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Cet ouvrage suggestif traite des rapports entre science et pouvoir, plus précisément de
ce que devient la démocratie dans les rapports qui s’établissent aujourd’hui entre
science et pouvoir. Il y a encore quelques années, face à des situations difficiles à
résoudre, on invitait l’expert à formuler un avis (après une étude approfondie) et on
attendait du politique qu’il tranche, c’est-à-dire décide. Cet impersonnel « on »
désignait la société qui pratiquait un système de double délégation. La première
délégation consistait à confier « à des spécialistes, les scientifiques, le soin de produire
des savoirs robustes, des connaissances certifiées » (p. 168). La seconde délégation
résidait dans le processus (le scrutin électoral) par lequel les citoyens ordinaires
confiaient à leurs élus le soin de constituer le collectif. Nous vivions – et vivons encore
– dans cette démocratie délégative, qui ne peut tolérer longtemps l’incertitude : les
décisions sont là pour trancher le débat, délimitant par là un « avant » et un « après ».
L’incertitude dans laquelle nous sommes contraints de nous tenir face aux grands
débats d’aujourd’hui (tels par exemple l’enfouissement des déchets nucléaires, les
thérapies à mettre en œuvre pour le traitement du sida, le développement et
l’utilisation des OGM ou encore la reconnaissance des myopathies) nous fait entrer
dans un nouveau jeu démocratique. Ces dossiers ne peuvent être traités sans la
participation directe des personnes qui se trouvent directement affectées par leurs
enjeux. La séparation entre le savant et le bénéficiaire de la science n’est plus
pertinente. De son côté, le responsable politique ne peut plus s’estimer établi dans un
universel réducteur de toute spécificité ; il doit aider à l’émergence d’un universel
constitué de « singularités rendues visibles et audibles ». Tel est l’enseignement que
les auteurs retirent des forums hybrides (conférences de consensus ou conférences
citoyennes, comme par exemple celle organisée en 1998 en France sur l’usage des
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REVUE PROJET - POLITIQUE
Antoine Kerhuel
5 July 2001