formation continue

D.R.
Toutes les bandes.

Pour bien prescrire, il faut savoir pourquoi, quoi, quand et comment.

Les bandes sont généralement utilisées pour la réduction des œdèmes
alors que les bas ou manchons le sont pour la stabilisation du résultat
du traitement.
par Jean-Claude Ferrandez, MK (Avignon)

BAS, BANDES ET MANCHONS

Que, quand et comment
prescrire en pathologie
vasculaire ?
Le droit à la prescription des masseurs-kinésithéra-
peutes s’est progressivement installé dans la profession.
En janvier 2002, le parlement donnait son accord. En
janvier 2006 le décret d’application paraissait au Journal
officiel. En avril de la même année, le Conseil d’Etat
validait le décret.
Le kinésithérapeute peut donc prescrire à un patient
à qui il prodigue des soins, à condition que la prescrip-
tion soit en rapport avec l’affection traitée. Dans le
cadre des soins de rééducation vasculaire, la prescription
des bandes, des bas et des manchons est donc bien de
notre compétence. Pour prescrire correctement, il faut
savoir pourquoi, quoi, quand et comment prescrire ?
Voici tout autant de questions qui reviennent réguliè-

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rement dans les stages de formation continue. Pour
éclaircir le sujet, nous ferons le point sur les différents
matériels et leurs indications, puis sur la législation.
Que et pourquoi prescrire ?
De réelles confusions existent dans l’esprit de certains
d’entre nous à propos de l’intérêt thérapeutique et
donc de la prescription des bandes, des bas et des
manchons en pathologie vasculaire. Doit-on prescrire
des bas à varices ou des chaussettes à un insuffisant
veineux ? Les bandes seraient-elles plus adaptées ?
Mais quel type de bandes, avec quelles propriétés de
tissu ? Parmi les différentes classes de compression,
laquelle choisir ?
Pour éclaircir l’intérêt distinct entre bandes et bas ou
manchons, il faut préciser que les bandes sont généra-
lement utilisées pour la réduction des œdèmes alors
que les bas ou manchons le sont pour la stabilisation
du résultat obtenu.
Il existe un grand nombre de bandes sur le marché
(voir photo p.18) qui se différencient par bien des
points. Longueur, largeur, couleur, allongement lié à
leur élasticité, non extensibles, adhésives, cohésives…
Pour s’y reconnaître, il faut définir leurs propriétés
vasculaires et delà, en tirer les indications.
Pour simplifier les différences existantes entre les familles
de bandes, nous pouvons distinguer les bandes non
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Photo 1 : bande non élastique.
extensibles des extensibles (ou élastiques) dont les
effets sur un membre sont bien distincts au repos ou
lors des mouvements.
Les bandes non élastiques permettent de réaliser
une contention (voir photo 1). Au repos, elles réali-
sent le maintien du volume d’une partie d’un membre.
Elles sont particulièrement utiles à la fin d’une séance
de drainage lymphatique manuel (DLM) réalisé pour
le traitement d’un œdème. Elles maintiennent le résultat
obtenu. Appliquant une pression très faible (ou
presque nulle au repos), elles sont bien tolérées la nuit.
Pendant l’activité musculaire, les variations de volume
des membres concomitantes aux contractions muscu-
laires augmentent considérablement la pression appli-
quée par le tissu. L’effet drainant est amélioré.
Les bandes élastiques sont conçues pour être étirées
avant d’être déroulées, ce qui permet d’appliquer une
certaine pression sur le membre (voir photo 2 p. 20).
Elles réalisent une compression : c’est l’objectif. L’intensité
de cette pression dépend de différents paramètres dont
le premier est l’étirement préalable de la bande. Plus
la bande est étirée, plus la compression est importante.
Cependant, à étirement préalable identique, deux bandes
différentes compriment différemment. La bande qui se
laisse étirer avec peu de force comprime moins
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Photo 2 : bande élastique
démonstration des étirements.
que celle qui demande une force plus importan-
te pour le même étirement. Le lieu où est appliquée la
bande intervient aussi dans l’intensité de la pression.
Les zones dont le rayon de courbure est le plus faible
sont le lieu de pression plus importante comparative-
ment à celles où le rayon est plus grand. Ainsi la pres-
sion est plus importante sur la partie inférieure de la
jambe qu’au tiers moyen de la cuisse. Par ailleurs, le
bandage qui est appliqué sur le membre peut appliquer
un nombre variable de couches juxtaposées. Plus le
nombre de couches de bandes élastiques est important,
plus la pression l’est aussi. On démontre aisément que
chaque couche de bandes rajoute son effet compressif
à la précédente.
L’utilisation d’une bande de compression réduit la lumière
des veines et accélère le débit veineux.
Les bandes cohésives. Parmi les bandes élastiques
certaines ont la propriété d’adhérer sur elles-mêmes
lorsqu’elles se recouvrent, sans pour autant coller à la
peau. Il s’agit des bandes cohésives.
Les bandes adhésives. Certaines bandes sont adhé-
sives et leurs propriétés sont variables selon leur
degré d’étirement. Elastiques, elles réalisent une com-
pression vasculaire. Les bandes à étirement court
ou inélastiques réalisent une contention vasculaire
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qui peut jouer un rôle utile dans le maintien d’une arti-
culation.
Quand prescrire ?
La prescription d’une bande ou d’un bas de compression
est possible dans différentes situations.
Dans la prévention des thromboses veineuses
profondes. Le rôle que joue la compression dans la
diminution du risque thrombo-embolique est large-
ment documenté. Dans cette situation, nous pouvons
prescrire une bande élastique légère ou parfois un bas.
Dans la décongestion d’un œdème. Qu’il s’agisse
d’un œdème traumatique, veineux ou lymphatique, la
prescription d’un bandage s’avère nécessaire. Deux types
de bandes seront prescrits : une bande non élastique
qui maintient le résultat obtenu par la séance de DLM
et/ou de pressothérapie et une bande élastique de
compression qui est appliquée par-dessus la bande de
contention permettant une augmentation de la vidange
veineuse et lymphatique même en l’absence de
contractions musculaires.
Que prescrire, une bande ou un bas ?
Il n’y a pas d’opposition entre ces deux options. S’il
s’agit du traitement de décongestion d’un œdème, la
prescription de bandes sera la plus adaptée. L’utilisation

d’une ou de plusieurs bandes réalise un bandage par-
faitement ajusté à la mesure du membre qui diminue
avec le traitement. Lorsque le membre a obtenu son
volume décongestionné maximal, un bas ou un manchon
est alors prescrit. S’il s’agit de la prescription pour de
simples jambes lourdes d’origine veineuse, une ordon-
nance d’une paire de bas ou de collants est suffisante.
Quelle force de compression prescrire
pour une insuffisance veineuse ?
Il existe en France 4 classes de compressions numé-
rotées de 1 à 4 en allant de la compression la plus faible
à la plus forte (voir tableau des classes de com-
pression ci-contre). Pour en simplifier l’utilisation pour
le kinésithérapeute, nous pouvons donner le guide
suivant même s’il existe de nombreuses exceptions.
• Classe 1 : insuffisance veineuse légère (compression
pour jambes lourdes, maternité, orthostatisme…).
• Classe 2 : insuffisance veineuse moyenne avec
varices.
• Classe 3 : insuffisance veineuse chronique sévère,
lymphœdème.
• Classe 4 : insuffisance veineuse très sévère (gros
reflux), certains lymphœdèmes.
Il existe, reprécisons-le, de nombreux contre-exemples
et adaptations de ces indications caricaturales.
Quelle forme de compression doit-on
prescrire, standard ou sur mesure ?
Il existe dans les magasins spécialisés (pharmacies, orthé-
sistes, orthopédistes) des compressions standards et
d’autres réalisées sur mesure.
Les compressions standards s’adressent aux patients
qui ont une morphologie proche des cotes moyennes.
Les compressions sur mesure sont réservées à certaines
dysmorphies induites par la pathologie vasculaire. Ces
deux options sont à comparer à la confection vesti-
mentaire et aux ateliers de couture sur mesure. La
réalisation et la livraison d’une orthèse vasculaire de
ce type nécessitent du temps. Le corollaire de cette
situation est que le patient doit attendre cette livraison.
Pendant ce délai, s’il s’agit du traitement d’un œdème,
le patient porte un bandage qui peut être réalisé par
des bandages adhésifs. L’intérêt évident de ce type de
bandages est son parfait maintien.
Quels conseils d’entretien doit-on délivrer ?
Les conseils relatifs à l’entretien et l’hygiène sont
importants. Le nettoyage des bandes, bas et manchons
dépend de leurs composants. Les bandes 100 % coton
supportent un lavage à chaud sans altération de leurs
propriétés. Un lavage à 100° est parfois obligatoire en
cas d’utilisation sur des pansements avec des plaies. En
revanche, le lavage des bandes élastiques est réalisé à
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NORMES FRANÇAISES DES CLASSES
DE COMPRESSION, AFNOR
Classe I : 10 à 15 mmhg
Classe II : 15,1 à 20 mmhg
Classe III : 20,1 à 35 mmhg
Classe IV : 35,1 à 50 mmhg
Ces intervalles de classe ne sont pas normalisés en Europe. Manchon-bas, le tableau
des classes.
basse température pour respecter les fibres élastiques.
Leur essorage n’est pas recommandé et leur séchage
se réalise à plat. La durée de vie d’une bande en coton
est pratiquement illimitée, celle des bandes élastiques
est réduite à celle de la disparition de leurs propriétés
d’étirement qui changent avec l’usure mécanique.
Comment prescrire sur quel document ?
L’ordonnance de kinésithérapeute doit mentionner
ses nom et prénom, adresse et coordonnées, inclure
le numéro Adeli et un numéro de téléphone qui peut être
utile à celui qui vend le matériel prescrit. La mention
“membre d’une association agréée, acceptant le règlement
des honoraires par chèque libellé à son nom” reste éga-
lement obligatoire. Il n’existe pas d’ordonnancier bizone
pour différencier les prestations prescrites dans le
cadre de l’ALD, il appartient au kinésithérapeute de le
préciser manuellement.
La date de la prescription, les noms et prénoms du
patient et les références exactes doivent apparaître. La
mention “non substituable” peut être rajoutée.
Quel remboursement possible
pour nos patients ?
Toutes les fournitures qu’un kinésithérapeute peut
prescrire en rééducation vasculaire sont remboursables.
Les bandes non élastiques et élastiques, les chaussettes,
bas cuisse, collants, hémi collants sont remboursés. Ce
remboursement se fait sur la base du TIPS ou LPPR qui
en fixe le montant. Celui-ci date pour certains produits
de plus de 20 ans. Le prix de vente est libre.
Seul hiatus administratif regrettable, les bandes adhé-
sives et les orthèses vasculaires sur mesure ne peuvent
être remboursées que si elles sont prescrites par un
médecin.
Cependant, qui mieux que le kinésithérapeute peut
savoir si le standard ou le sur mesure est le plus adapté
au patient ? Il reste encore un long chemin à parcourir
pour que nos compétences soient mieux reconnues.
Le cadre légal actuel de notre droit et l’autorisation de
prescription représentent néanmoins une belle avan-
cée : reconnaissance de notre compétence et gain de
temps pour les patients.
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