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16 mai 2023
La gestion des collections des musées : inventaire, récolement et régie
Famille :
L’article 12 de la loi du 4 janvier 2002 relative aux musées de France, repris au sein du Code du patrimoine (livre IV
titre V) stipule que « les collections des Musées de France font l’objet d’une inscription sur un inventaire. Il est procédé
à leur récolement tous les dix ans. ».
Nous allons décrire ces deux actes fondamentaux dans la gestion administrative et scientifique des collections,
sachant que les informations concernant la conservation-restauration (lien vers fiche) et le statut (lien vers fiche) des
collections sont détaillées par ailleurs. Nous finaliserons la fiche sur le mouvement des œuvres (régie).
Globalement, l’inventaire et le récolement sont les deux actes fondateurs de la gestion d’une collection muséale,
indispensables à un responsable des collections de démontrer sa bonne gestion des collections, surtout s’il succède
à des gestionnaires négligents ou si lui-même n’a pas les moyens d’agir pour la préservation des collections dont il
a la charge. Il pourra comparer la situation trouvée à son arrivée (récolement à la prise de fonction) à celle délivrée
lors de son départ.
Le travail d’inventaire des collections répond avant tout au besoin d’attester d’une présence, d’un état et d’un droit de
propriété, comme lors des confiscations révolutionnaires. Les Normes techniques liées à la production de ce document
de première importance sont déclinées dans l’arrêté du 25 mai 2004 fixant les normes techniques relatives à la tenue
de l’inventaire.
Quand un bien est acquis par une collectivité publique, il relève de la domanialité publique (lien vers fiche statut
des collections).
L’inventaire permet d’identifier les objets déposés au musée et d’en assurer la gestion en tant que propriétaire.
L’inscription à l’inventaire est fondamentale car elle fait entrer l’objet inscrit dans la domanialité publique (lien vers
fiche) ; à l’inventaire d’un Musée de France elle lui confère inéliabilité et imprescriptibilité (lien vers fiche). Deux
registres d’inventaire se côtoient :
- celui des objets déposés au musée mais n’appartenant pas à la tutelle (numéro d’inventaire précédé de D).
• numéro d’inventaire
• Le mode d’acquisition : don, leg, achat
• L’identité du donateur, testateur ou vendeur (pour le registre des dépôts l’identité du déposant).
• La date d’acquisition (ou de dépôt) et d’affectation au musée (quand une collectivité acquière un bien mais
qu’elle a plusieurs musées potentiellement récipiendaires, elle doit produire un arrêté d’affectation du bien
pour qu’il soit inscrit à un seul inventaire, surtout lorsque d’important fonds sont donnés et risque d’être
éclatés sur plusieurs structures muséales.
• Le prix et la subvention publique alloués pour l’acquérir
• La date d’inscription à l’inventaire
• La description de l’objet, à savoir sa description usuelle puis la description des parties le composant et de
toutes ses caractéristiques.
• La matière composant l’objet
• la technique utilisée pour le fabriquer
• La dimension
• L’auteur s’il s’agit d’une œuvre d’art,
• L’époque de réalisation de l’objet ou sa date de collecte
• La provenance de l’objet.
• Le numéro du catalogue du musé où il est publié
• Ses signes particuliers
• Son lieu de dépôt s’il n’est pas au musée
• La date de départ du musée pour un objet en dépôt (date de sortie).
• La rubrique « observations » permet d’indiquer en cas d’inventaire rétrospectif les éléments démontrant la
propriété du bien ; il y est mentionné aussi si l’objet est lié à un ensemble complexe ; si l’objet a été déclassé,
rendu ou détruit (radiation de l’inventaire décrite dans l’article 4 du décret 2002-852 du 2 mai 2002).
Tous les musées ont ce type de numérotation, sauf s’il avait à la date de la labellisation un système cohérent de
numérotation qu’ils ont alors conservé.
Des ensembles complexes peuvent avoir un seul numéro d’inventaire (collecte d’objets, tous les os d’un squelette
de baleine…).
Exemple : 2004.1.1 : premier objet acquis pour l’année 2004, en une seule partie.
Le C2RMF ou un restaurateur agréé pourront accompagner l’équipe dans le choix des outils de marqage.
Mais depuis vingt ans, les musées ont investi d’importants moyens dans des bases documentaires puissantes où
toutes les informations liés à l’objet sont consignées, ce qui permet par exemple des croisements d’information rapides
ou un accès à distance aux collections.
Il est donc désormais possible que « l’inventaire (puisse) être constitué par une édition sélective sur papier de
la base informatisée » (annexe 1-1c du décret de 2004), notamment pour les musées gérant des fonds importants
d’ethnologie, d’archéologie, d’histoire naturelle pour lesquels nous comprendrons que la tenue d’un registre manuscrit
de centaines de milliers de pages semble impossible. Toutefois, cette édition sera faite dans l’ordre des numéros
d’inventaire, avec mention claire des rubriques pour chaque objet ou ensemble, registre imprimé devant être « relié,
titré, signé, paginé et paraphé ». le maintien de la présentation à chaque tirage est obligatoire pour qu’il y ai cohérence
entre les versions. Une copie annuelle est versée aux services d’archives compétents.
Notons pour le mobilier classé au titre des monuments historiques l’obligation de récoler ces objets tous les cinq
ans (article L622-8 du code du patrimoine).
En réalité, au regard de la diversité des situations muséales, le récolement sera planifié en amont dans un plan de
récolement décennal adapté à la situation de l’établissement. Le plan de récolement définit le nombre de campagnes
prévues, par lieu, par collection ou par corpus ; il est défini avec l’équipe en charge de l’inventaire.
Un dépôt placé dans un autre musée sera par exemple récolé sur place, après accord avec de dépositaire (mobilier
archéologique par exemple).
Les opérations de recherche, de contrôle et de validation sont confiées au personnel scientifique du musée ;
La vérification sur place de l’existence de l’objet peut être délégué à du personnel technique, des bénévoles formés
et encadrés pour ce faire ou des professionnels, et ce sur la base d’un cahier des charges précis.
Des moyens précis y sont définis : agents affectés à cette mission, définition de zones de récolement, organisation
éventuelle d’un chantier des collections pour traiter certains fonds, des actions d’inventaire rétrospectif…
La cartographie sera privilégiée, avec des informations compréhensibles de tous, et ce pour les décennies à venir,
afin que les prochains gestionnaires puissent à leur tour procéder au récolement. Le plan de récolement est réactualisé
à chaque fin de campagne. Chaque campagne fera l’objet d’un plan d’action détaillé.
Exemple : http://www.dracenie.com/files/com_telechargements/111/2008-91-pj.pdf
Ce procès-verbal est annexé au plan de récolement décennal. Avant sa rédaction, des fiches de récolement auront
été produites.
Une des conséquences peut être le dépôt de plainte par le responsable du musée s’il constate l’absence d’un objet,
et ce au nom du propriétaire de la collection qu’il a en charge (la collectivité de tutelle pour un musée public). Cette
absence sera bien sûr avérée, confirmée par des recherches détaillées lors du récolement.
Pour devenir régisseur, il faut avoir des compétences en histoire de l’art (ou autre discipline lié au thème de la
collection du musée visé pour l’embauche), compétences ensuite confortées par un diplôme comme :
Les régisseurs sont regroupés au sein de l’AFROA (Association française des régisseurs d’œuvres d’art)
En France, le premier service de régie des œuvres structuré est créé dans deux équipements novateurs : le Centre
Georges Pompidou en 1977 et le Musée d’Orsay en 1986. Les services de régie se rencontrent dans les grands
établissements ; ils sont plus ou moins polyvalents dans leurs missions comme dans les musées d’art moderne de la
ville de Paris, les musées de la ville de Grenoble (Le muséum d’histoire naturelle y ayant pat exemple un régisseur de
conservation qui s’atèle à gérer les mouvements d’œuvre ainsi que la conservation préventive), et dans de nombreux
FRAC et centres d’art.
Les régisseurs font peu à peu référence à un véritable savoir-faire issu pour partie de la tradition anglo-saxonne des
« registrars ». Très souvent la transmission empirique des connaissances se fait par l’expérience et l’apprentissage
au contact des régisseurs en poste, des transporteurs, des restaurateurs, des artistes, etc.
En 1997, celle-ci devient une option du concours de recrutement des chargés d’études qui en comporte désormais
trois : « documentation », « archives » et « régie d’œuvres ».
Nombre de régisseurs exercent leur activité dans un cadre contractuel, en dehors de la fonction publique.
• Activités du régisseur
• Activités du régisseur - synthèse
• Missions - Régie exposition
• Missions - Régie collection
• Fiches métier
Auteur(s) :
GAUTHIER Catherine
Thématique(s) :
La place et le rôle des bénévoles dans les bibliothèques territorialesLes politiques culturelles - champ "accès aux
savoirs"Santé et cultures : former et soutenir les professionnelsLe contexte et l'environnement professionnels de
l'enseignement artistiqueLa mise en place de la RFID en médiathèques et bibliothèques