Vous êtes sur la page 1sur 2

Chapitre 3 : L’eau de gâchage 1

Chapitre 3 : L’EAU DE GACHAGE

3.1. INTRODUCTION
L’eau est un des ingrédients essentiels du béton. En effet, l’eau que l’on introduit dans le
béton lors de son gâchage remplit deux fonctions : une fonction physique qui confère au béton
les propriétés rhéologiques d’un liquide et une fonction chimique qui contribue au
développement de la réaction dite d’hydratation.
Mais, toutes les eaux ne peuvent pas être utilisées pour gâcher du béton parce qu’elles
contiennent, dans certains cas, un excès d’impuretés qui détériorent les propriétés du béton,
notamment les propriétés physiques et mécaniques (prise et résistance), les propriétés
esthétiques (taches, efflorescences), la durabilité (corrosion des armatures, stabilité du béton).
Ces impuretés, éventuellement contenues dans l’eau de gâchage, sont soit des composés
chimiques qui peuvent être actifs vis-à-vis du ciment, des granulats ou des armatures, soit des
particules en suspension qui, du fait de leur quantité ou de leur qualité, sont indésirables.

3.2. CRITERES PHYSIQUES ET CHIMIQUES D’EVALUATION DE L’EAU DE GACHAGE


La norme P 18-303 préconise que l’eau de gâchage ne doit pas contenir :
- des matières en suspension au-delà de 4 ml pour un échantillon 80 ml ;
- des chlorures au-delà de :
• 500 mg/litre pour les bétons précontraints ou coulis ;
• 1 000 mg/litre pour les bétons armés ;
• 4 500 mg/litre pour les bétons non armés ;
- des sulfates (exprimés en SO42− ) au-delà de 2 000 mg/litre ;
- des alcalins (exprimés en équivalent de Na 2 O ) au-delà de 1 500 mg/litre lorsqu’il est
prévu d’utiliser des granulats sensibles aux alcalins.
Aussi, des essais qualitatifs des sucres, des phosphates (exprimés en P2 O5 ), des nitrates
(exprimés en NO3− ), du plomb (exprimé en Pb 2+ ) et du zinc (exprimé en Zn 2+ ) peuvent être
effectués. Si les résultats sont positifs :
- il faut que la quantité de la substance en question ne dépasse pas 100 mg/litre sauf
pour le nitrate qui peut atteindre, au maximum, 500 mg/litre ;
- ou bien effectuer des essais de temps de prise et de résistance.

3.3. CRITERES MECANIQUES D’EVALUATION DE L’EAU DE GACHAGE


Le temps de début de prise, obtenu sur des éprouvettes fabriquées avec de l’eau douteuse ne
doit pas être inférieur à 1 heure et ne doit pas s’écarter de plus de 25 % de celui obtenu avec
des éprouvettes préparées avec de l’eau distillée ou de l’eau dé-ionisée.
La résistance moyenne à la compression à sept jours des éprouvettes de béton ou de mortier
préparées avec l’eau douteuse, doit atteindre au moins 90 % de la résistance moyenne des
éprouvettes correspondantes préparées avec de l’eau distillée ou de l’eau dé-ionisée.
Il est recommandé d’effectuer les essais de temps de prise et de résistance, même si ceux-ci ne
sont pas requis (P18-303).

. .
D. SOW, Cours de Matériaux de construction.
Chapitre 3 : L’eau de gâchage 2
.

3.4. QUELQUES EAUX PARTICULIERES


3.4.1. L’EAU DE MER
Les principaux éléments nocifs contenus dans l’eau de mer sont le chlore, sous forme de
chlorures de sodium et de magnésium (environ 30 g/litre), le sulfate, sous forme de sulfates de
magnésium, de calcium et de potassium (environ 3,7 g/litre) et les micro-algues (très
variables).
L’utilisation de l’eau de mer dans la fabrication du béton armé augmente le risque de
corrosion des armatures.
Les sels de potassium ou de sodium qui sont présents dans l’eau de mer servant au mélange,
peuvent produire des substances qui vont se combiner aux granulats réactifs, de la même
façon que les alcalis du ciment. Donc, si le mélange de béton contient des granulats réactifs, il
ne faut pas utiliser l’eau de mer, même si la teneur en alcalis du ciment est basse.
Il est interdit d’utiliser de l’eau de mer dans un béton précontraint où les câbles de
précontrainte sont en contact avec le béton.
Dans les bétons, la corrosion des armatures peut aussi être initiée par la carbonatation du
béton d’enrobage au contact du CO2 atmosphérique ou par la pénétration de chlorures depuis
le milieu environnant (milieu marin, milieu industriel particulier).
La formation des oxydes et hydroxydes de fer, plus communément appelés rouille, s’effectue
au dépens du métal d’origine, avec une augmentation importante de volume. Elle entraîne
donc une réduction de la section efficace des armatures pouvant occasionner une diminution
de la capacité portante des ouvrages ou parties d’ouvrages.

3.4.2. LES EAUX DE RECYCLAGE


Les eaux de recyclage sont, en général, soit des eaux qui ont déjà été utilisées pour gâcher du
béton, soit des eaux de lavage du matériel (malaxeur, camion,etc.). Elles peuvent parfois avoir
été additionnées d’eaux de pluie ou de ruissellement. Elles sont surtout chargées en éléments
fins qui proviennent du ciment, des additions et des granulats ou en composés chimiques qui
proviennent du ciment (sulfates, etc.) et des adjuvants. Lorsque ces eaux restent conformes
aux spécifications de la norme, elles sont utilisables sans danger.

3.4.3. LES EAUX DE REJETS INDUSTRIELS


Dans certains cas, ces eaux peuvent contenir des impuretés qui vont faire intervenir des
réactions complexes avec le ciment : c’est le cas des usines alimentaires ou de la plupart des
rejets organiques et chimiques. Elles ne devraient donc être utilisées qu’après une vérification
approfondie de leur non-nocivité.

3.5. CONCLUSION
La qualité de l’eau de gâchage peut avoir une influence sur le temps de prise, le
développement des résistances du béton et la protection des armatures contre la corrosion.
Lors de l’appréciation de l’aptitude à l’emploi d’une eau non connue pour la production d’un
béton, il y a lieu de considérer autant la composition de l’eau que l’application du béton
produit.

. .
D. SOW, Cours de Matériaux de construction.

Vous aimerez peut-être aussi