Les tanneries roumaines fournissent des qualités grossieres;
les cuirs fins,tels que le chevreau, sont importés. Selon les
communications de M. Damianoff a Craiova, on produit surtout
du cuir a semelles et a empeignes pour les souliers de paysans.
La plus grande fabrique de chaussures a Turul-Temisoara qui
approvisionnait autrefois l'Autriche-Hongrie fournit des arti-
cles pour le commerce et la campagne; récemment, elle s'est
mise A fain des chaussures de luxe. Les tanneries travaillent
surtout pour le paysan; c'est pourquoi elles ne produisent pas
les qualités de cuir fines. Une autre raison est que les droits de
douane sur les cuirs fins etaient bas et que l'on manquait de
machines et d'ouvriers. La grande industrie est encore jeune, le
manque d'ouvriers speciaux est tres grand; ce sont la des obstac-
les qui empechent beaucoup de tanneries de produire des cuirs
fins qu'il faut importer. Cependant, on commence A les pré-
parer. En eté 1922, la tannerie Damianoff a Turnul-Severin a
21

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322 L'industrie

commence h fabriquer des qualités de cuir fines. Les travaux


étaient diriges par un maitre-tanneur qui a suivi les cours de
l'Ecole de tannerie de Freiberg en Saxe.
L'empirisme joue un grand role dans le tannage. II y a des
tanneries qui peuvent modifier la qualite des peaux par leurs
propres experiences et obtiennent de meilleurs emirs que les
autres. El les produisent peu de sortes speciales. A Cluj, il y
a une fabrique de cuir chromique des Freres Renner qui
travaille aussi le cuir tanne avec les végétaux. La production
journaliere s'eleve a 400 paires de souliers; elle occupe 800
ouvriers et 200 employes; son capital-actions est de 20 millions.
L'organisation de cet etablissement est la suivante:
10 tannerie,
20 section du cuir h semelles,
30 section du cuir h empeignes,
40 section des courroies,
50 section du cuir chromique,
60 section de la manufacture de chaussures,
70 section des cults fins,
80 ateliers mecaniques,
90 magasin,
100 centrale electrique et installation pour l'approvisionne-
ment en eau.
Ces entreprises sont d'un assez bon rapport. Si l'on com-
pare la tannerie et l'industrie de la confection des cuirs entre
elles, on constate que cette derniere rapporte plus que la pre-
miere, abstraction faite des difficultés qu'entrainent l'obtention
des credits, l'approvisionnement, les ouvriers, Pecoulement et
l'administration des fabriques. Jacob Krell dit h propos du
rendement de cette branche d'industrie:1 «Si l'on pretend que
cette industrie est la plus prospere et la plus remunératrice pour
les entrepreneurs, ce n'est que trop vrai.» II montre que le
rendement des manufactures de chaussures est di principale-
ment h la politique douaniere du gouvernement. «Nous avons
en Bukovine deux grandes manufactures de chaussures qui peu-
vent produire jusqu'a 1000 paires de souliers par jour. Cette
capacité de production n'est pas completement utilisee par nos
commergants. Ils prouvent que les industriels de la Bukovine
vendent, sans motif, leurs produits a plus hauts prix que
les industriels de l'Ouest ou de l'ancien royaume. Ils prou-
vent que les souliers de la Bukovine .sont 100 lei plus chers
que les souliers de meme qualité de Petranger ou des autres
fabriques de la Roumanie.» II ajoute qu'ils vont en Bessarabie
pour la plus grande partie.
1 Czernowitzer Morgenblatt, N° 1735 du 24 avril 1924.

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L'industrie des cuirs 323

Le c a p i t a 1 place dans la grande industrie des cuirs se


monte a 138 millions 600 000 lei, dont 126 millions 500 000
dans les tanneries et 12 millions dans les fabriques de souliers;
le reste de 60 000 lei revient aux fabriques de courroies et de
gants.
La repartition des établissements est commie suit:
Ancien royaume 66 établissemenis avec un capital de 103 millions 800 000 lei
Transylvanie
Bessarabie
46 7/ 7/ I/
77
n 19 , 800 000
10 5 " 100 000
" " " 1/ 11

Bukovine
Banat
6
5
If 7/
71 ft if 7 . 200 000
700 000
,, s, 2 Of

Total 133 etablissements avec un capital de 138 millions 600 000 lei
L'industrie des cuirs a subi un agrandissement considerable
par l'adjonction des nouveaux territoires: elle a presque double.
Les chiffres ci-dessus ne donnent pas une idée claire parce qu'on
a dCi investir, apres la guerre, de grands capitaux dans beau-
coup de fabriques de cuir de l'ancien royaume qui avaient beau-
coup souffert de la guerre. En realité, l'ancienne Roumanie ne
possede que la moitié de l'industrie des cuirs, l'autre revenant
aux territoires adjoints.
La f or ce mo tr i c e de 7750 CV est fournie par 280 mo-
teurs, dont 203 de 6850 CV appartiennent aux 114 tanneries,
70 de 879 CV aux 16 manufactures de chaussures.
Cette force motrice se répartit entre les divers territoires
comme suit:
Ancien royaume 91 moteurs de 4 292 CV,
Transylvanie 138 . 2 645 ,
Banat 35 ,, II 635
Bessarabie 11 lf ft 151 ,
Bukovine 5 I/ 27
Total 280 moteurs de 7 750
Les matier es pr e tn ier es utilisees dans les tanneries
ont éte de:
36 749 tonnes de la valeur de 25 millions 600 000 lei en 1913
49 495 332 , 1919
600 000
Sur les 50 000 tonnes en chiffres ronds de matieres pre-
mieres que les tanneries ont employees en 1919, il y a 15 000
tonnes de peaux brutes. Un tiers de ce poids correspond aux
peaux seches (salées ou non). Supposons que toutes les peaine
sont humides et que la peau humide est deux fois plus lourde
que la peau seche, nous obtenons ainsi 20 000 peaux humides
qui ont eté travaillées par les tanneries en 1919. Ce nombre
n'a pas beaucoup augmenté depuis.
L'industrie de la tannerie a un maximum de rendement quant
au travail des peaux humides de 50 000 tonnes par an, beaucoup
plus grand que le chiffre ci-dessus de 20 000 tonnes. Ce nombre
21*

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324 L'industrie

a eté établi apres diverses enquetes et rapports des inspec-


teurs de l'industrie.
Les matiexes premieres employees par les 70 manufactures
de chaussures se sont elevees a:
3 108 tonnes de la valeur de 9 millions de lei en 1913
2 682 73 600 000 1919
On voit que les fahriques de chaussures ont moins utilisees
de matieres premieres qu'avant la guerre. La concurrence des
industries Ctrangeres les a obligees a les economiser. La con-
sommation a, par suite, diminue si l'on compare 1913 avec 1919.
Les deux fahriques de courroi es ont consommé:
148 tonnes de la valeur de 721 870 lei en 1913
84 4 184 100 1919
La consommation a presque eté réduite de moitie, probable-
ment pour des raisons qui sont en rapport avec l'organisation
interieure des fabriques.
Les combustibles utilises par les tanneries ont ete de:
12 476 tonnes de la valeur de 583 930 lei en 1913
33 284 10 307 157 1919
Les manufactures de chaussures ont consommé:
2 242 tonnes de la valeur de 103 510 lei en 1913
1 963 544 740 1919
Les deux fahriques de courroies accusent tine augmenta-
tion. Elles ont consomme:
300 tonnes de la valeur de 9 000 lei en 1913
600 11 11 150 000 1919
Les combustibles jouent un plus grand role dans les tan-
neries que dans le groupe de la confection. Seules, les deux
fahriques de courroies ont consommé, en 1919, deux fois plus de
combustibles qu'en 1913, alors que la consomrnation des ma-
tieres premieres a ete reduite de moitie.
L'excedent de poids de la consommation, en 1919, compare
avec 1913, a eté de:
rnatieres premieres combustibles
Ancien royaume + 44 % + 100 %
Transylvanie + 20 % + 200 %
Banat 50 % 0%
Bukovine 4% + 56 %
Bessarabie + 274 % + 224 %
Ce tableau montre que l'industrie des cuirs de la Tran-
sylvanie accuse la plus mauvaise situation quant a l'excedent
de consommation des combustibles compare avec celui des ma-
tieres premieres et par suite avec celui de la production.
Le Banat et la Bukovine accusent une reduction dans la
consommation des matieres premieres. L'ancien royaume et la

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L'industrie des cuirs 325

Bessarabie (dont l'excédent de la consommation des matieres


premieres depasse celui des combustibles) se trouvent dans une
meilleure situation.
II n'existe pas de renseignements sur les quantites pro.-
duites par l'industrie des cuirs de la Roumanie. La valeur de
la production a été de:
79 millions 800 000 lei en 1913
923 500 000 1919
La valeux de la production des tanneries s'est montée A:
52 millions 300 000 lei en 1913
685 600 000 1919
Celle des manufactures de chaussures s'est chiffree par:
26 millions de lei en 1913
228 1919
Celle des fabriques de courroies s'est elevée 5:
1 million 500 000 lei en 1913
8 700 000 1919

Les fahriques de gants citees dans l'enquete ont fourni,


en 1919, des marchandises de la valeur de 1 million de lei:
Ii xessort du tableau ci-dessus que la valeur de la pro-
duction des tanneries a ete de 686 millions de lei en 1919. Si
nous prenons les 4/5 de la valeur de toutes les matieres pre-
mieres qui ont été employees dans les fabriques de confection .

de cuirs, nous obtenons le chiffre de 63 millions qui représente


la valeur du cuir tanne. La difference de 623 millions représente
la valeur du cuir tanné en Roumanie et transformé par la petite
industrie de la confection (des chaussures principalement). Cette
petite industrie est représentée par nombre de cordonneries,
d'ateliers de souliers en couleur et de courroies qui sont in-
stallés dans tous les centres de population.
Dans l'enquete, on n'a mentionné que la valeux du cuir
tann6 dans le pays et non celle du cuir importé. En 1919,
celui-ci atteignit la valeur de 136 millions de lei.
Les importations ne sont pas compensees par des exporta-
tions carrespondantes.
Ii n'y a pas de doute que l'industrie des chaussures et celle
des autres marchandises en cuir n'est pas suffisamment repandue
en Roumanie, car elles ne manquent ni de grandes quantites de
matieres premieres ni de larges debouches.
Les entrepreneurs peuvent compter sur de grands succes
s'ils creent des usines assez grandes, mécanisent et organisent
le travail pour fournir la plus grande production possible et de
bonne qualité, avec un minimum de dépenses, afin de se défaire
de la concurrence étrangere. Avec les progres de l'industriali-

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326 L'industrie

sation, les fahriques de courroies prendront aussi de l'essor, dans


les nouveaux territoires surtout.

La pr o d u ctio n de l'industrie des cuirs se répartit comme


suit entre les pays du royaume:
1913 1919
Ancien royaume 33 millions 200 000 lei 489 millions 100 000 lei
Transylvanie 22 ,, 500 000 208 900 000
Banat 21 II 800 000 167 200 000
Bukovine 1 II 300 000 30 200 000
Bessarabie 0 II 900 000 28 000 000
Total 79 millions 800 000 lei 923 millions 500 000 lei

La main-d'ceuvre occupee dans l'industrie des cuirs s'eleve


a 6290 ouvriers et employes. Les tanneries en occupent le
plus grand nombre 4786; les fabriques de chaussures 1440;
les deux fabriques de courroies 60 ouvriers.
Ces 6290 ouvriers et employes se répartissent ainsi:
436 employes,
336 techniciens,
3165 ouvriers qualifies,
2353 non qualifies.
Les tanneries comptent:
344 employes,
226 techniciens,
2059 ouvriers qualifies,
2157 non qualifies.
Les manufactures de chaussures occupent:
86 employes,
107 techniciens,
1053 ouvriers qualifies,
194 non qualifies.
Le nombre des ouvriers qualifies depasse donc de beaucoup
celui des ouvriers non qualifies dans les fabriques de chaussures;
ces deux classes d'ouvirers sont a peu pres les memes dans les
tanneries.
La grande industrie des cuirs ernploie peu de main-d'ceuvre
feminine; sa part est de 10,90/0 qui correspond a la
moyenne des femmes employees dans les 9 groupes de la grande
industrie qui est de 10,8%.
Outre ses 3165 ouvriers qualifies, l'industrie des cuirs
compte 232 apprentis; le nombre des ouvriers de transport est de
121. Elle accuse donc 47 ouvriers par établissement. Ce chiffre
est au-dessous de la moyenne du royaume qui est de 57.

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L'industrie des cuirs 327

Les tanneries les plus importantes de la Roumanie sont a


Bucarest:
Talpa, Societatea anonima romana pentru industria tabacariei,
B. Weithase & Cie,
la Societe anonyme Sapatino.
11 en existe encore 16 autres du meme genre;
Jassi:
M. Ghelber;
ABacau:
S. Tildermann,
et 4 autres encore.
En Bessarabie,
A Chisinau:

S. Wechsler,
Berber & Cucine,
M. Schwartz,
Ch. Précupet;
en tout 20;
A Balti:
Novateni & Coman;
Cahul, 5,
a Cetatea Alba, 4,
A Lorvca, 1,
A Hotin, 3,
a Ismail, 7,
a Orhei, 3,
a Tighina, 3.
En Bukovine,
a Czernovitz:
D. Gerbel;
A Flondoreni:

Lober & Locker,


Wolf & N. Loebel;
A Itcani:
Goldberg, Ross ler & Cie;
A Suceava:
Sternlieb, Bruder & Reicher,
Moses Korner;

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328 L'industrie

En Transylvanie, on trouve les fabriques de cuirs ci-apres:


A Medias:
Karres Samuel, fabrique de cuirs et de courroies, 100 CV,
70 ouvriers ;
A Sibiu:
A. & W .Muller, 70 CV, 25 ouvriers;
A Cluj:
les Fratii Kenner & Cic, 60 CV et 100 ouvriers;
A Sighisoara:
J. Zimmermann, 75 CV et 30 ouvriers;
A Brasov:
M. Schlendt, 25 CV et 12 ouvriers;
A Agnila:
la Prima soc. pentru industria de piele de 26 CV et 28 ouvriers.

Les manufactures de chausssures sont;


A Bucarest:
Joan Dumitrescu,
Soc. Furnituri militare,
Micu Cohen,
P. Schnitzer & Dumitrescu;
A Galatz:
N. Dragan,
Jon 136adea & Fu;
En Bessarabie,
A Chisinau:
A. M. Goettman.
En Transylvanie,
A Temisoara:
Turul, Societatea anonima, fabrica de ghete (fabrique de chaus-
sures) de 200 CV et 600 ouvriers; elle produisait avant la
guerre 3000 paires par jour; 1000 paires en 1922; la vente se
fait A l'aide de succursales;
la Fabrica de ghete Armin Frommer de 40 CV et 250 ouvriers;
A Oradia-Mare:
Hungaria, Societé anonyme, de 450 ouvriers;
A Cluj:
Adolphe Hirsch, manufacture de souliers;

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L'industrie céramique 329

Hermannstadt:
la Fabrica de ghete, fabrique de chaussures a Sibiu, produit 200
A 300 paires par jour; sa capacite de production est de 600 pai-
res dont la moitie ou un tiers de souliers vernis, avec 180
ouvriers; la fabrique n'a pas de succursales; elle a éte créée
en 1921.

Parmi les fabriques de courroies, citons;


A Bucarest:
Gr. Alexandrescu,
Fr. Hanquet,
la Soc. Furniture rnilitare,
E. J. Soti,rescu.
En Transylvanie,
A Medias:
Samuel Karras, fabrique de cuirs et de courroies, de 100 CV et
70 ouvriers;
A Brasov:
les Eratii Scherg, cuir a courroies, de 70 CV et 50 ouvriers;
Bistritza:
la Fabrica de curele S.P.A.
A Lugoj:
la Fabrica de curele Knobloch.

L'industriei céramique.
La Roumanie possede une importante industrie ceramique
basee sur les nombreux gisem en ts d'a rgile du pays.
Elle fournit les tuiles necessaires A la construction des maisons,
les parois et les recipients réfractaires des fonderies, les tuyaux
de canalisation, les carreaux de poeles, la poterie pour la cuisine
et le ménage. L'enquete de l'industrie y rattache les industries
des substances de liaison, telles que le plAtre et la chaux,
l'industrie des ciments et de l'asphalte, l'industrie verriere. Nous
avons l'habitude de réunir ces diverses branches sous le nom
d'industries des pierres et des terres.

Cette branche de l'industrie s'est développée avec les be-


soins intérieurs du pays. C'est le cas de l' in dustri e des
tuiles, la plus grande branche de la ceramique. Elle domine
en Transylvanie. Par suite du mode de construction, la demande
et la consommation y sont plus grandes que dans l'ancien royaume
oir la poterie est plus répandue qu'en Transylvanie. On fabrique

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330 L'industrie

des pots, des plats, des cruches, souvent merveilleusement de-


cores. Dans l'ancien royaume, les conditions ne sont pas favo-
rables A la cuisson des tuiles: le lignite ne développe pas
suffisamment de chaleur pour fabriquer des tuiles résistantes.
Les paysans possedent de grandes tuileries c ir cula i r es
et de petites tuileries de campagn e. Les premieres
exigent de la houille pour que la fabrication des tuiles soit
rémuneratrice; le bois ne suffit pas. Leur situation était défa-
vorable apres la guerre: la houille manquait; beaucoup avaient
été détruites par la guerre; la demande de tuiles était faible
parce qu'on ne construisait pas de rnaisons. Les tail er i es
de cam pagn e avaient plus de travail. Elles cuisaient les
tuiles avec le bois et satisfaisaient la dernande locale peu impor-
tante et accidentelle. 11 existe 126 grandes tuileries qui fabriquent
des tuiles et des briques réfractaires. La production de ces der-
nieres ne couvre pas les besoins du pays, si bien qu'il faut en
importer.

On trouve des tuileries dans toutes les grandes villes. A Bu-


carest, ii y en a une trentaine dont:
Virgile Alimanisteanu & Cie,
Grivita, Société anonyme,
Contesa Montesque Ferechide a Dobresti pres Bucarest,
G. Mornaud,
la Societatea anonima Romana de constructii fost F. Schmid,
la Societatea anonima de Locuinte eftine,
Maxim Tonolla (la plus grande de Bucarest).
Parmi les autres tuileries dispersées dans le pays, men-
tionnons:
M. Bohm, fabrica de' caramida a Chichiuda Mare, district de
Torontal, de 5000 CV et 4000 ouvriers,
la Fabrica de caramida a Zombolya, de 1200 CV et 70 ouvriers,
Muschong, fabrique de tuiles a Lugoj, de 600 CV et 110 ouvriers,
Ungaria, fabrique de briques et de tuiles, a Zombolya, avec
480 CV et 1200 ouvriers,
les Fratii Klesz, briques et tuiles, a Ghertiarnos, district de
Torontal, de 310 CV et 300 ouvriers,
Osias Brettschneider, tuilerie a fours circulaires, A Habsburg,
Kalbania a Czernovitz,
Pojorata, fabrique de tuiles et de chaux a Pojorata,
Metan, industria cerarnica, Sociéte anonyme, Westen A Mediasch
Carreaux de vitre Soling.

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L'industrie céramique 331

Parmi les tuileries les plus importante de la Bukovine,


citons:
la Fabrica de caramizi, Patria, a Czernovitz (erigee en 1896);
elle appartient A l'Etat et est affermee A la Societe de construc-
tion Albania. Elle dispose de deux fours circulaires, de plusieurs
presses, consomme 200 wagons de charbons par an et occupe
5 employes et 180 ouvriers. Sa production s'eleve A 4 millions
de tuiles, 1 million de carreaux et 500 tuyaux. Sa capacite de
production est le double;
la Fabrica de caramizi Union, A Czernovitz, est l'une des
plus grandes tuileries privées. Elle a un four circulaire de 32
chambres, une presse pour les tuiles, une pour les carreaux, une
pour le plAtre, une pour les coins, 3 presses A rainure, un
malaxeur, un laminoir et 2 élévateurs. Elle occupe 4 employes
et 65 ouvriers. Comme combustibles, elle emploie 40 wagons de
houille et 4 A 5 wagons d'essence par an. Sa production an-
nuelle se monte A 3 millions de tuiles, 1 million de carreaux
et 200 poeles en terracotta environ. Sa capacité de fabrication
est le double.
Le capital place dans les tuileries s'élève A 102 millions
600 000 lei; c'est la moitie du capital place dans les immeubles
et installations de l'industrie céramique entière.
La force employee dans les etablissements est superieure
A celle des autres branches de cette industrie; ses 202 moteurs
fournissent 10 905 CV; c'est le quart de la force employee dans
toute l'industrie céramique.
Les matieres premieres utilisees dans les tuileries se sont
élevees A:
1 544 755 tonnes de la valeur de 15 millions 200 000 lei en 1913
645 538 ,, 54 100 000 1919
La diminution s'explique par la mauvaise situation du bA-
timent apres la guerre.
Malgré cette forte reduction des quantites de matieres pre-
mieres necessaires A la production, la consommation des c o m -
bustibl es n'a pas baisse dans la meme proportion. Les
tuileries ont consommé:
128 309 tonnes de la valeur de 3 millions 200 000 lei en 1913
113 905 26 700 000 1919

L'enquete ne contient aucune donnée sur les quantités pro-


duites; elle mentionne seulement les valetas qui ne disent pas
grand' chose a cause de la capacite d'achat .du leu en 1913 et en
1919. Les tuiles simples et réfractaires produites avaient une
valeur de
43 millions 300 000 lei en 1913
142 700 000 1919

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332 L'industrie

Cette production a exigé 7620 ouvriers et employes dont


266 darts l'administration,
219 la technique,
2388 ouvriers qualifies,
4747 non qualifies.
La moitié des ouvriers occupés dans les tuileries ne sont
done pas qualifies.
Les fabriques de c i rn e n t roumaines jouent un grand role.
El les produisent toutes le ciment Portland. Il est obtenu en
cuisant un mélange intime de chaux et de matieres argileuses.
La fabrication de ce produit forme en Roumaine une grande
industrie. En utilisant toute leur capacité de production, les
fabriques peuvent couvrir les besoins du pays et fournir encore
un excedent considerable pour l'exportation.
L'histoire de la fabrication du ciment en Roumanie com-
mence en 18901). On avait besoin de ciment pour élever des
constructions dans le contrees marécageuses. L'ingenieur rou-
main Cantacuzino reconnut le premier l'importance du ciment
pour ce but. 11 fonda une fabrique a Braila avec un capital de
570 000 lei. Peu apres, ii fut porte a 2 millions. Sa production
etait loin de suffire et il fallait importer du ciment. Elle fut la
seule fabrique de la Roumanie jusqu'en 1896. Cette annee, la
seconde fabrique fut érigée a Azug a. Trois années plus tard,
la Societe anonyme de ciment de l'Europe orientale construisit
une autre fabrique a Cernavod a. Ces fabriques prospérerent
au commencement. Mais elles dépendaient dans une forte me-
sure de l'Etat comme acheteur de ciment. Les mauvaises récoltes
de 1899 et de 1900 amenerent un grand clef icit dans le
budget et l'Etat ne put plus donner d'ordres aux fabriques;
il ne pouvait plus construire. Une grande crise éclata dans
l'industrie des ciments. Lorsque la situation financiere de l'Etat
se fut améliorée, on continua a batir; la prospérité des fabriques
revint. En 1908, le prince Bibiscu fonda une nouvelle fabrique
Comarni c. Ce fut la premiere que l'on équipa de f ours
r o ta t if s automatiques. Une nouvelle époque commence pour
l'industrie des ciments. On crée une autre fabrique avec des
fours rotatifs a Gura-Vaii, sur les bords du Danube.
Par suite de ce fort accroissement des fabriques de ciment,
les exportations dépasserent les importations. La
bonne qualité des fabriques pourvues de fours rotatifs forea
les autres munies de fours verticaux a se transformer. La trans-
formation fut achevée en 1911. Cette année-la, la Roumanie
possédait 5 fabriques de ciment avec les installations les plus
1 L'industrie du ciment en Roumanie par Hesselmann et Joanitiu,
dans le Correspondant économique, N° 2, 1924,

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L'industrie céramique 333

mode,rnes, 5 fours rotatifs de différentes longueurs, avec une


energie de 3057 CV et 1490 metres carrés de surface de chauffe
(15 chaudieres).
La Societe Titan créa dans le voisinage de Bucarest une
sixieme fabrique equipée de fours rotatifs.
L'industrie des ciments fut rudement eprouvée par la
guerre. Toutes les fabriques furent détruites; celle de Braila fut
completement anéantie; ses machines furent transportées A Sofia.
La reconstruction commenca apres la guerre. Les frais
furent grands. Grace aux sacrifices des industriels, la Roumanie
peut aujourdhui faire face de nouveau A ses besoins en ciment.
L'adjonction des nouveaux turitoires augmente de trois le
nombre des fabriques; il est vrai que l'une d'elles, en Bukovine,
avait éte detruite. ais celle de Tur da represente une pré-
cieuse acquisition.
On a construit dans l'ancienne Roumanie, a Fieni
(district de la Dambovita), une fabrique moderne qui utilise la
cascade de Breaza.
En 1920, la Roumanie disposait de 11 fabriques de ciment
et de 12, en 1923, apres la reconstruction de celle de Braila. Ces
fabriques possedent 13 fours rotatifs et 7 fours verticaux. Le
capital investi s'éleve A 236 millions de lei; l'énergie employee
A 17 057 CV.
La production journaliere des 12 grandes fabriques est:
1° Fabrique Cantacuzino, commune de Islaz-Braila . . . . 28 wagons
2° Societe anonyme de l'Europe orientale de ciment Port-
land, A Cernavoda 22 77
3° Fabrique de ciment Turda . . . . . 22. .

4° Fabrique de ciment Titan, Societe anonyme, commune


de Cioplea-Dudesti . . . . . . . . . 9
5° Fabrique de ciment Dambovita, Societe anonyme A Fieni
pres Montateni . .. . 9 7/
60 Entreprise du prince C. V. Bibescu A Comarnic 8
7° Fabrique de ciment Azuga .. . . 8 7/
8° Fabrique de ciment Kugler & Cie, A Kronstadt 8 ,.
9° Fabrique de ciment Putna (Bukovine) . . 8 ll
10° Fabrique de ciment Garlesteanu, Moracani successeur, A
Gura Vaii district de Mehedinti . . . . 7 .

11° Fabrique de ciment Gurahont pres Arad . . 2 .


/7
12° Entreprise Gh. Matescu, Breaza, district de la Prahova . 1 wagon %
Total 132 wagons %

Si l'on admet que le campagne compte 270 jours, on obtient


une production annuelle de 35 775 wagons1. La production recite
i Dans le numero 2 de 1924 du Correspondant économique, la capacite
de production annuelle des 12 fabriques de ciment est estimée A 44 000
wagons.

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334 L'industrie

est inferieure a ce chiffre, car les fabriques ont beaucoup


souffert de la guerre; elles occupent la troisieme place pour les
dommages de guerre. La plus grande, celle de Cantacuzino-
Braila, qui possede de grandes carrieres dans la Dobroudja, une
flotte de 8 bateaux pour 6000 tonnes de chaux et 2 fours de
60 metres sur 3 metres 25, a été rétablie en avril 1922. Elle
a été transformee pour consommer de la houille A cause de sa
situation favorable. oL'Océan est devant sa portu, a dit le direc-
teur de l'établissement. La fabrique Dambovita qui dispose
de 700 CV a repris son activité en mai 1922. En 1923, on a pro-
duit 20 490 wagons de ciment dans tout le royaume alors que
la capacité totale des fabriques est de 35 775. Cette
faible production provient de ce que l'Etat qui prenait les 40%
de la production globale, avant la guerre, n'a plus les moyen,s
necessaires pour construire de nouveaux bitiments, tels que
silos, docks, tunnels, fortifications.
La fabrique de Turda a presque fourni la moitie de la pro-
duction totale, c'est-A-dire 8250 wagons en 1923. Elle est dans
une situation tres favorable, car ses frais de production sont
bien inferieurs a ceux des autres fabriques. Elle travaille depuis
1916. Sa capacité de production, avec un rendement de 22 wagons
par jour, est de 6000 wagons par an. L'énergie de cette grande
entreprise est fournie par 2 machines A vapeur donnant 300
tours a la minute, 2 generateurs de 3000 volts, 3 machines a va-
peur de 273 metres carrés de surface de chauffe chacune, 3 com-
presseurs pour le remplissage autornatique des sacs, 27 moteurs
électriques de 2500 CV; elle possede en outre diverses machines
spéciales. Ses matieres premieres sont l'argile et la pierre A
chaux; 10 000 wagons sont utilises annuellement. Les moulins
humides moulent 140 wagons en 6 jours; les moulins secs 160
wagons de matieres premieres. L'emploi de la méthode humide
fournit une masse uniforme qui est introduite dans les fours.
L'emploi d'un combustible, A bon marche, le methane, est un
grand avantage pour la fabrique de Turda. Elle est reunie au
grand rayon de gaz de Sarmas. Une conduite de 51 kilometres
l'amene jusqu'a la fabrique. Elle a consomme:
19 960 580 metres cubes de gaz en 1919
24 966 711 1920
20 766 417 If 11 71 .1 1921
261 78 685 91 11 1922
31 009 718 71 , 1923
Le prix du metre cube était encore de 40 bani en 1922;
aujourd'hui il est de 1 leu. L'Etat fait une difference dans les
prix des diverses entreprises. Par suite des bas prix du com-
bustible, qui forme le facteur principal des frais, Turda peut
fournir le ciment a meilleur marche que les autres fabriques de la
Roumanie qui sont obligees d'employer de la houille. Le prix

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L'industrie céramique 335

de vente d'un wagon, qui revient A 5000 lei, s'éleve A 9000 lei;
les fabriques de l'ancien royaume, A prix égal du combustible, le
vendent 17 000 lei. Ce prix est tres elevé et rien ne le justifie,
meme si l'on admet le double pour les frais du charbon que les
fabriques sont obligees d'employer. Le gaz naturel cothe a
Turda environ 1000 lei par wagon de ciment. En supposant que
le prix du combustible soit le double, le prix du ciment des
fabriques de l'ancien royaume devrait etre de 11 000 lei par
wagon pris en fabrique. Comme elles demandent 17 000 lei et
que Turda ne peut vendre qu'une certaine quantité A l'ancien
royaume, elles ont un profit au-dessus de la moyenne. Le profit
de Turda avec un prix de vente de 9000 lei est de 4000 Lei. Mais
comme cette fabrique A elle seule ne peut pas couvrir les be-
soins, les prix se dirigent d'apres ceux des fabriques roumaines.
Au point de vue économique, le prix est fixé par les fabriques
qui produisent aux conditions les plus defavorables, c'est-A-dire
qui ont les frais de production les plus élevés, lorsque les
besoins ne peuvent pas etre entierement couverts. C'est le
cas des fabriques de l'ancienne Roumanie. 11 existe en outre un
cartel de ciments auquel appartient Turda et qui prescrit
A chaque fabrique sa quote-part. Le prix du ciment est par
suite relativement élevé en Roumanie. Les fabriques alle-
mandes produisent moitié moins cher. «En Allemagne, écrit le
sous-directeur du ministere de l'Industrie, M. Georges joanitiu,l
le wagon de ciment est moitie morns cher.» II baissera si l'Etat
cede le combustible aux fabriques A des prix raisonnables. Le
gouvernement et les grandes banques sont fortement interessés
dans les fabriques de ciment. 11 en vient de Petranger, de
Pologne surtout; son importation en Rournanie a éte fa-
vorisée tant que le change polonais était bas.

L a question du t r a ss joue un role particulier. On


le rencontre en Allemagne, sur les bords du Rhin, dans l'Eifel,
en Baviere, en couches de 3 A 7 metres d'épaisseur, et dans Pile
italienne de San Torino. II est compose de silice et d'argile
surtout. La Roumanie possede aussi cette matiere volcanique
alluvienne. Mélangées avec de la chaux, on obtient un mortier
d'une dureté particuliere. Aussi le trass joue-t-il un grand rOle
dans l'industrie des mortiers. On améliore sensiblement le
ciment Portland en y ajoutant du trass; mais il ne pent pas
remplacer entierement le ciment. Partout of] l'on veut atteindre
Pétancheite et la souplesse, comme dans les barrages, il rem-
place avantageusement le ciment. On a trouve de grands
gisements de trass en Transylvanie. On commence A les ex-
ploiter en petites quantités. On a erige une fabrique A Rakor
1 Rapport des nouveaux Etats du 11 aat 1922.

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336 L'industrie

dans le voisinage de Kronstadt. Mais elle ne dispose pas d'un


bon materiel. A Dej, les usines de trass de la Transylvanie,
les Trassia, et les Mitrasulfei pres Alsorraskos, sont en ex-
ploitation. Ces deux établissements fabriquent du trass, de la
chaux et du ciment de trass. Les Magyares connaissaient déjà
les plus grands gisements situes a Zalo (Silak), sur la route de
Klausenburg a Satumare; depuis la reunion de la Transylvanie,
ils appartiennent a la Roumanie.
Le trass représente une nouvelle industrie pour la Roumanie
si les recherches du professeur Bujor de Bucarest se con-
firment; car il forme une matiere 6 a 10 fois meilleur marché
que le ciment. Ii faut lui trouver des possiblitiés d'emploi.
Bujor le recommande pour la construction des barrages qui
seraient beaucoup trop chers construits avec du ciment. On a
projeté des barrages dans la vallée de la Bistritza et du Lotru.
On l'emploie aussi pour régulariser le Danube. Toute la
question du trass est encore au debut des considerations.
L'industrie du cirnent n'a aucun interet a ce que cette
matiere se repande; car c'est un nouveau concurrent qu'elle
voit d'un mauvais ceil.
A côté des fabriques de ciment, ii y a des fabriques
d'ar ti cl es en cim en t, comme Fulop Goldstein a Temi-
soara, Hann & Cie a ediasch, etc. L'enquete de l'industrie
les a réunies. II s'agit de 22 grands établissements.
Le capital place dans ceg usines, dont 11 appartiennent
a l'industrie des ciments, s'eleve a 47 millions 600 000 lei. Le
normbre des moteurs est de 126 avec 25 322 CV.
La matiere premiere employee se monta a:
166 640 - 30
418 849 tonnes de la valeur de 16 millions 200 000 lei en 1913
. 500 000 , , 1919
s'est produit une forte diminution qui reflete la crise
11

que subit l'industrie du ciment apres la guerre.


Le combustible consomme, nous avons vu qu'il représente
40 % de la valeur de la production, a été de:
96 422 tonnes de la valeur de 4 millions 300 000 lei en 1913
28 355 . 21 . 400 000 ,, . 1919
La production s'est chiffrée par:
35 millions 300 000 lei en 1913
87 . 300 000 , . 1919
Le nombre des employes et des ouvriers occupés s'est
nonte a 2866 dont
100 employes d'administration,
94 techniciens,
1824 ouvriers qualifies,
2866 non qualifies.

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L'industrie céramique 337

Un troisieme groupe est formé par les grands établisse-


ments de l' in dustri e du platre, non compris les fabri-
ques d'objets en plAtre au nombre de 14.
Ils couvraient les besoins de l'ancien royaume. Ils s'ac-
crurent apres la guerre des trois grandes fabriques de la Tram-
sylvanie. Aujourd'hui, la Roumanie peut exporter annuelle-
ment 2000 wagons de plAtre; elle souffre en quelque sorte d'une
surpro du ctio n. Le rendement des usines a baiss é et n'est
plus aussi grand qu'avant la guerre. II faudrait donc trouver de
nouveaux emplois au plAtre. On pourrait l'utiliser pour fabri-
quer des plaques pour les parois, planchers, tuiles. Autrefois,
on l'employait dans la construction des palais, des edifices
publics; A l'heure actuelle, on n'en bAtit plus et l'emploi du
plAtre a diminué.
Le capital place dans les 14 usines a plâtre de la Roumanie
s'éleve A 6 millions 700 000 lei.
L'energie est fournie par 21 moteurs de 1580 CV.
La consommation des matieres premieres a ete de:
160 255 tonnes de la valeur de 4 millions 800 000 lei en 1913
100 280 . . . . . 17 500 000 . . 1919
Le combustible consommé atteint:
28 360 tonnes de la valeur de 827 100 lei en 1913
9 402 . , 654 700 , 1919
Comme celle des matieres premieres, la consommation du
combustible a considerablement diminué.
La production accuse une valeur de
8 millions 800 000 lei en 1913
27 . 400 000 , . 1919
Ces 14 grands établissements ont occupé en 1919:
19 employes,
24 techniciens,
185 ouvriers qualifies,
196 31 non qualifies.
Total 424
Citons parmi les maisons de l'industrie du plAtre,
A Bucarest:
Pietro Axerio,
Slanicul.

L'industrie de la chaux fournit de la chaux hydrau-


lique, de la chaux grasse et de la craie, La production du
plAtre et du basalte est limitee par les besoins du marche mondial;
elle de la chaux et des tulles depend des besoins du marché
intérieur. Cette industrie compte 23 grands établissements en
tout.
22

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338 L'industrie

Le capital qu'elle représente s'éleve a 16 millions 400 000


lei.L'énergie qu'elle emploie est fournie par 13 moteurs de
873 CV. Les matieles premieres consommees ont été de:
131 350 tonnes de la valeur de 6 millions 300 000 lei en 1913
85 245 12 800 000 1919

La pierre a chaud est trés repandue en Bukovine, au sud


surtout, ou les riches gisements donnent une chaux de qualite
supérieure. Les paysans operent la cuisson dans de simples
fours a chaux tres répandus. La se trouve l'usine
A chaux et a silice Pojarata, société a reponsabilité limitée.
Ces grands établissements possédent un four circulaire de
16 chambres, d'un rendement de 33 wagons de chaux; puis
4 fours simples dont un de 8 wagons de chaux, et un moulin
A chaux. Ils emploient 1000 wagons de bois comme combustible.
Leur personnel comprend 4 employes et 150 ouvriers. Leur
production se monte 4 3 wagons de chaux par jour; le maximum
est 8 wagons. Leur production totale se chiffre par 2000 wagons
de chaux; leur capacite de production est de 5000 wagons par-an.

-
Les 23 usines a chaux ont consommé comme combustible:
69 330 tonnes de la valeur de 1 million 900 000 lei en 1913
27 880 6
Leur production avait une valeur de:
900 000

13 millions 700 000 lei en 1913


. 1919

32 700 000 1919

Elles ont occupé en 1919:


24 employes d'administration,
20 techniciens,
80 ouvriers qualifies,
187 non qualifies
Total 311
Parmi les plus célebres carrieres de pierres a platre, il y
a celles d'Albesti pres Campulung (district de Muscel), qui sont
exploitees par 'M i c a, société anonyme de mines roumaines.
Beaucoup d'edifices publics, tels que le palais de justice, le
ministere des Travaux publics, les magnifiques batiments de la
banque 'Marmorosch, Blank & Cie et d'autres edifices de Buca-
rest ont éte batis avec ces pierres. Malgre la grande richesse
de ces carrieres, l'exploitation est reduite et limitee par les
possibilités de transport. Les pierres sont transportées des lieux
de production sur des chariots a bceufs. Actuellement, on con-
struit d'Albesti a la gare de Campulung un chemin de fer a
voie étroite de 9 kilometres qui permettra de fournir 10 000
metres cubes de pierres de construction annuellement a l'in-
dustrie du bâtiment.

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L'industrie céramique 339

Les grands établissements de l'industrie de l'as -


ph alte fournissent le carton d'asphalte (carton asphalté), du
goudron pur, du goudron raffiné, du mastic et du basalte.
L'industrie de l'asphalte et du goudron s'est developpee
apres la guerre; de nouvelles usines ont été créées; elles
exploitent les grands gisements de Dorna-Tataros et de Matitza
(district de la Prahova), dont les produits peuvent concurrencer
ceux de l'étranger.
Plusieurs fabriques produisent du carton goudronne, mais
leur qualité laisse a desirer, car elles n'emploient ni suif ni
asbeste dans leur fabrication. Ces matieres rendent le carton
plus resistant a l'eau et au feu.
Les fabriques qui produisent ces cartons sont,
a Bucarest:
Asbit, Bitume, Fenolit, Carbolitul.
Parmi les usines de ce groupe, on compte seulement 4 grands
établissements.
Le cap i t a I place dans ces entreprises s'eleve a 6 millions
600 000 lei; il est aussi grand que celui des usines a plitre.
La f o r ce est fournie par 4 moteurs de 215 CV.
Les m a t i er es pr emi er es consommées ont été de:
7 222 tonnes de la valeur de 500 000 lei en 1913
5 387 , 2 millions 900 000 lei en 1919
La consommation des co m b us ti b 1 es s'est elevee h:
1 743 tonnes de la valeur de 103 300 lei en 1913
1 327 PO ff V , 408 350 , 1919
La va le ur de la p r o du ction s'est chiffrée par:
1 million 800 000 lei en 1913
6 millions 700 000 1919
Cette industrie a occupe en 1 91 9 :
19 employes d'administration,
10 techniciens,
54 ouvriers qualifies,
81 non qualifies.
Total 164

Le groupe des modeles céra miqu es est tin peu plus


important que le precedent. En font partie les fabriques qui
font des pots, poeles et ornernents.
La faien ce et la por celai n e sont importees; on ne
les fabrique pas du tout en Roumanie, bien que la matiere pre-
miere (kaolin) existe en bonne qualite dans la Dobroudja et en
Transylvanie. La matiere premiere est moins chere dans ran-
22*

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340 L'industrie

cien royaume qu'en Transylvanie: 14 lei la tonne au lieu de 20.


11 y a en Bukovine, dans le voisinage de Vijnita, un sable de
qualite superieure et qui est propre a la fabrication de la porce-
laine. Cependant, on n'a pas encore erige de fabrique qui
pourrait exploiter cette richesse naturelle quoique les avan-
tages de la fabrication de la porcelaine en Roumanie soient
manifestes.
Le nombre des grands etablissements de ce groupe
d'industries est de 11.
Le capital qu'ils représentent est de 3 millions 700 000 lei.
L'énergie necessaire est fournie par 13 moteurs de 420 CV.
Comme matiere premiere, on a employe:
8 293 tonnes de la valeur de 200 000 lei en 1913
6 381 . . . . . 1 million 300 000 lei en 1919
La consommation des combustibles s'est élevée a:
3 080 tonnes de la valeur de 100 000 lei en 1913
878 . ,, . . 400 000 . 1919
La production s'est chiffrée par:
I million 100 000 lei en 1913
3 . 500 000 , . 1919
En 1919, cette industrie a occupé:
29 employes,
19 techniciens,
132 ouvriers qualifies,
214 non qualifies.
Total 394
Les maisons suivantes, a Bucarest, fabriquent des poeles
en terre cuite:
Charles Klein 8E Marian Malischki,
Gustave Klein 8z Cie,
Robert 'Moser,
J. Moldoveanu,
la Societatea Basalte;
les Fratii Schmid, fabrica de teracota, a Kronstadt, de 25 CV et
30 ouvriers.

La derniere branche de l'industrie ceramique et non la moins


importante est représentee par les verrerie s. Elles fabri-
quent du verre souffle (bouteilles), des vitres, du verre coule
et du verre a glaces.
L'industrie verriere de la Roumanie s'est fortement deve-
loppée. En 1880, tous les articles en verre étaient encore im-
portés. Aujourd'hui, l'industrie roumaine fait face a un tiers
des besoins du pays. Sa sphere d'activité est encore grande.
A Bucarest existent diverses fabriques de verre a glaces qui

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L'industrie céramique 341

ont atteint un haut degre de perfection. Cependant, ii n'y a


pas ,encore de fabriques d'ampoules electriques. Les industriels
qui fabxiquent cet article pourraient faire de bonnes affaires en
Roumanie. La verrerie a d'ailleurs encore un grand avenir
dans ce pays.
La creation de verreries est tout a fait prédestinee par le
gaz naturel. Grace a lui, on peut obtenir de tres hautes
temperatures qu'exige la fusion. Une grande f a brig u e de
v err e a vitr es avec une tres grande production a &é créCe
a 'M é dia s. Elle est alimentée avec le methane et travaille par
suite a tres bon marche et avec un haut rendement. C'est la
plus grande de la Roumanie. Un avantage particulier de l'em-
ploi du methane, c'est que les vases dans lesquels le verre est
fondu dans les fours ne sont pas autant attaqués qu'avec les,
autres combustibles. Les dépenses occasionnees par le renouvelle-
ment de ces vases sont assez élevées; on a donc inte,ret a les
utiliser le plus longtemps possible. Les autres verreries a gaz
du génerateur doivent renouveler les vases au bout de 4 se-
maines; ceux de la fabrique de Medias restent des mois
en usage.
L'industrie verriere compte en tout 16 grands etablissements.
Elle dispose d'un capital de 16 millions 200 000 lei. Elle emploie
29 moteurs de 466 CV.
La consommation des mati er es premier es s'est
elevée h:
289 tonnes de la valeur de 1 million de lei en 1913
190 12 . , 1919

La depense des combustibles s'est chiffree par:


54 169 tonnes de la valeur de 2 millions 600 000 en 1913
50 589 15 100 000 . 1919
La valeur de la production a été de:
7 millions 300 000 lei en 1913
42 900 000 , ,1919
En 1919, la verrerie a occupe:
100 employes,
137 techniciens,
705 ouvriers qualifies,
1784 non qualifies.
Total 2726
Parmi les grandes maisons de cette industrie, citons,
a Bucarest:
L. Fenicia,
Gruia a Dudesti pres Bucarest,
la verrerie Azuga a Azuga; sa centrale est a Bucarest.

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342 L'industrie

En Transylvanie:
K. Deutsch, fabrique d'objets en verre a Fecheteerdau (Bihor),
72 CV et 350 ouvriers;
les Fratii Havieska, fabrique d'objets en verre a Dalboosfalau
(Caras-Severin) 55 CV et 100 ouvriers,
Joseph Losch, verrerie, A Tamasd (Caras-Severin), de 32 CV
et 100 ouvriers,
Bolvari Zalau Dionisiu, fabrique de verres chirurgicaux, de 24 CV
et 140 ouvriers,
Kalerer 'Marton e Arped, fabrique de vitres, de 16 CV et 100
ouvriers,
l'industrie de verre non poli dans le district de Maramuresh.
L'une des fabriques de verre A vitres, les plus importantes
de la Roumanie, la Fabrica de geamurt si sticla Frederic Fiser
din Putna jud. Radauti, est situee en Bukovine. Elle a ete
érigee en 1908 et fut presque entierement detruite par la
guerre; elle a ete rebAtie. Les usines Putna consomment annu-
ellement 100 wagons de sable quartzeux, 36 wagons de soude
ammoniacale, 1 wagon de potasse (impartée) et divers oxydes
pour colorer le verre. Elles emploient 1000 A 1200 wagons de
bois comme combustibles. Elles occupent 200 ouvriers pour
cela et le meme nombre pour la fabrication du verre. Avant
la guerre, elles ont produit 250 000 metres carrés de verre it
vitres et environ 50 wagons de verre souffle. Elles employaient
20 souffleuxs de verre et 24 aides. Sous la domination
autrichienne, ces grands établissements Fischer n'ont pas pu
se développer, car on craignait A Vienne qu'ils ne fissent une
trop grande concurrence A l'industrie de la Boheme et ne
s'emparassent de tout son débouche dans les Balkans.
Citons encore:
E. D. Diickstein A Czernovitz,
la Prima fabrica de sticla cu gas metan, S. A. A Mediasch.
Parmi les fabriques d'asbeste, ii y a:
la Fabrica de placi de asbest a Secuhid, district de Bihor, de
70 CV et 20 ouvriers.
Parmi les fabriques de bitumes:
les Bitumes a Bucarest.

Au resume, l'industrie ceramique comprend 216 grands


établissements répartis comme suit dans le royaume:
Transylvanie . . . 93 fabriques
Ancien royaume . . . 87
Banat . . . 19
Bukovine 12
Bessarabie 5

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L'industrie céramique 343

Un c a p i t a 1 de 200 millions de lei en chiffres ronds est


investi dans ces 216 etablissements. Les banques ont place
une partie de leurs capitaux dans cette industrie, surtout dans
les usines nouvellement créées. Elle a pu ainsi grandir con-
siderablement. L'ancien royaume a la predominance au point
de vue financier. Les capitaux places dans les immeubles et
installations sont ainsi répartis:
Ancien royaume 103 millions 100 000 lei
Transylvanie 72 . 500 000 ,
Bukovine 15 400 000 ,
"
Banat 8 600 000
Bessarabie 0 PP 300 000 ,
199 millions 900 000 lei
L'e n er gie employee est fournie par 408 moteurs d'une
puissance de 39 799 CV dont:
135 machines 6 vapeur et turbines a vapeur de 23 669 CV.
72 moteurs a essence, a gaz, 6 huile, Diesel, de 3 737
193 moteurs électriques de . 11 018 . . . . . .

8 divers: turbines a eau, etc., de . . 1 355 . . .

Ces moteur s et chevaux-vapeur se répartissent dans le


pays de la maniere suivante:
Transylvanie . . . 200 moteurs de 23 877 CV.
Ancien royaume . . 175 13 924
Banat 25 1 490
Bukovine . . . 5 398
Bessarabie . . . 3 90

La consommation des matier es premieres qui se trou-


vent dans le pays, a éte de:
2 millions 300 000 tonnes de la valeur de 44 millions 300 000 lei en 1913
1 131 11 de . 1919

Le tableau ci-dessous indique la repartition des matieres


pr emi er es consommees par l'industrie cerarnique:
Transylvanie:
481 401 tonnes de la valeur de 16 millions 500 000 lei en 1913
372 004 11 /I I/ PP
72 de 1919
Ancien royaume:
560 433 tonnes de la valeur de 19 millions 700 000 lei en 1913
217 685 I/ PP IP /1 , 39 600 000 . 1919

Banat:
1 156 839 tonnes de la valeur de 5 millions 900 000 lei en 1913
396 090 PP PP
12 400 000 . 1919

Bukovine:
55 960 tonnes de la valeur de 1 million 700 000 lei en 1913
23 252 II // IP 79 6 , 800 000 . 1919

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344 L'industrie

Bessarabie:
16 380 tonnes de la valeur de 400 000 lei en 1913
630 . 100 000 , 1915
La consornmation des combustibles s'est chiffree par:
381 415 tonnes de la valeur de 13 millions de lei en 1913
232 236 PI II . I/ g 71 500 000 lei en 1919
Les combustibles consommés pendant ces deux années
ont été:
1913 1919
bois 188 557 tonnes 152 119 tonnes
charbon . . . . . . 120 572 49 335
lignite 12 560 9 061
coke 2 840 330
petrole et derives . . . 56 829 II 21 385
divers: charbon de bois
residus, etc . . . . 37 6
methane . . . . 960 000 metres cubes 23 040 574 metres cubes

11 resulte que seul le gaz nature] accuse une augmentation,


comme source de chaleur: les autres sortes de combustibles
ont été moins consommées en 1919 qu'avant la guerre.
La consommation des combustibles se répartit comme
suit entre les divers territoires du royaume:
Transylvanie 117 802 to. de la valeur de 3 millions 500 000 lei en 1913
74 316 . ,, g If 21 . 100 000 . , 1919
202 288 . 3 7 . 600 000 . 1913
Ancien royaume 100 362 .
I, I/

II 35 , 300 000 , 1919


II to

32 105 . 3 3 3 900 000 . , 1913


Banat 26 560 . , 7 200 000 . , 1919
II .
Bukovine 28 120 , 3 3 1 de , 1913
30 735 . . VI 7 900 000 . 1919
1 100 . ,, 030 000 , 1913
Bessarabie 263
n n

070 000 ., 1919


. V/ 3

La px o du ction de la grande industrie céramique s'est


élevée
111 millions 300 000 lei en 1913
343 100 000 1919
La part des diverses parties du pays dans cette production
s'est chiffrée par:
1913 1919
Transylvanie 38 millions de lei 152 millions 700 000 lei
Ancien royaume 55 . 500 000 lei 136 ,, 500 000 ,
Banat 10 , 900 000 . 30 100 000
Bukovine 6 . de 23 300 000 ,
Bessarabie 900 000 . 400 000 ,

Ce tableau montre qu'en 1913 l'ancien royaume venait en


tete avec 55 millions et demi de lei pour la valeur de la pro-
duction de l'industrie ceramique; en 1919, la Transylvanie le

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L'industrie electrique 345

depassa. Aujourd'hui, elle occupe encore la premiere place.


Nous avons vu que le capital de la Transylvanie place ,clans
l'industrie ceramique est de 72 millions et demi de lei; celui
de l'ancien royaume s'éleve a 103 millions 100 000; il en re-
suite qu'en Transylvanie, avec un plus petit capital, on pro-
duit plus que dans l'ancienne Roumanie.
Le facteur de la main-d'ceuvre joue aussi un role important
dans cette industrie. Elle occupe en tout 14 505 employes
et ouvriers dont:
557 employes,
523 techniciens,
5368 ouvriers qualifies,
8057 non qualifies.
Cette main-d'ceuvre se répartit de la maniere suivante:
administrat. technique ouvriers total
qualifies non qualities
Transylvanie . . 180 144 2516 3735 6557
Ancien royaume . 287 305 1892 2673 5157
Banat . .. 55 44 804 910 1813
Bukovine . . . . 24 30 148 658 860
Bessarabie . . . 11 8 81 100
Dans cette inclustrie comme dans les autres (sauf dans.
l'industrie textile), la main-d'oeuvre feminine ne joue aucun
role particulier. Elle est bien inferieure a la main-d'ceuvre
masculine. L'industrie céramique occupe:
ouvriers . . . 88,3 %
ouvrieres . . . 11,7 %
Ajoutons qu'elle emploie encore 489 apprentis et 7568
ouvriers de transport, outre les 5368 ouvriers qualifies.
La moyenne de la main-d'ceuvre appartenant a un eta-
blissement de l'industrie céramique est de 67; elle est la meme
que dans l'industrie textile. La moyenne des industries de la
Roumanie est de 57 ouvxiers.

L'industrie electrique.
H s'agit ici d'installations de forces thermiques,
de forces hydrauliques et de chemins de fer elec-
triques. Durant les 20 dernieres années, le nombre des
centrales de forces électriques de l'ancienne Roumanie a con-
siderablement augmente, et l'on peut dire qu'il n'y a plus
actuellement de petite ville en Oltenie, Munténie, Moldavie et
Dobroudja qui soit depourvue de centrale électrique. Ces cen-
trales,il est vrai, sont petites. Les pluS grandes se trouvent
h Campina, Bucarest, Craiova et Jassi. L'adjonction des pro-
vinces transcarpathiques, oil les avantages de l'electricité sont
plus appréciés, a fortement accru le nombre des centrales élec-
triques. H y a maintenant, dans toute le Rournanie, 140 in-

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346 L'industrie

stallations de forces électriques, petites et grandes, qui dis-


posent d'une force globale de 137 882 CV.
Elles se repartissent comme suit:
Ancien royaume 54 génératrices avec 142 moteurs de 57 983 CV
Transylvanie 51 168 11 51 343 ,
Bessarabie 15 33 11 ,, 3 684
Banat 12 38 .. 11 21 887 ,
Bukovine 8 18 3 025
La force des cascades utilisee dans toute la Roumanie
s'éleve a 1 million 500 000 CV. Mais le plus grand nombre
des installations sont des usines a force thermique actionnees
par des turbines a vapeur ou des moteurs Diesel.
Les 355 moteurs des generatrices electriques sont ainsi
répartis :
83 machines a vapeur et turbines a vapeur de . . 30 564 CV.
228 moteurs a essence, A gaz, a huile, Diesel, etc., de 67 624
44 divers: turbines hydrauliques, etc., de . . . 18 914 .

Pour la production de Penergie dans les installations de


forces thermiques, on a consommé:
52 866 to. de combustibles de la valeur de 6 millions 600 000 lei en 1913
162 956 . 79 1919
En 1920, la dépense en combustibles s'est elevee
a 200 000 tonnes en chiffres ronds.
Comme combustibles, on a utilise en 1919:
bois 35 779 tonnes
charbon 27 106 .,
lignite 4 251 .

coke
pétrole et dérivés . 87 190
charbon de bois, residus, etc. . 8 630
methane . . . . . . 8 850 000 metres cubes.
La depense en combustibles se répartit ainsi entre les pays
du royaume:
73 831 tonnes de la valeur de 3 millions 700 000 lei en 1913
Ancien royaume 81
" " 0 I, , 41 700 000 ., 1919
Transylvanie 56 415 Pl 19 1 800 000 1913
58 732 , 0 II 11 . 25 ,, 300 000 _ 1919
Bessarabie 4 335 0 II 200 000 1913
4 712 11 )1 PI ,, 2 11 500 000 1919

Banat 14 500 t. de la valeur de 700 000 lei en 1913


14 520 . n 7 millions 600 000 1919
Bukovine 3 785 200 000 1913
3 870 )P . , 2 , de 1919
Le rendement total journalier des 140 centrales électriques
de la Grande-Roumanie se chiffra par:
117 mill. 300 000 kilowatt-heures de la valeur de 34 mill. 600 000 lei en 1913
125 100 000 ,, 1. , 246 900 000
11 1919
/1
150 000 009 7/ ,. 300 de 1920
" Nl 11

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L'industrie graphique 347

La part des pays du royaume dans ce rendement est la


suivante:
Ancien royaume
59 mill. 500 000 Kilowatt-heures de la valeur de 17 mill. 800 000 lei en 1913
65 . 400 000 , , , 120 . 300 000 ,
IF .1 1919
to

Transylvanie
36 600 000 10 600 000 1913
37 . 800 000 83 500 000 ,, 1919
Bessarabie
3 900 000 to 900 000 1913
4 300 000 , 10 600 000 1919
Banat
14 , IP 11 /I 4 200 000 1913
14 100 000 I/ 24 700 000 1919
Bukovine
3 , 400 000 PI 1 de , 1913
3 500 000 PI II FP PP 7 800 000 1919
Une augmentation formidable des kilowatt-heures a eu
lieu; c'est dans l'ancien royaume qu'elle est la plus grande.
Le nombre des employes et ouvriers s'éleve a 3032 dont:
462 employes,
432 techniciens,
848 ouvriers qualifies,
1290 non qualifies.
PI

La repartition des employes et ouvriers occupes dans les


centrales électriques sur tout le territoire de la Roumanie est
la suivante:
employes techniciens quoilligsouvrnieorns total
qualities
Ancien royaume . 192 171 486 660 1509
Transylvanie . . 183 172 276 417 1048
Bessarabie . . . 29 48 45 59 181
Banat . . . . 49 32 20 129 230
Bukovine . . . 9 9 21 25 64
De toutes les branches de la grande industrie roumaine,
les centrales electriques ont la plus faible moyenne d'ouvriers,
c'est-à-dire 22 seulement.

L'industrie graphique.
L'industrie des arts graphiques, imprimeries, Ii-
thographies, r eliur es, etc., forment le dernier groupe
qui compte 131 grands etablissements. L'enquete mentionne
en outre un grand établissement de boutons en corn e,
de par ur es de cheveux, etc., une fabrique et ateliers de
reparations d'o b jets en caoutchouc et une fabrique de
tabatieres en carton; on obtient ainsi 134 grands etablissemen,ts
en tout.

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348 L'industrie

Ils se répartissent de la facon suivante:


Transylvanie . . . 56
Ancien royaume . 48
Bukovine . . . 18
Banat 7
Bessarabie . . . . 5
Le capital investi dans ces etablissements se chiffre par
70 millions 100 000 lei.
68 millions 800 000 reviennent aux grands établissernents
graphiques.
Le tableau suivant montre la repartition de ce capital entre
les divers territoires du royaume:
Transylvanie 7 millions 100 000 lei
Ancien royaume 51 . 700 000
Bukovine 5 500 000
Banat 5 de
Bessarabie 700 000 ,
On voit que les investissements les plus importants de l'in-
dustrie graphique se trouvent dans l'ancien royaume.
Les 134 grands établissements utilisent 472 moteurs four-
nissant 2213 CV. dont 464 avec 2156 CV appartiennent aux
etablissements des arts graphiques.
La repartition de l'energie entre les divers territoires est
comme suit:
Transylvanie 119 moteurs de 351 CV
Ancien royaume 257 . 1674
Bukovine 28 . 55
Banat 54 . 102 ,.

Bessarabie 14 ., 31 .

Les matieres premieres travaillees dans ces établissements


ressortent a:
81 millions 100000 lei dont 6 millions 800 000 lei dans les arts graphiques en 1913
7 , 900 000 , 78 100 000 , 1919

La part des différents territoires du royaume est la suivante:


1913 1919
Transylvanie 1 million 300 000 lei 14 millions de lei :
Ancien royaume 4 700 000 , 60 300 000
Bukovine 800 000 , 4 . 500 000
Banat 200 000 , 2 , de .
Bessarabie 100 000 1 200 000 .
Les 134 établissemenis ont consomme comme combustibles:
1 530 tonnes de la valeur de 200 000 lei en 1913
1 550 /I . /V /I 2 millions 200 000 1919
La part du groupe des arts graphiques s'éleve :

1 420 tonnes de la valeur de 200 000 lei en 1913


1 450 . . . 2 millions 100 000 . 1919

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L'industrie graphique 349

Les 134 établissements accusent une production de:


23 millions de lei en 1913
173 400 000 1919
Cette production est répartie comme suit:
arts graphiques 22 millions 179 126 lei en 1913
167 029 347 ^
1919
boutons de come, 162 500 X , 1913
parures de cheveux, etc. 429 600 PP . 1919
objets en caoutchouc 653 006 , 1913
5 550 008 pp 1919
56 610 1913
tabatieres en carton 381 878 PP PP 1919
La part des pays dans la production globale est la suivante:
1913 1913
Transylvanie 3 millions 700 000 lei 25 millions 300 000
Ancien royanme 15 , 700 000 , 125 300 000
Bukovine 2 300 000 11 400 009
Banat 9. 0 000 7 600 000
Bessarabie 500 000 , 3 800 000
La main-d'ceuvre travaillant a cette production s'eleve a:
506 employes,
277 techniciens,
3552 ouvriers qualifies,
5872 non qualifies.
Total 10207
Le groupe principal des arts graphiques occupa a lui seul:
498 employes,
274 techniciens,
3498 ouvriers qualifies,
1473 non qualifies.
Total 5743
La main-d'ceuvre de ce groupe d'industrie se répartit comme
suit entre les differents territoires:
employés techniciens ouvrlers total
qualltids non quallfids
Transylvanie . . 123 67 937 288 1415
Ancien royaume . 322 161 2195 1107 3785
Bukovine . . . 13 19 125 72 299
Banat . . . . . 15 8 160 35 218
Bessarabie . . . 33 22 135 35 225
506 277 3552 1537 5872
La moyenne des ouvriers et employes appartenant a un
établissement est de 44.

Nous venons de voir que le relèvement de l'industrie rou-


maine progresse, que certaines de ses branches s'étendent et
qu'elle est en train de prendre un rapide essor. Nous avons
pule des moyens de relever et d'assurer la production in-

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350 L'industrie

te,rieure dans le chapitre relatif h la nouvelle legislation éco-


nomique.
La Roumanie devient ainsi de plus en plus un facteur im-
portant de l'économie europeenne.

Les mines.
Etablissons d'abord un aperçu des mines telles qu'elles
sont ordonnees et classees systematiquement dans la nouvelle
loi des mines roumaine. Ii s'agit des groupes suivants:
I. Combustibles fossiles:
a. charbons: anthracite, houille, houille brune, lignite,
b. bitumes: 10 solides: asphalte naturel, ozokerite, ardoi-
ses bitumeuses de toute sorte,
20 liquides: huile brute avec ses gaz et ses
derives naturels et toutes les autres sortes
de bitumes liquides,
30 gazeux: carbone hydrate gazeux (hydro-
gene carburé) qui forme des gisements.
II. Minerals:
a. platine, or, argent, urane, radium et autres elements
radioactifs en general, molybdene et elements analo-
gues;
b. plomb, zinc, cuivre, bismuth, antirnoine, nickel, cobalt,
titane, selenium, tellure, cadmium, soufre, wolfram,
mercure et autres métaux analogues;
c. fer, manganese, chrome.
III. Minerals d'aluminium et en general silicates contenant
de Paluminium ou du magnesium, minerais riches en
fluor, baryum, strontium, tels que bauxite, alunite, corin-
don, mica, feldspat, kaolin, magnesite, talk, asbeste, fluo-
rite et baryte.
IV. Graphite et pierres graphiteuses.
V. Phosphates en general.
VI. Minéraux qui renferment du torium et des especes de
terres rares: monazite, theorite, cerite et autres minéraux
et elements rares.
VII. Pierres précieuses et semi-precieuses, telles que diamant,
emeraude, corindon précieux, beryl, topaze, granat, topaze
précieuse, tourmaline, agathe, cristal de roche avec ses
differentes couleurs, ambre et autres résines fossiles.

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Les mines 351

VIII. Se ls et eaux salines: sel gemme, potassium et autres


sels que l'on rencontre avec le sel gemme ou qui forment
des gisements particuliers; eaux salines, iodees et bromées;
sel marin, sel de lac, de lagune; nitrates, borates et
autres combinaisons salines.
IX. Autres gaz naturels que le carbure d'hydrogene, tels
que l'oxyde de carbone (CO2), gaz précieux, autres gaz et
emanations.
X. Sources minerales et eaux minérales souterraines ou sour-
ces minerales en général, lacs et lagunes mineralisés, bones
minérales.
XI. Tourbe.
XII. Massifs de roches ordinaires, formant des gisements com-
pacts comme de la chaux, plâtre, cailloux, gres, pierraille,
marne, argile et tous les autres materiaux de construction
et d'ornement ou qui sont employés dans la fabrication
de produits industriels ordinaires.
Ces substances jouent un rOle tres divers dans l'exploitation
des mines roumaines. Le sol n'a pas encore éte suffisamment
étudié au point de vue géologique pour pouvoir se faire une
idée de l'importance des gisements de ces diverses substances.
Dans les Karpathes, sornmeillent encore de grandes provisions
de fossiles précieux et de mineraux. La tâche de l'avenir sera
de mobiliser ces richesses. Nous traiterons successivement:
1° Le charbon.
2° Les minerais, métaux, pierres et sels.
3° Le pétrole.
4° Le methane.
5° Les sources minérales, les villes d'eaux.

Le charbon.
On a découvert en Roumanie les especes de combustibles so-
lides ci-apres:
1° L'anthracite.
2° La houille.
30 La houille brune.
4° Le lignite.
5° La tourbe.
Les 2 521 000 tonnes extraites en 1923 étaient ainsi répar-
ties:
anthracite 2,4 %
houille . . 9,2 %
houille brune 66,2 %
lignite 22,2 %

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352 L'industrie

L' anthra cit e est extrait a Schela (district de Gorj).


Le gisement est peu important: il fournit un charbon d'une
valeur calorique de 8000 calories. Le Banat n'a pas d'anthra-
cite; il existe a Secul et Soinitza qui possèdent une exploitation.
On le trouve a une grande profondeur (1200 metres) a divers
endroits de la Valachie, de la Moldavie et surtout dans la
Dobroudja. La production s'éleva
28 709 tonnes en 1919
26 189 1920
33 298 11
1921
53 263 1922

La houille est extraite dans le Banat. Les plus grandes


mines sont situées a Anina, Doman, Barzeasca et Rusca-Mon-
tana (en 1922, leur production a ete de 185 282 tonnes). Ce char-
bon a une valeur calorique de 6000 a 7000 calories. Un autre
bassin se trouve au sud-ouest de Kronstadt a Vulcan-Cristian;
sa production s'est montée a 16 000 tonnes en 1922. La pro-
duction globale s'est chiffrée par:
176996 tonnes en 1919
161 837 1920
176 670 11 1921
201 379 1922

La houille brune accuse la plus grande production dans


le bassin de Lupeni-Petrosani. En 1923, on a extrait 1 579 000
tonnes, c'est-a-dire 640/o de la production totale de la Rou-
manie. Sa valeur calorique est de 6000 a 7400 calories. Au sud
du Banat se trouve le bassin de Mehadia. 11 fournit un bon
charbon d'une valeur calorique de 5000 a 6000 calories. Au nord,
dans le district de Cojonca, on extrait, a Aghires, au nord-est
de Cluj, de la houille brune d'une valeur calorique de 5000 a 5500
de calories. Ce bassin fournit annuellement 53 000 tonnes. Enfin
dans la 'Moldavie, le bassin de Comanesti produisit en 1922
62 500 tonnes, en 1923 67 400 tonnes de charbon dont la valeur
calorique est de 5500 a 6000 calories.
Le lignite est le plus important charbon de la Roumanie
apres la houille brune. 11 est d'une qualité inférieure. On l'ex-
trait en Transylvanie et dans le zone subcarpathique de l'an-
cienne Roumanie qui commence a Varciorova et finit dans le
district de Bacau. On en trouve aussi au nord-ouest de la Rou-
manie dans le bassin de Bihor. En 1923, la production s'eleva
a 30 500 tonnes. Elle est peu importante dans le bassin de Satu-
mare. En Transylvanie, il y a le bassin de Borscc et celui de
Tzebea pres Brad avec une production de 25 000 tonnes en
1922 et de 31 000 en 1923. Dans l'ancknine Roumanie sont
situées les mines de lignite les plus importantes; ce sont, de

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Le charbon 353

l'ouest a l'est: Godeni, Boteni, Poenari-Jugari, Schitu-Golesti,


Manesti, Sotanga, Aninoasa, Filipesti de Padure, Magura, Mera
(aujourd'hui improductive), Caiutzi, Cependant ces charbons sont
mauvais, riches en soufre et ne possedent pas plus de 3000 A
4000 calories.
La pr o du ction de lignite en Olténie a été de 1529 tonnes
en 1923; en Munténie de 174 300 tonnes; en Moldavie 12 800
tonnes. On extrait en outre du lignite en Bukovine a Caratci.0 .

et en Bessarabie a Imputzita. Ces lignites ont une valeur


calorique de 2500 a 3800 calories. Ils contiennent beaucoup
d'eau. Quelques-uns donnent 250/0 de residus et ne resistent
pas au stockage. La production totale de lignite s'est chiffree par:
1 million 300 000 tonnes en 1919
1 400 000 1920
1 600 000 1921
I 11 900 000 1922

On rencontre la tour b e dans le delta du Danube, le long


des Karpathes occidentales, du nord de la Transylvanie jusqu'au
Banat. D'autres gisements se trouvent dans le district de Dorohoi
Ives Dersca.
On voit que les combustibles se rencontrent en quantites
tres variables en Roumanie.
La pro du ction g Io bale de charbons de la Grande-
Roumanie s'est montee
1 million 559 330 tonnes en 1919
1 587 575 1020
1 804 87 1921
2 116 221 1922
2 11 521 000 1923
La part de l'ancien royaume, dont les charbons sont de qua-
lite inferieure, est de 16,50/o seulement. Sur les 1 million
800 000 tonnes extraites en 1921, 1 million 200 000 tonnes ont
eté fournies par le bassin de Petroseni.
La plus grande societe de charbons est la Petrosani, So-
cietatea anonima romana pentru exploatarea minelor de car-
buni, a Bucarest, creee en 1921 avec un capital de 100 mil-
lions de lei, qui exploite les mines situées dans la Nouvelle-
Roumanie, dans la vallee de Schiel. Ces mines ont beaucoup
souffert de la guerre. La grande pénurie de combustibles A
laquelle il fallait remédier le plus vite poussa A l'exploitation
excessive. Plus tard, le bassin houiller devint un theatre de
guerre. En 1914, avec une main-d'ceuvre de 7100 hommes, ii
produisit 1 240 000 tonnes; en 1919, la production s'abaissa a
540 000 tonnes et A 508 000, en 1920, bien que le nombre des
ouvriers füt porte a 8500. Elle se releva A 635 000 tonnes en
1921 par suite des besoins urgents des chemins de fer de l'Etat.
23

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354 L'industrie

Nous avons deja pule des mines de charbon, appartenant


aux usines Resita dans le chapitre de l'industrie métallurgique.
II n'existe aucune donnee nouvelle sur les richesses glo-
bales en charbons de la Roumanie. En 1917, on a estimé les
reserves de charbons en Transylvanie, d'apres des etudes hon-
groises, a 867 millions de tonnes de 3519 fois 1012 calories;
les reserves de tourbe, qui se trouve surtout dans le district
de Baia Mare, a 17 millions et demi de tonnes de 565 fois
1012 calories. Supposons que toute la grande industrie, de
500 000 CV en chiffres ronds, n'emploie que des charbons; on
aurait besoin de 1440 millions de CV-heures ou d'une consomma-
tion de 7,2 fois 1012 calories pour 8 heutes de travail par
jour ou 2880 heures annuellernent.1 L'ingenieur Lupascu s'ex-
prima comme suit dans un entretien personnel sur la question
des charbons: «11 existe assez de charbons en Roumanie. 11 est
prouvé qu'il y a de grandes quantités de fres bonne houille
brune dans le Banat. Il faudrait seulement l'extraire sur une
grande échelle pour economiser du pétrole. II vaut mieux con-
sommer du charbon et exporter du petrole. II est vrai que l'em-
ploi du pétrole est plus agréable; mais il ne faut pas oublier
que ce procéde est peu économique et représente un gaspil-
lage.» Tant qu'on ne procedera pas a une exploitation de grande
envergure, la Roumanie sera contrainte d'importer du charbon.
Le manque actuel de charbons est facheux pour l'industrie du
fer, de l'acier, et pour les autres branches aussi. On est ainsi
oblige d'employer d'autres combustibles. Au point de vue
économique, la veritable source de chaleur de la Roumanie est
le methane. Une nouvelle concentration d'industries est en
train de se faire dans la zone pourvue de gaz. Le pétrole est
utilise sur une grande étendue comme combustible a cause .du.
manque de charbon. II s'agit surtout de residus de la distilla-
tion; cependant au point de vue économique, ii vaudrait mieux
l'exporter. II reste encore comme remplacant le bois dont la
Roumanie possede de grandes quantites. Aussi malgré les
faibles quantités de charbons n'existe-t-il pas de man-
que de combustibles.
Le tableau ci-dessous indique la consommation des divers
combustibles en 1919, dans les huit branches de la grande
industrie:
1913 1919
houille 667 616 tonnes 179 056 tonnes
lignite 109 841 If 46 267 ,
coke 274 294 .. 59 825 ,
bnis 701 549 If 832 244 ,
pétrole 410 925 11 243 835 ,
charbon de bois, résidus,
paille, etc. 1 005 142 540 844
methane 10 086 880 metres cubes 78 196 502 metres cubes
I Manoilescu.

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Les minerais 355

Les minerais.
La Roumanie possede un .grand nombre de minerais; mais
on n'en exploite qu'une petite quantité. Voici les gisements les
plus importants:
Les pyrites de Maramuresh renferment:
37 A 45 % de soufre
40 A 45 % de fer
0,7 A 2,5% de cuivre.
Les minerais de plomb et d' antimoine se trouvent
dans le massif metallifere pres d'Almasul-Mic et a Ruschitza
(district de Caras-Severin). Leur teneur en plomb est de 40 %
environ.
Les miner ais d'éta in renferment 42 % d'étain et 6
A 7 % de plomb. Ils se rencontrent A Carlibaba (district de
Campulung en Bukovine).
On exploite les minerals de cuivre et les pyrites a Altan-
Tepe (district de Tulcea). Ces pyrites de chaux renferment en
moyenne 3 A 5 % de cuivre, 40 A 45 % de fer, 40 A 55 % de
soufre; puis a Ciuc-Sandominic (district de Ciuc); a Rodna-Veche,
Borsha, Ilba, plus au nord; a Trimpoila-Techereu dans le massif
métallifere. Les gisements de pyrites du Banat se trouvent
a Oravita-Montana, a Maidan et a Baia de Arama.

L'ancien royaume avait peu de minerais de f e r et de qualité


inferieure. L'adjonction de la Transylvanie lui a donne une
grande quantite de bons minerais. La plus grande partie se trouve
en possession des usines Resita; l'autre partie est la propriété
du groupe Honedoara. Nous avons Ujà dit, a propos de l'in-
dustrie métallurgique, que les mines de Moravitza, Dognacska
et Delianesti fournissent des minerais sulfurés qui sont
débarrassés de leur soufre dans des installations spéciales. En
Grande-Roumanie la production des minerais de fer a été de:
112 681 tonnes en 1919
73 869 1920
91 109 1921
94 607 1922

La principale extraction a lieu a Ghelar et A Theliucul-de-


Jos (dans le district de Hunedoara); les gisements appartiennent
A l'Etat. En 1922, la production s'éleva A 53 300 tonnes et A
57 000 tonnes en 1923. L'un des minerais, la limonite, contient
500/0 de fer; la siderite qui est plus profonde en renferme 37
a 380/0. A Ocna-de-fer et a Dognecea (dans le Banat) existe
une autre exploitation importante. Les mines appartiennent
A la Societe Resita. En 1922, la production se monta A 38 400
tonnes et a 40 050 -tonnes en 1923. Les minerais extraits sont
2 3*

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356 L'industrie

la magnetite et l'hématite. Ils renferment 56 a 580/0 de fer, 0,64


A 0,750/0 de manganese, 0,06 A 0,120/0 de soufre et 0,04 a 0,07o/o
de phosphore. Ii y a encore les gisements d'Eselnitza, dans le
Banat, sur le Danube, dont la production est insignifiante. Ceux
du district Odorhei, pres de Lueta sont plus importants. Ils
produisent 2700 tonnes. D'apres les dernieres recherches, ii
semble exister dans cette region des gisements importants pour
l'avenir.

Les minerais d'oxyde de manganese se trouvent a Deli-


nesti pres Ocna-de-fer. Ils appartiennent a la Societe Resita; iN
renferment 26 % de superoxyde de manganese. En 1922, la
production se chiffra par 5400 tonnes et en 1923 par 8520
tonnes. D'autres gisements moins importants existent a Jaco-
beni (Bukovine) et dans le district de Suceava pres Borsteni;
ce dernier renferme 30 a 750/0 de bioxyde de manganese.
La bauxite represente un autre minerai important. Les
plus grands gisements sont dans les montagnes de Bihor1). On
lies connait depuis 1905; c'est le professeur Szadecski qui les
découvrit. L'exploitation commenca pendant la guerre, lorsque
l'aluminium devint nécessaire pour les munitions et la fabri-
cation de produits chimiques. Aujourd'hui, a Remetz et Bratea,
elle atteint 3400 a 4100 tonnes; elle fut de 3737 tonnes de la
valeur de 522 406 lei en 1922. La teneur de la bauxite en alu-
.minium est de 57 a 590/0 a Bihor.
La bauxite est un mineral compose de A1203H20, dont la
teneur en A1203 est de 50 a 700/0 d'apres l'ouvrage cite.
Les gisements des montagnes de Bihor sont composes
d'hydrates d'aluminium (diaspor); c'est pourquoi Krusch a
appelé la bauxite diasporite.
On a aussi constaté la presence de minéraux semblable,s
entre Cris-repede et Cris-negru. Deux societés l'exploitent: la
Societe anonyme hongroise de la bauxite, succursale de la
Societe anonyme de l'Industrie de l'alurninium dont les fabriques
se trouvent a Neuhausen en Suisse, A Rheinfelde en Bade et A.
Gastein en Autriche; la Societe anonyme des Mines et de l'In-
dustrie a Calotta, Bratca, Jad, etc., fondée en 1918, par la
banque Hittel avec tin capital de 6 millions de couronnes. Jusqu'en
1918, les mines de Jad ont ete en exploitation. A Ivor 50 ou-
vriers étaient occupes et 7 a 8 wagons de bauxite étaient extraits
par jour. On ne travaille plus aujourd'hui. Les mines de Fata
Arsa sont aussi abandonnées. L'insuffisance des moyens de
communication est la cause de la fermeture des mines.
1 Puscariu et Motas: Les gisements de bauxite (dans les montagnes
de Bihor, N° 2 des Annales des Mines de Roumanie, 1920.

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Les' minerais 357

Krusch divise les gisements de bauxite d'apres leur forma-


tion en trois categories:
1° La bauxite est la résultat d'une decomposition chimique
et mécanique particuliere des roches au contact de l'air;
2° C'est le produit de la transformation de roches érup-
fives récentes et riches en feldspath (basalte, etc.);
3° C'est le résultat de la transformation méthasomatique
des pierre calcaires, causee par les decompositions minerales qui
coulent entre les fentes des roches.
Le premier mode de formation doit etre celui qui a donne
naissance aux gisements de Bihor. IN se sont formes dans la
période jurassique avec les couches de chaux contenant de
l'aluminium ferreux. Comme la chaux est plus soluble que les
autres minéraux, elle fut dissoute et éliminee; l'aluminium, le
fer et le silicium la remplacerent.
II y a deux variétés de bauxite dans les montagnes de
Bihor; la blanche et la rouge. La composition de la premiere
est la suivante: A1203 65 %
SiO2 7 %
Fe203 10 %
ITO 14 %
La bauxite rouge est compose de:
A1203 55,60 %
SiO2 3 %
Fe203 25,30 %
1120 11 %
Les deux sortes renferment 3 A 4 % de TiO2 environ.
Lachmann estima en 1908 la superficie des gisements de
bauxite de Jad A 130 hectares; les reserves visibles A 5 millions
900 000 tonnes au minimum et A 18 millions au maximum; les
reserves possibles A 10 millions de tonnes.
La bauxite est avec la cryolithe le seul minerai qui four-
nissent de l'aluminium. On la rencontre également en France
et en Angleterre. En 1908, la production mondiale s'éleva A
170 000 tonnes dont les 2/3 en France et 7000 tonnes en Angle-
terre.
Lorsqu'elle a une plus grande teneur en silice qu'en oxyde
de fer, on l'emploie dans la fabrication des pierres a polir. On
fabrique des briques réfractaires quand sa teneur en aluminium
(50 A 550/0 A1203) et en fer (300/o Fe203) est grande.
Les minerais de chrome sont comme la bauxite un
element rare. On les rencontre dans le Banat, sur la rive
gauche du Danube, A Plavisevitza oil les gisements ont éte cx-
ploités pendant la guerre par les Allemands. Leur teneur en
chrome est de 20 A 250/o. En 1922, on en a extrait 30 tonnes
de la valeur de 6000 lei et 60 tonnes en 1923 en Roumanie.

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358 L'induslrie

Dans les montagnes occidentales, a Valea Dosului et a Bar-


boia, on trouve des min erai st de m er cur e, du cinabre,
accompagné de pyrites.
On trouve des phosphorites que l'on n'a pas encore etudiees
exactement au nord de la Bessarabie, sur le Pruth, A Lincautzi
(district de Hotin).
Le mica se rencontre rarement en grands gisements. La
Roumanie en possede de grandes quantités. Sur les pentes
méridionales des Karpathes, dans la vallee du Lotru, se trouvent
de puissants filons de pegmatite qui contiennent de la musco-
vite: ce sont les gisements de mica de Voineasa. D'apres l'avis
des savants competents, ce sont les plus p uiss ants de la
ter r e; leur mica est plus pur et de plus grande valeur que le
mica des Indes qui contient souvent des enclaves ferreux. Ils
appartiennent A la Societe anonyme des mines roumaine Mica
A Bucarest. Jusque-1A, elle n'a fait que des travaux prépa-
ratoires sans commencer A extraire le mica: les frais de pro-
duction sont trop élevés. Le mica se trouve dans les hautes
montagnes inaccessibles aux chemins de fer et aux voitures. 11
faut le transporter sur le dos d'animaux A 12 kilometres, puis
A 30 kilometres par de mauvais chemins. De grandes sommes
sont nécessaires pour le transport. Puis, il faut se procurer
des ouvriers qu'il faut nourrir et loger dans la intontagne. En
outre, ces dernieres années, les prix du mica ont une tendance
A la baisse sur le marché mondial. En 1921, les prix aux Etats-
Unis étaient A peine la moitié de ceux de 1920. La Societe ne
veut pas risquer de grandes sommes avant de savoir si elle
pourra écouler facilement et avec profit ses produits; elle laisse
reposer ses mines et se contente de faire executer des travaux
pour étudier la region.
Parmi les metaux rares, on rencontre 1 ' o r en Roumanie. Il
est renferme dans le sable des rivieres. Aujourd'hui encore, les
bohémiens retirent de l'Olt, malgre la defense, de l'or d'une
facon primitive. Mais l'extraction sur une grande échelle n'est
possible qu'à l'aide de mines. Les Romains connaissaient deja
la presence du metal jaune dans la Roumanie d'aujourd'hui. Les
Karpathes renferment sur leurs deux pentes, surtout dans les
montagnes occidentales, de riches gisements d'or. Celui-ci se
trouve disperse dans les roches des couches alluviales, dans les
pyrites, dans d'autres roches éruptives ou UM a des minrais
dans divers agglomerats.
D'apres les connaissances geologiques que l'on possede la
teneur en or est tres diverse. On faut distinguer les districts
principaux et les districts secondaires. Parmi les premiers, on
compte les gisements de Hun edo ara en Transylvanie avec
les deux grandes mines d'or de Ruda et de B r a d. La mine

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Les minerais 359

de Ruda etait deja exploitée au temps des Romains. On a


trouvé des objets qui étaient en usages quelques siecles avant
Jesus-Christ.
Les autres districts sont ceux d'Alba inf eri o a r a
(Rosia montana), de Saturnare (Basia-mare) et de Soluok
(Baiutz).
On trouve aussi de l'or en petites quantités dans les districts
d'Arad, Turda, Cojocna, Sibiu, Caras de Pancien royaume et
dans ceux de la Dambovita, de PArges, a Valcea et a Brezoi.
La contrée de l'or dans le triangle metallique des montagnes
occidentales est d'une grande importance. Les sornmets sont:
Offenbal

Halmagiu

Sacaramb

Une autre contrée aurifere des montagnes occidentales est


située a 150 kilometres environ au nord de ce triangle dans le
district de Satumare, dans le territoire frontiere de Solna et Mara-
muresh.
Les roches de cette contrée sont semblables a celles du
triangle metallique. Elles forment avec les pyrites de riches
gisements d'or, d'argent, de plomb, d'antimoine, de zine et de
cadmium.
De Baia Mare vers Pest, la teneur en or des roches diminue,
mais celle de l'argent augmente jusqu'à Capnic.
Si nous examinons les quantites d'or et d'argent extraites
dans ces contrées, nous constatons que la production annuelle
n' a pas encore atteint aujourd'hui son niveau d'avant-guerre.
Elle était de:
1 104 k. d'or 3 870 k. d'argent de la valeur de 3 millions 400 000 lei en 1890
1 444 , ,, 4 559 . . I. n , 4 . 500 000 . , 1891
1 858 , 5 730 , . .
"
. 5 . 700 000 1900
2 222 , 6 421 . . . II . , 6 . 900 000 , , 1903
2 146 , :: 7 514 , . n . 6 700 000 , 1919
2 115 , , 554, .
/I

PP 7P
39

. 7 . 500 000 , , 1910


732 , 2 431 , . . .,
18 . 300 000 , , 1915
706 , 2 134 , PI PI . 28 . 300 000 , 1925
1 104 , , 2 872 , . . . 70 700 000 , , 1922
1 337 , . 1954, . . . . , 148 I/ 800 000 , . 1920

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360 L'industrie

L'exploitation des mines d'or est faite par l'Etat et par les
particuliers. En 1922, il y avait 604 concessions pour l'extraction
de l'or sur une superficie de 15 116 hectares; 48 seulement
avaient une production; 154 étaient en train d'etre rétablies ou
étaient abandonnées.
L'Etat possede en tout 10 exploitations de minerai aurifere,
dont 4 dans le territoire d'Honedoara et Alba inferioara, et 6
dans la contrée de Satumare et Solnok. Elles s'étendent.sur
1908 hectares. Leur production d'or est inferieure a celle des
particuliers comme le montre le tableau ci-dessous:1
Or et argent extraits dans les mines de l'Etat:
196 k. d'or 2 209 k. d'argent en 1919
190 , 1 879 1920
261 , , 2 500 , 1921
220 , 1 444 ye 1922
Or t argent extraits dans les mines privées:
535 k. d'or 221 k. d'argent en 1919
516 , 253 , 1920
843 , , 371 , 1921
1 116 , , 509 , 1922
Production totale:
732 k. d'or 2 431 k. d'argent en 1919
706 , , 2 134 . ,, , 1920
1 104 2 873 , II . 1921
1 336 , 1 953 . . , 1922
Valeur de la production:
or. argent.
18 313 325 lei 3 160 534 lei en 1919
28 263 680 3 137 905 1920
70 742 468 8 368 882 , 1921
148 813 903 , 7 377 386 , 1922
La part de l'Etat dans la production globale de l'or en Ron-
manie, en 1922, du montant de 1336 kilogrammes a éte de 220
kilogrammes et celle des particuliers de 1116 kilogrammes.

Les mines d'or les plus importantes de l'Etat sont celles


de Rosia montana. Les principales Igaleries d'une longueur
actuelle de 2800 metres ont été établies en 1782. La tonne 'de
minerai extrait renferme 2 grammes d'or; a Tzarina de 12 a
16 grammes qui représentent le chiffre d'extraction maximum.
Le procédé d'extraction est le meme que dans les mines pd-
yees. Tout d'abord, on concasse les minerais jusqu'à la gros-
seur d'un poing; puis on les broie dans un moulin. On extrait
ensuite l'or par le procédé d'amalgamation. Outre l'or bro-
1 Les statistiques sur la production d'or ont ("!t empruntées A l'Eco-
nomiste roumain N° 1 de mars 1924.

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Les minerais 361

cardé, on extrait encore l'or libre dans des installations spe-


ciales.
Les mines de l'Etat de Rosia montana ont fourni:
49 k. d'or en 1915-1916
23 , 1916--1917
24 . 1919
21 , 1920
20 . , 1921

Celles de Saracamb ont produit:


11 k. d'or en 1919
12 . 1920
20 . . 1921

Les mines de l'Etat de Baiutz, a 50 kilometres de Baia


Mare fournissent, outre l'or et de l'argent, du cuivre et un peu
d'antimoine.
L'exploitation d'or privée repose sur des concessions ac-
cordees pour un certain district. En Transylvanie, les conces-
sions datent en general du temps des Hongrois. El les ont été
accordées sans égard aux exigences de l'exploitation des mines;
d'autres concessions étaient accordees a d'autres personnes au-
dessus ou au-dessous d'une concession. Ce systeme n'a pas
encourage les exploitations qui ont eté pratiquees d'une fawn
irrationnelle.
Ii s'agit géneralement de petites exploitations; sur 48 qui
sont productives, 7 seulement donnent plus de 5 tonnes de
minerai.
Les plus importantes sont celles des Sociétés St Stefan
et Also Felso de Satmar, la Sociéte Concordia de To-
plitza, la Societe française Baitz a, et surtout Mica, la Societe
de mine d'or la plus importante de la Roumanie.
La Mica acheta la mine de Brad en acquérant toutes les
actions de la Societe des Douze Apôtres de Ruda, lorsqu'elle
vit que l'exploitation des gisementh de mica de Voineasa était
inopportune. Elle devint ainsi propriétaire de la plus grande
entreprise d'exploitation de mine d'or de la Roumanie et merne
de l'Europe; jusqu'en 1884, elle avait appartenu a la Societe
allemande Harckort a Gotha.
La concession embrasse 1610 hectares, dont la plus grande
partie est encore inexploitee.
La propriéte miniere forme un ensemble dont les mines
les plus importantes sont: Barza, Valca Morii, Valea Arsului,
Musari et Bredisor.
Au debut, on pratiqua la petite exploitation. De 1884 a
1886, on broyait annuellement 6000 tonnes de roche seule-
ment. On vit bientôt que seule la grande exploitation pouvait

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362 L'industrie

donne.r des benefices importants. De 1900 a 1914, la moyenne


du broyage fut de 180 000 tonnes. La production totale passa
a 2000 kilogrammes en 1911-1912, c'est-h-dire h une moyenne
de 10 h 11 grammes par tonne.
Elle diminua fortement pendant la guerre. En 1916-1917,
on ne broya pas meme 50 000 tonnes. On n'exploita durant ce
temps que les ,roches les plus riches; la production donna 942
kilogrammes d'or, ce qui equivant h une moyenne de 19 gram-
mes 48 par tonne.
Lors de l'effondrement de la monarchie austro-hongroise
et par suite des troubles causes par le passage au nouveau
regime, la quantite des materiaux broyés fut en moyenne de
50 000 tonnes; le rendement en or fut si faible qu'il tomba,
certains mois, au-dessous de 10 grammes par tonne.
Dans les dernieres années, la production de For de la Mica
s'est chiffree par:
514 k. en 1919
488 1920
762 , 1921
966 . 1922
Elle fournit 830/o de la production globale de l'or de la
Roumanie. D'apres les communications de l'administration, on
a broyé en 1922 presque 100 000 tonnes. Une erreur a dii etre
commise dans la quantite d'or produite par ces materiaux,
c'est-h-dire 1300 kilogrammes; car ce rendement serait plus
éleve que le produit total de 1116 kilogrammes figurant dans
les statistiques.
Le nombre des ouvriers de ses mines d'or et de sa mine
de charbon de Tzebe, qui renferme une couche de 3 metres
50 h 4 metres 50 d'épaisseur et fournit annuellement 20 000
tonnes de charbon, etait de 1165 en 1920, 1783 en 1921, 1700
en 1922.
Pour transformer l'or extrait par la societe des Douze Ap6-
tres en or fin, on a erige un etablissement h Bucarest en
1922. On peut ainsi fournir au commerce tous les alliages
usuels d'or et d'argent. On a l'intention de créer une installa,-
tion pour travailler l'or, dans laquelle il sera livre sous la
forme de fils et de feuilles. On songe aussi a fabriquer de la
bijouterie.
La production de l'or souffre des hauts prix de la dynamite.
Get explosif est un monopole de l'Etat. Les petites exploita-
tions sont anéanties par ses prix élevés.
Jusqu'a 1921, il fut défendu d'exparter l'or. Les mines
devaient le remettre au gouvernement h un prix fixe bien au-
dessous du prix mondial. La defense d'exporter était dans Pin-
teret de Peconomie nationale; mais l'exploitation n'etait plus

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Les minerais 363

lucrative pour la societe. Grace aux relations qu'elle possede,


la 'Mica put faire lever la defense d'exporter l'or en automne
1921. Pres de 1000 kilogrammes d'or fin furent vendus
l'etranger. L'administration écrivit sur ses ventes: «Comme le
change roumain baissait a cette époque, cette vente fournit
une grande somme qui permit A la Societe de payer toutes
ses dettes et de faire de beaux bénifices.1 Le dividende en
1920 s'eleva A 29 lei par action et A 125 en 1921.
Cette permission d'exporter l'or fut passagere; la defense
fut retablie plus tard.
La production globale de minerais est montée
A 293 000 tonnes en 1922, dont 600/0 de minerals aurifere.s,
330/o de minerais ferreux et manganiferes, 70/0 de pyrites (sul-
fate de cuivre) de cuivre et de chaux.
Nous ne nous étendrons pas sur leur utilisation industrielle;
nous en avons déjà parlé A propos de la grosse industrie de la
Roumanie. Signalons seulement que la plupart des minerals
dont il vient d'etre question sont traites dans les usines de
l'Etat et dans les fonderies de Firiza-de-Jos qui ont fourni en
1922 les métaux suivants:
or 120 k.
argent 1 232
cuivre . . 14 504
plomb (mou) 116 053
plomb (email) . . . 127 550
L'Etat possede encore A Strambul des etablissements qui
traitent une grande partie des minerais extraits. 11 a aussi une
autre usine et une fabrique d'acide sulfurique A Slatna; cUe
emploie l'acide dans la fabrication des sulfates de cuivre et de
fer. Le sulfate de cuivre sert A combattre le phylloxera. En
1922, les usines de Slatna ont produit outre de l'or, de ?argent
et du cuivre, des sulfates de plomb, de fer, de cuivre et des
sulfites de carbone.
En 1922, les metaux suivants ont éte obtenus:
Or 1 337 k.
argent . 1 954
cuivre 110 523
plomb 476 688
antimoine 3 557 (en 1921)

On rencontre aussi des pierr es precieuses et semi-


précieuses en Roumanie. On trouve ambre le long des Kar-
pathes, en Olténie, Muntenie et Moldavie, principalement dans
les districts de la Prahova, Buzau et Ramnic-Sarat.
I Rapport des nouveaux Etats du 11 aotit 1922, N° 32 page 34.

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364 L'industrie

Les minéraux et les terres rares sont une autre


richesse de la Roumanie. Presque dans tout le pays, on rem-
contre des carr i ere s. Les plus importantes dont les produits
sont industrialises sont les suivantes:
10 Les argil es et le kaolin du Maramuresh, Bistritz-
Nasaud, Bihor, du district d'Arad, du nord du Banat, de la
contrée de Resita pres Brasov, du district de Ciuc, de la Do-
broudja (district de Constantza) et de Macin (district de Tulcea).
20 Le pl Atr e se trouve A Hotin, Cojocna, Salash, Sibiu.
30 Le t u f dace se rencontre dans les contrees de Cojocna,
Bistritza et 'Muresh-Turda (au nord de Cluj) dans le voisinage
de Gherba (district de Solnoc-Dobaca).
40 Les pier r es A chaux sont dispersées dans tout le pays.
La production annuelle des carrieres roumaines est comme
suit:
pierres a chaux 236 000 metres cubes
terres a tuile 172 000 . .
gres 150 000 .
cailloux 115 000 . .
sable 86 000
terres argileuses 21 000 . .
basalte, dalles 19 000 . .
marne 11 000 . .
andésite et trachyte 7 000
tuf dace 3 400 . .
kaolin 2 600 .
dolomite 1 900
marbre 800
divers 53 300
Total 879 000 metres cubes
L'exploitation de ces carrieres sert de base, cornme nous
l'avons vu, A des industries importantes.
11 y a des carrieres caracteristiques a Corund oii l'on ex-
trait de l'aragonite, A Murfaltar (dans la Dobroudja) de la
cr a ie, A Slanic de l'alb Atr e, A Defcea (district de Con-
Istantza) des couleurs min erales.
Le mar bre de toutes les couleurs est en grandes quantites,
surtout dans les montagnes de l'Argesch. Les géologues ont prouvé
l'existence d'un grand nombre de richesses du sol qui ne sont
pas exploitees jusqu'a ce jour.
Par ses gisements de s e 1, la Roumanie se distingue de la
Bulgarie, de la Yougoslavie et de la Russie pauvres en sels.
L'exploitation a lieu en regie a trois endroits. Elle est un
monopole d'Etat depuis 1862. La Roumanie est l'un des pays
les plus riches en sels. D'apres l'ingenieur Lupascu, editeur
des Annales des 'Mines, elle possede assez de sel pour appro-

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Le pétrole 365

visionner le monde entier. Dans la zone subkarpathique seule.


ment, ii y a 60 massifs de sels importants qui sont paralkles
A la chaine des Karpathes et renferment du pétrole. Les gise-
ments d'Ocnelo ont 6 kilometres de long et 1 kilometre et
demi de large. L'epaisseur du gisement est considerable; l'ex-
ploitation s'etend déja A 100 metres. La plus grande mine est
celle de Slanic (Prohova). Elle renferrne comme les autres
gisements du chlorure de sodium plus ou moins pur sans sels
de potasse.
Ii existe beaucoup d'exploitations; la production des princi-
pales est:
Ocna Slanicului (Prahova) 73 820 tonnes en 1923
, Mureshului (Uiorara 68 940 .
. Dejului (Transylvanie) 37 750 . /4

Targu-Ocna (Bacau) 47 030 If D

Ocnele-Mari (Valcea) 33 630


Ocna-Shugatag 13 390 . II

, -Sibiului 1 910 . n n

Salines de Paraid Cacica,


Cosciu et Turda 31 140 II IP

Total 306 610 tonnes en 1923


Cette production avait une valeur de 222 millions et demi
de lei. Elle a éte de:
259 167 tonnes en 1919
246 976 , . 1920
232 818 . . 1921
285 212 . . 1922

Le petrole.
Les recherches faites sur le petrole montrent sans aucun
doute qu'il est connu depuis tres longtemps en Roumanie. Dans
le recent ouvrage d'Armand Rabischon: Histoire de la conquete
du petrole depuis 1550 jusqu'à nos jours, l'auteur mentionne un
ancien document roumain (sapis) du 15 aatt 1676 dans lequel
6 voisins certifient que les propriétaires paysans, les Moshneni
de Hizesti Pakuresti dans le district de la Prohova ainsi que leurs
ancetres ont eu en leur entiere possession les domaines Je
Hizesti dans lesquels existaient des puits de pétrole. D'apres
ce document, l'exploitation de petrole possible remonte a l'année
1550. La querelle entre les moines et l'association des con-
structeurs de puits, qui a donne lieu A la redaction de ce docu-
ment, dura de 1675 a 17851.
En 1646, le moine Baudinus a attire l'attention sur les
puits de pétrole qui se trouvaient sur les pentes des montagnes
pres de osoare, Poeni, Doftana, Pacura2, A l'occasion d'un
I Argus du 12 février 1925.
2 Codex Brantiani par V. Urechia, Academia Roumana, 1895, page 39.

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366 L'industrie

voyage h travers les Karpates moldaves. II mentionne que les


paysans tiraient de puits creuses h la main h Titeschti Lucace,
scti, dans le district de Bacau, du petrole qu'ils employaient
comme remede et comme vieux oing. En 1789, Reicevich1
pa,rle de l'existence de deux sortes de pétrole, une sorte noire
et une sorte rouge, que l'on rencontre en creusant, melangees
avec de l'eau et que l'on peut puiser. L'huile rouge est une
espece d'asphalte utilise dans les maladies d'animaux, comme
vieux oing et pour l'éclairage des fermes des boyards.
Ces témoignages et certaines autres vieilles traditions con-
firment le fait que le pétrole a éte connu de tres bonne heure
en Roumanie et employé dans certains buts. Vers le milieu du
XIXe siecle, on réussit a connaitre sa composition, ses relations
avec 1es gaz naturels, le goudron mineral et l'asphalte, h le
réduire en ses éléments et a en faire une substance servant
h l'éclairage.

Le pétrole s'appelle en roumain Pacura ou Pakuretzi (gou-


dron). II a donne son nom a la localité Pacuretzi dans le district
de la Prohova. En 1837, on a extrait 22 500 kilogrammes de
petrole brut. Les puits les plus riches donnaient jusqu'à 80 kilo-
grammes d'huile par jour; les puits pauvres 5 a 15. Les puits
qui n'étaient garnis que d'un clayonnage atteignaient jusqu'a
60 metres de profondeur. Plus tard, on descendit plus bas.
En 1850, nous trouvons deja des puits de 200 a 250 metres
de profondeur, creusés a la main par les paysans roumains.
Bien que le prix du petrole fat elevé, il se vendait dans les pays
voisins h l'étranger2. Les premieres statistiques donnent 41 081
francs comme valeur de l'exportation du petrole roumain en
1851. Un progres decisif a lieu. En 1857, on parvint h distiller
le pétrole, h le séparer en ses diverses sortes d'huiles mine-
rales et h debarrasser des substances qui diminuent sa
le
puissance d'éclairage. On érigea, en 1857, la premiere raffi-
nerie a Ploesti; en 1860, d'autres furent créées. La premiere
ville du monde qui installa l'éclairage des rues au pétrole
fut Bucarest, en 1857. Dans la suite, l'extraction du pétrole
se répandit fortement dans plus de 30 endroits. En 1861,
l'exportation du pétrole distillé atteignit 1014 hectolitres d'une
valeur de 74 353 lei. 11 existe des statistiques exactes pour
Pannée 1866. De 680 puits creusés h la main (275 en Moldavie

.
.
-
et 405 en Valachie), on retira:
dans le district de Bacau
. Buzau
au moins 21 018 hectolitres
11

la Dam bovita ,
, la Prahova
Total
.
"
.
II 780
38 640
12 880
84 318
Observizioni storicho interno Valachia e Moldavia, 1789, page 103.
2 von Hofer: Das Erdol und seine Verwandten. Brunswick, 1912,

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Le pétrole 367

Dans le premier stade de son developpement, l'industrie


pétroliere roumaine fit de grands efforts pour conquérir des
marches etrangers. Les hauts prix du pétrole furent le stimu-
lant de ce développement. En 1866, l'exportation A Marseille
atteignit 2 millions 700 000 kilogrammes contre 8 millions 200 000
kilogrammes d'Amerique et 300 000 kilogrammes de Russie.
BientOt on reconnut que la Roumanie ne pouvait pa's
soutenir la concurrence des Americains. Ceux-ci surent per-
fectionner, en peu de temps, l'extraction, le transport, l'emmaga-
sinage, la distillation et le raffinage du pétrole et baisserent
tellement les prix que la Roumanie ne pouvait plus exporter.
On dut arreter de nombreuses exploitations. Les Américains se
disposerent meme a s'emparer de l'industrie petroliere en Rou-
manie; ils n'y reussirent pas. Ce fut une société américaine qui
s'interessa la premiere au petrole roumain. La Banque Otto-
mane fit des forages qui resterent sans succes. En 1863, une
Societe francaise fit les premiers sondages mecaniques a Mo-
soare (district de Bacau); les resultats furent mauvais. Plus
tard, de 1883 A 1885, on eut plus de succes; le forage de
Sospiro, a Draganeasa, dans les biens du prince Cantacuzene,
fournit 20 000 tonnes annuellement.
Ii ne faut pas oublier qu'à ce temps-la la production et
le transport etaient excessivement difficiles. Les routes man-
quaient. Quand ii pleuvait, il etait impossible de tirer les
chariots de pétrole. Ii fallait attendre le beau temps. Il n'existait
pas de reservoirs pour entreposer le petrole. L'exploitation
était defectueuse. L'extraction se fit jusqu'a la fin du siecle
dernier A l'aide de puits creuses A la main par les paysans. Le
petrole des couches voisines s'y rassemblait. On le retirait a
l'aide de seaux suspendus a un treuil mil par des choraux
dans les grandes installations des pulls profonds. Les parois
des puits étaient garnies de bois. On peut voir encore
aujourd'hui de tels vieux puits a Bustenari. Cette méthode
primitive explique pourquoi l'extraction du pétrole fit si peu
de progres en Roumanie. De 1873 a 1880, elle resta stableL
La Roumanie conserva l'exploitation profess:onnelle A bon marche,
il est vrai, mais peu productive, alors que les autres pays pe-
troliers du monde avaient introduit depuis longtemps les fo-
rages mécaniques. On réussit a augmenter peu a peu la
profondeur et les puits atteignirent jusqu'à 250 metres; ils
etaient achevés en 3 ou 4 années.
Cette periode est caracterisée par les petites exploitationis,
la technique des métiers, l'impossibilite d'atteindre de grandes
profondeurs, le travail dangereux sans garantie d'un succes
assure, les petits capitaux et les faibles rendements.

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368 L'industrie

Une nouvelle époque commence avec Pintroduction des


forages a la machine vers 1890. La grande exploitation rem-
place la petite. Des capitaux considerables que les paysans
n'auraient pu fournir vont etre indispensables. Jusque-la 6000
lei environ étaient necessaires pour creuser un puits de 120
metres de profondeur. Avec la nouvelle technique et les grands
capitaux, on pourra gagner les grandes profondeurs allant
jusqu'à 1000 metres.
Les grandes societés financieres etrangeres intervienn;ent,
construisent des chemins de fer et s'emparent de l'exploitation
des gisements de petrole parce que les petits capitalistes sont
trop faibles, les grandes banques telles qu'en possède aujourd'hui
la Rournanie manquent, et que l'Etat se trouve dans rine situa-
tion financiere difficile.
L'arrivée des capitaux etrangers commenca a réveiller les
champs pétroliferes endormis et a développer une grande in-
dustrie sur les collines des Karpathes. On construit des son-
dages mecaniques l'un a côté de l'autre. Les raffineries sur-
gissent dans les grands centres. On pose des kilometres de
tuyaux qui réunissent les centres de production avec les rani-
neries. L'industrie se developpe énormément. On découvre
de nouveaux territoires. La production passe de 50 000 tonnes
en 1890 a 500 000 en 1904; en 14 ans elle augmente de 14 fois.
En 1904, on decouvre la contrée de Moreni dont l'extra-
ordinaire richesse consolide définitivement et sur une grande
base Pindustrie pétroliere. La période d'expansion commence;
la guerre mondiale l'entrave. En 1913, la production atteint
deja 1 million 800 000 tonnes. Actuellement (1924), ce niveau
n'a pas encore éte atteint de nouveau. 'Mais ii n'y a pas de
doute que Pindustrie petroliere, la plus grande et la plus irn-
portante industrie d'exportation du pays, a un grand avenir.
11 y a done lieu d'etudier plus amplement son developpement
Nous commencerons par l'étude des conditions géologiques dans
lesquelles se presente le petrole en Roumanie.
II a fallu beaucoup de temps pour que le gouvernement
roumain se décidat a faire examiner seientifiquement les gise-
ments de pétrole du pays. En 1900, on nomma une commission
pour étudier les conditions géologiques dans lesquelles se
trouve le petrole en Roumanie. Les résultats de ces recher-
ches ont eté publiesl au 3e Congres du pétrole a Bucarest,
en 1907.
fl s'agit pour le petrole d'hydrogene carburé ernmagasine
dans la terre. Plusieurs suppositions ont été faites quant a
sa formation, sans que l'on ait pu s'entendre entieretnent a
1 Mrazec: Compte rendu du 3e Congres international du pétrole
1907. Formation des gisements de pétrole roumains.

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Le pétrole 369

ce sujet. On admet generalement l'hypothese organique d'Engler


d'apres laquelle le petrole s'est forme par la decomposition de
restes de graisses animales et végétales.1-
Suivant l'hypothese du plus grand chimiste du pétrole qui
se trouve h la tete des recherches scientifiques, les phénomenes
suivants se sont produits:
10 Ensevelissement en masse de faune marine;
20 Mélange et depot de sable et de lirnon argileux;
30 Decomposition et éloignement des parties azotees, trans-
formation des substances grasses et des acides .gras en cire
cadaverique;
40 Fermeture hermétique lente par le depOt de couches
sédimentaires argileuses puissantes;
50 Decomposition des substances grasses et de la cire en
un mélange d'hydrogene carburé sous une grande pression et
une temperature relativement basse;
60 Accumulation du pétrole ainsi forme dans les fentes
et les crevasses des anticlinales lors du redressement des couches
tout d'abord horizontales.
On peut regarder comme étant certain que le petrole doit
sa formation h la faune et a la flore du monde primitif dispa-
rues et qu'il provient des substances grasses et cireuses d'ani-
maux et de vegetaux; la pression, la temperature et le temps
sont trois facteurs qui ont fixé sa nature. II est vrai que le
processus de la transformation des matieres initiales en petrole
est tres complique.

Le pétrole ne depend pas d'une formation fixe de l'interismr


de la terre. Cependant, la couche dans laquelle on le rencontre
le plus souvent est le ter tiair e. Ce n'est point un effet
du hasard. Au-dessous du tertiaire est la craie. La fin de la
periode cretacée est un moment important dans l'histoire de
la terre. «Sur de grands territoires, ecrit Kissling2, la mer
se retire. Des golfes et des bras de mer se forment, ils creent
des conditions tres favorables a la formation de zones cOtieres,
de couches sableuses et marneuses, telles que le représente
le golfe allongé qui s'étend du sud de la France, le long du
bord septentrional des Alpes jusqu'en Asie occidentale par la
Galicie et la Roumanie.»
Cependant, le pétrole n'est pas toujours resté la oh il
s'était forme. On distingue les gisements prim air es et les
gisements seco n daire s. Le petrole s'est forme dans les pre-
1 Engler-Hofer: Das Erclöl, seine Physik, Chemie, Geologie, Techno-
logie und sein Wirtschaftsbetrieb, 5 volumes, Leipzig 1909-1911.
2 Richard Kissling: Das Erclöl, Stuttgart, 1923, page 29.
24

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370 L'industrie

mien; ii s'est rendu dans les secondes apres des peregrinations.


Les gisements primaires se rencontrent souvent dans les regions
de delta, a l'embouchure des fleuves. Un grand nombre de
géologues croient qu'il faut chercher les gisements primaires
dans le voisinage des côtes.
L'exploitation du pétrole en Roumanie a lieu dans le ter-
tiaire. Les gisements se concentrent dans deux couches: le
t e rti a ir e r é cent sur les pentes meridionales des Karpathes
dont les gisements sont les plus abondants; le t er ti a ir e an -
ci en de la Moldavie. Le territoire du tertiaire recent des Kar-
pates meridionales fournit la plus grande partie de la production
pétroliere de la Roumanie. Les étages géologiques qui se sui-
vent sont les suivants:
A. L'alluvium.
B. Le diluvium.
C. Le textiaire.
Le tertiaire cotnprend
I. Le pliocene:
10 L'étage levantin,
20 L'etage dacique,
30 L'etage pontin,
40 L'etage meotique.
II. Le miocene.
10 L'etage marmatique.
20 L'etage mediterranéen (salifere).
Au-dessous se trouve:
Le t ex ti a ir e ancien. II comprend deux groupes:
L'oligocene,
10
20 L'éocene.
D. Le crétace.
E. Le jurassique,
F. Le rhétien,
G. Le trias,
H. Le dyas,
I. Le carbonien,
J. Le dévonien,
K. Le silurien,
L. Le cambrien.
On a trouvé le pétrole dans les diverses formations: au
Canada, en Pensylvanie dans le silurien et le devonien; en
Alsace, au Causase, en Galicie et en Roumanie dans le tertiaire.
En Galicie, on a trouve aussi du parole dans les gres, conglo-

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Le petrole 371

merats et ardoises appartenant au crétace; dans les landes de


Lunebourg, dans le jurassique et le trias supérieur.1
Le tertiaire recent (neogene).
Le pliocene.
Le levantin,
La couch e dacique,
La couche pontique,
Le méoticum.
Le Imiocene.
Le sarmaticum,
Le salifere.
Le tertiaire ancien (paléogene).
L'oligocene,
L'éocene.
Le pftrole se rencontre principalernent dans le tertiaire
recent en Roumanie. Les gisements les plus abondants sont
situés dans le pliocene, le groupe de formation du tertiaire le
plus recent; les autres dans le tertiaire ancien et dans les couches
crétacées. Les couches du tertiaire recent dans lesquelles on a
eu du succes sont le méotique et le dace. Exceptionnellement,
comme a Bustenari, qui est aussi situé sur les pentes méridionales
des Karpathes, on trouve du pétrole dans le tertiaire ancien,
dans l'oligocene. Plus il est profond, plus les frais des forages
sont éleves et plus sa composition est differente. Nous sommes
bien orientés sur celle-ci grace aux recherches d'Edeleanu. Leur
résultat est que le parole de ces divers &ages possede des
compositions et des qualités différentes. Les analyses chimiques
du professeur Edeleanu ont prouvé les faits suivants :2
10 Le pétrole de Peocene et de l'oligocene est paraffineux,
celui de Bustenari excepté;
20 Le pétrole des formations salines (du miocene inférieur)
et du sarmatique est tres leger et paraffineux;
30 Les petioles du méoticum (du pliocene inférieur) sont
divers:
a. riches en benzine, legers et paraffineux;
b. légers et pauvres en paraffine;
c. assez lourds et paraffineux.
40 Le pétrole du ponticum est exempt de paraffine et tres
tlivers;

i Messner: Das Erddl, die Erdolindustrien und deren Erzeugnisse,


Kempen et Munich, 1913, page 54.
2 Edeleanu: Etude du parole Roumain, Bucarest, 1903.
24*

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372 L'industrie

50 Le petrole du pliocene supérieur (des étages dace et


levantin) est loud et exempt de paraffine, Baicoi excepté.
Ainsi la teneur en paraffine augmente avec Page de la
couche géologique dans laquelle se trouve le pétrole. Le pro-
fesseur Mrazec, qui était membre de la Commission d'étude du
pétrole, considere thus les gisements du pliocene et du miocene
sup érieur comme étant secondaires et les fait deriver des argiles
salines du salifere. 11 regarde les sources anciennes du tertiaire
ancien, de l'oligocene et de l'éocene comme etant primaires. Le
petrole est venu de ces gisements primaires dans les diverses
couches. Les revolutions a l'intérieur de la terre ont frayé la
voie a ses peregrinations. Le pétrole penétra du salifere dans
le sarmaticum, le méoticum et le dace, tandis que l'argile mar-
neuse du ponticum s'y pretait moins. Les couches du levantin
qui présentent des fentes a leur partie inferieure permirent au
pétrole d'entrer. De cette couche supérieure, il est venu
plusieurs endroits en contact avec l'air et s'est transformé en
asphalte. Ce dernier s'est forme par l'évaporation, l'oxydation
et la polymerisation du pétrole. Giirich parte dans une revue],
de gisements d'asphalte qu'll a visités pres du village de 'Matiza.
L'asphalte a la forme de batons ou d'allées, ou sature deS
couches parfois fortement inclinées.
En Allemagne, le pétrole est beaucoup plus profond; par
suite, il a éte peu influence par l'air et les nappes souterraines.
Dans le territoire petrolifere roumain, les forces qui form ent
les montagnes, provoquent des bouleversements et des dechirures
ne sont pas encore entierement eteintes comme le montrent
les emissions de gaz et les volcans de boues de Policiori. Les
grands changements des profondeurs expliquent pourquoi des
forages tout proches donnent des résultats tres différents, l'un
fournit une riche production tandis qu'un autre a 30 ou 50
metres plus loin ne donne pas de petrole utilisable. La situation
du fond se modifie a de si petites distances et en meme temps,
les gisements de petrole.
Les couches du tertiaire recent forment une mosaique de
croupes et de vallons. Les premieres se nomment anticlines,;
les seconds synclines. Le pétrole et le gaz se rencontrent dans
ces formations sur les anticlines, alors que les synclines n'en
renferment pas. La theorie anticlinale dit que les roches qui
absorbent le pétrole ont des plis; dans beaucoup de territoires,
le petrole se trouve sur les croupes, c'est-à-dire dans les anti--
dines, tandis que les vallons, les synclines, renferment de l'eau.
D'apres cette th éorie d'Angell Belt qui permet de suivre
1 Petroleum, revue des intérets de l'industrie pétroliere et du com-
merce du pétrole, publiee par le Dr Paul Schwarz, Berlin. L'article en
question porte le titre: die Erd011agerstatten in Rumänien, verglichen mit
denen in Nordwestdeutschland, 1919.

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Le pétrole 373

les gisements de petrole a l'aide des lignes anticlinales des


cretes des montagnes, on a fait des forages aux Etats-Unis avec
plus de succes qu'autrefois. Elle explique les nombreux exemples
de zones pétroliferes paralleles aux chines de montagnes.
La figure ci-dessous représente une couche de roches ren-
fermant du petrole avec l'anticline et la syncline qui en sont
la consequence. Elle montre pourquoi un forage fournit parfois
tout d'abord de l'eau avant que le petrole jaillisse.

syncline
Dans la partie occidentale du territoire d'exploitation des
Karpathes, iin'y a pas, suivant les communications du Dr
Kraus, géologue de la Steaua Romana a Campina, d'anticlines
étendues, mais une sorte de soulevement en forme de coupole.
L'anticline baisse a droite et a gauche. Il est caractéristi-
que que le noyau monte plus rapidement que les couches plus
récentes. Le noyau a les couches les plus obliques. Plus l'on
s'eloigne du noyau, plus plate est l'interruption des jeunes
couches. En Roumanie ce noyau est formé par le salifere. II ,

renferme alternativement des gisements de sels et de marne


argileuse riche en plâtre. IL forme dans la partie méridionale
des Karpathes le noyau qui transperce. Le noyau salifere est
entouré d'une aureole de gisements de pétrole. II s'est ras-
semblé tout autour du noyau transperçant de l'anticline. Au
sud de la ligne Bustenari, Campina, Draganeasa, Vicinesti, Vul-
cana, se trouvent les anticlines en forme de coupole d'une éten-
due yelativement courte; au sud de cette ligne, nous trouvong

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374 L'industrie

aussi les gisements pétroliferes du tertiaire recent, du pliocene.


Au nord, nous avons le miocene auquel appartient le salifere,
le tertiaire ancien, le cretace et les couches anciennes.
Le long de cette ligne s'étendent les gisements de pétrote
bien connus (de l'est a l'ouest) de:
Bustenari (avec Bordeni, Runcu, Kitschura, Telega);
Campina appartenant h. la Steaua Romana, Pitigaia (ap-
partenant a l'Astra), Gura traganeaca (Société Suspiro), Dra-
ganeasa.
Au sud de cette grande ligne, dans la region des souteive-
ments en forme de coupole, notons:
Baicoi, Tintea, Filipesti de Padure, Moreni (au nord Moreni-
bani, Stawapoleos, Pleasa; h l'ouest Gura, Ocnitei; au sud
Tuicani (les champs petroliferes les plus riches de Panticline
de 'Moreni). Des sondages ont donné 30 000 wagons.
A l'ouest se trouvent les champs pétroliferes d'Ochiuri (rela-
tivement jeunes). L'Astra surtout et le Credit minier y font des
forages.
Le territoire de Colibasii est une autre anticline; h l'ouest
celui de Glodenii ott l'on extrait le pétrole a l'aide de puits
creusés h la main.
A l'est de Bustenari se trouve le territoire de Pacureti:
Dans le voisinage est situé Matica ott l'on extrait de l'asphalte.
On a fait des forages sans grand succes h Apostolache.
A Ceptura, la Steaua Romana n'a pas eu beaucoup de succes
non plus.
Au nord se trouve le territoire pétrolifere d'Arbanasi.
L'exploitation du petrole offre de grandes difficultés. On
fouille là oui certains indices extérieurs indiquent qu'il y a du
petrole:
10 Partout oil se dégage le methane, on peut admettre
qu'il y a du pétrole. Ce n'est pas absolument certain pourtant.
Ainsi, en Transylvanie, ii y a du gaz, mais pas de pétrole.
20 Oil de petites traces de pétrole se montrent sur les
eaux comme des pellicules irisées. Les pellicules d'oxyde de
fer hydrate sont semblables. On les distingue en les piquant
avec un baton. La peau d'oxyde de fer hydrate se divise en
morceaux anguleux; celle du pétrole forme des fils.
30 Les degagements d'hydrogene sulfuré formé par une
permutation chimique entre l'hydrogene carburé et les sulfates:
le soufre du sulfate (du platre) donne de l'hydrogene sulfuré
avec Phydrogene de l'hydrogene carburé (pétrole, gaz). C'est
là un indice important.

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Le pétrole 375

40 Les formations caractéristiques: les ruptures de salifere


foment les points de rassemblement du pétrole, de sorte quit
est tres probable de rencontrer des gisements de pétrole dans
leur voisinage.
On commence les forages quand ces indices indiquent la
presence du pétrole. IN sont coateux et pleins de risques. Un
metre cube de forage coilte actuellenient (1924) 20 000 lei dans
une contrée connue. D'apres les communications personnelles
d'un ingénieur de la Steaua Romana a Campina (1922), un
metre de forage coiate 5000 lei, selon d'autres 6 A 7000 lei.
Un sondage d'exploration de 500 A 600 metres dans un terñ-
toi.re connu exige 8 A 12 millions. Avant la guerre, ii y avait
des sociétés d'un capital de 2 millions qui n'avaient qu'un ou
deux sondages. On peut acheter des terrains petroliferes a
Moreni de 5 sondages pour 5 millions de lei et installer un son-
dage avec 5 autres millions. II s'agit ici de gisements connus.
On a besoin d'au moins 200 millions pour commencer A forer
dans des territoires inconnus. Une exploration exige plusieurs
forages; les risques augmentent considérablement. Les terri-
toires inconnus dans lesquels on fait des fouilles de petrole sont
généralement situés loin des habitations et des routes frequen-
tees. Des routes doivent etre tracées pour transporter les ma-
chines et des matériaux sur les lieux; it faut construire des mai-
sons pour le personnel technique et les ouvriers. Le temps qu'un
forage exige varie selon la profondeur de la couche A percer.
Un forage d'apres le systeme sec canadien ou pensylvanien qui
demande plus de temps que le systeme laveur, avance de 40 a
50 centimetres par jour, si bien qu'un sondage de 600 metres
dans une nouvelle contrée exige 3 A 4 ans. En supposant que
les travaux préparatoires sont acheves en une année, les tra-
vaux de forage dans une telle contree peuvent durer 4 a 5 ans.
D'apres les constatations que nous avons faites sur les lieux, on
fore en moyenne 1 metre et demi par jour (de 24 heurels); '4au
commencement, on atteint meme 8 metres journellement. Ces
fouilles montrent seulement A la fin si elles seront favorables
ou non. Dans d'autres explorations, on sait des le debut avea
stireté a quelle profondeur on trouvera les fossiles ou les
minéraux.

Les recherches de petrole donnent des résultats tres incer-


tains. Des tAtonnements nombreux et coilteux sont necessaires
pour découvrir les couches petroliferes; rarement un sondage
suffit. Dans les dernieres explorations A Arbanasi, Ceptura,
Pacuretzi, Floresti, les sociétes ont da faire 5 A 6 sondages pour
trouver la zone favorable; dans d'autres contrees, on n'a pas
pu la decouvrir. La Societe Steaua Romana travaille depuis
1912 a Ceptura sans resultat. La Romana-Americana explore

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376 L'industrie

a Pacuretzi depuis 1910 sans succes. La Societatea Aquila Franco-


Romana fore a Arbanasi depuis 1913. Les travaux d'explora-
tion de la Societe Petrolul Romanesc a Floresti ont commence
en 1921 dans des conditions tres favorables (dans le voisinage
d'une gare et d'une grande centrale d'énergie électrique); ils
ne sont pas terminés jusqu'à ce jour (1924).
Dans tous ces cas, les risques sont grands et seules les
sociétes a grands capitaux peuvent les courir. Il est vrai que
des succes extraordinaires peuvent etre obtenus si un forage
rencontre une forte couche pétrolifere. Une grande eruption
a lieu et les travaux de longues annees sont largement rému-
neres. Ces cas ne sont pas rares dans l'industrie petroliere de
la Roumanie.
Ainsi la Societe française Colombia fit un sondage a Moreni
qui donna un faible rendement au debut. Le cours de ses
actions avait deja baissé jusqu'a 55 francs. Elle se trouvait dans
une situation financiere précaire. Soudain, en 1920, vers deux
heures du matin se produisit une eruption qui donna une pro-
duction de 350 a 400 wagons par jour. Ce sondage n'a pas
cessé, jusqu'a sa destruction pendant la guerre, de produire des
quantités énormes de petrole, en tout plus de 300 000 tonnes
de la valeur de 21 millions de lei. En quelques mois, les actions
de la Societe monterent jusqu'à 300 lei.'
En 1919, un autre sondage dans la contrée de Baicoi fournit
100 wagons journellement.
Pour le petrole, les fouilles et l'exploitation sont tres diffe-
rentes: les premieres sont difficiles, la seconde est facile. Pour
d'autres fossiles ou mineraux, les fouilles et l'exploitation pré-
sentent les memes difficultes. Mais des qu'on a découvert le
pétrole, tout le processus s'effectue de lui-meme, car l'huile
minerale monte d'elle-meme et jaillit du sol; aucune installation,
aucun travail d'extraction n'est nécessaire comme pour le char-
bon ou les minerais. Seulement, lorsque le pétrole n'a pas une
pression suffisante, on le retire artificiellement a l'aide de grands
dispositifs semblables a des cuilleres, ou a l'aide de pompes. Son
exploitation se fait donc avec des moyens simples.

Le petrole est extrait en Roumanie a l'aide du forage par


la voie seche ou par la voie humide. Le systeme sec ou cana-
dien est employe dans les terrains nouveaux et la oi le petrole
n'est pas trop profond. Au bout de quelque temps, il faut
retirer les outils de forage pour les nettoyer. Cette perte de
temps est supprimée dans le systeme humide ou hydraulique.
Au moyen d'un courant d'eau permanent ,la terre ou la roche
1 Correspondance conornique du ler juni 1919.

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Le pétrole 377

forée est rejetée. Pendant le forage, on pompe de l'eau dans


le trou; en meme temps, on en pompe la boue. On fore beau,-
coup plus vite et A rneilleur marche a l'aide de ce systeme. Le
trou pratique est garmi de tuyaux suffisamment forts pour
l'assurer contre la pression de la terre et les couches renfermant
de l'eau. Lorsque l'on perce une couche pétrolifere, le pétrole
monte dans le trou par suite de la pression A laquelle il est
soumis dans la prodondeur de la terre; ii jaillit fréquemment
du tube. Un forage de la Romana-Americana, en 1911, fournit
un jet qui donna 1000 tonnes par jour pendant quelques mois.
Le pétrole jaillissait avec une telle puissance qu'une triple rangée
de bandes Goliath placées A deux metres au-dessus du trou
étaient entierement rongees toutes les trois heures et devraient
etre renouvelées. L'éruption du sondage 3 de la Concordia etait
encore plus forte; il fournissait par jour 4000 tonnes de pétrole
que l'on captait dans une cloche d'acier de 320 millimetres
d'epaisseur et que l'on conduisait dans des bassins. lorsque la
pression du gaz n'est plus assez forte ou si elle n'est pas
suffisante, on monte le pétrole a l'aide d'apareils puiseurs ou de
pompes. On utilise des pompes aspirantes ou elévatoires.
On trouve de nombreuses tours d e f o r age ou son-
dages partout oii l'on extrait le pétrole de la terre. Ce sont
des echafaudages en bois ou en fer ayant A leur 6ommet une
poulie sur laquelle passe une corde. On a fixé a celle-ci une
cuillere qui sert a retirer le pétrole de la terre. La plupart de
ces sondages sont actionnes par l'électricité. On emploie aussi
des moteurs A gaz pour descendre et monter la cuillere. Les
tours sont élevees les unes a côté des autres A 70 metres de
pistance ; A Baicoi a 40 metres seulement. A Bustenari, les
sondages se trouvent l'un a ate de l'autre; frequemment l'un
enleve ainsi le pétrole a l'autre.
Les champs petroliferes appartiennent A differentes socie-
tes; par leurs forages, les unes empietent sur les droits des
autres. Elles ont acquis le terrain par des contrats avec des
milliers de paysans. Quelques-unes ont aussi acheté de grandes
propriétes. La Steaua Romana a achete avant la guerre sa zone
pétrolifere de 11 500 hectares A 3500 paysans. Si l'Etat roumain
avait cree un monopole du petrole, on aurait pu partager,
d'apres un plan, les terrains pétroliferes et organiser une extrac-
tion systématique du petrole. On a reconnu trop tard lé prin-
cipe que les trésors de la terre appartiennent A l'Etat. Au debut,
on a tout cédé au capital privé. Celui-ci oftrit des indemnités
enormes aux propriétaires et divisa le sous-sol sans plan. C'est
pourquoi les terrains petroliferes des diverses societes sorit situés
aujourd'hui les uns dans les auh-es.

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378 L'industrie

Le petrole brut qui sort de la terre est recueilli dans


des fosses ou dans de grands reservoirs en Vile semblables
aux gazometres.
On ne peut pas l'utiliser dans cet état. On le transporte
a l'aide d'une conduite ou dans des wagons-citernes par chemin
de fer dans une raffinerie ou il est fractionné et purifie. Par
la distillation, on separe les parties nuisibles au pétrole destine
a l'éclairage. On obtient ainsi avec le petrole brut d'autres ,sortes
de pétrole. Celui-ci est tout d'abord faiblement chauffe dans
des recipients fermes; puis de plus en plus. Les vapeurs qui
se degagent aux diverses temperatures sont recueillies dans des
vases refroidis et se liquefient de nouveau. Les grandes raffi-
neries, qui servent en premier lieu a la distillation, et qu'on
devrait appeler des distilleries, ont introduit aujourd'hui la
Le petrole coule a travers une série de
distillation continue.
chaudieres de sorte que chaque chaudiere fournit un produit
distillé particulier. Le liquide initial est ainsi divisé en phi-
sieurs parties avec des points d'ébullition differents.
La premiere partie obtenue a une temperature de 150 de-
grés apres l'eloignement des gaz dissous dans l'huile minérale est
la benzine brute. La teneur des petroles bruts en benzine est
tres diverse; l'un en contient 50/o, un autre 300/0. La benzine
est la substance la plus chere du petrole; son pourcentage en'
benzine est donc d'une grande importance économique. Elle
est employee pour les avions, automobiles, moteurs. Son usage
grandit sans cesse.
La seconde partie qui est éliminee a une temperature de
150 a 300 degrés eSt le petrole brut qui fournit le pétr o'l e ser-
vant a l'é clair a g e. Si l'on interrompt la distillation a 275
degrés, les parties qui ont passe fournissent le petrole qui actionne
les moteurs; celles qui suivent entre 275 et 300 degres sont
utilises comme petr ole a gaz, employe pour la production
de gaz d'eclairage. A cause de sa fluorescence, on l'appelle aussi
pétrole vert ou petrole bleu. Le petrole roumain contient des
quantites tres diverses de ces produits: 30 a 35% a Bustenari,
250/0 a Campina, presque 450/0 a Campeni (Bacau) et merne 50
a 550/o a Policiori (Buzau).
La troisieme partie qui renferme les résidus de cette
distillation comprend:
10 Les h uiles lour des servant a la fabrication des huiles
a graisser.
20 Les huil es de p ar a f fine d'oU l'on extrait la pa-
raffine servant a la fabrication des bougies. Les petroles de
Tetcani et de Campeni sont les plus riches en paraffine.

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Le parole 379

Le residu de la distillation est une masse noire, la pacura


(mazout), qu'on emploie comme combustible. Jusqu'en 1895
environ, on brfilait directement le pétrole; plus tard, on le
mélangeait avec du bois ou du charbon; aujourd'hui, on emploie
dans la plupart des établissements le chauffage au mazout.
Ses avantages sont:
10 Puissance de chauffage fres grande, variant entre 9 500
et 11 500 calories; c'est-h-dire 10 000 calories en moyenne, contre
7000 calories des bonnes houilles.
2° Emploi tres simple et reduction du nombre des chauf-
feurs. Un chauffeur et un aide peuvent servir 8 chaudieres h
vapeur.
3° Economic d'espace, question importante dans les navires
et chernins de fer.
4° Suppression complete des cendres, de la fumée, des étin-
celles.
50 Empechement de gaspiller les combustibles, chose ine-
vitable avec le chauffage au charbon.
.60 Uniformite et inalterabilite du combustible et par suite
pertes faibles; tandis qu'avec la houille 900/o de la chaleur sont
parfois perdus, l'effet calorique du chauffage aux résidus de
pétrole est de 900/0.
7° Chauffage éleve des chaudieres avec bonne utilisation du
combustible, ce qui est impossible avec la houillel.
La valeur des diverses parties du pétrole depend de leur
poids spécifique: plus elles sont legeres, plus grande est leur
valeur. C'est pourquoi la benzine est plus chere que le pétrole.
Les residus ont le moins de valeur; ils restent dans les chau-
dieres et sont utilises comme combustibles.
Presque tous les produits de la distillation, la benzine et
le petrole servant h l'éclairage surtout sont soumis h une
seconde operation, au raf finag e. Les huiles de chauffage
font exception. L'a cid e sulfurique est le moyen de raf-
finage ordinaire. Ii éloigne les carbures d'hydrogene insolubles,
qui diminuent la valeur du produit fini, en les polymérisant,
oxydant ou resinifiant.
Il a fallu longtemps pour produire en Roumanie un petrole
qui ne fume pas et ait un pouvoir eclairant égal a celui des
autres huiles minérales. C'est le Dr Edeleanu qui y a réussi en
le traitant h l'acide sulfurique liquide. Aujourd'hui, le pe-
trole roumain ne le cede en rien au petrole pensylvanien quant
I Kissling, page 98.

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380 L'industrie

a son pouvoir éclairant. La paraffine contenue dans le pétrole


porte prejudice a son emploi. Aussi cherche-t-on a Peliminer
le plus possible par la voie physique en utilisant le lroid
(appareils de congelation a Pammoniaque).

Les grandes Societés possedent leurs propres r a f fin e-


r i e s. II existe en otitre de nonibreuses petites raffineries qui
travaillent le petrole brut des societés qui n'ont pas de raffinerie.
Nous pouvons distinguer:
1° Les raffineries de producteurs dont le parole brut pro-
vient de leurs propres entreprises.
2° Les raffineries pures qui tirent le petrole brut d'autres
entreprises, car toutes les sociétes n'ont pas de raffinerie.
3° Les raffineries mixtes qui travaillent leur pétrole et le
pétrole &ranger.
La grande difficulté qui se montra dans les premiers temps
de leur exploitation était d'approvisionner les raffineries regu-
lierement et constamment en pétrole brut. La plupart des fabri-
ques étaient en retard au point de vue technique. Alimane-
stianu écrit a ce sujetl: «En 1900, on comptait 73 raffine-
ries, dont 8 seulement méritaient ce nom; les autres devraient etre
transformees conformément aux progres de la technique ou
fermées, car leurs produits tres mauvais nuisent a la reputation
du pétrole roumain.»
Plus tard, la plupart des raffineries ont été transformees en
grands établissements modernes avec le procéde de distillation
continue qui travaille de plus grandes quantités que le procede
discontinue. Les batteries de chaudieres, les refrigerants, les
recipients de rectification et les reservoirs ont pris des dimen-
sions gigantesques.
Avant la guerre, ii y avait 65 fabriques dont 10 d'une
capacité de distillation supérieure a 10 000 wagons annuellement;
toutes appartenaient au capital étranger; et 55 de rendement
inférieur dont la plus grande partie etait la proprieté de Roumains.
En 1913, toutes ces raffineries travaillerent 1 million 800 000
tonnes de petrole brut et obtinrent les produits suivants:
422 000 tonnes de benzine de diverses categories,
380 000 de pétrole pour l'éclairage,
48 500 d'huiles diverses,
906 760 de residus.
Les 10 grandes raffineries étrangeres raffinerent 94,5% de
la production totale de petrole brut et les 5,50/o restants furent
travaillés par les autres raffineries.
I Alimanestiau Le sous-sol de la Rournanie, Bucarest, 1900, page 13,

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Le pétrole 381

Voici la capacite de distillation des 10 raffineries les plus


importantes et les quantités qu'elles fabriquent:
noms des sociétés capacité de distillation quantités fabriquées
annuelle en tonnes en tonnes %
Steaua Romana . . . 851 930 470 156 26,2
Astra Romana . . . 723 980 363 312 20,3
Romana-Americana . 453 760 301 596 16,9
Vega 508 170 169 182 9,5
Aquila Franco Romana 244 440 231 820 7,4
Orion 237 890 95 041 5,3
Colombia . . . . 209 570 75 018 4,3
Romania Consolidated
Oilfields Ltd . . . . 95 980 43 305 2,4
Standard . . . . . 164 110 38 943 2,2
Aurora n'a rien fabriqué 94,5
En 1923, le nombre des raffineries etait de 63. Elles ont
travaillé 870/o de la production globale du pays. Elles ont
distillé 1 357 224 tonnes de pétrole. Elles ont produit:
300 847 tonnes de benzine
213 206 de pétrole
126 103 d'huiles minerales
667 535 de résidus.
Pendant les 5 dernieres années (1919-1923), la produc-
tion relative oscilla entre
20,6 et 23,5 % pour la benzine
16,0 21,0 % le petrole a lampe
7,5 9,4 % le pétrole a gaz
47,8 50,0 % le mazout.
Les pertes oscillerent pendant ce temps entre 2,1 et ,

2,50/o. La plus grande raffinerie de l'Europe entiere est celle


de la Steaua Romana a Campina. Sa capacité est de 850 000
tonnes en chiffres ronds. Les plus grandes raffineries sont
a Ploesti et dans ses; environs. Les raffineries du distria de
la Prahova ont travaillé 1 million 180 000 tonnes en 1923.
D'apres leur grandeur, les raffineries se classent ainsi: Bucarest,
Constanza, Targoviste.
En 1923, la consommation de la benzine atteignit 87 590
tonnes; le triple de la consommation de 1914. La ,consom-
mation du petrole pour lampe a double; elle se monte a 97 359
tonnes. Celle des huiles minerales a triple; elle s'eleve a 116 382
tonnes en 1923, contre 40 000 tonnes en 1914. Par contre,
la consommation du mazout, quit etait presque génerale dans le
rays, a diminue; elle a passé de 524 000 tonnes en 1914 a
462 000 en 1923. Celle de la paraffine a peu change: 1400
tonnes en 1914, contre 1609 en 1923.
L'organisation économique et technique de l'industrie du
pétrole serait incomplete si elle n'embrassait pas le transpor t.

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382 L'industrie

La grande exploitation parvenue au supreme degre de deve-


loppement exige une bonne organisation du transport. Les
Américains en ont donne un exemple magnifique. Ils ont reuni
tous les stades, depuis la source jusqu'aux raffineries et jusqu'à
la consommation en detail. Ils n'ont pu le faire qu'avec un
systeme de transport reposant sur des principes économiques.
Le transport du pétrole brut s'effectue par des wagons-
citernes ou par des conduites. Sur mer, on utilise des bateaux-
reservoirs. A partir d'une certaine limite de la production, il
est meilleur marche de transporter le pétrole brut aux raffineries
par des conduites que dans des wagons-citernes par chemin
de fer. Le petrole raffiné est aussi transporté par des con-
duites aux grandes places de chargement.
En 1912, le gouvernement roumain fit construire trois gran-
des conduites, des pipe-lines, des centres petroliferes a la
mer Noire. Elles suivent la ligne de chemin de fer Baicoi-
Ploesti-Buzau-Faurei-Fetasti-Constantza. Les conduites ont une
longueur de 300 kilometres. L'une est formée de tuyaux d'un
diametre de 9 a 10 ponces; elle est destinée au pétrole brut.
Son debit annuel est d'un million de tonnes. Les deux autres
ont 5 ponces de diametre et servent au transport des huiles
legeres. Les conduites ont coute 25 millions de lei; le tarif
était de 1/2 centime la tonne par kilometre, de sorte qu'une tonne
cofitait 450 lei jusqu'a Constantza; par chemin de fer elle
coiltait 630 lei.
La guerre mondiale paralysa le transport du pétrole par
cette conduite. Elle fut détournée vers Giurgiu pendant l'occu-
pation allemande, car le transport par mer etait ferule"; par
contre, il était possible par le Danube pour les puissances
centrales.
Le port de Constantza, d'oli 900/0 du petrole destine a l'ex-
portation (1 million de tonnes) était exporte, est équipé d'une
installation complete de dechargement et de chargement. Un
bateau de 450 wagons est chargé en 24 heures.

L'Etat roumain possede dans le port de Constantza 40 grands


reservoirs d'une capacité totale de 196 250 metres cubes. Ces
installations sont louées pour 25 années aux sociétes suivantes:
Steaua Romana 13 reservoirs de 65 000 metres cubes de capacité
Astra Romana 8 . 40 000 N V

Credit pétrolifa 7 . 35 000 t1 0


Romana-Americana 5 , 25 000
Aquila Franco Romana 4 . . 16 250 . 11 A le

Colombia 2 10 000 ,,
Roumani Consolidated
Oilfields Ltd. 1 5 000 V 9 .
*

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Le pétrole 383

Outre ces reservoirs appartenant a l'Etat, les societes ont


les leurs:
( 16 réservoirs-dépiits (
Steaua Romana ( 11 récepteurs e 38 000 metres cubes
t
( 14 réservoirs-dépots (
Astra Romana ( 5 récepteurs 52 000 .
(
Romana-Americana 6 réservoirs-dépots 25 000
Aquila Franco Romana 13 ,, . 32 000
Toutes ces installations sont réunies par Iles coriduites avec
les installations publiques d'exportation, par oil toutes les quail--
tités de petrole et de produits petroliers exportées doivent passer
le contrOle douanier.
A cote de Constantza, les ports suivants du Danube sont
pourvus d'installations d'entrepOt: Braila, Giurgiu, Oltenitza (24
reservoirs d'une contenance de 24 000 tonnes environ, appar-
tenant a des societes privees); les entrepOts publics des con-
duites de pétrole a Baicoi, Cernavoda, Constantza-Palas d'une
capacité de 1 million 300 000 tonnes.
L'Etat fait preuve d'une grande intelligence economique en
construisant des pipe lines et des reservoirs servant A PentrepOt.
En gardant ce pouvoir sur l'appareil des transports, il a pu em-
Ocher le capital étranger d'acquerir le monopole du pétrole.
La Roumanie ne possede aucune organisation que l'on pourrait
comparer a celle de la Standard Oil Company. En Amériquei,
le trust du petrole a été possible parce que les transports sont
Testes entre les mains de particuliers. En Roumanie, le gouver-
nement a pris des mesures a temps pour que l'industrie du pé-
trole ne s'organise pas a la maniere américaine et a mis en
regie une partie essentielle de l'exploitation petroliere.

L'exploitation des richesses en pétrole de la terre exige


de grands moyens que la Roumanie ne possedait pas. L'arrivée
de capitaux étrangers était faible les premiers temps de stag-,
nation miniere. Elle s'élevait A 23 millions de lei de 1865 a 1895
ou a 21 millions de 1873 a 1895, c'est-a-dire a un peu moin's
d'un million annuellement. Vers 1895, une nouvelle époque com-
mence. Les capitaux etrangers arrivent en foule. De 1896
a 1900, 36 millions sont investis dans l'industrie petroliere.
Les causes qui ont empeche le capital &ranger de pénétrer
plus tot dans cette industrie dependent de la constitution du
pays et des difficultes dont il a ete question A propos de son
evolution politique. La Roumanie se mit en voie de devenir
un Etat moderne lorsque 1e roi Charles fut monte sur le &One.
On ne soupconnait pas encore a cette époque quelles richesses le
sol renfermait. L'energie de l'Etat fut beaucoup plus concentree
sur l'affermissement de l'organisation politique que sur fe deve-
loppement Cconomique du pays. La détresse financiere, la grave

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384 L'industrie

crise financiere de 1899 surtout l'obligea a y consacrer une


plus grande attention. L'appel de capitaux étrangers et l'exécu-
tion des conditions auxquelles ils pouvaient travailler sont en
rapport étroit avec les difficultes financieres, c'est-à-dire avec les
faibles moyens dont on disposait en Roumanie; ceux-ci ne
permettaient pas de creer de grandes entreprises, sans parley
du personnel qualifié necessaire qui manquait aussi.
Il est caractéristique que les premieres négociations eurent
lieu avec un groupe d'intéressés americains et allemands, c'est-
a-dire avec la Standard Oil Company et la Disconto-Gesellschaft
qui operaient ensemble'. Les mauvaises récoltes en Roumanie
avaient cause une grave crise financiere et en deux annees
le deficit du budget avait atteint 74 millions de lei, c'est-h-dire le
tiers du budget annuel. Le trust petrolier americain se croyait
alors menace par le pétrole russe. En 1898 et en 1899, la produc-
tion russe avait éte superieure a la production americaine. Le trust
avait interet a consolider sa puissance sur le continent europeen
par l'acquisition de concessions de petrole roumaines. La Dis-
conto-Gesellschaft envoya a Bucarest un geologue qui prit part
aux negociations avec le trust Standard Oil. Celui-ci et la
Disconto-Gesellschaft qui formaient un consortium proposerent
au gouvernement conservateur de Carp de leur accorder pour 50
années la concession sur les terrains petroliferes de l'Etat point
les travaux de fouilles et l'exploitation d'une superficie de 15 000
hectares; puis la concession pour la construction et l'exploitation
exclusive d'une conduite allant de Campina a Constantza, de-
stinée au transport du petrole brut, pendant 30 annees. Cepen-
dant le consortium n'etait pas tenu de construire cette conduite
avant que la production de petrole brut de toute la Roumani,e.
filt de 600 000 tonnes. En échange, ii donnait tout de suite
a I'Etat roumain un pret de 10 millions sous la forme d'avance
sur les redevances annuelles futures (81/2 de la production brute),
pour les terrains de la concession. Cet accord ne réussit pas.
La resistance du pays le fit échouer. L'opposition libérale montra
que le gouvernement livrait a Petranger tout l'avetiir de l'industrie
du pétrole pour couvrir un -deficit momentané. Les liberaux se
firent les défenseurs des interets nationaux et rejeterent l'accord
avec la Standard Oil Company et la Disconto-Gesellschaft. Sous
la pression de l'opinion publique echoua également en 1900 une
autre proposition de la Disconto-Gesellschaft, d'apres laquelle on
renoncait a une pipe-line propre et voulait seulement discuter
1a construction d'une conduite de l'Etat.
Ces négociations avaient éte negatives; cependant elles eurent
pour la Roumanie- l'avantage d'attirer les yeux du monde sur le
1 Frédéric Haase: Die Erdölinteressen der Deutschen Bank und der
Direktion der Disconto-Gesellschaft in Rumänien, Berlin 1922, page 34 et
les suivantes.

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Le pétrole 385

petrole roumain. On se dit qu'un pays auquel la Standard


Oil Company témoigne de l'intéret doit avoir de l'avenir. La
consequence fut que les capitaux etrangers prirent une forte
initiative.
La situation interieure s'était améliorée dans l'intervalle;
tine administration des finances niéthodique avait mis fin a
l'embarras dans lequel se trouvait l'Etat. Le nouveau gouver-
nement liberal de Sturdza fit des conditions a l'étranger. II
voulait accorder au capital étranger des concessions de terrains
pétroliferes de l'Etat; mais ii les faisait dépendre de conditions
importantes pour les interets nationaux du pays, de l'emploi de la
main-d'ceuvre roumaine, etc. La Disconto-Gesellschaft ne fut pas
disposee a faire des concessions dans cet ordre d'idees et les
pourparlers qui eurent lieu a Berlin n'eurent pas de résultat posi-
tif. En 1905, sous le cabinet conservateur Cantacuzene parvenu au
pouvoir l'année d'avant, on vota un reglement prohibitif qui
rendait l'acquisition de grands terrains petroliferes de l'Etai si
difficile qu'aucune concession ne fut accordée de 1905 a 1909.
Deux banques, la Deutsche Bank et la Disconto-
G es ells cha f t réussirent d'une autre facon, a prendre pied
dans l'industrie petroliere de la Roumanie. La Deutsche Bank
assainit la grande Steaua Romana, a Bucarest. Cette société
avait Eté fondee en 1895 avec un capital de 2 millions 400 000
a l'instigation de la maison Offenheim 8z Singer et avec le
concours de la Banque hongroise du Commerce et de l'Industrie
en prenant les affaires commerciales et industrielles de l'ancienne
Societatea pentru industria si comertul petrolului. Elle avait place
beaucoup d'argent dans la possession de terrains non exploites
et avait dâ suspendxe ses payements a Londres apres le fiasco
de la Banque hongroise du Commerce et de l'Industrie dans la
fondation du Oil trust roumain. 11 fallait la seconder financiere-
ment et la reconstituer. La Deutsche Bank s'en chargea. Elle
recut la moitie des 16 millions de lei d'actions de la Steaua
Romana qui se trouvaient dans le portefeuille de la Banque
hongroise et le droit d'option pour l'autre moitie. Le contrat
qui fixa l'assainissement die Pentreprise est date du 30 juillet
1903. Suivant l'arrangement qui fut fait, le capital de la Steaua
Romana fut porte de 10 a 17 millions, ses dettes furent con-
siderablement réduites. En acquérant la plus grande partie des
actions et en investissant de nouveaux capitaux la Deutsche
Bank &assure le contrôle de la Steaua Romana. Arthur von
Gewinner et Heinemann entrent dans le conseil d'administra-
tion. En 1904, la Deutsche Bank fonde avec le 'Wiener Bank .
verein, la Darmstadter Bank, la Nationalbank für Deutschland,
etc., la Deutsche Petroleum-Aktiengesellschaft, (la Societe ano-
nyme de petrole allemande) a Berlin, dans le but de mieux con-
trôler et de reunir ses intérets pétroliers. L'annee suivante
25

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386 L'industrie

seulement, le public apprit cette creation. Dans le rapport de


la Deutsche Bank sur l'exercice 1904, il est dit: «Une creancq
d'autrefois que nous avions indirectement sur la plus impor-
tante des Societés petrolieres roumaines (Steaua Romana) a
éte le point de depart de notre participation dans l'industrie
petroliere roumaine.»
La Deutsche Bank fit de la Steaua Romana une grande entre-
prise dont la structure forme tine organisation centralisée. Elle
represente un tout complet, depuis le pétrole des puits jusqu'a la
vente des produits ratlines, d'une grande economie, la reunion
d'une société de production, de raffinage et de commerce.
Presque a la meme époque (1903), la Disconto-Gesellschaft
pénétra aussi dans l'industrie pétroliere roumaine par la voie de
la participation en declarant vouloir prendre de concert avec la
maison Bleichröder 80 000 nouvelles shares a 1 livre sterling de
la Telega Oil Compagnie limited a Londres a condition d'avoir
une influence dominante sur l'entreprise. Cette société était
dans une situation difficile par suite de nombreux forages in-
fructueux, de la baisse des prix du petrole et de l'utilisation
défecteuse de sa production parce qu'elle n'avait pas de raffinerie
a elle. Plus tard, elle eut aussi peu de succes. L Bustenarii;
société anonyme de l'Industrie du pétrole a Ploesti, eut de meil-
leurs résultats pour le capital allemand. Elle avait ete formée
par la reunion de plusieurs entreprises qui tiraient le petrole de
puits creuses a la main. En 1907, ces deux societes fusionnerent.
La nouvelle société prit le mon de Concordia, Societe
anonyme roumaine pour l'Industrie du pétrole. Deux autres
sociétés furent constituées: la Societe de raffinerie Vega qui
crea a Ploesti une raffinerie dont l'exploitation commenca en
1905; elle permit au konzern pétrolier de la Disconto-Geseill-
schaft de pratiquer lui-meme la distillation et le raffinage de son
pétrole brut; et le Credit petrolif er, société de vente,
de transport et d'entrepôt, chargee d'écouler les produits. La
Disconto-Gesellschaft n'eut pas beaucoup de bonheur avec la
Concordia. Le rendement diminua beaucoup dans le district
de Bustenarii oü etaient situées ses concessions. Le deficit
grandit d'année en armee. II fut supprime en 1912 par tine
conversion du capital dans la proportion de 2 a 1. En meme
temps, on acquit de nouveaux terrains petroliferes a Moreni
pour agrandir la base de l'entreprise. La Vega, par contre, qui
est la troisieme raffinerie de la Roumanie donna de meilleurs
résultats grace au procédé du docteur L. Edeleanu. En 1909,
ii fut nomme directeur. 11 devait sa renommée au brevet de
raffinage qui porte son nom et qui permet de fabriquer un pro-
duit de premiere qualité, égal au pétrole pensylvanien.
En 1911, la Deutsche Erdöl Aktiengesellschaft (Deag) qui
avait deja le contrôle d'une partie considerable de la production

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Le petrole 387

pétroliere allemande (alsacienne et hanovrienne) et aussi de


l'influence en Galicie par le portefeuille de l'Api (Aktiengesell-
schaft far Petroleum Industrie) acquit une partie importante des
actions de la Concordia, du, Credit-Petrolifer et de la Vega. La
Disconto-Gesellschaft et la maison BleichrOder creerent ainsi un
monopole d'une grande partie de leur possession de terrains
pétroliferes roumains. Auparavant, la Disconto-Gesellschaft
s'etait assure la majorité dans la Deag, de sorte qu'elle dominait
indirectement les entreprises mentionnées. L'acquisition de la
majorite des actions de la Societe d'exportation d'huiles Ole x
permit a la Deag de mettre fin a la lutte de l'Olex avec la Stan-
dard Oil Company. L'organisation de vente de l'Olex fut
agrandi et devint la sociéte de vente generale de tout le kon-
zern du pétrole, de la benzine et du mazout. L'Allemagne fut
couverte d'un réseau de succursales a Berlin, Munich, Breslau,
Diisseldorf, Dresde, Francfort-sur-le-Main, Hambourg. En outre,
l'Olex s'étendit en Suisse (Zurich), en Belgique (Anvers) et en
Hollande (Rotterdam)1).
L'intervention de deux konzerns de la Deutsche Bank et de
la Disconto-Gesellschaft et de leurs allies en Roumanie repose
sur deux systemes différents. Le systeme centralisateur
de la Deutsche Bank a fourni les meilleurs résultats, tandis que le
systeme féderatif de la Disconto-Gesellschaft jusqu'A l'entrée
de la Deag ne représentait aucune unite économique veritable.
Le konzern de la Deutsche Bank était sans aucun doute le plus
grand et le plus important. Il occupait le premier rang comme
rendement; les entreprises du konzern de la Disconto-Gesell-
schaft étaient d'un rendement divers.
En résumé les sociétés pétrolieres par le capital allemand
possédaient -en 1915, avant que la Roumanie ne prenne part a la
guerre, qui devait amener une liquidation complete de ces parti-
cipations, les fonds sociaux suivants:
Steaua Romana 120 millions de lei
Concordia 12 , 500 000 ,
Credit Petrolifer 6 , P
Vega 5 .
Tout le capital de la Steaua Romana et des autres societal
n'appartenait pas au groupe allemand. Elles avaient aussi d'autres
capitaux. Mais le capital allemand travaillait dans d'autres
sociétés, par exemple dans l'Astra Romana, entreprise contrôlée
par les Hollandais. Pour cela ii n'est pas possible de calculer sa
participation exacte.
Néanmoins les capitaux allemands avaient une grande im-
portance. Leur part était de 39% dans le quatre societés ci-
dessus, dont la production représentait les 700/o de la production
globale.
1 Haase, page 85.
25*

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388 L'industrie

Les causes de la participation des capitaux


allemands etaient diverses. En premier lieu la Roumanie
occupe le premier rang quant A la productivité des sources de
pétrole. Ii faut ajouter la nécessité de s'étendre vers l'est, le
désir de l'Allemagne de s'approvisionner en combustibles et
derives du parole, qui conduisit a une grande organisation de
l'exportation; enfin le besoin de se rendre independant des im-
portations de petrole des Etats-Unis en cas de guerre.
La puissance dirigeante que l'Allemagne avait obtenue dans
l'industrie pétroliere roumaine a été perdue par la perte de la
guerre. La Steaua Romana et les autres societés allemandes ont
ete mises sous séquestre. Par la convention p étroliere
de San Remo, signee le 25 avril 1920, entre M. Lloyd George
et M. Millerand et qui realise l'entente avec le gouvernement rou-
main sur le partage de l'ancienne proprieté allemande entre des
groupes roumains, anglais et francais, la Steaua Romana passa
sous le contrôle d'intéressés anglais et francais. Le séquestre
fut levé lorsque les stipulations suivantes furent arrêtées: le
groupe allemand rachete un poste de plus de 3 millions de marks
d'actions de petrole avec lequel la Steaua Romana avait participe
au syndicat A la tete duquel se trouvait la Deutsche Petroleum
Aktiengesellschaft. Il en est de merne des 12 millions 500 000
de parts de l'Europaische Petroleum Union que la Steaua Romana
avait acquises de la Deutsche Bank, respectivement de la
Deutsche Petroleum Aktiengesellschaft. Le droit de vote des
parts de l'Europaische Petroleum Union restant A la Steaua
Romana du rnontant de 6 millions 200 000 en chiffres ronds sera
réuni, pour la durée de 30 annees, A celui des parts allemandes
sous la direction du groupe allemand. Par contre, la Steaua
Romana conserve naturellement une representation directe
d'interet dans la commission de l'Europaische Petroleum
Union. De meme, le groupe allemand reprend une partici-
pation de la Steaua Romana a un syndicat international
qui a droit A une indemnité pour les actions de la British
Petroleum Company limited, de la Homelight Oil Company
limited et de la Petroleum Steamship Company limited A Londres
vendues par le Public Trustee anglais. Des arrangements
analogues ont eté conclus A propos des trois Sociétés de vente
allemandes de la Steaua, c'est-A-dire de la Steaua Romana
G. m. b. H. (société a responsabilité limitée) A Ratisbonne, Ham-
bourg et Berlin, tandis qu'un poste de 80/0 des actions du Lloyd
bavarois reste dans le portefeuille de la Steaua Romana, a Bu-
carest, dans le but de maintenir des rapports d'intérets &ono-
miques avec la navigation danubienne. Le consortium qui prit
la suite des affaires de la Steaua Romana était compose: d'un
groupe roumain A la tete duquel se trouvait la Banca
Marmorosch, Blank & Cie ; il recut 510/0; d'un groupe

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Le pétrole 389

anglais représenté par la Banque Stern Brothers A Londres;


la British Steaua Romana a eté fondée sous la forme de Société
fiduciaire pour se charger de 24,5%; d'un gr o up e f r anc a is
A la tete duquel se trouvait la Banque de Paris et des Pays-Bas
et qui recut également 24,5%. Le groupe roumain détiendra
55%, les groupes anglais et francais détiendront par moitid 45%
en cas d'agrandissement de la societé.1
Les entreprises petrolieres appartenant autrefois au konzern
de la Disconto-Gesellschaft, respectivement A la Deag, se trou-
vent aujourd'hui sous le contrôle de la Compagnie Industri'elle
des Petroles a Paris et de la Societe ,Financiere belge. La
premiere administre la Concordia et le Credit Petrolifer; la
derniere la Vega.
Aujourd'hui, les anciennes entreprises allemandes sont
nationalisée s. La loi miniere du 4 juillet 1924 en forme
la base. Apres de longues négociations a Paris et a Londres,
avec les groupes financiers français et anglais, le gouvernelment
roumain recut gratuitement un important paquet d'actions de la
Steaua Romana, de sorte qu'il dispose de la majorité des voix
avec les autres actionnaires roumains. Dans l'administration
et le conseil, les Roumains ont la majorite.
Le capital américain pénetra beaucoup plus tard en
Roumanie. En 1900, la Standard Oil Company fit des acquisi-
tions et en 1910, les Hollandais prirent part a l'exploitation du
pétrole dans le groupe Royal Dutch Shell. Le capital allemand
s'est montre le premier entreprenant et n'a pas craint les risques
réunis aux fouilles de parole. Le capital anglais ne s'est pas
engage tout de suite, mais dernierement seulement lorsque des
compagnies de pétrole françaises eurent été constituees. Les
Anglais furent quelque peu contraries lorsque quelques-unes de
leurs fondations se montrèrent peu heureuses. On regardait
Londres l'industrie pétroliere roumaine comme un grand
mystere. Le scandale qui eut lieu A la Bourse A l'occasion des
mauvais resultats de la Berca Petroleum Company, en 1901 et
1902, et la Constitution de l'Anglo Routnanian Petroleum Com-
pany limited, en septembre 1908, n'étaient pas propres a fortifier
la confiance pour attirer d'autres capitaux anglais. Cette
situation se modifia lorsque la marine anglaise fit naitre une
forte demande en introduisant le pétrole pour chauf f er les
chaudieres et mouvoir les moteurs. De nombreux
reservoirs de pétrole furent installés dans un grand nombre de
stations. Ces nouvelles possibilités d'emploi du pétrole dans
la flotte frayerent la voie au capital anglais pour de grandst
engagements dans l'industrie du pétrole roumaine.
Handbuch für die internationale Petroleumindustrie, arm&
1924-1925, chez Mossner, Berlin.

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390 L'industrie

Nous trouvons aussi des capitaux beiges. italiens, autri-


ehiens et suisses intéressés dans cette branche de l'industrie.
Les bureaux d'administration de la plupart de ces grandes entre-
prises internationales se trouvent A Bucarest.
Le tableau suivant fait ressortir la participation des capitaux
des principaux groupes étrangers:
Le groupe allemand avait 110 millions de lei
. , anglais 95 . .
"
hollandais 80 . .
. francais . 40 . . .
. . amdricain . 25 . .
. . beige 12 . lb

autrichien . 8 . . .
italien 4 . .
*
suisse 3 "
/0

377 millions de lei


Par contre les sociétés anonymes roumaines n'étaient repré-
sentees que par 17 millions 500 000 lei.
Le capital allemand occupait donc la premiere place dans
l'industrie des pétroles roumaine, le capital anglais la seconde,
le capital hollandais la troisieme. La prospérité actuelle est
due aux capitaux étrangers. Les travaux cotiteux des fouilles,
la construction de reservoirs, de raffineries, de conduites, d'in-
stallations dans les ports et de bateaux-reservoirs exigeaient des
m o y e n s f i n a n c i e r s si importants que seuls les pays riches
pouvaient les trouver.
A l'aide de ces capitaux, un grand rayon a éte ouvert A
l'exploitation. Suivant les statistiques minieres de 1923, la
s u p e r f i c i e e x p I o i t 6 e est de 3280 hectares, c'est-A-dire
7% des surfaces concessionnées comprenant 48293
hectares') dont 47 073 hectares de p r o p r i e t é p r i v é e et 1219
de d o m a i n e s d e 1 ' E t a t. Le terrain qui est A la disposition
de l'exploitation privée est excessivement grand. La super-
ficie des terrains que l'on suppose renfermer du pétrole est
estimee A 100 000 ou 150 000 hectares. De grands moyens sont
encore nécessaires pour les exploiter.
En 1914, la part des capitaux étrangers dans l'industrie du
petrole roumaine s'élevait A 93%; la part de la Roumanie n'etait
donc que de 7%. Un demi-milliard en chiffres ronds y était
investi, 96 sociétés qui travaillaient dans cette industrie avant
la guerre avaient un capital verse de 405 millions de lei ou
536 millions de capital nominal. Il faut y ajouter 66 millions de
créances. Avec le capital des associations, syndicats et autres
entreprises pétrolières qui ne figuraient pas parmi les 96
sociétés, les petits exploitateurs et les raffineries surtout qui
formaient un montant de 35 millions; puis les 49 millions que
l'Etat avait investi dans les installations pour l'exportation A
Correspondance économique, N° 5, 1924, hage 7.

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Le pétrole 391

Constantza et les conduites de Bacoi-Constantza, on obtient une


somme globale d'un demi-milliard de lei en chiffres ronds
(540 millions).
Apres la guerre, la situation a totalement change. Les
sociétes a capital étranger ont passe en possession roumaine;
de nouvelles sociétés ont éte constituées avec des capitaux pure-
ment roumains. Le capital allemand a eté completement ecarté.
Au commencement de 1923,1. ii y avait 178, sociétés pétrolieres
en Roumanie ayant un capital de 1 miliard 400 millions de lei;
la meme armee, il s'éleva A 6 milliards 200 millions. D'apres
l'origine des capitaux, il y avait A la fin de 1923 en Roumanie:
100 sociétés de parole roumaines
30 a capitaux mixtes
34 . anglais
9 , . francais et anglais,
4 , , hollandais
1 italiens
178
A la fin de 1923, ces societés disposaient des capitaux sui-
vants:
3 669 millions 500 000 lei appartenant aux sociétés roumaines
2 156 600 000 . , mixtes
248 , 000 000 , anglaises
69 , 300 000 , . franco-belges
8 400 000 , . hollandaises
100 000 If italiennes
6 151 millions 900 000 lei

Notons parmi les plus importantes de ces entreprises:


Steaua Romana 465 (roumaine-anglo-francaise)
Astra Romana . . . 450 (hollandaise-suisse-francaise)
.

Romana-Americana . 500 (américaine)


Concordia 245 (belge-francaise)
Colombia
Petrol-Block . . ..... . 138 (francaise)
200 (hollandaise-tchécoslovaque-
Industria Romana de petrol (I. R. D. P.) 600 (roumaine) roumaine)
Aquila Franco-Romana . . . . . . 502 (roumaine)
Creditul Minier . . . . 200 (francaise)
. .

Romanian Consolidated Oilfields Com-


pany Ltd . . . . . . . . . . . ? (anglaise)
Orion . . . . 52 (hollandaise)
...... .
. . . . . . .

Internationala ? (hollandaise)
Romano-Belgiana . 40 (hollandaise)
Les benefices que les Sociétes de petrole roumaines réa-
lisent sont tres élevés. En 1923, ils se sont dlevds A 2 milliards
300 millions de lei bruts et A 1 milliard de lei nets. Convertis
en lei-or A raison de 1 leu or = 50 lei-papiei, on obtient 46 mil- .

lions de benefices brut soit 20 millions de lei-or. Avant la guerre,


les benefices étaient beaucoup plus grands. En 1915, alors que
le change roumain n'était pas encore deprecie, les bilans publies
2 Correspondance economique, N° 4, 1924.

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392 L'industrie

par les Societes de pétrole accusent un benfice brut de 100 mil-


lions et un benefice net de 47 millions environ. On obtient ainsi
pour un capital de 360 millions un benefice net de 15% en
moyenne. Les dividendes allaient de 5 a 400/0. La Romana-
Americana répartit 400/0, Astra Romana 200/0, Steaua Romana
10%. La Societe Sperantza put répartir un dividende de 375%;
mais elle n'était pas une société proprement dite d'exploitation,
elle possedait seulement des concessions de pétrole; 5 a 6
societés ont eu des pertes ne dépassant pas 1 million de lei.
Le capital-actions et lebénéfice net desdiverses
sociétés constituees dans le laps de temps de 1896 a 1923 ont été
comme suit ces dernieres années:
année de la
fondation capital-actions bénéfice net
Steaua Romana 1896 1920 100 millions de lei 49 millions 900 000 lei
1921 310 . . 7, 143 . 300 000 ,
1922 310 ,, . , 180 . 800 000 ,
1923 465 . . . 141 . 500 000 ,
Colombia 1900 1920 100 ,, ,, 64
- 200 000 ,
1921 120 n
, , 27 . 200 000 ,
1922 138 "
, 22py
"
800 000 .
1923 138 "
" 24 ,, 900 000 ,
Sperantza 1899 1920 1 . 456 000 . 5 . 935 121
1921 6 . 7 . 823 302
1922 6 . , 19 . 577 226 .
1923 18 . . 29 843 178 .
Colombia 1900 1920 100 . , 64 170 689 ,
1921 120 . 500 000 , 27 205 626 ,
1922 138 ,, , 22 765 268
1923 138 . . 24 874 141 ,
Primul conduct
Bustenari-Plopeni 1900 1920 1 . P
1921 1 .
1922 1 ,
1923 1 . le bilan manque
Aquila Franco-
1Romana 1904 1920 48 , 2 millions 938 296 ,
1921 66 ,, 7 , 503 288 ,
1922 66 5 ,, 967 788 .
1923 200 , 10 11 329 ,
Romana-Americana 1904 1920 150 , , 1 ,, 56 928 .
1921 200 . 194 , 457 728 .
1922 500 , . 92 , 57 851 .
1923 500 , 85 , 144 427 .
Nafta 1906 1920 10 2 928 659
1921 10 . 669 402
'
7,

1922 10 .
1023 10 , le bilan manque
Concordia 1907 1920 40 , 7 millions 113 095
1921 80 , 30 932 455 ,
1922 140 126 , 80 086 ,
1923 245 297 , 525 756 .

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Le pétrole 393

année de la
fondation
. capital-actions bénéfice net
Romana-Belgiana 1908 1920 17 millions 500 000 lei 744 350 lei
1921 25 ,
:,4. a 24 1922 25 E,Hi Eq
, 4 millions 262 189 , RA2=
0 1923 40 g le bilan manque
Petrolul 2% 1908 1920 5
..
_,,.

1921 10 .
11 1922 20 p.,_, II 35 435 . gs.7.2
1923 20 . 43 700 ,
Astra Romana 1909 1920 135 119 millions 805 372
gggg g . 242
1921 225 752 424 ,
1922 225 443 ,, 451 443 .
1923 450 . 583 . .
Orion 1910 1920 25 100 000 139 407
2rd 1921 30 100 000 , 172 656 .
1922 40 990 000 22 334 142 .
1923 52 100 000 le bilan manque
Titeiui 1915 1920
1921
1
11
200 000 133 236
648 877
MR
1922 25
711 1923 25
R
Cometa 1916 1920 10 # 5 millions 857 239 .
1921 20 . 6 661 852 .
1922 35 ,, 6 . 800 415 .
1923 35 # ,, le bilan manque
Redeventza 1918 1920 25 "
. 13 millions 855 334
1921 50 3, . 25 , 931 499 .
1922 71 . 43 693 352 . 2
1923 120 , 61 205 855 .
! 2
Petrol-Block 1918 1920 80 , 37 553 971 .
1921 80 , 40 204 821 .
1922 140 56 82 308 .
1923 200 . le bilan manque
Bitumul Matita 1919 1920 6 n

1921 6
1922 6
1923 6 .
Creditul Minier 1919 1920 25 . 181 557
1921 50 , 11 millions 285 275
1922 165 33 865 712 .
1923 502 750 000 102 P 395 000

Venus 1919 1920 500 000 1 # 498 900


1921 1 500 000 1 , 544 799
1922 2 500 000 1 . 573 669
1923 4 1 . 41 562 .
Industrie Romana
de Petrol 1920 1920 100 .
1921 100 105 407 ,
1922 210 22 . 109 439 .
1923 600 . 35 . ,.

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394 L'industrie

année de la
fondation capital-actions béndfice net
Sospiro 1920 1920 3 millions de lei
1921
1922
350
350
1923 700
.
. .
.
.
i
Nafta Romana 1920 1920 10
'
1921 10 .
"
1922 10 838 241 lei
"
1923 10
' .
Romania Petrolifera 1920 1920 25 . . 8 millions 743 021 lei
1921 25 ,, . 6 996 492
1922 25 . , 6 . 996 492
1923 100 . 16 ,
4
Petrolmina 1920 1920 25 . .
1921 25 .. . 324 427
1922 53 . 500 000 359 035
1923 53 ,, 500 000 .
Petro lul Româneso 1920 1920 37
" .
1921 37 . .
1922 37 .
.
1923 37 . 22 020
"
Generala Petrolifera 1920 1920 60 ,, . 430 027 .
1921 60 . , 267 141 ,
1922 60 . , 21
1
' 2 990 784 ,
3 1923 z g 262 353 ,
60 . , 2
1
Uniunea Petrolifera 1920 1920
1921
10
10
.
.
ig 1
Y:
1922 10 .
m. 1923 10 . . 116 786 .
E
Forajul 2 1920 1920
1921
15
15
.
.
n

.
1922 75 ,, .
1923 300 . le bilan manque
Petrolul Bucuresti 1920 1920 12
*
1921 12 . M

1922 12
. . 2 millions 30 929 ,
1923 25 . 2 773 690 ,
Câmpurile
Petrolifera Baicoi 1920 1920 22 .
1921 22 . . 1 . 66 666 ,
1922 22 . . 1 . 66 666
1923 22 . 1 . 496 471 .
Geonafta 1921 1921 12
1922 12 " 305 935 .
1923 12 512 961 ,
Sondrum 1921 1921 1 .
1922 1
1923 1
"
Alcor 1921 1921 8 .
1922 8 .
1923 8 . le bilan manque

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Le pétrole 395

année de la
fondation capital-actions bénéfice net
Pallas 1921 1921 6 millions lei 706 300 lei
1922 15 . 1 million 894 316 .
1923 15 74 906 .
Stella Petrolifera 1921 1921 10
' .
1922 10 129 635 .
1923 10 ' . le bilan manque
"
Societatea
de Petrol Govora 1921 1921 9 250 000
1922 9 . 250 000 ,
1923 22 500 000 . le bilan manque
Subsolul Roman 1922 1922 10 . . 105 095 ,.
1923 10 . ' 221 712 I
Le benefice reel de l'industrie pétroliere n'est pas dans les
prix de vente du pétrole brut, mais dans la difference entre les
frais de fabrication des derives du parole et leurs prix de vente
sur le marche mondial. Ces differences sont en faveur des
diverses organisations commerciales étrangeres qui sont
financées par les memes groupes financiers que les entreprises
pétrolieres elles-memes, inais qui ont une comptabilité séparée
et notent leur benefice pour elles.
La forte participation du capital étranger dans l'industrie
pétrolière roumaine explique le désir des Roumains de repousser
son influence et de le remplacer par des capitaux roumains. Les
nouvelles lois économiques assureront a la Roumanie la domi-
nation economique et financiere de ses sources de richesses.
La loi miniere du 4 juillet 1924 est la plus importante. Tout en
garantissant les droits acquis, elle veut étendre l'influence rou-
maine sur les entreprises économiques.
Le lieu et la production de l'industrie du pétrole dependent
des conditions geologiques. Nous avons vu que les puits de
pétrole se trouvent dans le tertiaire ancien en Moldahrie.
A cause de la profondeur, les difficultés et les frais des forages
sont eleves. En consequence, l'exploitation y a &é negligee.
En Muntenie les conditions sont plus favorables. Le pétrole est
relativement peu profond, les frais des sondages sont moins
hauts et les sources sont abondantes.
Dans quatre districts seulement, l'exploitation est systéma-
tique; 3 sont situés en Munténie et le quatrieme en Moldavie:
10 Le district de la Pr a ho va est le plus important. Sa pro-
duction etait de 1 million et demi de tonnes en 1914. Il comptait
805 sondages et 106 sources productives. Les contrees les plus an-
ciennes et les plus importantesi du district sont celles de Cam-,
pina, Bustenarii, Tintea, Baicoi, 'M or eni, la plus riche depuis
1904; elle produit annuellement 900 000 tonnes, c'est-a-dire la
'moitié de la production globale du pays.
1 Ce tableau a été emprunté A la Revue: Petroleum du 20 octobre 1924.

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396 L'industrie

2° Le district de Buzau occupe le second rang avec


150 000 tonnes; il possede 78 sondages et 44 sources. Les
localités importantes sont Policiori-Arbanasi, Sarata-Monteoru,
Berca.
30 Le district de la Dam bo vita avec une production de
50 000 tonnes fournies par 23 sondages et 52 sources. Les
centres importants sont Gura, Ocnitzei, Glodeni, Colibashi et
Ochiuri-Razvad qui s'est montre dernierement comme étant Pune
des contrées les plus riches en pétrole. L'occupation allemande
obtenu 40 wagons de pétrole par jour.
40 Le district de B a cau, en Moldayie, avec une production
de 50 000 tonnes, fournie par 78 sondages et 300 puits creuses
A la main. Les localités importantes sont: Moineshti, Zemesh,
Solontz, Staneshti, Campeni, Tetzcani.
La production de pétrole a été comme suit dans les divers
districts en 1924:
1 475 503 tonnes dans le district de la Prahova
225 840 , . . Ia Dambovita
101 450 dans le district de Buzau
48 438 , Bacau
La Prahova occupe le premier rang. En 1924, la contrée
de Moreni donna 877 927 tonnes. Le champ de Runcu accuse
le plus fort developpement. Sa production a éte de 147 826
tonnes en 1924, contre 65 321 en 1923. Pendant les derniers
mois de 1924, des sondages druptifs ont fourni une production
journaliere allant jusqu'à 200 citernes (2000 tonnes).
En 1923, la production a été de:
1 073 495 tonnes = 71% dans le district de la Prahova
305 961 = 20,2% WI b Dam bovita
90 128 = 6,0% . Buzau
42 652 = 2,8% . Bacau
66 n 1. Maramuresh
Ii y a lieu de faire une difference entre l'extraction dans
les champs petrolif er es de l'Etat et celle dans les
champs prives.
La production pétroliere, en 1923, s'éleva A:
502 973 tonnes dans les concessions de propriété publique
1 009 329 , propriétés privées
La part de l'Etat est de 33%; celle de la propriété privée
67%.
La valeur de cette production a augmente d'année en
armee. Durant les dernieres années, elle s'est montée a:
1 021 296 259 lei en 1921
1 875861 426 1922
3 756 254 774 1923

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Le petrole 397

II faut tenir compte du fait que le change a varie pendant


les differentes annees et que le leu a perdu de sa puissance
d'achat.

Le nombre des forages entrepris est important pour


l'avenir de la production du pétrole. Actuellement, il a déjA
dépassé celui d'avant-guerre. On a fore:
95 000 metres en 1915
47 127 1921
84 052 1922
114 705 1923
Cette forte augmentation est due partiellement A la grande
régularite dans la fourniture de Pénergie eleqtrique obtenue par
les nouvelles forces motrices électriques de Floresti.
D'apres les dernieres statistiques de 1924, le mombre des
forages et des sondages a été comme suit:
foraqes sondws
district abandonnds enexdcution productifs abandounds en execution productifs
Prahova 208 194 99 413 551 760
Dambovita 3 1 39 3 67 59
Buzau 22 7 23 31 33 85
Bacau 22 194 32 18 122
Valcea 1 2 1 7
Maramuresch 3 7
Vijuita 1

Total 256 204 355 482 671 1033

Le tableau suivant donne la production de petrole approxima-


Eve de la Roumanie des années passées. 11 est emprunté a
Pouvrage de Höfer sur le petrole et ses dérives (Brunswick,
1912). Les chiffres des dernieres annees proviennent des statisti-
ques officielles.
La production de parole de la Roumanie s'est elevée a.:
275 tonnes en 1857 15 000 tonnes en 1875 74 500 tonnes en 1893
495 ,, 1858 15 000 1876 70 550 1894
405 7/ 3, 1859 15 000 /1 1877 80 000 1895
1 188 » ,, 1860 15 000 P7
1978 75 570 ,, 1896
2 403 11 1861 15 000 1879 79 400 1897
3 226 1862 15 900 1880 106 570 1898
3 886 " 1863 16 900 ,, 1881 198 300 II 1899
4 591 II ,, 1864 19 000 I/ 33 1882 226 500 17
,, 1900
5 426 1865 19 400 1883 233 100 ,, 1901
5 915 1866 29 300 /7 3, 1884 226 500 " 1902
6 465 /7 1867 29 900 1885 384 300 1903
,
PP

7 062 ,, 1868 23 450 PP


1886 496 870 PI 1904
6 782 1869 25 300 71
1887 614 880 PP 1905
11 649 ,, 1870 30 400 ,, 1888 887 091 II 1906
11 572
'' 1871 41 400 1889 1 129 297 ,, 1907
PP

11 878 II 1872 53 300 PI 1890 1 147 723 lI 1908


14 468 ,, 1873 67 900 ,, 1891 1 297 257 1909
14 400 1874 82 500 PP 3, 1892 1 352 407 ,, 1910

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398 L'industrie

1 544 847 tonnes en 1911 900 000 tonnes en 1916 1 163 780 tonnes en 1921
1 804 761 1912 750 000 1917 1 368 929 1922
1 885 619 ,, 1913 950 000 " 1918 1 529 104 1923
1 783 947 11
,
1914 920 437 1919 1 847 235 I, 1924
1 600 001 t3 1915 1 034 048 . 1920

Le diagzamme suivant représente la production de petrole


de la Roumanie avant, pendant et apres la guerre.
if 66800 -. .10.- -
1.906000 ,--

I
1.800D0o
¶700/300
0800.000

/)
L000.000
1

taOcipoo
0300000
0200000
0100000
LOOODOO

900000
800000
7001300

900.000
mum
1,002100

00(1000

000000
,y/
......... ...
Jusqu'a 1913, la ligne monte rapidement. Cette armee, la
production du pétrole a éte de 1 885 619 tonnes. En 1914,
elle a été un peu inferieure, notamment 1 783 947 tonnes. Pen-
dant la guerre, elle diminua gonsiderablement.
La guerre porta un coup formidable A l'industrie petroliere.
Une action destructive de grande envergure fut entreprise pour
ne pas laisser tomber le pétrole dans les mains de l'ennemi.
La Commission incendiaire anglo-roumaine transforma en peu
de temps les installations techniques des champs petroliferes .

en un amas de décornbres. En quelques semaines fut detruit


ce que le capital etranger et l'activité humaine avaient mis des
annees A exiger. Les pompes et les autres machines d'exploita-
tion furent détruites A coups de marteau, les pieces importantes
des machines furent enlevées, les chaudieres A vapeur rendues
inutilisables par le chauffage a sec, les sondages exploitables
encloues en y jetant des pointeaux a rebours, le filet en bas, et
autres objets; les tours de forage, les grues et autres) installations
en bois furent brfllées, les citernes avec leurs provisions de petrole
transformees en une mer de feu. Les raffineries subirent le

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Le pétrole 399

meme sort. Les machines furent demontees et rendues inutilisa-


bles, les provisions livrees au feu. La fabrique d'acide sulfurique de
la Steaua Romana fut mise dans l'impossibilité de travailler par
Penlevement de la masse de contact en platine; il est vrai qu'on
ne réussit pas h détruire la grande raffinerie appartenant a cette
sociéte. II fallait absolument rendre impossible aux Allemands la
reprise de l'exploitation.1 Des peines séveres menaçaient ceux
qui ne suivraient pas exactement les formules de destruction de
la Commission incendiaire. Ainsi Pingenieur dans la section du-
quel on trouverait ultérieurement que les sondages n'avaient pas
eté suffisamment encloués avant l'occupation du pays était menace
de mort dans le district de Bustenarii.
L'armée d'occupation remis en peu de temps les sondages
en activité et reconstruisit les installations détruites. On retira
les corps étrangers d'une profondeur parfois de 400 h 600 metres.
Le 15 fevrier 1917, le premier sondage de la Steaua Romana fut
desencloue. Ce fut le debut de l'etat-major économique
qui avait pour mission de retablir la production. Fin mars 1917,
13 sondages etaient en exploitation; fin mars 1918, 369 sondages.
A la mi-juin 1917, la production journaliere était en moyenne de
338 wagons et avait déjà dépassé la moitie de la production
normale d'avant-guerre (580 h 600 wagons). On remit d'abord
les entreprises allemandes en ordre, notamment la Steaua-Ro-
mana et la Concordia. Les Sociétés neutres purent reprendre
le travail2 contre payement d'un prix d'achat fixe du petrole
qu'elles extrayaient.
Jusqu'a novembre 1918, la production globale fut de
1 450 000 tonnes de pétrole brut (environ 450 000 tonnes en.
1917 et 1 million en 1918). On le travailla dans les fabriques
de la Steaua Romana et de la Vega. Sur cette quantite de
1 450 000 tonnes, 84 000 furent livrées a la population civile du
pays; le reste fut exporté ou employe pour Parmée, sauf 30 000
tonnes qui allerent en Orient au prix de 700 lei la tonne.
Pendant l'occupation, le développement des autres sociétes
étrangeres fut fortement restreint en faveur des So ci etes
p é tr olieres allemande s. Presque toute leur propriéte
'fut saisie et administree par contrainte. La liquida-
tion formelle des entreprises petrolières des Societes étrangeres
ennemies eut lieu peu avant la conclusion de la paix en février.
1918. Elles furent acquises par la «Erdolindustrieanlage
G. m. b. H. (Erag)», entreprise privée ayant son siege h Berlin
avec une succursale h Bucarest. En vérité, elle avait l'Empire
allemand derriere elle; c'est lui qui prit aussi finalement les
I Haase, page 111.
2 Dr Eugen Graf Ledebur-Wicheln: Le mémoire sur le traité de paix
avec la Roumanie: Die offiziellen Aktenstiicke, Vienne 1918.

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400 L'industrie

parts. Le but etait de mettre completement la main sur cette


industrie plus tard.
Le principe de la section pétroliere instituee aupres de
Petat-major économique était d'obtenir rapidernent beaucoup de
pétrole. Cette rapidité de la production fit négliger plusieues
mesures techniques absolument nécessaires pour une exploita-
tion rationnelle et systematique; des contrees entieres en ont
souffert pendant longtemps. Neanmoins, l'administration mili-
taire réussit a retablir l'exploitation a l'aide de 2000 hommes
pris dans l'armée et avec lesquels on forma deux compagnies
d'exploitation petroliere. Les deux konzerns allemands furent
d'un secours efficace. Le pétrole etait un facteur de Péconomie de
guerre; le manque de petrole et de ses derives contraignait a'
faire de grands efforts.
L'accord petrolier, que le traite de paix de
Bucar est du 7 mai 1918 contenait, stipulait que les terrain's
de l'Etat roumain passaient a une entreprise allemande mixte
pour etre exploites: l'Allemagne recevait pour 90 ans la con-
cession du commerce general du pétrole. Schmalz soutient dans
son livre «Grossrumanien»1 que c'est la faute des deux kon-
zerns des grandes banques allemandes si l'on a impose a l'Etat rou-
main des conditions humiliantes qui lui ravissaient son indépen-
dance économique et que c'est pour etre agréable a la Deutsche
Bank et a la Disconto-Gesellschaft qu'on a insere dans le
traité les stipulations rigoureuses sur le bail pétrolier. Cette
opinion est fausse. Les représentants des deux konzerns n'ont
pas pris part aux négociations a Bucarest et ont fait une grande
opposition au projet de la convention pétroliere. Ils ont par-
faitement reconnu que la Roumanie devait regarder ce traite
base sur des «necessités militaires» comme une violence mon-
strueuse. Le directeur general de la Deag et de la Steaua
Romana a expose leurs idees adverses dans deux memoires dé-
taffies.Le Dr Frederic Haase condamne fortement Paccord
pétrolier qui devait etre un arrangement de paix, mais qui
violente tous les ideals nationaux, politiques et économiques
qui formaient la base des débats sur les diverses demandes d'ex-
ploitation des terrains publics au commencement du siecle»
(page 128). L'ouvrage de M. Stillich: Deutschland als Sieger
(Leipzig 1924) dans lequel on dit que l'accord pétrolier du traité
de Bucarest fonde un nouveau féodalisme industriel (page 101)
renferme aussi une grave critique de ce traité.

L'issue de la guerre a rendu inefficace le traité de Bucarest


et son influence sur le sort de l'industrie du petrol; si bien
qu'il est inutile de s'y arreter plus longtemps.
Gotha 1921, page 60.

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Le pétrole 401

Apres la guerre, la production a subi une forte augmenta-


tion; en 1924 elle a presque atteint celle de 1913. De 1919
A 1924 elle a double.

La plus grande partie du pétrole extrait en Roumanie est


raffine. Sur les 1 million 500 000 tonnes formant la production
de 1923, 1 million 300 000 tonnes ont ete travaillées dans les
raffineries. Elles ont fourni:
300 847 tonnes de benzine
213 206 de parole
126 103 d'huiles et d'huiles A gaz
667 535 de résidus.
La consommation interieure de derives, notamment de
pétrole pour l'éclairage et le gaz (motorine), a augmente; par
contre, l'exportation a diminué. Elle a été de 250/o en 1923,
comme le montre le tableau ci-apres:
production de pdtrole exportation des rapport entre l'exportation
annde brut en tonnes ddrivds en tonnes et la production en 0/0
1907 1 129 297 430 434 38
1908 1 147 727 465 258 40
1909 1 297 257 425 588 33
1912 1 804 761 846 420 46
1913 1 885 225 1 036 446 55
1919 920 437 38 947 4
1920 1 034 048 246 997 24
1921 1 163 780 362 095 31
1922 1 368 929 430 226 31
1923 1 529 004 384 142 25

La consommation de pétrole pour lampe est relativement


petite en Roumanie. Elle s'éleve A 6 kilogrammes 07 par habitant
seulement tandis qu'elle est de 15 A 22 kilogrammes dans les
pays occidentaux.
La consommation interieure moyenne pendant les der-
nieres années avant la guerre a été la suivante:
30 000 tonnes de benzine (raffinée et denaturée)
62 000 ,, de pétrole pour larnpe
10 000 d'huiles
30 000 d'huiles a gaz
1 500 de paraffine
100 000 de résidus.
233 500 tonnes.
Apres la guerre, la consommation inferieure a augmenté
par suite de l'acquisition des nouvelles provinces.
La principale consommation des residus se repartit ainsi:
230 000 tonnes dans les chemins de fer roumains
120 000 /9 les autres installations de l'Etat et des communes
150 000 les raffineries
200 000 l'industrie privée.
26

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402 L'industrie

II reste ainsi 1 million de tonnes disponibles pour l'expor-


tation.
Autrefois la part des derives dans l'exportation a été beau-
coup plus forte. Etant donne que la production se releve, ii n'y
a pas de doute qu'elle ne grandisse considérablement dans les
prochaines annees. 11 est a desirer qu'il en soit ainsi dans l'intéret
des finances roumaines et de la bonne attitude de son change,.
Du point du vue de l'etranger, le relevement de l'exportation
est aussi importante, car elle représente le thermometre avec
lequel Petranger mesure la richesse de la Roumanie.
Parmi les grands pays producteurs de pétrole, la Roumanie
tient la sixieme place. Les Etats-Unis d'Amerique occupent
la premiere place; ils fournissent presque les 3/4 de la pro-
duction mondiale, notamment 735 millions de barils. Le Mexique
tient le second rang avec 150 millions; la Russie le troisietne avec
39 millions et demi; la Perse le quatrieme avec 27 millions:
300 000; les Indes Neerlandaises le cinquieme avec 15 millions et
demi; la Roumanie le sixieme avec 10 millions 700 000 barils.
La production de ces pays est entre les mains de grands
usts internationaux. Aux Etats-Unis, sur les 8 milliards
de dollars qui sont investis dans l'industrie du petrole 400/o
appaxtiennent aux entreprises du groupe Standard 0 il.
Le Royal-Dutch-Shell-Konzern représente les
interets neerlandais et anglais. Ses principales entreprises sont
dans les Indes Néerlandaises, au Mexique, aux Etats-Unis et en
Roumanie. Sa production de pétrole, en 1921, s'éleva a
333 645 tonnes.

L'Anglo-Persian-Oil Company Ltd a ete fondée


pour exploiter les gisements de pétrole de la Perse. Le gou-
vernement anglais possede l'influence dominante sur cette So-
ciete. Ses interets s'etendent a l'heure actuelle bien au dela
de la Perse, sur la Mesopotamie, la Roumanie, la Yougoslavi;
l'Argentine, le Mexique, le Venezuela et le Canada.
Ces trois konzerns importants ont tous une influence dans
l'industrie pétroliere roumaine. Chacun d'eux s'efforce de pre-
dominer. Dans cette lutte, la Roumanie ernploie l'arme de la
nationalisation. La lutte est chaude pour le pétrole roumain
aujourd'hui. On le comprend facilement quand on pense que
le trafic general par mer, par terre et dans l'air dependra
beaucoup plus, les annees prochaines, des moteurs a essence
que des machines a vapeur, consommatrices de charbon. Le
chauffage a l'essence des transatlantiques, les millions d'autos,
les essaims d'avions exigent des quantites d'essence immenses.

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Le parole 403

Avec l'accroissement de l'industrie des moteurs l'importance


economique a passe du pétrole d'éclairage a l'essence; la marine
marchande s'en sert également comme base de matiere pre-
miere. Dans ces conditions, les pays non producteurs de pé-
trole s'efforcent de s'assurer les gisements d'avenir du monde.
Parmi ceux-ci se trouvent ceux de la Rournanie. De la la con-
currence des Anglais, Hollandais, Francais et aussi des Ameri-
cains qui redoutent Pepuisement de leurs sources. On ne sait
encore qu'elle sera l'issue de cette lutte. La Roumanie a Mein
fait de fortifier sa position dans l'intéret de son économi4.
vis-a-vis de Petranger par sa nouvelle loi miniere.
Nous donnons ci-dessous la production des grandes So-
ciétés de pétrole en 1924.
Soc. Steaua Romana.
Moreni Bana 5 887 tonnes
Moreni Tuicani . 2 081 f,
Campina . . . 54 199
Bustenari Calinet 11 893 II
Chiciura . . . 12 900 ,f
Runcu
Baicoi ..
Filipesti de Padure
62 289
3 562
8 345
3,

Ceptura 35 I)
Arbanasi 69 748 'I
Satara 2 077 7,
Moinesti, Solonti
Stanesti, Zemes 37 258
Total 270 274 tonnes.
Soc. Astra Romana.
Moreni Sat 310 739 tonnes
Moreni Bana . . . . . . 4 804
Câmpina 10 637
Baicoi . . 380
Filipesti de Padure . . . 8 996
Ochiuri . . . . . . 120 030
Total 455 640 tonnes.
Soc. Aquila Franco Romana.
Moreni Sat 30 056 tonnes
Moreni Bana . . 2 558
Bustenari Calinet 3 726
Chiciura 14 318
Bordeni 2 405
Total 53 063 tonnes.
Soc. I. R. D. P.
Moreni Parscov . . 127 984 tonnes
Moreni Cricov . . . 40 401
Runcu 3 873
Ochiuri 11 279
Total 183 537 tonnes.
26*

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404 L'industrie

Soc. Creditul Minier.


Moreni 184 132 tonnes
Runcu 1 261
Floresti PP

Ochiuri 34 837
Total 220 230 tonnes.
Soc. Romano-Americana.
Moreni 90 918 tonnes
Runcu 3 892
Baicoi 52 722
Pacureti 2 717
Total 150 249 tonnes.

Soc. Unirea (Phoenix).


Moreni 10 053 tonnes
Runcu 16 461
Total 26 514 tonnes.
Soc. Concordia.
Moreni 343 tonnes
Bustenari-Calinet . . . . 20 486
Chiciura 1 125 PI

Bordeni .
. . 1 353 PI

Runcu 2 553 PP

Baicoi 7 122 PP

Arbanasi 27 331
Total 60 313 tonnes.
Soc. Internationala (grupul Concordiei).
Gura Ocnitei 50 220 tonnes
Bustenari . 1 690
Runcu 1 830
Total 53 740 tonnes.
Soc. Colombia.
Moreni 19 815 tonnes
Bustenari-Calinet 4 673
Chiciura 16 288
Tintea 22 858
Baicoi 16 840 PP

Copaceni 167 IP

Total 80 641 tonnes.


Soc. Victoria.
Bustenari-Calinet . . . . 2 902 tonnes
Runcu
Chiciura 12 121
Total 15 023 tonnes.
Soc. Romania Petrolifera.
Moreni tonnes
Chiciura 12 733
Total 12 733 tonnes.

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Le pétrole 405

Soc. Orion (Phoenix).


Moreni Bana 459 tonnes
Moreni Stavr . 3 983
Chiciura 229
Runcu 12 426
Tintea 43 985
Total 61 082 tonnes.
Soc. The Anglo-Rom. Petr. (Phoenix).
Bentenari-Calinet . . . 374 tonnes
Bordeni 1 096 /1
Runcu Scorteni . . . . 2 339
Total 3 809 tonnes.
Soc. Stay. Moreni Oil Ltd. (Phoenix).
Moreni 22 590 tonnes.

Soc. Roum. Consol. Oilfields Ltd. (Phoenix).


Moreni Bana 8 459 tonnes
Moreni Stavr . . 13 002
Bustenari-Calinet 606
Tintea 71

Baicoi 1 235 PI

Gura Ocnitei 6 986


Total 30 288 tonnes.
Campina 402 tonnes
Bustenari-Calinet . . . 2 305

Baicoi . . ..... .
Chiciura Gropi Tont . . 2 420
4 154
Total 9 281 tonnes.
P,

Soc. Arnhernsche Petr. Maat (Phoenix).


Bustenari-Calinet . . . . 271 tonnes
Bordeni-Recea . . 112
Total 383 tonnes.
Soc. Chiciura Oil of Roum. (Phoenix).
Chiciura Gropi Tont . . . 329 tonnes.
Soc. The Beciu Roum. Oil Ltd. (Phoenix).
Arbanasi 2 352 tonnes.
Soc. Petrol Block.
Moreni 6 535 tonnes
Bustenari-Calinet 778 II
Bordeni-Recea 1 327 ff
Baicoi 1 732 1,

Total 9 372 tonnes.


Soc. Corneta.
Bustenari-Calinet . . . . 2 446 tonnes
Chiciura Gropi Tont . . . 1 817

Runcu Scorteni . . . . 1 783

Total 6 046 tonnes.

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406 L'industrie

Soc. des Paroles de Bustenari.


Campina 108 tonnes
Bustenari-Calinet . . . 5 324
Total 5 432 tonnes.
Soc. Petrolul.
Campina 750 tonnes
Bustenari-Calinet . . . 211
Chiciura Gropi Tont . . . 1 543
Total 2 504 tonnes.
Soc. Prahova.
Bustenari-Calinet . . . . 3 145 tonnes
Runcu Scorteni . . 6 426
Total 9 571 tonnes.

.
Chiciura Gropi Tont
Baicoi .
.....
Soc. Dacia Romano Petroleum Syndikate Ltd.
Moreni
..... .
.

. . .
3 225 tonnes
1 046
1 535 1,
Total 5 806 tonnes.
Soc. Corana Romana.
Bustenari-Calinet . . . . 745 tonnes.
Soc. Maces.
Bustenari-Calinet . . . . 151 tonnes
Bordeni Recea . . . . 368
Total 519 tonnes.
Soc. Italo Romana.
Campeni 5 735 tonnes.
Soc. Petrolmina.
Moreni . . . 115 tonnes
Chiciura Gropi Tont . . 251
Bordeni . . . . . 205
Total 571 tonnes.
Soc. Petrolea.
Moreni 1 330 tonnes.
Soc. Sospiro.
Draganeasa 2 249 tonnes.
Soc. Duplex.
Bustenari-Calinet . . . . 1 374 tonnes.
Soc. Renasterea Romana.
Bordeni 497 tonnes.
Soc. Geonafta.
Bustenari-Calinet . . . . 2 788 tonnes.

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Le methane 407

Soc. British Colonial Petroleum Corp. Ltd.


Bordeni 300 tonnes
Tintea . . 180
Total 480 tonnes.

Soc. Olea.
Bustenari-Calinet . . 115 tonnes.
Bordeni . . . 738
Total 853 tonnes.
Soc. Romano-Belgiana de Petrol.
Tintea 1 490 tonnes
Baicoi 241
Total 1 731 tonnes.

Soc. Genera la Petro lifera.


Baicoi 1 163 tonnes
Bordeni . 179
Total 1 342 tonnes.

Soc. Apollo.
Bustenari-Calinet . . . . 1 183 tonnes.

Soc. Moreni.
Bustenari-Calinet . . . . 611 tonnes.

Le methane.
On ne connait pas depuis tres longternps l'importance et
la composition du methane en Roumanie. Longtemps avant
la guerre, on l'avait decouvert en Transylvanie. A Baassenl
(Basna), une flamme bralait sans qu'on sftt ,quel gaz c'etait.
On avait aussi observe souvent de petites ,bulles dans les
sources. La population superstitieuse les regardait comme des
sources minérales ou se rendaient les malades, dans la foret
de Schemmert, dans le district de Mediaser, par exemple.
La veritable decouverte de grandes quantites de ,methane
remonte a l'annee 1918. On faisait des forages pour découvrir
de la potasse dans le voisinage de la contrée de Sarmaset
lorsque du gaz sortit soudain de l'interieur de la terre en telte
quantite qu'on dut cesser de forer. Plus tard, en creusant
des puits a d'autres endroits, des eruptions violentes de gaz
eurent lieu. II n'y avait donc plus de doute que l'interieur de
la texre de ces contrées renfermait de grandes quantites de gaz.
Dans l'ancien royaume, des gaz se degagent depuis longtemps
en forant pour trouver du petrole; on les capte pour les uti-f

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408 L'industrie

liser depuis 1907. La loi miniere de 1924 a rendu obligatoire la


captation et l'utilisation de la gazoline qu'ils peuvent contenir
et a prévu la formation de syndicats dans ce but. Le gaz
qu'on a trouvé en Transylvanie depasse de beaucoup le gaz
connu des puits de petrole quant A sa composition et A son
utilisation. L'analyse chimique a montre qu'il se compose pres-
que uniquement de m é than e. La teneur en CW est de
97 a 99,250/o; le reste est forme de 0,970/0 d'oxygene, 0;810/o
d'acide carbonique lourde et 0,500/o d'acide carbonique sous
forme de vapeur. Le gaz obtenu dans l'extraction du parole
contient beaucoup moins de methane et plus d'autres sub-
stances; A Moreni 640/0 de methane, A Bustenari 850/o, a
Bordeni 900/o, a Doiceshti 930/o. Sa puissance calorique est
aussi inferieure.
Le gaz transylvanien est le plus riche en hydrocarbure de
toute la terre. II se distingue ainsi du gaz des territoires pe.-
troliferes de l'ancien royaume et de celui des autres pays;
c'est ce que fait ressortir le tableau suivant. La teneur en
methane des gaz est de
54 a 99% en Amérique
68 a 97% en Allemagne
65 a 88% en Galicie
67 A 78% en Italie
52 a 97% au Caucase
80 a 98% en France.
La teneur en CH4 est constante dans le gaz transylvanien.
Si les quantites de methane varient, le gaz est peu utilisable
pour les moteurs A gaz. 11 est aussi important dans le cas
oil les fabriques de produits chimiques l'emploient qu'il ne
contienne pas d'hydrogene sulfuré.
Par suite de sa forte teneur en methane, le gaz tran'syl-
vanien possede une grande puissance calorique. Elle atteint
8716 calories par metre cube, mesurée A la pression atmosphe-
rique.
D'apres les mesures du directeur Otto Ott, un metre cube
de gaz produit 10 kilogrammes 400 de vapeur dans la chau-
diere; 1 kilogramme de charbon de Petroschan, de la meilleure
qualite, donne 5 kilogrammes 500 de vapeur et 1 kilogramme
de bois en fournit 3 kilogrammes 600; c'est-A-dire qu'un metre
cube de gaz est equivalent a 1 kilo 600 de charbon et A 2 kilos
800 de bois. Si un kilo de charbon de Petroschan vaut 1 leu
20 et 1 kilo de bois 45 bani, la valeur du metre cube de
gaz est de 2 lei 16 par rapport au charbon et de 1 leu 26 pair
rapport au bois.
Le professeur Bock, geologue hongrois, a eu le mérite de
reconnaitre le premier la valeur et l'importance du gaz. Il est
actuellement le premier specialiste dans les questions de methane.

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Le methane 409

Quel le est l'étendue du bassin de gaz transylvanien et quel


est son volume?
II existe seulement des estimations. Le specialiste américain
Frédéric G. Clapp évalue l'etendue a 515 kilometres carrés 50, tan-
dis que la formation qui pent contenir du gaz serait de 12 000 kilo-
metres carrés. On ne le rencontre que dans les domes et les,
zones de sels. On a constaté dans ce territoire 35 dOmes,
c'est-a-dire des formations tectoniques a section ovale qui sont
connues comme étant des places de concentration de gaz. Sur
ces 35 domes, 6 sont exploités. Ils embrassent 114 kilometres
carrés 50. Ce sont les champs de Sarmasel, Sarmgud, Zaul-
de-Campie, Sarosul-Ungurest, Bazna et Copsa Mica.
Les estimations des experts stir le contenu de ce territoire
coincident avec les résultats des experiences americaines d'apres
lesquelles le gaz qu'on peut exploiter s'éleve a 140 million's
de metres cubes par kilometre carré. Suivant le specialiste
américain Allen S. Muller, le contenu des terrains de gaz en
Roumanie s'éleverait a 515,5 fois 140 millions de metres cubes,
soit a 72 milliards de metres cubes1. Cette quantité de gaz
renferme environ 600 000 milliards de calories. Compares aux
charbons de Petroschan, les 72 milliards de metres cubes de
gaz correspondent a 20 millions de wagons. Comme l'extra'c-
tion annuelle des charbons est estimée a 20 000 wagons, le gaz
pourrait remplacer pendant 100 ans l'exploitation de Petroszhan.
Le professeur Popescu-Voitesti soutient que le contenu du bassin
est cinq fois plus grand. Il est fort difficile d'avoir des donnees
exactes sur un aussi grand domaine. Les constatations faites sur
un petit district s'approcheront davantage de la verite. Le
directeur Dr Lesco a constate a l'aide de mesures que le district
de Sarmasel, qui est en exploitation depuis 1914, renferme enji
core 3557 millions et demi de metres cubes de gaz. Les estima-
tions américaines sont de 2210 millions de metres cubes pour ce
district. Quelles que puissent Etre les divergences sur le COrir
tenu du bassin, la Roumanie possede en tout cas des pr ovi
sions gigantesques qui suffiront pour longtemps
a approvisionner de vastes territoires en lumiere,
chaleur et force.
On a évite la division et le lotissement de la propriete dans
le rayon de gaz. Le droit de proprieté de ces tresors souter-
rains appartient a l'Etat. Par suite de ce monopole, l'exploitation
se fait systematiquement.
En 1911, le gouvernement hongrois décréta le droit de
monopole pour tons les gisements d'hydrogene carbure. Cette
annee-la la ville de Sibiu avait demande au ministere des Finances
1 Rapports des nouveaux Etats du 11 aotit 1922.

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410 L'industrie

l'autorisation d'utiliser le gaz. Cluj voulait aussi l'introduire a


condition que l'Etat pose les tuyaux et fournisse le gaz au prix
de revient. La ville de Sibiu voulait poser elle-meme les tuyaux.
Les Hongrois elaborerent un projet d'exploitation des champs
de gaz devant fournir, par jour, 300 000 metres cubes qui devaient
etre conduits a Budapest.
En 1915, le gouvernement hongrois donna a un consortium
compose de la Deutsche Bank et de plusieurs banques hongroises
la concession d'une surface productive de 211 kilometres car-
res a condition qu'il posat, dans un temps determine, des tuyaux
allant dans les villes de Cluj, Oradia-Mare, Targu-Muresh,
Elisabethopol, San Martin et Arad. Ce consortium constitua
une sociéte particulière: L'Ungarische Erdgas -Gesellschaft
(U. E.G.) d'un capital de 20 millions de couronnes. Elle kait
le résultat d'un traité conclu entre le gouvernement hongrois
et la Deutsche Bank a Berlin. En vertu de ce traité, on accorda
a cette Societe 6 grands terrains de gaz et le droit d'approvi-
sionner les villes transylvaniennes citees. En compension, l'Etat
hongrois recut une participation de 4 millions de couronneS
en actions de la Société. La Deutsche Bank participa aussi pour
quelques millions a cette Société. L'Etat hongrois avait fait
_Inc bonne affaire., car il s'était créé une source de reven,u.
L'U. E. G. exécuta 9 forages a Sarosul -Unguresc, 2 a
Basna, 2 a Samsud et posa une conduite de gaz de 12 kilo-
metres de longueur et 400 millimetres de largeur, de Saros
jusqu'à la fabrique de carbure de calcium alors inachevee a
Dicio San Martin. Une autre de 6 kilometres 500 de long
et 143 millimetres de diametre alla de Basna a Medias. En
1914 déjà, la fabrique de ciment et de soude de Turda avait
pose une conduite de 73 kilometres 500 de longueur de Sarmas
Turda et a Uioara de 'Mures.
En 1916, son capital social avait éte augmente de 7 millions.
En 1919, ses actions kaient la possession 1
10 Du ministere des Finances hongrois . . . 4 000 actions
20 Du groupe des banques hongroises . 8 250

...
. .

30 Du groupe des banques autrichiennes . . 2 500 ;1


4° Du groupe allemand . . 12 250
27 000 actions
La sociéte fut placée en 1919 sous une administration de
contrainte; plus tard ses actions furent saisies; elle se trouva
dans un grand embarras. L'administration demanda un credit
a l'Etat roumain qui exploite lui-meme les terrains et exerce la
surveillance generale sur tout le territoire de gaz.
Par la liquidation de la sociéte hongroise de gaz, l'Etat
roumain a acquis les terrains les plus riches, dont l'extraction
1 Correspondance economique 1922.

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Le methane 411

promet de fournir un grand rendement en gaz. Ce sont les


territoires de Zaul-de-Campie, Sangerul de Campie, Iclandul-
mic, Samsudul de Campie, Kokelburg, Bolum, Bethlenssent-
miklos, Bulkesch, Jara de Mures, Telekul Roman et Kleinferken.
On a fait des forages dans tous ces terrains, tnais une faible
partie seulement est exploitee; l'exploitation est limitée a quel-
ques puits.1
La production journaliere est de 5 millions de metres cubes
en chiffres ronds. De nouveaux forages sont nécessaires pour
suffire aux besoins.
Le tableau suivant indique la profondeur des sondages et
leur rendement:
Localité sondage profondeur quantités journalieres
en metres cubes
Basna 1 140,6 55 000
I, 2 147,6 38 000
ft 3 147,8 20 000
4 161 5 000
5 165,7 132 000
" 6 190 40 000
31 7 188,1 321 000
8 260 600 000
Sarosul-Ungurest 1 154,5 196 000
2 327,7 40 000
f1 3 182,2 135 000
/I 4 132,7 83 000
11 5 212,7 179 238
,, 6 169
7 278 201 828
,, 8 286 268 000
9 332 100 000
10 258,5 124 000
11 340 50 000
I, 12 147 82 459
Sincai 1 365 83 300
,I 2 230 66 000
" 3 460 500
4 806
Ugra 1 132
Zaul de Campie 1 103,4 100 000

Ce tableau fait ressortir une productivité tres diverse des


sondages de Basna. Les difficultes proviennent de la presence
1 Das siebenburgische Erdgas, dans la Deutsche Tagespost du 27 jan-
vier 1924. Le tableau incomplet des sondages et de leur profondeur a
ete aussi psis dans ce journal.

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412 L'industrie

de nappes d'eau au-dessus de la couche de gaz. Le forage a


été rendu difficile. Les trois premiers puits ont été anéantis
avant que l'on ait connu la situation. On avait negligé de bien
isoler la nappe d'eau de la couche de gaz. Sur les 8 sources,
3 seulement, 5,7 et 8, fournissent des quantités suffisantes de
gaz naturel. La source 8 fournit 600 000 metres cubes. La
productivite des autres est moindre parce que les croupes n'ont
pas été completement transpercées.
Le territoire de Sarmas compte 16 puits dont 13 sont pro-
ductifs et 4 sont exploités. La distance des sources est de 500 a
600 metres. La source 2 est la plus forte. Elle est en exploita-
tion continuelle depuis le 23 décembre 1916; jusqu'en 1922,
elle a donne 1 milliard de metres cubes environ. Elle peut
fournir 900 000 metres cubes par jour; pour des raisons techni-
ques, on ne l'ouvre pas entierement; sans cela son activité
diminuerait vite. Le gaz qui occupe les cavités des couches de
sable poreuses, il y a du sable de 350/o de porosité, doit
s'en dégager lentement. La source 16 a un debit journalier de
700 000 metres cubes.
La profondeur est différente. Les sources 2 et 16 ont 300
metres; la source 8 de Basna a 260 metres.
D'apres les recherches du Dr Lescös, chef de la direction
du methane a Klausenburg, la teneur en gaz augmente avec
la profondeur. Ii divise les zones de la fawn suivante :1
le Zone jusqu'à 150 metres renferme peu de gaz
2e , , 200 , un peu plus de gaz
3e 300 beaucoup de gaz
4e au-dessus de 300 .
encore inconnue renferme le plus de gaz
La plupart des forages ne vont pas a 200 metres. Ils sont
meilleur marche que ceux du pétrole. Pour 1922, les frais de
forage s'elevaient a 5500 lei par metre; pour le pétrole, ils
exigeaient 8000 a 10 000 lei. Le forage du gaz n'a pas pris une
nouvelle voie; il a utilisé la technique des forages de pétrol.e.
Le rendement des territoires principaux est comme suit:
Baassen avec 7 sources 600 000 metres cubes
Kissarmas avec 7 sources 1 400 000 71 7>

Magyasarmas avec 12 sources . . 1 500 000 7, 77

Total 3 500 000 metres cubes.

Sur cette quantite, environ 300 000 metres cubes, soit 100/0
sont utilisés. La Roumanie se trouve au commencement d'une

1 Communications personnelles du Dr Lescös.

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Le methane 413

grande époque, que nous appellerons l' époque du mé-


than e, de son développement industriel.
Nous pouvons distinguer trois grands territoires de gaz dans
l' organisation de Papprovisionnetnent de Pindustrie et de
la population en gaz:
10 Le territoire de Sarmas.
20 Le territoire de Sarosul-Ungurest (Magyáros).
30 Le territoire de Baassen (Basna)

Cluj Sarmas

Turda

Uioara Dicio St.Martin

.Sarosul-Ungurest
Baassen

Mediasch

Du rayon de gaz de S ar m a s, une grande conduite 'de


tuyaux va de Sarmasul a Turda-Muresh-Uioara, comme nous
l'avons déja vu. C'est actuellement la plus longue. Elle a éte
construite de 1913 a 1914. Sa longueur totale est de 73 kilo-
metres 500. Jusqu'à Turda, sur un parcours de 51 kilometres,
les tuyaux ont 250 millimetres de diametre. De Turda jusqu'a
Muresh-Uioara, c'est-à-dire sur un parcours de 22 kilometres 500,
ils ont 250 millimetres. La pression initiale est de 12 a 14
atmospheres. Aux lieux de destination de la consommation, elle
varie entre 2 et 6 atmospheres. La conduite peut fournir 300 000
metres cubes par jour. Mais elle est encore loin d'avoir ce debit
théorique quoique 1 es quantiés de gaz qu'elle livre augmentent

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414 L'industrie

d'année en armee. Le tableau suivant indique la consommation


pendant les 5 dernieres années:1
46 426 451 metres cubes en 1919
59 674 429 1920
60 954 476 . 1921
"
89 989 685 1922
108 902 513 . ,, 1923

Gette grande conduite approvisionne nombre d'usines en


energie A bon marché. Turda lui doit sa prospérité. Les fabri-
ques de chaux, de plAtre, de cuir, les verreries, les moulinst,
les hrasseries sont approvisionnes de methane. La fabrique
de ciment est la plus grande consommatrice. Elle a employe:
19 960 589 metres cubes en 1919
24 966 711 , . 1920
20 760 417 , . 1921
26 078 685 1922
31 009 718 , . 1923

Les usines Solvay ont utilise:


2 471 104 metres cubes de methane en 1919
2 160 137 ,, 1920
4 152 292 . ,, 1921
12 456 212 . . . 1922
17 028 824 . . . . 1923

Parmi les autres industries fondées A Turda, notons en-


core l'industrie des fils de f er, la plus grande fabrique de
cet article qui existe en Roumanie. Elle a ete construite en
1920. Sa consommation de gaz est la suivante:
1 363 741 metres cubes en 1921
6 224 291 1922
5 867 877 , 1923

La verrerie de Turda érigée en 1922 a consomme:


8 743 533 metres cubes en 1923.

Le second grand domaine de gaz est celui de Sarosu I-


Un gur es t. II approvisionne les communes de Saros et Dicio
San 'Martin A l'aide d'une conduite de 12 kilometres de long
et de 400 millimetres de diametre. La consommation journa-
Here est de 100 000 metres cubes alors que la conduite peut
fournir 700 A 800 000 metres cubes.
Les quantités de gaz consommées se sont élevées a:
64 485 643 metres cubes en 1922
79 012 032 . . 1923

1 Ces chiffres et les suivants sont empruntes a l'article de l'inspecteur


general Blankenberg sur le methane en Transylvanie paru dans la Cor-
respondance economique N° 3 de 1924.

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Le methane 415

Grace A son rattachement au territoire de gaz, la petite


ville de Di cio S a n Mar tin, située a Pecart, est devenue
une ville industrielle de grande importance. Les usines de
n i tr ogent construites en 1916 sont les principales consom-
matrices. Ce grand établissement se compose d'une centrale
électrique, d'une fabrique de carbure de calcium, d'une fabrique
d'azotate de chaux avec une installation pour la production cie
l'azote (de l'air par la voie thermique), d'une fabrique de chlore
avec des ateliers dans lesquels on produit de l'oxygene et de
Pammoniaque liquide. Les 12 chaudieres installées dans la cen-
trate de forces motrices, de 500 metres carrés chacune, sont
chauffées au gaz. L'énergie est fournie par 4 turbo-generateurs
de 7500 CV chacun, soit 30 000 CV en tout. La repartition de
Penergie a lieu par une installation d'embranchement erigee
a côte de la géneratrice. Dicio San Martin possede encore d'autres
entreprises actionnees par le gaz du rayon de Sarosul: une
tuilerie, une fabrique de suie, etc.

Le tr oisi em e rayon de gaz est celui de Baass en. 11


approvisionne les communes de Baassen et Mediasch. La con-
duite a 6 kilometres et demi de long. Elle peut fournir 150 000
metres cubes par jour. En augmentant son diametre, on pour-
rait porter le debit journalier a 500 000 metres cubes. Le
gaz sort du sol avec une pression de 22 atmospheres; il arrive
Mediasch avec une pression de 3 a 7 atmospheres qui est
ramenee entre 1 et 0,6 atmosphere dans l'usine A gaz; on le
rend en outre odorant a l'aide de pyridine. Il se rend ensuite
dans les fabriques a une pression de 220 millimetres pour le
chauffage et Peclaixage et dans les maisons particulieres.
La ville de Medias ch devient de plus en plus un grand
centre industriel sous l'influence de sa source d'énergie a bon
marche. Les industries qui existaient dejà s'étendent, des nou-
velles naissent. Elles s'établissent dans cette contrée parce que
leurs frais de production sont inferieurs a ceux des contrees
dans lesquelles on chauffe les chaudieres avec du charbon, cht
bois ou du pétrole.
A côté des deux fabriques de cuir existant a Mediasch,
on en a construit une troisieme qui fabrique des courraies.. En
1918, on installa une verrerie au gaz pour la fabrication de
verre de table. On a en outre construft une fabrique d'émail;
une manufacture de cotonnade qui manquait encore. en Roumanie;
une fabxique de lampes A incandescence qui produit des man-
chons et des ampoules electriques; ii n'y en avait pas jusque-
la dans le pays; une fabxique de machines A ecrire qui est la
premiere de ce genre en Roumanie; enfin un certain nombre
de petites entreprises. Les industriels et les banques ont achete
de grands terrains pour Perection d'autres fabriques. Elles

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416 L'industrie

sont situees autour de la ville. Aussi les terrains sont-ils en-


viron 500/o plus chers que dans les autres villes.
En peu de temps, les usines de Mediasch se sont fortement
etendues, comme les fabriques de cervelas de Thomas Binder 8r
fils, de Zickeli, d'Anne,r & Cie. Les premieres produisent 14 wa-
gons de saucissons par an; la seconde 8 wagons. Il en existe
encore trois petites qui ont été egalement agrandies. 11 en est
de meme de cinq sciexies et d'une petite fabrique de drap.
Le gaz conduit ainsi a des creations et a des agrandisse-
ments dans le domaine industriel.
Le nom br e des villes qui sont approvisionnees de gaz
est encore faible. Les capitaux et l'esprit d'entreprise man.,
quent. Six villes seulement emploient ce gaz a bon marche,
notamment Turda, Mediasch, Dicio San Martin, Uioara, Ghires
et Baassen. A l'avenir, les grandes villes de la Transylvanie, telles
que Klausenburg, Hermannstadt, Sighisoara, Targul-Muresh; Arad,
Hunedoara et d'autres dans le Banat devront etre reunies aux
grands territoires de gaz par des conduites.
La physionornie future de la Roumanie est facile a esquisser
si on pouvait l'organiser d'apres des points de vue rationncls:
la Transylvanie par ses richesses en gaz sera le grand centre
industriel du pays. Les branches industrielles importantes pour
le pays s'y développent et prosperent par suite du combustible
a bon marché. Le gaz reuni aux forces hydrauliques peut permettre
Pelectrification du pays. «II n'y a rien d'impossible, dit l'ingenieur
C. J. otas de Cluj,1 que Bucarest et les contrees petroliferes1
puissent etre approvisionnées de courant électrique produit avec
le gaz transylvanien, et toutes les villes de la Transylvanie
aussi.» Beaucoup de temps passera avant que ce reve ne se
realise. Le methane révolutionnera lentement
economi c. La grande transformation du pays agricole en
pays industriel se fera, peu a peu, avec son aide. Le secours
de grands capitaux est evidemment nécessaire. La loi de com-
mercialisation a trace la voie a suivre: le capital &ranger peut
paxticiper a cette grande transformation. Elle se fera d'autant
plus vite que les capitalistes du pays et de l'étranger se tourne-
ront vers ce domaine. Dans la concurrence internationale, la
Roumanie possede par le gaz naturel une mise dont ne dispose
pas les autres pays ou du moins pas dans cette etendue et
qui lui permet de compenser les hauts frais d'autres facteurs
de production.
1 Le methane en Transylvanie dans les rapports des nouveaux terri-
toires, 1922, page 1177.

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Le methane 417

Jusque-la, le methane a eté employe en Transylvanie:


10 A l'éclairage.
2° Au chauffage des maisons.
3° Comme force motrice.
L'eclairage des maisons et des rues au methane offre de
grands avantages. Son bon marche conduit au gaspillage. On
peut voix a Mediasch que les reverberes restent allumés toute
la nuit et qu'au point du jour ils ne sont pas encore eteints.
Le methane est un moyen de chauffage ideal. 11 brille sans
fumee et sans cenctre. Son utilisation est économique. Les
appareils de chauffage sont simples. Le mesurage des quantites
fournies fit des difficultés au commencement, car on n'avait
pas de compteur convenable. On ne peut pas se servir des
compteurs a gaz. Tant que l'industrie n'eut pas construit jde
compteur convenable, on paya une somme globale calculee
d'apres la grandeur des chambres et l'utilisation des locaux.
La fabrique de lampes hongroise de Bumann A Budapest réussit
A construire un compteur special. Les compteurs ordinaires
eiaient construits pour une pression de 5 atmospheres. On les
transforma en les dotant d'une chambre d'eau plus haute pour
la pression d'une colonne d'eau de 250 millimetres ; on put ainsi
les utiliser aussi pour le methane. La maison Schirmer, Richter
8z Cie A Leipzig construit ces grands compteurs. La sociétei
anonyme Danubia A Vienne possede la licence. Les petits
compteurs A basse pression viennent aussi de chez elle. L'in-
stallation des compteurs a considerablement reduit le gaspillage
du methane dans les menages.
L'avantage du methane est de fournir beaucoup de c h a -
1 e u r. En quelques minutes, une grande chambre est chaude
en hiver. D'apres les mesurages effectués par Ott, le foyer de
la cuisine utilise avec un autre combustible ;15 A 200/o des'
calories; avec le methane, il en utilise 45 A 600/o. La chaleur
qu'il produit est trois fois plus forte que celle du bois.
Blankenberg compare l'effet de sa chaleur avec celui du
bois et montre combien de bois pent etre economise par 'son
emploi en prenant Turda comme exemple. Cette ville a con-
somme, en 1923, 9 millions de metres cubes de gaz qui corre-;
spondent A 2000 wagons de bois. La population paye un prix
unique de 80 bani le metre cube, c'est-A-dire 7 200 000 lei. Si
le prix d'un wagon de bois est de 5000 lei, la ville aurait du
payer 10 millions de bois en une annee. La population a
ainsi economise 2 millions 800 000 lei. Elle realise egalement
des economies pour l'éclairage.
Mais la plus grande partie du gaz est consomme dans l'in-
dustrie. 11 sert de force motrice. II chauffe directement les
chaudieres ou sert a actionner les moteurs. Il est facile A regler.
Le chauffeur surveille seulement le fourneau; avec le chauffage
27

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418 L'industrie

au charbon, ii faut un personnel plus nombreux et plus d'at-


tention.
Blankenberg a essayé de montrer a l'aide d'un exemple
quelle economie on realise en utilisant un moteur actionne
pax le gaz au lieu d'une machine a vapeur chauffée au charbon.
Un moteur de 300 CV emploie par CV-heure 220 decimetres
cubes de gaz, soit 160 000 metres cubes environ par an (240 jours
de travail de 10 heures). Une machine a vapeur qui utilise
5 kilos de vapeur par CV-heure, c'est-à-dire pour 300 CV-
heures 280 kilos de charbon de Petroschan, consomme
240 x 2400 = 68 wagons de charbon de la valeur de 816 000 lei.
On economise dans ce cas en employant un moteur a gaz a
la place d'une machine a vapeur 736 000 lei annuellement. Si
le methane n'est pas utilise comme combustible, l'économie dans
ce meme cas sera de 336 000 lei. Une usine economise environ
700/a de combustible en employant le methane.
Le prix du gaz varie selon les consommateurs. L'industrie
a un autre tarif que les consommateurs prives. Le prix pour
la grosse industrie n'est pas le meme que celui de la petite
industrie. Ii varie encore selon le but de l'emploi du gaz; ii
est plus élevé pour Peclairage que pour le chauffage. On fait
aussi une difference entre les usines qui ont chauffé jusque-la,
au charbon et qui adoptent maintenant le chauffage au gaz et
celles qui ont éte installées des le debut pour le chauffage
au gaz.
Par suite de ces differences, il arrive que les entreprises
de la meme société recoivent du gaz a des prix différentsi.
La fabrique de soude de Muresh-Uioara paye 37 bani le metre
cube; les usines électrolytiques de Turda, qui appartiennent
a la meme societé et la fabrique d'azote de San Martin ne
payent que 22 bani le metre cube. La fabrique de ciment de
Turda paye meme 1 leu le metre cube. Comme elle consomma,
en 1923, 31 millions de metres cubes de gaz, la depense est
suffisamment grande. Neanmoins ses frais de production, comme
nous l'avons déja montre, sont sensiblement inferieurs a ceux
des fabriques de l'ancien royaume qui ne disposent pas de
methane.
L'ordonnance ministerielle du ler janvier 1924 regle le prix
du methane pour les consommateurs. Elle fixe le prix
pour quelques etablissements importants qui consomment le
gaz directement des conduites.
Le ministere a fixe les prix suivants pour ceux qui nei
recoivent pas le gaz directement, mais par les conduites de

-
distribution:

Gaz pour l'industrie


Turda
0, leu 63
la petite industrie 0, , 69
- le maage 79
Mediasch
0,1eu 69
0, , 72
0, , 84
Dicio San
Martin
0, leu 63
0,
0,
, 65
, 79

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Les sources minérales 419

Le methane attend encore la s olu tion de questions prati-


ques et théoriques importantes. Les questions pratiques princi-
pales sont l'augmentation des conduites et le rattachernent des
communes a travers lesquelles passent les conduites existantes.
Pres du lieu d'extraction de Sarmas sont situés 11 villages
avec au moins 20 000 habitants qui n'ont pas de bois; ils
doivent le payer tres cher; pour cela ils gelent en hiver. La
conduite traverse 12 autres villages sans que la population
profite du gaz qu'elle transporte. Sans parler du point de vue
social, dans l'interet du ménagement des forets de ces contrées,
ii faudrait approvisionner ces communes en methane.
On pourrait aussi envisager l'emploi du gaz transylvanien
comme matiere premiere de produits chimiques.
La question d'en tirer des substances importantes est encore
toute récente. On peut tirer du methane divers produits chimi-
ques, tels que l'alcool methilique, l'aldehyde formique, le bioxyde
d'azote nécessaire a la fabrication de l'acide azotique et des
azotates, des engrais chimiques. En chauffant le methane dans
des tubes d'acier hermetiques a 1000 degres, il se decompose
et l'on obtient de l'hydrogene et du carbone. L'hydrogene
possede la plus grande puissance calorique, notamment 28 600
calories par kilogramme, tandis que le methane n'en développe
que 12 000 par kilo. Le carbone en poudre s'emploie pour
la fabrication de l'encre de Chine, de l'encre d'imprimerie et
des crayons. Des problemes etendus se rattachent ainsi au
gaz transylvanien.1 De meme la decouverte d'une matiere ab-
sorbante exigera de grands travaux.
Ii reste encore a repartir les quantites d'energie existantes,
telles qu'elles existent dans le petrole, le charbon et le methane,
a les régler, A les compenser et a les mettre en harmonie entre
elles.

Les sources min6rales.


La Roumanie est tres riche en sources minerales. Elles sont
situees dans les contrees des sels ou du pétrole. La plupart
contiennent du sel, du fer et de l'acide carbonique; plusieurS
renferment encore du soufre, du brome, de l'iode et du chlore.
Quelques-unes sont tres recherchees et égalent celles des villes
d'eaux étrangeres celebres. Campeanu a écrit un livre sur
les villes d'eaux de la Roumanie; nous ne nous en sommes par
servi pour notre exposé.
Les villes d'eaux roumaines ne sont pas conriues a l'etranger
comme elles le méxitent a cause de leurs vertus curatives. Nous
en donnons la liste suivante, empruntée a la Correspondance
Problemes industriels de Transylvanie par le Dr C. S. Motas dans
la Correspondance économique de septembre-octobre 1919.
27*

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420 L'industrie

économique officielle avec la description des principales d'entre


elles d'apres l'Anuarul General al Roumaniei-Mari de 1920-1921.
10 Eaux thermales chloratées et sulfureuses:
Herkulesbad: la temperature de la source atteint 55 a 570,
Episkopalbäder (420),
Felix pres Oradia Mare (490),
Moncasa en Transylvanie (320),
Yatza (370),
Ca lan (290),
Siriul (district de Buzau) (250),
Mangalia (sur la mer Noire) (24°).
2n Eaux salines iodées et bromées:
Sacelu, Caciulata, Calirnan esti, Olaneshii, Govora, Vulcana,
Sarata Monteoru, Nastasache, Bazna.
Ces villes d'eaux se trouvent toutes dans la contree des
sels des Karpathes roumaines et sur le plateau de la Transylvanie.
30 Eaux saturees de sels et de boues:
Sovata ou la mer Ursilor d'une temperature allant jusqu'4
600, Oglinzi et Baltzateshti dans le district de Neamt dont les
eaux contiennent du magnesium.
Presque toutes les grandes salines de Dej, Cojocna, Turda,
Muresh, Sibiu, Ocnele, Mari, Slanic-Prahova sont saturées de
sels.
40 Eaux alcalines legerement gazeuses:
Slanic, San-Georgiu dont les eaux fortement minerales ont
de grands depots; Maria dans le district de Satmar.
50 Eaux ferrugineuses et gazeuses contenant
aussi des ca rbonates:
Vatra-Dornei, Sarul-Bornei avec des sources arsénicales;
Borsec, Cavasma, Tashnad et Fidelish-Buda, en Transylvanie
avec des eaux sulfa-tees; Buziask (Banat).
Toutes ces localités ont des sources avec des exhalations
importantes d'acide carbonique. Elles se trouvent dans la contrée
des roches eruptives.
6° Eaux alcalines contenant du magnesium:
Breasul pres Jassi.
70 Eaux sulfureuses (avec du s el et de l'iode):
Pucioasa (district de la Dambovitza), Strunga (district de
Jassi).
8° Lacs sales:
Ils renferment des boues. Les plus importants sont:
Budache (Bessarabie) sur les bords de la mer Noire,
Tekir-Ghiol (district de Constantza, sur la mer Noire,

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Les sources minérales 421

Lacul-Sarat (district de Braila), sur le Danube,


Lacul-Amara (district de la Jalomitza) avec des eaux sulfatées.
Dans l'ancien royaume, on rencontre les stations thermales
suivantes:
Balta-alba, a 24 kilometres de la ville de Ramnicu-
Sarat, autrefois tres connue; l'établissement existe depuis
1840. Sa prosperite s'etend entre 1845 et 1855. La superficie
du lac est de 8 kilometres de long sur 3 de large; sa profondeur
3 a 4 metres. II existe deux hotels; les bains ont été construits
en 1872.
Baltatesti, dans le district de Neamt, a 28 kilometres de la
station de chemin de fer de Piatra Neamt et a 38 de celle de
Pascani. La localite est connue depuis longtemps. La source fut
decouverte en 1810 par le prince Cantacuzino dans son domaine.
En 1839, l'eau fut analysee. Elle contient du natrium, du mag0-
sium, du potassium, du fer, de l'iode, de l'acide carbonique et des
chlorures. Elle a souvent change de propriétaire. En 1878, le doc-
teur Cantemir acheta le terrain avec les sources et créa une station
thermale en faisant construire des bains et des locaux d'inhala-
tion hydrotherapique. Elle appartient actuellement a M. Mircea
Arapu. Elle est située a 475 metres d'altitude; son climat est
constant et doux, l'air frais et sec. L'eau de trois sources
est employee pour les bains; celle d'une quatrieme alimente la
buvette. Elle possede des vertus purgatives et diuretiques. On
fabrique aussi le sel de Baltatesti compose de sulfate de soude,
de carbonate et de chlorure de soude. L'eau des sources I,
H et III sert a la guérison du diabete, de la constipation, du
lymphatisme, du rachitisme, de la syphilis, des troubles nerveux,
de la faiblesse generale des enfants, des maladies cutanéers,
des troubles rénaux, des affections de la tuberculose des os,
etc. L'établissement renferme 48 cabines contenant chacune
deux baignoires. L'eau a la meme valeur curative que celle
de Kreuznach, lschl, Reichenhall, Ausser, Karlsbad, Vichy, Ma-
rienbad. Ii existe deux hotels dont l'un a 48 chambres et
l'autre 10. Plusieurs villas louent 4 a 10 chambres; il en est
de meme des paysans dont les maisons sont fres propres dans
cette contrée et les chambres bon marché. La saison commence
le ler juin.
Ca ciulata au nord de Calimanesti et a une distance de deux
kilometres et demi dans le district de Rantnicu-Valcea. Ces sour-
ces furent découvertes ii y a environ 50 ans par. un moine. Le
convent auquel appartenait le moin existe depuis 1400. II
était malade et l'eau le guerit. C'est la meilleure source de la
Roumanie; elle sort de la montagne et est conduite a Cacui-
lata. Elle est incomparable dans le traitement des maladies
suivantes: inflammations internes, maladies des canaux renaux,
du foie, de la jaunisse, inflammations hépathiques, goutte. L'ana-

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422 L'industrie

lyse de l'eau a été faite par des chimistes roumains et étrangers;


elle renferme:
des carbonates:
fer 0,0013
magnesium 0,2995
calcium . . . . 1,9864
sodium 0,0377
des sulfates:
barium
calcium
.

.. ...... 0,0063
0,9954

calcium
sodium
.... des chlorures::
0,3317
9,7080
litium 0,0090
magnesium 0,3983
des azotates:
calcium . . . . . . . 0,0154
phosphate de calcium . . 0,0089
silicium . . . 0,0116
acide carbonique 1,0434
acide carbonique libre . 2,2450
hydrogene sulfure 0,5800
L'eau de Caciulata pent etre bue sur les lieux ou chez
soi. Le transport ne modifie pas ses qualites.
Calim an esti, pres de la station précedente, sur les
bords de l'Olt, dans le district de Valcea. Le nombre des bai-
gneurs de ces bains est de 4000 à 5000 dont une partie d'étrangers.
Les installations comprennent des hotels, un etablissement de
bains, des installations chimiques et les bâtiments de l'administra-
tion. Le casino compte 400 chambres meublées et diverses
pieces, salons de lecture, etc. La station de chemin de
fer est Jiblea, sur la rive droite de l'Olt. Un bac reunit
les deux rives. L'eau a le goilt des ceufs pourris; c'est la
plus riche en soufre de l'Europe; elle contient plus de souffre
que celle d'Aix-la-Chapelle, Aix-les-Bains, Bareges, Bade, Pystian,
Troplitz, et Mehadia (Herkulanum). Elle guerit les rhuma-
tismes, la syphilis, la scrofule, l'artériosclérose, les maladies
cutanees, etc.
La source 5 fournit l'eau que l'on boit; elle a un fort effet
purgatif et guerit les affections du foie, des organes de la
digestion et de la respiration, du systeme nerveux et la chlo-
rose. On l'envoya a l'Exposition de Bruxelles de 1898. On
constata qu'elle est l'une des meilleures eaux purgatives de
l'Europe.
Dorn a dans les montagnes de Suceava est a 130 kilo-
metres de Falticeni, pres de la gare de Dorna-Vatra. C'est la
plus célebre source qui contienne de l'arsenic et du bicarbonate.
L'air est pur, sec et ozone; la station est abritée des vents.
La source Carmen Sylva se trouve a Sarul Dornei. Les sources

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Les sources minérales 423

sont revetues de maconnerie; le puits a une profondeur de


180 metres et un debit de 18 000 litres par jour. L'importation
de cette eau est permise en France. L'exploitation a commence
en 1890. D'apres l'analyse du Dr Babes, c'est l'eau qui ren-
ferme le moins de microbes. Elle a un bon goat; elle est in-
colore et inodore. Elle est recommandee pour les maladies
nerveuses, les névralgies, les nevroses, la fievre paludeenne,
l'anémie, la pellagre, le rachitisme, la sclerose des arteres.
Les soucres de Dorna ont eté découvertes en 1806 par le
docteur Pluschk, médecin cantonnal. Mais il a fallu longtemps
pour qu'on les apprécie, les nettoie, les capte et construisie
des bains. L'eau potable ferrugineuse fut d'abord transportée
pour l'usage interne, par de longs chemins forestiers de Dorna-
Kandreny. Apres un long échange de documents, rapports et ré-
clamations, le gouvernement fit construire un établissement de
bains qui prospéra en peu de temps. Le docteur Lobl, médecin
des eaux pendant longtemps, a beaucoup fait pour ces bains.
L'eau de la source arrive directement dans les baignoires
de cuivre reluisantes; elle est chauffée a la vapeur dans le
fond double. Les boues extraordinairement curatives arrivent
aussi par des conduites dans des cuves gigantesques oii elles
sont chauffees a l'électricite et dissoutes. Un établissement
hydrotherapique, des bains électriques et une salle Zander d'une
installation modele completent les bains naturels.
Govor a, dans le voisinage de la station de Clovora, A
18 kilometres de la ville de Ramnicu-Valcea. Ces bains posse-
dent trois hotels de l'Etat. Les deux sources sont differentes
par leur composition chimique: l'une est salee et iodee; l'autre
est plus sulfureuse que celle de Mehadia, Aix-les-Bains, Aix-
la-Chapelle, Pucioasa, etc. Elles sont conduites par des tuyaux
dans l'établissement. L'eau iodee est tres recherchee. On
l'emmagasine dans trois grands reservoirs de 3 millions de litres
chacun; deux sont construits d'apres les systemes les plus
récents; cette installation est rare a l'etranger. L'eau
se rend par sa pression naturelle dans un château d'eau
oil on la chauffe; de la on la distribue dans les bains.
L'eau sulfureuse se rend directement de la source dans le
château d'eau, oil on la chauffe et distribue. Les bains sont
installes de telle sorte qu'on peut les utiliser comme bainS
iodes chauds ou froids, comme bains sulfureux chauds ott
froids, ou comme douches. Ces eaux sont employees pour
guerir les rhumatismes, la syphilis meme dans les degres avan-
ces; la scrofule, les maladies des intestins, du systeme nerveux,
les troubles digestifs, les affections des os et des articulations,
la chlorose, la pellagre, etc.
Lacul-Sarat, dans le district de Braila, a 6 kilometres
de la ville, d'oa partent des tramways qui desservent cette yule

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424 L'industrie

d'eaux. Ce sont des bains de boues avec une installation mo-


derne pour bains de boues chauds ou pour bains salins. II
existe un casino pour bals, un theatre, un pare avec des plant-
tes exotiques qui temperent la grande chaleur de Peté et
forment l'un des plus beaux jardins anglais de la Roumanie. II
existe aussi plusieurs hotels et d'elegantes villas. L'eau ren-
ferme du chlorure de sodium, de l'iode, du soufre et du sel.
Les boues de Lacul-Sarat sont plus riches en substances chimi-
ques que les boues de Franzensbad, Barbotan, Dax, Acqui,
etc. Les boues et l'eau sont employees dans le traitement
et la guérison radicale des maladies de l'uterus, des testicules,
du systeme nerveux, des symptOmes rhumatismaux, de la sy-
philis, des deviations des os, de la scrofule, etc. Sur les bordis
du lac se trouve une source d'eau minérale purgative qui a
un tres grand effet dans la chlorose, les maladies du foie, les
inflammations hepatiques.
Pucioasa, dans le district de la Dambovitza, a 18 kilo-
metres de Targoviste, possede trois sources importantes,
deux pour les bains et une ferrugineuse pour boire. Les
eaux sont sulfureuses, thermales, ferrugineuses, opalines, ayant
une forte odeur d'hydrogene sulfure; elles sont aussi bonnes
que celles de Pystian, Teplitz. On recommande les bains pour
les maladies rhumatismales, la sclerose des arteres, les pa-
ralysies, la scrofule, les eruptions cutanées. II existe plusieurs
hotels et beaucoup d'appartements dans le village qu'on loue
au mois ou pour la saison.
Slanic -114 oldova dans le district de Bacau. Le chemin
de fer conduit les voyageurs jusqu'a Targu-Ocna; de la ils se
rendent en voiture a la ville d'eaux. Sa grande reputation
provient de la variété des nombreuses substances minérales des
eaux. Elles ont gueri de nombreux malades. L'eau de Slanic-
Moldova que l'on boit vaut celle de Karlsbad, Vichy, Marien-
bad, Ems, Kissingen, par sa composition chimique et ses effets
thérapeutiques. Les bains peuvent aller de pair avec ceux de
Kreuznach, Franzensbad, Aix-les-Bains.
Les sources minérales de Slanic-Moldova sont:
a. Les sources alcalines avec du bicarbonate et chlorure de
sodium; les sources 1, 3 et 6 sont pour boire; les sources 2,
6 et 7 pour se baigner;
b. Les sources alcalines et ferrugineuses; la source 8 est
pour boire;
c. Les sources ferrugineuses 4 et 5 pour se baigner.
On les utilise avec de grands succes dans les maladies'
de l'intestin, les troubles digestifs, les affections de l'estomac
les maladies internes, la dyspepsie, le pyrosis, la fievre gastri-
que chronique, la constipation, l'entérite, la diarrhée, la con-

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Les sources minérales 425

gestion du foie, les affections des arteres, la gravelle, etc. Ces


eaux ont une grande reputation pour les maladies du tube
digestif et beaucoup de malades qui avaient éte a Karlsbad,
Marienbad, Kissingen et Vichy ont ete guéris a Slanic-Moldova
seulement. El les guerissent encore les affections de l'appareil
respiratoire, la pneumonie, le catarrha de la muqueuse du nezi
et du pharynx; puis les affections de l'uretre, la blenorrhagie
et ses complications, les maladies internes et les affections des
femmes; enfin les maladies nerveuses, les maladies generales
et celles qui proviennent d'une alimentation defectueuse: la
sclérose des arteres, les rhumatismes, l'entérite, la scrofule, la
chlorose, la neurasthénie, l'hystérie, l'obesite, le surmenage,
la migraine, l'alcoolisme, etc.
Les restaurateurs de cette vine d'eaux sont tenus de faire
la cuisine avec cette eau seulement, comme a Karlsbad et
ailleurs.
Slanic-Prahova, sur les deux rives de la riviere de
Slanic, A 45 kilometres de Ploesti, station de chemin de fer, est
situé A 390 metres d'altitude. Cette vine d'eaux est connue
depuis 1885. Un officier découvrit la source; il s'y rendit avec
des béquilles et la quitta sans bequilles. En 1889, on constitua
une sociéte pour exploiter la source saline. Elle échoua. Au-
jourd'hui la ville d'eaux appartient A l'Etat. Slanic a de jolis
environs. La vie y est A bon marche. L'eau est riche en
chlorure de potasse. Les sources sont situées A l'ouest de la
localite. II existe deux grands bassins contenant l'eau saline
de couleur verte; l'un s'appelle baia baciului (bains de berger),
l'autre baia verde (bain vert). L'analyse qualitative a montré
que l'eau contient du sel, du sel iode, du brome, du fer,
du magnesium et de la chaux.
Sarata Mon teoru, dans le district de Buzau est situé
a 7 kilometres de la gare de Monteoru, a 15 kilometres de
Buzau t A 86 metres d'altitude.
Par hasard, l'ancien propriétaire de cette terre, Monteoru
découvrit cette source en cherchant du petrole. On analysa
l'eau et on constata que c'était une eau minérale. Sa fortune
lui permit de transformer la localité en ville d'eaux. 11 fit
construire plusieurs grands hotels modernes, un établissement
de bains, un casino et un pare. Le propriétaire actuel est le
Dr Angelescu. La ville d'eaux est située dans une vallee, en-
tourée de collines boisées. L'air est riche en ozone et goudron
par suite des exhalations de vapeurs de pétrole dans le voisinage.
II y a 14 sources. Le Dr Istrate, chimiste bien connu, a analyse
les eaux en 1895. Sur les 14 sources, l'une contient de l'iode,
du brome et du chlorure de sodium; une autre de l'alcali;
quelques-unes sont sulfureuses, ferrugineuses; une autre en-
core est purgative. Dans son rapport, le Dr Istrate dit que

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426 L'industrie

ces eaux sont supérieures à celles de Hall (Autriche), de


Kreuznach (Allemagne), La Motte et Salies (France). Les sour-
ces contenant de l'iode et du chlorttre de sodium sont bonnels
pour le traitement des rhumatismes, de la goutte, de la scrofule,
du lymphatisme, de la chlorose, des maladies des femmes et
de diverses maladies cutanées. On prend les bains dans les hotels.
II existe des installations d'hydrotherapie, de therapeutique me-
canique, d'inhalations et de massage. II y a 45 cabines en tout
et un grand bassin pour les bains froids. L'un des hotels a
50 chambres et l'autre 100. Dans le village, on trouve des
chambres a bon marche. La saison commence le ler juin et
duce jusqu'au 15 aoilt.
Tie kir -Ohio 1 est situe stir la mer Noire, dans le voisinage
de Constantza. Cette ville d'eaux est tres celebre. L'eau est
salée et sent un peu l'hydrogene sulfate. Elle contient 500/o
de sel, c'est-h-dire quatre fois plus que l'eau concentrée de la
mer Noire. Les bains appartiennent a l'administration des h8pi-
taux civils. On prend les bains chauds ou froids, avec ott sans
boues. Ils sont ardonnés contre la scrofule, la tuberculose in-
fantile, les maladies des femmes, les rhumatismes, la syphilis,
les maladies cutanées, le rachitisme et la paralysie.

Les villes d'eaux principales de la Transylvanie sont:


L e H er k u I es bad, dans le district de Cares Severin,
appartient h l'Etat. L'eau est salée et sulfureuse. Les bains
étaient déjà connus des Romains qui les fréquentaient; ils ont
une reputation mondiale. Ils guérissent les rhumatismes, la
sclerose des arteres, le rachitisme et la goutte. II existe des
parcs, des hOtels, des pensions et des villas dans la localite.
O cn a -Sibiului, dans le district d'Alba Julia, possede
une eau salée. Les bains sont la proprieté de I'Etat. H existe
un grand hOtel de 70 chambres.
Mur as -Uioar a est aussi situe dans le district d'Alba
Julia. L'établissement appartient h l'Etat. Les eaux sont salées.
Borszek, dans le district de Ciuc, a une eau gazeuse et ,

ferrugineuse. II existe des installations pour les bains chauds


et froids. Les bains de boues ferrugineuses sont excellents
contre la chlorose, la goutte, les maladies de l'estornac, les
affections des femmes et des organes respiratoires.
Har g h it a, dans le district de Ciuc, appartient h la com-
mune. Les eaux sont gazeuses.
M er cur ea -Ciu culu i, dans le district de Ciuc, a des
eaux gazeuses.
Co j o cn a, dans le district de Cojocna, possede des eaux
salées.

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Les sources minerales 427

So vata, dans le district de Muresh-Turda est Ia pro-


priété de l'Etat. Les eaux sont salées.
Jabenita, dans le meme district, appartient aussi a l'Etat;
les eaux sont salées.
I die ciu, dans le meme district, est propriéte privée.
Toplita, dans le meme district, a des eaux renfermant de
l'acide silicique; c'est une propriété privée.
Dans le district de Hunedoara, on trouve les villes
d'eaux de:
Geogiu, eaux thermales sulfureuses, de 320, proprieté
privee.
Vata-de- Jos, memes eaux, un peu plus chaudes, 360
de temperature; elles appartiennent a la commune.
Dans le district d'Odorhei, il y a:
Les bains de la mine de sel de Pr ai d. Ils appartiennent
a l'Etat. Ils sont restes ferules Pannee derniere.
Cot und, proprieté privée, bains ferrugineux; ils sont égale-
ment restes fermés l'année derniere.
Udwar hely, eaux salées, proprieté privée.
Fiatfalau, propriéte communale, eaux salées, installation
primitive.
Szegke de Szombotfalva, propriété privee, eaux sulfu-
reuses; les bains sont fermés.
Miszin o gr on osi, propriété privee, eaux salées, est situé
dans le district de Satmar.
M er cur ea, dans le district de Sibiu, est la proprieté de
l'Eglise protestante; eaux salées.
Bazna, dans le district de Tarnava-Mica, appartient A
l'Eglise protestante; eaux salees, iodees et bromées.
Dans le district de Tarnava-Mare se trouvent les villes d'eaux
suivantes:
Cohalm, propriéte privet, eaux sulfureuses et salees.
Ro db ay, propriéte de la communauté des instituteurs
saxons; eaux iodees, salees et sulfureuses.
Dans le district de Trei - Scaune sont situees les villes
d'eaux de:
Malnas, proprieté privée; eaux salées, ferrugineuses et
gazeuses; les bains sont fermes;
Covasna, propriété communale; eaux salees et gazeuses ;
les bains sont fermés;
BaIvanyos, propriéte privee; eaux iodees, sulfureuses
et gazeuses; les bains sont fermes;

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428 L'industrie

V al c el e (Eloepatak), propriéte d'une societe anonyme;


eaux contenant du bicarbonate de soude et du fer; les bains
ont été detruits pendant la guerre;
Sugas, propriete de la ville Sf. Ghorghe, eaux gazeuses.
Dans le district de Turda-Aries, ii y a la ville d'eaux de
Tur d a, propriété communale; eaux salees.
Dans le Banat est située la ville d'eaux de
Buzias dont les eaux vont de pair avec celles de Nau-
heim en Allemagne. Ses sources sont radioactives, fres riches
en sels, acide carbonique et fer. On les emploie pour les mala-
dies cardiaques, les affections des femmes, des reins, contre les
rhumatismes, etc.

Un reglement a été publié dans le Monitorul oficial du


12 juin 1924 pour assurer l'unité de direction de toutes les sta-
tions thermales et balneaires, leur bon fonctionnement comme
facteurs de Peconomie politique et de la sante publique jusqu'à
ce qu'une loi speciale soit votée. II est valable pour les e au x
minérales, les villes d'eaux et stations climateri-
ques de toute sorte.
Ce reglement enterici par eau x m in é r al es toutes
les eaux qui renferment, au point de vue medical, a
Petat naturel, des substances qui influencent favorablement la
sante. Aussi, longue le ministere de l'Hygiene et de l'Assistance
publique a reconnu cette qualité a une eau, elle est employee
dans le traitement des maladies. H en est de meme des boues.
Par vill es d' e aux, le reglernent entend des localites
dans lesquelles on utilise des eaux minérales naturelles ou des
boues et dans les environs desquelles se trouvent des sources
ou installations de bains. 11 faut en outre que la localité pots-
sede pour les baigneurs des habitations remplissant certaines
conditions hygiéniques et de confort. La station doit etre in-
stallée de telle sorte qu'elle satisfasse aux exigences de Phygiene
et de la propreté.
Le reglement désigne par stations clim at eri clues les
localites qui remplissent les conditions exigées pour les villes
d'eaux, possèdent des facteurs curatifs climateriques et les utili-
sent dans le traitement des maladies.
Les villes d'eaux et stations climateriques sont
des localités qui remplissent les conditions des deux categories
précédentes.
Le regime economique des eaux minérales naturelles .et
des villes d'eaux est celui de la loi minier e, c'est-à-dire que
les sources appartiennent a l'Etat.

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Les sources minérales 429

Tous les dix ans aura lieu l'analyse chimique,


physique et bacteorologique complete des eaux min erales
em ployees pour les bains. Celles qui sont bues seront analysees
thus les cinq ans. On fora chaque année des analyses collectives,
sommaires et bactéorologiques. Seules les analyses officielles
sont reconnues.
Dans chaque vine d'eaux, on installers une commission
composée des personnes suivantes: le directeur medical, le direc-
teur de l'administration, les médecins de la station, les médecins
officiels, c'est-a-dire qui sont au service de l'Etat ou de la
commune et qui sont domicilies dans la commune, le sous-
prefet, le pharmacien de la localite nommé par le ministere :de
l'Hygiene, Pingenieur de la station, ou s'il n'en existe pas,
celui du district ou de la commune, le maire ou le notaire de
la commune rurale, un proprietaire ou fermier des installations,
un delegué de l'Office national du sport des voyages.
Cette commission possède les attributions suivantes:
1° Elle s'occupe des progres de la vine d'eaux, assure et
protege ses installations. Elle designe les genres de clotures et
persuade la population de tenir les habitations et les cours
d'apres certaines conditions de proprete, de confort et
d'esthetique.
2° Elle rnaintient les relations entre la localite et le ministere
de l'Hygiene et fait des propositions pour Pamelioration de la
station.
30 Elle est chargee des interets de la station vis-a-vis du
public et intervient le cas echeant aupres de l'Etat, du district
ou de la commune.
4° Elle etablit le budget de la station qui doit etre approuve
par le ministere de l'Hygiene et de l'Assistance publique.
50 Elle fait la publicité nécessaire pour faire connaitre la
station sous sa propre responsabilité; elle publie un prospectus
permanent contenant la description de la station, le prix des
logements pendant la saison, des bains et de la taxe des
baigneurs. Les données du prospectus doivent avoir Passentiment
des interesses ou de leur représentant, et celui du ministere
du Commerce et de l'industrie en observant les stipulations
contre l'usure. Les prix doivent etre affichés dans les restaurants.
Elle fait le necessaire pour la securite des moyens de transport
desservant la localité. Le ministere de l'Hygiene et de l'Assis-
tance publique decide en derniere instance quand l'accord ne
peut pas etre fait sur un point quelconque au sein de la com-
mission. On creera, s'il le faut, un office pour la location de
toutes les chambres qui sont a la disposition du public.
6° Elle autorise les reductions ou les exemptions de taxes
des baigneurs.

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430 L'industrie

70 Elle s'interesse aux promenades et aux routes de sport


des environs de la station d'accord avec les délégués de l'Office
national du sport des voyages.
80 Elle organise un service de renseignernents et des statisti-
ques des baigneurs d'apres le lieu d'origine, la profession et
Page; puis des archives dans lesquelles seront conserves toutes
les statistiques et tous les documents intelressant le développe-
ment de la station.
A côté de cette commission, il existe un conseil medi
c a 1 compose de plusieurs personnes dont la charge est honorifi-
que. II sera installe dans les stations qui comptent plus de deux
medecins des eaux. II comprend tous les médecins qui exercent
d'une fawn permanente dans la ville d'eaux. Ses attributions
sont uniquement medicates. Elles concernent l'acquisition des
nouvelles installations pour le traitement des maladies. La police
sanitaire est entre ses mains. Il fait des statistiques et en tire
les conclusions. II veille a ce que les tuberculeux n'habitent
pas dans la station a moins qu'elle ne soit installée pour eux.
Le directeur medical qui appartient au conseil est tenu de re-
mettre chaque année un rapport scientifique au ministere de
l'Hygiene et de l'Assistance publique, etabli d'apres les notes
du conseil.
Les dir ecteurs forment un troisieme organe. Le direc-
teur medical d'une station est le medecin officiel. II s'occupe du
contrôle du personnel chargé d'exécuter les traitements prescrits
par le médecin des eaux et de l'exécution des decisions du
conseil medical. Il est en meme temps medecin des eaux et
doit avoir exercé au moins 5 années. Il est nommé par le
ministere de l'Hygiene et de l'Assistance publique. II y a en-
core les directeurs de Padministration. Si la station thermale
n'a qu'un propriétaire, celui-ci seul est directeur de l'administra-
tion. S'ils sont plusieurs, l'un d'eux est élu. Les stations
climateriques sont tenues d'avoir un directeur d'administration.
Un quatrieme organe est forme par les balnéologue s.
Aucune station ne peut fonctionner sans avoir un médecin dos
eaux. Personne ne peut faire une cure sans les prescription's
d'un tel spécialiste. II ne peut exister aucune installation
physiotherapeutique sans direction medicale. Le nombre des
médecins est fixé par decision ministérielle. Le reglement declare
la profession de medecin des eaux incompatible avec la possession
d'installations de bains.

Les établissements d'eaux minerales jouissent


des faveurs suivantes:
1 Une reduction de 500/o sur les chemins de fer aux
baigneurs et au personnel de la ville d'eaux pendant la saison.i

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Les sources minérales 431

20 Une reduction de 500/0 sur les chemins de fer de l'Etat


pour les instruments, machines, bouteilles, emballages et, d'une
fawn generale, pour chaque objet necessaire a l'installation
des bains et des eaux minerales.
30 L'exemption de droits de douane pour les machines et
parties de machines necessaires a l'industrie des eaux minerales.
40 Une reduction des impôts directs sur les batiments et
installation de bains.
50 L'obligation de l'Etat d'entretenir des bureaux de poste
et de police dans les villes d'eaux pendant la saison.
Le reglement oblige les villes d'eaux a etablir un budget
special a la fin de la saison pour la saison suivante. Les Ire-
cettes se composent des taxes sur les baigneurs et les concerts
et des revenus provenant des fetes, donations, etc. El les per-
mettent de faire des ameliorations et d'exécuter des construc-
tions. Seules, les petites villes d'eaux sont dispensées d'établir
un budget special, excepté dans le cas oii elles ont de grandes
recettes.
Les villes d'eaux sont moralement tenues d'accorder des
reductions de prix ou des exemptions de taxes aux malades
nécessiteux. Sur leur demande, les villes d'eaux de l'Etat accor-
dent des reductions aux categories de personnes suivantes :
fonctionnaires (civils et militaires), pretres, fonctionnaires en
retraite, employes de district et de commune en retraite, vete-
rans de 1877, invalides, veuves de guerre, orphelins de guerre,
medecins et leur famille. Ces personnes sont aussi exemptes de
la taxe sur les baigneurs a l'exception des fonctionnaires qui
sont ranges dans la derniere classe.

Le reglement regle l'importation d'eaux mine -


a- a 1 e s. Les conditions suivantes doivent etre remplies pour que
le ministere de l'Hygiene et de l'Assistance publique accorde
son autorisation a l'importation d'eaux minérales :
10 Adresser une requete au ministere, notamment a l'in-
spectorat balneologique contenant:
a. Des renseignements sur l'eau en question et son analyse.
b. La description de la fawn dont la source est captee,
des installations, du remplissage des bouteilles; les conditions
sanitaires et geologiques de la source.
20 Vingt litres d'eau minerale au moins doivent etre en-
voyes dans des bouteilles originales au ministere de l'Hygiene
pour l'analyse chimique.
30 Le solliciteur doit payer une taxe de 5400 lei pour payer
les frais d'analyse et les autres travaux du ministere.

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432 L'industrie

Le reglement prescrit un nombre d'arnendes.


La publication de réclames trompeuses qui ne répondent pas
aux constatations officielles sera punie de 1000 a 5000. La puni-
tion sera publiée dans trois journaux. La mise en seivice de
bains non autorisés par le ministere sera punie de 10 a 50 000
lei et le service aussitôt arreté. L'importation d'eaux minérales
non autorisees sera punie de 10 a 50 000 lei et les bouteilles
introduites seront saisies et detruites.
Ce reglement des villes d'eaux roumaines contient nombre
de mesures modeles qui prouvent que les points de vue economi-
ques éleves passent avant les points de vue purement prives. C'est
aussi le bon moyen pour que les bains roumains acquierent la
reputation qu'ils merient sans doute a cause de leurs vertus
curatives. Les autres pays, les pays voisins notamment, con-
fieront leurs malades a un pays qui a donne a ses villes d'eaux
une saine et vitale organisation.

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X. L'organisation de l'industrie roumaine.
La reunion des interets de l'industrie roumaine est incarnee
dans tro is s or t es d'associations:
10 L'organisation centrale.
20 Les associations de districts.
30 Les associations speciales.
L'organ is a tion cent rale s'etend sur tout le rovaume.
Elle est représentee par le Syndicat général des indus-
tries de la Roumanie a Bucarest (U. G. I. R.). Cette nouvelle
reunion, confirmée par une decision ministerielle du 29 janvier
1923, a pour but de défendre les interets de l'industrie nationale,
de les représenter devant les autorités et autres corporations et
de les développer dans le cadre de l'economie roumaine.
Le Syndicat general a déjà exerce une activité etendue. Ii
est intervenu dans la question des ouvri ers é tr anger s.
Plusieurs industries, surtout l'industrie textile, croient avoir des
prejudices parce que la police expulse les ouvriers spéciaux en
vertu de l'ordonnance de travail qui defend d'occuper des ouvriers
étrangers dans une certaine branche tant que des ouvriers rou-
mains de cette branche sont sans travail. Par suite, de nom-
breux ouvriers tchécoslovaques, hongrois et allemands ont dii
quitter le pays. L'U. G. I. R. adressa une requete au ministre
du Travail; elle obtint que l'on tint compte des désirs et in-
terets de l'industrie dans la nouvelle loi d'immigration et qu'un
membre du syndicat general flit delégué dans la commission cen-
trate pour l'application de la loi. A propos du tarif douanier,
le syndicat a fait des propositions pour développer les industries
d'exportation. 11 réclama énergiquement aupres du ministere des
Finances la protection des industries menacées par la concur-
rence etrangere a propos des tarifs douaniers d'importation et
la conversion du leu-or en 40 lei-papier au lieu de 30; car Ia
protection insuffisante résultait du coefficient trop faible fixé par
le ministere des Finances pour la conversion du leu-or en 1ei-
papier.
L'organe de l'U.G. I. R. est le Buletinul uniunii generale a
industriasilor din Romania.
Les syn di c a ts r egion aux s'étendent sur certaines par-
-ties du royaume roumain. Le plus important est l'Asso cia-
28

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434 L'organisation de l'industrie roumaine
tion des indu,striels transylvaniens qui a éte créée
en 1919. Son siege est A Kronstadt. Ce syndicat embrasse toute
l'industrie de la Transylvanie a l'exception de la contrée de
Klausenburg et de Turda. D'apres ses statuts, il a pour but:
1° De défendre et de développer les intérets de l'industrie
transylvanienne; de réaliser les efforts servant a la protection
de l'industrie du pays; d'orienter l'opinion publique, le gouverne-
ment et la legislation sur les désirs et les plaintes des membres
surgissant dans la vie pratique; enfin de prendre les mesures
necessaires pour supprimer les inconvénients éventuels.
2° De prendre l'initiative de toutes les mesures législatives,
sociales et gouvernementales necessaires au renforcement de l'in-
dustrie, a son maintien et a son développement systématique,
ou de soutenir celles qui sont proposées.
3° De dire son avis dans toutes les questions concernant
l'industrie, notamment celles relatives aux impôts, douanes, au
commerce, trafic, aux tarifs et livraisons publiques.
40 D'encourager l'industrie en assurant le plus possible la
consommation intérieure a l'industrie indigene et en secondant
les efforts d'exportation.
50 De collaborer a la solution des questions de politique
sociale en tenant également compte des interets des employeurs
et des employes.
6° De remettre des expertises spéciales au gouvernement,
aux autres autorites compétentes ou a ses membres.
7° De developper et de répandre les connaissances speciales,
de seconder les efforts scientifiques dans le domaine de l'éco-
nomie politique et de frayer la voie aux inventions et novations
techniques reconnues bonnes.
80 De rester constamment en rapport avec les autres corpora-
tions spéciales et économiques du pays, avec les facteurs indi-
genes appelés a défendre leurs interets; d'agir d'accord avec eux
dans les questions d'interet general ou dans les questions qui
touchent particulierement l'industrie nationale.
9° De suivre, en general, attentivement thus les évenements
qui touchent la production industrielle et la vie économique, de
les discuter a fond, de les étudier et de dormer son avis.
L'organe du syndicat est l'Industriezeitung.

II existe en outre en Roumanie d'autres associations


spéciales d'in dustr i els qui représentent la reunion de
diverses branches d'industrie. Les plus importantes sont celles de
l'industrie métallurgique et minière, de l'industrie verriere et de
l'industrie du bois.

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Les Chambres de commerce et d'industrie 435

Les Chambres de commerce et d'industrie sont


plus importantes que toutes ces organisations privées. Ce sont
les institutions publiques fondées pour défendre les interets de
l'industrie et du commerce et les representer dans l'Etat. Ces
organes consultatifs et administratifs sont appeles a collaborer
au progres économique, d'accord avec les intérets generaux du
pays. Ils doivent veiller a ce que les intérets du commerce et de
rindustrie soient en harmonie avec les besoins de la collectivité.
La nouvelle loi sur la reorganisation des Chambres
de comm er ce et d'in dustri e (Monitorul oficial du 12 mai
1925) dit que le gouvernement peut créer une Chambre de com-
merce et d'industrie dans chaqu e di stric t. A l'heure actuelle
(1925), on compte dans tout le royaume 19 Chambres de com-
merce et d'industrie dont quelques-unes s'étendent sur plusieurs
districts. Ainsi celle de Bucarest comprend en outre les districts
d'Ilfov, de Vlasca et de la Jalornitza.
H existe une Chambre de commerce et d'industrie a Buca-
rest, Arad, Botosani, Tulcea, Jassi, Cluj, Constantza, Durostor,
Putna, Ismail, Oradia Mare, Brasov, Prahova, Braila, Craiova,
Pitesti, Galatz, Cernauti et Temisoara.
Ces Chambres ont les attributions suivantes:
10 Elles donnent des renseignements au gouvernement et
aux autorités publiques, de leur propre initiative ou sur demande,
des conseils motives sur toutes les questions relatives au com-
merce et a l'industrie.
20 Elks aident l'Etat a remplir son role economique sur
sa demande.
30 Elles examinent les questions qui touchent leur sphere
d'activite.
40 Elles collaborent a l'office des statistiques publiques et
établissent les statistiques relatives a l'industrie et au com-
merce d'apres des regles scientifiques et techniques qu'il leur
donn e.
50 Elles recueillent et mettent a la disposition des indu-
striels et des commercants les renseignements dont ils ont besoin
dans l'exercice de leur profession.
60 Elks tiennent a jour la situation des maisons et societés
conformement a leur reglement et aux prescriptions de la loi.
70 Elles recoivent, conservent et tiennent a la disposition
du public les marques de fabrique et de marchandises des maisons
de leur district.
80 Elles fixent a l'aide de reglements qui doivent etre
approuves par le ministere du Commerce et de l'Industrie les
usages cornmerciaux de leur district.
2 8*

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436 L'organisation de l'industrie roumaine
90 El les délivrent des papiers d'identité aux voyageurs de
commerce, des certificats d'origine de marchandises, d'usances
commerciales, de maisons enregistrées, de changements dans
les maisons, les marques de fabrique et de marchandises, de
cotations boursieres, de decisions et de tous les documents
de la Chambre.
100 Elks dressent les mercuriales.
110 El les collaborent aux Chambres de travail et d'agricul-
ture dans toutes les questions d'interet general.
120 El les remettent chaque armee au ministere du Com-
merce et de l'Industrie et au syndicat des Chambres de com-
merce et d'industrie un rapport détaille sur l'industrie et le
commerce de leur district et publient un rapport sur leur activité.
130 Avec l'agrement du rninistere du Commerce et de l'In-
dustrie qui recoit aussi l'expertise des Chambres de commerce
et d'industrie, elles sont autorisées:
a. A prendre l'initiative et a participer a la constitution
de sociétés ou de konzerns ayant pour but l'execution de cer-
tains travaux ou services publics d'intérets commerciaux ou in-
dustriels, tels que ports maritimes et fluviaux, zones franches
dans les ports, canaux de navigation ou autres voies et services
de communication par terre, par eau ou dans l'air;
b. A fonder et a administrer seules ou en communaute
conformément a la loi de la commercialisation des services et
des installations pour les besoins du commerce et de l'industrie,
comme bourses, foires, places, halles pour la vente des céréales,
bestiaux et autres marchandises; des magasins, docks, éleva-
teurs reels ou nominaux, des services pour l'analyse des marchan-
dises, installations d'essais, expositions permanentes, musées de
commerce et d'industrie, foires d'échantillons periodiques, etc.;
c. A fonder seules ou avec le ministere competent, con-
formément aux lois generales de l'instruction publique, des ecolcs
pour l'enseignement professionnel: ecoles de commerce, d'in-
dustrie, des cours pour repandre les connaissances commer-
ciales et industrielles; a accorder des bourses pour Petude et
la pratique dans le domaine commercial et industriel; a créer des
foyers d'apprentis;
d. A participer aux depenses qui servent au commerce et
a l'industrie;
e. A acheter et a bath- des edifices pour leur propre usage
ou a l'usage de leurs institutions.
140 El les remplissent les attributions que la loi leur donne
ou qui peuvent leur etre données par des lois speciales ou des
reglements, ou celles qui peuvent resulter de la pratique du
commerce ou de l'industrie de leur district.
150 El les publient un bulletin officiel.

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Les Chambres de commerce et d'industrie 437

El les sont autorisées a recourir aux autorités publiques pour


l'exercice de leurs attributions, a leur demander des renseigne-
ments, a en demander aux maisons privées.
Les commercants, industriels et sociétes commerciales sont
tenus de donner les renseignements et explications demandés
par les Chambres de commerce et d'industrie pourvu que ces
renseignements ne portent pas prejudice aux secrets des affaires
et aux intérets professionnels. Le refus de donner des renseigne-
ments ou la communication intentionnelle de donnees fausses
est un manquement qui est constaté dans un proces-verbal par
un delegue de la Chambre de commerce et d'industrie et lin
officier de police. Les coupables sont punis d'une amende de
250 a 5000 lei apres la decision d'un tribunal sans droit d'opposi-
tion, mais avec la possibilité d'interjeter appel.
Le tribunal est tenu d'envoyer, a la fin de chaque moils,
une copie du registre du commerce des maisons a la Chambre
de commerce et d'industrie.
Les tribunaux ne doivent enregistrer aucune maison sans
avoir recu un avis de la Chambre de commerce et d'industrie.
Ils n'enregistrent les maisons des &rangers ou les societes
O capitaux étrangers qu'avec l'autorisation du ministere du Com-
merce et de l'Industrie qui est lie par le rapport de la Chambre
de commerce et d'industrie compétente.
Les commercants et fabricants qui réclament le droit de
propriete exclusif d'une marque de fabrique et de marchandise
doivent deposer un exemplaire de ce dessin a la Chambre.
Les tribunaux ne peuvent enregistrer aucune marque avant
d'etre en possession de l'avis de la Chambre en question.
La loi fixe le cercle des personnes qui sont tenues d'etre
membres d'office et qui sont inscrites dans les listes electorales.
des Chambres de commerce et d'industrie. La qualité de mem-
bres depend de Penregistrement de la maison et du montant
des impôts payés. Les directeurs et fondes de pouvoir des
sociétés anonymes, les commanditaires ayant le droit de signa-
ture des societés en commandite, les gérants des societés A
responsabilité limitée, les directeurs des succursales dans les
districts en question sont membres d'office de la Chambre.
La nouvelle loi se distingue de l'ancienne en ce que tous
les commergants et industriels, tous les etablissements commer-
ciaux et industriels qui payent un certain chiffre d'impots sont
membres ipso jure de la Chambre de commerce et d'industrie.
Autrefois, seuls quelques membres étaient élus a la Chambre;
aujourd'hui, on a adopté le systeme anglais: tous les commes-
cants et industriels sont membres; ils nomment un cons ell
d'a dministr a tion chargé des affaires de la Chambre. 11

est compose de 20 a 80 membres élus, membres d'office, de-

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438 L'organisation de l'industrie roumaine
légues et correspondants. II choisit une commission dir e c -
t or ia le qui fait les affaires courantes et execute les decisions
de l'Assemblée generale. Le seer étaire de la Chambre fait
partie du directoire. Chaque année les commergants et les
industriels sont convoques en assemblée generale dans laquelle
le conseil d'administration depose son compte rendu. II existe
en outre trois censeurs et un commissaire du gouvernement
comme organes de surveillance. Ils sont nommés parmi les
commercants et industriels par le gouvernement ou par les
représentants des banques.
Les Chambres de commerce et d'industrie se divisent en
deux sections : une pour le commerce et une pour l'industrie.
Elles peuvent travailler séparement. On a aussi prevu des
Chambres d'agriculture et de travail; les petits industriels ap-
partiendront aux dernieres; de sorte que toutes les branches
de la vie economique seront représentées par des Chambres.
Les Chambres de commerce et d'industrie ont de grandes
re cett es: les supplements de la patente, les taxes des cer-
tificats, etc., les revenus de leur propre fortune; enfin les em-
pnints qu'elles peuvent faire avec l'autorisation du ministre
si les autres recettes sont insuffisantes. Nous avons vu qu'elles
peuvent creer des entreprises de transport; elles sont ainsi
a meme d'utiliser les capitaux qui affluent dans leur caisse.

Toutes les Chambres de commerce et d'industrie de la


Roumanie forment un syndicat representant une institution publi-
que d'un caractere economique, dont le siege permanent est
dans la capitate du pays. Son but est d'exercer une influence
collective sur la direction de la politique commerciale et in-
dustrielle, principalement:
a. En dirigeant, stimulant et systematisant Pactivite des
Chambres de commerce et d'industrie;
b. En systematisant leurs travaux;
c. En formulant leurs idees sur les problemes géneraux
les plus importants du commerce et de l'industrie;
d. En poursuivant les buts qu'une seule Chambre ne pour-
rait atteindre;
e. En remplissant les attributions que leur accordent les
lois et reglement. Le gouvernement a le droit d'exiger leur
avis dans toutes les questions de nature commerciale ou in-
dustrielle.

Les organes de ce syndicat sont:


10 L'Assemblee generale (composee de 2 A 4 dé-
légués pour chaque Chambre; 6 pour Bucarest);

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Les Chambres de commerce et d'industrie 439

20 La Commission directoriale composee des de-


légues choisis par l'Assemblée generale et d'un nombre de
délégues d'institutions publiques, financieres et economiques;
30 La Présidence du syndicat.
II existe encore des prescriptions speciales pour les Cham-
bres de commerce roumaines a l'etranger.
Le gouvernement roumain peut reconnaitre et accorder
son aide A la Chambre de commerce et d'industrie, a des or-
ganisations roumaines ou roumaines et étrangeres ayant leur
siege a Petranger dont il juge l'existence nécessaire a Peconomie
.natio n al e.
Les conditions suivantes sont nécessaires pour qu'une Cham-
bre de commerce et d'industrie soit reconnue a l'etranger:
10 Elle doit etre composee en majorite de personnes ou
de maisons inscrites au tribunal et exergant un commerce ou
une industrie dans le pays oa la Chambre doit etre créée ou
en Roumanie;
20 La moitié des membres au moins doivent etre de natio-
nalite roumaine;
30 Elle doit avoir des statuts précisant exactement les buts
qu'elle poursuit; ils doivent etre approuves par le ministere du
Commerce et de l'Industrie. La reconnaissance a lieu par de-
cret ministeriel.
Les Chambres de commerce et d'industrie roumaines ou
mixtes a l'etranger représentent des organes de renseignements
et de liaison economiques de la competence suivante; elles
ont le droit:
10 De fake des etudes et des enquetes, de rassembler des
donnees, d'établir des travaux statistiques sur le mouvement
commercial et industriel du pays;
20 De rassembler des renseignements et de les mettre A
la disposition des interesses des deux pays qui en ont besoin
dans l'exercice de leur profession;
30 De publier des bulletins commerciaux, rapports et ren-
seignements d'un caractere économique;
40D'organiser les expositions et foires d'échantillons;
50 De donner au gouvernement roumain sur sa demande
leur avis sur diverses questions economiques et sur les moyens
propres a nouer des relations commerciales entre les deux
pays.
On peut fonder en Roumanie des Chambr es étran-
ger es pour representer les interets &rangers ou mixtes (etran-
gers et roumains), commerciaux et industriels, avec l'autorisa-
tion du gouvernement roumain et sur ia recommandation du

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440 L'organisation de l'industrie roumaine
syndicat des Chambres de commerce et d'industrie. El les
doivent:
10 Adresser une demande au ministere du Commerce et
de l'Industrie contenant les statuts de la Chambre, la liste des
membres et de la commission avec noms et adresses, une clé-
claration du gouvernement etranger qu'il existe dans son pay
réciprocité pour ces institutions;
20 Se soumettre aux prescriptions de la loi sur les Cham-
bres de commerce et d'industrie.
Ces Chambres ont seulement le but de remplir des attri-
butions consultatives et de faire une propagande économique
pour développer les relations commerciales entre la Roumanie
et le pays en question. El les peuvent avoir les memes attri-
butions que les Chambxes roumaines a l'etranger pour rem-
plir ce but.
Seuls, les commercants et industriels qui ont leur domicile
en Roumanie et dont la maisort est enregistrée peuvent etre
membres de ces Chambres.

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XL Les nouvelles lois économiques.
Les quatre grandes lois économiques de la Roumanie qui
sont l'expression de sa politique economique inaugurée apres
la guerre sont:
10 La loi miniere;
20 La loi de comme,rcialisation;
30 La loi d'energie;
40 La Ioi du regime des eaux.
Une nouvelle ere commence dans Phistoire économique de
la Roumanie avec la publication de ces lois en 1924. Les prin-
cipes qu'elles renferment sont d'une grande importance pour
le développement du pays. Ils représentent en meme temps
le squelette du régime industriel. 11 importe A l'etranger de
:es co.inaitre, car il est intéresse aux richesses de la Rou-
manie. II possede de grandes concessions de mines et tra-
vaillera A Pavenir avec l'économie indigene.
Parmi ces quatre lois, la loi miniere est la plus Am-
portante. Elle est entierement une loi du socialisme d'Etat en
donnant A la collectivité (A l'Etat) droit sur les tresors de la
terre, en tenant compte des conceptions juridiques actuelles du
droit de proprieté et de ses limites, des necessités sociales et
des idées democratiques. Elle est en harmonie avec les pen-
sees de l'Etat moderne, d'apres lesquelles ii doit conserver.
A la collectivité les avantages de l'exploitation
des richess es de son so I. L'Etat a la mission de la
co ntr ler et de proteger les fonds existants contre un
epuisement trop rapide. La loi minière part de ce principe
que le pays a le droit de revendiquer le premier ses trés or s.
En consequence toutes les mines sont nationalisées. Les hommes
d'Etat dirigeants ont exprime A plusieurs reprises que la ma-
jorité du capital des sociétes anonymes et l'influence domi-
nante devaient etre entre les mains des Roumains. Un mot
bien connu du ministre des Finances Bratianu qui a beaucoup
fait pour la nationalisation de l'industrie roumaine est: Prin
noi insi-ne (Par nous-memes).
La loi des mines s'efforce d'empecher le capital etran-
g er de s'emparer de plus en plus de Pexploitation du pays. 11

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442 Les nouvelles lois économiques

ne s'agit point de l'exclure, mais de le limiter. M. Gheorghiu,


secretaire general du ministere des Finances, a dit au congres
du syndicat de l'industrie métallurgique et miniere, le 28 mars
1925: «Nous désirons que thus les deux (le capital &ranger
et ses experiences) nous viennent en aide, mais pas sous la
forme d'un systeme colonial.» La Roumanie vent se défendre
contre les methodes que les Etats européens ont suivies dans leurs
colonies. Elle essaie d'arrêter une evolution qui aurait rendu le
capital étranger maitre du pays si elle avait continue. La nou-
velle politique économique se propose la collaboration
du capital indigene et du capital &ranger, mais l'Etat ne dal
pas tomber sous la puissance du capital etranger. Une telle
domination est contraire au principe national sur lequel repose
le royaume roumain. La Roumanie n'exclut donc pas le ca-
pitalisme &ranger; elle le place sous l'aspect national. Les
intérets nationaux doivent, a tout prix, etre proteges. Cette
politique preserve le pays de la dependance politique et lui
assure les avantages que procurent l'immigration des capitaux
des pays d'économie et de technique développées.
Elle a souleve la resistance des milieux capitalistes etran-
gers parce qu'ils n'ont pas tout obtenu ce qu'ils attendaient
Les voix qui se firent entendre des grands pays occidentaux,
d'Angleterre et d'Amerique, en sont une preuve. A peine
connut-on le projet de la nouvelle loi miniere qu'une cam-
pagne fut ouverte contre lui. Beaucoup de commentaires de
journaux Changers l'interpréterent comme s'il violait les droits
acquis et portait prejudice aux intérêts de ceux qui avaient in-
vesti des capitaux dans l'industrie roumaine. La nouvelle loi
ne renferme pas de prescriptions semblables. 11 est possible
que le projet renfermat des lacunes a ce sujet; la loi defini-
tive tient compte des interets des capitaux étrangers; elle pro-
tege dans sa troisieme partie les droits acquis.
Le capital étranger voulait son entiere liberté. 11 est clair
qu'en l'accordant, la Roumanie l'aurait paye de sa liberté econo-
mique. Aussi ne peut-on qu'approuver le principe de restreindre
cette liberté tout en reconnaissant les droits acquis. En in-
augurant cette politique, le gouvernement a pensé aux inte-
r ets futurs du pays qu'il n'a pas abandonnés pour des
avantages momentanes. Evidemment, sans les stipulations restric-
tives de la loi miniere, qui donne a l'Etat une grande puissance
sur l'économie privée, il serait plus facile d'obtenir du credit
de l'étranger. Les negociations avec les banques étrangeres en
1924 sont restées sans resultat, a cause, sans doute, de l'im-
pression que le projet a fait a l'etranger.
Le gouvernement roumain a exposé sa politique dans un
memorandum detaille intitule: «Coup d'ceil jeté sur la

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Les nouvelles lois économiques 443

situation actuelle et le programme futur de la Roumanie dans


le cadre des nouvelles lois economiques»; il est signé par le
ministre des Finances Bratianul. II dit: «De graves raisons
nous determinent A preferer la colloboration du capital étran-
ger A l'économie et au travail roumains a une combinaison dans
laquelle ii travaillerait seul. Si le capital etranger travaille dans
une maison roumaine, ii trouve dans les energies et les moyea
economiques du pays un appui et une garantie qui lui man-
queraient s'il etait engage seul.
La Roumanie d'aujourd'hui a des besoins actue/s auxquels
on pourrait facilement faire face avec l'aide de l'étranger. Nous
sommes prets A tout faire pour recevoir cette aide. Mais ii n'est
pas permis a un Etat souverain de sacrifier les intérets de l'a-
venir pour surmonter maintes difficultes passageres.»
Ainsi la participation du capital étranger est nécessaire et
desirable comme auparavant. Le systeme de participation ne sera
appliqué que dans les sociétés qui obtiendront a l'avenir des
droits d'exploitation sur les domaines de l'Etat. II ne concerne
pas les sociétes qui s'occupent de l'exploitation des terrains de
propriet6 privee. Celles-ci restent soumises au droit commun.
Si une industrie privee roumaine cherche des relations avec
le capital étranger, l'Etat n'a rien a lui dire. Par contre, les
prescriptions ci-dessus sont appliquées s'il s'agit de proprietés
publiques, telles que sous-sol, forets d'Etat, pecheries, me-
thane, etc.
La loi miniere oblige les societes A respecter la forme de
la participation de l'Etat si elles désirent obtenir des territoires
pétroliferes lui appartenant. El les conservent leur forme actuelle
si elles ne désirent pas sa participation. La sphere d'activite
des societes étrangeres, qui s'occupent de l'exploitation du pe-
trole, est, comme on le voit, tres vaste.
La Roumanie a besoin du capital étranger sous la forme
d'avances. Voici ce que dit le memorandum A ce sujet:
«La participation etrangere se fera sous la forme d'avances
pour pouvoir faire face dans le pays, de ses propres forces,
aux travaux nécessaires. Mais la plus grande partie des apports
etrangers aura lieu sous la forme de livraisons en nature qui
sont tres importantes pour tous les pays producteurs, notamment
de materiel de chemins de fer, rails, materiel roulant; materiaux
pour les constructions en vue d'utiliser les chutes d'eau, pour
les docks, ports; rnatériaux pour l'exploitation des mines, forets;
enfin de machines et outils pour l'industrie qui a besoin des
produits semi-fabriqués étrangers jusqu'à ce qu'elle se soit assez
developpée pour pouvoir les fabriquer elle-meme.»
1 Argus des 17 et 18 septembre 1924.

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444 Les nouvelles lois économiques
.1 '117: -7. ir-4:41
Dans cette nouvelle situation de la Roumanie, on volt les
avantages d'une union entre le capital roumain et le capital
étranger que l'Etat réclame pour mettre en valeur ses biens;
les entreprises privées peuvent suivre la meme voie.
Les difficultés financieres de la Roumanie ne sont pas
causées par les travaux qu'il faut executer A Pinterieur pour
mettre en valeur les trésors du sol, mais par les capitaux en-
gages A l'étranger pour payer les machines et matieres premieres.
La depreciation du change roumain a rendu leur achat tres
difficile. La formule adoptee permet d'exécuter trois opera-
tions, notamment: les avances, l'augmentation de la production
intérieure et consequemment la capacité d'achat de la Rou-
manie sur le marche étranger. «Les ressources du pays forti-
fiées par un secours financier etranger feront face aux dépenses
Pinterieur; l'apport étranger sera fait sous la forme de livrai-
sons en nature.
La Roumanie veut utiliser et mettre en valeur les trésors
de son sol. Les pays avances veulent une utilisation remun é-
ratrice de leur épargne et de leur travail. Entre ces deux ten-
dances, il n'existe pas de dissonance essentielle. Dans ces con-
ditions, il est toujours facile de trouver un terrain d'entente,
en supposant naturellement que leur execution est sincerement
désiree.»

La loi minière.
La loi miniere date du 4 juillet 1924 et a été publiee dans
le No 143 du Monitorul oficial. Elle compte 271 paragraphes.
Sa disposition laisse A desirer; son homogenite n'est pas en-
tierement observée. Ainsi elle renferme diverses stipulations
qui appartiennent au droit du travail et A la politique du commerce
comme le § 269: Les machines, outils, tous les appareils et
tout le material qui sert A decouvrir les mines, A l'exploitation et
A la transformation des produits d'extraction sont exempts de
tout droll de douance si l'entrepreneur en a besoin pour sa
mine et s'ils ne sont pas produits dans le pays. Ces défauts dans
Parrangement des matieres, mis en regard des prescriptions
fondamentales qui tiennent compte des progres des mines, sont
peu importants. Toute la loi repose sur l'article 19 de la
Constitution en vertu duquel toutes les richesses souterraines sont
la proprieté de l'Etat; mais les droits acquis et les concessions
actuellement en vigueur sont respectés.

La loi se divise en trois parties principales:


La premiere partie traite des conditions gen éral es
auxquelles les concessions sont accordées.

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La loi minière 445

La deuxieme partie contient les prescriptions sp ecia-


les d'apres lesquelles les concessions sont accordées
pour les divers gisements.
La troisieme partie renferme la reconaissance et la
validité des droits acquis.
La base stir laquelle est établie la loi minière est que tous .
les trésors du sol sont et restent la propriete de
l'E t a t dans toute leur étendue, depuis la surface jusqu'à la
profondeur infinie. Seuls, les masses de roches ordinaires, les
gisements de piexres a bâtir et les gisements de tourbe font
exception a cette regle en faveur du proprietaire foncier. Tout
le reste appartient a l'Etat.
Cette prescription fondamentale ne signifie point que la
propriété en charbon ou en pétrole des sociétés passe entre les
mains de l'Etat. Les concessions restent la propriété de
ceux qui les possedent. II n'est parte aucun prejudice aux
droits acquis.
Le point essentiel de la loi miniere est les concessions. L'Etat
peut ceder le droit d'exploitation des richesses du sol _qui
lui appartiennent a un tiers. Cela se fait par une concession.
L'obtention de concessions depend de deux conditions:
10 De travaux de prospection.
20 De travaux de fouilles.
La prospection a pour but la connaissance generale de la
surface d'une contrée, soit par des recherches géologiques;
soit par des mesurages physiques d'apres les constantes magne-
tiques, électriques ou physiques des substances minerales, soit
par de petits travaux a la surface pour determiner les points
ou la presence d'un gite est vraisemblable. Le ministere du
Commerce et de l'Industrie peut donner une permission de
prospection d'une armee, avec la possibilite de la renouveler,
pour executer ces recherches et travaux. Seules, les personnes
qui prouvent avoir la capacite technique qu'ils exigent recoivent
cette permission. La taxe annuelle pour la permission est de
1000 lei.
La seconde supposition consiste a prouver irrecusablement
la presence et la possibilité d'exploitation d'un gisement a l'aide
de travaux d'exploration ou des fouilles. L'autorisation d'exe-
cuter ces travaux est accordee pour un terrain limité. L'Etat
choisit les fouilleurs qui possedent les plus grandes capacités
techniques et financieres. C'est son bon droit. 11 pent aussi
executer lui-meme des fouilles. Le domaine des fouilles doit
etre quadrangulaire ou triangulaire.
L'autorisation d'executer des fouilles est accordee par dé-
cret royal. La taxe est de 2000 a 10 000 lei. La demande est

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446 Les nouvelles lois économiques

faite en quatre exemplaires; elle est accompagnée des annexes


suivantes:
1° Un rapport de prospection sur la contrée dans laquelle
se trouve le perimetre h exploiter avec une carte h l'échelle
d'un vingt-millieme jusqu'à un cent-millieme. Ce rapport doit
aussi contenir le programme des travaux que le proposant veut
executer.
20 Un plan des travaux de fouille a Péchelle d'un cinq-
iuillième ou d'un dix-millieme et ses rapports avec le per--
metre voisin. 11 doit etre execute en six exemplaires sur toile
et etre accompagné d'une liste des propriétaires fonciers du
territoire. L'autorisation sera accordee meme si quelques pro-
prietaires ne sont pas mentionnes.
30 Des documents prouvant la capacite financiere et tech-
nique du solliciteur pour executer les fouilles au point de vue
des substances cherchées et des obligations a remplir.
40 Des pieces prouvant la nationalité du solliciteur s'il
s'agit d'une personne, celle des membres du conseil d'administra-
tion et des fondes de pouvoir qui ont le droit de signa-
ture, s'il s'agit d'une sociéte.
5° Si la demande est faite au nom d'une société, on ajou-
tera un exemplaire de ses statuts, de l'acte de sa fondation
et la procuration donnee a la maison solliciteuse.
La demande est portée sur un registre special par l'auto-
rite des mines régionale. Le ministere du Commerce et de
l'Industrie l'accepte ou la refuse ensuite, d'apres le rapport du
conseil superieur des mines.
Si la demande est accordee, le maire (primar) de la commune
dans laquelle se trouve le domaine a fouiller recoit une copie
de Pautorite des mines régionale. Pendant dix jours, les pro-
prietaires fonciers peuvent en prendre connaissance. Les ayants
droit ont dix autres jours pour presenter leurs objections a
l'office communal. Celui-ci renvoie le dossier h Padministra-
tion municipale en y ajoutant les observations eventuelles de
l'autorité des mines. Elle est tenue, dans le delai de dix
jours suivant l'arrivée du dossier, de visiter la contree et de
remettre un rapport sur la demande d'autorisation de faire
des fouilles. Le dossier de la demande est envoyé dans Pinter-
valle de dix autres jours au ministere qui decide. Un cahier
des charges fixe les conditions des travaux. Le fouilleur ac-
cepte par l'Etat l'accepte et signe. II renferme l'obligation du
fouilleur de commencer les travaux durant les douze mois qui
suivent Pautorisation et de les continuer sans interruption pen-
dant toute sa durée. Le decret royal contenant l'autorisation
et le cahier des charges paraissent dans le Monitorul oficial.
Les autorisations sont enregistrées dans le livre des mines.

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La loi miniere 447

El les sont indivisibles. Leur transmission ne peut avoir lieu


que par une declaration d'annulation avec l'autorisation du mi-
nistere du Commerce et de l'Industrie.
La dur ée de l'autorisation exclusive d'exploration d'une
substance minérale quelconque dans un domaine determine est
de trois ans. Elle peut etre prolongee de trois ans si le fouilleur
a rempli ses obligations de travail pendant la premiere période
sans atteindre le gite. Cette prolongation a lieu apres une ex-
pertise de l'Institut geologique.
Les droits de fouille et tous les autres droits de mine
acquis s'eteignent d'eux-memes sans dispositions et formalités
particulieres dans les cas suivants:
a. A la fin du terme de l'autorisation;
b. Par la renonciation du fouilleur;
c. Par la décheance de l'autorisation.
La loi renferme encore nornbre de cas dans lesquels le
ministere pent retirer l'a utorisatio 11, si l'on omet d'adres-
ser un rapport aux autorités des mines; si la transmission de
l'autorisation se fait sans le consentement du ministere du Com-
merce et de l'industrie; si les travaux ne commencent pas a la
date fixée ou sont interrompus plus de 30 jours; s'ils ne sont
pas executes rationnellement.
Larsque les deux suppositions ci-dessus sont remplizs, un
decret, qui parait dans le journal officiel, declare un territoire
comme pouvant etre donne en concession. On le divise alors
en parcelles de concession.
Les territoires de petrole et de gaz non exploités, mais
situés dans le voisinage immédiat de territoires exploités peu-
vent etre declares comme pouvant etre donnes en concession;
car on peut admettre qu'ils sont la continuation des territoirep
exploités.

Le mode de concession des eaux minerales n'est


pas uniforme. D'apres Particle 27, les sources minérales et
les eaux souterraines minéralisees, ou les sources thermales en
general, les eaux de lacs sales sont soumises a deux regimes
divers:
a. Au regime de la simple autorisation;
b. Au regime de la declaration d'utilite publique.
Le classement d'une eau dans la derniere clasPe a conduit
a la creation d'un rayon de protection. Nous en parlerons dans
la deuxieme partie de la loi.
La loi miniere dit que la concession d'exploiter un peri-
metre sera seulement accordée si la société anonyme est roumaine
et si elle satisfait aux stipulations qui ont éte edictées pour

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448 Les nouvelles lois économiques

la constitution de ces sociétés. Cette prescription a pour but


de nationaliser les mines. Elle vise les sociétés dont le
capital est totalement ou en majeure partie entre les mains
d'étrangers. Celles-ci ne pourront plus faire d'explorations, car
elles n'obtiendront aucune concession comme n'étant pas so-
ciétes roumaines. Comme cette question est d'une grande im-
portance, nous citons les deux articles qui concernent la natio-
nalisation des mines.
Article 32. Les concessions ne seront accordées qu'aux
entreprises qui sont constituees d'apres les prescriptions de
la loi de commerce, comme societes anonymes de mines rou-
maines, satisfont aux stipulations de cette loi et a celles de
l'arganisation des entreprises minieres.
Les societés anonymes roumaines qui remplissent les con-
ditions de la loi ci-dessus et dont les statuts prévoient l'exploi-
tation des mines jouissent des memes droits que les societes ano-
nymes minieres quant h l'obtention de concessions.
Si le fouilleur n'est pas une entreprise, mais une persionnet
un délai d'une armee lui sera accorde pour constituer une so-
ciété d'apres les stipulations de la loi.
L'Etat est libre de disposer du territoire des fouilles s'il
ne peut constituer de société dans ce temps.
Le capital de la societe doit etre assez grand pour l'ex-
ploitation de la concession; le personnel technique doit posséder
l'experience nécessaire pour organiser, diriger l'exploitation, et
en utiliser les produits.
Article 33. Les statuts des societes anonymes de mines
roumaines doivent observer les principes suivants, lors de leur
constitution:
a. Les actions doivent etre nominatives et avoir une valeur
nominales de 500 lei. Elles ne peuvent etre transmises qu'avec
l'autorisation du conseil d'administration. Ce consentement n'est
pas nécessaire pour les citoyens roumains.
b. Le nombre des voix de chaque actionnaire est limite.
c. Lars des augmentations de capital, 700/0 seront reserves
aux anciens actionnaires; requivalent des appointements d'une
année, 100/0 au maximum, sera laisse aux employes et ouvriers
de l'entreprise aux memes conditions qu'aux actionnaires; le
reste sera reparti entre les nouveaux actionnaires, la preference
tarit donnee aux petits souscripteurs. Les souscriptions doivent
etre publiques.
d. Le capital en possession des citoyens roumains doit s'ele-
ver au moins a 600/o du capital-actions. La part du capital
roumain sera réduite a 550/o pour les entreprises existantes qui
doivent etre nationalisees dans l'intervalle de 10 années apres
l'entrée en vigueur de la loi.

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La loi miniere 449

e. Deux tiers du conseil d'administration, des directeurs


et censeurs, le president du conseil d'administration doivent
etre citoyens roumains.
Les sociétés anonymes existantes qui ne répondent pas
A ces prescriptions peuvent jouir des avantages des societés
anonymes de mines roumaines si elles se transforrnent, d'apres
les regles ci-dessus, dans les dix années qui suivront la pro-
mulgation de la loi, de sorte que la majorite du conseil ,d'ad-
ministration, des directeurs et le president soient des Rou-
mains. Si la transformation ne se fait pas par la faute de )a
société, la concession lui sera retiree A l'expiration du delai.
Un homme competent s'est exprimé d'une fawn tres critique
dans l'Argus du 13 juin 1924, sur les consequences de ces pres-
criptions. Les entreprises A capital étranger, dit-il, comme c'est
la regle dans l'industrie petroliere, ne feront plus d'exploration.
Pourtant ces travaux sont de la plus grande importance. 11
faut constater alt ii existe de nouvelles sources de pétrole et
oil se trouvent les sources d'énergie, quelle est leur grandeur
et quelle valeur elles ont. Ce sont de grands travaux exigeant
dc grands capitaux. Probablement, dans 15 A 20 ans, petit-
etre plus tot, les riches gisements de petrole roumains seront
épuises. Les exploitations les plus abondantes, comme celles de
Bustenari, Campina et de Moreni même sont en voie de di-
minuet-. Si l'on ne découvre pas de nouveaux gisements, la
production actuelle ne pourra etre maintenue. 11 est donc inop-
portun d'exclure les sociétes étrangeres des travaux de fouille
si ce danger existe; car ce sont elles seules qui, dans le passé,
les ont executes avec de glands risques. La situation actuelle de
la Roumanie ne permet pas de s'en passer.
Les societés travaillant avec des capitaux etrangers peuvent
jouir des avantages de la loi miniere en se transfornlant en
entreprises roumaines dans les dix années qui suivront la
promulgation de la loi, c'est-A-dire en 1934. Cette transformation
rencontrera des difficultés pour les societés A grands capitaux.,
Le capital-actions est entre les mains d'étrangers. Ii faudrait
done l'augmenter de 1000/o et placer le surplus dans la popula-
tion youmaine a un cours correspondant A la situation actuelle
des entreprises. Cette operation exigerait plusieurs milliards, etant
donne le capital engage dans l'industrie petroliere roumaine. Si
tous les capitaux qui se trouvent dans le pays affluaient vers
elle, on ne pourrait pas modifier toutes les sociétes de la
maniere prescrite. En supposant que la transformation filt pos-
sible, le resultat serait tel que des entreprises A tres bon rende-
ment seraient transformees en entreprises de mauvais rapport;
car ce procédé délaverait completement le capital. Du meme
coup, le placement du capital étranger et indigene serait corn-
prom is.
29

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450 Les nouvelles lois économiques

Les societés pétrolieres actuelles seront exclues dans 10


ans, dans le projet de loi c'était 5 années, d'apres les
stipulations maintenant en vigueur; la plupart possedent des
capitaux etrangers en majorité et elles ne seront pas A meme
de prendre le caractere de sociétés de mines roumaines.
II y a, en Roumanie, beaucoup de sociétés etrangeres qui
existaient deja lors de la naissance et de la croissance de
l'industrie petroliere. El les possedent outre leur capital-actions,
un capital d'experiences techniques et économiques tres im-
portant. El les ont été fondees avec un capital etranger, rnais
leurs organismes ont grandi dans le pays et servent en pre-
miere ligne les intérets intérieurs. Plusieurs d'entre elles posse-
dent de grandes participations de capital roumain. El les l'ont
admis partout oh ii etait disponible. De plus, rnainte societe
a des obligations envers le pays. La Roumanie a aujourd'hui
une industrie petroliere dont elle peut etre fiere; celle-ci re-
présente une arme du progres économique et de la defense
nationale. Elle le doit aux sociétes pétrolieres. Elle a pu,
grace a elles, former une foule de spécialistes: geologues,
chimistes, ingenieurs et ouvriers roumains qui assurent a l'avenir
l'industrie du pétrole. II est faux de croire que la Roumanie
a l'intention d'assurer pour toujours aux capitaux étrangers les
avantages dont ils jouissaient lors de la creation de l'industrie
petroliere. D'autre part, il est également faux de croire qu'on
veut attenter a leur existence, sans avoir egard a leurs services.
On ne veut pas supprimer le capital étranger; on veut simple-
ment le ,subordonner aux interets roumains. Le gouVerne-
ment ne veut point fake disparaitre les entreprises actuelles;
ii veut seulement les transformer en petites entreprises dans
lesquelles le capital et la direction seront dans des mains rou-
maines. Ii y a lieu de se demander si cette transformation est
possible et utile; si elle est impossible, qv elle conclusion peut-on
en tirer pour l'industrie petroliere roumaine?
Nous avons deja montré que la transformation des socié-
tés a capital étranger est inexécutable. Ce qui est executable,
c'est une participation de 400/o des entreprises actuelles lors
de la creation d'une exploitation d'Etat. Ii y aurait alors deux
sortes d'entreprises: les an ci ennes a capitaux entierement
ou partiellement étrangers qui ne sont pas transformables en
sociétés roumaines et par suite appelees a disparaitre; les n o u -
v ell es fondées conformément aux regles de la loi, avec 600/0
de capitaux roumains et une majorité roumaine dans la direction,
qui ont un territoire de développement et qui prennent la situa-
tion des anciennes sociétés. Quels seraient le profit et le re-
sultat de ce nouveau regime?
Les anciennes sociétes condamnées A disparaitre se contente-
ront d'exploiter les anciennes concessions et ne feront plus de re-

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La loi miniere 451

cherches dans de nouvelles contrées. La production diminuera.


Pour la maintenir et l'augmenter éventuellement, ii faudrait,
d'une part, trouver des capitalistes roumains qui seraient prets
a engager plusieurs centaines de millions de lei-or dans des
travaux d'exploration et des concessions de pétrole; d'autre
part, il faudrait trouver des capitalistes étrangers, peut-etre des
actionaires des anciennes entreprises pétrolieres, disposes a in-
vestir d'autres centaines de millions dans des entreprises dans
lesquelles ils ne possèdent aucun droit de contrôle ou de di-
rection. Si ces deux conditions sont irréalisables, il est evi-
dent que le projet de nationalisation du gouvernement
amenera une diminution de la production.
Est-il certain que ces deux conditions soient réalisables?
II n'y a pas de doute. La Roumanie se developpe rapide-
ment et l'on pent prévoir un rapide accroissement de la for-
tune nationale. L'epargne de la population sera desirée de
divers côtés et placée la oii sont les plus grands benefices et
les moindres risques. Evidemment, on gagne beaucoup d'argent
dans beaucoup d'entreprises petrolieres; cependant la moyenne
ne depasse nullement les benefices des antes industries lucratives.
Par contre, les risques des capitaux sont tres grands et ne peu-
vent pas etre compares a ceux des autres branches industrielles.
Ils sont d'autant plus grands que le capital employe est plus
petit C'est ce qui explique qu'avant la guerre si peu de capi-
taux indigenes etaient utilises pour financer les entreprises pé-
trolieres.
Par cette loi, le gouvernement songe a mettre en va-
leur les energies roumaines, l'initiative rou-
maine, les capitaux roumains. La méthode pour y par-
venir est douteuse. L'état de choses est que les deux sortes
de capitaux ne doivent pas travailler l'un contre l'autre, mais
Pun a &Ié de l'autre et l'un avec l'autre. Ils ne sont pas des
concurrents. Autrefois, lorsque le sous-sol était encore posses-
sion privée, ii n'existait pas d'obstacle. Maintenant ou les riches-
ses de la terre sont dans les mains de l'Etat et que l'Etat est
proprietaire et repartiteur, ii ne devrait pas en avoir non plus.
Le capital étranger fonctionne comme pionnier et initiateur. 11
a explore et met a profit presque toutes les contrées petroli-
feres du pays qui sont exploitees aujourd'hui par le capital
indigene. II a gagné aux produits du pétrole roumain les marches
étrangers dont toutes les sociétés tirent des profits.; les sociétes
rournaines a capital indigene auront besoin de ce secours preci-
eux a l'avenir. L'exploration des champs petroliferes devient
de jour en jour plus risquee et plus coil-tense. La lutte pour
maintenir les debouches étrangers grandit Ce ne serait aucun
profit pour la Roumanie si le capital indigene devait courir
seul ces risques.
29*

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452 Les nouvelles lois économiques

On devrait considérer comme étant roumaines les sociétes


qui travaillent aujourd'hui avec des capitaux étrangers et dont
Factivité est menacée par la nationalisation; seules les sociétés
qui seront nouvellement constituées seront soumises aux prescrip-
tions contenues dans le paragraphe de nationalisation.
L'Etat peut accorder des concessions de mines sous une
des formes suivantes:
a. Sur la base de droits verses a l'Etat;
b. Sous la forme d'association entre l'Etat et l'entreprise
concessionnaire;
c. Sous la forme d'une combinaison des deux systemes
ci-dessus.
Quelle que soit la base sur laquelle la concession est ac-
cordée, le proprietaire foncier recoit une part du capital de Pentre-
prise et du produit. L'explorateur a droit pour la duree de la
concession a une partie de la production brute.
Si l'Etat ne lui concede pas le terrain qu'il a fouille et si
un autre recoit la concession, outre la part qui lui est consentie,
il a le droit de participer jusqu'a 300/o au capital de l'entreprise.
II a en outre droit a une indemnité pour ses travaux d'explora-
tion, plus les intérets, égale a l'escompte bancaire, plus 20/o.
Grace a cette indemnité, les frais engloutis par les fouilles ne
sont pas perdus si le fouilleur ne recoit pas la concession.
Le projet de la loi miniere ne contenait pas cette obliga-
tion d'accorder une indemnité. Comme aucurie assurance d'ob-
tenir la concession n'est donnee, le fouilleur en aurait éte pour
ses frais; l'envie d'entreprendre des fouilles aurait considerable-
ment diminue ou aurait meme completement disparu. La
prescription ci-dessus a supprimé ce desavantage.
L'article 43 renferme une stipulation fres précieuse. Les
entreprises minieres et les sociétés de fonderies sont tenues
de prevoir dans leurs statuts le versement d'une partie de leur
benefice net a un fonds destine a des institutions d'interet
general qui allegent les conditions de la vie aux ouvriers de
l'entreprise et eleve leur niveau culturel. Chaque grande mine,
respectivement plusieurs petits groupes reunis doivent créer une
caisse de secours et une caisse des retraites pour les
ouvriers et le personnel subalterne, dont l'organisation soit
d'accord avec la legislation du travail. 11 s'agit d'institutions
de bienfaisance qui seront et-66es pour les employes et les ou-
vriers avec une partie du benefice net. La quote-part s'élevera
a no/o du benefice net de l'année au moins apres avoir paye
50/o de dividende aux actionnaires, alimente le fonds de reserve
et fait les amortissements necessaires (amortissements des in-
vestissements). Le ministere du Commerce et de l'Industrie a
etabli des regles précises pour l'administration du fonds; il peut

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La loi minière 453

reunir les fonds de diverses entreprises. Ces prescriptions so-


ciales sont heu,reuses. El les permettront de former un corps
d'ouvriers et de le maintenir a un niveau élevé. Cette loi ne
devrait pas etre speciale aux mines; elle devrait s'etendre h
toutes les branches de l'industrie.
Les for m alités pour oftenir une concession sont les
suivantes
La demande de concession est ackessee au ministere
du Commerce et de l'Industrie. Elle doit répondre aux regles
fixées dans le reglement. On ajoutera a la dernande:
a. Un plan du perimetre entrant en ligne de compte pour
la concession a Pechelle d'un cinq-millieme;
b. Des documents prouvant la capacite technique et finan-
ciere du solliciteur, sa capacité de diriger et d'organiser des
entreprises minieres de l'espece exigee, de faire face aux obli-
gations de payement pour les installations et les travaux, pour
les indemnités foncieres et pour toutes les autres operations in-
dustrielles et commerciales cencernant l'exploitation;
c. Des documents certifiant la nationalité et la composition
du capital d'apres son origine;
d. Un exemplaire des statuts, de l'acte de fondation de la
societe et la procuration de la personne qui fait la demande;
e. Un memoire contenant le programme du travail, les
conditions d'exécution et toutes les autres propositions.
Cette demande est inscrite dans un registre special. Une
copie de la demande et du plan, munie de la date, du numero
du registre et de la signature du remplacant du ministre est
retournée au solliciteur.
Les demandes de concessions sont affichées au ministere,
chez les autorites regionales, a la mairie du lieu dans lequel est
situee la concession; elles sont publiées dans le Journal officiel
et dans les journaux de Bucarest. Le solliciteur paye le frais
d'insertion qui doivent etre verses en envoyant la demande.
Une taxe de 5000 a 100 000 lei est payee pour obtenir une
concession.

L'article 49 de la loi mentionne le contenu du decret de


concession.
Les conditions dont se charge le concessionnaire sont les
suivantes:
a. Conditions generales;
b. Duree de la concession, conditions d'extinction, de re-
noncement ou de retrait;

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454 Les nouvelles lois économiques

c. Les clauses relatives aux versements prescrits par la


loi sur le benefice net;
d. Conditions particulieres pour l'obtention de la conces-
sion et certaines regles genérales qu'implique la nature de la
concession.
Le cahier des charges contient taus ces details. 11 est
publi,e avec le decret dans le Monitorul oficial.
A partir de la publication du décret de concession, la mine
est une proprieté indépendante de la proprieté h la surface.
Elle a un caractere immobilier. On peut asseoir des hypothe-
ques stir elle. Les bâtiments, machines, puits, sondages et les
installations de la surface ou souterraines sont considerées comme
imrneubles. Les appareils, outils, animaux de trait employes
dans l'extraction ont egalement un caractere immobilier.
Le concessionnaire a, en premier lieu, le droit d'extraire
les substances minerales et de les mettre en valeur. 11 peut
effectuer tous les travaux nécessaires, galeries, puits, sondages;
installer des machines, creer des installations de transport, creuser
des fosses et des remblais, des places pour l'emmagasinage,
construire des bâtiments.
11 peut arriver que la concessionnaire trouve, au cours de
l'exploitation, d'autres substances que celles qui lui ont été
concéclées. II n'a pas le droit de les exploiter, sauf si elles
sont associees h la substance concessionnée de sorte que l'ex-
traction de l'une implique celle de l'autre. C'est le cas du fer
combine au' phosphore ou du cuivre au soufre. 11 faut faire une
dernande dans ce cas.
Si le concessionnaire trouve, au cours de ses travaux, des
pierres qui appartiennent au proprietaire du sol d'apres la loi,
ii peut les employer pourvu qu'elles soient nécessaires pour
ses travaux et les travaux dependant directement de l'exploita-
tion. Le proprietaire de la surface ne pent réclamer aucune in-
demnite. Mais si le concessionnaire utilise les pierres pour une
exploitation annexe ou pour le commerce, il doit payer une
indemnité au propriétaire.
La loi miniere élimine le proprietaire de la surface du
droit de possession des trésors situés dans la terre; néanmoins,
elle lui concede certains privileges. 11 peut exploiter lui-rnerne
les minerals que l'Etat met h sa disposition pourvu qu'il ne
gene pas l'entreprise des mines dans son activite.
Le concessionnaire peut utiliser la surface du sol a l'intérieur
et h l'exterieur de son périmetre de quatre facons si l'ex-
ploitation, le transport ou l'utilisation de la substance l'exigent:
1" Par l'affermage simple;
2" Par l'affermage force;

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La loi miniere 455

30 Par les servitudes;


40 Par l'expropriation.
L'affermage entre en ligne de compte quand la surface -est
nécessaire pour peu de ternps. H ne peut pas depasser 5 ans.
On peut le renouveler. Les servitudes peuvent etre créées sur
les terrains dont la duree d'utilisation correspond a la duree
d'exploration ou d'exploitation, c'est-à-dire qu'elles durent autant
que les fouilles ou l'extraction le demandent. Les expropria-
tions ont lieu quand la surface est destinée a des chemins de
fer ou a des installations de longue duree. Les maisons ou loge-
ments peuvent etre évacues ou expropriés a l'interieur ou
l'extérieur des terrains concessionnés si ces mesures sont ab-
solument nécessaires pour l'exploitation des mines.
A l'expir ation de la concession, quel qu'en soit le
motif, le terrain exproprié avec toutes les installations revient
a l'Etat sans indemnité. On fait une exception dans le cas
d'une entente préalable entre l'Etat et le concessionnaire s'il
s'agit d'installations érigées dans les dernieres années de la
concession.

Les entreprises minieres doivent avoir comme chefs, un


directeur technique, un chef d'atelier, un chef de section ou
conducteur technique et le personnel de surveillanc e.
La nomination du personnel minier, metallurgique et industriel
des entreprises a lieu par le ministere du Commerce et de
l'Industrie. Lorsqu'une entreprise a recu la concession, elle ne
peut engager comme directeur technique qu'une personne qui
possede l'autorisation et le brevet du ministere, c'est-à-dire qui
est diplômee d'une école polytechnique roumaine ou etrangere.
Les écoles etrangeres doivent avoir le meme rang que l'école
polytechnique de Bucarest. Une armee de pratique est prescrite.
Cependant les diplômes d'autres ecoles techniques peuvent entrer
dans une entreprise roumaine comme assistant du directeur
technique apres quatre annees de pratique. Au bout de dix
années de travail pratique, ces personnes peuvent obtenir, apres
un examen, l'autorisation de directeur d'exploitation.
Le personnel de chaque categoric doit etre compose de
750/0 de Roumains. Tout le personnel technique doit connaitre
les lois et reglements miniers et industriels; ii doit suffisamment
posséder la langue roumaine pour remplir sa profession. Cette
connaissance sera constatee par un examen. On derogera a
cette prescription les 7 annees prochaines s'il n'existe pas de
personnel qualifié suffisant.
Les entreprises minieres et des fonderies sont obligees de
prendre sur demande et contre payernent des surnum érair es
des écoles spéciales roumaines qui sont aptes a devenir direc-
teurs techniques apres avoir terminé leurs etudes.

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456 Les nouvelles lois économiques

II est defendu d'occuper des jeun es gens au-des/


sous de 18 ans et des fern m e s comme ouvriers sous terre,.
Cette defense ne s'etend pas aux travaux sur terre.
Le concessionnaire est tenu de commencer les travaux cl'ex-
ploitation dans l'espace d'une armee apres avoir obtemt la
concession. Les travaux commences seront continues réguliere-
ment et sans interruption.
Il est en outre oblige de communiquer a l'autorite miniere
competente la m étho de de travail adoptée, avant de com-
mencer les travaux d'exploitation. Elle autorise les travaux
s'ils correspondent A la loi; dans le cas contraire, elle indique.
les changements A faire. Le concessionnaire doit suspendre les
travaux s'il n'observe pas ces prescriptions. 11 a cependant le
droit d'interjeter appel aupres du ministere.
Chaque exploiteur est tenu d'etablir une carte de la
surface avec ses limites et tous les points topographiques qui
bornent le territoire concede; une deuxieme carte représente la
mine horizontalement; une troisierne la represente verticalement
et indique la nature et la composition des substances de la
mine. Pour les mines de pétrole et de gaz naturel, on &ant
des plans de profil indiquant la nature et la suite des couches
traversees avec toutes les indications scientifiques et techniques
qui resultent du travail. Une liste contient la production des
matieres premieres et des derives. Enfin une collection
renferme tous les registres, esquisses, actes prescrits par les
reglements ou les arretes ministériels.
La loi miniere prescrit en outre l'obliga ti on d'ap-
pr ovisionn er le pay s. Les entreprises minieres et leurs
societes commerciales doivent assurer l'approvisionnement regu-
lier et normal du pays «dans les limites de leur production».
Elles sont tenues, sur la demande du ministere, d'établir une
reserve fixée par un reglement dans le but de la defense nationale.
Les exploiteurs de platine et d'or sont tenus de livrer
toute la production de ces metaux a l'Etat par l'intermédiaire
de l'office qui les achete. Personne, sauf l'Etat, n'a le droit
d'acheter ou d'acquérir ces metaux. Le prix d'achat est le prix
mondial de For, respectivement du platine. D'autres métaux
peuvent etre ranges dans cette categorie par un arrete ministeriel.

Chaque mine est obligee de tenir prets sur les lieux du


des appareils de respiration, instruments,
travail
materiel de sauvetage, medicaments et moyens
de secours de l'espece et en nombre prescrits par la loi.
L'autorite miniere peut prendre les mesures nécessaires dans
les irruptions d' eau qui menacent la mine; dans le but

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La loi miniere 457

d'assistance, elle peut, A l'aide d'un arreté, réunir les concession-


naires de divers terrains en un syndicat.
Le concessionnaire est oblige de reparer le d ommage
cause aux bAtiments et installations qui se trouvent A la super-
ficie. Ii ne peut pas prétexter que l'exploitation a lieu ration-
nellement pour se soustraire a ce devoir.
La concession et le droit d'exploitation peuvent lui etre
retires sans autre formalité dans les cas ci-apres:
1° Si l'entrepreneur ne communique pas a l'autorité des
mines l'interruption ou l'abandon des travaux et ne répare pas
le dommage cause A la surface;
20 Si l'extraction est interrompue sans raisons legales et
sans l'autorisation de l'autorité ou si elle est tellement réduite,
que la consommation, la sécurité publique ou la defense natio-
nale soient menacees;
3° Si les travaux d'extraction sont executes contre les re-
gles de la science miniere et que l'extraction future puisse
etre menacee;
4° Si l'entrepreneur montre de la mauvaise volonte A rem-
plir les prescriptions relatives A la securite du personnel et A
la conservation des gisements;
50 S'il abandonne la mine en cessant tout travail sans l'auto-
risation du ministere, notamment une année apres la derniere
mise en demeure de l'autorite.
Dans l'interet de l'exploitation rationnelle, les autorités fixent
les superficies minima au-dessous desquelles l'exploitation ne doit
etre ni commencee ni continuee. La loi miniere permet ce-
pendant la reunion de parcelles pour atteindre ainsi les
superficies minima.
Tous les extracteurs de minéraux de toute espece doivent
acquitter les taxes et impôts miniers suivants:
10 Une taxe fixe pour la concession. Elle est percuel
chaque armee pour la superficie totale concédée pour l'ex-
traction d'un produit et s'éleve a:
60 lei par hectare pour les concessions de parole;
20 lei par hectare pour les concessions de tous les autres
mineraux.
20 Un impôt proportionne au montant de la production,
c'est-A-dire:
10/0 du produit obtenu pour les charbons et bitumes durs;
20/o du produit obtenu pour le petrole et substances qui
l'accompagnent.
Pour le gaz qui se rencontre avec le petrole, l'impôt est
percu en or et le prix est calculé d'apres le prix rnoyen du

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458 Les nouvelles lois économiques

pétrole pris au puits. Pour l'huile brute et les produits tires


du gaz, l'impôt est perçu suivant le désir .du ministere du
Commerce et de l'Industrie en nature ou en espece; dans le
dernier cas, on calcule la valeur du prix de vente moyen de A
marchandise prise au reservoir du puits.
20/o du produit brut pour le methane qui forme des gites
spéciaux. L'impot est perçu en especes; il est calculé d'apres
le prix de vente au commencement de la conduite;
250/o du metal pur pour l'or et le platine;
10/0 du produit obtenu pour les autres métaux mineraux ou
roches de toute sorte;
10/0 de la somme touchée pour les bains, ventes d'eaux
minérales, boues et autres gaz que l'acide carbonique.
La loi miniere frappe de peines les infractions et les man .
quements a ses prescriptions. Cependant elle neglige de con-
stater quel est le coupable. Dans les societes anonymes, on
ne peut pas identifier le directeur et la personne responsable.
Ajoutons que les amendes vont par moitié a la caisse de
secours des ouvriers et employes de la contrée en question
et a la caisse de retraite generale.

L'application de la loi miniere incombe au ministere


du Comm er c e et de I'l ndustri e. Son organe est la Di-
rection generale des mines divisée en un service central et
un service extérieur. Ce dernier est remnpli par des ingénieurs
des mines.
Le ministere est seconde par le Conseil supérieur
des mines et l'Ins'titut g.eologique roumain.
Le Conseil sup erieur des mines possede de nom-
breuses attributions importantes qui s'etendent sur toute l'acti-
vité miniere du pays depuis l'examen et la solution des tâches
futures jusqu'a l'exercice des droits acquis, c'est-a-dire depuis
l'exploration jusqu'à l'obtention de la concession. Il donne son
avis sur toutes les questions que le ministere decide. II est
compose de 17 membres, notamment:
De deux juges, l'un de la Cour de cassation, l'autre de
la Cour d'appel de Bucarest;
Du directeur de l'Institut geologique roumain;
De deux membres du Parlement, un depute et un sena-
teur nommes par les deux assemblées pour toute la periode
legislative;
D'un delégué du Conseil supérieur de contrôle et de di-
rection des entreprises de l'Etat commercialisees;
D'un ingénieur du Conseil supérieur de l'exploitation des
energies;

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La loi miniere 459

D'un membre de l'Institut des( credits industriels, élu par


cet Institut;
D'un ingenieur des mines et de quatre jurisconsultes nommes
par le ministre;
De quatre ingénieurs spéciaux des branches principales des
mines et des industries alliées dont un pour:
a. Le charbon;
b. Le pétrole et le gaz;
c. Les minerais, roches et eaux minérales;
d. La metallurgie.
Tous ces membres doivent etre Roumains.

La loi miniere prescrit l'etablissement de livr es de mines


dans les contrees minieres. IN figureront A côté des cadastres
déja existants. IN doivent servir A constater les relations de la
proprieté, les droits et charges de toute sorte relatifs A la
proprieté miniere. On ne peut faire valoir vis-à-vis de tiers,
les droits et charges, les decisions judiciaires qui ne sont pas
enregistres dans le livre des mines.

Les stipulations spéciales de la seconde partie de


la loi miniere relatives aux concessions des divers produits des
mines ont une grande importance.
Pour les char bons qui sont compris dans les combustibles
minéraux, alors qu'ils sont des fossiles, l'autorisation de fouiller
est accordee pour une superficie de 100 a 1000 hectares. La
concession d'exploitation peut etre accordée pour une étendue
de 500 a 1000 hectares si l'on a fondle deux points A l'intérieur
du territoire des fouilles avec des resultats favorables. Sa durée
est de 30 a 50 ans. Elle a lieu sur la base ld'un impôt de
Solo en especes ou en nature, selon le choix du ministere ,du
Commerce et de l'Industrie, pour toute sa durée, l'Etat donne
150/o au proprietaire foncier et my° au fouilleur, ou sur
la base d'une participation de l'Etat. Dans ce cas le concession-
naire a beaucoup moins A payer. L'impôt brut s'éleve alors
a 10/o pour le propriétaire foncier et lo/o pour le fouilleur.

La surface du territoire des fouilles est de 100a 400 hec-


tares pour les bitum es liquides, c'est-a-dire le petrol e.
Sa grandeur depend des conditions géologiques, de la capacite
technique et financiere de l'entreprise et du plan des travaux.
La premiere concession sur le territoire fouillé avec succ,es
a une grandeur de 50 hectares. Le fouilleur a droit a une
autre concession de 30 a 50 hectares s'il satisfait aux condi-
tions d'une sociéte anonyme des mines roumaine. Ces pre-

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460 Les nouvelles lois économiques

scriptions portent prejudice aux sociétés etrangeres qui ne rem-


plissent pas ces conditions.
Les superficies situees autour de la premiere concession
sont réunies en trois groupes le plus possible égaux; on forme
dans chacun d'eux le meme nombre de concessions de la
meme grandeur si possible.
Dans chaque groupe, les concessions sont accordees d'apres
les regles suivantes:
Le premier groupe, choisi par l'Etat, forme la reserve
publiqu e. Elle peut etre exploitée par l'Etat ou etre cédee
par une loi spéciale A des particuliers pour etre exploitée.
La concession des deux autres groupes est donnee a des
entreprises qui sont constituées comme sociétés anonymes r o u -
main e s. Cependant, on a intercalé une mesure transitoire.
Pendant les 10 premieres années, la concession du troisieme
groupe peut etre accordee A toute entreprise de petrole qui
possede la capacite technique et financiere nécessaire si elle
a fouille avec succes un terrain indiqué par l'Etat, si les deux
tiers du conseil d'administration, des directeurs et censeurs,
ainsi qui le president du conseil d'administration sont Roumains
et si elle s'engage a se transformer en societé rournaine dans
l'intervalle de 10 annees, A partir de l'obtention de la concession.
Les societes aux statuts conformes aux pr in cip es de la
nationalisation sont préferees dans l'obtention d'autres
concessions. En gén6ral, les societes auxquelles le capital et
le personnel roumains participent le plus fortement seront pre-
ferees. La concession n'est accordée aux sociétes qui ne sont
pas constituees comme sociétés roumaines que si elles s'enga-
gent A satisfaire aux prescriptions de la loi dans les dix années
qui suivent l'obtention de la concession.
La d ur é e des concessions des champs pétroliferes est
de 20 ans pour les concessions inferieures A 10 hectares et de
30 ans pour les superficies supérieures a lo hectares.
La concession est accordée contre payernent d'une rede-
vance ou participation de l'Etat.
Dans le premier cas, la loi miniere prescrit une redeNiance
percue trimestriellement et dont le montant depend de la pro-
duction. Les entrepreneurs sont divises en deux groupes d'apres
leur production journalière. Au premier groupe appartiennent
ceux qui produisent moins de 10 tonnes en moyenne journdll.e,
ment; au dernier, ceux qui produisent davantage. Le legislateur
regarde la production moyenne journaliere d'un sondage comme
etant de 10 tonnes et imposent les entreprises accusant moins
de 10 tonnes d'une redevance de Solo. Celle-ci augmente pro-
gressivement suivant la production des entreprises superieure
a 10 tonnes; elle est de 100/0 si la production atteint jusqu'a

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La loi rninière 461

20 tonnes; elle va jusqu'à 350/o si la production dépasse 150


tonnes par jour. L'Etat participe de cette fawn au benefice.
Sur ces recettes de l'Etat, le proprietaire fonder des con-
trees dans lesquelles le petrole était a sa libre et exclusive dis-
position jusqu'a la mise en vigueur de la loi reçoit une part
de 200/0 et le fouilleur de 100/0 pendant toute la durée de la
concession. Dans les participations de l'Etat a l'entreprise,
le proprietaire foncier recoit 1,50/o, le fouilleur 10/0 du pétrote
brut extrait dans son territoire de fouille.
Les concessions partielles doivent avoir au moins 3 hec-
tareset une telle forme que les forages partiqués soient au
moins a 30 metres de la limite.
La loi miniere donne a l'Etat une influence sur le
transport et le travail du pétrole brut, sur l'emma-
gasinage et la vente de ses produits.
II s'est reserve l'établissement et l'exploitation de toute
sorte de conduites qui servent au transport des derives de
petrole liquides ou gazeux, des raffineries aux stations d'exporta-
tion. II peut les mettre en service comme entreprises d'Etat
ou mixtes. Nous avons vu que les grandes conduites de Con-
stantza sont entre ses mains.
L'Etat peut exproprier les conduites qui vont des puits
aux stations d'entrepôt ou aux raffineries si elles servent a
plusieuxs producteurs. II peut ainsi acquérir le grand systeme
des moyens de transport des pipe-lines appartenant aux so-
ciétes de pétrole. II autorise la construction ou l'agrandissement
des raffineries, la construction de reservoirs. II ne peut re-
fuser cette autorisation a une sociéte roumaine qui a des mines,
mais pas de raffinerie.

Toute la production de petrole brut doit etre ,travailtee


dans les raffineries du pays; l'exportation de petrole brut est
interdite. La vente des produits des raffineries a l'interieur est
soumise au contingentement du contrôle d'une sociéte écono-
mique publique. Elle travaille sous le contrôle de l'Etat. Elle
est composee de représentants de l'Etat, des producteurs, des
raffineries et des consommateurs. Une loi speciale fixera les
details de son organisation. Nous trouvons la les indices de
l'idée de socialisation qui place l'activité des entreprises pri-
vées sous des points de vue économiques publics. Les prix
de vente a l'interieur ne doivent pas etre superieurs au lieu
de consommation aux prix d'exportation A la frontiere du pays.
On veut ainsi empecher les syndicats de veridre meilleur marche
A Petranger qu'en Roumanie, ce qui est fréquemment arrive.

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462 Les nouvelles lois 6conomiques

Les fouilles et l'exploitation de methane peuvent se faire


directement par l'Etat ou en association avec le capital privé.
Dans le dernier cas, elles sont régles par la loi de la commer-L
cialisation et de l'exploitation des forces. L'Etat s'est reserve
le droll exclusif d'établir et d'utiliser des conduites de gaz
dans les centres de consommation.
D'apres les prescriptions sur l'obtention d'exploitations de
trouvent des min erais et des
champs, dans lesquels se
min eraux appartenant au groupe II, la superficie d'un
territoire de fouilles est de 50 a 100 hectares. Le
territoire donne en concession autour de deux points fouillés
avec d'heureux résultats sera de 50 hectares au plus. Pour
une concession minimum de 100 hectares, il faut au moins
4 points. La durée de la concession est de 40 a 50 ans
selon sa grandeur. La redevance a verser s'eleve a 40/0
du prix du produit pris a la mine. Pour le platine et
l'or, elle est de 20/o de la teneur en platine et en or fixée par
I'analyse. Elle est payee en nature. La concession ne doit pas
depasser 1000 hectares pour le fer, le chrome et le manganese.
Le graphite, les roches graphiteuses sont soumis aux memes
prescriptions que le charbon.
L'extraction du sel gemme, des eaux salines, de la
potasse et d'autres sels est un monopole de l'Etat;
il en est de meme de leur transformation industrielle. 11 peut
ceder ce droit a une entreprise qui possede les capacités tech-
niques et financieres necessaires. La cession a lieu par décret
royal. Les conditions sont fixées dans un cahier des charges.
L'extraction de l'iode, du brome et autres elements accessoires
qui se rencontrent dans le sel et les eaux salines peut etre
donnee en concession par le ministere du Commerce et de
l'Industrie, d'accord avec Padministration des monopoles de l'Etat.
Les eaux employees pour les bains sont souniises au regime
special des eaux minerales et thermales.

Le ministere peut accorder une autorisation de faire des


fouilles dans une contrée pour découvrir et capter ces eaux.
Un decret royal fixe le territoire de protection a Pinté-
rieur duquel on ne peut travailler sur terre ou sous terre qu'avec
la permission de l'autorité miniere ou du ministere. Les tra-
vaux qui peuvent nuire a la source doivent etre interrompus.
Le propriétaire du sol duquel jaillit la source peut la capter et
l'exploiter en vertu d'une concession accordee pour 30 a 50
ans. Cependant l'Etat s'est reserve le droit de declarer d'uti-
lite publique les sour ces miner al es, salines et therma-
les qui ont une valeur particuliere, grace a leurs qualites, pour
la sante du peuple et Peconornie du pays. L'administration de

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La loi miniere 463

ces eaux sera confiée a une société anonyrne roumaine, con-


stituée par l'Etat, d'apres les prescriptions de la loi, et qui
recoit une concession de 50 ans. Les obligations de la société
sont fixées dans un cahier des charges. L'Etat participe au
benefice net au bout de 10 années pourvue qu'il depasse un
dividende de 80/0 pour les actionnaires. Les proprietaires fon-
ciers sur le sol desquels se trouvent les sources et les instalia-,
tions de captage recoivent 150/0 de la part qui revient a l'Etat;
le fouilleur recoit 100/0. La societé peut ériger des construc-
tions (bains, sanatoria, hotels, etablissements de plaisir, etc.)
a l'intérieur des frontieres du rayon protecteur.

L'extraction des p i err es varie selon qu'elles sont a la


disposition du proprietaire foncier ou qu'elles sont situées sur
la propriété de l'Etat. L'article 230 contient les diverses
formes de concession :
1° Concession en vertu de fouilles autorisées dans un terri-
toire vierge;
2° Concession directe dans des territoires fouilles;
3' Affermage a court terme;
40 Extraction a l'aide d'une permission.
Pour obtenir une concession dans les territoir es vi e r-
ges, ii faut prouver que les pierres utilisables peuvent fournir
une extraction durable. L'autorisation de fouiller n'est accordee
que pour deux années avec une prolongation d'une annee. La
superficie du territoire ne dépasse pas 50 hectares. La con-
cession est accordee au fouilleur pour une surface de 50 hec-
tares au plus et pour 30 ans au maximum.
Les concessions directes dans les territoires fouilles ou non
ne sont accordées que pour l'extraction et l'utilisation de pierres
qui ont une importance particuliere grace a leur nature
et leurs possibilités d'emploi: granit, marbre, serpentine, ara-
gonite, pierres de construction, etc.
Les gisements de pierres d'usage local ou regional et qui
ne forment pas un objet d'utilisation industrielle peuvent etre
loués pour la durée de 5 a 10 ans par adjudication publique sur
la base d'un cahier des charges.
Les gisements d'importance locale (gravier, sable, etc.) peu-
vent etre exploités a l'aide d'une permission d'exploitation.
L'exploiteur paye un prix fixe.
La troisieme partie de la loi miniere protege les dr o i ts
a cqu is pourvu qu'ils se rapportent a la mise en valeur des
richesses du sol. Ce sont les droits acquis avant la publication
de la Constitution du 28 mars 1923 et qui entrent en collision
avec les prescriptions de la loi miniere. Tous ceux qui ont
acquis de tels droits sont obliges, dans le délai d'un an a

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464 Les nouvelles lois dconomiques

partir de la publication de cette loi, d'en demander la reconnais-


sance et la validité. La declaration de validité se rapporte aussi
a tous les contrats ou concessions qui renferment de tels droits,
acquis par l'Etat ou les particuliers et qui concernent l'utilisa-
tion de produits miniers bruts ou manufactures, les ventes de
transports ou leur utilisation. La reconnaisance et la decla-
ration de validite de droits miniers ont lieu dans les tribunaux
aupres desquels on a institue une commission de reconnaissance
speciale. II existe aussi une commission d'appel qui a son siege
a Bucarest, dans le palais de justice. Les droits provenant de la
force de la loi seront inscrits dans des livres de mines speciaux
qui seront tenus dans les tribunaux et par les autorités
minieres.
Les autorisations de fouilles de substances minérales peuvent
etre reconnues et etre valables pour la dui-6e de la concession.
Si elles sont renouvelees ou modifiées, seules les prescriptions
de la loi miniere sont valables.
Les territoires de fouilles qui ne sont pas propres a une
concession d'exploitation rationnelle et economique de gisements,
peuvent etre reunis ou étendus jusqu'à la grandeur prescrite
pour la classe de gisements en question.
Les concessions minieres sont maintenues pour la durée
pour laquelle elles ont ete accordées, cependant pas pour un
espace de temps superieur a 50 ans apres la publication de la
Constitution. Cette prescription est applicable aux concessions
accordees aux societes de petrole.
Les droits des proprietaires fonciers qui possedent des mines
de pétrole ou d'autres bitumes seront reconnus pour la durée
legale et declares valables.
Les sociétes minieres sont tenues de se transformer, dans
le delai de 3 ans, a dater de la publication de cette loi, en
boctetes anonymes roumaines qui seront constituees d'apres
les prescriptions du code de commerce roumain et de la loi
miniere. Quelques exceptions sont prévues pour les syndicats
miniers composes exclusivement d'ouvriers et pour les petites
mines d'or, d'argent, de cuivre et de plomb exploitées par
des ouvriers et de petits bourgeois et situées dans les mon-
tagnes occidentaIes, dans la region de Baia-Mare. L'union de
travail actuelle sera maintenue; cependant un reglement sera
élabore pour permettre une meilleure utilisation des produits
obtenus.

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La loi de commercialisation.
La loi relative A la commercialisation et au contrôle des
entreprises économiques de l'Etat a ete sanctionnee et promul-
guée par le décret du 6 juin 1924 et publiée le lendemain dans
le Journal officiel No 121. Elle fixe les regles d'apres les-
quelles travaillent les entreprises d'Etat qui ont un caractere
économique et seront commercialisées.
Apres la guerre, on a commence en Roumanie comme dans
les autres pays A commercialiser les entreprises economiques
de l'Etat et des autres corps publics. Il s'agit de les trans .
former de telle sorte qu'elles ne dependent plus uniquement
de points de vue d'économie publique, mais aussi d'economie
privee. Ce principe peut etre appliqué de diverses manieres.
L'exploitation d'Etat peut s'efforcer d'obtenir des benefices ;
elle peut s'unir au capital prive. Il en résulte une forme d'or-
ganisation mixte qui presente des avantages, car l'initiative du
capital privé profite au service public). Les motifs qui accom-
pagnent le projet de la loi de commercialisation disent que l'Etat
s est montre impropre a diriger des exploitations industrielles
et commerciales; aussi faut-il leur donner une administration
commerciale et la plus grande independance possible des in-
fluence politiques et bureaucratiques. II y a donc lieu de faire
appel au capital et A l'initiative privés. Cependant la tutelle de
l'Etat reapparait lorsqu'il est question de Peconomie et de la
defense nationales. Ces considerations ont conduit A diviser en
deux parties les entreprises devant etre commercialisees. Celles
que le criterium cite en dernier lieu concerne continueront a
etre dirigees exclusivement par l'Etat sans etre soumises A
l'influence de particuliers et sans participation de capitaux privés.
La reforme des administrations des entreprises de cette cate-
gorie sera reglee par des prescriptions legislatives speciales.
Les deux categories d'entreprises sont enumérées a l'article 2.
On distingue:
A. Les entreprises d'intéret general destinées
a rendre des services publics importants dont depend
la situation économique du pays; celles qui sont l'objet d'un
monopole d'Etat ; enfin celles qui servent uniquement A
la defense du pays.
A cette catégorie appartiennent: les chemins de fer de
l'Etat (C. F. R.), les postes, télégraphes et telephones (P. T. T.)
la regie des monopoles de l'Etat (R. M. S.), les ateliers speciaux
de l'armée, pyrotechnies et poudreries avec leurs ateliers et
entreprises, destines A assurer Pactivite de ces services. Les
1 Stillich: Einfiihrung in die Nationalökonomie. Theorie der Pro-
duktion, vol. II, page 236.
30

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466 Les nouvelles lois économiques

services de la regie pour le tabac, les allumettes et le sel pre-


pare pour l'exportation peuvent etre ranges dans la catégorie
suivante :
B. Les entreprises de caractere purement com-
mercial dont l'objet est la proprieté de l'Etat, mais qui ne
forrnent pas de monopole d'Etat.
A cette categorie appartiennent:
a. L'exploitation des mines et des etablissements métallux-
gigues, des villes d'eaux qui sont propriéte d'Etat et en general
des établissements industriels de toute sorte;
b. Les ateliers de l'Etat de toute sorte qui n'appartiennent
pas aux entreprises de la categorie A;
c. La navigation fluviale roumaine (Navigatia Fluviala Ro-
maim N. F. R.) et la navigation maritime roumaine (Serviciul
Maritim Roman S. M. R.);
d. L'exploitation des forets de l'Etat, pecheries, abattoirs,
frigoriferes;
e. L'exploitation des producteurs d'energie : charbon, pe-
trole, methane et chutes d'eau; elle a lieu d'apres la loi des
mines et des energies et un regime approprié a l'intéret general
en question;
f. L'utilisation de tous les droits de l'Etat, comme Ia re-
partition des produits du petrole, etc.1
Les autres entreprises de l'Etat, qui pourraient appartenir
a l'une de ces categories, y seront rattachees par une decision.
du conseil des ministres. En revanche, celles qui possedent un
caractere particulier et qu'on ne peut assimiler a aucune des
categories mentionnees y seront rangees par une loi spéciale.
Le deuxieme chapitre regle l'administration et le
contr 'Ole des entreprises publiques de caractere
économique.
Les entreprises de la categorie A, qui sont dans la regie
directe de l'Etat, seront exploitées exclusivement avec des capi-
taux de l'Etat et conformement aux lois spéciales. Un projet
de loi sur l'autonomie des chemins de fer a deja eté elabore.
1 Ce dernier point qui a conduit A une violente lutte des intéressés
contre la loi, établit le droit de l'Etat de répartir les produits du parole.
La loi' ne contient pas de details de cette stipulation generale. Seul,
l'article 198 de la loi miniere dit qu'il faut en premiere ligne faire face
aux besoins intérieurs; pour atteindre ce but, la vente de produits du
petrole A l'intérieur sera confiee a une organisation placee sous la sur-
veillance de l'Etat et a laquelle participeront les producteurs, les raffineries,
les consommateurs et l'Etat. En outre les prix intérieurs ne dépasseront
pas les prix exterieurs. La loi qui doit régler cette organisation n'a pas
été votée,

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La loi de commercialisation 467

Celles de la categorie B qui ne forment pas de monopole


d'Etat peuvent etre exploitees en association avec le capital privé;
on préferera le capital cree par la cooperation.
Chaque entreprise sera dirigee par un conseil d' a d -
minis tr ation compose de 12 membres au plus. Le gou-
vernement en nomme le tiers; les autres seront élus par l'assem-
blée generale des actionnaires.
L'un des membres nommes par le gouvernement a la
mission de representer les intérets des ouvriers conformement
a la loi du travail. II sera choisi dans le conseil super ieur
d u tr avail dont la creation a été projetée.
La commission directoriale sera formee de deux
membres du conseil d'administration, dont un representant du
gouvernement. Ces deux membres avec le directeur de l'entre-
prise la dirigeront. La direction est ainsi composée du directeur
et de deux delégués du conseil d'administration.
Pour le contr 6'1 e, 3 a 5 censeurs seront nommes, la
majorité par le gouvernement, le reste par l'assemblée generale.
Les membres du Parlement ne peuvent pas appartenir au con-
seil d'administration ni etre censeurs.
Le president du conseil d'administration est choisi par le
gouvernement parmi les membres du conseil. En revanche, le
directeur de l'entreprise est nommé par le conseil d'administra-
tion. En outre, le gouvernement peut commettre un commissaire
special qui assiste aux seances du conseil d'administration avec
voix consultative. Sa mission principale est d'empecher les colli-
sions dans les decisions. Lorsque le conseil d'administration
prend une decision qui est contraire a la loi, aux statuts ou
aux interets supérieurs de l'Etat, le commissaire peut demander
au gouvernement de casser la decision. Le commissaire est un
organe de surveillance et de contrôle de l'Etat.
II existe un autre organe pour le contrôle et la direction
des entreprises de l'Etat commercialisées, notamment le c o n -
s eil sup er ieu r, crée au ministere du Commerce et de l'In-
dustrie. 11 se compose:
D'un senateur elu par le Senat;
D'un depute élu par la Charnbre des deputes;
Du president de la cour des comptes ou d'un delegué de
cette chambre;
D'un membre de la commission directoriale de la Banca
Nationala;
D'un membre choisi par le conseil d'administration de la
Banque de credit industriel (creditul Industrial);
D'un membre du conseil superieur de Peconomie nationale;
30*

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468 Les nouvelles lois dconorniques

D'un delegue du syndicat des Chambres de commerce et


d'industrie; jusqu'à la creation de ce syndicat, le president de
la Chambre de commerce de Bucarest est de droit membre du
conseil supérieur;
D'un delegué du conseil superieur du travail et d'un dee-
gué du conseil superieur des syndicats ouvriers; ces deux con-
sells ne sont pas encore creels;
De trois spécialistes nommes par le gouvernement.
On a tenu compte dans la composition du conseil superieur
des interêts des milieux les plus divers. Le premier president
de cet organe est nommé par le gouvernement, le vice-prési-
dent par l'assemblée. Les personnes qui ont été membres du
conseil d'administration d'une entreprise d'Etat commercialisee
quelconque ne peuvent pas faire partie du conseil. Le rninistre
de I'Agriculture et des Domaines, des Chemins de fer, des Finan-
ces, du Commerce et de l'Industrie, du Travail et des Syndicats
et le ministre de la Guerre peuvent assister a ses seances avec
voix deliberative; leur presence est limitée aux seances dans
lesquelles des questions de leur ressort sont discutées.
Le conseil des ministres confirme les membres du conseil
superieur sur la proposition du ministre du Commerce et de
l'Industrie. La durée de leurs fonctions est de 5 ans.
Chaque entreprise commercialisée verse 10/0 de son béné-
fice net pour couvrir les frais d'organisation et d'administration
du conseil supérieur, pour créer un institut de recherches ou
des ecoles de preparation technique et professionnelle pour les
ouvriers; 1 0/0 servira a la creation d'un fonds pour etablir et
entretenir des foyers d'étudiants, des cantines et des labora-
toires d'université.

L'article 9 fixe la competence du conseil supérieur:


a. 11 donne son avis sur les propositions relatives a la
commercialisation des entreprises;
b. II examine la loi arganique, respectivernent les statuts
des entreprises commercialisées et fixe les regles d'apres les-
quelles la souscription publique a lieu pour fournir le capital
privé; il donne son avis sur le mode d'apres lequel chaque
employe et ouvrier participe aux benefices;
c. Il fixe la cote de participation de l'Etat et des particuliers
aux autreprises commercialisées;
d. II donne son avis sur les investissements non amor-
&sables qui ont eté faits au cours des 10 dernieres annees
de la durée de chaque entreprise industrialisee;
e. Il fixe les regles a observer pour l'établissement Mini-
tif des bilans;

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La loi de commercialisation 469

f. II contrôle le rendement des exploitations;


g. II donne son avis sur les modifications des statuts et
sur les augmentations de capital;
h. II donne son avis sur la participation de capitaux étran-
gers et approuve l'engagement de spécialistes étrangers s'ils
sont absolument necessaires.

Le troisierne chapitre comprend la cr eation, le capi -


ta1 et l'administration des entreprises économiques de
l'Etat.

L'initiative de la creation d'une entreprise commercialisee


est prise sur la proposition du ministre par le departement dont
elle depend. Celui-ci élabore les statuts, la cote de participation des
capitaux de l'Etat, des particuliers et de l'étranger.
Ils doivent contenir les stipulations suivantes:
a. Les actions seront nom inatives et ne pourront etre
cedees sans le consentement du conseil d'administration; ex-
ception est faite pour l'entreprise qui a un caractere cooperatif;
b. Le nombre de voix d'un actionnaire est limité;
c. Deux tiers des membres du conseil d'administration et
/a direction doivent etre roumains; le president et le directour
general doivent l'etre aussi;
d. Si le dividende paye aux actionnaires dépasse 150/o du
capital social, la participation de l'Etat au benefice net augmente
progressivement; cette augmentation sera fixée;
e. Au bout de 7 annees, le rapport du personnel rournain de
chaque categorie doit s'elever a 75 quant au nombre, appointe-
ments, salaires et indemnités.

D'autres prescriptions concernent I'assemblée generale des


entreprises commercialisees dans lesquelles les voix de l' Etat
roumain, sont limitees; elles ne depassent pas le tiers des
voix totales et ne sont pas inferieures au quart. Elles sont
représentées dans l'assemblée generale par un deIegué du gou-
vernement. L'Etat ne prend pas part a l'election des membres
du conseil d'administration ni a celle des censeurs.
Le capital des entreprises commercialisees de la categorie B
se compose du produit des installations, immeubles et meubles
a la disposition de l'entreprise. Ces derniers sont inventories et
estimés par des experts avant la publication au journal officiel.
Le conseil superieur estime les mises de fonds de l'Etat et des
Le capital peut etre augmenté par de nouvelles
particuliers.
muses de l'Etat ou des particuliers.

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470 Les nouvelles lois économiques

Des cas peuvent se presenter oil ii n'est pas possible de


determiner les mises de fonds de l'Etat. Le revenu net
de l'entreprise est alors reparti comme suit:
a. Si le revenu net realise ne dépasse pas 50/o par rapport
au capital privé, il est accorde tout entier au capital prive;
b. S'il dépasse 50/0, mais pas 100/0, la difference entre
50A, et loo/o est partagee entre l'Etat et les porteurs prives
d'actions;
c. S'il depasse 100/0, mais pas 200/o, l'Etat recoit deux
tiers de ce qui dépasse le benefice maximum revenant aux por-
teurs privés d'actions. Ce cas est prevu a la lettre b.
Cette repartition est calculée a minima pour l'Etat.
Dans aucun cas, ii ne reviendra un dividende supérieur
350/0 au capital privé; tout ce qui dépasse eventuellement ce
dividende sera attribue A l'Etat. La moitié de cette somme
peut etre destinée A agrandir l'entreprise.
Sur le rapport du conseil supérieur du contrôle, le ministere
dont depend l'entreprise peut faire une proposition au conseil
des ministres si le conseil d'administration croit utile d'augrnenter
le capital social pax la collaboration du capital etranger. Le
conseil des ministres decide la participation du capital étranger
jusqu'a 400/o du capital global de l'entreprise au plus, 600/o
revenant au capital national, le capital de l'Etat et des
varticuliers.
Les entreprises commercialisees sont tenues de dresser un
bilan, chaque armee, au 31 decembre. Il est approuvé par
l'assemblée generale des porteurs d'actions. Un mois avant le
ler janvier, les entreprises doivent presenter un projet de budget
pour l'annee suivante.
Suivant l'avis et les oxdres du conseil supérieur, les re-
présentants de l'Etat dans les entreprises commercialisées peu-
vent exiger que la moitié du benefice net, s'il dépasse 100/o
du capital, soit destinée A a-6er un fonds d'amelioration ou A
des prets dans le but exclusif de nouveaux investissements.
Dans la quatrieme partie, la cluree des entreprises commer-
cialisees est limitée a 50 ans au plus. Cependant, le renou-
vellement est admis. A l'expiration de ce temps, l'Etat peut
acquérir, au prix cofitant, apres deduction des amortissements,
les installations de Pentreprise.
La proprieté de l'Etat, comme les mines, forets, pecheries
qui ne peuvent pas etre l'objet d'une seule entreprise a cause
de leur nature, situation et montant de leur valeur, sera commer-
cialisée d'apres les points de vue suivants:
a. Chaque entreprise de mine sera fondée en vertu de
la concession prevue par la loi miniere;

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La loi de commercialisation 471

b. Le ministere de l'Agriculture et des Domaines fixera,


pour les pecheries et les forets de l'Etat, la surface a exploiter
en tenant compte des modalites d'une exploitation rationnelle,
des investissements qui doivent etre faits, de la participation
des ouvriers de la contrée par des syndicats et de l'organisa-
tion de la vente des produits. Les ass o ciations rurales
et urbaines seront p r é f é r é e s aux memes conditions, meme
si leur offre est inferieure de 50/o a la plus favorable, a l'exclu-
sion de la cession de letu-s droits.
Le personnel roumain sera prefere dans la nomination d'em-
ployes et l'embauchage d'ouvriers. Ils seront assures contre
la maladie, l'incapacité de travailler, la vieillesse et la mort
d'apres les regles de l'assurance sociale. La societé est tenue
de payer regulierement les cotisations. Les employes et ouvriers
participent aux benefices. Les statuts de chaque entreprise
fixent les details de la participation.
La quote-part ne sera pas inferieure a 150/o du benefice net.
Les districts et les communes peuvent commercialiser leurs
exploitations conformement aux prescriptions de cette loi.
Un reglement expliquera ses principes et les details de
son application.
Si nous considerons les transf or m a ti on s les plus im-
portantes qui ont éte faites stir la base de la loi de commer-
cialisation, nous constatons qu'elles ont eu lieu d'une fawn
tres diverse.
La commercialisation a le caractere de l'autonomie dans
les entreprises dans lesquelles l'Etat poursuit des intérets econo-
miques et politiques. Les chemins de fer roumains devien-
d.ront des entreprises economiques independantes par la loi
d'autonomie.
En revanche, les entreprises d'Etat, comme les etablisse-
ments métallurgiques de Copsa Mica et Cujir ont ete commer-
cialises avec la participation du capital etranger.
La commercialisation a la forme du contrôle dans les so-
ciétes de navigation fluviale; celle de la concession d'un mono-
pole a une societé privee dans les pecheries.
Etudions ces diversités dans leurs details.
La loi sur la reorganisation des chemins de fer roumains
(loi d'autonomie), elaboree par le directeur general des chemin
de fer M. Pretorian et qui etait encore a l'etat de projet quand
nous écrivions ces lignes (mai 1925), ne represente point une
liberte entiere pour les chemins de fer quant aux recettes et
aux depenses, a l'administration des districts, mais seulement
une autonomie limitee. L'Etat assure le service des chemins

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472 Les nouvelles lois economiques

de fer par une administration qui a la qualite d'une personne


civile sous le contrôle du ministre des Communications. En
temps de paix, les reglements des chemins de fer de l'Etat
font autorité; en temps de guerre, les regiements militaires.
Les organes directeurs de l'administration sont:
10 Le conseil d'administration des chemins de fer, com-
pose de 9 membres dont 8 sont nommés par decret royal et
sur la proposition du ministere de la Guerre. Sur les 8 mem-
bres que nomme le ministere,
3 au moins doivent etre ingenieurs, 2 au moins doivent
appartenir a l'administration des chemins de fer de l'Etat;
1 doit etre jurisconsulte, propose par le ministere de la
justice, avec au moins 10 années de service;
1 homme de finance, nomme par le ministere des Finances;
1 industriel et 1 commergant proposes par le rninistere
du Commerce et de l'Industrie sur une liste de trois noms
etablie par la Chambre de commerce et d'industrie.
1 agriculteur propose par le ministere de l'Agriculture sur
une liste de trois noms du syndicat des Chambres d'agri-
culture.
Ces membres sont nommes pour une période de 4 annees.
Ils doivent etre domicilies a Bucarest. Leur mandat est in-
compatible, c'est-a-dire qu'il ne peut pas etre donne a un
fonctionnaire ou a un depute.
Le conseil d'administration choisit parmi ses membres un
president, un vice-président et pour l'exécution rapide des af-
faires, une commission directoriale qui travaille chaque jour
et examine les travaux proposes par l'administration. Elle est
composée d'un ingenieur au moins qui a déja dirigé les chemins
de fer de l'Etat et du directeur general.
La nouvelle administration autonome des chemins de fer
depend du Parlement qui doit voter son budget.
Le conseil des ministres prend des decisions dans les que-
stions suivantes d'apres les propositions des ministeres des Com-
munications et des Finances:
a. Su,r les propositions relatives aux depenses de l'intensi-
fication éventuelle du trafic, defrayees par l'augmentation des
recettes;
b. Sur les conditions de tarifs et de transport;
c. Sur les propositions d'achat ou de vente de biens qui
ne sont pas de la competence du ministexe en question;
d. Sur les propositions relatives a des emprunts, a l'émission
d'obligations necessaires aux besoins de l'administration et amor-
tissables a l'aide des recettes des chemins de fer.

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La loi de commercialisation 473

Les affaires suivantes sont de la competence du ministere


des Communications: nomination, avancement et renvoi du per-
sonnel, sanctionnes par decret royal; toutes les conventions
sur les tarifs signees avec l'etranger.
La competence du conseil d'administration s'etend sur:
a. Les propositions du directeur general relatives aux dé-
penses prevues pour les divers chapitres au cours de l'année;
b. Les reglements et dispositions de l'exploitation;
c. Les propositions concernant les modifications des pres-
criptions d'organisation intérieure et les mesures administratives;
d. Les dispositions de Phoraire des trains;
e. Les propositions generales de travaux et de change-
m ents;
f. Toutes les autres propositions relatives h l'exploitation
des chemins de fer.
Le conseil d'administration peut accorder son autorisation
aux affaires financieres allant jusqu'a 1 million de lei sans
adjudication, mais avec le consentement du ministere des Com-
munications; de 1 h 10 millions, avec le consentement du
conseil des ministres.
La disposition suivante supprime les lenteurs bureaucrati-
ques: toute demande adressee au conseil des ministres est
considerée comme étant accordee si l'on n'y réporml pas dans
un délai de 30 jours. Toute demande envoyée au ministere
des Communications est consideree aussi comme étant accordee
si l'on n'y répond pas dans l'espace de 10 jours.
Toute decision doit etre prise avec le consentement de
4 membres au moins dont un de la commission directoriale.
Le directeur general est tenu d'assister a toutes les seances
du conseil sans avoir cependant le droit de voter. Le ministre,
des Communications peut presider ses seances et voter aussi.
Les tarifs prevus doivent etre suffisants pour faire face aux
depenses ordinaires, aux dépenses pour la reparation du mate-
riel et des installations. Le transport gratuit ou h prix reduits
n'est autorise que sur les propositions du conseil d'administra-
tion et avec le consentement du conseil des ministres.
Le budget des chemins de fer doit figurer dans le budget
general de l'Etat parmi les revenus purs destines h affluer dans
le Twesor public. Du reste, les chemins de fer établiront un
budget indépendant. Dans le cas de plus-values, la repartition a
lieu de la maniere suivante: 450/0 sont affectés a un fonds
pour l'amélioration des vieilles voies; 450/o pour les nouvelles
voies et 100/o au fonds des primes destine a stimuler le zele
du personnel de toutes les categories.

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474 Les nouvelles lois économiques

La discipline est assurée dans l'administration par une com-


mission centrale des commissions régionales, composée de 3
membres nommés pour 3 ans et dont l'un doit appartenir a la
magistrature.
Le personnel superieur est promu au choix; le personnel
moyen au choix et d'apres les annees de service; le personnel
subalterne d'apres les annees de service.
L'un des points les plus importants de la loi est que
l'Etat ne peut pas disposes des excedents des recettes pen-
dant 10 années.
Les dispositions actuelles relatives aux permis de circula-
tion, aux reductions du tarif pour l'administration publique et
la presse restent en vigueur jusqu'au ler janvier 1926.
Ii résulte de ces dispositions que les chemins de fer con-
tinuent a selever du ministre des Finances; mais a la place
des sommes prévues aujourd'hui dans le budget et figurant
comme deficit se trouve un budget propre, balance par des
subventions de l'Etat.
L'impostance de l'autonomie des chemins de fer est vi-
sible quand on se souvient quelles charges l'instabilité des de-
penses et des recettes imposait au budget. Ils deviendront ca-
pables de participer au développement de l'economie natio-
nale maintenant que l'administration cesse d'etre bureaucratique,
que l'exploitation est simplifiee, l'esprit d'initiative et la re-
sponsabilité sont encourages.
II est vrai que cette transformation a aussi son revers.
Par ses subventions, l'Etat acquiert de l'influence sur les che-
mins de fer et lent- autonomie devient illusoire. L'Argus du
18 avail 1925 écrit que les chemins de fer auront le meme sort
que les districts et les communes sur lesquels l'Etat a aussi
une grande influence. Ces grandes organisations a grandes
depenses et petites recettes ne peuvent etre autonomes que
pour la forme.
Les chemins de fer ont annoncé un fort relevement des
tarifs par la mise en vigueur de l'autonomie. Ce sont de nou-
velles charges pour les branches industrielles, comme l'industrie
du bois qui a de grands transports a effectuer. Il est douteux
qu'une augmentation des recettes se produise en meme temps.
Il est extremement difficile de surmonter, par une telle
loi,les difficultes dont souffrent les chemins de fer roumains.
Ces réformes ne peuvent etre salutaires que si elles sont une
partie d'un grand programme réformateur qui englobe la mon-
naie; sans cela, elles répondent rarement aux espoirs que l'on
avait fondés stir elles.
Les établissements métallusgiques de l'Etat
de Copsa ica et de Cujis ont eté completernent commer-

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La loi de commercialisation 475

cialises. La commercialisation a le but de relever la produc-


tion. Elle a eu lieu par une ordonnance du gouvernement en
vertu de la loi de commercialisation. Le 17 avril 1925, la so-
ciete anonyme des Uzinele Metalurgice Copsa Mica si Cujir
a été fondée avec Bucarest pour siege social. Elle a tin
double but:
1° Construire des machines et pieces de machines;
2° Fabriquer des munitions et des armes.
La Roumanie veut se rendre le plus possible indépendante
de l'étranger quant aux munitions et aux armes en érigeant
de nouvelles manufactures. Jusqu'ici, les établissements Resita
étaient la seule entreprise qui fabriquât des armes. Ils étaient
incapables de faire face a tous les besoins en armes et mate-
riel de chemin de fer. Une nouvelle usine etait done néces-
saire; elle doit etre acheyee dans deux annees.
La commercialisation s'est effectuée avec l'aide d'entreprises
privees. Les participants sont.
1° L'Etat,
20 Les etablissements Resita,
3° Les Vickers Ltd.
L'Etat fournit:
a. L'utilisation du terrain pour les usines metallurgiques;
b. L'utilisation du terrain pour la fabrique;
c. L'utilisation des forces hydro-electriques et les bâtiments
de Cujir;
d. Les moteurs et machines en sa prossession; ce sont les
anciennes machines existant a Copsa Mica.
Les etablissements Resita apportent:
a. Les machines militaires et les installations pour la con-
struction de la manufacture de munitions et d'armes;
b. Eventuellement une partie des matériaux en fer pour
la construction des bâtiments.
Les Vickers Ltd apportent:
Les machines speciales pour completer l'installation confor-
mément au programme special du gouvernement. La participa-
tion de Vickers ne consiste pas en argent, mais en fourniture
de machines. II est vrai que l'Etat paye 75 millions a cette
manufacture d'armes anglaise. Cette somme represente une com-
pensation pour les machines que les Etats-Unis ont livrées
Copsa Mica apres que la societé anglaise eut fait une avance a
la nouvelle entreprise.
Sur les 1200 millions de lei de materiel militaire neces-
saire, la Societe Vickers en a livre au moins pour 480 millions.

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476 Les nouvelles lois dconomiques

Le capital-actions de 300 millions sera obtenu par sous-


cription publique.
L'Etat a garanti aux societes Resita et Vickers 100/0 de
benefice pour les 10 premieres annees et 60/0. pour les autres.
Le professeur Madgearu a attaqué cette participation au bene-
fice dans la Chambre roumaine (le 14 mai 1925) en disant que
le capital roumain, qui n'est pas représenté par les établisse-
ments Resita, n'a pas obtenu cette garantie et devra par suite
supporter les pertes. Le ministre Constantinescu repoussa l'af-
firmation que le capital roumain avait éte plus mal traité que
le capital étranger en disant que les dividendes étaient de 80/o
et plus en France et dans les autres pays.
Le principe de nationalisation qui sert de base a la nou-
velle legislation économique roumaine est maintenu dans cette
fondation; 180 000 actions de 500 lei .sont nominatives et ne
peuvent etre vendues a un étranger, d'apres les stipulations
de la loi sur la fondation de sociéts anonymes roumaines, et
a un Roumain sans l'autorisation du conseil d'administration.
Le reste des actions au porteur est cessible a volonté.

La commercialisation de la navigation fluvial e s'est


faith autrement. L'ancien service de navigation fluviale (N. F. R.)
a Le transformee en une société qui porte le nom de Societa-
tea fluviala romana.
L'Etat accorde un certain nombre d'avantages (articles 5
a 16 des statuts) a cette société qui s'oblige:
1. A transporter les lettres de l'Etat;
2. A executer les transports militaires de preference et
d'apres les ordonnances des organes militaires, a tarifs reduits,
et en vertu du contrat passé entre la societé et le ministere
de la Guerre;
3. A placer sous la loi de saisie tous ses bateaux, tous
ses immeubles et tout son materiel n'importe oü ils se trou-
vent en cas de guerre ou de menace de guerre;
4. A observer le plus possible les dispositions du ministre
de la Guerre dans les nouvelles constructions sans que la va-
leur des navires de commerce soit diminuee.
Ces stipulations visent a transformer facilement la navi-
gation commerciale en navigation de guerre en cas de
guerre. Toute modification du navire qui repond a ce but
est payee par l'Etat pourvu qu'elle ne reponde pas a des buts
commerciaux;
5. A maintenir les regles prescrites par l'Etat pour le trafic
des passagers et des marchandises, la capacite minimum des

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La loi de commercialisation 477

des paquebots su,r les lignes de passagers et de marchandises,


la vitesse minimum en service et le nombre minimum des
voyages qui ne peuvent etre reduits sans l'autorisation spéciale
du ministere des Communications;
6. A conserver a son service les employes de la N. F. R. et
de la S.M. R. autrefois au service de l'Etat, avec tous leurs droits
acquis; les retenues que l'Etat a faites jusque-la a leurs traite-
ments mensuels seront versées a la caisse de restraite de -la
societé.
L'Etat a le droit de contrôler Pactivité de la societé a
l'aide de son service de contrôle (article 5 de la loi de commer-
cialisation) et du conseil de contrôle des entreprises économi-
ques de l'Etat dans le cadre de ses attributions.
II peut en outre nommer un commissaire qui assiste aux
seances du conseil d'administration avec voix consultative; la
societé paye le traitement du commissaire.
Le conseil d'administration est compose de 12 membres
dont 4 sont nommes par le gouvernement tandis que les autres
sont élus par l'assemblée générale pour 4 ans. L'un des mem-
bres nommés par le gouvernement represente les interets des
ouvriers.
Apres sa fondation, le conseil sup erieur du travail de-
signera un autre membre qui representera aussi les intérets
du travail (conformément a la loi du travail).

Pour les p e ch eries de l'Etat, on a choisi pour la commer-


cialisation la forme d'un monopole accorde a une société pri-
vée afin que tout Pappareil fonctionne mieux. La societe Frigul
a rect.' le monopole de la repartition et de la vente des pois-
sons des pecheries de l'Etat. Les pecheurs apportent les pois-
sons sur le marche et les remettent aux délégues de la societe;
ceux-ci les repartissent d'apres les prescriptions du ministere de
PAgriculture aux sociétés commerciales de poissons, aux dele-
gués des communes et des districts. La société est egalement
tenue d'emballer et d'expedier la marée aux divers offices.
A l'avenir, les administrateurs des pecheries de l'Etat ont
seulement la mission d'administrer les territoires de Oche, la
peche et d'effectuer les travaux qu'elle necessite. Ils ne sont
plus autorises a vendre ou a repartir la maree. Ces attribu-
tions ont éte données a la societe Frigul par une concession
de 5 annees (a paxtir du ler octobre 1924).
II ne s'agit point d'une commercialisation complete de la
peche, mais d'une période transitoire. Pendant ces 5 annees, on
veut acquérir des experiences et reunir le capital de 200 mil-
lions nécessaire pour la commercialisation entiere.

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478 Les nouvelles lois 6conorniques

La loi d'énergie.
En 1922 et en 1923, deux grands congres d'ingenieurs ont
etudies dans tous ses details le probleme de l'énergie. Dans
,

la suite, le manque de combustible a amené de grandes idiffi-


cultes économiques qui ont failli désorganiser les transports.
Le gouvernement s'est vu alors oblige a mettre en ceuvre la
question de Pénergie par la loi d'energie du 4 juillet 1924,
parue dans le No 143 du Monitorul oficial. Elle repose sur
la pensee fondamentale du reglement legal de toutes les institu-
tions qui entrent en ligne de compte pour la production, la
transformation et la distribution de la force.
La loi comprend les chapitres suivants:
I. Dispositions genérales.
II. Energie des chutes d'eau.
III. Installations de forces thermiques.
IV. Réseaux electriques.
V. Peines et sanctions.
VI. Le conseil superieur de l'énergie.
Les grandes sources d'energie de la Rournanie sont:
1. Les chutes d'eau;
2. Les combustibles solides comme le charbon, le bois,
etc.; liquides comme l'huile, la motorine, la benzine, etc.; ga-
zeux comme le methane et les hydrocarbures gazeux;
3. L'electricite.
Le ministere du Commerce et de l'Industrie a etabli un
programme de production et de distribution de Penergie qui
contient:
a. Les besoins en énergie des divers territoires du pays
et particulierement des institutions publiques;
b. Les centres de production d'energie les plus importants
du pays, l'utilisation intensive de Pénergie hydraulique, la con-
struction de grandes centrales de forces thermiques capables
de consommer les combustibles, sur les lieux et d'économiser
ainsi des transports inutiles;
c. Les relations des centrales d'energie les plus importantes
entre elles et avec les centres de consommation par des reseaux
qui distribuent Penergie produite.
Ces trois points: capacite des sources d'énergie, besoins
des grands centres industriels et commercants en energie, distri-
bution de l'energie, forment le plan du programme.
Les centrales de forces et les reseaux peuvent etre ex-
ploités sans l'Etat ou avec la participation de l'Etat. C'est

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La loi d'énergie 479

le gouvernement qui decide. II fixe la cote de participation


en tenant compte de Pinteret general auquel sert l'installation.
Chaque concessionnaire s'oblige a construire une installation
de provisions d'énergie. Le conseil supérieur de l'énergie est
autorisé a imposer des reserves d'energie a toutes les con-
cessions qu'il donne et A designer quelles centrales peuvent etre
données en concession sans obligation de provisions. La possi-
bilite est prevue, dans ce cas, que l'Etat ou les administrations
publiques participent a ces entreprises. Les concessionnaires
établissent gratuitement, jusqu'à Y de l'énergie produite, les
installations de ces provisions d'énergie destinées a l'Etat, au
district ou a la commune. Si Pon construit, par exemple, dans
une conirée, une centrale de forces pour les besoins privés de
10 000 CV et que l'Etat ait besoin actuellement ou pour plus tard
de 2500 CV, le concessionnaire est oblige de construire gratuite-
ment les installations nécessaires pour 2500 CV de reserve.
L'Etat, le district ou la commune ne paye ni intérêt, ni amortisse-
ment au possesseur des constructions et installations exigées.
Lorsqu'ils utilisent plus du quart de l'énergie produite, ils doivent
se charger des interets et de Pamortissement de Pexcedent du
capital engage.
En accordant la concession, on tient compte de la meilleure
utilisation des sources naturelles d'energie disponibles dans la
contrée, de la possibilité de collaborer avec d'autres installations
dans un but de distribution uniforme et de l'emploi des meilleurs
moyens afin d'éviter le gaspillage de l'énergie.
Les demandes de concession peuvent etre refuses:
a. Si les dispositions de la loi en question ne sont pas
remplies;
b. Si le projet ne prévoit pas l'utilisation rationnelle des
sources naturelles d'énergie, soit par le gaspillage des installa-
tions proposées, soit par la possibilité de l'emploi d'une autre
source d'energie qui peut etre exploitee a des conditions plus
favorables d'apres le point de vue des intérets de l'économie
politique ;
c. Si des raisons de defense nationale l'exigent;
d. Si des raisons de sarete publique le demandent.
La loi regle en premier lieu la concession de l'énergie d e s
chutes d'e a u. Cette énergie est la propriété de la collec-
tivité. Celui qui veut l'exploiter a d'abord besoin d'une autori-
sation d'études. Elle est donnée par le ministere du Commerce
et de l'Industrie d'apres le rapport du ministere des Travaux
publics et du conseil supérieur des eaux. L'autorisation est
valable pour deux années. Elle n'oblige pas PEtat et ne donne

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480 Les nouvelles lois économiques

aucun droit a une concession de constructions a celui qui l'a


obtenue. L'Etat peut cependant le dédommager des etudes
(travaux d'arpentage, plans) s'il s'y intéresse. Il peut accorder
des primes pour des concours et des subventions pour des
travaux d'étude.
Les etudes et les plans présentés dans le but d'obtenir une
concession doivent porter la signature d'un ingénieur diplenné
d'une école polytechnique.
Les demandes de concessions sont adressées au ministere
du Commerce et de l'Industrie. El les doivent etre accompagnees
de plans et de données sur le regime des eaux conformément
A la loi des eaux, si l'eau est destinee aux poissons, au flottage
ou A la navigation; puis de travaux d'arpentage, de recherches
géologiques, etc. Le proposant doit indiquer de quelles
ressources financieres il dispose, ou s'il n'en a pas, comment il
se les procurera.
La concession est donnée d'apres des travaux dont nous
parlerons plus loin ou d'apres un concours. Les conditions de
ce dernier sont fixées suivant le cas.
Outre les plans, on ajoutera A la demande une etude
generale de l'utilisation des eaux du bassin en question. La
reponse est donnée deux mois apres la remise de la demande.
La concession est accordée par decret royal.
La Ioi exige un cahier des charges contenant:
a. La formation du capital de l'entreprise, y compris le
droit de participation de l'Etat, des districts ou des communes,
les conditions du rachat de la concession, diverses obligations
du concessionnaire, les réseaux, tarifs, les participations even-
tuelles de l'Etat, l'action et le contrôle de l'Etat dans l'admini-
stration de la concession;
b. La durée de la concession, sa cessation, renoncement et
retrait;
c. La repartition des benefices; la participation aux bene-
fices de l'Etat doit etre progressive d'apres la loi de commer-
cialisation;
d. Les conditions particulieres de la concession;
e. La participation aux benefices du travail.
Le cahier des charges contient aussi les mesures A prendre
en cas d'inondation pour assurer la navigation, le flottage,
Firrigation, la protection du paysage, les conditions techniques
et financieres de la concession, etc.
Les concessions ne sont accordées qu'A des ressortissants
roumains ou A des sociétés roumaines. Le capital de la société
doit etre suffisant pour exploiter la concession; le personnel

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La loi d'énergie 481

technique doit posséder l'expérience de l'organisation et de la


direction des centrales d'énergie.

Les statuts de constitution des sociétés doivent prescrire:


a. Des actions nominatives de 500 lei de valeur nominale;
elles ne pourront etre transmises qu'avec l'autorisation du con-
seil d'administration;
b. Le nombre de voix des actionnaires est limité;
c. Lors de l'augmentation du capital, la moitie seulement est
accordée aux anciens porteurs d'actions, l'autre moitie est
réservée aux nouveaux actionnaires, de preference aux petits
souscripteurs. La souscription est publique;
d. La part des citoyens roumains s'élevera A 60 % du
capital social;
e. Les deux tiers du conseil d'administration, de la com-
mission directoriale et des censeurs, le directeur et le president
du conseil d'administration seront des ressortissants roumains;
f. La cession ou le transfert d'une concession se fera avec
l'autorisation du gouvernement a des ressortissants roumains seule-
ment ou a une soci.été qui remplit les conditions mentionnees ci-
dessus;
g. Sept années a partir de l'obtention de la concession,
75 % des ouvriers et employes de chaque catégorie de l'entre-
prise devront etre des ressortissants roumains.
Le ministere du Commerce et de l'Industrie est autorisé
A accorder directement les concessions de forces hydrauliques
inférieures A 250 CV utilisées par une seule entreprise.
Leur durée est diverse.
Elle est de 50 ans pour les installations qui alimentent une
seule industrie;
De 75 ans pour les installations qui alimentent un reseau
public;
De 90 ans pour les sociétés auxquelles l'Etat, le district ou
la commune participent ou pour celles dont les travaux hydrau-
liques contribuent A regulariser le cours d'eau.
L'Etat a le droit de rachat de la concession a laquelle ii
participe, pourtant pendant le dernier tiers de sa durée seule-
ment, avec un terme de conge de deux ans d'avance. A l'expira-
tion de la concession, toute l'installation passe en possession de
l'Etat.
Les installations qui fournissent de l'énergie a d'autres
payent des taxes annuelles d'apres une échelle qui depend du
rendement de l'entreprise. Un nouvel examen a lieu tous les
31

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482 Les nouvelles lois économiques

trois ans. Les centrales qui ne cedent pas d'energie payent une
taxe annuelle fixe. La loi ne donne aucun detail a ce sujet.
Les projets qui prévoient des bassins égalisateurs seront
preferés et soutenus a l'aide d'argent, de subventions, etc., par
l'Etat. Les montants qu'il fournit lui seront remboursés a l'aide
des benefices realises dans l'exploitation et par des annuités si
les benefices depassent 10 % du capital verse. Ceux qui tirent
profit du bassin egalisateur sont tenus de dédommager le con-4
structeur dans la proportion des avantages obtenus.

Le troisieme chapitre s'occupe des inst allations


th e rmi qu es dans lesquelles on consomme des com-
bustibles comme producteurs d'énergie. Celui qui veut con-
struire une telle installation doit adresser sa demande au mini-
stere du Commerce et de l'Industrie, accompagnée d'un memo-
randum dans lequel il montre pourquoi ii ne prefere pas une in-
stallation hydraulique et pourquoi ii n'emploie pas la force
électrique qu'il pourait prendre dans un réseau voisin.
Les concessions sont accordées pour les durées suivantes:
35 ans pour les installations thermiques jusqu'à 500 CV
utilisées par une seule entreprise sans etre transmissibles A
d'autres personnes;
45 ans pour les grandes installations thermiques destinees
A la distribution de Fenergie sur un réseau public;
60 ans pour les installations de forces construites pres d'une
mine et qui consomment comme combustibles de la poussiere,
des restes de charbon, ou des charbons de faible valeur calori-
que; elles sont exemptes de toute taxe pendant les 30 premieres
années.
A l'expiration de la concession, le ministere du Commerce
et de l'Industrie est autorisé A la prolonger de 10 ans en 10 ans
dans le cas ou les moteurs sont encore a meme d'exploiter
économiquement la centrale et que la contrée ne soit pas appro-
visionnée par un réseau public qui puisse alimenter économique-
ment l'ancienne installation.
Les installations thermiques qui fournissent la chaleur pro-
duite a d'autres consommateurs passent a l'Etat a l'expiration
de la concession.
L'exploitation du methane et des autres hydrocarbures
gazeux forme un monopole d'Etat; il l'exploite directement ou
en participation avec le capital prive d'apres les dispositions de
la loi miniere et de la loi de commercialisation.
Ces dispositions ne se rapportent pas aux territoires on il
existe des droits acquis et reconnus.

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La loi d'énergie 483

Ce gaz sera employé de preference comme producteur


d'énergies caloriques et chimiques ou transformé en d'autres
produits précieux en l'utilisant le mieux possible. Les con-
ditions de son emploi dans ce but seront fixées dans un cahier
des charges special d'apres l'avis du conseil superieur de l'énergie.
Exceptionnellement, ii pourra servir de producteur de
forces dans les installations caloriques, mais seulement si les
dispositions contenues dans le programme complémentaire le
permettent.
L'Etat peut participer a toutes les entreprises des centrales
de forces sur la recommandation du conseil supérieur de l'énergie
et aux entreprises pour l'industrialisation du gaz sur l'avis du
conseil supérieur des mines.

Le quatrieme chapitre traite des r és eaux el e c-


t r ique s. La livraison d'énergie est seulement permise avec
l'autorisation du ministere du Commerce et de l'Industrie d'apres
les dispositions de cette loi.
Sur le territoire des communes, l'installation des reseaux
électriques est leur droit exclusif; cependant elles sont tenues
de faire accepter leurs projets d'installation par le conseil
isupérieur de l'énergie.
Blies peuvent participer avec l'Etat ou des particuliers A la
distribution de l'énergie dans une commune qui ne possede pas
de centrale.
Pour obtenir une concession, il faut ajouter A la demande
les plans des installations avec des données techniques qui
prouvent leur utilité. Les conduites doivent nuire le moins
possible aux propriétaires dont elles traversent les champs.
La demande est examinee par le conseil supérieur de Penergie
assisté des chemins de fer roumains, des postes et télégraphes,
du ministere de la Guerre, de la direction genérale des ponts et
chaussees. Une enquete est faite ensuite, sur les lieux, dans
laquelle on entend les objections des propriétaires des terres
utilisees, des représentants des districts, communes et centrales
de forces voisines.
Sur le rapport du conseil supérieur de l'énergie, le ministre du
Commerce et de l'Industrie decide d'accorder ou de refuser la
concession.
Un cahier des charges contient toutes les conditions de
l'exploitation.
On désigne ensuite les champs, maisons et rues qu'on
pourra utiliser pour l'établissement des lignes et l'on fixe les
indemnités A payer pour cet usage.
31*

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484 Les nouvelles lois économiques

Les reseaux electriques seront adaptés, quant a la tension


du courant, a son espece et frequence, au projet general d'elec-
trification du pays.
La durée de la concession sera la meme que celle de la con-
cession de la centrale de forces si le reseau lui appartient; si
c'est une entreprise indépendante, sa durée ne dépassera pas
50 ans.
D'une facon générale, en accordant une concession, on
préférera le syndicat des producteurs ou les consommateurs
d'énergie.
Le réseau échoit a l'Etat a l'expiration de la concession.
Exception est faite pour les réseaux qui ont ete construits dans
les 10 dernieres annees de la concession. IN seront rachetes
contre remboursement des frais effectifs moins la part d'amortisse-
ment et la cote d'emploi.

Dans le cinquieme chapitre sont énoncées les peines sur


lesquelles nous ne nous etendrons pas. Remarquons seulement
que des peines de 500 A 20 000 lei peuvent etre prononcées pour
infractions, par exemple, si des travaux de construction sont
effectués sans autorisation ou si les conditions que la loi pres-
crit sont violées.

Le sixieme chapitre traite des qu es tions d' organ i -


sat i o n de l'application des lois. C'est la mission du ministere
du Commerce et de l'Industrie ou deux organes ont été creés
pour l'application et le contrôle:
1. Un office de Penergie;
2. Un conseil superieur de l'énergie.
Ce dernier comprend:
a. Un ingénieur, membre du conseil supérieur des eaux,
délegue du ministere des Travaux publics;
b. Le directeur de l'office de Fénergie du ministere du Com-
merce et de l'Industrie;
c. Un ingenieur, inspecteur general des chemins de fer de
l'Etat, delégue du ministere des Communications;
d. Un délégue du conseil superieur du contrôle et de la
direction des entreprises de l'Etat d'un caractere économique;
e. Un delégue du ministere de l'Intérieur, membre du con-
seil superieur de l'administration;
f. Un conseiller d'une cour d'appel, délégue de la cour
d'appel de Bucarest;
g. Deux ingénieurs électriciens, délégues du syndicat
general des ingénieurs roumains et de la societé polytechnique;

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La loi d'énergie 485

h. Un ingénieur des forets, dél6gué du ministere de l'Agri-


culture;
i. Un delegué du syndicat general des industriels roumains;
k. Un delégue du conseil superieur national de l'économie;
1. Le directeur de l'institut géologique de la Roumanie ou
son représentant;
m. Un ingénieur des mines, delegue du syndicat des
ingénieurs des mines;
n. Un délégué du ministere du Travail;
o. Un chimiste nomme par le ministere du Commerce et de
l'Industrie.
Un president et un vice-president sont nommes parmi ces
membres. Les decisions peuvent etre prises par 7 mernbres au
moins et a la majorité des voix. En cas d'égalité des voix, cella
du president decide.
Le conseil superieur de l'énergie a la mission d'examiner con-
formément aux lois toutes les demandes de concession et tous
les projets adressés au ministere du Commerce et de l'Industrie.
On creera en outre un fonds, nomme fonds d'energie
comprenant:
a. Line subvention annuelle du ministere du Commerce et
de l'Industrie;
b. La moitie des taxes prévues dans la loi du regime des
eaux pour les installations de forces hydrauliques et dans l'acte
de concession;
c. Un cinquieme du revenu obtenu par l'exploitation des
installations d'énergie;
d. Les amendes;
e. Tous les autres revenus, donations ou participations.
Le ministere du Commerce et de l'Industrie administrera
ce fonds.
Un reglement particulier établi par le ministere des Finances
en reglera l'administration.
II servira:
a. Aux etudes et pro jets, a accorder des subventions et des
participations;
b. Aux installations d'énergie de l'Etat.
Toutes ces dépenses seront prévues dans le budget du mini-
stere du Commerce et de l'Industrie. Les sommes prevues dans
le budget, mais non dépensees au cours de l'année, seront versees
au fond d'energie. Les ministeres des Finances, du Commerce
et de l'Industrie peuvent faire des emprunts au compte de ce

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486 Les nouvelles lois economiques

fonds, a certaines conditions, avec l'autorisation du conseil des


ministres; on ne dépassera pas le fonds.
Enfin on peut continuer a exploiter les anciennes entre-
prises sans autorisation spéciale. Toutefois, elles sont tenues
de donner des indications sur leur situation technique et éco-
nomique et sur les buts qu'elles remplissent.
Un reglement complétera cette loi.
Toutes Ies autres lois, tous les autres reglements et toutets
les autres dispositions qui ne répondent pas a cette loi sont nuls
et non avenus.

La loi du régime des eaux.


Cette loi a paru dans le numéro 137 du Monitorul oficial du
27 juin 1924. Elle comprend les chapitres suivants:
I. Considerations generales sur les eaux, le lit des cours
d'eau et leurs bords.
H. Utilisation des eaux et du lit des cours d'eau.
III. Servitudes et expropriations.
1. Charges de servitudes.
2. Expropriations.
3. Indemnités.
IV. Installation et exploitation des eaux.
1. Dispositions generales, etudes.
2. Autorisations d'exploitation des travaux et leur exé-
cution.
3.Taxes, redevances, secours et facilites.
V. Syndicats.
VI. Travaux de protection d'installations hydrauliques.
VII. Sanctions et peines.
VIII. Organes d'application de la loi.
IX. Fonds des eaux et budget de la direction des eaux.
X. Dispositions transitoires et finales.
La loi dit que les eaux qui produisent une force motrice
sont propriété commune au meme titre que celles qui peuvent
etre utilisées dans l'intéret general. Cependant le propriétaire
foncier peut utiliser pour ses besoins, sans autorisation, les
eaux rassemblées sur sa propriété, source, marais, etangs, eaux
souterraines. Cette liberté peut etre limitee en cas de manque
d'eau potable, d'eau pour les animaux, pour d'autres besoins
domestiques ou si l'intéret public l'exige. On indemnisera dans
ce cas le propriétaire s'il en résulte des dommages pour lui. Par
contre, une autorisation est necessaire et les prescriptions de la

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La loi du régime des eaux 487

loi sur les eaux et les cours d'eau doivent etre observées des.
qu'il s'agit de l'utilisation d'eau produisant de la force motrice
ou de l'utilisation de puits artesiens.
Le lit des cours d'eau, c'est-A-dire le parcours du cours
d'eau et de ses bras est la propriété des riverains. Les lits des
cours d'eau suivants font une exception: le Jiul, l'Olt, le Lotru,
l'Arges, la Dambovita, la Jalomita, le Siret, la Moldava, la
Bistritza et le Pruth. D'apres la loi, ils restent propriété d'Etat;
il en est de meme des cours d'eau qui appartenaient A l'Etat au
moment de la mise en vigueur de cette loi. Les iles sont sou-
mises au meme regime. Les droits acquis seront respectés.
Les travaux nécessaires pour l' en tr et ien des lits des
cours d'eau sont a la charge des proprietaires. Ceux qui en
tirent profit doivent supporter une partie des frais en pro-
portion des avantages retires; les communes, le district et l'Etat
aussi, si le cours d'eau est navigable ou flottable. Celui-ci peut
accorder des secours si les travaux serVent a l'intéret general.
Les b o r d.s des eaux et leurs rives sont également la
propriété des riverains; les bords de la mer et des fleuves
frontiere sont proprieté commune et font une exception. Les
travaux d'entretien des bords sont a la charge des riverains.
Leur execution peut leur etre imposee dans les limites du profit
realise. Ces travaux sont executes apres autorisation parti-
culiere.

L'Etat fait executer les travaux nécessaires pour régler le


cours de fleuves et des rivieres, pour maintenir et nettoyer leur
lit dans l'intéret de la navigation.
La navigation et le f 1 o ttage sont libres sur toutes
les eaux navigables. Par contre, le transport de bois libre est
interdit sur ces eaux; sur toutes les autres, ils sont permis d'apres
une autorisation spéciale et en observant les dispositions de la
loi des forets. Elle n'est accordee qu'a ceux qui se chargent des
travaux destines A protéger les bords et qui sont A meme de
payer les dommages causes.
On peut autoriser contre indemnité l'utilisation de l'eau
potable ou des abreuvoirs pour les b es o ins in dust r iels
ou a gri col es, pour alimenter les chaudieres a vapeur ou
refroidir les moteurs, même si d'autres exploitations devaient
etre réduites, sans mettre en danger cependant l'existence de
l'exploitation principale et si l'on ne peut pas obtenir d'autres
eaux pour les buts ci-dessus.
L'autorité compétente peut ordonner la transformation
d'une installation existante qui n'est pas rationnelle et n'utilis'e
pas completement l'eau af in de réaliser le profit maximum
économique.

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488 Les nouvelles lois économiques

Lorsqu'un manque d'eau se produit et qu'elle ne suff it pas


aux besoins des installations existantes, son emploi a lieu sui-
vant la classe des besoins; en premiere ligne viennent les in-
stallations servant A l'alimentation; puis celles qui répondent A
un grand intéret économique.
L'endiguement ne doit pas gener l'utilisation d'un fleuve
ou d'une riviere pour le flottage, la navigation ou la peche; il
ne doit pas endommager ses bords et son lit.
Les riverains ont le droit de retirer du lit des cours d'eau
et pour leurs propres besoins de la vase, du sable, gravier, glace,
roseaux et joncs en observant les prescriptions de la présente
loi et celles de la police des voies fluviales sans aucune per-
mission.
L'extraction de ces substances dans un but commercial est
soumise A une taxe répartie entre l'Etat (fonds des eaux), le
district et ,la commune. .Elle ne depasse pas un dixieme de la
valeur des ,materiaux extraits.
Le proprietaire ,thncier a droit a une indemnite si l'utili-
sation des ,servitudes lui cause des dommages. Les servitudes
qui donnent droit A indemnité sont:
a. La prise en possession de travaux autorisés dans le but
d'eriger, d'entretenir et d'exploiter des installations et des ex-
ploitations;
b. L'entrepOt sur les bords du cours d'eau et le transport
jusqu'A la route prochaine de bois transportés sur les eaux
librement ou en flottage;
c. L'entrepeit au bord du cours d'eau et le transport jusqu'à
la route prochaine des matériaux retires de son lit;
d. Les débarcaderes, ouvertures de port, chemin de traction
et points de depart nécessaires aux entreprises industrielles ou
agricoles.
Les expropriations sont admises pour tous travaux
et exploitations d'intérets generaux, tels que regularisations de
cours, installations servant a la navigation et au flottage,
dessechements et installations contre les inondations, usines de
forces motrices, installations d'irrigation et de canalisation. La
loi d'expropriation en regle les details. Elle fixe les indemnites
accordees au propriétaire foncier pour la charge d'une servitude.
L'Etat se charge de l'etude et de la construction
de can aux, seul ou en collaboration avec les districts, com-
munes, Chambres de commerce et d'industrie intéressés. Le
ministere des Travaux publics peut autoriser pour deux ans
au plus des etudes pour l'amenagement et l'exploitation des
eaux; cette autorisation permet de faire des etudes, des mesu-

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La loi du régime des eaux 489

rages, des forages et d'utiliser certaines servitudes. Elle n'engage


en rien l'Etat et ne donne aucun droit A une concession A cequi
qui l'obtient.
Les riverains sont préféres dans l'obtention des concessions.
Les entreprises doivent avoir un caractere national. Ce sont:
a. Les societés collectives dans lesquelles le capital rou-
main a la majorité;
b. Les sociétés en commandites dans lesquelles la majorite
des commanditaires sont Roumains ;
c. Les societes anonym es avec actions nominatives qui
ont leur siege en Roumanie, dans lesquelles le capital roumain
occupe la premiere place et dont le président, les directeurs,
les 2/3 des administrateurs, les 2/3 des conseillers d'administra-
tion et les 2/3 des censeurs sont Roumains.
Le ministere des Travaux publics accorde l'autorisation d'uti-
liser et d'exécuter les travaux apres avoir fixé les contestations
presentées contre les projets, les charges des servitudes néces-
saires, les expropriations indispensables, les indemnites, l'usufruit
que d'autres personnes ou immeubles tirent de ces travaux
pour determiner éventuellement leur contribution, l'avis des par-
ticipants et leurs arrangements amiables. Un proces-verbal est
dresse là-dessus.
Les autorisations sont accordees pour la dui-6e de 50 aris
au plus. Elles peuvent etre plus longues pour des travaux per-
manents, tels que digues, dessechements, irrigations et regulari-
sations de cours d'eau. Les travaux doivent etre executés aux
termes fixes par le ministere et aux conditions prévues dans
l'acte d'autorisation. Le contrôle de l'organe du ministere assure
l'execution des conditions. La reception des travaux a
lieu 30 jours apres leur achevement et apres avoir constaté si
l'on a satisfait aux diSpositions; on etablit un proces-verbal.
Deux annees au moins apres la mise en marche ou !apres
l'installation, les 2/3 du personnel superieur et inferieur, des
ouvriers qualifies et non qualifies doivent etre roumains.
Les installations autorisees et leur exploitation ne peuvent
pas etre cédées A des tiers sans l'autorisation du ministere des,
Travaux publics ; mais elles peuvent etre louées.
Toute installation autorisee qui entre en ligne de compte
pour les besoins importants de l'Etat, pour la defense ou pour
la sfireté du pays peut etre achetée et exploitée par l'Etat.
L'autorisation d'exploitation prend fin :
a. A l'expiration du delai d'autorisation ;
b. Si les installations d'exploitation ne sont pas executees
dans le temps prescrit par l'acte d'autorisation ou dans le délai
de prolongation accordé ;

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490 Les nouvelles lois économiques

c. Si les installations ne sont pas exploitees pendant trois


ans, exception est faite pour les cas de force majeure;
d. Si le but des installations est modifié sans autorisation.
Les interessés supportent les frais des formalites d'autori-
sation. Les entreprises industrielles qui emploient de l'eau pour
refroidir leurs moteurs ou pour alimenter les machines a va-
peur, qui utilisent l'eau pour la fabrication ou pour le transport
payent des droits. Les ouvrages d'utilite publique sont exempts
de droits; ils peuvent etre secondes par des subventions de
l'Etat.

On peut former des syndicats de propriétaires fonciers dans


le but de:
a. Régulariser le cours d'eau;
b. Proteger les bords contre l'action de l'eau;
c. Proteger les terrains contre les inondations par des
dignes;
d. Dessécher, drainer, établir des ecluses;
e. Employer l'eau pour l'irrigation, etc.
Les syndicats ne seront créés que pour les regions, les
zones et les travaux qui forment un tout au point de vite
économique et technique. Leur formation a lieu A la majorite
des interesses.
Le syndicat qui est constitue d'apres la loi possède le carac-
ten d'une personne civile.
Le ministere est autorise amener la constitution d'un
syndicat par contrainte si des travaux sont necessaires pour se
proteger contre les inondations ou pour regulariser des cours
d'eau.
La loi indique les formalité a remplir pour former ces
syndicats et prescrit A l'article 81 la teneur de leurs statuts.
La loi defend d'empoisonner les eaux terrestres et souter-
raines. Les eaux ménageres provenant des installations in-
dustrielles, l'eau des mines, l'eau des canaux des centres de
peuplement et en general toutes les eaux utilisees ne doivent
pas etre amenées sans autorisation dans les cours d'eau ou les
étangs. Les installations industrielles qui produisent des eaux
sales ou alterées ne peuvent pas etre érigées ou muses en marche
avant d'avoir obtenu cette autorisation. Le rouissage du chanvre
et du lin doit avoir lieu dans des endroits prescrits pour cela.
Il est defendu de jeter dans l'eau des matériaux et objets
qui peuvent gener le courant, provoquer l'envasement, diminuer
la profondeur du lit ou endommager les installations existantes.

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La kg du régi= des eaux 491

II est en outre défendu de détériorer les bords, le lit, les tra-


vaux de regularisation et de consolidation, d'executer tous les
travaux qui mettent en danger l'existence, la sfireté des digues
et leurs installations, toute plantation du lit du cours d'eau qui
pourrait troubler le cours regulier de l'eau.

Les infractions aux prescriptions de cette loi seront


punies de fortes amendes, les contraventions lége,res de 100 a.
10 000 lei, 1 es graves telles que destructions de digues de 1000
a 50 000 lei. Outre les amendes, toutes les destructions seront
punies d'apres les paragraphes du code criminel.

Les organes charges de l'application de cette loi sont:


a. Le ministere des Travaux publics;
b. Le cons eil sup eri eur des eaux compose de par
la loi de 4 membres: du directeur general de l'office des eaux,
du directeur general des ports et voies fluviales, de l'administra-
teur des forets, du directeur general de l'office d'amelioration
du sol et de 4 membres délégués: un ingénieur, délégué du
ministere du Commerce et de l'Industrie, section de la produc-
tion de l'énergie; un general, délegué de l'état-major de l'armée;
un delégué de la centrale des syndicats agricoles; un delégue
du conseil superieur de l'économie nationale; un delégue de
l'association des syndicats agricoles; enfin de 5 mernbres: 4 in-
génieurs au courant des travaux hydrauliques et un jurisconsulte
avec au moins 15 années de service, nommes par decret royal.
Les attributions du conseil supérieur consistent a établir
tous les reglements et a donner son avis sur touteS les questions
que lui adresse le ministere des Travaux publics.
La loi renferme des disposition pour la creation d'un fonds
special intitulé fonds des eaux. II est forme par:
a. Une subvention annuelle inscrite au budget du ministere
des Travaux publics;
b. Les redevances mentionnées dans la loi;
c. Le 1/4 des revenus provenant de l'exploitation des installa-
tions hydrauliques de l'Etat;
d. Les amendes des contraventions;
e. Les autres revenus, donations et contributions.
Ce fonds sert:
a. Aux etudes et projets pour accorder les concessions, pour
donner des subventions et des participations;
b. Aux travaux que l'Etat entreprend pour régulariser, arne-
Rorer et exploiter les cours d'eau et en general l'utilisation de
l'eau.

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492 Les nouvelles lois économiques

Le dernier chapitre de la loi dit que les concessions, existan-


tes, les utilisations et les travaux confiés a des particuliers,
entreprises, syndicats, associations, etc., seront r esp ecte s. Ils
ne son I pas soumis aux formalités d'une nouvelle autorksation
et peuvent continuer leur exploitation jusqu'à l'expiration du
terme prévu dans l'acte, mais pas au delà de 30 ans. Les per-
sonnes qui possedent les concessions ou installations doivent
en faire la declaration en mentionnant exactement la concession
ou l'installation.

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XII. Les lois d'encouragement de l'industrie.
La Roumanie s'efforce de creer une industrie nationale et de
l'encourager par les moyens de l'Etat; ce &sir a pour but de
supprimer les inconvénients resultant d'une production unique-
ment agricole et qui s'expriment par de mauvaises récoltes et des
crises économiques. Une mauvaise récolte entraine toujours un
abaissement de la puissance d'achat et de l'entretien. Les re-
cettes de l'Etat diminuent par suite de la moins-value des impôts.
Les rendements des chemins de fer baissent par suite des im-
portations et des exportations réduites.
Les troubles dans l'équilibre du budget et dans le commerce
avec l'étranger compromettent en consequence le change. II est
evident qu'on pourrait diminuer ce danger en créant dans le pays
des entreprises industrielles qui établiraient un certain équilibre
entre les forces productives. Outre ces considerations ec on o-
mi que s ,ilenexisted'autresnationalesetpolitiques,
relatives A la dependance absolue de l'etranger pour toutes les
marchandises industrielles, situation intenable A la longue.
D'autres considerations so ciales enfin provenant de la con-
stitution agraire &favorable et visant A donner la possibilité
de se caser dans les fabriques a ceux qui ne peuvent pas se
nourrir sur leurs terres.
La nouvelle industrie de la Roumanie a pour base un
systeme de secours d'Etat, appelé encourage-
ment de l'industrie.
11 remonte A l'annee 1881. Des faveurs speciales furent
accordées A différentes branches industrielles. Une loi concer-
nant la concession de la fabrication de papier A ecrire et A
imprimer pour les besoins de l'Etat fut votée. La concession
fut accordée A une société roumaine pour 12 années. Parmi le
papier qu'elle fabriqua, 200 000 kilogrammes au moins furent
livres annuellement A l'Etat. L'ecoulement de sa fabrication lui
était ainsi garanti. En outre, on mit A sa disposition gratuite-
ment 10 hectares de terrain A Mir. Plus tard, en 1884, les droits
de sortie sur les chiffons furent portés de 4 A 10 lei par 100 kilo-
grammes en faveur de cette fabrication.
En 1882, une loi fut votée pour encourager 1' i n d u's trie
sucri ere; d'apres cette loi, les fabriques de sucre devaient

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494 Les lois d'encouragement de l'industrie
toucher une prime de 16 bani pour chaque kilo de sucre fabriqué.
En 1873, deja on avait prevu pour cette industrie des encou-
ragements qui n'eurent aucun effet.
En 1894 on encouragea les producteurs de plantes textiles .
a etendre leurs cultures pour fournir i nid ustrie des
tissus, lacets, courroies et sacs de jute de
matieres premieres et l'inciter a augmenter sa production; de plus
on put introduire des machines et outils pour la fabrication de
ces produits exempts de droits; l'Etat s'engagea A couvrir ses
besoins pour les autorités militaires et civiles uniquement dans
les fabriques roumaines.
Ce sont les lois spéciales les plus importantes qui favorise-
rent quelques branches de l'industrie seulement.
La premiere loi qui voulut favoriser systematiquement
t out e l' in dustrie, peu importe que la branche industrielle
fat vitale ou non, date de 1887. Cette 1 o i sur les mesur es
genérales pour seconder l'industrie nationale
ne concerne, il est vrai, que la gran d e in duStri e, c'est-a-dire
les entreprises qui occupent au moins 25 ouvriers et disposent
d'un capital d'au moins 50 000 lei, quels que soient les matieres
premieres qu'elles emploient et les produits qu'elles fabriquent.
Les creations de cette espece devaient recevoir de 1 A 5 hectares
de terrain A bAtir, mis A leur disposition gratuitement pendant
90 ans avec exemption de tous les impôts d'Etat, de district et de
commune, de tous droits de douane pour les machines, parties
de machines et matieres premieres pendant 15 ans. Des reduc-
tions de tarifs leur furent consenties pour le transport des
.matieres premieres et des produits manufactures. Les droits de
douane des matieres reexportees leur furent restitués et les
usines roumaines eurent la preference pour toutes les livraisons
publiques.
De cette facon, de 1887 A 1911, on crea, 769 établissements
industriels, dont 330 entreprises de construction, 143 entreprises
textiles, 158 entreprises d'alimentation, 41 fabriques de papier
et de cellulose, 95 établissements de produits chimiques et
2 d'électrotechnique. Parmi ces usines, celles qui travaillent les
produits agricoles, telles que les scieries, moulins, sucreries,
distilleries et brasseries sont devenues si puissantes qu'elles ont
rendu le marche roumain indépendant de l'étranger et exportent
encore pour des millions. En revanche, les papeteries, verreries,
les fabriques de bougies et de drap ont pu difficilement se
maintenie.
1) Onciul page 25.

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Les lois d'encouragement de l'industrie 495

La loi sur l'encouragement de l'industrie


n atio n al e, promulguee par décret royal le 20 février 1912,
a ete étendue aux nouveaux territoires recouvrés par une decision
ministerielle du 12 novembre 1920.
Elle se rapporte en premier lieu aux f abriqu es qui occupent
20 ouvriers, outre le personnel technique et d'administration ou
emploient des machines actionnées par un moteur de 5 CV au
moins; puis a l'artisanat et aux associations de
l'industrie domestique.
Cette loi contrairement a la précédente fait des distinctions
entre certaines branches industrielles auxquelles elle accorde
secours et encouragement. A la place de l'exemption d'imptit,
on a instaure un systeme différentiel. On fixe sur le rendement
net une redevance industrielle dont le montant varie suivant que
la branche d'industrie emploie des matieres premieres roumaines
ou étrangeres.
L'ancienne loi hongroise, sous laquelle Pindustrie de la
Transylvanie et du Banat s'etait fortifiée, contenait une exemp-
tion d'impôt complete pour les industries qui servaient au déve-
loppement des branches industrielles agricoles. Les delais
d'exemption étaient fixes par une commission et non par la loi;
ils pouvaient etre prolonges ou raccourcis. La commission était
intéressée a l'extension des fabriques. Elle avait le choix entre
deux moyens: elle accordait sans autres conditions des secours
financiers ou la participation de l'Etat. Les banques de Buda-
pest étaient aussi exemptes d'impôt.
La loi roumaine ne va pas aussi loin que les dispositions de
l'encouragement de l'industrie hongroise sur divers points.
Pendant 30 ans, toutes les industries qui tirent leurs matieres
premieres de Pagriculture du sol et sous-sol roumains jouissent
des avantages suivants:
a. Vente par l'Etat, les districts ou les communes jusqu'à
5 hectares de sol nécessaire aux fabriques et pris sur les bien-
fonds leur appartenant. Le gouvernement fixe le prix d'achat
payable par annuités, en cinq années aprés la mise en marche de
la fabrique.
Des emplacements sont donnés a ferme aux étrangers avec
l'obligation de les acquérir pour le cas oft ils obtiendraient leur
naturalisation ou que la commune rurale dans le territoire de
laquelle est situee la terre cédée deviendrait urbaine.
b. Utilisation sans frais, totale ou partielle des emplace-
ments prevus sous a dont la force est fournie par des chutes d'eau
ou des ruisseaux, peu importe que ces emplacements soient situés
au bord de ces eaux, s'ils sont nécessaires a l'établissement d'une

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496 Les lois d'encouragement de l'industrie
usine électrique devant fournir la force motrice. Cette utilisation
sera limitée aux véritables besoins de la fabrique, conformément
aux lois en vigueur relatives au reglement des eaux, sur le rapport
du conseil supérieur technique et de la commission de l'Industrie.
A l'expiration de la période d'encouragement, les fabriques
payeront A l'Etat pour l'énergie produite une somme qui sera
fixee par la commission d'industrie d'accord avec le conseil
supérieur technique.
c. Exemption de droits de douane pour les
machines, parties de machines et accessoires, tuyaux et wagons-
citernes nécessaires pour le transport du pétrole brut lors de la
construction de la fabrique et pendant sa marche dans les cas
crechange, de completement ou d'agrandissement, pourvu qu'ils
ne puissent pas Etre fournis d'une facon réguliere par les
fabriques roumaines dans les qualites et systemes exigés par le
fabricant.
Ces machines doivent 'etre pourvues de dispositifs de sareté
pour éviter les accidents pour etre exemptes de droits.
Les droits de douane sur les instruments, appareils,
machines, outils importés provisoirement pour installer les
machines de la fabrique seront crédités jusqu'a leur reexpor-
tation.
d. Reductions de tarifs des chemins de fer roumains:
200/0 pour les materiaux, machines et accessoires, parties de
machines et appareils nécessaires pour la construction et l'in-
stallation des fabriques jouissant des avantages de la loi.
300/o pour les matieres premieres indigenes ou exemptes de
droit, adressées aux fabriques jouissant des avantages de cette
loi. Les céréales envoyées aux moulins n'ont pas cette reduction;
45% pour les produits manufactures.
e. Tarifs de station exceptionnels pour les pro-
duits auxquels on a accorde des tarifs réduits uniformes en établis-
sant des tarifs directs pour l'importation de produits similaires
&rangers. Ces tarifs exceptionnels sont inferieurs de 200/o aux'
lards réduits uniformes des tarifs directs.
f. Les taxes postales pour le transport des produits
manufactures a l'interieur du royaume ne seront en aucun cas
supérieures a celles de l'union postale universelle si l'expediteur se
conforme aux prescriptions relatives aux dimensions et poids des
colis.
g. Le droit d'obtenir l'autorisation, dans le delai
d'un mois apres l'envoi de la demande, d'etablir des voies
de raccordement avec les lignes de chemins de fer de l'Etat,
des districts, meme en dehors de la station conformément aux

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Les lois d'encouragement de l'industrie 497

conditions d'exploitation. Tous les frais d'installation, de sur-


veillance et d'entretien de ces voies sont exclusivement supportes
par l'industriel.
h. Vente de sels au prix coetant a l'usage exclusif des
industriels;
i. Exemption de tout autre impôt direct de l'Etat, du district
ou de la commune, sauf robligation de payer annuellement sur
le benefice net:
30/0 dans les 10 premieres annees,
40/0 dans la deuxieme période de 10 annees,
50/0 dans la derniere période de 10 annees.
Ces avantages ont été augmentés ou diminues pour quelques
fabriques. Les moulins de froment sont dispenses de l'impôt
sur le rendement ci-dessus pendant les 20 premieres années; ils
payent seulement 3% pour les 10 dernieres années.
Les sucreries jouissent dans tout le royaume des avantages
que la loi consent.
Les distilleries et les brasseries ne jouissent que de l'exemp-
tion des droits de douane sur les machines, parties de machines
et accessoires selon e.
Les branches industrielles basées sur les matieres premieres
du pays et qui exportent sont tout particulierement favorisées.
Les faveurs dont elles jouissent sont indiquees a l'article 6: Les
fabriques qui travaillent avec des matieres premieres de l'agricul-
ture ou Pun de leurs derives, du sol et sous-sol du royaume et
qui prouvent qu'elles exportent annuellement un quart de leur
production, jouissent en plus de l'avantage accordé a Particle 3
des faveurs suivantes:
a. Reduction des redevances prévues en i: 20/o annuellement
pendant les 20 premieres années et 3% les 10 dernieres.
b. Reductions de transport prévues dans la loi accordees
aussi par le service de navigation maritime et fluviale roumaine
dans le cas oü il a couvert son fret.
Les usines d'électricite qui produisent principalement de la
force pour les industries, excepté celles créées specialement pour
réclairage des villes et appartements, ou qui seront créées,
jouissent aussi des faveurs consenties a l'article 1 sous a. Elles
ont le droit de poser des fils gratuitement dans la terre, dans
Pair, le long des routes nationales, departementales et commu-
nales, conformément aux lois et reglements en vigueur afin de
distribuer la force électrique.
Pour participer aux avantages de la présente loi, ii faut
obtenir l'avis du conseil de l'industrie et du conseil supérieur
technique.
32

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498 Les lois d'encouragement de l'industrie

Les usines de forces electriques qui tirent leur énergie des


chutes d'eau ou des eaux de la nature doivent faire la declaration
qu'elles ne vendent leur énergie qu'à des établissements in-
dustriels du royaume pour participer aux faveurs ci-dessus men-
tionnées.
Ces concessions sont données selon les lois sur le reglement
des eaux en vigueur.
A l'expiration de la periode d'encouragement, les usines
electriques qui ont joui des faveurs de la loi verseront a l'Etat,
pour le courant qu'elles produisent, une redevance qui sera fixée.
Les chantiers maritimes, les fabriques de wagons et de loco-
motives, les fabriques de munitions de guerre, les fabriques dont
les produits servent A la defense du pays participent aux faveurs
énumérées a l'article 6.
Ces matieres premieres nécessaires a leur fabrication sont
exemptes de droits de douane.
Les fabriques qui travaillent des matieres premieres de
l'agriculture ou d'un derive, du sol et du sous-sol roumains parti-
cipent aux faveurs de l'article 6 tant qu'elles exportent un quart
de leur production annuelle. Elles tombent sous l'article 3 des
que leur exportation est inferieure a un quart de leur production,
Les fabriques qui tirent partiellement leurs matieres pre-
mieres de l'etranger jouissent durant 21 ans des faveurs
suiyantes: ,

a. Reduction des tarifs de transport de l'article 3, sauf celle


de l'alinea II mentionnée sous d.
b. Exemption de tout autre impôt direct de l'Etat, du
district ou de la commune, sauf l'obligation de verser, sur leur
benefice net annuel:
4% par an dans les 8 premieres années,
4% par an dans la seconde période de 7 années,
6% par an dans la dernière période de 7 annees.
Si elles exportent, elles ont le droit de demander le rem-
boursement proportionnel des droits de douane qu'elles ont payes
pour les matieres premieres entrees dans les produits exportés.
Les artisans qui occupent au moins 4 ouvriers ou maltres,
les associations d'artisans d'un capital d'au moins 2000 lei, con-
stituées legalement, qui occupent au moins 10 ouvriers ou
associés jouissent des avantages de cette loi selon la categorie
A laquelle ils appartiennent.
11 en est de meme des sociétés cooperatives paysannes et des
entreprises qui occupent 20 ouvriers dans l'industrie domestique,
soit dans un local commun, soit comme ouvriers A domicile.

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Les lois d'encouragement de l'industrie '499

Les artisans et les assOciatiohs d'artisans qui jouissent des


avantages de cette loi doivent acquitter la redevance, selon la
categoric a laquelle ils appartiennent, de 10/0 en moins que celle
prevue dans la loi pour foutes les périodes. Les entreprises et
associations de l'industrie domestique sont dispensées de toute
redevance A l'Etat, au district et A la commune.
Les maisons destinées au personnel entier des fabriques de
toutes les categories prevues dans cette loi sont exemptes, pour
la durée des faveurs accordées, de toute redevance a l'Etat, au
district et A la commune si elles sont saines, la propriété des
usines et mises gratuitement A la disposition de leur personnel.
Les fabricants roumains seront préférés aux fabricants
étrangers dans toutes les commandes de l'Etat, des districts, des
communes et des établissements de l'assistance publique, meme
si leurs offres dépassent de 5% celles des autres. S'il y a con-
ditions egales, la preference sera donnée aux industries dome-
stiques, aux corporations paysannes, aux artisans et sociétés
d'artisans.
Les benefices nets imposables des societes anonymes et des
simples sociétés en commandite industrielles jouissant des avan-
tages de cette loi sont:
a. Les dividendes repartis aux actionnaires ou les parts de
benefice payees par les societés;
b. Les tantiemes des membres du conseil d'adm'nistration,
des membres du comité de censeurs, les jetons de presence;
c. Les .indemnités, gratifications et toute sorte de remune-
rations fixes ou en pour-cent sur le benefice net, données par
le chef de la maison ou la societe au personnel de la direction
ou aux membres délegués, excepte celles attribuées aux maitres
et ouvriers, ou aux sociétés de bienfaisance;
d. Les amortissements justifies par des documents sont
exempts de l'impôt sur le revenu prévu dans cette loi jusqu'a
10% par an de la valeur des bAtiments employes dans l'industrie
et jusqu'à 150/o par an de la valeur des machines, des installa-
tions fixes ou mobiles et du mobilier.
De meme, les parts affectées annuellement aux fonds de
reserve ne sont pas imposables, si elles ne dépassent pas la quote-
part prevue dans le code de commerce.
Par contre, le fonds de reserve et le fonds d'arnortissement
seront imposes s'ils sont distribués pendant l'existence de la
fabrique ou lors de sa liquidation.
Les créances douteuses ne sont pas imposables; cependant
ii faut reporter chaque rentrée au compte de profits et pertes
et elle est imposable, si elle est faite les années suivantes.
32*

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500 Les lois d'encouragement de l'industrie
Le benefice net annuel des entreprises industrielles d'une
personne, des sociétés commerciales dont les associés sont
responsables et des sociétés industrielles ea participation est con-
state par le bilan. On l'dtablit en déduisant des recettes brutes
les dépenses et les amortissements correspondant a la branche
industrielle en question en tenant compte des bilans des sociétés
anonymes exploitant une industrie analogue.
En fixant le benefice net des exploitations de maltres, ii faut
déduire, outre les autres depenses, le loyer selon les contrats ou
les rOles, leur entretien et celui de leur famille.
Les fabricants, les artisans et les sociétes, qui jouissent des
faveurs de cette loi, sont tenus d'établir leur bilan de la maniere
indiquée avant le / er mai de chaque année et d'en remettre un
exemplaire au ministere des Finances, au ministere du Commerce
et de l'Industrie et a Padministration des finances du district dans
lequel se trouve leur entreprise principale. Cette administration
remet cet exemplaire a la commission de l'impOt industriel.
L'établissement de Pimp& industriel est fait du 1 er juillet de
chaque année par la commission de l'impOt industriel composée
dans chaque district d'un industriel nommé par la Chambre de
commerce et d'industrie du district auquel appartient la paroisse,
d'un patron nommé par le bureau de la corporation industrielle
de chaque district parmi ses membres et d'un contrOleur fiscal
nommé par l'administration des finances du district.
Cet impôt prévu par cette loi sur le revenu est prelevé en
faveur du fonds de la commune et de celui du district dans
lequel est située la fabrique. II est payé si le revenu net annuel
de toutes les periodes s'éleve a 51/20/0 pour toutes les categories.
Aucun dixieme n'est payé sur cet impôt, sauf les dixiemes
revenant aux Chambres de commerce et d'industrie.
Ces derniers dixiemes sont payés pour toutes les périodes
par toutes les categories favorisées.
Les indications fausses dans les bilans et dans le compte de
profits et pertes dans le but de diminuer le benefice net impo-
sable sont punies d'une amende qui équivaut a cinq fois le mon-
tant de Pimp& annuel.
Dans toutes les entreprises qui jouissent des faveurs de cette
loi, 75 0/o au moins des ouvriers employes doivent etre Roumains.
Le personnel d'administration doit compter au moins 75%
de Roumains avant Pexpiration de la premiere période de chaque
categoric de faveur.
Le personnel technique doit aussi compter au moins 25% de
Roumains au commencement de la seconde période de faveur
et 600/o au moins au commencement de la troisieme période.

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Les lois d'encouragement de l'industrie 501

Parmi le personnel technique, on comprend: les chefs


d'atelier, les chefs de groupe, les chefs de section, dessinateurs,
ingenieurs ou employés techniques, directeurs, sous-directeurs
s'ils sont techniciens, maitres de forage, chefs d'ouvriers de
forage, directeurs d'exploitations pétroliares.
On créera au ministere du Commerce et de l'Industrie une
commission de l'industrie composee de 15 membres nommés par
décret royal. Le directeur général des chemins de fer roumains
et le directeur général des douanes font partie des membres de
par la loi.
Les fabriques, cooperatives et artisans qui jouissent des fa-
veurs de cette loi doivent remettre au ministere du Commerce
et de l'Industrie, chaque année, dans l'espace d'un mois, A partir
de la cloture de leurs comptes, une liste suivant une formula
établie par le ministere, contenant:
a. Le nombre des ouvriers, du personnel d'administration et
technique avec leur nationalité;
b. La liste des machines installations et appareils de pro-
tection contre les accidents;
c. L'espece et la quantité des matieres premieres qui ont
été employees Vann& ecoulée;
d. L'espace et la qualité des produits manufactures au cours
de l'année;
e. La quantité des produits exportés.
Les inspecteurs de l'industrie, chaque delégue du ministere
du Commerce et de l'Industrie peuvent inspecter, en tout temps,
chaque fabrique et établissement industriel jouissant des avan-
tages de la présente loi. En cas de resistance, ils ont le droit de
requerir l'aide des autorités administratives et de la force
publique.

11 y a lieu de mentionner la mission tres importante des i n -


specteurs de l'industrie pour le développement
industriel du pays. Leur competence s'etend sur:
a. La revision des chaudieres et la surveillance des chau-
dieres A vapeur;
b. Le contrOle des installations industrielles dans l'appli-
cation des prescriptions de sfireté;
c. Les statistiques: renouvellement de toute la direction de
l'exploitation et structure de l'entreprise;
d. La concession des nouvelles entreprises en deuxieme in-
stance; la premiere est l'autorité municipale;

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502 Les lois d'encouragement de l'industrie
e. Des missions administratives particulieres, par exemple,
enquetes sur les infractions;
f. La participation aux pourparlers des caisses de maladie
a propos d'accidents.
La loi indique les formalités qu'il faut remplir pour que les
fabriques existantes ou A créer jouissent de ses avantages.
La commission de l'industrie peut punir lorsque les obliga-
tions imposees ne sont pas remplies d'un avertissement, d'amen-
des, de la perte passagere ou permanente des faveurs accordées
par la loi.
Des industries sont créées en Roumanie sans l'encourage-
ment de l'Etat la oil existent certains avantages naturels (districts
de methane). Du reste, les banques roumaines ont considerable-
ment contribué A leur développement.

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XIll. La politique économique de la Roumanie.
La Roumanie se trouve aujourd'hui dans une phase du deve-
loppement économique que les pays occidentaux ont depuis
longtemps franchie. «Seule, l'absence de sentiment historique,
ecrit Stephan, Zeletin,1 l'un des sociologues les plus importants de
la Roumanie, peut soutenir qu'on peut comparer la politique
economique de la Roumanie avec celle des autres Etats bourgeois
de l'Ouest de l'Europe.» La Roumanie est un pays en train de
se développer vers le mercantilisme. Les principaux articles
de son commerce sont les produits bruts du sol; aussi les
céréales, le bois et le petrole sont-ils ses sources de richesses les
plus importantes. Avec elles, elle paye les produits fabriques
qu'elle tire de Petranger. La principale mission de la politique
roumaine consiste, par suite, a favoriser et a encourager la
production et Pecoulement des principaux produits du pays.
Les mesures qui ont été prises sont typiques pour l'Etat mer-
cantile. El les comportent:
1° La creation de moyens de communication,
2° Les instituts de credit,
30 L'adoptation des installations de l'Europe centrale et
occidentale,
40 Les mesures de secours de l'industrie nationale.

En premier lieu se trouve la creation d'un bon systeme de


communications. L'etablissement de moyens de ,circulation et
d'instituts de credit est une condition sine qua none de Pecoule-
ment des marchandises. Les grands politiciens de la Roumanie
les regardaient comme le reve de leur jeunesse. On connait le:s
idees de J. C. Bratianu sur Pechange comme facteur civili-
sateur.2 «Le premier signe de civilisation dans un pays est les
routes, les chemins de fer et les voies fluviales; si un peuple,
civilise recoit un pays non civilise, il ne peut avancer avant
d'avoir couvert de routes le pays derriere lui. 11 semble que
la terre n'a pas de valeur pour lui sans routes.» 11 conclut, apres
avoir donne plusieurs exemples pris dans divers pays: «Dans
I Archiva pentru Stinta si Reforma Sociala (Archives de sciences et
de réformes sociales; publiés par le professeur Gusti 3e année, N° 4, 1922.
2 J. C Bratianu: Oeuvres et discours, Bucarest, 1903, page 153.

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504 La politique dconomique de la Roumanie
le moment de resurrection dans lequel nous nous trouvons, ii
serait utile de faire nos premiers pas dans la vie de fawn a mon-
trer au monde entier que nous sommes aussi, par nos faits, les
petits-fils du peuple de géants comme nous le sommes par notre
langue et notre nom, que nous apprenon's d'eux les premierers
conditions de la civilisation et que nous avons l'énergie de les
executer. 11 nous faut marcher et cornbattre cornme eux, les uns
de leurs mains, les autres de leur esprit, les troisiemes de leur
bourse afin de construire des routes, de canaliser des fleuves,, de
créer des ports et d'organiser des compagnies de navigation.»
A partir de 1866, le roi Charles seconde ces efforts. II
montre le meme exemple que les monarques éclairés de la période
mercantile d'autres pays. Son peu de sympathie pour le systeme
politique bourgeois ne l'empeche pas de soutenir les efforts Econo-
miques de la bourgeoisie roumaine pour la creation d'un grand
reseau de chemins de fer par lequel la Rournanie pourra se
mettre en relation avec la bourgeoisie européenne et le marché
financier du monde.
Les mémoires du roi Charles' contiennent de riches docu-
ments sur l'intéret que le monarque voua aux Ch emins de
f e r. En 1867, la Chambre vota la concession de la ligne de
Bucarest a Giurgiu.
Sous le prince Couza deja, un traité de construction avait
éte signé avec la sociCté anglaise Barkley & Stariforth; mais la
Revolution avait empeché de l'exécuter. Cette ligne fut inau-
gurée le ler novembre 1869; c'est la premiere de la: Rou-
manie. La construction d'une ligne nord-sud, h travers la Mol-
davie, avec un embranchement vers Jassy, fut projetée par
un consortium qui avait construit les lignes de la Bukovine et
avait demandé de les continuer jusqu'à la capitale moldave, en
1869. Ce projet devait reunir les chemins de fer axtrichiens de
la Bukovine a la Moldavie et aller de Suceava a Jassi, Ga-
latz et Bucarest. «Un chemin de fer seulement, écrit le prince2,
entre Bucarest et Jassi enchainera vraiment la Moldavie a la
Valachie et fera disparaitre tout mouvernent separatiste.» En
5 années, Bucarest devrait etre réuni par un chemin de fer
l'étranger; l'avenir de la Roumanie était, d'apres sa ferme per-
suasion, dans les chemins de fer.3 «Le prince est tout feu
et tout flamme pour l'affaire parce qu'il espere donner au
pays un essor incalculable par les chemins de fer.»4
En 1868, le Dr Stroussberg 'fit des conditions plus favo-
rables que le consortium autrichien au gouvernement en ne
1 Aus dem Leben KOnig Karls von Rumanien. Aufzeichnungen eines
Augenzeugen, 4. vol. Stuttgart 1894.
2 Volume I, page 241.
3 Volume 1, page 248.
' Volume 1, page 251.

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La politique economique de la Roumanie 505

demandant pas tout de suite une avance de 12 millions comme


premier versement pour la construction. Les Freres Waring de
de Londres solliciterent aussi la construction du chemin de fer.
Leur projet fut vite rejeté parce qu'ils ne voulaient pas fourni
eux-memes les capitaux qu'ils demandaient au gouvernement
roumain. Une violente opposition se forma dans la Chambre
roumaine. On manquait de courage .pour executer une entre'-
prise dans un pays qui ne possedait pas assez de routes. Les ad-
versaires du projet parlaient de banqueroute d'Etat menacante et
soutenaient que le pays n'était pas mfir pour cette phase de &ye-
loppement moderne. La presse publia de longs articles contre la
construction de chemins de fer et travailla l'opinon publique dans
ce sens. En 1868, on accorda, apres de longs debats, au grand
entrepreneur allemarid le Dr Stroussberg, derriere lequel se trou-
vaient de grandes personnalites telles que les ducs Hugo von Ujest,
Victor Hugo von Ratibor, et le comte Karl von Lehndorff,, l'autorisa-
tion de construire environ 900 kilometres de chemins de fer rou-
mains. Hs devaient etre acheves en 1872. Les frais de construc-
tion étaient fixes a 270 000 francs par kilometre. Le capital
devait etre fourni par des obligations a 71/20/0, garanties par
l'Etat roumain. L'entrepreneur devait payer les interets jusqu'à
l'achevement de la periode de construction.
Cette concession accordee au Dr Stroussberg amena bientôt
de grands conflits qui se répercutOent dans les débats de la
Chambre. L'opposition regardait la concession comme un vol
de la fortune nationale roumaine, et protesta violemment que le
siege de la sociéte ffit a Berlin, que le contrôle de l'émission des
obligations ffit confié a un employe prussien et non a un Rou-
main, car un article de la Constitution interdisait la nomination
d'un etranger. Un nombre insignifiant d'obligations furent pla-
cees en Roumanie. Le prince lui-meme n'en possedait qu'une
seule qu'il avait demandée au printemps 1868. La presse attaqua
violemrnent Bratianu a cause de la concession du Dr Stroussberg.
La cause de ces attaques etait que Stroussberg refusait de payer
les interets des coupons du ler janvier et du ler juillet 1871. 11
pretextait que le gouvernement roumain avait garanti aux por-
teurs d'obligations, avec l'aide desquels on avait finance la
construction, 71/20/0 d'interets. Une querelle fut soulevée pour
savoir si le concessionnaire ou la Roumanie devait payer les
interets. Les entreprises de Stroussberg en Allemagne
s'étaient effondrées dans l'intervalle; il n'était pas a meme de
payer les interets. En Roumanie, on était d'avis que le con--
cessionnaire devait les payer pendant la periode de construc-
tion et que l'Etat avait accordé un prix éleve comprenant les
intérets en fixant le prix du kilometre. On constata que Strouss-
berg avait, contrairement au traité, emis un montant d'obligations
supérieur a ce qu'il devait etre d'apres les travaux executes
jusque-la. En outre on l'accusa, contrairement aux stipula-

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506 La . politique économique de la Roumanie
tions de la concession, d'avoir converti le fonds en especes de
la compagnie des chemins de fer, qui provenait de la vente des
obligations et s'élevait a 35 millions de lei, en valeurs (actions
et hypotheques qui n'offraient aucune garantie pour la silreté
du placement.
Bref, on soulevait en Roumanie un grand nombre d'accu-
sations contre l'entrepreneur allemand. Dans la Chambre, l'oppo-
sition demanda que tous les ministres qui avaient négocié aveic
Stroussberg fussent mis en accusation et qu'on se dedommageat
des pertes subies en saisissant leur fortune privee. On pensait
que Stroussberg avait trompé l'Etat roumain de 30 millions.
Le gouvernement roumain se considera comme n'étant plus
lie par ses devoirs de garantie. La Chambre vota une loi
d'apres laquelle on intenta un proces pour faire annuler la
concession et arreter aussitôt les travaux de construction; l'Etat
roumain devait se charger des obligations et les echanger contre
des valeurs d'Etat en réduisant en meme temps les intérets de
71/20/0 a 40/0. Apres s'y etre tout d'abord refuse, le roi sanctionna
finalement cette loi.
La tournure que prit cette affaire occasionna une grande
excitation en Allemagne. Le capital allemand engage dans les
constructions de chemins de fer de Stroussberg en Roumanie
était d'environ 70 millions de thalers. Les obligataires récla-
merent l'intervention du gotivernement. Bismarck se declara
pret a se charger de la protection des créanciers. tine simple
question commerciale devint ainsi une question diplomatique.
Bismarck intervint dans l'esprit des obligataires allemands. II
s'adressa a la Sublime-Porte. Le grand vizir ceda a la pression
du cabinet de Berlin. Le danger de l'intervention de la Tur'quie
était imminent. Le prince de Bismarck demanda l'annulation
de la loi votee par la Chambre.
Lorsqu'un tribunal arbitral eut annulé la concession de
Stroussberg, la finance intervint. La Disconto-Gesellschaft et
la banque Bleichröder prirent l'affaire. Elles reussirent a
constituer une compagnie de chemins de fer pour achever les
chemins de fer roumains. Les possesseurs des obligations furent
réunis en une societe anonyme qui se chargea de continuer
les constructions.
Sur la pression de la Prusse et de la Turquie, la Chambre
roumaine vota, avant la fin de 1871, un projet de loi contenant
deux solutions: les droits et devoirs des premiers concession-
naires passent aux obligataires; le chemin de fer sera acheve
dans trois annees et le gouvernement accorde une avance de
plus de 9 millions pour payer les coupons. II se charge ainsi:
des interets des coupons a partir du ler janvier 1872. Par contre,
les obligataires devaient s'en prendre a Stroussberg pour le
payement des intérets de 1871. Le deuxième plan que les

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La politique dconomique de la Roumanie 507

actionnaires de Berlin n'accepterent pas était concu en ces


termes: les porteurs d'obligations cedent tous leurs droits h l'Etat
roumain qui s'oblige h amortir en 49 ans les obligations qui
seront &hang-6es contre des valeurs d'Etat, en payant annuelle-
ment 11 millions d'interet et d'amortissement les travaux
texécutes.
Par cette querelle sur la question des chemins de fer, les
relations etaient fres tendues entre l'Allemagne et la Roumanie
pendant et apres la gu,erre f r an co -all e m and e. Cependant,
on reussit h terminer la ligne Roman-Bacau-Marasesti-Tecuci
et Bucarest-Buzau-Braila-Galatz avant le ler janvier 1875 et h
rattacher la ligne Pitesti-Vericiorova aux lignes de Tecuci-Galatz
et Bucarest-Pitesti achevées par Stroussberg. La Roumanie etait
ainsi unie aux lignes de la Hongrie et de la Galicie et aux ports
danubiens.
La Roumanie n'eut pas beaucoup plus de chances avec les
concessions qu'elle accorda aux An glai s. En 1875, l'entre-
preneur de chemins de fer Crawley obtint de la Chambre la
concession de la ligne Ploesti-Predeal de 84 kilometres 500.
Le prix consenti etait de 42 millions 500 000 francs. En 1875,
le ministere Bratianu chercha a resilier le contrat passe avec
Crawley, car les travaux executes par le concessionnaire ne
répondaient pas aux sommes remises. La Chambre vota la
résiliation parce que l'entrepreneur n'avait pas rempli ses engage-
ments et que les travaux n'étaient pas aussi avances qu'il était
stipulél.
En 1879, la ligne Ploesti-Predeal fut inauguree.
Les lignes construites plus tard etaient surtout destinées
a desservir l'intérieur du pays.
La construction de ce réseau de chemins de fer représente
pour la Roumanie un tres grand pas en avant. 11 facilite l'ex-
portation de vivres et unit l'intérieur du pays avec les ports .et
les frontieres. II a été complete par les reseaux telegraphique
et téléphonique; on a admire ce grand travail qui a ouvert le
pays au trafic. La guerre a cause de grandes destructions a
ce grand appareil de circulation; aujourd'hui, elles ne sont pas
encore entierement reparées.
La vraie raison du développement rapide de la Roumanie est
l'entrée dans le pays de rnarchandises etrangeres. La construc-
tion des chemins de fer représente l'invasion du capitalisme
étranger, telle que nous la trouvons dans les autres pays agni-
coles. Le capital etranger était tres intéresse A la creation de cet
appareil. Grace a pouvait jeter ses marchandises sur
lui, ii
le marche roumain. La Roumanie y était aussi intéressee: les
1 Aus dem Leben Konig Karls von Rumanien, vol. III, page 49.

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508 La politique économique de la Roumanie
chemins de fer fournissent des recettes et l'exportation n'est plus
uniquement dépendante du trafic fluvial; les finances devaient
profiter de ces avantages. Et c'est pourquoi, elle s'unit .a
l'étranger et profita de ses experiences dans le domaine de la
technique du trafic pour se placer a côté des pays occidentaux.
Un second moyen pour donner de l'essor aux échanges
était la creation d'instituts de credit. Dans le mani-
feste de 1848, on avait déjà prévu des organisations de credit.
Nous en parlerons dans le chapitre sur les banques. La ton-
dation de la Banque Nationale de Roumanie en 1880 est le
premier pas vers la nationalisation du capital roumain. Avec
l'aide du capital de la banque, l'Etat devient lui-meme entre-
preneur capitaliste. La naissance du capitalisme des banques,
crée a l'oligarchie politique une solide base naturelle, notamment
la puissance économique. Les groupes politiques dominants se
procurent des avantages par l'influence qu'ils exercent sur lui.

En troisieme lieu, la vie économique mecanisee, les mou-


vements et l'echange des produits avec les autres pays exigent
une certaine adaptation aux institutions publiques
des pays eur op é en s. Les relations commerciales avec
Petranger exigerent la modernisation des prescriptions juridiques
et du systeme politique. Tant que les principautés roumaines ne
compterent pas au metre et au kilogramme, mais avec leurs
anciennes mesures, leurs relations avec l'étranger furent entra-
vees. Les relations commerciales ne prirent pas de grandes
dimensions tant que les lois du pays n'offrirent pas de sfiretés
suffisantes aux commercants etrangers pour leurs affaires. II
fallut donc creer des lois de commerce modernes qui se ratta-
cherent a la maniere de penser des jurisconsultes occidentaux.
Pour participer au commerce mondial, il fallut moderniser la
vie juridique en Roumanie. Les gouvernements bourgeois de
Paris et de Londres demanderent pour leur aide financiere que
le systeme politique soit adapte aux formes de la democratie
occidentale. Zeletin resume ce developpement dans cette phrase:
«L'invasion du capitalisme en Roumanie a éleve l'appareil de
circulation au niveau de la vie moderne et sa modernisation a
entraine avec elle celle de toute la societé.» Dans la seconde
moitie du XIXe siecle, la Roumanie a remplacé ses anciennes
institutions nationales par des institutions modernes et bour-
geoises. Les lois modernes sont l'habit neuf necessaire pour
entrer dans l'économie mondiale.
Beaucoup de critiques, qui ne comprirent pas que les insti-
tutions bourgeoises de la Roumanie devaient leur naissance a
la nécessité de perfectionner les échanges et de se joindre aux
marches européens, ont qualifié l'europeanisation du pays comme
étant une coque saris noyau. Carp, Xenopol et meme Gherea

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La politique économique de la Roumanie 509

dans son livre Neoiobagia (le Nouvel Esclavage) font partie.


de ceux qui condamnent cette evolution. En 1917, Hermann
Kienzl a publié chez Georges Muller a Munich un livre: «Die
Faulniss Rumaniens im Lichte rumanischer Dichter und Schrift-
steller» qui met en lumiere la reaction en Roumanie. L'ouvrage
est ne ,i1 est vrai, au milieu des excitations a la guerre qui
troublent la raison et les sens; neanrnoins, ii renferme des
articles importants dus a des réformateurs roumains, tels que:
«Contre la direction de la culture roumaine» de Titus Majorescu;
oLa Roumanie telle qu'elle est» par J. L. Caragiale. Cependant
aucun ne traite sérieusement les problemes sociologiques.
Comme le Japon, la Roumanie appartient a ces pays qui
ont raccourci la période de développement des pays industriels
de l'Europe. Les institutions européennes ont provoqué du
&pit et du scepticisme dans l'esprit de ceux qui étaient adaptés
aux anciennes institutions en pénétrant dans le pays. Nous avons
vu quelle opposition les premiers chemins de fer ont rencontree.
Toute rupture avec le passé provoque de la resistance. On
a dit, avec raison, que les partisans du passé ont concentré Jeurs
critiques sur les domaines de la vie sociale, sur la culture et la
politique et non sur ceux de la technique et de l'économie afin
que l'on introduise les dernieres formes et les derniers types.
La rupture avec la continuite économique etait une chose naturelle;
avec la culture et la politique, elle parut etre une anomalie.
La grande revolution causée par l'introduction du capitalisme
a entrainé de grands troubles dans l'équilibre psychique du
peuple. Ce dernier semble etre assez fort pour supporter ce
changement sans trop grands ébranlements intérieurs. Si les
milieux allemands de la Transylvanie reprochent aux Roumains
qu'ils ne poss-edent pas les capacités techniques nécessaires et
sont en retard quant aux methodes, ils oublient qu'aucun peuple
ne possede a ce degré d'évolution l'instruction nécessaire
pour accomplir la mission qu'un Etat bourgeois moderne et
sa technique adaptee aux progres techniques exigent de l'in-
telligence et de la volonté de leurs chefs. Il est injuste de le
demander aux Roumains dans la phase du développement
dans laquelle ils se trouvent aujourd'hui. L'esprit methodique et
systernatique est un produit de l'évolution ulterieure. Ce que
nous voyons actuellernent en Roumanie est un signe de la
phase de la formation de la bourgeoisie forcement réunie a la
transformation economique d'un Etat agricole en un Etat in-
dustriel.
Les Roumains se distinguent essentiellement des Turcs par
leur attitude vis-a-vis du nouveau. Le capitalisme a aneanti
les anciennes formes de la vie sans que le peuple turc ait ete
en état d'assimiler les nouvelles formes de la civilisation euro-
peenne. La Turquie est, a la heure actuelle, un Etat qui se

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510 La politique éconornique de la Roumanie
meurt. Elle ne possede pas la capacite d'adopter les institu-
tions bourgeoises de l'Europe, de les maitriser economiquement
et techniquement et de s'y adapter spirituellement.
L'entree du capitalisme en Roumanie a eu sans doute de
profonds effets. Les vieux artisans out éte aneantis. Les mar-
chandises etrangeres etaient a meilleur marché que celles des
artisans roumains. Les fourrures les plus cheres et les plus
belles de la Russie étaient travaillees en Roumanie. La corpo-
ration des fourreurs de Bucarest etait en relations journalieres
avec la cour du sultan. Elle n'a pu se maintenir par suite de
la concurrence du capital etranger. Les autres corporations on't
eu le meme sort; elles ont cm se dissoudre.
La concurrence etrangere a eu la meme influence destructive
sur l'industrie domestique roumaine. L'éleve du ver a soie et
la fabrication de la soie, qui étaient tres prosperes, ont eté
detruites par l'importation de textiles étrangers. Nous avons vu
combien a souffert l'industrie domestique paysanne du developpe-
ment moderne et combien la situation du pays s'est aggravée.
Le facteur destructeur etait l'industrie etrangere et non l'industrie
indigene. Le traite de commerce signe en 1875 avec l'Autriche
avait pour base le desir de la Roumanie de vendre son excédent
de céréales sur les marches étrangers tandis qu'elle recevrait en
retour des produits manufactures a bon marche. Aurelian dit
dans son ouvrage (La politique commerciale roumaine vis-à-vis
des traités de commercel): «Nos artisans sont devenus des auxiliai-
res, les fabriques sont fermees et toutes les tentatives de fonder
une industrie sont impossibles parce que la concurrence extérieure
est forte. Aujourd'hui, nous sommes habilles des pieds a la tete
par nos voisins. Ils nous procurent les plus petites choses et,
ce qui est pis, ils nous envoient de la farine, de l'alcool, du
yin, des pommes de terre et divers fruits. La convention a
réussi a aneantir completement notre tres ancienne industrie
domestique. A l'heure actuelle, le paysan et la paysanne vont
au marché pour acheter des vetements et des souliers. Dans
quelques villages de montagne seulement, on rencontre des
femmes qui fabriquent elles-mêmes de la toile. Maints villages
ont abandonné leur costume national et s'enveloppent de
chiffons étrangers. La ville se procure des gants, des souliers
avec des talons hauts et diverses parures en metal et en verrO
dont se pare la paysanne rogmaine.»
La consequence du traite de commerce de 1875 fut que
l'Autriche domina completement le marché roumain et eloigna
le capital anglo-francais de sa position anterieure acquise par
beaucoup de travail et de peine diplomatique.
Bucarest 1885, pages 31 et 32.

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La politique économique de la Roumanie 511

Ainsi commenca une eVolution qui entraina de plus en plus


la Roumanie dans le cercle des intérets des puissances centrales.
Apres 1830, l'Angleterre s'était tournée vers Ies provinces danu-
biennes, et avec les puissances occidentales, les avait réveillées
a une nouvelle vie. Elle domina le marché roumain jusqu'en
1875. A cette époque, l'Amerique .devient le nouveau grenier
de l'Angleterre; son intéret pour l'Europe ofientale diminue
considerablement. Les Etats-Unis commencent a exporter des
quantités enormes de cereales et l'Angleterre devient de plus en
plus dépendante de ce nouvel exportateur. II faut attribuer le
désintéressement de l'Angleterre des affaires roumaines et la
place dominante de l'Autriche, puis de l'Allemagne a la revo-
lution produite par le froment américain.
La concurrence américaine, qui rompit les relations entre
l'Angleterre et la Roumanie, la forca a se joindre aux puissances
centrales. Celles-ci protégerent leurs cultures de cereales par
des droits de douane afin de rendre difficile l'importation de
produits du sol roumain. L'ere des droits protecteurs allemands
commence en 1879. Ils augmentent rapidement les annees
suivantes. Neanmoins la crise agricole ne cesse pas. La France
et l'Autriche suivent l'exemple de PAllemagne. L'exportation
de blés et de bétail roumains devient difficile; les droits protec-
teurs ferment a la Roumanie ses débouchés.
Malgré cette situation défavorable, la Roumanie a essaye
d'augmenter l'exportation des produits de son sol, surtout celle
du froment; des raisons financieres l'y obligerent. Pour payer
les fonctionnaires et l'appareil militaire, ii fallait de l'argent.
La dette publique grandit rapidement. Ce developpement se fit
aux depens des paysans; ils furent forces de jeaner. L'exporta-
tion de denrées alimentaires etait indispensable pour faire face
aux charges de l'Etat. L'alimentation des paysans diminua dans
la proportion de l'augmentation des exportations.
Vers 1886, commenca la politique de l'industriali-
sation pour guerir les blessures que cette evolution avait occa-
sionnees au corps social. Une nouvelle phase commence pour
la société roumaine. Elle est caracterisee par la regression des
influences dissolvantes du capitalisme social; la Roumanie se
place au degré du capitalism e in dustrie 1. La creation
d'une industrie nationale permit ce changement. Ce que le
commerce enlevait aux agriculteurs et artisans, Petablissement
d'une industrie roumaine qui recut les existences prolétarisées
devait le leur rendre. Elle devait créer de nouvelles. valeurs et
profiter a la collectivite. L'idéal national qui surgit est de faire
face a ses propres besoins ; le désir de la Roumanie est de
satisfaire ses besoins materiels de ses propres forces. Cette idee
éconcmique directrice se montre dans l'importation de produits
etrangers que l'on rend difficile par Petablissement de droits

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512 La politique éconornique de la Roumanie
protecteurs. Le libre échange qui avait 1-6g-tie de 1875 a 1886
est abandonne. Le mot d'ordre de la politique économique est
la protection du travail national. L'économiste roumain P. S.
Aurelian était a la tete du mouvement. Dans son ouvrage
«Cum se poate funda o industrie in România» (Bucarest 1881)
(Comment on peut el-6er une industrie en Roumanie), ii défendit
une politique douaniere qui permit de produire dans le pays
nombre d'articles importés dont la Roumanie ne devait plus
etre tributaire de l'étranger. Martian, Jon Ghica et Xenopoll
sont les partisans de cette idee et kes propagateurs du mouvement
protectionniste en Roumanie. Ces hommes ont essaye de prouver
aux politiciens roumains que le libre échange ne peut etre utile
qu'à un Etat ayant une civilisation et une économie avancées,
mais non a un pays en retard comme la Roumanie; celui-ci a
besoin d'une politique d'encouragemedt et de soutien par les
droits de douane.
En 1886, avec la politique definitive qui merre au protec-
tonisme, débute la tendante systematique de l'industrialisation du
pays, c'est-a-dire la constitution du capitalisme industriel. Apres
s'etre limitée a l'importation de marchandises étrangeres, apres
avoir ainsi créé de nouveaux besoins dans son pays et accumulé
de nombreux capitaux par le commerce avec l'etranger, .1a
bourgeoisie roumaine reconnait enfin qu'elle peut faire de meil-
leures affaires en satisfaisant les besoins intérieures par la pro-
duction du pays. A partir de ce moment, elle commence a
placer ses capitaux d'une facon productive, a fabriquer elle-meme
au lieu d'importer. C'est l'or i gin e du nouveau régime indu-
striel. Sous son regne, la Roumanie s'émancipe du capitalisme
commercial anglo-francais qui avait dominé la premiere phase
de son developpement. Apres la guerre douaniere, qui a fait de
graves blessures aux deux pays, elle tombe sous l'influence du
capitalisme alleman d. L'Allemagne herite du role que la
Grande-Bretagne avait joué dans la premiere période. Elle devient
le fournisseur d'argent et de marchandises de la Roumanie dans
une mesure jusque-la inconnue. Les grands emprunts roumains
sont souscrits en Allemagne. Les exportations des marchandises
allemandes grandissent. Elles n'occupent pas moins de 60 000
a 70 000 ouvriers allemands. Par ce changement, l'Allemagne se
place au premier rang des pays exportateurs en Roumanie,
orientee vers elle au point de vue économique et politique, mais
vers la France au point de vue civilisateur et intellectuel. La
civilisation francaise reste l'aiguille de la boussole qtii indique
sa direction a la societé roumaine.
Cependant l'intensite des relations commerciales avec l'Alle-
magne amena aussi l'intensité des relations intellectuelles. De
grandes foules d'étudiants roumains se rendent aux Universités
1 Xenopol: Etudes économiques. Craiova 1882.

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La politique économique de la Roumanie 513

allemandes. La langue allemande se repand de plus en plus


dans les établissements de renseignement public roumains, dans
le peuple et dans le monde des affaires oit la culture francaise
n'avait pas encore pu pénetrer. Les firmes roumaines avaient
toujours un correspondant allemand, mais pas de correspondant
francais. Zeletin fait remarquer que l'Allemagne était a rneme
de vaincre l'Ouest dans une concurrence économique. La vic-
toire était d'autant plus certaine qu'elle avait su preparer le
terrain: elle avait répandu parmi les intellectuels roumains la
croyance que la civilisation allemande était plus solide que la
civilisation francaise. Elle fit ainsi que la jeune generation
roumaine préférat les institutions intellectuelles allemandes aux
institutions françaises. C'était Poeuvre de Titu Majorescu, Peter
Carp, Rosetti, Lupu-Kostaki et d'autres qui avaient fondé h Jassi
une association culturelle appelée, la Junimea (la Jeunesse);
celle-ci avait la mission de faire connaitre aux Roumains les
philosophes, politiciens, historiens et economistes allemands. L'or-
gane de cette Jeunesse était la Convorbiri liteare. Les représen-
tants de cette direction firent une propagande excessivement
violente. Ils ne voyaierrt dans les institutions culturelles que des
formes imitées et falsifiées. Majorescu avertit la jeunesse de
maintenir «cet edifice trompe-Pceil qu'on appelle la culture
roumaine.» Les paroles etaient aussi violentes que leur effet
etait faible. Tout ce mouvement échoua. De l'association sortit
plus tard une direction conservatrice qui eut Carp pour chef;
de 1914 h 1916, elle favorisa le rapprochement avec l'Allemagne.
Apres la guerre mondiale et la mort de son chef, elle se de-
sagregea entierement. La direction germanophile avec sa tendance
de placer la Roumanie dans la dependance économique et civili-
satrice de l'Allemagne a perdu son importance par la guerre.
L'Allemagne et les autres pays ont regardé avec beaucoup
de méfiance les essais qu'a faits la Rournanie pour créer une
in dustri e a ell e. En Roumanie meme, ce mouvement a eu
des adversaires. Ils disaient que les profits d'une industrie in-
dépendante ne valaient pas les sacrifices qu'elle cotitait au pays.
Les fabriques creees ne peuvent pas fabriquer tout d'abord les
marchandises a si bon marche et si bonnes que les fabriques
développées et experimentees de Petranger. Nous l'avons deja
vu I propos de la grande industrie. Mais en dernier, c'est le
facteur politique qui decide. Un peuple ne peut maintenir son
indépendance politique qu'en se créant une base reelle sous
la forme de rindependance économique. Les sacrifices que coitte
cette evolution sont le prix de l'independance politique d'un Etat
national. C'est ce qui legitime et consacre la grande loi d'end
couragement de l'industrie de 1912.
Le pays ne pouvait pas executer cette industrialisation de
ses propres experiences et de ses propres capitaux. Au
33

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514 La politique économique de la Roumanie
debut du développement industriel, l'invasion du capital
&ranger était une condition de l'independance politique de
la Roumanie. Apres la realisation de cet ideal, la continua-
tion de cet état representait un danger politique qui
rendait illusoire l'independance politique. La guerre vint
et elle élimina l'influence que le capital allemand avait
eue auparavant. En meme temps, le réve d'unité nationale
de la Roumanie s'accomplit. Son marché interieur s'elargit. Sa
population augmenta de 10 millions. Apres l'accroissement des
nouvelles provinces, la tache de la politique économique roumaine
consiste a essayer de diriger elle-meme son développement.
La nouvelle legislation économique de la Roumanie, la loi miniere,
la loi de la commercialisation, la loi de Penergie, la loi du
regime des eaux et la loi d'encouragement de l'industrie etendue
en 1920 a tout le royaume, doivent etre regardées comrfie le
moyen le plus important pour la protéger de la dependance
économique de Petranger dans une mesure incompatible avec
l'intéret national, pour procurer a Peconomie nationale les forces
et les moyens d'augmenter la production et de satisfaire tous
les besoins de la nation. C'est l'ideal national de Papprovision-
nement par soi-même auquel tend la Roumanie, mais qu'elle est
encore loin d'avoir atteint. II ne faut pas oublier qu'elle com-
mence seulement a exploiter ses richesses. La politique nationale
exige qu'elle se charge elle-meme de cette exploitation, mem e
si elle ne peut se passer des secours etrangers et qu'elle lasse
profiter le peuple des avantages qui en découlent; cette politique
prévoyante, qui ne perd pas de vue l'avenir, n'est pas diposec
a le sacrifier pour supprimer seulement des difficultés motnen-
tan é es.

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XIV. Les cheinins de fer et la navigation.
Nous avons deja parle des debuts des chemins de fer en
Rournanie. Nous nous bornerons done a donner leur etat actuel
et celui de la navigation fluviale et maritime. Le tableau sera
forcément incomplet, car la Roumanie est en train de réparer
ses moyens de communication qui ont beaucoup souffert de la
guerre; nous tenons principalement a donner une idee de leur
etendue.
D'apres les indications de l'ancien ministre G. C. Valeano
dans l'Argus, la Roumanie possede:
7305 kilometres de lignes de chemins de fer a voie nor male appartenant
a l'Etat,
129 kilometres de lignes de chemins de fer a voie étroite appartenant
A l'Etat,
3099 kilometres de lignes de chemins de fer privés a voie normale admini-
str es par l'Etat,
657 kilometres de lignes de chemins de fer d'intéret local.
Ii existe encore en possession privee:
156 kilometres de lignes A voie normale,
443 /I étroite.
Au commencement de 1925, le materiel roulant cornptait:
2 000 locomotives,
54 000 wagons, dont 4200 pour voyageurs.
Si l'on repartit les 11 790 kilometres de voies ferrees sur
la superficie totale de la Grande-Roumanie, qui est de 294 244
kilometres carrés, on obtient 4 kilometres de voies par 100 kilo-
metres carrés.
Dans les pays de l'Europe centrale et occidentale, on a
plus de 10 kilometres de chemins de fer par 100 kilometres
carrés; le reseau roumain est donc encore petit. II est inegale-
ment reparti. Dans la Roumanie occidentale, les chemins de fer
sont plus nombreux que dans la Roumanie orientale, Une partie
de l'ancienne Roumanie et la Bessarabie ont peu de voies ferrées.
La Roumanie occidentale en possede 7 kilometres par 100 kilo-
metres carrés; sur le meme espace, la Bessarabie n'en a que 3,
ce qui est un signe de son eloignement de l'Ouest civilise.
3 3*

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516 Les chemins de fer et la navigation
Nous empruntons a Murgoci et Popa-Burca la répar -
tition des chemins de fer roumains.
'Sad sur le plateau transylvanien, ii existe un cercle exte-
rieur un peu interrompu au nord seulement. Il part de Bucarest
et passe par Craiova, Orsova, Temisoara, Arad, Oradia-Mare,
Satmar, Sighetul-Marmatiei-Borsa. La il est interrompu jusqu'a
la ligne de la Bukovine, rattachee au chemin der fer le long
du Sereth et qui passe par Pascani, Bacau, Focsani, Ploesti,
Bucarest.
Sur cette ligne principale s'embranchent d'autres lignes qui
penetrent sur le plateau le long des rivieres et forment une
seconde ligne circulaire a l'interieur du plateau transylvanien; elle
passe par Brasov, Sibiu, Alba Julia, Teius, Targu, Muresului,
Miercurea, Ciucului, Brasov.
Les lignes le long des cours d'eau sont:
10 La ligne du Somes qui part de Satmar et va jusqu'a Dej
et Cucerdea.
20 La ligne du rapide Crisul qui commence a Grosswardein,
passe a Huedin et entre dans la vallee du petit Somes oit
elle rejoint a Apahida la ligne precédente.
30 La ligne du Mures part d'Arad et suit la vallée de la
riviere jusqu'à sa source. Elle rencontre la ligne circulaire in-
terieure a Teius; de la elle forme une partie de cette ligne.
40 La ligne de l'Olt suit la vallee de la riviere et forme
une partie de la ligne circulaire interieure; elle se réunit a
cette ligne a Piatra-Olt.
50 La ligne de la Prahova unit Bucarest a Brasov par la
ligne circulaire interieure.
60 La ligne du Trotus unit Miercurea-Ciucului a Adjud sur
le Sereth.
"Ces lignes envoient nombre d'embranchements dans les mon-
tagnes et sur le plateau; ils communiquent avec les grands
centres de population qui ne sont pas situes sur les lignes
citees ou les unissent entre eux.
Du grand cercle exterieur se détachent egalement nombre
de voies ferrées vers la peripherie du pays. Plusieurs etablis-
sent la communication avec les chemins de fer des pays voisins;
d'autres se dirigent vers le sud et se terminent dans les ports
du Danube. L'un de ces 12 embranChements franChit le Danube
a Cernavoda sur un pont grandiose et finit a la mer Noire.
La Moldavie possede outre la ligne du Sereth avec ses em-
branchements une ligne parallele; elle suit les vallees du Jijia-
Barlad et du Pruth de Dorohoi jusqu'à Galatz. Quatre embran-
chements transversaux l'unissent avec la ligne du Sereth. Trois
autres embranchements croisent le Pruth et se reunissent aux

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Les chemins de fer et la navigation 517

chemins de fer bessarabiens. -L'un d'eux va au sud de Galatz


a Reni et a Tighina avec deux bifurcations dont Pune conduit a
Cetatea-Alba et l'autre dans le milieu de Ungheni a Kichinev
et Tighina. 11 franchit le Dniester et se prolonge vers l'Ukraine.
Une troisième ligne au nord va de Czernovitz a Razeni sur le
Dniester par Noua-Sulita, Ocuita, Balti.
De nouvelles lignes de jonction sont projetées. Celle de
Brasov a Nehoias doit décharger la ligne Predeal-Ploesti et
transporter toutes les marchandises de la Transylvanie destinees
a l'exportation dans les ports de Galatz et de Braila. La lign
de Bumbesti a Livazeni creera une communication directe entre
le district des charbons de Petrosani et la ligne principale de
Bucarest a Craiova et Temisovara afin de pouvoir transporter plus
vite le charbon destine a la consommation interieure. La ligne
d'Ilva Mica a Dorna Vatra qui reunira Maramuresh a la Bukovine
aura une grande importance pour l'industrie du bois. La ligne
de Kichinev a Sacaidac doit fortement raccourir la distance entre
Galatz et Kichinev en &Rant le detour par Tighina sur le Dnie-
ster. Enfin une autre ligne doit relier la ville jusque-la tres
isolée de Tulcea a Hemengia.

La navigation joue un grand role dans les transports


en Roumanie. Elle se divise en :
10 Navigation fluviale,
20 Navigation maritime.
Les cours d'eau principaux sur lesquels peuvent circuler
presque toute l'année de grands bateaux sont: le Somes, le
Mures, la Bega, l'Olt, le Sereth, le Pruth et le Dniester; en
outre le Danube qui est navigable sur tout son cours de Bazias,
dans le Banat, jusqu'à son embouchure, soit 1000 kilometres
environ. Ce fleuve de par sa situation, le bon marche et la
liberté des transports a éte de tout temps la voie de trafic
la plus recherchée. II servit au transport de la plupart des
marchandises destinées au commerce.
Le Danube reunit la Roumanie a l'Europe centrale, a l'Orient
et au monde entier par la mer Noire. Le seul grand incon-
venient qu'il ait, c'est qu'il gele une partie de l'année et n'est
alors plus navigable. Pour y remédier, on a réuni directement
Constantza avec le reseau de chemins de fer par une ligne qui
passe a Cernavoda. De cette facon, le commerce roumain
avec les autres pays n'est pas trouble par l'hiver et peut se
faire toute l'annee.
Les rochers qui retrécissent la vallee aux -Portile de fier
sont un autre inconvenient pour la navigation. II y a 20 ans,
on a conitruit a travers ces rochers un canal qui facilite la
navigation.

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518 Les chemins de fer et la navigation
Un troisieme inconvenient etait l'ensablement du fleuve A son
embouchure; le travail de la commission du Danube europeenne
l'a supprimé.
Depuis, l'agriculture s'est developpee, les plaines de la
Jalomita, de Bucau et de Braila ont éte transformées; en
contrées florissantes et des industries y sont flees.
La Roumanie peut communiquer pendant toute l'année avec
toutes les autres parties du monde par les ports de la Dobroudja
depuis qu'on a enleve les bancs de sable du Danube. Elle
a crée trois grandes lignes de navigation qui transportent les
marchandises roumaines, céreales, bois, petroles, dans les pays
etrangers et en rapportent des produits de l'industrie. D'autre
part, la Turquie, la France, l'Angleterre, l'Italie, la Belgique, la
Hollande, l'Allemagne, y envoient leurs navires charges de mar-
chandises.
Ce trois lignes de navigation sont:
1° Constantza A Constantinople (12 heures),
20 Constantza a Constantinople, Smyrne et Alexandrie
(Egypte),
30 Braila a Galatz, Sulina, Constantza et Rotterdam.
Les principales marchandises de la Roumanie sont exportees
par eau. Ainsi les céreales de la Muntenie, Moldavie, Bessarabie
sont transportees aux ports danubiens par la route la plus courte,
notamment A Turu-Severin, Calafat, Corabia, Turnu-Magurele,
Giurgiu, Calarasi, Braila, Galatz, Reni, Ismail, Kilia, Tulcea. Une
ligne de chemins de fer conduit A ces ports oil les céreales sont
chargées sur des navires et transportées a Braila, Galatz et Sulina;
IA elles sont chargées sur de grands navires qui se rendent dans
les pays de l'Ouest. Pendant l'hiver, le Danube est gele, une
partie des céréales va directement a Constantza dont le port
est 1 ibre de glace toute l'annee. Les transports de bois, prennent
aussi la meme route; la plupart vont a Galatz oil se trouve
le plus grand marché des bois. Le petrole va a Constantza,
Braila et Giurgiu qui possedent des installations completes de
chargement sur les navires.

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XV. Le Commerce extérieur.
Comme dans thus les pays, on distingue aussi en Roumanie
le commerce intérieur et le commerce extérieur. Le commerce
d'une localite A l'autre du pays joue un role qui n'est pas sans
importance. Mais pour nous le commerce exterieur est bien plus
important; car il nous renseigne sur les articles dont le pays a
besoin et qu'il ne produit pas, sur ce qu'il produit en abondance
et peut exporter.
Nous ne parlerons pas du commerce exterieur de la Rou-
manie avant la guerre. II suffit pour se renseigner de consulter
les tableaux qui accompagnent l'ouvrage de Cornelius G. Anto-
nescu stir la politique commerciale de la Roumanie (Leipzig
1915).
Nous ne possedons pas encore de renseignements detailles
sur le commerce de la Roumanie apres la guerre; ils seraient
pourtant d'un grand intérêt. Les chiffres se sont entierement
modifies. Quoique la Roumanie se soit agrandie, les impor-
tations et les exportations sont inférieures A celles de l'ancien
royaume; la différenciation du commerce a pris une autre figure.
Malheureusement nous ne possédons pas de statistiques commer-
ciales completes, mais seulement les chiffres provisoires de
l'office des statistiques du ministere des Finances pour les années
de 1919 A 1922.
Les chiffres que nous donnons ont ete empruntes au No 1
de 1924 de la Correspondance économique officielle et aux
données du directeur de l'office des statistiques extérieures
M. Dimitrescu; il les a publiees dans les N°1 et 2 de janvier et
février 1925 de la revue roumaine Importation-Exportation.
Cette période de 1919 A 1922 s'étend stir des années durant
lesquelles les besoins de la Roumaine en marchandises étrangeres
etaient grands et l'exportation relativement petite. La guerre
avait beaucoup détruit et il fallait faire face aux grands besoins
de marchandises; mais la difficulté était de les payer. Les chiffres

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520 Le commerce extérieur
ci-apres montrent les rapports entre les importations et les
exportations:
Quantites en tonnes:
année importations exportations difference
1913 1 374 116 tonnes 4 569 076 tonnes + 3 194 960 tonnes
1919 413 939 109 140 304 799
1920 304 854 >1
1 466 063 ., + 1 161 209
1921 613 869 2 667 127 + 2 053 258 /I
1922 550 540 3 881 388 " + 3 330 848 ))

Valeur en lei:
année importations exportations difference
1913 590 012 640 lei 670 705 335 lei + 80 692 695 lei
1919 3 762 300 013 104 384 720 3 657 915 293
1920 6 901 940 240 3 447 476 634 3 454 463 570
1921 11 706 569 262 8 129 609 886 3 576 962 376
1922 11 799 318 180 12 162 911 708 + 363 593 528
Ces chiffres montrent la tournure de la balance commerciale
de la Roumanie. Elle a été favorable en 1913, la seule armee nor-
male entre la guerre des Balkans et la guerre mondiale. De 1919
a 1921, elle est défavorable; les importations dépassent les 'expor-
tations de plus de 3 milliards et demi; en meme temps le cours
du leu baisse. En 1922, les exportations accusent une plus-value
quant a la valeur.
Cependant, il est douteux que cet excedent existe en réalite.
Le calcul des valeurs d'importation et d'exportation tel que l'a
fait la commission du ministere des Finances ne repose pas sur
les prix mondiaux, mais sur la capacité d'achat du leu
l'intérieur. C'est pourquoi les chiffres des exportations sont
trop hauts et ceux des importations trop bas. D'apres les calculs
d'Angelescul, les importations et les exportations ont éte a peu
pres égales en 1922. Les exportations ont été de
11 799 millions 300 000 lei
les importations ont été de
12 162 millions 900 000 lei.

11 est fres probable que ces chiffres se rapprochent de la


verité si Pon pense aux difficultes que Pon rencontre pour etablir
les statistiques du commerce extérieur dans un pays A monnaie
depréciee et variable.
1 Angelescu: L'accroissement de la production et son influence sur
les variations du change en Roumanie, Bucarest 1924.

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Les exportations 521

Les chiffres de 1919 a 1922 montrent clairement que le com-


merce extérieur est encore loin des chiffres de 1913. Cependant,
ils indiquent que la Roumanie progresse et que les quantités
exportées ont presque atteint les chiffres normaux si l'on ne
tient pas compte de l'accroissement du territoire.
Les importations en quantite ont subi diverses fluctuations.
En 1919, elles ont ete supérieures a celles de 1920; celles de 1921
ont été aussi supérieures a celles de 1922.
Les exportations ont une tendance a augmenter quant aux
quantités; on peut s'attendre a ce qu'elles soient bientôt nor-
males. En 1919, elles sont 2,50/0 de celles de 1913 par suite de la
grande pénurie qui régnait dans le pays apres la guerre. La
population avait besoin de ce qui existait dans le pays et on ne
pouvait songer A diminuer les provisions pour augmenter les
exportations. Les années suivantes, elles sont en legére augmen-
tation. En 1920, elles représentent 30%, en 1921 50% et en 1922
850/0 de celles de 1913. Les céréales formaient la base des expor-
tations en 1913 et représentaient 80% des exportations globales.
Pour des raisons que nous étudierons, ces articles d'exportation
sont en forte regression les annees suivantes.
En 1919, la valeur des importations se chiffra par 3 milliards
800 millions de lei pour une quantité de 413 939 tonnes; en 1922
par 11 milliards 800 millions pour 550 540 tonnes. Cette augmen-
tation soudaine s'explique par la &valorisation du leu.
Par contre, la valeur des exportations est montee pro-
portionnellement a la quantité. En 1919, les exportations totales
s'éleverent A 109 140 tonnes d'une valeur de 104 millions 400 000
lei. El les sont en augmentation jusqu'A 1922 ofi elles atteignent
12 milliards 163 millions de lei.
Pourtant, ii serait faux de croire que les importations et
les exportations de 1922 ont éte plus grandes qu'en 1921. El les
étaient plus grandes en apparence seulement. En tenant compte
du facteur de &valorisation de la monnaie et en les calculant
pour 1922 en or en prenant une monnaie stable, telle que le
change suisse, on constate qu'elles ont été inférieures a celles
de 1921.

Les exportations.
Apres ces considerations générales sur les importations et
les exportations, nous indiquons maintenant les categories de
marchandises que la Roumanie exporte, puis les pays dans les-
quels elles sont exportées.
Le tableau suivant se rapporte aux années de 1919 A 1922.

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522 Le commerce extérieur
Exportations en tonnes.
Espece de marchandise 1919 1920 1921 1922
10 Animaux vivants . . . . . 1 573 51 638 107 254
2° Denrées alimentaires animales 142 2 156 6 764 2 253
3° Produits animaux non em-
ployes A l'alimentation . . . 0 0 0 14
40 Peaux et produits qui en
proviennent . . . . . . 78 550 860 728
5° Fourrures . . . . . . . 9 23 117 166
60 Laine, polls et produits qui
en proviennent . . . . . 50 155 85 204
7° /Vlatieres animales et résidus 54 1 234 1 864 4 904
80 Soie et produits en soie . . 0 3 2
9° Céréales et derives . . . . 2 744 983 042 1 538 856 1 212 372
100 Legumes, fleurs, graines et
parties de plantes . . . 10 694 84 000 94 572 99 907
11° Huiles végétales 3 749 407 65
12° Boissons . . . . . . . . 681 1 733 1 782 6 710
13° Fruits et denrées coloniales 656 6 424 18 305 16 973
14° Sucre et sucreries . . . . 10 13 108 236
15° Bois et derives . . . . . 22 562 92 234 570 818 1 968 575
16° Textiles végétaux et derives 34 2 51 44
17° Confection . . . . . . . 3 36 18 39
18° Papiers 10 16 241 2 692
19° Celluloide . . . . . . . 0 3
20° Caoutchouc, gutta-percha et
sucs végétaux . . . . . 1 856 10 564 21 742 40 288
21° Eaux minérales et sels . . 22 370 22 574 8 006 24 462
22° Terres, pierres et produits
qui en proviennent . . . . 412 2 926 4 604 38 753
23° Verrerie . . . 8 0 40 49
24° Pétrole et bitumes . . . . 44 014 249 097 377 328 435 526
25° Métaux, produits qui en pro-
viennent et autres produits
miniers . 2 606 6 088 9 991
26° Machines . . 1 878 817 018686
27° Véhicules 8 15 13
28° Navires
29° Horlogerie .
300 Instruments de musique
. ... 0 0
3
0
3
0
0
5
31° Jouets . . . . . . 0 0 0
32° Produits chimiques et medi-
caments 93 2 900 4 042 19 430
33° Parfumerie . 0 0 0 1
34° Couleurs et vernis 17 0 41
350 Explosifs . . 50 0 0
Total 109 140 1 467 118 2 713 138 4 069 963
Groupe I. Animaux et produits
animaux (1-8) . . 334 4 691 61 331 115 525
,1 II. Produits du sol
(9-20) . . . . . 39 253 1 178 813 2 246 900 3 347 904
III. Produits du sous-sol
(21-25) . . . . 69 410 280 685 399 969 585 956
IV. Produits combines A
l'aide des 3 autres
groupes (26-35) . 143 2 929 4 938 20 578
Total 109 140 1 467 118 2 713 138 4 069 963

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Les exportations 523

Exportations en rnilliers de lei.


Espece de marchandise 1919 1920 1921 1922
10 Animaux vivants . . . . . 2 6 583 744 202 1 870 895
2° Denrées alimentaires animales 1 232 19 404 246 903 94 965
3° Produits animaux non em-
ployes a l'alimentation . . .
4° Peaux et produits qui en pro-
- 0 27 550

viennent 2 243 7 220 22 622 32 000


5° Fourrures . . . . . . 76 1 894 7 611 22 874
6° Laine, poils et produits qui
en proviennent . . . . . 600 2 078 9 317 22 079
7° Matieres animales et résidus 388 6 104 23 642 67 995
8° Soie et produits en soie 17 1 266 1 119
9° Urea les et derives . . . 2 320 2 316 725 4 171 662 5 378 485
10° Legumes, fleurs, graines ei
parties de plantes . . 15 459 . 227 436 382 256 682 971
11° Hui les végetales 39 9 575 5 732 1 620
12° Boissons . . . . . . . 2 780 9 894 20 468 50 963
13° Fruits et denrées coloniales 1 597 22 064 99 979 144 047
14° Sucre et sucreries . . . 81 163 1 225 3 224
15° Bois et derives . . . . . 5 162 124 552 473 001 2 599 972
16° Textiles végétaux et derives 1 501 97 1 899 2 010
17° Confection . . . . . . 25 788 1 706 3 156
18° Papiers
19° CelluloIde .

20° Caoutchouc, gutta-percha et


. . . . .
140
-
218 2 378
0
14 662
162

sucs vegétaux . . . . . . 591 8 000 25 238 92 548


21° Eaux minérales et sels . . . 6 040 9 481 7 836 23 570
22° Terres, pierres et produits
qui en proviennent . . .
23° Verrerie .
24° Pétrole et bitumes . . .
. .
63 173
.... .

.
90
26
3 463

657 767
1

1
3 271
335
858 671
32 960
795
2 601 579
25° Métaux, produits qui en pro-
viennent et autres produits
miniers . . . 384 5 291 106 866 145 402
26° Machines
27° Véhicules
28° Navires
-- 63
521
10 672
512
15 354
1 109
3
29° Horlogerie 16 1 0 73
300 Instruments de musique . -- 56 125 252
31° Jouets . . . . . . . 0 1 4
32° Produits chimiques et medi-
caments . . . . . . . 169 8 373 33 563 130 992
33° Parfumerie
34° Couleurs et vernis
35° Explosifs . . . .
.
.
.

.
.

.
-1

250
0
18
0 0
9
14
102

-
804

Total 104 385 3 447 847 8 263 009 14 039 296


Groupe I. Animaux et produits
animaux (1-8) . . 4 541 43 300 1 055 590 2 112 477
II. Produits du sol
(9-20) . . . . . 29 695 2 719 512 5 183 544 8 973 820
III. Produits du sous-sol
(21-25) 69 713 . . . . 676 003 1 976 979 2 804 306
IV. Produits combines a
l'aide des 3 autres
groupes (26-35) . 436 9 032 44 896 148 693
Total 104 385 3 447 847 8 263 009 14 039 296

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524 Le commerce exterieur
Ces chiffres montrent que les exportations principales de
la Roumanie se reduisent a 4 categories de marchandises:
10 Les ceréales;
2" Le bois;
30 Le petrole;
40 Les animaux.
Les exportations d'animaux vivants prennent de grandes
dimensions en 1921 et 1922.
Le tableau suivant nous donne des details sur ces 4 groupes.
Exportations en tonnes.
1919 1920 1921 1922
Céréales et derives 2 744 983 042 1 538 856 1 212 372
Pétrole . . . . . 63 173 249 097 377 328 435 526
Arbres, bois et produits de
l'industrie du bois . . . 22 562 92 234 570 918 1 968 575
Animaux vivants 1 573 51 638 107 254
Total 69 321 1 324 946 2 538 640 3 723 727
% du chiffre global 63,52 90,31 93,57 91,49

Exportations en milliers de lei.


1919 1920 1921 1922
Cereales et derives 2 320 2 316 725 4 171 662 5 378 485
Petrole 63 173 657 767 1 858 671 2 601 579
Arbres, bois et produits de
l'industrie du bois . . . . . 5 162 124 552 473 001 2 599 972
Animaux vivants 2 6 583 744 202 1 870 895

Total 70 657 3 105 627 7 247 536 12 450 931


% du chiffre global 67,69 90,07 87,71 88,69

Le groupe des céreales est en diminution par rapport au


passé. En 1913, les exportations s'éleverent a 2 964 947 tonnes.
En 1921, elles atteignent le chiffre de 1 538 856 tonnes; en 1922
elles s'abaissent a 1 212 372 tonnes.
Cette diminution s'explique par le recul des exp or -
tations du from en t qui étaient de 1 million de tonnes
en 1913, contre 73 276 tonnes en 1921 et 25 186 tonnes en
1922. Les exportations de farines de froment sont encore insi-
-gnifiantes:
7 tonnes de la valeur de 23 000 lei en 1919
808 7, J1 fl " 3 718 000 1920
15 653 ,, ,, 88 435 000 1921
22 679 13 7> f, II 195 264 000 1922

Les e x p o r t a t i o n s d u rn a I s sont aussi en forte dimi-


nution. En 1913, on a exporté environ 1 million de tonnes,
contre 443 445 en 1920, 830 887 en 1921 et 302 509 en 1922.

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Les exportations 525

Ce recul des exportations du from ent et du mals a eté amene


par les mesures qui ont eté prises en Roumanie apres la guerre ;
les céréales ont eté maintenues au-dessous des prix mondiaux
et les paysans ont été pousses a cultiver moins de froment pour
se vouer a d'autres cultures. Les prix interieurs ont ete main-.
tenus bas a l'aide de prix maxima, de defenses d'exporter et
de taxes d'exportation. Lorsque le 15 respectivement le 30
novembre 1923, la defense d'exporter de la farine et du froment
fut provisoirement levee, on fixa aussit8t une taxe d'exportation
de 35 000 lei pour le wagon de farine et de 25 000 lei pour te
wagon de from ent. Le ler aofit 1924, les droits d'exportation
sur le froment furent relevés a 45 000 lei. Le 15 janvier 1925,
le nouveau regime du froment entra en vigueur; l'exportation
en fut de nouveau déf endue et le prix maximum du wagon
fut fixé a 95 000 lei, pris sur place, pour le producteur. Les
moulins sont tenus de ne fabriquer qu'une sorte de farine ;
et la mouture atteint 850/0. ,Le prix d'un kilogramme de
farine prise au moulin est de 12 lei; celui d'un kilogramme de
pain de 10 lei 50 a 11 lei.
Le 15 juillet 1925, le conseil des ministres decide de réduire
les droits d'exportation de 45 000 lei a 30 000 apres avoir con-
state que la Roumanie peut exporter 60 000 wagons de fro-
ment, excedent de la consommation interieure.
L'exportation de l'orge et de l'avoine, par contre, a monte
comme l'indique le tableau suivant:
Exportations en tonnes.
1919 1920 1921 1922
Orge 421 872 377 544 575 998
Avoine 39 040 150 776 232 944
Farine de froment 7 808 15 653 22 679

Exportations en milliers de lei.


1919 1920 1921 1922
Orge 1 096 867 1 094 877 2 591 990
Avoine 107 359 414 634 1 083 190
Farine de froment 23 3 718 88 435 195 264
Le mil et le son de from ent ont ete aussi exportes en
petite quantité.
Avant la guerre, l'organisation du commerce des cereales
etait relativement simple. Les grands propriétaires vendaient
leurs grains aux marchands en gros. Ceux-ci exportaient la mar-
chandise par le Danube en Autriche-Hongrie ou par la mer
via Braila-Constantza en Italie, en France, en Angleterre, en
Allemagne. Lorsque la reforme agraire eut anéanti la grande
propriéte et que 900/o du pays ont ete entre les mains des
paysans, le commerce des cereales a pris une autre tournure. Le

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526 Le commerce extérieur
paysan vend sa marchandise aux petits commercants et ceux-ci
aux commercants en gros, qui sont generalement les b a n -
q u e s. A cause de la devalorisation du leu et des hauts prix
des ceréales, de grands capitaux sont nécessaires. Des societés
de banque se sont constituées; elles exportent elles-memes.
Les banques financent aussi le commerce des céréales en par-
ticipant aux Societes qui font le commerce des cereales. Les petits
commercants ne sont pas autre chose que des intermediaires entre
Ies banques et les paysans. Cette methode n'est pas défa-
vorable pour le paysan, car il est .payé tout de suite. Tant
que le commerce des céréales était fibre, les grandes maisons
exportatrices pouvaient faire ce qu'elles voulaient. Sous le regime
des restrictions, elles dependent de Bucarest. Les grandes cen-
tres du commerce des grains ont perdu de leur importance sous
le nouveau regime. A l'interieur du pays, des changements
se sont aussi produits. Bucarest, Braila, Galatz, prosperent;
Craiova qui est situé dans la plus riche contrée des ceréales
de l'ancienne Roumanie retrograde parce que les acheteurs
s'adressent directement aux grandes places pour s'approvisionner.
Cette vile n'est plus une place oU l'on peut se procurer des
devises et les affaires en souffrent aussi; on les achete sur les
places ,d'exportation.

'lin des problemes les plus importants est l'e ntr ep ô t, la


classification et le n e tto y a ge des ceréales. Celles que
les paysans fournissent sont, comme nous l'avons deja dit,
tres impures et de qualité inferieure. Elles ne sont
pas uniformes parce qu'elles ne sont pas suffisamment cl a s -
s é e s. Les paysans manquent aussi d'entrepôts oü ils peuvent
deposer leurs grains pour ne pas 'etre forces de les vendre
aussitôt a bas prix.
L'institut economique roumain (Institutul Economic Roma-
nesc), foride en 1921, a etudie cette question dans tous ses
details. Ses travaux ont paru en partie dans sa revue. E. M.
Brancovici s'en est aussi occupé et a publié un travail pré-
cieux.i.
A propos de l'entrepôt des cereales, ii faut distinguer les
installations des ports et celles des villes de Pinterieur.
Les ports de Braila et de Galatz possedent divers navires qui
servent en meme temps d'entrepôts. 11 existe en outre beaucoup,
d'entrepôts prives. Braila a des silos de 30 000 tonnes de
capacite; Galatz en a de 25 000 tonnes. Les céreales sont trans-
portées sur une bande du wagon a Pelevateur; un wagon est
1 Brancovici, ingénieur et chimiste, professeur A l'Université commer-
ciale et directeur general de la sociéte d'assurances Agricola: Organizarea
comertului de Cereale in Romani, Bucarest 1922.

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Les exportations 527

déchargé en 20 minutes. Un navire de 4000 tonnes est chargé


en 4 ou 5 jours.
Sulina ne possede pas d'installations d'entrepôt spéciale, sauf
Pentrepôt sur les navires.
A Constantza, dont tout le port appartient a l'Etat, ii a crée
des entrepOts tres importants et des installations de chargement.
On y trouve trois grands silos de 32 000 tonnes chacun.
A l'interieur du pays, l'emmagasinage est d'autant plus
nécessaire que le transport des céréales est difficile. Si on les
charge a la gare, il se produit facilement des encombrements qui
troublent le transport. D'une fawn generale les entrepôts des
gares sont insuffisants. Des hangars ont eté edges dans les-
quels les céréales sont déposées dans des sacs les uns sur les
autres. L'emmagasinage est généralement prévu pour un mois,
parfois aussi pour 2 a 3. Les céréales en souffrent, les frais
d'entrepôt grandissent. Les hangars etant insuffisants, des sacs
sont entreposés en plein air et recouverts de couvertures.
En 1922, Garoflid a depose au Parlement un projet de loi
destine a créer une société d'entrepôts de ceréales. Elle sera
chargee de nettoyer, d'entreposer, de warranter les cereales et
servira a améliorer les conditions du commerce d'exportationl.
II ne s'agit point de la constitution d'une societe capitaliste;
600/0 du capital doivent etre fournis par les banques popu-
Iaires, les syndicats economiques et les syndicats agricoles; le
reste par les commercants de grains. Les silos de l'Etat et le
bureau britannique pour le commerce des céreales seront cedes
a la société.
Ce projet n'a pas encore éte vote. Cependant le gouver-f
nement a nommé une commission qui doit elaborer avec l'in-
stitut économique roumain un projet de loi pour Porganisation
du commerce des bles.
Le ministere du Commerce et de l'Industrie a adopte
Pidee que les petits et les grands producteurs, les commer-
çants en bles, les banques d'exportation participent a cette société
sous le controle de l'Etat.
La classification des céréales est la meilleure dans
le systeme des silos des Etats-Unis. Ces silos se trouvent dans
les gares, dans les ports et dans les grands centres de consom-
mation. A leur livraison, les bles sont examines et classes d'apres
leur categoric et leur qualité. Le possesseur regoit Un certi-
ficat sur l'examen et la qualite. II peut le vendre sans avoir a
se soucier du transport de la marchandise. L'acheteur peut
recevoir en le presentant une quantité equivalente de la marchan-
dise en question dans un lieu quelconque du pays.
' Plutus du 4 février 1924.

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528 Le commerce extérieur
Ce systeme de silos et de classification occupe depuis long-
temps le ministere des Travaux publics et la Direction des
travaux roumains. Cependant, on ne peut l'introduire en Rou-
manie. Les bles roumains ne peuvent pas etre classes dans le
sens américain. M. Brancovici a étudié leurs qualites commerciales
en detail et a reconnu que leur classification est possible, mais
qu'elle ne peut avoir l'exactitude et la silrete de la classification
américaine.Ces qualités sont determinées par le poids et la
forme du grain qu'on ne peut pas exprimer par des chiffres.
Le commerce pratique se sert:
10 D'échantillons;
20 De types;
30 Du systeme faq. (fair average quality); on entend par
la la bonne qualite moyenne de l'année en question a Pepoque
et a l'endroit du chargement.
Les tables employees dans le commerce des bles avec
Pétranger sont:
la categoric Froment de 79 a 80 kilos Fhectolitre avee 1 a 20/° de corps &rangers;
2e 11 pp 78 a 79 1/ 7, 2 a 401,, 11

3e 76 a 78 PI 11 4 a 7% 19 1, 11

4e PI 74 a 76 19 pp 7 a 10%
5e 91 au-dessous de 74 71 10 tt 12%
On ne peut plus classer les froments au-dessous de 74 kilo-
grammes l'hectolitre avec plus de 120/0 de corps etrangers parce
qu'ils ne peuvent pas former de types caracteristiques et ne
représentent pas de quantites suffisantes pour l'exportation. La
Roumanie produit en regle generale les bonnes qualites de bles;
les qualites inferieures sont consommées sur les heux ou melan-
gees avec les ceréales faq.
On mentionne parfois dans les bulletins des bourses du
Danube des froments avec des pour-cent plus élevés de corpsi
étrangers et des poids tres legers. Mais ces blés sont melanges
avec du seigle et proviennent de Bulgarie.
Les qualités inférieures vont en Orient; les bonnes qua-
lites en Italie, en Suisse, en France; les moyennes a Anvers.
Le commerce extérieur des bles ne se fait pas toujours
d'apres des echantillons garantis, mais seulement d'apres des
typ e s. Ceux-ci ont une grande importance dans le commerce
international des bles et lorsque les marches sont faits par la
voie rtélegraphique.
Faq est la valeur moyenne des récoltes de l'annee en que-
stion constatée a l'endroit et au temps du chargement; mais ce
n'est pas une valeur moyenne de toutes les categories de céréales,
c'est plutôt une honnete valeur moyenne.
On la fixe par la standardisatio n. Les standards sont
des echantillons authentiques preleves par une organisation auto-

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Les exportations 529

risee ou par l'autorité pour servir au contrôle ou a l'arbitrage


en les comparant avec les blés faq.
En Roumanie, la standardisation est fres importante pour les
céréales et les fourrages, pour le commerce extérieur et intérieur.
La question des standards et des types est en rapport étroit
avec la connaissance des qualités des blés.
II existe a Bucarest une commission centrale nommee par
le ministere et composée de commerçants et d'experts en céréales;
elle fixe chaque armee les standards. Leur introduction est un
progres important pour le developpement du commerce des blés,
quoique les commercants ne les admettent pas encore. C'est
ainsi que le congres des commercants en bles et des exporta-
teurs de ceréales roumains, qui s'est term- en avril 1925 A Buca-
rest, s'est prononcé contre la classification d'apres le modele
américain. «Le congres trouve, dit la resolution voteel, que
dans la situation economique actuelle du pays, l'introduction du
systeme américain de classification des blés n'est pas utile.
Ce systeme est loin de répondre aux conditions d'a present de
la production des céréales. En outre, cette classification exigerait
des investissements si importants qu'il faudrait imposer lourde-
ment la production pour les rendre lucratifs.
Evidemment, ii n'est pas dit que le congres est Padversaire
de la standardisation des blés; ce qu'il repousse, c'est seu-
lement le modele américain.
En etudiant le commerce des bles apres la guerre, on con-
state que le commerce intérieur a augmenté aux depens
du commerce exterieu r. L'adjonction de la Transylvanie
et de la Bukovine représente l'admission de territoires qui sont
forces d'importer des céreales, car ils n'en produisent pas suffi-
Samment, étant donne qu'ils se vouent plutôt A Pelevage. Ils
absorbent ainsi une quantité considerable des blés de Pancienne
Roumanie; cette part est naturellement enlevee A l'exportation.
Elle sert A expliquer la regression constatée dans le commerce
exterieur.

Le pétrole forme la deuxieme catégorie d'exportation impor-


tante. Nous constatons aussi dans ce domaine une augmentation
croissante. Malgré toutes les difficultés de transport et l'ac-
croissement de la consommation intérieure, les exportations se
sont elevees A 44 014 tonnes d'une valeur globale de plus de
63 millions de lei en 1919. En 1922, elles atteignent 435 526
tonnes de la valeur de plus de 2 milliards 600 millions de lei.
Ces chiffres, il est vrai, sont encore loin de ceux de 1913 oil
les exportations se chiffrerent par 1 056 197 tonnes valant
131 480 837 lei-or.
1 Argus du 30 avril 1925.
34

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530 Le commerce exterieur

La cause principale de la diminution des importations de


cette categoric de marchandises est le relevement de la consomma-
tion intérieure par suite de l'adjonction des nouvelles provinces.
Exportations de derives du pétrole en tonnes.
1919 1920 1921 1922
Pétrole et residus 11 259 25 801 15 043 16 469
Parole raffiné 25 615 149 632 181 531 267 444
Benzine . . . . 3 286 55 500 151 213 132 665
Hui les mindrales liquides et so-
lides . . . . . . . . . 240 14 663 13 828 17 504

Exportations en milliers de lei.


1919 1920 1921 1922
Petro le et résidus 43 862 38 359 49 407
Parole raffiné
Benzine . . . . ...
Hui les minérales liquides et so-
40 984
8 182
299 264
238 648 1
608 127
088 736
1
1
069 778
353 186

lides . . . . . . . . . 1 046 73 316 98 177 125 152


Comme pour le commerce des bles, le conseil des ministres
a fixé des types pour le commerce du pétrole et de ses derives
dans le Journal officiel du 29 janvier 19241.
Le ministere du Commerce et de l'Industrie a fixe, avec
l'assentiment de la commission de l'institut geologique a Buca-
rest, 19 types divers, caracterisés par leurs qualités et la me-
thode de l'analyse. On a tenu compte pour les établir des exi-
gences de la consommation intérieure, mais aussi des types et
denominations usitées dans le commerce international.
En établissant ces types, on a voulu uniformiser la termi-
nologie, supprimer les falsifications resultant de la confusion des
noms différents et reglementer les qualites employees par l'in-
dustrie et l'hygiene.
Jusqu'ici, l'état de choses ne repondait ni aux exigences de
l'industrie ni a celles de l'hygiene sous plus d'un rapport. L'em-
ploi de mauvais produits portait prejudice aux installations, était
tin danger pour leur securité, la vie des ouvriers, en general
pour la vie et la sante des consommateurs. Ces faits etaient
dus au manque d'installations techniques pendant la période de
reconstruction apres la guerre. Aujourd'hui les raffineries sont
en état de fournir des produits de valeur et l'on a pu fixer des
types uniformes.
Les produits de petrole vendus par les raffineries et les
commergants ne peuvent avoir que les types, qualites et noms
indiqués dans le tableau a la page 532.
D'autres qualités que celles qui sont mentionnees ne sont
mises dans le commerce interieur que sur demande et seulement
dans les quantites commandées par le consommateur.
I Monitorul oficial du 20 mars 1924, page 3168.

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Les exportations 531

Des types intermediaires ou supérieurs d'huiles peuvent etre


mis dans le commerce; ils doivent cependant remplir les con-
ditions generates des raffineries, du savon, de l'acide et des
cendres.
La benzine lourde ne peut etre mise dans le commerce
que si elle est denaturée. La vente de benzine lourde non
dénaturee ne peut avoir lieu qu'avec une autorisation du ministere
du Commerce et de l'Industrie. Les raffineries doivent declarer
les quantites qu'elles mettent dans le commerce.
Les produits etrangers avec d'autres denominations que
celles contenues dans la table ne peuvent etre mis dans la con-
sommation que s'ils répondent aux types constatés.
Les infractions a ces dispositions entraineront la saisie des
produits en question. En cas de récidive, le consommateur qui
a eu du prejudice est dedommage, la raffinerie ou le depOt est
ferme, ou le droit de vendre des produits de pétrole lui est
retire.

La troisieme categoric de produits de grande exportation est


le b o i s. D'apres les premieres estimations, la Nouvelle-Rou-
manie peut exporter:
57 500 wagons de bois de construction de sapin,
30 000 11 1) hetre,
141 000 11 )1 chauffage,
Total 228 500 wagons de bois de la valeur de 487 millions de lei-or.
Au point de vue économique, il est faux de vouloir exporter
du bois brut comme on l'a fait en 1913 oh l'on a exporté des
troncs de la valeur de 4 millions de lei, mais qui en auraient
valu 16 millions si on les avait travaillés dans le pays. La Rou-
manie a subi ainsi une porte de 12 millions de lei. Ce qu'il
faut, c'est transformer le bois en produits manufactures. La
Roumanie possede pour cela les moyens de production néces-
saires. Les industries qui emploient le bois comme matieres pre-
mieres peuvent se rendre indépendantes de l'étranger, si l'on con-
tinue a développer l'industrie du bois. Seuls, les bois exotiques
employes dans la fabrication des meubles de luxe seront importes
en Roumanie a l'avenir.
Apres la guerre, les exportations de bois roumains ont éte
en augmentation. L'annee 1922 accuse un accroissernent consi-
derable; les exportations ont éte de 1 968 575 tonnes d'une valeur
de 2 milliards et demi de lei. En 1913, elles n'avaient été que
de 283 359 tonnes. Cette categoric de produits de grande expor-
tation jouera vraisemblablement un role important, a l'avenir,
dans les exportations roumaines.
34*

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532 533
Types commerciaux du pétrole
Qualitds des produits
Ddnomina-
Produits Point Point Rs- Teneur Essai Essai Valeur tion d'usage
Coe& lest Distillation Viscositd
Densitd Couleur d'in- de con- phalte
Cendre
d'acide de raf- au
d'extenslon calori- particuliere
+ 15° C Dam- fractionnde d'apres Engler oio
g linage savon-
par +1°C
mation gdlation g 0/0
nage que
0/0

Benzina de aviatie 0,680-0,700 0,00090 jusqu'a 100° C min. 85% do vol.


Benzine pour moteur d'avion Josqu'a 120° C complOte

Benzina de extractie 0,720-0,730 0,00090 de 80-100° C min. 95°/0 do vol.


_
Benzine d'extraction Jusqu'a 120°C complete
Msqu'a 100° C min. 35% du vol.
Benzina de automobile 0,735-0,740 0,00085 - - jusou'a 150" C min. 95°A du vol.
commencement de la dIsllItallon
max. + 70' C
Benz lna (le motoare 0,775-0,780 0,00085 - Juson'a 1500 C mln. 700/0 du vol.
Jusou'a 180° C min. 950/0 du vol,
est
denaturle
Superfine
Patrole -Washington min. a
0,800 0,00080 White complete lusqu'a 280° C
(Su W)
+ 23° C

Pato le lampant 0,815-0,825 0,00075


Minimum
180 mm
Stammer
Mill,
+ 25° C
Jusillea 280° C mln. 94°A, du vol.
- - - est ratline - -
Petrol C. F. R. distilat
P. distilld des chemins de ler 0,815-0,825 0,00075 - min. I
+ 23° C
insral 200°C min. 940/0 du vol. -
Motorina
Parole a gaz 0,860-0,890 0,00070 - mln.
+ 60° C
iussu'l 350° C 90°/,, do vol. _ aside mi-
stral non
permis
minimum
10 000
calories

Pacura min. a max. 25° E minimum


Rdsidu de parole + 80° C a + 50° C 9 500
calories

Combustibil lichid special min. a minimum


Combustible spacial llquide + 00° C 9 500
calories
dolt sails-
Ulei tip amestecat
0,910-0,930 0,00065
130- 3-60 E laire aux
Type d'huile malangae 160° C a + 20° C -100c lnax.0,1 ax. 0,05 max. 0,03 max. 3,5 onntes de
a mOthode

Ulei tip agricol


Type d'huile agricole 0,910-0,930 0,00065 - 160-
175° C
9-100 E
a + 20° C 80C 0,1 0,05 0,03 4
nalytigue

Ulei tip de masini 0,920-0,935 0,00065


170- 3-4° E an-dessoos
Type d'huile de machine 180° C h + 50° C de 3° C , 0,2 0,05 0,03 , 4 ?I Huile «Prima»
Ulel, tip C. F. R. 180- 4-5° E
Type d'huile des chemins de ler 0,920-0,935 0,00065 190° C a + 50° C - 3°C 0,2 0,05 0,03 9
Huile «ExtraD ou
ft «C.F.R.»
Ulei tip industrial 0,920-0,935 0,00065 185- 5-7° E a
Type d'huile industrielle 205° C a + 50° C 3° c Huile «Regal 0» ou
., 0,2 0,05 0,03 ,y 9 supdr ieure «Vega»
Ulei tip Diesel 0,930-0,945 0,00060
200- 7-80 E a
Type d'huile Diesel 210° C a + 500 C + 3. c ., 0,3 , 0,05 0,03 9 ,
Huile «Regal 00»
ou «Ideal»
Ulei tip automobil 0,930- 0,945 0,00060
210- 9-10° E a
Type d'huile d'auto 2200 C a + 50° C +30c Huile «Regal 000»
u 0,3 0,05 0,03 , 10 ou «Special»
Ulei de cilindru usor au-dessus 0,00060
235- 2,5-3° E lipulde
Hui le lagere de cylindre de 0,940 250° C a + 1000 C + 10°c 0,5 0,05
Hone Mpere de cylIndro
" " 0 on Oiegolina 000
Ulel de cilindru greu au-dessus 0,00060
260- 3-4,5° E liquide a
Hui le lourde de cylindre de 0,940 275° C a + 100° C +000c 0,5 0,05
Hulle Mule de cylin-
1
dre 00 ou Vegoll on 000,

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534 Le commerce extérieur
Les articles suivants sont les plus demandes
Exportations de bois en tonnes.
1919 1920 1921 1922
Bois de chauffage 14 545 23 120 381 404 1 174 573
Planches de sapin . . . . . 5 338 60 220 144 071 637 733
Autres bois de construction de
sapin 146 4 359 10 229 79 462

Exportations de bois en milliers de lei.


1919 1920 1921 1922
Bois de chauffage 1 164 3 468 110 607 481 575
Planches de sapin . . . . 3 203 103 579 295 346 1 785 651
Autres bois de construction de
sapin . . . . . . . 92 7 193 19 947 202 627
En 1922, les exportations de troncs de sapin s'eleverent
seulement a 72 673 metres cubes. C'est une preuve qu'ils sont
travaillés dans le pays ;ils forment le plus fort article manu-
facture a l'exportation.

Le bétail occupe la quatrieme place dans les statistiques des


exportations roumaines. L'exportation des animaux vivants pres-
que insignifiante avant la guerre est en forte augmentation en
1921 et 1922. En 1913, elle Raft de 3538 tonnes ; en 1921, elle
atteint 51 638 tonnes, en 1922, 107 254 tonnes de la valeur de
2 milliards de lei environ.
Exportations d'animaux vivants.
1919 1920 1921 1922
Vaches 1 10 9 909 20 538
Bceufs . . 5 043 450 170 1 025 408
Porcs en tonnes 53 11 024 26 448

Exportations en milliers lei.


1919 1920 1921 1922
Vaches 1 19 59 454 133 497
Bceufs 1 575 64 310 128 176
Pores 532 220 488 687 660
Presque toutes les exportations de cette categorie sont
réduites a ces trois sortes d'animaux. La volaille vivante n'a pas
été exportee durant ces annees.

Parmi les autres categories, la catégorie 10 des legume s,


fleurs, graines et parties de plantes a une certaine impor-
tance.
En 1913, les exportations atteignirent 164 927 tonnes de
la valeur de 34 millions de lei-or. Elles occupent le troisierne
rang apres les céreales et le petrole.

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Les exportations 535

Pendant les annees de 1919 a 1922, elles ont baissé malgre


leur augmentation par rapport a 1913. La cause est l'exportation
reduite du colza qui dépassait 52 000 tonnes en 1913 et était
seulement de 4003 tonnes en 1922; puis l'absence complete
de graines de chanvre et de lin a l'exportation.
Exportations de legumes, etc., en tonnes.
1919 1920 1921 1922
Haricots 108 46 603 73 202 78 508
Pois 1 521 3 006 2 805
Lentilles 120 1 349 2 109
Graines de trefle 1 445 237 1 438
Colza 6 185 13 299 6 275 4 003
Melons . . 32 1 098 2 543 1 800

Exportations en milliers de lei.


1919 1920 1921 1922
Haricots 618 130 488 292 807 478 898
Pois 1 369 7 816 14 445
Lentilles 365 4 586 12 445
Graines dt trefle 18 786 3 799 44 566
Colza . . . 9 897 34 576 27 295 21 615
Melons . . . . 46 3 293 17 295 16 114
En 1922, les exportations de haricots ont atteint 78 508
tonnes valant 500 millions de lei environ.

Les autres produits d'exportation ont atteint des quantites


faibles: les metaux, fruits et denrées coloniales, les produits
chimiques et les medicaments, les produits animaux servant a Pali-
snentation humaine, etc.
La catégorie des metaux accuse, en 1922, 87 166 tonnes
valant plus de 145 millions de lei. Presque toutes les exportations
sont limitées au char bon qui figure, dans le tarif douanier,
dans ce groupe. En 1922, elles se sont chiffrées par 71 815
tonnes d'une valeur supérieure a 93 millions de lei.
Les pyrites et les autres minerais exportés en 1922 se
montent a 11 109 tonnes valant plus de 3 millions de lei.
En 1921, de grandes quantites de f ruits et de denrees
coloniales ont ete exportees: 18 305 tonnes valant plus de
100 millions; en 1922, 16 973 tonnes valant plus de 144 millions.
Les articles suivants de cette catégorie ont ete les plus
recherchés:
En tonnes.
1919 1920 1921 1922
Pommes 856 4 883 1 236
Pruneaux 591 2 975 1 607 8 891
Noix 30 1 728 11 416 6 296

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536 Le commerce extérieur
En milliers de lei.
1919 1920 1921 1922
Pommes 1 028 7 813 3 399
Pruneaux . . 1 116 10 799 9 640 48 014
Noix 40 7 774 79 912 88 150

Tous ces porduits accusent de grandes augnientations a


l'exportation en regard de 1913. L'exportation des pruneaux
s'est fortement accrue. Elle était de 4 tonnes en 1913 et de
8891 tonnes en 1922. L'importation qui était de 46 tonnes en
1913 s'est abaissée a 76 kilogrammes en 1922.
L'exportation des noix a egalement subi un accroiss'ement.
Elle était de 3736 tonnes en 1913; elk a presque double en 1922.
Grace a l'industrie transylvanienne, les exportations des
produits chimiques et medicaments ont passe de 93
tonnes en 1919 a 19 430, en 1922, représentant une valeur de
131 millions de lei environ. En 1922, elles atteignent 1213
tonnes.
Les marchandises suivantes de cette catégorie ont ete
exportees:
En tonnes.
1919 1920 1921 1922
Soude caustique . . . . . . 55 305 587 2 982
Chlorure de calcium et hyper-
chlorure de calcium . . . . 2 836
Carbonate de soude calcine . . 140 4 149
Carbure de calcium . . . . . 1 458 466 2 033
Alcool methylique . . .. . . 16 1 227 2 156
Phosphate artificiel (engrais chi-
mique) . . . . . . 2 355

En milliers de lei.
1919 1920 1921 1922
Soude caustique . . . . . . . 62 991 5 574 32 801
Chlorure de calcium et hyper-
chlorure de calcium . . . . 14 182
Carbonate de soude calcine . . 294 15 142
Carbure de calcium . . . . . 4 082 2 911 14 025
Alcool méthylique . . . . . . 130 10 430 18 325
Phosphate artificiel (engrais chi-
mique) . . 14 131

Les produits anim aux servant a l'alimentation ont aug-


menté de 1919 a 1921, puis diminué en 1922.

L'importation s'éleva a 6764 tonnes d'une valeur de 247


millions de lei a peu pres en 1921. Elle s'abaisse a 2253 tonnes
de la valeur de 95 millions en 1922.

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Les exportations 537

Les principaux produits de cette categoric qui ont eté expor-


tes sont les suivants:
En tonnes.
1919 1920 1921 1922
Bceuf cru 50 406
Porc cru 21 154
Volaille saignée 19 121 143
Lard et graisse de porc 6 5 835 187
Saindoux . . . . . . . 12 21 175 61
Fromage et cachcaval (fro-
mage de brebis) 43 439 338
Oeufs 122 2 012 4 779 412

En milliers de lei.
1919 1920 1921 1922
Bceuf cru 699 7 720
Porc cru . . 380 3 539
Volaille saignée . . . . . 387 3 641 5 416
Lard et graisse de porc . . 90 150 25 060 9 333
Saindoux 206 549 6 658 3 054
Fromage et cachcaval (fromage
de brebis 850 21 931 18 239
Oeufs 895 16 097 172 029 14 814

L'exportation de beaucoup de ces produits aurait été beau-


coup plus grande si elle n'avait pas éte interdite.

Parmi les autres categories dont l'exportation est peu impor-


tante, citons les produits suivants:
En tonnes.
1919 1920 1921 1922
Peaux de mouton, d'agneau, de
chevreau, seches et préparees 481 179 393
Soies de porc 47 61
Boyaux 29 107 247 688
Colle, résine 275
Plumes, excepté les plumes pour
la parure . . . 180 800 827
Spiritueux de céréales, betteraves,
etc., en tonneaux 24 134 955 552
Vim en tonneaux de toute sorte,
excepté en cruches et en
bouteilles 557 1 538 532 5 662
Cellulose humide ou seche . . 145 1 761
Residus de la fabrication de
l'huile, moulus ou non, en pains 1 856 8 779 19 264 33 799
Sel des mines de sel gemme . 22 370 22 574 7 896 24 250
Chaux (var gras) 412 641 2 784 20 851
Plâtre 2 187 1 305 10 166

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538 Le commerce extérieur
En milliers de lei.
1919 1920 1921 1922
Peaux de moutons, d'agneau, de
chevreau seches et preparées 5 768 4 125 15 714
Soies de porc . . . . , 11-. 4 263 6 971
Broyaux 128 746 4 446 13 080
Colle, résine 9 337
Plumes, excepté les plumes pour
la parure 3 243 17 597 39 675
Spiritueux de céréales, betteraves,
etc., en tonneaux . . . . . 371 1 344 12 421 9 388
Vins en tonneaux de toute sorte,
excepté en cruches et en
bouteilles . . . . . . . 1 949 8 073 2 928 31 989
Cellulose humide ou seche . . 714 9 863
Résidus fabrication de
de la
l'huile, moulus ou non, en pains 575 6 145 20 228 79 428
Sel des mines de sel gemme . . 6 040 9 481 7 344 22 553
Chaux (var gras) . . . . . 87 256 1 392 17 724
Platre 2 734 783 8 641

Apres avoir etudie les principales categories de marchan-


dises d'exportation, nous allons voir dans quels pays la Rou-
manie exporte ses produits. D'apres leur importance, en 1922,
voici la liste de ces pays:
Exportations en tonnes.
1919 1920 1921 1922
Hongrie 26 149 39 766 434 745 1 504 320
Belgique 122 388 155 101 305 237
France 11 645 57 148 219 589 261 749
Italie 6 421 289 807 279 549 233 803
Tchécoslovaquie 14 075 63 525 86 579 110 435
Autriche 2 464 86 283 63 290 158 306
Allemagne 0 12 139 62 772 145 237
Turquie 13 166 66 528 163 002 147 490
Egypte . . 106 848 60 964 193 936
Grece . 2 363 104 313 108 118 127 485
Pologne 294 42 579 163 340 86 986
Yougoslavie 13 125 26 928 61 068 281 119
Bulgarie . 10 203 9 764 37 505 117 374
Gibraltar 144 382 168 923 80 648
Angleterre 116 88 706 287 374 79 298
Russie
Hollande
Suisse .
.. . 1
900

514
277
100 680
6 696
96 006
3 851
1 59
24
9
035
258
362
Etats-Unis 432 818 2 582
Espagne
Ukraine
Suede
.. 909
24 478
143
2 907
873
3
2
980
363

Norvege 1 30 1

Les autres pays 5 796 73 307 256 733 134 959


Total 109 140 1 467 118 2 713 138 4 069 963

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Les exportations 539

Exportations en milliers de lei.


1919 1920 1921 1922
Hongrie 11 658 50 910 506 636 2 400 363
Belgique . . 289 038 501 974 1 441 808
France 10 694 138 063 728 921 1 354 596
Italie 9 458 684 016 944 151 1 127 194
Tchécoslovaquie 22 236 141 691 406 488 1 123 481
Autriche 5 625 245 357 392 454 994 633
Allemagne 1 40 529 353 420 822 159
Turquie 12 971 153 885 648 794 746 497
Egypte 225 765 167 240 669 171
Grece 1 848 242 537 301 119 483 307
Pologne 2 517 105 376 627 865 453 615
Yougoslavie 4 332 48 164 90 918 405 649
Bulgarie 13 878 21 847 107 419 356 176
Gibraltar . 334 495 499 959 354 624
Angleterre 36 222 432 994 015 332 432
Russie . 1 441 1 870 5 244 879
Hollande 250 459 261 221 108 370
Suisse 552 22 798 44 678 43 818
Etats-Unis 1 095 7 046 23 847
Espagne . . . 58 266 8 569 15 349
Ukraine . . . 2 064 943 2 034 13 827
Suede 11
Norvege 2 31 3
Les autres pays 5 074 168 309 668 052 523 487
Total 104 385 3 447 847 8 263 009 14 039 296

En 1922, la Hongrie figure en tete des pays d'exportations


roumaines qui se chiffrent par 1 504 320 tonnes, valant plus
de 2400 millions de lei. Elles ont considerablement augmente
par rapport a 1921 oil elles n'ont éte que de 434 745 tonnes'
valant plus de 506 millions dee lei.
Les marchandises les plus recherchées appartiennent au
groupe des bois. Leur exportation s'est constamment accrue
de 1919 a 1922 oil elle s'élevait a 1 314 275 tonnes d'une valeur
supérieure a 1200 millions de lai.
Le bois de chauffage et les planches de sapin sont 1e6
plus demandés.
De plus, les animaux vivants (categorie 1) ont un
bon débouché en Hongrie. En 1921, on en a exporte 15 961
tonnes valant plus de 218 millions; en 1922, les exportationrs
ont atteint 20 055 tonnes de la valeur de 484 millions de lei.
Les exportations de cereales se sont chiffrées par
55 268 tonnes d'une valeur supérieure a 270 millions en 1922,
parmi lesquelles figurent 18 862 tonnes de mais et 19 574 tonnes
d'avoine.
L'exportation du pétrole a également augmente et s'est
élevée a 30 756 tonnes valant plus de 176 millions de lei.
Le pétrole raffine figure par 17 259 tonnes, la benzine par
8041 tonnes; ce sont les articles les plus recherches.

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540 Le commerce extérieur
La Belgique occupe le deuxieme rang des pays ache-
teurs de produits roumains. En 1913, elle avait la premiere
place. Cette modification a été causée par la reduction des
exportations de bles; presque la totalité des exportations rou-
maines en Belgique se réduit A cette categoric. En 1922, la
Roumanie a exporté en Belgique 284 046 tonnes de céréales d'une
valeur superieure A 1200 millions de lei et 12 519 tonnes de le-
gumes d'une valeur dépassant 86 millions.

La France se range la troisieme dans les exportations rou-


maines. Durant les quatre dernieres annees, elles ont ete en
augmentation constante et se chiffrent par 261 749 tonnes valant
plus de 1350 millions de lei. Elles n'ont pas encore atteint le
chiffre de 1913 s'élevant A 360 255 tonnes de la valeur de
63 525 879 lei-or.
Les articles exportés sont les céreales, le pétrole
et les legumes.
L'exportation des ce reales a passe de 42 777 tonnes en
1922 A 146 789 tonnes en 1921 et a 161 705 tonnes valant plus
de 693 millions en 1922.
Presque tout le froment roumain exporté dans les anniées
1921 et 1922 est allé en France. En 1921, sur une exportation
totale de 73 276 tonnes, 72 520 ont eté expédiees en France;
en 1922, 24 971 tonnes sur 25 186 tonnes.
De plus, la France a recu de la Roumanie: 23 418 tonnes de
mais en 1920, 48 795 tonnes en 1921 et 20 076 en 1922;
15 590 tonnes d'o r g e en 1920, 16 609 tonnes en 1921 et
68 620 tonnes en 1922; 512 tonnes d'a voine en 1920, 8419
tonnes en 1921 et 46 116 tonnes en 1922.
Dans la categoric du pétrole, les demandes de la France
sont importantes. En 1913, l'exportation en France a ete
de 157 913 tonnes d'une valeur de 29 075 665 lei-or. De 1920
a 1922, elle a beaucoup diminue. Elle s'est élevee A 5277
tonnes en 1919, A 725 tonnes en 1920; en 1921, elle passe
A 57 155 tonnes pour s'abaisser A 39 393 valant plus de 360
millions de lei en 1922.
Le principal produit de pétrole exporte en France a eté
le pétrole raffiné: 30408 tonnes en 1921 et 5729 tonnes
en 1922. Cette grande difference provient de la consommation
intérieure de la Roumanie qui s'est accrue considerablemept
en 1922 alors que la production ne suivit pas la meme pro-
gression. La France est devenue le premier pays importateur
de benzine roumaine: 25 894 tonnes en 1921 et 32 802
tonnes en 1922.
Parmi les legumes, les quantités suivantes ont ete expor-
tees en France: 2562 tonnes valant plus de 3 millions 600 000

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Les exportations 541

lei en 1919; 12 750 tonnes valant plus de 35 millions de lei


en 1920; 13 646 tonnes ayant une valeur clepassant 55 millions
en 1921; 32 000 tonnes valant 195 millions de lei en 1922.
Les haricots forment l'article principal de ces exportations:
57 tonnes en 1919; 3927 tonnes en 1920; 10 198 tonnes en
(1921; et 31 348 tonnes en 1922.
L'Italie vient en quatrieme lieu dans les exportations rou,-
maines qui sont de:
6 421 tonnes d'une valeur de 9 millions 458 000 lei en 1919
289 807 11 11 11 684 11 de 1920
279 549 PP 17 II apassant 944 II 77 1921
233 803 11 11 91 1 127 ,I pp ff ,, 1922
En 1913, les exportations en Italie atteignirent 483 704
tonnes valant 71 307 688 lei-or. Dans les annees de 1920 a
1922, elles sont la moitié de celles d'avant-guerre quant aux
quantites.
L'Italie importe principalement des cereales, du p é -
trole, des le gum es et du bois de la Roumanie.
Les exportations de cereales sont en diminution: 229 209
tonnes de la valeur de 514 millions de lei environ en 1920;
173 172 tonnes valant plus de 451 millions en 1921; 102 594
tonnes valant plus de 423 millions en 1922. Les articles princi-
paux de ces exportations sont: le maIs avec 160 974 tonnes
en 1920, 143 025 tonnes en 1921; 65 881 tonnes en 1922;
l'a voine avec 9582 tonnes en 1920, 15 498 tonnes en 1921,
28 231 tonnes en 1922.
Les quantités de petrole exportees en Italie sont de:
45 468 tonnes d'une valeur dépassant 128 millions de lei en 1920
88 516 II 77 415 1921
84 541 /7 IP 521 PP PP IP 1922
Les produits les plus demandés de cette catégorie sont:
Le pétrole brut: 15504 tonnes en 1921;
Le pétrole raffiné: 26846 tonnes en 1920; 34338
tonnes en 1921; 51 691 tonnes en 1922;
La benzine : 16 543 tonnes en 1920; 37 837 tonnes en
1921; 28 539 tonnes en 1922;
Les legumes ont été exportés en petites quantités, no-
tamment:
5 885 tonnes d'une valeur dépassant 9 millions de lei en 1919
14 738 11 >I PI 41 19 11 PI , 1920
11 472 19 77 46 IP // PP
1921
13 114 11 79 11 1922
Les haricots forment de grandes quantites :
13 236 tonnes en 1920
9 771 1921
10 421 1922.

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542 Le commerce extérieur
Le colza figure par 5885 tonnes en 1919; 1152 tonnes en
1920; 1226 tonnes en 1921; 2402 tonnes en 1922.
Les exportations de bois sont en augmentation: 8 tonn4;
en 1919; 315 tonnes en 1920; 4076 tonnes en 1921; 32 480 tonnes
valant environ 91 millions de lei en 1922.
Les planches de sapin ont été les plus dernandées: 2 tonnes
en 1919; 303 tonnes en 1920; 3957 tonnes en 1921; 32 013
tonnes en 1922.
La Tchécoslovaquie occupe la cinquieme place dans les
exportations de la Roumanie; celles-ci ont considérabliement
zugmente :
14 075 tonnes d'une valeur dépassant 22 millions de lei en 1919
63 525 PP PP
142 IV 11 11 1920
86 579 PP PP
406 1921
110 435 P/ 1123 PI 11 11 1922
En 1922, les exportations de la Roumanie en Tchecoslovaquie
sont a peu pres égales a ses importations qui se chiffrent par
1156 millions de lei.
D'apres leur importance, les produits exportés sont: 1es
animaux vivants, les cer6 ales, les legumes et le
petrole.
L'exportation des animaux vivants a atteint 45 481 tonnes
d'une valeur dépassant 848 millions de lei en 1922; ce chiffrd
represente a peu pres la moitié des importations de betail
roumain qui se montent a 1870 millions de lei. La Tchécoslova-
quie est un bon débouché pour cette catégorie de marchandises.
Parmi ces animaux, on a exporte 6856 va ch es en 1922; 3917
b ce u f s en 1921 et 47 940 en 1922; 2427 tonnes de porc en
1921 et 15 978 tonnes en 1922.
Les exportations de cér éales sont faibles: 6279 tonnes
en 1920; 49 214 tonnes d'une valeur supérieure a 169 millions
de lei en 1921; 26 431 tonnes d'une valeur dépassant 118
millions en 1922.
Le m aI s a eté exporté en grandes quantites; 5869 tonnes
en 1920; 26 985 tonnes en 1921; 13 348 tonnes en 1922.
L'a voine est representee par 4717 tonnes en 1921; 6618 tonnes
en 1922; la farine de froment par 12813 tonnes en 1921;
1476 tonnes en 1922.
Parmi les legumes, on a exporté en 1922 principaldment
des haricots, des lentilles; du trefle, des graines, valant plus
de 43 millions de lei.
L'exportation du petrole est en regression:
12 546 tonnes d'une valeur de 20 millions de lei environ en 1919
29 831 83 1920
d4assant
PP 11 11 11 11

10 390 11 62 11 11 11 1921
4 060 31 11 37 pp 11 11 1922

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Les exportations 543

Parmi les derives du pétrole, on a exporté surtout le pé-


tr ol e r af f in é : 10 803 tonnes en 1919; 20 538 tonnes en 1920;
3184 tonnes en 1921; 664 tonnes en 1922; la benzin e:
543 tonnes en 1919; 3861 tonnes en 1920; 6006 tonnes en 1921;
3329 tonnes en 1922.
L'exportation du bois a atteint la valeur de 17 millions
de lei.
L'Autriche vient en sixieme ligne dans les exportations de
la Roumanie. Comme en Tchecoslovaquie, elles sont en aug-
mentation:
2 464 tonnes en 1919
86 283 d'une valeur dépassant 245 millions de lei en 1920
63 290 12 22 PP
392 22
1921
158 306 P) 32 PP 994 22 , ,, , 1922
Les articles exportes en Autriche sont: les c é r é a 1 e s ,
le bétail et le petrole.
Les exportations de céréales ont augmente d'année en
=nee:
656 tonnes d'une valeur supérieure A 1 million de lei en 1919
21 659 22 92 22 21 PP
48 11 ,, 11 j, 1920
26 632 ,, de 83 Pl environ en 1921
104 727 22 33 PP
a 483 ,, 22 11 1922
Les céréales les plus demandées sont:
Le seigle: 4712 tonnes en 1920; 4164 tonnes en 1921;
7797 tonnes en 1922;
Le mais: 650 tonnes en 1919; 4164 tonnes en 1920; 4514
tonnes en 1921; 42 585 tonnes en 1922;
L'o r g e : 1225 tonnes en 1920; 6982 tonnes en 1921;
17 990 tonnes en 1922;
L' avoine : 20 tonnes en 1920; 8104 tonnes en 1921;
28 123 tonnes en 1922.
L'importation du betail n'a egalement cessé d'augmenter.
Elle atteint le maximum en 1922 avec 13 007 tonnes d'une
valeur qui dépasse 236 millions de lei. Les bceufs et les porcs do-
minent: 984 bceufs en 1920; 7223 en 1921; 14 757 en 1922;
et 53 tonnes de pore en 1920; 3977 tonnes en 1921; 4083
tonnes en 1922.
L'exportation du petrole est de 58 035 tonnes d'une valeur
d'environ 166 millions de lei en 1920; 14 434 tonnes de la valeur
de 91 millions en 1921 et 13 726 tonnes valant 103 millions
de lei en 1922.
Les résidus de pétrole comptent: 11 636 tonnes en
1920; 495 tonnes en 1921; 513 tonnes en 1922. Le petro
r a f fin é figure par 654 tonnes en 1919: 24 265 tonnes en
1920; 2494 tonnes en 1921; 4284 tonnes en 1922. La benzine

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544 Le commerce extérieur

est représentée par 1024 tonnes en 1919; 18 638 tonnes en


1920; 7117 tonnes en 1921 et 6708 tonnes en 1922.
Les autres categories de marchandises sont peu impor-
tantes.

L'Allemagne occupe le septieme rang dans les exportations


de la Roumanie. Elles ont été de:
12 139 tonnes d'une valeur dépassant 40 millions de lei en 1920
62 772 11 /1 71 353 , pp 1921
145 237 PP 77 P7
822 1922
Les exportations consistent surtout en c é r é a 1 e s et p é -
t ro 1 e; les autres categories de marchandises sont en tres
petites quantites.
L'exportation de cereales a été de:
2 176 tonnes valant plus de 4 millions de lei en 1920
17 880 71 environ 51 7/ 7/ /7 1921
90 615 /1 /I 404 /I II 1922
En 1922, les ceréales forment la moitié des marchandises
roumaines exportees en Allemagne.
Le p é tr o 1 e figure par:
6 546 tonnes valant 22 millions de lei en 1920
27 991 PI environ 191 ,, 1921
33 995 PP /7 PP
300 PP PP
1922
Parmi les produits de cette catégorie, le p é t r o 1 e r a f f i n é
compte 2491 tonnes en 1920; 2657 tonnes en 1921 et 6759 tonnes
en 1922. La benzine prédomine: 2137 tonnes en 1920; 21 887
tonnes en 1921; 25 596 tonnes en 1922.

La T u r q u i e vient en huitieme ligne dans les exportations


de la Roumanie. Elles sont de:
13 166 tonnes d'une valeur dépassant 13 millions de lei en 1919
66 528 IP P1 77 77 153 77 11 /1 1920
163 002 /1 P7
648 1/ II 1921
147 490 PP 71 17
746 // IP 11 1922
Les principaux articles d'exportation roumaine en Turquie
sont: le bétail, les céreales, le pétrole, et le bois; les
autres categories sont insignifiantes.
En 1922, la Roumanie a exporté en Turquie 12 812 tonnes
d'animaux vivants ayant une valeur supérieure a 186 millions
de lei, dont 4674 vaches en 1921, 3781 en 1922; 17 384 bceufs
en 1921 et 18 754 en 1922.
L'exportation des céreales est en diminution:
66 779 tonnes d'une valeur depassant 182 millions de lei en 1921
35 518 d'environ 175 ,, 1922

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Les exportations 545

Le mais compte: 7974 tonnes en 1920; 30 382 tonnes en


1921; 12 947 tonnes en 1922.
L' or ge figure par 16 695 tonnes en 1920; 23 071 tonnes
en 1921; 11 637 tonnes en 1922.
La f arine d e from e n t passe de 1488 tonnes en 1921
h 5683 tonnes en 1922.
De grandes quantites de petrole ont éte exportées dans
les annees 1921 et 1922, notamment:
36 250 tonnes valant plus de 149 millions de lei en 1921
37 106 environ 172 1992
Le petrole raffine figure par 25 482 tonnes en 1921 et
30 724 tonnes en 1922.
L'exportation du b ois en Turquie est en progression; elle
atteint 54 861 tonnes d'une valeur depassant 153 millions en
1922. Les articles de bois roumains ont toujours trouve un
bon debouché sur les marches d'Orient. Les planches de sapin
sont principalement demandees: 3484 tonnes en 1919; 20 831
tonnes en 1920; 29 473 tonnes en 1921 et 51 188 tonnes en 1922.

L'Egypte vient en neuvieme lieu dans les exportations


roumaines. Elles ont ete de 193 936 tonnes d'une valeur supe-
rieure h 669 millions de lei en 1922. Elles atteignent ainsi
quant h la quantité celles de 1913 qui s'eleverent h 196 194 tonnes.
L'exportation en Egypte se limite au bois et au pétrole.
L'exportation du b ois se chiffre par 123 991 tonnes valant
plus de 346 millions de lei en 1922. Les articles principaux
de cette catégorie sont les plan ch es de sapin: 16 385 tonnes
en 1920; 32 331 tonnes en 1921; 122 496 tonnes en 1922.
En 1922, le petrol e figure dans les exportations par
67 243 tonnes d'une valeur supérieure a 307 millions de lei.
Le p etr ole r a f f in é forme l'article principal: 56 929 tonnes
en 1920; 27 774 tonnes en 1921; et 61 080 tonnes en 1922.

La Grece occupe le dixième rang dans les exportations


roumaines qui se chiffrent par 127 485 tonnes valant plus de
483 millions en 1922. Elles sont en legere augmentation par rap-
port aux annees 1920 et 1921; par rapport h 1913, l'augmentation
est tres grand; car cette annee-là les exportations roumaines
en Grece n'ont atteint que 28 856 tonnes.
Elles se composent surtout de bois et de cér eale s.
Il est singulier que durant les annees de 1919 a 1922 il
n'y ait pas eu d'exportation de pétrole en Grece alors que
6957 tonnes y avaient été exportées en 1913.
35

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546 Le commerce extérieur
En 1922, la Roumanie a exporte pour plus d'un milliard et
demi de marchandises en Pologne; par contre, elle n'a importé
de ce pays que 86 986 tonnes valant 454 millions de lei environ.
Par rapport a 1921, les exportations sont en diminution de
80 000 tonnes environ par suite de la reduction de l'exportation
des cereales qui décroit de 145 959 tonnes en 1921 a 45 603
tonnes en 1922. Les marchandises exportées comprennent surtout
des céreales, du betail, des fruits, du bois, des
legumes.
Les exportations roumaines en Yougoslavie sont en fort
accroissement. De 13 125 tonnes d'une valeur depassant 4 mil-
lions de lei en 1919, elles passent a 26 928 tonnes valant .plus
de 48 millions de lei en 1920 et a 61 068 tonnes d'une valeur
de 91 millions environ en 1921. En 1922, elles s'accroissent
fortement et se chiffrent par 281 119 tonnes d'une valeur supé-
rieure a 405 millions de lei. En 1913, les exportations roumaines
en Serbie n'ont éte que de 29 684 tonnes. La Yougotslavie
demande a la Roumanie du pétrole et du bois.
En Bulgarie, l'exportation roumaine est aussi en aug-
mentation. En 1913, elle etait de 59 154 tonnes seulement; en
1922, elle est de 305 237 tonnes d'une valeur supérieure a 356
millions de lei.
Ce fort accroissement est chi a l'exportation du bois qui
de 9957 tonnes en 1913 monte a 78 750 tonnes en 1922. Le
petrole a subi egalement une petite augmentation, notamment
de 18 902 tonnes en 1913 a 21 778 tonnes en 1922.
A Gibraltar, la Roumanie exporte principalement des
ceréales. Sur les 80 648 tonnes exportees en 1922, d'une valeur
de 345 millions a peu pres, la part des céreales est de 77 003
tonnes valant plus de 332 millions de lei.
Les exportations roumaines en Angleterr e sont en forte
decroissance en 1922 par rapport a 1921: 79 298 tonnes valant
plus de 332 millions de lei en 1922 et 287 374 tonnes d'une
valeur superieure a 994 millions en 1921. La diminution est
également manifeste par rapport a 1913 dont l'exportation accusait
393 313 tonnes.
En Angleterre, la Roumanie exporte surtout du pétrole
et en petites quantites des ceréales et du b o i s.
Les exportations roumaines en Hollande sont en dimi-
nution aussi. De 100 680 tonnes d'une valeur depassant 120
millions de lei en 1920, les exportations s'abaissent a 96 006
tonnes valant plus de 261 millions en 1921. En 1922, elles ne

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Les importations 547

sont plus que de 24 258 tonnes de la valeur de 108 millions de


lei. En 1913, elles etaient de 311 542 tonnes valant 45 024 405

En 1922, les exportations de la Roumanie en Russi e


accusent 59 035 tonnes d'une valeur de 245 millions de lei A
peu pres. Le mais en forme la plus grande partie, notamment
43 803 tonnes.
Les exportations roumaines dans les autres pays ne corn-
prennent que de petites quantites de produits.

Les importations.
Nous venons de voir A l'aide des statistiques officielles de
M. Dimitrescu, directeur de l'Office des statistiques extérieures,
quelles sont les marchandises d'exportation de la Roumanie et
les pays qui les importent. Nous allons passer en revue mainte-
nant les articles qu'elle importe et les pays d'oti elle les tire
en nous servant de la meme source.
Le tableau des pages 547 et 548 nous donne les quantités des
produits importés et leur valeur.
Les métaux se classaient dejA au premier rang avec les
produits qu'on en retire et les autres produits miniers dans les
imp orta ti ons de la Roumanie d'avant-guerre. Leur impor-
tation s'est élevée A 25 988 tonnes en 1919; en 1920, elle
atteint 74 916 tonnes; 242 312 tonnes en 1921 et 251 646 tonnes
en 1922. Par suite de ce fort accroissement, cette catégorie det
produits se trouvent de nouveau A la tete des articles importes
en Roumanie.
Considerons les principaux articles de ce groupe de mar-
chandises:
La houille:
3 351 tonnes de la valeur de 838 000 lei en 1919
7 899 99 Pt >9 // 9, 5 924 000 1920
55 524 37 >1 1, 41 643 000 1921
25 942 7, 11 1, >7 24 645 000 1922

Le coke:
1 295 tonnes de la valeur de 440 000 lei en 1919
2 543 PP /9 99 7> 3, 2 289 000 1920
10 031 PP 99 11 7, " 9 028 000 1921
10 323 PP 99 IP , 14 789 000 1922

Les fers lamines en barre ronde ou angulaire:


966 tonnes de la valeur de 3 237 000 lei en 1919
4 005 ,, 99 /P 99 11 015 000 1920
25 644 ,1 ll 7, 108 986 000 1921
37 871 91 I/ 19 II 177 994 000 1922
35*

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548

Importations
Espèce de marchandises Quantités en tonnes
1919 1920

10 Animaux vivants 779 200


2° Denrées alimentaires animales . .
. . 18 585 7 732
3° Produits animaux non employes A l'alimen-
tation . . . . . . 490 655
40 Peaux et produits qui en proviennent . . 3 541 3 993
5° Fourrures 18 56
60 Laine, poils et produits qui en proviennent . 1807 3 114
7° Matieres animales et résidus 6 449 2 773
8° Soie et produits en soie 250 298
9° Urea les et derives 299 175 22 059
100 Legumes, fleurs, graines et parties de plantes 10 225 3 921
110 Hui les vegetales 2 882 636
12° Boissons 1 154 239

140 Sucre et sucreries


150 Bois et derives
....
13° Fruits et denrées colonialeE 20 968
24 619
8 470
18 137
24 409
26 558
16° Textiles vegétaux et derives 19 968 23 024
17° Confection 2 745 6 143
18° Papiers 7 105 12 218
190 Celluloide 11 27
20° Caoutchouc, gutta-percha et sues vegetaux . 2 071 3 214
210 Eaux minérales et sels 983 3 137
220 Terres, pierres et produits qui en proviennent 1 861 12 380
230 Verrerie 3 265 8 006
24° Petro le et biturnes 1 689 3 419
250 Metaux, produits qui en proviennent et autres
produits miniers 25 998 74 916
260 Machines 9 360 13 549
270 Véhicules 1 359 2 986
28° Navires 4 21
290 Horlogerie 24 30
300 Instruments de musique 3 37
310 Jouets 18 49
32° Produits chimiques et medicaments . . 6 253 8 241
330 Parfumerie 150 344
340 Couleurs et vernis 958 5 508
35° Explosifs 522 12 456
413 939 304 185

Groupe I. Animaux et produits animaux (1-8) . 31 919 18 221


II. Produits du sol (9-20) 329 393 140 585
$, III. Produits du sous-sol (21-25) . . . 33 976 101 858
PP
IV Produits combines a l'aide des autres
groupes (26-35) 18 651 43 221
413 939 304 185

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549

Importations
Quantités en tonnes Valeurs en 1000 lei
1921 1922 I 1919 1920 1921 1922

249 135 9 074 2 033 4 829 2 804


12 422 10 386 280 731 83 100 171 210 163 139

1 560 1 724 7 100 8 381 22 543 24 571


5 855 1 945 253 862 464 981 642 242 311 039
43 24 3 235 7 793 4 897 5 252
6 686 6 319 285 328 704 467 1 292 937 879 945
2 474 640 68 288 50 039 71 030 34 972
512 239 92 932 196 440 314 811 169 716
12 767 19 410 390 475 95 540 100 372 208 521
7 905 6 021 62 022 49 078 130 726 397
207
2 706 2 071 39 049 16 306 52 929 110
52
151 81 11 585 5 250 1 935 689
24 841 26 673 233 172 200 024 228 230 492 459
45 084 29 488 184 442 317 100 606 677 425 459
11 788 19 889 39 926 77 478 131 210 233 129
38 811 30 765 907 929 2 522 380 3 356 566 3 500 904
8 740 6 425 268 882 352 094 403 577 486 804
23 157 12 429 83 102 154 097 278 514 195 182
83 91 1 564 4 018 14 156 12 725
4 351 5 647 58 041 176 011 275 943 411 615
2 200 1 172 718 5 612 6 927 6 518
55 833 43 955 6 641 42 421 115 522 122 829
17 425 11 566 28 037 76 811 168 355 169 937
4 121 3 944 19 969 47 877 64 175 55 992

242 312 251 646 185 201 643 501 1 948 725 2 403 767
36 115 58 062 102 340 201 545 563 671 904 620
7 187 5 394 28 072 111 113 313 174 188 211
72 365 10 171 1 342 2 655
117 173 9 847 8 409 38 483 41 985
174 147 208 2 531 10 730 8 413
171 355 632 1 858 7 712 21 923
14 948 10 132 70 568 128 627 268 653 209 173
256 98 9 576 20 120 34 189 24 709.
7 014 8 078 15 172 74 384 153 745 224 532
17 321 8 179 4 570 90 610 164 668 121 670

615 451 583 668 3 762 300 6 980 290 12 145 405 12 325 366

29 801 21 412 1 000 550 1 525 234 2 524 499 1 591 438
180 384 158 990 2 280 189 3 999 376 5 760 835 6 226 994
321 891 312 283 240 566 816 222 2 303 704 2 759 043

83 375 90 983 240 995 639 458 1 556 367 1 747 891
615 451 583 668 I 3 762 300 6 980 290 12 145 405 12 325 366

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550 Le commerce extérieur

Les tôles et feuilles de fer latniné de diverses


grandeurs:
983 tonnes de la valeur de 5 606 000 lei en 1919
3 813 79 97 9/ PP
20 163 000 1920
13 039 7? 91 64 901 000 1921
19 897 77 37 1/ 111 899 000 1922

Les hiles et feuilles de ferlamine,noires,zinguees,


recouvertes de plomb de diverses grandeurs:
2 689 tonnes de la valeur de 23 514 000 lei en 1919
2 816 11 91 7/ /1 24 211 000 1920
7 277 97 59 7/ 17 77 236 000 1921
12 142 I, )1 IP 154 323 000 1922

Les tuyaux de fer laminé rives ou travaillés:


4 637 tonnes de la valeur de 25 180 000 lei en 1919
6 144 97 99 49 152 000 1920
34 195 99 /9 79 /I 341 953 000 1921
38 127 79 91 71 495 656 000 1922

Les objets de fer laminé polis, travailles, etc., de


toutes les grandeurs:
368 tonnes de la valeur de 3 768 000 lei en 1919
1 937 19 676 000 1920
4 554 61 131 000 1921
7 212 111 131 000 1922

Pendant les premieres années apres la guerre, le sucre


fut un des articles qui furent importes en grandes quantités.
Avant la guerre, la Roumanie était un pays exportateur de sucre.
Peu apres, elle eut a souffrir d'une crise sucriere: la production
intérieure ne put pas faire face a la moitie des besoins du pays
qui avaient double; la Roumanie fut ainsi obligee d'importer cette
denree alimentaire:
24 619 tonnes en 1919
24 409 07 1920
45 084 PP
1921
29 488 IP 1922

La plus grande partie du sucre importé consistait en sucre


raffiné.

Dans la categoric des fruits et denrées coloniales,


on a importé:
20 968 tonnes en 1919
18 137 1/ 1920
24 841 9/ 1921
26 673 1922

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Les importations 551

Parmi les denrees coloniales, les olives, les citrons et


le café viennent en premier lieu comme quantite. Les olives
importées se chiffrent par:
3 744 tonnes de la valeur de 33 779 000 lei en 1919
1 182 7/ /9 pp 8 273 000 1920
6 324 /1 IP PP
pp py 44 271 000 1921
6 056 7/ IP PP pp 72 676 000 1922
Les citrons importes s'élevent
2 412 tonnes de la valeur de 14 470 000 lei en 1919
4 360 71 PP PJ
pp 17 442 000 1920
5 334 77 /I 17 16 003 000 1921
5 084 40 676 000 1922
" " "
Les importations de cafe se sont montées a:
2 307 tonnes de la valeur de 34 840 000 lei en 1919
2 782 ,, If I, I> 50 072 000 1920
2 299 11 77 77 IP 45 985 000 1921
3 722 99 71 PI 77 160 055 000 1922

Ces chiffres ont de quoi surprendre si l'on songe qu'en


Roumanie la population des villes seule boit du café et que les
paysans n'en boivent pas.
La Roumanie possede une industrie du cho colat et quel-
ques grandes chocolateries; néanmoins, immediatement apres la
guerre, par suite des destructions, elle importa du chocolat, il
est vrai en quantites decroissant fortement:
954 tonnes de la valeur de 41 354 000 lei en 1919
503 7/ /1 11 /7 pp 22 659 000 1920
120 9/ 1/ /I 3 958 000 1921
51 71 17 II )7 11 1 729 000 1922

La valeur globale des fruits et denrees coloniales importés


a été de:
233 millions de lei en 1919
200 7/ 71 79 1920
228 JP 79 77 1921
492 11 77 9/ 1922

Les textiles vegétaux et leurs produits occupent une place


importante dans les importations roumaines. Leur importation
du montant de 11 milliards durant les années 1919 a 1924 s'est
élevee
19 968 tonnes en 1919
23 024 77 1920
38 811 JP 1921
30 765 ft 1922

En 1913, elle s'est montée a 23 560 tonnes; elle n'est donc


pas trop élevée pour les besoins actnels du pays agrandi.

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552 Le commerce extérieur
Les articles principaux de cette catégorie sont:
Les f ils de coton d'un seul fil ecru:
1 909 tonnes de la valeur de 52 298 000 lei en 1919
2 576 27 72 22 72
167 472 000 1920
6 978 77 22 17 72
418 662 000 1921
3 217 75 27 ,3 PP
209 110 000 1922
Les fils a coudre de coton, teints ou imprimés, brillants:
396 tonnes de la valeur de 37 402 000 lei en 1919
696 PP PI PP If 104 254 000 1920
792 77 27 106 871 000 1921
698 22 77 23 72 96 392 000 1922
Les ti ssus d e co t on, ecrus, non teints, de 180 gr. au
metre carré, 36 a 55 fils par centimetre carré:
696 tonnes de la valeur de 22 915 000 lei en 1919
1 195 37 tf 77 73 117 089 000 1920
2 135 22 22 22 27 179 350 000 1921
1 374 ,, ,, ,, ,, 152 606 000 1922
Les memes tissus decoton, de 100 a 180 gr. au
metre carre, d'un nombre quelconque de fils au centimetre carre:
974 tonnes de la valeur de 36 016 000 lei en 1919
I 341 77 77 77 PI 143 534 000 1920
1 939 PP PP IP 168 498 000 1921
1 520 77 77 22 188 642 000 1922
Les tissus de coton, blanchis de 100 A 180 gr. au
metre cane et de 41 a 70 fils par centimetre carré:
1 222 tonnes de la valeur de 63 582 000 lei en 1919
957 27 77 119 591 000 1920
I 439 79 19 152 561 000 1921
1 514 77 77 72 214 937 000 1922
Les memes tissus de coton, d'une couleur:
302 tonnes de la valeur de 15 319 000 lei en 1919
290 77 97 39 138 000 1920
442 11 71 lt 47 757 000 1921
1 113 22 77 22 175 822 000 1922
Les memes tissus de coton de plus de 70 fils au
centimetre carre:
289 tonnes de la valeur de 18 062 000 lei en 1919
300 31 77 22 77
48 008 000 1920
495 66 297 000 1921
605 , 119 735 000 1922
Les tissus de coton de toute sorte, imprimés ou teints en
deux ou plusieurs couleurs, de tout poids et de tout nombre
de fils au centimetre carre:
7 546 tonnes de la valeur de 3 335 329 000' lei en 1919
8 521 19 97 1 255 300 000 1920
12 072 II 77 1 481 750 000 1921
8 801 27 17 77 1 413 526 000 1922

1 Probablement.

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Les importations 553

Les bas de coton:


289 tonnes de la valeur de 35 329 000 lei en 1919
313 71 /7 11 13 " 56 305 000 1920
451 // /1 31 33 76 597 000 1921
331 1/ /1 I/ 77 466 000 1922
La laine, article important, ne comprend que de petites
quantités:
1 807 tonnes de la valeur de 285 328 000 lei en 1919
3 114 13 11 /I /3 704 467 000 1920
6 686 1 292 937 000 1921
6 319 33 /I /7 879 945 000 1922
Les denrées alirnentaires anirnales se chiffrent par:
18 585 tonnes de la valeur de 280 731 000 lei en .1919.
Les années suivantes, l'importation a constamment et forte-
ment diminué.
Parmi les vivres importés en 1919 figurent:
a viande salée et sechee . . . 1 954 tonnes de la valeur de 35 153 000 lei
a viande de conserve en boite 2 673 I/ 66 835 000 11 11

e lard et le saindoux . . . 1 213 21 830 000 1/ 13 13

a graisse de porc 1 195 ,, " " 23 719 000


e lait condense . . . . . 4 427 11 3/ 11 15 35 414 000
es poissons sales et seches . . 2 490 I/ /1 13 1/ 17 428 000
es conserves de poissons en
boite 2 079 33 31 43 235 000
De 1920 a 1922, ces marchandises manquent presque entiere-
ment a l'importation, sauf les conserves de poissons (sardines)
qui se chiffrent par:
1 413 tonnes de la valeur de 33 932 000 lei en 1920
1 350 53 987 000 1921
709 35 458 000 1922
L'importation des machines est de la plus grande impor-
tance:
9 360 tonnes de la valeur de 102 000 000 lei en 1919
13 549 33
201 000 000 1920
36 115 /3 /7 564 000 000 1921
58 062 15 /7 900 000 000 1922

Les machines principales importées sont:


Les machines a vapeur du poids de 10 000 kg a 100 000 kg:
3 546 tonnes de la valeur de 33 154 000 lei en 1919
287 /1 /1 /I 2 012 000 1920
9 163 71 /2 11 82 468 000 1921
20 220 /7 11 ,, 208 268 000 1922
Les moteurs a huiles de 10000 a 100000 kg.
234 tonnes de la valeur de 2 454 000 lei en 1919
222 73 3/ I/ 7P 1 553 000 1920
753 /1 71 33 /7 6 780 000 1921
8 720 33 33 11 89 820 000 1922

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554 Le commerce extérieur
Les machines-outils, telles que tours, etablis, perceuses, scies,
de tout poids:
195 tonnes de la valeur de 2 963 000 lei en 1919
1 829 11 99 11 23 493 000 ., 1920
3 607 17 19 VI 77 49 226 000 1921
3 906 91 71 11 62 704 000 1922
Les machines a coudre:
3 tonnes de la valeur de 72 000 lei en 1919
99 /I 91 17 97 4 447 000 1920
232 II 77 PP 77 It 11 610 000 ,, 1921
608 71 77 PI 71 36 487 000 1922
Les machines et appareils sans denomination speciale
(article 744 du tarif douanier):
418 tonnes de la valeur de 4 994 000 lei en 1919
2 312 59 1/ 7/ 26 376 000 1920
5 409 P1 PI PP PP 77 322 000 1921
7 508 /I 19 /7 115 656 000 1922
Les dynamos, moteurs électriques, etc., de
tout poids:
185 tonnes de la valeur de 5 442 000 lei en 1919
762 11 ,, IP 19 603 000 1920
2 092 vl 79 9, 55 722 000 ,, 1921
2 373 77 7/ 71 77 99 82 390 000 ,f ,f 1922

Les véhicules:
1 359 tonnes de la valeur de 28 072 000 lei en 1919
2 986 /I /7 77 99 111 113 000 1920
7 187 79 91 11 313 000 000 1921
5 394 17 II 17 188 000 000 1922
Les articles les plus importants de cette catégorie sont:
Les wagons et petits wagons de marchandises:
119 tonnes de la valeur de 715 000 lei en 1919
53 I/ IP 79 /7 632 000 1920
595 /V 71 /7 11 77 7 740 000 1921
1 331 77 71 77 17 97 18 628 000 1922
Les wagons-citernes:
20 tonnes de la valeur de 302 000 lei en 1920
768 II /1 77 9, 11 523 000 p, , 1921
1 580 7/ 11 7, 25 287 000 1922
Les tramways:
10 tonnes de la valeur de 197 000 lei en 1920
253 19 11 77 PI 99 7 597 000 1921
519 PI I/ 1/ 16 622 000 1922
Les v é h i cul es qui ne marchent pas sur des rails: fiacres,
automobiles, motocyclettes, a benzine, etc., du poids de 1000 kg
ou davantage.
863 tonnes 291 véhicules de la valeur de 17 172 000 lei en 1919
2 495 680 79 17 77 17 74 841 000 1920
4 490 2 196 /I 157 137 000 1921
1 334 600
11 79
" 54 705 000 1922
71 91 /I II

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Les importations 555

Les memes véhicules du poids de 50 a 1000 kg.


298 tonnes 378 véhicules de la valeur de 7 444 000 lei en 1919
205 276 .11 77 17 // 10 226 000 1920
272 37 314 77 II PI 23 099 000 1921
68 71 84 17 )1 7, 5 950 000 1922
Les parties d'automobiles et accessoires:
57 tonnes de la valeur de 1 984 000 lei en 1919
132 7/ 11 II 11 871 000 1920
234 PI 11 lf ,, 37 417 000 1921
176 77 II PI ,, 28 229 000 1922

Les importations des articles suivants ont augrnente de 1919


a 1921 et diminué en 1922:
Peaux et produits qui en dérivent,
Soie et produits en soie,
Confection,
Papiers,
Verrerie.
Les importations de peaux et produits qui en deli-
vent ont été de:
3541 tonnes d'une valeur de 254 millions de lei environ en 1919
3993 77 If 465 1/ 1/ /7 I/ 1920
5855 77 17 depassant 642 II II II ,, 1921
1945 11 If de 311 71 11 7) II 1922
Ce recul soudain de l'importation des peaux en 1922 s'ex-
plique par la &valorisation du lei qui provoqua une reduction
generale dans les importations et par le grand développement
qu'a pris la production intérieure; beaucoup de fabriques qui
produisent des articles similaires ont été creees.
Les produits importés de ce groupe de marchandises sont:
Les peaux tannées de toute sorte pour semelles et
courroies:
1 850 tonnes de la valeur de 70 471 000 lei en 1919
1 676 ff 17 71 11 100 579 000 11 1920
1 540 I/ /1 P, 70 825 000 1921
200 17 /1 II 11 13 012 000 1922
Le box-calf:
78 tonnes de la valeur de 14 867 000 lei en 1919
186 71, t, 77 71 7.7 59 474 000 1920
402 17 /1 71 128 617 000 1921
148 7/ II 7, 48 113 000 1922
Les cuirs de chevreau:
92 tonnes de la valeur de 24 887 000 lei en 1919
126 11 /I If /7 If 62 876 000 1920
125 73 Pr IP 77 77 56 438 000 1921
103 71 17 17 /I 49 514 000 1922

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556 Le commerce extérieur

Les courroies de transmission:


103 tonnes de la valeur de 10 964 000 lei en 1919
103 ,, J, 7, P, 24 354 000 1920
231 ,, )7 71 ,J 29 990 000 1921
121 " ,P 5, )3 21 127 000 1922

Les souliers de cuir de veau:


282 tonnes de la valeur de 41 493 000 lei en 1919
415 ,, Pl 7, ,f 82 985 000 1920
494 ,, ,I ,I ll 98 775 000 1921
30 7, 7, 3, II 6 897 000 1922

Les souliers de chevreau:


106 tonnes de la valeur de 18 160 000 lei en 1919
102 ,, ,, ,, ,, 30 547 000 1920
178 ,f 7, I, 53 282 000 1921
39 )1 PI ff 7, 13 562 000 1922

En 1922, les tarifs douaniers ont été relevés; c'est ce qui a


cause ce recul dans les importations.
La plupart des Etats ont interdit l'exportation des peaux
brutes; seules la Suisse et la Hollande font exception parce qu'elles
se consacrent A l'elevage. L'Italie a introduit un contingent
pour la repartition de son excédent: la part de l'Allemagne est
de 140 wagons, celle de la France 500 et celle de l'Angelterre
1000 wagons. La demande etrangere fait hausser les prix des
peaux en Roumanie; les prix des articles de cuir sont par suite
elevés. La production de peaux brutes indigenes ne peut faire
face qu'aux 2/3 des besoins des tanneries; la production intérieure
de peaux de veau ne suffit qu'A la moitié des besoins. La Rou-
manie doit donc tirer des peaux de l'etranger, principalement
des peaux de veau. C'est pourquoi on demande aussi en Roumanie
que l'exportation des peaux soit interdite. La diminution des
peaux brutes se fait vivement sentir dans l'industrie des cuirs.
En 1924, la fabrique de Renner A Klausenburg a de en importer
67 wagons de l'Amerique du Nord, de l'Amérique du Sud, de Java,
Madagascar, des Indes, de France. Bien que les droits de sortie
soient tres hauts, ils ne suffisent pas pour arreter l'exportation
des peaux brutes.
L'importation de la soie a subi dernierement un fort recul.
Il est de A des mesures prohibitives:
Les importations de soie et produits de soie ont
été de:
250 tonnes de la valeur de 93 000 000 lei en 1919
298 9, 2, 9, , 196 000 000 1920
512 ,, ,, 314 000 000 1921
239 JP 0 7, 169 000 000 1922

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Les importations 557

Les articles les plus demandes sont:


Les f ils de soie teints et moulines pour la couture, etc.:
3 tonnes de la valeur de 1 174 000 lei en 1919
10 // P1 ft 71 6 850 000 1920
40 f/ IP 7/ 1/ 29 806 000 1921
34 I) JP 71 77 30 693 000 1922
Les tissus de sole et étoffes de soie ou melangée
avec d'autres textiles dans la proportion de 500/o et plus de soie,
teints, imprimés ou en fils teints:
38 tonnes de la valeur de 24 837 000 lei en 1919
30 77 II PP 11 32 920 000 1920
31 Pt 7f 11 71 36 799 000 1921
1 /7 1/ PI // PP 1 137 000 1922
Les tissus de soie légers et peu serres, tels que la tulle
la gaze, la mousseline, le crepe, etc., de soie pure ou mélangée
avec d'autres textiles dans la proportion de 50 % de soie et plus:
17 tonnes de la valeur de 11 393 000 lei en 1919
26 Pt It /7 11 36 380 000 1920
21 It VP 11 It 31 164 000 1921
1 91 PP 11 7/ 1 488 000 1922
Les tissus et tricotages de coton mélanges avec de la
soie dans la proportion de moins de 500/o :
131 tonnes de la valeur de 29 128 000 tel en 1919
147 44 000 000 1920
262 104 646 000 1921
74 36 844 000 1922
Durant les années apres la guerre, l'importation des c o n -
fections a subi de grandes fluctuations. Elle augmente jus-
qu'en 1921. Un décroissement subi a lieu en 1922. L'industrie
de Phabillement s'est fortement developpée en Roumanie. 11 est
certain qu'à l'avenir l'importation se reduira aux nouveautés et
au linge fin.
Articles de confection:
2 745 tonnes d'une valeur dépassant 268 000 000 lei en 1919
6 143 /1 71 352 000 000 1920
8 740 ,, 7t 404 000 000 1921
6 425 11 11 11 487 000 000 1922
Les articles de confection importés comprennent:
Les sacs de jute:
845 tonnes de la valeur de 4 142 000 tel en 1919
4 062 It If PP 7/ 36 559 000 1920
6 599 ,, ,, 59 390 000 .1921
4 557 9) 11 71 Il 54 679 000 1922
Les vetements de laine:
358 tonnes de la valeur de 43 941 000 lei en 1919
492 ,, ,, ,, ,, 59 017 000 1920
250 11 11 ft 72 , 32 537 000 1921
100 11 71 11 " 24 023 000 1922

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558 Le commerce extérieur

Les vetements de coton:


170 tonnes de la valeur de 19 958 000 lei en 1919
226 31 73 37 37 25 962 000 1920
170 If >I 33 77 17 853 000 1921
126 11 If 17 261 000 1922

Les couvertures, draperies, mouchoirs de


tete, tapis de table, chiles, rideaux et autres
tissus en laine pour certains buts, ni brodes ni ourlés:
79 tonnes de la valeur de 12 585 000 lei en 1919
140 33 33 37 33 35 229 000 1920
112 ff ft >1 25 830 000 1921
95 IP 25 642 000 1922

Les memes tissus en coton:


176 tonnes de la valeur de 18 367 000 lei en 1919
170 37 73 33 37 25 515 000 1920
326 33 57 33 45 708 000 1921
435 0 33 33 37 82 682 000 1922

L e s niêmes tissus brodés et ourlés A la machine:


88 tonnes de la valeur de 12 846 000 lei en 1919
166 If 11 41 502 000 1920
156 >, 33 77 73 35 795 000 1921
183 IP 51 351 000 1922

Tous les autres tissus brodé s, etc., comme étoffe


ou produits tels que rideaux, couvertures, draperies,
mouchoirs de tete, etc.:
222 tonnes de la valeur de 63 335 000 lei en 1919
84 77 PP 31 Pf 37 594 000 1920
119 73 37 37 59 715 000 1921
132 IP P3 77 IP 79 166 000 1922

Comparée A 1913, l'importation du papier, qui était de


6394 tonnes, a augmenté apres la guerre; le papier etait tres
recherché comme le montrent les importations suivantes:
7 105 tonnes de la valeur de 81 000 000 lei en 1919
12 218 PP 7) II /f 154 000 000 1920
23 157 77 IP PP 278 000 000 1921
12 429 PP 31 13 31 195 000 000 1922

Le papier A imprinter non satiné se trouve a la tete des di-


verses sortes de papiers importés en 1919 et 1920. En 1922, on
a importé 878 tonnes de papier A imprimer de la valeur de
8 millions 600 000 lei, puis du papier de cellulose, du papier en
couleur. Il faut ajouter 894 tonnes de papier A cigarettes de la
valeur de 35 millions 300 000 lei; et 2051 tonnes de carton bitumé
de la valeur de 10 millions 200 000 lei.

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Les importations 559

La verrerie:
3 265 tonnes d'une valeur de 28 millions de lei en 1919
8 006 77 )7 77 77
77 11 ,, yp 1920
17 425 7) 11 dépassant 168 ,, 1921
11 566 17 IP PP
de 170 PP 11 ,, ,, 1922

Les articles importés de cette categorie de marchandises


sont:
Les plaques et les grandes vitres de moins de
5 millimetre d'épaissseur:
2 335 tonnes de la valeur de 16 581 000 lei en 1919
4 666 I) 77 77 17 32 992 000 1920
6 780 ,, ,, ,, 50 151 000 1921
4 259 ,, ,, ,, 38 772 000 1922

Les cruch es ordinaires et les bouteilles noires, ver-


diares, rougeâtres, etc.:
160 tonnes de la valeur de 160 000 lei en 1919
1 103 11 77 11 )1 7) 3 308 000 1920
4 729 71 17 11 17 " 15 369 000 I, 1921
2 563 II PI PP IP PP 8 331 000 1922
Les ampoules electriques:
34 tonnes de la valeur de 2 355 000 lei en 1919
63 PP PP PP PP
5 631 000 PP 1920
194 PP 77 PP PP
18 446 000 11 1921
168 ,, IP IP PP
20 185 000 11 1922

Les instruments de chimie, de physique, d'ob-


s e r v a t i o n et tous les autres instruments servant a l'enseigne-
ment et aux professions liberales:
8 tonnes de la valeur de 1 241 000 lei en 1919
38 PI PP PP PP
7 599 000 1920
81 71 17 20 225 000 1921
119 77 17 77
35 611 000 1922

Les caoutchoucs, gutta-percha et sucs végé-


t a u x:
Les categories de ces marchandises accusent une augmen-
tation durant toutes les annees:
2 071 tonnes de la valeur de 58 000 000 lei en 1919
3 214 71 71 71 11 176 000 000 1920
4 351 ,, 7) 77 77
275 000 000 1921
5 647 ,, ,, ,, ,, 412 000 000 1922

Parmi cette catégorie, les articles les plus demandés sont:


Les pneumatiques et les chambres a air (pour
automobiles et bicyclettes):
237 tonnes de la valeur de 28 395 000 lei en 1919
541 PP PP PP PP
86 485 000 1920
418 17 11 77 83 599 000 1921
286 ,, 77 71 77
65 668 000 1922

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560 Le commerce extérieur
Les souliers de caoutchouc et les caoutchoucs:
25 tonnes de la valeur de 2 257 000 tel en 1919
206 f/ PI /1 /, 24 743 000 1920
283 /7 I, /I 73
45 280 000 1921
217 " ,, II P, ,, 58 475 000 1922

Les au tr es o b je ts en caoutchouc combine avec d'autres


matieres servant a certains buts techniques, medicaux ou pro-
fessionnels:
75 tonnes de la valeur de 9 056 000 lei en 1919
315 " II I, 71
20 458 000 1920
869 PP " V/ /7 78 185 000 1921
810 PP 91 P1 .1, 161 959 000 1922

La colophane:
1 350 tonnes de la valeur de 5 265 000 lei en 1919
1 349 PI PI Il PI 11462 000 1920
1 871 11 71 . 13 100 000 1921
2 850 II ,, 29 645 000 1922

Durant les annees de 1919 a 1922, plus de 600 millions de lei


ont éte payés a l'etranger pour les pr o duits chim i qu es et
médicinaux importés:
6 253 tonnes en 1919
8 241 P, 1920
14 948 1921
10 132 fl 1922
Ces chiffres sont bien inferieurs a ceux de l'année 1913 qui
accusait 26 716 tonnes.

Les importations des autres categories dc marchandises sont


insignifiantes. En 1922, on a importé pour plus de 200 millions
des plantes. Parmi celles-ci, il y a le tab a c en feuilles qui
fournit une importation de 819 tonnes de la valeur de 123 mil-
lions de lei. Le t h é accuse une importation de 307 tonnes
valant plus de 12 millions de lei; celle des graines de betteraves
a sucre se chiffre par 967 tonnes qui valaient 29 millions.

L'importation de bois et d'articles en bois, de c o uleur s


et de v ern is dépassa, en 1922, 200 millions de lei. Celle des
extraits de substances pour le tannage et du tannin fut
supérieure a 120 millions de lei. On importa en outre 820 tonnes
d'aniline valant 98 millions, c'est-a-dire la moitie des importa-
tions globales de la catégorie des couleurs.

Nous passons a present aux pays qui ont entretenu des


relations commerciales avec la Roumanie durant les annees
de 1919 a 1922.

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Les importations 561

Le tableau suivant indique les importations de ces pays.


R
En tonnes:
1919 1920 1921 1922
Allemagne 331 7 034 74 977 133 802
Autriche 11 872 45 692 99 044 79 546
Pologne 1 218 4 415 19 545 40 493
Tchecoslovaquie 5 274 34 549 85 992 77 060
Angleterre 38 719 48 464 71 158 43 163
Hongrie 10 951 22 277 20 649 51 996
Italie 24 296 26 785 34 331 18 622
France 17 282 28 944 51 221 29 673
Turquie 38 291 26 163 42 489 30 320
Etats-Unis 200 366 26 156 30 601 22 048
Hollande 229 2 481 9 738 5 827
g Grece 23 049 6 892 16 606 10 043
Belgique 548 8 198 18 841 10 622
Suisse 3 416 2 526 2 289 1 432
Egypte 1 708 111 833 4 854
Canada 2 064 66 565
Yougoslavie 7 804 1 524 7 243 9 140
Bulgarie 987 370 22 331 7 878
Espagne 918 1 844 986 138
Suede 1 511 2 243 1 402 381
Norvege 309 531 2 393 450
Ukraine 2 729 1 603 142 26
Russie 2 233 1 921 384 32
Les autres Etats 19 898 1 698 2 190 5 557
Total 413 939 304 485 615 451 583 668

En milliers de lei:
1919 1920 1921 1922
Allemagne 4 101 134 442 1 086 980 2 422 015
Autriche 167 476 769 607 2 050 083 1 968 186
Pologne 9 122 64 461 162 840 1 517 618
Tchecoslovaquie 34 638 250 251 1 064 976 1 156 379
Angleterre 529 231 1 393 896 1 681 126 1 096 378
Hongrie 69 643 76 236 261 216 828 732
Italie 748 686 1 720 626 2 167 549 728 475
France 437 374 971 186 1 653 218 727 569
Turquie 337 542 450 195 457 832 584 092
Etats-Unis 556 713 388 178 460 872 410 164
Hollande 2 959 21 089 124 680 163 823
Grece 431 062 135 372 207 623 156 833
Belgique 2 355 84 062 259 776 138 161
Suisse 238 890 227 631 222 456 95 679
Egypte 12 611 7 628 10 171 54 694
Canada 22 235 1 208 53 542
Yougoslavie 14 570 17 868 18 204 51 898
Bulgarie 25 762 6 117 38 761 18 632
Espagne 60 349 165 284 107 248 14 243
Suede 11 054 24 900 28 426 9 657
Norvege 3 317 4 741 26 961 8 352
Ukraine 11 983 15 704 1 677 559
Russie 19 971 3 295 501 346
Les autres Etats 32 891 25 286 51 021 119 339
Total 3 762 300 6 980 290 12 145 405 12 325 366
36

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562 Le commerce extérieur

L'Allemagne occupe la premiere place qu'elle avait déjà en


1913 parmi les pays qui font du commrce avec la Roumanie.
Durant les deux années apres la guerre, les importations rou-
maines d'Allemagne étaient petites. En 1919, elles s'éleverent
a 4 millions de lei seulement. En 1920, elles progressent a
134 millions. A partir de 1921, elles s'accroissent rapidement et
depassent un milliard de lei. En 1922, elles atteignent 2 milliards
et demi environ.
En premiere ligne, la Roumanie tire des métaux et des
objets en m eta 1 de l'Allemagne:
51 000 tonnes valant 497 millions de lei en 1921
72 000 839 3) 1922.
En second lieu, viennent les machines:
8 408 tonnes valant 124 millions de lei en 1921
27 000 JP 419 1922.
Puis vient la categorie des textile s:
81 millions de lei en 1921
1 045 tonnes valant 134 1922.
Comme la ine et poils, la Roumanie importe:
60 millions de lei en 1921
1 611 tonnes valant 121 1922.
Les couleurs et les vernis se chiffrent par:
26 millions de lei en 1921
2 007 tonnes valant 108 1922.
Les autres categories de marchandises importees en 1922
s'élèvent a 100 millions de lei, notamment:
produits chimiques et médicinaux . . . . 97 millions de lei
caoutchouc, gutta-percha . . . . environ 84 PP 3P

peaux et articles de peaux . . . 11 74 /I PP PP

L'Autriche occupe le second rang parmi les pays impor-


tateurs de la Roumanie. Les importations roumaines de ce pays
se sont elevées a 2 milliards 50 millions en 1921 et a 1 milliard
900 millions de lei en 1922.
Les métaux viennent en tete des articles importés:
607 millions de lei en 1921
489 1922.
Les importations des autres produits sont:
Les textiles:
260 millions de lei en 1921
347 1922.
La laine et les poils:
103 millions de lei en 1921
plus de 165 7, PP
1922.

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Les importations 563

Les machines:
131 millions de lei en 1921
131 f) 1922
La confection:
127 millions de lei en 1921
126 1) IP 1922.
Le caoutchouc:
44 millions de lei en 1921
132 ff 1922.

La Pologne se classe au troisieme rang en 1922. Les


importations roumaines de ce pays sont passees de 9 millions
en 1919 a 64 millions en 1920, 162 millions en 1921 et a plus
d'un milliard et demi de lei en 1922. Les marchandises polo-
naises ont trouve un bon débouché en Rournanie. Les expor-
tations ne compensent pas les importations, car elles ne se
montent qu'a 453 millions de lei.
Les articles polonais les plus demandés sont:
Les textiles:
988 millions de lei en 1922.
La confection et les lainages:
128 millions de lei en 1921
170 )7 1922.

La Tche co slovaquie vient au quatrieme rang. Les im-


portations roumaines ont été de:
34 millions de lei en 1919
250 9) Pf 1920
plus de 1 milliard ,, 1921
1 31 156 )7 1922.
Les articles importés de la Tchecoslovaquie sont:
Les textiles:
296 millions de lei en 1922.
Les métaux et articles en metal:
237 millions de lei en 1922.
Les machines:
plus de 151 millions de lei en 1922.
Le sucre:
153 millions de lei en 1922.

Les importations d'Angleterre ont éte de 43 163 tonnes


valant plus d'un milliard de lei. Elles ont baissé de 300 millions
par rapport a 1920 et de 600 millions vis-a-vis de 1921. Cette
diminution est generale pour tous les pays a change apprécié.
36*

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564 Le commerce extérieur
D'Angleterre, la Roumanie importe:
Des textiles:
647 millions de lei en 1922.
Des métaux:
200 millions de lei en 1922.
De la laine:
plus de 68 millions de lei en 1922.
Toutes les categories de marchandises sont en diminution
en 1922, excepte les métaux qui sont passes de 128 millions a
200 millions de lei.
Les marchandises importees de Hongrie ont une valeur
de 828 millions de lei. Les importations sont en augmenta-
tion. El les comprennent en 1922:
Les métaux:
241 millions de lei,
Les textiles:
plus de 95 millions.
Les machines:
plus de 78 millions.

Les importations de la Roumanie d'Italie sont en forte


diminution. En 1919, elles dépassaient 748 millions de lei
et l'Italie occupait la premiere place parmi les pays irnporta-
teurs. Elle conserve cette place en 1920 et 1921, car les im-
portations roumaines continuent a progresser:
plus de 1 milliards 700 millions de lei en 1920
2 100 1921.
En 1922, elles s'abaissent soudain a 700 millions de lei.
L'Italie a exporté en Roumanie en 1922:
Des textiles:
plus de 367 millions de lei
plus de 1 milliard de lei en 1920 et en 1921.
Des laines:
66 millions de lei.
Des fruits et des denrées coloniales:
plus de 82 millions de lei en augmentation sur 1921.
Les importations roumaines de F r a n c e sont aussi en forte
decroissance, en 1922. Elles ont été de:
437 millions de lei en 1919
971 IP IP 11 1920 (3e rang)
1650 y, PP PP 1921 (4e rang)
700 PP IP 1922 (8e rang).

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Les importations 565

Les principaux articles importés sont:


les textiles 117 millions de lei
la laine 88 71 17 17

les metaux . . . 73
les articles en caoutchouc 73
les véhicules . . . . 51

Les importations de Turquie sont en augmentation con-


stante:
337 millions de lei en 1919
450 11 /1 // 1920
457 /1 11 11 1921
584 /1 I/ V/ 1922
Une grande partie des marchandises turques sont facturées
a Constantinople; mais leur origine n'est point turque.
Parmi les articles importés, citons:
les textiles . . 230 millions de lei
le sucre 170 V/ 11 II
les fruits 97 17 environ

Les Etats-Unis occupaient le cinquieme rang parmi les


pays fournisseurs de la Roumanie; ils sont au dixieme en 1922.
Les importations roumaines se chiffrent par:
556 millions de lei en 1919
388 ,, 1920
461 11 1921
410 17 1922
Le fort chiffre de 1919 s'explique par l'importation de bles
et de denrees alimentaires.
Les exportations des Etats-Unis en Roumanie comprennent:
des textiles 163 millions de lei
des métaux . . plus de 94 11 11 11

du sucre . . . 11 11 47 11 11 PI
des véhicules . . . VI IV 22 I/

Les exportations de la Hollande en Roumanie atteignent


163 millions de lei; elles sont en augmentation constante.
Les importations roumaines de Grece, Belgique, Suisse,
Espagne sont en diminution en 1922.

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XVI. La politique commerciale de la Roumanie
de 1875 A 1925.
La Roumanie n'a pas eu de politique commerciale extérieure
et indépendante jusqu'en 1875. Les traites signés jusque-la
par la Turquie lui furent imposes. A partir de 1876, elle fixe
sa politique commerciale.
Le premier grand acte de son independance économique
est le traité de commerce qu'elle signa en 1875 avec
l' A utri ch e-Hongri e. II marque le debut de la politi-
que douaniere extérieure de la Roumanie et il est le signe
précurseur de sa liberté politique. Ce traite de commerce repose
sur le principe lib r e- é changist e. Sa base est la clause
de la nation la plus favorisee, la liberté du commerce, de la
navigation, de s'établir dans le territoire des contractants. La
Roumanie accorde diverses faveurs a l'Autriche: la suppres-
sion des droits de transit, l'exemption de droits d'entree sur
des articles spéciaux et l'abaissernent des taux sur les mar-
dhandises d'exportation soumises aux droits de douane.
Les taux des tarifs douaniers varient entre 2 et 40/o de la
valeur; pendant la periode turque, ils etaient de 6 a 71/2010.
Pour le sucre, la biere, la cire, les bougiels, les spiritueux, le
savon, le papier, les peaux, ils étaient de 7 a 150/o; pour d'autres
articles, on convint un taux de 70/0.1
L'Autriche accordait a la Roumanie la libre importation
des céréales, mais aucune reduction du tarif douanier pour
d'autres articles importants, tels que le pétrole, la farine, les
spiritueux, les vins, les huiles, etc. Ce traite insuffisamment
préparé était donc surtout avantageux pour l'Autriche-Hongrie;
on le dit d'ailleurs publiquement. La Neue Freie Presse de
Vienne éccrivit le 17 fevrier 1875:
«Si l'Autriche conclut un traité avec la Roumanie, avec un
Etat vassal avide d'indépendance, brillant d'accomplir l'acte inter-
national qui la manifeste, on peut bien demander que ce traite
soit aussi avantageux que possible pour l'Autriche et que pas le
moindre doute n'existe sur seg avantages.»
1 Dr Cornelius G. Antonescu: Die rumänische Handelspolitik von
1875-1915. Leipzig 1915.

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La politique commerciale 567

Cette convention conclue pour dix ans entra en vigueur le


10 juin 1876. Elle fut signee par le cabinet conservateur. Les
libéraux qui formaient l'opposition lui étaient hostiles. IN
montrerent en s'appuyant sur la dortrine de Frederic List que
le principe du libre-echange sur lequels etait fonde le traite de
commerce ne convenait pas a la Roumanie, qu'il detruirait son
industrie domestique, entraverait la creation d'une industrie rou-
maine et que, sous sa domination, elle resterait un pays agri-
cole. Le jour oi le traite fut vote par la Charnbre et le Senat,
le Romanul, l'organe des liberaux parut encadre de noir. Dans
un article, on disait: «Le vote de la convention commerciale
avec l'Autriche-Hongrie plonge un couteaux jusqu'au rnanche
dans les reins de la Roumanie et jette son corps palpitant encore
aux pieds du comte Andrassy. Ce vote met entre les mains
du comte Andrassy le commerce, l'industrie du pays, le Danube
avec ses campagnes, ses villes et ses villages, les douanes et
meme le droit de faire les loi.»
Les chefs de l'opposition et thus les deputes liberaux don-
nerent leur demission.1
La-dessus le ministere conservateur demissionna et le cabinet
liberal Bratianu prit sa place.
La Roumanie prepara un nouveau tarif douanier general dont
les taux étaient de 150/0 plus elevés.
Un autre traité de commerce fut signe avec la Russie
qui obtenait les memes faveurs que l'Autriche-Hongrie. II a
été en vigueur de 1876 a 1886. La conclusion de ce traité
était un acte de prudence politique; une crise allait éclater en
Orient; la Roumanie devait s'efforcer de rester en bonne in-
telligence avec la Russie.
En 1877, la Roumanie signa un traité de commerce avec
l'Allemagne. Ses interets politiques exigeaient le soutien de
l'Allemagne dans la question d'Orient. Le traité de commerce
avec l'Allemagne devait empecher le monopole du commerce
austro-hongrois sur le marché roumain. La Roumanie voulait
que son marché ffit aussi approvisionne par les produits in-
dustriels des autres pays. Le traite regle la situation des ressor-
tissants des deux pays; les dispositions sur les droits de navigation,
les taxes communales sont adaptées a la convention austro-
hongroise. L'Allemagne obtint les memes taux de tarifs que
l'Autriche-Hongrie et des reductions spéciales sur l'importation
de bonneterie, de lainage et de cotonnade, d'articles en cuir
ordinaires et fins, de cire blanche et jaune, de crayons et de
coucous de la Foret-Noire. La convention n'accordait pas a la
Roumanie l'entree libre de ses céréales, mais elle stipulait ia clause
1 Cornelius G. Antonescu, page 57.

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568 La politique commerciale

de la nation la plus favorisée. Elle entra en vigueur en 1881


et dura jusqu'en 1891.
Le désir d'ouvrir son marche a la concurrence des pays
étrangers poussa la Roumanie a conclure d'autres traites de
commerce avec la Suisse, la Grece, l'Italie, l'Angleterre, la Bel-
gique et la Hollande. Tous ces traites reposent sur la clause
de la nation la plus favorisée et sur les tarifs de la convention
austro-hongroise.
Cette période du libre-échange, qui caracterise
ces traités de commerce, a eu des consequences destructrices
pour l'industrie indigene. La situation de l'industrie domestique,
de l'artisanat et des fabriques s'aggrava; les produits roumains
furent supplantés par les produits étrangers, surtout par les
articles austro-hongrois, notamment dans les villes plutôt que
dans les montagnes.
Une autre consequence des traites commerce fut d'aug-
menter les exportations roumaines. Jusque-la, la Roumanie
n'avait guere eu d'autres débouches que la Turquie et l'Au-
triche-Hongrie. Neanmoins, les importations etaient supérieures
aux exportations; la balance commerciale et la balance des comp-
tes furent passives, alors qu'elles avaient eté actives auparavant.
Le changement de politique commerciale fut inaugure par
la defense d'importer du bétail edictée par l'Allemagne
et l'Autriche-Hongrie. En 18791 l'Allemagne, sous prétexte
de se proteger contre la peste bovine, interdit l'importation du
bétail de Roumanie, Bulgarie, Serbie et d'Autriche-Hongrie. En
1882, l'Autriche-Hongrie ferma aussi ses frontieres au Mail a
cornes roumain et russe. Un rude coup fut ainsi porte a
l'elevage roumain et les exportations diminuerent considérablement.
Sous la pression des agriculteurs, des industriels et des pro-
tectionnistes a la tete desquels se trouvait Aurelian, on denonca
la convention commerciale passee avec l'Autriche-Hongrie le
14 juillet 1886.
Le tarif douanier general de 1886, établi par les Assem-
blées législatives, ne concerna pas les pays dont les traités de
commerce avec la Roumanie n'étaient pas encore expires. II
avait quatre buts:
10 Proteger la production du sol en supprimant completement
les droits de sortie;
20 Proteger les branches industrielles existantes et celles,
qui, reposant sur des conditions naturelles, promettaient de se
développer a l'avenir;
30 Etablir une base pour la conclusion de traites de com-
merce;
40 Fournir de hauts rendements au fisc.

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La politique commerciale 569

Ce tarif dont les taux étaient beaucoup plus elevés n'a


pas eu une grande importance, pratique, car il s'agissait seule-
ment des taux du tarif conventionnel.
En 1886, de nouvelles négociations eurent lieu entre l'Au-
triche-Hongrie et la Roumanie; elles n'aboutirent pas. La con-
vention vétérinaire que réclamait la Roumanie les fit échouer.
L'Autriche-Hongrie lui déclara alors la guerre douaniere. La
Hongrie en fut tres contente, car, apres l'élimination de la
concurrence roumaine, elle dominait seule le marché autrichien.
Cette guerre dura du ler juin 1886 jusqu'au ler juillet 1891
(du vieux style), c'est-à-dire jusqu'a l'introduction du tarif au-
tonome relatif a toutes les marchandises de provenance étran-
gere. Elle fut faite des deux côtés a l'aide de graves repre-
sailles, interdictions d'importation, relevement des droits de dou-
ane. Elle fut provoquée en dernier lieu par le conflit des
intérets antrichiens et hongrois. En Autriche prédominaient
les intérets industriels, en Hongrie les intérets agricoles. L'in-
fluence exercée dans la monarchie antrichienne par la Hongrie
fit échouer la conclusion d'un traité de commerce, car ce pays
s'opposait a toute faveur accordée a l'importation de céréales et
de betail roumains.
La Roumanie souffrit beaucoup de cette guerre douaniere.
Le commerce des bestiaux eut les plus grands dommages. Jus-
que-la l'Autriche-Hongrie avait recu 710/0 des importations de
bétail roumain. El les s'étaient elevées, en 1881, a 314 079 fetes
de bétail de la valeur de 16 millions 200 000 lei. En 1882,
apres la fermeture de la frontiere austro-hongroise, elles ne sont
plus que de 277 647 tetes de betail de la valeur de 10 millions
et demi. Dans les annees de 1887 a 1891, elles s'abaissent
a 86 465 fetes de bétail de la valeur de 3 millions de lei en
moyenne par année. Cette diminution toucha toutes les categories
d'animaux, les betes a comes et les moutons principalement. En
1881, l'exportation des betes a cornes était de 14 004 animaux;
de 1887 a 1891, elle fut réduite a 133 par an en moyenne. L'ex-
portation des pores, dans le meme espace de temps, passa de
176 990 en 1881 a 10 476. L'Italie et la Turquie compen§erent
quelque peu ce deficit. La guerre douaniere réduisit considerable-
ment l'importation de la viande en Autriche. La diminution de l'ex-
portation de produits animaux, tels que laine, poils, peaux ne fut
pas funeste a la Roumanie, car le deficit du commerce exterieur
fut compensé par le travail de ces produits dans le pays. De
plus, les terres cultivées s'etendirent aux dépens des pâturages
et l'exportation des blés s'accrut. La concurrence austro-hon-
groise manquant, l'artisanat et l'industrie domestique commen-
cerent a se ranimer. L'industrie roumaine fut incitée a pro-
duire, car pendant la guerre douaniere les articles de cuir,
les textiles, les marchandises en metal, le sucre, articles princi-

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570 La politique commerciale

paux des exportations autrichiennes, avaient considerablement


diminue. Le tertius gaudens dans cette guerre douaniere fut
l' All em a gn e. Elle acquit peu apres le debut de la guerre
la predominance dans les exportations de bonneterie, de lainage,
de confection, de papier et d'articles en papier, de marchan-
dises en metal; elle la conserva tine fois la guerre terminée.
Outre l'Allemagne, PAngleterre en tira des profits en assurant
en Roumanie un débouché h ses produits textiles.'
La Roumanie eut aussi en 1886 une guerre douaniere avec
la Turquie; elle ne fut pas longue et causa h la Turquie de
plus grandes pertes qu'a la Roumanie.
Elle conclut un traite de commerce avec la Suisse et la
Russie, avec PAngleterre en 1886 et avec l'Allemagne, en 1887,
une convention supplementaire. Apres un conflit avec 1a
Fran ce, un traité fut conclu entre les deux pays en 1886; il
contenait la clause de la nation la plus favorisée réduite. Elle
en signa un autre avec la Turquie en 1887. La Roumanie s'efforga
dans ses negociations de retirer 22 articles du tarif conventionnel
pour les incorporer au general. Cette politique de clause de
la nation la plus favorisee limitee avait triomphé dans les traités
avec la Suisse, la Russie et la France et partiellement dans
les conventions supplémentaires avec l'Allemagne et l'Angle-
terre.
En 1891, la Roumanie se décida a établir un nouveau t a r i f
a ut on o m e lorsque les traités de commerce allaient expirer.
Ce tarif était contraire aux idées dorninantes en Europe et
qui tendaient vers la conclusion de traités convenlionnels. Plu-
sieurs raisons pousserent la Roumanie a prendre la voie de
l'autonomie douaniere. Le tarif de 1886 avait etendu outre
mesure le cercle des industries protegees, sans separer suffisam-
ment, faute d'enquetes et de statistiques, les industries viables
des industries non viables; ses taux éleves avaient favoris é les
interets de quelques-uns aux depens de la population consom-
matrice. Des motifs de politique exterieure étaient aussi en jeu.
Le nouveau tarif, qui était Pceuvre du parti conservateur, peu
dispose a favoriser l'industrie, renfermait de reductions de droits
de douane par rapport h celui de 1886. Compares au tarif
conventionnel en vigueur jusque-la, les taux parurent etre des
relevements sensibles. Le tarif douanier auquel seront soumis
dorénavent tous les articles d'origine etrangere est caractérisé
par l'importation exempte de droit des matieres premieres, par
des droits de douane sur les produits agricoles et industriels,
excepté les ceréales, les produits chimiques, la plupart des sub-
stances de tannage, les couleurs, rails de chemins de fer, fer
en ruban, navires a vapeur et h voiles, objets d'art et instruments
1 Antonescu page 105.

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La politique commerciale 571

scientifiques; par des droits de sortie sur les os, peaux,-dechets de


cuir, queues d'animaux, bois de noyer et marchandises com-
munes. L'exportation de chiffons et de dechets de substances
vegetales, de maculatures, papiers et &chefs fut interdite. Ce
tarif était aussi defectueux sur plusieurs points et dépourvu de
systeme, imposant des memes taux les matieres premieres et les
produits manufactures, comme la laine et les tissus de laine,
ou ne faisant aucune difference de tarif entre les qualités
d'un meme article, entre le savon ordinaire et le savon fin.
Les puissances étrangeres n'étaient pas disposées A accorder
A la Roumanie, sur la base de ce tarif, la clause de la nation la
plus favorisée uniquement contre l'engagement des taux
douaniers et A signer des traités dans ce sens. Seule, l'Angleterre
fit une exception. L'Allemagne, par contre, abaissa les droits
de douane sur le froment et le seigle, dans le traite de commerce
de Caprivi, violemment combattu par les agriculteurs, de 50 marks
a 35 marks par tonne, tandis que les céréales roumaines resterent
soumises au taux de 50 marks; elles ne purent plus, en con-
sequence, soutenir la concurrence des céréales des autres pays
sur le marché allemand.
Le gouvernement roumain se vit oblige de renoncer A l'appli-
cation du tarif autonome en raison des difficultés qu'il rencontra
et pour défendre ses intérets commerciaux et financiers. Le
ler juillet 1892, il conclut avec l'Allemagne un accord com-
mercial provisoire qui fut A plusieurs reprises prolongé jusqu'au
31 décembre 1893. Celle-ci consentit aux blés roumains les taux
du traite; la Roumanie renonça h tout relevement des faux de
son tarif vis-à-vis des marchandises allemandes.
Cet accord provisoire fut remplacé par un traité de com-
merce définitif signé le 21 octobre 1893 (vieux style) entre
l'Allemagne et la Roumanie. 11 repose sur la clause de la nation
la plus favorisée. L'Allemagne consentit A la Roumanie les taux
du traité pour les céréales et autres produits agricoles, pour les
produits de la meunerie, le bétail vivant ou abattu, ces faveurs
furent annulées par les mesures de police vétérinaire prises par
le gouvernement allemand, la volaille (non vivante), les ceufs,
le yin, les bois de construction. Des engagements furent pris
pour un certain nombre de taux douaniers pour les produits
animaux et vegétaux, tels que le chanvre, le lin, les peaux, les
rognures de cornes, les pieds, les os, les fruits, les graines, le
suif, etc. De son côté, la Roumanie concedait a l'Allemagne des re-
ductions et des engagements de taux de douane sur 183 articles
de son tarif douanier. Les faveurs consenties concernaient les
marchandises de metal, les textiles, les articles en cuir, les objets
fins faits au tour, les coucous de la Foret-Noire, les sucs vége-
taux, les medicaments et substances de tannage, les jouets, etc.

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572 La politique commerciale

Ces taux étaient supérieurs A ceux de 1886. Mais ils répon-


daient aux interks economiques de l'Allemagne. Ils servirent
de point de depart et de base a une série de traites de commerce
avec les autres Etats. Le parti agrarien allemand objecta que la
Russie, qui était en guerre douaniere avec l'Allemagne, intro-
duirait son blé sous la forme de grain ou de farine en Allemagne
par la Roumanie malgré les certificats d'origine.
Le traité de commerce germano-roumain a été en vigueur
de 1894 A 1903.
En 1893, un nouveau traité de commerce fut aussi conclu
avec l'Au tri ch e-Hongri e qui avait été en guerre
douaniere avec la Roumanie de 1886 a 1891. Par l'introduction du
tarif autonome roumain, elle était soumise a ses taux douaniers.
Ce traité fut conclu pour une durée illimitee avec un délai d'un
an pour le dénoncer. Ii ne renferme aucun tarif contractuel,
mais ii stipule la clause de la nation la plus favorisée. Par
suite, les bas taux de douane sur les céréales qui avaient été
accordés A la Roumanie dans le traité germano-roumain profite-
rent a son exportation en Autriche-Hongrie. Celle-ci jouit des
reductions et engagements fixes dans le tarif du traité germano-
roumain pour son exportation en Roumanie. L'Exportation
roumaine d'animaux vivants était liée aux mesures de police
vétérinaire. L'exportation en Allemagne en traversant le terri-
toire autrichien n'était possible que pour les pores, les moutons
et la viande salée. A l'instigation des eleveurs de pores hongrois,
A qui la concurrence roumaine sur le marché de Vienne dé-
plaisait, l'Autriche défendit l'importation de porcs roumains.
Le traité de commerce que la Roumanie avait conclu avec
la Tur qui e en 1886 fut &nonce en 1891. Jusqu'en 1897, les
exportations d'origine roumaine en Turquie furent soumises
un taux douanier de 8% ad valorem; les exportations de mar-
chandises turques en Roumanie furent soumises au tarif
autonome. En 1897, un traité de commerce fut conclu entre la
Turquie et la Roumanie pour une durée de deux ans. Apres
l'avoir denonce en 1900, la Turquie essaya de relever le taux
douanier de 80/0 a 110/0. D'apres les capitulations, ce relevement
devait recevoir l'assentiment des grandes puissances. La Turquie
ne l'ayant pas obtenu, elle demanda a la Roumanie de prolonger
la convention commerciale de 1897. Celle-ci s'y refusa. LA-
dessus, la Turquie déclara une nouvelle guerre douaniere A la
Roumanie le 14 juin (nouveau style) 1900 et soumit les exporta-
tions roumaines A un fort tarif différentiel. L'industrie de la
meunerie roumaine souffrit de ces représailles; jusque-la, elle
avait fourni Constantinople. La Russie et la France prirent sa
place. La guerre fut de courte durée. Le ler septembre 1900,
un accord commercial provisoire se fit entre la Roumanie

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La politique commerciale 573

et la Turquie; le 12 aoilt 1901, un traite de commerce fut conclu


pour 5 années. Il repose sur la clause de la nation la plus favo-
risée. La Roumanie accorde A la Turquie des reductions de
droits sur 33 articles relatifs a des produits turcs et des engage-
ments sur 9 postes du tarif douanier.
D'autres traités de commerce renfermant la clause de la
nation la plus favorisée furent conclus avec l'Italie (1892) la
Grande-Bretagne (1892), la France (1893), la Suisse (1893), la
Belgique (1894), la Bulgarie, seulement provisoire (1895), la
Hollande (1899), la Grece (1901). La plupart de ces traites pou-
vaient etre denonces dans un delai d'un an peu propre pour des
dispositions de longue durée.
La Roumanie essaya de paralyser les desavantages resultant
des reductions de tarif du traité avec l'Allemagne surtout par des
mesures administratives ,en autorisant, par exemple, les com-
munes A prélever des impôts sur un certain nombre d'articles,
tels que les parfums, faiences, porcelaines, savons de luxe, etc.
Les stipulations d'adjudication furent aussi modifées; la
concurrence étrangere ne fut admise pour les fournitures de
l'Etat que si les produits nationaux étaient inférieurs comme
qualite ou si l'industrie indigene demandait de trop hauts prix.
En 1901, le gouvernement roumain prépara un nouveau
tarif douanier. II fut soumis au Senat et A la Chambre des deputes
en 1904. Des exemptions de droits étaient prévues pour quelques
articles seulement. Les matieres premieres servant A l'agriculture
étaient faiblement imposées (taxes de statistiques). Celles qui
avaient deja subi une transformation industrielle, mais qui étaient
introduites comme matieres premieres devant etre encore manu-
facturees, etaient soumises A des droits. Le produit fini était
lourdement taxé afin de ne pas porter prejudice A l'industrie
indigene. Les droits de douane furent relevés de 10 A 15%.
Ce tarif douanier protecteur entra en vigueur en 1906.
La convention commercialeavecl'Allemagne
devint valable en même temps que ce tarif douanier. Elle était
calculée pour un long temps et n'aurait pris fin qu'en 1917 si la
guerre n'était pas venue. Par cette convention qui exigeait des
sacrifices de deux côtés, l'empire allemand accordait les taux de
son tarif minimum de 1902 A la Roumanie pour ses bles, a
l'exception du mais et de Forge non employes pour la prepara-
tion du malt. D'autres reductions etaient accordees pour les legu-
mes, viande, volaille, Poisson et ceufs, pour quelques produits
industriels, tels que les bois de construction, la benzine, les cou-
leurs minerales. L'importation de viandes fraiches et conservees
était permise sous certaines conditions. La conclusion d'une
convention vetérinaire echoua par suite de la resistance des
agrariens allemands. La Roumanie ne recut pas de grandes

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574 La politique commerciale

concessions a propos du parole, sauf pour quelques derives,


bien que les frais de transport par voie fluviale Giurgiu-Ratis-
bonne fussent moindres que ceux des Etats concurrents et que
le capital allemand, comme nous l'avons vu, fUt fortement
représente dans l'industrie pétroliere. La raison en est que les
Etats-Unis et la Russie approvisionnaient l'Allemagne en parole;
toute faveur accordee au petrole roumain en vertu de la clauSe
de la nation la plus favorisée aurait profité aussi aux Etats-Unis.
Les faveurs furent limitées a la benzine.
La Roumanie en compensation accordait a l'Allemagne des
reductions de droits de douane et des engagements pour diverses
sortes de peaux, gants fins, courroies de transmission, fils de
laine, confection en laine, passementerie de laine, dentelles de soie,
tissus de laine, peluche et velours, pour toute sorte d'étoffes
et tissus de divers fits végetaux, papiers en couleur et cartons,
lithographies, chromolithographies, oléographies, objets en
caoutchouc, faiences blanches et en couleur, pour divers objets en
fer et en fonte, pour diverses machines agricoles et industrielles,
cables en fits de fer, montres, jouets, etc.
En tout, la Roumanie consentit des reductions ou des en-
gagements sur 98 articles de son tarif douanier general. Nean-
moMs les droits de ce tarif sont plus elevés que ceux du tadf
conventionnel.
La Roumanie signa avec d'autres pays des conventions
commerciales de diverses durees. C'était des traites contenant
des accords de tarifs et la clause de la nation la plus favorisée
ou reposant sur celle-ci. Les traites conclus avec l'Angleterre,
la Belgique, l'Italie, la France appartiennent a la premiere caté-
gorie; ceux conclus avec la Suisse, la Russie, la Serbie, la
Bulgarie, l'Espagne, la Suede, le Danemark, la Norvege, l'Au-
triche-Hongrie dans la période de 1903 a 19101 appartienn:ent
a la seconde.
Tous ces traites avaient le but d'assurer a la Roumanie des
débouchés pour ses cereales et les produits principaux de son
industrie dans ces pays. Cet avantage etait payé a l'aide de re-
ductions sur son tarif general. Les taux des nouveaux tarifs étaient
a un niveau plus élevé que les anciens. La Roumanie ne réussit
pas a signer avec l'Autriche-Hongrie une convention vétérinaire
qui lui aurait permis d'exporter du betail vivant dans ce pays.
Elle dut se contenter d'un contingent d'exportation de betes
abattues, augmentant d'une année a l'autre. Ces animaux de-
vaient provenir de contrées sans maladie et etre examines
avant d'etre abattus par des vétérinaires austro-hongrois. Un
contrôle de police sanitaire était également fixé apres l'abattage
1 Ludwig Metzler: Rumänien, seine Handelspolitik und sein Handel
1890-1906, Altenbourg 1902.

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La politique commerciale 575

et avant le chargement. Cette concession forme une annexe


de la convention commerciale du 23 avril 1910.
La politique commerciale .de la Roumanie reposait stir le
tarif douanier de 1906 et sur les traités de commerce con-
clus apres, lorsque la guerre mondiale éclata. La pensée direc-
trice des pays est de faire face a leurs besoins. On ne pent
plus parler de politique protectionniste ou libre-echangiste; l'Etat
prend simplement les mesures necessaires pour assurer son appro-
visionnement. Lorsque la Roumanie s'engagea dans la guerre,
en 1916, tous les traités avec les puissances ennemies furent
annules. Ceux qui avaient eté signes avec les Allies perdirent leur
effet, car la Roumanie étant isolée, ils ne pouvaient plus etre
executes. Le traité conclu avec l'Angleterre fut prolongé; mais
la guerre empêchait des relations intenses entre les deux pays.
Durant les années d'apres-guerre, le commerce extérieur est
soumis a de grandes restrictions, Les annees d'economie de
guerre ont cause des manques. L'Etat doit intervenir. L'ex-
portation et l'importation sont réglementées. L'exportation et
l'importation de nombreuses marchandises sont interdites; celles
d'autres doivent etre autorisees.
Une loi-decret des 30 mars et 11 juillet 1919 reglemente
pour la premiere fois l'importation.1 D'autres decrets du con-
seil des ministres modifient et completent la liste des marchan-
dises et des produits qui peuvent etre importés.
La loi de 1921 autorise le gouvernement a augmenter la
liste des marchandises pouvant etre importees.
Le resultat de ce regime anormal fut que de nombreux
intermédiaires devinrent millionnaires du jour au lendemain et
que la danse pour les licences commenca.
Le regime des licences d'importation et d'exportation fut
compliqué par les contingentements. Les exportateurs devaient
s'engager a livrer a la consommation intérieure et aux prix
maxima, la meme quantite que celle qu'ils avaient exportée.
Chaque exportateur devait donc mettre la moitié de ses pro-
duits a la disposition de l'interieur pour pouvoir exporter l'autre.
Ce systeme de contingentement et de perrnis d'exportation
devait maintenir a un bas niveau les prix intérieurs et assurer
la couverture des besoins interieurs. C'etait une politique de
Qonsommateurs qui aboutit finalement a un systeme de taxes
d'exportation. A l'aide de ces mesures, qui jouent un role dans
les pays a change faible, le gouvernement esperait que l'ex-
portation ne reduirait pas trop l'offre a l'interieur.
C'est ainsi que la taxe d'exportation a ete fixee par de-
cision du conseil des ministres du 15 juillet 1925, a 2000 lei
1 Ces indications sont empruntées a l'Annuaire de l'Argus de 1925.

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576 La politique commerciale

pour le pétrole brut, a 1000 lei pour le petrole a moteur; mais


amparavant le prix de 6 lei 50 le litre de benzine doit etre
assure pour la consommation intérieure. La taxe a ete fixée
a 2 lei par kilogramme pour les poissons secs exportési,; a
1400 lei par porc pesant plus de 100 kilos; a 1000 par porc
pesant moins de 100 kilos; a ,10.000 lei par cheval figé de plus
de 6 ans; les chevaux au-dessous ,de 6 ans ne peuvent pas
etre exportes; il en est de même des purs sangs. Les an-
ciennes taxes ont eté maintenues pour les autres sortes d'anY-
maux.
Nous retrouvons les memes contingentements maxima et
réciproques de marchandises a l'importation d'apres le traité
de commerce conclu avec l'Autriche en 1920 et qui a cause
beaucoup de difficultés diplomatiques avec les Allies. Suivant
cette réciprocité mutuelle, l'Autriche peut exporter en Rou-
manic les memes quantités que celle-ci exporte chez elle.
La fixation des taxes d'exportation a fait que les prix
intérieurs furent au meme niveau que les prix du marché mon-
dial. A present, la liste des marchandises libres, c'est-h-dire
qui peuvent etre exportees, est presque aussi grande que celle
des marchandises dont l'importation est libre. Les exportations
roumaines sont aussi imposées que les importations. Les re-
cettes de l'Etat provenant de l'exportation sont meme plus
grandes que celles fournies par l'importation.
La production nationale ne peut pas profiter, comme elle
le voudrait, des avantages de la vente sur le marché mondial a
cause des hautes taxes d'exportation. D'autre part, les fortes
taxes d'importation imposent la consommation. Elks protégent
les produits nationaux, mais pesent sur les consommateurs. En
revanche, les taxes d'exportation empechent la production de
maintes marchandises qui trouveraient un écoulement sur les
marches étrangers et favoriseraient en meme temps la consom-
mation intérieure en comprimant les prix indigenes.
Les reductions de prix des produits nationaux, les permis
d'exportation, le contingentement et les hautes taxes d'expor-
tation doivent réduire le coat de la vie. Par ailleurs, ces mesures
financieres servent a alimenter les recettes de l'Etat affaiblies
par la guerre. Plus que par le passé, les taxes d'exportation sont
une importante source de revenus pour les grands besoins
d'argent de l'Etat.
Ce système de taxes d'exportation et de prix maxima ne
peut avoir qu'un caractere passager. L'intensité de la com-
pression diminue de plus en plus. Les defenses absolues
d'exporter sont un grossier instrument qui ne laisse aucune
liberté a celui qui le manie. Les taux douaniers sont beaucoup
plus propres a l'adaptation des prix.

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La politique commerciale 577

Le regime de l'importation comprend le tarif douanier avec


les taux des droits pour chaque catégorie de marchandise.
Aujourd'hui, le tarif douanier seul ne suffit pas. A celté et au-
dessus de lui existent des mesures spéciales et prohibitives, des
surtaxes sur les objets de luxe, le relevement des droits selon la
réciprocité pour les Etats qui n'emploient pas le tarif minimum
pour les produits roumains.
Les mesures et les principes qui dominent le regime d'im-
portation sont:
1° Le principe prohibitif, c'est-a-dire la defense absolue
d'importer certaines marchandises énumérées sur une liste parti-
culiere;
20 Le principe de reduire les taux des droits d'importation
de certaines marchandises d'apres l'avis de la commission de
l'industrie; ces marchandises figurent sur une liste particuliere;
30 Le principe des permis d'exportation avec autorisation
d'importation spéciale; ces marchandises forment une troisieme
liste.
Le tarif douanier est applique pour les marchandises qui ne
figurent sur aucune des trois listes, mais seulement si la taxe
minimum triplée n'intervient pas comme mesure de réciprocité
employee pour les Etats qui prennent la meme mesure pour les
marchandises roumaines.
Le meme regime existe en Roumanie pour l'exportation; un
tarif general de taux douaniers, complete par un tableau
d'articles:
1° Qu'il est défendu d'exporter,
2° Qui sont défendus provisoirement,
30 Qui sont sous un regime particulier et pour lesquels une
autorisation spéciale est nécessaire.
Les listes du regime d'importation et d'exportation ne sont
pas toujours les memes. El les changent selon l'avis du gou-
vernement qui est autorisé a faire passer une manchandise d'une
liste sur une autre, a lever des interdictions d'exportation et
d'importation ou a decreter de nouvelles defenses pour des
marchandises jusque-la libres.
Le premier pas que l'on ait fait pour stabiliser le Tégime du
commerce extérieur est l'introduction de taux de droits-or dans
le nouveau tarif de 1924.
Depuis la guerre, la Roumanie a seulement conclu deux
traités de commerce:
10 Avec la Pologne,
2° Avec la Tchécoslovaquie.
37

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578 La politique commerciale

Ces traités sont moins la consequence des nécessités de


Péconomie nationale que de l'a Mance politique de ces Etats;
ils ont eté conclus par Take Jonescu.
Ils renferment la clause de la nation la plus favorisée qui ne
manque aujourd'hui dans aucun traité de commerce et les obliga-
tions de transit provenant de l'accord de Barcelone et du statut
du Danube de la Commission internationale du Danube. D'apres
les articles 4 et 7, les contractants ont la liberté de maintenir,
dans des cas exceptionnels, les restrictions et les mesures pro-
hibitives d'importation et d'exportation dans leur commerce
reciproque. L'article 7 du traité avec la Tchécoslovaquie contient
une stipulation qui attenue et supprime ces cas exceptionnels.
Néanmoins le dernier alinea renferme une disposition sur la
possibilité d'exclure la clause de la nation la plus favorisée.
Le traité de commerce avec la Hongrie n'est pas encore
ratifié. Il a été conclu a l'occasion des négociations qui ont eu
lieu pour liquider toutes les questions resultant du traité de
Trianon.
Des accords provisoires pouvant etre denonces dans un délai
de trois mois ont été conclus par un échange de notes diplo-
matiques avec la France, Pltalie, la Suisse, l'Autriche, la Grece
et l'Espagne. Tous renferment la clause de la nation la plus
favorisée. La Grece et l'Espagne ont a plusieurs reprises
demandé au gouvernement roumain de conclure un traité de
commerce sur la base de tarifs fixes.
Jusqu'à janvier 1925, les relations commerciales avec l'Alle-
magne ont été reglementées par la stipulation du traité de Ver-
sailles qui impose a l'Etat vaincu la clause de la nation la plus
favorisee en faveur des Etats vainqueurs.

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XVII. Le tarif douanier-or de 1924.
Les droits de douane de 1921 ne correspondaient plus a la
situation et a la valeur de la monnaie dépréciée. En 1924, on a
établi un nouveau tarif qui est entré en vigueur le ler aotit et
doit servir de base aux nouveaux traités de commerce.
Ce tarif se caractérise par des relevements considérables des
droits d'importation qui doivent protéger l'industrie roumaine
contre l'industrie étrangere.
Le relevement des taxes et la reduction des importations qui
en résulte correspondent pour un pays a change deprecié a une
reduction de ses dettes étrangeres et au renforcement de son
change.
On a rencontré de grandes difficultés dans l'établissement
de ce tarif. 11 fallait éviter que la protection trop forte de la
production intérieure ne conduise a un relevement des prix et
que la cherte créée de cette fawn ne fit monter les salaires set
renchérir ainsi toute la vie économique. L'agriculture aurait
souffert d'une trop forte protection douaniere, car l'exportation
de ses céréales aurait été d'autant plus difficile que les droits de
douane sur les articles industriels auraient été plus élevés.
Le tarif douanier part de l'idée fondamentale de différencier
la protection industrielle. Toutes le branches de la production
roumaine n'ont pas besoin de protection. Une branche court
plus de dangers qu'une autre. Les taux des droits devaient en
tenir compte.
Le rapport du ministre des Finances, qui précede le tarif
douanier, distingue trois groupes de produits dont le besoin de
protection est tres different:
10 Les produits qui font entierement face aux besoins du
pays et qui n'ont pas besoin de protection. L'agriculture, la
sylviculture et l'industrie pétroliere en font partie. Les matieres
premieres dont elles disposent excluent toute concurrence &ran-
gere. Leur unique souci est que le regime des exportations ne
leur barre pas les marches de l'étranger.
2° Les industries fondées sur les matières premieres du pays
qui font face entierement ou pour la plus grande partie a la
37*

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580 Le tarif douanier-or de 1924
consornmation intérieure, mais qui ne sont pas des le debut
suffisamment vitales et peuvent etre entravées par la concurrence
étrangere mieux armee. Ces industries qui peuvent devenir
demain des industries exportatrices ont encore besoin de la pro-
tection douaniere afin de pouvoir se développer. C'est le cas
de l'industrie textile, de la tannerie, de la chaussure, de la ver-
rerie, du ciment, du papier.
Sauf l'industrie textile qui depend du coton, toutes les au-
tres industries tirent en abondance leurs matieres premieres du
pays. El les peuvent donc couvrir sarement les besoins intérieurs.
Le but doit etre d'approvisionner exclusivement le pays par la
production interieure. Ces industries sont celles qui intéressent en
premier lieu la consommation intérieure (habillement, construc-
tions, papier). A l'heure actuelle, leur protection doit etre telle
que le tarif n'entraine pas une augmentation subite des prix. Il
faut donc comprimer les prix interieurs et reduire en meme
temps l'importation de produits étrangers.
Il faut aussi régler le regime des matieres premieres qui
alimentent ces branches industrielles; par exemple, les tanneries
pour la fabrication des chaussures, l'industrie lainiere pour les
tissages, afin qu'une trop grande exportation n'amene pas une
augmentation des prix des produits finis.
30 Les industries qui ne pourront jamais faire face aux be-
soins du pays, mais dont l'existence est indispensable pour la
defense nationale et le développement d'autres branches de
l'économie nationale. A cette catégorie appartiennent en premier
lieu l'industrie métallurgique et les ateliers mécaniques. Il
n'existe pas assez de fer, cuivre, plomb pour pratiquer une
politique des pays riches en fer comme la France, l'Angleterre,
la Belgique et l'Allemagne. Cependant il y a suffisamment de
fer dans le pays pour le développement d'une industrie du fer
propre qui peut venir en aide a l'économie nationale. La recon-
struction, le développement de l'industrie elle-meme ont des be-
soins si urgents que l'économie nationale serait en danger si
l'on placait tous ses espoirs sur cette industrie. En relevant les
droits protecteurs sur les produits de cette catégorie, tres peu de
ses représentants en tireraient des avantages que les consom-
mations devraient payer. Ce serait injuste. La protection de
ces fabriques ne peut etre obtenue par des droits de douane.
Elle consiste dans les ordres de l'Etat et des entreprises &ono-
miques nationales. De plus, les nouvelles lois économiques
doivent assurer leur développement. Mais il faut donner plus de
liberté a l'importation de marchandises étrangeres.
A cette catégorie appartiennent la sidérurgie toute entiere,
les fabriques de machines, les constructions métalliques (ponts,
échafauds).

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Le tarif douanier-or de 1924 581

Ces trois groupes divers donnent son relief au tarif


douanier. 11 est difficile de dire si, avec leur aide, le développe-
ment industriel de la Roumanie sera passager ou durable. Ce
qui est certain c'est que les industries qui doivent importer les
matieres premieres, les machines et la main-d'ceuvre qualifiee
pourront difficilement se maintenir a la longue. Les droits pro-
tecteurs doivent intervenir lorsqu'une industrie est forcée de
travailler passagerement dans des conditions defavorables. C'est
le cas d'une nouvelle industrie qu'il faut aider A vaincre les diffi-
cultés du debut ou d'une industrie existante dont les conditions
de production sont passagerement défavorables.
L'agrandissement du territoire roumain par l'adjonction de
contrées riches en matieres premieres et en énergie a provoque
la creation de nouveaux établissements qui veulent appro-
visionner le pays entier. La reunion des nouveaux terri-
toires a la Roumanie a fait naitre d'heureuses perspec-
tives, comme c'est toujours le cas lorsque des territoires de
production différents se réunissent en un tout. El les se mani-
festent de telle sorte que l'on crée non pas des entreprises
vrairnent viables, comme cela se fait en temps ordinaire, mais des
établissements d'un mauvais rendement par suite du manque de
prevoyance provoqué par les benefices momentanés et le déplace-
ment de l'équilibre; ces creations promettent pendant les années
de transition; cependant, elles ne peuent pas se maintenir
quand la situation redeviend normale.1 D'autre part, les con-
ditions de production naturelles ont tellement été déplacées par
la guerre, la revolution et la politique économique que l'industrie
tout entiere, jeune ou vieille, n'est pas a meme de produire d'une
fawn rationnelle comme elle le ferait dans des conditions nor-
males.
Line bonne politique protectrice devra fixer exactement
quelles exploitations industrielles sont viables parce qu'elles sont
a meme, dans des conditions normales, de soutenir avec succes la
concurrence sur le marche mondial, et celles qui ne le sont pas
parce qu'elles ne peuvent pas vivre sans protection particuliere.
Le premier de ces deux groupes a besoin de protection
raisonnable; du point de vue économique, il faut la refuser au
second dans l'intérêt des consommateurs.
Le nouveau tarif en tient compte. 11 repose sur la base-or;
les faux des droits sont indiques en 1 e i -o r. On a utilise un
coefficient de conversion de 1 leu-or = 30 lei-papier; depuis le
ler mars 1925, 1 leu-or vaut 40 lei-papier. Il correspond A peu
pres A la veritable &valorisation de la monnaie. Le décret royal
qui approuve les nouvelles taxes douaniêres sur les importations
dit dans Particle 2: «Les taxes telles qu'elles sont fixées dans le
1 Deutsche Tagespost, a Hermannstadt, du 13 janvier 1924.

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582 Le tarif douanier-or de 1924
tarif seront percues en lei-or. Le conseil des ministres fixera un
coefficient de conversion en rapport avec la base d'argent pour
leur payement en lei-papier; on le multipliera avec les taxes et
l'on aura la somme A payer en lei-papier. Ce coefficient est
valable pour trois mois au moins. II est fixé cette fois A 30.»
Le gouvernement a repoussé le rétablissement du tarif dou-
anier de 1916 que l'industrie roumaine recommandait. Ii aurait
cause des troubles dans l'equilibre des prix A l'intérieur.
Le tarif a éte élaboré de telle sorte qu'il représente un
tarif minimum pour tous les pays qui traitent la Roumanie aux
conditions les plus favorables afin d'assurer a ses produits d'ex-
portation le meilleur traitement. L'importation de ces pays en
est ainsi allégée. Ce tarif est appliqué pour les marchandises
des pays qui appliquent aux exportations roumaines leur tarif
minimum et la clause de la nation la plus favorisée.
Les taux du tarif sont trip I é s pour les pays qui traitent
les marchandises roumaines aux conditions les moins favorables.
Cette triple augmentation est le tarif maximu m.
D'apres le tarif de 1921, la Roumanie n'avait aucun moyen
d'appliquer d'autres droits pour les pays qui ne la traitaient pas
comme la nation la plus favorisée. Ce moyen existe dans celui
de 1924 en appliquant le triple du tarif minimum.
Voici les stipulations principales du nouveau tarif douanier.
Elles se rapportent aux groupes de marcharidises suivants:
10 Laine, poils et leurs produits.
C'est la plus importante catégorie. On trouve Ia matiere
premiere dans tout le pays; l'industrie qui l'utilise est forte-
ment développée. La protection douaniere de la laine brute
a ete relevée de 10 A 15 lei par 100 kilos. Ce droit d'impor-
tation facilitera l'exportation le cas échéant. Le relevement est
plus fort pour la laine lavée, peignée et teinte; les droits sont
passes de 50, 80, 300 lei par 100 kilos A 120, 160 et 600 lei;
l'augmentation de 100 A 600 lei concerne la lain e artifi-
ci ell e. On voulut ainsi réduire au minimum l'importation de
cette laine qui favorise la fabrication de marchandises de mau-
vaise qualité. Le tarif douanier s'intéresse tout particuliere-
ment aux fils de lain e. 11 existe en Transylvanie une industrie
tres importante de ces fils; elle a besoin d'etre soutenue pour
pouvoir se développer. La nomenclature de ces fils a eté
odifiée et appropriée aux formes de la fabrication sur la
demande des industriels. Ils réclamaient des taux encore plus
élevés. Le gouvernement les a repousses, jugeant que les droits
fixes suffisaient pour protéger cette industrie contre la con-
currence étrangere. Les taux de l'ancien tarif oscillaient, sui-
vant la qualité des fils, entre 1000 et 1800 lei par 100 kilos.

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Le tarif douanier-or de 1924 583

Les droits du tarif de 1921 etaient trop bas pour assurer la


protection nécessaire aux articles en laine; les produits avaient
beaucoup a souffrir de la concurrence étrangere. Ils variaient
entre 20 et 120 lei par kilo; ils sont maintenant de 40 a 250
par kilo. Ces memes chiffres s'appliquent aux tricotages en
laine.
Les chapeaux et les formes de chapeau sont un
article qui interesse beaucoup l'industrie roumaine. On a tenu
compte des desirs des producteurs. Les nouveaux taux garan-
tissent a cette industrie son développement. Dans le tarif de
1921, ils oscillaient entre 20 et 40 lei par kilo de formes de
chapeau. La nomenclature a eté mieux adaptée A la produc-
tion, d'apres la matiere premiere employee, dans le tarif modifié.
Les faux ont ete portés de 30 lei par kilo pour les marchan-
dises simples a 160 lei pour les articles fins. Ils ont été
relevés dans le meme rapport pour les chapeaux de sorte que
la production et le développement de cette industrie sont assures.
Sous l'influence du nouveau tarif, elle peut faire face A la con-
sommation interieure et meme exporter.
Les taux des articles en polls d'animaux, -tels que "brosses,
pinceauxi balais sont passes de 30 lei a 120 lei par kilo; le
développemeni de cette industrie est également assure.

20 Tissus v"egetaux et derives.


Les marchandises de cette catégorie sont soumises a de
hauts droits d'entree. La rnatiere premiere existe dans le pays
et l'industrie possede de bonnes conditions pour se developper.
Le relevement des taux assure au ch an vr e et au 1 i n une
forte protection parce qu'il s'agit de produits fabriques dans le
pays. Pour encourager ces cultures, on a relevé les droits
sur les produits manufactures en chanvre et en lin. Les fils
de chanvre et de lin ont subi une augmentation de droits.
II est nécessaire que ces Tils soient fabriqués dans le _pays; il
faut donc seconder cette industrie. De cette maniere, on pourra
faciliter son développement vertical de la matiere premiere jus-
qu'au produit fini le plus fin en Roumanie.
Les taux du tarif de 1921 sont restes les memes pour les
fils de coto n. Cet article n'est pas protiuit dans le pays et
l'on a voulu eviler un renchérissement de cette marchandise de
premiere nécessité. Une legere augmenlation aurait peut-etre
ete nécessaire; mais elle aurait provoqué une grande majoration
des prix. Le paysan est le principal consommateur de cet article;
probablernent qu'il n'aurait plus été a meme de l'acheter.
Les taux des articles en cor Id es ont éte légerement rele-
yes. On les a maintenus a 15 lei par 100 kilos pour les ficelles
de Manille pourvu qu'elles soient importees pour l'agriculture.

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584 Le tarif douanier-or de 1924
Une legere protection a été accordée aux marchandises de
chanvre, coton, jute. Cette industrie est bien fondée et bien
developpée; les droits de douane assurent suffisamment son
existence. IN commencent par 700 lei par 100 kilos pour
les marchandises en jute et vont jusqu'à 6000 lei par 100 kilos
pour articles en chanvre et en lin blanchis; ceux de 1921 allaient
de 550 a 4000 lei par 100 kilos.
Les taux des tis s us d e co t on ont éte légerement
releves parce que la concurrence étrangere entravait le develop-
pement de cette industrie, sans toutefois faire rencherir le coat
de la vie.

30 Papiers.
Deux teridances etaient en presence pour fixer les taux
des droits sur les marchandises en papier: celle des industriels
qui réclamaient leur relevement parce que ceux de 1921 n'assu-
raient pas leur developpement et menapient meme l'existerice
des fabriques, car ils facilitaient l'importation du papier; celle
de l'industrie graphique, des possesseurs et editeurs de journaux,
de livres qui demandaient le maintien des anciens taux pour les
papiers de journaux. Le gouvernement a pris une position inter-
mediaire; il a double et triple les taux des papiers d'emballage
bruts, des papiers a imprimer, etc. (articles 423 et 424); de
200 a 220 lei dans le tarif de 1921, il les a portés a 500 et
600 lei par 100 kilos. Si les papeteries roumaines ne peuvent pas
faire face aux besoins intérieurs, l'importation de papier etran-
ger sera permise a certaines conditions, mais seulernent au syn-
dicat des journalistes ou a la casa scoalelor.1 Dans ce cas,
les taux sont réduits au quart.
Des droits spéciaux existent sur d'autres sortes de papier
et la confection en papier. Ces marchandises ont été importées
en grande quantité au cours de l'année derniere; on en a
conclu que les anciens taux n'assuraient pas une protection
suffisante a l'industrie. On les a releves pour la confection en
papier de 400 lei a 1400 lei par 100 kilo; pour d'autres cate-
gories de 1000 a 4000 lei par 100 kilos, de 1500 a 5000 lei
et meme de 2000 a 8000 lei.
40 Produits miniers, métaux et machines.
Les tarifs sont restés les memes pour les minerais, char-
bons, fonte, cuivre, zinc, plomb, etain, fer brut parce qu'il
s'agit de matieres premieres qui ne se trouvent pas en quantité
suffisante dans le pays. On a dee une plus grande protection
au fer lamine en portant les droits de 40 a 100 lei par 100 kilos.
1 Institut de l'Etat charge de publier des manuels, des ceuvres civili-
satrices, d'accorder des primes aux livres scientifiques, de secondet
les instituteurs et les professeurs, de créer des bibliotheques, etc.

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Le tarif douanier-ot de 1924 585

Les droits sur d'autres articles en fer, tels que rails, plaques,
tôles ont subi une legere augmentation; ils n'ont.pas été modi-
fies pour les tuyaux en fonte parce qu'on ne les fabrique pas
dans le pays et que l'industrie du petrole en fait une grande con-
sommation. Les droits sur les produits en fonte des articles
599 h 603 du tarif, dont une grande partie est fabriquee dans le
pays, ont été fortement releves. La grande importation de ces
articles influence defavorablement la balance commerciale. Les
taux ont passé de 60, 90, 120, 300 lei h 200, 250, 280,
500 lei en chiffres ronds, par 100 kilos, comme le montre le
tableau suivant:
Les marchandises en fonte, brutes, simplement coulees, non
travaillées, limées, h ornements en fonte, avec des parties en
fer forge ou réunies a du bois,
pesant plus de 50 kg la piece sont taxées 7 lei-or par 100 kg
de 50 A 5 8 50 100
moins de 5 11 9 50 100
Les memes marchandises tournées ou debruties, polies, ver-
nies, etamées, zinguees, plombées, teintes ou émaillées,
pesant plus de 50 kg la piece sont taxées 10 lei par 100 kg
de 50 A 5 f 11 ,, 100
f moins de 5 f ,, 12 100
Les memes marchandises ciselees h la main, bronzees, nicke-
lees, recouvertes d'aluminium, argentees, dorées,
pesant plus de 50 kg la piece sont taxées 13 lei 50 par 100 kg
de 50 A 5 f 15 50 100
moins de 5 Pf 15 50 100
Les tuyaux en fer forge et leurs raccords, bruts, non ra-
sans trous de rivet sont taxes 3 lei par
vailles, sans filet,
100 kg;
Les memes tuyaux débrutis, polis, zingués, cuivres, nickelés,
3 lei 50;
Les memes tuyaux debrutis, polis, zingues, cuivrés, nickeles,
argentés payent 7 lei.
Les taux ont été releves de 150 lei du tarif de 1921 i
300 lei et de 1000 h 1500 lei par 100 kilos pour les ouvrages
et objets en fer forge des articles 606 et 607.
Divers articles en fer, fabriques dans le pays, tels que
boulons, vis, rivets, ecrous, rondelles, chaines en fil de fer,
aiguilles, articles de serrurerie, etc., ont eté legerement releves.
On a demandé une protection plus forte pour les instru-
ments aratoires, charrues, pioches, etc., qui sont fabriques A
present en Roumanie. On n'a pas pu remplir entierement ce
désir de l'industrie parce qu'une augmentation des prix de ces
articles aurait eu lieu et aurait cause des difficultés aux agri-
culteurs. Cependant, on a légerement relevé les taux des droits

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586 Le tarif douanier-or de 1924
pour permettre a cette industrie de soutenir la concurrence
étrangere. Si la production intérieure ne fait pas face aux
besoins, les droits d'entrée peuvent etre réduits a 1/10.
Le tarif de 1921 ne contenait aucune protection pour les
machines. Celle-ci est devenue nécessaire pour l'industrie des
machines roumaine qui produit des moteurs pour tous les com-
bustibles, des machines-outils, pompes, ventilateurs, machines
textiles, machines pour la fabrication du papier, pour l'impri-
merie, la lithographie, des machines a écrire, a compter, des
caisses enregistreuses, des machines pour la fabrication des
vetements, chapeaux, chaussures, des machines agricoles. Les
taux sont passes de 90, 100, 120 lei a 250, 500 et 750 lei
par 100 kilos pour les machines de faible poids, quelques-unes
inférieures a 500 kilos. Ces machines sont fabriquées dans le
pays et font face aux besoins intérieurs, elles ont donc besoin
de protection. Les droits d'entrée sont restés les memes pour les
machines lourdes que la Roumania ne fabrique pas.
Les droits sur quelques machines-outils de Particle 736
ont éte faiblement relevés; us varient entre 100 et 500 lei
par 100 kilos, contre 70 A 220 lei dans le tarif de 1921.
Les taux des machines et appareils de l'article 744 ac-
cusent un relevement. Les droits varient de 100 a 300 lei par
100 kilos, contre 70 a 400 dans le tarif de 1921. A l'avenir,
les machines taxées d'apres cet article seront probablement dé-
nommées spécialement selon leur usage. La direction generale
des douanes a envoyé une circulation a tous les bureaux de
douane dans laquelle elle leur recornmande du lui faire con-
naitre les articles les plus frequents afin de les designer dans
le tarif douanier.
Les droits sur les m a chin es a gri col es fabriquées dans
le pays ont été légerement augmenté, notamment de 120 lei
a 250 lei par 100 kilos. II existe en Roumanie des industries
de machines agricoles en plein développement et qui ont besoin
d'une grande protection. Il faudrait étudier les machines les
plus propres a la culture du sol et créer une industrie complete
de machines et instruments agricoles afin de ne pas dépendre de
Petranger. A cette catégorie de machines appartiennent les
charrues a vapeur, extirpateurs, épandeuses d'engrais, semoirs,
piocheuses, rateleuses, sarcleuses de betteraves, batteuses, van-
neuses, trieurs, hache-paille, concasseurs de mais, pressoirs, ma-
chines de laiterie et de fromagerie, locomobiles.
Les machines agricoles importées par une sociétd agricole
ou un syndicat paysan payent 1/10 des droits d'entrée si elles
ne sont pas fabriquées dans le pays.
La nomenclature des machines dynamos-électri-
ques a été modifiée et les taux des droits ont été etablis d'apres
le poids. On les a relevés parce qu'on commence a fabriqueir

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Le tarif douanier -or de 1924 587

en Roumanie les dynamos de faible poids et qu'il faut en.-


courager ce debut. Ils ont 'été fixes entre 300 et 1000 leiy
contre 100 a 200 lei dans le tarif de 1921. Ils sont restés les
memes pour les dynamos employees dans les industries textile et
papetiere, pour les presses d'imprimerie, les machines A &lire
et les machines a coudre, car elles ne se fabriquent pas en
Roumanie et il faut en faciliter Pentree.
Les intérets de l'industrie métallurgique de la Transylvanie
exigent qu'on protege l'industrie des machines dont il n'était
point question dans les tarifs de 1906 et 1921.
Dans l'industrie des véhicules, les droits sur les
wagons ont été légerement relevés pour protéger la fabrication
roumaine. Ils n'ont pas été changes pour les véhicules qui
ne marchent pas sur des rails, comme les automobiles, les
motocyclettes, etc. Ils sont de 10 a 27 lei-or par 100 kilos pour
les automobiles.

50 Produits chimiques.
La nomenclature et les faux de l'ancien tarif ne correspon-
daient plus A la situation actuelle et future de l'industrie chimi-
que. Les droits sur la glyc érine brute et raffinée sont pas,-
ses de 50 a 120 lei et de 300 a 500 lei par 100 kilos. II
e xiste des fabriques de glycerine en Roumanie et leur deve-
loppement doit etre protege clang l'interet de la defense na-
tionale. L' a cid e sulf uri qu e a besoin de protection; les
droits ont été légerement relevés. Les fabriques roumaines
produisent assez pour suffire aux besoins du pays; tine partfe
de la production peut meme etre exportee.
La nomenclature de l'article 785 a été modifiée. L'article
renferme a present 3 groupes avec différents taux:
10 Potasse caustique, oxyde de fer, oxyde
d'étain, bioxyde d'étain, oxyde de cuivre,
lithopon, zincolite, oxyde de magnesium,
oxyde de promb minimum . . . . 3 lei-or 50 par 100 kilos
20 Oxyde de zinc . . . . . . 10 lei-or par 100 kilos
30 Ammoniaque en dissolution et ammonia-
que liquide . . . . . . . . . . 40 lei-or

L'augmentation a eté plus grande pour certains articles,


tels que le zinc, l'ammoniaque en dissolution et liquide pro-
duits en Roumanie. Elle est modérée pour le bisulfure d'alu-
minium, l'alun, le sulfate de cuivre, le chlorate de calcium, etc.
Des facilités d'importation sont prevues, comme dans le tarif
de 1921, pour le sulfate de cuivre employé dans le traitement
des vignes dans le cas oü la production intérieure ne suffirait pas
aux besoins. Les droits sur le carbure de calcium sont passes
de 120 A 250 lei par 100 kilos. II s'agit d'un article fabriqué
en grande quantite dans le pays et qu'il faut protéger. Cenx

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588 Le tarif douanier-or de 1924
du chlorure de calcium ont éte portés de 60 a 400 lei par
100 kilos. Les droits sur certains ethers, sur Pether 6thylique,
l'acétone ont été legerement relevés afin de protger la produc-1
tion roumaine. Ils ont éte ramenés de 20 a 5 lei pour les phos-
phates et autres engrais chimiques.
Les couleurs et les vernis accusent quelques relevements
des droits; par exemple, les terres colorees, la, suie la pous-
siere d'os, certaines couleurs, verniS prepares avec l'huile
ou l'alcool.

60 Produits animaux et denrées alimentaires.


On constate de légers relevements des droits sur les den.-
rées alimentaires produites dans le pays, notamment sur les
conserves de viande et la viand e f um é e ; ils sont passes
de 400 a 800 lei par 100 kilos; de 900 a 1800 lei pour le fro-
mage. Ces produits sont obtenus en quantités suffisantes en
Roumanie; ii n'y a donc aucune raison d'en faciliter l'importa-
tion. Pour la margarine, les taux sont relevés de 1000 a 1500 lei
par 100 kilos; pour les conserves de viandes, les mollusques
en bones de 600 a 1500 lei.
70 Cuirs, courroies, chaussures.
Les droits sur les peaux brutes n'ont pas été changes; la
Roumanie n'a aucun intéret a empecher leur importation. Par
contre, les taux douaniers sur les peaux tannees sont passes
de 1200 a 2500 lei par 100 kilos pour les peaux tannées ser-
vant a la fabrication des semelles et des courroies, de 1550 a
3000 lei pour les peaux tannées de grands animaux.
D'une fawn generale, presque tous les faux des articles
de cuir et de courroie ont eté relevés. Cette industrie est
l'une des plus anciennes de la Roumanie; elle a besoin de pro-
tection pour se developper. Le relevement est fort pour les
objets en cuir fin, comme sacs, porte-monnaie, porte-cigares,
articles fabriqués en Roumanie et qui meritent la protection
de l'Etat. La chaussure a subi aussi une augmentation. Dans
l'interet de l'économie roumaine, ii faut le plus possible em-
pecher l'importation de souliers parce que la production in-
terieure est suffisamment développée. II n'y a pas a craindre
une majoration des prix: la production est si importante que
la concurrence intérieure l'empecherait.

80 Soieries.
Dans le régime douanier actuel, l'importation de tissus et
de confection en soie est interdite; les autres marchandises en
soie sont soumises a de fortes taxes de luxe. Néanmoins le
tarif actuel prévoit une protection suffisante des marchandises de

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Le tarif douanier-or de 1924 589

soie lorsque le regime d'exception sera supprimé. Les taxes


n'ont pas été modifiées pour les graines de ver a soie; elles
sont de 0 lei-or 05 par 100 kilos. En protégeant l'éleve du
ver a soie, on veut encourager l'industrie de la soie.
9° Céréales, pates alimentaires, legumes et
autres plantes seches.
Les droits sur les patisseries fines, dont les matieres premie-
res existent dans le pays et la production est en voie de déve-
loppement, on eté releves.
II en est de meme des taxes sur les legumes et sur les
conserves. L'industrie roumaine des conserves s'est tellement
développee qu'elle fait face aux besoins du pays et qu'elle est
en train de devenir une industrie d'exportation.
10° Fruits, sucre, marchandises sucrees.
Deux articles de cette catégorie, le cacao et ses dérivés,
le sucre, le glucose et ses derives ont subi des relevements de
droits de douane. Ils sont restés les mémes pour les grains
de cacao, 25 lei par 100 kilos, parce qu'ils sont une matiere
premiere. IN ont eté portes de 600 a 1800 lei par 100 kilos,
pour la poudre de cacao; de 2500 a 3500 lei pour le chocolat;
on veut ainsi seconder les industries roumaines. Les taux n'ont
pas change pour le sucre raffiné: 300 lei par 100 kilos; la
fabrication du sucre est suffisamment prospere a l'intérieur pour
pouvoir supporter la concurrence etrangere; d'autre part, un
faible relevement des droits aurait provoque une forte augmen-
tation des prix et par suite un renchérissement du cart de
la vie. Les taxes sur le glucose sont passees de 300 a 500
lei parce que cette marchandise est fabriquee dans le pays,
fait face aux besoins intérieurs et doit supporter la tres grande.
concurrence américaine. La protection était donc nécessaire.
Celles du rahat et de la halva ont été légèrement relevées; celles
des bonbons ont eté doublees.
110 Marchandises diverses.
L'industrie des meubles tapissés est protegee. Elle trouve
ses matieres premieres dans le pays; elle est assez robuste
pour devenir exportatrice.
Pour le cimen t, les droits s'elevaient a 35 lei par 100
kilos; l'existence de cette industrie était menacee. Aussi ont-
ils été portés a 60 lei afin qu'elle puisse concurrencer les ci-
ments &rangers.
En général, les modifications du tarif douanier ont un
caractere plutôt économique que fiscal. Elles fournissent pro-
nissent protection et secours a l'industrie et a la production
nationales.

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590 Le tarif douanier-or de 1924
La Roumanie a adopté, en 1924, pour l'exportation, le ré-
gime de la pleine liberté (a la place des interdictions) avec des
taux douaniers nécessités par le change. Le regime de la pleine
liberté et sans droits aurait influe sur les prix intérieurs et amené
le renchérissement du mit de la vie. A mesure que le change
redeviendra normal, les taux sur l'exportation diminueront de
plus en plus, jusqu'à leur suppression complete.

Pour finir, jetons un coup d'oeil sur les déf enses


d'importation et d'exportation.
Le ler janvier 1925, l'im p o r t a ti on en Roumanie des
marchandises suivantes était interdite:
épingles a cheveux, agrafes, boucles, aiguilles a tricoter
(argentees ou dorees) (696),
pierres a briquet,
briquets,
appareils pour l'allumage des lampes a gaz,
capsules explosives (6 et 8),
meches Bihor, ordinaires et en gutta-percha (accessoires
pour les explosifs),
bretelles, jarretieres, ceintures en soie pure, broderies et den-
telles (392 c),
confection en coton, garnie de fourrure, plumes, dentelles
a la main et broderies a la main (384-386),
confection de chanvre, laine ,soie artificielle, soie garnie de
fourrure, plumes, dentelles et broderies a la main ou imprégnees
d'une dissolution de caoutchouc (384-386),
corsets de soie ou d'autres tissus, garnis de dentelles, ou
brodes (397),
perles et paillettes de laiton, argentées ou dorées (709-712),
éventails de plumes, dentelles, broderies, en soie ou en autre
substance combinée a l'ivoire, la nacre, l'écaille ou a des sub-
stances fines (404),
tapis (tures, persans, indiens ou d'autre origine orientale)
(108),
teintures de substances végetales pour les cheveux,
ustensiles de cuisine (argentés, dorés) (699),
billets de loteries non reconnues par l'Etat (448),
arbres et arbustes employes pour la decoration (268),
fleurs naturelles 208 c),
fruits du midi, secs ou en conserve, a l'exception des olives,
cafe, capre, noix, amandes, raisins secs, dattes, figues et des
autres fruits servant a fabriquer de l'huile ou a des buts médicaux
(238),
vins de fruit, cidre doux, hydromel et autres boissons fer-
mentées (232),

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Le tarif douanier-or de 1924 591

boissons fermentées (232),


cafe artificiel (249),
café coloré,
mousseux et vins de toute sorte (225 et 228),
jus de raisin de toute sorte,
spiritueux prepares avec des fruits, racines, plantes, tels que
le cognac, l'armagnac, le rhum, le slibovitz et les alcools naturels
de fruits (231),
pigeons (11),
faisans (1),
oiseaux de luxe (11),
canaris (11),
chiens de luxe et de chasse (13),
bustes et statues en marbre (498, 501 et 502),
cartes a jouer (447),
montres et pendules en substances fines (759),
allumettes de toute sorte et avec des surfaces de frottement
en phosphore (849),
anciens copies de lettres en papier fin,
boites de musique, grandes et petites, a rouage (763),
orgues de Barbarie (765),
explosifs, poudre, dynamite, fulmicoton (lImportation peut
etre autorisée exceptionnellement par la régie pour certaines
parties qui ne sont pas fabriquées dans la fabrique de Fagaras),
figures et masques en cire (57),
parfumeries (827 et 828),
feutre fin (116),
pierres précieuses ou imitations (507),
poivre (244),
papier sable, papier a dentelle, gaufré, estampé avec ini-
tiales, monogramme, embleme, ornements en relief, imprimes
ou lithographiés en couleur dorés, argentés, bronzes (429),
papier a cigarettes et tubes de cigarettes (435),
titres étrangers (448),
images saintes et tableaux religieux; ils sont permis avec
l'autorisation du ministere s'ils portent des inscriptions en langue
roumaine, s'ils representent des couvents roumains, des institu-
tions religieuses a Petranger sur du bois ou de la toile; les
images imprimees sans valeur artistique de personnages et d'ob-
jets n'appartenant pas a l'histoire roumaine continuent a etre
défendues (444),
les imitations de nouvelles et anciennes pieces de monnaie
qui sont ou étaient des moyens de payement legaux, les an;-
ciennes monnaies et medailles pour les collections sont exemptes
de droits de douane,
pieces de monnaie, argentees ou dorées qui n'ont pas cours
legal en Roumanie, percées et servant de collier (728),

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592 Le tarif douanier-or de 1924
pieces de monnaie en cuivre, argent, or, les pieces imitées
n'ayant pas cours legal en Roumanie et servant de parure (726,
729 et 731),
objets en ambre ou imitations (509),
coraux travaillés (505),
oolithe noir frais, liquide ou comprimé (46),
instruments de musique avec touches de toute sorte et
parties d'instrument (765),
chaussures fabriquees ou coupees en cuir fin, de chevreuil,
de cerf, ou en soie et cuir (77 et 80),
liqueurs (229),
maculatures de vieux journaux,
medicaments de toute sorte,
malts de toute sorte (232),
orchestrions (765),
chales des Indes dits turcs (109),
sel gemme ou sel marin (482),
saccharine et thus les édulcorants synthetiques (808),
les vignes de France ne peuvent etre importées qu'en vertu
d'une autorisation du ministere de ?Agriculture;
tabacs de toute sorte en feuille ou fabriqués (205),
houppes combinees avec des substances fines (147 c),
canons, balles, bombes, grenades, shrapnells, etc. (853),
armes de guerre et leurs pieces (655 a).
Les d ef ens es d' exp orta ti o n concernent trois cate-
gories de marchandises:
1° Celles dont l'exportation est interdite;
2° Celles dont l'exportation est interdite jusqu'a ce que
de nouvelles dispositions soient prises;
3° Celles dont ?exportation depend d'un regime special.
A la premiere catégorie appartiennent:
Le laiton sous toutes ses formes,
le zinc,
l'argent,
l'or,
les buffles,
les chevaux, excepte ceux qui ont plus de sept ans, qui
sont castres et peuvent etre exportés avec une autorisation spé-
ciale du ministere du Commerce et de ?Industrie,
les étalons et les juments,
les Aries,
les mulcts,
les moutons,
les animaux reproducteurs sauf ceux qui ont plus de sept
ans et ne sont plus propres a la reproduction;

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Le tarif douanier-or de 1924 593

veaux,
fromages: burduf, telemea et cachcaval,
fromages de laiterie,
lait et derivés excepté le lait condense, le lait en poudre,
les fromages de luxe, gruyere, trapista, lithuanien, romadour,
de Hollande et Port-Salut,
beurre frais ou fondu,
poissons frais ou sales, sauf les harengs du Danube, les
conserves de poissons, sauf le caviar,
chanvre et lin sous toutes les formes, sauf la toile cousue
A la maniere nationale,
colza et navette,
foin et trefle sec,
paille fourragere,
houille et charbons A coke,
tonneaux en metal, vides, particulierement pour le yin,
l'alcool, la biere, excepté ceux d'une capacité allant jusqu'à 200
litres,
daubes en chene,
armes A feu, montées ou non, munitions,
armes de guerre,
bois de hetre, raboté ou forme, carre ayant plus de 15 cen-
timetres d'épaisseur, troncs de hetre pour les constructions,
troncs de chene pour les constructions,
bois de frene, de noyer,
objets de valeur historique,
goudron,
pétrole brut, petrole exempt de benzine,
peaux de mouton, de Mier dont la laine a plus de 3 cen-
timetres,
sacs vides, excepté les sacs en papier, et ceux en jute
et en chanvre servant a l'emballage des marchandises.

A la seconde categorie appartiennent toutes les sortes de


minerais, sauf la bauxite et les pyrites qui ne contiennent pas
plus de 1,50/0 de cuivre et 2 grammes d'or par tonne; ceux-ci
peuvent etre exportés avec une autorisation speciale du mini-
stere du Commerce et de l'Industrie:
Le cuivre sous toutes ses formes:
sulfate de cuivre,
fer et acier sous toutes leurs formes, sauf les ineubles
en fer, les chaines en fils de fer, les treillis de fils de fer,
fonte brute,
nickel,
monnaies de toute espece de metaux,
platine,
plomb,
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594 Le tarif douanier-or de 1924
sels et combinaisons de platine, or, argent,
parures de platine, or, argent,
charbons de toute sorte, excepte le charbon de bois,
explosifs,
os,
objets d'équipement militaire et armes,
pierres precieuses,
produits pharmaceutiques de toute sorte,
tannin et toute espece d'extraits pour la tannerie, excepté
Pecorce de chene, bouteilles vides pour l'acide carbonique,
sucre.
Les articles de la troisieme categoric sont:
Les chevaux castres a partir de sept ans,
le bois de tilleul et de peuplier peut etre exporte apres
avis de la direction de l'administration des monopoles,
les machines, parties de machines et outils de toute sorte,
la soude caustique apres que les fabriques ont assure les
besoins du pays,
les traverses de chene et de hetre lorsqu'une cote fixee
a éte livrée aux chemins de fer roumains.

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XVIII. La monnaie roumaine.
La Roumanie a unifie ses monnaies en se constituant en
Etat national. Avant 1867, environ 75 monnaies diverses des
pays les plus différents, surtout de la Hongrie, Turquie, Italie,
Pologne et Russie, circulaient dans le pays. II en venait aussi
des pays plus éloignés. D'Autriche vinrent comme nous l'avons
vu, les lcewenthalers (thaler de lion) parce qu'un lion était
empreint sur la piece de monnaie. II s'appelait leu. L'unité de
monnaie la plus petite était le ban, nom qui provient de Banul
Severinului qui introduisit la monnaie hongroise dans le pays.
Avant qu'une monnaie nationale sortft de ce chaos de
monnaies étrangeres, le commerce en detail se servit du leu, des
monnaies russes et turques; le commerce en gros dans les ports
et les grandes villes utilisa les ducats autrichiens. Dans le
budget, on comptait en piastres, tandis que les populations
rurales étaient encore plongées dans Pechange.
Les changeurs profitaient le plus de la presence de nom-
breux moyens de payement étrangers. Ils furent les premiers
banquiers et le change était leur principale affaire. Il existait
une espece de bourse a Bucarest oil ces changeurs s'orientaient
sur les cours de Constantinople, Vienne, Francfort, Paris,
Londres. A Jassy, on fixait tous les trois mois un cours officiel
et le nombre legal des changeurs; mais leur nombre était beau-
coup plus grand que le nombre legal.
Le prince Couza fut le premier qui chercha a sortir de ce pele-
mele. En 1860, il essaya de faire frapper des monnaies de, cuivre,
d'argent et d'or d'apres le systeme francais pour le montant de
150 millions de francs. Dans ce but, il se mit en relation avec
le gouvernement français. Une convention fut élaborée avec
P1-16tel des Monnaies de Paris a qui l'on confia la frappe. La
nouvelle unite monétaire devait s'appeler Romanul; son titre
d'argent était fixé a 5 grammes. On devait frapper pour 65 mil-
lions de pieces d'or de 20 romani, pour 30 millions de pieces
d'argent de 5,2 et 1 romani et demi, pour 5 millions de pieces
de cuivre de 10,5, 2 et 1 bani.
Les difficultes de la politique extérieure empêcherent l'exe-
cution de ce projet.
En 1865 eut lieu une conference monetaire a Paris; la
Roumanie y était représentée. Elle conduisit a la creation de
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596 La monnaie roumaine
l'union monétaire latine, composée de la France, l'Italie, la Bel-
gique et la Suisse; en 1868 la Grece entra dans l'union. Ces
puissances signerent un traité d'apres lequel la monnaie de Pune
d'elles pouvait etre employee comme moyen de payement dans
les autres Etats de l'Union monétaire. La Roumanie n'entra
pas dans l'Union monetaire, mais elle établit les bases de son
nouveau systeme monetaire sur l'étalon du franc. M a vr o-
g h en i introduisit en 1867 la nouvelle monnaie roumaine par
la loi du 22 avril 1867. Elle repose sur le système decimal. Sa
base est le I e u en argent pesant 5 grammes au titre de 835 mil-
liemes.
Cette monnaie se divise en 100 parties appelées b a n i. La
loi fixe les pieces a frapper: les pieces d'or de 20, 10 et 5 lei;
les pieces d'argent de 2, 1 et 1/2 lei; les pieces de billion de 10,
5, 2 et 1 bani. Les six premieres annees apres la promulgation
de cette loi, l'Etat n'eut pas les moyens de mettre en circulation
les pieces d'or et d'argent et rien ne fut change. Néanmoins la
loi de 1867 élimine theoriquement les moyens de payement jus-
que-la en usage. Les ducats autrichiens qui étaient le plus
souvent rognés et n'avaient plus leur valeur furent retires de
la circulation. On frappa pour 4 millions de lei de monnaies
de billon. L'Etat retira un profit de 3 millions de cette frappe0
Les reclamations de la Sublime-Porte a propos du droit
de la Roumanie de frapper des monnaies d'or et d'argent A
l'effigie du prince, droit qui n'avait pas éte precise dans les
négociations, provoquerent de grandes difficultés en 1869.
A cause de ces protestations, la France refusa de frapper la
monnaie roumaine dans son Hotel des Monnaies. Néanmoins
la Roumanie fit frapper les monnaies a l'effigie du prince; la
Turquie en interdit la circulation sur son territoire. Cependant
tous les commercants les accepterent a Roustschouk.2 En 1870,
on frappa pour 100 000 lei de pieces d'or et pour 400 000 lei de
pieces d'argent. En 1872, on fait frapper en Belgique de nou-
velles pieces qui portent au revers les armes de la Roumanie.
Le prince Charles dit dans une lettre datée du 16/28 décembre
1872:3 «Nous avons frappe de l'argent pour des raisons éco-
nomiques, car nous ne devons plus arreter les relations com-
merciales a cause d'un simple caprice de la Turquie. La nou-
velle monnaie porte les armes du pays que les Turcs digéreront
plus facilement que mon portrait.» En 1873, 25 millions de lei
en argent sont mis en circulation, montant tres important pour
l'époque.
BientOt cependant un manque de moyens de payement se
fit sentir. De grandes sommes furent nécessaires lorsque la
Aus dem Leben Konig Karls von Rumänien, Vol. I page 235.
2 Aus dem Leben König Karls von Rumänien, vol. II, page 79.
3 Aus dem Leben Konig Karls von Rumänien, vol. II, page 297.

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La monnaie roumaine 597

guerre russo-turque éclata en 1877. Pour se les procurer, on


vota sous le ministere de Jon C. Bratianu la loi du 12 juni 1877,
relative A l'émission de 30 millions de lei de billets hypo-
thecaires, garantis par une premiere hypotheque sur des do-
maines d'Etat de la valeur de 60 millions. C'était des titres au
pair, nominatifs, emis par le ministere des Finances. L'Etat
s'engagea a les rembourser a sa guise avec 10% au-dessus de
leur valeur nominative. On ne fixa aucun terme de rembourse-
ment. Ces billets hypothecaires n'étaient pas autre chose que
du papier-monnaie d'Etat destine a ses besoins et garanti par
sa fortune. Ils devaient etre retires et rernplaces par des billets
de banque apres la fondation d'une banque d'émission. La loi
sur la creation de la Banque Nationale roumaine renferme un
article relatif a ces billets hypothécaires. En 1885, un accord fut
signé entre la Banque Nationale et le ministere des Finances d'apres
lequel leur remboursement fut proroge jusqu'au 30 juin 1892.
Les payements devaient se faire avec la vente des domaines qui
formaient leur garantie a l'aide de versements annuels d'apres
une table établie par le ministere des Finances et basée sur la
vente d'un million par an au moins. Cette convention fut
modifiée par la loi du 25 décembre 1888 qui autorisait le mini-
stere a rembourser les billets hypothécaires dans six mois au
plus tard et A se procurer l'argent nécessaire par l'émission de
rente 50/o amortissable.
La Banque Nationale a estampilé en rouge ces billets
qu'elle a remis en circulation jusqu'a ce qu'elle les efit remplaces
par des billets de banque pour les brQler ensuite.
Pendant la guerre russo-turque, de grandes quantités de
roubles russes pénétrerent en Roumanie, tout d'abord des
roubles en or, puis des roubles en argent. On crut que la vie
économique en tirerait des profits.
11 y avait ainsi trois sortes de moyens de payement en
Roumanie:
10 La monnaie nationale de cuivre, d'argent et d'or de 1867;
20 Les billets hypothécaires de 1877;
3° Les roubles d'argent russes de 1877.
Une convention monétaire fut conclue entre la Roumanie
et la Russie d'apres laquelle le rouble russe devait avoir le cours
legal de 4 lei. Ce cours était au-dessus du prix courant qui
était de 3 lei 80. La consequence fut que de grandes quantites
de roubles d'argent vinrent en Roumanie et le pays en fut
inonde. Leur nombre fut estimé A 40 millions de lei. Ils con-
tribuerent A déprécier considérablement l'argent; cette depre-
ciation se manifesta par un agio d'or. Comme d'apres la loi
de Gresham la mauvaise monnaie evince Ia bonne, l'or disparut
de la circulation. L'invasion du rouble russe supprima corn-

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598 La monnaie roumaine
pletement l'or dans le trafic. Les mesures prises par le gou-
vernement resterent inefficaces.
A la fin de la guerre, en 1878, la circulation monetaire en
Roumanie était de
25 millions de lei en argent,
30 ,, IP , t billets hypothécaires,
9/

40 99 roubles russes.
Plus tard, les roubles russes en argent furent fondus et
transformés en pieces de 5 lei. A courts intervalles, de nou-
velles lois fixerent l'émission de nouvelles pieces de monnaie en
argent: la loi de 1879 autorise le gouvernement a faire frapper
des pieces de 5 lei en argent jusqu'au montant de 20 millions;
la loi de 1881 ajoute 12 millions; celle de 1882, 18 millions et
celle de 1884 6 millions de lei.
La base-argent de son systeme de payement n'amena aucune
amelioration dans son change. La plupart des Etats européens
avaient adopté l'étalon-or; l'argent était continuellement offert
sur le marché mondial et sa valeur baissa. La Roumanie pouvait
bien Pacheter a meilleur marché qu'autrefois pour ses buts
monetaires; mais, comme l'offre était grande et la demande
faible, l'Asie étant le seul grand acheteur, le prix de l'argent
alla toujours en baissant. Par suite, la valeur-matiere des mon-
naies d'argent roumaines diminua sans cesse; c'est-A-dire qu'elles
se déprécierent. L'or avait un agio de 25 %.
Apres la guerre russo-turque, la Rournanie possédait effecti-
gement Petalon-argent. La piece de 5 lei en argent était l'unité
monétaire. Elle correspondait A la piece que les puissances de
l'Union monétaire avait adoptee. On croyait que la route qui
conduit A l'étalon-or passe par l'etalon-argent ou par le bimetal-
lisme. En consequence, les ducats autrichiens étaient tres
recherchés.
Cette situation a duré jusqu'en 1890, jusqu'au moment oil
la Roumanie alopta l'étalon-or.
11 etait devenu nécessaire parce que le commerce extérieur
du pays le reclamait. L'agio d'or causa de grands dornrnages
A l'économie roumaine. L'étranger qui avait l'étalon-or payait
A la Roumanie les blés, pétrole et betail qu'elle exportait en
argent, tandis qu'elle devait payer en or les produits importés
des pays a étalon-or. Dans les ports, on exigeait de l'or des
commercants roumains. Ces inconvenients obligerent la Rou-
manie A adopter en 1889 l'étalon-or. Trois lois furent votees:
10 La loi sur l'introduction de l'étalon-or;
20 La loi sur la transformation de la couverture métallique
d'argent en or;

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La monnaie roumaine 599

30 La loi modifiant la loi constitutionnelle de la Banque


Nationale.
La premiere loi de mai 1889, publiée en mars 1890, dit:
«L'unité monetaire de la Roumanie est le leu-or. La monnaie
d'argent devient monnaie divisionnaire et sa puissance de paye-
ment autrefois illimitee est reduite a 100 lei.»
La seconde et la troisieme loi concernent les nouvelles pres-
criptions relatives a la couverture des billets de la Banque
Nationale. La couverture métallique est relevée de 33 % a 40 %
avec l'obligation de rembourser les billets a presentation en or.
La Roumanie a posse& ce systeme monétaire dans lequel
le leu etait egal au franc francais et au franc suisse jusqu'à la
6olierre mondiale.
Les grands bouleversements qu'elle a entraines ne lui ont
pas permis de maintenir le pair de son change; apres la guerre
le leu a baisse considérablement.
La hausse des prix indique I'étendue de sa baisse. Les
tableaux suivants renferment les chiffres-indice des principaux
produits: Ils ont éte empruntés au grand journal économique
roumain «Argus». Le gouvernement roumain ne publie pas
d'index de prix.
Mar cha n d ises ler aoCit 20 janvier 20 avril 20 janvier
1916 1923 1924 1925
Denrées alimentaires:
Sucre 100 2500 2330 2500
riz 100 4000 4330 5330
cafe 100 2900 4170 5000
the 100 2500 5000 5000
olives 100 3000 6000 6300
haricots . 100 3500 7500 8000
farine de rues . . 100 3330 4700 6600
farine de frotnent 100 1875 2750 4500
pornmes de terre 100 2000 2660 4000
sel 100 2000 2660 2660
pain blanc 100 2000 3600 7200
pain 100 1500 2500 5250
viande . 100 2000 4000 3500
lait 100 1750 2500 3000
beurre 100 4500 5380 4610
graisse 100 4000 4370 5000
poisson -- 1875 3750 3500
vitt 100 1750 2500 3000
frornage 100 2570 3715 4260
eau-de-vie 100 1250 1500 1870
alcool 100 1560 1560 1750

100 2494 3689 4436

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600 La monnaie roumaine
Habillement: ler aotit 20 janvier 20 avril 20 janvier
1916 1923 1924 192.5
complets 100 3500 5750 6250
manteaux 100 3380 5330 6190
chemises . .100 2400 3750 4500
souliers 100 2250 2750 3150
bas 100 2330 3800 5000
chapeaux ... 100 3000 3830 5000
toiles 100 4000 6500 7500
fil a coudre . 100 2400 2400 2400
coton 100 5000 7000 6870
100 3240 4567 5281
Divers:
savon 100 1950 2460 3000
verre 100 2000 3000 3500
bois de chauffage . 100 2500 2500 2750
bois de construction . 100 1540 2700 3000
pétrole brut . . 100 930 4000 3730
benzine 100 1400 3600 3200
pétrole brut . 100 930 4000 3750
cuir 100 700 1220 1220
cuir pour semelles 100 730 1000 1000
papier . . 100 2400 3800 3800
100 1665 3303 3145
Valeur moyenne de
toutes les marchandises 100 2460 3853 4287
Ce tableau montre qu'en janvier 1925, les denrées alimen-
taires sont 44,36 fois plus cheres qu'en aoilt 1916; l'habillement
a renchéri de 52,81 fois et divers articles de 31,45 fois. Le
renchérissement moyen de toutes les marchandises ci-dessus est
42,87 fois. Ainsi done l'indice est:
44% pour les denrées alimentaires,
53 a peu pres pour l'habillement,
31,5 pour divers articles,
43 pour l'ensemble des marchandises.
La c a p a c i t é d'achat e x t é r i e u r e du leu etait sen-
siblement plus grande pendant les premieres années apres la
guerre que sa capacité intérieure; dans les derniers temps, elle
s'est adaptée a celle-ci. C'est ce que montre la comparaison des
cours du change avec l'indice general des prix ou du coflt de
la vie.
Le dollar cotait en lei:
1919 1920 1921 1922 1923 1924
maximum . . . . 24 92 140 172 228 231
minimum . . . . 15 37 57 120 179 178
moyenne . . . . 18 55 86 150 203 201
Avant la guerre, 1 dollar valait 5 lei; en 1924 il vaut plus
de 200 lei en moyenne, c'est-à-dire 40 fois plus. Ce relevement
du cours des devises correspond a peu pres a Faugmentation
du cont de la vie.

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La monnaie roumaine 601

Le cours du leu a également baissé compare aux autres


devises étrangeres. En 1925, la livre sterling est a plus de
1000 lei. Le franc suisse cota 16,25, en decembre 1919; 8,20
en 1920; 4,00 en 1921; 3,05 en 1922; 2,95 en 1923.
II n'y a pas de doute qu'il faille attribuer la baisse du change
de tous les pays qui ont pris part a la guerre a des fautes corn-
mises contre la th é ori e des quantités : on a neglige le
principe fondamental de la theorie de Ricardo sur le rapport
entre l'argent et les marchandises. On a plus dépensé d'argent
en Roumanie qu'on ne devait d'apres les quantités de marchan-
dises et le travail caltules d'apres l'argent existant.
La fabrication de l'argent commença pendant l'occupation de
la Roumanie par les puissances centrales. Dans ce but,
on crea la Banca Generale Romana a Bucarest, aujourd'hui
Banca Generala a Tarii Romanesti, comme banque d'émis-
sion. Le montant depose" par la Roumanie pendant sa neu-
tralité dans la Reichsbank devait servir de couverture aux billets
émis par l'administration militaire dans les territoires occupes.
La somrne de ces billets émis par la Banca Generala est évaluee
a 2 milliards 100 millions de lei par C .J. Baicoianu, directeur de
la Banque Nationale de Roumanie, dans son ouvrage: La Banque
Nationale de Roumanie pendant l'occupation, de novembre 1916 a
novembre 1918 (Paris 1921, page 33). Ces billets qui reste-
rent en circulation apres la retraite des armées apporterent les
premiers germes de l'inflation dans les finances roumaines.
Apres Padjonction des nouvelles provinces, il y avait en
Roumanie des moyens de payement tres divers: des couronnes
autrichiennes: 8 milliards 600 millions, c'est-h-dire 4 milliards
290 millions de lei; des roubles russes: 442 millions de roubles
Romanov, 846 millions de roubles Lwow et Kerenski; ensemble
1 milliard de lei; enfin les billets de la Banca Generala: 2 mil-
liards 100 millions de lei.
En 1920 eut lieu l'unification de ces divers moyens de
payement.
On estampilla tous les billets etrangers afin d'empecher
que de nouvelles quantités n'entrassent en Roumanie. Peu a peu,
les anciens billets furent remplacés par des nouveaux, car on
manquait de papier.
Plus tard eut lieu le remboursement des billets estampilles:
les billets de la Banca Generala au pair; les billets en roubles
et en couronnes a un cours au-dessus de celui de la Bourse.
Cette transaction se fit dans des circonstances qui condui-
sirent a une devalorisation du leu. De grandes affaires d'agio
accompagnerent le remboursement des billets estampillés. Ceux
qui connurent auparavant le cours de remboursement acheterent
sous main de grandes quantites de billets en roubles et en couron-

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602 La rnonnaie roumaine
nes a un cours supérieur au cours actuel, mais bien inférieur h
celui prevu par le gouvernement.
Cette difference entre le cours veritable de la couronne et
du rouble et le cours de remboursement amena un deficit pour le
gouvernement et augmenta l'inflation. En remboursant les bil-
lets, on emit plus de billets qu'il n'y en avait auparavant, car
leur cours était plus éleve que celui des billets en circulation. Le
change roumain en fut deprécie.
Une autre cause de depreciation fut remission de grandes
quantités de bons du Trésor pour payer les importations et
surtout la France. Le change roumain est fortement influence
par le marché francais, par suite de ces bons du Trésor qui sont
en grande partie en possession de la France, des banquiers fran-
çais. L'ancien ministre des Finances M. Titulescu a voulu regler
la question de ces bons en formant un consortium des porteurs
avec lesquels le gouvernement roumain négocierait. Il voulait
faire un arrangement pour rembourser en 30 ou 50 ans les bons
avec payement d'intérets fixes. Il a seulement réussi a ce
qu'ils passent dans la possession d'un petit nombre de banquiers
francais.
Un grand nombre d'industriels suisses sont aussi porteurs
de ces bons. En 1921, la dette roumaine causée par la li-
vraison de marchandises h la Roumanie s'elevait h 300 millions
de lei, c'est-h-dire a 12 millions de francs suisses.
Les achats indispensables faits apres 1918 par le pays ravage
par la guerre, les importations exagerees d'articles de luxe ont
aussi affaibli le change roumain. La France qui avait une grande
influence politique en Roumanie en a profité pour introduire ses
articles principaux d'exportation: soies, parfums, savons fins.
En 1919, 1920 et 1921, la balance commerciale de la Rou-
manie était passive; les statistiques officielles accusent pour
1922 une balance active; mais en prenant les prix du marche
mondial pour base, il y a aussi une plus-value des importations.
Une balance commerciale défavorable entraine une forte demande
de moyens de payement étrangers pour payer l'excedent des
importations, c'est-h-dire des cours des changes defavorables.
Et ceux-ci refletent la depreciation de la rnonnaie h l'intérieur
et h l'exterieur.
L'augmentation des moyens, de payement de 1919 a 1922,
lorsqu'on eut unifié les divers étalons existants dans les nou-
velles provinces, a contribué aussi h deprécier le leu.
Puis, ce sont les emissions de billets de la Banque Na-
tionale qui cessent h partir de 1922 et dont nous parlerons
dans le chapitre suivant.
La speculation h la baisse sur le leu-papier sur les places
etrangeres a aussi favorisé sa depreciation.

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La monnaie roumaine 603

La saisie par le gouvernement sovietique du dépôt d'or qui


avait éte mis en sfireté a Moscou pendant l'offensive allemande
a également influence le change roumain. La Banque Nationale
considere encore aujourd'hui ce dépôt de 435 millions de lei-or
comme couverture de ses billets bien qu'il soit probablement de
nature fictive. Si l'on retranche ce montant de la couverture
globale, la base matérielle sur laquelle repose la monnaie de
la Roumanie actuellement est réduite.
En dernier lieu, l'inflation a éte amené par la production
restreinte de marchandise s. Moins l'on produit, moins la
somme d'argent en circulation a de la valeur. Pour la petite
production des premieres annees apres la guerre, ii y avait
trop de moyens de payement; cette disproportion conduit A la
depreciation de l'argent. Plus la production augmentera, plus la
Roumanie pourra augmenter ses exportations, plus son change .

a des chances de se retablir.


La baisse du cours du leu a cause des desavantages 'a
la Roumanie: la hausse des prix et la pénurie des moyens
de payement. La rareté de l'argent est la consequence directe
de la diminution de la puissance d'achat du leu; c'est un
sujet de mecontentement general et1 de reproches constants.
L'augmentation des billets n'est point un remede quoique
certains milieux en soient partisans. La revue Plutus (No 84
de 1924) veut prouver que les moyens de payement en 1915
s'élevaient a 500 millions de lei-or, c'est-a-dire a 17 milliards
de lei-papier, et a 18 milliards en 1924, montant beaucoup
trop petit; par rapport A la population, les billets en circula-
tion devraient atteindre 40 milliards. Le portefeuille d'es-
compte de la Banque Nationale devrait etre quatre fois plus
grand. En 1914-1915, il se chiffrait par 222 millions de lei-or,
c'est-a-dire 8 milliards de lei-papier; en 1924, il n'était que
de 5 milliards 300 millions de lei-papier. Les credits sur gages
sont aussi trop petits.
Le gouvernement n'a pas suivit les conseils dangereux
et trompeurs des inflationnistes. 11 a suivi une autre voie pour
essayer de ramener le lett a son niveau normal d'avant-guerre.
Ce chemin ne passe pas par la dévalvation. La Banque Na-
tionale l'a repoussee comme une «mesure immorale allant
jusqu'a l'incorrection.» 11 s'agit bien plus d'essayer d'atteindre
la parité-or par une revalorisation lente du leu.
La politique de la r e valorisation consiste a augmenter
la vateur de l'argent par des mesures qui font baisser les
prix dans leur ensemble, c'est-a-dire le niveau des prix. On
peut y arriver par des moyens économiques, le retrait de
billets de la circulation par des taxes d'exportation, par un
office de contrôle des devises qui ne remet des devises qu'a
ceux qui y sont autorises et s'oppose a un speculation ef-
frenee.

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604 La monnaie roumaine
On espere que le remboursement des dettes de l'Etat
la Banca Nationala aura une grande influence sur le courts
du leu; ce sont des dettes de guerre. L'Etat lui donnait des bons
du Trésor couverts par des créances et recevait des billets.
Les couvertures etaient les indemnités que l'Etat devait rece-
voir d'apres le traite de paix et les créances de la Roumanie,
sur la Reichsbank pour la couverture des billets de la Banca'
Genera la.
Le ministre des Finances, M. Vintila Bratianu a dit sur les
raisons de ces dettes de l'Etat: «Les charges de la guerre
ont oblige l'Etat a faire appel a l'émission de la Banca Natio-
nala pour pouvoir faire face a la situation extraordinaire. Grace
au credit et A la collaboration de cet institut, on a pu couvrir
les dépenses de la guerre dans la Moldavie, plus tard cents
aussi grosses de la campagne de la Theyss jusqu'au Dniester;
l'Etat a pu vivre lorsque l'ennemi lui coupa les recettes or-
dinaires. Enfin, il a pu unifier le systeme rnonétaire, retirer
diverses emissions faites par Pennemi ou dans les nouveaux
territoires adjoints. La Banque Nationale a releve remission de
12 miliards de lei environ pour faire face A ces besoins, emission
qui pese lourdement sur la circulation et la monnaie nationale:
Les obligations de l'Etat s'élevent encore a 111 milliards
en 1925; il a déjà réussi A rembourser 1 milliard.
Dans la nouvelle convention conclue entre le gouverne-
ment et la Banca Nationala en 1925, relative A la prorogation de
son privilege, on a fixé que l'Etat lui remboursera sa dettle
de 11 milliards dans l'intervalle de 15 a 20 ans; pendant ce
temps la Banque Nationale devra rétablir le change.
Ce retablissement se fera de la sorte que la Banque Na-
tionale devra relever le leu a mesure que l'Etat effectue les
remboursements; si bien qu'il aura recouvré son ancienne va-
leur-or lorsque le remboursement sera accompli.
La politique de revalorisation de gouvernement roumain
est basée sur un autre principe que la politique d'assaini§se,
ment des autres Etats qui voulaient sortir des difficultes entrainees
par un change deprecie ott se dépréciant. On peut diviser
ces Etats en trois groupes:
10 Les Etats qui ont cause' intentionnellement l'inflation
pour s'en servir d'arme économique; c'est le cas de la Russie
et de l'Allemagne;
20 Les Etats qui ont permis l'inflation et en ont tire des
profits, mais qui y ont fait face h un ,certain moment. C'est
le cas de la plupart des puissances qui ont pris part a la
guerre (sauf l'Angleterre); elles se sont procure, h l'aide de
la planche a billets, l'argent nécessaire pour faire la guerrel
et payer les dépenses grandissantes. Le pays qui a abregé

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La monnaie roumaine 605

le plus vite et le plus energiquement ce développement est


la Tchecoslovaquie (politique de deflation);
30 Les Etats qui n'ont pas employe l'inflation.
La Roumanie a courageusement suivi la voie de la politique
de deflation. Elle a équilibre son budget et pris des mesures,
energiques pour empecher sa monnaie de baisser davantage.
Elle a arrete la depreciation du leu. Les deux resultats prin-
cipaux de cette politique ont eu des consequences dans la vie
economique. Evidemment on ne peut attendre des succes ra-
dicaux et immediats d'une politique a long terme. Mais la
Roumanie est en train d'assainir sa monnaie. C'est ainsi qu'ecri-
vit Viitorul le 13 janvier 1924: «Le processus de guerison
de notre économie devient de plus en plus certain et plus
ample; les affaires de pure speculation qui sont si néfastes
pour Peconomie et sont alimentees uniquement par l'abondance
d'argent nuisible, ont cessé et fraye la voie aux actes qui
promettent un profit reel au, pays. Sous peu, tous les para-
sites de la speculation qui s'étaient développés sur notre or-,
ganisme economique et s'en nourrissaient auront compIetement
disparu. La danse des millions qui avaient permis a beaucoup
d'acquérir de grosses fortunes sans le moindre travail devaiti
cesser grace a la deflation; il semble qu'un vent purificateur
souffle dans notre vie économique. II se peut que l'epura-
ton soit venue tard; néanmoins c'est un profit qu'elle soit
venue a present. Si Pon considere la vie economique comme
un tout, il semble que quelque chose de nouveau se prepare;
et de fait, on peut constater des reductions de prix sur divers
articles de premier ordre. II est vrai que nous sommes seule-
ment au debut de la nouvelle situation; et ,seulement pas
a pas nous arriverons a la guerison. La politique financiere
libérale etait bonne; elle a sauvé la situation economique et
'assure son avenir.»
Cette evolution est encore a son debut et il est trop tôt
pour juger l'effet qu'elle aura sur la monnaie roumaine. Cepen-
dant, si l'on pense que toute la nouvelle politique économique
de ce pays forme un systeme qui vise a enrichir l'Etat en met-
tant entre ses mains les matieres et les forces et en commer-
cialisant ses entreprises, on ne peut nier que cette politique
monetaire et financiere manque d'unité. Elle represente un
systeme complet dont les effets ne peuvent évidemment pas se
manifester aussitôt, mais dont les fruits mariront au cours des.
annees.

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XIX. Les banques roumaines.
Les banques d'un pays sont l'expression de son economie et
des phénomenes qui Paccompagnent. Aussi, le caractere de son
économie fixe le caractere de ses banques. Dans un pays agri-
cole comme la Roumanie, les besoins de l'agriculture ont deter-
mine le premier développement des banques. Les instituts de
credit agricole ont ete crées pour donner des credits a la grande
proprieté. Plus tard, on crea aussi des organisations pour satis-
faire les besoins de credit des paysans afin qu'ils ne fussent pas
exploités par les usuriers. Dans cette premiere période, l'Etat
intervint en pretant son aide. Il erigea des banques de dépôts,
des caisses d'epargne pour permettre h la population de placer
ses economies h interet et encourager ainsi l'accurnulation des
capitaux.
Le premier institut de ce genre, qui existe encore est la
Casa de Depuneri si Consemnatiuni (Caisse de
dépôts et de consignations),1 fondee par l'Etat en 1864. Elle
représentait une banque de depOts. En 1876, le ministre des
Finances d'alors Jon C. Bratianu lui donna la base qu'elle
possede encore actuellement. En 1880, on lui rattache la Casa de
économii (caisse d'epargne). La loi de 1895 fusionna les deux
instituts sous le nom de Casa de Depuneri economie si Con-
semnatiuni et fixa la forme de son organisation definitive.
Un deuxieme pas dans le domaine de l'organisation du
credit est la creation des instituts de credit foncier.
Apres de longues et graves luttes pour organiser des credits a
longs termes, les propriétaires fonciers ruraux et urbains reussi-
rent h obtenir a I'aide de leurs associations la creation d'eta-
blissements de credit foncier établis sur le principe de la soli-
darite des participants. Le premier de ces établissements, le
Creditul funciar rural, fut érigé an 1873; le Creditul
fun ciar u rb an le suivit en 1875. Sur la meme base fut créé
en 1881 le Cr e ditul fun ciar de Jassi et plus tard un eta-
blissement analogue h Craiova. Ce sont des instituts de credit
qui se procurent de l'argent pour les prets hypothecaires de
la grande propriete et les immeubles urbains par l'émission de
lettres de gage. En premier lieu, ils servent aux besoins des
agriculteurs, en second lieu des sylviculteurs.
1 Ces details ont été emprunté a l'ouvrage déja mentionné de Sla-
vescu sur la Banque Nationale de Roumanie.

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Les banques roumaines 607

11 n'existe pas, jusqu'a l'heure actuelle, d'etablissement ser-


vant uniquement a accorder des credits pour la creation et le
developpement des forets. Pourtant un Cr editul silvic qui
donnerait des credits a longs termes jusqu'a ce que les travaux
de reboisement fussent productifs serait des plus urgents.
L'evénement le plus remarquable dans l'histoire des banques
roumaines est la constitution de la Banque Nationale. Elle permit
de creer des moyens de payement elastiques sous la forme de
billets de banque et d'adapter le systeme de payement base
jusque-la sur la monnaie métallique et fiduciaire (billets hypo-
thécaires) aux besoins variables des fluctuations économiques.
En 1877, Jon C. Bratianu avait deja montré a la Chambre
la necessité de cette banque: «C'est pourquoi j'ai dit que nous
devions fonder une banque et nous avons tres mal fait en ne
la fondant pas. Nous ne nous étions pas suffisamment fami-
liarises avec cette idee et nous ne pouvions pas comprendre la
necessité d'une telle situation bancaire. En 1860 et en 1868,
j'ai dit a tous les capitalistes de l'époque: «Vous ne sentez pas
aujourd'hui la necessite de fonder une banque; mais un temps
viendra oui vous la sentirez. 11 nous faut fonder une banque pour
la circulation monetaire pour qu'elle forme un reservoir pour
les mauvais temps qui vont venin.
Ce fut seulement le 27 fevrier 1880 que cette idee se
realisa, le jour ou le cabinett Bratianu présenta a la Chambre
le projet de loi de la creation d'une banque nationale. Le 17
avril 1880, une loi fixe les regles de l'organisation de la Banca
Nationala; en voici les prescriptions principales:
L'article premier accorde a la Banca Nationala le mono-
pole de l'émission des billets de banque a des conditions enume-
rées plus loin, fixe son siege a Bucarest et l'oblige a créer ;des
succursales et agences dans toutes les grandes villes du pays,
principalement dans les chefs-lieux de district. La durée de son
privilege fut fixée a l'article 4 de la loi a 20 années, c'est-a-
dire au ler décembre 1900. Le capital de la banque sera de
30 millions de lei, sur lesquels l'Etat versera 10 millions et
20 millions seront fournis par souscription privee. Sur ce capital,
12 millions seront verses lors de la fondation de la banque et
le reste suivant le développement de ses affaires. L'article 13
dit que la plus petite coupure sera d'au moins 20 leis. Les bil-
lets seront de 20, 100, 500 et 1000 lei; les billets de 20 lei
ne doivent pas depasser les 300/0 de l'émission globale. D'apres
l'article 14, les billets sont payables a presentation aux bureaux
de la banque en or ou en monnaie d'argent nationale. La cou-
verture metallique des billets en circulation doit toujours s'elever
a un tiers de leur valeur nominale ;la couverture totale en or
ou en effets-or a 400/0. Le gouvernement s'engage a accepter
ces billets dans toutes ses caisses. L'article 16 prescrit que

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608 Les banques roumaines
la Banca Nationala a le droit d'acheter et de posseder des va-
leurs roumaines d'entreprises publiques jusqu'à la moitié de son
capital; plus tard, on lui permit de placer tout son capital en
effets publics.
Les articles 17 a 26 fixent radministration de la banque.
Le gouvernement nomme le gouverneur pour 5 ans; les action-
naires élisent 4 directeurs et 4 censeurs; 2 directeurs et 3 cen-
seurs sont nommes par le gouvernement. Un commissaire du
gouvernement a le droit de contrôler radministration.
On esperait que la difference de cours entre l'or et l'argent,
l'agio-or, diminuerait et disparaitrait grace a l'influence de la
Banque Nationale. Le role principal qu'elle a joué dans la vie
du peuple roumain est d'avoir afferrni et assure le credit de
l'Etat par remission de billets et donne un developpement sain
au credit privé. Elle servit de modele et de stimulant a d'autres
banques créées avec son aide pour le soutien du commerce et
de Pindustrie. Elle est surtout une bonne pépiniere pour la for-
mation d'employés capables dans la pratique bancaire a une
époque oh la plupart des banques prosperes en Roumanie
etaient entre les mains d'etrangers. Elle a montré que le pays
dispose d'assez d'employes intelligents pour diriger cet institut
sans secours étrangers et faire une bonne politique bancaire.
Elle est devenue le modele d'une banque d'émission parmi les
Etats du sud-est de l'Europe.
Les emissions de billets de la Banque Nationale se sont
elevees en millions a:
emission de billets circulation de billets
2 613 2 489 au 31 clécembre 1918
3 204 3 005 30 juin 1919
4 431 4 215 31 décembre 1919
4 940 4 803 30 juin 1920
10 096 9 486 31 décembre 1920
11 999 11 073 30 juin 1921
14 345 13 722 31 décembre 1921
15 039 14 143 30 juin 1922
15 998 15 162 31 décembre 1922
16 749 16 202 30 juin 1923
18 794 17 917 31 décembre 1923
18 769 17 729 30 juin 1924

Ii faut distinguer deux periodes dans remission et la cir-


culation des billets apres la guerre. Dans la premiere, de 1919
a 1921, l'émission n'a lieu que pour faire face aux besoins
de l'Etat. Elle a un caractere d'inflation. Dans la seconde, qui
commence en 1922, les billets sont uniquement emis dans des
buts économiques. Cela se voit dans le relevement des credits
d'escompte et la diminution des dettes de l'Etat.

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Les banques roumaines 609

Ces billets sont couverts. Le bilan jusqu'à 1923 contenait


une couverture-or de 493 millions dont
315 millions en monnaies et en barres A Moscou
178 11 A Berlin et A Londres.
Plus tard, la couverture diminue de 65 millions sans que
les rapports de la banque en donnent la cause. Il s'agit pro-
bablement d'une partie de l'or de la Banque Nationale depose
A la Reichsbank.
Pour bien juger cette couverture, ii faut faire une diffe-
rence entre la couverture en depOt et la couverture effective.
En 1923, la premiere se monta A 428 millions; la seconde
127 millions.
Au 31 décembre 1923, le portefeuille des effets de commerce
de la Banque Nationale s'éleva A 5456 millions. Il n'est pas
specialise et on ne salt pas combien ii contient de devises et
d'effets d'Etat.
Les effets de commerce escomptes par la Banque Nationale
se sont eleves en millions de lei a:
158,8 en 1919
702,5 1920
1 829,6 1921
3 808,5 1922
5 864,1 1923
Les avances sur gages sont beaucoup plus petites:
58,9 en 1919
130,3 1920
172 6 1921
236,7 1922
353,9 1923
De 1919 a 1923, elle a rnaintenu a un niveau tres bas le t au x
de l'escompte et celui des prets sur gages. De
1919 au ler juin 1920, le taux de l'escompte a été de 5 %, celui
des prets sur gages de 60/0. Le ler juin 1920, le taux d'es-
compte a eté porte A 6 % et celui des prets sur gages A 7 %; ils
sont resté en vigueur jusqu'aujourd'hui (1925).
Le faux de Pinteret des prets a ete tres bas pendant toute
1a période d'inflation; il monte progressivement de 1921 a 1923;
puis ii prend une allure anormale et atteint des chiffres incon-
nus en Roumanie. L'intervention de la Banque Nationale fut
sans effet.
Elle a fait le nécessaire pour qu'on instituAt A la fin de 1919
un clearing house sous la forme d'une ca isse de com -
p ensation pour effectuer les payements sans l'intervention
de l'argent. Cette caisse fonctionne depuis 1920. Les partici-
pants sont 20 grandes banques de Bucarest. Son but est de
compenser les créances et les dettes de ses membres a Paide de
39

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610 Les banques roumaines
cheques. En 1922, elle a compensé 31 milliards 106 millions;
en 1923, 36 milliards 440 millions de lei.
Le benefice que realise cette grande banque est considerable.
11 s'est élevé en millions de lei a:
benefice brut frais benefice net
29,1 18,4 10,7 en 1919
61,5 46,8 14,8 1920
98,5 78,5 20,0 1921
167,2 143,7 23,5 1922
319,5 291,2 28,3 1923

Le benefice net de la Banque Nationale passe dans les poches


des actionnaires, est affecte au fonds de reserve, verse a PEW,
au conseil d'administration, aux censeurs et au fonds de re-
traite. Les actionnaires touchent un superdividende a l'aide du
reste. En 1923, la repartition fut de:
720 000 lei pour le premier dividende
5 516 708 /7 le fonds de reserve,
6 620 050 la participation de l'Etat,
1 544 678 le conseil d'administration et les censeurs,
220 669 If le fonds de retraite,
13 680 000 le second dividende.
Le dividende par action en lei en pour-cent fut de:
235 lei ou 47% en 1919
320 64% 1920
428 76 85% 1921
500 85-100% 1922
600 106-120% 1923

Durant la période de creation de la Banca Nationala sont


nes d'autres grands etablissements de credit.
En 1881, Jon C. Bratianu fonda la Casa de Credit
agricol dans le but d'organiser le credit paysan. Les caisses
furent erigees dans tous les chefs-lieux de ditrict avec la parti-
cipation du capital de l'Etat, des districts et des particuliers. On
ouvrit des credits aux agriculteurs paysans sur gages.
En 1882, ces caisses furent transformées en institutions.
d'Etat du Cr editul a gri col parce qu'elles n'eurent pas le
succes desire. On lui adjoignit en 1906 un établissement de
credit vinicole. Les vignes avaient ete detruites par le phyl-
loxera et il fallait accorder des credits aux vignerons. Le
Credit a gri col si viti col est un etablissement d'Etat qui
a le droit d'émettre des obligations. Il servit de chambre de
compensation aux syndicats paysans et avait pour mission de
procurer aux paysans les moyens necessaires pour s'installer,
exploiter leurs champs, creer des vignobles ou les replanter.
Les résultats n'ont pas ete tres grands. Aujourd'hui une banque
populaire a pris sa place.

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Les banques roumaines 611

Peu apres sa fondation, fut créée la Banca Agricola,


banque privilegiée dont la mission est de secourir les grands
propriétaires fonciers. C'est une société anonyme, instituée en
1894 et placée sous la surveillance de l'Etat. Elle accorde prin-
cipalement du credit sur les rendements de Pagriculture. Ses
créances ont la priorité sur les autres.
Tandis que le Creditul Agricol s'efforcait de donner des
credits a court terme aux paysans, le mouvement syndical des
banques populaires, bancile populare, naquit en
1893 de la propre initiative paysanne. Des le but, il fut dirigé
par Spiro C. Haret et organise plus tard par Emile Costinescu
par la loi de mars 1903.
Nous en avons déjà parlé.
La banque de parcellement, Casa rural a, est un autre eta-
blissement public. Elle fut créée en 1908 pour procurer aux
paysans les capitaux nécessaires a l'acquisition du sol. La
moitie de son capital de 10 millions de lei a eté fournie par
l'Etat; l'autre par des particuliers. Elle a le droit d'émettre des
obligations.
Plus tard, parallelement aux syndicats ruraux, on crea les
syndicats urbains; ils ont eu peu de succes.
Au commencement du nouveau siecle, un certain nombre
de b an ques de commerce ont été fondées avec des
capitaux roumains avec l'aide de la Banque Nationale, comme
auxiliaires du développement économique des contrées dans
lesquelles elles sont nées. A leur tete se trouve la Banca
Romaneasc a dont nous parlerons plus loin.
Peu avant la guerre et sous son influence directe est fonde
en 1915, sous les auspices de la Banca Nationala, un nouvel
institut de credit agricole; la Cas el e de Imprumuturi pe paj
(caisse pour lettres de gage) qui a obtenu de tres bons résultats.
Avec cet appareil financier, la Roumanie entra en guerre.
Son agrandissement apres la guerre exigea une n ouv elle
organisation des banques. Le caractere économique du
pays s'est modifié par la réforme agraire et son caractere indu-
striel par l'adjonction des territoires industriels de la Transyl-
vanie.
II fallut creer deux nouveaux établissements industriels:
10 La Prima Societatea civila de Credit Fun-
cia r rural qui a pour but de seconder l'agriculture du pays
dans la nouvelle phase de son développement;
20 La Societatea Nationala de Credit Indu-
strial qui doit soutenir l'industrie du pays et lui montrer
sa voie. Cette nouvelle creation a laquelle participent l'Etat et
39*

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612 Les banques roumaines
la Banque Nationale fonctionne depuis le ler janvier 1924. Un
projet de loi a eté depose" a la Chambre d'apres lequel cet eta-
blissement aura le droit d'émettre des obligations et des lettres
de gage, industrielles qu'il pourra placer dans les divers insti-
tuts de l'Etat et a l'etranger. II n'accorde des credits qu'aux
exploitations qui occupent des ouvriers roumains.
La confiance dans les entreprises sérieuses a grandi parce
que cet institut financier ne donne du credit qu'aux etablisse-
ments sérieux et productifs. II contrOle presque toute la vie
industrielle et soulage le portefeuille d'escompte de la Banque
Nationale, car il effectue lui-meme ces operations et donne
des credits a long terme.
La B an ca A gr a r a a eté chargée par le gouvernernent de
financer la réforme agraire en Transylvanie, Banat, Crishana et
Maramuresh. Elle effectue toutes les operations bancaires, émet
des lettres de gage, recoit des placements a intérets sur des
livrets ou en compte courant, achéte et vend des especes
etrangeres, finance les entreprises agricoles et industrielles,
accorde des pi-as hypothécaires avec annuités de 10, 15, et 20
ans, des avances sur effets de commerce et depOt de titres, prêts
sur warrant, escompte les effets de commerce. Elle possede
une section pour les syndicats, pour les produits agricoles, des
relations de compte courant avec toutes les banques roumaines
et étrangeres. Son but est:
a. De payer pour le compte de l'Etat toutes les dépenses
relatives aux expropriations et repartitions du sol resultant
de la réforme agraire;
b. De se charger des obligations et certificats de rente
émis par l'Etat pour le payement du prix des expropriations et
de les remettre aux propriétaires;
c. D'encaisser les annuités des propriétaires qui ont recu
des terrains, de payer les coupons de rente échus et de remettre
a l'Etat les montants d'amortissement;
d. D'encaisser les montants des baux et de les payer tant
que le terrain exproprié est utilise en vertu du bail.
e. D'encaisser les versernents a effectuer par les proprié-
taires pour acquitter le prix du terrain et de les remettre
a l'Etat 15 jours avant l'échéance des coupons, apres décompte.
Dans le but de relever les intérets economiques, surtout
ceux de l'agriculture et de l'industrie agricole, la banque peut
effectuer les operations suivantes sans qu'on puisse décluire de
ces stipulations une obligation quelconque de l'Etat ou un privi-
lege de la banque.
a. Liquider dans l'esprit de la loi et en vertu des accords
particuliers conclus avec l'Etat roumain les affaires des eta-

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Les banques roumaines 613

blisstments de credit fonder dont le siege social n'est pas en


Roumanie;
b. Accorder des prets A long terme garantis par des obli-
gations et lettres de gage émises dans l'esprit des lois exi-
stantes aux établissements et entreprises de l'Etat, aux villes
communes, eglises et corporations autorisées A percevoir des
impôts publics, aux compagnies de chemins de fer, de naviga-
tions et de canalisation servant au trafic public, aux commu-
nautes de biens, copossessions et aux particuliers;
c. Acquerir des propriétés de toute sorte et des immeubles
pour les liquider dans le cadre de la réforme agraire et dans
des buts d'économie nationale, de les parceller ou de les
coloniser.
d. Convertir les dettes ou arranger la conversion des dettes
entrainées par les parcellements et la colonisation jusqu'au
moment de la réforme agraire;
e. Convertir les dettes ou arranger la conversion des dettes
qui doivent etre liquidées en vertu des stipulations du traité de
Trianon et des accords relatifs A son application;
f. Accorder des prets A long terme sur garantie suffisante
aux communes, copossessions pour l'acquisition de pâturages et
de forets;
g. Donner ou prendre A ferme, participer A la constitution
de sociétés d'affermage et A toutes les entreprises de l'industrie
agricole;
h. Fonder des exploitations modeles particulièrement pour
l'amélioration et la selection des semences;
i. Encourager l'agriculture en secondant l'industrie des
machines-outils, en favorisant l'importation et la location de
machines aux agriculteurs;
j. Fonder et financer les entreprises de construction de
maisons de campagne modeles et de logements A bon marché
pour ouvriers et employes;
k. Accorder des prets A long terme sur les edifices;
I. Eriger des entrepôts publics;
m. Diriger, seconder, faciliter les propositions et organi-
sations encourageant l'agriculture;
n. Organiser le mouvement syndical.

Passons maintenant aux b anqu es prive es qui sont d'une


importance fondamentale pour le developpernent de la vie écono-
mique Toumaine.
La plupart de ces banques ont éte fondees avec des cap i -
taux 6 tr an gers et a l'instigation de capitalistes étrangers.

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614 Les banques roumaines
Un second groupe est forme par les banques pur em en t ro u-
main es n'ayant que des capitaux roumains. Le troisième groupe
mixt e comprend des banques possédant des capitaux indigenes
et &rangers.
Les capitaux les plus puissants sont concentrés dans les
banques du premier groupe. D'apres Pantelimon M. Sitescol,
les banques d'un caractere etranger possédaient en 1913 plus
de 105 millions en capitaux et reserves, tandis que les banques
d'un caractere national avaient seulement 68 millions de lei A
leur disposition. Sitesco remarque que le capital étranger s'est
tourné vers la fondation de banques roumaines depuis 1895 sur-
tout; il oublie que de nombreuses banques A capitaux et per-
sonnel &rangers existaient déjà avant cette date. Au commence-
ment du XIXe siecle, on mentionne une banque du nom
de S e chiari Deroussi, originaire de Marseille et de Con-
stantinople, qui s'occupait du commerce des bles et de banque.
La banque de Michel Daniel A Jassy qui faisait des prets sur gages
et le change est aussi vieille. En 1857, la Ban ca M o 1 da v a
fut fondee a Jassy par un Allemand du nom de Ruland, direc-
teur d'une banque A Dessau. Elle recut meme le droit d'emettre
des billets, qui devaient etre entierement couverts, de 50 florins
en or et plus, payables A vue. En 1865, eut lieu A Bucarest la fon-
dation de la Ban ca Roman i e i, Societe anonyme au capital
de 25 millions de francs, comme banque d'emission. Cependant
le droit d'emission lui fut retire en 1869. Elle a succéde
la Banque Ottomane de Paris, Londres et Constantinople et
represente une entreprise A capitaux anglais et francais. En
1903, elle fut liquidée. La Bank of Ro uma nia Lt d. de
Londres prit la suite de ses affaires et créa une succursale
Bu car est
La Banca Generala Romana A Bucarest a éte aussi
fondée avec des capitaux etrangers par la Disconto-Gesellschaft
et la banque S. Bleichroeder A Berlin en 1897. Son capital
de fondation etait de 10 millions de lei. Cette banque prit 'la
suite des Freres Elias M. Ghermani qui existait depuis 1834.
En 1904, la K. K. privilegierte osterreichische Länderbank
de Vienne acquis la maison des anciens banquiers prives Jeschek
& Cie A Bucarest et A Braila dont elle etait commanditaire de-
puis 1888 et fonda la rumänische Kr e di tb ank au capital de
6 millions de lei dont 3 millions entierement verses. Lorsque
cette nouvelle entreprise fusionna en 1908 avec la maison Dickin
& Cie a Bucarest et A Galatz, A laquelle participait la Nieder-
österreichische Escompte Gesellschaft a Vienne, cette banque fit
aussi partie des banques de credit roumaines.
1 Sitesco: Les banques de credit de la Roumanie, Craiova 1915,
page 31.

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Les banques roumaines 615

En 1907, la Banque Commerciale Roumaine fut


également creee A Bucarest par l'acquisition de la banque privee
S. Halfon & Fils, avec un capital de 12 millions de lei. La
participation des capitaux autrichiens, francais et belges était:
6 200 actions de la Banque de l'Union Parisienne (Paris),
4 200 71 de Wiener Bankverein (Vienne),
2 000 /1 de l'Anglo-osterreichische Bank (Vienne),
5 000 7/ du Credit general Liegeois (Liege).
La Banca Commerciala Romana fusionna en 1907 avec la
Societe anonyme Creditul Belgo-Roman.
La plus grande banque roumaine privee, la Ban ca M a r -
m o ro s ch , Blank & Cie, a été fondée en grande partie avec
des capitaux etrangers en 1848 par Jacob Marmorosch. En
1863, elle s'associa avec Moritz Blank. En 1874, l'entreprise
fut transformee en une societ6 en commandite sous la raison
sociale actuelle et en 1904 en une sociéte anonyme qui put
faire appel aux capitaux étrangers.
Les banques suivantes participerent A sa transformation:
La Pester Ung. Commerzialbank avec 4000 actions ou 2 mill. de lei
Maurice Blank 3700 )1 1 85 000
Jacob Marmorosch . . . . . . 3000 /1 1 500 000
la Berliner Handels-Gesellschaft . 2400 1 200 000
la Bank für Handel und Industrie 2400 1 200 000
J. G. Cantacuzino . 400 11
1 200 000
S. S. Aurelian 100 1 50 000
16 000 actions ou 8 mill. de lei
Deux ans apres sa transformation, sur les 10 millions de
son capital-actions:
36%étaient entre les mains de Roumains,
64% /I , d'étrangers,
notamment 24% entre les mains d'Allemands,
20% II /7 de Francais,
20% de Hongrois.
Lentement l'influence étrangere diminue. Si l'on en
croit les données de Sitesco, avant la guerre, les rapports
ont ete renversés, de sorte que 60 0/o des actions sont
entre les mains de Roumains, tandis que le conseil de surveillance
de la banque comprend encore deux membres de la Darmstädter
Bank, deux de la Berliner Handelsgesellschaft, deux de la Banque
de Paris et des Pays-Bas et trois de la Pester Commercialbank.
Il est evidemment impossible de constater exactement la part
du capital &ranger, car les actions sont traitees librement A la
Bourse et peuvent facilement changer de porteur. Immédiatement
apres la fin de la guerre, l'avoir allemand et autrichien fut
séquestre. Comme dans toutes les banques, la tendance A la
nationalisation se réalisa aussi chez Marmorosch, Blank & Cie;
seul le capital francais (Crédit Lyonnais et Banque de Paris
et des Pays-Bas) resta engage dans les banques de Bucarest.

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616 Les banques roumaines
Le capital allemand passa en d'autres mains, et les participations
des grandes banques allemandes n'existent plus en Roumanie.
La Banca Marmorosch, Blank & Cie participe a la Rumanische
Creditbank, a la Banca Moldava de Jassi, a la Banca Corn-
merziala et Banca Centrale de Ploesti, a la banque principale
du Banat, la Temesvarer Bank, a l'Allgemeine Creditbank de
Dicio San Martin, a la Erste Sparkasse de Ghiorgheni, a la
Unserer Kasse de Satumare.

A cOté de ces banques fondées avec des capitaux étrangers


il y a les entreprises bancaires purement roumaine s. La
Banque agri col e (Banca agricola) a Bucarest a été créée en
1894 pour encourager l'agriculture et se trouve sous la surveil-
lance du gouvernement. Son capital de 12 .millions 200 000 lei
a éte réduit en 1906 par suite de grandes pertes dans la période
de 1894 a 1906, a 7 millions 900 000 lei pour couvrir les pertes
de cette fawn. Son activité principale consiste a accorder des
credits sur les rendements de la propriété fonciere, allant jusqu'a
500/0, au minimum, de la valeur des produits du sol, machines
et betail, et jusqu'a 300/0 de la moisson non encore rentrée.
La Banque du Comm erc e, société anonyme a Craiovaa,
a éte fondee en 1898 comme banque syndicale avec un capital
de 100 000 lei qui a ete double peu apres. En 1899, elle est
transformee en société anonyme et son capital est porte a 1 mil-
lion. Dans les nouvelles augmentations de capital, la banque
Marmorosch, Blank & Cie acquiert une influence dorninante sur
l'entreprise, de sorte qu'elle n'a pas besoin d'eriger une succur-
sale a Craiova. Elle a le caractere d'une banque de dépôts.
En 1899, on crée a Bucarest la Banque d'Es compt e au
capital de 2 millions de lei. C'est une banque industrielle mo-
derne qui se livre aux fondations et aux participations.
La Ban ca Roman easc a, fondee en 1911, avec l'aide de la
Banque Nationale, est de beaucoup la plus importante des banques
de ce groupe. Son capital s'élevait a 17 millions 500 000 lei,
dont 12 millions 900 000 furent immediatement verses et le
reste peu apres. Cet établissement accorde du credit a l'in-
dustrie et des participations. L'adjonction des nouveaux terri-
toires lui a el-66 de nouvelles tâches. Elle a joue un role pre-
ponderant dans l'action de nationalisation.
Depuis 1912, le capital tchecoslovaque est actif en Rou-
manie our il a fondé la Banca Romana de Com ertsi de Cre-
dit din Praga, au capital de 1 million de lei; en 1920, elle a éte
considerablement &endue. La Prager Kreditbank avec laquelle
elle travaille l'a secondee et a nomme des hornmes de valeur dans
son conseil d'administration. Le capital-actions a été porte a
75 millions.

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Les banques roumaines 617

Elle a etabli des relations avec l'Autriche en créant une


succursale sous le nom de Banque Felix Javitz & Cie a Vienne.
A Bucarest, elle possede une section de marchandises, une
section orientale, une section des bles et une autre des de-
vises. Elle a des succursales dans diverses villes: a Giurgiu,
Constantza, Braila, Jassi. Son capital est engage dans un grand
nombre d'établissements industriels et commerciaux de la Rou-
manie.
La Ban ca Natiunei, creee en 1912, avec un capital de
5 millions de lei a ete victime en 1921, du cours defavorable
du leu. Ses obligations envers la banque parisienne Leroy du
Prai s'élevait a 60 millions; elle ne put pas y faire face par
suite de son manque de moyens liquides.
D'une fawn generale, les banques de la Roumanie ont
pris un grand développe rn e n t apres la guerre; les crea-
tions, le financement, les devises, la nationalisation des eta-
blissements dans les nouveaux territoires les ont entierement
occupées. Sans leur aide, le rétablissement des industries ett
des territoires endommages par la guerre, n'aurait pas pu faire
les progres qu'il montre réellement. Des moyens considerables
ont été necessaires. Aussi les banques ont-elles sensiblement
releves leurs capitaux et leurs reserves. 11 est vrai que les
augmentations ont eu lieu en lei-papier; converties en .lei-or,
elles seraient bien plus faibles.
Au debut de 1925, le capital-actions était réparti comme
suit:
capital-actions en millions reserves en millions
la Banque Nationale 100 97
la Banca Româneasca . . . . 379 (reserves comprises)
.

la Banca Marmorosch, Blank & Cle 125 220


la Banca Generala a Tarii Ro-
manesti . . . 150 dont 40 émis 49
la Banque Agricole 148,8 (reserves comprises)
la Banca Moldova S A 100 (reserves comprises)
la Banque Chrissoveloni . . . 300
la Banque Anglo-Roumaine . . 50
la Banque Commerciale Roumaine 50 20,7
la Banque D. Stambuliu & Cie a
Buzau 10 8
la Banque Commerciale ltalienne
et Roumaine . . . . . .
. 150
la Banque de Credit Roumain . . 125 68
la Banque Suisse de dépôts en
Roumanie . . . . . . . . 100 30
la Bank of Roumania Ltd London 300 000 I
A l'aide des statistiques, nous; voulons essayer de dormer,
une idee generale du développement des banques
r o u rn ain es dans ces dernieres annees. Nous ne tenons pas
compte des banquiers prives, c'est-à-dire des entreprises qui
ne sont pas des sociétés anonymes.

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618 Les banques roumaines
En Roumanie, les banques par actions étaient au nombre de;
486 avec un capital de 711 millions 300 000 lei en 1919
542 , 11 1 966
2 496
,, 700 000 1920
556 12 12 ,, 400 000 ,. 1921
683 72 2, 1 3 334 ,. 800 000 1922
729 ,, ,v " 3 843 ,, 300 000 1923
972 ,, /7 5 188 II 1924

De 1919 a 1924, le nombre des banques par actions, a pres-


que double.
Le 31 decembre 1924, les 972 banques, societés anonymes
au capital de 5 milliards 200 millions de lei se repartissent
comme suit entre la capitale et les divers territoires, du
coyaume:
nombre capital-actions reserves
Bucarest . . . . 98 3 160 millions 600 000 lei 816 millions 300 000 lei
l'ancien royaume
sauf la Bukovine 300 958 7/ 800 000 204 72 200 000
la Transylvanie . 392 798 ,, 300 000 226 200 000
le Banat . . . . 143 157 If 400 000 88 13 600 000
la Bukovine . . . 12 64 ,1 700 000 8 ,, 400 000
la Bessarabie . . 27 48 lf 100 000 3 ,, 800 000
La Transylvanie possede donc autant de banques que Pan-
cien royaume, mais ce dernier dispose des plus grands capi-
taux. Le plus grand capital mobile est concentré dans la
capitale du pays. La Bucovine accuse le plus petit nombre !de
banques par actions; la Bessarabie vient en dernier lieu pour
le montant des capitaux.
Le bénefice que ces banques realiserent a éte de
19,48 0,10en 1922-1923 et de 220/0 du capital-actions en 1923-
1924. Ce sont donc des etablissements d'un bon rendement.
La plus grande de ces, banques, la Banca Marmorosch,
Blank & Cie, accuse, en 1922, un benefice net de 62 millions
100 000 lei pour un capital de 125 millions. Le dividende re-
parti a été en 1922 de 115 lei ou 230/o contre 100 lei ou 200,/o
Vannée d'avant.
Les banques n'ont pu réaliser ces gains qu'en étendant
leur sphere d'activité a l'aide de succursales et d'agences. La
Banca Romaneasca possede des succursales dans 20 villes rou-
maines; elle en a créé h Arad, Temesvar, Grosswardein, Sat-
mar, Klausenburg, Tg-Mures, Hermannstadt et Kronstadt en
Transylvanie. La Banca Marmorosch, Blank & Cie en a dans
15 villes roumaines, h Arad, Kronstadt, Klausenburg, Gross-
wardein, et Tg-Mures. Elle a ete la premiere des banques
roumaines qui a etabli des succursales h Petranger: a Paris,
Constantinople, New-York. Elle a une commandite h Vienne:
la Bank Albert Blank & Cie; h Salanique une participation +con-
stante h la Handels- und Depositen-Bank. La Banca Chrisso-

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Les banques roumaines 619

veloni a aussi fondé des succursales a l'étranger: a New-York,


Paris et Constantinople. La Banca Franco-Romana a une suc-
cursale a Paris. La Banca Genera la a Tarii Romanesti possede
des succursales sur 11 grandes places, entre autres a Kron-
stadt, Klausenburg et Grosswardein.
L'expansion des grandes banques dg Bucarest s'est faite
sans plan; dans les me/nes villes de la Transylvanie, on trouve
des succursales des diverses banques de Bucarest.
Sur les nombreuses places oil les grandes banques rou-
maines n'ont pas de succursales, elles ont conclu des corn-
munautés d'intérets avec les petites banques existantes sous la
forme de participations. Les instituts financiers affiliés a la
Ban ca Ro rn an easca, par exemple, sont au nombre de 11:
la Banca Jasilor a Jassi,
la Banca Bacaului A Bacau,
la Banca Creditului Prahova A Plcesti,
la Banca Durostorului a Silistra,
la Banca Petrodava A P.-Neamt,
la Banca Dunarea Romaneasca a Braila,
la Banca Romaneasca a Banatului a Lugoj,
la Banca 'Mehediutului A T.-Severin,
la Banca Romana din Dorohoi a Dorohoi,
la Banca Suceveana A Suceava,
la Banca Campulungul Moldovenesc a Campu-Lung.
Les banques affiliées A la Banque Generale de Roumanie
sont:
La Banca Besarabiei A Chisinau (et ses succursales).
La Timisiana, Spar- und Kreditanstalt a Temesvar (et ses
succursales),
La Banca Comerciala A Alexandria,
la Banca Petrodava A Piastra-Neamtu,
la Banca Albina A Husi.
Avec ce reseau de succursales et de participations, les gran-
des banques de la capitale ont sensiblement renforcé leurs rela-
tions entre l'ancien royaurne et les nouveaux territoires. Leur
mission était de satisfaire les besoins de credit des nouvelles
provinces, lorsque leurs banques eurent perdu leurs relations
avec Vienne et Budapest.
Les petites banques locales des nouvelles provinces ne pou-
vaient généralement pas se mesurer avec les grandes; aussi cher-
cherent-elles un appui aupres d'elles et furent absorbées, comme
la Patria A Temesvar qui passa a la Banca Franco-Romina. La

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620 Les banques roumaines
Kredit- und Sparinstitut Economul" a Klausenburg passa dans
la spere d'intérets de la Banca Romaneasca; le Kredit- und Spar-
institut «Timisiana», a Temesvar, dans celle de la Banca Genera la
et la Temesvarer Bank- und Handels-Aktien-Gesellschaft a
Temesvar, qui était autrefois affiliée a la Britisch-ungarische
Bank, s'unit a la Banca Marmorosch, Blank & Cie.
A ce mouvement d'expansion des banques apres la guerre,
caractérisé par la creation de succursales et de participations
dans d'autres banques, s'ajoute une plus ample partici-
pation dans l'industri e. Avant la guerre, les banques
roumaines étaient aussi en relations avec l'industrie, mais elles
se bornaient a accorder des credits sous la forme d'escompte
d'effets de commerce, de comptes courants, de credits et
d'avances de capitaux contre des stiretés mobilieres et im-
mobilieres. Les banques roumaines imitaient le systeme francais.
Elles refusait les credits A l'industrie et les affaires industrielles,
condamnaient le systeme bancaire allemand qui accorde des
secours de grande ampleur a l'industrie. Cette ancienne forme
de credit ne suffit plus apres la guerre. Les capitaux dont
l'industrie avait besoin dans la periode de rétablissement et de
manque de marchandises étaient trop grands pour qu'on pfit
les offrir comme autrefois par la voie des comptes courants.
Les banques se mirent a participer directement avec de grandes
sommes dans l'industrie, en acquerant des actions et en finan-
cant elles-mémes des entreprises. Les affaires de participation
et de financement sont les deux formes qui caractérisent les
relations des banques avec l'industrie apres la guerre. Cette
transformation des banques roumaines en banques d'industrie
et de fondation a éte encouragée par deux faits:
lo L'activité des banques dans l'agriculture cessa par suite
de la réforme agraire. Le portefeuille d'effets de commerce
qu'elles avaient eu tant que la grande proprieté exista disparut.
Les grands proprietaires n'entraient plus en ligne de compte
dans le trafic des effets de commerce. Les paysans étaient
pourvus d'argent et n'avaient pas besoin d'en emprunter.
20 Les nouveaux territoires étaient fortement industriels
et devaient etre soutenus comme nous l'avons deja rnontré.
La grande augmentation du papier-monnaie et l'augmen-
tation des depOts en banque qui en résulta favoriserent aussi
cette transformation et engagerent les banques A participer
dans l'industrie. Enfin, citons encore comme motif la trans-
formation de nombreuses entreprises privées en societés ano-
nymes; par suite des fluctuations du change, il n'était pas facile

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Les banques roumaines 621

d'evaluer exactement les fortunes . Le nombre des so ciét es


industrielles ano-nymes était de:
321 avec un capital de 1 007 millions 100 000 lei en 1919
447 /I 2 767 /1 100 000 1920
529 7, I/ 71 77 5 106 II 700 000 1921
720 7, 7, 7 549 11 100 000 1922
805 77 /7 11 054 , 19231
,
PP 11

866 ,7 12 556 700 000 1924


"
Celui des so c i é t é s commerciales anonymes
était de:
100 avec un capital de 132 millions 100 000 lei en 1919
146 IV 71 11 336 IP 800 000 1920
150 >, PP ,7 647 11 100 000 1921
218 11 1 125 7/ 600 000 1922
259 11 17 1 329 ,P 200 000 1923
288 17 /1 77 /1 1 480 // 100 000 19241
Les creations et transformations qu'accusent les chiffres
ci-dessus fournissent toute espece de participations A l'industrie.
Il fallut en outre nationaliser de nombreuses industries dans les-
quelles travaillaient des capitaux et un personnel étrangers,
c'est-A-dire faire passer la majorité du capital entre les mains
de Roumains. Les nationalisations furent favorables aux banques
en augmentant la rareté de l'argent. Son prix monta parce qu'il
fallait remplacer le capital étranger par le capital indigene et
que la demande de ce dernier augmenta.
Pour toutes ces raisons les banques s'allierent A l'industrie.
Nous pouvons distinguer deux methodes d'association:
1° La metho de directe dans laquelle les affaires
industrielles sont directement rattachées A la banque.
20 La m etho de indirecte dans laquelle les affaires indu-
strielles et les affaires bancaires sont separdes et l'exécution des
premieres est confiée A des instituts spéciaux.
La derniere méthode domine aujourd'hui. Elle est repré-
sentée principalement par la Banca Romaneasca. La banque ne
fait pas directement les affaires industrielles; elle a fondé pour
cela des instants particuliers A la tete desquels se trouvent des
hommes compétents qui contrôlent et administrent la pro-
priété industrielle des banques.
Au nombre de ces instituts, on compte le Cr e dit ul
Technic a Bucarest. 11 est base sur le credit .que lui accord,e
les grandes banques entre autres la Banque Nationale. Sa
mission est de fonder des entreprises industrielles, de placer sous
son contrôle celles qui existent pour les développer. Il procure
aux entreprises qu'il a credes non seulement les fonds de roule-
1 Chiffres provisoires.
1 Chiffres provisoires.

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622 Les banques roumaines

ment, mais aussi les matieres premieres, les machines, etc. Voici
son programme: donner des conseils aux établissements
techniques et industriels; participer A l'organisation et A la
direction d'entreprises industrielles existantes; étudier, fonder
de nouvelles entreprises et y participer; seconder et orienter le
travail technique en employant un personnel technique selon ses
connaissances et ses capacités; seconder et utiliser les inventions
industrielles; procurer aux entreprises les articles techniques,
matieres premieres, produits semi-fabriqués indigenes et &ran-
gers; représenter les maisons industrielles; financer les établisse-
ments industriels et executer toutes les operations bancaires de
ce domaine.
Le Cr editul Mini e r est un établissement d'un autre
genre. Cette société anonyme a été fondée en 1919 par 100
ingénieurs des mines diplOmes, géologues, ingénieurs civils, le
Creditul Technic, la Banca Albina A Hermannstadt. La Banca
Romaneasca y participe directement. Son capital de debut fut
de 1 million 750 000 lei; il monta bientôt A 10, 25, 50 et jusqu'A
150 millions. La société recut des concessions considérables de
l'Etat pour exploiter les terrains pétroliferes et acquit en outre
des concessions privees dans le district de la Prahova. Elle a acquis
la Raffinerie Aurora A Baicoi jusqu'en 1932 et rétabli les installa-
tions détruites par la guerre. Elle a remis en exploitation les
riches mines de pyrites de cuivre d'Altan-Tepe dans la Do-
broudja, qui avaient presque été anéanties pendant la guerre.
Elle a fondé le Petrolul Romanesc (37 millions de lei), le Cam-
purile Petrolifere Baicoi (22 millions de lei) et Verendin (mines
de charbon) (5 millions de lei). Elle participe a un certain nombre
de Societes de petrole et de charbon, par exemple, a la Steaua
Romana, A l'Industria Romana de Petrol, A Petrosani (mines de
charbon), Calea (exploitation de carrieres de granit), Uzinele
Chimice Romane, etc. En 1920, elle a reparti 140/0 de dividende; en
1921 25%. On a prévu dans les statuts des fonds alimentés par
le benefice brut, qui doivent servir a encourager les etudes tech-
niques (Ecoles polytechniques de Bucarest et de Temesvar) et
diverses revues minieres et géologiques.
La méthode directe de financement des sociétés industrielles
est plus rémunératrice pour les banques. Les relations sont plus
étroites; mais un grand travail de contrôle est nécessaire, car les
affaires bancaires dependent trop fortement des affaires indu-
strielles; des desavantages peuvent en découler, notamment si la
liquidite de la banque est menacee. La Banca Marmorosch,
Blank & Cie a employe ce systeme au debut. Elle dirigeait elle-
meme les entreprises. Une separation s'est faite. Elle a créé
avec la Banca Industriala au capital de 50 millions de lei qu'elle
souscrivit elle-même, une grande section pour toutes les affaires

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Les banques roumaines 623

industrielles. Elle possede et contôle actuellement plus de 100


sociétes appartenant a l'industrie des denrées alimentaires, a la
mécanique, au bAtiment, au pétrole, aux imprimeries, scieries,
A l'industrie sucriere, aux entreprises de transport, a la verrerie
et aux produits chimiques. Les plus importantes sont:
Arader Textilindustrie A. G. A Arad; Industria TeXii la a Lu-
gos; Erste Spiritusfabrik und Raffinerie a Temesvar; Bier-
brauerei a Temesvar; Kandia, fabrique de bonbons et de choco-
lats a Temesvar; Astra, premiere fabrique de wagons et de
moteurs roumaine A Arad; Transilvania, société anonyme de
fabrication de machines et armatures A Tg-Mures; Draht-
industrie A. G. A Klausenburg; Petrifalau, papterie a Petersdorf;
Helikon, imprimerie du Banat, société anonyme a Temesvar;
Intreprinderile Forestiere RomAne; Lederfabrik A Mureseni, Tg-
Mures; Gebriider Renner & Cie, S. A. a Klausenburg, la plus
grande fabrique de cuir et de chaussures de la Roumanie; Hon-
terus, fabrique de verre et de céramique A Kronstadt; Eisen-
werke und Domanen A Resita; Erste rumänische Sprengstoff-
gesellschaft A Fagaras et Amy lon, société anonyme pour
l'utilisation des pommes de terre a Hermannstadt.
La Banca Marmorosch, Blank & Cie participe dans la crea-
tion de la Compagnie franco-roumaine de navigation aérienne de
Paris qui touche une subvention de 15 millions et demi de francs
du gouvernement francais.
A l'occasion de 75e anniversaire de sa fondation, cette banque
a publie des mémoires intitules: Bank Marmorosch, Blank &
Cie, Societe anonyme 1848-1923; ils contiennent un aperçu detaille
de ses participations.
Celles-ci grandissent fortement apres la guerre; il faut évi-
demment tenir compte de la depreciation de la monnaie. El le's
s'élevent en millions de lei a:
0, co 000 en 1918
50, 500 000 ,1919
141, 300 000 1920
151, 700 000 1921
298, 300 000 1922
La Banca Generala a Tarii RomAnesti participe dans les
Eisenwerke und Domänen de Resita, dans la Societe Victoria
A Klausenburg et dans la Societe anonyme Petrosani; elle
possede seule les domaines de Pietris et la tuilerie de Tarlungeni.
La Banca Comerciala Romana possede des participations
dans les entreprises suivantes:
Industria Romana de Petrol, Uzinele de Fier si Domeniile
din Resita (Resita-Banat), Petrosani, Steaua Romana, Ceahlaul,
Banka Kirmaier et Cie A Foscani, Pacura Romaneasca, Sarria,
Fabrica de Masini, Aparate si Construtiuni, de Arama, fost Paul

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624 Les banques roumaines
Budich, Banca de Devize si Lombards, Societatea Genera la de
Publicitate, Magazine le Generale si Antrepozite Obor, Sindex,
Omnium, Electric Roman, Creditul Carbonifex, Sphinx et Pro-
gresul Agricol.
Les banques du syndicat economique Ja
lom itz a ont des participations dans la fondation et le finance-
ment des entreprises industrielles et des sociétes anonymes
suivantes: Mica, exploitation de mica, et mines d'or, société
anonyme; Neptun, fabrique metallurgique S. A. pres Bucarest;
Financiara, S. A. propriétaire des anciennes fabriques Haug et
Weigel a Bucarest; Industrie fiir Bessarabien, S. A. en Bes-
sarabie; Rumanische Industrie und Commerz S. A. a Bucarest;
Stein-Industrie S. A. (Albesti Muscel); Zucker und Mehlindustrie
S. A. a Bucarest, Craoiva; Asfaltul Romanese S. A. a Prahova;
Petrolmina, S. A. mines et naphte; Romania Petrolifera, naphte
S. A.; Teleajenul, minoterie S. A. a Prahova; Titan, industrie du
ciment, S. A. a Bucarest; Astra S. A. d'assurances a Bucarest;
Urania, S. A. d'assurances a Bucarest; Elektro-Mechanische
Fabrik, S. A. Bucarest; Gruia-Dudesti, verrerie, S. A. a Bucarest;
Vultur, huilerie A. G. a Bucarest.
La Banca Moldova S. A. a Jassi a des participations dans les
entreprises suivantes:
Textila-Jassi, Societe anonyme italo-roumaine; Moldova scie-
ries a Ungheni qui approvisionnent en bois la Bessarabie sep--
tentrionale et méridionale; Vagonul, societé anonyme de ré-
paration de locomotives et de wagons; Papetaria Romaneasca,
societé anonyme de fabrication d'articles de bureaux, fondee en
1921; Coroana, societé en commandite qui fait le commerce
de denrées coloniales; Slec, société anonyme de construction
de maisons a bon marché; Podgoria, Société anonyme qui fait
le commerce des vins; Ferrum, societe en commandite qui
dpprovisionne Jassy, la Modavie et le nord de la Bessarabie
en articles de fer; Reni, societé anonyme d'entrepôts et silos,
effectue le transport des cereales de la Bessarabie septentrionale
jusqu'au Danube.
Au konzern de la Temesvarer Bank- und Handels, Aktien-
gesellschaft appartiennent la plupart des établissements rou-
mains du Banat et des territoires limitrophes de la Yougoslavie,
par exemple, la Erste Spiritusbrennerei und Raffinerie a Temes-
var; la burgerliche Brauerei de Temesvar; les Vereinigten Oel-
und Seifenfabriken a Temesvar; Helicon, societe anonyme d'im-
primerie a Temesvar; de nombreux moulins et autres etablisse-
ments.
Nous arretons l'aumeration des participations des banques
roumaines. Les exemples donnes suffisent pour montrer coin-
bien est forte la participation du capital des banques dans la
production industrielle et comment les banques sont devenues

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Les banques roumaines 625

les entraineurs de l'industrie en Roumanie. Sans leur aide,


la reconstruction et l'industrialisation du pays se feraient beau-
coup plus lentement qu'elles ne se font en réalité. Sans doute
cette participation implique des dangers comme l'histoire des
banques allemandes le monstre.1
L e commerce a aussi éte encourage par les banques.
Quelques-unes ont éte créées pour financer particulierement des
branches de commerce. La Banca Cereolistilor a Buca-
rest a une section qui s'occupe des affaires de credit comme
toutes les autres banques et une autre section qui s'occupe de
l'achat et de la vente des céréales a la commission. Cette banque
a eté creee expres, apres la guerre, en 1919, par des intéressés
de la branche des céreales, dans le but de trouver les sommes
exigées par les prix tres éleves des blés par suite de Ia baisse
du change roumain. II s'agit ici de l'exportation des cereales
pour des clients &rangers. Les ventes sont faites, marchan-
dises chargees sur le bateau. La banque ou l'acheteur fournkt
le bateau. Les devises remi,ses a la secfion des céréales sont
passées a la section bancaire. La banque participe en outre
dans diverses entreprises: a la Societatea Tabacaria Nationala,
tannerie fondee en 1920 a Bucarest; a Colentina, S. A. fabrique
de glucose, d'amidon et d'alcool a Bucarest; aux moulins Vic-
toria a Cernavoda et a diverses entreprises pétrolieres.
Les banques financent aussi le commerce des Nes en parti-
cipant dans les sociétés qui exportent des céréales.
Le Creditul pentru Intreprinderi Electric, S. A.
Roman a (Etablissemeent de credit pour les entreprises elec-
triques roumaines) a Bucarest, a été fonde en 1921 pour effec-
tuer toutes les operations concernant le financement, la fon-
dation d'entreprises électriques, les participations, la production,
la repartition et l'utilisation des forces electriques, encourager le
commerce des articles électrotechniques directement ou par des
participations. Jusqu'ici, cet institut financier a fonde les sociétes
suivantes:
a. Electrolux (2 millions et demi de lei) pour la fabrication
d'ampoules electriques;
b. La Societata Communala Româneasca (10 millions de lei)
pour l'éclairage et la repartition de l'énergie dans la ville de
Ploesti et ses environs;
c. Tarlungul, Societatea Anonima Romana (4 millions de lei)
pour l'exploitation des usines hydroelectriques de 'Tarlungul et
la repartition de Penergie dans les environs.
Les banques roumaines se classent non seulement d'apres des
points de vue purement économiques, mais aussi politiques.
Stillich: Die Banken, ihre Arten und ihre Beziehungen zur Gesell-
schaftsordnung, Berlin 1924, page 28.
40

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626 Les banques roumaines

Les plus importantes sont liées avec des partis politiques bien
qu'elles le nient. Ainsi Aristide Blank a dit le 21 février 1925
dans l'Assemblée generale de la Banca Marmorosch, Blank &Cie:
«Certains milieux nous reprochent d'utiliser les moyens écono-
miques qui nous sont confiés dans des buts politiques et de
soutenir ce parti ou cet autre. Ce n'est point du tout le cas.
La direction de la Banque ne se laisse diriger que par des points
de vue économiques et n'est liée a aucun groupe politique ni
aucune publication. On le voit par le conseil d'administration dont
les membres appartiennent aux divers partis politiques, entre
autres; 6 libéraux, 3 nationaux, 1 populiste, 1 zaraniste, 1 pro-
gressiste. Notre banque n'a aucune sympathie politique pour ce
parti ou pour cet autre; elle s'efforce seulement de defendre
les interets des actionnaires et du pays.»
Néanmoins, on sait que le parti liberal exerce une grande
influence sur certaines banques. II domine la Banca Roma-
neasca, la Banca Commerciala, la Banque d'Escomp le, Pinsti tut d'é-
mission central du pays, la Banca Nationala. A present, la Banca
Generala est aussi de son côté. La consolidation de la puis-
sance politique du parti dominant dans des établissements aussi
importants a naturellement une grande influence sur Peconomie
du pays. Les autres partis ont moins de banques importantes
a leur disposition. La Banca Natiunei qui s'est effondrée etait
une creation de conservateurs. Ceux-ci disposent de la Banca
Agricola. Le parti zaraniste (paysan) domine a l'heure actuelle
8 banques de province et les syndicats de credit ruraux. On
peut douter des avantages qu'il y a a ce que les points de vue
politiques prevalent sur les points de vue d'économie generale
dans la direction de ces banques.
Avant de quitter le domaine ban caire, disons quelques mots,
de la Bourse de Bucarest. La vie économique du pays depend
d'elle. C'est le barometre de la situation financiere dans laquelle
se trouve le pays.
Son organisation repose sur les dispositions de la loi bour-
siere du 14 juin 1913. Une nouvelle loi est projetée, mais .elle
n'a pas encore ete votee.
La Bourse de Bucarest est une institution indépendante qui
fait partie de la Chambre de commerce et d'industrie et se trouve
sous la surveillance du ministere du Commerce. La direction
generale est entre les mains du conseil de la Bourse que preside
un president. La direction technique est confiée a un syndicat
de la Bourse, nommé par le gouvernernent parmi les courtiers
off iciels .
Les courtiers servent d'intermediaires entre les acheteurs
et les vendeurs de devises et d'effets. Ils se divisent en cour-
tiers officiels, en courtiers suppleants et en rernisiers nommes par

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Les banques roumaines 627

les premiers. Les remisiers procurent les affaires de bourse aux


courtiers, facilitent les relations avec le public et touchent une
remise pour leurs services; de là leur nom. Ces trois groupes
d'intermédiaires n'ont pas le droit de conclure des affaires pour
leur propre compte.
A côte du marche officiel, ii y a le marche libre dont les
transactions se font sans l'intervention d'un agent de change; il
possede une grande extension a Bucarest. Ce marche libre
forme la coulisse. Le 20 noverribre 1923, il fut interdit, mais
sans succes.
La Bourse de Bucareit comprend deux sections: la bourse
des devises et la bourse des effets publics.
Les exportateurs de blés, petrole, etc., sont ceux qui appro-
visionnent le marche en devises.
La bourse des valeurs publiques est beaucoup plus etendue.
Les valeurs cotees se divisent en:
a. Rentes sur l'Etat (seulement rournaines),
b. Actions de banque,
c. Actions de pétrole,
d. Actions d'assurances et de navigation,
e. Actions industrielles et diverses.

Le marché du pétrole est un marche important de la Bour-


se de Bucarest. On traite les parts des grandes sociétés petro-
lieres. II est singulier que les actions de pétrole rou-
maines soient inférieures aux valeurs internationales de
l'Astra, Steaua, Romana, Concordia, Petrol Block cotées aussi
aux Bourses de Bruxelles, Paris et Londres. Ces valeurs ont
un caractere de devise a ces Bourses étrangeres et le grand
centre financier leur attribue une plus grande valeur. El les
sont aussi généralement entre les mains de porteurs qui les
gardent, de sorte qu'elles sont rares sur le marché. En outre
les actions pétrolieres roumaines sont nominatives; les nou-
velles ont remplacé les anciennes en les dépréciant. Par la
nationalisation, de nombreuses valeurs ont passé en possession
de personnes insouciantes et beaucoup d'etrangers les ont ven-
dues pour echapper aux mesures du gouvernement. Pour ces
motifs, leur valeur est moindre a la Bourse de Bucarest.
Dans les transactions a terme, la limite officielle est 20
titres pour les actions bancaires, 5 pour la Banque:Nationale
et 10 pour les autres valeurs. Au-dessous de ces unites on ne
triite pas. La Bourse des valeurs ne doit faire que des opera-
tions au comptant. Cependant ces stipulations ne sorft pas
dbservees. La plupait des transaCtions sont de fait des trans-
actions a terme dont depend en grande partie la speculation.
40*

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628 Les banques roumaines

Voici les nouvelles prescriptions de la commission de la


Bourse:1-
a. II faut utiliser des carnets numérotés et paraphes pour
les bordereaux.
b. Chaque remisier est oblige de tenir un registre dans
lequel il enregistre le detail de toutes s es operations et que le
syndic de la Bourse doit viser chaque jour.
c. Les nouveaux remisiers doivent deposer une garantie
de 25 000 lei.
d. La liquidation des transactions doit se faire dans l'inter-
valle de 48 heures.
i Deutsche Tagespost du 6 janvier 1924

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XX. Les finances et le budget.
Le budget de la Roumanie forme la base de son credit.
Le montant des recettes comparées aux dépenses du budget
reflete la puissance financiere du pays. Il est inutile de s'occuper
des finances de la Roumanie d'avant-guerre. Cette période est
close. Le territoire et les sources d'ou coulaient les recettes
se sont entierement modifies depuis la grande transformation
survenue dans l'ancien royaume.
Nous nous bornerons 'a quelques observations historiques.
Le premier budget régulier remonte a l'année 1862, a la reunion
des deux principautés de la Moldavie et de la Valachie sous
un seul prince place sous la suzerainete de la Turquie. Cette
année 1862, les recettes de l'Etat montaient a 35 millions
500 000 lei. Celles du nouveau royaume montent a 31 milliards
750 millions de lei en 1925.
Le developpement enorme realise entre ces deux dates peut
se diviser en plusieurs périodes:1
10 La periode de deficits constants dans le budget
de 1862 a 1876. Durant ces 15 années, on constate de faibles
plus-values dans trois annees seulement; en 1863, 1867 et 1873.
Cette période se termine par un deficit global de 83 millions
600 000 francs, qui represente un deficit annuel moyen de 5 mil-
lions 600 000 francs.
20 La période de 1877 a 1885-1886 est caractérisee par une lutte
infatigable contre le deficit. Le résultat est que le
deficit diminue, mais ne disparait pas completement. La moins-
value du budget s'éleve a 8 millions et demi de francs, c'est-a-
dire a un peu moins d'un million annuellement pendant cette
période de 9 annees.
30 Avec le budget de 1886-1887, l'Etat rournain entre dans
une periode d'excédents budgétaires ininterrompus
qui dure 8 annees de 1886-1887 a 1893-1894. Le gouvernement
réussit a supprimer completement le deficit et A réaliser une
plus-value de 60 millions 100 000 francs, c'est-h-dire 7 millionS
et demi de francs par an.
1 Voir pour la le période: von Brakel: Rumäniens Staatskredit
in deutscher Beleuchtung, Munich 1902.

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630 Les finances et le budget
4" Apres cette .evolution extraordinairement favorable, la
situation financiere change et de nouveau de g r a n d s d e f i -
c i t s apparaissent dans le budget de 1894-1895 a 1900-1901.
Ils atteignent 10 millions 400 000 en 1894-1895, 16 millions
700 000 Pannee suivante et 35 millions 400 000 en 1899, par
suite de la mauvaise récolte qui ebranla toutes les finances de
la Roumanie.
5" La période d'avant-guerre est caractérisée par
des excedents budgétaires presque ininterrompus qui commen-
cent en 1901 pour dépasser parfois de 250/0 les previsions. Im-
médiatement apres la grande crise de 1899, on inaugura une
autre politique financiere: on fit des economies dans le budget;
de nouvelles dépenses ne furent faites que lorsque les plus-
values budgetaires le permettaient. Demeter Sturdza commença
h mettre les depenses en harmonie avec les recettes reelies.
Les impOts étaient supportables. Les recettes publiques gran-
dirent avec Paccroissement de la fortune nationale.
6" Par la g u e r r e , la situation favorable de la Roumanie
fut completement changée. De 1916 h 1919, les besoins de
l'Etat furent presque uniquement couverts par la planche a bil-
lets si bien que pendant cette période, il ne peut etre question
de politique budgetaire. Jusqu'en 1920, le gouvernement rou-
main n'a pas presente de budget a la Chambre. L'administration
des finances doit lutter contre de grandes difficultés, car il était
impossible d'estimer exactement les deux sources principales des
recettes: les impOts et les douanes. A la fin de 1920 seule-
ment, on vit ce qu'on avait depense et encaissé.
7" Le premier budget regulier est celui de l'exercice 1921
h 1922. II fut établi par M. Titulescu qui fut ensuite remplacé par
M. Vintilla Bratianu. Cette periode qui va de 1921 a 1925 et celles
des r e c e t t e s qui augment énormernent comme l'indique le
tableau suivant en millions:
recettes dépenses deficit
2 003 5 205 3 202 en 1919-1920
4 224 6 862 2 637 1920-1921
5 328 5 270 + 59 1922-1923
D'apres l'expose du ministre des Affaires etrangeres
d'octobre 1924, les recettes roumaines ont été comme suit:
exercice estimation des recettes reglement de compte annuel
1919-1920 7 milliards 500 millions 3 milliards
1920-1921 6 PP , 2 IP 600 millions
1921-1922 7 PP 700 ,, 1 IP
1922-1923 10 ,, 500 f, +6 ,1
1923 (9 mois) 15 ,, 500 f, +3 7, 700
1924 24 PP PP +2 PP 600 PI

Ainsi la Roumanie a passe d'un budget de 7 milliards et


demi avec un deficit de 3 milliards au cours de 4 annees a un

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Les finances et le budget 631

budget de 24 milliards avec une plus-value de 2 milliards 600


millions en 1924.
Le tableau suivant indique les diverses sources de revenus
et les dépenses du ler janvier au 31 décembre 1924.
Recettes:
Impôts directs 2 594 160 750 lei
IrnpOts indirects . . . . 11 110 375 904
Timbres et enregistrement . . . . . . . . . 1 690 893 682

Monopoles de l'Etat (tabac, sel, allumettes, poudres) 3 490 740 650


Recettes du ministere des Communications
Domaines de l'Etat . . .
Subventions . . . .
.
.
.

.
.

. .
.. .....
.....
3 965 193 124
369 778 729
45 738 394
Ministere des Finances 1 414 695 042

Ministère de l'Interieur 38 679 493


Ministere de la Justice 54 873 605
Ministere des Affaires étrangeres 45 361 618
Ministêre des Domaines et de l'Agriculture 35 136 838 .,
Ministere de la Prévoyance sociale et du Travail 46 983 733
Ministere du Commerce et de l'Industrie
Ministere de la Guerre . . . ,

Ministere des Travaux publics . . . . . . . :


. ..... 173 112 916
30 525 310
2 869 468
Ministere des Cultes, des Beaux-Arts et de l'Instruction
publique . . . . . . . . . . . . 26 937 848
26 612 846 961 lei
Chemins de fer de l'Etat 4 415 850 491 lei

Depenses:
Ministère de la Guerre 3 333 571 914 lei
Ministere des Finances . . ... . 4 519 230 382
Ministere de l'Instruction publique 1 824 474 586

/vlinistere des Cultes et des Beaux-Arts 439 715 558


Ministère de l'Intérieur 1 029 786 484
Ministere des Travaux publics 322 900 253
Ministère de la Justice . . ... . 438 225 430
Ministere de l'Agriculture et des Domaines 588 851 306
Ministère du Commerce et de l'Industrie 292 264 627
/vlinistere des Affaires étrangeres 243 434 307
Ministere de la Prévoyance sociale 671 117 623
Ministere du Travail . . . . . . 117 849 560
Ministere des Communications 4 579 851 570
La Présidence du Conseil des Ministres 3 418 848
18 404 692 448 lei

A quels facteurs faut-il attribuer cette amelioration?


En premiere ligne, a la reduction proportionnelle des
depenses et a un plus grand r en d e tn ent des se rv i c es
public s. Avec un personnel moindre et moins d'employes
(dans les chemin de fer, les postes, les telégraphes, etc.), on
a effectué plus de travail qu'autrefois.
Puis, au relevement des impôts directs par la
1oi de l'impôt sur le rev enu qui est entrée en vigueur
en mai 1923 et qu'on n'a pas appliquee tout d'abord rigoureuse-

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632 Les finances et le budget
ment afin que 1 es contribuables s'y accoutument. Les résultats
ont été les suivants :
25 millions en 1921-1922
2 900 1924
En troisieme ligne, les recettes des impôts in directs
ont gran di avec le developpem ent de la vie économique :
2 milliards 900 millions en 1921-1922
6 200 1922-1923
10 900 000 1923 (9 mois)
Enfin, 1 'accroiss,ement des exportations et par
suite des taxes qu'elles fournissent h l'Etat :
droits d'entrde droits de sortie Total annde
1 milliard 462 millions 1 milliard 462 millions 1921 - 1822
1 250 millions 2 milliards 250 3 500 1922 - 1923
1 200 3 180 5 ,. 580 1923 (9 mois)

II y a lieu de remarquer que les derniers résultats des


impôts ne représentent pas du tout le maximum de ce que peut
supporter le contribuable roumain. Le fisc compte sur une
augmentation progressive de s es recettes et par suite sur de
nouvelles possibilites pour rétablir l'économie nationale.
Comment a-t-on employé les plus-values budgétaires du
dernier exercice ? La plus grande partie, environ 2 milliards
et demi ont éte utilisés h des buts de reconstruction urgents,
notamment dans les chemins de fer qui ont ete entierement
reorganisés. Les statistiques fournissent les chiffres suivants :
1919 1922 1923
locomotives en service 148 1 366 900
1
wagons de voyageurs 1 800 2 916
wagons de marchandises 38 000 54 000
traverses . . . . . . 2 000 000
transports bruts mensuels (en tonnes) 4 000 000 14 000 000
voies en construction: Nehoiash-Brasov,
Petrosani-Budesti,
Chisinau-Zlotzi,
Medjidiea-Tulcea.
Le reste a servi a liquider des dettes arriérées, h ameliorer
l'administration des écoles, routes, ponts, etc., services de
la plus grande importance.
Passons aux d e t t es d e l' Eta t. Le tableau' ci-contre
donne une estimation de ces obligations annuelles. 11 indique
les dettes h étranger de la Roumanie avec les annuites des
deties consolidees et échelonnees et les montants h payer pour
les creances échues :
1 Angelescu.

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Les finances et le budget 633

A. Dettes publiques:
10 Dettes consolidées:
sommes annuités en lei
Emprunts emis de 1889 A 1913 A la
parité légale du leu rembour-
sables en changc apprécie . . 550 000 000 lei
Consolidation des bons du Trésor 22 022 944
Consolidation de quelques dettes
flottantes et de quelques bons
du Tresor (par des accords par-
ticuliers 5 696 355
Bons du Trésor non consolides . . 2 351 701
2 millions 500 000 f, emprunt de
1922 A 4%réduit n . . . 1 620 009 1 577 257 000
31 691 000 £
20 Dettes echelonnées:
Scoda (remboursables en 7 ans) 348 455 361 couronnes 322 145 900
tchécoslovaques
Ringhoffer do 100 000 000 106 606 600
Kahn et Kahn (remboursables en
4 ans) . . . . . . . 6 752 803 francs francais 15 000 000
Boussac (remboursable au cours
de l'annee) . . . . . . . . . 41 414
Compagnie du Levant (rembour-
sable en 6 ans) . . . . . 87 000 000 francs francais 176 400 000
Banque Belgo-Argentine (rembour-
sement prorogé de 10 ans) . 38 970 000 francs belges
Credit Hypothecaire (rembourse-
ment prorogé de 10 ans) . .
61 797 000 francs français
Banca Commerciale (rembourse- 68 246 200
ment proroge de 7 ans) . .

3° De ttes:
Reliefs Bonds . . . . . . . . 2 321 751 6 97 513 600
Bons du Trésor en possession du
gouvernement italien pour 2 tor-
pilleur s . , . . . . . . 9 334 500 lires 19 680 000
Bons du Trésor en possession de
la Banca d'Italia . . . . . 1 323 338 lires 5 846 900
Emprunts en France 100 000 000 francs francais
Emprunts en Suisse . . . . . 27 000 000 francs suisses
Divers emprunts en dollars 11 200 000
849 626 000
Dettes déclarées avant la fin de
1923 remboursables en 20 ans
nuités . ..... .
4 % d'intére't et 7,33 % d'an-
Montant global des annuités
. . . 5 100 748 000 lei 373 855 000
2 800 768 000
106 235 000 francs francais
12 122 000 francs belges
2 500 000 f
Dettes privees en monnaies 83 000 000 lires italiennes
étrangeres 21 070 000 francs suisses
147 000 dollars
60 544 000 couronnes tchecoslovaques
163 000 drachmes
Dettes totales 5 100 748 000 lei

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634 Les finances et le budget
La tâche principale de la politique financiere de la Rou-
manie apres la guerre devait etre de régler ses dettes, c'est-h-
dire de transformer ses dettes flottantes en dettes consolidees. ,

Cette consolidation n'a pas encore éte entierement exe-


cutee. Parmi les dettes intérieures, 10 milliards ont déjà ete
consolides. Les dettes etrangeres flottantes de 30 millions de
livres sterling a peu pres ont été transformées en titres de rente,
remboursables en 40 ans et rapportant 40/o d'intéret. L'Etat a
prévu 40/o d'intéret pour 2 millions et demi de livres sterling
en bons du Tresor qui n'ont pas eté consolides.
A present que le ministre des Finances, M. Bratianu, a reussi
h consolider les dates interieures et une partie des dates étran-
geres, on sait quelles sont les annuites que l'Etat doit payer.
Le reste de la dette publique a ete réparti en entre plusieurs
années pour le remboursement. Une partie des dates privées a
été aussi répartie entre plusieurs term es annuels.
L'Etat rournain doit payer maintenant 2 milliards 400 mil-
lions pour les dettes publiques étrangeres ; pour les dettes
privées qui ont fait l'objet d'accords h la fin de 1923, enViron
380 millions de lei annuellement. 11 existe en outre de nom.;
breux débiteurs privés qui n'ont pas fait d'arrangement. En
tout la Roumanie a pris l'engagement de payer 5 milliar ds
de lei par an.
Si ces chif fres cites par Angelescu sont exacts, il faut que
les exportations accusent un excédent de plus de 5 milliards
pour que le bilan de payement soit actif. II est vrai que d'autreis
obligations, comme les transports des compagnies de naviga-
tion étrangeres et les sommes que les Roumains depensent
l'étranger n'ont pas ete portees en compte. La situation finan-
ciere de la Roumanie depend donc essentiellement des exporta-
tions qu'elle devra, h l'avenir, accroltre suffisamment pour qu'elles
dépassent les importations de 5 milliards. Ainsi la politique
financiere, comme la politique monetaire, aboutit a un pro-
blem e d' exportation.

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