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•LA TCHETCHENIE RAH002» ISRAËL-PALESTINE RAH004* LES FORCES SPECIALES RAH006•LES HELICOPTERES RAH008•LES CHARS DE COMBAT
L'ARMEE RUSSE AU COMBAT L'APPEL AUX ARMES FRANÇAISES EN AQION DE COMBAT EN AaiON 3
SLàSi f

lES CHARS LEGERS


EN ACTION

m
RAHOlG «VICTOIRE EN IRAK RAHOll» LE COMBAT l RAHQl 2 «LES HELICOPTERES RAHOl3«LESCHARS LEGERS RAH014-LE CORPS DES MARINES
OPERATION IRAQl FREEDOM ANALYSE ET PERSPECTIVE DE COMBAT TOME 2 EN ACTION TOME 1 AU COMBAT

avions de combat

RAH0I5» LES AVIONS DE COMBAT RAH016» LES ARMES DU FUTUR RAH017» STAGES ET FORMATIONS RAHOIB'LESCONTRACTORS RAH019*LERAIDEN ACTION
EN ACTION DE L'ARMEE FRANÇAISE DES SOCIETES MILITAIRES PRIVEES

LES CHARS LEGERS


EN ACTION Z"™»

acticjn
RAH020•LES CHARS LEGERS RAH021• IRLANDE DU NORD RAH022» LES HELICOPTERES ET RAH023» L'INFANTERIE RAH024«TSAHALAU COMBAT
EN ACTION TOME 2 GUERRE AU GUERRE DE L'EUROPE LES FORCES SPECIALES MECANISEE EN ACTION
\\

\ l'exemplaire
- 10,95

A'lil"(5'0'mBAT
RAHG25•L'INFANTERIE RAHG26» LES FUSILS D'ASSAUT RAHG27» L'ARMEE CHINOISE RAHG28» LES FUSILS D'ASSAUT
MECANISEE AU COMBAT TOMEl AUJOURD'HUI TOME 2
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Numéro ISSN : 1622-2148
Numéro CPPAP:0109T84094
3 Copyrigl'h( Histoire & Collections 2003.
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TOME 4
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Puisque c'est la plate-forme la plus mobile, la plus


protégée et la plus dévastatrice de l'Inventaire
terrestre, le char peut (presque) tout faire: attaquer,
défendre, reconnaître, appuyer, protéger, tenir
un point, contrôler une zone. Aucun autre engin ne
peut prétendre couvrir autant de missions différentes.
(Photo DoD)

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Meme!escorte de convoi peut se faire en char,
ici en Irak en 2007...(Photo US Army)

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Quatre ans se sont déjà soire de prolonger cette série Car il s'est passé beaucoup de choses pas
écoulés depuis la parution por un quotrième tome qui sionnantes dans le petit monde du char. Et en pre
mier Heu, des Interventions armées : l'opération
du hors-série n° 8,dernier des réoctuolise les informotions et Iraqi Freedom, l'Intervention israélienne au Sud-
trois ouvroges consocrés oux présente le reste des chors Liban suivie du déploiement d'une FINUL « mus
clée », l'Intensification des combats en Afghanis
chors de combot modernes. de combot modernes de tan, les guerres en Somalie et au Tchad. Autant
Aussi nous o-hil semblé néces- lo période 1970-2008. d'occasions de voir les chars en action.

Lors de l'opération Telic en 2003 en Irak,


un Challenger du Oueen's Royal Lancers
en opération. Les Chaiienger peuvent se vanter
d'avoir mener un combat chars contre chars en Irak
face à des T-55. On note les bâches,
les surblindages iatéraux et ies panneaux
d'identification.(Photo MoD)

ifj—

I
L armee italienne se sentit plus rassurée quand
plusieurs chars Ariete surblindés rejoignirent
l'opération Antica Babilonia en Irak.(Photo Esercito)

Ci-contre.
Un Challenger 2dans la plaine de Sallsbury, en 2006.
(Photo MoD)

croisière, un instrument de souveraineté et de


tenue de rang.
Il serait exagéré de parler de prolifération quand
on parle de chars, car la situation est contrastée.
Certains pays de l'OTAN, considérant que la taille
de leur armée et leur posture stratégique ne leur
permettent plus de mener d'actions de haute Inten
sité, ont tout simplement renoncé aux chars de
combat. Citons la Belgique et bon nombre de petits
pays de l'Europe orientale qui rejoignent l'OTAN.
A l'opposé, on note par exemple une volonté poli
tique en Asie pour acquérir une capacité « char »
dans certains pays qui en étaient dénués jus
qu'alors. C'est l'exemple malaisien ou singapou-
A l'heure où certains affichent encore leur scep rlen. De manière générale, les pays entretenant
ticisme sur ia valeur du char de combat dans les des armées de masse continueront à mettre en
conflits futurs, il est peut-être bon de rappeler qu'A oeuvre des chars. On ne peut pas véritablement
méricains et Britanniques rentrèrent en Irak avec parler de prolifération, dans la mesure où le nom
une force de nature essentiellement biindée-méca- bre de chars ne croît pas de manière significati
nisée à base de Mf Abrams et de Challenger ; ve, mais plutôt de maintien des parcs et des capa
que nous ne serions jamais rentrés au Kosovo cités techniques partout dans le monde.Car, enco
sans chars si ia façon de faire piler les Serbes re une fois, la possession de chars reste un attribut
avait été la libération du pays par une action de fondamental pour acquérir le titre de puissance
vive force ; que Tsahai n'envoie pas du « léger » régionale voulant influer sur les affaires interna
dans les rues de Gaza, de Gisjordanie, et au sud tionales.
du Liban (voir le chapitre consacré au Merkava 4); Avec la disparition de la menace à l'Est, une
et qu'il y a environ 30 000 chars dans les inven révolution stratégique s'est opérée dans toutes
taires des pays du « Sud-Ouest asiatique », zone les armées occidentales ; celle du retour à I of
assignée par les Américains à leur Central Com- fensive. Les opérations militaires menées au cours
mand, et qui va, pour faire simple, du Maroc à l'In des douze dernières années au Moyen-Orient,
de. Cette zone est, bien entendu, celle de tous les dans les Balkans et en Afrique furent toutes de
dangers. nature offensive. Qu'il s'agisse de montrer la for
La possession d'une force de chars modernes ce pour arrêter les agissements de groupes ou de
de taille significative est une question de standing bandes plus ou moins organisés, ou de chasser
international pour un membre permanent du d'un territoire une armée blindée-mécanisée com
Conseil de sécurité de l'ONU qui se veut crédible me celle de Saddam Hussein en 1991, les armées
et respecté, comme la France ou le Royaume-Uni, occidentales passèrent à l'offensive.
mais plus généralement pour l'Europe. Le char Et l'offensive est le mode d'action de prédilec
est, avec les satellites d'observation, les sous- tion d'un char moderne, principalement en raison
marlns nucléaires, l'aéronavale et les missiles de de son exceptionnelle mobilité. Cette aptitude à
j ■" ^ » JL
Des Ml australiens livrés en décembre 2006. ■ •' HT V ■" o'- V r
L'Austraiie a reçu au iotai 59 chars et 7 dépanneurs.
/.e Ist Armoured Regîrnent de Darwin reçut
sa dotation compiète en mars 2007. (Photo AusMoD)

se mouvoir rapidement couvre tous les types de tem), un système de systèmes dit « infocentré ». plaçable pour mener à bien des manoeuvres offen
déplacements, tactiques, opératifs, voire straté La composante « véhicules blindés » du FCS ne sives de choc. Le rêve caressé par certains pen
giques. prévoyait que des plates-formes légères aéro- seurs militaires de se débarrasser des engins
Enrichie de l'épithète « tactique », cette mobi transportables en C-130 Hercules, pesant donc lourds trouve Ici son terme.
lité est acquise sous protection. Ce qui signifie moins de 18 tonnes. Tous les autres blindés lourds Le char Ml Abrams se chargera des missions
que le char peut s'aventurer dans des zones inter étant destinés à la ferraille. d'attaque où le produit masse/vitesse est le fac
dites aux autres blindés, car sa cuirasse le met à Reliés entre eux par les fils d'une gigantesque toi teur clé de succès.
l'abri des coups. Ce concept de mobilité tactique le d'information et de communication, ces véhicules La puissance de feu, l'agHlté et la protection du char
était cher au général israélien Israël « Tallk » Tal, devaient emporter la victoire par la vertu de la portée restent inégalées, et le système alternatif destiné à
père du char Merkava. Il lui permettait d'affirmer de leur armement et par leur absolue supériorité en lui succéder est encore dans les limbes. Les Améri
que la protection augmente la mobilité par le sim matière d'information sur tout ennemi potentiel. cains l'ont compris, et les leçons tirées de la campa
ple fait qu'elle augmente les portions de terrain Puis vint l'opération Iraqi Freedom. En quelques gne en Irak y sont pour quelque chose. D'ailleurs, la
accessibles aux unités blindées. mois d'opérations et de retour d'expérience, l'ar masse des véhicules blindés de la famille FCS a bru
Il y a quatre ans l'armée américaine se lançait mée américaine revint sur l'idée de confier à des talement bondi de 18 à 28 tonnes sous l'influence des
dans sa « transformation », dont la clé de voûte plates-formes de 18-20 tonnes la totalité des mis exigences grandissantes de protection.
était le programme FCS^ (Future Combat Sys- sions. Le char lourd Ml restera donc dans l'in Les officiers britanniques que nous avons inter
ventaire US pendant encore quelques décennies^ rogés quelques mois après la prise de Bassora
Ci-dessous. car, malgré tous les efforts de recherche entre
Un T-64 BM Yatagan ukrainien. Tentative infructueuse,
nous confiaient que la phase initiale de la prise
car il est difficile de marier un char et un VU. pris et un credo sans faille sur r« information domi- d'une ville requérait l'utilisation de blindés lourds,
(Photo Forces armées ukrainiennes) nance », le char de combat classique est Irrem- chars et véhicules du génie et d'infanterie, et que,
seulement une fols la ville prise, le relais pouvait
être assuré par les blindés de plus faible tonnage
pour la phase de stabilisation.

les cas australien et canadien


Fin 1998, le ministère de la Défense australien
publia son livre blanc. On pouvait y lire que la pos
ture stratégique de l'Australie - en clair, l'inven
taire de ses menaces - permettait de ne confier
à ses forces que des missions de contrôle de son
Immense territoire et des opérations ponctuelles
de maintien/rétablissement de la paix décidées
par les Instances internationales.
En termes d'équipements militaires, décision
fut prise de ne recourir qu'à des véhicules blindés
légers à roues et de se débarrasser des vieux
chars Léopard 1 (et des automoteurs Ml 09) dont
l'utilité n'apparaissait guère évidente.
Quelques mois plus tard, les forces australien
nes prenaient la tête d'une force d'Intervention au
H ' - ' t' Xr - . •
Timor-Oriental et, convaincues de la justesse de
leur nouvelle doctrine, expédiaient leurs régiments
de blindés légers.
Challenger en essai au Moyen-Orient. Les faiblesses
techniques de ce char(manque de mobilité,
de fiabilité, canon non standard)l'ont condamné
sur les marchés export.(Photo MoD)

Ci-contre.
Un M1A2 en Irak traversant une zone urbaine.
Les Américains apprendront beaucoup sur toutes
les autres manières d'utiliser les chars autrement
qu'en combat antichar.(Photo DoD)

Très rapidement, les Australiens s'aperçurent


de la nécessité de déployer des blindés chenillés,
car le climat pluvieux de l'île de Timor transformait
rapidement les pistes en bourbiers Impraticables
aux engins à roues. Puis Ils firent la cruelle expé
rience que le blindage des véhicules était trop
léger, même pour faire face aux armes des ban
des locales équipées de l'universel lance-roquet
tes russe, le fameux RPG-7. Un programme de
modernisation fut lancé dans la foulée, dont l'un
des points majeurs était l'amélioration de la sur-
vivabilité des engins.
En 2003, les Australiens s'engagèrent dans les
opérations en Irak aux côtés des Américano-Bri
tanniques. Ils furent dans l'incapacité de partici
per aux opérations combinées des unités lourdes
de la coalition. Cette cruelle déficience fut à l'ori
gine d'un spectaculaire retournement de doctri
ne. En 2004, le gouvernement australien passa
commande de 59 chars lourds Ml Abrams préle
vés sur les stocks américains et modernisés en
version M1A1 AIM par la firme Général Dynamics.
Cette décision fut autant motivée par des exi
gences opérationnelles que par des considéra
tions politiques ; en clair, le souci de tenir son rang
dans le concert des nations et ne pas passer pour
un supplétif servile à qui la grande Amérique ne
confie que des missions subalternes.
Les Canadiens opérèrent le même spectacu
laire retournement doctrinal, fin 2006, après
1. RAIDS a rendu compte de toutes les étapes du programme
FCS depuis ses débuts.
2. 2032, d'après des sources locales, mais un récent
rapport de l'Army prolongeait cette échéance à 2045 I

Ci-contre.
Puissament protégé au-dessus du glacis, le
Challenger est « nu » sous la ceinture. D'où ces
caissons de protection rajoutés rapidement pour
contrer les charges creuses d'infanterie.(Photo MoD)
quelques « cartons » avec les talibans dans la Arme de dissuasion classique
région du Helmand.Tout le monde se souvient
des déclarations dithyrambiques du CEMAT cana D'aucuns s'étonnèrent de l'envol de chars lourds
dien, le général Hlllier, à propos du MGS améri au Kosovo et manifestèrent bruyamment leur avis
cain, version à canon de 105 mm du Stryker 8x8 « d'expert » en déclarant que les chars n'avaient
de 17 tonnes. Llactlon du MGS devait être gran pas servi puisqu'ils n'avalent tiré aucun coup de
dement valorisée par la domination de l'informa canon. Aujourd'hui, nous pouvons dire que leur
tion, la coopération avec les autres armes, la ges non-emploi, qui n'était qu'apparent, fut leur victoi
tion optimisée des feux, etc. Bref, un discours re. Les nombreux témoignages recueillis auprès
connu, encore en cours dans certains pays où l'on du contingent français à MItrovica sont unanimes
reste convaincu qu'un blindé léger à roues peut pour dire que les chars Leclerc jouèrent le rôle
faire la guerre. Soixante-six matériels devaient d'arme de dissuasion classique et, donc, par ana
être acquis par les forces canadiennes. Mais la logie avec le feu nucléaire, une arme de non-emploi.
violence des combats avec les talibans et une opi Il arriva souvent que des troupes envoyées sur
nion publique qui accepte de moins en moins l'am un point de crise soient dépassées par les évé
pleur des pertes dues à un manque flagrant de nements et dans l'Impossibilité de rétablir un sem
protection des matériels conduisirent l'armée cana blant d'ordre. Souvent montées sur véhicules
dienne à déstocker ses chars Léopard 1, car Ils légers à roues, elles ne possédaient pas de puis
attendaient, résignés, les ferrailleurs... puisque la sance suffisante pour imposer le calme. Rapide
« merveille légère à roues » devait s'occuper de ment cernés par une foule hostile dans laquelle
tout. Dans la foulée, la commande de MGS fut se dissimulaient des éléments belliqueux, les sol
annulée. Conscients des Insuffisances du vieux dats de la KFOR mettaient leur vie en danger.
char d'origine allemande, les Canadiens firent Alors, une patrouille de deux chars Leclerc était
appel à la solidarité otanienne auprès des Alle appelée à la rescousse. La simple vue des deux
mands pour louer 20 exemplaires de la dernière mastodontes, le bruit du moteur, le crissement
version du Léopard 2, l'AGM avec son plancher des chenilles, le mouvement du museau du canon
blindé. 80 autres Léopard 2A6 devraient être de 120 mm balayant l'espace suffisaient à rame
acquis en puisant dans les stocks des forces néer ner le calme en deux minutes et à disperser la
landaises. foule sans qu'aucun haut-parleur fût utilisé !

L'un des Leclerc du 6/12 Cuirassier dépioyés


au Sud-Liban.(Photo Nexter Systems) Le char, par sa seule présence, a un puissant
effet dissuasif.
Ce genre de situation s'est reproduit en Côte
d'Ivoire. Des unités françaises patrouillant à bord
de VAB ou de VBL furent soudainement bloquées
par des unités rebelles armées de RPG-7 et d'ar
mes lourdes. Car les engins légers à roues ne font
peur à personne. Seul le talent de négociateur et
de diplomate des officiers français habitués aux
particularismes locaux permit de sauver des situa
tions très délicates. Ce qui fit dire à certains que le
déploiement de quelques chars Leclerc aurait per
mis de mieux gérer ces incidents. La raison en est
fort simple : on ne menace pas un char. C'est
cette même raison qui a conduit logiquement l'ar
mée française à déployer des chars Leclerc au
Sud-Liban.

Les évolutions à venir


Uncliar rie combat
Si un conflit de haute/moyenne intensité devait se
dérouler dans les vingt ans à venir, toutes les armées
occidentales organiseraient leur déploiement autour
Les chars T-72 furent i d'unités blindées-mécanisées comportant un nom
ies incontestabies vedettes bre élevé de chars de combat. Les systèmes appe
du coup de force russe lés « Infocentrés » {network-centric, en langage
en Géorgie.
(Photo Forces armées russes) anglo-saxon)type V2C (véhicule de combat de choc)
français ou FCS américain évoqués plus haut ne
seront pas complètement opérationnels avant deux
ou trois décennies, et ce, si toutes les technologies
dites de rupture sont au rendez-vous : intranet haut
débit sécurisé, robots de combat, drones tout temps,
propulsion électrique, armement électromagnétique,
protection électronique...
Le roi char a donc encore quelques belles années
devant lui avant d'être déchu de son trône.
Les armées américaine, française, allemande,
britannique, pour ne citer que le camp occidental,
ont donc prudemment lancé des programmes de
modernisation de leur flotte de chars.
Ainsi malgré l'Investissement massif opéré par
■■■ ;.p la DARPA et l'US Army sur le FCS,\'Armor Caval-
ry poursuit son « recapitalization program >> du
10
Tir d'un LE02 canadien du Lord
Strathcona's Horse en Afghanistan. On note
ia panopiie compiète de brouiiieurs d'iED.
(Photo Canadian Combat Caméra)

' llll llll llil

Ci-contre.
Un PT91 polonais livré en Malaisie au cours d'essais
de franchissement.(Photo Obrum)

M1. Les stratèges américains bâtissent une force


dite de contre-attaque, forte de 960 M1A2 SEP,
g
pouvant être renforcée par 780 Ml AIM des uni
tés de première ligne. Récemment, le secrétaire
à l'Army évoquait la possibilité de rouvrir les chaî
nes de fabrication du M1 afin de combler les per
tes au combat en Irak et renouveler une partie de
ia flotte dont le potentiel a été consommé trop rapi
dement en réparation. Une série de 500 matériels
neufs dans une version dite Ml A3 est évoquée.
La destruction de l'adversaire par le choc, le
mouvement et le feu des chars reste encore la
seule doctrine en vigueur. Et le TACOM (Tank-
automotive andArmaments Command)parle lui-
même du retour du char dans la doctrine améri
caine, pourtant pétrie d'infovalorisation.
Outre-Rhin, certains officiers parlent ouvertement
d'un Léopard 2A10 alors que les derniers modèles
A6 sortent à peine des chaînes de KMW !
Le char conserve donc sa place dans tous les
inventaires car le système qui doit lui succéder
n'existe même pas sur le papier.
L'armée française, qui a eu la chance d'être
dotée du Leclerc, dernier char conçu en Occident,
donc le plus moderne, souhaite préserver son
avance opérationnelle et technologique. Mais la
course classique aux performances qui consiste
à percer pius, à rouler plus vite et à être recou
vert d'un blindage toujours plus épais, tend à s'in
7,
fléchir. Améliorer les performances de base est
important, mais ce que recherchent désormais
les opérationnels, c'est de pouvoir disposer d'au
I
tres types de capacités : l'aptitude à se battre en
zones urbaines^, prendre à partie des cibles éle
vées, pouvoir mettre en œuvre des armes non
létales, tirer une cible dissimulée derrière un
immeuble ou une crête, mettre en échec les armes
antichars modernes(en particulier celles à attaque
3. Lutilisation massive des chars de Tsahal dans les tragiques
affrontements en Cisjordanie et à Gaza en est l'illustration.

11
La protection active fait partie est un atout précieux pour écraser les obstacles.
des capacités nouvelies implantées Les bordures en béton, si courantes dans les villes
sur tes chars dans les dix ans à venir.
Ici ie système Zasion ukrainien modernes pour aménager les abords des axes rou
(Document Progress) tiers, sont infranchissables aux véhicules à roues.
Le char a montré qu'il pouvait escalader un muret
d'un mètre de haut et retomber sur ses chenilles.
L'épaisseur de sa cuirasse et la puissance de
son moteur permettent au char de traverser les
murs et les barrières, et de pousser les barricades
de fortune à la manière d'un bulldozer. Il existe des
systèmes de pelle légère et relativement peu
encombrante pour aider le char dans ces tâches.
L'armement principal du char, son canon, est
encore ce que l'on fait de mieux pour expédier de
l'énergie sur une cible. Le développement du stan
dard 120 lisse franco-allemand n'avait retenu que
deux types de munitions pour faire face à la mena
ce de l'époque :les blindés soviétiques. Ces deux
munitions, la flèche et la polyvalente (explosi
ve/charge creuse), conservent à l'évidence toute
leur efficacité en tir antiblindé. Mais l'environne
ment urbain est riche en cibles très diverses, en
particulier l'Infanterie retranchée et les points d'ap
pui protégés. Par exemple, des munitions spé
ciales de 120 mm vont bientôt figurer dans les
dotations des unités de char Leclerc. La munition
explosive en fin de développement chez Nexter
Munitions permettra de traiter l'infanterie et les
retranchements.
par le toit), être en liaison permanente avec les y sont toujours obligés 1 Autant prendre ie pro Les Américains ont redécouvert l'efficacité des
moyens de renseignement ou mieux se coordon blème à bras-le-corps et tenter de ie résoudre pro munitions canisters à billes pour traiter l'infanterie à
ner avec les autres systèmes d'armes de l'espa prement, comme l'ont fait les Israéliens. découvert. Les arsenaux de l'Army ont développé cet
ce numérisé. Et II faut bien admettre que, de ce point de vue, te munition pour les unités en Corée. Ce genre de
les chars actuels n'ont pas été spécialement munition, de conception très simple et peu coûteuse,
Priorité à i'aptitude au comiiat conçus pour ça.
Mais II suffit de peu de chose pour en faire des
possède un pouvoir létal considérable quand elle est
employée dans l'environnement confiné d'une rue.
en zone urbaine outils de gestion de crises très efficaces en milieu Les charges thermobariques constituent aussi des
Et ie char « s'urbanise ». Comme il reste la complexe. Car le char possède des caractéris solutions de grand Intérêt pour la destruction des cibles
mieux armée, la plus mobile et la mieux protégée tiques très utiles pour évoluer en zone bâtie et il de type Infanterie retranchée dans un immeuble.
de toutes les plates-formes de combat terrestre, constitue une excellente base mobile et protégée. Les opérations en Irak ont montré une fois de
c'est assez naturellement que les opérationnels En premier lieu - et n'en déplaise aux idolâtres plus que, comme le disait le général Patton, la
ont pensé ie faire évoluer pour l'engager en zone de la roue -, la chenille permet de franchir tous les
urbaine. Bien que tous les manuels militaires obstacles complexes tels que les tas de gravats d'Im
Ci-dessous.
recommandent aux chefs de ne pas engager les meubles,faits d'un mélange de pierres, de blocs de Les blindages réactifs lourds Nehz(couteau en russe)
chars en zone urbaine, force est de constater qu'ils ciment et de barres métalliques''. La masse du char peuvent contrer les flèches.(Document Progress)

XCH<B34
RDX
)070i-20QQ
SUKT
O .<2

wnv

12
Ci-dessus.
Le char Ml est gourmand en logistique. Son tram
de roulement fragile s'use vite et sa consommation
de carburant est indécente en ces temps
de réchauffement climatique. Sa turbine est
un cauchemar pour tes maintenanciers. Mais il est
irrremplaçable.(Photo DoD)
Ci-contre.
Un PT91 au cours d'une présentation au salon de
Kielce.(Photo Bumar)

mitrailleuse est l'arme la plus utile du char. Or, le


combat urbain est un très gros consommateur de
tirs d'appui et de couverture au profit de i'infanterie.
Les chars y jouent ie rôie indispensable d'auto
mitrailleuses blindées. Une reconfiguration de I ar
mement secondaire du char n'est pas un chan
tier technique majeur et risqué car ies solutions
sont disponibles et adaptables.
Les deux caractéristiques techniques recher
chées pour le montage des mitrailleuses sur un cfiar
engagé en combat urbain sont la possibilité de poin
tage à fort site verticai et ia quantité de munitions Léopard 2PSO au pas de tir. Bien équ/pa
le char de combat classique peut être Irè*
prêtes au tir qui doit être la plus élevée possible. précieux en zone urbaine avec des appuim
Enfin, signalons la grande utilité des armes à tra génie et infanterie correctement protégé^
(Photo Krauss-Maffei)
jectoire courbe ou semi-tendue, type mortier de
60 mm ou iance-grenades de 40 mm,facilement
automatisables, et qui peuvent utilement équiper
le char.
La protection du char en zone urbaine doit
nécessairement tenir compte de l'aspect omnl-
directlonnel de la menace. Quasiment Impéné
trable sur l'avant, le char lourd moderne souffre
de quelques Insuffisances sur les côtés et l'arrie-
re. Mais les technologies modernes de blindage
proposent des configurations efficaces d'écrans
baiistiques à même de procurer une protection
tous azimuts. Dans le futur, une protection com
plémentaire active renforcera encore le bouclier.
Les modes d'action des chars en zone urbaine
sont très divers et varient beaucoup en fonction de
la nature même de cette zone. Rues étroites des
centres-villes et zones industrielles péri-
urbaines ne présentent pas les mêmes possibilités

4. Les Italiens en ont fait l'amère expérience à Nassiriya.


Les Centaure ont été Incapables de franchir les barricades
mises en place par les Insurgés.

13
Ci-dessous.
Schéma du Leclerc Azur. A noter que le Leclerc
de manœuvre ni les mêmes profondeurs de champ
sera complètement traité dans le prochain de tir. Outre son rôle classique de casseur de blin
tome 5sur les chars de combat. dés, le char pourra servir de capteur d'information
(Document Nexter Systems)
en raison de la qualité de ses moyens d'observa
tion, de canon d'appui mobile au profit de l'infante
rie, ou de bulldozer de circonstance.
Nexter Systems a développé avec la Section
technique de l'armée de terre (STAT) le Leclerc
AZUR (action en zone urbaine). Blindages anti-
RPG, protection contre les cocktails Molotov, com
munication sans fil avec l'infanterie débarquée,
coffres de ravitaillement de l'infanterie, mitrailleu
se télécommandée et système de vision panora
mique constituent le kit d'équipements AZUR
qui peut être monté sur n'importe quel
Leclerc en un temps bref. Dans le
même esprit, les Alle
mands présentent le
Léopard 2 PSO et les
Américains le M1 TUSK.

Au centre des
systèmes
infecentrés-.
L'arrivée en
masse des
technolo
gies de l'in
formation a
créé le concept de systèmes de forces infocen-
trées ou infovalorisées. Ces affreux néologismes
Léopard 2A6M canadien en essai de mobilité désignent l'organisation des formations de com
en Allemagne. Les Canadiens ont viré à 180° leur bat dont la clé de voûte sera la gestion de l'infor
opinion sur l'utilité du char. Mais il aura fallu
des morts, des larmes et du sang en Afghanistan mation. Tout acteur du champ de bataille aura la
pour s'en convaincre.(Photo Krauss-Maffei) possibilité d'être connecté à un gigantesque
réseau de communication où il trouvera les infor
mations nécessaires à son action. L'idée de base
est de considérer chaque pion élémentaire com
me un capteur d'information venant enrichir une
base de données tactiques.
Les cyberconflits qui exigent de « voir le pre
mier et comprendre te premier pour agir te pre-
mier » se dérouleront avec la constante obses
sion de dominer l'information. Toutes les plates-
formes de combat seront donc reliées à un Internet
militaire qui leur fera jouer alternativement le rôle
de capteur et celui de tueur, en fonction de la situa
tion tactique et de leur place sur le terrain.
Dans le domaine de l'information tactique et du
renseignement, des chars tels que le Leclerc pos
sèdent déjà un équipement de grande qualité.
A moyen terme, le Leclerc sera progressivement
doté des équipements de communication et de
gestion des informations tactiques qui lui per
mettront de s'intégrer dans cet espace de bataille
numérisé. Une interface de communication avec
les fantassins numérisés sera nécessaire afin
d'améliorer leur coopération sur le terrain.
Mais les promesses de l'infovalorisation devront
être confirmées sur le terrain. Et l'expérience miti
gée de Tsahal au Sud-Liban à l'été 2006 a montré
les deux visages de Janus : d'un côté, l'armée de
l'air israélienne a réussi à détruire la plupart des lan
ceurs lourds ZelzaI grâce à une boucle courte DADA
(détection-analyse-décision-action) de quelques
minutes entre le tir d'un missile balistique et le lar
gage d'une munition air-sol par les chasseurs en
alerte® ; et de l'autre côté, la techno-guérilla du Hez
bollah a réussi à retourner les communications israé
liennes par brouillage et intrusions massives. Ce qui
Ci-contre.
Il n'y a aucun doute dans l'esprit des Israéliens sur
la valeur du char dans les conflits modernes. Tsahal
utilise ses chars pour quasiment tous les types de
missions sur tous les types de terrains.(Photo iOF))

14
m

Sur cette page. le indépendante. Il ne s'agit donc pas de projets défense turc prit une orientation stratégique radi
La Corée a développé une nouvelle génération de
char, le K2 basé sur l'expérience acquise avec te Kl d'achat de chars étrangers importés, comme en ont cale rompant avec les pratiques passées. Les
déveioppé avec i'aide des Américains. La Corée coutume par exemple les pays du Moyen-Qrient. Turcs décidèrent d'intégrer le plus grand nombre
exporte désormais son savoir-faire, en particulier Cette tendance de fond est de nature à inter possible de technologies locales dans leurs sys-
en Turquie.(Photos ROK)
peller les dirigeants et décideurs occidentaux sou
5. Si les ZelzaI ont pu être détruits à cause de leur taille qui
fait dire à certains que la bataille de l'information est vent prompts à balayer d'un revers de manche les rendait difficilement dissimuiabies, les autres petits lan
nécessaire mais loin d'être suffisante. Et quand tout tous les arguments qui militent en faveur du main ceurs ont déversé leur cargaison mortelle sur Israël jusqu'au
commence « à merdefi », il vaut mieux mener le tien d'une flotte de chars significative qui apparaît dernier jour du conflit grâce à des tactiques « shoot and
run » très efficaces.
combat dans un char, derrière l'équivalent de à leurs yeux comme un héritage anachronique de 6. Le fameux SNAFU américain : Situation normal, ail fuc-
900 mm d'acier, avec un canon de 120 mm capa la guerre froide. Car, pour tous ces pays asiatiques, king up!(La situation est normale, tout merde I)
ble de pulvériser n'importe quoi, tout en étant capa le char constitue encore un système d'arme stra 7. On notera cependant qu'avant de céder la présidence
ble de se sortir d'une zone dangereuse grâce aux tégique et un puissant moyen de communioation Poutine a adopté une posture volontairement agressive en
lançant des programmes de nouveaux missiles balistiques
chenilles qui passeront partout. politique destiné à flatter le prestige national. et en ordonnant aux forces aériennes stratégiques de repren
Enfin, sur le plan tactique, un énorme champ Passons en revue quelques-uns de ces projets. dre les patrouilles d'alerte nucléaires en vol. Et la marine
d'expérimentation s'ouvrira avec l'apparition des Ce n'est pas sans malice que nous évoquons russe ne prévoit rien moins que trois groupes aéronavals
robots de combat et des drones tactiques mis en la ligne passant par Istanbul, car c'est en Turquie comportant trois porte-avions ctiacun pour affirmer la pré
sence mondiale de la Russie ! Par rapport à ces projets ptia-
oeuvre aux bas échelons. Comment manœuvrer que l'un des plus importants programmes de chars raoniques, le développement d'un nouveau char passe qua
des groupements tactiques à base de chars et doit être lancé. En mai 2004, le Haut Comité de si inaperçu.
d'engins télépiiotés ? C'est une grande et pas
sionnante affaire à suivre de très près.
Le couple char-drone n'a pas fini de livrer ses
étonnantes possibilités, comme l'avait fait avant
lui le couple char-aviation au cours du second
conflit mondial. Quant au domaine de la robotique
mobile, il n'en est qu'à ses débuts. La coopéra
tion char-robots est un espace opérationnel à défri
cher totalement.

Les développements actuels,


l'Asie en tete
La situation actuelle n'a pas d'équivalent dans
l'histoire. Tous les développements de nouveaux
chars de combat se situent à l'est d'une ligne pas
sant par Istanbul ! Preuve de la vitalité du concept
de char de combat, on ne recense pas moins de
huit programmes ou projets de chars en Turquie, en
Iran, en Corée du Sud, au Pakistan, en Inde, en
Israël, au Japon et en Chine. Et pour la première fois
dans l'histoire de l'industrie militaire, il n'y a aucun
projet de nouveau char aux Etats-Unis et en Euro
pe, à l'exception de la Turquie. LAsie concentre donc
tous les efforts techniques de ce début de siècle.
Quant à la Russie, on sait que les bureaux
d'études d'Omsk et de Nijni Taguil « bricolent »
un projet de T-95, mais les finances du pays pour
raient s'opposer à toute injection massive de fonds
dans un programme majeur, li faudrait que la Chi
ne mette en service un char réellement révolu
tionnaire pour contraindre la Sainte Russie^ à une
I
réaction adaptée.
Quand nous disons que huit programmes sont
en cours en Asie et en Turquie, il faut comprendre
huit projets nationaux soutenus par une volonté poli
tique très forte de construire une industrie nationa

15
. ..S,- .. •-■-- " *3

Ci-dessus et ci-dessous. tillerie, des munitions de tous calibres, des équi le plus réduit, taux ramené au nombre d'attaques
L'An'ete sera peut-être le dernier char développé par
l'Italie de manière autonome. Alors que l'Asie pements électroniques, et affichent même l'am antichars. Sa capacité à encaisser les coups a
développe une activité fébrile dans le domaine bition de construire un chasseur-bombardier ! Il accéléré la décision de développer un VCI lourd
des chars, l'Europe va se contenter de maintenir n'est donc pas étonnant qu'ils se soient lancés sur base Merkava : le Namera.
sa flotte pour les trente ans à venir, sans perspective
d'un programme de successeur. (Photo Esercito) dans la conception d'un char national : le Zulfiqar. L'Inde aura mis plus d'un quart de siècle pour
Ce char emprunte beaucoup d'Idées et de com développer à grande peine un char national, l'Ar-
tèmes d'armes majeurs, au premier rang desquels posants à des engins connus ou utilisés par les jun, dont les premiers exemplaires sont entrés en
leur futur char de combat. L'Industrie turque avait forces Iraniennes. Gela ne retire rien à l'ambition service l'année dernière. A l'origine du projet, tous
jusqu'à présent édifié ses bases en fabriquant des Iraniens de disposer, à terme, des moyens les composants du char devaient être de concep
sous licence des matériels conçus par d'autres. de leur Indépendance technologique. tion Indienne. Mais les difficultés de mise au point
Le char de combat turc doit être le premier exem Israël poursuit le développement de la lignée des d'un moteur, d'une conduite de tir et de bien d'au
ple de cette émancipation technologique. Le char chars Merkava, démarrée dans les années 1970. tres composants essentiels du char favorisèrent
national turc sera conforme aux standards OTAN La quatrième génération commence à rentrer en le recours à des technologies étrangères. Néan
et ses promoteurs souhaitent qu'il intègre d'em service dans Tsahal. Cette nouvelle version, bap moins l'Inde peut afficher une réelle volonté d'In
blée toutes les capacités multl-mlsslons/multl-théâ- tisée Merkava 4, présente des capacités très Inté dépendance technologique. On apprenait récem
tres d'opérations que les autres chars occiden ressantes de combat en zone urbaine et affiche ment que l'Inde relançait un programme de char
taux s'apprêtent à acquérir dans le cadre de leurs des niveaux de protection « 3 D » Impressionnants. lourd différent de l'Arjun, car ce dernier fait régu
programmes de modernisation. Sur un plan Industriel, seul le moteur est approvi lièrement l'objet d'attaques virulentes dues à ses
Sans publicité, mais avec efficacité et opiniâ sionné à l'étranger, tout le reste est « made In piètres performances et à sa fiabilité médiocre.
treté, l'Iran construit une puissante industrie de Israël ». Le Merkava 4 a été engagé au combat Son voisin, le Pakistan, ne pouvait pas faire
défense. Les Iraniens disposent désormais des pour la première fois au sud du Liban, à l'été 2006, moins qu'entreprendre le développement de son
capacités technologiques pour fabriquer des mis avec des résultats prometteurs. C'est l'engin blin propre char : l'Ai Khalld. Ce dernier est le fruit
siles balistiques, des blindés, des matériels d'ar dé qui a enregistré le taux de pertes en équipages d'une coopération avec la Chine, dont le modèle
connu sous le nom de MBT 2000 a servi de base
de conception.
L'AI Khalld commence à équiper les régiments
de l'armée pakistanaise, et le pays en fait main
f JW» tenant le fer de lance de ses exportations d'ar
mement. Le char était en particulier activement
promu en Arabie Saoudite. Sa conduite de tir ne
donne cependant pas satisfaction, et les Pakista
nais ont lancé un appel d'offres international pour
se procurer les technologies qui leur font défaut
dans ce domaine.
Linfluence grandissante de la Chine sur les affai
res asiatiques et moyen-orientales n'est pas étran
gère à la poursuite de l'effort de défense du Japon
et de la Corée du Sud. Le pays du Soleil Levant
n'a toujours utilisé que des chars de conception
locale et s'apprête à lancer la prochaine généra
,.<î ■'.■vLff'.,*-.,;»: tion de blindés. Le nouveau char japonais affiche
une masse d'environ 40 tonnes, est armé d'un
canon classique à âme lisse, et est propulsé par
un moteur diesel de 1 200 chevaux. Il sera proté
gé par un système électronique qui contrariera
16
Le MBT2000 chinois a été exporté au Maroc qui va
en équiper un bataillon pour « contrer » les T-90
algériens.(Photo Norinco)

l'action des menaces adverses. Ce programme La Chine enchaîne les programmes de chars à te nouvelle donne doit cependant être relativisée.
technologiquement très ambitieux draine des cen une cadence de guerre. Il ne se passe pas une En Chine, réduire les quantités signifie que l'on
taines de milliards de yens de recherche et déve année sans qu'un nouveau modèle soit révélé. passe de 20 000 unités à 5 0001 Soit encore dou
loppement. Ayant démarré, comme bon nombre de pays, la ze fois le parc moyen d'une puissance européenne
La Corée du Sud a entrepris l'étude d'un char production de chars en fabriquant des modèles et trois fois le parc opérationnel américain !
national, le K2, il y a environ huit ans. Les ingé étrangers sous licence, principalement d'origine En guise de conclusion toute provisoire, le char,
nieurs coréens ont parcouru toute la planète afin soviétique, les Chinois conçoivent désormais leurs renforcé dans son rôle de principale plate-forme de
de connaître les technologies utilisées par les propres machines et en exportent même la tech combat terrestre, va progressivement muter vers un
concepteurs occidentaux et s'informer sur les ten nologie dans certains pays, comme le Pakistan. engin multimission. L'intégration « à la carte »
dances à venir. Pour nous, Français, le résultat Il faut toutefois noter que l'architecture des chars d'équipements spéciaux lui permettra de passer d'une
est plutôt rassurant puisque les Coréens ont déci chinois reste encore très marquée par l'ascen mission antiblindé classique en zone ouverte à une
dé de concevoir un clone du char Leclerc, ce qui dance russe. Ce sont des chars à trois hommes mission de conquête du terrain en zone urbaine, sans
montre a posteriori toute la justesse des choix d'équipage, à canon de 125 mm et d'une masse omettre les missions de contrôle de zone, de dis
français faits il y a vingt ans I inférieure à 50 tonnes, comme leurs cousins de suasion classique et d'appui de l'infanterie.
Pour la Corée, cernée par la Chine, le Japon et l'Oural. Le dernier modèle est le Type 99, décrit Les principales puissances militaires euro
leurs cousins du Nord, la possession d'une flotte dans ce numéro. péennes vont stabiliser la taille de leurs flottes
importante de chars est une question de survie. Cette boulimie technique s'accompagne d'un respectives autour de 300 à 400 unités. Leurs
Aussi n'est-il guère étonnant que le char soit consi profond infléchissement de la doctrine militaire moyens de projection leur permettront
déré comme système d'arme stratégique pour chinoise qui privilégie maintenant la qualité des d'en déployer environ la moitié. La conservation
lequel une certaine indépendance technologique matériels au détriment de l'effet de masse d'une de cette capacité critique permettra à I Europe
doit être acquise. déferlante d'hommes et de matériels désuets. Cet- continuer à peser sur les affaires du monde. □

Le T-55, char du futur ?


Si vous voulez voir un Abrams en action, il faut comme arme antipersonnel de choc quand
vous rendre en quelques endroits précis d'Irak. son canon expédie des obus explosifs et que
Si vous voulez voir une poignée de Leclerc en ses mitrailleuses crachent la mort, ou corn-
action, rendez-vous au sud du Liban. Si vous me bulldozer pour pousser les barricades, le
voulez voir un Léopard 2 en action, quelques T-55 a traversé cinq décennies. Comme les
exemplaires canadiens slaloment entre les lED requins et les crocodiles qui ont corinu les
dans la région de Kandahar. Mais si vous vou dinosaures et qui sont encore parmi nous.
lez voir un T-55 en action, la planète vous est Avec une production inégalée d'environ 80
ouverte I Kosovo, Corne de l'Afrique en Soma 000 exemplaires toutes versions et tous pays
lie entre les mains d'Ethiopiens, Afghanistan confondus, le T-55 sera encore là dans vingt
entre les mains des hommes de feu Massoud, ans. Cela en fera le char de tous les records
ou sud du Liban avec le Hezbollah, le vieux T- en termes de production et de durée d'utili-
55 fait toujours le coup de feu. Et le président satlonL RAIDS ne pouvait faire mieux que lui
tchadien Déby doit sa victoire, début février 2008, rendre cet hommage en forme de clin d œil.
à une douzaine de T-55 disposés en hérisson
autour de son palais, qui ont pulvérisé toutes 1 En termes de durée d'utilisation, ii est possi
les colonnes de 4 x 4 rebelles qui s'aventuraient ble que le T-55 soit en compétition avec le
sur les axes principaux de N'Djamena. vénérable M41 dont quelques exernplaires sont
Si vous savez conduire une voiture et tirer au
encore en service en Thaïlande et à Taiwan.
fusil, vous pouvez servir un T-55. C'est le char
le plus simple du monde : une paire de che Ci-contre.
nilles, un moteur, un canon. Point final. Utilisé Présentation d'un TB-85M1 de construction
comme artillerie mobile sur des objectifs à vue. roumaine. (Photo Forces armées roumaines)

17
m

> '■

'<1

y \
Août 2007,le premier Léopard 2A6 canadien
débarque d'un Antonov 124-100 sur ia piste de
Kandahar,en Afghanistan. Pour amener des forces
significatives au cœur de l'Afrique ou en Asie
centrale, les avions-cargos stratégiques sont
indispensables. L'A400M est trop juste et
un complément capacitaire est hautement
<

souhaitable. Les Canadiens ont commandé


\^aTIONAL cargo
quatre 0-17 Giobemaster iii. W^Înspobter
(Photo Canadian Combat Caméra)

•"»« -*• - ■" ^ ---V

^ Au début des années 2000/ l'armée '


canadienne faillit se perdre elle-même en cédant au
chant des sirènes à roues. Elle décida le ferraillage de
tous ses véhicules chenillés/ M109, Léopard C2/ et M113.
Un brutal Retex d'Afghanistan/ aidé par une démarche
très pragmatique typiquement anglo-saxonne/
permit aux chars de combat de retrouver leur
place naturelle sur le champ de bataille.
Le présent article fait la synthèse des rapports écrits par les officiers
canadiens sur l'emploi des chars Léopard C2 en Afghanistan au cours
de l'année 2007, et sur la préparation des chars Léopard 2A6M qui les
[-■ ont remplacés en 2008.
Après avoir combattu l'insurrection taliban au sud-ouest du pays, le^
1 bataillon Princesse Patricia du Battle Gtvup d'infanterie légère fut confron
té au printemps 2006 à un accroissement des activités ennemies dans les
districts de Panjwayi et de Zhari dans la province de Kandahar. Quelques
semaines après son arrivée en août 2007, le 1 bataillon du Royal Cana
dian fîeg/menf reçut la mission de nettoyer ces deux districts lors de
l'opération Medusa. Il était en effet vital de regagner la confiance des popu
lations sans laquelle l'action des unités de la FIAS et été très délicate.
Les talibans décidèrent de mener un combat frontal conventionnel à
Pashmul, fort éloigné de leur tactique d'embuscades et de shoot-and-
run habituelle. Sachant que les Canadiens n'étaient dotés que de véhi
cules à roues aux capacités de franchissement limitées (LAV 8 x 8), les tali-

Ci-contre.
L'infanterie motorisée et ses LAV s'est sentie rassurée par l'arrivée des vieux
Léopard 02 que des « penseurs >> militaires vouaient à ia casse. Comme rien
, n'entrave les chenilles et que rien ne résiste à un 105 mm, les Canadiens écrasèrent
.Tti, nombre de positions ennemies sans faire courir de risque à leur infanterie qui finissait "
te travail. (Photo Canadian Combat Caméra)
m.

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4.; Ui^;:-^ - «■ WÎ:V-U ■


■■t'^ y/ - i* ■ ■ ■ ^> ' .

iiii lin iiii Mi l


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il Mfe
Un Léopard 2 de l'escadron C du LordSlrathcona's
Horse (LdSH) fait feu sur un champ de tir dans
le district de Panjwayl, en février 2008.
Les Canadiens attendent avec Impatience
les nouveaux obus HE de 120 mm car les résultats
de tir des traditionnels MEAT se sont révélés
décevants face aux retranchements. Les canisters
sont aussi envisagés.
(Photo Canadian Combat Caméra)

m
Hérissés d'antennes de brouilleurs lED et bans établirent des positions retranchées au milieu SOUS peine d'inefficacité opérationnelle. En clair, le
caparaçonnés dans teurslat armor, les nouveaux
Léopard 2A6M canadiens du Lord Strathcona's des vignes^ et des champs de pavots dont les accès saupoudrage d'une patrouille de deux chars en appui,
Horse(LdSH)ouvrent un Itinéraire au profit directs furent interdits au moyen de mines et d'IED. par exemple, d'une section d'infanterie n'est guère
des LAV dans la zone de Panjwayl,en février 2008. Le chef du corps du Battle Group, le lieutenant- recommandé.La nature du terrain afghan ne permet
(Photo Canadien Combat Caméra)
colonel Omer Lavoie, réalisa rapidement qu'il lui fal pas d'organiser des appuis efficaces dans cette confi
lait restaurer la mobilité tactique de ses forces afin guration tactique.
de déloger l'ennemi de ses positions. Avec un sens
de l'improvisation remarquable, il réquisitionna des La mobilité tactique.
bulldozers civils chenillés qui ouvrirent des passa
ges dans les cultures denses Infranchissables aux A partir de mai 2007, les chars furent engagés
engins à roues. L'infanterie suivit de près la pro dans des actions décisives et victorieuses dans
gression des bulldozers, elle-même couverte par un des terrains très variés auxquels les véhicules à
fort soutien d'artillerie et d'aviation, et termina le com roues n'auraient tout simplement pas eu accès.
bat à courte distance avec les talibans pris au Outre les vignes, les parcelles compartimentées
dépourvu. Le 13 septembre, les talibans capitulaient, à l'aide de petits murets de terre et de pierre cons
laissant sur le terrain des centaines de combattants. tituèrent le refuge des talibans jusqu'à ce que les
chars fassent leur apparition. Ecrasant ou esca
Ci-dessous. ladant allègrement ses obstacles, les chars chas
Des sous-groupements tactiques combinant chars et sèrent l'ennemi de ces sanctuaires. La restaura
LAV embarquant sapeurs d'assaut et fantassins furent
terriblement efficaces pour chasser les talibans
tion de la mobilité tactique passa aussi par l'équi
des terrains complexes. pement des chars en moyen de déminage, charrue
(Photo Canadien Combat Caméra) et rouleaux. C'est une configuration classique'*

' :V' A

Interrogé à l'issue des combats, Lavoie décla


ra que si on lui avait demandé cinq mois aupara 1. LAfghanistan n'est pas un producteur de vin, par contre
les Afghans raffolent des raisins secs.
vant si il avait besoin de chars, il aurait répondu : 2. Un expert militaire auto déclaré, Mlchael Wallace, pro
« Foutaises ! » Son opinion et celle de l'état-major fesseur de science politique à l'université de Colombie Bri
canadien virèrent à 180°, et décision fut prise d'en tannique, s'opposa à l'envoi de « chars des années 60 » sur
voyer des renforts de chars en Afghanistan^. un théâtre d'opération où pullulent des RPG et autres armes
anti-chars modernes capables de les détruire très facile
Six semaines furent nécessaires pour prépa ment. Il ajouta que la présence des chars choquerait la popu
rer, entraîner et expédier^ l'escadron B de quinze lation locale et éloignerait les Afghans des troupes alliées à
chars Léopard 02 du Lord Strathcona's Horse, un moment où la bataille pour les cœurs et les esprits devait
être gagnée. Les faits prouveront le contraire. L'objection sur
une unité du génie blindé du 1 Combat Engineer la vulnérabilité fut réfutée par la confiance que mirent les
Regiment, et leur soutien logistique. fantassins débarqués en leurs chars derrière lesquels ils se
Dès le mois de décembre, les chars furent systé protégeaient face aux tirs directs et aux éclats divers. Cin
matiquement engagés dans toutes les opérations du quante tonnes d'acier sont plus résistants que la chair humai
ne, disent les Canadiens. En outre, les C2 équipés des sur
Battle Group. Les talibans ne tardèrent pas à subir la protections garantissent à leurs équipages une probabilité
terrible efficacité des obus explosifs HESH de 105 mm de survie très supérieure à celle d'un LAV à peau mince. A
tirés avec une mortelle précision pour dégager les la deuxième objection, les tankistes répliquent en disant
qu'aucun obus tiré par un char Léopard C2 n'a jamais tué
unités prises dans des embuscades ou subissant un un seul civil afghan. Le fait de pouvoir approcher l'ennemi
harcèlement de leurs positions. En décembre 2006, au plus près grâce à la protection balistique et à la mobilité
ce qu'il faut bien appeler un SGTIA,composé de l'es tactique permet aux chars d'Identifier à coup sûr la cible, la
cadron B, d'une compagnie d'infanterie et de la sec terrible précision d'un canon de char fait le reste. Petit coup
de pied de l'âne à l'adresse des aviateurs dont on ne comp
tion de génie blindé, fut engagé pour détruire des te plus les bavures...
groupes d'insurgés dans les districts de Howz-e- 3. Par vole aérienne en utilisant des Antonov 124 de loca
Madad et de Maywand afin de réduire leur capacité tion entre le Canada et le Kirghizstan, puis en 0-17 améri
à se regrouper en vue des offensives du printemps. cain vers Kandahar. Cette opération fut essentielle dans la
décision des Canadiens d'acheter quatre 0-17.
LANA, les forces spéciales américaines et des L'A400M n'est qu'un gros O-130 et ne permettra pas
éléments de la police afghane furent fréquemment l'acheminement stratégique de moyens lourds à longue
associés à ces groupes interarmes canadiens. distance. La France doit réfléchir rapidement à l'acquisition
Il arriva que l'escadron soit scindé en deux afin de de cette capacité stratégique.
4. Configuration hérétique aux yeux des gens de l'Arme en
former de petites unités interarmes formées de deux France qui considèrent que les tâches « de basse œuvre "
pelotons (troops) de chars et d'une compagnie d'in comme le déminage, le breaching et la préparation du ter
fanterie. Lexpérience montra qu'il n'était pas très pru rain doivent être réaiisées par la piétaille, sapeurs appuyés
dent de descendre en dessous de cette taille critique par l'Infanterie.

21
m

Ci-dessus et ci-dessous. Les systèmes d'irrigation constituent un autre munitions de 25 mm est à l'origine de ces contre-
Utilisant ieurs chars comme piates-formes d'aide
à la mobilité(avec peiies et charrues),ies Canadiens type d'obstacle infranchissable par les véhicules performances.
permirent à ieurs coionnes de traverser sans à roues. Certaines vallées afghanes en sont A contrario, les chars Léopard C2 engagèrent
dommage des terrains compartimentés ou minés. quadrillées. Seuls les chenillés peuvent les fran l'ennemi jusqu'à 4 000 mètres (merci le canon
(Photo Canadian Combat Caméra)
chir pour déloger l'ennemi ou le prendre à revers. rayé...) avec précision. Cela permit de « ramol
lir » les défenses ennemies à des distances impor
tantes, tout en tenant sa propre infanterie à l'abri.
chez les Anglo-Saxons et les Israéliens qui consa Toute l'importance de l'allonge fut une fois de plus
crent un ou deux chars dans chaque escadron à Le canon de 105 du Léopard 02 tire une muni mise en valeur. La conduite de tir incorpore une
la mission d'ouverture d'itinéraires et d'ouverture tion HESH particulièrement dévastatrice contre caméra thermique dont l'utilité, voire le caractère
de brèches. Les Léopard C2 dégagèrent de nom les positions retranchées et les bâtiments. Les indispensable, n'est plus à démontrer. Cela pro
breux véhicules engagés dans de vieux champs Canadiens laissèrent au pays les munitions flè cure aux chars la capacité d'engager l'ennemi
de mines soviétiques, et parèrent de nombreu ches, inutiles en l'absence de menace blindée. avec succès alors que ce dernier se croit relati
ses explosions d'IED à pression en roulant en Avant l'arrivée des chars, l'arme d'appui direct vement protégé par l'obscurité. La charge explo
avant des convois. Les charrues sont aussi très à la disposition des fantassins canadiens fut le sive de 4,5 kg contenue dans les HESH contribue
efficaces pour éliminer la végétation dense. canon automatique de 25 mm des LAV. Cette arme fortement à l'efficacité terminale de l'obus contre
Les dépanneurs Badger furent aussi mis à contri montra de nombreuses limitations tant en portée toutes sortes de cibles. Et un équipage bien entraî
bution pour détruire les obstacles grâce à leur qu'en efficacité pour traiter les positions enne né peut expédier sur l'objectif un nombre consi
pelle de déblaiement. mies. La faiblesse du chargement d'explosif des dérable d'obus en un temps très court.

MHO!

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3

22
Les Léopard 2A6M amènent une nette
augmentation de protection, de capacité
d'observation jour/nuit et de mobilité.
(Photo Canadian Combat Caméra)

mwme

Comme le disait le général Patton, la mitrailleu feu, mobilité tactique et protection sont à l'origine l'opération qui consiste à monter des charrues ou
se est l'équipement le plus utile du char. Et les du succès des armes canadiennes. Rien de nou des rouleaux sur un Léopard 2 soit possible), et
Canadiens en firent un usage intensif. Tant la veau, direz-vous. C'est le retour des basiques, un constatent que les obus HEAT de 120 mm s'avè
coaxiale que l'arme de toit(mise en oeuvre depuis peu oubliés par quelques armées anesthésiées rent moins efficaces que les HESH de 105 mm.
l'intérieur de la tourelle grâce à un renvoi méca par des décennies d'opérations de maintien de la Ils attendent avec Impatience l'arrivée des nou
nique) appuyèrent l'assaut des fantassins cana paix ou d'escarmouches africaines. veaux 120HE d'origine américaine ou allemande.
diens ou brisèrent net les attaques des talibans. On notera aussi la présence de quatre chars Ayant conduit de nombreux combats à courte
de dépannage pour quinze chars de combat. portée contre des formations de talibans, les tan
Eecsp&clLvesLjmiuLl^BC Tous les ratios temps de paix sont explosés en la kistes réclament des obus canisters du même type
matière. Seuls les Israéliens font « mieux ». que ceux tirés par les Ml Abrams américains.
Les Canadiens ne nient pas que les chars sont Le remplacement des C2 par les Léopard 2A6M Avec une flotte d'une centaine de chars Léo
gourmands en moyens logistiques. Mais les ser fut très attendu par les tankistes canadiens. pard 2A6M,l'armée canadienne va conserver ses
vices rendus et les vies sauvées pèsent plus dans Le nouveau char amène 10 tonnes de blindage capacités de manœuvre interarmes et sa crédi
la balance. Les statistiques sont d'ailleurs claires supplémentaires (contre les RPG, les mines et bilité en tant que partenaire majeur engagé dans
à ce sujet. La majorité des soldats morts en Afgha les lED®), 700 chevaux de plus, une climatisation, des opérations de moyenne/haute intensité. □
nistan furent victimes des lED, des attaques sui et une conduite de tir numérique autorisant le tir
cides et des accidents. Peu tombèrent en combat en marche. 5 Un Léopard 2A6M fut victime d'un lED enterré début 2008.
face à l'ennemi grâce à l'emploi de formations Mais les Canadiens regrettent déjà l'absence Le blindage spécial de plancher sauva l'équipage. Le char
interarmes incorporant des chars. Puissance de de moyen de déminage (bien que techniquement fut, par contre, déclaré irréparable.

It est permis de penser que nos braves AMX 30 B2B


n'auraient pas été ridicules dans un emploi tactique
similaire à celui des 02. Avec leurs briques Brenus,
tous leurs armements servis sous blindage
(105,20 mm et 7,62) et une petite pelle à l'avant,
ils auraient rempli la mission avec la même
efficacité. (Photo Canadian Combat Caméra)

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Le char K2 a fière allure. Il reprend intégralement


les principes architecturaux du Lecierc;tourelle
deux hommes à profil bas, équipage trois hommes,
configuration optronique à deux viseurs
indépendants et arcure mètre(que i'on aperçoit
sur ie masque), entre autres.(Photo ROK)

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Comme il est rappelé dons Ci-dessus.


Présentation officielle du prototype K2 présenté par
le chapitre consacré au char i'ADD, l'agence de défense sud-coréenne. (Photo ROK)
Kl V la Corée du Sud dut Ci-dessus.
La présence de nombreux cours d'eau
foire appel à son allié améri a conduit les ingénieurs sud-coréens
à concevoir cet imposant schnorkei
cain pour développer et de plongée permettant au char
de franchir 4 mètres d'eau.
fabriquer son premier char (Photo ROK)

national.
L'agence gouvernementale ADD chargée du
développement des technologies militaires se vit
rapidement confier la mission de rechercher tou
tes les sources scientifiques et techniques visant
à procurer à la Corée du Sud une autonomie com
plète pour la mise au point de la génération de
chars suivante. On vit alors les ingénieurs d'ADD
parcourir le monde à la recherche d'idées, écu-
mant tous les salons d'armement, et visitant tout
ce que la planète compte d'industriels compétents
et réputés dans ce domaine.
Le résultat de ces dix ans d'intenses inves
tigations est le KFMBT. Si l'on jouait au
quiz « char de combat », à la ques Ci-dessus et ci-dessous.
Cette vue technique permet d'identifier les
tion : « Quel est le char de zones protégées par tes briquettes réactives
55 tonnes qui est équipé anti-bombeiettes sur le toit de tourelle et
d'un chargement auto le haut du glacis. (Photo ROK)
matique, d'un canon de
120 mm à tube long, d'un
GMP 1 500 chevaux, d'un arcure mètre dyna
mique, d'une suspension oléopneumatique et d'un
système d'information terminal ? », la réponse
fuserait : « Le Leclerc, bien sûr ». D'ici quelque
temps, il conviendra de rajouter : « Et le KFMBT
K2, ou Korean Future Main Baffle Tank. »
Si le fait que le Leclerc soit la sour
ce d'inspiration principale des ingé
nieurs coréens flatte notre ego déme
suré, il faut douloureusement rappe
ler que cet emprunt d'idées ne se
traduira par aucun achat de compo
sants français par l'industrie du pays
du Matin Calme !
Les premières études sur le K2 furent
entreprises entre 1995 et 1997. Dès 1998, la mise
au point de certains composants majeurs débu
ta. Ce prédéveloppement dura quatre ans, jus
qu'en 2002. A partir de 2003, le véritable déve
loppement fut entamé afin de pouvoir disposer de

26
Ci-contre.
Tir de munition fièche. Les Coréens ont aussi
massivement investi dans ies technoiogies
de munitions modernes à cartouche combustible
aux normes OTAN.

prototypes de qualification. On sait que la Corée


du Sud a recfierché des partenaires pour un éven
tuel codéveloppement qui aurait allongé les séries
et diminué les coûts. Profitant de l'adoption de
l'automoteur coréen Firtina par les forces turques,
la Corée approcha la Turquie dans ce sens, en
2003. En effet, les Turcs étaient toujours embar
qués dans leur programme de charTNMBT, pour
lequel concouraient le Leclerc, le Ml, leT-84 et le
Léopard 2. Et en juin 2007, on apprenait que
Rotem, fabricant du K2, était choisi comme par
tenaire d'Otokar pour développer le char national
turc.
Par rapport au K1, le K2 se situe dans une clas
se de masse très supérieure. Avec 55 tonnes en
ordre de combat, le K2 affiche 12 tonnes de plus
que son prédécesseur. Une partie de cette mas
se est utilisée pour renforcer la protection balis
tique face aux menaces modernes telles que les
flèches de gros calibre. Les Coréens annoncent
que l'amélioration de protection par rapport au Kl
est de 70 %2.
Le K2 bénéficie, en outre, d'une protection par
tielle du toit de tourelle et du glacis par briques
réactives contre les bombelettes et les charges
génératrices de noyau délivrées par l'artillerie et
l'aviation.
Cette nouvelle protection balistique constitue
l'ultime rempart face aux projectiles antichars de r
type missiles ou roquettes qui n'auraient pas été ... L
convenablement traités par le système de
contre-mesures électroniques. Celui-ci comprend
quatre détecteurs d'alerte laser, disposés aux qua
tre coins de la tourelle, d'un ensemble d'antennes
de détection des projectiles, situé sur le toit arrière
de la tourelle, et de senseurs infrarouges. Les
informations de menace ramenées par ces cap
teurs sont gérées et analysées par un calculateur
central, qui déclenche au moment opportun des
contre-mesures de type fumigènes large bande
1. Voir le hors-série n° 3 de RAIDS.
2. En valeur absolue, cela pourrait passer pour une amé
lioration spectaculaire. Mais le K1 se situait dans la four
chette basse en matière de protection balistique. Une amé
lioration de 70 % amène donc le K2 dans des valeurs très
moyennes. . mi ■_ p.mi iieu . .-r »ïi

Plan deux vues du K2. (Document ROK)

27
Vu de l'arriéré,leK2a des faux airs de M-1A2.
(Photo ROK)

Ci-contre.
Intéressantes vues permettant d'identifier
les détecteurs d'alerte laser sur le toit, tes antennes
radars du système de protection active et ie viseur
panoramique chef.(Photos ROK)

OU riposte hard kill, dont les lanceurs sont visibles


sur les flancs de tourelle. Ces informations s'affi-
I t/if chient aussi sur l'écran tactique du chef de char
en coordonnées polaires sous forme de rosace.
Le K2 propose donc une panoplie très complète
et très moderne de survivabilité qui n'a rien à
DreinNff llain" envier aux dernières réalisations américaines ou
européennes du secteur.
La tourelle du K2 est résolument nouvelle. Son
architecture générale est très inspirée de celle du
Lecierc avec son équipage de deux hommes
disposé de part et d'autre du canon, un charge
ment automatique des munitions en nuque et un
masque massif portant ie canon de 120 mm.Ce
dernier est conforme au standard OTAN et pré
sente une longueur de 55 calibres, comme le
modèle allemand de Rheinmetall qui équipe le
Léopard 2A6. Ce long tube permet de tirer des
flèches à 1 800 mètres par seconde. Il est équi
pé d'un arcure mètre. Larcure mètre laser est un
autre emprunt au Lecierc. Il permet de mesurer
les déformations dynamiques du tube soumis aux
sollicitations générées par les évolutions du char
en tout terrain. Cela mesure à tout instant la posi
tion de la bouche du tube dans l'espace, donnée
introduite dans ie calculateur balistique qui en
déduit les corrections de tir correspondantes.
Les Coréens ont développé deux munitions pour
ce canon : une flèche en tungstène à grand allon
gement et un HEAT-MP sous-calibré à sabot simi
laire au modèle américain MPAT. Doté d'une fusée
programmable ou de proximité, ie projectile per
met de prendre à partie des cibles dissimulées
ainsi que les hélicoptères.
La plupart des munitions sont emmagasinées
dans le chargement automatique de nuque. D'un
28
On distingue bien ies lanceurs fumigènes derrière
les antennes radars, ils constituent le premier
rideau de défense active du char.(Photo ROK)

«MlplJi

II

modèle en tout point conforme à celui du Leclerc Kl Al. Il intègre une fonction de poursuite auto relles. Cette motorisation incorpore un système de
- il vrai que ce dernier fut exposé à maintes repri matique des cibles en mode infrarouge. gestion de l'énergie, elle aussi inspirée du Leclerc.
ses dans différents salons, ce qui facilita la tâcfie La motorisation de la tourelle est électrique, ce Le châssis du K2 présente une silhouette très
des copieurs -, il permet ia sélection et le char qui procure à la fois une grande qualité de stabili similaire à celle du Kl, avec ses garde-boue avant
gement automatique des munitions dans le canon. sation ainsi qu'une sécurité améliorée pour l'équi si caractéristiques et son nez plat. Ce sont
La conduite de tir est d'une composition clas page qui n'a plus à craindre les incendies de flui d'ailleurs les seuls traits communs identifiables,
sique. Le tireur dispose d'un viseur de toit dérivé de hydraulique des anciennes générations de tou car toutes les entrailles de la bête sont nouvelles.
de celui mis au point pour le K1A1. C'est un
viseur stabilisé intégrant une caméra thermique
8-12 pm, une caméra jour et un télémètre laser.
De même, le viseur panoramique chef béné
ficie du développement du viseur KCPS du

' Ci-contre.
Les anciens du bataillon de Corée
rappellent avec émotion combien ies
Projet de munition à
charge formée permettant
hivers coréens peuvent être rigoureux...
La conception du matériel doit en tenir d'attaquer le char hors de ia zone efficace des
compte.(Photo ROK) protections actives.(Photo ROK)
Ci-dessus.
Le K2 peut tirer en roulant sur cibles mobiles et
renouveler le tir sans problème ni baisse de cadence
grâce au chargement automatique.(Photo ROK)
Page suivante, en haut.
Exercice de tir pour le char X-2 de présérie.
(Photo ROK)
Ci-contre.
Toujours aussi spectaculaire et étonnant pour le non-
initié, un franchissemet en submersion.(Photo ROK}}

Le K2 est propulsé par un GMP de 1 500 che


vaux, qui lui donne un rapport puissance/poids
très favorable de 27 ch/t.
Cette puissance sera pleinement utilisée grâce
à un train de roulement faisant appel aux derniè
res technologies. La suspension oléopneumatique
du type « in-arm » permet de gagner plusieurs
centaines de kilos sur une suspension conven
tionnelle et autorise l'Intégration de fonctions com
plémentaires. Par exemple, la garde au sol varia
ble est commandée depuis le poste de pilotage
et permet d'affaisser le char ou au contraire d'aug
menter la garde au sol. Le système permet, en
outre, de baisser le nez ou l'arrière du char afin
de surpointer le canon, ce qui peut se révéler très
utile pour tirer sur des cibles évoluant sur un fort
dénivelé.
Le contrôle dynamique de la tension de che
nille est une autre nouveauté présentée par ce
char. Il permet de maintenir la tension de la che
nille alors que le char franchit à haute vitesse un
obstacle. Cela a généralement pour effet de créer
un brin « mou » préjudiciable au bon engrène-
ment de la chenille sur le barbotin. Un vérin hydrau
lique asservi à un capteur de position de la pou
lie de tension permet de rétablir instantanément
la tension de chenille.
Enfin, un groupe auxiliaire de puissance de
8 kW alimente les principaux organes de tourel
le quand le char est à l'arrêt, moteur éteint.
•vM
Avec le K2, la Corée du Sud fait son entrée dans
le club très fermé des concepteurs de chars
modernes.
LADD et l'industriel Rotem ont été choisis par
les autorités turques pour fournir une assistance
technique afin de développer le futur char natio
nal turc. □

Ci-contre.
Le K2 est un char très compact. La stature des locaux
permet aux ingénieurs de limiter les volumes
ergonomiques. (Photo ROK}

Ci-contre.
Le char K2 fait une démonstration des possibilités de
sa suspension hydraulique à garde au sol et assiette
variables. (Photo ROK}

30
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Koroan New Mdin Battie l^k XK2


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Koroan New Main Battie Tank XK2 Koroan Now Maki Sattto Tbink XK2

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Koroan New Main Battie Tank XK2


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31
En quinze ans,le Léopard2est
devenu le char standard de l'OTAN.
{Photo Krauss-Maffei)

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Ce Léopard 2H grec adopte un camouflage


inhabituel.(Photo Forces armées grecques)
Quand le hors-série n° 5
sortit en 2002, le Léopard 2
équipait la Bundeswehr,
les armées suédoise et
suisse, et venait d'être choisi
or l'Espagne, le Danemark,
rca Norvège et l'Autriche.
Toujours seul char d'occasion à canon de
120 mm moderne offert à la vente, le Léopard 2
n'a pas tardé à séduire depuis lors les armées
polonaise, finlandaise, grecque, chilienne, turque,
canadienne, singapourienne et portugaise, qui
voyaient là un moyen très économique de se doter
d'un char standard OTAN à bas prix.(Pour le détail
de ses ventes, on se reportera au tableau de syn
ta*. thèse.)

Ci-contre.
Le premier de série du Léopard 2E espagnol effectue
une démonstration de mobilité, en sortie d'usine.
(Photo Forces armées espagnoles)

32
Léopard 2A6M allemand. On distingue
le blindage de plancher rapporté.
(Photo Krauss-Maffei)

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On peut raisonnablement supposer que la res Ci-dessus.
source allemande va bientôt se tarir, et la néer Les plans de la Bundeswehr Tir d'un Léopard 2H sur le champ de tir
landaise va cesser d'en être une après les livrai du mont Olympe,en Grèce.
Linitiative de KMW de développer la version PSO pourrait déboucher (Photo Forces armées grecques)
sons au Portugal et au Canada. Mais le marché prochainement. En effet, la Bundeswehr étudie l'acquisition de la capa
continuera d'être durablement perturbé par la vente cité PSO au moyen d'une gestion originale de sa flotte. Cette derniè
des Léopard 2 suisses dont environ 150 exem re sera constituée de 155 Léopard 2A6,70 Léopard 2A6M (protection
mines), 125 Léopard 2A5... et 50 tourelles issues des modèles A4 mais
plaires attendent les offres d'éventuels acqué modifiées en version PSO. En cas de besoin, ces tourelles pourraient
reurs. être montées sur des chars A5 ou A6.
On sait que la bataille fait rage en Pologne Ces tourelles bénéficieraient, en outre, d'une refonte complète de leur
entre l'Industriel local Bumar Labedy et le gou optronique. Rheinmetall propose de remplacer la caméra thermique du
vernement, à propos de l'acquisition d'une nou viseur tireur EI\/IES-15 par sa nouvelle caméra Saphir. De même,le viseur
velle tranche de chars auprès de l'Allemagne. chef panoramique jour du A4 pourrait être remplacé par le nouveau viseur
Rheinmetall SEOSS jour/nuit qui utilise la même caméra Saphir.Ce viseur
Bumar Labedy a vendu son char PT91 à la Mal a été conçu pour pouvoir tirer des missiles type Lahat à guidage laser car
aisie - non sans problème technique, d'ailleurs - Il intègre un désigriateur laser. A noter aussi la présence d'une petite camé
et cherche à préserver ses chaînes de fabrication ra dite de proximité qui permet l'obsen/atlon aux abords Immédiats du char.
à travers un contrat de l'armée polonaise. Cette Ce viseur très complet apporterait des capacités de combat très Inté
dernière ne tient pas particulièrement à récupé ressantes au char allemand.
rer des productions nationales alors qu'elle a mis Nous ne serions pas complets si la technologie de protec
tion AMAP proposée par IBD DIesenroth n'était pas évo
en place toute une chaîne logistique pour les chars quée. IBD a présenté le concept AMAP sur Léopard 2.
d'origine allemande. LAMAP se compose de plusieurs solutions passives
L'affaire est donc totalement politique et bud et actives de protection pour faire face à une grande
gétaire, car la Bundeswehr se séparerait de ses diversité de menaces dont les lED à base d'EFR LA-
chars pour une bouchée de pain, alors que les MAP-B renforce la protection contre les flèches et
PT91 neufs sortant d'usine seraient vendus à prix les charges creuses de lance-roquettes. LAMAP-SC
fort.
est conçu pour contrer les EFP et les RPG,tandis que
l'AMAP-R recouvre les toits contre les bombelettes. LA-
La dernière rumeur de vente de chars Léopard 2 MAP-L est un set de pare-éclats. Enfin, l'AMAP-ADS
d'occasion vient... de Londres ! Lancés dans n'est autre que la version adaptée au Léopard du
un programme de changement d'armement de système de protection active SHARK.
leurs chars Challenger - l'opération consistant à
changer le tube rayé RO par un canon Rhelnme-
tall lisse de 55 calibres - et faisant face à de nom
breux problèmes techniques d'Intégration, les Bri
tanniques se disent que l'achat à bas prix et la
modernisation de quelques Léopard 2 leur coûte
raient moins cher. Affaire à suivre donc.
Enfin, on ne peut s'empêcher de penser que
certains pays de l'Europe de l'Est qui ont rejoint
l'OTAN feront le choix du char allemand. Répu
blique tchèque, Slovénie, Roumanie ou Hongrie
en font partie.

34
Ci-dessus.
Léopard 2E espagnol en
manoeuvre avec la division Brunete.
(Forces armées espagnoies)

Ci-contre.
Présentation de l'architecture générale
du Léopard 2A6.(Document Krauss-Maffei)
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Ci-dessus. A la demande de la Bundeswehr, une pro


Des Léopard 2A6 de la Bundeswehr en action. Les Léopard 2A6E (Espagne)et 2A6G (Grèce) tection rapportée de plancher a été mise au
Au total, l'armée allemande aligne encore 839 Léopard
(Photo Bundeswehr) sont les versions les plus abouties du char alle point. Ainsi équipé, le char prend la déno
mand. Elles se caractérisent par l'adoption de blin mination A6M. Cette protection anti
Page précédente, en haut.
Cette photo met bien en évidence la longue volée dages lourds du type A6 de la Bundeswehr et par mine a été adoptée par l'armée
du canon Rheinmetall 120 mm de 55 calibres qui l'Intégration du canon Rheinmetall de 120 mm à suédoise sur ses STRV122, et
équipent tous les Léopard 2A6 et les versions export tube long 55 calibres. Une protection balistique les Canadiens ont deman
espagnole et grecque.(Photo Krauss-Maffei)
de toit vient accroître la survivablllté de la plate dé son adaptation sur
forme. les chars qu'ils ont
Page précédente, au centre.
Plan trois vues du Léopard 2.(Document Krauss-Maffei)
Ci-dessous.
La firme espagnol Santa Barbara, filiale de GDLS,qui
Page précédenfe, en bas. fabrique sous licence ie Léopard 2E,exposait un
La firme suédoise Barracuda propose un revêtement exemplaire du char au saion idex d'Abu Dhabi 2008.
furtif qui absorbe partiellement les ondes radars et L'Espagne souhaite exporter ie char et amortir ainsi
atténue fortement le rayonnement infrarouge. l'investissement coûteux réalisé lors du transfert de
(Photo Barracuda) technologie avec l'Allemagne.(Photo Marc Chassiilan)

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Ci-dessus, ci-contre et ci-dessous.
La Suisse a fabriqué sous licence le Léopard 2 dans
les années 1980. Comme toutes les armées
européennes, elle a fortement « dégraissé » son arme
blindée et met sur le marché une quantité Importante
de chars d'occasion. Cela contribue fortement à
orienter à la baisse le marché du char neuf. L'armée
suisse voudrait moderniser ses chars
en les numérisant et en améliorant la protection
balistique, car celle-ci est équivalente à celle
des versions A4 allemandes complètement dépassée.
(Photos Forces armées suisses)

Page précédente, photo 1.


Sur ce Tank 87suisse, on remarque une bâche
multl-spectrale de furtivité et un tourelleau
d'autodéfense monté sur le toit. Les Suisses ont mené
leur propre programme de modernisation.
Indépendamment des versions allemandes AS
puis AS.(Photo Forces armées suisses)

Page précédente, photo 2.


Un Léopard 2A4 suédois. Ces chars ont été acquis
d'occasion auprès de l'Allemagne avant que n'entrent
en service les STRV122.
(Photo Forces armées suédoises)

Page précédente, photo 3.


Un Tank 87suisse équipé d'un tourelleau spécifique.
(Photo Forces armées suisses)

Page précédente, photo 4.


Un Léopard 2A5 danois au camouflage particulier.
Toutes les armées Scandinaves ont adopté le char
allemand.(Forces armées danoises)

Page précédente, photo 5 et 6.


Autre solution de bâche multl-spectrale pour
ces Léopard danois déployés en Afghanistan.
(Photos Forces armées danoises)

Page précédente, photo 7et 8.


Ces deux photos permettent de mesurer l'apport
du camouflage naturel pour briser et décaractériser
la silhouette du char.(Photos Krauss-Maffei)

39
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Ci-dessus.
Premier exemplaire de ia série du Léopard 2H grec
fabriqué par Eibo.(Photo Forces armées grecques)
Ci-contre.
La firme Bofors a expérimenté cette boule optronique
en remplacement du viseur chef.(Photo Bofors)

empruntés à la Bundeswehr pour partir en Afgha


nistan. Mais la fixation d'un blindage de plancher
ne suffit pas. Lexplosion d'une mine génère une
onde de choc suffisante pour provoquer de gros
dégâts à l'intérieur du char si d'autres mesures
ne sont pas appliquées. Ainsi les Allemands ont-
ils supprimé la couche basse des râteliers à muni
tions située trop près du plancher. La conserva
tion de ces quelques munitions en partie basse
du châssis faisait courir le risque de voir ces muni
tions exploser par simple effet sympathique. Le
joint tournant de la tourelle est désormais proté
gé dans un réceptacle spécial. Enfin, le siège du
pilote a été totalement redessiné pour être suspen
du, et non plus fixé par le bas.
Les Canadiens ont aussi réclamé la fixation de
grilles anti-RPG sur les côtés du châssis et de la

Ci-dessous.
L'arme blindée espagnole a fait un saut technologique
considérable avec l'adoption du Léopard 2E.
(Photo Forces armées espagnoles)

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40
Ci-dessus.
La Bundeswehr
conservera plus de
300 chars opérationnels,
dont une grande partie
de Léopard 2A6à
protection améliorée et
canon à tube long.
(Photo Bundeswehr)

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Ci-contre et ci-dessous.
Même les braves
dépanneurs BPZ3 doivent
sortir « couverts ».
Ici ies engins de
dépannage BPZ3
canadiens qui partent
pour l'Afghanistan.
(Photos Krauss-Maffei)

41
m •è * / ^»

* iàt''•■■•■^4 •'
.' '• <. 'i

tourelle. Les chars canadiens sont donc de loin Ci-dessus.


Les Canadiens ont rajouté une couche supplémentaire
les plus lourds de tous les Léopard 2L de blindage avec les grilles slat anti-RPG, avant de
Il est probable que la prochaine étape d'évolu les déployer en Afghanistan. (Photos Krauss-Maffei)
tion du char Léopard 2 sera l'intégration d'une pro
Ci-contre.
tection active ou de contre-mesures électroniques La gamme des munitions du Léopard 2A6:la DM43,
type MUSS. □ la DM53 et la HE. (Photo Marc Chassillan)
1. On apprenait mi-décembre qu'un Léopard 2 canadien Ci-dessous.
avait été détruit par un lED près de Kandahar. L'équipage Un Léopard 2 en présentation dans les plaines
s'en est sorti sain et sauf, mais ie char a dû être ferraillé car allemandes. L'Allemagne a produit au total
irréparable. 2125 Léopard 2. (Photo Krauss-Maffei)

firfriMJn

42
s

LE lEOMRD 2 PSO
Les Allemands se devaient aussi de céder à ia En particulier, ies côtés arrière de toureile qui posé derrière la trappe du chargeur, un projecteur
mode du combat urbain. Le Léopard 2 PSO devrait étaient crueilement dépourvus de protection sont de désignation de cible sur le masque du canon,
satisfaire le besoin. PSO (Peace Support Opéra désormais recouverts de blocs de blindage effi des grilles de protection des optiques, un systè
tions)est un terme étendu signifiant, en fait, zone caces contre le RPG-7.De ce point de vue, ie Léo me de tension hydraulique de chenilles, et une
urbaine. Le Léo 2 PSO reprend nombre d'équi pard 2 rejoint enfin le Leclerc. Ces blocs font aus lame dozer. On notera que ies caméras peuvent
pements déjà décrits dans nos coionnes à pro si leur apparition sur les flancs avant du châssis être gérées pour former i'AZEV (Automatische
pos du M1 TUSK ou du Leclerc 2010. en lieu et place des anciennes jupes. Le plancher Zieierfassung und Verfolgung), un système de
Par ordre de priorité opérationneile, la protec est protégé par le blindage déjà mis au point pour détection automatique des cibles. L'AZEV peut
tion balistique fait l'objet de nouvelles attentions. ies STRV122 suédois et quelques exemplaires de être asservi au nouveau viseur chef (voir plus loin).
Léopard 2A6 de la Bundeswehr. A l'intérieur, quelques évolutions sont à noter.
Ci-dessus et ci-dessous.
Le Léopard 2PSO est la veislon de combat urbain Parmi les évolutions extérieures les plus visi De nouvelles interfaces équipage-machine, une
qui procure au char des capacités nouvelies bles, on note la présence de caméras implantées climatisation pour l'équipage, un GAP, un enre
deprotection, communication,autodéfense et sur les côtés du châssis(qui complètent celle déjà gistreur de mission.
mobilité.
(Photos Krauss-Maffei) fixée à l'arrière), un tourelieau téiéopéré de 12,7 Krauss-Maffei Wegmann (KMW) propose le Kit
PSO à tous les utilisateurs du Léopard 2.
On notera avec intérêt que le constructeur alle
mand a même proposé d'aménager un cinquiè
me poste d'équipage en châssis à côté du poste
de pilotage. Ce poste peut être créé par sup
'%■ ■-'iV ../ ^ pression du magasin à munitions. Le rôle de ce
cinquième homme serait de servir le système d'in
formation tactique, et de participer à ia surveillance
1^1 V ■ des abords du char grâce aux caméras. Cinq hom
ta » ' mes dans un char moderne. On pourrait se croi
re revenu au bon temps des Tigre. Car l'idée va à
contre-courant des concepts dits avancés de
réduction des équipages. Encore une fois, les rai
sonnements « temps de paix » résistent parfois
difficilement aux dures réalités du terrain.

Rappelons que ies israéliens ont refusé de


réduire les équipages de chars Merkava 4 car la
permanence opérationnelle requiert des yeux et
des bras.

43
Ll lÊÊÈii^

Sur cette page.


La firme allemande IBD Dlesenroth a conçu une
nouvelle protection pour les Léopard 2, qui optimise
le niveau balistique contre les charges creuses et
les lED à charge formée. Ce kit s'appelle AMAP.
(Photos IBD Diesenroth)

44
Les chars Léopard dans le monde
TYPE NOMBRE DATE MONTANT CONTRAT FOURNISSEUR
Léopard 2A4, 2A5, 2125(1599 maintenant) 1®' contrat en 1979 Inconnu Intégrateur(KMW)
m 2AS et 2ASEX
Léopard 2A4 114 Livraison à partir de 1997 $ 231 millions Armée hollandaise
a
Léopard 2ASM 20 (1 détruit leasing depuis 2007 $650 M pour les 2 contrats Bundeswehr
en Afghanistan)
1+1 Léopard 2A4 et AS 100?? contrat en négociation Royal Dutch Army

Léopard 2A3 118 Contrat signé en mars 2006 $ 125 millions Bundeswehr
H.
Léopard 2A4DK 51 fin de livraison en 2000 inconnu Bundeswehr
:= upqradé en A5DK
Léopard 2A4 108 leasing de 1995 à 2002 inconnu Bundeswehr

Léopard 2E 219 en commande licence $ 1,85 milliards Intégrateur(GD-SBS)

Léopard 2A4 124 2003-2004 € 68 millions Bundeswehr


-h-
Léopard 2 HEL 170 commandé en 2003 $ 1,87 milliard Intégrateur(ELVO)

ES Léopard 2A4 183 livraison entre 2006 et 2009 $ 324 millions Bundeswehr

Léopard 2A4 57 livraison depuis 2001 € 185 millions Armée hollandaise


IHr=
Léopard 2A4, 445(258 maintenant) 1®^ contrat en 1979 500 millions de florins intégrateur(KMW + MaK)
A5 et AS pour 180 A5
Léopard 2A4 128 -H négociation leasing jusqu'en 2002 de 20000$ à 100000$ Bundeswehr
sur 123 de plus par unité suivant les sources
Léopard 2AS 37 Contrat signé en sept 2007 € 80 millions Armée hollandaise

Léopard 2A4 SS (chars) livraison à partir de 2008 Inconnu Bundeswehr


+ 30(chars en pièces
H détachées)
Léopard 2A5 120 Licence - $ 1,7 milliard Intégrateur (Hagglûnds)
■ 1 (Strv-122)
Léopard 2A4 160
livraison terminée en 2001
livraison en 1994-1995 $ 770 millions Bundeswehr
(Strv-121)
Léopard 2A4 380 Contrat signé en 1983 inconnu Intégrateur
(upgrade vers A7 fabrication sous licence (RUAG LS + Contraves)
en cours)
1 Léopard 2A4 298 livraison depuis 2006-2007 $ 430 millions Bundeswehr

Léopard restants Léopard S Léopard S


allemands néerlandais et allemands
et néerlandais suisses 2125 produits:
Al 750 A3 300
Restent dans la Royal Dutch A2* 380 A4 470

LeopaPîlZaUsfflantfsj
2125 produits, 1286 cédés ou
+ Army: 14 A4-r 123 A6.
Sont donc vendables les 14 A4
+ un nombre indéterminé de AS.
AS** 225
•Les A2 sont des rétrofits de la première série de Léo II AO
**225 A4 ont été « upgradés » en A5 puis en AS dans les
vendus, 839 restant théorique 445 produits: années 1990.
ment en service dans ia Bundes- A4 265
wehr, dont 225 « upgradés » vers AS* 180 1286 réexportés ;
ie standard A6. *Les A6 sont des « upgradés «de 180 A4 du lot initial de A3 118 A4 1148
445 machines. AS* 20
* Les 20 AS sont seulement en leasing au Canada.
308 réexportés :
445 produits, 208 vendus, 237 A4 1 839 restent donc en service dans la Bundeswehr ;
restant théoriquement en service AS 57 Al 72 A2 380
dans ia Royal Dutch Army, dont A3 182 A4 0
143 « upgradés » vers ie standard En tenant compte des 80 A4 et 20 AS qui sont sur ie AS 205
A6. point d'être vendus au Canada (opération sûre à 100%)
380 A4 produits en Suisse (Tank87), ia plupart en Sacher que : les A2 sont des vieux chars non réex-
(Ces chiffres ne prennent pas en compte ie contrat cours d'« upgrade » à leur propre standard dit « A7 ». portabies, ia Bundeswehr devrait garder environ
actueiiement en cours de négociation avec le Cana La Suisse souhaite vendre entre 100 et 150 de ces 450 chars.
da pour 80 A4 et 20 A6.) A4-Tank87. Restent à vendre :
Le Chili devait initialement se fournir en Léo 2 d'oc - les 72 Al s'ils sont « upgradés » en A4
casion en Suisse, mais ie contrat a été annulé en -les 182 A3
2005 au profit des Allemands.

45
L'AMX 32 fut proposé au moment où les chars de
deuxième génération comme te Léopard 2ou te M1
étaient en développement, il s'agissait d'occuper
un créneau de marché en attendant i'AMX 40 et
le Lecierc.(Photo Nexter Systems)

i'AMX
PREMIERE EIAPE VERS L'AMX 40
On distingue i'AMX 32 de i'AMX 30grâce aux formes
carrées dùes à la technique de la mécanosoudure
des plaques de blindage
(Photo Nexter Systems)

46
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H-'V'"'

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CN106F1

5.650kQBi9T»'

134x91to.ei

En 1975, l'Atelier de Ci-dessus.


Cette photo du poste tireur permet de distinguer
l'écran de visualisation de la caméra thermique.
construction de Roanne (ARE) (Photo Nexter Systems) Vo-1530

et l'AMX-APX de Sotory Ci-contre.


LOTIEAB''
L'AMX 32 permit au GIAT de développer la première
entreprenaient le développe génération de flèches françaises. I '*

(Photo Nexter Systems)


ment de TAMX 32. ^ t s
Ci-contre.
Le moteur GMPHispano HS 110 et boite ll/linerva
automatique préfigure les futurs GMP
des chars AMX 40 et Leclerc.
(Photo Nexter Systems)
Caractéristiques
générales de l'AMX 3S Ce char, destiné à l'ex
portation, présentait d'im
Equipage :4 portantes évolutions
Longueur hors tout canon à 12 h : 9,45 m par rapport à
Longueur du châssis:6,59 m son aîné
Largeur avec prébiindages:3,24 m
et modè
Garde au soi : 450 mm
Hauteur hors tout : 2,96 m le, l'AMX 30,
Hauteur au toit de toureile : 2,29 m que TARE fabri
quait à cette
L
Masse en ordre de combat:391
Pression au soi : 0,9 bar époque à grande
Moteur : diesel Hispano-Sulza HS 110-2 SR cadence pour l'ar
12 cylindres de 800 ch mée française et
Transmission ; Minerva ENC 200 automatique à l'exporf. LAMX32
5 rapports et inverseur, convertisseur de couple et profitait pleinement
direction hydrostatique
Suspension : à barres de torsion des développements
Vitesse : 65 km/h sur route engagés pour la refonte
Rampe :60 % de l'AMX 30, et qui amenè
Dévers ; 30 % rent à l'AMX 30 B2. En particu
Fossé : 2,90 m lier, on peut citer la boîte automatique
Marche à bord franc : 0,9 m
Gué sans préparation : 1,2 m Minerva, certains éléments de la conduite de tir,
Gué avec préparation sans schnorchei : 2,2 m dont le télémètre laser, et la capacité de tirer des
Gué avec schnorchei : 4 m munitions flèches.
Armement principai : un canon CN 105 FI Un premier prototype sortit de chaîne en 1979,
de 105 mm rayé bientôt suivi d'un deuxième en 1981.
Armement secondaire : un canon mitrailleur coaxial Extérieurement, on distinguait rapide
de 20 mm et une mitrailleuse de 7,62 en kiosque
chef
ment l'AMX 32 de l'AMX 30 grâce aux
Emport en munitions ; 47 obus de 105 mm, formes carrées de la carapace tourel
480 obus de 20 mm,2150 cartouches de 7,62 le et du glacis de châssis, et à la pré
Viseur chef ; lunette panoramique M527 à deux sence d'un viseur panoramique chef
grossissements permettant le tir en mouvement sur le kiosque de toit.
Viseur tireur :lunette de masque M581
Vision nocturne ; caméra TV 01VT 13 à intensiti-
catlon de lumière 1. Les clients de l'AMX 30 furent l'Arable Saoudite, le Qatar,
Conduite de tir : COTAC permettant le tir les Emirats arabes unis, la Grèce, l'Espagne, Chypre, le Ci-contre.
en marche Venezuela, le Chili et l'Irak (uniquement la version AUF1). L'architecture de l'AMX 32 reprenait en tous points
Certains chars furent donnés à la Bosnie et à la Tunisie. celle de l'AMX 30.(Photo Nexter Systems)

48
Ces formes carrées marquaient une rupture
avec les méthodes traditionnelles de fabrication
qui avaient présidé à la conception de i'AMX 30,
à savoir la technique des structures moulées qui
donnaient des formes rondes. Les procédés de
fabrication de carapaces et caisses en tôles méca-
no-soudées se généralisaient à cette époque. Ils
présentaient l'avantage de requérir moins d'ou
tillages lourds que les fonderies, et permettaient
d'intégrer les nouvelles technologies de blinda
ges composites espacés, logés dans des sortes
de boîtes en acier. En outre, l'usage de tôles
d'acier haute dureté ou double dureté, aux per
formances balistiques très supérieures à l'acier à
blindage moulé, était permis.Tout cela permettait
d'obtenir, à masse sensiblement égale, des
niveaux de protection supérieurs.
L'AMX 32 se distinguait de I'AMX 30 par deux
nouveautés : une conduite de tir automatique
(COTAC)directement extrapolée de celle de I'AMX
10 RC, à la disposition du tireur, et une capacité
d'observation et de tir en mouvement, à partir du
poste du chef de char.
Mesurant la distance de la cible au moyen d'un
télémètre laser et sa vitesse de déplacement
grâce à un capteur sur la circulaire de tourelle, la
COTAC calculait les angles de pointage, com
mandait le déplacement du réticule de visée et
décalait en même temps la position de l'armement Ci-dessus.
Le poste chef bénéficiait du remarquable tourelleau
des valeurs correspondantes. Ainsi, à l'inverse de panoramique aux performances d'observation
ce qui se passait avec les précédentes générations inégalées à ce Jour, que les anciens de l'Afl^X 30
de conduites de tir, la phase de repointage était évoquent avec nostalgie.(Photo Nexter Systems)
supprimée, d'où un gain de temps appréciable.

'sg.jc:z^M
Ci-dessus et ci-dessous. Dans le domaine de la mobilité, la principale canon rayé de char jamais conçu) et du canon auto
La capacité de tir en roulant fut testée pour innovation apportée au char fut l'Installation matique 20-593 avec dispositif de surpointage ;
la première fois sur un char français grâce au projet
AMX 32. Elle était certes limitée en portée d'une boîte automatique Minerva ENC 200 à pas - le concept de kiosque chef avec dispositif de
(tir à la hausse de combat)et seulement disponible sage des rapports sous couple. Cela conférait au contra-rotation et transfert de la cible au tireur, et
au chef de char.(Photo Nexter Systems) char un indéniable avantage en termes de mobi mitrailleuse de 7,62 servie sous blindage.
lité tactique, et bien que sa motorisation fût simi Même si l'AMX 32 représentait un louable effort
De plus, prenant en compte les paramètres de tem laire à celle de l'AMX 30, à savoir le moteur pour mettre sur le marché un char moderne, il ne
pérature, de pression atmosphérique, de vent et HS 110, le comportement en tout terrain du char pouvait soutenir la comparaison avec ses contem
de dévers, les angles de projection des projectiles, s'en trouvait considérablement amélioré. porains qui commençaient à sortir d'usine, tels
elle procurait une excellente probabilité d'atteinte, LAMX 32 présentait donc de notables avancées que le Ml, le Léopard 2 ou certains chars russes
y compris sur cible mobile jusqu'à plus de techniques par rapport à l'AMX 30, et ce, sur les de seconde génération. En fait, le GIAT pensait
3 000 mètres. trois fonctions principales du char que sont la pro qu'une niche de marché était accessible pour un
La détection des cibles, à l'arrêt comme en tection, le feu et la mobilité. char moyen moins coûteux que les nouveaux
déplacement, était grandement facilitée par la pré Cependant, de l'AMX 30, il conservait : engins précédemment évoqués. Il s'avéra que les
sence au poste du chef de char du viseur pan - l'architecture générale et la gamme de masse ; nations désargentées préféraient soit acheter des
oramique stabilisé IVI 527 doté d'une vole noctur - le train de roulement(suspension, galets, pou chars encore moins chers tels que lesT-72, voire
ne. Ce viseur auquel la tourelle pouvait être asser lie de tension et cheniiles), bien qu'une chenille à desT-55/59, soit moderniser leurs chars existants.
vie permettait le tir en mouvement jusqu'aux connecteurs GIAT fût proposée en option ; Une inflexion de stratégie s'imposait. Elle don
distances de combat des munitions utilisées. - le moteur HIspano HS 110 de 700 chevaux ; nera naissance à l'AMX 40 (voir plus loin).
Compte tenu de son coût, cet équipement ne sera - l'armement principal et secondaire constitué du Lhéritage technique de l'AMX 32 peut se résu
pas retenu par l'armée française pour l'AMX 30 B2. remarquable canon de 105 FI (sans doute le meilleur mer ainsi. Il fut le premier char français protégé

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Ci-dessus, ci-contre et ci-dessous.
UAMX 32 fait malheureusement partie de ce triste ciub
de chars restés à l'état de prototype comme le Valiant
britannique, le Mk 7germano-anglais ou l'Osorio
brésilien. Son étude permit néanmoins aux équipes
de i'EFAb de Bourges et de l'AMX-APX de Satory
d'accumuler du savoir-faire et de l'expérience dans
de nombreux domaines:conduite de tir automatique,
blindages composites élémentaires, transmission
automatique, munitions flèches.
Le développement de l'AIVtX 40, bien que tout aussi
malchanceux sur un plan commercial, en bénéficia
grandement.(Photo Nexter Systems)

La protection
de l'AMX 3S

L'utilisation de tôles d'acier double dureté particu


lièrement efficace contre les projectiles cinétiques per
mettait à l'AMX 32 d'être protégé à l'avant contre des
projectiles perforants de gros calibre tels que le 75
mm PCOT à noyau de tungstène et le 57 mm AP tiré
par les canons des véhicules d'assaut ASU des para
chutistes soviétiques. Ces tôles formaient la partie
extérieure de caissons, créant un espace balistique,
tels le masque de tourelle ou la pointe avant du châs
sis. De même, les côtés de tourelle faisaient appel à
cette technique du blindage espacé pour procurer une
protection contre les projectiles perforants de moyen
calibre.
Le toit de tourelle particulièrement épais protégeait
l'équipage contre les obus tirés par les chasseurs-
bombardiers à incidence de 30°.
Par rapport à l'AMX 30 protégé contre les obus de
20 mm,l'AMX 32 représentait une amélioration sen
sible de la protection des chars de cette époque,sans
accroître la masse de manière notable.

par des blindages composites^, et capable de tirer


en roulant, il fut, en outre, le premier char français
qui tira des obus-flèches. Sa tourelle servit de
modèle à la première tourelle de l'AMX 40 car un
projet d'AMX 32 à canon de 120 mm avait vu le
jour entre-temps. Quant à son châssis, il est enco
re visible de nos jours à Satory, car le service DQE
(démonstration-qualification-essais) de Nexter
Systems s'en sert régulièrement comme remor
queur/dépanneur au profit des engins subissant
les programmes de qualification. □

2. Il faut prendre ici le terme « composite » au pied de


la lettre, c'est-à-dire littéralement composé de plusieurs types
de matériaux. En l'occurrence, les caissons de blindage
de l'AMX 32 étaient formés de plusieurs couches d'acier
de nuances différentes, en particulier des aciers double dure
té. Pour une connaissance approfondie des matériaux à blin
dage, le lecteur se reportera au hors-série n° 8 « Chars de
combat en action (tome 3) ■>.

51
L AMX 40 fut le premier char
français à canon de 120 mm.
(Photo Nexter Systems)
La genèse du projet AAAX 40 un besoin tactique, celui de pouvoir constituer une
cible furtive vis-à-vis des conduites de tir adver
seurs hydrauliques rotatifs furent développés avec
le concours de la société Domange-Jarret.
remonte à la tentative infruc ses en procurant aux chars des capacités d'ac La tourelle de I'AMX 40 reprend l'architecture
tueuse du GIAT^ de conquérir célération et d'esquive. générale de celle de I'AMX 32. Un nouveau
Sur le plan commercial, il apparaissait aussi évi masque entièrement mécano-soudé et élargi per
une partie du marché des dent aux équipes du GIAT que le futur EPC, qui met d'intégrer le canon de 120 mm,à côté duquel
chars modernes,en deviendra le char Leclerc, arriverait peut-être trop prend place le canon mitrailleur M693 de 20 mm.
tard sur le marché et qu'il faudrait occuper le cré Cela confère au char une puissance de feu consi
particulier au Moyen-Orient, neau avec un matériel qui put utiliser rapidement dérable et des capacités de prise à partie de cibles
avec l'AMX 32. les technologies disponibles. très variées. En particulier, on notera le tir à site
élevé du canon de 20 mm pour la destruction de
A la même époque, les chars de deuxième Laxalégonii pi cibles en ville ou en montagne. La mitrailleuse de
génération tels que le M1 et le Léopard 2 com 7,62 mm asservie au viseur chef est aussi mise
mençaient à être livrés aux forces américaines et Le bureau d'études de l'AMX-APX se mit à l'ou en œuvre sous blindage.Toutes ces solutions sont
allemandes, tandis que les Britanniques déve vrage. Pour ce qui concerne la tourelle, les tra directement empruntées à I'AMX 30, dont on ne
loppaient le Valiant et que la conquérante socié vaux réalisés sur i'AMX 32 dans sa variante à soulignera jamais assez la modernité de la for
té brésilienne Engesa^ affichait une volonté farou canon de 120 mm permettaient de dessiner rapi mule d'armement en ces temps de guerre urbai
che de devenir un acteur majeur dans le domai dement un projet pour le futur char. Côté châssis, ne où le tourelleau téléopéré est très à la mode.
ne du blindé lourd avec son char Osorio. la situation était fort différente puisqu'il s'agissait
Il devint évident à l'époque que le canon de de changer totalement de catégorie en s'attaquant 1. Du nom de l'époQue, Groupement industriel des arme
120 mm lisse tirant des projectiies flèches serait à un char de classe 45 tonnes. Aucun composant ments terrestres, avant que les arsenaux ne deviennent Glat
le standard demandé et que le 105 vivait ses der de la famille AMX 30 n'était réutilisable et il fallut Industries, puis Nexter Systems.
tout redessiner, en particulier un GMP de 1 100 2. Engesa n'existe plus. Alors qu'elle était la vedette des
niers jours sur le plan commercial. D'autre part, marctiés de l'armement des années 1980 avec des ventes
la mise au point des premiers blindages compo chevaux utilisant le moteur V12X et la boîte alle massives de Cascavel et d'Urutu au Moyen-Orient et en
sites sandwichs espacés, efficaces contre les char mande ZF LSG 3000. Amérique du Sud, ia société subit une faillite brutaie et dispa
ges creuses, redonnait à la protection balistique Pour faire face à l'augmentation de masse, l'ajout rut faute d'avoir signé ies contrats géants de chars Osorio
prévus avec i'irak et l'Arabie Saoudite.
une place majeure dans la conception des chars. d'un sixième galet fut nécessaire. Cependant I'AMX 3. Sur le plan opérationnel. Il en va tout autrement puisque
Enfin, l'atteinte des 30 ch/t devint non seule- 40 conservait les chenilles à axes secs de I'AMX 30 le 105 est encore en service en ce début de XXI® siècle et
rn^t un atout marketing mais il correspondait à d'une largeur de 570 mm. De nouveaux amortis qu'il le restera encore quelques décennies.

Avec I'AMX 40, GIAT souhaitait combler le vide


commercial entre la fin de vie de I AMX 30 et les
débuts du Leclerc. Il se trouva en concurrence avec
l'Osorio brésilien, le Valiant britannique et le T-72.
(Photo Nexter Systems)

La silhouette très compacte du char est bien mise


en valeur sur cette photo dynamique. On note
la volée du canon et l'inégalé tourelleau chef.
(Photo Nexter Systems)
IV

Ci-dessus.
L'un des prototypes avec une pelle d'auto- Date et lieu But Conclusion
enfouissement. Les ingénieurs de l'AMX-APX avalent Jan\/ier 1985 - Valdahon Prise en main, - Moteur 800 ch un peu juste
poussé la perfection jusqu'à construire cette pelle
en blindage composite, ce qui contribuait fortement mobilité terrain gras - Etoile de vision toureileau
à la protection balistique du bas de caisse frontal. à revoir
(Photo Nexter Systems) Mai 1985 - Mailly Evaluation fonction tir - Performances acceptables
en mouvement - Ergonomie des commandes
Décembre 1985 - Mailly Test des modifications - Satisfaisant, mais cadence
demandées de tir lente
Ci-dessus. (effet « pointes arrière »)
La gamme des munitions proposées avec l'AMX 40 Janvier-mars 1986 - Canjuers Evaluation opérationnelle - Aptitude générale satisfaisante
comprenait une flèche, un HEAT et un TP - Assistance au rechargement
(Photo Nexter Systems)
du canon impérative
- Nécessité d'une capacité de tir
en mouvement au poste tireur
-Train de roulement à sa limite
1987 Evaluation protection NBC - L'AMX 40 est apte au combat
en zone contaminée

La conduite de tir et l'optronique sont reprises Prototypes et


en grande partie de l'AMX 32. La réelle nouveauté
en matière de détection des cibles provient de i'in- expérimentations
tégration d'une caméra ttiermique Castor en lieu Le prototype PI de l'AMX 40 sortit de l'atelier
et place de la caméra TV Dl VT 13 à intensifica de Satory en 1983. Il fut présenté dans la foulée
tion de lumière. au salon Satory IX de juin. Le PI peut
Enfin, les études entreprises par l'AMX-APX pour véritablement être considéré
l'EPC sur les blindages composites contre les char comme le « brouillon »
ges creuses permettent de rapidement concevoir de l'AMX 40. Il est
des caissons de protection pour la tourelle et le châs directement issu des
sis. La structure de la carapace de tourelle fait appel travaux AMX 32. Les
W1800 1050 à des doubles et triples cloisons renforçant la pro essais qu'il subit servirent à la conception et au
tection balistique dans l'arc frontal et sur les côtés. dessin du premier véritable AMX 40, le prototype
Lautre « transfert ou échange de technologie » P2 associant la tourelle 12 au châssis CH2. Le
entre EPG et AMX 40 fut incontestablement la CH2 était construit autour d'une caisse modifiée
munition flèche de 120 mm, elle-même inspirée pour permettre l'intégration du GMP de l'EPC,
des travaux sur les flèches de 105 de l'AMX 32. futur Leclerc. En fait, il sera propulsé par un GMP
Ces technologies furent développées par l'EFAB" associant le moteur VI2X de 1 100 chevaux et la
de Bourges. boîte ZF LSG3000.

54
Les essais a Biscarosse dans le sable montrèrent
les limites des chenilles empruntées à l'AMX 30.
Le projet E4 adoptait les chenilles OTAN plus larges.
(Photo Nexter Systems)

Au printemps 1984, GIAT obtint le soutien de l'ar


mée française dans son effort de promotion à l'ex-
port. Celui-ci devait prendre la forme de tests et d'ex
périmentations à caractère pratique et opérationnel.
Le but était double : pour le constructeur, faire évo
luer le plus rapidement possible un prototype vers
un engin de combat adapté au besoin des utilisa
teurs ; pour les militaires français, se familiariser,
en avance de phase et hors cadre strictement admi
nistratif et réglementaire (sans trop le dire...) avec
les nouveautés qu'étaient le tir en mouvement,
les munitions de 120 mm à douille com
bustible et la haute mobilité.
4. Etablissement de fabrication d'arme
ment de Bourges. C'est aujourd'hui
le centre artillerie-munitions de
Nexter Systems et Nexter
Munitions.

Ci-dessus.
Architecture générale. On distingue bien l'emport en
munitions de 120 et l'alimentation en obus de 20 mm.
(Document Nexter Systems)

55
I

V,. _ - ,

Caractéristiques
Ci-dessus.
générales de l'AMX 40
l'équipage d'être agressé par ie projectile d'un
L'un des bidons accrochés à l'arrière du char pouvait Equipage :4
en fait recevoir des munitions de 120 mm. obus dont la charge propulsive aurait été initiée.
Longueur hors tout canon à 12 h : 10,04 m
Cette disposition a faiiii être reprise sur ie Lecierc. En fait, la STAT recommanda de repositionner les Longueur du châssis ; 6,8 m
(Photo Nexter Systems) obus « pointes vers l'avant » pour augmenter la Largeur avec préblindages : 3,36 m
cadence de tir. En effet, la position « pointe arrière » Largeur caisse nue ; 3,18 m
Différents prototypes, dont le P2, furent ainsi obligeait le chargeur à retourner l'obus pour l'in Hauteur hors tout: 3,10 m
confiés à la Section technique de l'armée de troduire dans la chambre, ce qui était lent et mal Hauteur toit tourelle : 2,38 m
terre à plusieurs reprises (voir tableau p.54): commode. Masse en ordre de combat:43,71
Le point culminant de ces évaluations fut le test Le P3(CH3 + T3)était identique au P2. Cepen Pression au sol : 0,83 bar
Réservoirs carburant : 1 300 I
de Canjuers. Basé sur l'accomplissement de jour dant sa propulsion était assurée par un GMP alle Consommation : 180 à 220 1/100 km sur route
nées types de combat exécutées par un seul équi mand, moteur MTU et boîte ZF. Autonomie : 550 km sur route
page, associant déplacements, phases d'enga Le P4 ne consistait qu'en un châssis CH4 pro Vitesse : 70 km/h sur route
gement avec simulateur de tir de combat, suivis puisé par un Vf 2X de 1 300 chevaux pouvant être Accélération : de 0 à 32 km/h en 6 s
de tirs réels, repos et maintenance, il a permis de associé à la boîte automatique ESMSOO de l'EPC. Marche à bord franc :1,1m
bien cerner l'aptitude du char à faire campagne. Fossé ; 3,2 m
Rampe :60 %
La tourelle T2 du P2 avait pour particularité de Ci-dessous. Dévers : 30 %
stocker les munitions en nuque de tourelle, poin L'AMX 40 fut conçu avec ie souci constant de Gué sans préparation : 1,3 m
tes dirigées vers l'arrière. Les ingénieurs pensaient maintenir un excellent compromis entre les trois
fonctions de base:mobilité, feu et protection. Gué avec préparation de 5 mn :2,3 m
que cette disposition réduisait les risques pour (Photo Nexter Systems) Moteur : diesel V12X de 1 100 ch à double étage
de suralimentation refroidie par eau de 24,69 I de
cylindrée (pouvant être réglé à 1 300 ch)
Transmission :ZF LSG 3000 automatique à 4 rap
ports avant et 2 rapports arrière
Suspension : à barres de torsion et amortisseurs
rotatifs
Chenilles : largeur 570 mm à axes secs
Armement principal : canon de 120 mm à âme
lisse standard OTAN et 52 calibres
Armement secondaire : canon de 20 mm M693 et
mitrailleuse de 7,62 mm
Emport en munitions : 40 obus de 120 mm,
500 obus de 20 mm,2150 cartouches de 7,62
Conduite de tir:GOTAC numérisée permettant le tir
en marche sur cibles mobiles
Pointage canon de 120 mm : - 7°/+ 20°
Pointage canon de 20 mm : - 7°/+ 40°
Pointage mitrailleuse :-10°/+ 40°
Viseur chef:type lunette panoramique stabilisée IVI527
à deux grossissements jour(2 et 8)et voie nuit à inten
sification de lumière couplée à une conduite de tir auto
matique numérisée permettant le tir en roulant
Viseur tireur ; lunette monoculaire M581
à grossissement 10 liée au canon en site
Caméra thermique : Castor
Défense rapprochée ; 6 tubes Galix
Protection balistique : par caissons composites ;
dans l'arc frontal contre les projectiles perforants de
76 mm et les RPG-7, sur les côtés contre les obus
perforants de 23 mm

56
Comme sur l'AMX 30, tout l'armement était servi
sous blindage et permettait de traiter une grande
variée de cibles, y compris sous forte élévation,
qualité qui fait défaut à nombre de chars modernes
en zone urbaine.(Photo Nexter Systems)

Afin de constituer un char complet, les autres Pour différentes raisons, ce point ne put être res, baptisés P01 et P02. Ces deux chars inté
prototypes prêtaient leurs tourelles. corrigé avant la grande épreuve de l'été 1986 à graient, bien évidemment, toutes ies modifications
Tous ces matériels furent construits à l'atelier Sharourah en Arabie Saoudite, à la frontière du et évolutions réclamées par les utilisateurs et expé
« prototypes et petites séries » de l'AMX-APX de Yémen. Les deux chars expédiés sur place (CH4- rimentateurs des précédents matériels. A la DP
Satory. 12 et CH3-T3) y consommèrent pourtant l'équi 30, on préparait déjà l'expérimentation en Arabie
valent d'un potentiel de guerre : 1 200 km par à l'été 1987 des P01 et P02 « affûtés ». Celle-ci
Des performances courus dans les terrains les plus variés (routes, n'eut jamais lieu...
dunes et rocaiiies) ; tir de 200 obus (flèches pour Espérant néanmoins la concrétisation d'une
au rendezvous la plupart). Dans l'ensemble, ies performances commande saoudienne prochaine, la DP 30 lan
A l'été 1985, le P3, intégrant une bonne partie instantanées furent au rendez-vous. Mais le ryth ça aussi, en janvier 1987, ies premières réflexions
des améliorations demandées, fut envoyé à Dji me du long parcours routier imposé montra clai sur une famille d'engins lourds d'accompagne
bouti pour y subir des essais constructeur en zone rement que ies chenilles avaient dépassé leurs ment, dépanneur et assaut du génie. Une pre
chaude : les résultats furent globalement satisfai limites mécaniques, pénalisant lourdement l'ima mière réunion eut lieu à Satory avec des repré
sants mais confirmèrent que les chenilles (celles ge générale. sentants de la société allemande MaK, qui avait
de l'AMX 30) n'étaient plus à la mesure de la mas La DP 30^ voulait lancer rapidement la pro réalisé le BPZ3 sur châssis Léopard 2. Un avant-
se et de la puissance de ce char. duction série du char. Aussi envisagea-t-elie la projet fut réalisé sur la base d'un châssis d'AMX
fabrication de dix-sept chars de présérie à Roan 40 rallongé à sept galets avec chenilles larges
ne, afin de constituer un escadron opérationnel (idem E4).
complet livrable en peu de temps au premier client
5. Direction de projet 30 tonnes. La DP 30 était chargée de export. Pour des raisons budgétaires, et rééva
tous ies programmes de développement, de production et Ci-dessous.
de marketing des engins de la famille AMX 30, puis AMX 32 luant les risques industriels d'un lancement sans AMX 40 en essai grande vitesse à Canjuers.
et enfin AMX 40. client, cette présérie fut réduite à deux exemplai (Photo Nexter Systems)

57
UEgypte et le projet E4
Dès 1985,des contacts sont pris entre GIAT et le
gouvernement égyptien qui cherche un appui tech-
noiogique étranger pour concevoir un char natio-
nai. Compte tenu du manque de maturité du projet
EPC à i'époque - le mulet système complet(MSC)
ï
venait à peine de quitter l'atelier prototype de i'AWiX-
APX-,la direction du GIAT confie à la DP 30 le soin
de réfléchir à une solution dérivée de l'AMX 40,char
plus mûr aux technologies éprouvées.
Les Egyptiens ne tardent pas à donner une spé
cification technique de leur char futur,et les leçons
retenues de la guerre du Kippour transparaissent
très clairement. La capacité de tirer abrité derriè
re un repli du terrain influence directement la per
formance de pointage en négatif (les Egyptiens
mettaient en œuvre des chars russes connus pour
être handicapés dans ce domaine). La protection
frontale des chars des différents belligérants appa
rut nettement insuffisante, et la percée technolo
gique réalisée dans les années 1970 avec les blin
dages composites redonnait l'espoir aux ingé
nieurs de pouvoir contrer les projectiles
antiblindage.
Enfin, la vision nocturne devenait un incontour Ci-dessus.
- protection balistique supérieure (contre char
nable de la supériorité au combat. ges creuses et flèches de 105 mm). Cette vue de face permet d'apprécier la conception
Il apparaît rapidement que l'AMX 40 est un peu léger du masque de tourelle intégrant ie viseur tireur,
en termes de protection et que les Egyptiens exigent le canon de 120 et celui de 20 mm à surélévation.
Pour la tourelle : (Photo Nexter Systems)
l'intégration d'un certain nombre de solutions tech
- lunette tireur solidaire de la masse oscillante
niques. Le bureau d'études de l'AMX-APX fournit
trois projets de chars d'environ 50 tonnes.Ces trois
(précise comme une lunette de masque)avec une
sortie en toit de tourelle ; C'est sur cette base technique que fut conçu,
dessins permettent d'alimenter les discussions tech
niques entre Français et Egyptiens durant le premier - caméra thermique installée dans l'habitacle, plus tard, le DNG sur châssis Leclerc à sept galets
trimestre 1986. Après étude des trois versions,c'est également solidaire de la masse oscillante avec et GMP MTU.
une sortie en toit de tourelle ; La totalité des châssis et tourelles du pro
finalement un quatrième projet- d'où la dénomina
tion E4-qui retient l'intérêt de la partie égyptienne, - armement complémentaire, une mitrailleuse de
7,62 solidaire du canon de 120 mm (suppression du gramme AMX 40 a été récupérée et préservée
laquelle a demandé entre-temps des évolutions sur par le Musée des blindés de Saumur. Un magni
canon de 20 mm de masque qui avait l'inconvénient
la protection et la fonction feu,en particulier. fique AMX 40 ROI (tourelle T2) en parfait état de
Les principales améliorations et modifications
de créer un trou de protection en zone frontale) ;
par rapport au char de base sont les suivantes. - emport en munitions :23 munitions disponibles marche y est exposé. □
Pour le châssis: immédiatement en tourelle (et 21 en châssis pour
un total de 44); Ci-dessous.
- châssis redimensionné (allongé et élargi) ; Dans les ateliers de «S », le département essais
- GMP de 1 200-1 300 chevaux ; - pointage en site négatif assuré jusqu'à - 9° ; de l'AMX-APX, opération de toureiiage du char.
- siège pilote à commandes mécaniques ; - protection entièrement nouvelle (contre char On note la conception particulière du masque
- porte pilote redessinée ; ges creuses et flèches de 105 mm). de tourelle.
- tableau de bord avec indicateur continu des Avec toutes ses modifications, l'AMX E4 atteint
températures et pression huile moteur et la BV, les 50 tonnes et fait jeu égal avec les meilleurs
ainsi que la température d'eau moteur (essentiel
le dans un environnement désertique);
chars OTAN du moment, le Léopard 2 et le Ml
Abrams.
Le coût de développement de rE4 est estimé à
%
- adjonction d'un groupe auxiliaire de puissan
150 millions de francs aux conditions économiques
ce de 10,5 kW (besoin de veille prolongée sur la de 1986. Son prix série est évalué à environ
ligne de front);
16 millions de francs.
- train de roulement à chenilles élargies (adop Les performances commerciales de rE4 ne sont
tion des chenilles OTAN char lourd de 635 mm au
lieu des chenilles type AMX 30 de 570 mm);
malheureusement pas à la hauteur de ses capaci
tés techniques. Faute de budget, les Egyptiens
- suspension adaptée ; renoncent au projet de développer et construire
- brin portant allongé (pour compenser l'aug un char national. Après la première guerre du Gol
mentation de masse tout en préservant la pres fe, ils achèteront, via le processus FMS, des col
sion au sol); lections de pièces du char Ml Al américain qu'ils
- angle de fuite arrière augmenté ; assembleront dans l'usine 200 du ministère de la
- caisse arrière modifiée ; Production militaire.

-m

i
4); ? l
1« iflU- . - . . J

Plan 3 vues du projet E4 destiné


1 —-I
à l'Egypte.(Document Nexter
Systems)
o e o

58
Le match AMX 4D E4 contre EPC
Une note en date du 6 juin 1986 fut envoyée par La conduite de tir des deux chars est organisée Cela est, bien sûr,faux,car rien n'a jamais pu éga
le directeur de i'AMX-APX,l'IGA Doris,à i'iGA Nel- autour d'une architecture optronique commune : ler l'exceptionnelle vision chef de l'AMX 40,qui la
ken,directeur du GiAT. Elle avait pour objet la com viseur tireur de masque et viseur panoramique tenait lui-même de l'AMX 30. L'architecture à tou
paraison entre les chars E4 et EPC. Elle démarrait chef, tous deux stabilisés. Néanmoins, la qualité relle plate de l'EPC choisie par les ingénieurs de
en ces termes : « L'évolution de l'AMX 40 vers le de la caméra thermique de l'EPC est jugée supé I'AMX-APX visait à réduire la surface frontale pour
projet E4 a rapproché ce dernier du char futur AMX rieure, de même que celle des corrections de tir. une meilleure protection, au détriment du poste
Leclerc:Il m'a donc semblé nécessaire pour se En outre, la qualité de la stabilisation de l'arme et chef qui se trouva ainsi rabaissé.
fixer les Idées au sein de I'AMX-APX de faire éta de la tourelle sera meilleure dans le cas de l'EPC Dans le domaine de la mobilité : « Les deux chars
blir une fiche comparant ces deux chars. » La note qui utilise les technologies d'électronique de puis ont des performances au moins égales à celles
était accompagnée d'une fiche technique très des chars existants(Léo 2et M1), tant en vitesse
détaillée dont les principales conclusions sont rap maximale qu'en mobilité en terrain sévère. Cepen
pelées ci-après, il faut dire qu'avec le projet égyp dant, l'EPC surpasse le char E4 du fait de ses
tien de char futur, l'équipe DP 30 avait dû tirer vers meilleures caractéristiques de motorisation et de
le haut les capacités de l'AMX 40. Au point de « suspension:accélérations supérieures, capaci
tangenter » celles du futur Leclerc. Une mise au tés de franchissement à vitesse élevée(garde au
point s'imposait, à un moment où il n'était pas sol, débattement de suspension,amortissements
opportun de prêter le flanc à la critique, surtout plus élevés). Le char E4 bénéficie d'une attention
celle des financiers et des politiques qui auraient particulière à propos de son emploi en zone chau
pu y voir une duplication inutile des programmes. de, ce qui lui permet de conserver sa pleine puis
La note passait en revue les caractéristiques des sance jusqu'à 50° d'ambiante. »
deux chars,fonction par fonction. En matière de communication, de testabilité et
Cinq tonnes séparent l'EPC et l'E4, qui sont consa de modes dégradés,l'EPC devait marquer une rup
crées essentiellement à l'amélioration de la protec ture nette avec les chars de la génération précé
tion de l'EPC et à certains équipements spécifiques dente.
comme le chargement automatique des munitions. En conclusion, les auteurs de la note mettaient
L'EPC « possède, comparé au E4, une protection en évidence les différences entre un char de
frontale couvrant un secteur plus ouvert ». Le cali deuxième génération dont le concept et les tech
bre et la puissance des projectiles contre lesquels nologies étaient portés au plus niveau de perfor
l'EPC est protégé sont également supérieurs. mances,i'E4, et le premier char de troisième géné
Dans le domaine de l'armement,les deux chars font ration à équipage réduit et technologies numé
quasiment jeu égal. La note souligne cependant que riques, l'EPC.
le canon de l'EPC est dimensionné pour fonctionner Pour la petite histoire, des essais d'un AMX 40
à des pressions supérieures pour pouvoir tirer « vers sance, alors que rE4 emploie toujours l'hydrau 1 300 chevaux à chenilles larges furent effectués
2000 » des munitions flèches plus énergétiques. lique. « D'une manière générale, les performances à Biscarosse sur le circuit sable. Les chronos réali
L'emport en munitions de 120 mm est très com des deux chars en tir à l'arrêt seront pratiquement sés faisaient apparaître une vitesse supérieure à
parable. La note dit néanmoins que le chargement équivalentes, surtout après un réglage. » celle des prototypes de l'EPC qui subirent la même
automatique de l'EPC permet des rechargements On notera un léger parti pris des rédacteurs de épreuve! Le rapport d'essais resta confidentiel...
en marche plus aisés. L'armement secondaire est la note quand la vision panoramique épiscopique
constitué dans les deux cas d'une mitrailleuse de du chef de char est évoquée. « Les deux chars sont
7,62 mm montée sur un tourelleau téléopéré^ et abondamment équipés d'épiscopes qui confèrent
d'une mitrailleuse coaxiale, d'un calibre 12,7 pour une vision panoramique en particulier au chef de 1. En fait, cet équipement sera retiré des ctiars Leclerc de
l'EPC, et de 7,62 pour l'E4. char, ce dernier dominant la tourelle. » série pour d'obscures raisons d'économie 1

il

59
^ wm (§caDCîfâD8
W7PQ Ci-dessus.
Arme blindée et aéromobilité sont tes deux forces Le Type 99 peut être considéré comme le premier
majeures de ia nouvelle armée chinoise, dont véritable char chinois dont les technologies ne
les modes d'emploi et la doctrine se rapprochent doivent rien à un quelconque emprunt étranger.
des standards occidentaux.(Photo APL) (Photo APL)

Le Type 99 est une évolution


protonde du Type 98\
On pourrait même dire que
ce dernier a servi de
brouillon ou Type 99. Ce char
serait en service à quelques
centaines d'exemplaires
dans les districts militaires
de Pékin et de Shenyang.
Extérieurement on le
distingue rapidement grâce
aux blindages en pointe
de sa tourelle, à la manière
des Léopard 2A5.
60
Ci-dessus
Vu sous cet angle, le char Type 99 a du mal
à dissimuler les origines russes de ces ancêtres
le MBT2000 et le Type 98.
(Photo APL)

Ci-contre et ci-dessous.
Ces deux vues permettent de mieux apprécier
l'Intégration des blindages frontaux et latéraux
de tourelle ainsi que l'implantation des viseurs.
(Photos APL)

Ses dimensions sont supérieures à celles de


son prédécesseur, en particulier le châssis est
plus long et légèrement plus large. Sa masse
atteint 54 tonnes, ce qui en fait un engin similaire
au Leclerc.
LIarmement principal est un canon de 125 mm
50 calibres (48 pour le T-72) capable de tirer une
nouvelle génération de flèches. Si le Type 99
conserve le principe du chargement automatique
en carrousel des chars T, la géométrie en aurait
été adaptée pour recevoir des obus-fièches à allon
gement accru^(L/D proche de 25). Lancées à une
vitesse supérieure à 1 700 m/s, ses flèches seraient
créditées d'une capacité de pénétration d'environ

1. Voir le hors-série n° 3 de RAIDS.


2. Voir l'article complet sur les projectiles flèches dans
le hors-série n° 8.

61
Etsi le prochain char chinois adoptait
une architecture radicalement différente qui prenne
en compte les enseignements des conflits
d'aujourd'hui où le char tient le rôle de piate-forme
muiti-rôie ? que sera le futur Type 100 ?(Photo APL)

tf: ..s

600-650 mm^ dans l'acier à blindage. Larmement secondaire est une mitrailleuse de MTU871 qui propuise le Léopard 2. Cela lui confère
Ces munitions conservent cepen 12,7 montée au kiosque chef et une mitrailleuse un très bon rapport puissance/masse, gage d'accé
dant la configuration en deux par coaxiaie de 7,62 mm. lération tactique et de vitesse soutenue sur route.
ties si caractéristique des chars de La conduite de tir reçoit un viseur panoramique Tout comme le Type 98, le Type 99 dispose du
l'Est. Le char peut aussi tirer des au poste chef de char. Cette conduite de tir per système laser JD-3, capable de localiser par effet
obus explosifs classiques, des met de tirer en mouvement sur cibles mobiles. «œil de chat » tout dispositif optique menaçant poin
HEAT et des missiles inspirés Un télémètre laser et une caméra thermique sont té sur le char. En retour, ce dernier peut émettre un
de i'AT-11 russe. intégrés dans les optiques du tireur.
Ci-contre et ci-dessous.
Le chef de char disposerait d'un BMS élémen
La munition flèche de 125 mm taire qui fournirait les informations de navigation 3. Et non 850 mm,comme le prétendent certains sites Inter
Norinco photographiée au salon et de localisation, une carte, et des données tac net, chiffre repris sans vérification par certaines revues dites
idex d'Abu Dhabi. Elle peut être tiques en provenance des échelons supérieurs. spécialisées. En fait, la nature du matériau (le tungstène),
« créditée » d'une pénétration la longueur du barreau et la vitesse Initiale ne permettent
de plus de 600 mm dans Le T-99 est motorisé par un diesel de 1 500 che pas d'atteindre cette performance réservée à des flèches
l'acier à blindage. vaux dont la conception serait copiée du moteur plus longues, plus lourdes et en uranium.
(Photos Marc Chassilian)

62
On note la presence du brouilleur
laser à effet « œil de chat » qui
équipait déjà le Type 98.(Photo APL)

Les blindages du Type 99sont du type Ji


rapporté, et combinent technologie passive
et réactive.(Photos APL)

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T Tî .~ :f • rv'

,^L(es dimensions du Type 99 sont supérieures à celles


*■. de son prédécesseur, en particulier le châssis est
plus long et légèrement plus large. Sa masse atteint
54 tonnes, ce qui en fait un engin similaire
auLeclerc.

63
64
Page de gauche.
Différentes vues de chars Type 99 en manœuvre ou
sur les champs de tir. La valeur d'une arme blindée
dépend en premier Heu de la qualité de l'entraînement
et de la connaissance des capacités du matériel que
l'on sert. Cela suppose d'y consacrer des budgets et
de disposer d'un encadrement de qualité.(Photos APL)
Cl-conlre.
Le ravitaillement en munitions des chars à carrousel
en fond de panier est un problème, exacerbé par le fait
que la munition est en deux parties.(Photo APL)

puissant rayonnement laser capable


d'aveugler les optroniques ennemies.

La protection du Type 99 est assurée par une


combinaison de blindages réactifs et de blocs com
posites. Le glacis est recouvert de briques réac
tives, ainsi que les flancs de tourelle. Les deux
blocs de protection avant combinent tecfinologies
passives composites et éléments réactifs.
Deux bancs de cinq lanceurs fumigènes peu
vent créer un rideau de fumée à même de gêner
les moyens optiques adverses.
Larcfiitecture du Type 99 n'a rien d'original. Elle
est directement empruntée aux chars T russes.
On peut donc légitimement émettre l'hypothèse
que la capacité à encaisser les coups de l'adver
saire repose entièrement sur la qualité des blin
dages. Qu'un projectile ennemi parvienne à péné
trer la caisse, et on peut supposer que l'absence
de cloisonnement aura des effets catastrophiques.
La survie des équipages n'est pas encore un
grand souci des ingénieurs chinois. La protection
n'est utile que pour maintenir, si possible, le char
en première ligne. O
Cl-contre.
Le Type 99 est une évolution profonde du Type 98.
Extérieurement on le distingue rapidement grâce
aux blindages en pointe de sa tourelle, à la manière
des Léopard 2A5.
Cl-dessous.
Entre les mains d'un équipage correctement Instruit et
entraîné, le Type 99 Impose le respect,sur le papier en
tout cas.(Photo APL)
LE CHAR Ml ET SESjEVO

Pour les trente prochaines années,le char M1


constituera encore le poing blindé de l'Amérique.
De nombreux programmes technologiques sont
lancés pour moderniser la flotte par étape.
Il n'est pas exclu une reprise de fabrication de
matériels neufs, dits A3.(Photo DOD) ^ A

Comme nous l'avons vu plus insurgés utilisant toute la panoplie technologique Dans le domaine de la fonction feu, l'une des
haut, les Américains sont d'origine duale à leur disposition. Les M1 ont donc évolutions envisagées est le remplacement du
été massivement engagés pour, par exemple, canon par celui développé pour le FOS.Ce canon
revenus à toute vitesse sur reconquérir Falloudja. A l'issue de la bataille, les sera plus léger. La masse ainsi récupérée servi
leur vision idyllique de Marines ne tarirent pas d'éloges sur l'intervention
des chars lourds.
ra à intégrer en particulier des systèmes de pro
tection.
confier à des blindés de GDLS a donc récupéré une charge de travail
moyen tonnage l'essentiel considérable, tant pour moderniser la flotte en ser
vice, réparer les dommages de guerre, réviser les
des missions de combat. chars qui ont épuisé leur potentiel, que pour pré L'ajout de stations téléopérées de mitrailleuses
parer un redémarrage de la production de chars est d'ores et déjà acquis. Les autres voies
Il est désormais établi que rinfovalorisatlon ne neufs destinés à combler l'atthtion. d'amélioration sont de meilleurs moyens de vision
compensera jamais la masse. De même qu'ils ont Pour l'heure, l'équipe de programme M1 de l'ar et d'identification des cibles, et une gamme renou
brutalement réalisé que les chars ne pouvaient mée américaine a présenté sa vision de la ges velée de munitions.
pas être cantonnés à des conflits de haute inten tion de la flotte de chars M1 Abrams. Cette der Le soutien et la maintenabilité du M1 sont des
sité. Ils ont révélé toute leur pertinence dans les nière se divise en deux types : les M1A2 SEP et sujets très préoccupants pour l'armée américai
conflits asymétriques contre des guérillas et des les M1A1 AIM. ne. La flotte de M1 en Irak consomme des cargos
complets de rechanges. Le train de roulement,
notamment, qui a toujours été connu pour sa fra
Ce char Ml A1 du 7th Tank Battallon de la 31st MEU,
Ici en Irak dans la province d'AI Anbar, transporte gilité et sa durée de vie réduite, va faire l'objet de
"à l'américaine » une quantité impressionnante développements particuliers : chenilles et galets
de barda pour son équipage.(Photo US Army) à durée de vie supérieure. Et ne parlons pas de
la turbine AGT-1500 qui constitue encore aujour
d'hui le premier poste budgétaire MCO de l'armée
américaine, tous matériels confondus ! Le rem
placement de cette turbine est un vrai serpent de
mer depuis bientôt quinze ansL Mais si les chars
M1 doivent rester en service encore quatre décen
nies, cela vaudra certainement le coup de faire
enfin quelque chose.
Les M1 disposeront d'une prise électrique à
disposition des fantassins débarqués.
La survivabilité de l'engin sera accrue par inté
gration de toute une panoplie d'équipements et
de systèmes nouveaux : protection active, nou
veaux blindages, surveillance 360° aux abords du

1. Lancé au début des années 1990, le programme AlPS


(Advanced Integrated Propulsion System)devait trouver un
GMP de remplacement pour le Ml. Une turbine et un moteur
diesel étaient en compétition.

66
LUTI
%

Ci-conlre.
char, nouveau système NBC, La MRM est l'équivalent
plancher renforcé. du projet Procipac français
de munition à tir « au-deia de
Les nouveaux moyens de ia crête ».
communication proviendront (Photo US Army)
des spins out du FCS.
Avec toutes ces évolutions, Ci-contre.
les Américains parlent déjà La munition M829A3 à
barreau d'uranium à
d'une version A3 de leur char. grand aiiongement est
Au salon AUSA d'octobre ce qui se fait de mieux
2007, les généraux américains aujourd'hui. (Photo
Marc Chassillan)
évoquaient la date de 2045
pour un retrait du service des
chars M1. □
Ci-dessous. Ci-dessous.
Le poste tireur, où l'on distingue Le poste chef avec ses deux écrans, celui du CITv
l'énorme bloc culasse du canon de thermique et du FCB2B d'information tactique.
120 mm. (Photo DOD) (Photo DOD)

67
77W777777
ymmm,

ym-.

• c;:

LE PROGRAMME TUSK PO
Ci-dessus.

fphotoZoD)^" ^''"''^9es latéraux TUSK.


Ci-contre.
Suf cet Abrams TUSK,on reconnaît le montage
« a I israélienne » de la mitrailleuse de 12,7 fixée sur
le masque de canon.(Photo DOD)

fM-r

H
Nous avons eu l'occasion de
vous présenter, dons notre
numéro 218, une version du
char Ml Abrams adaptée
aux opérations en zones
urbaines.
La firme Général Dynamics a repris certaines
des idées issues de cette étude pour présenter le
M1 TUSK, encore un nouvel acronyme dont nos
amis américains rattolent et qui signifie Tank Urban
Survivability Kit.

68
Caméra thermique
montée sur
la mitrailleuse de toit
du chargeur.

Tourelleau téléopéré
Kongsberg de 12,7 mm.
Bouclier du chargeur.

I
Téléphone infanterie.
m

.Jumelles vision nocturne


Grilles de protection arrière GMP.

Visualisation caméra Briques réactives


thermique du chargeur. de protection
des tlancs de châssis.
Les différents constituants du kit TUSK.(Photo DOD)

UR LE CHAR Ml ABRAMS

Un M1A2 configuré TUSK.


Le kit TUSK s'adapte
indifféremment au t\/i1A2
et au MIAIM.
(Photo DOD)

69
Le kitTUSK couvre deux principales fonctions
que sont la protection balistique et i'observation/feu
m sous 360°.
La protection balistique prend la forme de
briques réactives explosives disposées sur les
flancs du châssis pour arrêter les roquettes RPG,
d'une grille slatarmorà l'arrière pour protéger le
compartiment GMP similaire à celle mise en pla
ce sur les Stryker, et d'un bouclier au poste
mitrailleuse du radio-chargeur.
Lobservation/feu sous 360° est réalisée par inté
gration d'un tourelleau de 12,7 téléopéré d'origi
ne norvégienne de Kongsberg identique à celui
équipant les Stryker VIT.
Ce tourelleau dispose d'une caméra thermique
dont les images sont renvoyées sur l'écran du poste

Ci-contre.
Cette vue frontale montre toute l'importance de
l'armement secondaire et des moyens d'observation
de fortune constitués de phares à lumière blanche.
(Photo DOD)

Ci-dessous.
La barre de remorquage montée en permanence
sur le glacis illustre le souci des équipages de se tirer
d'un mauvais pas rapidement à l'aide du copain
d'à côté. Réalité du terrain à iaqueiie ne résiste aucun
raisonnement temps de paix.(Photo DOD)

*55614,#'
vT

rCt*—-

70
En octobre 2007, à l'occasion du salon AUSA
de Washington, Général Dynamics Land Systems
révéla une autre version TUSK du char M1
Abrams. L'exemplaire exhibé était équipé de
deux (!) tourelleaux téléopérés de 12,7 mm, de
nouveaux caissons latéraux de protection du châs
sis, d'un phare de recherche et d'un dispositif d'ob
servation panoramique.
Le TUSK est en production pour l'armée amé
ricaine. Un premier lot d'une centaine de kits sera
distribué aux unités engagées en Irak prochaine
ment. □

Ci-contre et ci-dessous.
Différentes vues du Ml TUSK prises au salon AUSA de
Washington montrant les slat bars de protection
arrière du compartiment GMP, les blindages latéraux,
les mitrailleuses de toit et le toureiieau téiéopéré.
(Photos Marc Chassiilan)

chef. Il permet de prendre à partie les cibles éle


vées postées sur les bâtiments et les hauteurs.
La mitrailleuse de 7,62 du radio-chargeur est
équipée d'une lunette à Intensification de lumière.
Enfin, le TUSK propose un classique téléphone
de campagne à l'arrière du char destiné aux com
munications avec l'infanterie d'accompagnement.
Le TUSK exploite directement les enseigne
ments des opérations en Irak, où les chars ont
encore joué les premiers rôles en permettant d'en
trer en force et sous protection dans les zones
urbaines tenues par les insurgés. Associés aux
véhicules de combat d'Infanterie iourds type Brad-
ley surprotégés, les chars ont encore fait la preu
ve que le système soi-disant léger destiné à les
remplacer restera longtemps au stade de la feuille
de papier.

Une excellente plate forme


Le char demeure une excellente plate-forme de
combat suffisamment versatiie pour passer de
l'action antichar en zone ouverte à l'appui feu/ren
seignement en zone complexe par intégration
d'équipements spéciaux.
LE CHAR IS
MERKAVA4
Le 24 juin 2002, ticulier, son nouveau glacis entièrement plat, alors
le Merkava 4 était présenté que ceux de ses aînés présentaient une bosse
particulière au-dessus du capot moteur, et sa tou
officiellement en public lors relle massive et épaisse en forme de soucoupe
d'une cérémonie à surmontée d'un viseur chef en position avancée.
Jérusolem. Ce chor intègre Un châssis éprouvé
les dernières technologies
Du précédent modèle de Merkava 3, le Mk 4
mises ou point en Isroël en reprend le train de roulement. Galets de roule
ce qui concerne lo conduite ment et de soutien, chenille, suspension à res
sorts hélicoïdaux, poulie de tension sont repris
de tir, lo stobilisotion de sans grande modification. Le général David Engel,
l'ormement, les blindoges, ancien directeur du programme, explique qu'il a
fallu des années de mise au point pour parvenir
les communicotions et à une configuration de train de roulement perfor
lo puissonce de feu mante et surtout endurante sur tous les terrains

d'une nouvelle générotion


(désert, plateau caillouteux du Golan, etc.). Il
n'était donc pas question d'en changer. Lexcep-
y
de munitions. tionnelle course de suspension de 600 mm au
galet autorise des parcours à près de 60 km/h sur
Sa propulsion fait appel à la technologie alle des terrains très mouvementés tels que les rochers
mande de MTU et Renk. Son développement a basaltiques du Golan.
débuté neuf ans plus tôt alors que le Merkava 3 Lévolution principale est celle du changement com
entrait à peine en production. Il tient compte des plet du groupe motopropulseur. Alors que les trois
enseignements des récents engagements de anciennes versions comptaient sur un brave diesel
Tsahal, en particulier en zones urbaines. américain AVDS 1790 issu du char M60, le Merka
Même si toutes les recettes architecturales qui va 4 est propulsé par le MTU 883,celui-là même qui
ont fait le succès de la formule des Merkava sont équipe le char Leclerc des Emirats
retenues et demeurent inchangées, la silhouette
du nouveau modèle de char israélien diffère de Ci-contre.
En manœuvre sur les hauteurs du Golan. Cette vue
ses prédécesseurs. Et il sera facile de le distin en plongée permet de bien Identifier l'arrangement
guer du premier coup d'œil en observant, en par- particulier des blindages de tourelle.(Photo IDF) 50^

La puissance du souffle d'un tir de 120 mm par un


11/11(4 partiellement abrité derrière un talus.(Photo IDF)

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Un char Mk4 en exercice à la frontière nord avec
le Liban.(Photo IDF)

arabes unis. Pour des raisons politiques et financiè Le canon IMI de 120 mm/44 calibres est prati tique comme sur les chars Leclerc ou Type 90, mais
res, ce moteur est en fait fourni par la firme améri quement conservé - certaines sources indiquent d'une aide à la sélection des munitions dont bénéficie
caine GDLS qui le produit sous licence. Il est accou que le canon a bénéficié d'évolutions lui permettant le chargeur. L'équipage reste donc composé de
plé à une boîte de vitesses automatique Renk RK325 de tirer des munitions flèches plus énergétiques -, quatre hommes. Ces deux barillets accueillent cinq
dont une partie est fabriquée en Israël par Astiot Asti- ce qui indiquerait que les Israéliens n'ont pas suivi coups chacun, dont le type est enregistré dans la
kelon, le fabricant des boîtes de Merkava 2 et 3. Ce la tendance des tubes longs, supérieurs à 50 cali mémoire d'un calculateur. Quand le chargeur appel
nouveau groupe fait entrer le Merkava dans le club bres comme sur le Leclerc et le Léopard A6. le au moyen d'un clavier un type de munition donné,
des chars « 1 500 chevaux ». Les 300 chevaux sup Cet armement permettra de tirer la gamme com le barillet tourne de façon que lui soit sortie et pré
plémentaires par rapport au Mk 3 procurent une capa plète des munitions classiques flèches et HEAT sentée la munition demandée. Le chargeur n'a plus
cité d'accélération très enviable au combat. mais aussi la nouvelle gamme de projectiles qu'à s'en saisir et l'introduire dans le canon. Le stoc
La compacité du nouveau GMP a permis cargo APAM antipersonnel/antimatériel et le kage de munitions au-dessus de l'anneau de tourel
d'aplatir le glacis, ce qui améliore considérable missile LAHAT à guidage laser. le a fait couler beaucoup d'encre et de salive dans la
ment la vision du pilote en secteur avant droit, communauté des tankistes israéliens toujours prête
autrefois totalement vigneté par le fameux bos Une tourelle entièrement à défendre les principes du père du Merkava, le géné
sage cité plus haut. ral « Talik » Israël Tal. Il faut dire que le stockage des
Un groupe auxiliaire de puissance permet le nouvelle munitions en fond de caisse est un principe fort loua
chargement des batteries et l'alimentation des Une des grandes innovations du Merkava 4 est la ble dans le domaine de la sun/ivabilité du char, mais
principaux organes de la conduite de tir quand le présence de deux barillets à munitions dans la nuque il reste très discutable au combat car la tâche du char
moteur principal est éteint. de tourelle. Il ne s'agit pas d'un chargement automa geur est très pénible. Les concepteurs du Mk 4 ont

Le profil balistique de la tourelle du Merkava 4 est


bien mis en évidence sur cette photo.(Photo IDF)

74
souhaité préserver les principes de Ta! puisqu'une
grande partie des munitions reste entreposée à l'ar
rière du châssis, mais ils ont tenu à améliorer l'ergo
nomie du poste chargeur en permettant à ce dernier
de se tenir assis en disposant d'un petit stock de muni
tions à sa hauteur. Inutile de préciser que les deux
barillets sont entourés d'une protection balistique que
d'aucuns qualifieront de « sérieuse » car c'était la
condition sine qua non de leur adoption par le corps
des blindés deTsahal.
La conduite de tir est organisée
autour d'une version améliorée du
viseur « Knight 3 » de la société
Elbit. Le système de poursuite automatique des
cibles a été amélioré, en particulier grâce à l'adop
tion d'une caméra thermique de troisième généra
tion et de nouveaux algorithmes de traitement de Ci-dessus, ci-contre et ci-dessous.
l'image. Ce viseur est, bien entendu, stabilisé pour Le système de protection active Trophy
permettre le tir en marche. Mais la réelle nouveau est le premier du genre à entrer en
té de l'ensemble optronique est le viseur panora production de série(on passera sous
silence les quelques exemplaires de
mique chef. Celui-ci est du type vidéo, ce qui auto Drozd soviétiques qui ont équipé les T-55
rise une grande flexibilité d'implantation puisqu'il n'y en Afghanistan). Une centaine de
a plus de lien mécanique avec le poste chef en rai systèmes seront fabriqués par Rafaël
pour protéger les Mk 4, puis les Namera.
son de l'absence de voie optique directe. Aussi La détection du missile ou de
prend-Il place devant le poste chargeur, là où l'espa la roquette attaquant le char se fait
ce est le plus dégagé pour augmenter les perfor au moyen de quatre antennes radars
couvrant 360°. Si le calculateur établit
mances d'observation. Lautre particularité de ce que l'impact sur le char est certain,
viseur est d'intégrer une caméra thermique fonc Trophy projette sur le projectile
agresseur une gerbe de CGN qui fait
tionnant dans la bande 3-5 pm alors que celle du sauter la tête militaire du missile.
tireur fonctionne dans la bande 8-12 pm. D'après (Documents Rafaël)
les ingénieurs de chez Elbit, cela procure une com
plémentarité intéressante quand les conditions
météorologiques « écrasent » les images ou ren
dent difficiles les contrastes entre les cibles et le
fond. Donc, quelles que soient les combinaisons
d'environnement (météo, terrain, humidité, paysa
ge), il y a de fortes chances qu'une des deux camé
ras fonctionne dans des conditions satisfaisantes.
Le viseur chef possède aussi une caméra jour cou
leur CCD et un télémètre laser.

Insuffisances dans plusieurs


domaines
Lengagement des chars israéliens dans les rues
de Gaza et de CIsjordanie a montré les insuffi-

75
SÈOBti

l;
Premier bilan technique de vulnérabilité des chars Merkava israéliens
Au cours des opérations au Sud-Liban, plusieurs chars Merkava 2/3 Merkava 4 Total
Merkava ont été percés, et certains détruits. Pour ceux qui
avaient cru en l'invulnérabiiité du char israélien - réguliè Nb de chars touchés par missiles 32 18 50
rement entretenue par un marketing quelquefois impru Nb de chars touchés par lED 1 1 2
dent -, le mythe s'écroula. Pour les concepteurs de chars ? ?
et les experts, ce fut un non-événement absolu. La raison Nb de chars pénétrés par missiles 22
tient en deux points ; l'utilisation par le Hezbollah d'armes Nb de chars détruits par missiles 3 0 3
antichars de nouvelle génération à capacité de pénétration Nb de chars détruits par lED 1 1 2
accrue, et la répartition hétérogène des blindages qui, mal
gré les efforts des ingénieurs, ne parviennent toujours pas Equipages tués par missiles 18 0 18
à recouvrir toutes les surfaces. Donc,si un missile antichar Equipages tués par lED 4 1 5
modeme frappe le char à l'endroit où la cuirasse est la plus Total tués 22 1 23
faible, il y a pénétration et risque pour l'équipage. C'est ce
Cl-dessus.
Un Mk 4 en patrouille le long du mur.
Notez les brouilleurs antl-IED.(Photo IDF)
Ci-contre.
CeMk4a pris un missile dans le caisson de blindage
de tourelle, qui laisse apparaître la composition
des couches composites.(Photo IDF)
qui s'est passé à plus d'une vingtaine de reprises au cours
des cinq semaines d'affrontements entre Tsahal et les com
battants aguerris et audacieux du Hezbollah.
La milice chiite a mis en oeuvre une panoplie com
plète de missiles et roquettes de conception russe : mis
siles portables Métis (similaire au Milan 3), Kornet E et
Konkurs, et lance-roquettes RPG-29 tirant des projec
tiles à charge tandemL Cette gamme permet de pren
dre à partie les chars israéliens tant à courte portée
dans les embuscades qu'à longue portée, jusqu'à 5 km
avec une confortable distance de sécurité. On ajoutera
que le Hezbollah a aussi utilisé l'arme antichar abso
lue, la charge enfouie, qui avait permis aux Palestiniens
d'obtenir leurs premiers succès face aux mastodontes
de TsahaP, et qui est encore la cause principale des
destructions de chars M1 Abrams en Irak.
De son côté, Tsahal a déployé des unités blindées
lourdes à base de chars Merkava 2/3 et 4, VCI Achza-
rit, et d'engins du génie Puma et bulldozers blindés D9.
Nous ne commenterons pas le violent débat public qui
secoue aujourd'hui l'opinion israélienne, les médias et
l'institution militaire elle-même après ce qu'il faut bien
appeler un bilan mitigé de la campagne au Sud-Liban.
Une funeste combinaison d'entraînement insuffisant des
réservistes, de sous-estimation notoire de la menace,

1. La petite charge précurseur fait exploser les briques de


blindage réactif et fait place nette pour la charge principale
qui détone une fraction de seconde après.
2. Ces événements sont relatés dans le hors-série n° 13
de RAIDS.

76
Ci-contre.
D'après les statistiques au combat,4% des projectiles
touchent l'armement principal. Ce n'est donc pas
si rare que ça.(Photo IDF)

de schémas tactiques hésitants, de logistique défaillan


te, de faible leadership sur le terrain, et de confiance
aveugle dans le tout électronique n'est qu'un début d'ex
plication.Tsahal a d'ores et déjà lancé une cinquantai
ne de groupes de travail pour plancher sur tous ces thè
mes et trouver des solutions.
Parmi ces groupes, l'un sera plus particulièrement
chargé de la recherche de technologies pour réduire la
vulnérabilité des blindés.
D'après les chiffres communiqués par le MAFAT,orga
nisme de programme du char Merkava, 52 chars ont
été touchés dont 22 pénétrés, causant la mort de 23 tan-
kistes et fantassins (car certains Merkava transportaient
de l'infanterie).
On notera que cinq attaques ont causé la mort de
18 tankistes, soit une moyenne de 3,6 par attaque, chif
fre très proche de 4 qui est le nombre de membres
d'équipage d'un char. On peut donc en déduire qu'a
contrario de nombreux chars pénétrés n'ont pas subi de
perte d'équipage et que les systèmes passifs de pro
tection ont fonctionné (compartimentage, isolation des
munitions, système d'extinction d'incendie automatique...).
Le tableau ci-contre donne le détail des causes de f
destruction ou d'atteinte par type de char, en isolant
volontairement le Merkava 4, la version la plus moder
ne. Les chiffres parlent d'eux-mêmes. Le Mk 4 a mieux
protégé ses équipages que les versions les plus ancien
nes du char. Ce qui était logiquement attendu.
Un rapide petit calcul montre que les 52 chars tou
chés transportaient entre 210 et 230 hommes, tankis
tes et fantassins. Les 23 morts représentent donc 10%
des hommes exposés aux impacts ennemis. Ce qui est
peu. Souvenons-nous des terribles pertes des guerres
tèmes ne sauraient remplacer les blindages ; ils cons Une augmentation des budgets consacrés aux blin
de 1967 et 1973 où tout impact dans un char russe (côté
titueront une « couche » supplémentaire de protection. dés semble inéluctable à court terme, car les blindés
arabe) ou américain/britannique (côté israélien) de
l'époque signifiait la perte totale de l'équipage (par explo Tsahai a pris la décision d'équiper une centaine de lourds, et en particulier les chars, ont encore montré
sion ou incendie de l'engin)... chars Merkava 4 du système Trophy. qu'ils étaient indispensables pour mener des opérations
En l'absence de menace blindée adverse, les chars militaires en zone de grande dangerosité. L'envoi de
Parmi les pistes déjà proposées pour augmenter la
protection des Merkava, les systèmes de défense acti israéliens ont rempli le rôle classique de canon d'appui blindés cheniiiés lourds français pour la FINUL relève
ve développés par les firmes Rafaël (Trophy) et IMi (iron au profit de l'infanterie en détruisant les positions retran de la même analyse.
Fist) sont non seulement cités mais approuvés IA envi chées ennemies. Mais ils ont joué un rôle majeur de Influencée par le courant de pensée américain,
ron 400 000 dollars l'unité, ces systèmes permettront capteurs d'information grâce à leurs moyens optroniques, Tsahal a découvert à ses dépens les limites du trio
de réduire la vulnérabilité face aux missiles et roquet en profitant de leur protection pour s'aventurer dans des drones-armes de précision-forces spéciales face à un
tes antichars. Mais, dans l'esprit des Israéliens, ces sys- compartiments de terrains dangereux. Enfin, ils furent ennemi déterminé, bien armé et ayant une connais
mis à contribution pour évacuer sous protection lourde sance parfaite du terrain.
Ci-dessous. les blessés des zones de combat prises sous le feu des
Frayeur garantie pour l'équipage de ce char, qui s'en missiles et des roquettes, là où tout autre moyen EVA- Les chars ne sont pas près de disparaître pour faire
sortira avec quelques blessures.(Photo IDF) SAN aurait succombé. le boulot, surtout quand ça chauffe vraiment.

77
Le GMP en « U » du Merkava 4 prend place sous
le glacis et contribue fortement à la protection de
l'équipage.(Photo IDF)

>%

Ci-contre.
Vue de face, la bête est impressionnante et difficile
à abattre.(Photo IDF)

sances des engins dans plusieurs domaines. En


premier lieu, les chars sont aveugles à courte por
tée et dans leur environnement immédiat. Des fan
tassins peuvent s'en approcher en profitant des
masques du terrain urbain. Cela a conduit l'équi
pe de David Engel à installer des caméras autour
du char de façon à procurer à l'équipage une vue
panoramique des abords du véhicule. Conçues par
Vectop, ces caméras jour/nuit à intensification de
lumière couvrent, en particulier, ie secteur arrière.
Ces images, comme celles provenant des
Très Intéressante photo qui permet de voir caméras thermiques et jour des deux viseurs de
le blindage de glacis. Ceux du char en arrière-plan
ont été retirés des côtés de tourelle.(Photo IDFj tourelle, peuvent s'afficher sur les écrans à dispo
sition de chacun des membres de l'équipage. Cela
constitue une autre innovation du Mk 4. Autrefois
réservé au chef de char, l'écran se « démocratise »
et permet de distribuer l'information au sein de
l'équipage. Cela est particulièrement utile en
mission de surveillance quand un char se voit
confier la garde et l'observation dans une zone
urbaine pendant de longues périodes. Le chef
de char peut répartir les secteurs d'observation
entre ses subordonnés. C'est une des raisons qui
ont conduit les Israéliens à conserver l'équipage
de quatre hommes. Cela valorise aussi le rôle du
chargeur à qui sont confiées des tâches un peu
plus nobles.
Lécran du chef de char reçoit, en outre, toutes
les informations tactiques, de localisation et de
navigation gérées par son système d'information
terminal (BMS, en anglais).

La protection, toujours la clé


de yoûte du concept Merkava
L'expérience des combats urbains n'a pas
conduit qu'à des améliorations en termes d'op-
tronique. La protection, en particulier les blinda-
78
i
À?

[ïi-i .■.;■«*>
ï'SSÈffiÎB s
=^5S--iv: . -■

"

ges, a fait I objet d'etudes très poussées visant a


procurer au Mk 4 une capacité que l'on pourrait
qualifier de « 3 D ».
A 65 tonnes, le Merkava 4 est un des chars les
plus lourds du monde ; seul le Challenger est aus
si lourd quand II est équipé de ses surblindages
latéraux et frontaux de châssis si bien mis en
valeur durant l'opération Telic, en Irak, en 2003
Cette protection « 3 D » est assez reconnais-
sable sur la tourelle en forme de soucoupe. Les
Ingénieurs Israéliens ont conçu des blindages
sandwichs très inclinés combinant les technolo

Ci-dessus, ci-contre et ci-dessous.


Différentes vues de la tourelle en forme de soucoupe.
On note la présence d'un lance-grenades de 40 mm
en lieu et place de la 12,7. (Photos iOF)

gles passives et réactives pour contrer les char


ges creuses des roquettes d'Infanterie et des mis
siles antichars pouvant frapper le char sous tous
les angles. Ces sandwichs inclinés forment même
une sorte de tullage très caractéristique.
Ce qui frappe l'œil quand on observe attenti
vement un Mk 4, c'est l'épaisseur du toit de tou
relle qui reçoit un blindage de 20 à 30 cm capa
ble d'encaisser l'Impact d'un missile lourd arrivant
sous environ 70 ° d'Incidence. Ce cas s'est pro
duit à de nombreuses reprises dans le passé
quand des chars Israéliens étalent pris à partie
depuis des hauteurs tenues par le Hezbollah ou
des unités palestiniennes.
Afin de faciliter l'Implantation de cet épais blin
dage sur le toit, les Ingénieurs Israéliens n'ont pas
hésité à supprimer deux des trois trappes de toit
que l'on trouve traditionnellement sur les tourel
» les trois hommes. En fait, seul le chef de char

79
dispose d'une trappe très épaisse que tout pertes enregistrées sur les Mk 3 et les Magash lors Ci-dessus.
i'équipage peut utiiiser^ et la porte arrière de de traquenards tendus par les Palestiniens qui uti Malgré leur fabrication récente, on perçoit des traces
d'usure extérieure et de peinture fatiguée sur
châssis est un accès facile et sûr. lisaient des charges enfouies de forte puissance. ces chars qui ont combattu au Sud-Liban.(Photo IDF)
PourTsahai, l'ennemi principal de ses chars est Mais la protection du Merkava 4 va faire un bond
désormais moins le char adverse que les unités en avant avec l'adoption d'un système complet de contre-mesures, protection active, blindages et
d'infanterie mobiles exploitant parfaitement le ter contre-mesures électroniques. Celui-ci comprend compartimentages, le Mk 4 sera une bête difficile
rain afin de se procurer des occasions de tir par des détecteurs d'alerte laser E-law d'Elbit asso à abattre.
missiles ou RPG. ciés à des fumigènes large bande et d'autres La production du Mk 4 a démarré en 2003 après
Le châssis est protégé par la même combinai dispositifs électro-optiques couverts par le que Tsahal a expérimenté trois prototypes durant
son de blindages et de compartiments « tampons » secret-défense (en particulier, laser de brouillage). deux ans. Il n'existe à ce jour aucun rivai sérieux
(réservoirs, GMR coffres à lot de bord) qui a été uti Le Mk 4 pourra intégrer ultérieurement un sys du Merkava 4 dans les armées du Proche-Orient
lisée avec succès dans les versions précédentes. tème de protection active conçu par Rafaël, qui (Egypte, Liban, Syrie, Jordanie). Les photos de
Il semble que le plancher du char ait fait l'objet permettra d'abattre en vol les projectiles cet article montrent les premiers Merkava 4 en
d'attentions toutes particulières, à la lumière des assaillants. Avec quatre couches de protection. action dans les Territoires occupés et au sud du
Liban où ils démontrèrent la justesse de leur
conception en affichant le taux le plus faible de
perte d'équipages. On estime que le rythme annuel
de production qui était d'environ 50 chars par an
pourrait ralentir en raison de contraintes tiudgé-
taires pesant fortement sur les programmes d'ac
quisition de Tsahal.
Cinq cents Merkava 4 devraient sortir des chaî
nes d'ici 2014. ils s'ajouteraient aux quelque 1 700
Merkava 1/2/3 déjà construits.

Vers une version VCI lourd,


leJlaoïera
I Sous la direction du nouveau directeur de pro
gramme, le brigadier général Nir Amir, les forces
israéliennes développent un véhicule de combat
d'infanterie baptisé Namera^ (laTigresse).
Ayant à maintes reprises prouvé l'indispensa
ble emploi de véhicules d'infanterie lourds en zone
urbaine, les israéliens cherchent un digne suc
cesseur au brave Achzarit sur châssis T-55.

Ci-contre.
Les patrouiiies en char sont monnaie courante dans
Tsahai. Notez tes dispositifs d'accrochage à i'avant.
(Photo IDF)

80
Ci-dessus.
Le tourelleau de 12,7 du Namera pourrait paraître bien
léger pour armer un tel mastodonte. En fait, Tsahai ne
déroge pas à sa régie de limiter les missions du VTT,
fût-il très lourd, au transport des fantassins au plus
près des éléments ennemis, et confie le rôle d'appui
aux chars et leurs canons capables de venir à bout de
n'importe quelle cible. Alors que l'usage des canons
de moyen calibre(20 à 40 mm)est courant dans
toutes les autres armées pour doter les VTTA/Ci
d'une capacité d'agression significative, H n'y a rien
entre la 12,7 et le 120 mm chez les israéliens.
Et les VTT israéliens ne se déplacentjamais sans
les chars,leurs anges gardiens.(Photo IDF)

1, On peut « circuler » facilement à l'Intérieur d'un Merkava


- votre serviteur peut en témoigner.
2. Se reporter à l'article complet sur le Namera dans
RAIDS n° 260,

Ci-dessus et ci-contre.
Le nec plus ultra du véhicule de combat d'infanterie,
le Namera directement dérivé du Mk 4. Alors que
les experts de salon glosaient sur les pertes de chars
israéliens à l'été 2006 face au Hezbollah et concluaient
bruyamment sur l'inutilité des chars, Tsahai prenait
tout le monde à contre-pied en déclarant que,grâce
aux chars et à leur blindage, les pertes furent limitées.
Et lança rapidement le développement d'un VCI
capable de porter l'infanterie au plus près des
objectifs a saisir, en se déplaçant sous le feu ennemi.
(Photos IDF)

81
Ci-dessus.
Vu sous cet angle, on pourrait confondre le Merkava 3 Le Mk 4 conserve les fameuses
Baz(ici présenté)avec le nouveau fHlk 4. La forme des cfiaînes anti-RPG qui garnissent la
blindages est assez similaire.(Photo IDF) nuque de tourelle de tous les Merkava -.
depuis ieur création. (Photo iDFJ^'
Disposant d'une chaîne de production de châs
sis à GMP avant, c'est fort logiquement qu'ils ont
étudié un dérivé de transport lourd de fantassins
à partir du Merkava 4. Le concept a déjà été vali
dé en modifiant un vieux Merkava 1.
Un VCI lourd sur base Merkava 4 bénéficierait,
en particulier, des nouvelles technologies de pro
tection évoquées plus haut.
^ Le trio Merkava 4/Tigress/Bulldozer blindé D9
n aura pas d'équivalent dans le monde pour mener
efficacement une action de force en zone urbaine.
^ Enfin, un prototype de Merkava dépanneur a
ete construit pour remplacer les centaines de vieux
M88 américains. Là encore, seules les limitations
budgétaires freinent sa mise en production de
masse. □

Ci-dessous.
Vu de face, il est très facile d'Identifier un f/lk 4 grâce
au glacis absolument plat qui ne présente aucune
protubérance GtVfP côté droit, comme sur les modèles
précédents. (Photo IDF)

82
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EN ACTION
l^yps poursuH'ià^âg^sùf les<hars,de^^^rnbat démarrsé^-^OpU^àvë^^hpris-sérto
prolongee oVéG les numéros 5 et^8v Ce quatrième tome etabiitun bilan,de l'emploi dies chars
^d^cpnibat au 'Cbùrs des^ept derniè|^es|^^ànnées/ ^F^palyse-^les^ perisp^ecl'i^
op^rationnelfes de cersystèmé d^drme unique qui n!a toujours.pos/fiotiyé de)çoncbpl;q|ternati^poi^
hiUottéden ' , '
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dés années 80,l'AMX 32 et Î'AMX 40. Le Merkava 4,le nouyéapK2::CW]^i%efsi^ à niveau
complètejl^^nformations sur le Léopard 2et le Ml Abroi^^oiff pr^^g^s;
I . - ^ I . I i_ wi

dernier iqmé aç^ellement en préM^oi^^minera c^j^Mga avec,entre aqlf


^^sriién^ques techniques s^les coira€tel^,tiM^ et les munitip

^ingénieur militaire de formation, Marc Chassiilan est rentré en]986 a^bù^jaù d'etude^
de i'AMX-APX situé à Satory. Après avoir travaiiié sur ie^ehàr^ LecferCj.lÉàéhgins dûAcâ
génie, les véhicules de combat d'infanterie(VBCi)et ié démonstrateur 8*8VeKtréCX^!^
H a été directeur du projet DNG(dépanneur nouveilé génétation)pour le, charj^écieto
à Giat industries et fut à l'origine du concept E. Fbrce de blindés modulaires du gépie^
Expert des systèmes blindés, Marc ChaSsilian participe en tant que confèrencie
à de nombreux symposiums et cpliàques internationaux débattant de l'évolùiM
des véhicules de combat, de leur em'piqi Opérationnel et des iechnolbgiés„aSsdci^i

Photos en couverture:IDF, Kraus^^affeir

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