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Phnom Penh Aube Xxie Siecle
Phnom Penh Aube Xxie Siecle
Phnom Penh
Bureau des affaires urbaines
Paris
Atelier parisien d’urbanisme
Venise
Direzione centrale sviluppo
del territorio e mobilità
Avec le soutien du programme
Asia Urbs
de l’Union européenne
Phnom Penh
à l’aube
du XXI siècle
e
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Le programme Asia Urbs a été lancé Les villes de Phnom Penh, Paris et
par l’Union européenne en 1998. Venise ont développé ensemble de
C’est une initiative de coopération septembre 2000 à septembre 2002,
décentralisée (de ville à ville) pour un projet dans le cadre du programme
que s’établissent des collaborations Asia Urbs de l’Union européenne
entre les collectivités locales dénommé «Phnom Penh Urban
des états membres de l’UE et quinze Management, Development and Urban
pays du Sud et du Sud-Est asiatique Rehabilitation Policies».
et la Chine. Son objectif principal Ce projet était subdivisé en trois
est d’aider à l’échange grandes parties complémentaires:
des savoir-faire en matière de une première sur les outils
développement urbain entre les deux de la gestion urbaine et plus
continents et de traduire cela dans particulièrement sur la question
des actions concrètes qui impliquent de la gestion des propriétés foncières
les gouvernements locaux et leurs et de la fabrication du plan cadastral;
partenaires de la société civile. une deuxième sur la mise en place
La réussite et la viabilité de chaque des outils de l’urbanisme
projet cofinancé en dépendent. et du développement urbain à partir
Les dons sont accordés à des d’un projet pilote de réhabilitation
partenariats composés au minimum du quartier de Boeng Salang,
de deux collectivités locales de l’UE site inondable en périphérie du
et d’une ville d’Asie qui, centre-ville, occupé par une
conjointement, entreprennent population pauvre installée dans un
une étude de faisabilité (projet habitat précaire et insalubre;
d’étude) ou un projet pilote sur deux une troisième portant sur les méthodes
ans (projet de développement ou de mise en œuvre d’une politique
projet d’échanges d’ informations) de réhabilitation du centre ancien.
portant sur des territoires urbains
significatifs.
L’Union européenne s’engage
à diffuser et à faire connaître
la richesse de ces réalisations à un
large public en Europe et en Asie.
Municipalité
de Phnom Penh
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Phnom Penh
Bureau des affaires urbaines
Paris
Atelier parisien d’urbanisme
Venise
Direzione centrale sviluppo
del territorio e mobilità
Avec le soutien du programme
Asia Urbs
de l’Union européenne
Phnom Penh
à l’aube
du XXI siècle
e
Contributions
à la définition de quelques
projets pour
l’amélioration des
conditions de la vie urbaine
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Sommaire
Vivre au centre-ville
72 Phnom Penh centre ancien, Christiane Blancot
80 Rues et trottoirs, Frédéric Objois
86 Le réaménagement des marchés, François L’Hénaff / Patricia Pelloux
94 Touristes à Phnom Penh, Turiddo Pugliese
102 La réhabilitation des voies d’accès, Sandrine Capelle
108 Réhabiliter l’habitat du centre-ville, Myriam Laidet / Peou Sokna
119 Gérer la propriété: loi foncière et fabrication du cadastre,
Philippe Billot / Thierry Lemoine
Sommaire 3
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Jean-Pierre Caffet
adjoint au Maire de Paris chargé de l’urbanisme
et de l’architecture,
Président de l’Atelier Parisien d’Urbanisme
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Avant-propos
Grandir
avec
l’eau
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Mini + 1.58
M J J A S O N D Moyenne
mousson du sud-ouest mousson du nord-est
15 16 17 18 20 18 10 3 128 jour/an
Vue aérienne de la digue du Boeng Tum Pun, au sud de la ville, durant la saison des pluies.
ce n’est qu’elle était établie autour Les contraintes du régime au vert délicat. Cette saison des
de la colline du Vat Phnom, sur la climatique et hydraulique pluies se conjugue avec les crues du
partie de la plaine exondée et sur le L’eau du ciel et de l’Himalaya Mékong. L’eau arrive de toutes parts
bourrelet naturel des berges déposé La capitale khmère par sa situation et l’on ne sait où l’évacuer, où la
par le fleuve lors de ses crues les dans la péninsule indochinoise est retenir. Il faut bien comprendre que
plus importantes. soumise au régime climatique des le Mékong, véritable «Nil» asiatique,
Dans et autour de cette ville qui moussons. prend sa source au cœur de l’Hi-
redevient la capitale du royaume Deux saisons très différentiées se malaya, sur les hauts plateaux tibé-
khmer à partir de 1863, l’eau règne suivent sans grande transition entre tains. Il inonde la péninsule indo-
en maître des lieux, elle est partout, elles. chinoise d’énormes quantités d’eau,
au-dessus de la ville en période La saison sèche dure de mi-novembre même en saison sèche, apportant
de mousson et autour de la ville en à mi-avril où les vents peu chargés richesse et fertilité… Son débit peut
permanence. d’humidité soufflent du nord-est. C’est varier à Phnom Penh de 2 000 m3/s
Les fleuves Mékong, Tonlé Sap et la période la plus agréable et la plus à l’étiage, en avril-mai, à plus de
Tonlé Bassac la bordent à l’est. fraîche de l’année. 50 000 m3/s au plus fort de la
Les marais, les « boengs »2 reliés La saison des pluies dure de mi-avril saison des pluies – soixante fois la
directement au fleuve par des à mi-novembre. Cette saison est par- Seine à Paris –, pour un marnage
canaux et des preks s’étendent à ticulièrement pluvieuse lorsque les qui dépasse 8 mètres. Il suffirait
l’ouest, au nord et au sud. vents passent au sud-ouest, chargés
Sous la ville, la présence de plusieurs de l’humidité du golfe du Bengale. Exutoire d’une des stations de pompage.
nappes phréatiques ferme la sphère Près de 80 % des 1 365 millimètres
hydraulique qui cerne la capitale. de précipitations annuelles sont
C’est pourquoi, depuis toujours et concentrés sur cette saison des
encore plus aujourd’hui, les Auto- pluies qui dure six mois, un tiers des
rités doivent répondre à ce difficile précipitations tombant entre sep-
problème, trouver le compromis tembre et octobre.
entre l’extension inéluctable du ter- Le ciel est gris et plombé, la tem-
ritoire de la capitale et ses espaces pérature est lourde et pénible, mais
hydrauliques pour lutter contre les c’est la saison des cultures et toutes
risques permanents d’inondation. les rizières se recouvrent de plantes
L’érosion des berges est permanente. Elle peut être très rapide, rognant 15 à 20 mètres de terrain chaque année.
alors de 10 secondes pour recouvrir tourant totalement à l’exception de protection et s’opposent à la pres-
de 2 mètres d’eau la surface totale quelques routes digues qui la relient sion sourde et permanente des eaux
de la capitale. au reste du pays. Les terrains qui du Mékong.
Le Tonlé Sap, quant à lui, est un l’entourent, situés pour leur plus
cours d’eau sans source, un immense grande part, à plus de 7 mètres Les risques
prek qui est à la fois l’exutoire du lac au-dessous du niveau de la crue, d’inondations
Tonlé Sap, et le canal et bras d’eau sont devenus d’immenses lacs. Ainsi, on peut noter quatre types de
qui permettent de le remplir. C’est Deux petits cours d’eau, qui protè- risques d’inondations de toutes les
une curiosité naturelle qui voit son gent la ville au nord et au sud, le villes qui bordent le Mékong et le
courant s’inverser au moment des Prek Phnov et le Prek Thnot, cou- Tonlé Sap dont Phnom Penh : les
crues, le lac-source jouant un rôle lent vers le fleuve. Ils prennent leur inondations liées aux crues du
de réservoir régulateur au rythme source à une centaine de kilomètres Mékong et de ses affluents majeurs,
de 8 000 m3/s en crête. de Phnom Penh, dans les montagnes celles liées aux crues violentes ou
C’est, bien sûr, à la saison des pluies situées à l’ouest de la capitale. Leurs torrentielles des deux rivières du
que les boengs s’équilibrent par bassins versants, courts et réactifs, nord et du sud des digues, l’arri-
inversion du sens d’écoulement des apportent avec violence, en cas de vée brutale d’eaux de ruissellement
preks et où l’on peut vraiment dire précipitations, une nouvelle masse des collines de l’ouest qui peuvent
que la ville est une île, l’eau l’en- hydraulique contre les digues de en très peu de temps venir buter,
Habitation sur le canal du Boeng Tum Pun. Le canal du Boeng Trabek avant rénovation. Le canal du Boeng Trabek après rénovation.
Phnom Penh,
une ville dans l’eau
Phnom Penh est née de l’eau. Elle
trouve son origine dans le site
exceptionnel des Quatre Bras, puis-
santes voies de communication et
ressources naturelles inépuisables.
Phnom Penh est aussi une ville née
dans l’eau. Construite sur des ter-
rains situés au-dessous du niveau
des crues du Mékong, elle n’a pu
être créée et ne peut subsister que
par des travaux de protection impor-
tants et par l’entretien vigilant d’un
système hydraulique très sensible.
L’arrivée aérienne sur Phnom Penh
permet en toute saison de découvrir
une ville entourée d’eau qui s’étend
sur un terrain presque plat.
A droite de la ville, à l’est, conver-
gent le Mékong amont et le Tonlé
Sap et en divergent le Mékong aval
et le Bassac, qui forment ensemble
les Quatre Bras.
De toutes parts, la succession de
grandes étendues d’eau, les boengs,
plus ou moins en liaison avec les
eaux du fleuve, se régénère à chaque
crue et enserre la ville dans un écrin
verdoyant à la saison sèche qui se
transforme en un véritable océan
lors des crues importantes.
Lors des crues exceptionnelles, ici en 1996, l’eau submerge tout. La ville s’est développée grâce à des
digues successives.
voire submerger les installations de Mékong en font un fleuve surveillé A l’origine, la capitale a pris nais-
protection, et enfin, la pluie qui et contrôlé. Il autorise une prévision sance sur les bourrelets naturels de
tombe directement sur la ville et qui et la mise en place, en cas de néces- berges constitués par des alluvions
doit être évacuée. sité, d’une cellule de crise pour faire abandonnées lors des crues suc-
C’est lors de la concomitance de ces face à la protection de l’espace cessives du Mékong. Ces bourrelets
phénomènes que le risque naturel urbain et de ses populations. semblent aujourd’hui à l’abri des
d’inondation est maximum et que le En revanche, pour les inondations submersions. La capitale s’est tout
système de défense de la ville est liées aux crues torrentielles des deux d’abord développée sur les terrains
le plus sollicité et agressé. rivières du Nord et du Sud, il les plus élevés, comme les abords
Les inondations dues aux crues du n’existe, semble-t-il, aucun système du Phnom que l’altitude met éga-
fleuve sont prévisibles car la mon- de mesures et d’alertes fiable. lement hors d’eau.
tée relativement lente du niveau du De plus, les fortes pluies de la mous- L’extension de la ville a dû s’effec-
fleuve et la présence d’un réseau son entraînent des inondations liées tuer en plusieurs phases, toujours
d’alertes développé par le comité du aux précipitations qui tombent direc- selon le même schéma, par oc-
pression du développement urbain ville, et les principaux axes de drai- d’information et de sensibilisation
n’hypothèquent l’avenir de façon nage du grand Phnom Penh. auprès des populations destinée à
irréversible, il est suggéré aux auto- Le principe déjà expérimenté, un leur expliquer le bien-fondé de la
rités khmères de développer toute grand axe routier et un canal de démarche tant pour la santé que
une série d’actions dans le domaine drainage sont recommandés pour pour l’écologie urbaine.
de l’hydrologie urbaine. éviter l’occupation abusive des Tout cela invite fortement la commu-
berges. nauté internationale à apporter d’ur-
Propositions d’actions dans le Sur le plan fonctionnel, nous suggé- gence toute une série d’aides afin
domaine de l’hydrologie urbaine rons également aux édiles de la ville de permettre à Phnom Penh et à ses
En matière d’urbanisme et d’hy- de procéder à l’élaboration de habitants de bénéficier pleinement
drologie urbaine, les études géné- règlements opposables aux tiers, des de la situation de paix retrouvée.
rales de grande qualité, produites règlements sanitaires et d’assainis- François Legrand
notamment par la coopération sement qui fixeront les normes
1/ Un prek est un bras d’eau sans source qui met
japonaise, établissent avec précision constructives à adopter et les pres- en relation, à la saison des pluies, le fleuve, les
les conditions de fonctionnement criptions à observer pour l’évacua- étangs et les lacs. Il est alimenté par la crue du
fleuve et le ruissellement des eaux de pluie.
hydraulique de Phnom Penh et de tion des eaux usées et pluviales. 2/ On appelle « boeng », une dépression formant
ses environs. Il est également proposé à la muni- un lac, ou un étang vaste, alimentée par les
canaux naturels ou artificiels durant la saison des
Il est suggéré aux autorités de la ville cipalité d’orienter l’organisation des pluies et qui sert de réserve d’eau pour les
d’établir dès maintenant un schéma services chargés du drainage et de cultures durant la saison sèche.
La population de Phnom Penh est route n° 7, qui est une partie du bou-
estimée à plus d’un million d’habi- levard de ceinture de la ville, à l’est
tants. par l’enclos de l’ambassade de
Avec la fin du régime des Khmers France et de l’hôpital Calmette, par
rouges, tous les bâtiments dispo- plusieurs bâtiments officiels et l’usine
nibles ont été occupés et un habi- de traitement des eaux, au sud par
tat spontané a été construit sur les la voie de chemin de fer et le large
terrains libres, près des routes, des boulevard de Russie, à l’ouest par
voies de chemin de fer, des rivières des terres marécageuses et le rem-
et des boengs. blai d’une ancienne voie ferrée désaf-
La plupart des habitants ont payé fectée qui le séparent du quartier de
pour les lots sur lesquels ils se sont Tuol Kork. La superficie du village
installés, mais la terre au Cambodge est de 0,8 km2, avec une population
étant alors propriété de l’Etat, ils estimée à plus de 20 000 habitants.
n’ont pas eu de titres fonciers. La rive est du boeng a longtemps été
Les quartiers spontanés n’ont pas un parc urbain, même si quelques
ou très peu d’infrastructures ou de familles y résidaient déjà. Cepen-
services urbains, cependant ils sont dant, l’accroissement de la popula-
la seule alternative possible pour tion au cours des dix dernières
ceux qui arrivent en ville. années a peu à peu grignoté chaque
Boeng Kak, bâti autour du lac du parcelle de terrain libre, jusqu’à faire
même nom, est un de ces quartiers. totalement disparaître le jardin et
Sa localisation à la lisière nord-ouest occuper entièrement les rives sud et
du centre-ville en fait une destina- ouest. Aujourd’hui, la zone abrite
tion favorite pour les migrants, tra- plus de 4000 familles, avec une den-
vailleurs temporaires, visiteurs de sité de 250 hab/ha huit fois supé-
courte durée et même touristes à la rieure à la densité moyenne de la
recherche d’un hébergement à ville. La plupart des familles, prin-
proximité du centre-ville. cipalement au nord et à l’est, sont
Bien que de niveaux inégaux, les arrivées depuis longtemps et consi-
conditions de vie dans la zone ont dèrent avoir la sécurité foncière
besoin d’être considérablement même si très peu possèdent des titres
améliorées. de propriété officiels. La plupart des
De plus, sa situation stratégique fait résidants travaillent dans le secteur
du Boeng Kak un élément important informel, conducteurs de « moto-
dans le développement de Phnom dop »1, vendeurs des rue ou ouvriers
Penh. dans le secteur de la construction.
Quelques-uns, mais peu, sont fonc-
Le boeng et le quartier tionnaires. Le revenu moyen par per-
Boeng Kak est une vaste étendue sonne est estimé à 50 $ par mois.
L’une des rues principales à l’est du Boeng Kak. sur 1,3 km du nord au sud et sur Entourée par quatre boulevards
1 km d’est en ouest. Une petite majeurs de Phnom Penh, l’ensemble
péninsule s’étire sur 400 mètres de la zone est bien relié au reste de
depuis le rivage sud dans le boeng, la ville. Cependant, le réseau inté-
tandis qu’à sa limite nord, un bar- rieur de rues est indigent et de mau-
rage le sépare d’un des bassins de vaise qualité, la circulation est entra-
rétention de la ville. vée par la présence de voies ferrées
Lors des fortes pluies, la plupart des et par l’enchevêtrement des
zones en bordure du lac sont inon- constructions. La circulation moto-
dées, surtout au sud et à l’ouest. Le risée n’est possible que dans
quartier est limité au nord par la quelques rues de la partie est.
22 Autour du Boeng Kak / Cecilia Corsini / Angela Cotta / Giulio Galeotti Del Re / Alexandra Linden / Andrea Parisi / Herbert Runggaldier / Daniele Vettorato / Daniele M. Zambon / Francesca Balbo
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Cecilia Corsini / Angela Cotta / Giulio Galeotti Del Re / Alexandra Linden / Andrea Parisi / Herbert Runggaldier / Daniele Vettorato / Daniele M. Zambon / Francesca Balbo / Autour du Boeng Kak 23
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publics prévus par le projet obligent 1/ Un motodop est une mobylette taxi.
à reloger environ 350 foyers. 2/ Un sangkhat est un découpage administratif.
Il équivaut à un quartier.
Le projet permettrait de définir
24 Autour du Boeng Kak / Cecilia Corsini / Angela Cotta / Giulio Galeotti Del Re / Alexandra Linden / Andrea Parisi / Herbert Runggaldier / Daniele Vettorato / Daniele M. Zambon / Francesca Balbo
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Recensement des bâtiments par type de matériaux de construction Comparaison des constructions en 1993 et en 2001.
En rouge, les maisons en bois ; en jaune, les maisons mixtes ; en vert, En noir, les édifices existants en 1993 ; en rouge, les édifices construits
les bâtiments en béton. après 1993.
Cecilia Corsini / Angela Cotta / Giulio Galeotti Del Re / Alexandra Linden / Andrea Parisi / Herbert Runggaldier / Daniele Vettorato / Daniele M. Zambon / Francesca Balbo / Autour du Boeng Kak 25
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Boeng Salang
Boeng area
Wooden
Surveyed limit
Path
Road
Recensement des bâtiments par type de matériaux de construction – BAU de Phnom Penh, 2002.
sins versants du système de drainage; la saison des pluies de 1996, la boeng s’étend donc sur 1,6 km et sa
le bassin sud se déverse dans le Boeng réduction des capacités de rétention capacité de stockage est d’environ
Trabek, tandis que le bassin ouest du boeng a entraîné l’inondation de 150 000 m3 d’eau. Avec Boeng Tra-
se déverse dans le Boeng Salang, ces l’ensemble du quartier alentour. bek, ces deux boengs recueillent les
deux boengs constituant les deux élé- Cependant, malgré cela, Boeng eaux de pluie des quatre districts
ments majeurs du système de drai- Salang reste un élément essentiel du centraux.
nage des eaux de la ville. système de drainage de l’ensemble Le projet concerne plus de 200 ha,
Cependant, sous la pression de l’aug- de l’agglomération. Une réduction dans la partie ouest du bassin
mentation de la population et de la accrue de sa capacité de rétention versant, où résident 24 000 per-
demande croissante d’habitat et de affecterait des parties importantes sonnes (4 800 ménages), soit une
services, la recherche d’un équilibre du district de Tuol Kork en amont, densité de population assez faible
adéquat entre drainage des eaux et et de la zone du Boeng Tum Pun en de 120 hab / ha2.
demande de terrains à bâtir n’est plus aval. De plus, pour des zones comme La zone du projet est limitée au nord
une priorité. Comme dans beaucoup Tuol Kork, en cours d’urbanisation par la rue 182 ou rue Okmha-Phan,
d’autres villes dont l’expansion est rapide, la préservation du boeng est à l’ouest par le boulevard Mao-Tsé-
rapide, les migrants des zones rurales essentielle afin de conserver un envi- Toung, au sud-ouest par le boule-
se sont installés là où les terres étaient ronnement de bonne qualité pour la vard Samdeck-Monireth, et à l’ouest
disponibles et peu chères, prêtant peu population locale, mais aussi pour par la route digue 271 ou rue Yotha-
ou pas d’attention du tout aux consé- les habitants de la totalité du secteur pol-Khemarak-Phoumnin, élargie et
quences que cela pouvait avoir sur le ouest de la ville. rénovée au début de l’année 2002
système complexe de rétention des pour faire face à l’augmentation du
eaux et de drainage de la ville. Le projet de réhabilitation trafic. La partie nord-ouest de la
Boeng Salang représente un cas du Boeng Salang zone est occupée par plusieurs bâti-
typique d’accroissement rapide d’oc- Situé dans la partie ouest de Phnom ments publics.
cupation des terrains sous la pres- Penh, Boeng Salang appartient au Depuis 1996, date du premier projet
sion du besoin de nouvelles habi- district administratif de Tuol Kork, de réhabilitation, la zone a subi une
densification rapide des construc-
Habitat précaire sur le canal du Boeng Salang. tions. Cependant, ni les infrastruc-
tures ni les services n’ont suivi pour
assurer des conditions de vie cor-
rectes à la population. Enfin, cette
zone est mal reliée au réseau des rues
de la ville. Plusieurs rues finissent en
impasses. Aucune grande rue ne tra-
verse le secteur, les liaisons aux bou-
levards périphériques sont rares.
Selon le projet de 1996, il était essen-
tiel d’empêcher toute construction
nouvelle sur l’emprise du boeng et
sur ses berges pour permettre aux
engins d’assurer l’entretien du boeng
par le dragage des fonds envasés et
le transport des boues. Pour les
mêmes raisons, le projet prévoyait
la relocalisation d’environ 900 fa-
milles vivant sur le boeng et ses rives,
terrains essentiels pour pérenniser
la fonction de bassin de rétention du
boeng et améliorer les conditions de
vie et la salubrité de la zone. Le pro-
jet prévoyait également de réser-
tations. Sa position centrale a attiré un des quatre districts urbains. Sa ver des terrains non encore bâtis
une population nouvelle, avec pour population était estimée, lors du dans la partie ouest de la zone à la
conséquence la construction en recensement de 1998, à 113 368 création d’une série de parcelles via-
quelques années de nombreuses habitants pour une superficie de 801 bilisées, destinées à la réinstallation
maisons sur les rives du boeng mais hectares. des populations déplacées.
aussi dans le boeng lui-même. Boeng Salang est un des plus Mais Boeng Salang s’est développé
Les capacités de stockage des eaux importants bassins de rétention de très rapidement depuis 1996,
ont diminué de manière significa- Phnom Penh. Il reçoit l’eau de l’en- notamment à cause de la proximité
tive et leur écoulement vers la sta- semble du bassin versant ouest de des usines de textile. Là où se trou-
tion de pompage est obstrué par les la ville, soit un territoire de 560 ha vaient 447 maisons en 1996, il y en
constructions et les déchets. Durant sur un périmètre de 1,6 km. Le avait 691 en 2001.
Recensement des bâtiments par type d’édifice – BAU de Phnom Penh, 2002.
Coupe DD
Dans ce contexte, la municipalité a tie aval du boeng en canal de drai- des affaires urbaines (BAU) de la
été incapable d’empêcher l’édifi- nage, le renforcement de la station municipalité de Phnom Penh a défini
cation de nouvelles constructions de pompage et la réouverture des un projet précis qui fixe les limites
dans la zone, y compris dans le vannes d’évacuation des eaux par futures du boeng et de la zone
boeng, malgré la mise en place par gravitation. inconstructible – jardins et rues péri-
la Direction du cadastre, dès 1997, Le projet de réaménagement du phériques.
d’une zone de protection du boeng. Boeng Salang conçu par le BAU de Pour réaliser l’ensemble du projet,
Aujourd’hui, ce projet est toujours Phnom Penh complète l’intervention le BAU a compté que 475 maisons
d’actualité, mais il a été revu pour du Jica par : représentant un total de 536 familles
tenir compte des évolutions récentes. – l’extension du canal vers le nord devront être déplacées – 221 mai-
Le périmètre du projet a été réduit pour l’évacuation des eaux usées sons dans la partie nord, 237 mai-
à l’essentiel car nombre de terrains jusqu’à la station de pompage sons dans la partie sud dont
pressentis pour créer de nouveaux durant la saison sèche ; 135 maisons dès la première phase
lotissements ont été bâtis depuis – la construction de quais maçon- du projet –, prévu le creusement et
1996. Le projet a également intégré nés en bordure du canal pour conso- le nivellement du canal, phase mise
les études du système de drainage lider et stabiliser ses berges ; en œuvre par le Jica, et enfin, que
de Phnom Penh, réalisées par le – la création d’espaces verts sur 17 maisons construites sur l’emprise
Japon en 1999 et 2000, et le projet l’emprise du bassin de rétention du de rues seront créées ou élargies.
de travaux de réhabilitation des boeng pour conserver les capaci- La plus grande part de ces habi-
ouvrages de drainage des bassins tés de stockage des eaux pluviales tations sont au bord du canal,
versants ouest et sud qui en durant la saison des pluies ; construites sur pilotis sur l’eau.
découlent. – la création d’une nouvelle voie qui Si, sur l’ensemble de la zone, les
Désormais, le projet englobe le borde l’ensemble du boeng et des deux tiers des maisons sont en bois
boeng lui-même, sa zone d’exten- jardins inondables afin d’empêcher et un tiers en maçonnerie, dans la
sion formant le bassin de rétention la réinstallation de constructions sur zone où les maisons doivent être
essentiel en cas d’inondations, ses les berges ; déplacées, plus de 80 % d’entre elles
rives ainsi que les terrains néces- – la création de nouvelles zones sont en bois. Ces maisons pourront
saires au relogement des popula- remblayées dans le quartier pour donc être déplacées sur les nou-
tions déplacées et le réseau des rues accueillir toutes ou une partie des velles parcelles et les matériaux
alentour à réhabiliter ou à créer. familles déplacées par le réaména- réutilisés. Même si la plupart des
L’importance des travaux et leur gement du boeng. résidants se sont installés illégale-
type pour améliorer le boeng sont ment dans la zone, ils se considè-
en relation avec le projet étudié par Améliorer rent généralement comme pro-
l’agence de coopération internatio- les conditions d’habitat priétaire s de leur maison ; une
nale japonaise (Jica) dans le cadre La réhabilitation du boeng impose minorité loue leur lieu d’habitation
de son projet dénommé Drainage le déplacement d’un certain nombre à un propriétaire qui n’y réside pas.
Improvment and Flood Control de maisons, toutefois le projet a été Même s’il est difficile de le prouver,
Project. conçu de façon à réduire au maxi- il est quasiment certain que les
Ce projet propose, pour Boeng mum les besoins de relocalisation. « propriétaires » ont payé un prix
Salang, la transformation de la par- Dans cette perspective, le Bureau pour leur terrain et/ou leur maison
Coupe sur le projet de jardin et de canal pour la zone nord du boeng. Niveau des eaux en cas de crue exceptionnelle – BAU de Phnom Penh, 2002.
Coupe DD ( inondée )
rue
rue
Marcello Balbo / Chhay Rithisen / Guy Lemarchands / Boeng Salang 31
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Les maisons sur le Boeng Salang. Au premier plan, les cultures maraîchères sur le plan d’eau.
soit aux « propriétaires » précédents tificat d’occupation», document déli- temporaire » et 29 % n’ont aucun
soit aux autorités locales pour pou- vré par les autorités du khan permis.
voir s’y installer. (khan = district) reconnaissant offi- La capacité financière des ménages
Par ailleurs, selon l’enquête socio- ciellement les familles comme rési- habitant dans cette zone est très
économique3, sur 690 ménages dants permanents, 47,5 % ont seu- limitée. Plus de 50% des familles ont
interviewés, seul 20 % ont un « cer- lement un « permis d’occupation un revenu mensuel inférieur à 2 $
Coupes sur le projet de jardin et de canal pour la zone centrale et sud du boeng – BAU de Phnom Penh, 2002.
Niveau des eaux durant la saison sèche. Niveau des eaux en cas de crue exceptionnelle.
Coupe AA Coupe AA ( inondée)
rue quai canal quai rue rue quai canal quai rue
rue quai canal quai rue rue quai canal quai rue
rue quai canal quai rue rue quai canal quai rue
par jour, ce qui signifie qu’un grand Après plusieurs réunions avec les lot de terrains en pleine propriété ;
nombre d’entres elles vivent en des- organisations de communautés – les lots pourraient être de diffé-
sous du seuil de pauvreté4. d’habitants, la municipalité et les rentes tailles, à partir d’une dimen-
Quatre familles sur dix vivent dans familles concernées par le pro- sion standard de 7 x 15 m pour les
la zone depuis au moins dix ans ; gramme de relogement, un site de lots hors de la zone et de 4 x 16 m
elles seraient donc lourdement affec- relogement au sud-ouest de la ville, pour les terrains créés dans la
tées par un déplacement dans une à environ 5 km du Boeng Salang, a zone ;
zone lointaine, située loin du centre- été choisi car il répond au mieux aux – les parcelles seront gratuites dans
ville. besoins de la population ; il est situé le premier cas. Pour ceux qui seront
Les familles seront déplacées, autant à proximité du marché Pochentong relogés dans la zone du Boeng
que possible, sur deux grands et des usines de textile. Salang, 10 à 20 % du coût du ter-
terrains à l’est et à l’ouest de la par- Les critères suivants ont été définis rain, en fonction de sa taille, sera
tie nord du boeng, sur lesquels il pour la procédure de relogement : exigé sur une période de cinq ans
est possible de créer 160 lots de – tous les occupants actuels ont le à chaque famille afin d’obtenir une
4 x 16 m. droit d’être relogés à l’exception des certain retour sur investissement et
Les familles qui ne pourront être propriétaires non résidants ; de minimiser ainsi les coûts de rem-
relogées sur place se verront pro- – aucune indemnité ne sera versée blai et de viabilisation.
poser un relogement sur un autre aux personnes déplacées, la compen- Cette politique n’a jamais été mise
terrain. sation étant dans la possession d’un en œuvre à Phnom Penh, mais un
oeng Salang Rehabilitation Project
Boeng Salang
ewage Rehabilitation
and drainage system Project
Sewage and drainage system
1500 mm
1000 mm
600 to 800 mm
Projet d’aménagement de Boeng Salang, réseau d’égouts projeté – BAU de Phnom Penh, 2002.
You Sethy et Neup Ly / Boeng Salang, enquête sur la population résidant au bord du boeng 35
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Répartition entre
deux travées de large et de deux tra- le terrain et / ou la maison à un pro- propriétaires et locataires
vées de profondeur, très courante priétaire précédent, soit possède un Non renseignés 27 3,9%
dans les quartiers populaires. titre d’occupation délivré par une
Propriétaires 519 75,2%
Un cinquième des logements (19 %) des autorités municipales ; 20,9 % se
Non-propriétaires 144 20,9%
ont moins de 20 m2 et un cinquième déclarent locataires et payent un
(19,1 %) ont plus de 60 m 2. Seuls loyer à un propriétaire bailleur. Total 690 100,0%
3,6 % des ménages vivent dans
Les bâtiments par type d’édifice dans la zone d’enquête – BAU de Phnom Penh, 2002.
moins de 10 m2.
Housing typology
1.3 Répartition des ménages
dans les logements
Si l’on croise les données sur la taille
des ménages avec celle des loge-
ments, il en ressort que la relation
entre la taille du ménage et la super-
ficie du logement n’est pas évidente,
cependant les petits ménages sont
surreprésentés dans les petits loge-
ments et les très grands ménages
sont présents (sauf un) dans les loge-
ments les plus grands.
Toutes les catégories sont surre-
présentées dans les logements de
taille moyenne (40-49 m2), mais les
grands ménages (7 à 10 personnes)
sont surtout surreprésentés dans
des logements plutôt petits (20-
29 m2).
Des suroccupations extrêmes exis-
tent même si elles sont minoritaires
(15 ménages2) : 11 ménages de 4 à
6 personnes vivent dans moins de
10m2 ; 1 ménage de 7 à 10 personnes
dans moins de 10 m2 ; 2 ménages de
7 à 10 personnes vivent dans 10 à
19 m2 et 1 ménage de plus de 11 per-
sonnes dans 10 à 19 m2 .
Les suroccupations notables sont
nombreuses (101 ménages 3) :
13 ménages de 1 à 3 personnes
vivent dans moins de 10 m2 ;
58 ménages de 4 à 6 personnes dans
10 à 19 m2 ; 30 ménages de 7 à
10 personnes dans 30 à 49 m2 .
36 Boeng Salang, enquête sur la population résidant au bord du boeng / You Sethy et Neup Ly
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2.2 Répartition en effectifs des différentes tranches de revenus par taille de logement
de 10 m2 10-19 m2 20-29 m2 30-39 m2 40-49 m2 50-59 m2 + de 60 m2 Total Struct. des revenus
Inférieur à 25 $ 4 12 16 17 22 12 24 107 19,6%
De 25 $ à 50 $ 10 34 29 36 18 13 29 169 31,0%
De 50 $ à 75 $ 5 20 20 31 10 5 15 106 19,4%
Supérieur à 75 $ 4 20 24 37 26 12 40 163 29,9%
2. Niveau économique et emplois pondent souvent à ceux des ven- Le revenu de la moitié des ménages
2.1. Revenus de la population deurs de produits alimentaires, tels se situe entre 25 et 75 $. Pour
Les revenus d’environ un cinquième que les gâteaux, les soupes, les mémoire, le salaire des ouvriers à
des ménages se situent dans la glaces, ou des ouvriers journaliers. Phnom Penh est de 2 à 3 $ par jour,
tranche basse, en dessous du seuil Seulement 30 % des ménages ont un soit un revenu mensuel de 40 à 60 $.
de pauvreté. Ces revenus corres- revenu supérieur à 75 $. A Phnom Penh, le seuil de pauvreté
est fixé à 1$ par jour et par personne.
Statuts d’occupation – propriétaires et locataires dans la zone d’enquête – BAU de Phnom Penh, 2002.
Les fonctionnaires touchent 15 à 20$
Ownership situation par mois et on estime que le revenu
d’une famille de niveau moyen à
Phnom Penh se situe entre 150 et
200 $.
You Sethy et Neup Ly / Boeng Salang, enquête sur la population résidant au bord du boeng 37
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38 Boeng Salang, enquête sur la population résidant au bord du boeng / You Sethy et Neup Ly
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Les fermiers du Boeng Salang. Elevage de porcs. Maraîchage sur le Boeng Salang.
arrivés depuis quinze ans, ce qui cor- ment résidaient déjà à Phnom Penh montée en puissance: 50% sont arri-
respond à la période ouverte par les avant de s’installer à Boeng Salang; vés depuis moins de dix ans, plus d’un
accords de paix de Paris en novembre 7,5% viennent de Takeo, 6,8% de la tiers (37,7%) depuis moins de cinq ans
1991, qui a vu le début d’une immi- frontière du Vietnam; 5,1% de Kam- (mais personne depuis moins de un an).
gration massive de la population vers pong Speu, soit 83% pour ces cinq ori- En provenance de Takeo, le pic se
Phnom Penh. 24,6 % sont installés gines. Le reste est très morcelé et porte situe il y a plus de vingt ans et entre
depuis plus de quinze ans, ce qui sur des effectifs non significatifs. dix et quinze ans (16) ; les migra-
correspond à la période du retour On remarque une immigration tions récentes ont été moins impor-
des habitants dans la ville, au début constante de Koh Kong, y compris tantes avec toutefois un regain
des années 1980, après la chute du depuis moins d’un an, mais avec un depuis un an.
régime des Khmers rouges. pic entre dix et quinze ans (116) et, Depuis la frontière du Vietnam : un
Ce quartier, d’urbanisation récente, dans une moindre mesure, entre quart des immigrants sont arrivés
endigué il y a quarante ans, s’est peu- cinq et dix ans (78) et depuis cinq il y a plus de vingt ans, et près de
plé principalement depuis quinze ans. ans (102). la moitié (46,8 %) entre cinq et
Il est un des lieux privilégiés d’ins- Pour Phnom Penh, on observe une quinze ans. Les effectifs sont sensi-
tallation des nouveaux arrivants car blement réduits depuis cinq ans.
il est proche des lieux de travail et, Marchand ambulant de Boeng Salang. Depuis Kampong Speu, les migra-
par sa structure et la nature de ses tions sont continues, avec des varia-
constructions, semblable à un gros tions mais sur des effectifs faibles.
village dans lequel il y a toujours une
place pour construire sa maison. 3.3 Relation entre surface
des logements et ancienneté
3.2. Relations entre provenance La relation est nette entre le temps
de la population de résidence dans le quartier et la
et ancienneté d’occupation surface du logement. Les habitants
Plus de la moitié des résidants (54,1%) les plus récemment arrivés sont sur-
viennent de Koh Kong ; 8,8 % seule- représentés dans les petits logements
40 Boeng Salang, enquête sur la population résidant au bord du boeng / You Sethy et Neup Ly
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3.3 Structure résidentielle des ménages selon leur année d’arrivée On peut également penser que plus
la densité des constructions aug-
– de 10- 20- 30- 40- 50- 60 m2
10 m2 19 m2 29 m2 39 m2 49 m2 59 m2 ou + Total mente, plus l’espace constructible
moins se réduit : il reste peu d’espace à
de 1 an 11,8% 29,4% 5,9% 14,7% 5,9% 5,9% 26,5% 100% bâtir et les nouveaux arrivants ont
1 donc de petites parcelles et de petites
à 5 ans 11,2% 22,4% 17,2% 13,8% 8,6% 7,8% 19,0% 100% maisons alors que les personnes
5 arrivées de longue date ont pu
à 10 ans 2,9% 18,7% 20,9% 28,1% 11,5% 6,5% 11,5% 100% occuper plus d’espace.
10 You Sethy,
à 15 ans 1,0% 12,4% 15,5% 24,7% 19,6% 6,7% 20,1% 100% Bureau des affaires urbaines de Phnom Penh
15 Neup Ly,
à 20 ans 1,5% 10,3% 17,6% 23,5% 23,5% 2,9% 20,6% 100% Urban Sector Group,
responsable de l’enquête
plus
de 20 ans 1,1% 7,8% 17,8% 17,8% 10,0% 14,4% 31,1% 100%
1/ Fnuap (Fonds des Nations unies pour la
population) : résultats du recensement de 1998.
2/ Soit 2,3 % des 642 ménages dont la situation
Les habitants les plus anciens oc- habitent des logements de moins de est connue.
3/ 101 ménages soit 15,6 % des 642 ménages dont
cupent majoritairement les plus 30 m2. la situation est connue.
4/ Les personnes dont il s’agit ici sont les chefs de
grands logements. 45,5 % des per- Il existe donc un lien fort entre l’an- chaque ménage enquêté.
sonnes arrivées dans le quartier il cienneté et la taille du logement, et 5/ Les personnes ont répondu plus ou moins
précisément, donnant tantôt un nom de lieu,
y a plus de vingt ans habitent des ce, quel que soit le revenu. On peut tantôt une circonscription administrative, tantôt
logements de plus de 50 m2 alors formuler une hypothèse démogra- seulement Phnom Penh, il est donc difficile
d’établir clairement des dominantes par quartier,
que 41,2 % des personnes résidant phique : les jeunes arrivants ont une donc la distance entre le lieu de travail et le lieu
depuis moins d’un an habitent des famille réduite ; les besoins en sur- de résidence. En italique les lieux de travail qui
sont d’autres villes ou d’autres pays.
logements de moins de 20 m2 et que face arrivent avec le temps et les 6/ Une première enquête sur Boeng Salang avait
été effectuée en 1997, il y a donc près de cinq ans.
50,9 % des personnes arrivées dans enfants, c’est, en gros, l’hypothèse Depuis, la construction de nouvelles maisons est
le quartier il y a entre un et cinq ans de « consolidation » de l’installation. interdite sur l’emprise du boeng et de ses berges.
You Sethy et Neup Ly / Boeng Salang, enquête sur la population résidant au bord du boeng 41
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Habiter
Phnom
Penh
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Monivong.
Etablir le déficit en logements est un simplement parce qu’elle est réali- riaux durables, en utilisant les maté-
exercice compliqué, qui demande sée en bois ou en matériaux légers, riaux et techniques traditionnels qui
une définition claire des critères comme on ne peut pas considérer leur sont localement accessibles.
adoptés. Comme toujours, le carac- que toute maison en dur offre un Les pouvoirs publics n’arrivent pas
tère du logement, sa typologie, les logement convenable quand on sait à soutenir le rythme d’accroissement
matériaux de construction sont très bien que la cohabitation et, par des besoins et ne sont pas en mesure
directement liés aux spécificités conséquent, le surpeuplement sont d’assurer correctement la gestion et
sociales, économiques, culturelles et des conditions très répandues dans l’entretien des services d’accompa-
climatiques des lieux. Pour cela, certaines parties de la ville. gnement techniques et sociaux. Tou-
l’idée que seuls les logements édifiés Par ailleurs, l’observation des acti- tefois, les opérations de relogement
en béton ou en briques correspon- vités dans les zones de squatteurs menées par la municipalité ont aussi
dent à un niveau acceptable et que montre que les intéressés sont montré que l’aménagement collec-
ceux qui ne sont pas construits en capables de prendre directement tif local est à la portée des usagers,
dur produisent automatiquement un soin de leur environnement familial. lorsqu’il s’agit d’ouvrages simples,
déficit, est fort discutable. La mai- Des lors qu’ils bénéficient d’une cer- et qu’il existe des organisations
son traditionnelle khmère ne peut taine sécurité d’établissement, ils communautaires capables d’orga-
certainement pas être classée peuvent progressivement bâtir leur niser les travaux d’intérêt commun
comme logement sous-standard tout logement, souvent même en maté- et l’entretien des installations.
Christiane Blancot et Aline Hetreau Pottier / 1853-1953, une ville neuve de création ancienne 47
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De nouveaux quartiers de logements se créent sur les sites de relogement des populations déplacées des zones de squat du centre-ville.
ment par rapport au rôle du marché l’utilisation des immeubles repré- des experts étrangers et jugé trop
foncier et immobilier dans l’écono- sente une autre contrainte impor- générique et mal adapté à la réa-
mie urbaine. En particulier, les rela- tante à la mise en place d’un marché lité cambodgienne, un nouveau texte
tions entre pouvoirs publics et pro- immobilier efficient et transparent. a été approuvé par la Chambre des
priété foncière privée ne sont pas Ces limites et le nombre élevé de députés en juillet 2001. Toutefois,
clairement établies, ce qui consti- contentieux ouverts ont amené le son application nécessite une série
tue un frein majeur aux investisse- gouvernement à élaborer, dès 1996, de sous-décrets, dont l’élaboration
ments étrangers. L’absence d’une loi une nouvelle loi foncière. Après avoir va certainement demander quelque
spécifique sur les droits régissant refusé un premier texte rédigé par temps. Un des objectifs principaux
simplement limiter les effets négatifs sont produits au cours des deux der- elle est constituée pour l’essentiel
de la libéralisation sont trop nières années. Les habitants ont été de familles à bas revenus. Pour cela,
modestes. Ainsi, le nombre de per- relogés sur différents sites, souvent l’investissement doit pouvoir profi-
sonnes dépourvues de toute propriété à plusieurs kilomètres des quartiers ter au plus grand nombre et per-
foncière a augmenté considérable- qu’ils habitaient, ce qui a réduit mettre d’assurer un niveau élé-
ment, en particulier dans les zones considérablement leur capacité de mentaire de services compatible
rurales où des formes d’accapare- production et déterminé aussi un avec la capacité financière de la
ment des terres par ceux qui en ont affaiblissement ou la rupture tout population pauvre.
les moyens se sont mises en place. court des liens sociaux et de solida- Le recouvrement des coûts des ser-
Ces pratiques risquent d’être parti- rité qui leur permettaient de faire vices permet aussi le réinvestisse-
culièrement accentuées à Phnom face aux besoins de base, même ment dans d’autres opérations. Cette
Penh, où la forte demande en loge- dans des conditions difficiles. réplication financière doit être un
ments se traduit par une augmen- Dans les conditions actuelles, une poli- principe fondamental de la continuité.
tation rapide du prix des terrains tique de logement, dans le sens d’une A défaut, une opération même réus-
agricoles sur lesquels va se produire politique de production de logements, sie resterait un élément isolé et même
l’extension de la ville. Cela risque ne peut que laisser la place à une poli- un acte contre-productif de l’amé-
d’entraîner une pression des pro- tique de l’habitat fondée sur la mise nagement, alors que l’objectif de
priétaires fonciers pour que cette en place de « conditions préalables » réplication dépend de la contribution
extension se produise selon les direc- à la production de logements. Il s’agit de tous les usagers, selon leurs
tives qui leur conviennent le mieux, de «produire» des zones à urbaniser moyens. Avec l’appui de l’aide exté-
pour que leurs terrains soient équi- en équipant des terrains où les popu- rieure, la Ville de Phnom Penh a pu
pés et dotés de services, même s’ils lations peuvent réaliser elles-mêmes reconstituer les bases d’un cadastre
sont situés à plusieurs kilomètres de le type de logement qui leur convient technique moderne. Dans cette voie,
la zone urbanisée, avec une forte le mieux, suivant, dans la plupart des la composante fiscale du cadastre est
augmentation des coûts. cas, le modèle de la maison tradi- un élément essentiel pour la mise en
La question foncière est strictement tionnelle, par recours aux filières de place des modalités de recouvrement
liée à la capacité d’accompagner le construction aussi bien formelles des coûts d’aménagement.
processus de privatisation d’un sys- qu’informelles, sachant qu’il s’agit de Phnom Penh est la capitale d’un pays
tème d’enregistrement des proprié- maisons d’une qualité tout à fait en profonde transformation, soumise
tés. La mise en place du cadastre est convenable et qui correspondent aux elle-même à des changements rapides
une des priorités du gouvernement, besoins de ceux qui y logent. dans un contexte, celui de la mon-
fortement appuyée par la Banque Avec les ressources et la capacité dialisation, qui, pour sa part, impose
mondiale et par d’autres organismes dont il dispose actuellement, le gou- une forte compétition au niveau
de la coopération internationale. vernement ne peut assurer qu’un international. La capacité de rivali-
Toutefois, dans une première phase, rôle de « facilitateur » du dévelop- ser avec les autres villes de la région
le montage du cadastre va concer- pement de Phnom Penh, plutôt que pour attirer les nécessaires capitaux
ner les zones agricoles où habite la de « producteur » de la ville. Dans ce internationaux dépend largement
majorité de la population et où se contexte, l’objectif d’une politique des politiques de gestion de la ville
situe aussi la plus grande partie du d’appui au développement urbain ne et, en particulier, de la politique de
contentieux. Un délai assez long sera peut être que d’assurer la réalisa- l’habitat, qui doit viser prioritaire-
donc nécessaire avant qu’un cadastre tion des services et des infrastruc- ment l’accès au logement de tous les
foncier urbain soit mis en place et tures indispensables au fonction- habitants, afin de les mettre en
qu’il soit intégré dans l’indispensable nement de la ville, tels les systèmes condition de contribuer à la crois-
cadastre immobilier. d’approvisionnement en eau potable, sance économique. De la politique
Pourtant, la question du logement d’assainissement et d’évacuation de l’habitat va dépendre largement
est au cœur du développement des eaux usées, l’énergie, les ter- le futur de Phnom Penh en tant que
urbain. D’une part, il s’agit d’un rains à bâtir par l’édification de nou- «ville productive», en mesure de sai-
besoin de base pour la population, velles digues, la voirie principale… sir les opportunités de la mondiali-
en particulier pour les groupes les En même temps, il faut mettre sation et, en même temps, en tant
plus vulnérables, mais aussi pour la en place des structures et des règles que « ville inclusive », capable d’ou-
population à revenus moyens, qui de gestion des ressources de la ville vrir ces opportunités à tous ses habi-
n’arrive pas à avoir accès à l’offre assurant l’accès aux services de tants en promouvant leur complète
du marché. De l’autre, le logement base à tous les habitants, y compris intégration dans le tissu social, éco-
constitue une composante fonda- à ceux des nouveaux quartiers nomique et spatial de la ville.
mentale pour le développement de autoconstruits de la périphérie, Marcello Balbo
l’économie urbaine en termes d’in- à travers une répartition équilibrée 1/ P. Sophean, « La maison khmère », dans Apur,
vestissements, d’emploi, de maté- et la récupération des coûts d’in- Phnom Penh : développement urbain et
patrimoine, Paris, 1997
riaux de construction, d’infrastruc- vestissement et de gestion. 2/ Untac : United Nations Transitional Authority
tures. De fait, la seule action mise En fait, quel que soit le mode de per- in Cambodia
Réhabilitation urbaine
et sites de relogement
Le phénomène
du «squat» urbain à Phnom Penh1
A partir de la fin des années 1980,
des petits noyaux de quartiers spon-
tanés ont commencé à apparaître à
Phnom Penh. D’après l’enquête
menée par le Cdri2, tout au début
les immigrants, provenant des
autres provinces du Cambodge et
même des pays voisins, s’installè-
rent le long du fleuve. Autour de
1985, il n’y avait que 74 familles qui
vivaient là, cultivant blé et légumes.
Aujourd’hui, à cause du taux de
croissance de la population et des
mouvements migratoires évalués à
10 000 familles, soit 60 000 per-
sonnes par an, on estime que la
population pauvre, faisant partie des
sans-abri dans la capitale, a atteint
le nombre de 30 000 familles, soit
180 000 personnes installées dans
plusieurs sites où il n’existe aucun
service ni équipement.
Il faut aussi ajouter que beaucoup
d’autres « pauvres urbains » vivent
en petits groupes, occupant d’an-
ciens bâtiments en ruines, des ter-
rains publics et privés, des toitures,
canaux de drainage, lacs, routes et
chemins de fer désaffectés. Cette
population manque de ressources
économiques et matérielles ou
d’éducation et n’a pas accès aux ser-
vices sociaux. La plupart de ces gens
travaillent comme vendeurs de nour-
riture, conducteurs de moto-taxis,
ouvriers dans le bâtiment et les Pour chaque site de relogement, un plan de lotissement est établi par la municipalité.
femmes, comme vendeuses de bière,
ouvrières du textile… bien des évictions forcées consé- d’activer une politique de l’habitat
La majorité des squatteurs provien- cutives à des prêts usuriers. visant à répondre à tous les besoins.
nent actuellement des provinces Les actions sont donc forcément
rurales. Ces flux migratoires arrivent La gestion des problèmes limitées aux situations d’urgence.
à Phnom Penh après avoir vendu de logement des plus pauvres Mais, en août 2001, le ministère de
leurs terres pour différentes raisons: Actuellement, le gouvernement du l’Aménagement du territoire, de
raisons économiques, l’exploitation Cambodge, au niveau central, et la l’Urbanisme et de la Construction,
de leurs parcelles n’arrive plus à sub- municipalité de Phnom Penh, au avec l’assistance technique des
venir aux besoins de la famille ; rai- niveau local, manquent de res- Nations unies3, a élaboré un projet
sons médicales, sociales ou admi- sources, humaines et économiques, de stratégie pour l’habitat en milieu
nistratives telles que des problèmes pour faire face à une telle situation, urbain qui, bien qu’il n’ait pas été
de paiement de soins médicaux ou bien conscients de l’impossibilité formellement adopté, a tracé les
Tuol Sambo 7,8 ha 21 km 7 puits, système de drainage, Toilettes individuelles, école primaire,
Septembre 1999 215 lots réseau de voirie, alimentation électrique école maternelle, centre
par réseau privé communautaire, centre de santé,
marché informel
Tuol Roka Kos 12 ha 11 km 12 puits creusés (dont 3 sont utilisés) Toilettes individuelles,
Décembre 2000 488 lots système de drainage, réseau de voirie, école primaire
alimentation électrique par réseau privé Planifiés :
collecte des ordures (incinérateur détruit) école maternelle, centre
communautaire, centre de santé
Anlong Kngan 90 ha 15 km 9 puits, 1 réservoir, puits privés, réseau Toilettes temporaires (2 pour 10 familles)
Novembre- 3500 lots de voirie, alimentation électrique marché, école primaire,
décembre 2001 par réseau privé centre de santé temporaire
Phoum Veal 2,28 ha 14 km Alimentation en eau depuis la mare voisine, 30 toilettes temporaires,
Novembre 2001 136 lots système de drainage élémentaire bureau administratif
établi par la communauté, réseau de voirie,
alimentation électrique par réseau privé
objectifs et les modalités d’inter- sion à la propriété, car il est reconnu infrastructure et aucun équipement;
vention à poursuivre. que la population, de toute condi- – garantir les infrastructures et les
Dans ce document, il est établi que tion sociale, est disposée à faire services de base qui permettent aux
le gouvernement ne peut et ne doit des investissements, même très gens de bénéficier des conditions
pas se substituer à l’initiative pri- modestes, dans le logement, mais à indispensables pour s’enraciner
vée, mais peut essayer de garantir condition de pouvoir obtenir la pro- dans les nouveaux sites et pour pou-
les conditions qui favorisent les priété du sol ; voir mettre en place quelques formes
investissements dans ce secteur, à – repérer plusieurs terrains pas trop d’activités économiques.
savoir : éloignés du centre-ville où les squat- Les positions concernant la politique
– prévoir dans les nouveaux lotis- teurs peuvent être relogés afin d’évi- de relogement « concertée » ont été
sements destinés à une population ter les déplacements en urgence4 non adoptées à partir de 1998, quand
très pauvre, des titres d’occupation concertés avec la population inté- les relogements forcés ont été arrê-
temporaire préliminaires à l’acces- ressée vers des zones sans aucune tés grâce à l’intervention de ACHR
Exemples de plans de lotissement des sites de relogement. Ces plans intègrent des lots réservés aux équipements
et aux jardins, définissant ainsi la trame d’un nouveau quartier parfois très étendu.
Site de Kork Kleang, les maisons en maçonnerie se construisent, financées par les habitants eux-mêmes grâce à des prêts.
Malgré l’absence de données exhaus- Apiwat Meanchey, un petit site à par les habitants à l’entrée du site.
tives sur le prix des maisons, on peut 3 km de Phnom Penh, est caracté- Deux ans plus tard, la situation n’a
vraisemblablement estimer, sur la risé par sa proximité avec une zone pas évolué comme on pouvait l’es-
base des informations obtenues, que industrielle d’usines de textile qui pérer. En 2002, elle ne semble pas
la construction d’une maison varie représente une source d’emplois. avoir fait de progrès. Même si
de 800 $ à 1 500 $. La construction Cet élément est à la base de la « for- quelques habitations ont été agran-
des maisons est réalisée par les habi- tune » du site qui, quatre ans après dies et ont connu quelques amé-
tants, à partir de leur épargne anté- son implantation, apparaît stabilisé liorations, l’ensemble avec les rues
rieure au déplacement et d’em- avec les caractéristiques d’un vrai désertes, le drainage bouché, la voi-
prunts. Le prêt est calculé pour village : toutes les constructions sont rie délaissée, a perdu l’aspect actif
pouvoir être remboursé en cinq ans, en dur, on peut y reconnaître une remarqué deux ans plus tôt. L’im-
correspondant au délai nécessaire rue marchande avec beaucoup de pression est due au fait que les habi-
pour obtenir un titre de propriété. boutiques, où règne une certaine tants, et spécialement les hommes,
Le prêt maximum est de 400 $ au animation. Les habitants ont édifié pendant la journée, quittent Kork
taux du 8 %. Les gens reçoivent en un étage supplémentaire sur la plu- Kleang pour aller travailler à
général le montant en matériaux part des habitations et louent des Phnom Penh car aucune activité ne
pour la construction de leur maison. chambres aux ouvrières des usines. s’est développée sur place. Il en
Le prêt est remboursé à raison de Cette activité ainsi que la prépara- résulte que le lieu est pour l’instant
1 000 riels par jour. A partir de don- tion et la vente de plats cuisinés à un dortoir.
nées collectées et à cause de la durée la sortie des usines, dans des stands Tuol Sambo est plus vaste que les
encore trop courte des réalisations, ambulants, ont été les facteurs prin- deux autres sites et probablement
il est difficile d’établir une relation cipaux du développement de la com- c’est sa dimension qui a contribué à
entre dimension et qualité du site munauté. une évolution plus significative par
pour définir une dimension opti- Kork Kleang 1 a subi une évolution rapport à la situation de départ.
male. Il semble que la « réussite » différente. Lors de la première Contrairement aux opérations de
d’une opération soit dépendante de visite, en novembre 2000, l’opéra- Kork Kleang et de Apiwat Meanchey,
facteurs variables qui peuvent jouer tion de relogement débutait et la les habitants de Tuol Sambo n’avaient
un rôle différent : la proximité au population présente était assez pas participé au projet d’aménage-
site d’origine est favorable pour enthousiaste : le site avait été choisi ment, ils avaient été relogés sur le
maintenir l’éventuel emploi précé- par son comité, il était à une dis- site à partir de plusieurs lieux d’ori-
dent, mais n’est pas un élément tance du lieu d’origine qui permet- gine. L’éloignement de Phnom Penh
favorisant le développement du site. tait aux gens de garder leurs acti- avait été souligné comme un élément
Les visites de sites de Apiwat Mean- vités (cyclo-pousse, moto-dop, très négatif parce que les habitants
chey, Kork Kleang 1, Tuol Sambo et travail dans le bâtiment, petits étaient obligés, pour travailler, de
Anlong Kngan, renouvelées à des commerces), les infrastructures rester à Phnom Penh toute la
époques différentes, ont permis minimales avaient été réalisées par semaine car les coûts de transport
d’observer des processus d’évolu- UN Habitat, un petit marché de pro- sont trop élevés pour faire un aller-
tion diversifiés. duits alimentaires avait été installé retour par jour. Le risque était
l’abandon du site, comme c’est arrivé
La réserve d’eau. La vente d’eau. par ailleurs en d’autres occasions7,
si les avantages de la nouvelle loca-
lisation n’avaient pas compensé les
désavantages. Lors de la dernière
visite, en juillet 2002, on a effecti-
vement vérifié que 60 familles étaient
parties et qu’une dizaine avaient
vendu leurs parcelles. Mais, dans
l’ensemble, les éléments positifs
caractérisant le site tels que les
dimensions des parcelles qui, plus
Plan officiel du site établi au moment du relogement par la Direction de l’urbanisme de la ville de Phnom Penh.
700 ménages avaient été relogés ou revendeurs, des cyclo-pousse… ville, qui était auparavant une rizière
dans des sites créés à 10 kilomètres tout type d’occupation que seule la expérimentale dépendant directe-
du centre urbain de Phnom Penh, proximité avec d’autres groupes ment du ministère de l’Agriculture.
au-delà de l’aéroport de Pochentong, sociaux autorise. Pour accélérer la réinstallation des
à l’ouest de l’agglomération. En effet, familles sinistrées sur ce terrain,
un bon nombre de familles relogées Reloger les squatteurs la municipalité a organisé leur trans-
à Samaki étaient retournées à dans l’urgence port par camions ainsi que celui
Phnom Penh ne pouvant supporter La question du relogement des habi- leurs de maigres biens, arrachés à
le manque d’infrastructures de base tants des zones de squat dans la ville l’incendie. Ce n’est qu’une fois arri-
(approvisionnement en eau, éva- étant une question récurrente, la vées sur place que ces familles pou-
cuation des eaux usées…) et le défi- municipalité de Phnom Penh a eu vaient bénéficier des secours dis-
cit d’emplois, la plus grande partie très rapidement la possibilité de pensés par diverses organisations
des habitants de ces zones infor- prendre possession d’un vaste ter- nationales (la famille royale, le Pre-
melles étant souvent des ouvriers rain, plus de 150 hectares, situé à mier ministre) ou internationales.
dans la construction, des vendeurs environ 17 kilomètres au nord de la Ces secours étaient de deux ordres :
De l’abri précaire, à la maison en feuilles de palme tressées, au bâtiment en maçonnerie, en avril 2002.
d’une part, assurer la survie immé- Le premier plan dressé par la Direc- tentes à usage d’habitation et les
diate (distribution de rations de riz, tion de l’urbanisme occupait 7 stands constituant un marché infor-
d’une marmite, d’une petite somme des 16 terrains délimités par les mel se sont concentrés autour de la
d’argent, de quelques pièces de diguettes et les canaux mis en place voie principale. Le centre de santé
tissu, par exemple) ; d’autre part, pour l’exploitation de la rizière, qui provisoire établi par la Croix-Rouge
aider ces familles à reconstruire des sont doublés de chemins de terre. cambodgienne, la tente qui abri-
maisons. Cette seconde étape était, Une voie principale, orientée nord- tait les représentants de la munici-
bien sûr, conditionnée par l’attri- est / sud-ouest, divise ce grand ter- palité étaient également installés sur
bution effective d’une parcelle dont rain en deux parties pratiquement le bord de cette piste d’à peine
la famille obtenait alors un droit égales et concentre les équipements. 4 mètres de large. La première pré-
d’usage qui se transformerait en Les parcelles, d’une taille constante occupation a été d’organiser l’ap-
droit de propriété au bout de cinq de 7x15 m, sont groupées par îlots provisionnement en eau par les ser-
ans. d’une profondeur de 30m (deux par- vices municipaux qui ont utilisé des
Dans l’urgence et dans les condi- celles adossées) et d’une longueur camions citernes, l’approvisionne-
tions problématiques que l’incendie qui peut aller de 120 à 180 m (de ment payant en électricité étant
puis le déplacement ont créées, les 17 à 26 parcelles). Un vaste réser- assuré par des personnes privées
différentes instances municipales, voir occupait également une partie avec des générateurs. Des transports
tant au niveau de l’administration du terrain, posant très explicitement entre le site et la ville ont également
générale (Direction du cadastre, les problèmes liés à l’eau, adduction été mis en place par moto-taxis indi-
Régie des eaux, Direction de l’ur- et distribution, puisque le reloge- viduels ou collectifs. La question de
banisme et de la construction) que ment se faisait en début de saison l’assainissement (l’installation de
de l’arrondissement, ont été inten- sèche mais avec des inondations latrines, particulièrement) est éga-
sément sollicitées et ont pu propo- possibles, la situation dans une lement une préoccupation essen-
ser une série de réponses. Tout ancienne rizière paraissant alors tielle dans le processus de reloge-
d’abord les habitants sinistrés problématique au moment des ment. L’organisation internationale
étaient dirigés vers un hangar où les pluies. UN Habitat a pris en charge, comme
chefs de quartiers du squat du Bas- Durant les premières semaines, les dans la plupart des sites de reloge-
sac leur donnaient un papier attes-
tant de leur présence dans un loge-
L’occupation des parcelles se densifie.
ment en tant que « propriétaires »
ou en tant que « locataires ». Cette
distinction doit être faite pour sou-
ligner l’hétérogénéité des statuts des
habitants de ces implantations infor-
melles. Avec cette attestation, les
familles pouvaient prétendre obte-
nir une parcelle où s’installer. Elles
utilisaient alors des matériaux récu-
pérés après l’incendie et rapportés
en camions (tôles calcinées, planches
rescapées) et d’autres obtenus
auprès de certains organismes (l’am-
bassade d’Allemagne, par exemple,
a distribué à 1 300 familles une
pioche, une hache, un marteau et
un kilo de clous, et le service des
forêts, 5000 pièces de bois utilisables
pour des constructions légères) ou
encore acquis auprès de marchands
de matériaux installés sur place.
Le marché se construit, ainsi que les premières boutiques en avril 2002. Installation précaire des familles sans parcelles.
ment de Phnom Penh, la construc- certains étaient auparavant instal- Début décembre 2001, le terrain
tion de latrines mais en nombre lés dans le squat du Bassac. Y tenant semblait une vaste ville du Far West,
limité, ce qui explique l’organisa- commerce et ayant quelques éco- des tentes très simples, deux piquets
tion individuelle rudimentaire à nomies, ils ont pu investir la somme et une bâche bleue, composant la
laquelle nombre d’habitants conti- nécessaire pour s’installer dans un majorité des abris de fortune.
nuent d’avoir recours. stand au prix annoncé de 2 000 $ ; La situation a évolué très rapidement
d’autres viennent des villages alen- mais la construction des maisons
Pérenniser l’installation tour. La réorganisation autour de reste très disparate et hétérogène :
L’important apport de population, l’axe central aujourd’hui planté et dans les parties du site définiti-
l’installation de plus de 1 700 sur lequel, en août 2002, un manège vement attribuées, certains lots sont
familles, a aussitôt été annoncé et avait été installé, est probablement construits, d’autres restent vides,
a provoqué l’apparition immédiate la transformation la plus specta- mais la municipalité ne dénombre
de certains commerces. Outre les culaire. Outre le marché, d’autres que peu d’abandons de terrains
vendeurs de matériaux déjà cités, équipements ont été construits : une (moins de 3 % en mai 2002).
des vendeurs d’objets de première vaste école (financée par le Lions Dans les premières semaines d’ins-
nécessité, de produits alimentaires Club du Japon) va remplacer l’école tallation, la municipalité a tenté
sont venus des villages situés à proxi- provisoire établie dans le hangar qui d’inciter les nouveaux propriétaires
mité. Le dynamisme commercial accueillait les nouveaux arrivants à construire des maisons en suivant
peut encore être attesté par l’ins- dans les premiers jours du proces- un modèle précis de maison à rez-de-
tallation, en avril 2002, après conces- sus de relogement. Un centre de chaussée avec mezzanine construite
sion à un entrepreneur privé, d’un santé de la Croix-Rouge est en en briques dans une armature de
vaste marché couvert entouré de construction; cette structure est par- poteaux en béton et couvertes de
boutiques édifiées en maçonnerie ticulièrement utile dans un endroit tôle ondulée sur une charpente
qui occupent un large îlot voisin de où de nombreuses familles vivent métallique. Le devis accompagnant
la rue principale. De même, des cafés avec moins d’1 $ par jour et où les le modèle s’élevait à plus de 2 000 $.
se sont installés à proximité. L’ori- enfants sont les premières victimes Malgré ce coût élevé, une maison a
gine des commerçants est diverse, d’une telle situation. été édifiée suivant ce modèle dont
les plans, affichés sur le panneau
d’informations administratives, n’ont
La vie reprend, un manège pour les enfants s’est installé en août 2002.
pas résisté aux intempéries. Quelques
propriétaires ont importé à Anlong
Kngan le modèle du compartiment
chinois, largement majoritaire le
long de toutes les voies des nouveaux
quartiers de Phnom Penh. Mais seuls
quelques compartiments ont été
construits isolément ; la plus grande
partie des nouveaux propriétaires
ne disposant que de moyens
modestes, ils ont édifié au milieu de
leur parcelle une maison souvent
surélevée, dont les matériaux res-
tent fragiles : minces planches de
bois, nattes couverture en feuilles
tressées. Ce faisant, ils ont d’ailleurs
respecté une des règles édictées par
la Direction de l’urbanisme qui exi-
geait une servitude de reculement
sur les quatre faces de la parcelle,
déniant ainsi toute possibilité de
créer des alignements de construc- même, l’amélioration de la voie d’ac- l’entretien des rues, des canalisa-
tions sur rue et privilégiant une cès au site à partir de la route de tions et évacuations, de la gestion
organisation sur le modèle du Pochentong rend plus aisées les des ordures (collecte, traitement,
pavillon avec jardin. Ce dernier peut communications avec les zones for- recyclage éventuel), qui est du res-
être considéré comme un apport tement urbanisées, situées à proxi- sort de la gestion quotidienne par
décisif dans l’économie familiale. mité, facilitant ainsi les échanges de l’autorité municipale mais aussi de
Certains avaient, quelques mois tous ordres. Cette question des rela- la responsabilité des communautés
après leur arrivée, transformé leur tions avec les différents districts de d’habitants.
parcelle en un jardin potager ver- la ville reste un souci pour l’Admi- Dans ce secteur, les rôles respectifs
doyant, entourant une maison qui nistration, en charge des routes et de l’Administration et des organisa-
semblait offrir des conditions de vie des transports, et est fondamentale tions non gouvernementales locales
acceptables, mais cette situation ne dans la mise en place des stratégies ou internationales doivent être défi-
semble concerner qu’une partie res- de développement. nis pour faciliter le développement
treinte des habitants d’Anlong La maîtrise de l’utilisation des ter- et l’auto-organisation des commu-
Kngan… rains constructibles et inconstruc- nautés. La question des services
En effet, un problème majeur est tibles doit être un autre axe de assurés par les collectivités et de
rapidement apparu : celui des réflexion et les opportunités d’or- ceux assurés par les entreprises pri-
familles étrangères au squat d’ori- ganiser des activités sur le site ou vées doit être négociée en concerta-
gine, venues sur le site de reloge- dans sa proximité (agriculture tion avec les habitants des nouveaux
ment dans les premières semaines pérurbaine, petit élevage d’animaux, sites, mais également en tenant
d’installation, espérant ainsi pouvoir artisanat…) pourraient peut-être compte de la situation existante
accéder à un lopin de terre. Très vite devenir un des vecteurs de déve- (nombre d’habitants des villages
la construction de petites paillotes loppement. Pour autoriser le déve- alentour et degré d’organisation…),
sur des canaux bouchés par les loppement souhaitable d’Anlong pour valoriser au maximum les
ordures qui ne sont pas traitées, a Kngan et de tout le district, il semble opportunités offertes par les nou-
témoigné de l’attraction d’Anlong indispensable d’anticiper les pro- velles implantations.
Kngan. Ces familles, que l’Adminis- blèmes de drainage qui affectent Un dernier point doit être souligné
tration ne pouvait prendre en compte toute la zone au nord de la ville. pour favoriser une démarche posi-
dans le dispositif mis en place (leur L’implantation des zones urbani- tive, celui des délais : à Anlong
nombre a été évalué à 734), ont été sables doit être articulée selon un Kngan, l’urgence primant surtout à
rassemblées dans deux ou trois plan de gestion de la circulation de éviter la réinstallation, sur des ter-
regroupements un peu à l’écart, dans l’eau de part et d’autre de la digue rains dévolus à d’autres usages, des
des abris extrêmement précaires qui nord récemment restaurée. familles sinistrées, le processus de
ne pouvaient absolument pas résis- Le dessin du plan d’aménagement relogement a été organisé en
ter aux intempéries de la saison des des nouveaux sites devrait pouvoir quelques jours et régularisé en
pluies. Nombre de familles restent prendre en compte ces différentes quelques semaines alors que plu-
ainsi plus ou moins ouvertement dimensions: investissements commer- sieurs mois paraissaient nécessaires.
abritées par quelques bâches ou ciaux, répartition des activités, Cette précipitation renforce mal-
quelques plastiques, témoignant de variété des situations afin d’éviter heureusement la fragilité des familles
la grande fragilité de ce genre d’im- une uniformisation générale et de en situation précaire, qui sont majo-
plantations si une politique de sta- faciliter un certain dynamisme. Il ritaires. Elle oblige à faire des choix
bilisation et de développement n’est pourrait être intéressant de créer efficaces immédiatement mais défa-
pas clairement mise en place. une ou plusieurs rues d’édifices vorise vraisemblablement les possi-
construits en mitoyenneté et à l’ali- bilités de développement ultérieur.
Penser l’avenir gnement pour faciliter l’établisse- Marie-Paule Halgand
Le relatif succès commercial d’An- ment de boutiques, de ménager des
long Kngan a déjà été évoqué : en parcelles de tailles différentes et
août 2002, de nouvelles boutiques d’autoriser la variété dans un
étaient en construction autour du contexte maîtrisé. Un autre domaine
marché, le soulignant encore ; de ne doit pas être négligé, il s’agit de
Août 2002 : les commerces se développent ; les bâtiments se consolident, les jardins poussent ; les rues et canaux de drainage restent à faire.
62 Front du Bassac, histoire triste d’un grand immeuble blanc / Julien Mingui
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ver les logements d’éventuelles crues lants viennent s’installer au bout des Les squats
du Bassac. couloirs du premier étage, à proxi- Dès l’installation des premiers
L’architecture de la façade est ryth- mité des escaliers, là où le passage squats, le rez-de-chaussée a été
mée par les colonnes verticales qui est le plus dense. construit, et un parking pour moby-
protègent les réseaux (descente des lettes (et non pour voitures) a été
eaux usées et approvisionnement en aménagé un peu plus tard au pre-
eau) et les étages sont soulignés par mier niveau, avec une rampe d’ac-
des lignes de claustras. Les balcons Un des escaliers cès en bois, sur pilotis .
extérieurs sont disposés tous les et le passage public sous l’immeuble. Si les squats devant l’immeuble
deux étages, en alternance de part ont disparu, des constructions
et d’autre des colonnes verticales. précaires restent encore accrochées
Les logements se répartissent le long à la façade. Ces extensions des
des façades et sont distribués par appartements prennent plusieurs
un couloir-rue totalement obscur. formes.
Six blocs composent la barre, reliés Certains balcons existants sont fer-
entre eux par des escaliers extérieurs més : ceux sur lesquels ouvraient
et des coursives qui ménagent des directement les cuisines ont été
percées visuelles d’est en ouest. Les transformés en pièces lorsque les
blocs aux extrémités (deux au sud habitants avaient suffisamment de
et un au nor d ) c omportent quatre moyens. Le plus souvent, ces exten-
étages; les trois blocs centraux, trois sions sont construites en bois ou en
étages. Ainsi la toiture-terrasse est tôles, mais certains balcons ont été
accessible depuis le quatrième étage complétés par de la maçonnerie.
et peut être parcourue sur toute sa Dans quelques cas, des suréléva-
longueur. De même, à chaque étage, tions ont été rajoutées sur les bal-
les couloirs se prolongent par des cons pour créer des chambres.
coursives sur toute la longueur de Ces constructions posent, certes, des
la barre, créant ainsi de véritables problèmes de surcharge, mais l’ins-
rues de plus de 300 mètres de long. tallation de réservoirs d’eau d’un
Aujourd’hui, des marchands ambu- mètre cube (une tonne !) sur les bal-
Julien Mingui / Front du Bassac, histoire triste d’un grand immeuble blanc 63
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usées est depuis longtemps hors et dans le cas d’un immeuble d’ha-
d’usage : cela a conduit les habitants bitations privées, il semble difficile
à installer eux-mêmes des réseaux d’intéresser des bailleurs de fonds
d’évacuation secondaires (en PVC à un tel projet.
bleu), à l’extérieur du bâtiment…
Ces nouveaux conduits d’évacuation Quelques questions
ne sont reliés à aucun réseau prin- actuelles en guise de conclusion
cipal d’évacuation et celle-ci se fait Il semble qu’il ne sera, en aucun cas,
donc à l’air libre, à l’ouest, sur les possible de sauver cet ensemble
habitations situées en contrebas. immobilier sans un investissement
L’action des eaux d’évacuation très conséquent, qui ne pourra venir
s’écoulant directement sur les que d’un montage financier complexe
façades a, bien entendu, des effets associant bailleurs, banques, finances
désastreux sur les revêtements… publiques et participation des habi-
L’alimentation en eau de l’immeuble tants avec ou sans l’aide du micro-
s’est faite progressivement et les crédit.
conduites sont installées également Mais on peut également se deman-
en façade. Enfin, le réseau élec- Fermeture des balcons. der s’il est possible de restaurer cet
trique relève de l’anarchie la plus édifice sans le vider de ses occupants
complète. pendant les travaux. Cette question
La gestion des déchets est tout aussi pose immédiatement la question de
problématique: en effet, leur ramas- leur relogement provisoire ou défi-
sage est géré par une entreprise pri- nitif, donc du passage d’une simple
vée de Phnom Penh, qui prélève opération de restauration immobi-
directement une taxe sur les habi- lière à une opération d’aménage-
tants. Or, les habitants du building ment urbain qui inclut les terrains
sont peu disposés à payer. Lors adjacents pour édifier des im-
d’une visite du bâtiment, en mars meubles de logements neufs et
2002, des déchets s’entassaient transformer dans un même projet
dans certaines cages d’escaliers jus- le « White Building » et les maisons
qu’à une hauteur d’un demi-étage précaires qui le jouxtent.
tandis que les pieds d’immeubles Mais c’est alors la question du
sont jonchés de détritus jetés depuis démarrage d’une politique de loge-
les étages. ment dans le centre-ville qui est
posée et peut-être est-ce à partir de
Quelles solutions cette question que l’on pourra inté-
à court terme? resser les bailleurs de fonds inter-
Que faire pour ce bâtiment dont la nationaux et les banques à la réno-
qualité architecturale est indéniable vation d’immeubles squattés et
mais dont le coût de réhabilitation Construction sur pilotis. surpeuplés depuis des années,
ne peut être assumé ? Les investis- comme celui-ci.
seurs privés qui ont voulu acheter Julien Mingui,
ingénieur EIVP
l’immeuble aux familles n’ont pas
eu les fonds nécessaires pour payer 1/ En effet, la loi prévoit que les occupants
d’un logement depuis plus de cinq ans peuvent
les 5 à 6 000 $ exigés par celles-ci demander à la Direction du cadastre un titre de
(visiblement au courant des prix pra- propriété, mais la délivrance de ce titre est
payante.
tiqués).
En juin 2002, l’UNCHS a entrepris
de débloquer des fonds pour effec-
tuer des travaux d’urgence sur ce
bâtiment. Cependant, ces fonds ne
pourront couvrir qu’une très faible
partie des travaux nécessaires.
D’autre part, les familles ne sem-
blent pas prêtes à payer la faible
part qui leur est demandée.
De plus se pose le problème de l’en-
tretien des parties communes et de
l’évolution de l’immeuble après les
travaux.
Dans un tel contexte de flou concer-
nant la propriété des appartements Fermeture et agrandissement des rez-de-chaussée.
Julien Mingui / Front du Bassac, histoire triste d’un grand immeuble blanc 65
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Le bâtiment est posé sur pilotis. Le remplissage régulier de la façade indique les escaliers d’accès et les ascenseurs.
sépare les lieux d’habitation des fenêtres ne sont pas vitrées et que trer dans le logement, tout en rédui-
services. La typologie de l’habitat toutes les ouvertures sont habillées sant considérablement son intensité.
traditionnel est ainsi transposée. Les uniquement de moustiquaires et Les appartements sont clairs. L’es-
chambres et sanitaires sont les pièces dotées de volets à claires-voies en pace du séjour subit une dilatation
les plus éloignées, elles se trouvent bois. La partie du séjour bénéficie verticale à double sens. En effet, il
de l’autre côté de la cour intérieure de la meilleure ventilation naturelle est pris entre sa loggia de double
tout en gardant un contact discret mais aussi de la plus belle vue, ainsi hauteur et celle de son voisin du des-
avec celle-ci. Les chambres ont la que d’une grande qualité spatiale et sous. Il est ainsi entièrement projeté
possibilité d’être climatisées sauf lumineuse. La position du salon, situé vers l’extérieur grâce à l’ouverture
celles des domestiques, traversantes entre deux espaces intérieurs / exté- de toute largeur de sa loggia et il est
nord / sud. rieurs définis par les loggias, crée le poussé par le vide créé par celle de
La double orientation est/ouest favo- système d’aération. Ces loggias, de son voisin, ce qui offre à chaque
rise la ventilation naturelle des loge- double hauteur, permettent à une appartement une orientation prin-
ments, mais il faut préciser que les grande quantité de lumière de péné- cipale. Le problème des vis-à-vis
Plan de trois niveaux superposés. L’escalier et l’ascenseur desservent deux logements par étage. La place des loggias est inversée d’un étage à l’autre.
Chaque logement a deux entrées, l’entrée principale et l’entrée du personnel.
Vivre
au
centre-
ville
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A partir de 1997, le gouverneur de trale du boulevard Sihanouk et d’une la ville tracée et lotie. Au-delà,
Phnom Penh a initié une politique promenade sur la digue qui borde s’étendent des territoires subur-
de rénovation des espaces publics, le Tonlé Sap sont autant d’éléments bains, organisés sur une base vil-
rues, avenues, digues, jardins et pro- qui créent les bases de l’organisa- lageoise.
menades. tion urbaine de ce territoire gagné Cette digue est le boulevard de cein-
sur le Mékong et qui se prolongera ture de la ville à partir duquel s’or-
Rues, jardins et promenades au sud sur des terrains aujourd’hui ganiseront les extensions urbaines.
Amorcé avec la restauration du jar- inondables. Déjà, avant même que les travaux
din du Phnom, qui démarre dès l’au- de voirie soient terminés, la recons-
tomne 1997, ce programme a été La digue périphérique truction des bâtiments à la nouvelle
ensuite étendu au réseau des voies Dans le même temps, des travaux limite autorisée a été l’occasion de
publiques du quartier du marché ont été programmés pour élargir à transformations significatives. Le
central et aux quais du Tonlé Sap 30 mètres la digue périphérique de remblaiement des terrains riverains
dans toute la partie qui borde le la ville. Ils furent mis en œuvre à de la digue s’est accéléré et, avec lui,
centre ancien, depuis le port natio- la fin de l’année 2000, pour s’ache- la construction de compartiments en
nal au nord jusqu’à l’hôtel Cambo- ver au début de l’année 2002. Cette béton, au détriment des maisons en
diana au sud. digue constitue la limite actuelle de bois jusqu’alors majoritaires ; le
Aujourd’hui, cette rénovation des nombre d’étages a tendance à aug-
chaussées prend un caractère sys- Promenade le long du quai Sisovath. menter. La digue devient ainsi très
tématique dans le centre-ville. rapidement un réel boulevard urbain
Les travaux sur les esplanades et bordé de compartiments mitoyens ;
avenues existantes ont pris une on y observe les mêmes transfor-
ampleur nouvelle avec la réalisation mations que celles constatées, il y a
des espaces publics sur les terrains une dizaine d’années, le long du bou-
récemment remblayés dits du levard Mao-Tsé-Toung.
« front du Bassac ». Tracés de voies Avec ce grand chantier, l’interven-
publiques, aménagement d’un vaste tion publique a changé d’échelle, la
terre-plein central planté dans le municipalité de Phnom Penh a
prolongement de l’esplanade cen- amorcé la rénovation des éléments
Les travaux de construction de la digue autour de la presqu’île de Chrui Changvar en 2001. Aujourd’hui, le quai est terminé, les jardins plantés
et le centre de conférences en chantier.
majeurs du système urbain. située entre le Tonlé Sap et le gramme des travaux a pour objec-
La presqu’île Mékong. Elle constitue donc le décor tif la mise hors d’eau de l’extrémité
de Chrui Changvar de la ville, le premier plan du site sud de la presqu’île par la création
Les travaux sur la presqu’île de des Quatre Bras, la terre que l’on d’une digue périphérique qui cein-
Chrui Changvar vont constituer la voit sur l’autre rive lorsque, du bord ture l’ensemble des terrains inon-
partie la plus emblématique et la du Tonlé Sap, on regarde vers le dables peu à peu, stabilisés par
plus visible de ce renouveau de la fleuve. l’apport d’alluvions dû aux crues
politique urbaine. La presqu’île est Démarré en février 2001, le pro- successives du Mékong. Ce pro-
gramme prévoit également le rem-
L’esplanade du front du Bassac, au sud de l’hôtel Cambodiana en 2001. Aujourd’hui, plusieurs des blaiement des terrains situés entre
terrains en bordure des nouvelles voies sont en chantier et l’Institut bouddhique est achevé.
la route, sur la berge ancienne, et le
nouveau quai, et la réalisation de jar-
dins publics et d’un centre de confé-
rences face à la ville.
Ainsi se sont déroulés les travaux
depuis un an et demi, du début de
l’année 2001 à la saison des pluies
2002.
On peut penser que les transforma-
tions actuelles de la presqu’île sont
la suite logique de la reconstruction,
en 1994, du pont sur le Tonlé Sap. En
effet, c’est à partir de ce moment que
la presqu’île de Chrui Changvar a
accueilli, dans sa partie nord, le long
de la route nationale n° 6A, toutes
sortes de restaurants et de cabarets
et s’est peu à peu transformée en un
immense complexe de loisirs très fré-
quenté par les Phnom Penhois.
las de quelques rues de Cham Kar ans et près des trois quarts depuis titre qu’ils n’ont pas dans la plupart
Mon ou de Tuol Kork. plus de cinq ans. Les gens ne se des cas car il est payant.
Les densités de population varient déplacent pas. Ils ont, peu à peu, De ce fait, les aménagements réa-
beaucoup selon les types d’habitat, après 1979, occupé les immeubles lisés par les habitants durant les dix
sur des territoires très voisins. Par anciens. Dans un premier temps, ils dernières années pour réinstaller
exemple, si la densité moyenne de n’avaient aucun droit réel sur l’ap- l’eau courante et l’électricité ont
la population du district de Daun partement ou la maison qu’ils oc- été effectués dans le plus grand
Penh est de 150 habitants à l’hec- cupaient mais, dans les faits, per- désordre, chacun pour soi, avec pour
tare, certains quartiers tels ceux sonne n’avait le pouvoir de les en conséquences un foisonnement de
autour des marchés atteignent une déloger. En 1989, une première loi tuyaux en PVC bleu, résultat des
densité de 600 habitants à l’hectare, sur la propriété privée a confirmé branchements à partir du réseau,
alors que d’autres essentiellement leur droit d’occupation de leur loge- des câbles électriques à ciel ouvert,
composés de grandes villas ont une ment et la possibilité, pour les habi- sans aucune installation commune,
densité de 60 habitants à l’hectare tants, de demander un titre de pro- et aucun système d’évacuation des
seulement. priété du bien qu’ils occupent. eaux usées. Cela occasionne aujour-
Dans les quartiers les plus denses, Depuis, une deuxième loi en 1992 a d’hui des désordres dans les bâti-
la surpopulation des bâtiments confirmé les droits des habitants sur ments dus à des fuites d’eau dans
entraîne une dégradation accélérée les biens occupés après 1979 et, en les maçonneries et des risques d’in-
des lieux et une insalubrité crois- 2002, une nouvelle loi foncière a cendie importants par courts-cir-
sante, y compris dans les immeubles réitéré ce droit. Cependant, l’absence cuits.
où le phénomène de « squattérisa- de règles de gestion des coproprié- Un phénomène particulièrement
tion » des parties communes et des tés et le niveau de vie qui reste faible grave pour les immeubles les plus
toitures n’existe pas. ne permettent pas aux occupants anciens, construits en briques, plâtre
La population du centre-ville est très d’assumer l’entretien des parties et bois, essentiellement situés dans
stable. Il semble que la moitié des communes de leur patrimoine, et ce le district de Daun Penh, qui consti-
habitants au moins résident dans le même lorsqu’ils possèdent un titre tuent une partie importante du patri-
même immeuble depuis plus de dix de propriété en bonne et due forme, moine de Phnom Penh et qui contri-
buent à son charme et à son attrait.
La démolition des compartiments anciens s’accélère.
Les quartiers anciens
sont fragiles
A l’intérieur de ce centre-ville, la
partie la plus ancienne, qui corres-
pond à la ville urbanisée durant la
période coloniale, qui couvre
approximativement le district de
Daun Penh, possède des qualités
particulières qui constituent un
patrimoine architectural et urbain
important mais fragile.
Depuis le redémarrage de la
construction, au début des années
1990, ce secteur de la ville a subi des
transformations peu importantes si
on les compare aux mutations en
cours dans d’autres capitales asia-
tiques, mais, cependant, à l’échelle
de Phnom Penh, elles ont produit des
effets non négligeables sur le pay-
L’hôtel Royal est rénové depuis 1998. De nombreux bâtiments des années 1920 sage urbain et l’économie locale.
continuent de contribuer à la beauté de la ville. Les grandes parcelles encore non
bâties sont en train d’être construites
ou l’ont été très récemment.
Au sud du marché central, un super-
marché de cinq niveaux est venu
remplacer la gare routière.
A côté, le terrain occupé jusqu’en
1995 par le Théâtre chinois, puis
laissé à l’abandon est, depuis 2001,
totalement bâti. Deux rangées de
compartiments séparées par une
petite rue centrale y ont pris place.
Le terrain dit des « Glacières de l’In- les compagnies privées, de médiocre des espaces
dochine » est depuis cette année en tous les terrains dispo- publics, la dégradation des
chantier ; une série de comparti- nibles en centre-ville s’ac- immeubles et des édifices
ments de trois niveaux est en cours célère. Les terrains publics publics, et les formidables
de construction. se raréfient et la densité potentialités de dévelop-
Ces constructions ont en commun des constructions aug- pement que représentent
des densités semblables aux mente sans que les équi- un patrimoine architec-
immeubles les plus denses du pements publics se réali- tural important, des pay-
centre-ville et des hauteurs de sent dans le même temps. sages, des promenades et
construction qui restent similaires Or, si le réseau des rues et des jardins de grande
à celles des bâtiments voisins, à l’ex- boulevards a des capacités suffi- qualité, la présence majestueuse du
ception de quelques rares pro- santes pour desservir correctement Mékong et le dynamisme de la popu-
grammes dont celui situé au sud du de nouvelles constructions, en lation.
marché central qui dépasse nette- revanche, les services publics et les Le programme de réhabilitation du
ment le vélum des immeubles entou- équipements de proximité sont centre-ville a pour objectif de per-
rant le marché. d’ores et déjà insuffisants pour satis- mettre à la municipalité de disposer:
Cependant, si le volume des construc- faire les besoins de la population 1. D’un programme de travaux plu-
tions change peu, de nouvelles archi- résidante. Les écoles, notamment, riannuels sur les espaces publics ;
tectures apparaissent, inspirées par sont très surpeuplées, les centres de 2. D’un guide pour le développement
les grands supermarchés et les santé trop peu nombreux, les mar- des projets d’équipement du centre-
grands hôtels des capitales asia- chés surpeuplés. ville.
tiques ; les façades se couvrent de Pour chacun de ces équipements, une
colonnes cyclopéennes, de coupoles La réhabilitation fiche ou un dossier de faisabilité du
bleues, de façades en verre fumé, de du centre-ville projet sont élaborés par les services
corniches et d’imposants auvents, de Ce constat des difficultés du centre techniques municipaux en parti-
balcons ventrus et de rambardes aux ancien a servi de base à la définition culier par le Bureau des affaires
balustres moirés. d’une série d’actions coordonnées urbaines, certains de ces dossiers ont
La tendance à la construction, par qui prennent en compte à la fois l’état d’ores et déjà été constitués et pré-
1. Le programme de réhabilitation
des voies publiques
Les rues de ce secteur de la ville sont
globalement en mauvais état, à l’ex-
ception des abords immédiats du
marché central, du boulevard Noro-
dom et de certains tronçons du quai
Sisovath.
L’ensemble des rues entre le bou-
levard Norodom et le fleuve sont à
refaire dans leur totalité. Il en est
de même pour les trottoirs. Or ce
sont les rues les plus fréquentées de
la ville, chaque jour, mais aussi lors
3. La politique de développement
du tourisme
Phnom Penh est une ville potentiel-
lement touristique mais elle souffre
de handicaps certains par rapport
aux autres villes de la région qui
possèdent les mêmes caractéris-
tiques.
Aujourd’hui, la ville est totalement
inadaptée au tourisme urbain qui Le nouveau marché O’Russey.
nécessite des hôtels répondant aux
standards de confort internationaux, et l’entretien des ouvrages rénovés. blement à leur destruction et à leur
des rues dans lesquelles on peut se Il s’agit donc : transformation en zones de bureaux
promener, un réseau d’informations – d’améliorer les conditions de vie et, en revanche, une densification
dans et hors du pays sur les visites dans les immeubles anciens ; extrême des zones d’habitat dans les
possibles, des opérateurs qui encou- – d’encourager la restauration du districts extérieurs. Ce sont ces phé-
ragent les touristes en faisant preuve patrimoine bâti privé ; nomènes que l’on a vu se produire
d’imagination sur les programmes – de mettre en place un outil de ges- à Jakarta ou à Bangkok durant les
de séjour et ne vendent pas seule- tion des constructions ; trente dernières années, avec pour
ment la visite du palais royal et – de contribuer au développement conséquences une congestion urbaine
d’Angkor Vat. économique de la ville et au déve- très grave et une extension de l’ag-
Trois types d’actions spécifiquement loppement du tourisme urbain par glomération urbaine démesurée.
destinées à une meilleure gestion le renforcement de l’attractivité du Phnom Penh n’en est pas là, loin s’en
du tourisme sont possibles : centre ancien faut, elle a la chance de ne subir
– développer l’accueil et l’informa- aujourd’hui ni forte pression démo-
tion par la création d’une « Maison Que va-t-il se passer demain? graphique ni exode rural massif,
du tourisme » ; Beaucoup reste à faire mais il c’est pourquoi il nous a semblé
– améliorer l’équipement hôtelier ; semble que Phnom Penh soit en important de commencer ce travail
– aménager des sites touristiques train d’entrer dans une phase active de définition de projet sur ces quar-
urbains. de son développement, moment où tiers qui bordent le Mékong et le
la mise en place d’outils de gestion Toulé Sap, sur ce site si chargé d’his-
4. Le programme d’amélioration et l’élaboration de projets sont toire, entre palais royal, pagodes et
de l’habitat importantes pour orienter ce déve- fleuve majestueux.
Nous avons tenté de définir un pro- loppement. Christiane Blancot
gramme d’amélioration de l’habitat L’enjeu est bien,ici, de mettre en
1/ Le centre ancien correspond approximativement
dans les immeubles anciens car il est œuvre des politiques pour amélio- au district appelé « khan Daun Penh »
certain que la protection du patri- rer les conditions de vie de la popu- 2/ Nous englobons dans cette catégorie l’ensemble
des trois autres districts urbains : O’Russey, Cham
moine architectural et urbain est un lation et soutenir les activités éco- Kar Mon et Tuol Kork.
des éléments essentiels de toute poli- nomiques afin que le centre reste 3/ Les boengs sont de petits lacs naturels situés
dans les parties non remblayées de la ville,
tique de réhabilitation de centre un quartier vivant, capable de alimentés par des canaux de drainage des eaux
ancien, si l’on ne veut pas voir dis- conserver ses habitants, y compris usées et des eaux pluviales. Ils servent également
de bassins de stockage des eaux durant la saison
paraître peu à peu ce qui fait la les pauvres, et de faire en sorte qu’ils des pluies.
4/ Il s’agit essentiellement de baraquements en
richesse et la particularité de ces lieux. profitent du développement qui s’y bois divisés en chambres de 15 m2 dans lesquelles
De même, la stabilité des habitants amorce. s’entassent 5 personnes sans toilettes ni point
d’eau intérieur ; un W.-C. pour 20 chambres est
et leur attachement au patrimoine Faute de quoi, la dichotomie entre installé à l’extrémité des baraquements et les
bâti qu’ils occupent sont les garan- centre et périphérie risque de s’ac- cabines de douche sont constituées de quatre
plaques de tôle ondulée et raccordées à une jarre
ties de bonne fin d’une politique de croître, le départ de la population d’eau par un tuyau en caoutchouc.
réhabilitation des bâtiments d’ha- vers les districts extérieurs risque de 5/ C’est le cas notamment des terrains des
ambassades de Thaïlande et du Japon.
bitation privés tant il est vrai que s’amplifier, avec pour conséquences 6/ On entend ici par « centre-ville », les districts de
Daun Penh et Pram Pi Makar dans leur ensemble,
l’investissement affectif et financier une spéculation effrénée sur les ter- le nord du district de Cham Kar Mon, le district
des habitants garantit la pérennité rains du centre amenant inélucta- de Tuol Kork, à l’exception du Boeng Salang.
Rues et trottoirs
Analyse
cartographique
Les chaussées
A partir des fiches d’enquête, les
données ont été transcrites sur une
carte qui montre la gradation des
différents défauts relevés sur le ter-
rain, en fonction de la nature et de
l’importance des travaux à réaliser.
aux chaussées : 61
finances
92
le Phnom
98
■ Résister aux effets du roulage et 96 19
100
club poste
E
■ Subir les variations journalières Mi.des
Mi.des
41
telecom 106
108
d’hygrométrie.
armee
106
M
térieur. e
commerce
Mi.du
l’exécution. douane
banque
nationale
130
KHEMERAK PHOUMEN
136 13
M
■ Le terrain naturel dressé et com-
144
67 19
pacté.
128
Mi.de
l'indus.
148 M
Musee
E
154
rains argileux.
police de
l'armee
Bd
3
107
H
Bd MONIVONG
ou rigide). 172
E
■ La couche de roulement et d’étan- 174
19
E
visibles en surface de la couche de 111 170 E Bd NORODOM
roulement : Mi.de
180
E
PALAIS ROYAL
182
hotel
94
H
le Phnom EDC
hôtels ou commerces ; lieux de vente
avec installation d’étalages ou lieux
Royal
rie
92
98
100
96
club
51
19
poste de réparation voire même d’entre-
posage (groupes électrogènes, maté-
sportif
102 104
E 41
armee
radio
Mi.du
aucun passage pour les piétons.
commerce
118
H
banque
130
L’eau stagnante
Il s’agissait de relever les points
nationale
douane
5
police
Bd
KHEMERAK PHOUMEN
15
136 13
d’eau résiduels sur la chaussée ou
107
67
53
130
19
144 M dans les caniveaux. Les pluies
128
Mi.de
durant la période d’étude (mois
148 M
l'indus.
E
d’avril) ne sont que très rares. Seules
51
154
deux pluies ont eu lieu pendant cette
63 prison
l'armee
217
H
Bd
3 eaux de lavage. Elle traduit l’acti-
107
Bd MONIVONG
172
vité de la ville et les difficultés liées
E 19
à l’évacuation des eaux.
174
La carte montre les zones où cette
168 178
Palais Royal eau n’est pas évacuée par le réseau
E
d’assainissement.
S
E Bd NORODOM
111 170 E
180
PALAIS ROYAL
Cette eau n’est pas évacuée car :
E
Mi.de
la
184
– elle reste dans les « nids-de-
182
culture
AF
200
poule » ou dans des dépressions de
208
chaussée désagrégée, sous le niveau
198
240
7
normal de la voie ;
51
214
– les avaloirs sont inexistants ou
63
bouchés ;
Etude-diagnostic des rues, du Phnom au palais royal – avril 2001.
Relevé de l’état des chaussées.
Le réaménagement
des marchés1
Psar Thmey, Psar Kandal
et Psar Chaas2
Les 11 marchés officiels de la ville d’un revenu de subsistance. Si l’état ensuite acheminées par cyclo-pousse,
accueillent environ 14 000 vendeurs de sursaturation compromet gra- motos ou moto-dop s7. Les livraisons
auxquels s’ajoutent 17 marchés vement la santé publique et la pra- par voitures et camions sont très limi-
informels6 dont l’implantation sup- tique commerciale, le surpeuple- tées, ce qui permet d’éviter les
plée à l’insuffisance des installations ment de ces zones commerciales et encombrements. Les denrées péris-
officielles. la précarité de leurs aménagements sables sont souvent produites dans
On dénombre 2 962 stands à Psar les rendent souvent insalubres et les environs de Phnom Penh et ven-
Thmey dont 113 informels, 1 333 peu fonctionnels. dues directement par les paysannes.
stands à Psar Kandal dont 459 infor- La plupart des marchandises impor-
mels et 837 à Psar Chaas dont 253 tées de Thaïlande, de Singapour, du Caractéristiques des trois marchés
informels. Les stands ont des tailles Vietnam arrivent par le port inter- et problèmes de fonctionnement
très variables, de 40 x 60 cm, à national de Phnom Penh puis sont Psar Thmey est un bâtiment emblé-
8 x 15 m pour les restaurants. distribuées par les grossistes direc- matique, un monument de l’archi-
La situation matérielle des marchés tement sur les marchés ou déchar- tecture moderne. Le marché a été
reflète l’état de surpopulation et de gées sur les marchés de gros, Chba inauguré en 1937. C’est un modèle de
pauvreté de la ville. Beaucoup de Ampou et Dang Kor, ouverts 24 rationalisme affirmé par une struc-
marchés sont agrandis par une mul- heures sur 24 et situés en périphé- ture en béton armé exceptionnelle.
titude de petits détaillants en quête rie de la ville. Les marchandises sont Son plan est cruciforme avec une cou-
soleil ou aux eaux de ruissellement, viales importantes pendant la mous- tion de stands et l’expulsion du mar-
des balcons ou des auvents au niveau son, l’évacuation des eaux usées et de ché des commerçants les moins
des planchers, des claustras en réaliser une fosse sceptique pour riches, notamment des vendeurs de
façades, une hauteur sous plafond chaque bloc sanitaire. Les systèmes produits alimentaires.
suffisante, un libre passage de l’air à d’évacuation doivent rester facilement
l’intérieur des bâtiments cloisonnés accessibles et s’intégrer aux compo- Prescriptions particulières
par des claustras, l’utilisation de plan- sitions architecturales des bâtiments. pour la mise en valeur du marché
chers ajourés et des fentes de toiture Un local fermé est nécessaire pour central, Psar Thmey
protégées du soleil. le stockage des bennes à ordures de Le bâtiment
Le projet devra chercher la meilleure chaque marché. Des corbeilles à Elément important du patrimoine
protection possible contre le soleil et détritus devraient être posées en cambodgien, il convient de le réha-
la pluie et la plus grande perméa- priorité aux abords des marchés biliter le plus fidèlement possible au
bilité au vent, comme cela existe à et,pourquoi pas, à l’intérieur des projet initial. A ce titre, l’ajout de mez-
Psar Thmey. marchés. L’organisation de la col- zanines, même réduites, à l’intérieur
Une attention particulière sera por- lecte des déchets devra être discu- du bâtiment est à proscrire. L’en-
tée à la ventilation verticale, surtout tée avec les commerçants. La réali- semble du bâtiment devra être ravalé
si le projet prévoit des constructions sation d’une cale frigorifique incluse et le revêtement de sol, changé. Les
en étages. La réalisation d’une dalle dans le marché est à envisager. claustras seront restaurés et les
pleine en toiture, sans ventilation Enfin, assurer l’évacuation des vitrages endommagés, remplacés.
haute, n’est pas souhaitable. occupants est d’autant plus impor- Les réseaux d’eaux pluviales, d’eaux
tant que les moyens de lutte contre usées, d’eau potable ainsi que le
La qualité des stands les incendies sont faibles. Si les mar- réseau électrique étant obsolètes, ils
Un travail est à mener sur les stands chés sont construits avec des étages, doivent être redimensionnés, et un
de manière à les rendre plus confor- ils doivent être munis d’escaliers en deuxième bloc sanitaire sera réalisé.
tables et fonctionnels pour les ven- nombre suffisant débouchant direc- En effet, il existe seulement trois
deurs et plus esthétiques pour l’har- tement sur une rue large. points d’eau et un bloc sanitaire, et
monie du marché. Une typologie est l’évacuation des eaux de lavage par
à concevoir selon la nature des pro- La nécessité de concerter les caniveaux fonctionne difficile-
duits vendus (boucherie, tissus…), La rénovation des marchés ne peut ment. Enfin, le réseau électrique est
avec un local pour le stockage des se faire dans de bonnes conditions limité puisqu’il n’existe qu’un seul
marchandises. qu’avec l’accord et la participation compteur électrique suppléé par un
des commerçants. Il convient de les générateur fonctionnant au mazout.
L’hygiène et la sécurité incendie associer à tous les stades de l’éla-
La salubrité des marchés est une boration du projet. Le recours à un Le marché extérieur
question essentielle. prêt international pour la rénova- Il conviendrait de réorganiser les
Il conviendra de refaire le réseau tion des marchés, tel que cela a été stands de manière à améliorer les
d’alimentation en eau potable inté- réalisé avec l’AFD, est une solution cheminements et à mettre en valeur
grant une multiplication des points durable qui devrait permettre d’évi- le bâtiment. Deux solutions sont donc
d’eau, l’évacuation des eaux plu- ter l’augmentation des prix de loca- envisageables : diminuer le nombre
Psar Thmey, plan de l’état existant avec le relevé des stands – Apur, 2001. Principe d’implantation des stands extérieurs.
Psar Kandal, plan de l’état existant avec le relevé des stands – Apur, 2001
Psar Chaas, plan de l’état existant avec le relevé des stands – Apur, 2001.
dures fermé et un bloc sanitaire dans le rez-de-chaussée en réalisant des d’eau situé au niveau du bloc sani-
chaque îlot ainsi qu’une grille fer- allées de 2 m de large au minimum. taire, à partir duquel un tuyau en
mant le marché. Les réseaux doivent La toiture devrait également ména- plastique peut être branché vers les
être entièrement repensés. Un réser- ger des ouvertures et des ventilations. stands.
voir d’eau se trouve devant le bureau La façade, très ajourée, devrait déve-
du marché en cas d’incendie mais les lopper une architecture semblable Propositions
problèmes d’étanchéité et le manque sur les quatre côtés du bâtiment pour les espaces publics
de pression rendent le système inopé- avec une structure porteuse appa- Le réaménagement des marchés
rant. Afin de pallier l’absence d’éclai- rente. Les entrées clairement expri- nécessite une requalification de leurs
rage public, les vendeurs du marché mées seraient localisées aux angles abords.
matinal s’éclairent à la bougie. et au centre du bâtiment et les
espaces communs éclairés en privi- Améliorer l’assainissement
Prescriptions pour légiant la lumière naturelle. du secteur
la rénovation de Psar Chaas Les sols traités avec des matériaux Les travaux importants pourraient
Psar Chaas est situé au centre d’une pérennes doivent être nivelés et comprendre le curage de l’ensemble
place dont les contours sont extrê- équipés d’un système de drainage des réseaux, la réparation des
mement lisibles, bordée de bâti- pour évacuer les eaux de nettoyage regards et la pose de grilles pour évi-
ments assez homogènes. Le projet du marché. ter l’entrée du sable, des gravats et
pourrait comprendre la création Le rez-de-chaussée pourrait accueil- des ordures qui obstruent le réseau.
d’un nouveau bâtiment dont l’ar- lir l’alimentaire. Les coiffeurs, la Des regards d’accès direct sont à réa-
chitecture serait caractéristique d’un maroquinerie, le tissu ou le ma- liser dans la rue 13 qui accueille les
marché. Un projet de grande qua- quillage pourraient s’installer à canalisations principales du secteur.
lité architecturale pourrait valori- l’étage, mais il est également possible Le fonctionnement du drainage vers
ser le site. Si l’existence d’une halle d’y installer des restaurants comme le fleuve et la capacité des déversoirs
métallique était confirmée vers au marché Olympique. Les réseaux d’orage sont à expertiser, tout
1920, elle pourrait servir de réfé- nécessitent d’être complètement comme l’écoulement des eaux usées
rence architecturale au projet. refaits en raison de leur obsolescence. en aval de la zone, notamment dans
Le niveau du rez-de-chaussée devrait Il existe aujourd’hui un seul point le collecteur principal.
être très ouvert et ménager une Le garage des mobylettes. Le portique autour de la place de Psar Thmey.
emprise libre de dégagement de part
et d’autre de la façade. Un grand rez-
de-chaussée de 6 m de hauteur et une
éventuelle mezzanine partielle pour-
raient être recommandés. Cette mez-
zanine ne doit pas être accolée aux
façades du futur bâtiment afin de
garantir une ventilation naturelle
optimale. La réalisation d’une mez-
zanine partielle permettrait d’aérer
Diminuer la circulation automobile gnement sont ainsi proposées sur marché ainsi que le réaménagement
autour du marché central les voies diagonales menant au mar- des rues 154, 118 et 51 devraient
Les voies bordant le marché souf- ché central, ce qui permettra de être réalisés dans cette première
frent de l’intensité de la circulation structurer le paysage et de mettre en phase.
routière et donnent une impression perspective le bâtiment depuis le bou- 2. Amélioration du réseau d’assai-
d’isolement du marché au centre de levard Monivong, ainsi que sur la voie nissement du secteur de Psar Kan-
la place. Les traversées piétonnes est / ouest 154, déjà en partie plan- dal puis rénovation de Psar Kandal.
sont malaisées, voire impossibles à tée. Enfin, la plantation de véritables Les voies bordant Psar Kandal ainsi
certaines heures. Aussi, afin d’amé-
liorer l’ambiance générale de la Proposition d'intervention sur l'espace public
place et son accès, il est proposé de réfection des voies diminution de la amélioration des
réfection des voies circulation automobile traversées piétonnes
réduire la chaussée des deux voies aux abords des marchés mises en perspective
plantations d'alignement
diagonales et des voies bordant le éclairage public sur Psar Thmey
marché et de déplacer les gares de
taxis et de bus en direction de la pro-
vince. Par ailleurs, réaliser la réfec-
tion de la voie nord / sud 51 (paral-
lèle aux boulevards Monivong et
Norodom) et des voies est / ouest 118
et 154 reliant le boulevard Monivong
au Tonlé Sap permettra de mieux
écouler le trafic.
le cas spécifique du Cambodge, elles (Association of Southeast Asian disponibles à lancer de nouvelles
montrent une progression régulière Nations) ou entre la CNTA1 et le initiatives. Il est de plus en plus
des flux, au sein d’un système glo- ministère du Tourisme cambodgien souvent demandé aux opérateurs
balement plus compétitif. pourront favoriser aussi l’arrivée de locaux de fournir seulement le ser-
touristes. vice hôtelier et non une gamme plus
Le Cambodge, Il s’agit donc de données positives, complète de services. A ce propos,
une destination secondaire qu’il faut mettre en perspective avec il faut rappeler que la plus grande
Les informations disponibles met- les limites qui caractérisent encore part des composantes du secteur
tent en évidence que les 600 000 le tourisme au Cambodge. Le pays touristique – structures hôtelières,
arrivées par an au Cambodge sont reste un produit touristique à voca- services touristiques et fourniture
loin d’être comparables aux 8 mil- tion culturelle ou d’aventure, mais de produits alimentaires aux hôtels
lions de visiteurs par an en Thaï- plus coûteuse que dans des pays – est encore fortement contrôlée et
lande ou aux 5 millions qui se ren- similaires. Il n’est pas perçu comme tenue par des entrepreneurs et des
dent en Indonésie. Ces chiffres sont pouvant accueillir le tourisme de investisseurs étrangers, particuliè-
également loin du nombre de tou- masse et apparaît comme une des- rement thaïlandais, malaisiens et
ristes qui visitent le Vietnam ou le
Laos, pays pourtant proches, dont
l’attractivité et les potentialités tou-
ristiques sont comparables et qui,
eux aussi, ont connu le désastre de
la guerre dans les années 1970 et
un difficile processus de recons-
truction.
Le tourisme au Cambodge a
démarré très tard, il y a seulement
cinq ou six ans, mais désormais, il
entre dans une phase de change-
ments rapides. Nonobstant la crise
économique des pays asiatiques de
la fin des années 1990 et les effets
négatifs du 11 septembre 2001, le
système touristique cambodgien
commence à fonctionner et à croître
spontanément.
Plusieurs phénomènes vont per-
mettre une augmentation soutenue
et continuelle des flux de touristes
L’esplanade du palais royal, le jour de la fête des Eaux.
vers ce pays dans un futur proche :
l’augmentation globale du tourisme
en Asie, la stabilité politique, une tination indirecte, secondaire, de singapouriens. Seulement 10 à 20 %
promotion plus efficace et mieux transit pour ceux qui ont choisi la du revenu produit par ce secteur
ciblée du pays qui présente un inté- Thaïlande, le Vietnam ou le Laos reste au Cambodge, en dépit de son
rêt grandissant pour les touristes, comme destinations principales importante capacité à créer des
la multiplication des liaisons d’un séjour organisé. emplois (environ 100 000 nouveaux
aériennes grâce à l’ouverture inter- Le séjour moyen du touriste tend à postes de travail en 1998) et à pro-
nationale des aéroports, notamment raccourcir, par conséquent les duire des retours positifs pour l’éco-
de celui de Siem Reap, les travaux dépenses moyennes par personne nomie du pays, qu’ils soient directs
en cours pour améliorer les liaisons diminuent également. Les opéra- ou indirects.
routières avec les pays limitrophes teurs travaillent désormais toute
(Bangkok n’est qu’à 300 kilomètres l’année et perçoivent un bon ren- Caractéristiques
d’Angkor), la rénovation des routes dement sur leurs investissements. du secteur touristique
du pays qui facilite les déplacements Ils se sont adaptés aux principales Les informations délivrées annuel-
sur de courtes ou de moyennes dis- exigences d’un tourisme qui lement par le ministère du Tourisme
tances, la redécouverte du Mékong demande de plus en plus de qua- montrent les caractéristiques du sec-
comme axe de liaison avec le Viet- lité et d’efficacité et disposent désor- teur touristique au Cambodge et
nam. Avec la réfection de la route mais de structures et de capacité à particulièrement à Phnom Penh. En
entre Bangkok et Siem Reap, il est intervenir dans l’organisation des 2001, les arrivées au Cambodge ont
prévu d’atteindre le million de visi- flux. Mais ils montrent une faible atteint le chiffre de 604 919 unités,
teurs par an à Angkor. De même, capacité d’innovation, ils ne cher- montrant une augmentation de 30%
des accords politiques avec les pays chent ni nouveaux parcours ni nou- par rapport à l’année 2000. Ce flux
voisins dans le cadre de l’Asean veaux produits et se montrent peu touristique se répartit uniformément
et a atteint 133 688 unités en 2001. vices – bars et restaurants, bou- d’information et d’accueil organisé
On estime que, à partir de 2005, le tiques, lieux de divertissement, com- par le département du tourisme de
nombre de touristes arrivant direc- pagnies de transports. Il faut gar- la municipalité n’est pas à la hau-
tement à Siem Reap sera supérieur der à l’esprit que les dépenses teur de structures similaires dans
au nombre de touristes arrivant à hôtelières représentent 33 à 35 % d’autres villes et ne satisfait pas aux
Pochentong2. du budget d’un touriste. demandes des visiteurs.
Par rapport au séjour moyen, qui Les déplacements d’un lieu à l’autre
tend à diminuer pour toutes les arri- Phnom Penh dans la ville sont impossibles à pied,
vées, et particulièrement à Phnom et ses touristes aujourd’hui limités en voiture à cause du nombre
Penh où le séjour dépasse rarement Des propositions d’itinéraires et de très restreint de taxis, et il n’est
une nuit par touriste contre trois visites diversifiés sont une des forces guère envisageable qu’un touriste
nuits il y a quelques années, la de tout système touristique orga- d’un âge moyen, souvent membre
dépense moyenne par individu dimi- nisé. Ici, il est inévitable d’obser- d’un groupe organisé, se déplace
nue. Dans la capitale, le nombre ver combien les propositions des d’un point à l’autre de la ville,
d’hôtels baisse, alors que dans les tour-opérateurs manquent de fan- comme la plupart des Cambodgiens,
autres villes, à Siem Reap mais éga- taisie et restent cantonnées autour en moto-dop3.
lement ailleurs, il augmente. Mais de l’indispensable visite du site Le Musée national et le Vat Phnom,
le nombre de chambres à Phnom archéologique d’Angkor, premier principaux sites touristiques de la
Penh reste constant ; ceci est prin- élément justifiant un séjour au Cam- ville, sont peu mis en valeur. Aujour-
cipalement dû à une politique de bodge. Le séjour à Phnom Penh est d’hui, chacun de ces lieux enregistre
modernisation des structures exis- toujours proposé comme partie d’un environ 3 000 visites par mois. Il est
tantes et de substitution des struc- voyage et non comme seule desti- probable qu’avec une publicité plus
tures obsolètes. La demande baisse nation. En général, les agences de importante et une meilleure orga-
et les standards hôteliers sont voyages excluent un séjour de plus nisation, mais aussi grâce à des
inadaptés à celle des touristes. Il ne d’une nuit à Phnom Penh et la pos- manifestations temporaires qui valo-
se crée pas de nouveaux hôtels plus sibilité d’itinéraires valorisant la riseraient l’histoire khmère et sa
coûteux, mais aux standards inter- ville; elles ne prévoient qu’une demi- culture, leurs revenus, tant directs
nationaux, avec un nombre de journée de visite des principaux qu’indirects, pourraient s’améliorer
chambres suffisant. monuments – le Vat Phnom, le très sensiblement.
Dans la capitale, le taux d’occupa- Musée national, le monument de Les rues commerciales destinées à
tion des chambres n’est pas très l’Indépendance, le musée de Tuol la clientèle des visiteurs sont insuf-
élevé car le nombre important d’ar- Sleng. fisantes et il y a peu de promotion
rivées à Phnom Penh est également Les activités touristiques de la capi- de l’artisanat local.
dû aux visiteurs qui viennent pour tale ne sont pas non plus convena- Phnom Penh offre aussi cependant
affaire ou pour retrouver leur blement valorisées. Là aussi, les la possibilité d’itinéraires culinaires
famille. Il s’agit alors de personnes tour-opérateurs témoignent de trop riches et variés. Tout doit être consi-
qui, probablement, sont hébergées peu de considération pour des sites déré comme une opportunité pour
par ces dernières ou des amis. ou des lieux qui, dans d’autres villes, le tourisme. Si les bars et pubs sont
La majeure partie des opérateurs sont très valorisés : les promenades
touristiques de la capitale se décla- caractéristiques, notamment sur le Un hôtel chinois derrière Vat Ounalom.
rent satisfaits de l’évolution du sec- fleuve, les marchés locaux, les
teur et attendent une évolution posi- scènes de rues…
tive de la conjoncture. Après des En réalité, Phnom Penh n’est pas
années d’attente, grâce à la stabi- une ville facile pour le touriste ; sa
lité politique actuelle et au maintien compréhension est compliquée, en
de la sécurité, les premiers résul- particulier pour un visiteur qui n’y
tats positifs sont perceptibles. Depuis reste que quelques heures .
que le Cambodge fait partie de Des lieux d’information et d’accueil
l’Asean, la situation hôtelière de manquent et les déplacements sont
Phnom Penh s’est améliorée car de difficiles. Aujourd’hui, le seul point
nombreuses délégations doivent être
hébergées en ville, ce qui est tout à L’hôtel Sunway, construit en 1998, tout près
du Phnom.
fait nouveau.
Ce secteur économique enregistre
des tendances au développement. Il
est clair cependant que, pour une
évolution positive de l’offre touris-
tique, le système hôtelier devra se
mettre en réseau avec les autres
opérateurs du secteur – agences de
voyages, organisateurs de visites –
et avec les autres structures de ser-
nombreux, il n’y a pas encore de une importance particulière. Ces ini- teur touristique ne peut se faire
lieux culturels collectifs – théâtre, tiatives, même si elles restent limi- qu’en symbiose avec les actions
cinéma, salle de concert – dotés tées dans leur dimension et leur menées par le gouvernement, lequel
d’une programmation régulière et importance économiques, peuvent œuvre à une amélioration des
adaptée. jouer un rôle dans la mise en valeur compétences, à la promotion du Cam-
Les fêtes traditionnelles, au moins des opportunités touristiques et faci- bodge, gère l’offre et la demande, les
la fête des Eaux et la fête du Nouvel liter les projets de requalification services existants, les apports finan-
An khmer, riches de symboles et de urbaine et de développement de ce ciers et les acteurs des interventions.
significations, ne sont pas encore secteur économique. Le Plan national de développement
perçues comme des événements tou- La réussite de chaque action mise du tourisme du Cambodge, préparé
ristiques. en œuvre, en dehors des domaines par le ministère du Tourisme en col-
Aujourd’hui, pour aller visiter des du commerce et de l’information, laboration avec le programme des
sites très attractifs des alentours de dépend dans une large mesure du Nations unies pour le développe-
la ville comme Oudong4, à 30 kilo- succès des politiques de rénovation ment de l’organisation mondiale du
mètres au nord, ou Tonlé Bati5, à du patrimoine historique et des tourisme dès 1996, constitue encore
35 kilomètres au sud, ou bien pour quartiers dégradés, c’est-à-dire de aujourd’hui la référence des actions
se rendre à Siem Reap, à Kompong l’amélioration de la qualité de la des autorités gouvernementales et
Cham ou à Chau Doc au Vietnam en ville. municipales. Il nécessite une actua-
bateau pour découvrir le Tonlé Sap Il est donc nécessaire de mettre en lisation qui devrait intégrer les
et le Mékong, les touristes n’ont que relation les actions pour le déve- demandes formulées par les opéra-
des services privés de qualité loppement touristique et les grands teurs privés qui souhaitent un sou-
médiocre, des véhicules mal entre- programmes de modernisation et de tien continu et efficace du secteur.
tenus ou usés et des routes en mau- développement des services urbains Aujourd’hui, le tourisme est consi-
vais état. en cours et en projet. Parmi ceux- déré par le gouvernement cambod-
Les ports fluviaux ne sont pas encore ci, on peut souligner en premier lieu, gien comme un des six axes qui
organisés pour une utilisation tou- l’amélioration générale de l’état des concourent au développement accé-
léré du pays.
Dans cette logique, les propositions
d’intervention peuvent être résu-
mées selon trois objectifs : augmen-
tation de la demande touristique ;
augmentation de la production et de
la commercialisation des biens tou-
ristiques ; extension de la durée du
séjour. Ces objectifs doivent s’ap-
puyer sur des actions pour intensi-
fier la communication et le marke-
ting, pour créer de nouveaux lieux
consacrés au tourisme, pour amé-
liorer la qualité urbaine.
Pour obtenir des résultats dans une
situation de pénurie financière mais
en comptant sur un retour rapide
sur investissement, la municipalité
de Phnom Penh a pensé qu’il était
Le Musée national a peu évolué depuis sa création ; il abrite la plus belle collection d’art khmer. possible de mettre en œuvre plu-
sieurs actions :
ristique, sans lieux d’information, rues, la réfection des réseaux d’as- – pour une meilleure communica-
sans structures de services et d’or- sainissement et de l’éclairage public, tion, l’opération « Phnom Penh,
ganisation... et les nouvelles infrastructures, de la cité banale à la cité d’excel-
Il n’existe pas de points d’informa- digues et quais. En second lieu, il lence » consistera à réhabiliter la
tion présentant les spécificités et l’at- faut noter la valorisation du centre villa qui est le siège du département
tractivité des destinations d’arrivée. historique, notamment la restaura- du tourisme pour y installer un
Seuls l’hôtel Cambodiana et l’agence tion du Vat Phnom et la création des centre d’accueil des touristes au
Mékong Tour offrent un service jardins alentour, l’aménagement de Cambodge ;
organisé mais il est peu utilisé et mal la presqu’île de Chrui Changvar et – pour créer des espaces dédiés au
connu. l’organisation de promenades sur le tourisme, l’opération «Phnom Penh,
bord du fleuve, mais aussi l’agran- de la ville impraticable à la ville pour
Opportunités, dissement de l’aéroport internatio- le touriste » déclinera plusieurs réa-
initiatives et actions nal de Pochentong pour accueillir lisations : la réhabilitation de la rue
Dans le contexte actuel, la définition 1,3 million de passagers par an. 178 qui longe le Musée national, dite
de propositions d’intervention prend Le développement durable du sec- « rue des Arts » ; l’amélioration fonc-
La maison du tourisme
“
L’évolution de
l’urbanisme Relégué pendant une décennie à rapports entre les acteurs sociaux
intégrateur, c’est-à- l’arrière-plan des grandes orienta- et offre des alternatives en matière
dire une des figures de
l’urbanisme à pensée tions des bailleurs de fonds inter- de gestion urbaine.
faible, c’est qu’on ne nationaux, le développement urbain Ces nouveaux acteurs urbains, ainsi
part pas d’une notion s’impose à présent comme une des que l’évolution des politiques
de l’intérêt général,
qui est posé a priori, priorités de l’aide au développement publiques ouvrent de nouveaux
on part du doute, de au royaume du Cambodge. champs d’intervention et incitent à
l’humilité, de
l’incertitude et c’est Ces dernières années, la ville s’est s’orienter vers de nouvelles formes
cet intérêt général qui trouvée profondément bouleversée de projets urbains.
va être le produit par les effets combinés de l’accélé- Dans cette perspective, l’Unesco
d’une concertation
entre différents ration de l’urbanisation des districts Cambodge a proposé une action
périphériques, du poids croissant concertée et pilote dans la ville de
”
acteurs. 2
des migrations, de la mise en place Phnom Penh.
de la nouvelle loi foncière, de la poli- Depuis 2001, l’Unesco Cambodge
tique de décentralisation, et de l’ou- a développé un projet de recherche-
verture de l’économie à une éco- action dénommé Luceepp, (Local
nomie de marché. Urban Community Environment
Les pouvoirs publics et les services Pilot Project ), dans le cadre de son
techniques sont désormais obligés programme Most (Villes, gestion des
de renouveler leur approche et leurs transformations sociales et de l’en-
principes d’intervention, aidés en vironnement).
cela par l’émergence et le poids gran- Ce projet poursuit les objectifs du
dissant des acteurs locaux de la projet « Villes » de l’Unesco qui vise
société civile, notamment des mou- à encourager les initiatives locales
vements associatifs internationaux dans le but d’améliorer la qualité de
et cambodgiens, dans les débats sur vie et de promouvoir l’exercice de
les conditions de la vie urbaine. la citoyenneté en milieu urbain.
Cette nouvelle donne pose en des Ce projet s’inscrit dans une straté-
termes nouveaux la question des gie de lutte contre la pauvreté au
profit des populations urbaines les la municipalité, des districts, des Ils ont été sélectionnés selon les cri-
plus démunies. communes et de l’Unesco. tères suivants, eux-mêmes établis
A Phnom Penh, le projet Luceepp a Les projets sont réalisés par des en cours de projet avec les différents
pour objectif la promotion d’une entreprises privées, sélectionnées partenaires :
meilleure gestion de l’environnement par appels d’offres. ■ bénéfice pour les habitants du
et du patrimoine urbain dans deux Ces différentes interventions sont quartier ;
districts centraux de la capitale. formalisées dans un montage ins- ■ impact concret pour l’améliora-
L’un de ses objectifs spécifiques titutionnel original et contractuel tion de l’environnement ;
repose sur l’élaboration de micro- qui permet de garantir la respon- ■ intérêts et implication des autori-
projets d’amélioration de l’environ- sabilisation des acteurs pour la tés locales ;
nement en collaboration avec les bonne réalisation des microprojets ■ intérêts et implication des habi-
autorités locales, ici la municipalité à chaque étape, de la programma- tants du quartier ;
de Phnom Penh, et les habitants. tion à la maintenance des ouvrages. ■ implication possible, dans le suivi
Handicap International, ONG fran- et la maintenance du projet, des
çaise impliquée dans les projets de Les microprojets autorités locales et des habitants ;
développement urbain à Phnom du centre-ville ■ compatibilité avec les politiques
Penh depuis 1999, a été mandatée Depuis 2001, 17 microprojets ont et réglementations de la munici-
par l’Unesco pour apporter un appui été réalisés en centre-ville. palité ;
à la maîtrise d’ouvrage du projet
Luceepp, assurée par la municipa- emprise réhabilitée
emprise bâtie
lité de Phnom Penh.
La municipalité assure ainsi le pilo-
tage du projet tandis que la maîtrise
d’ouvrage opérationnelle incombe
à l’autorité communale.
En concertation avec les habitants,
les communes soumettent des pro- Rue Ch
icapol
L’exemple du quartier 10
dans la commune3 du Vat Phnom
L’enjeu du projet repose sur sa capa-
cité à apporter des solutions
concrètes à des problèmes précis
délimités dans le temps et l’espace.
Nous allons ici parler plus parti-
culièrement de l’un d’eux : « l’amé-
lioration des voies d’accès du quar-
tier 10 », quartier situé en proximité
directe de la colline qui incarne le
mythe fondateur de Phnom Penh, le
Vat Phnom.
Les conditions
de repeuplement de la capitale Après les travaux, la voie est devenue praticable. Le drainage est assuré par le nouveau collecteur.
Après le régime des Khmers rouges
durant lequel Phnom Penh a été
vidée de ses habitants, la ville s’est réseau d’eau potable soient instal- gonfler un peu plus le nombre d’ha-
peu à peu repeuplée. En 1979, des lés dans les rues du quartier. bitants de Phnom Penh.
réfugiés arrivant de tout le pays, A partir de 1989, sous les effets Ils seront moins chanceux que les
d’une culture essentiellement pay- conjugués du rétablissement de la premiers arrivants. Ils s’installeront
sanne, viennent s’installer à Phnom propriété privée et de l’ouverture dans les interstices ou dans les zones
Penh. Les immeubles sont alors du pays après les accords de paix urbaines où aucune spéculation ne
propriété de l’Etat. Il n’y a plus de de 1991, la ville va être soumise à prévaut (zones inondables, le long
réseaux d’eau, ni d’électricité et les une spéculation foncière gran- des chemins de fer, sur les toits des
égouts sont bouchés. dissante. immeubles…).
Des générateurs d’électricité seront Après les élections de 1993, l’émi-
mis en place en 1987 et l’eau cou- gration de la population cambod- Le quartier 10
rante sera établie en 1991. Mais il gienne vers la ville s’accentue. Le Les habitants du quartier 10 font
faudra attendre le milieu des années retour des réfugiés jusqu’alors can- partie des premiers arrivants. Depuis
1990 pour qu’un nouveau réseau tonnés dans les camps dans diffé- leurs provinces d’origine, Prey Veng,
d’électricité ainsi qu’un nouveau rents pays de la région va venir Kompong Cham, Kandal, ils sont
emprise réhabilitée
emprise bâtie Fiche résumée du projet
Objet: Réhabilitation d’une voie
d’accès et amélioration
du réseau d’égouts
dans le quartier 10
de la commune du sangkhat
Vat Phnom dans le district
de Daun Penh
icapol
Bénéficiaires: 1 063 habitants
Rue Ch
90 Budget: 1 624 $, subsides
fournis par l’Unesco
Quartier 10, district de Daun Penh, îlot ouest. Contribution: 150 $ de la part des acteurs
locaux (il s’agit d’une
contribution volontaire de
venus s’installer dans les années Avec le temps, le quartier s’est den- la part de familles
1980 dans ce qui était jusqu’alors la sifié pour accueillir de plus en plus commerçantes du quartier
base militaire de Sras Chak. d’habitants de façon plus ou moins un peu plus fortunées)
Les Autorités ont accepté cette oc- organisée. Durée: quatre mois
cupation et l’ont aujourd’hui légalisée. Les habitants se sont peu à peu Opérateur: entreprise privée
Ville royale, ville religieuse, grand est habité par des familles dont les
port fluvial du Mékong, Phnom Penh revenus ne permettent pas d’inves-
présente un riche patrimoine urbain tissements financiers importants. La
datant du XIXe siècle et de la pre- Ville n’a pas les moyens d’interve-
mière moitié du XXe. Après les évé- nir sur ce parc ancien de qualité qui
nements tragiques qui ont boule- a beaucoup souffert de l’abandon
versé son développement, les de la ville, de la vétusté des équi-
Cambodgiens ont retrouvé, en 1979, pements publics et de la pauvreté
une ville fantôme qu’ils se sont réap- des habitants à leur retour.
propriée lentement en occupant les
logements les plus sécurisés et les Une gestion chaotique
plus proches des lieux de travail. du parc ancien
Cette réinstallation par les villageois Un climat de méfiance entre voisins
s’est souvent faite dans une mécon- reste très lisible dans la vie quoti-
naissance de l’histoire et des usages dienne : les deux interviews pré-
des bâtiments laissés à l’abandon. sentées dans l’encadré page 110
Avec le retour progressif à une éco- témoignent des difficultés des habi-
nomie urbaine marchande, com- tants de Phnom Penh à vivre, au
ment est envisagé le devenir de ce quotidien, dans ces immeubles col-
patrimoine bâti par ses habitants ? lectifs. La priorité est d’éviter les
Quels mécanismes d’appui à la réno- conflits en préservant son indépen-
vation mettre en place pour rendre dance vis-à-vis de ses voisins. Ce
au cœur de ville de Phnom Penh une comportement individualiste crée
attractivité à la dimension d’une des situations inquiétantes : chaque
métropole du XXIe siècle ? Comment habitant préfère se raccorder indi-
faire d’une politique de réhabilita- viduellement à l’eau potable, plutôt
tion de l’habitat à Phnom Penh, un que d’engager collectivement une
levier de développement ? rénovation des montées d’eau. Les
façades et les couloirs d’accès sont
Une protection limitée aux actuellement zébrés de tuyaux en
bâtiments les plus prestigieux PVC, bleus, installés après la réno-
Depuis dix ans, l’économie de l’ha- vation complète du réseau d’eau
bitat a redémarré avec la remise en potable par l’aide internationale.
place de la propriété en 1989, l’ar- Les toits-terrasses des immeubles
rivée de l’administration de l’ONU construits dans les années 1960-
en 1991 et la reprise de la construc- 1970 sont occupés par de véritables
tion neuve concomitante d’une res- « villages urbains ». Ces squatteurs
tauration des espaces publics et de ne sont pas les plus pauvres ; venus
la création de nouvelles infrastruc- se loger à proximité des marchés les
tures. Les ensembles bâtis les plus plus importants, ils participent
prestigieux ont été restaurés en loge- activement à la vie artisanale et
ments ou reconvertis en bureaux. commerciale du quartier tout en
Ils sont pour l’essentiel occupés par préférant la sécurité des toits à l’ac-
les riches familles cambodgiennes, tivité de la rue. Des artisans-orfèvres
les représentants des organismes qui travaillaient, avant guerre, en
internationaux et les corps diplo- bordure du fleuve, à proximité du
matiques. Vat Ounalom et du palais royal, se
Mais le patrimoine bâti des sont installés avec leurs familles sur
immeubles antérieurs à 1970, qui les toits-terrasses. Ces toits sont de
constitue l’essentiel de l’enjeu de véritables assises foncières décou-
rénovation urbaine de Phnom Penh, pées en « lots » vendus par les pro-
Un marché immobilier
déséquilibré
La valeur du bâti est directement
fonction des perspectives de plus-
values d’une activité commerciale.
Le rez-de-chaussée est très valorisé
par sa fonction de commerce ou / et,
fait récent, par sa fonction de garage
pour les motos et les voitures. Le
premier étage conserve une valeur
marchande car il est souvent l’ha-
bitat de la famille qui tient le com-
merce. Mais plus on monte dans les
étages, plus la valeur immobilière
des appartements diminue, le der-
nier étage étant le plus ingrat car le
plus mal équipé – l’eau y monte dif-
ficilement –, le moins protégé des
fuites du toit et le plus exposé aux
problèmes de voisinage. Néanmoins,
le malheureux propriétaire peut
trouver une compensation dans la
vente de la superficie de son toit-ter-
rasse et l’autorisation de raccord de
son appartement au réseau d’eau.
Les appartements des étages élevés
sont tellement dévalués que les
agents immobiliers préfèrent vendre
une unité immobilière prenant en immeubles
sélectionnés
compte l’ensemble des niveaux au- phase 1
dessus d’un même rez-de-chaussée
plutôt qu’un appartement. rue 13
+ adjacentes
La valeur immobilière s’évalue habi- à réhabiliter
tuellement par rapport au rende- projet AFD
ment locatif, or, il n’existe pratique- réhabilitation
des marchés
ment pas de contrats de baux écrits
bâtiments
entre locataires et propriétaires, publics
faute de généralisation du statut de
Le site pilote du projet : huit immeubles le long ou à proximité immédiate de la rue 13, l’une des
propriété. Les engagements des deux plus anciennes rues de Phnom Penh.
parties sont verbaux et la prise en
charge des travaux d’entretien et de du certificat d’immatriculation : appartement que celui d’une mai-
réparation du logement se négocie 10,3 $ le mètre carré pour des son individuelle. La référence à l’as-
au coup par coup entre le proprié- bâtiments existants (ceci est une sise foncière s’exprime en millièmes,
taire et le locataire. Le chef du quar- moyenne qui varie fortement selon la propriété des parties communes
tier joue le rôle d’arbitre en cas de l’implantation et la fonction du bâti) est à séparer clairement de la pro-
conflit entre « copropriétaires ». et 3,4 $ le mètre carré pour des ter- priété des parties privatives. Les
rains. La superficie moyenne d’un notions mêmes de parties privatives
Un statut fragile de la propriété logement étant d’environ 50 m2, le et parties communes demandent à
Malgré la loi rétablissant la propriété coût d’un certificat d’immatricula- être adaptées aux modes de vie cam-
privée en 1989, l’obtention du titre tion est de 500 $, soit deux à trois bodgiens, notamment pour les cou-
reste essentiellement limitée aux mois de revenus d’une famille habi- loirs et coursives dont on constate
propriétés d’État et aux grandes tant à Phnom Penh ou encore 0,5 à la privatisation, la transformation
propriétés individuelles privées. 1% de la valeur immobilière de l’ap- en cuisines ouvertes ou, à l’opposé,
Cette situation s’explique par le partement. les statuts de passage public et de
manque de moyens de l’adminis- Enfin, il est beaucoup plus difficile lieu de commerce.
tration cadastrale et aussi par le coût de définir le statut de propriété d’un Faute de statuts de propriété clai-
rement définis et d’une consolida- La récente consolidation du système Rue 13 et Rue 102
tion des liens de voisinage, la valeur
résidentielle immobilière reste une
valeur résiduelle qui n’engage pas
bancaire ouvre de réelles opportu-
nités de refonte du financement de
l’habitat et de son amélioration,
Bâtiment n°1
les occupants à s’investir dans un s’appuyant notamment sur l’expé-
entretien de leur patrimoine bâti. rience des MFI (Micro-Finance Ins-
titutions) et des banques spéciali-
Quelle stratégie de revalorisation sées en matière de microcrédit. Dans
de l’habitat? un pays en pleine reconstruction de
Avec le retour à une économie mar- son tissu économique, il devient
chande, les habitants bénéficiant d’un envisageable de réfléchir à des
travail dans la fonction publique, le mécanismes bancaires fondés sur
commerce ou les services investis- l’épargne.
sent dans la réhabilitation de leur En 2001, le microcrédit concernait
habitat, et ce malgré le défaut de 450 000 emprunteurs et 200 000
règles de copropriété, pour amélio- épargnants, soit un montant total
rer la sécurité et la salubrité des par- de 36,5 millions de dollars de prêts
ties communes des immeubles. Avec pour un montant total d’épargne de
l’émergence d’une «classe moyenne» 3,9 millions de dollars répartis entre
urbaine, est-il possible d’imaginer la neuf opérateurs bancaires issus du
mise en place de prêts à l’améliora- crédit solidaire rural. Quatre d’entre-
tion de l’habitat ? eux acceptent de relever le « défi
M. Lem, 50 ans, chef avec les enfants des quand les gens des
du quartier de Boeng étages supérieurs qui étages supérieurs
Reang, district de Daun jettent des ordures en arrosent leurs plantes
Penh, Phnom Penh : bas.
” sur leur terrasse, les
“
Les problèmes les gens d’en dessous se
plus fréquents M. Leng, 38 ans, plaignent. Ils vont
regardent les policier, Phnom Penh chercher le chef du
“
constructions A Phnom Penh, il quartier qui convoque
nouvelles. Il y a un ou y a surtout des celui qui a créé le
deux cas par mois. En problèmes liés à la problème. Il demande
1979, les gens ont construction, comme sa version des faits au
occupé les maisons par exemple un toit fautif et lui fait signer
qu’ils trouvaient. nouveau qui se une lettre de promesse
Jusqu’en 1993, prolonge sur le terrain de ne plus
plusieurs familles du voisin. Durant la recommencer. Si le
partageaient un même saison des pluies, l’eau conflit continue, le chef
immeuble ou un même s’écoule chez le voisin. du quartier peut
appartement. Puis il y a Il y a aussi des demander à la police de
eu un développement maisons où chaque quartier d’intervenir,
économique. Les gens propriétaire d’étage comme par exemple
ont voulu avoir des construit un escalier pour aller sur la
propriétés individuelles individuel et en terrasse et confisquer
et ont commencé à interdit l’accès aux les plantes. Si le
construire partout, sur autres. Dans les propriétaire des plantes
les terrains, dans les immeubles, ceux des n’est pas d’accord, il Extensions à l’arrière sur l’emprise de la cour.
cages d’escaliers, sur étages du haut peut porter plainte au
les terrasses, sur les balaient les ordures district. Pour déposer Série de travées de façades sur rue : les modifications
toits. Maintenant, dans l’escalier une plainte écrite,
il y a beaucoup de commun et ceux des il faut payer entre
problèmes de étages du bas reçoivent 15 000 et 20 000 riels
voisinage. Par toutes les ordures sur (4 à 5 euros). Les plus
exemple, une nouvelle la tête. pauvres ne peuvent
construction bloque le Ils sont mécontents. pas payer, leur
passage de l’air et de Il y a des problèmes problème ne sera
la lumière d’un d’égouts. Quand un pas pris en
appartement et les tuyau d’évacuation
gens viennent se
plaindre ici. Les gens
est bouché ou s’il est
cassé plus bas, les gens
considération.
”
construisent des des étages du haut ne
étages supérieurs et veulent pas payer parce 1/ Etude anthropologique
arrêtent les tuyaux que le problème ne les sur les pratiques
traditionnelles et novatrices
d’évacuation de l’eau gêne pas directement. de prévention et de gestion
à leur niveau. Les Ils continuent à des conflits au Cambodge,
gens en dessous sont déverser leurs eaux réalisée pour le compte de
donc mécontents. Il y sales et les voisins sont l’Unesco par Fabienne Luco
a aussi des problèmes inondés. De même, en octobre 2001.
Plan du rez-de-chaussée.
Plan de l’étage.
Coupe transversale sur l’îlot. Détail de façade à l’angle de la rue 13 et de la rue 102.
des garde-corps, des fenêtres et des auvents confirment l’individualisation des unités d’habitat.
Plan du rez-de-chaussée.
rences cambodgiennes actuelles, rénovation urbaine, dans les secteurs Rue 15 et Rue 130
dans le respect de sa structure ori-
ginelle.
L’enjeu est patrimonial, il est aussi
de l’économie tertiaire, touristique
sans oublier l’économie sociale avec
la création d’un vrai parcours rési-
Bâtiment n°5
urbain. Phnom Penh retrouve pro- dentiel accessible au plus grand
gressivement sa place de capitale du nombre d’habitants de Phnom Penh.
Sud-Est asiatique en attirant les capi-
taux internationaux des pays de Mobiliser les habitants
l’Asean et les touristes du monde pour réhabiliter le parc ancien
entier. Une stratégie de valorisation Le système de crédit est fondé sur la
urbaine des quartiers centraux de mutualisation des risques entre les
la ville est devenue indispensable habitants d’un même immeuble et sur
pour conforter cette renaissance. un effort collectif financier en contre-
L’objectif est de consolider ces partie de dons et prêts internationaux
valeurs urbaines en contribuant à à la réhabilitation du bâti.
l’amélioration des conditions d’ha- Le principe du fonds est d’associer
bitat et à la valorisation économique dons internationaux et prêts aux
de son patrimoine urbain. familles en distinguant deux types de
Inversement, ce système de crédit travaux :
sera d’autant plus pérenne qu’il ■ les travaux de gros œuvre com-
accompagnera des dynamiques de prenant la reprise des structures du
Plan du rez-de-chaussée.
construits à Phnom Penh dans les années 1910. Les logements sont desservis à
bâti, du toit, des murs porteurs et génierie en matière de réhabilita- Rue 13 et Rue 178
des planchers ainsi que la remise en
état des réseaux, du système d’aé-
rations et la sécurisation des par-
tion : information et sensibilisation
à la préservation du patrimoine, dia-
gnostics d’immeubles, projets de
Bâtiment n°8
ties communes ; réhabilitation, devis des travaux,
■ les travaux de second œuvre assistance à la gestion des appels
comprenant la normalisation et la d’offres et contrôle des travaux réa-
modernisation des pièces humides lisés par le biais de la création d’un
– cuisine, salle d’eau, toilettes –, « label patrimoine de Phnom Penh ».
l’équipement électrique ainsi que la Les missions de l’agence sont aussi
reprise des murs et des sols. celles d’une structure d’accompa-
Les travaux de gros œuvre sont cou- gnement des familles dans la mise
verts par un don international en en place de la contribution solidaire,
contrepartie d’une contribution soli- par immeuble, aux travaux de réha-
daire de chaque famille de l’im- bilitation ainsi que dans le montage
meuble. Les travaux sur les parties du prêt individuel, le suivi du rem-
privatives sont pris en charge par boursement et la renégociation des
des prêts individuels dont les condi- conditions de prêts.
tions de durée, les taux d’intérêt et Cet opérateur technique et social a
le montant seront préalablement un statut public dans le cadre de
bonifiés dans le cadre d’un montage l’expérimentation mais les difficultés
financier s’appuyant sur l’aide inter- budgétaires d’une administration
nationale au développement. publique cambodgienne imposent
Le montage de ce système de crédit que l’agence se privatise au cours
demande une expérimentation dans de l’expérimentation. Un des objec- Ce bâtiment en béton armé occupe l’angle de la rue 178 et
le cadre d’un programme interna- tifs du programme est de la doter par un long couloir qui sépare les pièces humides des pièces
tional d’ingénierie financière et tech- des compétences nécessaires pour
nique dont la durée serait celle des mobiliser, sous contrôle de l’Etat,
remboursements des premiers prêts. ses propres fonds de mécénat insti-
tutionnel et devenir ainsi prestataire
Une politique publique de services auprès des particuliers
municipale et des entreprises souhaitant s’in-
La contrepartie de l’implication tech- vestir dans la stratégie de rénova-
nique et financière internationale tion de Phnom Penh.
est la prise en charge par l’Etat et L’accompagnement social des
la municipalité des actions sui- familles les plus pauvres demande
vantes : une implication directe de la muni-
■ l’engagement de gratuité des titres cipalité, en dehors de l’agence de
de propriété, la gratuité de la pro- réhabilitation. La mise en place d’un
tection des droits des locataires et fonds municipal de solidarité doit Cour collective du dernier étage.
celle de l’enregistrement des tran- être une des conditions principales
Le rez-de-chaussée est occupé par des
sactions immobilières ; d’intervention de l’aide internatio- commerces.
■ l’engagement de garantir le pos- nale afin que chaque habitant
sible maintien dans les lieux de tous conserve une capacité réelle à une
les occupants quelles que soient intégration économique et sociale
leurs ressources, par la création au cœur de la ville, clef majeure
d’un fonds municipal de solidarité ; d’une rénovation urbaine réussie et
■ l’embellissement des voies et pérenne.
espaces publics urbains, en liaison
avec les immeubles réhabilités ; Un parcours urbain
■ la création d’une agence de réha- comme site pilote
bilitation des quartiers anciens de Plus que des bâtiments, le périmètre
Phnom Penh. choisi comme site pilote privilégie
Cet opérateur technique constitue l’idée d’un axe reliant les différentes
la clé de l’ensemble du dispositif, expressions des valeurs urbaines de
véritable interface technique et Phnom Penh : la rue n° 13 (ex-rue
financière entre les habitants, les Ohier) est une des rues les plus
opérateurs bancaires locaux, l’Ad- anciennes.
ministration d’Etat et les institutions Le site pilote est un parcours urbain
internationales d’appui au dévelop- dont la dimension patrimoniale per-
pement. Les missions de cette met d’envisager sa valorisation tou-
agence sont celles d’un bureau d’in- ristique. La rue Ohier était une des
Plan du rez-de-chaussée.
Gérer la propriété:
loi foncière et fabrication
du cadastre
Historique foncière, générée par les conflits qui
Dans la tradition cambodgienne, se sont déroulés dans la région
c’était le roi, intermédiaire entre les depuis les années 1970 dont le point
hommes et le monde supranaturel, culminant a été la période durant
qui était le possesseur universel des laquelle le pays a été soumis au
terres, les paysans n’en ayant que régime des Khmers rouges (1975-
l’usufruit, dans le même type de 1979) : abolition de la propriété pri-
conception que la tenure foncière vée, collectivisation des terres,
en Europe à l’époque féodale. Dès déplacement des populations aussi
avant la période du protectorat fran- bien urbaines que rurales…
çais (1863-1954), la royauté avait Le processus de remise en place de
d’ailleurs instauré une dîme sur le la propriété privée au Cambodge a
produit de l’exploitation agricole. A commencé le 22 avril 1989, par la
cela s’ajouta, à partir du milieu publication d’un sous-décret foncier
du XIXe siècle, une contribution ayant valeur de loi qui portait sur la
annuelle proportionnelle à la sur- délivrance des titres de propriété
face occupée, cette dernière dispo- sur les maisons.
sition étant étendue à la terre à
usage d’habitation. Afin de per-
mettre l’évaluation de cette contri- La question foncière
bution, les terrains utilisés devaient au Cambodge
ainsi être délimités et mesurés mais L’importance d’un cadastre et de
de nombreux paysans, cherchant règles foncières
à éviter la taxation, ne respectaient L’existence d’une organisation claire
pas cette procédure. et reconnue d’un système de pro-
Les occupants pouvaient en outre priété foncière et immobilière est un
transmettre leur droit d’occupation facteur important de stabilité
à leurs descendants ou même sociale, mais aussi de dévelop-
vendre, prêter ou sous-louer ce pement économique. De ce point de
droit, l’occupation de la terre et son vue, l’absence de cadastre et de
exploitation valant possession. En titres fonciers demeure à l’heure
revanche, ce droit d’usage s’étei- actuelle l’une des principales pierres
gnait si la personne laissait le ter- d’achoppement du processus de
rain non exploité pendant trois ans. reconstruction au Cambodge. En
Le protectorat français tenta par effet, si le défaut de titres de pro-
la suite d’établir une propriété pri- priété affecte profondément le
vée et de mettre en place une pro-
cédure généralisée d’enregistrement
sur l’ensemble du territoire cam-
bodgien. Bien que cette démarche
ait été loin de réussir à l’époque pour
de multiples raisons liées à l’histoire
et au contexte culturel cambodgiens,
elle a introduit le principe de l’alié-
nabilité d’une partie des terres, ainsi
que les notions de domaine public
et de propriété privée au Cambodge.
Elle reste également l’inspiratrice
de la politique foncière actuelle.
Cette dernière vise à remédier à la
situation chaotique de la question
Philippe Billot et Thierry Lemoine / Gérer la propriété: loi foncière et fabrication du cadastre 119
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monde rural, qui représente encore ciation à être propriétaire n’est pas fondé sur un système de preuves
la grande majorité de la population non plus clairement établie ; adapté et contrôlé par des commis-
du pays, il est aussi un frein majeur – les étrangers ne peuvent être pro- sions proches du terrain. Dans ce
aux investissements dans tous les priétaires5, ce qui est un frein à l’in- processus d’attribution, toutes les
domaines: agriculture, équipements, vestissement. Dans la nouvelle loi, catégories de détenteurs doivent être
infrastructures… ils ne pourraient toujours pas être traitées sur un pied d’égalité, qu’il
La reconstruction et le développe- propriétaires de terrains, sauf en s’agisse de civils, de militaires, de
ment du Cambodge sont ainsi partenariat avec des Cambodgiens. fonctionnaires…
aujourd’hui freinés par l’instabi- Ils pourraient en revanche l’être – la loi comprend également une
lité de la question foncière. Cette pour des appartements et des outils partie de nature plus technique, des-
situation est en cours d’améliora- de production ; tinée à préciser les règles appli-
tion grâce à l’adoption de deux lois – la notion de la possession acqui- cables à un certain nombre de
foncières successives. sitive additionnelle, instaurée par la domaines particuliers, tels que les
loi de 1992, est souvent ressentie transactions immobilières, les hypo-
La nouvelle législation foncière comme complexe et injuste : si la thèques ou la copropriété.
La gestion foncière comporte deux personne occupait le terrain depuis Pour superviser l’élaboration et la
grands aspects : le cadre juridique plus de cinq ans avant la publica- mise en œuvre de la loi, le gouver-
et le répertoire foncier ou cadastre. tion de la loi, elle pouvait devenir nement a créé un conseil de la poli-
Sur le plan juridique, l’instrument propriétaire ; si cette durée était tique foncière présidé par le ministre
en vigueur à l’heure actuelle au comprise entre deux et cinq ans, elle de l’Aménagement du territoire, de
Cambodge est la loi foncière de bénéficiait d’un titre provisoire régu- l’Urbanisme et de la Construction.
19921, dans laquelle la terre appar- larisé à l’échéance des cinq ans ; si Il s’agit d’un conseil interministériel
tient à l’Etat et qui, conformément l’occupation datait de moins de deux dont les décisions doivent s’imposer
à la tradition déjà évoquée, ne ans, elle n’avait aucun droit. Le nou- à tous les ministères. Ce conseil est
confère aux individus qu’un droit de veau système prévoit la concession coiffé par le Conseil supérieur de
détention ou de possession pour sociale, afin de permettre aux la réforme administrative.
usage mais non un droit de propriété pauvres de bénéficier eux aussi
avec tout ce qui s’y rattache2 : pos- d’emprises de possession (le décret L’élaboration du Cadastre national
sibilité de vendre, de transmettre est en préparation). est une composante essentielle de
par héritage, d’hypothéquer, de La nouvelle loi, dont les décrets d’ap- la nouvelle loi.
mettre en valeur... plication restent à publier, vise donc Plusieurs des décrets d’application
Les difficultés rencontrées dans la à la fois à remédier à ces inconvé- en préparation concernent directe-
mise en application de la loi de 1992, nients, à instaurer un véritable droit ment le cadastre, car le droit de pro-
notamment les contentieux qu’elle de propriété et à clarifier les dis- priété nouveau doit s’exprimer par
a générés au niveau des terres agri- positifs de mise en œuvre. En paral- la mise en place d’un cadastre véri-
coles, ont amené le gouvernement lèle, des travaux complémentaires table combinant titres de propriété,
cambodgien à entreprendre d’éla- portent sur la définition et la mise délimitations sur le terrain et réper-
borer, avec l’appui de la coopéra- en place des moyens qui doivent per- toire foncier. Le sous-décret fixant
tion internationale, une nouvelle loi mettre d’assurer la transition vers les procédures d’établissement de
qui a été adoptée en juin 2001 par le nouveau dispositif. la fiche cadastrale et du répertoire
l’Assemblée nationale du Cambodge Cette loi, qui marque une étape foncier a d’ailleurs été publié en
et qui confirme que les titres de pro- importante dans la démarche de anticipation de la promulgation de
priété antérieurs à 1979 ne seront reconstruction du Cambodge, la loi, le 22 mars 2000. Il précise les
plus reconnus. comprend deux grandes parties : modalités de réalisation, notamment
Plusieurs défauts ou imprécisions – la première vise à organiser le pas- le rôle de chacun des intervenants.
sont attribués à la loi de 1992 : sage équitable de la détention à la L’immatriculation systématique des
– beaucoup d’enquêtes effectuées propriété, le nouveau régime étant biens, objet du « Land Management
dans le cadre de l’enregistrement des and Administration Project (LMAP)»
propriétés à la demande3 sont de est considérée comme prioritaire
faible qualité et ne fournissent géné- par le gouvernement cambodgien.
ralement pas de plan de situation4 ; Celui-ci envisage donc d’avoir
elles offrent donc des garanties limi- recours à un prêt de la Banque mon-
tées aux propriétaires et aux voisins; diale pour mener à bien cette opé-
– les responsabilités en matière de ration qui devrait s’étendre sur au
délivrance des titres sont peu pré- moins une quinzaine d’années.
cises (Etat, collectivités locales ?). Il Une première phase sur cinq ans est
en va de même en ce qui concerne en cours de préparation. Elle doit
les délégations de compétences, en permettre de développer les capa-
particulier pour la gestion du cités locales et de réaliser l’enre-
domaine de l’Etat (qui doit donner gistrement systématique des biens
lieu à une loi spécifique) ; pour 10 provinces6 considérées
– la capacité juridique d’une asso- comme prioritaires ainsi que pour
120 Gérer la propriété: loi foncière et fabrication du cadastre / Philippe Billot et Thierry Lemoine /
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une partie de la province de Phnom mise à d’importantes pressions fon- parcelles dans le cadre d’opérations
Penh. cières depuis le début des années spécifiques.
1990 et les enjeux y sont très impor- Pour ce faire, il est organisé en deux
La réorganisation du dispositif légal tants. Il existe une véritable compé- niveaux distincts :
de la question foncière bénéficie de tition pour l’utilisation des sols, qui – Au niveau central, il comprend
l’appui de la coopération interna- se traduit par l’envolée des prix fon- trois services techniques : le service
tionale. ciers. Cette compétition risque de comptable (environ 30 personnes),
Compte tenu de l’importance de la susciter un changement de mor- qui gère les budgets et fait payer
mise en place d’un système foncier phologie de la ville par la course à l’élaboration des titres de propriété9 ;
adapté aux nécessités de la recons- la densité. Elle peut également faire le service du cadastre et de la géo-
truction du pays et à ses traditions craindre, surtout en l’absence d’un graphie (environ 14 personnes), qui
culturelles, la refonte du système plan directeur d’urbanisme et de effectue le contrôle des titres et gère
foncier du Cambodge combine les règlements associés, une évolution le plan de référence informatique ;
ressources propres et des contribu- dans laquelle les populations les plus le service de la conservation (envi-
tions de l’assistance internationale. démunies se verraient reléguées à ron 40 personnes), qui enregistre et
Ces dernières correspondent à des l’extérieur de la ville, les sols étant établit le titre pour le propriétaire,
financements d’institutions telles utilisés principalement en fonction enregistre les transactions, conserve
que la Banque mondiale et la des taux de rentabilité qu’ils sont les documents.
Banque asiatique de développement, susceptibles de dégager : bureaux, – Au niveau local, les activités d’en-
ainsi qu’à des actions bilatérales de hôtels et habitat haut de gamme, registrement sont une tâche parmi
nombreux pays : Allemagne, Fin- équipements de prestige… d’autres: dans chacun des 7 districts
lande, France, Japon… (khans) qui composent Phnom Penh,
Elles portent à la fois sur l’aide à Le Cadastre municipal il existe un bureau de la gestion
la préparation des documents et des de Phnom Penh foncière, de l’urbanisation, de la
dispositifs législatifs, et sur la mise La nécessité de prendre en compte construction et du cadastre. A la tête
au point des méthodes d’immatri- la spécificité de Phnom Penh a de chacun de ces bureaux se trouve
culation systématique des biens. justifié la création, en 1983, d’un un directeur, assisté par des adjoints.
bureau d’enregistrement des titres : Ceux-ci ont la responsabilité d’un
La situation à Phnom Penh le Cadastre municipal de Phnom thème spécifique (administration,
S’étendant sur 375 km2, Phnom Penh (CMPP). Auparavant direction planification urbaine et gestion fon-
Penh est à la fois la ville capitale et à part entière, ce service a été cière, construction, enregistrement
une des 24 provinces du Cambodge. regroupé en 1999 avec l’urbanisme des titres) mais les ressources
Elle est décomposée en 7 khans (ou et la construction et est devenu une humaines sont partagées.
districts)7, les quatre premiers sous-direction de la nouvelle Direc- Chaque semaine, les directeurs et
d’entre eux sont considérés comme tion de l’urbanisme, de la construc- directeurs adjoints se réunissent
représentant le centre urbain, et tion et de la géographie de la Ville entre homologues à la direction cen-
couvrent une surface de 28 km2, soit de Phnom Penh. Ce service possède trale pour faire le point sur l’état
un peu moins de 8 % de la superfi- ainsi une antériorité sur le Cadastre d’avancement des travaux et la pla-
cie totale. D’un point de vue urbain, national, qui a quant à lui été créé nification des tâches à venir.
il faut ajouter à cela une partie des en 19898. La procédure actuelle pour la déli-
trois districts dits ruraux, qui sont Les principales missions du Cadastre vrance des titres est de type spora-
partiellement urbanisés et repré- municipal sont d’élaborer et de déli- dique.
sentent la partie périurbaine. Celle- vrer des titres de propriété à la Compte tenu des problèmes de
ci correspond à un territoire d’en- demande, d’enregistrer les tran- moyens évoqués ci-dessous, le
viron 23 km2. sactions, de contribuer à la déli- Cadastre municipal de Phnom Penh
De façon estimative, le nombre total vrance des permis de construire et ne réalise les immatriculations que
d’unités susceptibles d’être consi- de relever les limites de certaines sur demande. Il existe trois types
dérées comme des parcelles de pro- d’immatriculations : le titre relatif
priété sur l’ensemble du territoire à la propriété du sol occupé (land
est estimé à 170 000, dont 90 000 occupation ownership), celui qui
pour les parties urbaine et périur- concerne la propriété d’un bien
baine. immobilier occupé et antérieur à
Phnom Penh, qui est de loin la ville 1979 (old building occupation owner-
la plus peuplée du Cambodge, ship), et enfin le titre portant sur
connaît aussi la croissance démo- un bâtiment neuf (new building
graphique et économique la plus ownership)10. Dans ce dernier cas,
rapide et compte à l’heure actuelle il est indispensable de demander un
un peu plus d’un million d’habitants. permis de construire. En principe,
A titre de comparaison, Battambang, d’après la loi foncière encore en
la deuxième ville du pays, compte vigueur (1992), pour effectuer cette
moins de 150 000 habitants. demande, il faut auparavant dispo-
La ville de Phnom Penh est ainsi sou- ser du titre de propriété sur le -
Philippe Billot et Thierry Lemoine / Gérer la propriété: loi foncière et fabrication du cadastre 121
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terrain concerné. Cependant, cette point d’une méthode11 pour l’éta- mètre carré pour les bâtiments
règle ne concerne pas la partie blissement d’un plan cadastral à anciens et de 3,4 $ par mètre carré
urbaine de Phnom Penh, qui devrait partir du plan numérique de réfé- pour les terrains, ce qui est cher par
faire l’objet d’un texte spécifique. En rence et des fiches de propriété asso- rapport au niveau économique
attendant la parution de ce dernier, ciées. actuel du pays15.
la règle qui prévaut dans la partie Cependant le Cadastre municipal Certaines personnes aux revenus
urbaine est qu’il suffit de disposer n’est pas en mesure de dépasser le faibles préfèrent alors réaliser leurs
du certificat d’occupation pour stade du travail qu’il effectue actuel- transactions sans passer par la pro-
demander l’autorisation de construc- lement. Son problème de moyens se cédure officielle d’immatriculation,
tion. pose aussi bien au niveau central mais en accord avec le voisinage et
Pour obtenir un titre de propriété, qu’à celui des bureaux de districts. le chef du quartier.
il faut en faire la demande auprès Ces derniers travaillent de façon Par définition, le bureau ne voit pas-
du chef du quartier. Celui-ci établit entièrement manuelle, et ne dispo- ser que les transactions officielles
une lettre de demande, qu’il cosigne sent même pas de fournitures de qui portent sur les biens ayant un
avec le chef du district. Le pétition- base à un niveau satisfaisant. Les titre. C’est le chef du quartier qui
naire se rend ensuite au bureau du salaires moyens sont de l’ordre de détient les autres informations.
district, qui effectue une recherche 18 $ par mois12, alors qu’une famille
dans le livre foncier. Puis un relevé a besoin d’au moins 150 $ pour Vers un cadastre urbain
de terrain est effectué et une fiche vivre. Cette distorsion est à l’origine polyvalent pour Phnom Penh
avec un plan est établie, transmise du fort absentéisme observé, le per- La Ville de Phnom Penh est donc
au bureau technique pour vérifica- sonnel étant obligé d’exercer plu- particulièrement concernée par le
tion (plan de situation, détail des sieurs métiers. En outre, lorsqu’il projet de mise en place de l’enre-
surfaces, numéros des feuilles) puis est présent, ce personnel peut être gistrement systématique des biens.
au Bureau de la conservation qui sollicité pour d’autres tâches que Cependant son statut et son rôle de
enregistre les données et le nom du ses missions relatives à l’élabora- capitale politique et économique jus-
demandeur. La fiche est ensuite tion des titres. Il y aurait donc un tifient qu’une démarche spécifique
transmise au responsable du effort d’équipement et de formation lui soit appliquée, allant au-delà de
cadastre qui la cosigne avec le direc- à faire, mais aussi de réévaluation ce qui est prévu pour l’ensemble du
teur de la gestion foncière, de l’ur- des rémunérations et de reposi- territoire national.
banisation, de la construction et du tionnement des tâches. Il apparaît en effet très souhaitable
cadastre, puis aux services tech- La procédure d’immatriculation à de développer pour Phnom Penh un
niques de la mairie pour annota- la demande a démarré en 1989. De cadastre urbain polyvalent, véri-
tions. Elle est enfin proposée à la cette date jusqu’à la fin 2000, près table outil de maîtrise du dévelop-
signature du gouverneur et retour- de 25 500 titres (24 589) ont été déli- pement urbain, prenant en compte
née au Bureau de la conservation, vrés13. Sachant que ceux-ci portent non seulement le foncier mais l’en-
qui arrête tous les documents de aussi bien sur des locaux que sur semble du bâti et de ses compo-
propriété et fournit le titre au des terrains, cela représente une santes (immeubles d’habitation,
demandeur. proportion très faible de l’ensemble locaux d’activité, hôtels, équipe-
des biens à immatriculer14. En outre, ments…). Une telle base d’informa-
Le Cadastre municipal de Phnom on observe un net ralentissement du tions doit être par définition conti-
Penh dispose cependant de moyens rythme de ces immatriculations, nuellement mise à jour dans le cadre
insuffisants. l’explication étant peut-être à trou- des procédures administratives à
Dans les années 1990, le Cadastre ver dans le fait que celles-ci sont mettre en place pour la gestion du
municipal a bénéficié d’une assis- payantes. Les tarifs pour l’enregis- cadastre. Elle serait alors l’outil
tance technique française. Réalisée trement sont fonction de la nature indispensable à la gestion urbaine
par IGN France International, celle- des bâtiments et du type d’imma- dans toutes ses composantes, ainsi
ci a permis dans un premier temps triculation : de l’ordre de 10,3 $ par qu’à l’aide à la définition des poli-
d’établir des prises de vues aériennes tiques publiques locales : aménage-
(1993) sur la totalité du territoire de ment, fiscalité…
la province de Phnom Penh et de L’accroissement rapide de la popu-
traiter les photographies obtenues lation de Phnom Penh, qui induit
pour constituer en 1995 un plan l’urbanisation de nouveaux quar-
numérique de référence couvrant tiers ainsi que la densification des
60 % du territoire de Phnom Penh, zones anciennement urbanisées,
dont le centre urbain dans sa tota- rend indispensable un enregistre-
lité et une partie de la zone périur- ment « vertical » des propriétés. En
baine. effet, le développement de proprié-
Dans un second temps (1997-1998), tés superposées les unes par rapport
cette assistance a porté sur la four- aux autres multiplie les cas de copro-
niture d’équipements informatiques, priété. Cette notion de copropriété
la formation de personnel pour l’uti- se trouve, de fait, placée au centre
lisation des logiciels et la mise au de la démarche de cadastre urbain.
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Fondée sur une distinction entre par- Le Cambodge est, toujours aujour- Penh, le lancement de la constitution
ties privatives et parties communes, d’hui, dans une phase de recons- de ce cadastre urbain devrait consti-
la copropriété induit des droits et des truction. Au plan foncier cette situa- tuer une priorité.
obligations spécifiques aux pro- tion est caractérisée par : Philippe Billot et Thierry Lemoine
priétaires, notamment le partage – l’émergence d’un droit nouveau,
1/ Loi précédée par le sous-décret foncier du
du droit de propriété sur les par- souvent empreint d’un grand prag- 22 avril 1989, ayant valeur de loi, sur la
ties communes de l’immeuble et sur matisme ; délivrance des titres de propriété sur les maisons.
2/ Il faut cependant noter que dans la plupart des
le terrain d’assise, ainsi que l’obli- – la mise au point de procédures très sociétés, le droit de propriété n’est pas absolu.
gation solidaire d’entretien de ces détaillées ; Les propriétaires voient toujours leurs droits
limités soit par un droit supérieur (Etat,
parties. – mais aussi une profonde dichoto- souverain…) soit par des obligations et servitudes
Il importe que le régime juridique mie entre le droit et les procédures diverses.
3/ Au contraire de l’immatriculation systématique
de la copropriété soit d’urgence sta- applicables et la mise en œuvre des biens, l’immatriculation à la demande ou
sporadique s’effectue comme son nom l’indique à
bilisé et rendu obligatoire. C’est réelle de celles-ci. la demande d’un requérant.
pourquoi le sous-décret relatif à la D’autre part Phnom Penh, ville 4/ Ce qui n’est pas le cas à Phnom Penh.
5/ Comme cela était déjà stipulé dans l’article 2
copropriété, d’ores et déjà prévu par unique en Asie pour l’homogénéité du sous-décret foncier du 22 avril 1989 en ce qui
la loi foncière, fait partie des prio- de son paysage urbain et la qualité concerne les terrains à bâtir et les maisons.
6/ Sur un total de 24.
rités du ministère de l’Aménage- de son patrimoine architectural, se 7/ Eux-mêmes décomposés en quartiers
ment du territoire, de l’Urbanisme trouve aussi dans une situation très (sangkhats, dénommés communes en partie
rurales), eux-mêmes subdivisés en villages
et de la Construction. précaire en raison des pressions qui (phoums). Un village peut regrouper plusieurs
îlots physiques, mais aussi des parties d’îlots
L’établissement d’un cadastre urbain s’y exercent. La stabilisation du droit physiques.
à Phnom Penh nécessite un recen- de propriété et la maîtrise du déve- 8/ En parallèle avec la publication du sous-décret
foncier du 22 avril 1989.
sement long et méthodique. Ce tra- loppement urbain pourront per- 9/ Le paiement des transactions s’effectue au
vail important doit pouvoir donner mettre d’intégrer les évolutions service des taxes municipales de la municipalité.
10/ Les bâtiments postérieurs à 1979 et qui ont
lieu à de nombreuses utilisations dif- induites par un développement rai- été construits sans permis ne peuvent faire l’objet
férentes : sonné tout en préservant les quali- d’une régularisation.
11/ En cohérence et en concertation avec les
tés urbaines et paysagères de la travaux réalisés par les coopérations finlandaise
(Finmap) et allemande (GTZ).
1. En tant que base capitale du Cambodge et en garan- 12/ Cette situation n’est pas spécifique au
de données urbaines tissant une meilleure qualité de vie Cadastre municipal. Elle concerne l’ensemble de
la fonction publique cambodgienne.
L’expansion de Phnom Penh aux à ses habitants. C’est pourquoi le 13/ Il est vraisemblable qu’il faudra cependant
plans démographique et économique nouveau cadastre de Phnom Penh reprendre l’ensemble des immatriculations dans
l’opération d’enregistrement systématique qui est
ainsi que l’engagement de cette ville doit être conçu à la fois comme la envisagée.
dans un programme d’élaboration pierre angulaire de la sécurisation 14/ La bonne tenue des statistiques est à noter.
Celles-ci remontent des bureaux de districts.
d’un schéma directeur du Grand juridique du droit de propriété et 15/ Pour les bâtiments neufs, les prix sont encore
plus élevés.
Phnom Penh nécessiteront la mobi- comme un outil au service d’un
lisation d’une masse de données développement combinant dyna-
urbaines considérable pour prévoir misme économique et préservation
et calibrer les aménagements néces- du patrimoine et des valeurs tradi-
saires: équipements, transports, voi- tionnelles.
rie… Pour respecter cet objectif, ce cadastre
Le cadastre urbain doit aider à urbain polyvalent doit être élaboré
mener à bien cette planification. dès le départ dans une conception à
la fois globale sur la parcelle (enre-
2. En tant que base de données gistrement du sol et du bâti) et multi-
fiscales usages (dimension juridique, urba-
Cette politique de développement nistique et fiscale). Compte tenu du
maîtrisé comportant un coût finan- contexte de dynamisme démogra-
cier important, l’instauration d’une phique et économique de Phnom
fiscalité urbaine locale s’avérera peut-
être nécessaire à plus ou moins long
terme. Si une telle réforme est ins-
taurée, le cadastre urbain permettra
de la mettre en œuvre rapidement,
sur des bases claires et équitables.
Conclusion
L’évolution du droit foncier au Cam-
bodge est à l’image de l’histoire du
pays lui-même : une forte culture
propre, une réelle influence de la cul-
ture administrative française, des
conflits qui ont largement fait table
rase du passé.
Philippe Billot et Thierry Lemoine / Gérer la propriété: loi foncière et fabrication du cadastre 123
00/phnom pen 19/03/03 14:37 Page 124
Sources documentaires Phnom Penh. P. 68, (bas) documents de Phnom Penh. Crédits photographiques
P. 38, photographie Ambra Habiter Phnom Penh, P. 101, (bas) documents
Couverture : municipalité de Dina. Perfettini Françoise, Carlo Dario. Agence Desaix : p. 12 (haut),
Phnom Penh. P. 40, (haut) photographies mémoire de TPFE, École P. 102, photo Sandrine 14 (haut), 16.
P. 4, photographie Christiane Blancot/Apur. d’architecture de Paris Capelle. Association pour la
Christiane Blancot/Apur. P. 40, (bas) photographie Belleville, décembre 1995. P. 103, (haut) photographie diffusion des techniques
P. 10, municipalité de Ambra Dina. P. 69, (haut) photographies Sandrine Capelle. municipales : p. 12-13 (bas)
Phnom Penh/PVA IGN,1993. P. 41, photographie BAU de Cyril Ros, 1993. P. 103, (centre) document Atelier parisien
P. 12, (haut), photographie Phnom Penh. P. 69, (bas) documents Luceepp. d’urbanisme : p. 21, 86, 87,
Agence Desaix. P. 42, municipalité de Habiter Phnom Penh, P. 103, (bas) photographies 88, 89, 91 (bas), 92 (haut
P. 12, (bas), documents le Phnom Penh/PVA IGN, 1993. Perfettini Françoise, Sandrine Capelle. droite), 92 (bas), 93, 114-
Paysan cambodgien, Fig. P. 45, photographie Julien mémoire de TPFE, École P. 104, photographies 115 (haut gauche).
20, 21 et 22, Jean Delvert, Mingui. d’architecture de Paris- Sandrine Capelle. Berthier Myriam : p. 23
éditions L’Harmattan, Paris, P. 46, photographies BAU Belleville, décembre 1995. P. 105, (haut et centre) (bas).
1994. de Phnom Penh. P. 70, municipalité de photographies Sandrine Blancot Christiane : p. 4, 32
P. 12-13, (haut) P. 47, (haut) photographie Phnom Penh/PVA IGN,1993. Capelle. (haut), 34, 40 (haut), 49
photographie aérienne François Legrand. P. 72, photographie P. 105, (bas) document (bas), 55 (haut centre), 55
fonds Aditem. P. 47, (bas) photographie Christiane Blancot/Apur. Luceepp. (bas), 62, 64, 65, 72, 73
P. 12-13, (bas) documents Marie-Paule Halgand. P. 73, (haut) photographie P. 106, photographie (haut), 76 (haut), 77, 78, 80,
François Legrand. P. 48, photographie Julien Christiane Blancot/Apur. Sandrine Capelle. 81, 83 (bas), 97, 98, 116
P. 14, (haut) photographie Mingui. P. 73, (bas) photographie P. 107, photographie (centre et bas), 117 ( centre
aérienne Agence Desaix. P. 49, (haut) photographies Marie-Paule Halgand. Sandrine Capelle. gauche).
P. 14, (bas) photographie Marie-Paule Halgand. P. 74, (haut et bas) photos P. 109, document Myriam Bureau des affaires
François Legrand. P. 49, (bas) photographies aériennes, Pen Khon. Laidet/Apur. urbaines de Phnom Penh :
P. 15, (haut) photographie Christiane Blancot/Apur. P. 75, photo aérienne, Pen P. 110 et 111 ( haut gauche) p. 15 (haut), 26, 28, 41, 46,
BAU de Phnom Penh. P. 51, document Khon. photographie Marie-Paule 110 (centre et bas), 111
P. 15, (bas) photographies municipalité de Phnom P. 76, (haut) photographie Halgand. (haut et centre), 111 (bas),
François Legrand. Penh. Christiane Blancot/Apur. P. 110, (centre et bas) 113 (haut et centre gauche),
P. 16, photographie P. 53, ( haut et bas) P. 76, (bas) photographie photographies BAU de 114 (centre et bas), 115
aérienne Agence Desaix. documents municipalité de Marie-Paule Halgand. Phnom Penh. (centre gauche).
P. 17, document The study Phnom Penh. P. 77, photographies P. 111, (haut et centre) Bureau des affaires
on drainage improvment P. 54, (haut) document Christiane Blancot/Apur. documents BAU de Phnom urbaines de Phnom
and flood control in the Handicap International, P. 78, photographies Penh. Penh/PVA Finmap : p. 23.
municipality of Phnom 2001. Christiane Blancot/Apur. P. 111, (bas) photographies Capelle Sandrine : p. 102,
Penh, Jica – Ctie P. 54, (bas) photographie P. 79, photographie Marie BAU de Phnom Penh. 103 ( haut), 103 (bas), 104,
International Co.Ltd – Ambra Dina. Paule-Halgand. P. 112, photographie Marie- 105 (haut et centre), 106,
Nippon Koei Co.Ltd. Août P. 55, (haut gauche) P. 80, photographies Paule Halgand. 107.
1999. photographie Ambra Dina. Christiane Blancot/Apur. P. 113, (haut et centre Dina Ambra : p. 38, 40
P. 18, document Etude- P. 55, (haut centre ) P. 81, photographies gauche) photographies BAU (bas), 54 (bas), 55 (haut
diagnostic du réseau photographie Christiane Christiane Blancot/Apur. de Phnom Penh. gauche), 56 (haut, centre et
d’assainissement de la ville Blancot/Apur. P. 82, document BAU de P. 113, (bas gauche) bas)
de Phnom Penh, Agence P. 55, (haut droite ) Phnom Penh. document BAU de Phnom Halgand Marie-Paule : p. 35,
Desaix/Aditem, 1996. photographie Marie-Paule P. 83, (haut) document BAU Penh. 38, 47 (bas), 49 (haut), 55
P. 19, document Etude- Halgand. de Phnom Penh. P. 113, (droite) documents (haut droite), 57 (haut et
diagnostic du réseau P. 55, (bas) photographie P. 83, (bas) photographies BAU de Phnom Penh. bas), 58 (bas), 59 (haut et
d’assainissement de la ville Marie Paule-Halgand. Christiane Blancot/Apur. P. 114 et 115 (haut gauche) bas), 60 (haut et bas), 61,
de Phnom Penh, Agence P. 56, (haut, centre et bas) P. 84, (haut) document BAU photographie Apur. 73 (bas), 76 (bas), 79, 84
Desaix/Aditem, 1996. photographie Ambra Dina. de Phnom Penh. P. 114, (centre et bas) (bas), 110-111 (haut
P. 20, photographies P. 57, (haut et bas) P. 84, (bas) photographie photographies BAU de gauche), 112, 116-117 (haut
Frédéric Objois, 1995. photographies Marie-Paule Marie-Paule Halgand. Phnom Penh. gauche), 118 (haut et bas
P. 21, photographie Apur. Halgand. P. 85, document BAU de P. 115, (centre gauche) droite).
P. 22, photographie Iuav. P. 58, (haut) documents Phnom Penh. photographie BAU de Istituto Universitario di
P. 23, (haut) BAU de Phnom municipalité de Phnom P. 86, photographie Apur. Phnom Penh. Architettura di Venezia,
Penh/PVA Finmap, 2000. Penh. P. 87, photographie Apur. P. 115, (bas gauche) Dipartimento di
P. 23, (bas) photographie P. 58, (bas) photographies P. 88, photographies Apur. document BAU de Phnom Pianificazione : p. 22, 24.
Myriam Berthier, 1996. Marie-Paule Halgand. P. 89, photographies Apur. Penh. Legrand François : p. 14
P. 24, (haut et bas) P. 59, (haut et bas) P. 90, documents Apur, 2001. P. 115, (droite) documents (bas), 15 (bas), 47 (haut).
photographie IUAV. photographies Marie-Paule P. 91, (haut gauche) BAU de Phnom Penh. Mathieu Ravaux/Apur : p. 91
P. 25, (haut et bas) Halgand. document Apur. P. 116 et 117 (haut gauche) (haut droite), 118 (haut
documents IUAV. P. 60, (haut et bas) P. 91, (haut droite) photographie Marie-Paule gauche).
P. 26, photographie BAU de photographies Marie-Paule photographie Mathieu Halgand. Mingui Julien : p. 45, 48, 63
Phnom Penh. Halgand. Ravaux /Apur. P. 116, (centre et bas) Municipalité de Phnom
P. 27, (haut et bas) P. 61, photographies Marie- P. 91, (bas), photographie photographies Christiane Penh/PVA IGN : p. 10, 42,
documents BAU de Phnom Paule Halgand. Apur. Blancot/Apur. 70, 119, 120, 121, 122, 123.
Penh. P. 62, photographie P. 92, (haut gauche) P. 117, (centre gauche) Nafilyan guy : p. 68.
P. 28, photographie BAU de Christiane Blancot/Apur. document Apur. photographie Christiane Objois Frédéric : p. 20.
Phnom Penh. P. 63, photographies Julien P. 92, (haut droite) Blancot/Apur. Ossorio Hervé : p. 67 (haut).
P. 29, (haut et bas) Mingui. photographie Apur. P. 117, (bas gauche) Pen Khon : p. 74 (haut et
documents BAU de Phnom P. 64, photographies P. 92, (bas) photographies document BAU de Phnom bas), 75.
Penh. Christiane Blancot/Apur. Apur. Penh. Ros Cyril : p. 66, 67 (bas),
P. 30, (haut et bas) P. 65, photographies P. 93, (haut) document P. 117, (droite) documents 69 (haut).
documents BAU de Phnom Christiane Blancot/Apur. Apur. BAU de Phnom Penh. Royére Andrée : p. 94, 96,
Penh P. 66 à 69, Lisa Ros, P. 93, photographie Apur. P. 118, (haut gauche) 99.
P. 31, (haut et bas) « logements du Front P. 94, photographie Andrée photographie Mathieu
documents BAU de Phnom Bassac ou cité Sihanouk » Royére. Ravaux /Apur.
Penh. in Architecture P. 95, photo aérienne, fonds P. 118, (haut et bas droite)
P. 32, (haut) photographie moderne à Phnom Penh Apur. photographie Marie-Paule
Christiane Blancot/Apur. 1954 – 1970, mémoire de P. 96, photographie Andrée Halgand.
P. 32, (bas) document BAU TPFE, École d’architecture Royére. P. 119, municipalité de
de Phnom Penh. de Paris-Belleville, P. 97, photographies Phnom Penh/PVA IGN, 1993.
P. 33, document BAU de septembre 2000. Christiane Blancot/Apur. P. 120, municipalité de
Phnom Penh. P. 66, photographie Cyril P. 98, photographie Phnom Penh/PVA IGN, 1993.
P. 34, photographie Ros, 1993. Christiane Blancot/Apur. P. 121, municipalité de
Christiane Blancot/Apur. P. 67, (haut) photographie P. 99, photographie Andrée Phnom Penh/PVA IGN, 1993.
P. 35, photographie Marie Hervé Ossorio, 1994. Royére. P. 122, municipalité de
Paule Halgand. P. 67, (bas) photographie P. 100 et 101, (haut) Phnom Penh/PVA IGN, 1993.
P. 36, document BAU de Cyril Ros, 1993. documents BAU de Phnom P. 123, municipalité de
Phnom Penh. P. 68, photographie Guy Penh. Phnom Penh/PVA IGN, 1993.
P. 37, document BAU de Nafilyan. P. 100, (bas) document BAU