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POLITIQUE

Chapitre : Comment se forme et s'exprime l'opinion publique ?

Activité de sensibilisation :

Questions :

1- Quel était le pourcentage de français soutenant le mouvement social contre la réforme des retraites de 2019 ?

2- Comment expliquez-vous que les journalistes parviennent à 4 conclusions différentes en se basant sur seulement 2
sondages d’opinion (IFOP et Odoxa) ?

3- Quelle conclusion en tirez-vous sur l’interprétation des sondages par les journalistes pour refléter l’opinion publique sur
un sujet ?

Activité 1 :
Document : l’émergence de l’opinion publique

Le terme d'« opinion publique» apparaît au XVIIIe siècle


durant la période des Lumières. Il désigne d'abord
l'opinion d'une élite cultivée et bourgeoise, opposée à
l'absolutisme royal et s'exprimant dans certains lieux de la
société tels que les réunions littéraires et philosophiques
appelées à l'époque « salons ». L’« opinion publique» n'est
alors que celle d'une minorité critique vis-à-vis du pouvoir;
l'opinion du peuple dans son ensemble, quant à elle, n'a
que très peu de canaux d'expression.

Avec le développement de la démocratie représentative,


c'est ensuite la représentation parlementaire - les élus de
la nation - qui détient le monopole de l'expression de
l'opinion publique. Seuls les députés peuvent A.C.B Lemonnier, Lecture de la tragédie "L'Orphelin de la Chine" de
légitimement prétendre exprimer la volonté de la nation Voltaire dans le salon de Mme Geoffrin, 1814 (Musée Rueil-
et traduire les attentes et les aspirations de l'opinion, Malmaison)
puisqu'ils ont été désignés directement par le peuple lui-
même. Au cours de cette période, la presse cherchera
progressivement, elle aussi, en concurrence avec les
parlementaires à se faire le porte-parole de l'opinion. Les
manifestations de rue (qui, en France, apparaissent au
milieu du XIXème siècle, notamment pendant la révolution
de 1848) représentent elles aussi un mode d'expression de
l'opinion publique (ou tout du moins d'une partie du
public) concurrent de la presse et de la représentation
nationale, que les gouvernements tenteront, à l'instar de
la presse, de contrôler et de domestiquer.
Manifestation de Parisiennes le 3 avril 1871. Elles obtiendront, entre
Jusqu'au début des années 1960 en France, on peut autres, l'égalité salariale. Source : Les Amis de la Commune de Paris
admettre qu'il n'existe pas une définition et un mode
d'expression universellement reconnus de l'opinion

1
publique, mais un ensemble de définitions et de modalités
d'expression concurrentes.

À partir de la fin des années 1960, la situation change


profondément, car les instituts de sondage (qui jouaient
jusque-là un rôle assez marginal) vont s'imposer très
rapidement comme les seules instances habilitées à dire
ce qu'est et ce que veut l'opinion publique. Une nouvelle
croyance collective s'impose en effet, dans les années
1970 : les sondages seraient une technique scientifique
permettant de faire parler le peuple directement, sans
intermédiaire.

Dormagen J. Y. et Mouchard D., Introduction à la « George Gallup, l'homme qui tâte le pouls de l'Amérique », France-
sociologie politique, De Boeck, 2019. Soir, septembre 1945 - source : RetroNews-BnF

Questions :

1- Comment caractériseriez-vous l'"opinion publique" au XVIIIe siècle ?

2- Quels changements la démocratie représentative a-t-elle apporté dans la construction de l'opinion publique ?

3- Qu'en est-il de l'expression de l'opinion publique à partir des années 1960 ?

Evaluation formative à compléter :

Source : Hachette Education

Synthèse à compléter :

L'opinion publique ne peut pas être définie uniquement comme la somme d'opinions ------------------ mais comme le résultat
d'-------------------- de nature politique entre les individus. C'est, donc, le produit d'informations, de délibérations, d'échanges
entre des petits groupes qui vont ainsi légitimement construire une opinion -------------------. Elle est, donc, un phénomène ---
-----------------. De ce fait, elle est multiple et changeante.

En démocratie, l'opinion publique est un force -------------------- produite par la similitude de jugements portés sur des sujets
donnés par une pluralité d'individus. Elle est destinée à faire prévaloir le point de vue --------------------, celui du plus grand
nombre.

La notion d'opinion publique a évolué depuis le XVIIIe siècle et l’émergence de la démocratie :

2
- Opinion "éclairée" : La notion d’opinion publique est déjà évoquée dans la pensée antique (chez Platon et Aristote
notamment), mais elle prend forme concrètement au VIIIe siècle. Elle est d’abord considérée comme l’opinion d’une
élite « éclairée » mue par la --------------------, inspirée par les philosophes des lumières (rationalisme cartésien), celle
de la bourgeoisie, qui porte un regard critique sur le pouvoir. Cette -------------------- bourgeoise contribue alors à la
formation d’un espace public : un lieu d’une -------------------- collective, qui se forme alors dans les salons littéraires,
les cafés, la presse d’opinion, et bien sûr le Parlement.
- Opinion "criée" : la conception élitiste de l’opinion publique "éclairée" s’accorde difficilement avec les principes
démocratiques qui se mettent en place progressivement après la Révolution française qui instaure une démocratie -
------------------------ et avec l’avènement du suffrage universel en 1848 (masculin) et la reconnaissance des libertés
individuelles (liberté de conscience, d’opinion, de la presse, de réunion). Les élus vont chercher, dès lors, à exprimer
la -------------------- du peuple, être le relai de l'opinion publique. Chaque citoyen est jugé apte à se forger sa propre
opinion et chaque voix se vaut. Le vote est ainsi un processus démocratique qui permet de faire émerger l’opinion
publique sur un projet politique lors du scrutin. L'opinion "criée" fait référence à l'utilisation des --------------------
sociaux à partir du XIXe siècle et de la -------------------- pour faire de de l'opinion publique une force politique. L'opinion
"criée" est une opinion publique qui s'exprime, se fait entendre, celle qui proteste, relayée par les journaux
populaires. La majorité dite "-------------------- " est négligée.
- L'opinion "sondée" émerge avec le développement des sondages d'opinion à partir des années ------------, ce qui
permet une prise en compte de l'avis supposé du plus grand nombre de façon plus fréquente. Elle s'inscrit dans une
vision universaliste et démocratique supposant que toutes les opinions se valent et s’-------------------- pour former une
majorité. Au XXe siècle, l'avènement des médias de -------------- (TV, radio, internet) ont permis une expression plus
active des opinions renforçant le rôle politique de l'opinion publique.

Activité 2 :
Document a : Sondages représentatifs : méthode probabiliste et méthode des quotas

[…] le sondage est l'unique moyen dont on dispose pour produire une mesure quantitative des phénomènes sociaux :
caractéristiques d'une population, de ses pratiques, de ses croyances, de ses orientations ou de ses opinions.

Il se fonde sur un principe d'échantillonnage. Il s'agit, en effet, d'obtenir des connaissances sur cette population à partir de
l'étude d'une petite partie de celle-ci dûment sélectionnée de manière à en constituer un échantillon représentatif. Ce que l'on
observe alors sur cet échantillon doit pouvoir être généralisé à l'ensemble de la population concernée.

On peut distinguer deux grandes méthodes d'échantillonnage :

- L’échantillonnage aléatoire, qui procède d'une sélection des membres de l'échantillon par tirage au sort. Permettant de
calculer une marge d'erreur statistique, elle est la plus fiable scientifiquement, et ce d'autant plus que la taille de
l'échantillon est importante. Mais, pour cette dernière raison, elle est aussi la plus lourde à mettre en œuvre ;
- La seconde méthode est appelée méthode des quotas : l'échantillon est sélectionné en fonction de sa représentativité. Il
doit, dans cette mesure, refléter le plus fidèlement possible les caractéristiques considérées comme fondamentales de la
population étudiée en termes d'âge, de sexe, de catégories socioprofessionnelles... La méthode des quotas se fonde sur
des échantillons plus restreints. Mais elle est également moins rigoureuse scientifiquement, car elle ne permet pas de
calculer des marges d'erreur.
Dormagen J. Y. et Mouchard D., Introduction à la sociologie politique, De Boeck, 2019.

Document b : La prise en compte des marges d’erreur dans un échantillon représentatif

3
Questions :

1- A partir du document a, distinguez les méthodes d’échantillonnage utilisées par les sondages d’opinion.

Comparaison des méthodes d’échantillonnage Sondage probabiliste Sondage par quotas

Taille de l’échantillon (élevée/réduite) ------------------------- -------------------------

Méthode de sélection des individus (représentative/ aléatoire) ------------------------- -------------------------

Coût de mise en œuvre (élevé/réduit) ------------------------- -------------------------

Fiabilité scientifique (faible/forte) ------------------------- -------------------------

Pertinence scientifique de la marge d’erreur (non/oui) ------------------------- -------------------------

2- Document b :

2-a- Faites une phrase exprimant la signification de la donnée entourée.

2-b- En tenant compte des marges d’erreur et du dernier sondage aux élections présidentielles de 1982, peut-on affirmer
avec certitude que François Mitterrand va l’emporter ? justifiez votre réponse.

2-c- En tenant compte des marges d’erreur et du sondage du 12 février 2017, peut-on affirmer avec certitude que Marine
Le Pen et Emmanuel Macron se qualifieront pour le second tour des présidentielles ? justifiez votre réponse.

4
Evaluation formative à compléter :

Activité 3 :
Document a : Un exemple d’échantillon représentatif de la population française :

Document b : Les méthodes des sondeurs

Questions :

1- À partir du document a, complétez le tableau suivant pour un échantillon représentatif de 1000 personnes.

Caractéristiques Nombre de personnes à interroger ?

Hommes ------
Habitants de l’agglomération parisienne ------
Personnes agées de 65 ans et plus ------
Employés ------
Habitants de la région sud-est ------
2- Quelles sont les difficultés des sondages par téléphone ?

3- Quelles sont les limites/biais des sondages par internet ?

Activité 4 :
5
Document a. Le « séisme politique » des élections présidentielles 2002

« Les sondages se suivent mais ne se ressemblent pas : Paris Match publie demain un sondage BVA1
qui donne l'avantage à Lionel Jospin avec 52 % contre Jacques Chirac à 48 %, à l'issue du second
tour. Hier, l'institut Ipsos pour le Figaro et Europe 1 donnait, au contraire, Chirac vainqueur avec
51 % des voix. […].

Comme ces deux instituts, BVA enregistre une baisse sévère de Chirac et de Jospin au premier tour
: 20 % chacun au lieu de 23 % une semaine plus tôt. Viennent ensuite : Le Pen à 13 % (+2), Laguiller
à 11 % (+1), Chevènement (=) et Mamère (+1) à 6,5 %, Hue à 6 % (+0,5), Bayrou à 5 % (+1), Madelin
à 4 % (+0,5), Saint-Josse et Pasqua à 2 %, Mégret à 1,5 %, Boutin à 1 %, Besancenot et Taubira à 0,5
%.
1
Sondage réalisé en face à face du 28 au 30 mars auprès de 928 personnes. »

François Wenz-Dumas, "Chirac en tête, selon IPSOS", mardi 3 avril 2002, Journal Libération
(https://lc.cx/bqe6DA )

Document b : Comparaison des sondages d’opinion avec les résultats présidentielles 2017 et 2022 (1er tour)

Présidentielles 2017 Présidentielles 2022

Questions :

1- Peut-on expliquer la mauvaise prévision du 1er tour de la présidentielle 2002 par le défaut d’interprétation des sondages
lié aux marges d’erreur ?

2- Quel peut être le facteur explicatif de l’erreur de prévision des sondages au 1er tour de la présidentielle de 2002 ?

3- Les sondages vous semblent-ils avoir été fiables dans la prédiction des résultats du 1er tour des présidentielles 2017 et
2022 ? illustrez votre réponse à l’aide du document b.

Activité 5 :
Document a : "L'opinion publique n'existe pas"

"Je voudrais préciser d'abord que mon propos n'est pas de dénoncer de façon mécanique et facile les sondages d'opinion,
mais de procéder à une analyse rigoureuse de leur fonctionnement et de leurs fonctions.

Ce qui suppose que l'on mette en question les trois postulats qu'ils engagent implicitement.

6
- Toute enquête d'opinion suppose que tout le monde peut avoir une opinion ; ou, autrement dit, que la production
d'une opinion est à la portée de tous. Quitte à heurter un sentiment naïvement démocratique, je contesterai ce
premier postulat.
- Deuxième postulat : on suppose que toutes les opinions se valent. Je pense que l'on peut démontrer qu'il n'en est
rien et que le fait de cumuler des opinions qui n'ont pas du tout la même force réelle conduit à produire des artefacts
dépourvus de sens.
- Troisième postulat implicite : dans le simple fait de poser la même question à tout le monde se trouve impliquée
l'hypothèse qu'il y a un consensus sur les problèmes, autrement dit, qu'il y a un accord sur les questions qui méritent
d'être posées.
Ces trois postulats impliquent, me semble-t-il, toute une série de distorsions qui s'observent lors même que toutes les
conditions de la rigueur méthodologique sont remplies dans la recollection et l'analyse des données.

(...) Le sondage d'opinion est, dans l'état actuel un instrument d'action politique ; sa fonction la plus importante consiste peut-
être à imposer l'illusion qu'il existe une opinion publique comme sommation purement additive d'opinions publiques
individuelles ; à imposer qu'il existe quelque chose comme qui serait la moyenne des opinions ou l'opinion moyenne.

L' "opinion publique" (...) est un artefact pur et simple dont la fonction est de dissimuler que l'état de l'opinion à un moment
donné du temps est un système de forces, de tensions et qu'il n'est rien de plus inadéquat pour représenter l'état des opinions
qu'un pourcentage."

Pierre Bourdieu, "L'opinion publique n'existe pas", in Questions de sociologie, Les éditions de minuit, 2002 (1984)

Document b : La construction des questions des sondages

Questions :

1- Expliquez les 3 postulats implicites des sondages d’opinion critiquées par Pierre Bourdieu :

Postulats des sondages critiqués par Pierre Bourdieu Explications

------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------
1 ------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------

------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------
2 ------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------

------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------
3 ------------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------
------------------------------------------------------------------------

2- Quelle est la fonction des sondages d’opinion selon Pierre Bourdieu ?

3- Orientation des questions dans les sondages d’opinion (document b) :

3-a- À partir des thèmes « Accueil des migrants » et « Sécurité sociale », expliquez pourquoi la formulation des questions
peut orienter les résultats d’un sondage.

Thème Question 1 Résultats Question 2 Résultats

7
Etes-vous personnellement
Pour : 30% Etes-vous personnellement favorable à Pour : 48%
favorable à l'accueil par la
l'accueil par la France de familles de
Accueil des migrants France de milliers de migrants Contre : 64% Contre : 47%
réfugiés qui fuient la guerre et les
en provenance du Moyen-
Sans avis : 6% massacres dans leur pays d'origine ? Sans avis : 5%
Orient et d'Afrique ?

Êtes-vous favorable à la Êtes-vous favorable à la diminution


Pour : 47% Pour : 25%
réduction des dépenses de la des remboursements de certains
Sécurité sociale Sécurité Sociale parce que son Contre : 46% médicaments et de certains soins Contre : 71%
déficit serait trop important médicaux pour assainir le déficit de la
Sans avis : 7% Sans avis : 4%
(3.4 milliards d'euros)? Sécurité Sociale (3.4 milliards d'euros)?

3-b- Proposez des formulations de questions sur le thème « Réforme des retraites » pouvant aboutir à des résultats
opposés.

Thème Question 1 Résultats Question 2 Résultats

---------------------------------------- ----------------------------------------------------
---------------------------------------- Réponses ---------------------------------------------------- Réponses
Réforme des
---------------------------------------- favorables ---------------------------------------------------- défavorables
retraites 2023
, êtes-vous favorable à un majoritaires , êtes-vous favorable à un allongement majoritaires
allongement de l’âge légal du de l’âge légal du départ à la retraite ?
départ à la retraite ?

Synthèse à compléter :

Les sondages d'opinion, apparu dans les années ----- aux États-Unis et à partir des années ----- en France, sont au cœur de la
construction de l'opinion publique contemporaine. Ils sont présentés comme une mesure ------------------ de l’opinion publique.

La réalisation d’un sondage, pour être fiable, doit reposer sur plusieurs règles :

- La construction d’un échantillon ------------------ de la population globale étudiée.


- L’élaboration des questions ------------------, ------------------ (non ambigües) et neutres pour ne pas introduire de biais
dans les réponses. Les questions fermées (oui/non, noms de candidats…) sont préférables aux questions ouvertes car
elles sont plus faciles à comprendre et l’interprétation des résultats plus fiable.
- L’interprétation des résultats rigoureuse : nécessité de tenir compte de l’ampleur des non-réponses – comme de
l’abstention pour un vote – et des ------------------------------------ mesurées par les intervalles de confiance.
Les résultats de sondage peuvent être très différents en fonction de la qualité de construction de l'échantillon, la question
posée et de l'interprétation de ces résultats.

Il existe deux méthodes pour constituer un échantillon représentatif de la population globale pour les sondages :

- La méthode ------------------------ consiste à prélever au hasard, par tirage au sort, un certain nombre de personnes
parmi l'ensemble de la population ;
- La méthode ---------------------- suppose de reconstituer une population miniature avec exactement les mêmes
caractéristiques socio-démographie (sexe, âge, CSP, lieu de résidence…) que la population totale.
Les sondages font cependant l'objet de débats et de critiques depuis leur développement :

- Tout d'abord la --------------------- des échantillons peut poser problème. En fonction du mode de recueil des données
choisi (face à face, téléphone, Internet), certaines catégories de la population sont plus difficiles à atteindre, ce qui
peut, malgré les ------------------------- effectués par les instituts de sondages, entraîner des biais dans les résultats.
- Ensuite, en fonction de la --------------------- des questions posées, les sondages peuvent influencer les réponses des
enquêtés.
- Enfin, en posant le principe d'une ------------------ des opinions individuelles, les sondages conduisent à donner le
même poids aux opinions des individus informés et à celles des individus qui ne connaissent pas les enjeux des
questions posées. Ainsi, à travers un processus en apparence neutre et technique d'interrogation de la population,
les sondages participent à construire une opinion publique qui est perçue comme la somme des opinions individuelles
de la population, en masquant les ------------------------------------ et d'influence qui animent les opinions des individus
insérés dans des groupes sociaux.

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Activité 6 :
Document a : Effet des sondages sur la mobilisation électorale (électeurs, militants et candidats) : primaire de la droite et
du centre 2016

Source : Wikipédia

Document b :Présidentielle 2022 : Macron, Le Pen, Mélenchon… Qui a le mieux profité du “vote utile” ?

Le camp de Jean-Luc Mélenchon veut s’appuyer sur son score du 10 avril pour s’affirmer en leader de la recomposition à
gauche. Mais pour certains de ses concurrents, il a capté ceux de leurs électeurs potentiels qui voulaient faire barrage à
Marine Le Pen.

Quelle est la part du vote utile dans les 21,95 % de Jean-Luc Mélenchon au premier tour de la présidentielle ? L’Union
populaire revendique l’adhésion à ses idées, le candidat lui-même a lancé dimanche « Nous disons à tous ceux qui n’ont pas
voulu l’entendre : ici est la force. »

Pour apporter un début de réponse, on peut se pencher sur les enquêtes réalisées à l’issue du premier tour. Ainsi, les électeurs
interrogés par OpinionWay indiquent, quand ils ont voté Mélenchon, que leur choix a été influencé, pour la moitié d’entre
eux, par un aspect utilitaire « en tenant compte des chances de chaque candidat ». Ce vote « utile » a joué aussi en faveur
d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen, mais seulement à 34 %. [...]

Un tiers des votants de dimanche, selon OpinionWay, ont eu le réflexe « vote utile ». Et ils ont attendu les derniers jours (à
22 %), voire les dernières 24 heures (pour 17 % d’entre eux) pour se décider.

Ce côté tardif du choix, peu présent chez ceux qui ont opté pour Macron ou Zemmour, monte à un peu plus d’un tiers dans
l’électorat Le Pen, à 40 % pour les partisans de Pécresse, et à plus de la moitié (54 et 52 %) chez les électeurs de Jadot et
Mélenchon. Beaucoup ont hésité jusqu’au 10 avril entre les deux candidats.

Une hypothèse confortée par les 4,5 points de différence entre les derniers sondages, le vendredi, qui donnaient Jean-Luc
Mélenchon au plus haut à 17,5 %, et son score final de 21,95 %. La dynamique déjà visible depuis plusieurs semaines a sans
doute été encore amplifiée par le choix d’un vote « utile » pour faire barrage à Marine Le Pen de la part des sympathisants
de gauche qui n’estimaient pas les autres candidats assez bien placés.

Par Haude Giret, Journal Sud-Ouest, 12/04/2022 (https://lc.cx/NtFXdK )

Questions :

1- Quels sont les effets potentiels des sondages d'opinion sur la mobilisation des électeurs, des militants et des équipes de
campagne électorale lorsque le candidat est annoncé en tête dans les prévisions de résultats ? illustrez votre réponse à
partir du document a.

2- Comment est expliqué l’écart entre les prévisions des sondages et le résultat du 1er tour de l’élection présidentielle 2022
pour Jean-Luc Mélenchon ?

9
Activité 7 :
Document a : Les sondages d’opinion : un levier démocratique.

Dans une démocratie, le peuple tout entier a le droit de trancher de grands débats de politique publique. C'est un processus
lent et jamais achevé. Nous n'avons une élection nationale que tous les deux ans. Dans un monde où tout change aussi
rapidement comme on peut le constater aujourd'hui, il est souvent préférable de connaître la volonté du peuple à propos des
grandes questions de politiques publiques et à des intervalles de temps plus courts. Nous ne pouvons pas poser des problèmes
et dire ensuite : « laissons les prochaines élections en décider ». Les événements n'attendent pas les prochaines élections.
Nous avons besoin de connaître la volonté du peuple à chaque instant. Si nous parvenons à cette connaissance de la volonté
du peuple à chaque instant, l'efficacité de la démocratie s'en trouvera accrue.

Sondages d'opinion et démocratie parce que nous pourrons substituer une connaissance spécifique de l'opinion publique aux
tâtonnements et aux spéculations actuels. C'est par une information sur le véritable état de l'opinion publique que les
hommes politiques peuvent accéder aux aspirations de l'électorat et concevoir des projets de gouvernement. Ils peuvent
savoir quel degré d'opposition suscite tel ou tel projet et quels efforts seront nécessaires pour gagner le soutien du public. La
tâche d'initier l'action publique relève, comme toujours, de la responsabilité des hommes politiques. Mais la volonté collective
ou les attitudes du peuple doivent être étudiées sans plus tarder.

George Gallup, Sondages d’opinions et démocratie, 1939.

Document b : Vers une substitution de la démocratie représentative par la démocratie d’opinion ?

Comment ceux qui nous gouvernent nous entendent-ils ? [...]

Comme l'a montré Bernard Manin1, nous sommes passés d'une démocratie parlementaire, principalement animée par des
notables, à une démocratie des partis avec l'apparition de grandes organisations de masse au début du XXe siècle ; puis,
depuis une cinquantaine d'années, à une démocratie du public, dans laquelle les médias et les sondages jouent un rôle central.

Cette dernière modalité, que d'autres appellent la démocratie d'opinion, a été beaucoup critiquée.

Ce sont d'abord les médias qui sont accusés de dégrader la qualité du débat démocratique. [...] Ils obligeraient les acteurs
politiques à se plier à leur logique de fonctionnement : le discours politique serait soumis à l'empire du temps court et de la
petite phrase ; l'émotion serait préférée à l'argumentation ; la politique, dramatisée, personnalisée et esthétisée, deviendrait
un spectacle. [...]

Plus généralement, la démocratie d’opinion serait sous l'emprise de la communication. De fait, dans de nombreux pays
occidentaux, les personnalités politiques font un appel croissant à des conseillers en image ou à des spin doctors, chargés
d'agir sur la façon dont les médias perçoivent et interprètent certains événements grâce à diverses techniques de persuasion.
Désormais, toute action collective comporte presque systématiquement une forte dimension communicationnelle,
s'appuyant sur des stratégies destinées à capter l'attention médiatique.

Thierry Vedel, « La démocratie d'opinion ou l'emprise des médias », Rue Saint-Guillaume, n°146, mars 2007.
1
Bernard Manin est un politiste auteur d'un ouvrage de référence « Principes du gouvernement représentatif » (1995).

Questions :

1- Selon George Gallup, quelle est la fonction démocratique des sondages d'opinion ?

2- Complétez le schéma suivant sur l’évolution des régimes démocratiques selon Bernard Manin :

3- Quelles sont les principales critiques à l'encontre des sondages d'opinion et de leur écho médiatique comme fondement
de la "démocratie d'opinion" ?

10
Activité 8 :
Document a :Les sondages d’opinion, un instrument démocratique de contrôle des gouvernants

[...] les sondages contribueraient à mettre au centre du jeu politique l'opinion et la volonté des citoyens. Ils donneraient, entre
autres, la possibilité aux citoyens d'intervenir à plusieurs niveaux :

- Tout d'abord, dans la sélection des gouvernants, puisque les candidats aux élections sont désormais (et de plus en
plus) choisis en fonction de leur cote de popularité, laquelle est établie par les sondages. Par conséquent, ce ne sont
plus seulement les partis qui choisissent les futurs gouvernants, mais en quelque sorte les électeurs qui, par leurs
préférences, contribuent à imposer (ou au contraire à exclure) certains candidats sur la scène politique.
- Ensuite, en les éclairant sur les rapports de forces entre les différents candidats, les sondages permettraient aux
électeurs de mieux mesurer les effets de leurs choix et donc de voter de façon plus rationnelle et efficace. Dans cette
optique, les sondages favoriseraient également le contrôle des gouvernants puisqu'ils permettraient de faire
connaître à tout moment les attentes et les réactions des citoyens, par l'organisation de « mini-référendums » sur de
multiples questions. Ils obligeraient ainsi les gouvernants à prendre en compte la volonté populaire, les responsables
politiques pouvant difficilement mener des politiques qui seraient très massivement rejetées dans l'opinion. En
somme, les sondages permettraient l'exercice d'une sorte de contrôle démocratique sur le pouvoir.
- Enfin, ils favoriseraient également le respect de l'opposition, puisqu'ils rappelleraient, en permanence, à la majorité
gouvernementale que l'ensemble des citoyens ne partage pas les décisions adoptées. Ils joueraient donc également
un rôle de contre-pouvoir.
J. Y. Dormagen, D. Mouchard, Introduction à la sociologie politique, De Boeck, 2019.

Document b : « L’ivresse sondagière » des gouvernants

Questions :

1- Quels sont les effets positifs des sondages d'opinion sur la vie politique et le contrôle des gouvernants ?

2- Quelles peuvent être les dérives d’un usage trop fréquent des sondages sur le contrôle des gouvernants ? Illustrez votre
réponse à l'aide du document b.

11
Synthèse à compléter :

Les sondages d’opinion ont des effets sur l’exercice de la vie ----------------------------- :

- Les sondages et leur écho dans les médias jouent un rôle sur les ----------------- politiques. Ils sont un outil dans la
course à la victoire. Ils peuvent ------------------------- l'opinion publique et favoriser un candidat au détriment d'autres.
C'est, par exemple, le cas du "----------------------------- " : les électeurs modifient leur vote de façon stratégique pour
favoriser la victoire d'un candidat en bonne position de l'emporter dans les sondages, le programme du candidat
passant au second plan. Cependant, le recours massif aux sondages tout au long des campagnes électorales les fait
s’apparenter de plus en plus à des "courses de chevaux" : la prévision de l’------------ d’arrivée des candidats devient
prévalente sur le traitement des enjeux ------------------------- de la campagne.
- Les sondages influencent également la vie démocratique : la « ---------------------------------- » concurrence la démocratie
représentative. Dans ce mode d'exercice de la démocratie, l'opinion publique, telle qu'elle est construite par les -----
------------------------, devient l'acteur central de la vie politique au détriment des partis politiques et des organisations
de la société civile. Dans ce sens, les gouvernants utilisent les sondages pour suivre la popularité de certaines décisions
politiques et adaptent leurs actions à l'---------------------------------- (opportunisme idéologique pouvant dériver vers un
régime démagogique).
- Les sondages ont des effets sur le contrôle des ------------------------. En soumettant le personnel politique à un jugement
quotidien, ils vont le contraindre fortement dans ses actions et influencer sa -------------------- politique. Elle se
caractérise ainsi par le développement des stratégies de communication politique et la -------------------- du pouvoir.
Les gouvernants se contenteraient de suivre l’opinion -------------------- en soumettant au test des sondages la
popularité des mesures à prendre et abandonneraient ainsi leur faculté de mener un -------------------- politique réfléchi
et cohérent, ce qui peut dériver vers des décisions de --------------------- plutôt que de conviction, favorable à l’intérêt
général de long terme.
Schéma Bilan du chapitre (Magnard) :

12

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