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Au contraire. L’aristocratie requiert, il est vrai, que les évêques soient des
princes, et non de simples vicaires, mais elle ne requiert pas que ces princes
soient institués par Dieu ou par le pape, mais seulement que le pontife soit forcé,
par la divine loi, de constituer dans diverses parties de l’Église divers princes
ecclésiastiques. Comme si le roi était tenu, à certains endroits, d’instituer dans
chaque province non des préfets ou des préteurs, mais de vrais chefs et princes,
qui régissent une province comme leur appartenant en propre, mais, toutefois,
en dépendance du roi.
Troisièmement, on le prouve avec quatre images dont se sert saint Cyprien (dans
son livre sur l’unité de l’église), où il compare le siège de Pierre à une tête, une
racine, une source, et au soleil. Car, dans tout le corps, c’est de la tête que dérive
la force des membres; dans tout arbre, la force des branches vient de la racine;
dans toutes les rivières, l’eau vient d’une source; et la lumière de tous les rayons
vient du soleil.
Sixièmement, si c’est de droit divin que les évêques ont leur juridiction, il faut
qu’ils montrent une parole de Dieu sur laquelle est fondée cette juridiction. Mais
ils ne présentent rien, et les adversaires ne peuvent présenter rien d’autre que les
paroles du Seigneur dites aux apôtres. Par ces paroles, est donnée aux apôtres
une ample juridiction sur l’église universelle, que les adversaires ne concèdent
certainement pas aux évêques. C’est à eux de voir sur quel fondement ils
appuient leurs opinions.
Ils objectent ceci en cinquième lieu. Le souverain pontife appelle les évêques ses
frères et ses collègues. Ils n’ont donc pour président qu’un seul père commun,
Dieu de l’église. Je réponds qu’il les appelle d’abord, frères en raison de l’ordre
épiscopal, selon lequel ils sont égaux. Et ensuite, en raison de la juridiction, car
les évêques sont admis par le pape comme supporteurs de sa charge à lui, non à
un ministère inférieur.
La sixième objection. Si tous les évêques doivent recevoir leur juridiction du pape,
plusieurs évêques ne furent jamais évêques, car, surtout en Asie et en Afrique,
les évêques n’ont jamais été créés par le pape. Je réponds qu’il n’est pas
nécessaire que le pontife crée immédiatement des évêques, mais qu’il suffit qu’il
le fasse médiatement, par les patriarches et les archevêques. Car, au début, Pierre
établit un patriarche à Antioche et à Alexandrie qui, après avoir reçu leur autorité
du pape, présidèrent à toute l’Afrique et à toute l’Asie. Ils purent ainsi créer des
archevêques qui créèrent ensuite des évêques.