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Kant, dans l’histoire de la philosophie, occupe une place importante de par ses
théories et concepts misent en place qui a eu une influence énorme dans le champ
de la connaissance philosophique. Nous allons nous intéresser à deux de ses
1
Emil Durkheim, L’Education morale (1903, publ. Posth. 1925), PUF, coll. « Quadrige », 1992,
p.75-76.
2
Emmanuel Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs. P.69.
ouvrages principaux que sont La Critique de la raison pure et les Fondements de
la métaphysique des mœurs.
3
Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, Opus cité, p. 18.
4
Emmanuel Kant, Critique de la raison pure, Opus cité, p. 94.
restriction être tenu pour bon, si ce n’est seulement une BONNE VOLONTE »5.
En effet, une action n’est bonne que lorsqu’elle est accompagnée de volonté
bonne. Partant de ce qui précède il ressort que Kant constitue l’un des piliers de
l’histoire de la philosophie. Mais qu’en est-il de son influence sur son époque ?
Emmanuel Kant est un philosophe du XVIIIe siècle qui naît le 22 avril 1724 à
Königsberg, en Prusse, ou il meurt le 12février 1804. Son père était un modeste
sellier, sa mère, décède lorsqu’il avait 13 ans, était « piétiste », le piétisme étant
un mouvement religieux fondé par Philip Jacob Spener qui s’attache à la lettre de
l’évangile et insiste sur la dimension personnelle de l’expérience religieuse. En
1740, Kant entame des études de philosophie, théologie, mathématiques et
physique à l’université de Königsberg. En 1755, Kant obtient le droit de professer
à l’université comme Privat-Docent. Sa Dissertation de 1770 : De la forme et des
principes du monde intelligible lui permet d’occuper la cher de métaphysique et
de logique. Il la quitte en 1797, mais continue à écrire jusqu’à sa mort. Le penseur
5
Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, p. 57.
6
Emmanuel Kant, « Qu’est-ce que les Lumières ? ». p. 2.
7
Emmanuel Kant, Idem.
a plusieurs ouvrages à son actif dont les plus célèbres sont : Critique de la raison
pure(1781), Critique de raison pratique(1788), Critique de la faculté de juger et
Fondement de la métaphysique des mœurs(1785). Mais l’ouvrage qui retient notre
attention dans ce travail de recherche est : Fondements de la métaphysique des
mœurs. Les Fondements de la métaphysique des mœurs jettent les bases des
philosophies de la liberté qui se développèrent au XIXe siècle. Kant y affirme,
notamment, la nécessité d’une philosophie morale pure, débarrassée de toutes les
scories portées par l’empirisme, et entreprend de rechercher et de déterminer le
principe suprême de la morale. Ce seront alors les célèbres « impératifs
catégoriques » : « Agis selon une maxime telle que tu puisses vouloir en même
temps qu’elle devienne une loi universelle »8 ; « Agis de telle sorte que tu traites
l’humanité, aussi bien dans ta personne que dans la personne de tout autre,
toujours en même temps comme une fin, et non comme moyen »9. Il ressort que le
but ultime de la morale kantienne est la valorisation de l’humain et la recherche de
son bonheur absolu.
I- SUJET ET JUSTIFICATION
A- SUJET
Le sujet qui fait l’objet de notre travail de recherche s’annonce comme suit :
Ethique et humanisme dans le déploiement dans les Fondements de la
métaphysique des mœurs d’EMMANUEL KANT. Le choix de ce sujet se justifie
par le fait que depuis l’Antiquité jusqu’au XIXe siècle, en passant par les
médiévaux et l’époque de la Reconnaissance, nombreux sont les philosophes qui
se sont prononcés sur la question de l’éthique et de l’humanisme. En effet, les
penseurs matinaux ont apportés une conception erronée à la question de l’éthique.
Pour certains philosophes, le but de l’éthique est de s’intéresser aux
comportements humains et’ plus précisément, à la conduite des individus en
société, elle fait l’examen de la justification rationnelle de nos jugements moraux,
8
Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, p. 178.
9
Emmanuel Kant, Idem, p 179.
elle étudie ce qui est moralement bien ou mal, juste ou injuste. Mais, avec
Emmanuel Kant, l’éthique va connaitre un sens particulier. Il faut souligner de
prime à bord que c’est à travers sa morale universelle que l’éthique kantienne va
voir le jour. Cette morale a pour but ultime le bonheur de l’homme dans toute sa
plénitude. Pour le philosophe, une action ne doit être posée avec l’intention
d’obtenir quelque chose en retour, mais une action doit être posée pour la
considération pour la loi morale. Cette loi morale, n’est autre que l’impératif
catégorique qui nous commande de considéré l’homme comme une fin et non
comme un moyen pour parvenir à notre fin. En effet, cet impératif a pour principe
fondamental, la volonté bonne. Autrement dit nos actions doivent être
accompagnées de volonté bonne pour qu’elles soient jugées d’action morale. Kant
dira à ce sujet que « la bonne volonté parait constituer la condition indispensable
même de ce qui nous rend heureux »10. Cette phrase de Kant met en évidence la
nécessité de la bonne volonté dans nos actions. En clair, une action morale est une
action accompagnée d’une intention bonne. Et cette bonne volonté trouve son sens
dans l’impératif catégorique qui constitue une loi universelle et s’applique à tous
les hommes. La loi morale universelle est conçue par Kant de la manière
suivante : « Agis selon une maxime telle que tu puisses vouloir en même temps
qu’elle devienne une loi universelle »11. Par ailleurs, la loi morale n’a de sens que
lorsqu’elle a pour objet, la recherche du bonheur humain. Partant, Kant affirme en
ces termes, « Agis de telle sorte que tu uses de l’humanité, en ta personne et dans
celle d’autrui, toujours comme fin, et jamais simplement comme moyen »12. En
d’autres termes, l’homme doit toujours se considérer comme une fin et non
comme moyen pour aboutir à ses fins machiavéliques. Cette conception de KANT
est aussi valable pour tous les êtres raisonnables.
Pour mener une étude approfondie sur l’éthique kantienne, nous allons avant
tout nous intéresser à la pertinence de la question de l’éthique dans l’histoire de la
10
Emmanuel Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs, p. 57.
11
Emmanuel Kant, Idem. P. 94
12
Emmanuel Kant, Idem, p. 179
philosophie de façon générale et aussi, mettre en exergue la conception de certains
philosophes qui ont traités cette question avant Kant.
A travers sa théorie du monde des idées, et son idée de Bien suprême qui se
trouve nécessairement dans le monde intelligible, Platon est aussi comme Socrate
considéré comme l’un des plus grands penseurs de l’éthique. En clair, pour
Platon, seul un homme vertueux possède les aptitudes pour gouverner une Cité.
Voilà pourquoi selon lui, le pouvoir politique doit revenir au philosophe, ce qui
explique à juste titre sa logique du philosophe roi. Mais c’est à partir d’Aristote
que l’on connaîtra un sens plus clair de la notion d’éthique. Le penseur a donné à
l’éthique un aspect plus organisé et a apporté de nouvelles grilles conceptuelles.
Pour lui, le principe de l’éthique est la recherche de la cause finale, qui trouve sa
réalisation par la juste mesure, la recherche de la bonne moyenne dans le but du
bonheur. Aristote a une considération plus anthropologique et naturaliste de
l’éthique que son maître Platon. En outre, nous avons les épicuriens et les
stoïciens qui ont développé chacun les principes du bonheur. Pour eux, le bonheur
constitue la fin de l’action morale. Les épicuriens ont développé l’eudémonisme
qui consiste à ériger le bonheur en principe de vie. Mais que l’on ne s’y trompe
pas, le bonheur au sens d’Epicure est diamétralement opposé à une recherche
effective du bonheur. Au contraire, le plaisir chez lui, est logé dans la simplicité,
la modération, la sobriété. Dans ce sens, Epicure a développé ce qu’on appelle la
théorie du strict nécessaire. En vérité, dans la perspective épicurienne, « la
suffisance à soi, le contentement de peu et la tempérance permettent l’accès à
l’ataraxie, l’absence de trouble de l’âme ». Contrairement aux stoïciens, l’univers
est dirigé par le destin et la providence. C’est pourquoi, l’être humain doit par tous
les moyens adhérer à l’ordre du monde, tel qu’il a été établi par la providence.
Ceux qui acceptent cet ordre seront conduits vers leurs destinées, mais ceux qui
s’y opposent seront trainés. L’éthique stoïcienne est l’impératif de la soumission à
l’ordre du monde. Parmi les stoïciens, Epictète affirme qu’il est inutile de vouloir
maîtriser des évènements qui ne viennent pas de nous, et que nous devons nous
occuper des évènements pour lesquels nous sommes responsable et que nous
avons la possibilité de dominer. Avec ces penseurs, il est logique de connaître les
lois de la nature à partir de la raison. Epictète exprime cela de la manière
suivante : « ne demande pas que ce qui arrive arrive comme tu veux. Mais veuille
que les choses arrivent comme elles arrivent et tu seras heureux »13. En ce sens,
l’éthique suppose une maîtrise surhumaine des passions. Après l’époque antique,
l’une des époques qui a été marquée par l’éthique fut la période moderne.
L’un des philosophes de l’éthique cette époque fut Baruch Spinoza qui a vécu
quelques années après René Descartes. Le penseur a d’emblée développé une
théorie de la connaissance qui renvoie la connaissance qui émane de la raison à
une fin éthique : trouver « une joie éternelle »par la « connaissance de l’union du
mental avec toute la nature ». Dans ETHIQUE, publié en 1677, il développe sa
théorie à la foi intellectuelle et affective entre l’homme, le monde et un Dieu
rationnellement conçu comme étant absolument infini. Sa particularité est d’avoir
orienté la béatitude dans la conscience de l’éternité même de cette vie. Spinoza
défini à cet effet le bien comme ce qui nous savons avec certitude nous être utile.
Par ricochet, le philosophe britannique, Jeremy Bentham, quant à lui, oriente son
éthique vers la recherche de l’utilité sociale. Autrement dit, sauf ce qui est utile
doit être perçu comme une éthique. Mais, c’est avec Emmanuel Kant que le
concept d’éthique va connaitre un changement radical. Le philosophe allemand,
au cours de ses travaux de recherche s’opposera à la conception classique de
l’éthique en lui attribuant une nouvelle orientation. Avec lui, l’éthique ne renvoie
plus à la recherche effective du bonheur mais, au respect de la loi morale et la
considération de l’humain en tant que fin et non jamais comme moyen. En clair, la
morale kantienne ou du moins l’éthique de Kant est axé sur le genre humain. Dans
13
Epictète, Manuel, VIII.
cette mouvance, Emmanuel Kant écrit dans « une intention pédagogique »14, les
Fondements de la métaphysique des mœurs, pour éveiller la conscience, à cultiver
les valeurs humaines, pour le plus grand bonheur de l’humanité. Ainsi convaincu
de la puissance rationnelle et intellectuelle de l’homme, Emmanuel Kant
préconise le traitement de l’homme comme fin en soi :
« L’homme et en général tout être humain existe comme fin en soi, et non pas
simplement comme moyen »15.
B- JUSTIFICATION
14
Ralph Walker, Kant, Paris, coll. “Folio Essais”, 2002, p. 6
15
Emmanuel Kant, Fondement de la métaphysique des mœurs, trad. De l’allemand par Victor
Delbos, Paris, Delagrave, 1984, p. 148.
comme le bien premier et connaturel, c’est en lui que nous trouvons le principe de
tout choix et de tout refus, et c’est à lui que nous aboutissons en jugeant tout bien
d’après l’affection comme critère »16. L’épicurisme serait alors une philosophie
du plaisir. Quant aux stoïciens, le devoir et ce qui préserve la constitution d’être
social et raisonnable. Ils recherchent avant tout à agir avec justice, courage,
modération, prudence. En effet, il ne faut pas être dépendant du bonheur qui
renvoi à l’absence de trouble du corps, l’amitié ou du plaisir. Pour eux, le plaisir
accompagne la vie bonne, mais n’est pas nécessaire à la tranquillité et à la stabilité
qui provient de la vertu. Autrement dit, la vertu est un principe fondamental de
l’éthique stoïcienne. Diogène Laërce exprime cela de la manière suivante : « si,
dit-il, la grandeur d’âme suffit à mettre l’homme au-dessus de tout, et si elle n’est
qu’une partie de la vertu, la vertu y suffira donc avec son mépris de tous les
embarras apparents »17. Il faut comprendre par-là que le stoïcisme ne fait pas du
plaisir corporel, l’essence de sa philosophie morale. Cependant, c’est avec
Emmanuel Kant que l’éthique connaitra un sens autre que la conception classique,
en l’occurrence l’éthique épicurienne et l’éthique stoïcienne. Qu’en est-il de cette
éthique nouvelle élaboré par le penseur allemand ?
16
Epicure, « Lettre à Ménécée », p 124.
17
Diogène Laërce, Vies et opinion des philosophes, VII, 125-127.
18
Emmanuel Kant, Fondements de la métaphysique des mœurs, p ; 57.
bonne. Cette volonté bonne doit respecter le principe de l’universalité qui n’est
autre que « l’impératif catégorique ». L’impératif catégorique renvoi à la loi
morale, il nous revient donc d’agir par devoir et non conformément au devoir. En
cela, l’impératif catégorique se distingue de l’impératif hypothétique par le fait
qu’il incite à l’obéissance à la loi morale. Pour Kant, la loi morale est
désintéressée et universelle en ce sens qu’elle met en évidence le respect de la
personne humaine, qui est elle-même porteuse de dignité humaine.
Comparativement aux autres êtres, l’homme est le seul être qui doit être perçu
comme fin et non comme moyen. Partant, Kant formule l’impératif de la façon
suivante : « Agis de telle sorte que tu traites l’humanité, aussi bien dans ta
personne que dans la personne de tout autre, toujours en même temps comme une
fin et jamais simplement comme un moyen »19. La personne humaine, porteuse de
l’humanité et impliquant l’universalité, est donc la cause, la fin objective, de
l’impératif catégorique. Cette nouvelle orientation que Kant attribue à l’éthique,
nous amènent à comprendre qu’au lieu de considérer l’homme comme un moyen,
il enseigne à y voir plutôt en lui une fin en soi.
PERSPECTIVES
20
Jacqueline Russ, Dictionnaire de Philosophie, Op. Cit, p. 18.
21
Frank Robert, Philosophie analytique, Caen, PUC, 1977-1998, N°31-32, p. 16.