Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
126-127 (2011)
Formations et devenirs anthropologiques
................................................................................................................................................................................................................................................................................................
James Clifford
Vérités partielles, vérités partiales
................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Avertissement
Le contenu de ce site relève de la législation française sur la propriété intellectuelle et est la propriété exclusive de
l'éditeur.
Les œuvres figurant sur ce site peuvent être consultées et reproduites sur un support papier ou numérique sous
réserve qu'elles soient strictement réservées à un usage soit personnel, soit scientifique ou pédagogique excluant
toute exploitation commerciale. La reproduction devra obligatoirement mentionner l'éditeur, le nom de la revue,
l'auteur et la référence du document.
Toute autre reproduction est interdite sauf accord préalable de l'éditeur, en dehors des cas prévus par la législation
en vigueur en France.
Revues.org est un portail de revues en sciences humaines et sociales développé par le Cléo, Centre pour l'édition
électronique ouverte (CNRS, EHESS, UP, UAPV).
................................................................................................................................................................................................................................................................................................
Référence électronique
James Clifford, « Vérités partielles, vérités partiales », Journal des anthropologues [En ligne], 126-127 | 2011, mis en
ligne le 15 décembre 2013, consulté le 26 mars 2015. URL : http://jda.revues.org/5585
James CLIFFORD*
Le travail interdisciplinaire,
dont il est tant question ces derniers temps,
ne consiste pas à faire débattre des disciplines existantes
(dont aucune n’est prête, en fait, à disparaître).
Pour faire de l’interdisciplinaire il ne suffit pas d’isoler un thème
et de rassembler autour de ce dernier deux ou trois sciences.
L’interdisciplinarité consiste en la création d’un nouvel objet
qui n’appartient à aucune d’entre elles.
« Jeunes chercheurs » in Barthes (1984)
386
Vérités partielles, vérités partiales
387
James Clifford
388
Vérités partielles, vérités partiales
389
James Clifford
390
Vérités partielles, vérités partiales
391
James Clifford
392
Vérités partielles, vérités partiales
393
James Clifford
394
Vérités partielles, vérités partiales
395
James Clifford
396
Vérités partielles, vérités partiales
397
James Clifford
398
Vérités partielles, vérités partiales
399
James Clifford
que de savoir comment parler tout court, et agir avec sens, dans le
monde des symboles culturels partagés.
L’impact de ces critiques commence à être ressenti dans le
sens que l’ethnographie octroie à son développement propre. Les
histoires non élogieuses deviennent monnaie courante. Les nouvel-
les histoires essaient d’éviter de dater la découverte de quelque
sagesse actuelle (origines du concept de culture, etc.) et elles sont
précautionneuses quant à la promotion ou à la rétrogradation de
précurseurs intellectuels dans le but de valider un paradigme donné
(en ce qui concerne cette démarche, voir Harris, 1968 et
Evans-Pritchard, 1981). Les nouvelles histoires traitent plutôt les
idées anthropologiques comme enchevêtrées dans des pratiques
locales ou des contraintes institutionnelles, souvent comme des
solutions contingentes et parfois « politiques » à des problèmes
culturels. Elles interprètent la science comme un processus social.
Elles portent l’accent sur les discontinuités historiques, autant que
sur les continuités, des pratiques présentes et passées, tant qu’elles
ne font pas passer le savoir actuel pour un savoir provisoire et en
mouvement. L’autorité d’une discipline scientifique, dans ce type
de récit historique, est toujours médiatisée par les velléités de la
rhétorique et du pouvoir7.
Un autre impact majeur de la critique, à la fois théorique et
politique, de l’anthropologie pourrait être brièvement résumé
400
Vérités partielles, vérités partiales
401
James Clifford
402
Vérités partielles, vérités partiales
403
James Clifford
404
Vérités partielles, vérités partiales
405
James Clifford
406
Vérités partielles, vérités partiales
407
James Clifford
408
Vérités partielles, vérités partiales
409
James Clifford
comme les actes d’une divinité distinguant le vrai du faux par des
signes qui apparaissent aux hommes » (p. 47). Le sens assigné au
terme « hommes » est très certainement générique. Cependant, étant
exclusivement agrémenté d’exemples tirés du vécu masculin, son
sens glisse vers une acception sexuée (les signes apparaissent-ils
aux femmes ? Leur apparaissent-ils d’une manière significative-
ment différente ?). Les termes tels que « le Dinka » ou « les
Dinka », utilisés tout au long du livre deviennent tout aussi
équivoques.
Il n’est pas ici question de condamner Lienhardt pour
duplicité ; son livre prend en compte les questions de genre à un
degré inégalé pour l’époque. Ce qui émerge à la place, ce sont
l’histoire et la politique qui interfèrent dans notre lecture. Les
universitaires britanniques d’une certaine caste et d’une certaine ère
disent « les hommes » là où ils veulent dire « les gens » plus
souvent que ne le font d’autres groupes, un contexte culturel qui est
aujourd’hui moins invisible qu’il ne le fut un temps. La partialité du
genre dont il est ici question n’était pas problématique à l’époque à
laquelle le livre a été publié en 1961. Si elle l’avait été, Lienhardt
aurait directement traité le problème, comme l’ont fait des
ethnographes plus contemporains qui se sentent aujourd’hui dans
l’obligation de le faire (par exemple Meigs, 1984 : xix). On ne lisait
pas alors The Religion of the Dinka comme on se doit de le lire
aujourd’hui, comme la religion des hommes dinka seulement, et
peut-être celle des femmes dinka. Notre tâche est de penser
historiquement le texte de Lienhardt et les lectures qu’il est possible
d’en avoir, incluant la nôtre, quand nous lisons.
Les doutes systématiques sur le genre dans les représentations
culturelles ne se sont largement répandus que dans la dernière dé-
cennie et ce, dans certains milieux uniquement, sous l’impulsion du
féminisme. Une grande variété de portraits de vérités « culturelles »
apparaissent maintenant comme exprimant les domaines du vécu
masculin (l’inverse existe, bien évidemment, bien moins commu-
nément cependant : par exemple, le travail de Mead qui restait
concentré sur les domaines féminins et qui généralisait sur cette
base à la culture dans son ensemble). Cependant, en reconnaissant
410
Vérités partielles, vérités partiales
411
James Clifford
412
Vérités partielles, vérités partiales
11 Plusieurs des thèmes sur lesquels j’ai insisté plus haut ont été traités par
des travaux féministes récents. Quelques théoriciens ont problématisé
toutes les perspectives archimédiennes totalisantes (Jehlen, 1981).
Plusieurs ont sérieusement repensé la construction sociale de la relation et
de la différence (Chodorow, 1978 ; Rich, 1976 ; Keller 1985). Une grande
part de la pratique féministe interroge la séparation stricte du subjectif et de
l’objectif, en mettant en lumière des modes de connaissance processuels,
qui mettent étroitement en lien les processus individuels, politiques et
représentationnels. D’autres pans approfondissent la critique des régimes
de surveillance et de description fondés sur le visuel, les mettant en lien
avec la domination et le désir masculin (Mulvey, 1975 ; Kuhn, 1982). Les
formes narratives de la représentation sont analysées en positions sexuées
qu’elles reconduisent (de Lauretis, 1984). Un écrit féministe a travaillé à
politiser et à subvertir toute essence ou identité naturelle, y compris la
« féminité » et la « femme » (Wittig, 1975 ; Irigaray, 1977 ; Russ, 1975 ;
Haraway, 1985). Les catégories « anthropologiques » telles que nature et
culture, public et privé, sexe et genre ont été interrogées (Ortner, 1974 ;
MacCormack & Strathern, 1980 ; Rosaldo & Lamphere, 1974 ; Rosaldo,
1980 ; Rubin, 1975).
413
James Clifford
414
Vérités partielles, vérités partiales
415
James Clifford
416
Vérités partielles, vérités partiales
417
James Clifford
418
Vérités partielles, vérités partiales
419
James Clifford
420
Vérités partielles, vérités partiales
421
James Clifford
422
Vérités partielles, vérités partiales
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES
423
James Clifford
424
Vérités partielles, vérités partiales
425
James Clifford
426
Vérités partielles, vérités partiales
427
James Clifford
428
Vérités partielles, vérités partiales
429
James Clifford
430
Vérités partielles, vérités partiales
431
James Clifford
* * *
432