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L’économie et la vie
viedu
duGrand
GrandRoissy
Roissy n° 32
Grand Paris / Grand Roissy : ça avance !
Cantonales 2011

Broussy défend le bilan

du Conseil général du Val d’Oise

Entreprise Poclain

Ilham Moustachir, maire-adjointe, pendant le débat public dans sa ville de Gonesse.

Rénovation urbaine : 3,4 milliards investis sur le Grand Roissy !

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La « Vitrine » à Roissy-en-France Le paysage de Clichy-Montfermeil se métamorphose

2

n°32sommaire

Dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy

• Des investissements impressionnants
dans dix-neuf villes du Grand Roissy R page 4
• Plus de 3,4 milliards d’euros ! R page 6
• La rénovation urbaine en chiffres R page 8
• L’Anru, késako ? R page 9
• La mise en œuvre du projet , un travail de longue haleine R page 10
• Fosses attend son nouveau centre-ville R page 12
• Xavier Lemoine, maire de Montfermeil : R Page 14
« Une culture de l’entre-soi est en train de se mettre en place »
• Didier Vaillant, maire de Villiers-le-Bel (Val d’Oise) : R page 16
« Le dispositif initié par J-L Borloo est intelligent… »

Les entreprises du Grand Roissy

Poclain, des souvenirs à la pelle R page 20

Politique
• Luc Broussy, conseiller général (PS) de Goussainville Louvres R page 26
« Ce que nous avions promis, nous l’avons mis en œuvre »

Transports
• Les motards-taxis veulent être vus R page 30
• Les zemidjan ne datent pas d’hier ! R page 31

Grand Roissy/Grand Paris

• Le Grand Roissy dans le Grand Paris, ça avance vraiment ! R page 32

Hôtels-Restaurants
• « La Vitrine » se montre (enfin !) à Roissy-en-France R page 44
• L’hôtel Ibis de Roissy-en-France est devenu « All Seasons », R page 45
Une nouvelle enseigne du groupe ACCOR
• Geneviève de Fontenay et la « Miss Nationale » R page 46
Invitées d’honneur pour les 4 étoiles de Holiday Inn

De l’espoir partout…
N
otre région aéroportuaire
a de quoi se réjouir. L’ac-
cord « historique » entre
l’État et la Région Île-
de-France sur le « Grand
Paris Express » ancre de fait le Grand
Roissy dans le Grand Paris. La future
gare du Mesnil-Amelot, l’extension du
périmètre de l’EPA Plaine de France
à la partie seine-et-marnaise de notre
Grand Roissy, ajoutés à la réelle mobi-
lisation des élus du Nord 77 viennent
corriger les « oublis » de Christian Blanc
et favoriser, à la grande satisfaction
d’Yves Albarello, un développement
concentrique autour du 2e aéroport
européen : Roissy Charles-de-Gaulle.
La négociation en cours de plusieurs
CDT (contrats de développement
territorial) va pousser à des
regroupements intercommunaux plus
larges, comme on le voit actuellement
avec le « pôle du Bourget », ou « Cœur
économique Roissy Terres de France
(Roissy – Tremblay-Villepinte). C’est
une bonne chose.
Il restera, après le succès des
« Rencontres de Roissy », à aller
plus loin que les trop timides
propositions du Préfet Canépa
pour la « gouvernance ». Pour
créer certainement non un simple
« Club », non plus une Communauté
aéroportuaire qui sera compliquée
et longue à mettre en place, mais un
syndicat mixte rassemblant tous les
« pétales » de cette fleur que beaucoup
nous envient. Ce « syndicat » sera fort
et permettra, s’il est suffisamment
doté (et il peut l’être), une meilleure
répartition des revenus fiscaux et
roissymail.com 3
n°32édito
parafiscaux que procurent l’aéroport
et les établissements « exceptionnels ».
Et de mettre sur pied, dans la foulée,
une grande structure de promotion et
de valorisation de « Roissy » intégrant
les « Hubstart », « Aérotropolis » et
autres « Datagora » et lui donner un
nom significatif.
Il faut se réjouir également de
l’impressionnant programme de
rénovation urbaine en cours dans
notre région, qui va mettre fin
aux quartiers les plus nécrosés du
territoire. Son attractivité en sera
renforcée.
Et comment ne pas se réjouir, nous
qui vivons, grâce à l’aéroport et à sa
« magie », à l’heure du monde entier,
nous qui « act local, think global »,
des révolutions historiques survenues
dans les pays arabes ?
Aucun être humain ne devrait vivre
sans pouvoir exercer ses droits
fondamentaux, dans ce 21e siècle, qui
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EV
4

Le dossier

Dossier : la rénovation urbaine dans le Grand

Des investissements
dans dix-neuf

Roissy :
impressionnants
villes du Grand Roissy
L
e pôle de Roissy (le Grand
Roissy) a la chance d’avoir
une diversité non seulement
au niveau de son activité
économique, mais aussi sur le
plan de l’habitat. Dans un rayon de 15 à
20 km environ autour des aéroports (CDG
et Le Bourget) on trouve pratiquement
tous les types de communes et d’habitat
possibles. Des petits villages charmants
comme Ver-sur-Launette, Vinantes,
Épiais-lès-Louvres, Châtenay-en-France,
aux ensembles pavillonnaires coquets de
Villeparisis, Tremblay (les Cottages ou
le Vert Galant), aux petites communes
comme Roissy-en-France, Louvres,
Moussy-le-Neuf, Othis (avec son
surprenant hameau de Beaumarchais !)
ou Dammartin, des grandes villes comme
Aulnay-sous-Bois, Gonesse, Drancy aux
belles cités de Senlis ou Chantilly, le
choix ne manque pas pour résider soit
en ville, soit à la campagne (même si,
bien sûr, le nombre de logements est
insuffisant et les prix chers).
Mais il existe aussi sur ce territoire
plusieurs « grands ensembles » vieux,
bâtis à la hâte à l’époque, isolés, enclavés,
nécrosés (comme ailleurs en France) qui
vraiment n’honorent aujourd’hui ni notre
pays « développé », ni notre 21e siècle
par ailleurs si moderne. Il faut aller voir,
si vous ne l’avez pas fait, ces quartiers
comme le Plateau à Clichy-Montfermeil
Fosses : le futur « pôle civique » dans lequel sera installé le
nouvel Hôtel de Ville
roissymail.com 5
Dossier réalisé par Ludovic Luppino
ou la Muette à Garges-lès-Gonesse ou
encore les Beaudottes à Sevran !
Fort heureusement, l’État, en lançant le
programme de rénovation urbaine sous
l’égide de l’ANRU, avec les collectivités
locales et une foule d’acteurs concernés
(bailleurs, architectes, aménageurs…),
ont commencé à rénover ces quartiers.
Et, d’après ce que tout le monde dit, ça
marche, très bien même !
De grosses sommes s’investissent en ce
moment sur le territoire du Grand Roissy.
C’est impressionnant. Ainsi celui-ci sera-
t-il encore plus attractif. Au-delà de
l’amélioration des conditions d’habitat,
de l’urbanisme et de la vie sociale de
ces quartiers, ces immenses travaux
fournissent du travail aux entreprises et à
leurs salariés. Ludovic Luppino a enquêté
pour vous et a décrypté un secteur que
peu soupçonnaient. Mais l’urbanisme
ne règle pas tout. Dans ces quartiers où
règne un chômage endémique (et des
trafics et violences de toutes sortes),
peu de solutions apparaissent pour que
tous s’épanouissent par le travail. Les
témoignages, dans ce dossier, de Xavier
Lemoine et de Didier Vaillant, maires
de Montfermeil (93) et de Villiers-le-Bel
(95) donnent une idée de l’ampleur du
problème, qui n’est pas propre à notre
région…
EV
 6
Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy
Plus de 3,4 milliards d’euros !
L’
Agence nationale pour la
rénovation urbaine (Anru)
a fêté cette année son
huitième anniversaire. Peu
connue du grand public,
l’Anru n’en demeure pas moins le symbole
de la rénovation urbaine opérée dans les
quartiers sensibles de l’Hexagone depuis
2003.
Créée par l’ancien ministre Jean-
Louis Borloo et sa loi d’orientation et
de programmation pour la ville et la
rénovation urbaine, l’Anru, à travers
le PNRU (Programme national de la
rénovation urbaine) s’est donné pour
ambition de transformer ces quartiers
en profondeur en les désenclavant, en
apportant de la mixité sociale et en y
implantant des équipements publics, des
commerces et de l’activité économique.
Parmi les 751 ZUS (Zones urbaines
sensibles), l’État a déterminé 189
quartiers prioritaires « qui rencontrent
les plus grandes difficultés sociales,
urbaines et économiques » et 342
quartiers supplémentaires « confrontés
à des situations sociales, urbaines et
économiques difficiles ».
Dans le territoire du Grand Roissy, dix-neuf
communes, de l’Oise au Val-d’Oise en
passant par la Seine-Saint-Denis, sont
concernées par la rénovation urbaine.
Parmi ces chantiers, celui du quartier de La
Muette à Garges-lès-Gonesse (Val-d’Oise)
est présenté comme une référence.
Devenue un passage obligé des membres
du gouvernement depuis le début des
chantiers en 2005, la cité a vu défiler entre
autres Fadela Amara, Xavier Darcos et plus
récemment le Premier ministre François
Fillon, quelques jours avant le dernier
remaniement. « La qualité des réalisations
que nous venons de visiter est la preuve qu’il
n’y a pas de territoire, comme vous l’avez
si bien dit, condamné à cumuler toutes les
épreuves. Vous avez montré qu’en abattant
Le tout nouveau commissariat de Clichy-sous-Bois
des murs dégradés, on pouvait repenser
l’avenir », avait-il déclaré après avoir vu
les petits immeubles avec jardinets qui ont
supplanté les vieilles tours d’une dizaine
d’étages.
Dans la foulée de Garges-lès-Gonesse,
d’autres communes du Grand Roissy ont
engagé des travaux de rénovation urbaine :
Clichy et Montfermeil (Seine-Saint-Denis)
dans le quartier du Plateau, chantier le plus
onéreux de France (617 millions d’euros),
Montataire (Oise) dans le quartier des
Martinets, Sevran (Seine-Saint-Denis) aux
Beaudottes ou encore Fosses (Val-d’Oise)
qui prépare le chantier de son centre-
ville. Au total, le montant de la rénovation
urbaine dans le Grand Roissy s’élève à
plus de 3,4 milliards d’euros ! Et ce n’est
rien comparé aux sommes investies à
l’échelle nationale : 42 milliards d’euros,
dont 12 milliards injectés par l’Anru, pour
rénover 530 quartiers et y implanter 41
 roissymail.com 7

nouvelles ZFU (zones franches urbaines) pour

favoriser le développement économique à
l’horizon 2013. « La France n’a pas su trouver les
moyens de soigner les graves fractures dont elle
souffre. Cela fait vingt ans que la politique de la
ville existe, vingt ans qu’au-delà des alternances,
en dépit des efforts de mes prédécesseurs, de
nombreux quartiers continuent de dériver,
menacés de marginalisation définitive par
un habitat indigne, un chômage massif, un
environnement criminogène, un sentiment
d’abandon résultat de l’impuissance publique.
Cela ne peut plus continuer ! Il nous faut,
impérativement et collectivement, refuser que
dans un pays aussi prospère et généreux que
le nôtre, 750 territoires soient classés en zones
urbaines sensibles, en marge du développement
de la nation. Il nous faut refuser que la vie dans
les villes soit à ce point déstructurée qu’y vivre
soit devenu une souffrance. Il nous faut refuser
que l’idée même d’harmonie sociale disparaisse
de ces quartiers, foyers où est attisée la braise
incandescente du mal de vivre, du repli sur
soi, voire de la haine de l’autre. Cette braise,
qui peut allumer l’incendie de la violence et
de l’extrémisme, il nous faut l’étouffer avant
qu’il ne soit trop tard » avait déclaré Jean-Louis
Borloo à l’Assemblée nationale en juillet 2003
pour défendre son projet de loi.
Toutefois, malgré ses financements colossaux
et ses objectifs louables, le PNRU a essuyé
quelques critiques lors de l’examen de la loi au
Parlement. « Le texte met l’accent sur le logement,
 8

Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy

mais comment répondre aux besoins de
1,1 million de demandeurs ? Comment
répondre aux attentes de 3 millions de
mal-logés quand on prévoit de construire
seulement 200 000 logements ? C’est là
une avancée, me direz-vous, mais ce n’est
pas 40 000 logements par an qu’il faut
construire, c’est de 80 000 à 120 000 selon
les sources. Or les crédits du ministère
chargé du logement ne le permettront pas »,
avait déclaré la sénatrice communiste
Odette Terrade, lors de l’examen du projet
de loi.
« La rénovation, vous l’avez compris, est
nécessaire ; mais l’approche que vous en
avez faite, fondée uniquement sur le bâti,
au détriment parfois des habitants et de
leurs conditions de vie, ne nous permet pas
de soutenir votre démarche », avait pour
sa part affirmé le parlementaire socialiste
Jean-Yves Mano en s’adressant à Jean-
Louis Borloo.
À l’assemblée nationale, la députée
(PCF) d’Aubervilliers Muguette Jacquaint
avait quant à elle insisté sur les ZFU :
« Les députés du groupe communiste et
républicain ne sont pas « anti-ZFU ». J’ai
moi-même fait une demande. Mais ils
constatent que, si certaines ont enregistré
des résultats en termes d’emploi, ce n’est
pas le cas de toutes. Il faut donc faire en
sorte que les erreurs passées soient corrigées
pour que le dispositif favorise la création
d’emplois et le développement économique
des quartiers. »
Huit ans, plus tard, en dépit de la crise et
grâce entre autres aux subsides du Plan
de relance, les projets se sont accélérés
et les quartiers concernés commencent à
prendre un nouveau visage architectural.
Néanmoins, les problèmes persistent. Dans
un rapport publié en 2009, l’Observatoire
national des zones urbaines sensibles a
présenté un bilan (2003-2008) décevant
de la politique de la ville, avec un taux
de chômage dans les Zus toujours fort, en
particulier chez les jeunes. Et près d’un
tiers de leurs habitants vivant encore sous
le seuil de pauvreté.
Le comité d’évaluation et de suivi (CES)
de l’Anru, quant à lui, a dressé un constat
« en demi-teinte » de l’impact social de
la rénovation urbaine dans son dernier
rapport publié en 2009. Concernant le
relogement, « seuls les ménages les plus
aisés ou qui disposent du plus fort potentiel
de mobilité résidentielle semblent bénéficier
de trajectoires résidentielles ascendantes »,
souligne-t-il. Et ce n’est pas le seul problème.
Le CES constate une « fragmentation du
quartier » et une « segmentation du parc »
qui engendrent un effet de transfert négatif
vers d’autres quartiers non concernés par
l’Anru. « Dans certains cas, les relogements
se font en priorité vers un autre quartier
et l’amélioration de la situation sociale du
quartier en rénovation urbaine engendre
la détérioration de cet autre quartier »,
peut-on lire. Et que dire du volet de
développement économique ? « Celui-
ci est presque toujours sous-dimensionné
pour générer une réelle dynamique pour
l’emploi des habitants. » Selon le CES, ces
conséquences s’expliquent avant tout par
« l’absence de prise en compte de la parole
des habitants ».
En passe de gagner son pari sur le plan
architectural, la rénovation dans ces
quartiers doit encore faire ses preuves au
niveau social. Lors de son déplacement à
Garges-lès-Gonesse, le Premier ministre,
lui-même, l’a reconnu à demi-mot : « Cet
effort urbain n’a évidemment de sens que
s’il s’inscrit dans une stratégie plus globale
(…) La rénovation ce n’est pas seulement
les murs, c’est l’emploi, c’est l’éducation,
c’est la sécurité, ce sont les infrastructures
de transport. Au fond c’est toute une
chaîne de développement, de socialisation,
de désenclavement que nous devons
progressivement retisser. »
Ludovic Luppino

La rénovation urbaine
en chiffres
•4  2 milliards d’euros investis à l’échelle nationale dans la
rénovation urbaine dont 12 milliards d’euros injectés par
l’Anru.
• 4 millions d’habitants concernés par la rénovation urbaine
en France.
• Plus de 3,4 milliards d’euros investis dans le Grand
Roissy pour la rénovation urbaine.
• 104 millions d’euros. Il s’agit du montant moyen d’un
programme de rénovation urbaine présenté par les
collectivités locales. « Le montant des programmes varie
fortement, reflétant la grande diversité des situations
locales. Les aides octroyées par les partenaires de l’agence
se décident au cas par cas en fonction du contenu du
programme et des modalités de financement définies par
le règlement général de l’agence. Le montant moyen des
aides de l’agence s’élevait à 36 millions d’euros par dossier
en 2006. La part moyenne de subvention de l’Agence est
de 34 % », selon le site internet de l’Anru.
• 530 quartiers identifiés dont 189 quartiers définis
comme étant « prioritaires ».
• 350 millions d’euros octroyés par l’État en 2008 au
titre du Plan de relance (dont 182 millions d’euros de
subventions attribuées à l’Ile-de-France) afin d’accélérer les
opérations de renouvellement urbain bloquées par manque
de moyens financiers suffisants. Cette action devait générer
plus de 4 milliards d’euros de travaux dans le secteur de la
construction et de l’aménagement à la fin de l’année 2009.
• 344 projets globaux approuvés au 1er novembre
2008. 295 conventions signées, ce qui représente déjà
36,5 milliards d’euros de travaux engagés ou programmés
dans 469 quartiers sur les cinq prochaines années.
• 19 communes concernées dans le Grand Roissy.

L’Anru, késako ?
C’
est le grand artisan de
la rénovation urbaine
opérée dans les quartiers
populaires. Sans l’Anru,
la rénovation urbaine du
Plateau à Clichy-Montfermeil (Seine-Saint-
Denis) n’aurait pas été possible aux dires
du maire (UMP) de Montfermeil, Xavier
Lemoine. Idem à Fosses (Val-d’Oise), où
la commune prépare le chantier de son
centre-ville et où le maire (app. PCF)
Pierre Barros concède que la municipalité
n’aurait pu « supporter à elle seule un tel
coût financier ».
Instituée par la loi du 1er août 2003 pour la
ville et le renouvellement urbain, l’Anru est
chargée de mettre en œuvre le programme
national de rénovation urbaine (PNRU) en
approuvant des projets globaux qu’elle
finance sur des fonds publics et privés.
« L’agence apporte son soutien financier
aux collectivités locales, aux établissements
publics et aux organismes privés ou
publics qui conduisent des opérations de
rénovation urbaine », peut-on lire sur le
site internet de l’Anru.
« Il nous faudrait, en tant que ville,
des dizaines d’années d’investissement
pour réaliser ce que nous avons fait en
cinq ans », a déclaré le maire (UMP) de
Garges-lès-Gonesse Maurice Lefèvre, lors
du déplacement de François Fillon en
novembre.
C’est justement sa mission. L’Anru a
été créée dans le but de simplifier et
d’accélérer les démarches des collectivités
locales et des bailleurs sociaux. Pour
leur épargner les multiples dialogues
avec différents organismes financiers et
administratifs. L’agence devient dès lors
leur interlocuteur unique « et leur offre
la garantie de ses financements avec un
programme de maîtrise d’ouvrage et un
calendrier précis ».
Statut
Établissement public à caractère
industriel et commercial (Epic), l’Anru
collecte les crédits nationaux consacrés
roissymail.com 9
à l’aménagement et au logement social
et les affecte aux projets proposés par
les collectivités territoriales. Son conseil
d’administration compte 36 membres
titulaires et rassemble l’État, l’Action
Logement (AL) « gestionnaire du 1 %
logement », l’Union Sociale pour l’Habitat
(USH) « le monde des HLM », la Caisse des
Dépôts et Consignations (CDC), l’Agence
Nationale pour l’Amélioration de l’Habitat
(Anah), des représentants des communes,
des Établissements Publics de Coopération
Intercommunale (EPCI), des départements
et des régions, ainsi que des personnalités
qualifiées.
Sa mission est notamment « d’approuver
les projets les plus lourds en termes
d’investissement financier, les grandes
orientations du Programme National
de rénovation urbaine, les conventions
de rénovation urbaine et les règlements
nécessaires à la mise en œuvre du
programme ».
L.L.
Visite du 1er ministre François Fillon, en
novembre dernier, à Garges-lès-Gonesse
 10
Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy
La mise en œuvre du projet,
un travail de longue haleine
C
e n’est un mystère pour
personne. La mise en
œuvre d’un programme de
rénovation urbaine (PRU) est
une opération longue. À titre
d’exemple, le réaménagement du centre-
ville de Fosses, qui ne fait pourtant pas
partie des projets les plus onéreux du
Grand Roissy (55 millions d’euros contre
617 millions pour Clichy-Montfermeil)
prendra au total une dizaine d’années,
si l’on prend en compte le début des
réflexions jusqu’à la fin du chantier.
Le lancement d’un PRU dépend avant
tout de la signature d’une convention
pluriannuelle d’une durée de cinq ans qui
formalise l’engagement des partenaires
financiers et détermine le calendrier, et les
engagements financiers. Dans ce cadre, la
mairie ou la communauté d’agglomération
concernée finalise un accord avec l’Anru,
l’État par l’intermédiaire de la préfecture,
les maîtres d’ouvrage (bailleurs et/
ou aménageurs), la Caisse des dépôts
et consignations (CDC) et l’association
Foncière logement, une association créée
Villiers-le-Bel : la rue Molière avant et après la démolition de la barre Corneille (photo Mairie de Villiers-le-Bel)
par l’État et le 1 % logement et gérée par
les partenaires sociaux.
À compter de la signature de la convention,
les partenaires se réunissent tous les ans
pour dresser un bilan des chantiers en cours
et vérifier si les objectifs sont respectés.
Les villes ou intercommunalités peuvent
désigner un aménageur pour la partie
les concernant (équipements publics,
voirie) par le biais d’une concession. C’est
le cas notamment à Fosses avec l’EPA
(Établissement public d’aménagement)
de la Plaine de France ou encore avec
l’AFTRP (Agence foncière et technique de
la région parisienne) dans le quartier des
Carreaux à Villiers-le-Bel (Val-d’Oise).
Dans la grande majorité des cas, on constate
que le délai de cinq ans pour mener
les travaux à terme est rarement atteint.
La faute à qui ? À la crise économique,
qui a ralenti de nombreuses opérations
immobilières mais aussi aux chantiers en
eux-mêmes qui nécessitent davantage de
temps que prévu dans la mesure où il y a
des relogements à gérer.
Le Plan de relance, instauré par l’État en
2008 avec 350 millions d’euros investis,
a permis d’accélérer un bon nombre de
projets bloqués en raison de financements
insuffisants. Sevran, en Seine-Saint-
Denis, fait partie des communes qui en
ont bénéficié. L’exemple de cette ville
du Grand Roissy est intéressant dans la
mesure où son PRU va se dérouler en deux
temps, chose plutôt rare dans l’Hexagone.
« Nous sommes la seule ville de France à
avoir droit à un Anru 1 et un Anru 2 »,
avait déclaré le maire (Europe écologie)
Stéphane Gatignon, lors de la signature
de deux conventions – concernant les
quartiers des Beaudottes et de Pont-Blanc-
Montceleux – avec l’État, le 25 mai dernier.
La commune sequano-dionysienne avait
conclu une première convention avec
l’État en 2005, pour le seul quartier de
Rougemont, qui avait été complétée par
un avenant. Estimé à environ 450 millions
d’euros, le projet global de rénovation
urbaine ne sera pas achevé à l’horizon
2013 comme les autres quartiers ciblés
à l’instar du calendrier défini par l’Anru.
Cette vaste opération se déroulera en deux
temps.
roissymail.com 11
 12
Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy
Fosses attend son nouveau centre-ville
D’
ici à cinq ou six ans, le conclu avec l’Anru en 2007. Les différents
centre-ville de Fosses partenaires signataires de cette convention
(Val-d’Oise) aura un – État, Caisse des dépôts, conseil général,
nouveau visage. En Région, bailleur, etc. – ont injecté pas
janvier, des engins de moins de 55 millions d’euros (hors taxe)
construction ont investi le secteur pour pour doter le quartier d’une fonction
débuter la première étape de l’opération de symbolique, attendue depuis longtemps
rénovation urbaine (Oru), fruit d’un accord par ses habitants. « Le but, c’est d’avoir
un véritable centre-ville, qu’il corresponde
à l’image que l’on s’en fait, explique le
maire (app. PCF) Pierre Barros. Avec une
place centrale, des services publics, une
mairie avec du flux, des commerces, des
restaurants avec des terrasses… »
Pour l’heure, cette commune de taille
moyenne (9 802 habitants), située à la
périphérie de l’Oise et du Val-d’Oise,
en est dénuée. Les services municipaux
sont dispersés, le centre commercial
complètement enfermé sur lui-même
avec des passages étroits dont les murs
sont recouverts de graffitis, et l’hôtel de
ville est en réalité un préfabriqué installé
à titre provisoire en… 1984 ! L’habitat
environnant ? Il concentre les logements
sociaux de la ville (309 appartements de
France Habitation) « construits sous forme
de petites tours et barres très stigmatisées
dans un environnement à dominante
pavillonnaire, soulignant un défaut
de mixité sociale et qui connaissent un
développement important de la précarité
des ménages », peut-on lire dans la
convention Anru.
Pour changer cette image, le centre-ville va
subir deux opérations de renouvellement
urbain en une dans la ZAC (Zone
d’aménagement concertée) de plus de 5
hectares créée à cet effet en mai 2008.
D’une part, la réalisation d’un pôle civique,
imaginé par le cabinet d’architecture Pierre-
Louis Faloci et Ygrec Ingénierie, dont
le coût est estimé à 8,4 millions d’euros
(HT) et la livraison prévue pour l’été
2012. Il remplacera l’actuel hôtel de ville
et regroupera sur 4 500 m² les différentes

structures municipales et de services
publics : une antenne de la CPAM (Caisse
primaire d’assurance-maladie) et de la
Maison de l’emploi de l’est du Val-d’Oise,
le centre social Agora dont le bâtiment
actuel est voué à la démolition, l’école
de musique et de danse (EMMD) ainsi
qu’une médiathèque. En tant que maître
d’ouvrage, la ville de Fosses a désigné, au
terme d’une consultation, l’établissement
public d’aménagement (EPA) de la Plaine
de France comme aménageur de cet
équipement public.
France Habitation chapeaute quant à lui
le volet logement de l’Oru. En janvier,
le bailleur social a lancé la construction
d’un bâtiment de quatre étages et de 31
appartements place de la Haute grève,
en face de la gendarmerie. Conçu par le
cabinet d’architectes Baudouin Bergeron
et la société LGX ingénierie, il sera édifié
par Sicra, entreprise de BTP et filiale du
groupe Vinci et normalement achevé en
janvier 2012.
À terme, 291 nouveaux logements seront
créés et 213 seront réhabilités. Les 96
appartements des trois tours situés aux
numéros 2, 3 et 4 de l’allée Tramontane
seront démolis. « Mais seulement lorsque
tous les habitants de ces immeubles seront
relogés », indique Perrine Passot, chef
de projet Oru pour la ville de Fosses. À
l’heure actuelle, une trentaine de familles
sont en attente d’une nouvelle habitation.
Outre les logements et le pôle civique,
d’autres chantiers sont prévus dans le cadre
de cette opération de rénovation urbaine :
démolition par France habitation du
centre commercial pour laisser place à des
locaux commerciaux en rez-de-chaussée
d’immeubles de logements bordant la
future place publique, restructuration du
Avec Roissy 13Copy,
roissymail.com
entrez dans une
nouvelle dimension…
Pierre Barros, maire (app. PCF), vice-
président de la CC « Roissy Porte de
France ».
groupe scolaire Alphonse-Daudet avec le
transfert du restaurant scolaire dans des
locaux neufs afin de l’ouvrir également au
troisième âge et la construction de deux
parkings publics (36 et 24 places) avec un
stationnement aérien.
Difficile de dire à quelles dates ces
derniers chantiers vont débuter. « Nous
avons besoin de voir comment les
premières constructions, puis les premières
démolitions vont se dérouler », affirme le
maire. Le fait que l’opération ait lieu en plein
centre-ville ne facilite pas forcément les
choses. « C’est un vrai défi. Contrairement
à d’autres villes du Val-d’Oise comme
Garges où les travaux se déroulent dans
des quartiers excentrés. Chez nous, ils vont
s’effectuer en plein centre-ville, à l’endroit
où tout se passe », souligne Pierre Barros.
Une chose est sûre : l’édile sait que les
travaux ne seront pas achevés avant la
fin de son mandat dans trois ans. Il table
plutôt sur 2016.
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 14
Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy
Xavier Lemoine : « Une culture de l’entre-soi
est en train de se mettre en place »
Xavier Lemoine, maire (UMP) de Montfermeil,
vice-président de la CC « Clichy-Montfermeil ».
RoissyMail : En 2004, votre commune s’est
engagée dans le programme de rénova-
tion urbaine du Plateau de Clichy-Mont-
fermeil. Les chantiers, en cours, doivent
s’achever en 2013. Qu’est ce que l’Anru va
apporter à votre ville ?
Xavier Lemoine : Cela change en profondeur
le paysage urbain de nos villes. Il s’agit d’une
reconstruction de la ville sur la ville. Les quar-
tiers y sont raccrochés. Toute la conception
urbanistique est repensée. On n’est plus dans
un grand ensemble où tout le monde est chez
tout le monde. Le programme de rénovation
urbaine de Clichy-sous-Bois/Montfermeil est le
plus complexe et le plus coûteux de France,
avec un investissement de 600 millions
d’euros, la démolition de près de 2 000 loge-
ments pour autant de reconstructions. Sans
l’Anru, une telle opération n’aurait pas été
possible.
Que pensez-vous des maires qui récla-
ment un Anru 2 afin de poursuivre le
travail accompli ?
Ils ont raison. L’Anru est un formidable bras de
levier, une belle machine de renouvellement
du territoire qui a un effet sans précédent
dans nos quartiers.
Sept ans après la création de l’Anru, quel
bilan dressez-vous ?
Malgré quelques détails de calendrier, on est
tout à fait dans ce qui a été imaginé au départ.
C’est visible, palpable. Pour autant, tout n’est
pas réglé, et j’accepte de dire qu’effectivement,
il y a un certain nombre de questions de fond
qui mériteraient d’être posées, notamment les
politiques de peuplement en vue de la mixité.
Je suis d’accord, c’est une vraie question qui
n’a pas été abordée de face, de front. Et puis ce
que j’appelle moi les causes culturelles d’un
certain nombre de dysfonctionnements qui
n’ont pas été suffisamment prises en compte
et évoquées par les pouvoirs publics et où une
réflexion fondamentale est à mener. Mais cela
ne retire rien à tout le bénéfice que l’Anru a
apporté dans nos quartiers.
Dans son rapport 2009, le comité d’éva-
luation et de suivi (CES) de l’Anru juge
« contrastés » les effets du PNRU en termes
de mixité sociale. Il considère que cette
quête est « un processus de long terme,
qui ne peut se produire qu’au-delà de
la durée des conventions de rénovation
urbaine ». Quel est votre point de vue ?
Ce qui est certain, c’est que lorsque l’on
regarde les rapports de l’Onzus (Observa-
toire national des zones urbaines sensibles),
de même que les résultats des recensements
communiqués par l’Insee, on s’aperçoit en
région Ile-de-France, c’est vrai aussi dans
quelques autres métropoles françaises, qu’une
culture de l’entre-soi est en train de se mettre
en place et que les territoires se spécialisent
par type de populations. Le sociologue Edgar
Morin aussi en parle dans ses ouvrages. C’est
un phénomène de fond, dont on aurait tort
de ne pas se préoccuper et à mon avis, on
ne l’a pas suffisamment vu. C’est un vrai défi
pour l’avenir parce qu’ensuite on va avoir des
quartiers effectivement spécialisés par domi-
nante culturelle, voire cultuelle, qui poseront
de sérieuses difficultés en termes de cohé-
sion sociale. C’est une réalité qui ramène à un
débat et des questions qui n’ont pas été trai-
tées depuis trente ans.
Le CES de l’Anru estime également que
le volet développement économique
présenté dans les Pru est « presque
toujours sous-dimensionné pour générer
une réelle dynamique pour l’emploi des
habitants ». Qu’en pensez-vous ?
On s’aperçoit hélas, en Seine-Saint-Denis
notamment, qu’il y a plusieurs milliers d’em-
plois qui se créent chaque année, dans les
territoires de Plaine Commune, Pantin, Le
Bourget, Roissy, etc. Et cela profite assez peu à
nos populations. Donc je crains que l’on ait un
problème, que l’on appelle d’un terme tech-
nique et euphémique, l’employabilité de ces
personnes. Et l’employabilité, cela passe par
deux choses : le savoir-faire et le savoir-être.
Et, des fois, hélas, c’est davantage le savoir-être
qui manque que le savoir-faire. Mais si l’on
n’est pas, là aussi, capable de poser les ques-
tions dans leur réalité, on restera dans le mode
des incantations, des grandes incantations,
il faut que, il faut que, et puis l’on s’aperçoit
que l’économie progresse et avance, se déve-
loppe mais que derrière, cela ne suit pas. Pour-
quoi cela ne suit pas ? Et bien, j’aimerais que
l’on aille jusqu’au bout des questions que cela
pose.
Pourquoi justement est-ce que cela ne
suit pas, selon vous ?
Parce que l’employabilité des personnes au
regard du savoir-faire éventuellement, mais
surtout du savoir-être, pose difficulté. On a
des personnes qui ne sont absolument pas en
adéquation avec les codes qu’une économie
moderne demande en termes de comporte-
ment tout simplement.
Et ce n’est pas du tout parce qu’il n’y a
pas suffisamment d’offres locales ?
Attendez, des offres, j’en ai à la pelle sur Roissy
et dans un certain nombre d’autres endroits.
Et pour autant, certaines catégories de nos
personnes en recherche d’emploi ne sont
pas en capacité d’intégrer ces postes, soit
par manque de formation, soit par manque
de savoir-être pour des questions compor-
tementales. Tant que l’on n’aura pas abordé
la question de cette manière-là, on sera dans
le modèle de l’incantation et on gardera des
résultats pitoyables sur ces questions-là.
Donc en 2013, lorsque les chantiers
s’achèveront à Montfermeil, le volet déve-
loppement économique et la question du
chômage ne seront toujours pas réglés ?
Le problème du développement économique
ou de l’accès aux plateformes à travers l’en-
clavement ne sera effectivement pas réglé
mais cela ne relève plus de l’Anru. L’Anru agit
uniquement sur l’urbain. Le résultat est atteint,
c’est incontestable. La question du désencla-
vement relève quant à elle de la compétence
de la région. Et on est préoccupé de cela.
Pour le reste, concernant la formation et l’em-
ployabilité, ce n’est absolument pas dans les
compétences de l’Anru. Cela relève d’autres
questions de fond que nous avons évoquées.
L’Anru a obtenu les résultats qu’elle s’était
fixés. Mais d’autres politiques n’ont pas forcé-
ment été au même rythme. Soit parce que les
questions n’ont pas été bien posées, soit parce
que le rythme des transformations humaines
est forcément plus lent que le rythme des
transformations urbaines.
Dans le bulletin municipal de novembre,
vous reprochez à vos voisins de refuser
d’aider Montfermeil en matière de désen-
clavement, l’un des objectifs initiaux de
l’Anru. Qui visez-vous au juste ?
Les deux villes voisines qui se partagent la
gare où doit se faire l’interconnexion et qui
continue de faire obstruction au désenclave-
ment de notre territoire par le T4. Désenclave-
ment qui était prévu initialement dès la créa-
tion de ce tramway. Donc ce n’est pas une
nouveauté. Ils savaient que cela existait. Ils ont
profité de la première tranche mais quand il
s’agit de faire la seconde tranche, ils trouvent
des obstacles qui n’avaient jamais été évoqués
jusqu’à maintenant.
Propos recueillis par Ludovic Luppino
 roissymail.com 15

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 16
Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy
Didier Vaillant,
maire (PS) de Villiers-le-Bel (Val-d’Oise) :
« Le dispositif initié par J-L Borloo
est intelligent. La mixité sociale
doit se faire petit à petit »
RoissyMail : En 2004, votre commune
s’est engagée dans le programme de
rénovation urbaine du quartier des
Carreaux. Les chantiers, en cours,
doivent s’achever en 2013. Qu’est ce
que l’Anru va apporter à votre ville ?
Le quartier des Carreaux, dont les
constructions datent de la fin des années
cinquante, nécessitait une opération de
rénovation lourde. Étant complètement
enfermé sur lui-même, il avait besoin de
s’adapter à des normes nouvelles. Tous
les logements du quartier sont concernés.
Sur 1 500 logements, nous avons ainsi
400 démolitions-reconstructions et 1 100
réhabilitations. Sans l’Anru, cela aurait
été impossible. Ce dispositif initié par
Jean-Louis Borloo est intelligent. C’est la
première fois que l’on a un système avec
un fonctionnement collectif, regroupant
l’ensemble des partenaires, financiers et
autres.
Peut-on dire que le quartier aura un
nouveau visage à l’issue du chantier ?
Je pense que oui. La partie sud des
Carreaux montre déjà des évolutions. Il y
a des voies nouvelles, cela aère le quartier
et cela permet de le rattacher aux autres
parties de la ville. Ce qui n’était pas le
cas auparavant. La chose à souligner, c’est
que chaque habitant bénéficiera d’un
nouveau logement, pas forcément neuf
dans la mesure où il y a des réhabilitations
mais un logement au moins totalement
rénové. À la municipalité, nous voulions
que chaque habitant qui souhaitait rester,
le puisse. Beaucoup ont fait ce choix.
Sans oublier qu’en dix ans, la totalité des
équipements publics, tels que le CMPP
(Centre médico-psycho-pédagogique), la
bibliothèque, les écoles primaires, auront
été reconstruits.
Comment fait-on pour réintégrer de
la mixité sociale si au final les mêmes
habitants se retrouvent dans le même
quartier ?
La mixité sociale doit se faire petit à petit,
au fur et à mesure que les logements se Sarkozy et le Plan espoir banlieues ? On
libèrent. Cela se fait également avec l’ar- les attend toujours. La revitalisation des
rivée de nouveaux habitants à travers le banlieues, le changement d’image de
1 % patronal. Et lorsque l’on favorise la marque etc., ne seront complets que si
décohabitation. C’est-à-dire lorsque l’on les opérations Anru sont accompagnées
permet à un jeune qui a grandi dans le d’opérations plus larges, notamment en
quartier, de quitter le domicile parental matière de transports et d’emploi.
et de s’installer dans un nouveau loge- Si l’on vous suit bien, après l’Anru
ment où il pourra fonder une famille. La urbanistique, il faut maintenant un
mixité doit aussi être intergénérationnelle Anru social ?
et ne doit pas se concevoir automatique- Je dirais qu’il faut un Anru permanent.
ment à partir de l’argent. Pour résumer, Disons qu’il y a des points forts et des
la mixité sociale selon moi, c’est à la fois points faibles ou des points à améliorer.
des origines diverses, des âges divers et Principal point faible : les transports en
effectivement des milieux sociaux divers. commun. Il y a probablement autre chose
Sur les 1 500 logements, auparavant c’était à imaginer. Ce n’est pas au niveau de la
mono-bailleur et mono-produit. On essaie rénovation d’un quartier que l’on va régler
petit à petit d’engager un peu de diversité le problème des transports dans l’Est du
en proposant des biens immobiliers diffé- Val-d’Oise par exemple. Là, cela relève
rents. d’un autre niveau, pas obligatoirement au
niveau de l’Anru. Ou alors il y a quelque
Que pensez-vous des maires qui récla-
ment un Anru 2 afin de poursuivre le
travail accompli ?
J’appelle de mes vœux un Anru 2,
pourquoi pas un Anru 3. Si l’on prend
l’exemple de Villiers-le-Bel, il est
nécessaire que le travail entrepris aux
Carreaux se poursuive dans les trois autres
quartiers d’habitat social de la commune.
Toutefois, pour qu’une telle opération soit
une totale réussite, les crédits financiers
et un bon architecte ne suffisent pas.
Comme dans une recette de cuisine, il y a
d’autres ingrédients à ajouter. D’une part,
les habitants doivent être au cœur de la
rénovation. On doit pouvoir leur offrir
un cadre de vie meilleur que celui qu’ils
connaissaient auparavant. Ceci est valable
aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur de
leur logement. Pour ce faire, il faut insister
davantage sur le désenclavement des
quartiers. Pas seulement par rapport aux
autres quartiers d’une même ville mais
aussi par rapport aux villes environnantes
et à la métropole toute entière. Des
annonces ont été faites en la matière, mais
elles n’ont pas été suivies d’effets. Le Plan
Marshall des banlieues évoqué par Nicolas
Didier Vaillant, maire (PS) de Villers-le Bel,
président de la CA « Val de France »

chose d’autre chose à imaginer. Et puis, si
l’on veut permettre une vraie mixité, qu’il
y ait du mouvement, il ne suffit pas d’avoir
sa cage d’escalier refaite. Il faut aussi se
sentir bien, et pour cela, avoir un travail.
Pour quelles raisons les jeunes de
Villiers-le-Bel éprouvent-ils des difficul-
tés à trouver un emploi ? S’agit-il d’un
manque de formation ?
Il existe des publics pour lesquels, il peut
y avoir un problème d’employabilité et de
comportement. Mais il n’y a pas que ça. À
Villiers-le-Bel, le taux de chômage est de
30 % chez les 18-25 ans sortis du système
scolaire. Il n’y a pas des problèmes d’em-
ployabilité pour tous. Je peux vous présen-
ter des jeunes gens qui ont fait des études,
ont été à la fac, qui présentent bien, s’expri-
ment bien, écrivent bien mais qui ne trou-
vent pas de travail pour autant. Il existe aussi
une tendance de la part des employeurs à
pratiquer une discrimination fondée sur le
territoire. Une étude récente* le prouve.
Effectuée sur des populations valdoisiennes,
elle démontre que l’on n’a pas les mêmes
chances d’obtenir un emploi si l’on habite à
Enghien-les-Bains ou à Villiers-le-Bel. Et ce,
même si on a les même qualifications.
Villiers-le-Bel : un nouvel immeuble, rue Rimbaud.
Le CES de l’Anru estime que le volet
développement économique présenté
dans les Pru est « presque toujours
sous-dimensionné pour générer une
réelle dynamique pour l’emploi des
habitants ». Qu’en pensez-vous ?
Je confirme. Au niveau du commerce dans
ce quartier, on a un peu de mal dans le
cadre des opérations Anru, à assurer un
maintien du commerce. C’est difficile.
Il faut soit le déménager, soit le fermer
pendant un moment. Et ce sont des
commerces qui ont un chiffre d’affaires
limité. À la moindre difficulté, ils sont en
péril. Et les mesures spécifiques pour leur
venir en aide dans le cadre de l’Anru sont
quand même extrêmement limitées.
Est-il vraiment difficile de faire venir
des entreprises à Villiers-le-Bel ?
Les entreprises ne viennent pas
spontanément taper à la porte. On a un
peu tendance à cumuler les difficultés
d’accès et une image qui, depuis les
émeutes de 2007, est plutôt négative. Nous
bénéficions certes d’une Zone franche
urbaine (ZFU), avec l’extension de la
zone industrielle des Tissonvilliers, qui
est en train de se faire. Mais ce n’est pas
roissymail.com 17
à la hauteur des besoins. Je me demande
si en complément des opérations Anru,
il ne faudrait pas appliquer une idée
développée par Dominique Strauss-
Kahn : « l’emploi franc ». Une entreprise
bénéficierait d’avantages si elle recrutait
une personne vivant dans un quartier
Anru. Cela permettrait de lutter contre
la discrimination à l’adresse. Le fait qu’il
puisse y avoir des mesures facilitant le
recrutement des habitants de ces quartiers,
cela me semblerait une bonne chose et une
mesure d’accompagnement qui pourrait
donner un nouveau souffle.
Propos recueillis par Ludovic Luppino
* Cinq chercheurs du Centre d’études de l’em-
ploi (CEE) ont réalisé cette enquête grâce à une
campagne de testing de CV sur une profession
estimée en tension (développeur informatique),
en créant douze profils équivalents en termes
d’études, d’âge (27 ans) et d’expérience, répartis
dans trois villes du Val-d’Oise, à égale distance
de Paris : Enghien-les-Bains (réputée favorisée),
Sarcelles et Villiers-le-Bel (réputées défavorisées).
Elle montre que le lieu de résidence a « un effet
spécifique et important (...) sur l’accès à l’emploi »
et « affecte exclusivement les femmes ». « Il y a bien
une discrimination territoriale, qui coexiste avec
la discrimination selon le sexe et l’origine, même
pour une profession en tension », selon Yannick
L’Horty, l’un des auteurs.
 18

Le dossier : la rénovation urbaine dans le Grand Roissy

Glossaire
• Anru : Agence nationale pour la rénovation
urbaine
• CDC : Caisse des dépôts et consignations
• EPA : Établissement public d’aménagement
• Epic : Établissement public à caractère
industriel et commercial
Ex : l’Anru a le statut d’Epic
Feder : Fonds européens de développement
régional
• Gip : Groupement d’intérêt public
• HQE : Haute qualité environnementale
• HLM : Habitat à loyer modéré
• Opac : Office public d’aménagement de
construction
• Opah : Opération programmée pour
l’amélioration de l’habitat
• Opah-RU : Opération programmée pour
l’amélioration de l’habitat - Renouvellement urbain Chantier du groupe scolaire la Dhuys à Clichy-sous-Bois.
• Oru : Opération de rénovation urbaine Architecte : Jean-Pierre LOTT (photo : Eric Morency)
• PNRU : Programme national de rénovation
urbaine
• Pru : Programme de rénovation urbaine
• Scot : Schéma de cohérence territorial
• Sem : Société d’économie mixte
• Shon : Surface hors œuvre nette
• Zus : Zones urbaines sensibles

Quartiers Anru
du Grand Roissy
Oise
• Creil (Plateau Rouher)
85 millions d’euros (Chiffre 2010.
Source Communauté d’agglomération
creilloise).
• Montataire (Les Martinets)
30 millions d’euros (Chiffre 2010.
Source : Cac).
• Nogent-sur-Oise (La Commanderie
et Obiers-Les Granges)
80 millions d’euros pour Obiers-
Les Granges (Chiffre 2010. Source :
Cac) et 33 millions d’euros pour la
Commanderie (Source : État PNRU au
1/11/2010).
• Gournay-les-Usines
Quartier situé à la jonction de Creil,
Montataire et Nogent-sur-Oise.
85 millions d’euros pour le quartier
de Gournay-les-Usines (Chiffres 2010.
Source : Cac).
Seine-Saint-Denis
Aulnay-sous-Bois (la Rose des
vents, Cité Emmaüs, le Merisier, les
Étangs)
327 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie).
Drancy (Pierre-Sémard, Jules-
Auffret, Cité du Nord)
182 millions d’euros (Source : État
PNRU au 1/11/2010).
• Clichy/Montfermeil (Grand
ensemble, haut et bas)
617 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie de Montfermeil).
• La Courneuve : quartiers ouest
(4 000 sud), quartiers nord et
centre-ville
255 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie).
• Le Blanc-Mesnil (quartiers nord)
110 millions d’euros (Source : État
PNRU au 1/11/2010).
• Sevran (les Beaudottes, Pont
Blanc-Montceleux, Rougemont)
276 millions d’euros pour la première
tranche. Une deuxième tranche est en
cours de négociation. Le montant total
de la rénovation urbaine pourrait, si elle
est finalisée, dépasser les 400 millions
d’euros (Chiffres 2010. Source : mairie).
• Stains (Clos Saint-Lazare, Moulin-
Neuf, Cité Jardin).
258 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie).
• Tremblay-en-France (Grand Ensemble)
Environ 100 millions d’euros (source
mairie).
• Villepinte (Fontaine Mallet-Prévert)
82 millions d’euros. (Chiffres 2010.
Source : mairie).
Val-d’Oise
• Garges-lès-Gonesse (Dame Blanche
Nord et Ouest, La Muette, Les
Doucettes, Les Basses bauves)
380 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie).
• Fosses (centre-ville)
55 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie).
• Gonesse (Saint-Blin/La Madeleine)
90 millions d’euros (Chiffres 2010.
Source : mairie).
• Goussainville (Grandes bornes)
102 millions d’euros (Source : État
PNRU au 2/11/2010).
• Sarcelles (Les Sablons, Lochères)
246 millions d’euros (Source : État
PNRU au 2/11/2010).
• Villiers-le-Bel (Les Carreaux, La
Cerisaie).
193 millions d’euros (Source : État du
PNRU au 2/11/2010).
Environ 3,48 milliards
d’euros au total
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 20

Les entreprises du Grand Roissy

Poclain, des souvenirs à

En 2007, le Plessis-Belleville (Oise) célébrait le 80e anniversaire de la naissance de
Poclain. En Picardie, personne n’a oublié cette entreprise prolifique qui a grandement
contribué à la modernisation de l’activité agricole et des métiers du BTP. Né à la fin
des années 20, ce groupe familial est arrivé à son apogée en 1973, avec 10 270 salariés
à travers le monde, l’une des plus importantes firmes françaises de fabrication de
matériels de travaux publics. Son ascension fulgurante a été rompue par une succession
d’événements conjoncturels – choc pétrolier, marasme économique, concurrence
acharnée – qui l’ont conduite au rachat par Case Tenneco. Mais dans les difficultés,
ses fondateurs ont toujours su rebondir. De Poclain, il reste aujourd’hui Poclain
Hydraulics, héritière de la filière hydraulique du groupe, installée sur le site historique
de Verberie. Récit de l’épopée industrielle d’une entreprise mythique du pôle de Roissy.

L’usine Poclain Hydraulics de Verberie (60)


à la pelle
R
aconter l’histoire de Poclain,
c’est d’abord raconter
l’histoire d’un homme :
Georges Bataille. Ce fils et
petit-fils d’agriculteur a 33
ans lorsqu’il crée la société
« Bataille et Léger », qui deviendra trois
ans plus tard les « Ateliers de Poclain ».
Sa petite affaire, qui emploie alors neuf
ouvriers, est installée au Plessis-Belleville
(Oise), dans un bâtiment situé en face de
la ferme familiale.
Habitué à réparer ses engins agricoles
et ceux de ses voisins, le jeune chef
d’entreprise, qui a effectué des études
d’agronomie mais a l’âme d’un véritable
industriel, choisit de s’investir dans la
conception de machines nouvelles.
En tant que fabricant passionné, il suit
attentivement l’évolution du matériel afin,
dans un premier temps, d’améliorer le
rendement de son exploitation.
C’est ainsi que, dès les années 35, il
décide de mettre ses chariots sur pneus.
Puis il crée le fameux « trirou » Poclain,
véhicule à trois roues qui va améliorer
considérablement la manœuvrabilité des
chariots et des tombereaux. Auparavant,
il avait déjà conçu un traîneau à bascule
équipé de chenilles pour transporter les
betteraves et avait également importé
la deuxième moissonneuse-batteuse
américaine en Europe.
« Il utilise ce qui existe, applique ce qui peut
l’être, fabrique ou améliore ce qui manque
ou ne donne plus satisfaction (…) Ainsi,
s’ingénie-t-il dans sa propre exploitation
à rendre pratique et efficace le matériel
disponible. (…) En fait, outre le travail
et le génie, la force de Georges Bataille
est de pouvoir trouver dans les « Ateliers
de Poclain » une réponse d’industriel à
ses problèmes d’agriculteur », peut-on lire
dans Poclain, la mémoire vive, un ouvrage
retraçant l’histoire de la firme.
Découverte de l’hydropelle
« À l’époque, sortir les betteraves des
champs était le problème numéro un de
la culture dans notre secteur. La betterave,
c’est lourd, c’est dans la boue. Il fallait
trouver des moyens à la fois d’extraire
ces betteraves des champs et de les traiter
dans de meilleures conditions, et dans des
conditions les moins pénibles possibles.
C’est comme ça qu’est né Poclain »,
explique Claude Bataille, ancien directeur
général du groupe et fils de Georges
Bataille, aujourd’hui âgé de 77 ans.
Après la deuxième guerre mondiale, la
Pierre Bataille († 2009), entouré de ses fils Laurent, Guillaume et Jérôme
petite société va croître, lorsque Georges
Bataille, qui planchait sur l’élaboration
d’un engin de chargement, découvre
« en feuilletant une revue américaine »
l’existence d’une « petite machine de
levage utilisant l’hydraulique et attelée à
un tracteur ». Conçues à l’origine pour
le monde agricole, ces hydropelles vont
entraîner l’entreprise sur un autre marché,
celui des chantiers de BTP. C’est aussi
à cette époque que Georges Bataille
s’entoure de ses fils. D’abord Jacques
et Pierre, tous deux ingénieurs de l’IDN
(Institut industriel du Nord, ancêtre de
l’école Centrale de Lille). Puis Bernard et
Claude, fraîchement diplômé de Centrale.
Ce dernier invente, en 1958, le moteur
hydraulique haute pression à came, qui
va permettre la création en 1961 de la
TY45. Cette pelle, qui se caractérise par
sa rotation totale, va rapidement devenir
la star des chantiers. « Six ans plus tard,
30 000 moteurs tournent et la production
est transférée dans la toute nouvelle usine
de Verberie (Oise) », lit-on dans Poclain, la
mémoire vive.
En 1963, Poclain a déjà fabriqué 10 000
machines. C’est l’année que choisit
l’entreprise pour partir à la conquête
du marché mondial. Le 17 mai, elle
est introduite sur le marché hors cote
de la Bourse de Paris. Quelques mois
auparavant, la société « Les ateliers
de Poclain – société de constructions
industrielles Bataille et fils » est devenue
« Poclain » et s’est transformée en une
société anonyme au capital de 6,5 millions
de francs. « À la TY 45, se sont ajoutées la
roissymail.com 21
TC 45 et la FY 30. En 1964, la GC 120.
En 1965, la FC 30 et la TCS. En 1966
et 1967, la LC et LY 80 », explique-t-on
dans l’ouvrage cité.
Internationalisation
du groupe
En 1967, Claude Bataille devient directeur
général et son père Georges cède sa place
de PDG à son fils aîné Pierre. Poclain
connaît alors une ascension fulgurante.
À la fin des années 1960, elles comptent
quatre usines, toutes situées dans le sud
de l’Oise (deux à Crépy-en-Valois, une
à Compiègne, une au Plessis-Belleville).
« Celles-ci forment un réseau serré où
chaque site est dédié à la production
d’une partie de la pelle tandis que les
chaînes d’assemblage demeurent au
Plessis-Belleville et à Crépy-en-Valois. Un
centre de formation est mis en place dès
cette époque. Une division hydraulique a
été créée et s’installe à Verberie en 1968.
Elle produit moteurs, pompes et valves
haute pression indispensables aux pelles
Poclain », peut-on lire dans un ouvrage
dédié aux ETI (Entreprises de taille
intermédiaire), publié sous la direction
d’Yvon Gattaz*, ancien président du
Medef (de 1981 à 1986).
Sous l’impulsion des frères Bataille, la
croissance du groupe s’accélère à l’échelle
internationale. Et les filiales font des
émules. Poclain crée en 1968 une filiale
de vente au Mexique. Puis une autre,
un an plus tard, baptisée PHJ (Poclain
Hydraulics Japan) est montée avec
l’entreprise nippone Yutani.
22

Les entreprises du Grand Roissy

Poclain s’étend également en Belgique, en

Tchécoslovaquie, au Venezuela, au Brésil,
en Suède… « La division hydraulique
implante des usines en Irlande et au
Japon, fournit Poclain en composants
hydrauliques et les vend également sous
la marque Poclain Hydraulics », selon le
livre consacré aux ETI. En 1973, le groupe
s’installe aux Etats-Unis via sa nouvelle
usine de Fredericksburg (Virginie). Poclain
est alors un groupe tentaculaire, qui produit
5 000 pelles par an avec un effectif de plus
de 10 000 personnes - dont la moitié en
France - compte plusieurs divisions et des
unités réparties un peu partout dans le
monde.

Les premières difficultés

Mise en peinture d’un moteur S 125, dans l’usine de Verberie
Mais après plus de vingt années de
croissance ininterrompue, le leader mondial
des pelles hydrauliques voit sa progression
stoppée net par la crise économique. Le
choc pétrolier de 1973 touche l’entreprise
de plein fouet. « Pour financer son
développement fulgurant, Poclain a dû
recourir à l’endettement. Fragilisée par la
chute des ventes consécutive à la récession,
elle doit impérativement se réorganiser »,
lit-on dans ce livre rassemblant des
témoignages d’entrepreneurs.
Et si en France, le groupe est un leader
incontestable, il n’a pas réussi à éliminer

Les dates charnières

1927 : Naissance de la société Bataille et léger au Plessis-Belleville (Oise)
1930 : l’affaire familiale devient les « Ateliers de Poclain »
1961 : lancement de la TI, la star des chantiers
7 décembre 1962 : la raison sociale de l’entreprise est modifiée. La société « Les ateliers de Poclain – société de constructions
Bataille et Fils » est devenue tout simplement « Poclain » et s’est transformée en une société anonyme au capital de 6,5 millions
de francs.
1963 : introduction en bourse.
Le 7 février 1963, Poclain crée la société filiale American Poclain Corporation dans le New Jersey. Quatre ans plus tard,
Poclain compte à l’étranger 11 filiales, 30 succursales et 70 concessionnaires dans 80 pays.
1967 : Georges Bataille, alors âgé de 70 ans, devient président d’honneur.
Cette même année, Poclain est depuis cinq ans le premier fabricant mondial de pelles de chantier à commandes hydrauliques.
1968 : Jacques Bataille quitte l’entreprise à la demande de Georges Bataille.
1969 : Création de la division Poclain Hydraulics.
1970 : Poclain obtient le grand prix hors concours de l’oscar de l’exportation. La société est alors leader mondial de la pelle
hydraulique avec 20 % du marché mondial et premier fabricant français de matériel de travaux publics.
1973 : 4 869 pelles vendues. CA de 1,022 milliard de francs et bénéfice net de 25 millions de francs (chiffres Poclain SA et
non pas groupe).
1974 : montée brutale de l’inflation et du chômage, fléchissement de l’activité industrielle. 10 270 employés, capital de
94,5 millions de francs, CA de 1,845 milliard de francs
31 janvier 1975 : mort de Georges Bataille à l’âge de 77 ans.
1977 : Tenneco international inc. (aujourd’hui CNH, filiale de FIAT) prend une participation de 40 % dans le capital de Poclain.
Elle en possédera 100 % en 1985.
1985 : Rachat de la filière hydraulique de Poclain par la famille Bataille. Naissance de Poclain Hydraulics.
2001 : Laurent Bataille prend la suite de son père, Pierre, à la tête de Poclain Hydraulics.
2009 : Poclain Hydraulics voit son chiffre d’affaires baisser de plus de 40 % en raison de la crise économique. La direction
propose des réductions de travail aux salariés pour pouvoir sortir de la crise.
 roissymail.com 23

Et montage d’un moteur S 83

toute concurrence significative à l’échelle
mondiale. « Poclain ne représente « que »
13 % du marché en RFA, 11 % en Grande-
Bretagne, 10 % en Italie, 42 % en Espagne,
22 % au Canada et seulement 6 % aux
USA. C’est d’ailleurs de ce dernier pays et du
Japon que le danger viendra », expliquent
pourtant la meilleure au vu du contexte.
Il ne voulait pas que Poclain devienne
américain », souligne Claude Bataille.
Rachat et renaissance
Un accord pour un rachat partiel est
contre l’avis de beaucoup de gens et des
dirigeants de Case-Tenneco », explique
Jérôme Bataille, qui dirige aujourd’hui
l’entreprise avec ses frères Guillaume et
Laurent.

les auteurs de Poclain, la mémoire vive.
En 1972, Caterpillar annonce son entrée
sur le marché et un an plus tard, le géant
américain fabrique des modèles aux
performances voisines des machines de la
nouvelle gamme Poclain. Dans la foulée,
John Deere, International Harvester,
Massey Ferguson, Ford investissent dans le
secteur.
S’ouvre alors une période de difficultés pour
le fleuron français de la pelle hydraulique.
Fragilisée par la chute des ventes
consécutive à la récession, l’entreprise doit
se réorganiser. Pierre Bataille cherche des
investisseurs et se tourne finalement vers
le groupe américain Case-Tenneco. Après
négociations, la firme US propose une OPA
amicale pour 100 % des actions au prix de
350 francs alors que l’action Poclain vaut à
l’époque 110 francs à la bourse. Mais l’État
s’oppose à cette transaction. « Raymond
Barre, le Premier ministre de l’époque, que
nous avions rencontré à deux reprises avec
mon frère, a refusé cette solution, qui était
D’où vient
finalement signé le 31 mars 1977. Le
groupe américain récupère 40 % du capital
de Poclain, la famille devient minoritaire
mais Pierre Bataille reste le dirigeant de
l’entreprise française. Un an plus tard, le nom de
Poclain
après une réorganisation de la production,
l’équilibre financier est retrouvé et la
société gagne de nouveau des parts de
marché.
Contrairement à ce que beaucoup
croient, il n’y a pas de M. et
Mais les difficultés s’enchaînent. Au début
Mme Poclain qui aient donné leur
des années 80, Case-Tenneco veut fermer
nom aux Ateliers. Simplement, à
Poclain Hydraulics. Pierre Bataille, alors
l’emplacement choisi par Georges
âgé de 59 ans, qui croit en l’avenir de
Bataille, face à la ferme, se trouvait
la filiale décide de la racheter coûte que
une mare utilisée anciennement
coûte. Il parvient à rassembler un groupe
pour le rouissage du lin. Dans le
d’investisseurs et signe le rachat le 13 août
patois picard, une mare s’appelle
1985 ! (la même année où Case acquiert
une « poche » que l’on prononce
100 % du groupe). « Au terme d’un audit,
« poque ». C’était donc la « poque
le Boston consulting group avait considéré
à lin », qui, par contraction, devint
que Poclain hydraulics n’avait pas d’avenir
« Poclin » puis « Poclain ». Ce nom
et que la filiale était la cause de la majorité
fut donné au lieu-dit et Georges
des pertes du groupe. Mon père, lui, était
Bataille l’adopta.
certain que c’était une pépite. Il l’a racheté
 24

Les entreprises du Grand Roissy

Dès 1986, l’entreprise, qui compte le début de la récente crise économique.

Claude Bataille, un des fils de Georges, le fonda-
teur, fut DG du groupe. Il est aujourd’hui la mé-
moire de Poclain. C’est un homme passionnant et
attachant. C’est aussi un lecteur de la première
heure de notre magazine. Merci à lui (et à Jé-
rôme !) pour son aide pour cet article, et… pour
sa sympathie.
L’ancien siège de Poclain est
devenu le Centre d’affaires EGB,
au Plessis-Belleville
environ 600 salariés, se concentre sur Cela se traduit par une baisse du chiffre
une nouvelle gamme de moteurs très d’affaires de plus de 40 % ! Mais au lieu
compacts. « Le nombre de machines de licencier, le PDG Laurent Bataille, qui
équipées croît rapidement, ces moteurs a pris la succession de son père Pierre en
se révélant incontournables pour les 2001, et ses frères réduisent les dépenses
récolteuses, pulvérisateurs, chariots et proposent au personnel de diminuer le
élévateurs compacteurs, pelles, engins temps de travail et les salaires pour l’année
miniers et autres. Au-delà de la production 2009. Un choix accepté par la majorité des
des moteurs, Poclain Hydraulics conçoit, salariés. « Seulement une trentaine a préféré
fabrique et vend aussi des systèmes partir », précise Jérôme Bataille. « Malgré
complets, y compris la gestion électronique la tempête, Poclain Hydraulics se mobilise
pour les engins mobiles », explique-t-on pour capter de nouveaux clients, concevoir
dans l’ouvrage consacré aux ETI. de nouvelles machines, innovantes, plus
Vingt-quatre ans plus tard, Poclain économes en énergie et plus respectueuses
Hydraulics est une entreprise florissante de l’environnement. En développant de
avec un chiffre d’affaires de 200 millions nouvelles transmissions vertes, l’entreprise
d’euros et 1 000 clients. Elle dispose de complète sa gamme actuelle pour retrouver
treize filiales, six bureaux de vente et six le chemin du succès. Encore une fois », écrit
usines, dont deux en France (Marnaz et Yvon Gattaz. Dans les hauts et les bas,
Verberie), une en République Tchèque, une pragmatisme semble être la devise de la
en Slovénie, une en Inde et une aux Etats- famille Bataille.
Unis. L’effectif global est d’environ 1 500
personnes dont les deux tiers travaillent Ludovic Luppino
hors de France.
En pleine ascension, Poclain Hydraulics a *Yvon Gattaz, Les ETI, champions cachés de notre
économie, 30 histoires d’entreprises de taille
connu de nouvelles difficultés en 2008 avec intermédiaire, François Bourin éditeur, 2010, 148
pages.
De Poclain à EGB,
rue Georges Bataille
En 1994, CNH, le repreneur de Poclain quitte le siège historique
du Plessis-Belleville (rue Georges Bataille !) pour s’installer à Paris
Nord 2, et met en vente les locaux devenus vacants. Or ceux-ci ne
trouvent pas preneur. L’OPAC Oise (devenu plus tard la Semoise)
fait une proposition sur les seuls terrains avec l’intention d’y
construire des logements. Stupeur des élus locaux qui tiennent au
bâtiment. Ils vont donc rendre visite à Pierre et Claude Bataille pour
trouver une solution de sauvegarde. Or les Bataille possèdent aux
USA, depuis 1977 (à Fredericksburg, Virginie) un centre d’affaire
nommé SPELNA (spécialisé dans l’aide à l’implantation des sociétés
françaises aux U.S). Réflexions… Et les Bataille créent une société
anonyme « EGB », qui va racheter en 1996 les murs de leur ancien
siège à CNH et le transformer en centre d’affaire. Celui-ci, dirigé
par Olivier Jacqueau, gendre de Claude Bataille (il s’occupe aussi
de SPELNA) accueille aujourd’hui de nombreuses entreprises sur
9 200 m2 dont… CNH qui a quitté Paris Nord 2 en 2003. EGB
accueille aussi une pépinière d’entreprise gérée par la Communauté
de Communes du Pays de Valois.

Le président Sarkozy
en visite à « Verberie »
C’était le 26 mai 2008. Le président Sarkozy avait choisi le
cadre de l’usine Poclain Hydraulics de Verberie (une manière
de saluer l’industrie française) pour y prononcer un discours
qui portait notamment sur le déblocage de la participation et
le doublement de l’intéressement des salariés. On reconnaît,
autour du président, le député (UMP) de l’Oise Olivier
Dassault ainsi que Jérôme (à gauche) et Laurent Bataille.
E.V.
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 26

Politique

Luc Broussy,
conseiller général (PS) de Goussainville Louvres :

« Ce que nous avions promis,

nous l’avons mis en œuvre »
Les prochaines élections cantonales auront lieu les 20 et 27 mars prochains. Il
s’agira pour les électeurs de désigner une partie des conseillers généraux. Dans le Val
d’Oise, cette élection sera particulièrement suivie car la majorité de gauche ne tient
actuellement qu’à une seule voix.
Dans ce cadre, nous avons pensé à interroger Luc Broussy, conseiller général du
canton de Goussainville-Louvres (non renouvelable), dont l’élection, en 2008 (il a
succédé à Guy Messager, maire de Louvres) a permis le changement de majorité dans
ce département qui n’avait connu que des
majorités de droite depuis sa création.
À 44 ans, Luc Broussy a un parcours
professionnel et politique intéressant.
Ancien élève de Sciences Po Paris, après
avoir passé une maîtrise de droit public et un
DEA de droit social (Paris I), il a été assistant
parlementaire, et a fait partie du cabinet de
René Teulade, ministre des affaires sociales
dans le gouvernement Bérégovoy.
Il est devenu spécialiste des questions liées
aux personnes âgées et a créé en 1997 son
entreprise (presse et conseil, 15 personnes)
dans ce domaine. Vous pourrez lire avec
intérêt son parcours entier sur son blog :
www.lucbroussy.fr
Il est très actif dans son canton et dans la
ville de Goussainville où il est adjoint au
maire, chargé de l’intercommunalité et de la
communication. Il est positif sur « Roissy »
Et il ambitionne de devenir, en 2012, le
député de la 9e circonscription… Il a donc des
choses à dire, d’où l’intérêt de RoissyMail et
il ne parle pas la langue de bois (mais vous
en jugerez, chers lecteurs).
EV
Conseiller général, il veut devenir
député du Val d’Oise

RoissyMail : Votre élection, en 2008,
fut une de celle qui a permis la victoire
de la gauche au Conseil général. Quel
bilan tirez-vous de l’action, courte,
forcément, de la nouvelle majorité ?
Et de la vôtre, dans votre canton ?
Luc Broussy : C’est la période que nous
avons eue pour agir qui a été courte. Pas
notre action ! Car ce dont nous pouvons
être le plus fier avec Didier Arnal, c’est
justement d’avoir abattu autant de travail
et proposé autant de réformes en si peu
de temps. Je dirais même que le travail
de notre majorité depuis 2008 constitue
un démenti cinglant à la théorie ambiante
de l’impuissance des « politiques ».
Moderne et juste : voilà les deux
qualificatifs qui me viennent
immédiatement à l’esprit si je veux
comparer la politique mise en œuvre
depuis trois ans par rapport à l’aimable
salon de thé à l’ambiance ouatée qui
tenait lieu de Conseil Général avant
2008.
Moderne, nous l’avons été en nous battant
pour donner au Val-d’Oise la place qu’il
mérite dans le Grand Paris. Quand nous
sommes arrivés, il n’y avait aucun projet
dans les cartons. Rien ! Il nous a fallu
dans l’urgence bâtir les arguments et les
projets nécessaires pour que le Val-d’Oise
soit compris et entendu. Or, qui pourrait
nier que le Conseil Général a remis le
Val-d’Oise dans le débat ? De la pétition
citoyenne à l’action énergique de Didier
Arnal, le Val-d’Oise a mis le pied dans
la porte et désormais le débat public ne
peut plus faire l’impasse sur les atouts
de notre département. De Cergy, ville
universitaire aux Rives de Seine situées
aux portes de la Défense en passant par
le Grand Roissy ou le développement
futur autour du pôle Sarcelles-Gonesse,
le Val-d’Oise est de retour !
Moderne, nous l’avons été en établissant
un lien nouveau avec les valdoisiens.
La droite a beaucoup critiqué nos
campagnes de communication. Nous,
nous en sommes fiers car elles ont
permis de retisser un lien direct entre une
institution départementale méconnue et
les citoyens.
Moderne, nous l’avons été enfin en
établissant un ambitieux plan numérique
en direction des collèges valdoisiens afin
que, sur une période de 4 ans, l’ensemble
des collégiens puissent bénéficier de
ces outils qui révolutionnent l’envie
d’apprendre.
Juste, nous l’avons été sur tous les plans.
En direction des collégiens et de leurs
familles en établissant de nouveaux
tarifs plus accessibles dans les cantines
scolaires. En direction des jeunes
couples à travers le plan VO bébés. En
direction des 16-25 ans à travers l’aide
au permis de conduire. En direction
des communes, en redéfinissant sur des
critères plus justes, le mode d’attribution
des aides. En direction des personnes
handicapées et des personnes âgées en
lançant un plan d’aide aux communes
pour l’aide à l’accessibilité des lieux
publics et en améliorant le système de
transport adapté pour les personnes à
mobilité réduite.
Dans le canton de Goussainville-Louvres,
nous avons mis évidemment en œuvre
toutes ces mesures qui ont bénéficié à
nombre d’habitants et notamment aux
familles les plus en difficulté. Mais nous
avons aussi participé financièrement à la
rénovation et à la résidentialisation des
Grandes Bornes à Goussainville, à la refonte
totale du Collège Mauriac à Louvres. Nous
accompagnons la ville de Louvres dans
ses nombreux travaux d’infrastructures
qui vont accompagner la création de l’éco-
quartier. Et à Goussainville, nous venons
tout juste d’autoriser la création d’une
maison de retraite médicalisée. Et ce n’est
roissymail.com 27
qu’un début, mon mandat se poursuivant
jusqu’en 2014.
RM : À propos de cette majorité, c’est
peu de dire qu’elle aura été fragile.
Après la victoire de Philippe Mete-
zeau (UMP) à Argenteuil, la majorité
« sauvée » in extremis par la défec-
tion de Robert Daviot, les chantages
au vote, à deux reprises, y compris
pour le vote du budget, d’Alain
Leikine… C’est compliqué, non ?
LB : Je veux dire d’abord que si
chantage au vote il y a eu, il n’est
jamais venu de Robert Daviot lequel
aura fait preuve d’un grand courage en
décidant d’accompagner une majorité
avec laquelle il avait de nombreuses
convergences politiques. Il a privilégié
le fond à la tactique politicienne. Alain
Leikine, lui, aura fait le chemin inverse.
D’accord avec nous sur le fond, il a au
contraire privilégié à plusieurs reprises
ses propres petits calculs politiciens.
Mais, au final, citez-moi une mesure qui
n’aurait pas été mise en œuvre par notre
majorité en raison de ces vissicitudes :
vous n’en trouverez pas une seule ! Alors
oui cela n’a pas toujours été facile à
gérer au quotidien. Mais la seule chose
qui compte pour les valdoisiens, c’est
que ce que nous avions promis, nous
l’avons mis en œuvre !
RM : quelle est votre position sur l’aé-
roport CDG et sa région : le « Grand
Roissy » ?
LB : Je ne veux en aucun cas faire partie
des élus qui adoptent une posture
geignarde sur l’aéroport. Nous avons
la chance d’avoir là un formidable
outil de développement économique
et donc d’emplois. Certes, dans la
Creuse il y a moins de bruit mais aussi
beaucoup moins d’emplois… En termes
de gouvernance du Grand Roissy, je
ne peux qu’approuver la déclaration
récente du président de la Région et
des conseils généraux du Val-d’Oise, de
Seine Saint-Denis et de Seine et Marne
qui proposent de créer une Communauté
du Grand Roissy où les responsables
politiques et économiques élaboreraient
enfin, au-delà des actuelles frontières
administratives, un scénario cohérent
pour l’avenir de ce territoire. Mais la
priorité maintenant, c’est que l’idée
du Grand Roissy prenne une tournure
concrète pour les citoyens et ne soit
pas confinée à la seule réflexion entre
élus. Rapidement, il convient de faire en
sorte que le développement croissant
de la plate-forme bénéficie en emplois
aux jeunes valdoisiens. À ce titre,
Goussainville et Louvres devront être
force de propositions pour que le Grand
Roissy ne se résume pas à un « axe sud »
de Gonesse à Villepinte.
 28
Politique
RM : A la mairie de Goussainville,
vous êtes chargé de l’intercommunali-
té. « Gouss » a fait le choix de la CC
Roissy Porte de France qu’elle doit inté-
grer cette année. Pourquoi avoir fait
ce choix, et pourquoi, par exemple ne
pas être allé vers Gonesse ou Val de
France ?
LB : Tout commandait à ce que
Goussainville adhère à la CCRPF.
Géographiquement, Goussainville est
totalement « encerclé » ou « embrassé »
par les communes de Roissy-Portes de
France. Économiquement, nous avions
tout intérêt à nous arrimer au formidable
développement économique de la plate-
forme aéroportuaire. Et politiquement,
Goussainville pèsera à elle seule 40 % de la
population de la CCRPF. Enfin, l’entrée de
Goussainville permettra, grâce à ses 30 000
habitants, de transformer la communauté
de communes Roissy-Portes de France en
communauté d’agglomération.
Hermanville et Casula avaient transformé
Goussainville en ville autarcique. Nous,
nous voulons la réveiller, lui donner la place
qu’elle mérite dans l’Est du Val-d’Oise. Et
nous voulons enfin que cette adhésion
ne soit pas qu’une adhésion « technique »
mais bien une adhésion « de projets ». Dans
le panier de la mariée, nous allons amener
nous aussi nos projets : la rénovation du
Vieux Pays, la modernisation de nos zones
d’activité et un lien plus direct entre le
besoin d’emplois sur la plate-forme et une
jeunesse de Goussainville victime d’un
taux très élevé de chômage.
RM : Vous êtes aussi, au PS, chargé
des questions des personnes âgées,
« secteur » dont vous êtes spécialiste.
Quelles sont, selon vous les mesures
qu’il faudra prendre à l’avenir,
au moment où le président de la
République veut lancer un grand plan
sur la dépendance ?
LB : Je suis surtout en charge de ce
dossier à l’Assemblée des Départements
de France puisque j’y suis vice-président
Luc Broussy avec Didier Arnal, président du Conseil général
et Alain Louis, maire de Goussainville
de la Commission Sociale. Il faut d’abord
dénoncer la stratégie de Nicolas Sarkozy
sur ce dossier. Il a fait sa première annonce
sur ce sujet dès septembre 2007. On se
retrouve début 2010 et toujours rien de
concret. Sauf l’annonce d’un grand « débat
sur l’âge » qui ressemble surtout à un grand
« déballage »…On le sait maintenant :
aucune loi d’ampleur ne pourra intervenir
avant la fin de la législature. Sur ce dossier,
Nicolas Sarkozy aura passé 5 ans à dire
« vous allez voir ce que vous allez voir ».
Et au final on ne verra rien ! Pendant ce
temps, les départements financent 72 % de
l’Allocation Personnalisée à l’Autonomie
face à un financement de solidarité
nationale qui, lui, ne cesse de se réduire.
À la gauche désormais de préparer un
projet qui, au-delà d’un financement
solidaire et pérenne de la dépendance,
aborde l’ensemble des défis qui se posent
à la France en matière de vieillissement.
On oublie toujours de dire qu’au-delà
du risque dépendance, le nombre de
français âgés de plus de 85 ans et valides

augmentera de 2,5 millions d’ici 2040.
Cela suppose d’adapter notre habitat,
notre urbanisme, nos modes de transport,
nos filières de soins… C’est pour ma part
la vision que j’ai souhaité développer
à travers le schéma « personnes âgées »
2011-2015 que je viens de faire adopter
par l’Assemblée Départementale lors de la
séance de janvier dernier.
Dans ce secteur, tout euro investi va à
80 % dans de l’emploi, non délocalisable
qui plus est. À titre d’exemple, l’Ehpad de
Goussainville qui ouvrira en 2012 créera
à lui seul plus de 50 emplois ! Il faut donc
arrêter de tourner autour du pot en laissant
croire aux Français que l’allongement de la
durée de la vie, évènement heureux, pourra
être géré convenablement sans hausse
de prélèvements. La droite prône une
assurance privée individuelle obligatoire
qui serait aussi une forme de prélèvement
« obligatoire » mais injuste et source
d’inégalités. Elle milite également pour
un recours sur succession, système où les
personnes atteintes de perte d’autonomie
paieraient leur propre dépendance. C’est
la négation totale de la solidarité et du
principe français selon lequel tout le
monde participe au financement des soins
de tous.
RM : Vous vous êtes déclaré intéressé
par l’investiture socialiste à l’élection
législative de 2012 dans la 9e circons-
cription ?
LB : oui, je proposerai, le moment venu
– et le moment n’est pas venu – ma
candidature à mes amis socialistes de la 9e
circonscription. Ma candidature sera placée
sous le double signe du renouvellement
des générations et du non-cumul des
mandats. Rendez-vous compte qu’à l’âge
de 44 ans, je suis encore le benjamin
du Conseil général du Val-d’Oise ! Ma
génération doit désormais prendre ses
responsabilités. Cédric Sabouret l’a fait au
niveau du canton de Gonesse. Je le ferai
au niveau de la circonscription. Je suis
par ailleurs pour le mandat parlementaire
unique sauf à ce qu’on m’explique qu’être
député de la République ne vaut pas un
plein-temps.
Aujourd’hui, les 4 villes les plus
importantes de la circonscription,
Goussainville, Gonesse, Fosses et Louvres,
votent majoritairement à gauche à toutes
les élections nationales En 2012, il faudra
donc réparer l’anomalie consistant pour
ce territoire à avoir un député sarkozyste.
Au demeurant, les électeurs de la 9e ont
www.amb.com/stpathus
roissymail.com 29
compris que Yanick Paternotte avait
été totalement inutile à notre territoire
durant cette législature. Sur tous les
grands dossiers, du Barreau à la Gare
du triangle de Gonesse, de Carex à la
situation de l’emploi des jeunes il aura,
si j’ose dire, regardé passer les trains… Il
en est lui-même si persuadé qu’il fait tout
aujourd’hui pour quitter la 9e et se faire
élire à Sannois, dans la 6e circonscription.
Mais franchement, aujourd’hui, ma
priorité est ailleurs. Il faut d’abord dès
mars prochain conserver le Département
à gauche pour continuer le beau travail
entrepris depuis 2008. Il faudra ensuite
se concentrer sur la présidentielle. La
gauche ne peut pas se permettre un 4e
échec consécutif. La fédération du PS m’a
confié la supervision de l’organisation des
« primaires » dans la 9e circonscription. Les
9 et 16 octobre prochains, une quinzaine
de bureaux de vote accueilleront tous les
électeurs de gauche qui veulent participer
au choix de notre candidat. Cette date
doit marquer le début de la reconquête et
surtout, le début d’un nouvel espoir.
(Propos recueillis par EV)
 30
Transports
Les motards-taxis veulent être vus
La belle Honda Goldwing 1800 de Denis Darnault
C
omme chien et chat. La
comparaison est à peine
exagérée. À Roissy-Charles-
de-Gaulle, chauffeurs de
taxis parisiens et motards
taxis ont du mal à se
supporter. Les deux professions souvent
s’ignorent et parfois s’invectivent.
Exemple probant : cette manifestation de
taxis à quatre roues qui s’est déroulée
il y a un peu plus d’un an sur la plate-
forme aéroportuaire. « Les taxis-motos
font du racolage. Parfois, elles viennent
directement dans les files de taxis, sans
être inquiétées par la police. C’est de la
concurrence déloyale », avait déclaré
un représentant syndical devant des
journalistes. « Avec ce mouvement, on a
encore plus de clients. Pour nous, c’est du
pain béni », avait rétorqué un motard-taxi,
sous le couvert de l’anonymat, comme
une réponse du berger à la bergère.
Ambiance…
Mais qui sont ces motards qui font si
peur à leurs collègues à quatre roues ?
Éléments de réponse à Roissy, au terminal
2E. Par une belle matinée ensoleillée,
Denis Darnault gare sa rutilante Honda
Goldwing 1 800 près de la porte 8, à l’abri
des regards, retire son casque, laissant
échapper ses cheveux longs. Lunettes
de soleil, barbe naissante, regard noir, ce
Parisien aurait pu jouer dans Easy Rider.
Ancien intermittent du spectacle reconverti
professionnels du transport de personnes
de stationner dans les couloirs « dépose
minute » à CDG, que ce soit pour une
prise en charge, mais également pour
les déposes des clients à l’aéroport. Au
grand dam de Denis Darnault et de ses
confrères. « C’est une volonté de nous
isoler », fulmine-t-il. Bénéficier d’un lieu
visible et clairement identifiable par les
passagers serait le minimum, selon lui.
« Et au moins une signalétique dans les
terminaux à l’image de celles du RER et
des taxis parisiens », ajoute-t-il.
En attendant, le gérant de Moto taxi
3 000 va continuer son petit bonhomme
de chemin dans un domaine « en plein
essor », selon ses termes. Et qui peut
rapporter un bon salaire si l’on travaille
beaucoup : 2 500 à 3 500 euros par mois
pour une dizaine d’heures par jour sur
la route. « Quand j’ai créé ma société en
2007, j’étais seul et maintenant j’ai quinze
indépendants avec moi. Et il y a encore
de la place », explique-t-il, lui qui espère
approcher les 200 à la fin de l’année.
Un domaine qui fait le bonheur des
voyageurs pressés et des hommes
d’affaires. « Pour faire Roissy/La Chapelle,
nous mettons 20 minutes et ce, quel que
dans la moto-taxi, il ne comprend pas la soit le niveau de trafic », indique Denis
défiance de certains des taxis parisiens Darnault. Avec ce gain de temps, la moto
vis-à-vis de sa profession. « Ils sont 17 000 taxi a encore de beaux jours devant elle.
et nous sommes 500 en Ile-de-France.
Quand on a si peur, cela prouve bien Ludovic Luppino
le peu de confiance que l’on a dans son
métier », dit-il un brin moqueur.
Niveau réglementation, il explique que
ses collègues et lui ne sont pas autorisés
à exercer du démarchage de clients tout
en reconnaissant que quelques collègues,
« imprudents », le font quand même
au terminal 2D. « Je préfère le terme de
démarchage à celui de racolage employé
souvent par les taxis parisiens pour nous
critiquer », souligne-t-il.
Ainsi, les motards taxis ne peuvent charger
que sur réservation et doivent pour cela
attendre dans des emplacements qui leur
sont dédiés. Il en existerait dans tous les
terminaux à CDG à l’exception du 2G.
Mais, souvent situés à l’écart, près des
loueurs de voitures à l’image de ceux du
2E et faute d’une signalisation dans les
aérogares, ils restent assez peu visibles
pour les clients.
Roissy/La Chapelle
en 20 minutes
L’été dernier, l’ancien préfet de Roissy,
Patrick Espagnol a par ailleurs pris un Denis Darnault a créé sa société Moto
arrêté pour interdire aux motos taxis Taxi 3 000 en 2007
tout stationnement et/ou arrêt des
 roissymail.com 31

Les zemidjan ne datent pas d’hier !

Les Africains (les Béninois surtout) qui arrivent à Paris CDG doivent
rigoler quand ils voient des moto-taxis conduites par des « yovo »
(Blancs). C’est que pour eux les moto-taxis, ils connaissent : rien
qu’à Cotonou, la grande ville du Bénin (1 million d’habitants), on en
compte environ… 100 000 ! Et il y en a maintenant dans tout le pays.
Même le Togo voisin à ses « zem ».
On les appelle « zemidjan », ce qui signifie en langue fon (majoritaire
dans le pays) « prends-moi vite »… Ils sont apparus en 1992-1993,
alors qu’une crise économique et politique grave sévissait. Beaucoup
ont alors trouvé un moyen de survivre ainsi. Du coup, les taxis
voitures urbains ont quasiment disparu et tout le monde prend les
« zem ». C’est bien pratique et pas cher : une course normale coûte
100 F CFA (0,15 €) et on vous dépose là où vous voulez. Et il n’est
pas rare de voir jusqu’à trois personnes sur une moto ! Ils peuvent
aussi aller déposer des paquets, faire les commissions pour vous…
Ce que beaucoup ont oublié, c’est que les « zem » sont apparus dans
les années 70, dans l’autre grande ville du pays, Porto-Novo. Dans
cette ville, il n’y a jamais eu de taxis voiture urbains.
Les conducteurs de « zem » sont devenus une force économique
et politique : avec leurs familles, ils représentent un véritable lobby :
tous les politiciens du pays le savent et gare à celui qui se les mettrait
à dos ! En « zem » à Cotonou (Bénin)
Mauvais côté de la chose, la pollution ! Il n’est pas bon de respirer
en centre-ville, lorsqu’une « grappe » d’une centaine de zem démarre
en même temps ! C’est devenu un vrai problème de santé publique. Au point que la France, bonne fille, finance (1.1 million d’euros) un
programme de remplacement des motos au moteur « deux temps » par des « quatre temps » moins polluantes.
EV
 32
Grand Roissy/Grand Paris
ça
Dix nouvelles gares, dont celles
du Triangle de Gonesse et du Mesnil-Amelot
E
n septembre 2009, dans le
n° 28 de notre magazine
Bénéfice.net (« ancêtre » de
celui-ci), le titre de mon
éditorial était « Ne pas rater
l’ensemble du Grand Roissy
dans la métropole parisienne de demain ».
Après avoir déploré que le document
initial imaginé par Christian Blanc, puis
Le Grand Roissy
repris dans le document de la Société du
Grand Paris ne prenne pas en compte
l’ensemble de notre région aéroportuaire,
je me réjouissais en revanche de
l’initiative présidentielle visant à créer un
« Grand Paris », articulé autour du fameux
« supermétro ». Et j’en appelais à l’État
pour qu’il pousse à la mise en place d’une
structure de gouvernance pour ce qu’on
Un des « pétales » de l’étude en cours.
a appelé à nouveau le Grand Roissy, en
gros le territoire de notre carte « Roissy
2030 ».
Il vient d’y avoir, depuis, deux événements
majeurs qui répondent à ces attentes : les
« Rencontres du Grand Roissy » et l’ac-
cord, qualifié d’historique, entre l’État et
la région Île-de-France sur les transports :

dans le Grand Paris :
avance vraiment !
le Grand Paris Express.
Dans ce Grand Paris, le
Grand Roissy est quali-
fié par tous de site excep-
tionnel, à l’exemple de
J-P Huchon qui a déclaré
que « le territoire du Grand
Roissy, c’est le site straté-
gique par excellence ». Mais
au-delà des discours, il y a les
actes et là…
Retour et explications sur ce qui
s’est passé et sur ce qui risque de
se passer…
À l’origine : le discours
de Nicolas Sarkozy
à Roissy
Enfin, « à l’origine » n’est peut-être pas
le bon mot puisque des rapports et
des études, y’en a eu en pagaille sur
Roissy ! Du rapport Lachenaud (un des
plus cohérents selon moi) à la « mission
Roissy » pour le SDAURIF de 1994, en
passant par le rapport Legrand et la mort-
née « communauté aéroportuaire », l’État
s’est souvent penché sur le berceau, mais
aucune décision n’a jamais été prise. Et
rien du côté des collectivités locales, à part,
Les questions de transport et d’aménagement passionnent les gens, contrairement à ce que
certains pensent. Ici une grande réunion sur les projets du Bourget, en novembre dernier.
voici deux ans, une déclaration de principe
des présidents des trois départements sur
la « gouvernance », non suivie des suites
pourtant annoncées.
On a souvent évoqué ce discours prononcé
par le président de la République (en
juin 2007) à l’occasion de l’inauguration
du Terminal S4 (la « Galerie parisienne). Il
évoquait l’importance du développement
de Roissy CDG si on voulait avoir une
région parisienne forte, capable de rivaliser
avec les grandes métropoles mondiales. Et
il jetait en même temps les prémisses de
ce qui devait s’appeler ensuite le « Grand
Paris ». Et, s’agissant de Roissy CDG, il
demandait l’élaboration rapide d’une
« charte de développement durable » pour
l’aéroport et ses riverains. Le discours a,
incontestablement redonné de l’espoir, en
« désinhibant », comme j’aime à dire, les
divers responsables qui, pour des raisons
essentiellement politiciennes, avaient CE
que j’ai déjà appelé le « développement
honteux ».
Rapide ? Il aura déjà fallu 7 mois pour que
cette mission soit confiée officiellement
à M. Jacques Dermagne, alors président
du Conseil économique et social. Et
aujourd’hui il n’y a pas plus de « charte »
que de beurre en broche. Mais ça avance
quand même. Oyez !
roissymail.com 33
Le rapport Dermagne
M. Dermagne, avec une équipe dédiée a fait
un bon travail. Ils ont consulté beaucoup
d’acteurs tant de la région aéroportuaire
(dont votre serviteur) : associations,
chefs d’entreprises, élus… Ils ont voyagé
pour visiter les aéroports de Londres,
Amsterdam, Dallas, Memphis, Francfort…
La mission Dermagne a remis son rapport
au chef de l’État en novembre 2008.
Trente-cinq propositions ont été formulées.
Parmi celles-ci, outre des préconisations
pour « maîtriser les nuisances sonores », et
« favoriser le transport collectif », plusieurs
propositions (15 à 23 puis 31 à 32)
concernent directement l’aménagement,
la valorisation et la gouvernance de ce
qu’on n’appelait pas encore « Le Grand
Roissy ». Parmi celles-ci, le rapport
préconise la création d’une « Communauté
de territoires », sur le modèle de la
« Communauté aéroportuaire » créée par
une loi de 2004 et jamais appliquée.
Cette Communauté aurait trois missions :
gérer le dispositif d’aide à l’insonorisation,
assurer une péréquation fiscale et une
unification des taux de TP (c’était avant
la réforme de la TP), financer des projets
d’intérêt local visant au développement du
territoire.
 34
Grand Roissy/Grand Paris
Contrairement à la « Communauté
aéroportuaire », cette « communauté
Dermagne » aurait des moyens financiers :
lui seraient confiés les fonds affectés à
l’insonorisation (produit de la TNSA, taxe
sur les nuisances aériennes), le produit des
« établissements exceptionnels » (TP) qui
sont aujourd’hui « saupoudrés » à travers
le Fonds de compensation des nuisances
aériennes (FCNA) et augmentation de ces
prélèvements, augmentation aussi des taux
d’écrêtement, enfin l’actuelle « contribution »
d’ADP et… des « participations volontaires »
(sic) des entreprises « bénéficiaires directes
de l’activité de CDG »
Les dépenses de la Communauté seraient
des aides aux communes pauvres, le
financement de projets, et son propre
fonctionnement. Et le rapport de
suggérer ensuite la nomination d’un
préfet de l’aéroport (c’est fait depuis) qui
coordonnerait tout ça, « en liaison avec
les autres préfets concernés » (ça n’est
pas fait, le préfet « des aéroports, chargé
principalement de la sécurité et de la
sûreté, n’ayant pas vu ses compétences
élargies).
Le rapport Dermagne préconisait enfin
un calendrier de mise en œuvre de ses
propositions. Celui-ci n’a jamais vu le
jour…
Le discours de Nicolas
Sarkozy qui a lancé
le « Grand Paris ».
Rien ne s’est fait ensuite. Les suites du
rapport Dermagne ont été confiées à Jean-
Louis Borloo, alors ministre des transports,
et du « développement durable », entre
autres et en fait à son secrétaire d’État
chargé du Grand Paris, Christian Blanc
(nommé le 18 mars 2008), qui, je suppose,
ne l’a même pas lu…
Car le « Grand Paris » était déjà dans
l’air, notamment après la parution, (en
avril 2008) d’un rapport du sénateur-
maire (UMP) des Pavillons-sous-Bois
(93), Philippe Dallier, sur la lancée des
réflexions d’Édouard Balladur. Le jeune
sénateur préconisait la fusion de Paris et
des départements de la petite couronne et
suggérait la création d’une gouvernance
au niveau de ce territoire appelé « Grand
Paris ». Un rapport excellent, qu’il faut lire
(on le trouve sur le site web du Sénat).
Mais la question étant compliquée,
d’autant que la gauche gouverne la région,
Sarkozy remet à plus tard la question de la
gouvernance de la métropole parisienne.
Mais le débat est lancé. Pour ne pas être
de reste, les élus de gauche de la région
parisienne créent « Paris Métropole », un
syndicat mixte d’études, dans la foulée
de la « Conférence métropolitaine » lancée
par le maire de Paris en 2006. Les élus de
droite rejoindront Paris Métropole en 2010.
Après avoir confié à des architectes de
renom le soin d’imaginer ce que pourrait
être le Grand Paris, Nicolas Sarkozy a
prononcé un discours d’orientation sur
le Grand Paris, en avril 2009, lors de la
présentation des travaux des dix équipes
d’architectes et d’urbanistes. Au passage,
signalons que ceux-ci étaient surpris et
ravis. Car il faut savoir que, compte tenu
de l’immobilisme de la région parisienne
(à part la Défense), ils n’ont eu guère
de travail ces dernières décennies. Et ils
sont souvent allés vendre leurs talents à
l’étranger, en Chine notamment où des
« grands » comme Jean-Marie Charpentier
(récemment décédé, hommage à lui)
ou Jean-Marie Duthilleul ont construit
des choses magnifiques, à Shanghai en
particulier.
Le discours du chef de l’État fut…
enthousiaste, lyrique même, balayant
tous les aspects de la région parisienne,
luttant pour le désenclavement de certains
quartiers, connectant la région vers la vallée
de la Seine, jusqu’à la mer, se projetant
vers l’avenir.
Grand Paris
contre Arc Express
Parmi les propositions, le fameux
« supermétro », appelé aussi « Grand Huit »,
automatique, long de 155 km et devant
fonctionner 24 h sur 24. Christian Blanc a
préparé le projet de loi « Grand Paris » qui
sera adopté le 3 juin 2010 par la Parlement.
Un bon point pour notre région de Roissy :
c’est Yves Albarello, député (UMP), maire
de Claye-Souilly qui en a été le rapporteur.
Cette loi prévoit le supermétro dans
ses grandes lignes, et la création d’un
établissement public chargé de le réaliser :
la Société du Grand Paris (SGP), qui sera
effective en septembre 2010. C’est l’ancien
Réunion à la mairie du Mesnil-Amelot, le 22 octobre, en présence du préfet Canépa et du
député Albarello
ministre André Santini, député maire
(NC) d’Issy-les-Moulineaux qui en est le
président du conseil de surveillance et
Marc Véron, l’ancien directeur de cabinet
de Christian Blanc (qui avait démissionné le
4 juillet 2010 après l’affaire des cigares…),
le président du Directoire. Autour des gares
se développeraient des pôles d’activités,
de logements (70 000 par an), culturels…
De son côté le conseil régional d’Île-de-
France, présidé par J-P Huchon (PS) faisait
avancer son « plan de mobilisation pour
les transports » dans lequel son projet de
rocade nommé Arc Express, porté par le
STIF (présidé aussi par J-P Huchon) est
défini comme la « colonne vertébrale » du
dispositif.
On s’est retrouvé ainsi avec deux projets
(supermétro « Grand Paris » et Arc Express)
sinon concurrents, du moins n’obéissant
pas à la même logique. Au dernier
moment de la discussion parlementaire,
le rapporteur de la loi « Grand Paris » avait
réussi à maintenir les deux projets, celui
d’Arc Express ayant été menacé par des
amendements de certains sénateurs de
droite. « J’ai sauvé le soldat Huchon », avait
déclaré avec humour le bouillant député,
après l’adoption définitive de la loi.
Le tout sur fond de bras de fer politique
entre le gouvernement (droite) et le Conseil
régional (gauche), à propos notamment
du projet de SDRIF (schéma directeur de
la région), adopté par le conseil régional
en septembre 2008, puis « bloqué » par
le gouvernement et enfin « retoqué »
techniquement par le Conseil d’État. Mais
la nette victoire de la gauche aux élections
régionales de mars 2010 a renforcé la
position de la Région…
Du 30 septembre 2010 au 31 janvier 2011,
se sont déroulées deux « consultations »,
dans le cadre de la loi sur le « débat public »

Débat public « Grand Paris à Gonesse »
Beaucoup de monde au débat public du Mesnil-Amelot, le 6 janvier
pour les grosses opérations d’aménagement
ou d’équipements. L’une sur « Arc Express »,
l’autre sur « Grand Paris ». Elles ont été
organisées par deux CPDP(1) distinctes et
certaines réunions ont été communes aux
Le maire du Mesnil-Amelot, Alain Aubry
Laurent Barré, conseiller municipal (UMP) de Dammartin
a mis l’accent sur les difficultés de transport.
deux. Dont beaucoup dans notre secteur :
sur 55 réunions organisées dans toute la
région parisienne, 9 se sont tenues (2) dans
le Grand Roissy, dont une, non prévue à
l’origine, au Mesnil-Amelot.
Le député Albarello a vaillamment
défendu le territoire
roissymail.com 35
Vincent Eblé, président du Conseil
général de Seine-et-Marne
Dans le document présenté par le maître
d’ouvrage du Grand Paris (la SGP) il y
a une bonne et mauvaise chose pour le
Grand Roissy. La bonne, c’est qu’il y a
un nombre important de gares prévues
chez nous. Certes, la gare du Triangle de
Gonesse y figure seulement en option,
et la gare du Mesnil-Amelot (voir plus
bas) n’y figure pas encore. Mais figurent
deux gares sur le Bourget (dont celle de
l’aéroport, qui fera aussi la jonction avec le
Tangentielle Nord) les autres étant Clichy-
Montfermeil (qui sera enfin désenclavée),
Sevran-Livry, Sevran-Beaudottes, Aulnay
et Le Blanc-Mesnil. Et bien sûr le Parc des
Expositions de Villepinte (en variante avec
une autre gare éventuelle qui permettrait
de desservir la futur ZAC « Sud-Roissy » et
l’extension du Parc), et CDG. Dix gares au
total sur les 40 envisagées. C’est pas mal
du tout.
La mauvaise chose étant que le document
ne prend pas en compte le Grand Roissy
dans son ensemble, mais seulement
une partie (certes importante) : « Roissy-
Villepinte-Tremblay », définie comme un
« pôle dédié aux échanges internationaux,
aux congrès et salons, au développement
industriel et logistique ». Ce qui n’est pas
faux, mais insuffisant et à fait sortir de
ses gonds le député de Seine-et-Marne,
qui a évoqué un « territoire croupion ».
Le député avait même tiré la sonnette
d’alarme bien avant (le 24 novembre 2009)
à l’Assemblé nationale en s’adressant à Ch.
Blanc, dénonçant l’approche du secrétaire
d’État jugée « insuffisante et réductrice par
rapport au formidable potentiel de la zone
aéroportuaire de Roissy CDG, qui implique
largement le Val d’Oise et la Seine-et-
Marne ». Il réclame, à juste titre selon nous,
un développement concentrique autour
de la plateforme. RoissyMail.com avait
 36
Grand Roissy/Grand Paris
aussi, à plusieurs reprises, évoqué ce vrai
problème.
Succès
des débats publics.
Neuf débats publics ont donc été organisés
sur le territoire du Grand Roissy. Comme
partout, beaucoup de monde y a participé
(20 000 personnes dans toute la région
parisienne). RoissyMail a suivi et à rendu
compte de ceux de Roissy-Villepinte (où
étaient venus en force les élus du Nord
Seine-et-Marne…) et du Mesnil-Amelot.
Et de celui de Gonesse. Comme toujours
dans ces cas de débats publics, la qualité
des interventions est diverse, certains
prenant la parole pour ne strictement rien
dire, et d’autres pour faire leur propre
promotion, sans rapport avec le sujet…
Mais globalement les débats étaient de
bonne tenue. Parallèlement, de nombreux
« cahiers d’acteurs » ont été publiés. Ca a
été la « magie » du débat : de nombreuses
collectivités ont dû se remuer pour
présenter des projets de développement,
plus ou moins cohérents, mais qui ont eu
le mérite d’exister.
La réunion du Mesnil-Amelot s’est tenue le
6 janvier, centrée sur le projet de la gare
« Grand Paris » sur cette commune. La
réunion n’était pas prévue au départ, mais
les députés Albarello et Copé, avec leurs
relations, ont réussi à l’obtenir. Elle mérite
qu’on s’y arrête un instant.
D’abord il y avait beaucoup de monde (j’ai
compté plus de 300 personnes). Le maire
(UMP) du Mesnil, Alain Aubry, a accueilli
la réunion comme il se doit. Il était… très
content.
Voici un passage important de sa
déclaration : « cette gare est indispensable
Lors de la visite du préfet Canepa (au
centre), à Roissy Porte de France
non seulement parce que c’est au Mesnil-
Amelot que se trouve sa bonne localisation
plutôt que dans l’aéroport, mais parce
que son implantation ici conditionne
le développement de tout le nord seine-
et-marnais, dans le cadre des contrats
de développement territorial prévus
par la loi du 3 juin. Ce développement,
nous l’attendons depuis 35 ans, jour où
l’aéroport a été mis en service, au moment
d’une vacance de l’État qui a permis de
nous imposer un statut de zone réserve
dont nous ne voulons plus, tout comme nos
voisins du Val d’Oise qui ont été soumis
au même régime. L’aéroport aujourd’hui
doit cesser d’être une excroissance de la
capitale au milieu des réserves indigènes
du 95 et du 77, et doit au contraire être un
moteur de croissance pour tout le secteur
qui l’environne. Il ne doit plus être une
bulle, protégée et séparée par ses riverains,
mais un pôle de rayonnement pour tous ses
habitants ».
Il a enfin résumé l’attente de toute la classe
politique locale, d’accord pour la future
gare.
La réunion était présidée par M. Leblond
lui-même, le président de la CPDP
« Grand Paris ». Il a rappelé, comme lui et
les membres de la commission le font à
chaque fois, l’origine de la procédure des
concertations publiques, définies par la loi.
Clin d’œil de la part de ce préfet honoraire
(en retraite) : il avait été sous-préfet de
l’arrondissement de Meaux voici… 35 ans.
Yves Albarello a pris la parole en premier,
après la présentation du projet faite par la
SGP. Il a rappelé fort utilement que c’est
grâce à lui que la CNDP a été saisie sur le
Grand Paris, lors des débats parlementaires,
le projet de loi initial ne le prévoyant pas.
Il a redit avec force le sentiment du nord
77 d’avoir été exclu du développement
économique induit par CDG au profit,
selon lui, d’un axe « Tremblay-Roissy-Le
Bourget-Paris ». Et il a donné une série
d’arguments forts en faveur de la « gare du
Mesnil ».
Le président (PS) du Conseil général,
Vincent Eblé est intervenu en revendiquant
la paternité de l’idée de la gare du Mesnil
(ce qui a provoqué une petite polémique
avec Y. Albarello). Il a bien sûr appuyé
cette demande et on peut légitimement
penser que, comme il est, comme tous les
présidents de conseil généraux d’Ile-de
France, membre du conseil de surveillance
de la SGP, il pourra bien défendre ce dossier
quand il passera devant cette instance, en
mai prochain.
Beaucoup d’autres personnes sont
intervenues, toutes dans le même sens (la
gare !) et même, c’était intéressant, deux
élus venus de Picardie, qui voudraient bien
que le sud de l’Oise ou l’Aisne (proche !)
profiter aussi des projets de transports…
Les élus de Seine-et-Marne, et notamment
Y. Albarello, ont évoqué, en cas de gare, la
nécessité alors de conclure un « contrat de
développement territorial » (CDT).
M. Bense, membre du directoire de la SGP,
présent au débat, avait répondu ainsi au
député Albarello. C’est intéressant, lisez
bien :
« Monsieur le député ALBARELLO a trouvé
en commentaire que le projet de loi Grand
Paris et le Grand Paris n’avaient pas assez
d’ambition autour du pôle de Roissy, en
tout cas plaçait l’ambition du pôle de Roissy
à des niveaux inférieurs à ceux d’autres
pôles. Vous avez cité Saclay. Je crois que c’est
un effet de la loi, qui consacre beaucoup
de mots et d’articles au cas de Saclay, mais

il fallait créer des outils législatifs pour ce
cas, outils qui n’étaient pas nécessaires sur
le territoire de Roissy puisque tout était déjà
disponible.
Néanmoins, ce que je peux confirmer, c’est
qu’évidemment l’ambition est totale sur ce
que nous appelons le Grand Roissy. J’en veux
pour preuve d’une part la mission qui a été
confiée au Préfet de région d’animer tous
les groupes de réflexion pour co-construire
avec tous les acteurs territoriaux les contrats
de développement territorial, c’est-à-dire le
contenu en matière de développement, en
matière de développement économique et
sur la plupart de secteurs également bien
entendu en matière de développement de
logements. Roissy est évidemment un cas
particulier en l’espèce. Et en ce qui concerne
le Grand Roissy, c’est le territoire sur lequel
le dispositif est peut-être le plus armé, avec
un chargé de mission particulier qui a été
nommé, et des choses qui avancent bien,
des architectes qui travaillent ; je crois
que vous connaissez tous parfaitement
ce travail. Ceci pour bien rappeler que le
projet d’infrastructures de transport du
Grand Paris est bien là pour accompagner
tous ces efforts.»
Didier Bense s’est peut-être un peu
avancé lorsqu’il a affirmé que « tout était
disponible », s’agissant du territoire de
Roissy, puisqu’il n’y a (hormis un EPA qui
jusqu’à aujourd’hui lui tourne le dos, mais
ça va changer) pas de structure spécifique
d’ensemble en matière d’aménagement et
de développement économique.
Le Grand Roissy a raté le coche pendant
les débats parlementaires. À l’instar de
ce qui a été décidé pour le « plateau de
Saclay », on aurait pu faire voter dans la loi
la création d’un EPA spécifique au Grand
Roissy. C’est trop tard. Mais on va peut-
être pouvoir se rattraper avec d’une part
les contrats de développement territorial
et la création d’une « gouvernance » pour
notre territoire d’autre part.
Les contrats
de développement
territorial (CDT)
La loi sur le Grand Paris, adoptée le 27 mai
2010, prévoit la possibilité de conclure entre
l’État et les communes ou leurs EPCI (3)
des contrats de développement territorial
dans le périmètre des gares du Grand
Paris. Ces contrats définissent des priorités
en matière d’urbanisme, de logement de
développement économique, de transport,
d’équipements divers commerciaux,
sportifs, culturels… Le tout bien sûr sous le
signe du « développement durable ». C’est
le préfet Canepa, préfet de Région, préfet
de Paris qui est chargé du suivi du Grand
Paris et donc de la conclusion de ces CDT.
La Communauté d’agglomération du
Bourget (et les villes (4) qui y sont associées
pour l’occasion) avait déjà pris une longueur
d’avance (avant le vote de la loi…) pour
engager un tel contrat, après avoir fait
travailler des équipes d’architectes. D’autres
sont en cours : « Cœur économique de
Roissy Terre de France » (Roissy-Tremblay-
Villepinte), Val de France-Gonesse, « Est
Seine-Saint-Denis » (Aulnay, Sevran, Livry,
Clichy-sous-Bois, Montfermeil). Le Mesnil-
Amelot et les communes avoisinantes
pourront en conclure un, sous réserve
de la confirmation de la gare (c’est en
bonne voie, donc, voir plus bas) et si… la
configuration des intercommunalités locales
est compatible avec la loi Grand Paris (les
contrats ne pouvant être conclus qu’avec
des communes ou intercommunalités d’un
seul tenant et… sans enclave).
Questions timing, la loi stipule que les
CDT doivent être signés dans les 18 mois
qui suivent l’approbation du schéma
d’ensemble du réseau du Grand Paris, qui
devrait intervenir en mai de cette année. Il
ne reste plus qu’à espérer que ces contrats
soient établis en cohérence les uns avec les
autres. Ca va pas être évident… RoissyMail.
com va suivre ça ces prochains mois.
La mission
Canepa-Rebuffel
Dans le courant de l’été 2009, le ministre
Borloo confie au préfet de région, Daniel
Canépa, une « mission » pour donner
suite au rapport Dermagne. Le préfet
fait alors appel à M. Jean Rebuffel, dont
Les fameux « pétales » de l’étude « Grand Roissy »
roissymail.com 37
le dernier poste était DDEA (5) du Val
d’Oise pour faire avancer les choses. Je
me moque, dans une lettre de RoissyMail
de cette n’ième mission après la mission.
M. Rebuffel, avec lequel j’avais pris contact
(qui est un homme charmant, efficace et
plein d’humour) m’assure que ça ne va pas
durer…
Et ben il s’était trompé car l’État, via le
préfet, commande une nouvelle étude. Je
me gausse, mais je fini par admettre que
l’étude, qui sera entamée par une équipe
d’architectes, de géographe et d’urbanistes
(Christian de Portzamparc, Guller et Guller
– ceux qui ont travaillé sur le Triangle de
Gonesse-, et Acadie) va être utile parce
qu’elle va être surtout « spatiale », ce qui
n’avait jamais été fait.
J’ai rencontré à plusieurs reprises Jean
Rebuffel, qui est venu aussi nous voir à
Épiais, et j’ai vu tout de suite qu’il avait
bien compris le problème : j’étais rassuré.
Je suis allé voir aussi, dès le début de
l’étude, M. Behar (Acadie), qui pilote le
groupe. Je lui ai apporté la carte de Roissy,
différents magazines, expliqué RoissyMail,
donné mon point de vue… J’ai été heureux
d’apprendre par ce géographe, que,
malgré les préconisations du préfet (qui
ne voulait pas « toucher » à l’Oise, de peur
de se faire accuser de faire disparaître le
département), le sud de l’Oise serait dans
le périmètre de l’étude. Comment pouvait-
il en être autrement ?
L’étude est actuellement en cours et un
point d’étape, élaboré début décembre (6) a
été présenté lors des Rencontres (voir plus
bas) du 25 janvier dernier. Le territoire du
 38
Grand Roissy/Grand Paris
L’étude Grand Roissy exposée
lors des Rencontres
Pendant le cocktail des Rencontres :
Jean Rebuffel, André Toulouse,
Mme Lemasson
Eric Veillon a remis un « vieux » (n° 4) Bénéfice.
net à M. A.C Wharton, maire de Memphis, qui
relatait la visite de son prédécesseur en France,
à l’Assemblée nationale. À droite, Alain Chaillé
(Fedex)
Grand Roissy a été ordonné en « pétales »,
comme le montre l’image ici, sous
ensembles somme toute cohérents, même
si les intitulés peuvent faire sourire… Ainsi
Épiais est-elle dans le pétale « sérénité »
(ce dont nous ne doutions pas) et le nord
seine-et-marnais dans la « visibilité », ce qui
là fait rire franchement tant ce territoire ne
l’a jamais été, du moins jusqu’il y a peu…
Les élus ont été associés à ces visions du
territoire lors de plusieurs réunions, tenues
parfois d’une façon brouillonne, selon les
témoignages de plusieurs participants,
dignes de foi. L’étude complète sera
rendue prochainement.
Pendant ce temps-là, Jean Rebuffel
préparait ce qu’on a appelé les « Rencontres
du Grand Roissy ».
Succès des Rencontres
du Grand Roissy
Il s’agissait de faire se rencontrer tous
les acteurs du Grand Roissy et poser les
bonnes questions (à défaut d’avoir les
réponses…). Élus locaux et nationaux du
MM. Genthillomme (DGS, Terres de
France) et M. Cathelain (Directeur,
ADP)
secteur, entreprises, aménageurs, même
le Directeur de l’aviation civile M. Gandil
(qui fut lui aussi DDE du Val d’Oise,
décidément…), associations de riverains,
personnalités qualifiées, tous étaient venus,
ce qui était déjà un succès en soi.
Elles se sont tenues à l’Orangerie de
Roissy-en France, ce qui était bien, compte
tenu que le maire de Roissy, A. Toulouse
a toujours su avoir une attitude intelligente
et positive sur CDG.
Moi j’étais sur un petit nuage (eh oui, M. Le
Maire du Mesnil-Amelot !) car je souhaitais
depuis longtemps que l’État reprenne la
main sur « Roissy », ainsi que l’organisation
de ces rencontres, que j’avais appelées de
mes vœux dans mon éditorial de Bénéfic.
net n° 26. C’étaient un peu les miennes…
J’en ai rendu compte largement dans
RoissyMail.com n° 558.
La première demi-journée des Rencontres
a été consacrée aux témoignages de
responsables étrangers invités spécialement
par la préfecture de Région. Étaient venus
MM. Kasim Reed, maire d’Atlanta, A.C
Wharton, maire de Memphis, Ong Heng
Yap, directeur de l’aviation civile de
Singapour, et Arthur Van Dijk, maire adjoint
d’Harlemmemeer (aéroport d’Amsterdam).
Les débats, animés par M. Dupont,
DG de l’EPA Plaine de France ont été
très intéressants. Ils ont porté sur la
cohabitation entre les riverains, les
aéroports et la nécessité de développer
ceux-ci dans l’économie monde du
21ème siècle. Tout le monde a pu noter
que les élus étrangers avaient moins de
complexes que nous. « L’aéroport est
notre joyau » a même déclaré le maire
d’Atlanta, tandis que celui de Memphis se
réjouissait du développement économique
de son aéroport, grâce à la présence du
hub mondial de Fedex. Celui d’Atlanta a
fait remarquer qu’il ne fallait pas raconter
d’histoires aux riverains, faire des progrès,
mais « rester ferme » Ca changeait de nos
discours alambiqués.
Le lendemain, trois tables rondes
furent organisées. La première sur
M. Durance (VIPARIS)

« développement économique et
environnement », la deuxième sur
« Organisation spatiale, Grand Paris/Grand
Roissy » (à propos de l’étude en cours)
et la dernière sur « comment travailler
ensemble » (la gouvernance).
La ministre des Transports, Nathalie
Kosciusko-Morizet est venue vite fait dire
un mot de « conclusion », axé uniquement
sur des promesses de réduction du
bruit, mais sans évoquer les questions
Le débat public commun à Roissy-Tremblay-Villepinte
La future gare de l’aéroport du Bourget.
Très… « shangaienne » » (architecte : J-M Duthilleul)
d’aménagement et de gouvernance qui
avaient été prépondérantes dans ce
Rencontres. Tour le monde a été déçu…
Mais aussi les débats eux furent intéressants
et tout le monde a pu s’exprimer. J’ai
parlé avec beaucoup de participants (qui
étaient plus de 300) et je peux vous dire en
résumé qu’il y a désormais un consensus
pour développer et aménager ensemble la
région aéroportuaire. Mais comment faire ?
roissymail.com 39
Le problème de la
gouvernance
Un territoire comme le Grand Roissy
aurait dû être doté d’un système de
gouvernance dès le départ, tant étaient
connus le développement prévisible
du trafic aérien, les activités induites et
connexes dans et autour de l’aéroport, les
espaces disponibles, l’emplacement idéal,
l’augmentation de la population… On
aurait pu (dû) faire une Ville nouvelle…
C’est vraiment étonnant que personne
n’y ait pensé. Rien n’a été fait depuis
des années, alors que le développement
se faisait « tout seul » Ce qui s’est fait au
demeurant assez bien, notamment sur le
territoire de la CC Roissy Porte de France,
sous l’impulsion d’André Toulouse, son
fondateur, et de Patrick Renaud, qui lui
a succédé à la présidence. Mais on a pris
du retard sur les routes, les moyens de
transport (cf. le serpent de mer du barreau
de Gonesse), où les équipements d’intérêts
communs (cf. le gâchis financier de la
« piscine patinoire bowling », ou l’absence,
à ce jour, d’établissement de formation de
haut niveau aux métiers de l’aérien). Quant
à la promotion de la région aéroportuaire
dans son ensemble, elle n’a jamais été
faite, hormis, ces tous derniers temps, la
timide création de Hubstart. Et la question
d’une plus juste répartition de la fiscalité
 40
Grand Roissy/Grand Paris
Le futur « CDT » de « Cœur économique Roissy Terres de France »
intégrera la nouvelle ZAE « Sud Roissy »
locale des « établissements exceptionnels »
n’a jamais été traitée.
Le changement de majorité politique dans
les trois départements (77, 93, 95), tous
devenus socialistes, a considérablement
changé la donne. Pour le 93, à peine
arrivé à la présidence du Conseil général
(CG), Claude Bartolone déclare, dans une
interview à Bénéfice.net n° 27 : « oui Roissy
c’est bon pour la Seine-Saint-Denis ». Alors
que la majorité communiste, qu’il venait
de battre, se méfiait de « Roissy » : pas de
« cols bleus » Asensi, le député-maire de
Tremblay, peut en témoigner. Toujours dans
le même numéro (été 2008) Didier Arnal,
nouveau président du CG 95, déclare : « il
faut faire la promotion de Roissy, région
exceptionnelle ». Alors qu’une bonne
partie de la gauche départementale, quand
elle était dans l’opposition, (sauf Arnal, il
faut le reconnaître) menait une véritable
guérilla contre la droite sur le « bruit »,
Lors d’une réunion du comité de pilotage du CDT de « Cœur économique Roissy
Terres de France », en décembre dernier. De g à dr : le préfet Espagnol, le préfet
Canépa, François Asensi, Patrick Renaud.
jamais rien fait, ni dit quoi que ce soit
en faveur de Roissy, ni en faveur de rien
d’ailleurs).
Aujourd’hui, comme par miracle, les CG
du 77 et du 95 ont adopté récemment,
à l’unanimité chacun, des délibérations
enflammées sur Roissy. Celui du 93 a
tenu une réunion de son agence de
développement économique SSDA (7)
en décembre dernier à l’hôtel Hilton de
Roissy, tout aussi enthousiaste sur Roissy,
avec Claude Bartolone.
Mais la « gouvernance », désormais
souhaitée par tous, du Grand Roissy, fait
encore débat. À la veille des « Rencontres »,
les présidents de ces trois départements,
aussi ridicule que mal argumentée. Ce
qui inhibait la droite valdoisienne, qui
pourtant, il faut lui reconnaître ça (et à
Paternotte, alors président du CEEVO)
a été la seule à promouvoir « Roissy »,
prudemment, pendant des années.
Idem dans ce BN 27, Bernard Corneille,
nouveau conseiller général (aujourd’hui
estampillé « front de gauche » !) du canton
de Dammartin, nouveau maire d’Othis (77)
déclare carrément : « Roissy, c’est l’atout
maître du canton » ! Alors que la gauche
77 s’était évertuée, pendant des années,
à critiquer CDG, à, l’instar de cette Nicole
Bricq, qui avait battu Copé aux législatives
anticipées de 1997, avec comme argument :
votez pour moi, y’aura plus de bruit…
Quant à la vieille majorité de droite (aux
sens propre et figuré), isolée à Melun, elle
ne connaissait Roissy que pour prendre
l’avion. Et Roger Boullonnois, quand il était
à l’Assemblée nationale (comme suppléant
de Copé, alors au gouvernement), n’a

avec Jean-Paul Huchon président (PS)
du conseil régional, avaient publié (dans
l’urgence semble-t-il…) une »déclaration »
plutôt positive pour Roissy, dans laquelle
ils souhaitaient, pour la gouvernance du
Grand Roissy, ressusciter la « Communauté
aéroportuaire » votée en… 2004, en
l’améliorant… Ce qui pouvait paraître
étonnant car J-P Huchon pouvait la faire
depuis des années (il avait même déclaré
en 2006 à RoissyMail qu’il allait la faire) et
il ne l’a jamais faite…
Le préfet Canépa lui, dans son discours
aux Rencontres, penche plus pour une
structure « light », une sorte d’assemblée
d’élus, d’entreprises et d’associations, une
« conférence territoriale », sorte d’Agora
où on causerait, et qui organiserait des  voir son périmètre élargi à la partie 77 du
« Rencontres » chaque année… Puis un
« conseil de pôle » restreint, puis un
« comité opérationnel »… Mais rien de
véritablement juridique, sans ressources,
sans rien, un club, quoi… Sauf…
L’EPA Plaine de France
élargi ? La zone « C »
du PEB assouplie ?
Rien sur le partage des
ressources fiscales
Un bon point cependant, il semble que
tout le monde soit d’accord, État compris,
pour que l’EPA Plaine de France (8) puisse
La carte du Grand « Paris Express »
roissymail.com 41
Grand Roissy, ce qui serait une bonne
chose. J’avais critiqué avec force, dans
le Bénéfice.net n° 13, en 2002, lors de la
création (sans que les conseils généraux
soient consultés, ce qui peu connu et
vraiment incroyable) le périmètre de cet
EPA.
Par ailleurs, et c’est un souhait de beaucoup
d’élus (y compris ceux qui, en pestant
contre l’aéroport ces dernières années)
l’assouplissement des réglementations
complexes de zone C du PEB (9) devrait
permettre davantage de constructions
en zone de bruit. C’est un dossier aussi
compliqué qu’hypocrite et on reviendra sur
ces problèmes de bruit dans un prochain
dossier ici.
42
Grand Roissy/Grand Paris
Lors de la conférence de presse « historique » du 26 janvier. Les
deux ministres, Maurice Leroy et N. Kosciusko-Morizet, ainsi que
le président Huchon ont confirmé la gare du Mesnil-Amelot.
Seule grosse déception, aucune discussion
sur le changement et l’amplification de la
péréquation fiscale, dans ce territoire où il y a des
« établissements exceptionnels » qui rapportent
beaucoup d’argent à certaines collectivités et
des communes pauvres qui souffrent, mais qui
participent aussi au développement du Grand
Roissy.
On en est là aujourd’hui.
Accord historique
sur le Grand Paris ! La gare
du Mesnil confirmée
Enfin, et J-P Huchon l’avait annoncé le jour même
des Rencontres, un accord est intervenu entre
l’État et la Région sur les projets de transports.
Celui du métro « Grand Paris » celui d’Arc Express
fusionnent et deviennent un projet commun :
« Grand Paris Express ».
Le lendemain des Rencontres, le nouveau
ministre (NC) en charge du dossier Grand Paris,
Maurice Leroy, et Jean-Paul Huchon tenaient une
conférence de presse à Paris et annonçaient un
« accord historique ». Dans cet accord, la gare
du Triangle de Gonesse, qui était en option, est
confirmée. Et la gare du Mesnil-Amelot l’est aussi,
sous réserve d’études techniques. Mais j’ai fait
dire (à deux reprises !) aux ministres (Nathalie
Kosciusko-Morizet, ministre des transports était là
aussi) et à J-P Huchon, à deux reprises, lors de la
conférence de presse à, laquelle j’assistais, qu’ils
étaient tous d’accord pour que cette gare se fasse !
Si elle se fait, la gare entraînera une véritable
révolution territoriale pour tout le nord 77. Sa
seule annonce boostera la mise en place de la
ZAE de La Chapelle de Guivry (70 ha, au Mesnil)
et confortera les nombreux projets hôteliers en
cours dans ce secteur.
En résumé :
chi va piano va sano !
Et bien on peut dire que les choses avancent
pour le Grand Roissy, comme jamais. Mais que
de temps perdu ! Votre serviteur, avec la carte
du Grand Roissy, Bénéfice.net, RoissyMail peut
légitimement, et sans complexes, s’enorgueillir
d’avoir fait avancer les choses, car tous les constats
et avancées qui se sont fait « officiellement » ces
derniers temps, je les ai écrits depuis des années.
Eh bien y’a pas d’mal à s’faire du bien… Et on
n’est jamais aussi bien servi que par soi-même.
Mais c’est aussi grâce à vous, chers lecteurs,
car votre intérêt confirmé pour cette région
aéroportuaire, de Sarcelles au Plessis-Belleville
et de Chantilly à Livry-Gargan, à travers nos
publications, a démontré, ces 12 dernières années
l’existence du Grand Roissy.
EV
Notes
1/
CPDP : Commission particulière de débat public (voir
www.debatpublic.fr )
2/
Roissy-Villepinte, Clichy-Monfermeil, Le Bourget-
Drancy, Sevran-Livry, Villiers-le-Bel, Gonesse, Aulnay,
Le Mesnil-Amelot. Retrouvez tous les comptes rendus sur
http://www.debatpublic-reseau-grandparis.org/
3/
EPCI : établissements publics de coopération
intercommunale (principalement les communautés de
communes (CC) et d’agglomération (CA).
4/
La CA de l’Aéroport du Bourget, (Le Bourget, Drancy,
Stains) plus Bonneuil-en-France, Le Blanc-Mesnil et La
Courneuve pour des points particuliers).
5/
DDEA : Directeur départemental de l’équipement
et de l’agriculture (aujourd’hui DDT : Direction
départementale des territoires).
6/
Voir le point d’étape dans Roissymail.com n° 544
7/
SSDA : voir www.seinesaintdenisavenir.fr
8/
EPA : voir www.plainedefrance.fr
9/
 PEB : Plan d’exposition au bruit. Voir la zone C sur
www.acnusa.fr
 roissymail.com 3
roissymail.com 43

50
ans
50 ans d’engagements
au service
des Mitryennes
1961-2011 et des Mitryens

SOCIÉTÉ ANONYME D’ÉCONOMIE MIXTE DE CONSTRUCTION ET D’AMÉNAGEMENT DE MITRY-MORY

1 rue Maurice Thorez 77290 Mitry-Mory – semmy@semmy.fr – Tél. 01 64 67 19 30
 44

Hôtels-Restaurants

Nouveau
« La Vitrine » se montre (enfin !) à Roissy-en-France
La carte des plats est variée et ambitieuse !
Le coté italien, « autour des pâtes », voulu
par les fondateurs est bien là, avec ses
linguines, ses pennes, ses tagliatelles
déclinées à toutes les sauces (et des
macaronis à la crème, avec « escalopines »
de foies gras poêlé, délicieuses, j’ai
goûté) Les prix vont de 8 à 17 €. Les dix
entrées (pas possible de tout marquer !)
vont des œufs meurettes aux champi-
gnons des bois (9 €) au Caviar Naccari
sur pomme de terre tiède et coussin de
crème (39 €) : elle est pas belle la vie ?
Côté « cuisine » le pot-au-feu (15 €), très
copieux, a été adoré par votre serviteur
(qui en a rendu compte dans RM 549).
J’ai quand même critiqué la belle côte de
bœuf (500 gr !) poêlée (28 €), avec les
linguines aux morilles (très bonnes), mais
ça s’est amélioré depuis, me dit-on. On le
souhaite… Il y a huit desserts proposés,
dont une tarte Tatin, (très vantée par les
tenanciers) et des glaces en pagaille. Ah,
j’avais oublié, la carte des vins est forte
d’une cinquantaine de marques, à tous
les prix (et au verre…).
Eh bien ça nous fait un beau restaurant
La Vitrine, avenue Charles-de-Gaulle de plus dans notre région, qui n’en a pas

T
assez… Comme pour tous les restau-
out le monde l’attendait ! Et Claude (qui est cuisinier de formation, ça rants de Roissy-en-France, la clientèle
c’est enfin ouvert depuis tout fait drôle de le voir là) y officier provisoi- ne manque pas. Outre les zones d’acti-
début janvier. Le restaurant rement, histoire de mettre les choses en vités toutes proches, il faut compter avec
créé par Claude Chevauché, place. Les tables et les chaises, le couvert le million de personnes qui fréquen-
(l’historique directeur général est agréable (même si, comme moi, on tent chaque année les nombreux hôtels
de l’hôtel Pullman (ex Sofitel) durant 15 est plutôt traditionnel). À l’autre extrémité de la commune, pour cause de voyage
ans !) et son associé Dany Agez (qui fut de la salle se trouve un petit comptoir, où en avion ou de salons professionnels. Et
son directeur d’exploitation dans le même l’on peut boire un coup tranquillement en nombre d’entre eux font comme moi : dès
hôtel) a de la gueule ! attendant de passer à table (le restaurant que j’arrive dans un hôtel, la première des
On ne peut pas le rater. Il est situé juste est déjà souvent plein, mieux vaut réser- choses que je demande, c’est l’adresse
en face de la mairie de Roissy, toujours ver). d’un bon restaurant dans le coin.
bien éclairé. Et le décor (on aime ou on Au 2e étage, sous les combles (le restau- On souhaite à toute l’équipe de la Vitrine
n’aime pas…) est original : rose fuchsia rant a été entièrement aménagé dans une un grand succès… durable.
à l’extérieur, moderne à l’intérieur. Sur ancienne habitation), c’est le coin des EV
trois niveaux. Au rez-de-chaussée, après amoureux ! Plus intime, plus calme (le
la terrasse, on trouve une boutique de 1er étage est assez bruyant, faudra revoir Réservations au 01 34 38 18 80.
produits de qualité (en l’isolation acoustique…) la déco toujours Vous pouvez aussi vous abonner  
fait c’est un « restau- moderne prend bizarrement un aspect à leur newsletter, sur leur site :
r a n t - b o u t i q u e   » )  : plus… cosy… www.lavitrine-restaurant.com
jambons rares (pata
negra !), foies gras, le 1er étage, avec la cuisine ouverte, au fond
conserves de luxe,
champagnes et vins
fins… Et on peut y
manger tout à côté,
sur une table, c’est
très sympathique.
Au 1er étage, une
grande salle, qui
donne directement
sur la cuisine,
ouverte à tous les
regards. On y voit

Claude Chevauché et Dany Agez


L’hôtel Ibis de Roissy-en-France est devenu « All Seasons »,
une nouvelle enseigne du groupe ACCOR
A
près l’hôtel Holiday Inn1 (le
premier hôtel installé dans la
zone hôtelière de Roissy-en-
France), qui est devenu Best
Western, l’autre hôtel rois-
séen du groupe américain multi-marques
Alliance Hospitality (désormais propriété
du groupe financier Blackstone), Ibis, a
changé d’enseigne pour devenir un « All
Seasons » qui est la nouvelle marque du
groupe français ACCOR.
Nous avons rencontré son directeur, Steve
Potrel, qui explique pour les lecteurs de
RoissyMail les raisons de ce changement
et les nouvelles offres de l’hôtel.
RM : alors, M. Potrel, pourquoi All
Seasons
Steve Potrel : Tout d’abord le contrat de
franchise qui nous unissait avec Ibis était
arrivé à son terme, il fallait donc choisir
une enseigne : conserver ou changer ?
Pour cela il a fallu définir les attentes
de nos clients, et nos challenges à venir.
Avec une zone qui offrira en 2011 plus de
1 000 chambres Ibis, y avait-il un sens à
en proposer 304 chambres de plus ?
C’est finalement assez naturellement que
notre choix s’est porté sur la dernière
enseigne du groupe ACCOR : All Seasons,
la première de la zone hôtelière.
roissymail.com 45
Le nouvel « All Seasons » de Roissy Village
RM : quelles sont les spécificités de All
Seasons ?
Les 4 fondamentaux de la marque déclinés
sur le parcours client -simplicité, qualité,
convivialité et interactivité- correspondent
aux souhaits de notre clientèle. Chez All
Seasons, le prix comprend la chambre,
l’accès Internet illimité et le petit-déjeu-
ner. Une politique « enfant » forte avec un
espace jeux qui leur est dédié et un sac
de jeux d’accueil pour chacun d’entre eux
(jeux, crayons, magazines).
All Seasons contrairement à d’autres
marques se veut une enseigne « non
normée », avec un cahier des charges Steve Potrel, le directeur
allégé.
Cette année, une formidable campagne Notre engagement est de vous servir en
40 mm maxi avec une formule plat du
a été faite avec des retours clients très
positifs. Une image jeune, dynamique et jour à petit prix2.
tonique ! En 2011 bientôt le 100e établis- Roissy est en plein essor, bientôt le WTC
sement inauguré ! et nous sommes prêts pour accueillir nos
L’épisode 2009 passé, notre groupe à clients d’aujourd’hui mais aussi ceux de
donc investit pour la réfection de notre demain.
établissement (chambres, réception, bar
et un restaurant restylé) pour plus d’un 1
C’est l’ancien Holiday Inn Express
million d’euros. (toujours à Roissy-Village) qui a repris
Les enseignes viennent d’être posées. l’enseigne Holiday Inn, aujourd’hui 4
Notre volonté est de faire découvrir aussi étoiles.
notre restaurant à une clientèle du déjeu- 2
Deux formules : Déjeuner Express (Plat
ner, ou l’on se permet de faire du foie du jour, café) à 10,90 € et Menu Presto
gras ou encore un Tiramisu maison. (Plat du jour, dessert, café) à 12,40 €.
 46

Hôtels-Restaurants

Geneviève de Fontenay et la « Miss Nationale »,

invitées d’honneur pour les 4 étoiles de l’Holiday Inn

A. Toulouse, maire de Roissy, la Miss, Geneviève, Bérengère et M. Leroy Duval, propriétaire de l’hôtel.

C’
était tout début février.
Bérengère Niemann, la
directrice générale de
l’Holiday Inn de Roissy
Village avait convié
clients et amis pour fêter un évènement :
le passage de l’hôtel à 4 étoiles ! Et l’in-
vitée d’honneur était la Miss Nationale,
Barbara Morel, tout juste lauréate du
concours, venue bien sûr avec la fameuse
Geneviève de Fontenay ! Il faut croire que
la célèbre dame au chapeau conserve
toute sa popularité, malgré sa bataille
avec Endémol sur les Miss, puisque lors
du cocktail déjeunatoire offert à plus de
200 personnes, tout le monde voulait être
pris en foto tant avec la Miss qu’avec elle.
Au moment où je rédigeais cette brève
(dimanche 27 février), je voyais en même
temps le reportage sur W9 sur le nouveau
concours : chapeau, Mme de Fontenay !
RoissyMail était là et le compte rendu que
nous en avions fait (RM 559) a fait un
tabac en ligne !
L’hôtel organise régulièrement ce type
de réception à l’attention de ses clients
et c’est toujours sympathique, ce qui lui
vaut ce papier supplémentaire. Le restau-
rant marche de mieux en mieux et l’ac-
cueil est toujours impeccable, le person-
nel avenant… C’est que Bérengère est
non seulement adorable, mais c’est une
grande professionnelle (que d’autres
chaines hôtelières aimeraient bien débau-
cher, je le sais…).

Félicitations à tous pour cette étoile

supplémentaire et une mention spéciale
aux propriétaires de l’hôtel qui n’ont pas
hésité à investir massivement dans l’éta-
blissement. Bravo !
EV

Consultez la
rubrique
« Restaurants » sur
www.roissymail.com
Après quelques retards, la rubrique
« Restaurants » est ouverte sur www.
roissymail.com. Vous pourrez y voir nos
coups de cœur mais aussi les offres
Pendant le cocktail (qui fut grandiose). Au premier plan : Denis Come, président des restaurants de la région.
de l’Office de Tourisme, son directeur Thierry Bogaczyk, Agnès Coudray (Roissy
Développement) et André Toulouse.
roissymail.com 47
 La future
48
Gare terminale du métro Grand Paris au Mesnil-Amelot
a été retenue par l’État et la Région d’Île-de-France
dans le projet de transport public appelé désormais
« Grand Paris Express ».
L’ensemble des élus de Seine-et-Marne, tant nationaux que locaux,
se sont mobilisés pour faire accepter ce projet d’envergure qui va
provoquer de grands changements dans votre vie quotidienne.

C’est une bonne nouvelle

pour tous car :
● elle concernera le Grand Roissy
dans son ensemble,
● elle permettra aux habitants
du nord de la Seine-et-Marne
d’être reliés facilement à toute
l’agglomération parisienne et au
reste de la Région,
● elle favorisera le développement
économique et la création
d’emplois sur place.

Soutenez avec nous

ce grand projet d’avenir !
Communauté de
communes
des Portes de la Brie