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2020
La première vague :
Jurys citoyens, inventé dans les années 1970 aux USA et en Allemagne, tirés au sort
qui vont discuter de cas publics (réformer logements sociaux, mobilité, etc)
Sondages délibératifs, inventé aux USA dans les années 1980 - on met ensemble un
échantillon représentatif et les personnes discutent de manière approfondie sur un sujet
et donnent leur opinion
Conférence de consensus, inventée au Danemark dans les années 1980 – viennent de
la sphère médicale, les autorités scientifiques se rendent compte que les pratiques
médicales données par les autorités sont en décalage avec celle des soignants =>
associer les soignants aux décisions des règlements => appel à volontaires et tirage au
sort
o Possibilité de former une opinion publique éclairée
3 modèles d’implication des non-spécialistes dans les savoirs scientifiques et techniques (M.
Callon)
Le modèle de l’instruction publique (les scientifiques ont le monopole du savoir,
défendent leur autonomie, éduquent le public les sciences sont vecteurs du progrès)
Le modèle du débat public (complémentarité savoirs universels-scientifiques/savoirs
locaux-profanes, ouverture d’un débat public, confrontation et des points de vue et
négociations, les sciences sont porteuses de risques)
Le modèle de la coproduction des savoirs (interdépendance et coproduction des
savoirs et apprentissages croisés, implication des groupes concernés, nouvelles
identités et redéfinition du cadrage des problèmes par la mobilisation du public, les
dynamiques scientifiques, parce que coproduites avec des acteurs non-scientifiques,
sont politiques (donc contestables)
o Les trois modèles peuvent coexister
o Les trois modèles dans les conventions citoyennes
Instruction publique -> moments de formation
Débat public -> auditions contradictoires, répercussions publiques des
conventions citoyennes
Coproduction de savoirs -> quelles solutions socialement acceptables
pour respecter les engagements en termes d’émissions carbone ?
Comment formaliser juridiquement ces propositions ?
L’expert :
Sens ancien de l’adjectif : « rendu habile par l’expérience »
Avec le substantif au 16e siècle : « personne choisie pour ses connaissances techniques
et chargée de faire des examens, des constatations, des évaluations à propos d’un fait,
d’un sujet précis », « un spécialiste chargé de résoudre un problème technique »
Opposé au profane
Les membres vont mieux comprendre comment leur système civique marche et vont
pouvoir ensuite s’associer (savoir politique militant)
3. Trois imaginaires
Imaginaire - manière dont les personnes pensent la société d’aujourd’hui et comment elle
pourrait être demain
1. Démocratie délibérative
Inventé par des universitaires anglo-saxons, repris par des décideurs et consultants
Une décision est d’autant plus légitime qu’elle a été délibérée publiquement de façon
approfondie
Une vue peu conflictuelle de la société, la politique, des sciences et techniques
Vers un système délibératif
2. Antipolitique
2000 en Italie ->, développé dans les blogs et mouvements sociaux contestataires,
théoriciens utopistes non-universitaires
Le peuple contre les élites (politiques et éventuellement économiques et
scientifiques) : une vision « dégagiste », on veut se débarrasser d’eux pour faire régner
le peuple
Une fois débarrassée des élites, le peuple conçu comme consensuel et homogène, une
vision technicisée de la politique du futur
3. La démocratie radicale (p.ex Extinction rebellion)
Des universitaires radicaux, mouvements et blogs contestataires. Se développe lorsque
certains minipublics produisent des résultats réels, liés à la démocratie directe, sont
revendiqués par des mouvements sociaux
Une vision agonistique de la société, de la politique et des technosciences ; la
démocratie délibérative « avant la révolution », dans une société injuste et inégalitaire
Les minipublics tirés au sort : une des « formes politiques de l’émancipation sociale »
(Marx), dans une société plus égale et plus juste mais pas débarrassée des conflits – y
compris technoscientifiques
D. Courant – 20.10.2020
Comme citoyen
- Participants politiques directs
- Forme : votations, budgets participatifs, pétitions ou leur invocation (ou menace, si
vous ne faites pas comme je le dis on va lancer une initiative)
- Dépendant de la cooptation par les élites et pas égale pour tous les citoyens, sélection
par les ressources
- Ex : 4 votations alimentaires en Suisse en 2014
Comme acheteur
- Activités individuelles prenant sens dans leur agrégation ou leur coordination
- Difficile distinction des dimensions d’achats (p.ex acheter + bio, certains achètent en
fonction du label ou de la qualité)
- Limitation en ressources et capitaux (il faut être nombreux, avoir l’argent et
l’information à disposition), et aussi visibilité
- Ex : Boycott d’Amazon pendant le confinement
Comme image
- Citoyen-consommateur objectifié, passive
- Qualitatif : on lui donne une volonté supposée
- Quantitatif : « massifiée » par l’appareil statistique
- Risques de captation et d’instrumentalisation par politiques et entreprises qui
ressortent des études/chiffres
- Ex : Nestlé sur la votation prochaine, les consommateurs de Nestlé soutiendraient la
politique de production de Nestlé ?
- Bataille d’experts sur la validité statistique du consommateur qu’on se représente
Quelle influence concrète ? (Schweizer 2015)
- 4 phases
o Mise à l’agenda politique, casseroles Chinoises vendues comme suisses
o Phase pré-parlementaire : on ouvre l’arène politique au milieu agricole,
entreprises de distribution, consommateurs pour éviter des oppositions aux
parlements et dans la rue
o Débats parlementaires (4 ans) : conseil national, conseil des états, etc
o Adoption de la loi : 2013
o Phase d’élaboration des ordonnances : beaucoup d’exception sur beaucoup de
produits (Nestlé, café, cacao), débats dans des arènes closes
- Phase de mise à l’agenda : les acteurs économiques ont décidé de mettre la question à
l’agenda et consommateur n’a été présent qu’en tant qu’image par eux
- Phase parlementaire : image plus fine, études de la part des groupes économiques pour
aller dans leur sens. Invoquer le consommateur comme référence aux citoyens
o Consommateurs amenés à participer aux séances pré-parlementaires
o Mais c’est des acteurs mineurs des négociations, pas de mobilisation citoyenne
(ni par les associations de consommation) => débat entre élites
- Débat parlementaire : image consommateur plus omniprésente pour convaincre les
suisses de la valeur de leur argument et légalement pour convaincre les parlementaires
(médiatisation)
o Les associations de consommateurs se sont associées
o Quand le débat s’est technicisé, le consommateur a été mis de côté
o Menace du syndicat agricole de faire une initiative populaire si on ne va pas
dans leur sens
- Élaboration des ordonnances : on efface totalement le citoyen, le consommateur et les
associations. Place en tant qu’acheteur et groupe d’intérêt faible
Le cas du bio Suisse
La critique pluraliste
- Manque d’institutions pérennes pour accueillir cette participation
- Manque de clarté d’information (Horne, 2009)
o Il faudrait mieux savoir pourquoi un consommateur consomme ce produit et le
consommateur doit avoir en main toutes les infos disponibles pour politiser sa
consommation
- Prévalence des organisations pour mobiliser (Dubuisson-Quellier et al. 2008)
o Le citoyen a besoin de cadre pour pouvoir participer
La critique structuraliste
- Consommation> citoyenneté : choix maximal, logique de marché, consommation de
masse (Johnston, 2008)
o Le consommateur ne peut pas exister sans choix maximal et société de
consommation
o Dans une dictature en théorie le citoyen consommateur pourrait utiliser sa
consommation pour changer le politique et les industries
- Contraintes fortes sur les choix de consommation
o Nombre limité de supermarché, budget limité, information limitée, publicité
=> libre arbitre limité
- Nécessaire articulation label/choix et paradoxe des revendications
o L’existence même de label est dépendant d’une mobilisation politique, mais les
consommateurs ne pourraient pas se mobiliser sans que l’information soit déjà
en place ?
- Gouvernements des conduites (Dubuisson-Quellier, 2016)
o Gestion du consommateur, via des petits nudge on conduit le consommateur à
consommer ci ou ça.
o Processus politique de la part des institutions de gouverner la consommation et
les conduites de consommation
Un concept néolibéral ?
- Citoyen consommateur : Réponse ou accompagnement de la néolibéralisation des
gouvernements ?
o Société Néoliberale : nous sommes des personnes libres dans nos sociétés et le
gouvernement ne devrait pas nous influencer sur le libre marché qui nous mène
à maximiser notre bien-être
- Souveraineté politique réside dans la consommation des produits ? « Consumer
sovereignty ideal » (Dickinson et Carsky, 2006)
- Un citoyen consommateur de services publics (le citoyen est un client qui demande)
(Giauque et Emery, 2008)
- Un consommateur avant d’être citoyen ? ou le citoyen s’est fait mettre de plus en plus
dans la position de consommateur et il ne peut que penser sa mobilisation politique
sous forme de consommation ? (Dubuisson-Quellier et al. 2008)
- On ferme des arènes politiques au citoyen et on le cantonne à la consommation