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Université de Reims Champagne Ardenne

ÉCHANGEURS THERMIQUES

Méthodes globales de calcul


avec problèmes résolus

Jacques PADET
Professeur Émérite

Seconde édition
TABLE DES MATIÈRES

PROLOGUE

PLAN DE L’OUVRAGE

NOMENCLATURE

CHAPITRE 1. – Caractéristiques géométriques des échangeurs


1.1. – Échangeurs à fluides séparés : les grandes familles
1.1.1. – Échangeurs tubulaires
1.1.2. – Échangeurs à plaques
1.2. – Disposition des écoulements
1.3. – Aspects structurels dans la conception des échangeurs
1.3.1. – Échangeurs à modules
1.3.2. – Échangeurs à passes
1.4. – Données d’avant-projet

CHAPITRE 2. – Première approche : distribution des températures dans un échangeur à


courants parallèles
2.1. – Données préliminaires
2.2. – Échangeurs co-courant
2.3. – Échangeurs à contre-courant
2.4. – Échangeurs à fluide isotherme
2.5. – Puissance d’un échangeur à courants parallèles
2.5.1. – Expression de la puissance
2.5.2. – Influence de la surface d’échange
2.5.3. – Cas général

CHAPITRE 3. – Méthode générale de calcul pour les échangeurs


3.1. – Flux thermique maximum dans un échangeur
3.2. – Efficacité thermique d’un échangeur
3.3. – Nombre d’Unités de Transfert : NUT
3.4. – Étude de la fonction E = E(R, NUT)
3.4.1. – Échangeur co-courant
3.4.2. – Échangeur à contre-courant
3.4.3. – Échangeurs de configuration quelconque
3.5. – Cas particuliers et valeurs limites
3.5.1. – Cas limite R = 1 dans un échangeur à contre-courant
3.5.2. – Cas limite R = 0
3.5.3. – Cas limite NUT → ∞
3.6. – NUT : discours de la méthode
3.7. – Une illustration de la méthode NUT
3.7.1. – Notion de « pincement »
3.7.2. – Le risque des croisements de températures
3.7.3. – La règle d’or : pincer sans croiser

CHAPITRE 4. – Détermination des coefficients d’échange dans les échangeurs à fluides


séparés
4.1. – Définition et choix des températures de référence
4.1.1. – Où est le problème ?
4.1.2. – La température de mélange
4.1.3. – La température de film
4.1.4. – Utilisation de Tm et TF comme températures de référence
4.1.5. – Présentation des informations
4.2. – Coefficients d’échange internes
4.2.1. – Écoulements laminaires
4.2.2. – Écoulements turbulents
4.2.3. – Régimes de transition
4.3. – Coefficients d’échange externes
4.3.1. – Échangeurs tubulaires à courants croisés
4.3.2. - Échangeurs tubulaires à courants parallèles
4.3.3. - Échangeurs à faisceau de tubes et chicanes
4.3.4. - Échangeurs à tubes ailetés
4.4. – Coefficients d’échange dans un conduit annulaire
4.5. – Lits de particules

CHAPITRE 5. – Coefficients d’échange dans les échangeurs à changement de phase


5.1. – Généralités
5.2. – Condenseurs
5.3. – Évaporateurs et générateurs de vapeur

CHAPITRE 6. – Évaluation du NUT et du flux transféré


6.1. – Résistances d’encrassement
6.2. – Calcul du NUT
6.2.1. - Échangeurs à paroi plane
6.2.2. – Paroi de forme quelconque non encrassée
6.2.3. – Cas général
6.2.4. – Aspects pratiques
6.2.5. – Calcul du flux

CHAPITRE 7. – Les réseaux d’échangeurs


7.1. – Généralités
7.1.1. – Comment assembler des échangeurs
7.1.2. – Hypothèses de calcul
7.2. – Montage en ligne en série sur les deux fluides
7.2.1. – Présentation
7.2.2. – Approche méthodologique
7.2.3. – Efficacité de l’échangeur équivalent au réseau
7.2.4. – Applications
7.2.5. – NUT de l’échangeur à contre-courant équivalent
7.2.6. – Modes opératoires
7.3. – Montage en série-parallèle
7.3.1. – Le circuit série est le circuit du fluide chaud
7.3.2. – Le circuit série est le circuit du fluide froid
7.3.3. – Efficacité du réseau : forme générale
7.3.4. – Calcul du NUT total
7.3.5. – Modes opératoires
7.3.6. – Quel type d’assemblage choisir ?
7.4. – Réseaux maillés
7.4.1. – Exemple d’un réseau série maillé
7.4.2. – Application à l’évaluation des températures locales dans un échangeur
tubulaire
7.4.3. – Le concept de réseau adapté aux échangeurs à plaques
7.5. – Notions sur les réseaux à courants multiples
7.5.1. – Réseaux à fluide intermédiaire
7.5.2. – Réseaux ouverts (NSPM)
7.6. – Pincement et optimisation

CHAPITRE 8. – Les régimes variables dans les échangeurs


8.1. – L’inadaptation du concept de coefficient d’échange au cas des régimes variables
8.2. – Comportement d’un échangeur tubulaire en régime variable
8.2.1. – Bilan sur le fluide chaud
8.2.2. – Bilan d’ensemble
8.3. – Le modèle à deux paramètres
8.3.1. – Réponse à un échelon de température
8.3.2. – Expression de la constante de temps
8.3.3. – Commentaires sur τ et t r
8.4. – Calcul pratique de τ pour un échangeur bitube
8.4.1. – Méthode
8.4.2. – Exemple de calcul
8.5. – Valeurs de τ pour diverses dispositions
8.5.1. – Échangeur co-courant
8.5.2. – Échangeur à contre-courant, échelon sur le fluide chaud
8.5.3. – Échangeur à contre-courant, échelon sur le fluide froid
8.6. – Informations complémentaires
8.6.1. - Constante de temps des échangeurs à faisceau de tubes
8.6.2. – Constante de temps des capteurs solaires
8.6.3. – Détermination du temps de retard t r
8.7. – Réponse à un échelon de débit
8.8. – Efficacité moyenne en régime variable

PROBLÈMES RÉSOLUS
N° 1 – Coefficient d’échange
N° 2 – Méthode NUT
N° 3 – Échangeur bitube
N° 4 – Cheminée
N° 5 – Échangeur à changement de phase
N° 6 – Échangeur à faisceau de tubes et calandre
N° 7 – Échangeur à plaques
N° 8 – Échangeur tubulaire à courants croisés
N° 9 – Échangeur tubulaire, faisceau en quinconce
N° 10 – Condenseur
N° 11 – Échangeur compact
N° 12 – Assemblage de deux échangeurs
N° 13 - Échangeur en épingle
N° 14 – Réseau à 3 fluides

REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES

INDEX ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES


PROLOGUE
de la première édition (1993)

Ce n’est pas parce qu’on dit en hiver


« Fermez la porte, il fait froid dehors » qu’il fait
moins froid dehors quand on a fermé la porte.

Pierre DAC

Le principe constructif des échangeurs thermiques est simple : ce sont des appareils
destinés à transférer de la chaleur entre deux fluides de températures différentes, ou plus
rarement d’un fluide à un milieu solide. Il s’agit donc d’échangeurs de chaleur, et non pas
« d’échangeurs de température » comme cela se dit (et s’écrit) parfois, car la température
n’est pas une grandeur physique extensive susceptible de faire l’objet d’un bilan.
Dans des sociétés industrielle dont le fluide vital est l’énergie, les échangeurs
thermiques ont acquis une importance économique majeure. On estime que presque toute
l’énergie thermique produite ou recueillie transite au moins une fois par un échangeur et que,
en France, les économies réalisables par une meilleure utilisation des échangeurs sont de
l’ordre de 1,5 MTep, soit un tiers du gisement à moyen terme dans l’industrie.
Cependant, la réalisation des échangeurs rencontre des difficultés à la mesure de leur
importance : difficultés de calcul en particulier, dues à l’extrême complexité des formes
géométriques et des écoulements ; difficultés de maintenance également, avec les problèmes
de corrosion, d’encrassement, et les pertes de performances qui en découlent. Il est donc
essentiel de bien maîtriser leur conception et les calculs qui s’y rapportent.
Les choses sont d’autant moins simples que ces appareils sont d’une très grande
diversité, puisqu’ils vont du radiateur de chauffage central aux générateurs de vapeur des
centrales nucléaires, en passant par les échangeurs des moteurs turbocompressés et les
récupérateurs divers. Mais tous font appel essentiellement aux mécanismes des transferts
thermiques par convection (forcée, libre ou mixte).
Ainsi, le présent manuel constitue un prolongement direct de « Fluides en écoulement,
méthodes et modèles », publié en 1991, qui se présente comme une introduction mécanique à
l’étude des transferts convectifs. On ne sera donc pas surpris de trouver ici un certain nombre
de références à ce volume (désigné en abrégé dans le texte par FEMM), la filiation étant plus
particulièrement marquée dans le chapitre 4 qui traite des coefficients d’échange, ainsi que
dans les problèmes. Les notations adoptées sont également les mêmes (à quelques détails près)
dans les deux ouvrages.
Dans un volume de taille relativement limitée comme celui-ci, il a fallu faire un choix
qui est celui d’une marche d’approche. D’une part, nous insistons sur les bases
méthodologiques et thermiques, sans entrer dans la description technologique. D’autre part,
dans les calculs, nous avons préféré privilégier une approche globale, qui cerne un peu moins
bien les phénomènes physiques mais qui est plus intéressante pour le technicien ou l’ingénieur
puisqu’elle conduit naturellement aux méthodes de calcul utilisées en ingénierie et aux études
d’avant-projet. Mais bien que celles-ci reposent assez largement sur des données relativement
empiriques, elles peuvent et doivent être conduite avec un maximum de rigueur. Cette
exigence sera présente en filigrane dans tout le texte.
L’ouvrage a été conçu pour rendre service aussi bien à des débutants dans la discipline
qu’à des étudiants de second cycle ou à des ingénieurs, l’acquisition des connaissances étant
opérée de façon progressive. Le même souci de progressivité a guidé la rédaction des
problèmes groupés en fin de volume : certains d’entre eux sont originaux, d’autres trouvent
leur source d’inspiration dans des ouvrages antérieurs, mais dans chacun d’eux l’énoncé, la
solution et les commentaires ont été rédigés pour être le mieux possible en harmonie avec la
présentation adoptée dans les chapitres de cours.

PROLOGUE
de la seconde édition (2012)

Pour répondre à une demande exprimée à de nombreuses reprises depuis que cet
ouvrage est épuisé, une seconde édition en est présentée ici. Par rapport à l’édition originale,
elle comporte, avec quelques additions ponctuelles, un chapitre sur les régimes variables et
trois nouveaux problèmes inédits.
Je remercie vivement la SFT d’accueillir ce document, en plus de ceux qui sont déjà
présents sur son site.
PLAN DE L’OUVRAGE

Cet itinéraire dans les échangeurs thermiques comporte huit étapes et quelques plans
de visite.

Le chapitre 1 présente brièvement les principales dispositions constructives adoptées


dans la conception des échangeurs.
Dans le chapitre 2 on étudie les échangeurs à courants parallèles, pour lesquels des
calculs relativement élémentaires permettent d’obtenir les champs de températures et de poser
les problèmes physiques essentiels qui concernent tous les autres modèles.
Une méthode synthétique de calcul – la méthode NUT – est présentée de façon
détaillée au chapitre 3. Elle permet de traiter la plus grande partie des situations classiques et
d’aborder la pathologie et l’optimisation des échangeurs (croisements de températures,
pincement).
Le chapitre 4 constitue une compilation des principaux résultats concernant les
coefficients d’échange entre une paroi et un fluide monophasique, où le problème des
grandeurs de référence (spécialement des températures) fait l’objet d’une attention particulière.
Il se prolonge par un court chapitre (chapitre 5) consacré aux coefficients d’échange en
présence d’un changement de phase.
Un récapitulatif axé sur le calcul du coefficient d’échange moyen dans un échangeur
est proposé au chapitre 6.
Le chapitre 7 présente une étude détaillée des réseaux d’échangeurs à deux courants,
basée sur la méthode NUT. La fin du chapitre est une introduction aux réseaux à courants
multiples.
Pour la description des régimes variables, les bases d’un modèle simple à deux
paramètres sont présentées dans le chapitre 8.
On trouvera enfin 14 problèmes résolus et commentés, suivis par un rappel de
données thermophysiques relatives aux fluides usuels.
NOMENCLATURE

d : diamètre intérieur d’un tube


e+ : pas relatif d’un faisceau = pas / D
h : coefficient d’échange par convection ( W / m 2 K )
k : coefficient global d’échange à travers une paroi ( W / m 2 K )
l : distance entre deux chicanes ou deux ailettes
q : débit-volume ( m 3 / s )
qm : débit-masse ( kg / s )
qt : débit thermique unitaire ( W / K )
C : capacité calorifique totale ( J / K )
Cp : chaleur massique à pression constante ( J / kg K )
D : diamètre extérieur d’un tube
Dc : diamètre de calandre
Dh : diamètre hydraulique
E : efficacité thermique (sans dimension)
Ec , E f : efficacité relative (côté chaud ou froid)
Et : efficacité totale (réseau)
G : vitesse massique ( kg / m 2 s )
K : conductance globale d’un échangeur ( W / K )
L : longueur d’un tube
L° : longueur de référence
LV : chaleur latente de changement de phase ( J / kg )
NL : nombre de nappes longitudinales (faisceau de tubes)
NT : nombre de nappes transversales
NUT : nombre d’unités de transfert (sans dimension)
Pe : nombre de Péclet
Pr : nombre de Prandtl
R : facteur de déséquilibre = qt min / qt max
Re : nombre de Reynolds
Reh : nombre de Reynolds corrigé (§ 4.3.3.2)
S : surface d’échange mesurée depuis l’entrée du fluide chaud ( m 2 )
SD : pas diagonal d’un faisceau en quinconce (m)
SL : pas longitudinal d’un faisceau (m)
ST : pas transversal d’un faisceau (m)
St : nombre de Stanton
tr : temps de retard (s)
T : température (°C ou K)
V : vitesse débitante (de mélange) ( m / s )
Lettres grecques
ε : rugosité d’une paroi (m)
: efficacité d’une ailette (sans dimension)
ϕ : densité de flux ( W / m 2 )
Φ : flux total, puissance thermique (W)
λ : conductivité thermique ( W / m . K )
µ : viscosité dynamique ( kg / m . s = Pa . s )
ν : viscosité cinématique ( m 2 / s )
ρ : masse volumique ( kg / m 3 )
σ : tension superficielle ( N / m )
Σ : surface totale d’échange ( m 2 )
Θ : température volumique moyenne (°C)
τ : constante de temps (s)

Indices
a : annulaire
c : fluide chaud
e : entrée
f : fluide froid
F : film
i : intérieur
l : phase liquide
m : mélange
p : paroi
s : sortie
v : phase vapeur

Divers
<> : moyenne sur la surface d’échange
surlignage : moyenne sur une section (§ 8.4), ou moyenne temporelle (§ 8.8)

FEMM : Fluides en Ecoulement, Méthodes et Modèles. Par J. PADET (site web SFT)
PTC : Principes des Transferts Convectifs. id.
Chapitre 1

CARACTÉRISTIQUES GÉOMÉTRIQUES DES


ÉCHANGEURS

Pascal combattait ses maux de tête par la


géométrie. Moi, je combattais la géométrie en
faisant semblant d’avoir mal à la tête.

Tristan BERNARD

En préalable à l’exposé des méthodes et des modèles de calcul, il est indispensable de


présenter sommairement les principales dispositions géométriques qui sont retenues dans la
réalisation des échangeurs, car elles conditionnent évidemment la nature des écoulements et le
calcul des transferts thermiques. Par contre, nous laissons de côté les aspects technologiques,
pour lesquels on consultera avec profit certains des ouvrages cités en bibliographie.

1.1. – ÉCHANGEURS À FLUIDES SÉPARÉS : LES GRANDES FAMILLES

Nous ne considérons ici que les échangeurs à fluides séparés, où le transfert de chaleur
s’effectue à travers une paroi matérielle, ce qui exclut donc les échangeurs dits « à contact
direct ». Dans ces appareils dominent deux grandes familles : les échangeurs tubulaires et les
échangeurs à plaques.

1.1.1. – Échangeurs tubulaires

♣ Comme leur nom l’indique, les échangeurs tubulaires sont constitués de tubes dont la
paroi forme la surface d’échange. Ils comportent soit un tube unique (serpentin), soit deux
tubes coaxiaux (échangeurs bitubes), soit un faisceau de tubes enfermé dans une enveloppe
appelée calandre.

♦ En ce qui concerne les échangeurs à faisceau de tubes et calandre, on peut citer parmi
les dispositions les plus courantes le faisceau rectiligne (fig. 1.5) et le faisceau en U (ou « en
épingle »), ce dernier mieux adapté aux forts gradients de température puisqu’il permet une
libre dilatation des tubes (fig. 1.1). L’implantation de chicanes transversales permet d’allonger
le trajet du fluide dans la calandre, et d’augmenter le flux échangé.
Il n’y a pas de règles générales pour fixer la disposition relative des circuits chaud et
froid. On fera plutôt circuler le fluide chaud dans les tubes si on veut limiter les déperditions
thermiques ; de même, la circulation en tubes sera recommandée s’il s’agit d’un fluide
agressif.
FIG. 1.1. – Échangeur tubulaire à faisceau en U (en épingle)

♥ Les matériaux employés pour la réalisation des tubes sont le plus souvent métalliques
(acier, laiton…). Les céramiques se développent dans les échangeurs où transitent des fluides
à haute température. Les tubes en plastique (généralement des microcanaux) sont également
utilisés, soit en faisceaux, soit intégrés dans des plaques minces qui leur servent de raidisseurs.

1.1.2. – Échangeurs à plaques

Les échangeurs de la deuxième famille sont constitués par un empilement de plaques


garnies de joints d’étanchéité à leur périphérie ; les fluides s’écoulent entre ces plaques dans
des canaux plats où la circulation peut être soit diagonale (fig. 1.2a) soit latérale (fig. 1.2b). Il
y a évidemment alternance du fluide froid et du fluide chaud d’un canal au suivant (fig. 1.9 et
1.10). Globalement, la distribution des fluides entre les différents canaux se fait en U, en Z, ou
selon un schéma multipasses (§ 1.3.2).

FIG. 1.2. – Échangeurs à plaques. En haut : circulation diagonale ; en bas : circulation latérale
1.2. – DISPOSITION DES ÉCOULEMENTS

Dans les échangeurs à fluides séparés, les modes de circulation des fluides peuvent se
ranger en deux grandes catégories :

♣ Ou bien les vecteurs vitesses des écoulements sont approximativement parallèles :


- s’ils sont de même sens, les écoulements sont « co-courant »
- s’ils sont de sens contraire, les écoulements sont « à contre-courant ».

♦ Ou bien les vecteurs vitesses sont en moyenne perpendiculaires l’un à l’autre : il s’agit
cette fois de « courants croisés » (fig. 1.3).
Dans ce dernier cas, l’un des fluides peut être « brassé » (ou mélangé) : sa veine est
subdivisée en un certains nombre de chemins qui s’entrecroisent (par exemple lorsque
l’écoulement est perpendiculaire à un faisceau de tubes). Le brassage a pour effet
d’homogénéiser les températures et d’augmenter le transfert de chaleur.

En pratique, il n’est pas toujours évident que l’on se trouve dans l’une des trois
configurations précédentes. Aussi, pour un calcul de dégrossissage, on se ramènera au cas qui
paraîtra le plus proche du cas étudié.

FIG. 1.3 – Schéma d’échangeur tubulaire à courants croisés

1.3. – ASPECTS STRUCTURELS DANS LA CONCEPTION DES ÉCHANGEURS

Sans entrer dans des considérations trop technologiques, on doit néanmoins citer les
deux structures essentielles qui sont à la base de la conception des échangeurs : structure « à
modules » et structure « à passes ».

1.3.1. – Échangeurs à modules

Un échangeur à modules est constitué de plusieurs cellules élémentaires identiques, et


il se caractérise donc par une périodicité géométrique. On peut alors se limiter à l’étude d’une
seule cellule, l’assemblage de plusieurs modules permettant de reconstituer tout l’appareil.
Parmi les principaux modèles d’échangeurs modulaires, citons les appareils à méandres
(fig.1.4), les appareils à faisceau de tubes et chicanes (fig. 1.5), les appareils à spirales (fig.1.6)
et les échangeurs à plaques (fig. 1.9). Les trois types d’appareils représentés sur les figures 4,
5 et 6 sont à courants croisés, avec un fluide brassé.

FIG. 1.4 – Schéma d’un échangeur à méandres de 5 modules (m = module)

FIG. 1.5 – Échangeur tubulaire à chicanes (m = module)

FIG. 1.6 – Échangeur à tube en spirale (m = module)


1.3.2. – Échangeurs à passes

On désigne par « passe » une traversée de l’échangeur par l’un des fluides. Parmi les
échangeurs à passes, la famille la plus représentative regroupe les modèles de type P-N. Ce
sont en général des appareils à faisceau de tubes et calandre, dans lesquels chacun des deux
fluides traverse une ou plusieurs fois le volume d’échange. Le fluide qui circule dans la
calandre (donc à l’extérieur des tubes) passe P fois dans le volume d’échange, et le fluide
contenu dans les tubes le traverse N fois (c’est-à-dire qu’il effectue N/2 aller-retour). On dit
que l’échangeur est à P passes côté calandre et à N passes côté tubes. A titre d’exemple, la
figure 1.7 représente un schéma d’échangeur 2-4.

FIG. 1.7. – Exemple d’échangeur P-N : P = 2, N = 4

Le modèle P-N le plus courant est l’échangeur 1-N : le fluide situé côté calandre ne
traverse celle-ci qu’une fois, tandis que le fluide qui circule dans les tubes la traverse N fois
(fig.1.8).

FIG. 1.8. – Schéma d’échangeur 1-N (N = 2)

La notion de passe s’applique également à d’autres modèles, et en particulier aux


échangeurs à plaques dans lesquels on rencontre des configurations monopasses (avec
distributions en U ou en Z, fig. 1.9) ou multipasses (ex. fig. 1.10 avec trois passes sur chaque
fluide). Du point de vue thermique, on notera que la distribution en U est meilleure que la
distribution en Z.
a), b)

c)

FIG. 1.9 – Distributions monopasses dans un échangeur à plaques :


a) distribution en U ; b) distribution en Z ; c) détail d’une distribution en U

La distinction entre passes et modules est parfois un peu subtile, mais ces deux notions
sont cependant bien utiles pour simplifier certains calculs. On peut dire que échangeurs
modulaires et échangeurs P-N relèvent a priori de conceptions différentes, comme le
montrent les exemples précédents : un échangeur à module peut être de type P-N (par
exemple, fig. 1.5, l’échangeur est de modèle 7-1) mais cela n’a rien de systématique ;
inversement, un échangeur P-N n’est pas forcément constitué de modules identiques. Parfois,
il peut y avoir recouvrement entre passe et module : ainsi, sur l’exemple de la figure 1.10, on
est en droit de considérer les trois passes comme trois modules composés eux-mêmes de sous-
modules.

FIG. 1.10 – Échangeur à plaques : exemple de distribution


à 3 passes sur chaque fluide

1.4. – DONNÉES D’AVANT-PROJET

Dans le cadre de cette monographie, nous envisageons essentiellement les calculs


d’ingénierie ; de tels calculs sont destinés à fournir une estimation des performances d’un
échangeur, et l’on n’exige pas d’eux une précision exemplaire.

Selon le programme à exécuter, les données d’avant-projet peuvent être extrêmement


diverses. Contentons-nous ici de dresser une liste des principaux paramètres à prendre en
compte, qui sont :
- la puissance calorifique totale à échanger
- les débits massiques des deux fluides
- les températures d’entrée des fluides
- les températures de sortie
- les coefficients de convection sur les deux faces de la paroi d’échange, d’où l’on déduira un
coefficient global moyen
- la surface totale d’échange
- les conditions aux limites thermiques vers l’extérieur
- le type d’échangeur que l’on prévoit d’utiliser et la disposition des écoulements
- les pertes de charge à travers l’appareil, qui conditionnent la puissance à installer pour faire
circuler les fluides
Chacun de ces paramètres pourra être à tour de rôle une donnée ou une inconnue du
problème.

Quant à la solution, elle ne sera généralement pas unique : il y aura donc lieu ensuite
de conduire un calcul d’optimisation thermique et économique. Quelques aspects de cette
question seront examinés au chapitre 3 (§ 3.7) ou dans les exercices de la seconde partie.
Chapitre 2

PREMIÈRE APPROCHE : DISTRIBUTION DES


TEMPÉRATURES DANS UN ÉCHANGEUR
À COURANTS PARALLÈLES

Certaines mouches se promènent, des


existences entières, sur des in-quarto sans
comprendre un traître mot aux textes les plus
simples.

Alphonse ALLAIS

Les échangeurs à courants parallèles sont des appareils géométriquement simples où le


champ de température peut être considéré comme unidimensionnel. Bien que leur usage soit
relativement limité, nous exposerons leurs propriétés en détail car, au prix de calculs faciles,
ils fournissent des renseignements physiques intéressants et constituent en quelque sorte des
modèles de référence pour les autres échangeurs.
On rencontre parmi les échangeurs à courants parallèles : des échangeurs à plaques,
des échangeurs bitubes (constitués de deux tubes concentriques) et des échangeurs à faisceau
de tubes et calandre. Dans tous les cas, le profil de la paroi qui sépare les fluides est rectiligne
dans le sens des écoulements.

2.1. – DONNÉES PRÉLIMINAIRES

Nous ne considérons ici que des échangeurs parfaitement isolés sur l’ensemble de leur
surface extérieure. Les notations utilisées dans toute la suite sont rappelées ci-dessous :

fluide chaud : indice c


fluide froid : indice f
entrée : indice e
sortie : indice s
surface d’échange mesurée depuis l’entrée du fluide chaud : S (joue le rôle d’une
abscisse)
surface totale d’échange : Σ
coefficient local d’échange à travers la paroi : k
débit-masse : q m
débit thermique unitaire : qt = q m C p (en W/K)
puissance thermique totale échangée : Φ (en W)

Sauf précision contraire, les températures T des fluides sont des températures de
mélange (§ 4.1.2 et 4.1.4).

2.2. – ÉCHANGEURS CO-COURANT

La figure 2.1 représente une coupe schématisée d’un échangeur co-courant, où l’on
retrouvera les notations introduites au paragraphe précédent.

FIG. 2.1 – Schéma d’un échangeur co-courant

♣ Considérons une tranche de l’échangeur correspondant à une surface d’échange dS.


Dans cette tranche, le fluide chaud passe de la température Tc à la température Tc + dTc et le
fluide froid de T f à T f + dT f . Le flux dΦ transféré à travers dS est :
dΦ = k ( Tc − T f ) dS (2.1)

D’autre part, dΦ est aussi la variation d’enthalpie de chaque écoulement (au signe
près) entre S et S + dS , soit
- pour le fluide chaud ( dTc < 0 ) :
dΦ = − q mc C pc dTc (2.2)
- pour le fluide froid ( dT f > 0 ) :
dΦ = q mf C pf dT f (2.3)

Il est commode d’introduire ici la notion de « débit thermique unitaire qt » (ou débit
de capacité calorifique) :

qt = q m C p (en W/K) (2.4)

Ce paramètre important représente la variation du débit d’énergie transporté par le


fluide lorsque la température de celui-ci varie de un degré.

Les équations (2.2) et (2.3) s’écrivent donc maintenant :


dΦ = − qtc dTc = qtf dT f (2.5)
et l’on voit dès à présent que la plus forte variation de température sera subie par le fluide
qui a le plus petit débit thermique unitaire. On dit que ce fluide « commande le transfert »
(voir aussi § 3.1).

♦ De (2.1) et (2.5) on tire :


dTc k
=− dS (2.6)
Tc − T f qtc
dT f k
= dS (2.7)
Tc − T f qtf
et, en soustrayant (2.7) de (2.6) :
d ( Tc − T f )  1 1 
=− +  k dS (2.8)
Tc − T f  qtc qtf 
 

‼ Adoptons l’hypothèse : k = cte dans l’échangeur. Alors l’équation (2.8) s’intègre


immédiatement :
  1 1  
Tc − T f = exp  −  + k S  × cte
  qtc qtf  
Pour S = 0, Tc − T f = Tce − T fe , d’où :

Tc − T f   1 1  
= exp  −  + k S (2.9)
Tce − T fe   qtc qtf  

En particulier, à la sortie de l’échangeur, on a Tc − T f = Tcs − T fs , et S = Σ surface


totale d’échange, de sorte que :
Tcs − T fs   1 1  
= exp  −  + kΣ (2.10)
Tce − T fe   qtc qtf  
On voit donc, d’après (2.9), que l’écart de température Tc − T f est une fonction
exponentielle décroissante de la surface d’échange S, et que Tc − T f → 0 quand S → ∞ ,
cette dernière propriété étant a priori évidente.

♥ Examinons maintenant séparément les évolutions de Tc et T f . De (2.6) et (2.9) on tire


d’abord, en multipliant membre à membre :
dTc k   1 1  
=− exp  −  + k S  dS (2.11)
Tce − T fe qtc   qtc qtf  
soit :
Tc qtf   1 1  
= exp  −  + k S  + cte
Tce − T fe qtc + qtf   qtc qtf  
Pour S = 0, Tc = Tce d’où :
Tce qtf
cte = −
Tce − T fe qtc + qtf
et en regroupant :

Tc − Tce qtf    1 1  


=−  1 − exp  −  +  k S  (2.12)
Tce − T fe qtc + qtf  
  tc tf 
 q q  

La température du fluide chaud est donc une exponentielle décroissante de S.

On obtient de même, en partant de (2.7) et (2.9) :

T f − T fe qtc    1 1  
=  1 − exp  −  +  k S  (2.13)
Tce − T fe qtc + qtf  
  tc tf 
 q q  

Les températures de sortie des deux fluides sont déterminées en faisant S = Σ


(surface totale d’échange) dans les relations (2.12) et (2.13).

FIG. 2.2 – Distribution des températures dans un échangeur co-courant

Si S → ∞ , d’après (2.9) les températures Tc et T f tendent vers une même limite T∞


qui a pour valeur, en la calculant par exemple avec (2.13) :
qtc
T∞ = T fe + ( Tce − T fe )
qtc + qtf
soit :
qtc Tce + qtf T fe
T∞ = (2.14)
qtc + qtf

Cette expression représente la « température de mélange » des deux fluides (§ 4.1.2) :


c’est celle que l’on obtiendrait en supprimant la paroi et en mêlant les deux courants.

L’évolution de Tc et T f est représentée sur la figure 2.2 : la concavité de Tc est


tournée vers le haut ( d 2Tc / dS 2 > 0 ) cependant que celle de T f est tournée vers le bas
( d 2T f / dS 2 < 0 ).
On notera que, le flux dΦ transféré à travers dS étant proportionnel à Tc − T f , il est
également proportionnel à l’aire hachurée sur la figure 2.2. La puissance totale de l’échangeur
est donc elle-même proportionnelle à l’aire délimitée par les deux courbes Tc ( S ) et T f ( S ) .

2.3. – ÉCHANGEURS À CONTRE-COURANT

2.3.1. – Caractères généraux

L’entrée du fluide chaud est maintenant contiguë à la sortie du fluide froid et vice-
versa.
Nous supposons toujours que la surface extérieure de l’appareil est parfaitement isolée,
et nous choisissons comme sens des abscisses S le sens d’écoulement du fluide chaud : pour
une variation dS > 0 de S on a donc toujours dTc < 0 ( Tc décroît dans cette direction) mais
également dT f < 0 puisqu’on se dirige vers l’entrée du fluide froid. La relation (2.5) est donc
remplacée par :

dΦ = − qtc dTc = − qtf dT f (2.15)

avec bien entendu (équation 2.1) :


dΦ = k ( Tc − T f ) dS

FIG. 2.3. – Échangeur à contre-courant

Les principaux paramètres qui interviennent dans le calcul sont répertoriés sur la
figure 2.3, où l’on a fixé l’origine S = 0 à l’entrée du fluide chaud.
On obtient finalement :

Tc − T f   1 1  
= exp  −  − k S (2.16)
Tce − T fs   qtc qtf  

Tc − Tce qtf    1 1   
=  exp −  −  k S  − 1 (2.17)
Tce − T fs qtf − qtc    qtc qtf   
 
T f − T fs qtc    1 1   
=  exp −  −  k S  − 1 (2.18)
Tce − T fs qtf − qtc  
   qtc qtf 
 

Les conditions aux limites sont :


- pour S = 0 : Tc = Tce ; T f = T fs
(2.19)
- pour S = Σ : Tc = Tcs ; T f = T fe
Contrairement au cas de l’échangeur co-courant, il y a ici trois situations possibles
selon que l’on a :
qtc < qtf ou qtc = qtf ou qtc > qtf

2.3.2. – Cas où qtc < qtf

Plaçons-nous d’abord dans le cas où c’est le fluide chaud qui a le plus petit débit
thermique unitaire : c’est donc lui qui « commande le transfert ».

FIG. 2.4. – Distribution des températures dans un échangeur à contre-courant


lorsque le fluide chaud commande le transfert ( qtc < qtf )
Alors, l’examen des expressions (2.17) et (2.18) montre que d 2Tc / dS 2 > 0 et
d 2T f / dS 2 > 0 : les concavités des deux courbes de température sont tournées vers le haut
(fig. 2.4).
En outre, lorsque S → ∞ , Tc et T f tendent vers une valeur asymptotique commune
désignée par T∞ :
qtf T fs − qtc Tce
T∞ = < T fe et Tcs (2.20)
qtf − qtc
Si l’échangeur est infiniment long, la température de sortie du fluide chaud est égale à
la température d’entrée du fluide froid.

2.3.3. – Cas où qtf < qtc

C’est ici le fluide froid qui « commande le transfert » puisqu’il a le plus petit débit
thermique unitaire.
On a maintenant d 2Tc / dS 2 < 0 et d 2T f / dS 2 < 0 : la concavité des courbes Tc et
T f est tournée vers le bas (fig. 2.5).

FIG. 2.5. – Distribution des températures dans un échangeur à contre-courant


lorsque le fluide froid commande le transfert

Considérons un instant S comme une variable définie sur ] − ∞ , + ∞ [ . Lorsque


S → − ∞ , Tc et T f tendent vers une limite commune T∞ :
qtf T fs − qtc Tce
T∞ = > Tce et T fs
qtf − qtc
expression identique à (2.20). En outre, Tc − T f → 0 .
Concrètement, cela signifie que l’écart de température entre les fluides est minimal du
côté de l’entrée du fluide chaud, et que cet écart est d’autant plus petit que la surface
d’échange Σ est plus grande (fig. 2.5).
Pour un échangeur infiniment long, la température de sortie du fluide froid est égale à
la température d’entrée du fluide chaud.

2.3.4. – Cas où qtf = qtc

Les deux fluides ont le même débit thermique unitaire. On voit d’abord
immédiatement que, d’après (2.16) :

Tc − T f = cte = Tce − T fs (2.21)

FIG. 2.6 – Échangeur à contre-courant avec qtf = qtc

D’autre part, faisons qtc → qtf dans l’équation (2.17). Un développement limité de
l’exponentielle au premier ordre donne :
Tc − Tce qtf  
≈  − 1 + 1  kS = − kS (2.22)
Tce − T fs qtf − qtc  qtc qtf  qtc
et de même pour T f .
A la limite, lorsque qtc = qtf = qt , on a :
Tc − Tce T f − T fs kS
= =− (2.23)
Tce − T fs Tce − T fs qt

Les températures Tc et T f sont des fonctions linéaires de S, représentées par deux


droites parallèles (fig. 2.6).
2.3.5. – Deux remarques

Pour conclure sur les échangeurs à contre-courant, soulignons deux points :


* Comme avec les échangeurs co-courant, la puissance de l’appareil est proportionnelle à
l’aire délimitée par les courbes Tc et T f (sur les figures 2.4, 5 et 6 on a symbolisé par une
surface hachurée le flux local dΦ à travers un élément de surface dS).
* Dans les trois cas examinés il est possible d’avoir T fs > Tcs , ce qui est une disposition
favorable, irréalisable dans un échangeur co-courant (fig. 2.2).

2.4. – ÉCHANGEURS À FLUIDE ISOTHERME

Il arrive que l’un des fluides ait une température quasi-uniforme dans l’échangeur, et
même qu’il impose cette température à la paroi si le coefficient d’échange est assez élevé.
Cela se produit généralement lorsque le fluide subit un changement de phase, c’est-à-dire
dans les condenseurs ou les évaporateurs (cf. Échangeurs à changement de phase, chapitre 5).
On a ainsi Tc ≅ cte dans un condenseur, et T f ≅ cte dans un évaporateur.
La distinction entre écoulements de type co-courant ou contre-courant n’a plus ici de
raison d’être, car le sens de circulation du fluide non isotherme est maintenant sans
importance.

Regardons par exemple le problème du condenseur. Partant des équations (2.1) et (2.5)
qui expriment le flux échangé à travers un élément de surface dS, nous avons :
dΦ = k ( Tc − T f ) dS = qtf dT f (2.24)
et d’autre part, puisque Tc ≈ cte dans un condenseur, nous pouvons écrire :
dT f = − d ( Tc − T f ) (2.25)
d’où :
d ( Tc − T f ) k
=− dS (2.26)
Tc − T f qtf
soit :
 k 
Tc − T f = exp  − S  × cte (2.27)
 qtf 
 
Sachant que T f = T fe pour S = 0 , on obtient la distribution de température T f
(fig.2.7) :
T f − T fe  kS
= 1 − exp  −  (2.28)
Tc − T fe  qtf 
 

De même, dans un évaporateur, on a :


Tc − Tce   k S 
= −  1 − exp  −  (2.29)
Tce − T f   q tc  

D’un point de vue pratique, le rapprochement de (2.28) et de (2.13) ou (2.18) montre
que pour le condenseur, l’hypothèse Tc ≈ cte est équivalente à la condition qtc → ∞ (c’est-à-
dire en fait qtc >> qtf ) ; symétriquement, avec un évaporateur, T f ≈ cte peut être remplacée
par qtf → ∞ .
On retrouve cette approximation dans d’autres applications, par exemple lorsqu’on
calcule les déperditions thermiques dans une cheminée : dans la méthode recommandée par le
Centre Scientifique et Technique du Bâtiment (CSTB), on admet qtf (air extérieur) >> qtc
(fumées) (voir problème N° 4).

FIG. 2.7 – Distribution des températures dans un condenseur (à gauche)


et dans un évaporateur (à droite)

2.5. – PUISSANCE D’UN ÉCHANGEUR À COURANTS PARALLÈLES

2.5.1. – Expression de la puissance

Quel que soit le modèle d’échangeur considéré, le flux transféré localement à travers
un élément dS de la surface d’échange est toujours (2.1) :

dΦ = k ( Tc − Ts ) dS

Si l’échangeur est à courants parallèles, appelons « a » l’extrémité pour laquelle S = 0


et « b » l’extrémité où S = Σ (fig. 2.8), ce qui permet de traiter simultanément les
configuration co-courant et contre-courant. On notera :

- pour S = 0 : Tc − T f = ∆Ta
- pour S = Σ : Tc − T f = ∆Tb
FIG. 2.8 – Schéma général d’un échangeur à courants parallèles

Alors, d’après (2.9) et (2.16), on peut écrire dans tous les cas (avec + en co-courant et
– en contre-courant) :
Tc − T f   1 1  
= exp  −  ± k S (2.30)
∆Ta   qtc qtf  
et par conséquent :
  1 1  
dΦ = k ∆Ta exp  −  ± k S  dS (2.31)
  qtc qtf  
Rappelons que la solution (2.30) s’appuie sur l’hypothèse k = cte dans l’échangeur.
Alors, (2.31) s’intègre facilement pour donner la puissance globale de l’appareil :
Σ   1 1  
Φ = k ∆Ta
∫0
exp  − 
  qtc
±
qtf 
k S  dS

c’est-à-dire :
  1 1  
1 − exp  −  ± kΣ
  qtc qtf  
Φ = ∆Ta (2.32)
1 1
±
qtc qtf
A l’extrémité « b », où S = Σ et Tc − T f = ∆Tb , on a d’après (2.30) :

∆Tb   1 1  
= exp  −  ± kΣ (2.33)
∆Ta   qtc qtf  
d’où :
1 1 1 ∆T
± =− Ln b (2.34)
qtc qtf kΣ ∆Ta
Reportons (2.33) et (2.34) dans (2.32) ; cela donne :

∆Ta − ∆Tb
Φ = (2.35)
1 ∆T
Ln a
kΣ ∆Tb
On écrit habituellement :

Φ = k Σ ∆TLM (2.36)

et l’on appelle « différence de température logarithmique moyenne » (en abrégé DTLM )


l’expression :
∆Ta − ∆Tb
∆TLM = (2.37)
Ln ( ∆Ta / ∆Tb )
En pratique, cette moyenne logarithmique diffère souvent assez peu de la moyenne
arithmétique ∆TM = ( ∆Ta + ∆Tb ) / 2 . Par exemple, avec ∆Tb / ∆Ta < 2 , l’écart entre les
deux moyennes est inférieur à 4%.

2.5.2. – Influence de la surface d’échange Σ

Pour apprécier l’influence de la surface d’échange sur la puissance de l’échangeur,


commençons par regarder le cas particulier d’un échangeur à contre-courant où qtf = qtc
(§.2.3.4). Alors, d’après (2.21) :
dΦ = k ( Tc − T f ) dS = k ( Tce − T fs ) dS
d’où en appelant Σ la surface totale d’échange :
Φ = k ( Tce − T fs ) Σ
et :
dΦ / dΣ = k ( Tce − T fs ) = cte (2.38)
Tous les mètres carrés de la surface d’échange sont donc équivalents : quelle soit Σ ,
chaque mètre carré ajouté aura la même performance thermique.

Mais dans tous les autres cas, on voit très bien à partir de (2.32) que :

dΦ / dΣ → 0 quand Σ → ± ∞ (+ si qtc < qtf et – si qtf < qtc )


Chaque mètre carré de surface supplémentaire a donc de moins en moins de valeur
thermique, mais il coûte aussi cher : c’est une taxe sans valeur ajoutée. En conséquence, il
faudra rechercher une surface d’échange Σ économiquement optimale.

2.5.3. – Cas général

Dans un échangeur quelconque, le champ de température n’est plus unidimensionnel,


mais bi ou tri-dimensionnel. Mais dans l’hypothèse k = cte , on a toujours localement :
dΦ = k ( Tc − T f ) dS
De ce fait, le flux total échangé est proportionnel au volume limité par les surfaces
Tc ( x , y , z ) et T f ( x , y , z ) . Cependant, il n’est plus proportionnel à la différence de
température logarithmique moyenne ∆TLM . Cette grandeur n’a donc pas de sens physique
bien net en dehors des échangeurs à courants parallèles, et son usage systématique ne
s’impose nullement.
Chapitre 3

MÉTHODE GÉNÉRALE DE CALCUL


POUR LES ÉCHANGEURS

Si tous ceux qui croient avoir raison


n’avaient pas tort, la vérité ne serait pas loin.

Pierre DAC

Le calcul des échangeurs de configurations diverses a longtemps été calqué sur celui
des échangeurs à courants parallèles, à grand renfort de termes correctifs d’origine
expérimentale. Il existe pourtant une méthode plus structurée et beaucoup plus riche dans ses
applications, la méthode NUT. C’est elle que nous utiliserons exclusivement dans la suite.

3.1. – FLUX THERMIQUE MAXIMUM DANS UN ÉCHANGEUR

♣ Supposons qu’il ne se produise aucune perte de chaleur externe : la puissance


thermique échangée Φ peut être calculée indifféremment en faisant un bilan enthalpique
global sur l’un ou l’autre des fluides :

Φ = qtc ( Tce − Tcs ) = qtf ( T fs − T fe ) (3.1)

où qt = q m C p : débit thermique unitaire (avec indice c pour le fluide chaud et f pour le fluide
froid).
‹ Nous avons déjà observé (§ 2.2.♣) que le fluide qui a le plus petit débit thermique
unitaire accuse le changement de température le plus important. La plage de variation des
températures dans l’échangeur étant généralement limitée par des contraintes pratiques, c’est
donc de lui que dépend la quantité de chaleur maximale qui pourra être échangée, et l’on dit
d’une manière imagée qu’il « commande le transfert ». L’expression a cependant
l’inconvénient d’introduire une apparence de dissymétrie entre les rôles des deux fluides, et il
faut se garder de la prendre au pied de la lettre.
♦ Jusqu’à quelle valeur ∆Tmax peut aller cet écart de température ? L’examen des
courbes T = f ( S ) étudiées pour les échangeurs à courants parallèles va servir de support
pour répondre à cette question.

Avec l’échangeur co-courant (fig. 2.2, § 2.2), l’écart maximum des températures dans
l’appareil est :
∆Tmax = Tce − T fe
On voit sur la figure que cette variation ne peut être subie par aucun des deux fluides.

Dans le cas de l’échangeur à contre-courant avec qtc < qtf , la figure 2.4 (§ 2.3.2)
montre que :
∆Tmax = Tce − T∞
et que ce ∆Tmax peut être atteint par le fluide chaud si la surface est infiniment grande.
Comme T∞ → T fe si Σ → ∞ , on a donc :
∆Tmax = Tce − T fe (3.2a)

Enfin, avec un échangeur à contre-courant où qtf < qtc , on constate sur la figure 2.5
(§ 2.3.3) que l’écart maximum a pour valeur :
∆Tmax = T∞ − T fe
et qu’il peut cette fois être atteint par le fluide froid si la surface d’échange tend vers l’infini.
Là encore, puisque T∞ → Tce quand Σ → ∞ , on a :
∆Tmax = Tce − T fe (3.2b)

Dans les deux derniers exemples, le ∆Tmax est donc accessible au fluide qui possède
le plus petit débit thermique unitaire, soit qt min , pourvu que la surface d’échange soit très
grande. Le flux maximum transférable est donc :
Φ max = qt min ∆Tmax (3.3)
Φ max = qt min ( Tce − T fe ) (3.4)

♥ Dans tous les autres cas, quelque soit le modèle d’échangeur, on voit aisément
qu’aucun des fluides ne peut subir une variation de température supérieure à Tce − T fe , car
alors il faudrait que le fluide froid sorte à une température supérieure à Tce , ou que le fluide
chaud sorte à une température inférieure à T fe . Ceci est physiquement impossible, car ce
serait une violation du second principe de la thermodynamique. La relation (3.4) a donc une
valeur générale.

3.2. – EFFICACITÉ THERMIQUE D’UN ÉCHANGEUR

♣ Pour caractériser les performances thermiques d’un échangeur, la démarche la plus


naturelle paraît être de comparer sa puissance thermique Φ avec le flux maximum Φ max
précédemment défini. On appelle « efficacité thermique » E de l’échangeur le rapport
Φ / Φ max , qui est évidemment sans dimension :

Φ
E= 0≤E≤1 (3.5)
Φ max

d’où, d’après (3.1) :


q ( T − Tcs ) qtf ( T fs − T fe )
E = tc ce = (3.6)
qt min ( Tce − T fe ) qt min ( Tce − T fe )

‹ Il est à noter que sous l’une ou l’autre forme, la définition de E ne prend en


compte que trois des quatre températures concernées. En d’autres termes, trois quelconques
des températures d’entrée-sortie suffisent à caractériser E. Par ailleurs, d’après le paragraphe
précédent, l’efficacité maximale E max = 1 est atteinte si l’échangeur est à contre-courant,
infiniment long et sans pertes.

♦ Introduisons deux nouvelles grandeurs sans dimension :


T − Tcs
E c = ce = efficacité relative côté fluide chaud (3.7)
Tce − T fe
T fs − T fe
Ef = = efficacité relative côté fluide froid (3.8)
Tce − T fe

Il existe une relation simple entre E c et E f . Soit R le rapport des débits thermiques
unitaires, que l’on appelle encore « facteur de déséquilibre » :

qt min
R= (3.9)
qt max

L’ensemble des cas possibles se subdivise en deux :

• Ou bien qt min = qtc


Alors, d’après les relations (3.6) à (3.8), on a :

Tce − Tcs 1
E = Ec = = Ef
Tce − T fe R
Ef T fs − T fe
R= = (3.10)
Ec Tce − Tcs

• Ou bien qt min = qtf


et l’efficacité vaut :
T fs − T fe 1
E = Ef = = Ec
Tce − T fe R
Ec T − Tcs
R= = ce (3.11)
Ef T fs − T fe

♥ Cette efficacité thermique E va servir en particulier à exprimer le flux thermique Φ


dans l’échangeur, en se reportant à la définition (3.5) :
Φ = E Φ max
d’où si l’on tient compte de (3.4) :

Φ = E qt min ( Tce − T fe ) (3.12)

formule qui présente l’avantage de ne faire intervenir que les températures d’entrée des
fluides.

3.3. – NOMBRE D’UNITÉS DE TRANSFERT : NUT

Au chapitre 2, en calculant les écarts de températures d’entrée-sortie dans les


échangeurs à courants parallèles, nous avons vu apparaître les rapports k Σ / qtc et k Σ / qtf ,
dont on vérifie aisément qu’ils sont sans dimension.
Ces nombres, représentatifs du pouvoir d’échange de l’appareil, sont appelés
« nombres d’unités de transfert » et notés NUTc côté fluide chaud ou NUT f côté fluide
froid :
kΣ kΣ
NUTc = ; NUT f = (3.13)
qtc qtf
Le nombre d’unités de transfert relatif au fluide qui possède le plus petit débit
thermique unitaire qt min est habituellement désigné par NUT (sans indice) :


NUT = (3.14a)
qt min

Nous allons montrer qu’il joue un rôle essentiel dans la modélisation des échangeurs,
car l’efficacité E va pouvoir être exprimée en fonction de R et de NUT.

‹ Mais auparavant, attardons-nous un instant sur le numérateur du NUT. Ce produit k Σ


s’exprime comme le débit thermique unitaire qt en W/°C et représente donc la « puissance
thermique unitaire » de l’échangeur, c’est-à-dire la puissance rapportée à un écart de
température moyen fluide chaud – fluide froid de un degré. À l’usage, ce n’est pas cette
expression qui a prévalu, mais celle de « conductance globale de l’échangeur », notée K. En
effet, une conductance, qui est l’inverse d’une résistance thermique, s’exprime en W / m 2 .°C ,
d’où la conductance globale en W/°C. Nous la retrouverons au chapitre 6.
En attendant, enregistrons donc que NUT se note également :

NUT = K / qt min ; K = k Σ (3.14b)

3.4. – ÉTUDE DE LA FONCTION E = E( R , NUT )

Dans un but didactique, nous effectuons le calcul complet de l’efficacité E en fonction


de NUT pour les échangeurs à courants parallèles et à une passe sur chaque fluide. Les
résultats concernant d’autres catégories usuelles sont donnés sans démonstration dans le
tableau 3.1.

3.4.1. – Échangeur co-courant

Partons de l’expression générale (2.32) de la puissance dans un échangeur à courants


parallèles :
  1  
1 − exp  −  ±
1  k Σ 
  qtc qtf 
 
Φ = ∆Ta
1 1
±
qtc qtf
avec pour l’efficacité E, d’après (3.12) :
Φ
E=
qt min ( Tce − T fe )
Lorsque l’échangeur est co-courant, la relation donnant Φ s’écrit avec :
* ∆Ta = Tce − T fe (à la section d’abscisse S = 0 )
* le signe + dans les termes contenant l’alternative ± ,
d’où l’expression de l’efficacité :
  1 1  
1 − exp  −  + kΣ
1   qtc qtf  
E=
qt min 1 1
+
qtc qtf
que l’on peut encore écrire :
  qt min qt min  k Σ 
1 − exp  −  +  

  tcq q 
tf  qt min 
E=  (3.15)
qt min qt min
+
qtc qtf
Sachant d’après (3.9) et (3.14) que :
qt min kΣ
R= et NUT =
qt max qt min
on a dans tous les cas :
qt min qt min
+ =1+ R (ou R + 1 ) (3.16)
qtc qtf
et par conséquent :

1 − exp [ − ( 1 + R ) NUT ]
E= (3.17)
1+ R

Il est évident que, au lieu d’amorcer ce calcul avec la puissance Φ , nous avions la
liberté de le faire avec les expressions (2.12) et (2.13) des températures, associées aux
formulations (3.7) à (3.11) de l’efficacité ; la présentation retenue a l’avantage d’être un peu
plus synthétique. La même remarque vaut pour les échangeurs à contre-courant, traités dans le
paragraphe qui suit.

3.4.2. – Échangeur à contre-courant

♣ Le point de départ est le même que dans le cas précédent ; c’est la relation (2.32), mais
avec :
* ∆Ta = Tce − T fs (dans la section d’abscisse S = 0 )
*
le signe – dans les termes contenant ± ,
d’où, compte tenu de (3.12) :
  1 1  
1 − exp  −  − kΣ
Tce − T fs   qtc qtf  
E= (3.18)
qt min ( Tce − T fe ) 1 1

qtc qtf
Calculons d’abord ( Tce − T fs ) /( Tce − T fe ) , ou plus commodément son inverse. De
(2.16) on tire en faisant S = 0 (soit Tc = Tce , T f = T fs ) :
Tce T fs
= +1 (3.19)
Tce − T fs Tce − T fs
et de (2.18) on tire de même, en faisant S = Σ :
T fe T fs qtc    1 1   
= +  exp − −  k Σ  − 1
Tce − T fs Tce − T fs qtf − qtc    qtc qtf   
  
(3.20)
d’où en groupant (3.19) et (3.20) :
Tce − T fe qtc    1 1   
=1−  exp  −  −  k Σ  − 1 
Tce − T fs qtf − qtc    qtc qtf   
   
1    1 1  
=  qtf − qtc exp −  −  k Σ 

(3.21)
qtf − qtc  
 qtc qtf 
  
Reportons alors dans l’expression (3.18) de E et simplifions par qtf − qtc ; il vient :
  1 1  
1 − exp  −  − kΣ
qtc qtf   qtc qtf  
E= (3.22)
qt min   1 1  

qtf − qtc exp  −  − kΣ

  qtc qtf  
Il y a maintenant une alternative (c’est-à-dire deux éventualités !!), suivant que l’on a
qtf < qtc ou qtf > qtc .

♦ Plaçons-nous pour commencer dans le cas où le fluide chaud commande le transfert :


qt min = qtc soit qtc < qtf
Alors (3.22) s’écrit :
  q  k Σ 
1 − exp  −  1 − tc  
  qtf  qtc 

E= (3.23)
q   q  k Σ 
1 − tc exp  −  1 − tc 
  qtc 
 
qtf qtf  
et, puisque :
qt min q
R= = ici tc
qt max qtf
kΣ kΣ
NUT = = ici
qt min qtc
(3 .23) devient :
1 − exp { − ( 1 − R ) NUT }
E= (3.24)
1 − R exp { − ( 1 − R ) NUT }

♥ Dans l’autre cas de figure, où :


qt min = qtf soit qtf < qtc
on écrit (3.22) sous la forme :
  qtf  k Σ 
1 − exp  −  − 1  
  qtc  qtf 
E=
qtf   qtf  k Σ 
− exp  −  − 1  
qtc   qtc  qtf 
On a maintenant :
qtf kΣ
R= et NUT =
qtc qtf
c’est-à-dire :
1 − exp { − ( R − 1 ) NUT }
E=
R − exp { − ( R − 1 ) NUT }
et puisque exp [ − ( R − 1 ) NUT ] = 1 / exp [ − ( 1 − R ) NUT ] , on retrouve l’expression (3.24).

Quel que soit le fluide qui commande le transfert, l’efficacité d’un échangeur à contre-
courant est donc donnée par (3.24) :

1 − exp { − ( 1 − R ) NUT }
E= (3.24)
1 − R exp { − ( 1 − R ) NUT }

3.4.3 - Échangeurs de configuration quelconque

♣ Des calculs analogues aux précédents mais plus complexes peuvent être conduits pour
des échangeurs à courants croisés, ou du type 1-N, dont il a été question au § 1.3.2. Les
principaux résultats sont regroupés sur le tableau 3.1, où les échangeurs sont classés dans
l’ordre des performances décroissantes. Dans la première colonne se trouve l’efficacité en
fonction de NUT et de R ; la seconde donne la fonction réciproque NUT(E, R). Le contenu
des deux dernières colonnes sera examiné un peu plus loin.

TABLEAU 3.1

♦ L’allure générale des courbes E = f ( NUT ) est donnée sur la figure 3.1, dans le cas
où R = 0 ,75 . On observe en particulier la hiérarchie très nette qui s’établit entre les différents
modèles d’échangeurs dès que l’on atteint des NUT de l’ordre de 1,5. Pour NUT = 4 par
exemple, l’efficacité s’étale de 0,55 (co-courant, le moins performant) à 0,8 (contre-courant,
le meilleur).
Avec des NUT faibles (et donc des efficacités faibles également) le sens de circulation
des fluides n’a plus beaucoup d’importance. D’après les formules du tableau 3.1, on a
d’ailleurs :
 dE 
  = 1 ∀R (3.25)
 dNUT  NUT = 0
Les courbes E = f ( NUT ) ont donc toutes la même pente à l’origine.

FIG. 3.1 – Courbes E = f(NUT) - 1 : contre-courant


2 : courants croisés, fluides non brassés
3 : courants croisés avec fluide à qt min brassé ; 4 : échangeur 1-N ; 5 : co-courant.

♥ Retournons maintenant au tableau 3.1 pour quelques commentaires cas par cas.
* Les échangeurs à courants croisés avec fluides non brassés sont généralement des
échangeurs à plaques. La formule de E n’est pas particulièrement simple, et on aura plus vite
fait de travailler avec un abaque, gracieusement fourni fig. 3.2.
* Les échangeurs à courants croisés avec un fluide brassé (§ 1.2) cités dans le
tableau sont des appareils à une seule passe sur chaque fluide.
* Les échangeurs 1-N ont une efficacité indépendante de N. Dans certaines
publications, l’expression de E est écrite en remplaçant la fraction présente au dénominateur
par une cotangente hyperbolique :
[ ] [
− coth − NUT ( 1 + R 2 )0 ,5 / 2 ou coth NUT ( 1 + R 2 )0 ,5 / 2 ] (3.26a)
car on a en effet :
1 e2 x + 1
coth x = = 2x = − coth ( − x ) (3.26b)
th x e − 1
NUT étant déduit de la fonction réciproque :
1 x+1
y = coth x ⇒ x = arg coth y = Ln (3.26c)
2 x−1
Pour cette catégorie d’appareils, la plage utile dans l’abaque E(NUT, R) est limitée par
les risques de croisements de températures (§ 3.7.3, fig. 3.6).
FIG. 3.2 - Échangeurs à courants croisés, fluides non brassés :
efficacité en fonction de NUT pour différentes valeurs de R..

* Quant aux échangeurs P-N, ils peuvent être considérés comme des échangeurs 1-N
placés en série et seront traités à ce titre dans le chapitre 7 (§ 7.2.4).
Bien entendu, les formules qui donnent E(NUT, R) s’appuient sur des hypothèses
simplificatrices pour le calcul des températures, et leurs résultats peuvent dans certains cas
diverger un peu par rapport aux observations expérimentales.

♠ Avec des configurations plus complexes, il est impossible d’effectuer un calcul


analytique de E. Chaque exemple devra faire l’objet d’une modélisation spécifique.

3.5. - CAS PARTICULIERS ET VALEURS LIMITES

Les expressions de E en fonction de NUT qui ont été compilées dans le tableau 3.1
appellent quelques commentaires relatifs aux valeurs limites de R, qt , E et à l’allure des
courbes E(NUT).

3.5.1. - Cas limite R = 1 dans un échangeur à contre-courant

Lorsque R = 1 , qt min = qt max : les deux fluides ont le même débit thermique unitaire.
Cet exemple ne constitue un cas particulier que si l’échangeur est à contre-courant. Il a été
examiné au § 2.3.4.
L’efficacité se calcule aisément à partir de l’expression (3.24) ; R étant voisin de 1,
posons :
R=1−ε
où ε est un infiniment petit du premier ordre. Quand ε → 0 , exp ε ≈ 1 + ε , et (3.24) s’écrit :
ε NUT
E=
1 − ( 1 − ε ) ( 1 − ε NUT )
soit :

NUT
E= (3.27)
1 + NUT

3.5.2. - Cas limite R = 0

Cette valeur de R peut être approchée de deux manières :

Ou bien qt max → ∞
Cela revient à dire que la température du fluide correspondant est uniforme : en effet,
le flux échangé localement étant dΦ = qt dT (cf. relations (2.2) et (2.3)) il ne peut être fini
que si dT → 0 . Les échangeurs concernés sont donc les échangeurs à fluide isotherme,
évaporateurs ou condenseurs (§ 2.4).

Ou bien qt min → 0
Alors q m (ou C p ) est très petit.
On observe dans le tableau 3.1 que E a la même valeur pour tous les échangeurs
lorsque R = 0 , à savoir :

E = 1 − exp ( − NUT ) (3.28)

de sorte que les différents appareils sont théoriquement équivalents en ce qui concerne leur
conception. Ils ne se distinguent que par leur coefficient global k , qui intervient dans le NUT.

Dans le premier cas cité, E représente l’efficacité du côté du fluide qui ne subit pas de
changement de phase, puisque c’est celui qui possède le plus petit débit thermique unitaire.
L’échangeur à facteur de déséquilibre nul sera aussi utilisé comme élément de
référence dans le calcul des réseaux montés en série-parallèle (§ 7.3).

3.5.3. - Cas limite NUT → ∞

Enfin, lorsque qt min est donné, il est possible que k ou Σ soit très grand. Dans ce
cas :

NUT = →∞
qt min
et E tend pour chaque configuration vers une valeur limite Elim précisée dans le tableau 3.1.
Quelques données supplémentaires concernant Elim ont été portées sur le tableau 3.2 :
elles concernent des échangeurs à courants croisés avec un fluide brassé à deux passes (§ 1.2),
et sont classées dans l’ordre décroissant, les deux premières dispositions donnant des résultats
très voisins (la définition de la tangente hyperbolique th x a été rappelée dans la formule
3.26b).

Fluide brassé à qt min , entrées du même côté


1 − exp ( − 2 / R )
Elim =
2
Fluide brassé à qt min , entrées côtés opposés
1
Elim = th
R
Fluide brassé à qt max , entrées du même côté
1 − exp ( − 2 R )
Elim =
2R
Fluide brassé à qt max , entrées côtés opposés
th R
Elim =
R

Tableau 3.2

On observe encore sur les tableaux 3.1 et 3.2 que la plupart des configurations ont une
efficacité Elim strictement inférieure à 1. Le fait d’augmenter indéfiniment la surface
d’échange Σ ne garantit donc nullement une efficacité idéale.
Notons pour terminer que si qt min est très petit, on peut avoir à la fois NUT → ∞ et
R = 0 . On se trouve alors dans la situation idéale Elim = 1 .

3.6. - NUT : DISCOURS DE LA MÉTHODE

La méthode NUT permet d’apporter une réponse élégante et rapide à la plupart des
problèmes qui se posent dans les études d’ingénierie relatives aux échangeurs. Ceux-ci se
répartissent en deux grandes classes :

- des problèmes de conception dans lesquels les températures d’entrée et une température de
sortie sont imposées, les débits étant connus.
La question est : sélectionner le modèle d’échangeur le plus approprié, et chercher sa
taille, c’est-à-dire la surface Σ nécessaire pour obtenir la température de sortie désirée.
La méthode à employer consiste à calculer R et E, puis NUT(E), d’où l’on tire Σ .
C’est dans ce cadre que s’insèrent le plus souvent les recherches d’optimisation, dont
un aspect essentiel sera examiné au parag. 3.7.

- des problèmes de performances où les données sont le modèle et la taille de l’échangeur, les
débits et les températures d’entrée.
Il s’agit alors de déterminer la puissance Φ et les températures de sortie.
La méthode NUT permet ici de calculer R et NUT d’après les données, d’où l’on
déduit E(NUT) ; les deux températures de sortie inconnues sont fournies par (3.10) ou (3.11)
et Φ s’obtient par le bilan enthalpique global (3.1).

‹ A ce propos, observons que d’une façon générale, si R et E sont connus, la donnée de


deux températures d’entrée-sortie suffit à déterminer les deux autres.

Nous aurons l’occasion de montrer au chapitre 7 les ressources que recèle la méthode
NUT dans l’étude des réseaux d’échangeurs et dans la détermination approchée des profils
de températures internes pour certains types d’appareils.
Il restera évidemment à estimer le NUT, c’est-à-dire en fait le coefficient d’échange
global k. Ce sera l’objet des chapitres 4 à 6.

3.7. - UNE ILLUSTRATION DE LA MÉTHODE NUT :


COMMENT SÉLECTIONNER LES DISTRIBUTIONS DE TEMPÉRATURE
LES PLUS FAVORABLES DANS UN ÉCHANGEUR

3.7.1. - Notion de « pincement »

Nous avons signalé à l’instant que la méthode NUT s’adapte également très bien aux
études d’optimisation. En voici un exemple significatif, qui se réfère aux écarts extrêmes de
température dans l’échangeur.

♣ Nous avons déjà réfléchi à l’écart maximal de température accessible dans un


échangeur (§ 3.1) qui a pour valeur :
∆Tmax = Tce − T fe
Intéressons-nous maintenant aux deux différences de températures entrée-sortie :
Tce − T fs et Tcs − T fe .
Si l’on se rappelle les équations de bilan enthalpique global (3.1) de l’échangeur :
Φ = qtc ( Tce − Tcs ) = qtf ( T fs − T fe )
on voit que l’on peut écrire :
Tce − T fs = Tce − T fe + T fe − T fs
Φ (3.29a)
= Tce − T fe −
qtf
et de même :
Φ
Tcs − T fe = Tce − T fe − (3.29b)
qtc
Ces deux relations conduisent à des observations intéressantes qui permettent
d’introduire la notion d’optimisation. Pour y arriver, il est préférable de dissocier les deux cas
qt min = qtc et qt min = qtf .

♦ Si qt min = qtc
On a d’après (3.1) : Tce − Tcs > T fs − T fe , soit encore :
Tce − T fs > Tcs − T fe (3.30)
Alors, si l’échangeur est à contre-courant, Tcs − T fe est la borne inférieure de l’écart
( Tc − T f ) dans l’échangeur, tandis que Tce − T fs est sa borne supérieure :
Tcs − T fe = ∆Tinf = inf ( Tc − T f ) 
 (3.31)
Tce − T fs = ∆Tsup = sup ( Tc − T f )
La figure 2.4 illustre bien cette propriété, qui s’étend également aux échangeurs à
courants croisés à une seule passe.
Il est légitime de s’interroger sur le rapport ∆Tinf / ∆Tsup et sur ses éventuelles
relations avec E et R. Pour l’évaluer, il est commode de calculer d’abord les deux grandeurs
suivantes :
∆Tinf Φ Φ
• Tce − T fe
=1−
qtc ( Tce − T fe )
=1−
Φ max
=1−E (3.32)

ceci d’après (3.29b), (3.31) et (3.4).


∆Tsup Φ qt min Φ
• Tce − T fe
=1−
qtf ( Tce − T fe )
=1−
qtf qt min ( Tce − T fe )
Φ
=1− R = 1 − RE (3.33)
Φ max
De ce fait, on voit que :
∆Tinf 1− E
= (3.34)
∆Tsup 1 − R E
En dérivant par rapport à E, R étant donné, on obtient :
d  ∆Tinf  1− R
=− <0 (3.35)
dE  ∆Tsup  ( 1 − R E )2
de sorte que ∆Tinf / ∆Tsup diminue quand E augmente. La meilleure efficacité est donc
obtenue en minimisant le rapport ∆Tinf / ∆Tsup . C’est ce qu’on appelle « la méthode du
pincement ».

Il faut remarquer que cette optimisation conduit généralement à une augmentation de


la surface d’échange Σ , puisque les écarts Tc − T f sont diminués. Elle doit donc à un
moment donné entrer en compétition avec des critères économiques qui tendront à limiter Σ
pour ne pas accroître le coût de fabrication.

♥ Si qt min = qtf
Alors, cette fois :
Tcs − T fe > Tce − T fs
et par conséquent :
Tce − T fs = ∆Tinf 
 (3.36)
Tcs − T fe = ∆Tsup 

Cette propriété est visualisée sur la figure 2.5 ; le résultat est le même que dans ♦ en
ce qui concerne ∆Tinf / ∆Tsup .
FIG. 3.3 - Exemple de pincement ( ∆Tinf ) dans un échangeur à deux passes
sur le fluide froid, le fluide chaud circulant en calandre.
∆Tsup = Tce − T f 1 ou Tcs − T fe selon les cas

♠ Avec les échangeurs à plusieurs passes, l’écart minimal ∆Tinf se rencontre assez
souvent à l’intérieur de l’appareil : ainsi, dans l’exemple de la figure 3.3, le fluide froid subit
sur le retour l’influence de sa propre zone d’entrée, si bien que sa température fléchit
légèrement ; de la sorte, le pincement se produit en M, dans la deuxième passe. Cependant, on
montre que là aussi, procéder au pincement en minimisant ∆Tinf / ∆Tsup conduit encore à
augmenter E.
3.7.2. - Le risque des croisements de températures

♣ La pire turpitude que l’on puisse infliger à un échangeur, c’est de le mettre dans une
situation où le fluide « froid » en viendrait à réchauffer le fluide « chaud », c’est-à-dire où
l’on aurait T f > Tc .
A première vue, cette éventualité peut paraître fantaisiste. De fait, il n’existe aucun
risque de la voir se concrétiser dans les échangeurs à une seule passe sur chaque fluide, qu’ils
soient à courants parallèles ou à courants croisés, puisque cela contreviendrait au second
principe de la thermodynamique. Mais il en va différemment avec les échangeurs P-N, où il
peut arriver si l’on n’y prend garde qu’une partie de la surface d’échange travaille sous la
condition T f > Tc . C’est ce que l’on appelle un « croisement de températures » (ou une
inversion). Quelques exemples aideront à se faire une idée du problème.

♦ La figure 3.4a schématise les températures dans un échangeur tubulaire 1-2 où le


fluide chaud circule en calandre. Les deux entrées sont du même côté : après une passe
effectuée en co-courant, le fluide froid revient vers l’entrée du fluide chaud et l’on aura
toujours T f < Tc . Tout va bien.

a) b)

FIG. 3.4. – Échangeur tubulaire 1-2 avec fluide chaud en calandre


a) Pas de croisement
b) Croisement des températures entre I et la sortie du fluide froid
Sur la figure 3.4b on a renversé le sens des écoulements : l’entrée du fluide froid est
maintenant du même côté que la sortie du fluide chaud. La première passe est à contre-
courant, mais dans la seconde il peut arriver que l’influence de la zone d’entrée du fluide froid
commence à se faire sentir, freinant ainsi le réchauffement du fluide froid, et qu’un
croisement se produise au point noté I. A partir de là, T f va évidemment diminuer, mais en
restant supérieure à Tc . Rien ne va plus.

♥ Une autre possibilité est représentée sur la figure 3.5a. Il s’agit toujours d’un
échangeur 1-2, mais le fluide froid circule en calandre, sa sortie étant du même côté que
l’entrée du fluide chaud. La situation est un peu symétrique de la précédente : cette fois-ci,
c’est vers la sortie du fluide chaud qu’un croisement de températures peut survenir, la région
au-delà de I étant sous l’influence de l’entrée chaude.

a) b)

FIG. 3.5 – Échangeur tubulaire 1-2 avec fluide froid en calandre.


a) Croisement des températures entre I et la sortie du fluide chaud.
b) Croisement à l’intérieur entre I et I’

♠ On doit bien noter que dans les configurations choisies ci-dessus comme exemples, ce
genre d’événement n’a rien de systématique : son occurrence dépendra de l’architecture
intérieure de l’échangeur (en particulier de la présence ou non de chicanes) et des qt .
Les inversions de température sont évidemment à proscrire puisque la surface
d’échange concernée est au mieux inutile sinon nocive (ainsi en 3.4b il vaudrait mieux faire
sortir le fluide froid en I). Le problème est qu’elles peuvent passer inaperçues en l’absence
d’un contrôle rigoureux. En particulier, la présence de chicanes peut rendre le phénomène
singulièrement pernicieux si la zone d’inversion est à l’intérieur comme dans la figure 3.5b,
car il devient indétectable par des moyens expérimentaux simples, la seule vérification des
températures de sortie ne suffisant pas toujours à le mettre en évidence. Il faudra donc soigner
la conception et les essais préliminaires de l’appareil, et bien préciser les paramètres qui
autorisent un fonctionnement correct (en particulier les débits). A ce sujet, une méthode de
calcul approchée mais rapide sera proposée au § 7.4.2.

3.7.3. – La règle d’or : pincer sans croiser

Les deux paragraphes précédents nous ont appris quelque chose d’essentiel : 1) le
pincement améliore l’efficacité ; 2) la surface d’échange peut travailler à l’envers dans
certains cas. Il nous faut maintenant constater que les deux questions sont parfois imbriquées,
et l’on imagine aisément qu’un pincement trop serré et mal maîtrisé puisse dégénérer en
croisement des températures si la disposition des écoulements s’y prête : les figures 3.5 et
3.4b illustrent un glissement de ce type.
La conclusion s’impose d’elle-même et se résume dans une recommandation lapidaire :
il faut pincer sans croiser.
Pour appliquer cette règle sans trop tâtonner, on a besoin d’un critère qui quantifie les
risques d’inversion, au moins d’une manière approchée. Basons-nous pour cela sur
l’échangeur 1-N.

Supposons qt min = qtc . D’après (3.10), le facteur de déséquilibre et l’efficacité


s’écrivent respectivement :
T fs − T fe T − Tcs
R= ; E = ce
Tce − Tcs Tce − T fe
Les exemples illustrés sur les figures 3.4 et 3.5 montrent que les risques de
croisements se manifestent à proximité des sorties, ce qui nous incite à choisir comme
référence le cas particulier où Tcs = T fs . Alors, R et E deviennent :
T fs − T fe Tce − T fs
R0 = ; E0 = (3.37)
Tce − T fs Tce − T fe
On voit que :
1 T fs − T fe
=1+ = 1 + R0
E0 Tce − T fs
soit :
1
E0 = (3.38)
1 + R0
La grandeur E0 représente une efficacité critique vis-à-vis des croisements en sortie
d’échangeur ; en comparant (3.10) et (3.37) il apparaît en effet que l’on a :
E > E0 ⇔ Tcs < T fs (3.39)
et il en va de même avec qt min = qtf .
La situation est photographiée, si l’on peut dire, sur la figure 3.6. Choisissons une
valeur R0 du facteur de déséquilibre R. Connaissant la fonction E = f ( R0 , NUT ) , la
condition E = 1 /( 1 + R0 ) définit en éliminant R0 entre ces deux relations une courbe
E' ( NUT ) . L’intersection des courbes E ( R0 , NUT ) et E' ( NUT ) donne alors E0 selon
(3.38).
On remarquera que la valeur minimale de E0 est 0,5 (pour R0 = 1 ), le NUT
correspondant ayant pour valeur 1,246. Avec R = R0 donné, en suivant la ligne
E ( R0 , NUT ) , on a E < E0 à gauche de la courbe E' ( NUT ) et E > E0 à droite. Cette
seconde zone (hachurée sur la figure 3.6) est donc à éviter puisque c’est là que se produit le
croisement des températures de sortie.
Cela ne signifie pas que la totalité de la zone non hachurée soit favorable, car nous
avons vu que des inversions peuvent parfois se produire à l’intérieur de l’appareil. Or la
condition (3.38) ne caractérise que les risques de croisement à la sortie. C’est bien
évidemment fâcheux, mais il n’empêche que la courbe E' ( NUT ) permet tout de même de
cerner les risques.
Avec des échangeurs P-N, c’est de surcroît le nombre P de passes en calandre qu’il
conviendra de limiter pour s’assurer que E reste inférieure à E0 .

FIG. 3.6. – Échangeurs 1-N. Courbe en tirets : E’(NUT).


Zone hachurée : croisement des températures de sortie.
La courbe E ( R0 , NUT ) correspond à R0 = 0 , 5 ( E0 = 0 ,66 ).
Chapitre 4

DÉTERMINATION DES COEFFICIENTS D’ÉCHANGE


DANS LES ÉCHANGEURS À FLUIDES SÉPARÉS

De omni re scibili, et quibusdam aliis.

Dans le chapitre 3, nous nous sommes contentés de considérer un échangeur comme


une « boîte noire » dont le coefficient global d’échange k est donné. Voici maintenant un
certain nombre d’éléments pratiques permettant d’évaluer les coefficients d’échange côté
fluide chaud et côté fluide froid : ils concernent essentiellement les échangeurs tubulaires
mais également, quoique de façon plus limitée, les échangeurs à plaques ou les échangeurs
compacts.

Une mise en garde s’impose ici : on trouve dans la littérature de très nombreuses
formules semi-empiriques (encore baptisées « corrélations ») correspondant à une grande
diversité de situations concrètes. Beaucoup d’entre elles ont des prétentions globalisantes,
c’est-à-dire qu’elles s’efforcent de coiffer un large éventail de cas particuliers ; certaines ont
été établies dans des conditions spécifiques, mais pas toujours bien précisées ; enfin, on se
trouve souvent dans le flou en ce qui concerne les températures de référence. Il en résulte que
la précision des résultats numériques est légèrement élastique, et que l’utilisateur a parfois un
peu l’impression de plonger dans une bouteille d’encre.
Les conséquences pratiques de cet état de choses ne sont cependant pas forcément
catastrophiques, car les estimations sur les coefficients d’échange h fournies par des
corrélations concurrentes ne s’écartent guère de plus de 15% les unes des autres, ce qui tout
en étant beaucoup reste acceptable dans des calculs d’avant-projets. Mais occasionnellement
les résultats peuvent vagabonder au-delà de cette marge. On doit donc rester prudent, et ne pas
accorder une signification absolue aux valeurs numériques que l’on obtient.
Néanmoins, ces corrélations conviennent bien aux calculs d’ingénierie : d’abord parce
qu’elle sont aptes à fournir des estimations au prix de calculs simples et rapides ; mais surtout,
employées de façon méthodique et cohérente, elles constituent de bons instruments de
comparaison ; dans le cadre d’un avant-projet, elles permettront de classer différents
prototypes selon leurs performances, et de procéder ainsi à une pré-optimisation, qui sera
ensuite affinée par une modélisation détaillée et/ou par une étude expérimentale.
Un photographe à qui l’on demandait un jour : « Quel est le meilleur appareil photo
actuellement sur le marché ? » a répondu : « Le meilleur appareil, c’est celui dont vous avez
l’habitude de vous servir !». On pourrait au fond dire la même chose à propos des formules de
transfert convectif : une « bonne » formule est celle dont on connaît bien les limites et le
mode d’emploi. Pour que cette fonction de comparaison dont nous avons parlé plus haut soit
correctement assumée, il est donc nécessaire de faire un choix et de s’y tenir (voir également à
ce sujet le parag. 4.1.4). Des commentaires analogues s’appliquent d’ailleurs aussi aux
formules de pertes de charge (FEMM, Ch. 7).
Dans ce qui suit, nous ne citons qu’un petit nombre de corrélations, parmi celles qui
semblent les plus fiables et qui correspondent à des dispositions assez classiques. Les
conditions opératoires recommandées sont spécifiées aussi soigneusement que possible pour
chacune d’elles. A propos justement de ces conditions d’emploi, l’une des difficultés
rencontrées concerne le choix – pas toujours très clair – de la référence en température. C’est
par là que nous allons commencer.

4.1. – DÉFINITION ET CHOIX DES TEMPÉRATURES DE RÉFÉRENCE

4.1.1. – Où est le problème ?

Pour calculer les flux thermiques dans un échangeur, on est évidemment appelé à faire
intervenir les caractéristiques thermophysiques des fluides : ρ , µ , λ , C p … Celles-ci sont
généralement thermodépendantes, et comme les écoulements sont anisothermes, il en résulte
des répercussions sur les champs de vitesse et de température.
Bien entendu, la seule manière rigoureuse de traiter un problème d’écoulement avec
couplage thermique est de résoudre localement le système d’équations de quantité de
mouvement et d’énergie en tenant compte des lois de variation ρ ( T ) , µ ( T ) etc. Un tel
système est non linéaire (FEMM, Ch. 3, Annexe 1), et dans les échangeurs les calculs sont un
peu décourageants ; on doit alors accepter de travailler à une échelle globale, en ayant recours
à des valeurs moyennes. En pratique, cela revient à adopter, de façon plus ou moins
conventionnelle, une température de référence à laquelle seront évaluées les caractéristiques
thermophysiques (ou certaines d’entre elles).
Le choix de cette référence a un impact d’autant plus significatif que les fluides sont
davantage thermodépendants, ou que les gradients de température (c’est-à-dire les flux
thermiques) sont plus élevés. La question est malheureusement parfois un peu embrouillée, et
il est important de dégager des options logiques dans les schémas opératoires qui sont
proposés.

4.1.2. – La température de mélange

Considérons un écoulement interne ; soient q e le débit d’énergie transportée (en Watt)


et qt le débit thermique unitaire. La « température de mélange » Tm est définie par la
relation :

q e = qt Tm (4.1)

Si S 0 est la section de la veine fluide, n la normale à S 0 , V et T les valeurs locales


de la température et de la vitesse, q e est donnée par l’expression :
qe =

S0
ρ C p T V . n dS (4.2)
On sait en outre que qt = q m C p = ρ q v C p (2.4). En admettant que le fluide est
isochore et que C p est peu dépendante de T, on aura pour température de mélange :
1
Tm =

T V . n dS
q v S0
(4.3a)

Puisque :
qv =
∫ V .n dS
S0
on voit que Tm est la température d’un écoulement isotherme (c’est-à-dire homogénéisé ou
« mélangé ») qui transporterait le même débit d’énergie.
Si l’écoulement est sensiblement unidimensionnel (c’est le cas dans une canalisation
rectiligne de section constante, même si le régime dynamique n’est pas établi), V . n = U
(composante de V selon la direction de l’écoulement) et :

1
Tm =
qv ∫ S0
T U dS (4.3b)

En particulier, dans une canalisation de section circulaire :


1 R
Tm =
qv 0 ∫
T U 2 π r dr (4.3c)

La définition (4.1) est valable quelque soit le régime d’écoulement. On notera que, en
régime turbulent établi, Tm est peu différente de la température T∞ dans la partie centrale de
la veine fluide. Enfin, à l’entrée ou à la sortie d’un échangeur, la mesure de Tm peut se faire
assez aisément en créant dans la canalisation une turbulence locale qui homogénéise
l’écoulement.

4.1.3. – La température de film

♣ Dans les écoulements externes, la définition de la température de mélange Tm n’est


plus opérationnelle, puisque T tend asymptotiquement vers la température T∞ du fluide
lorsqu’on s’éloigne de la paroi. On peut alors utiliser comme référence cette température T∞ ,
tant en écoulement laminaire que turbulent.
Cependant, en régime turbulent on sait que la couche interne est la région la plus
importante pour les transferts de quantité de mouvement et de chaleur (FEMM, Ch. 5) ; en
particulier, le gradient de vitesse y est élevé. Si l’on se trouve en outre en présence de forts
gradients thermiques transversaux (c’est-à-dire de flux pariétaux importants), ou si le fluide
est fortement thermodépendant, on est conduit à renforcer le poids de cette zone de paroi dans
les grandeurs thermophysiques de référence. On introduit dans ce but la « température de
film » TF :
T p + T∞
TF = (4.4a)
2
où T p est la température de paroi. On voit que TF correspond sensiblement à la température
moyenne de la couche interne.
♦ Dans les écoulements internes turbulents, cette notion peut être également intéressante,
T∞ étant alors la température du noyau central. Toutefois, la température de mélange Tm a ici
un sens, et elle est de surcroît peu différente de T∞ ; on a donc pour température de film :
T p + T∞ T p + Tm
TF = ≅ (4.4b)
2 2

4.1.4. – Utilisation de Tm et TF comme températures de référence

♣ Calcul des débits


Compte tenu de sa définition, la température de mélange Tm est la référence naturelle
pour le calcul des débits : débit-masse ou débit-volume ( q m = ρ q v ) et débit thermique
unitaire ( qt = q m C p ).

‹ On constate cependant que pour la plupart des fluides, la chaleur massique C p est
très peu dépendante de T ; l’impact de la température de référence est donc généralement
modeste pour les liquides (fluides isochores), mais pourra être important avec les gaz, dont la
masse volumique ρ dépend fortement de la température.
♦ Calcul des flux pariétaux
Pour l’évaluation du flux thermique ϕ p entre une paroi à température T p et un fluide,
on fait intervenir un coefficient d’échange h et un écart de température ∆T ° de référence
(FEMM, Ch. 2) en posant :
ϕ p = h ∆T ° (en W / m 2 ) (4.5a)

• Dans les écoulements internes, on adopte la convention :


∆T ° = T p − Tm d’où ϕ p = h T p − Tm (4.5b)
Plus généralement, si le coefficient global d’échange entre les deux fluides est k, le
flux transféré entre le fluide chaud (à température de mélange Tmc ) et le fluide froid (à
température de mélange Tmf ) a pour expression :
ϕ p = k ( Tmc − Tmf ) (4.5c)
Dans les calculs d’échangeurs, on néglige habituellement de faire figurer l’indice m.
Les températures T f et Tc utilisées dans cet ouvrage sont donc des températures de mélange.

• En écoulement externe, Tm n’est pas définie, et on la remplace par T∞ :


ϕ p = h T p − T∞ (4.5d)

♥ Évaluation des grandeurs thermophysiques de référence


Quand il s’agit d’écoulements internes, les valeurs numériques des grandeurs
thermophysiques sont assez souvent prises à Tm : a° = a( Tm ) , µ ° = µ ( Tm ) etc. Ceci est
également valable pour les écoulements autour des faisceaux de tubes, qui sont le plus
souvent catalogués dans les écoulements externes, mais qui peuvent être aussi considérés
comme des écoulements internes du fait qu’ils sont confinés : la définition de Tm y conserve
son sens.
Dans certains cas cependant, c’est l’emploi de TF qui est recommandé. Toutes les
précisions utiles seront données un peu plus loin.

‹ D’une façon générale, avant d’utiliser une formule quelconque, on veillera toujours à
recenser ses conditions de validité, et donc en particulier à vérifier pour quelle température de
référence elle est donnée.

4.1.5. – Présentation des informations

♣ Les données qui permettent de calculer les flux thermiques dans un échangeur sont
présentées sous forme de relations entre des groupements sans dimension dont les principaux
sont :

- le nombre de Stanton St (autrefois appelé nombre de Margoulis) :


ϕp h
St = = (4.6)
ρ ° C p ∆T ° V ° ρ ° C p V °
- le nombre de Reynolds :
V ° L ° ρ ° V ° L°
Re = = (4.7)
ν° µ°
- le nombre de Prandtl :
ν ° µ° C p
Pr = = (4.8)
a° λ°
- le nombre de Péclet :
V ° L°
Pe = = Re Pr (4.9)

‹ Le symbole ° indique des valeurs de référence conventionnelles, à préciser cas par


cas. Il est généralement omis dans la pratique, et inutile pour C p , qui n’est jamais beaucoup
influencée par la température.
D’autre part, dans le nombre de Reynolds Re on fait souvent intervenir la grandeur :

G = ρ° V ° (en kg / m 2 . s ou N .s / m 3 ) (4.10a)

appelée improprement « vitesse massique », et qui est en fait une quantité de mouvement par
unité de volume, ou mieux encore une densité de flux de masse. Alors Re et St s’écrivent :
ρ ° V ° L ° G L°
Re = = (4.10b)
µ° µ°
h
St = (4.10c)
G Cp
On emploie également à la place de St le « nombre de Nusselt » Nu :
Nu = h L° / λ ° = St Re Pr (4.10d)
qui est sans dimension, et qui est souvent plus commode pour le calcul de h. Mais
contrairement à St, ce n’est pas un critère de similitude (FEMM, Ch. 2). Rappelons à cette
occasion que Re et Pe sont également des critères de similitude, cependant que Pr est un
terme de couplage entre diffusion de chaleur et diffusion de quantité de mouvement.

♦ Plus précisément, les relations utilisées expriment St en fonction de Re, de Pr,


éventuellement de Pe, d’un facteur de forme géométrique et d’un terme correctif sur des
grandeurs thermophysiques. De la valeur obtenue pour St on déduit ensuite h ou ϕ p .
Ces formules sont plus connues sous le nom de « corrélations » pour signifier qu’elles
sont souvent obtenues à partir de l’analyse statistique de nombreux résultats expérimentaux.

♥ Les diverses corrélations ont une validité soit locale, soit globale, selon la définition
des grandeurs de référence. En pratique, dans les calculs d’ingénierie concernant les
échangeurs, on travaille avec des grandeurs globales prises en moyenne sur l’ensemble du
volume d’échange : h ≡ < h > , St ≡ < St > etc., le symbole < > de moyenne spatiale étant
très souvent négligé, pour alléger les notations. En particulier, pour les températures de
référence on prend :
Tm ≡ < Tm > = ( Tme + Tms ) / 2
T p ≡ < T p > = ( T pe + T ps ) / 2 (4.11)
TF ≡ < TF > = ( < T p > + T∞ ) / 2 ou ( < T p > + < Tm > ) / 2

Une mention spéciale doit être faite pour le nombre de Reynolds, qui est normalement
évalué à Tm . Mais il est parfois prudent de lui faire subir un contrôle à l’entrée et à la sortie
pour s’assurer que le régime d’écoulement reste le même au cours de la traversée du fluide.

4.2. – COEFFICIENTS D’ÉCHANGE INTERNES

4.2.1 – Écoulements laminaires

4.2.1.1. – BASES PHYSIQUES

♣ En écoulement laminaire, le transfert thermique s’effectue à la fois par conduction au


sein du fluide, et par transport lié au mouvement. Ainsi, dans l’expression du flux pariétal ϕ p
(en valeur absolue) :
ϕ p = λ ( ∂T / ∂y ) y = 0 (4.12)
le gradient de température à la paroi dépend lui-même du profil de vitesse, de la conductivité
λ du fluide, et aussi des conditions thermiques en amont du point considéré ; en particulier,
comme l’établissement du régime d’écoulement n’est pas immédiat (FEMM, Ch. 6), ϕ p est
fonction de la distance x à l’entrée, ce qui se traduit pour un tube de longueur L par
l’intervention du rapport L/D dans l’expression du flux moyen.

♦ Si en outre la viscosité dynamique µ du fluide est significativement


thermodépendante dans la plage de température envisagée, le profil de vitesse va s’en trouver
modifié, ce qui se répercutera donc encore sur le champ de température, et par conséquent sur
la densité de flux ϕ p . Par exemple, le coefficient h augmente si un liquide refroidit une paroi
chaude (pour un liquide, µ diminue quand T augmente), l’écart pouvant dépasser 40%. A
l’inverse, h peut chuter de 20 à 30% si un liquide réchauffe une paroi froide.
‹ Pour prendre en compte ce phénomène, on propose en général des lois de transfert
relatives à des fluides de viscosité constante, auxquelles on adjoint un terme d’ajustement en
( µ / µ p ), µ étant évaluée à la température moyenne de mélange, et µ p à la température
moyenne de paroi. L’analyse de nombreux résultats expérimentaux a permis d’aboutir à une
bonne corrélation en prenant ( µ / µ p ) 0 ,14 . Pour les gaz, cette correction est d’ailleurs le plus
souvent négligeable, sauf si le gradient ∂T / ∂y est important.
♫♪ Une petite remarque au passage : la validité de beaucoup de corrélations est donnée
pour Pr > 0 , 5 . Cette limite de 0,5 est un peu artificielle, étant donné qu’on ne connaît aucun
fluide dont le nombre de Prandtl soit compris entre 0,5 et 0,66 (qui est le Pr minimum de l’air,
voir « Données numériques », à la fin de l’ouvrage).

4.2.1.2. – TUBES DE SECTION CIRCULAIRE

Les paramètres de référence sont ici : L° = d (diamètre intérieur du tube), V ° =


vitesse débitante V (vitesse de mélange, FEMM, § 6.1.1), d’où :

Re = V d / ν ; Pe = Re Pr = V d / a ; St = h / ρ C p V (4.13)

♣ Dans les conditions courantes rencontrées avec les échangeurs, qui correspondent à
ϕ p ≅ cte , la corrélation de Sieder et Tate (1936) donne des ordres de grandeur corrects :

Re < 2100 ; Pr > 0 , 5 ; µ / µ p < 10 ; L / d < 0 , 08 Pe


1 0 ,14

2 −  µ 
L 3
 
St = 1,86 Pe 3  
d   µp 
 
L = longueur du tube
St, Pe et µ à la température moyenne de mélange
(4.14)
♦ Cependant, pour des tubes longs, où le régime dynamique peut être considéré comme
établi, et en admettant toujours un flux pariétal ϕ p ≅ cte , St tend vers une limite :

L / d > 0 ,08 Pe
0 ,14
4 , 36  µ 
St =  
Pe  µp 
 
(4.15)
♥ Lorsqu’il se produit un changement de phase à l’extérieur des tubes (évaporateurs,
condenseurs), on admet T p ≅ cte . Par rapport au cas précédent, la valeur de St est alors
légèrement inférieure.
(4.16a)
Avec des tubes courts, on pourra reprendre (4.14)
en remplaçant le coefficient 1,86 par 1,61

Si les tubes sont assez longs, il existe là encore une valeur limite :
(4.16b)
L / d > 0 ,08 Pe
0 ,14
3 ,66  µ 
St =  
Pe  µp 
 

♠ Il est toujours utile d’avoir en tête un ordre de grandeur des valeurs numériques à
[ ]
calculer. Ici, St se situe en gros dans la fourchette 1.10 − 4 ; 4.10 − 2 .

4.2.1.3. – CONDUITS DE SECTION RECTANGULAIRE PLATE

La section du tube est notée 2 b × l ; L° = Dh diamètre hydraulique (FEMM,


§.6.6.1.5) :
4bl
Dh = ≅ 4 b si b ` l
l + 2b
V ° = vitesse débitante V (FEMM, § 6.1.1). D’où : (4.17)
Re = V Dh / ν ; Pe = Re Pr = V Dh / a ; St = h / ρ C p V

♣ Dans les conditions courantes d’utilisation, où l’on peut admettre l’approximation


ϕp ≅ cte , St se calcule ainsi pour un conduit de longueur L :
(4.18)
Re < 2500 ; Pr > 0 ,5 ; µ / µ p < 10 ; L / Dh < 0 ,014 Pe
1
2 − 0 ,14
 L  −  µ  3
St = 3 , 55 Pe   3 
D
 h  µ 
 p
St, Pe et µ à la température moyenne de mélange

♦ Dans les mêmes conditions, pour des tubes longs, la limite de St est :
(4.19)
L / Dh > 0 ,014 Pe
0 ,14
8 , 23  µ 
St =  
Pe  µp 
 

♥ S’il y a changement de phase à l’extérieur du conduit, la condition à la limite devient


T p ≅ cte . Dans ce cas, et toujours pour un tube assez long, on a :
L / Dh > 0 ,014 Pe
0 ,14
7 , 54  µ 
St =  
Pe  µp 
 
(4.20)

4.2.2. – Écoulements turbulents

4.2.2.1. – OÙ L’ON REPARLE DE THERMODÉPENDANCE

En régime turbulent, l’essentiel du transport de chaleur est assuré par la composante


fluctuante de la vitesse dans la direction perpendiculaire à celle de la paroi (FEMM, Ch. 3).
La viscosité turbulente ν t et la diffusivité turbulente at étant peu sensibles aux variations des
propriétés physiques du fluide, les effets de la thermodépendance sont donc perceptibles
essentiellement dans la zone de paroi, là justement où ν t et at tendent vers zéro, alors qu’en
régime laminaire ils se répercutaient dans l’ensemble de la veine fluide. A ceci près, ils sont
qualitativement de même nature. En outre, dans la mesure où λ et C p sont peu tributaires de
la température, la modification du profil de vitesse dans la couche limite interne repose
essentiellement sur les variations de µ .
Avec les liquides, µ varie en sens contraire de T, et de façon notable. Si le fluide qui
circule dans un tube est le fluide froid, on a T p > Tm d’où µ p < µ : la couche limite devient
plus mince que dans l’écoulement isotherme, sa résistance thermique diminue, et h augmente.
Le contraire se produit si c’est le fluide chaud qui transite à l’intérieur d’un tube.
Le comportement des gaz est inversé puisque µ varie dans le même sens que T, mais
l’effet est moins marqué (de l’ordre de quelques pour cent) excepté si les gradients de
température sont très élevés.
En ce qui concerne la prise en compte du phénomène dans l’expression de St, on
rencontre plusieurs écoles qui différencient les effets de la thermodépendance soit par
l’exposant du nombre de Prandtl (puisque Pr varie comme µ ), soit par un ajustement en
(µ / µ p )0 ,14 (comme en laminaire), soit encore par un coefficient multiplicateur, ou enfin par
l’intervention de la température de film TF comme température de référence. Devant cette
diversité, on ne peut que rappeler les remarques et les réserves faites en début de chapitre.

Il convient cependant de signaler que deux procédures de correction se dégagent de cet


ensemble :
- soit on affecte Pr de l’exposant – 2/3 dans le nombre de Stanton, avec TF comme
température de référence
- soit on écrit Pr − 0 ,6 pour le fluide froid et Pr − 0 ,7 pour le fluide chaud, avec Tm comme
température de référence.

Nous avons sélectionné quelques règles qui conviennent pour la plupart des calculs
d’ingénierie, et qui font appel à la seconde procédure : ceci offre un léger avantage, en
dispensant de faire a priori une estimation de la température moyenne de paroi T p , souvent
mal connue, puisqu’on a seulement besoin d’une estimation de la température de mélange Tm .
Une exception sera faite malgré tout pour les écoulements de gaz à forts gradients thermiques
pariétaux, où TF paraît plus représentative.
Signalons enfin, avant de passer aux formules, que les valeurs numériques de St sont
ici, comme en laminaire, de l’ordre de 10 − 4 à 10 − 2 .

4.2.2.2. – TUBES CIRCULAIRES LONGS ET LISSES

Pour la définition du régime hydrauliquement lisse, on se reportera à FEMM, Ch.6 ;


les grandeurs de référence ont été précisées au § 4.2.1.2.

♣ L’écart de température T p − Tm n’est pas trop grand (d 400°C)


On peut conseiller les corrélations suivantes (Dittus – Boelter)
(4.21)
Pr ≥ 0 ,66 ; Re < 10 5 ; L / d > 60
Fluide froid : St f = 0 ,023 Re − 0 ,2 Pr − 0 ,6
Fluide chaud : St c = 0 ,023 Re − 0 ,2 Pr − 0 ,7
Re et Pr à la température moyenne de
mélange Tm

♦ L’écart T p − Tm est élevé (t 400°C)


(4.22)
Mêmes formules (4.21) mais avec Re et Pr évalués
à la température moyenne de film TF

4.2.2.3. – TUBES CIRCULAIRES LONGS ET RUGUEUX

En régime hydrauliquement rugueux (FEMM, Ch.6), les transferts sont accrus ; le


coefficient d’échange h est donc plus élevé que lorsque la paroi est lisse.
Sous les mêmes conditions qu’au paragraphe précédent (sauf Re t 10 5 ), on prendra :

1
Fluide froid : St f = C f Pr − 0 ,6
2
1
Fluide chaud : St c = C f Pr − 0 ,7
2
C f = coefficient de frottement donné
par FEMM (7.10) (formule de Colebrook):
 ε 0 , 883 
= − 2 , 5 Ln  0 , 285 +
1
Cf / 2  d Re C f / 2 
 
ε = rugosité de la paroi (hauteur moyenne des
aspérités)
(4.23)
4.2.2.4. – TUBES CIRCULAIRES COURTS

Vers l’entrée d’un tube, l’établissement du régime dynamique a pour corollaire une
augmentation du coefficient h. En première approximation, on pourra tenir compte de cette
propriété par la correction C( L / d ) suivante :
(4.24)
L / d < 60 ; St = St ∞ C( L / d )
L/d 5 10 15 20 30 40 50 60
C(L/d) 1,32 1,2 1,15 1,12 1,09 1,06 1,03 1
St ∞ calculé pour un tube long

4.2.2.5. – TUBES CORRUGUÉS (OU ANNELÉS)

Les tubes corrugués sont obtenus par moletage d’un tube lisse. Les sillons ont pour
effet de créer une turbulence et d’accentuer le transfert thermique. En contrepartie, les pertes
de charge sont également accrues (FEMM, Ch.7).
Les notations sont les suivantes (fig. 4.1) : pour les corrugations, pas = l ;
hauteur = e ; pour le tube, diamètre int érieur = d .

FIG. 4.1. – Exemple de tube corrugué.

Nous proposons, d’après Goth, Feidt et coll. :

(4.25)
10 < Re < 7.10 ; 7 < l / e < 14 ; 0 ,05 < e / d < 0 ,11
4 4

fluide : eau ; tube long (régime établi)


  l 
0 ,8 1 + 0 , 2 exp  −  
    20 e  
α
 
Pr  Re 
St =  
 112  1 − exp  − 0 , 22 l  
Re
  e  
 
fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7
St, Re et Pr évalués à Tm

Lorsque e / l → 0 , on retrouve les formules (4.21) de Dittus et Boelter relatives au


tube lisse.
4.2.2.6. – SECTIONS NON CIRCULAIRES

A condition d’utiliser pour longueur de référence L° le diamètre hydraulique Dh (par


exemple Dh = 4 b pour la section rectangulaire plate, voir § 4.2.1.3), il est raisonnable
d’utiliser les corrélations (4.21) à (4.24) dans les sections non circulaires. La marge
d’incertitude sera un peu plus élevée mais les ordres de grandeur obtenus resteront corrects.

4.2.3. – Régimes de transition

Dans un avant-projet, lorsqu’on se trouve dans la situation où Rec < Re < 10 4 (pour
la section circulaire Rec ≈ 2200 , pour les autres sections ≈ 2500 ), le plus simple consiste à
interpoler entre St (Re = 10 4 ) calculé en régime turbulent et St (Re = Rec ) calculé en régime
laminaire.
Pour des tubes circulaires, la corrélation de Hausen offre une garantie supplémentaire :

(4.26)
2200 < Re < 10000 ; Pr > 0 ,66
0 ,14
0 ,116  d 
2/3  µ 
St = (Re 2 / 3 − 125 ) Pr − 2 / 3 1 +    
Re  L   µ p 

µ à la température moyenne de mélange
µ p à la température moyenne de paroi

4.3. – COEFFICIENTS D’ÉCHANGE EXTERNES

On range dans la catégorie « échange externe » le transfert de chaleur à la paroi


extérieure des tubes. Cette dénomination concerne donc en particulier les écoulements autour
des faisceaux de tubes, mais aussi l’échange à la périphérie du tube central dans un espace
annulaire (§ 4.4).

4.3.1. – Échangeurs tubulaires à courants croisés

Il s’agit d’échangeurs dans lesquels l’écoulement autour des tubes est sensiblement
perpendiculaire au faisceau de tubes. Cette disposition concerne soit des échangeurs assez
courts, soit encore des échangeurs à chicanes (§ 4.3.3).

4.3.1.1. – GÉOMÉTRIE D’UN FAISCEAU

Le faisceau peut être en ligne (fig. 4.2) ou en quinconce (fig. 4.3).

♣ Dans un faisceau en ligne, les tubes sont disposés suivant un pas rectangulaire qui peut
être en particulier un pas carré.
FIG. 4.2. – Faisceau en ligne

♦ Le faisceau est en quinconce si les tubes sont placés aux sommets de triangles
isocèles : on dit alors que le pas est triangulaire (avec en cas particulier le pas triangulaire
équilatéral).

FIG. 4.3 – Faisceau en quinconce

♥ Paramètres caractéristiques
Les grandeurs représentatives de la géométrie d’un faisceau sont répertoriées ci-
dessous :
D = diamètre extérieur des tubes
S L = pas longitudinal (entre-axes dans le sens de l’écoulement)
ST = pas transversal (entre-axes perpendiculairement à l’écoulement)
S D = pas diagonal (pour un faisceau en quinconce)
SL S S
e L+ = ; eT+ = T ; e D +
= D : pas adimensionnés (ou relatifs)
D D D
L = longueur du faisceau
N L = nombre de nappes longitudinales (rangées de tubes parallèles à l’écoulement)
N T = nombre de nappes transversales (rangées de tubes perpendiculaires à
l’écoulement).
‹ Le nombre de tubes d’une nappe transversale est donc égal au nombre N L de nappes
longitudinales.
N.B. Dans un faisceau en quinconce, ST vaut deux fois la distance entre deux nappes
longitudinales.

‹ La notation S L , ST , S D est usuelle mais pas très heureuse : ces grandeurs ne sont
pas ici des sections mais des longueurs ; ainsi, la section de passage transversale entre deux
tubes est ( S L − D ) L .
.

4.3.1.2. – GRANDEURS DE RÉFÉRENCE

On choisit pour longueur de référence conventionnelle de l’écoulement dans le


faisceau le diamètre extérieur des tubes :
L° = D (4.27a)

Comme vitesse de référence V ° , nous adopterons la vitesse débitante frontale dans la


calandre vide, les tubes étant supposés ôtés ; soit, en appelant S ° la section droite de la
calandre :
q q
V°= m = (4.27b)
ρ S° S°
On a donc en particulier ici :
V ° D qm D h h S°
Re = = et St = = (4.27c)
ν µ S° ρ C p V ° qm C p
ou encore (§ 4.1.5.♣) :
GD h
Re = et St = avec G = ρ V° (4.27d)
µ G Cp

4.3.1.3. – CALCUL DU COEFFICIENT MOYEN D’ÉCHANGE

Pour le calcul de St, puis de h, nous retiendrons les formules suivantes (Boissier et al.,
1971), construites avec les grandeurs conventionnelles que nous venons de définir, et en
particulier avec la vitesse (4.27b). Elles sont valables dans une large gamme de nombres de
Reynolds, car les sinuosités dans le parcours du fluide engendrent un brassage qui s’apparente
à un mouvement turbulent, même pour les faibles valeurs de Re (c’est en ce sens que nous
avons parlé au paragraphe 3.4.3 de fluide brassé). La distinction laminaire – turbulent n’a
donc pas lieu d’être envisagée, et la température T∞ peut être identifiée à la température de
mélange Tm (§ 4.1.3).
♣ Faisceau en ligne

Pr > 0 ,66 ; 10 2 < Re < 2.10 5 ; N T ≥ 10


 0 ,6 
  eT+ + 0 , 90 
St = 0 ,023  1 + 6 , 2  +
 e − 0 , 98 
( )
 e L+
− 0 ,2 
 Re
− 0 ,32
Pr α
  T  
St, Re et Pr à la température moyenne de mélange Tm
Fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7
(4.28)

♦ Faisceau en quinconce

On est amené ici à introduire un paramètre adimensionnel supplémentaire :


eT+ − 1 eT+ − 1
Ψ =
(+
−1 )=  
(4.29a)
( )
2 eD  1 
2
2 
2   eT+  + e L+ − 1
  2  
La valeur de Ψ est représentative de l’endroit où le fluide franchit sa section minimale
de passage. En effet, après avoir traversé l’espace ( ST − D ) entre deux tubes d’une nappe
transversale, le fluide doit contourner un tube de la nappe suivante, et donc traverser deux
espaces de largeur ( S D − D ) (fig. 4.3). Selon que le plus étroit de ces passages est le premier
ou le second, on a ( ST − D ) < 2 ( S D − D ) ou ( ST − D ) > 2 ( S D − D ) , c’est-à-dire Ψ < 1
ou Ψ > 1 . Dans le premier cas, la situation est comparable à celle d’un faisceau en ligne. Au
contraire, dans le second, l’expérience montre que Ψ joue un rôle significatif dans
l’expression de St.

Pr > 0 ,66 ; 10 2 < Re < 2.10 5 ; N T ≥ 10


Si Ψ ≤ 1 :
  29 eT+ 
0 ,66 
  − 0 ,346
St = 0 ,023  1 +  − 1   Re Pr α
 e+ − 1 
  T  
Si Ψ > 1 :
  29 Ψ 1,2 eT+ 
0 ,66 
  − 0 ,346
St = 0 ,023  1 +  −1   Re Pr α
 e −1
+ 
  T  
St, Re et Pr évalués dans les deux cas à la température moyenne de
mélange Tm
Fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7
(4.29b)

♫♪ Dans le cas particulier d’un faisceau triangulaire équilatéral, on a Ψ = 0 , 5 .


♥ Cas des faisceaux peu épais

Les formules précédentes sont valables pour un nombre N T de nappes transversales


au moins égal à 10, le régime dynamique étant alors considéré comme établi. Pour N T < 10 ,
le brassage est moins important, ce qui se traduit par une légère détérioration du coefficient
d’échange. Il y a lieu alors de multiplier St par un terme correctif C < 1 (Tableau 4.1) :
St ( N T < 10 ) = C . St ( N T ≥ 10 ) (4.30)

NT 2 3 4 6 8 10
en 0,74 0,82 0,88 0,94 0,98 1
quinconce
en ligne 0,80 0,87 0,90 0,94 0,98 1

Tableau 4.1 - Terme correctif C pour N T < 10 (relation 4.30)

4.3.1.4. – COMMENTAIRES

♣ Avec des écarts de température Tc − T f importants, il est préférable d’évaluer Re et Pr


à la température moyenne de film TF (4.4 et 4.11).
♦ On cite souvent pour le calcul de St la formule de Grimison, ou sa version généralisée
(Incropera).
‹ Cette formule est construite sur une autre vitesse de référence qui est la vitesse
dans la plus petite section de passage entre deux tubes, et non la vitesse V ° définie par (4.27b)
(de même d’ailleurs que les expressions donnant les pertes de charge : voir FEMM, Ch. 7).
Son inconvénient est de faire intervenir des coefficients tabulés, alors que (4.28) et (4.29b)
sont complètement analytiques.
♥ En toute rigueur, les expressions ((4.28) et (4.29b) ont été établies pour des gaz. La
comparaison avec d’autres formules au champ d’application plus large (telle que la formule
générale de Grimison) montre une bonne concordance dans le cas des liquides. On peut donc
leur attribuer une validité assez étendue.
♠ Lorsque la section S ° de la calandre n’est pas constante dans le sens de l’écoulement,
on est condamné à prendre une section moyenne ou conventionnelle pour définir la vitesse de
référence V ° . Les résultats devront être considérés avec les précautions d’usage.

4.3.1.5. – À PROPOS DE LA LONGUEUR DE RÉFÉRENCE L°

Dans les formules citées (4.28 et 4.29b) aussi bien que dans la formule de Grimison, la
longueur de référence choisie est le diamètre extérieur D des tubes.

‹ Si l’on raisonne en termes de similitude, ce choix est inadapté. En effet, la grandeur


significative de l’écoulement est la longueur caractéristique Lc définie par Lc = (volume de
la veine fluide) /( surface latérale), ou encore, conformément à l’usage, le diamètre
hydraulique D h = 4 L c (FEMM, § 2.A.4 et 6.6.1). Cette longueur Lc est d’ailleurs la même
pour un écoulement parallèle aux tubes (§ 4.3.2) ; en plus de D, elle fait intervenir les pas S L
et ST .
Très peu d’auteurs retiennent Dh comme grandeur de référence. Ceci n’a pas de
conséquences lorsqu’on veut simplement bâtir des grandeurs sans dimension. Mais il faut bien
voir que, avec L° ≠ Dh , Re et St perdent leur signification de critères de similitude.

4.3.1.6. – QUEL FAISCEAU CHOISIR : EN LIGNE OU EN QUINCONCE ?

Le choix d’une géométrie peut évidemment dépendre de contraintes de fabrication. Au


point de vue thermique, le faisceau en quinconce assure un coefficient de transfert plus élevé
(approximativement 10% de plus que le faisceau en ligne) en raison du meilleur brassage du
fluide, avec une distribution de température à la périphérie de chaque tube un peu plus
uniforme que dans le faisceau en ligne. Mais en contrepartie les pertes de charge sont
majorées (FEMM, § 7.3.4).

4.3.2. – Échangeurs tubulaires à courants parallèles

On rencontre occasionnellement des échangeurs tubulaires dans lesquels l’écoulement


en calandre est sensiblement parallèle aux tubes, et qui se rangent donc dans les catégories
« co-courant pur » ou « contre-courant pur » (fig. 4.4). Il y a lieu alors d’adapter les
grandeurs de référence L° et V ° .

FIG. 4.4. – Échangeur tubulaire à courants parallèles

La vitesse V ° est logiquement la vitesse débitante de l’écoulement en calandre. La


section S de veine fluide à prendre en compte est évidemment :
 π D 2 
S = sec tion calandre S ° −  nombre de tubes × (4.31a)
 4 
 
Pour L° , on doit prendre la longueur caractéristique de l’écoulement, qui est dans tous
les cas (FEMM, § 6.6.1):

Lc = volume de fluide / surface des parois (4.31b)

ou encore le diamètre hydraulique D h = 4 L c .


‹ À cet égard, il faut souligner fortement que la définition de Lc est indépendante de la
direction de l’écoulement en calandre, et que Dh est donc le même si l’écoulement est
perpendiculaire au faisceau de tubes (§ 4.3.1.5).
Dans le calcul de Dh , on néglige toujours la surface intérieure de la calandre, ce qui
est parfois discutable. Alors le volume de fluide associé à un tube est un prisme dont la
section est un rectangle (faisceau en ligne, fig. 4.5) ou un losange (faisceau en quinconce, fig.
4.6) moins la section du tube.

FIG. 4.5. – Section de veine fluide associée à un tube. Faisceau en ligne.

FIG. 4.6. - Section de veine fluide associée à un tube. Faisceau en quinconce.

En raisonnant sur une tranche du faisceau de longueur unité, on a donc :


4 × sec tion hachurée
L° = D h =
πD
soit pour le faisceau en ligne :

Dh =
(
4 ST S L − π D 2 / 4 )
πD
et pour le faisceau en quinconce :
1 π D 2 
4  ST × 2 S L −
2 4 
Dh = 
πD
Ainsi, l’expression de Dh est la même dans les deux cas :

ST S L
Dh = 4 −D (4.31c)
πD

‹ mais attention (voir fig. 4.5 et 4.6) : ST n’a pas la même définition pour les deux
géométries !

En construisant Re et St sur V ° et Dh , on obtiendra le coefficient d’échange côté


calandre au moyen de la corrélation proposée par Mahfoud et al. :
(4.32)
5.10 3 < Re < 10 5
St = 0 ,026 Re − 0 ,18 Pr α
St , Re et Pr à Tm
Fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7

En ce qui concerne la perte de charge en calandre, les mêmes auteurs proposent :


1
C f = 0 ,030 Re − 0 ,2
2
ou (4.33)
− 0 ,2
Λ = 4 C f = 0 , 24 Re
Λ étant le coefficient classique de perte de charge (FEMM, 6.133).

4.3.3. – Échangeurs à faisceau de tubes et chicanes

4.3.3.1. – RÔLE DES CHICANES

Dans beaucoup d’échangeurs tubulaires, le mouvement du fluide autour du faisceau


est modifié grâce à la présence de plaques perpendiculaires aux tubes, qui obturent
partiellement la section de la calandre (fig. 4.7).
Ces chicanes ont un triple rôle :
- faire circuler le fluide presque perpendiculairement au faisceau de tubes
- allonger le temps de séjour du fluide dans la calandre
- augmenter la turbulence,
toutes choses qui accroissent le flux de chaleur transféré.
Elles présentent cependant l’inconvénient d’augmenter les pertes de charge dans la
calandre, et par conséquent la consommation d’énergie nécessaire pour faire circuler le fluide.
Désignons par « l » l’espacement des chicanes et par « f » la hauteur de la fenêtre
laissée libre pour le fluide au droit de chaque chicane. Si Dc est le diamètre de la calandre
(ou sa hauteur lorsqu’elle est de section rectangulaire), le meilleur compromis pour la
disposition des chicanes paraît être :
l f
≅1; ≅ 0 , 25 à 0 , 3
f Dc
Les chicanes normalisées correspondent à l / f = 1 et f / Dc = 0 , 25 .

FIG. 4.7. – Échangeur à faisceau de tubes et chicanes

Dans la calandre, il y aura inévitablement un certain passage de fluide à travers les


chicanes par les petits espaces qui subsistent autour des tubes et en bordure de calandre : une
étanchéité parfaite n’est pas réalisable, ni même souhaitable car l’effet de ces court-circuits
est plutôt bénéfique dans la mesure où ils provoquent localement une élévation du coefficient
d’échange.
Les données numériques relatives au transfert de chaleur prennent en compte cet
aspect du problème, soit de façon fine, soit sur des bases moyennes.

4.3.3.2. – ÉVALUATION DU COEFFICIENT D’ÉCHANGE CÔTÉ CALANDRE

♣ Nous donnons ci-dessous des estimations du nombre de Stanton relatives à deux


situations courantes : pas carré (faisceau en ligne) ou pas triangulaire équilatéral (faisceau en
quinconce). Elles sont tirées des abaques publiés (abaque est un nom masculin) par Tinker.
Des données plus complètes se trouvent dans les ouvrages de Kakaç ou Fraas.

Pour les deux cas :


1) la longueur de référence L° est le diamètre extérieur des tubes D
2) la vitesse de référence V ° est la vitesse entre deux rangées de tubes (dans la section
minimale de passage S min , voir § 4.3.1.3♦ et § 4.3.1.4).
3) le nombre de Reynolds, noté Reh , est affecté de coefficients correcteurs tenant compte de
la géométrie du chicanage :
V ° D Fh 1
Reh = avec Fh = (4.34)
ν M 1 + N h Dc / S T
N h et M sont fournis numériquement.
4) St, Reh et Pr sont calculés à la température moyenne de mélange Tm .

♦ Faisceau à pas carré ( ST = S L )

30 < Reh < 10 4


St = 0 , 235 Reh− 0 ,37 Pr α
Fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7
(4.35a)
M = 0 , 96
N h est donné dans le tableau 4.2.

Tableau 4.2. – Faisceau à pas carré. Coefficient correctif N h

♥ Faisceau à pas triangulaire équilatéral ( ST = S D , fig. 4.3)

30 < Reh < 10 4


St = 0 ,16 Reh− 0 ,21 Pr α
Fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7
(4.35b)

M = 0 , 88
N h est donné dans le tableau 4.3.
Tableau 4.3. – Faisceau triangulaire équilatéral. Coefficient correctif N h

4.3.4. – Échangeurs à tubes ailetés

4.3.4.1. – EFFICACITÉ D’UNE AILETTE

Les ailettes qui peuvent être disposées à la périphérie des tubes (ou sur des plaques)
ont pour objet d’accroître la surface d’échange.
Cependant, en raison du gradient de température qui existe dans l’ailette, un mètre
carré d’ailette n’est pas équivalent à un mètre carré de paroi. On est alors conduit à
caractériser globalement une « efficacité de l’ailette ».
Procédons à l’appel des grandeurs suivantes :

ϕ a = densité moyenne de flux à la surface d’une ailette


h = coefficient moyen de convection à la surface d’une ailette
ϕ max = densité moyenne de flux à la surface pour une ailette de température uniforme
égale à la température T p de la paroi (c’est-à-dire une ailette de conductivité infinie)
Tm = température de mélange du fluide au niveau de l’ailette considérée

On a, bien entendu :
ϕ max = h ( T p − Tm ) (4.36a)

Notons de plus :
Σ a = surface totale d’une ailette (incluant les deux faces)
Σ L = surface latérale de la paroi entre deux ailettes (température T p )

Le flux total transféré par la paroi ailetée a donc pour valeur, en considérant le tronçon
associé à une ailette :
Φ t = ϕ max Σ L + ϕ a Σ a (4.36b)

On définit « l’efficacité ε d’une ailette » par le rapport :


ϕa
ε = (4.37)
ϕ max
d’où : ϕ a = ε ϕ max ( ε < 1 )
et : Φ t = ϕ max ( Σ L + ε Σ a )
soit d’après (4.36a) :

Φ t = h ( Σ L + ε Σ a ) ( T p − Tm ) (4.38)

Pour l’ensemble de la paroi ailetée :


Φ = Φ t × nombre d' ailettes (4.39)

♪♫ On notera la parenté de ε avec l’efficacité d’un échangeur (§ 3.2). Les deux concepts
sont tout à fait analogues.

‹ Attention : il existe un sérieux flottement dans la terminologie. En anglais, ε est appelée


soit « efficiency » (Zukauskas, …) soit « effectiveness » (Kays & Crawford, …). Et dans
certains ouvrages en français, ε porte le nom de « rendement de l’ailette », cependant que le
substantif « efficacité » concerne un autre paramètre. Il sera prudent de toujours bien vérifier
la définition de la grandeur utilisée.

4.3.4.2. – CALCUL DE L’EFFICACITÉ POUR DES AILETTES CIRCULAIRES

Dans les traités de thermocinétique, on trouvera le calcul de ε pour des configurations


variées. En pratique cependant, on se sert volontiers d’abaques donnant ε en fonction des
paramètres géométriques et thermiques.
Ainsi, pour les ailettes circulaires (fig. 4.8), posons :
De = diamètre extérieur de l’ailette
b = hauteur de l’ailette = ( De − D ) / 2
e = épaisseur de l’ailette ; l = distance entre deux ailettes
λa = conductivité thermique de l’ailette
h = coefficient d’échange moyen

FIG. 4.8. – Coupe d’un tube aileté


Le calcul montre que ε dépend à la fois du rapport De / D et du groupement
adimensionnel b ( 2 h / λ a e )1 / 2 , comme il apparaît sur l’abaque de la figure 4.9.

1/ 2
 2h 
b  
 λa e 
FIG. 4.9. – Efficacité d’une ailette circulaire d’épaisseur e constante,
pour différentes valeurs de De / D

4.3.4.3. – ORDRE DE GRANDEUR DU COEFFICIENT h MOYEN POUR DES AILETTES


CIRCULAIRES

Dans un faisceau de tubes à ailettes, St dépend non seulement des paramètres


géométriques du faisceau, mais encore de b, l, e, et De . Il devient donc difficile de proposer
des formules générales. Nous nous limitons ici à quatre exemples (d’après Fraas) qui peuvent
permettre de procéder à une première estimation numérique.

‹ Attention deux fois : Dans les formules qui suivent, la vitesse de référence V ° est la
vitesse dans la plus petite section de passage du fluide (notée S min : il s’agit bien là d’une
surface, et non d’une longueur comme le sont les pas S L etc.). On a donc (cf. 4.1.5♣):
q q
V° = ou G = ρ V° = m (4.40a)
S min S min

V°D q D
Re = = (4.40b)
ν S min ν
• Pour un faisceau en ligne (fig. 4.2), S min est la section transversale de passage entre les
tubes, soit avec S ° = section de calandre et N L = nombre de nappes longitudinales :
S min = S ° − L D N L (4.40c)

• Pour un faisceau en quinconce (fig. 4.3), la section minimale de passage entre deux nappes
correspond soit à l’intervalle transversal ( ST − D ) / 2 , soit à l’intervalle diagonal ( S D − D ) ,
selon la disposition des tubes. Il faudra donc comparer ces deux intervalles et calculer S min
cas par cas.

• Quelques exemples pour des faisceaux en quinconce


Les quatre formules données correspondent à des pas d’ailettes (l) à peu près
identiques ; elles sont valables pour :
900 < Re < 10 4
la température de référence étant la température moyenne de mélange.

Toujours dans le cas des faisceaux en quinconce, pour Re > 900 , ST / D ≤ 4 et


N T ≥ 4 , on pourra prendre comme coefficient de frottement [Chai, 1988] :

0 ,55 0 ,6 0 ,174
− 0 ,233 b  D   D 
C f = 1, 748 Re       (4.41e)
l   ST   SL 
4.3.4.4. – ÉCHANGEURS COMPACTS À TUBES ET AILETTES PLANES

Beaucoup d’échangeurs compacts sont montés avec des ailettes réunies entre elles, qui
constituent donc des feuilles planes traversées par le faisceau de tubes (voir Problème N° 11).
Voici d’après Fraas un exemple de corrélation correspondant à cette disposition :

Pas triangulaire (quinconce) 400 < Re < 10 4


S L = 22 mm D = 10 , 2 mm e = 0 , 33 mm
ST = 25 ,4 mm l = 3 ,17 mm
St = 0 ,167 Re − 0 ,4 Pr − 2 / 3
(4.41f)

‹ Dans Re, la vitesse V ° correspond à la plus petite section de passage, c'est-à-dire ici à
l’intervalle ST ; la température de référence est Tm .
L’efficacité des ailettes pourra en première approche être tirée de la figure 4.9, en
prenant pour De le diamètre équivalent de la surface d’ailette associée à un tube.

4.4. – COEFFICIENTS D’ÉCHANGE DANS UN CONDUIT ANNULAIRE

4.4.1. – Paramètres caractéristiques

De nombreux échangeurs sont constitués par deux tubes circulaires coaxiaux, et


rentrent donc dans la catégorie des échangeurs à courants parallèles. Il y a là, dans l’espace
annulaire, deux coefficients d’échange à considérer : h1 à la paroi externe du tube intérieur
(rayon R1 ) et h2 à la paroi interne du tube extérieur (rayon R2 ) (fig. 4.10).

FIG. 4.10. – Écoulement dans un tube annulaire.


1 : paroi convexe ; 2 : paroi concave

La longueur de référence L° de l’écoulement (diamètre hydraulique Dh ) est


maintenant (FEMM, § 6.6.1.5) :
L° = Dh = 2 ( R2 − R1 ) (4.42)
La vitesse de référence V ° est toujours la vitesse débitante V, d’où le nombre de
Reynolds :
Re = 2 V ( R2 − R1 ) / ν (4.43)

En toute rigueur, les nombres de Stanton relatifs aux deux parois dépendent non
seulement de Re et Pr, mais également des valeurs de R1 et R2 , plus précisément du
« facteur de forme » R2 / R1 .

4.4.2. – Écoulement laminaire établi (tubes longs)

4.4.2.1. – PAROI CONVEXE

On considère ici la paroi externe du tube intérieur, c’est-à-dire la partie convexe de la


surface latérale (rayon R1 ).
♣ Paroi convexe à température T p1 uniforme ; paroi concave isolée
D’après Incropera, pour :
Re < 2000 ; Pr > 0 ,66
le calcul donne, en fonction de R2 / R1 :

Le cas limite R2 / R1 = 1 correspond à un canal rectangulaire peu épais avec une


paroi isolée.

♦ Flux ϕ p1 uniforme sur la paroi convexe ; paroi concave isolée


La même expression (4.44) de St s’applique ici, avec les valeurs suivantes de Nu :

R2 / R1 20 10 5 2,5 1,25 1
Nu 17,8 11,9 8,5 6,58 5,58 5,38

4.4.2.2. – PAROI CONCAVE

Il s’agit maintenant de la paroi interne du tube extérieur, de rayon R2 .


♣ Paroi convexe isolée ; température T p 2 uniforme sur la paroi concave
Le cas « paroi convexe isolée » correspond en particulier à certains échangeurs
baïonnette, pour lesquels on peut admettre ϕ p1 << ϕ p 2 .
La même expression (4.44) s’applique, µ p étant prise à la température de la paroi
concave, mais avec de nouvelles valeurs de Nu :

R2 / R1 20 10 4 2 1
Nu 4,06 4,11 4,23 4,43 4,86

♦ Paroi convexe isolée ; flux ϕ p 2 uniforme sur la paroi concave


Toujours (4.44), avec µ p prise à T p 2 , et pour Nu :

R2 / R1 20 10 5 2,5 1,25 1
Nu 4,79 4,83 4,89 4,98 5,24 5,38

Dans des cas plus complexes (paroi non isolée), on se reportera par exemple à
Incropera et de Witt.

4.4.3. – Écoulement turbulent, tubes longs et lisses

Lorsque le régime est turbulent dans le tube annulaire, les valeurs du nombre de
Stanton sont voisines sur la paroi concave et sur la paroi convexe. On prendra donc
indifféremment pour l’une ou l’autre :
(4.45)
Re > 2000 ; Pr > 0 ,66
Fluide froid
St = 0 ,023 ( R2 / R1 ) 0 ,14 Re − 0 ,2 Pr − 0 ,6
Fluide chaud
St = 0 ,023 ( R2 / R1 ) 0 ,14 Re − 0 ,2 Pr − 0 ,7

expressions qui constituent une généralisation des corrélations de Dittus-Boelter (4.21).

4.4.4. – Tube intérieur corrugué

L’effet des corrugations (§ 4.2.2.5 et fig. 4.1) se fait évidemment sentir aussi sur le
coefficient d’échange à la paroi convexe dans l’annulaire. Sur la base des travaux de Goth et
coll., nous proposons :

10 4 < Re < 7.10 4 ; 7 < l / e < 14 ; 0 ,05 < e / d < 0 ,11


 l 
St =  0 ,51 −  Re − 0 ,4 Pr α
 100 e 
St, Re et Pr à la température moyenne de mélange
Fluide froid : α = − 0 ,6 ; fluide chaud : α = − 0 ,7
(4.46)
4.5. – LITS DE PARTICULES

Il existe des échangeurs où le transfert de chaleur s’opère entre un fluide et un milieu


solide fractionné. Le fluide concerné est en général un gaz. Quant au milieu solide, il est
constitué par un empilement de billes, ou « particules », dont la taille va de quelques
millimètres à quelques centimètres. Celles-ci peuvent être des sphères, des cylindres, des
cubes, ou avoir une forme indéfinissable.
On parle de « lit de particules » lorsque l’empilement de billes constitue une matrice
rigide, ou de « lit fluidisé » lorsque les particules bénéficient d’une certaine mobilité, qui se
traduit par une agitation désordonnée provoquée par le fluide en écoulement.

Dans cette géométrie, pour caractériser la longueur de référence L° à prendre en


compte, on devrait en toute rigueur se tourner vers la longueur caractéristique
Lc = volume veine fluide / surface latérale
définie dans FEMM (6.122c) (voir aussi § 4.3.1.5 du présent chapitre). C’est ainsi que
procède par exemple S. Whittaker.

Cependant, pour simplifier la manipulation des formules, on adopte souvent :


L° = D diamètre moyen des particules
s’inspirant en cela de ce qui a déjà été fait avec les écoulements dans les faisceaux de tubes.

La vitesse de référence V ° est la vitesse débitante dans la section moyenne de passage :


V = q v / S ; S ≅ cte

Pour un gaz circulant dans un empilement rigide de sphères (lit de particules), en


introduisant la « porosité » ε du milieu :
volume des vides
ε =
volume total
Incropera & de Witt citent la relation simple :
(4.47)
90 < Re < 4000 ; Pr ≅ 0 ,7 ; 0 , 30 < ε < 0 , 50
2 ,06
St = Re − 0 ,575 Pr − 2 / 3
ε

Avec des billes cylindriques courtes, St doit être minoré d’environ 20%, et de 30% s’il
s’agit d’un empilement de cubes.
Chapitre 5

ÉCHANGEURS À CHANGEMENT DE PHASE

Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front.

Genèse, 3.19
(préfiguration de l’échangeur
à changement de phase)

Le chapitre 4 a permis de faire le point sur les coefficients de transfert dans les
échangeurs à fluides monophasiques. Il reste maintenant à envisager le cas des appareils où
l’un des fluides subit un changement de phase, soit que l’on ait besoin de produire de la
vapeur ou du liquide, soit que l’on veuille accroître les transferts en utilisant la chaleur latente
de changement d’état. Le changement de phase se produisant à température constante, ces
appareils sont donc des « échangeurs à fluide isotherme » (voir § 2.4).

5.1. – GÉNÉRALITÉS

♣ Un « condenseur » est un échangeur dans lequel le fluide froid provoque un


changement de phase du fluide chaud, qui passe de l’état de vapeur à l’état liquide.
Inversement, « l’évaporateur » utilise le fluide chaud pour faire passer le fluide froid de l’état
liquide à l’état de vapeur. On réserve les termes « chaudière » ou « générateur de vapeur »
aux évaporateurs destinés à fournir de la vapeur d’eau sous pression pour la production
d’énergie mécanique ou électrique. Tous sont des échangeurs à paroi sensiblement isotherme,
dont le facteur de déséquilibre R est voisin de zéro (§ 2.4 et 3.5.2).
‹ Dans un condenseur, on va donc produire à la surface d’échange un film liquide ;
dans un évaporateur on fait des bulles, qui pourront former un film de vapeur si le flux de
chaleur est assez intense (ébullition en film, § 5.3.1). Le fait physique marquant est que dans
les deux cas la présence de ce film entraîne une résistance thermique supplémentaire qui tend
à diminuer le flux de chaleur. Autrement dit, le produit même que l’on souhaite obtenir
constitue un frein à sa propre production. Il y aura donc un optimum à trouver en ce qui
concerne l’épaisseur du film dans un condenseur, et il faudra éviter autant que possible la
formation d’un film de vapeur dans un évaporateur (où de toute façon la vapeur se forme dans
les bulles, et où on n’a donc pas besoin d’un film de vapeur entre la paroi et le liquide en
ébullition).
Au point de vue pratique, signalons dès à présent que la résistance thermique du film
sera incluse dans les expressions du coefficient d’échange pariétal h.
♦ Compte tenu de ce qui précède, il sera logique de prendre comme température de
référence pour le calcul des caractéristiques thermophysiques la température de film TF (voir
§ 4.1.3).
♥ D’autre part, on ne s’étonnera pas de voir les forces de pesanteur prendre ici une place
déterminante : il est clair que dans un gaz, le condensat, dont la masse volumique est
considérablement plus importante, va s’écouler vers le bas ; à l’inverse, dans un liquide, la
vapeur se dirigera spontanément vers le haut.
Les mécanismes de la convection avec changement de phase sont donc complexes et
ne se prêtent guère à une formulation allégée. Dans certaines dispositions simples cependant,
on peut faire confiance à quelques formules classiques pour accéder à l’ordre de grandeur du
coefficient h. On notera qu’il est plus commode ici d’exprimer directement h, sans passer par
les critères de similitude.
♠ Nomenclature
Cl = chaleur massique de la phase liquide (J/kg.K)
d = diamètre intérieur d’un tube
D = diamètre extérieur d’un tube
g = accélération de la pesanteur
LV = chaleur latente de changement de phase (J/kg)
Tv = température de la vapeur saturante (ou température du liquide à la saturation)
T p = température de paroi
σ = tension superficielle du liquide (N/m)

Indice « l » : phase liquide


Indice « v » : phase vapeur

5.2. – CONDENSEURS

Les condenseurs sont la plupart du temps des échangeurs tubulaires : à serpentin,


bitubes, à faisceau de tubes et calandre, ou encore à tubes et ailettes. Les données qui suivent
concernent la seconde et la troisième de ces familles.

5.2.1. – Condensation à l’extérieur d’un tube horizontal

♣ Le film liquide se forme tout autour du tube, mais sous l’effet des forces de pesanteur
son épaisseur sera plus grande à la partie inférieure, d’où il va ruisseler (fig. 5.1). Il y a donc
une dissymétrie dans la distribution locale du coefficient h. On donne en général comme
valeur moyenne :

0 , 25
 g ρ l λ3l LV 
h = 0 ,725  
 ν l D ( Tv − T p ) 
 
ν l et λl pris à la température de film TF = ( Tv + T p ) / 2
(5.1)
Avec l’eau, on atteint assez couramment des coefficients d’échange avoisinant
10 000 W / m 2 K .

♦ Si le condenseur comporte des nappes verticales, le condensat formé sur chaque tube
s’écoule et contribue à épaissir le film liquide sur les tubes situés au-dessous, d’où une baisse
du coefficient h (qui inclut, rappelons-le, la résistance thermique du film). Dans un faisceau
assez serré, il peut même y avoir continuité du film liquide entre les tubes inférieurs de la
nappe (fig. 5.1b). Sur les N tubes d’une nappe, on admet alors un coefficient de transfert
moyen pour l’ensemble des tubes :
hm = h N − 0 ,25 (5.2)
où h est calculé pour le tube supérieur de la nappe.

FIG. 5.1. – Condensation en film : a) sur un tube horizontal ;


b) sur une rangée de tubes avec continuité du film entre les nappes ;
c) avec écoulement en gouttes (d’après Incropera et de Witt)

♥ Cependant, lorsqu’on se trouve en présence d’un écoulement de vapeur rapide et


perpendiculaire aux tubes, le coefficient d’échange est très supérieur à ce que donne la
formule 5.1, et il faut prendre d’autres bases de calcul [cf. Zukauskas, Kakaç].
♠ Un paramètre important est évidemment la quantité de vapeur condensée par seconde,
c’est-à-dire le « débit-masse de condensat » q ml ; il a pour expression :
Φ h Σ ( Tv − T p )
q ml = = (5.3)
LV LV

5.2.2. – Condensation à l’extérieur d’un tube vertical

♣ En s’écoulant le long de la paroi verticale, le film de condensation s’épaissit, et il en


résulte une dégradation du coefficient h.
À une abscisse x (mesurée le long de la paroi, dans le sens de l’écoulement)
l’épaisseur du film est δ ( x ) , notée simplement δ , et sa vitesse débitante V f ( x ) , notée
également V f pour alléger l’écriture. On définit alors un nombre de Reynolds local de
l’écoulement :
V f Dh
Re = (5.4a)
νl
où Dh est le diamètre hydraulique (FEMM, § 6.6.1.5) ; sachant que le contact entre le film et
la paroi se fait sur une longueur π D , on a :
4 π Dδ
Dh = =4δ (5.4b)
πD
en admettant que δ << D ; d’où :
4 Vf δ
Re = (5.5a)
νl
Soit q ml le débit-masse de condensat à l’abscisse x :
q ml = ρ V f π D δ (5.5b)
On voit que Re s’écrit aussi, en remplaçant ν l par µ l / ρ l :
4 q ml
Re = (5.5c)
π D µl
En particulier, à la base du tube ( x = H ), q mlH est le débit total (formule 5.3), d’où :
4 q mlH
Re H = (5.5d)
π D µl

♦ Si l’on a Re H < 30 environ, l’écoulement est laminaire sur l’ensemble de la paroi.


Toutefois, ce cas correspond à des hauteurs H très petites (quelques cm) et n’a guère d’intérêt
pratique.
♥ Avec Re H > 30 , le film commence à être assez épais et rapide, et l’écoulement est
laminaire-ondulé.
Kutadeladze recommande pour 30 < Re H < 1800 une expression de la forme :

1/ 3
 g  Re H
h = λl  2  (5.6)
ν  1,08 Re H1,22 − 5 , 2
 l 

h étant une valeur moyenne sur l’ensemble de la paroi. Les paramètres λ l et ν l sont toujours
estimés à la température de film TF .
♠ Au-delà de Re H = 1800 , le film « dégouline » et l’écoulement devient franchement
turbulent, ce qui se traduit par une remontée du coefficient h. Cependant il faut pour y
parvenir des hauteurs de tubes relativement importantes ( H ≈ 2 m ) rarement atteintes dans
les appareils courants.
‹ En pratique, on dispose pour évaluer Re H d’une formule qui n’est peut-être pas
totalement fiable, mais qui servira de point de départ à une itération [J. Gosse] :
0 ,75
 1/ 3 
  g H 
3
1 C pl ( Tv − T p ) 
Re H ≈ 4   2   (5.7)
  ν l  Pr l LV 
 
On en déduit h, puis Φ et q mlH , ce qui permet de recalculer Re H et d’affiner les
valeurs précédentes.

5.2.3. - Condensation sur une paroi plane verticale

Appelons L la longueur de la paroi (dans la direction horizontale). La longueur de


contact avec le film est donc L, et la section du film L δ , d’où Dh = 4 × L δ / L = 4 δ , et
Re = 4 V f δ / ν l , identique au cas du tube. Par contre, le débit s’écrit q ml = ρ V f L δ , de
sorte que :
q
Re H = 4 ml
L µl
On peut conserver le même repère ( Re H < 1800 ) et la même formule (5.6) que dans
le cas du tube vertical.

5.2.4. - Condensation à l’intérieur d’un tube horizontal

Lorsque la condensation a lieu à l’intérieur d’un tube horizontal l’entraînement du film


liquide, qui assure l’évacuation du condensat, est commandé soit par la pesanteur (si le tube
est incliné) soit par le gradient de pression dans l’écoulement de vapeur.
Dans le premier cas, correspondant à des vitesses de vapeur pas trop élevées, le
condensat occupe la partie inférieure du tube et sa dynamique est celle d’un écoulement à
surface libre. On dispose ici de la formule de Chato :
(5.8)
Re < 35000 à l’entrée
0 , 25
 g ρ l λ3l LV 
h = 0 , 555  
 ν l d ( Tv − T p 
 
λ l et ν l estimés à TF

Lorsque l’entraînement est assuré par la vapeur, l’écoulement du film liquide est de
type annulaire, comme ce serait aussi le cas dans un tube vertical sous le simple effet de la
pesanteur.
De toute façon, la longueur des tubes devra être limitée si on ne veut pas se trouver en
présence d’un bouchon liquide.
Enfin, des études ont montré que l’utilisation de tubes rainurés (rainures hélicoïdales
de faible profondeur et proches les unes des autres) augmente le coefficient h d’un facteur 2
environ [Marvillet & Messan, Congrès TEC 88].
5.3. - ÉVAPORATEURS ET GÉNÉRATEURS DE VAPEUR

5.3.1. - Mécanismes de l’ébullition

L’ébullition est un changement de phase liquide T gaz qui se produit à une interface
solide-liquide. Elle peut se manifester sous deux aspects :

• Pour des flux modérés, l’ébullition est « nucléée ». Le processus se caractérise par la
formation de bulles de vapeur qui grossissent, puis se détachent de la surface et sont
remplacées par du liquide. Leur dynamique est conditionnée en particulier par la tension
superficielle de ce liquide.

• A partir d’un « flux critique » ϕ c , la formation de vapeur est suffisamment rapide pour
qu’un film de vapeur sépare en permanence la paroi du liquide : c’est « l’ébullition en film ».
Ce flux critique dépend lui aussi de la tension superficielle ; il est approché par l’expression
[Zuber & Tribus] :
ϕ c ≈ cte × ρ v0 ,5 LV ( σ ρ l g ) 0 ,25 (en W / m 2 ) (5.9a)
avec :
− 0 ,2
 ρl σ 3 
cte = 0 ,13 + 4 µ l0 ,8   (5.9b)
 g 
 
(les notations ont été spécifiées au § 5.1.♠).

L’ébullition nucléée constitue en principe le régime le plus favorable, du fait que les
mouvements engendrés par les bulles provoquent un brassage du liquide et un accroissement
du coefficient d’échange. Au contraire, dans l’ébullition en film, la couche de vapeur est à
l’origine d’une résistance thermique supplémentaire, qui peut en outre entraîner une
surchauffe de la paroi.

5.3.2. – Ébullition en film à l’extérieur d’un tube horizontal

Lorsque l’on considère un tube isolé, il existe une ressemblance assez marquée entre
l’ébullition en film et la condensation, ce qui se traduit par une expression du coefficient
d’échange présentant la même structure que (5.1). La valeur moyenne de h sur la paroi est en
effet approchée par :
(5.10)
0 , 25
 g ρ v λ 3v LV 
h = 0 ,62  
 ν v D ( T p − Tv 
 
ν v , λ v à la température de film

Par contre, lorsque l’échangeur comporte des rangées verticales de tubes, les deux
situations ne sont plus du tout comparables, car les bulles de vapeur qui proviennent des tubes
inférieurs provoquent une agitation du liquide, ce qui a plutôt tendance à augmenter un peu le
coefficient d’échange à la paroi des tubes supérieurs. Le phénomène est d’ailleurs
sensiblement plus marqué en ébullition nucléée, quand les flux sont modérés.
5.3.3. – Ébullition nucléée à l’intérieur d’un tube horizontal

Une analyse de nombreux résultats expérimentaux a permis à Dembi, Dhar et Arona


de proposer une corrélation pour l’ébullition nucléée de réfrigérants en conduite horizontale ;
cette corrélation est adaptée ici pour fournir directement le flux à la paroi :
2 ,78 0 ,39
 λl   1 
1,78
 G2 d 
gd 
0 ,75
ϕ p = 23400 ( T p − Tv )     
 (5.11)
 σ ρl 
 D  ρ v LV w    LV 

−3
où w = 0 , 36.10 ( p critique / p ) 1 ,4
représente la vitesse de formation des bulles, G étant la
vitesse massique du mélange (§ 4.1.5).

5.3.4. – Ébullition nucléée en cuve

L’ébullition nucléée est réalisée très souvent dans une enceinte où il n’y a pas de
circulation forcée et où la hauteur de la couche liquide est grande devant le diamètre des
bulles : on parle alors d’ébullition en cuve.
Une estimation du flux à la paroi ϕ p est donnée par la corrélation de Rosenhow, pour
de l’eau :
3
 g ρ l   Cl ( T p − Tv ) 
0 ,5
ϕ p = µ l LV     (5.12)
 σ   K LV Pr l 
Surface polie : K ≅ 0 ,013
Surface rugueuse : K ≅ 0 ,006

La valeur de ϕ p ainsi obtenue est vraiment un ordre de grandeur. Cependant,


Incropera note avec humour que si l’estimation de ϕ p à partir de T p − Tv peut être affectée
d’une erreur allant jusqu’à 100% (vu que T p − Tv et K sont élevés au cube), inversement la
marge d’erreur se trouve divisée par trois si on évalue T p − Tv à partir de ϕ p . On se console
comme on peut !
La difficulté provient en réalité du fait que les bulles se forment à la paroi à partir de
sites de nucléation dont le nombre et la distribution statistique sont très difficiles à apprécier.
La rugosité et la température exacte de surface jouent donc évidemment un rôle déterminant
dans le processus.

5.4. – REMARQUES SUR LA PRÉCISION DES FORMULES

Les expressions (5.1) et (5.8), de même que (5.10), peuvent sous-estimer un peu h. En
toute rigueur, on devrait remplacer ρ l par ρ l − ρ v et LV par une chaleur latente modifiée
L'V > LV . Ces raffinements n’ont qu’une faible incidence et peuvent être négligés au stade de
l’avant-projet.
Chapitre 6

ÉVALUATION DU NUT ET DU FLUX TRANSFÉRÉ

Parturiunt montes ; nascetur ridiculus mus…

HORACE

6.1. – RÉSISTANCES D’ENCRASSEMENT

Pour être en mesure de calculer la puissance thermique d’un échangeur, il faut


connaître son NUT, donc son coefficient d’échange global k. Celui-ci prend en compte les
coefficients de convection hc et h f relatifs au fluide chaud et au fluide froid, ainsi que la
résistance thermique de la paroi.
Très souvent, on pourrait en toute quiétude négliger cette résistance si n’intervenait le
phénomène de l’encrassement : il s’agit d’un dépôt solide (boues, calcaire, agglomération de
particules…) qui se forme irrégulièrement sur les parois des échangeurs. Par exemple, dans
une chaudière classique, on observera une couche de suie du côté des fumées, et un dépôt de
tartre du côté de l’eau.
Nous nous limiterons ici à l’aspect strictement thermique du phénomène, qui se traduit
par l’apparition d’une résistance supplémentaire R e à la paroi, nommée « résistance
d’encrassement ». Il se trouve en effet que la conductivité thermique de ces dépôts (encore
appelés films d’encrassement) est généralement faible par rapport à celle des parois. Leur
résistance thermique n’est donc pas négligeable et doit être prise en compte dans le calcul de k.
Ceci entraîne bien entendu une diminution des performances thermiques des échangeurs au
bout d’un certain temps de fonctionnement.
Les valeurs des résistances d’encrassement sont très variables car elles dépendent du
type d’échangeur utilisé, de la nature des fluides et de la structure des écoulements.
Cependant, l’expérience montre qu’au fil du temps elles atteignent presque toujours une
valeur asymptotique, ce qui est déjà rassurant. De ce fait, les calculs d’avant-projet seront
conduits en prenant en compte cette valeur limite, et fourniront ainsi une borne inférieure pour
les performances.
On trouvera dans des ouvrages plus spécialisés [Duffau & coll.] l’ordre de grandeur
des diverses résistances d’encrassement. Citons seulement comme exemples, pour des
échangeurs tubulaires :
eau de mer à T < 50 °C R e ≈ 10 − 4 m 2 . K .W −1

eau de mer à T > 50 °C 2.10 − 4


eau de ville à T < 50 °C 2.10 − 4
eau de ville à T > 50 °C 3,5.10 − 4
eau de rivière 3,5 à 7.10 − 4
vapeur d’eau non grasse 1.10 − 4
vapeur d’eau grasse 2.10 − 4
liquides réfrigérants 1,8.10 − 4
fioul 4 à 9.10 − 4
essence, gazole 2.10 − 4
huiles de lubrification 1,8.10 − 4
air non dépoussiéré 3,5.10 − 4
produits de combustion gazeux 20 à 70.10 − 4

Dans les échangeurs à plaques, les résistances sont en moyenne quatre fois plus
faibles.

Pratiquement, on doit distinguer les résistances d’encrassement R ec côté fluide chaud


et R ef côté fluide froid, la résistance totale étant pour une paroi plane :
R e = R ec + R ef (6.1)
Il faut enfin noter que dans les cas de faible encrassement, et si l’un au moins des deux
fluides est un gaz, on pourra négliger la résistance thermique de la paroi devant la résistance
de convection 1 / h dans le gaz.

6.2. – CALCUL DU NUT

6.2.1. – Échangeurs à paroi plane

Si la surface d’échange est une paroi plane (ou une paroi mince par rapport à son
rayon de courbure) d’épaisseur e et de conductivité λ , on a bien entendu, en se rapportant à
l’unité de surface :
1 1 e 1
= + + Re + (6.2a)
k hc λ hf
d’où :
kΣ K
NUT = = (6.2b)
qt min qt min
K = k Σ désignant la conductance globale de l’échangeur (en W/K, cf. § 3.3). La puissance
de l’appareil est alors :
Φ = k Σ ( < Tc > − < T f > ) (6.2c)

avec, selon la notation (4.11) :


< Tc > = température moyenne de mélange du fluide chaud
Tce + Tcs
= en première approximation
2
< T f > = température moyenne de mélange du fluide froid
T fe + T fs
= en première approximation
2

6.2.2. – Paroi de forme quelconque non encrassée

Il y a un problème lorsque la paroi qui sépare les deux fluides n’est pas plane : la
surface d’échange Σ c côté fluide chaud est différente de la surface d’échange Σ f côté fluide
froid. Le flux total est conservé, mais la densité de flux ne l’est pas.
Considérons d’abord le cas simplifié où il n’y a pas d’encrassement ( R e = 0 ) et
écrivons la conservation du flux total Φ :
λ
Φ = Σ c hc ( < Tc > − < T pc > ) = Σ m ( < T pc > − < T pf > )
e (6.3)
= Σ f h f ( < T pf > − < T f > )
où l’on a noté :
< T pc > = température moyenne de paroi côté fluide chaud
< T pf > = température moyenne de paroi côté fluide froid
Σm = surface « moyenne » de la paroi = ( Σ c + Σ f ) / 2 en première approximation
pour une paroi mince

‹ Il est bon de rappeler au passage que le symbole de moyenne < > est généralement
omis lorsqu’il n’y a pas de risque de confusion avec les valeurs locales Tc , T f , etc.

Les relations (6.3) s’écrivent encore :

< Tc > − < T pc > < T pc > − < T pf > < T pf > − < T f >
Φ = = =
1 e 1 1
Σ c hc λ Σm Σ f hf
soit, en additionnant numérateurs et dénominateurs :

< Tc > − < T f >


Φ = (6.4)
1 e 1 1
+ +
Σ c hc λ Σ m Σ f hf
Suivant que l’on fait le calcul soit côté fluide froid soit côté fluide chaud, et en gardant
une même température de référence ( < Tc > − < T f > ), on peut exprimer Φ de deux
manières différentes en introduisant un « coefficient global d’échange k f côté fluide froid »
ou un « coefficient global d’échange k c côté fluide chaud » :
Φ = k c Σ c ( < Tc > − < T f > )
= k f Σ f ( < Tc > − < T f > ) (6.5)
= K ( < Tc > − < T f > )
avec :
kc Σ c = k f Σ f = K (6.6a)
où l’on retrouve la conductance globale K de l’échangeur (§ 6.2.1), qui a pour expression
d’après (6.4) et (6.5) :
−1
 1 e 1 1 
K = + +  (6.6b)
 Σ c hc λ Σm Σ f hf 

A partir de (6.6a) les coefficients d’échange globaux s’expriment alors comme suit :
1 1 e Σc Σ 1
= + + c (6.6c)
kc hc λ Σm Σ f hf
1 Σf 1 e Σf 1
= + + (6.6d)
kf Σ c hc λ Σ m h f
Enfin, le NUT se calcule comme en (6.2b) :
K
NUT = (6.7)
qt min

6.2.3. – Cas général

♣ Ce qui vient d’être dit s’étend immédiatement aux cas où l’on a de surcroît des
résistances d’encrassement R ec et R ef , et des ailettes d’efficacité ε , par exemple du côté du
fluide chaud (relations 4.37 et 4.38). Alors, K est donnée par :
−1
 1 R ec e 1 R ef 1 
K = + + + +  (6.8)
( Σ L + ε Σ a ) hc ΣL + ε Σa λ Σm Σf Σ f h f 
Si les ailettes sont du côté fluide froid, le facteur Σ L + ε Σ a se trouve associé aux
termes en Σ f , et l’on a toujours :
NUT = K / qt min (6.9)

♦ Cependant, pour un calcul approché, et en l’absence d’ailettes, il est acceptable de


procéder comme avec la paroi plane (formule 6.2) en prenant Σ c ≅ Σ f ≅ Σ m . En particulier,
avec des tubes cylindriques, on adopte souvent :
D+d
Σm = π L (6.10a)
2
Si l’on préfère dissocier les deux surfaces, alors, Σ f / Σ c = D / d ou d / D , et
Σ c / Σ m (ou Σ f / Σ m ) = 2 d /( d + D ) ou 2 D /( d + D ) .
De ce fait, il subsiste un seul coefficient d’échange global k, tel que :
K = k Σm (6.10b)
cette relation venant en remplacement de (6.6a).

6.2.4. – Aspects pratiques

Dans les circonstances courantes, les coefficients d’échange hc et h f seront estimés à


partir des données répertoriées aux chapitres 4 et 5.
Les résultats numériques dépendront évidemment des propriétés thermophysiques des
fluides, et par conséquent des températures de référence prises en compte. Cette dépendance
est plus ou moins importante selon les fluides et selon les gradients de température dans
l’échangeur. En cas d’incertitude, il est toujours prudent de procéder à une itération : la
première estimation de K permet de mieux cerner les températures de référence et de
conduire éventuellement un second calcul des coefficients h à partir de ces nouvelles bases
(voir Problèmes).

Les valeurs numériques du coefficient d’échange global k peuvent se situer dans une
large fourchette. Pour fixer un peu les idées, voici quelques exemples d’ordres de grandeur :

échangeurs eau – vapeur d’eau k ≈ 1000 à 4000 W m − 2 K −1

eau – eau 800 à 1700


eau – fluide frigorigène 300 à 850
vapeur d’eau – fioul lourd 50 à 170
vapeur d’eau – kérosène 300 à 1100
vapeur d’eau – air 30 à 280
air – eau 30 à 300
air – air 30 à 120

6.2.5. – Calcul du flux

Le NUT permet de connaître l’efficacité de l’échangeur, du moins dans l’un des cas
recensés sur le tableau 3.1. Si les températures d’entrée sont données, le calcul du flux total
échangé s’effectue au moyen de la relation 3.12 :

Φ = E qt min ( Tce − T fe ) (6.11)


Plus généralement, si E et deux températures (entrée ou sortie) sont connues, il est aisé
de déterminer les deux autres températures (relations 3.10 et 3.11) et par conséquent le flux.
Chapitre 7

LES RÉSEAUX D’ÉCHANGEURS

Le propre des problèmes de fond est de ne


jamais remonter à la surface.

Alphonse ALLAIS

Les échangeurs sont le plus souvent utilisés seuls, mais il n’est cependant pas rare de
les rencontrer en groupes ; là comme dans toutes les sociétés, une rétroaction se manifeste
entre les comportements individuels et le comportement collectif. Il faut donc adapter les
procédés de calcul à ces situations plus complexes.
Les montages en réseaux sont d’abord employés tout naturellement dans les circuits de
distribution ramifiés ou maillés (réseaux de chaleur par exemple), où les appareils sont
répartis pour répondre chacun à un besoin local. Mais une autre raison peut militer en faveur
d’une disposition en réseau : l’impossibilité de réaliser certaines conditions d’échange quand
l’efficacité demandée est trop importante, ou le coût de l’appareil idoine trop élevé. La
solution passe alors par un assemblage judicieux de plusieurs échangeurs.

7.1. – GÉNÉRALITÉS

7.1.1. – Comment assembler des échangeurs

Un échangeur est tout compte fait une sorte de quadripôle qui possède deux bornes
pour le fluide froid et deux bornes pour le fluide chaud. L’interdiction de mêler les circuits ne
laisse donc que quatre possibilités d’assemblage :

- montage en série sur chaque fluide


- montage en parallèle sur chaque fluide
- montage en série – parallèle
• en série sur le fluide chaud et en parallèle sur le fluide froid
• en série sur le fluide froid et en parallèle sur le fluide chaud

Le montage « tout parallèle » est peu employé car moins intéressant, tout au moins en
régime permanent.
D’autre part, un réseau peut être linéaire ou maillé. Dans ce dernier cas, les deux
fluides ne traversent pas les échangeurs dans le même ordre (§ 7.4.1). Enfin, certains réseaux
complexes utilisés en génie des procédés font appel à plus de deux fluides ; nous ne ferons ici
qu’effleurer ce vaste sujet (§ 7.5).

7.1.2. – Hypothèses de calcul

Comme hypothèses de calcul, on retiendra :

• Canalisations de raccordement isolées : les températures intermédiaires Tci , T f i … sont


donc uniformes entre deux échangeurs.
• Chaleurs massiques des fluides constantes dans chaque circuit : la conservation des débits
massiques entraîne la conservation des débits thermiques unitaires sur les deux parcours.

7.2. – MONTAGE EN LIGNE EN SÉRIE SUR LES DEUX FLUIDES

7.2.1. – Présentation

Dans un réseau en série, les écoulements sont globalement co-courant ou globalement


à contre-courant. Nous ne considérons ici que la disposition à contre-courant.
‹ Les échangeurs sont numérotés 1, 2, ... i, … n, dans le sens de circulation du fluide
chaud (fig. 7.1) ; ils peuvent être de modèles et de caractéristiques différentes. Le long de
chaque circuit les températures intermédiaires portent le numéro de l’échangeur précédent.

FIG. 7.1. – Réseau d’échangeurs : montage en série sur chaque fluide,


écoulements globalement à contre - courant

Dans cette disposition, la seconde hypothèse (7.1.2) a pour conséquence immédiate


que le facteur de déséquilibre est le même pour tous les échangeurs :
qt min
Ri = = cte = R (7.1)
qt max
Par contre, l’efficacité Ei va dépendre de l’échangeur i considéré.
7.2.2. – Approche méthodologique

Lorsqu’on traite un réseau d’échangeurs, deux questions se posent immédiatement :


Quel est le comportement global de l’ensemble ? Quelle est la distribution de température à
l’intérieur du réseau ? Ceci revient en pratique à chercher les températures aux bornes du
réseau et les températures intermédiaires Tc ,i , T f ,i .
En regardant la figure 7.1, on soupçonne qu’un calcul par récurrence à partir de
l’échangeur 1 serait bien adapté au problème. Cependant, il est difficile de s’appuyer sur
l’efficacité E (§ 3.2) car son expression en fonction des températures ne se prête justement pas
à ce type de calcul. Par contre, un groupement de la forme
( Tci − T f ,i + 1 ) /( Tc ,i − 1 − T f i )
fait intervenir les écarts de température correspondant au même « côté de l’échangeur »
lorsqu’on parcourt le réseau, et devrait donc convenir.

♣ Pour alléger le formalisme, raisonnons d’abord sur un échangeur seul en calculant


( Tcs − T fe ) /( Tce − T fs ) . Additionnons puis retranchons Tce au numérateur et T fe au
dénominateur, ensuite regroupons en faisant apparaître l’écart des températures d’entrée
( Tce − T fe ) :
Tcs − T fe ( Tce − T fe ) − ( Tce − Tcs )
=
Tce − T fs ( Tce − T fe ) − ( T fs − T fe )
En divisant membre à membre par ( Tce − T fe ) on voit se matérialiser les efficacités
E c et E f côté chaud et côté froid, selon les définitions (3.7) et (3.8) :
Tce − Tcs
1−
Tcs − T fe Tce − T fe 1 − Ec
= = (7.2a)
Tce − T fs T fs − T fe 1 − Ef
1−
Tce − T fe
La transposition à l’échangeur i (fig. 7.1) s’écrit immédiatement :
Tci − T f ,i + 1 1 − E ci
= (7.2b)
Tc ,i − 1 − T f i 1 − E f i

♦ Si qt min = qtc , alors E c = E et E f = R ec = R E . On a donc pour l’échangeur isolé :


Tcs − T fe 1− E
= (7.3a)
Tce − T fs 1 − RE
et pour l’échangeur i :
Tci − T f ,i + 1 1 − Ei
= (7.3b)
Tc ,i − 1 − T f i 1 − R Ei

♥ Si qt min = qtf , E f = E et E c = R E f = R E . on a de même :


Tcs − T fe 1 − RE Tci − T f ,i + 1 1 − R Ei
= et = (7.4)
Tce − T fs 1− E Tc ,i − 1 − T f i 1 − Ei
♠ Revenons à l’expression générale (7.2b). Dans l’assemblage, on part de l’échangeur 1 :
Tc1 − T f 2 1 − E c1
= (7.5a)
Tce − T fs 1 − Ef1
Pour l’échangeur 2 :
Tc 2 − T f 3 1 − Ec 2
= (7.5b)
Tc1 − T f 2 1 − Ef2
et ainsi de suite jusqu’à l’échangeur n :
Tcs − T fe 1 − E cn
= (7.5c)
Tc ,n − 1 − T fn 1 − E fn
En faisant le produit membre à membre de toutes les équations, il ne reste que les
quatre températures aux bornes du réseau :
i=n
Tcs − T fe 1 − Eci
Tce − T fs
= ∏
i=1
1 − E fi
(7.6)

7.2.3. – Efficacité de l’échangeur équivalent au réseau

7.2.3.1. – CAS GÉNÉRAL

Il est évidemment indispensable de caractériser les performances globales du réseau ;


ceci revient au fond à considérer un échangeur unique équivalent à l’ensemble.
Soit donc Et l’efficacité totale du réseau. D’après (7.2a), l’échangeur équivalent doit
satisfaire à la relation :
Tcs − T fe 1 − Etc
= (7.7)
Tce − T fs 1 − Etf

♣ Admettons d’abord que qt min = qtc . Alors, pour chaque échangeur :


Eci = Ei ; E fi = R Ei (7.8a)
et (7.6) devient :
i=n
Tcs − T fe 1 − Ei
Tce − T fs
= ∏
i=1
1 − R Ei
(7.8b)

De même, pour l’échangeur équivalent :


Etc = Et ; Etf = R Et (7.9a)
soit, avec (7.7) :
Tcs − T fe 1 − Et
= (7.9b)
Tce − T fs 1 − R Et

En rapprochant (7.8b) et (7.9b) il vient :


i=n
1 − Et 1 − Ei
1 − R Et
= ∏
i =1
1 − R Ei
(7.9c)

d’où :

n
1 − Ei
1− ∏ 1 − RE
i=1 i
Et = n
(7.10)
1 − Ei
1−R ∏
i=1
1 − R Ei

Bien entendu, l’efficacité totale Et s’exprime aussi par les formules classiques (§ 3.2) :
Tce − Tcs 1 T fs − T fe
Et = = (7.11)
Tce − T fe R Tce − T fe
Ainsi, lorsque les efficacités Ei des différents échangeurs sont connues, il suffit que
soient données deux températures aux extrémités du réseau pour être en mesure de déterminer
les deux autres.

♦ Supposons maintenant que qt min = qtf . Cette fois, E f = E et Ec = R E . Le calcul est


analogue et donne le même résultat (7.10).

7.2.3.2. – CAS PARTICULIER : RÉSEAU D’ÉCHANGEURS IDENTIQUES

♣ On a dans ce cas :
Ei = cte = E' (7.12a)
L’efficacité totale a pour valeur, d’après (7.10) :
n
 1 − E' 
1 −  
 1 − R E' 
Et = n
(7.12b)
 1 − E' 
1 − R  
 1 − R E' 
En étudiant la fonction Et ( E' ) il est aisé de vérifier que l’on a toujours :
Et > E'

Souvent, le problème se présentera ainsi : disposant d’échangeurs dont l’efficacité est


désignée par E’, combien doit-on en grouper pour atteindre une efficacité totale Et donnée
( Et > E' ) ? La réponse se déduit de (7.9c) qui devient ici :
n
1 − Et  1 − E' 
=   (7.13a)
1 − R Et  1 − R E' 
de sorte que :
1 − Et
log
1 − R Et
n= (7.13b)
1 − E'
log
1 − R E'
On retient bien entendu pour n l’entier le plus proche de la valeur donnée par (7.13b).

♦ D’autre part, il n’est jamais superflu de jeter un œil sur les situations limites. Nous en
avons deux ici :

• Si R = 1 , la fonction (7.12b) est indéterminée. On pose R = 1 − ε , avec ε → 0 .


Alors :
1 − E' 1 − E' 1
= =
1 − R E' 1 − E' + ε E' ε E'
1+
1 − E'
et l’on peut écrire :
n
 1 − E'  ε E'
  ≈ 1 − n
 1 − R E'  1 − E'
Avec (7.12b), ceci conduit à :
n E'
ε
1 − E'
Et ≈
 n E'  n E'
ε  1 +  − ε 2
 1 − E'  1 − E'
et après simplifications, en négligeant le terme en ε 2 du dénominateur :
n E'
Et = (7.14)
1 + ( n − 1 ) E'
De là on déduit immédiatement le nombre minimal d’échangeurs nécessaire pour
atteindre une efficacité Et donnée :
E ( 1 − E' )
n= t (7.15)
E' ( 1 − Et )

• Si n → ∞ , puisque R < 1 on a dans (7.13a) :


n
1 − E'  1 − E' 
< 1 d’où   → 0
1 − R E'  1 − R E' 
et alors :

Et → 1 (7.16)

On constate donc qu’il est toujours possible d’atteindre une efficacité voisine de 1 en
groupant en série un nombre suffisant d’échangeurs.
7.2.4. – Applications

7.2.4.1. – ÉCHANGEURS P-N

Un échangeur P-N (chapitre 1) est assimilable à un réseau de P échangeurs


élémentaires de type 1-N disposés en série (voir par exemple les figures 1.7 et 1.8). En
désignant par E1 l’efficacité d’un échangeur 1-N (tableau 3.1), l’efficacité de l’appareil
s’écrit, d’après (7.12b) :
P
 1 − E1 
1 −  
 1 − R E1 
E= P
(7.17)
 1 − E1 
1 − R  
 1 − R E1 
Un calcul numérique de Elim = E( NUT → ∞ ) pour R donné permet de constater que
les appareils P-N ( P ≥ 2 ) se placent en troisième position dans le tableau 3.1, juste après les
modèles à courants croisés sans fluide brassé. Ainsi, pour P = 2 et R = 0 ,75 on trouve
Elim = 0 , 86 alors qu’avec un échangeur 1-N on a seulement Elim = 0 ,66 .

7.2.4.2. – ÉCHANGEURS TUBULAIRES À CHICANES À UNE SEULE PASSE

Un appareil de ce type entre dans la catégorie des échangeurs à modules (§ 1.3.1). Au


prix d’une hypothèse sur les températures moyennes d’entrée et de sortie dans les différents
modules, on peut considérer chacun d’eux comme un échangeur élémentaire à courants
croisés, avec un fluide brassé. L’échangeur complet constitue alors un assemblage en ligne
d’échangeurs en série sur chaque fluide.
L’intérêt du dispositif est mis en lumière si l’on compare les performances de chaque
module à celles de l’ensemble. Pour un échangeur simple à courants croisés, lorsque
NUT → ∞ on a toujours Elim < 1 (§ 3.5.3. et tableau 3.1). Par contre, il est possible
d’approcher une efficacité totale voisine de 1 en associant un nombre suffisant de modules
d’efficacité E’, puisqu’on obtient dans tous les cas Et > E' (§ 7.2.3.2 ♦).

7.2.5. – NUT de l’échangeur à contre-courant équivalent

La plupart du temps, les relations entre l’efficacité totale Et et les efficacités


individuelles Ei suffisent pour résoudre le problème (§ 7.2.3). Dans certaines recherches
d’optimisation cependant, il peut être utile de faire intervenir les nombres d’unités de transfert.
Mais on ne peut associer un NUT à l’échangeur équivalent que si l’on a préalablement
précisé à quelle catégorie appartient cet échangeur. Connaissant la hiérarchie des
performances entre les différentes catégories (§ 3 .5), il est naturel de choisir comme
référence un appareil à contre-courant.
Nous désignerons donc par NUTt cc le NUT de l’échangeur à contre-courant
équivalent au réseau. D’après le tableau 3.1, il se rattache à l’efficacité totale Et par la
relation :
1 1 − R Et
NUTt cc = Ln (7.18)
1− R 1 − Et
D’autre part, si chacun des échangeurs i était à contre-courant pur, il aurait lui-même
un NUT :
1 1 − R Ei
NUTi cc = Ln (7.19)
1− R 1 − Ei
Reportons-nous à l’expression (7.10) de Et . On en tire :
 n  n
1 − Ei  1 − Ei

Et  1 − R
 ∏
i=1
1 − R Ei 
=1− ∏ 1 − RE
i=1 i
 
ou encore :
n
1 − Ei
(1 − R Et ) ∏ = 1 − Et
1 − R Ei
i=1
ce qui permet de faire apparaître les rapports de la forme ( 1 − R E ) /( 1 − E ) que l’on trouve
dans (7.18) et (7.19), car l’expression précédente s’écrit aussi :
n
1 − R Et 1 − R Ei
1 − Et
= ∏
i =1
1 − Ei
(7.20)

En rapprochant (7.18) de (7.20) il vient :

n
1 − R Ei
∑ Ln
1
NUTt cc = (7.21)
1−R 1 − Ei
i=1

où l’on reconnaît les NUTi cc (7.19) des échangeurs i considérés comme étant à contre-
courant pur. On a donc finalement :

n
NUTt cc = ∑ NUT
i=1
i cc (7.22)

Le NUT de l’échangeur à contre-courant équivalent est la somme des NUT des


différents échangeurs supposés à contre-courant pur.

‹ Si les échangeurs ont tous la même efficacité :


Ei = cte = E'
alors d’après (7.19) ils ont également le même NUT, que nous noterons NUTcc , et (7.22)
devient :

NUTt cc = n NUTcc (7.23)


7.2.6. – Modes opératoires

Les situations concrètes que l’on peut rencontrer sont évidemment diverses. Nous en
sélectionnerons quelques unes à titre d’exemple.

♣ Le nombre des échangeurs, leur modèle et les débits sont donnés


On veut connaître l’efficacité totale Et .

A partir des débits et de la géométrie des échangeurs, on accède aux coefficients


d’échange k i , puis aux NUTi relatifs à la circulation réelle et enfin aux efficacités Ei . On
détermine alors Et par (7.10) ou (7.12b).

♦ Efficacité totale et débits sont fixés ; les échangeurs sont tous identiques
Combien d’appareils faut-il mettre en série ?

La question a déjà été envisagée à propos des réseaux d’échangeurs identiques


(§7.2.3.2). La réponse est donnée par les relations (7.13b) ou (7.15). Elle s’applique
également aux échangeurs chicanés à une passe (§ 7.2.4.2).

♥ Trois des quatre températures d’entrée – sortie sont fixées, ainsi que les débits
Les échangeurs sont tous identiques

On décide par exemple a priori le nombre et la catégorie des appareils.


Il reste quand même une inconnue : la surface d’échange Σ ' de chaque élément.

Avec trois températures fixées, et connaissant qt min , on obtient tout de suite


l’efficacité totale Et . Puis, de (7.12b) on tire les efficacités individuelles E’ :
1/ n
 1 − Et 
1 −  
 1 − R Et 
E' = 1/ n
(7.24)
 1 − Et 
1 − R  
 1 − R E t 
d’où les NUT individuels, puisque la catégorie des appareils a été précisée.
D’autre part, la connaissance des débits permet de calculer les coefficients d’échange k.
Enfin, de NUT et k on déduit la surface Σ ' nécessaire pour répondre aux spécifications.

♠ Détermination des températures intermédiaires T fi , Tci

L’accès aux températures intermédiaires ne pose aucun problème particulier une fois
que l’on dispose des températures aux bornes. Elle se fait de proche en proche à partir de
l’échangeur 1 ou n.
Dans certains cas, on cherchera à minimiser les écarts Ti − Ti − 1 pour limiter les
contraintes thermiques. Cette condition se traduira par une adaptation du nombre et de la
qualité des échangeurs.
7.3. – MONTAGE EN SÉRIE – PARALLÈLE

Une autre possibilité d’assemblage consiste à faire circuler un des fluides en série et à
distribuer l’autre en parallèle sur les échangeurs.

7.3.1. – Le circuit série est le circuit du fluide chaud

Ici, les températures d’entrée du fluide froid sont toutes identiques, égales à T fe . Mais,
contrairement à ce qui se passait avec les montages en série, le facteur de déséquilibre R
dépend en général de l’échangeur i considéré, car le débit de fluide froid n’est pas forcément
le même dans chaque branche du circuit parallèle (fig. 7.2). Il y a donc intérêt à raisonner sur
le circuit série.

FIG. 7.2. – Réseau d’échangeurs : montage en série


sur le fluide chaud et en parallèle sur le fluide froid

Notre objectif concerne à nouveau le comportement global du réseau, que nous allons
donc tenter de caractériser en faisant appel à un échangeur équivalent.
Écrivons d’abord l’efficacité relative de chaque échangeur côté fluide chaud :
T − Tc1
E c1 = ce (7.25a)
Tce − T fe
Tc1 − Tc 2
Ec 2 = (7.25b)
Tc1 − T fe
…………………
Tc ,i − 1 − Tc ,i
E ci = (7.25i)
Tc ,i − 1 − T fe
………………...
Tc ,n − 1 − Tcs
Ec n = (7.25n)
Tc ,n − 1 − T fe
Si le réseau était remplacé par un seul appareil équivalent, celui-ci aurait une efficacité
relative côté fluide chaud :
T − Tcs
E ct = ce (7.26)
Tce − T fe
Pour déterminer E ct , le mieux est d’exprimer Tcs en fonction de Tce , T fe et des
efficacités partielles E ci . De (7.25a) on tire :
Tc1 = ( 1 − E c1 ) Tce + E c1 T fe (7.27a)
et de (7.25b) :
Tc 2 = ( 1 − E c 2 ) Tc1 + E c 2 T fe
soit, en reprenant (7.27a) :
Tc 2 = ( 1 − E c1 ) ( 1 − E c 2 ) Tce + ( E c1 − E c1 E c 2 + E c 2 ) T fe
que l’on peut encore écrire :
Tc 2 = ( 1 − E c1 ) ( 1 − E c 2 ) Tce + {1 − ( 1 − E c1 ) ( 1 − E c 2 )} T fe (7.27b)

L’expression ci-dessus se prête parfaitement à un processus de récurrence, et l’on a


immédiatement :
n  n 
Tcs = ∏
i =1

( 1 − E ci ) Tce + 1 −
 i =1
∏ 
( 1 − E ci ) T fe

(7.27n)

On peut comparer cette relation avec la valeur de Tcs tirée de (7.26) :


Tcs = ( 1 − E ct ) Tce + E ct T fe (7.28)
et il vient, par identification des coefficients :
n
E ct = 1 − ∏ (1 − E
i=1
ci ) (7.29)

L’efficacité totale (ou globale) côté fluide chaud s’exprime donc exclusivement en
fonction des efficacités individuelles E ci .

7.3.2. - Le circuit série est le circuit du fluide froid

C’est maintenant la température Tce d’entrée du fluide chaud qui est commune à tous
les échangeurs (fig. 7.3).
Le même calcul est conduit en raisonnant toujours sur le circuit série, c’est-à-dire
maintenant sur les efficacités côté fluide froid :
T f 1 − T fe
Ef1 = (7.30a)
Tce − T fe
………………….

avec une efficacité totale :


T fs − T fe
E ft = (7.30b)
Tce − T fe
et l’on obtient pour l’efficacité globale côté fluide froid :
n
E ft = 1 − ∏ (1 − E
i=1
fi ) (7.31)

FIG. 7.3. – Réseau d’échangeurs : montage en série sur le fluide froid


et en parallèle sur le fluide chaud

7.3.3. - Efficacité du réseau : forme générale

♣ En fait, les deux cas de figure n’en font qu’un si l’on raisonne sur le circuit série : E ct
et E ft ont des expressions identiques (7.29 et 7.31) que l’on peut regrouper dans la formule
suivante :

n
E St = 1 − ∏ (1 − E
i=1
Si ) (7.32a)

où l’indice S fait référence au circuit série.


L’efficacité totale E St s’écrit aussi en fonction des températures aux bornes du réseau,
en fusionnant (7.26) et (7.30b) :
Te série − Ts série
E St = (7.32b)
Tce − T fe

♦ Dans le cas particulier où les échangeurs sont tous identiques et sont traversés par les
mêmes débits côté circuit parallèle, on a :
E Si = cte = E 'S
et l’efficacité du réseau devient :
(
E St = 1 − 1 − E 'S ) n
(7.32c)
‹ Mais attention, ici on ne peut pas aisément effectuer le passage à la limite n → ∞ , ou
chercher le nombre n d’échangeurs nécessaires pour atteindre une efficacité donnée, comme
cela fut le cas dans le montage en série (§ 7.2.3.2). En effet, en faisant varier n, on modifie les
débits dans les branches du circuit parallèle puisque le débit total est généralement donné, de
sorte que E 'S dépend de n par l’intermédiaire des débits. Ce genre d’objectif ne peut être
atteint que numériquement, au coup par coup.

7.3.4. - Calcul du NUT total

A l’image de ce qui se passe dans un réseau en série, le calcul des performances pour
un réseau en série-parallèle n’oblige pas à recourir à un NUT global, sauf dans certaines
recherches d’optimisation.
Mais alors, pour caractériser ce NUT global, les choses ne sont pas aussi simples que
lorsque les échangeurs sont montés en série.
En ce qui concerne l’échangeur équivalent, il nous est loisible de choisir à nouveau
comme référence un appareil à contre-courant pur. Si l’on désigne par Rt son facteur de
déséquilibre, son NUT a pour expression (tableau 3.1) :
1 1 − Rt E St
NUTt cc = Ln (7.33)
1 − Rt 1 − E St
En principe on pourrait, par l’intermédiaire des efficacités E Si , exprimer NUTt cc en
fonction des NUTi cc des différents échangeurs supposés à contre-courant pur, comme nous
l’avons fait avec les échangeurs en série. Mais ici, on aboutit à une formule tellement lourde
qu’elle en perd à peu près tout intérêt.

Cependant, il est possible d’arranger les choses en effectuant un choix plus


contraignant pour les échangeurs de référence : nous pouvons adopter en effet des échangeurs
où R = 0 . Avec cette condition, on sait que tous les échangeurs sont caractérisés par la même
relation E = f ( NUT ) (tableau 3.1) :
(
E = 1 − exp − NUTR = 0 ) (7.34)
et il n’est donc plus nécessaire de préciser par l’indice cc que l’on considère des appareils à
contre-courant.

Alors, de (7.34) on tire :


- pour l’échangeur équivalent :
(NUTt )R = 0 = − Ln ( 1 − E St ) (7.35a)
- pour l’échangeur i :
(NUTi )R = 0 = − Ln ( 1 − E Si ) (7.35b)

Mais (7.35a) s’écrit également, d’après (7.32) :


 n  n
( NUTt )R = 0 = − Ln 


i=1

( 1 − E Si )  = −
 ∑
i =1
Ln ( 1 − E Si ) (7.36)
 
et le rapprochement de (7.35b) et (7.36) donne :

n
( NUTt )R = 0 = ∑ ( NUT )
i=1
i R=0 (7.37)

propriété à mettre en parallèle (c’est le cas de le dire) avec (7.22).

Ainsi, le NUT de l’échangeur équivalent à facteur de déséquilibre nul est la somme


des NUT des échangeurs considérés dans les mêmes conditions.
A noter toutefois que si l’on doit procéder à un calcul des surfaces d’échange Σ i ou
des efficacités individuelles E Si , il faut évidemment utiliser les NUTi réels et non les
( NUTi )R = 0 .
Enfin, en remontant à (7.34), il vient pour l’efficacité totale (toujours rapportée au
circuit série, voir § 7.3.3) :
 n 

E St = 1 − exp  −
 i=1 ∑ 
( NUTi )R = 0 

(7.38)
 

7.3.5. - Modes opératoires

Examinons à titre d’exemple le calcul des températures de sortie et des températures


intermédiaires. On suppose que tous les autres paramètres sont connus (débits, nature des
échangeurs, températures d’entrée…).

♣ Calcul des températures de sortie du réseau

- Température de sortie du circuit série :


Connaissant Ri , NUTi , on calcule les efficacités individuelles E Si côté série, puis
l’efficacité totale E St avec (7.32a), et enfin la température de sortie côté série par (7.32b).

- Température de sortie du circuit parallèle :


Après le calcul de la température de sortie série, un bilan enthalpique global du réseau
(formule 3.1) donne immédiatement la température de sortie du circuit parallèle.
On notera bien toutefois que cette dernière température résulte de la recombinaison
des courants qui traversent les échangeurs (fig. 7.2 et 7.3) ; c’est donc la température de
mélange des sorties, telle que nous l’avons déjà rencontrée dans (2.14). En admettant par
exemple qu’il s’agit du fluide froid, on aura ainsi :
qt 1 T f 1 + qt 2 T f 2 + ...
T fs = (7.39a)
qtf
ou encore, puisqu’on admet C p = cte :
q m1 T f 1 + q m 2 T f 2 + ...
T fs = (7.39b)
q mf
et de même avec l’indice c s’il s’agit du fluide chaud.
♦ Calcul des températures intermédiaires

Si l’on désire connaître toutes les températures intermédiaires Tci , T fi , il n’est pas
absolument nécessaire de faire appel à la notion de réseau. On peut parfaitement faire un
calcul de proche en proche à partir de l’échangeur 1 : connaissant E Si et les conditions
d’entrée, on détermine la puissance Φ i de l’échangeur i ; puis un bilan enthalpique donne Tci
et T fi .
Il est cependant plus commode d’utiliser la récurrence à partir de (7.27b) pour avoir
les températures sur le circuit série, surtout si l’on cherche seulement la température Tcp à la
sortie d’un échangeur particulier p (dans le cas du fluide chaud) :
p  p 
Tcp = ∏
i=1

( 1 − Eci ) Tce + 1 −


i=1

( 1 − Eci ) T fe

(7.40)
 
et de même avec l’indice f s’il s’agit du fluide froid.
Quant à la température de sortie sur le circuit parallèle, elle est toujours obtenue par un
bilan sur l’échangeur p.

7.3.6. - Quel type d’assemblage choisir ?

On aimerait évidemment disposer d’un critère analytique pour savoir quel est, dans
une circonstance donnée, le meilleur assemblage possible. Malheureusement, du fait des
relations non linéaires entre E, R et NUT, ce critère n’existe pas. Il faut travailler
numériquement au cas par cas, d’autant plus que les contraintes liées à l’ensemble du procédé
dans lequel s’insère le réseau doivent aussi être prises en compte.
Pour ne pas laisser cette question trop dans le vague, nous en proposons une
illustration simple dans le Problème N° 12.
En restant encore dans les généralités, on notera simplement que si l’un des débits est
très élevé, on a parfois intérêt à le fragmenter (ne serait-ce que pour diminuer les pertes de
charge) et donc à retenir un montage en série-parallèle.

7.4. - RÉSEAUX MAILLÉS

7.4.1. - Exemple d’un réseau série maillé

Envisageons maintenant un montage en série un peu plus complexe que le simple


réseau linéaire, tel celui qui est représenté figure 7.4. Il s’agit d’un réseau maillé puisque
certains échangeurs (2 et 5) sont en relation avec trois autres appareils, et non avec deux
seulement comme dans le réseau en ligne.
Il n’est plus possible ici d’établir des relations récurrentes qui permettent d’exprimer
les caractéristiques globales du réseau (E ou NUT) en fonction des données relatives à chaque
élément, ni de faire un calcul de proche en proche puisque les deux fluides ne suivent pas le
même itinéraire.
Nous retrouvons par contre une propriété des montages en série : les débits étant
identiques dans tous les éléments, le facteur de déséquilibre R a la même valeur pour chacun
des échangeurs et pour l’ensemble du réseau (§ 7.2.1) :
qt min
= Ri = R (7.41)
qt max
Dans l’exemple que nous allons traiter, nous supposerons que le fluide chaud
commande le transfert, soit qt min = qtc .
Revenant aux expressions de E et R en fonction des températures (relations 3.10), on a
successivement pour les six échangeurs du réseau (fig. 7.4) :
T − Tc1 T f 1 − T fe
E1 = ce R=
Tce − T fe Tce − Tc1
Tc1 − Tc 2 Tf 2 − Tf 5
E2 = R=
Tc1 − T f 5 Tc1 − Tc 2 (7.42)
..........................................................
Tc 5 − Tcs Tf6 − Tf1
E6 = R=
Tc 5 − T f 1 Tc 5 − Tcs

FIG. 7.4. – Réseau maillé d’échangeurs, en série


sur les deux fluides (série alternée)

Supposons connues les caractéristiques de chaque échangeur ( k , Σ , modèle), ce qui


permet de déterminer les efficacités individuelles Ei à partir des NUTi (tableau 3.1).
Admettons également que les températures d’entrée Tce et T fe sont données. Alors les
relations (7.42) constituent un système linéaire de 12 équations à 12 inconnues (qui sont les
températures Tc1 .... , Tcs , T f 1 .... , T fs ). Par exemple, de E1 on tire Tc1 :
Tc1 = ( 1 − E1 ) Tce + E1 T fe
puis de R on extrait T f 1 :
T f 1 = T fe + R ( Tce − Tc1 )
soit, en remplaçant Tc1 :
T f 1 = R E1 Tce + ( 1 − R E1 ) T fe
et de même pour les autres échangeurs. Le système complet s’écrit :

Tc1 = ( 1 − E1 ) Tce + E1 T fe
T f 1 = R E1 Tce + ( 1 − R E1 ) T fe

Tc 2 = ( 1 − E 2 ) Tc1 + E 2 T f 5
T f 2 = R E 2 Tc1 + ( 1 − R E 2 ) T f 5
Tc 3 = ( 1 − E3 ) Tc 2 + E3 T f 2 (7.43)
T f 3 = R E3 Tc 2 + ( 1 − R E3 ) T f 2
Tc 4 = ( 1 − E4 ) Tc 3 + E 4 T f 3
T fs = R E4 Tc 3 + ( 1 − R E4 ) T f 3
Tc 5 = ( 1 − E5 ) Tc 4 + E5 T f 6
T f 5 = R E5 Tc 4 + ( 1 − R E5 ) T f 6
Tcs = ( 1 − E6 ) Tc 5 + E6 T f 1
T f 6 = R E6 Tc 5 + ( 1 − R E6 ) T f 1

En fait, dans le présent exemple les deux premières températures peuvent être
calculées directement à partir des données. Le système linéaire à résoudre se réduit donc à 10
équations à 10 inconnues.
La résolution sera effectuée soit par approximations successives (ce qui est ici assez
simple et rapide), soit par inversion de la matrice des coefficients si l’on dispose d’un logiciel
approprié. Par rapport à un réseau linéaire, on observera que le calcul des températures de
sortie ne peut être opéré directement : il faut résoudre l’ensemble du système.

7.4.2. – Application à l’évaluation des températures locales dans un échangeur tubulaire

Pour la plupart des échangeurs, on ne dispose pas de fonctions analytiques permettant


de calculer les profils de température. Aussi est-il intéressant de remarquer que l’analyse
précédente s’applique également à un échangeur isolé, lorsque celui-ci se présente comme un
assemblage de cellules élémentaires placées en série. Elle permet alors d’approcher très
simplement la distribution des températures moyennes des fluides dans l’appareil.
Considérons à titre d’exemple un échangeur tubulaire à deux chicanes, de type 1-2
(une passe côté calandre et deux passes côté tubes), où le fluide froid circule en calandre
(fig.7.5).
En termes d’assemblage, cet appareil est assimilable à un réseau de six cellules
d’échange montées en série sur les deux fluides, tout à fait analogue à celui de la figure 7.4,
les échangeurs élémentaires étant à courants croisés (au moins en première approximation).
Nous sommes en plus dans un cas particulier puisque les six cellules sont semblables (par
référence à la figure 1.5, deux cellules forment ici un module ; voir aussi § 1.3.2) et qu’elles
ont donc la même efficacité :
Ei = E' (i = 1 à 6)
FIG. 7.5. – Échangeur tubulaire 1-2 à deux chicanes

Le calcul des températures intermédiaires se fait de la même façon que dans le cas
général, car le remplacement des Ei par une valeur unique E’ n’introduit malheureusement
aucune simplification dans le système (7.43). Par contre E’ est ici une inconnue au départ.
Elle pourra être évaluée de la manière suivante :

• les caractéristiques globales de l’échangeur tubulaire complet étant données, on dispose en


particulier de sa conductance globale k Σ et de son NUT
• du fait que les six cellules d’échange sont supposées identiques, elles ont chacune une
conductance globale ( k Σ )' = k Σ / 6 , d’où leur nombre d’unités de transfert :
NUT ' = NUT / 6
• chaque cellule étant considérée comme un échangeur à courants croisés avec un fluide
brassé, la formule correspondante du tableau 3.1 donne l’efficacité locale E' ( NUT ' ) .

7.4.3. – Le concept de réseau adapté aux échangeurs à plaques

Un autre exemple de modélisation sous forme de réseau maillé nous est fourni par les
échangeurs à plaques. Pour ceux-ci, comme pour les échangeurs tubulaires, il n’existe pas de
description analytique du champ de température à l’intérieur de l’appareil. Une décomposition
en réseau d’échangeurs élémentaires permet cependant de calculer les températures locales
d’une manière relativement simple [B. Pierre].
♣ Considérons le cas d’un échangeur à plaques à courants croisés, constitué de n
feuillets rectangulaires de côtés Lc et L f . Un feuillet comprend deux veines fluides (un
fluide chaud, un fluide froid) séparés par une plaque (fig. 7.6).
Admettons encore que ces différents feuillets sont montés en parallèle sur chaque
fluide, et que les débits sont équirépartis. Dans chaque feuillet les débits thermiques unitaires
auront donc respectivement pour valeur qtc / n et qtf / n .
On peut considérer un feuillet i comme un échangeur élémentaire, mais avec cette
particularité qu’il n’est pas thermiquement isolé et qu’il échange donc de la chaleur avec ses
voisins i – 1 et i + 1.
FIG. 7.6. – Coupe transversale d’un échangeur à plaques :
détail du feuillet i. Le nombre total de feuillets est n.

Regardons maintenant l’échangeur dans le plan des plaques, et procédons à un


découpage des feuillets en éléments rectangulaires ∆Lc × ∆L f (fig. 7.7).

FIG. 7.7. – Échangeur à plaques : vue en plan ;


décomposition en cellules rectangulaires j.
Chaque feuillet se présente alors comme un réseau de cellules d’échange parcourues
par les mêmes débits thermique unitaires, à savoir :
q ∆Lc
- pour le fluide chaud : q' tc = tc
n Lc
qtf ∆L f
- pour le fluide froid : q' tf = (7.44)
n Lf
une cellule j étant en relation avec les quatre cellules voisines.
En d’autres termes, l’ensemble de ces éléments apparaît comme un cas particulier de
réseau maillé.

♦ Examinons à présent le bilan enthalpique d’une cellule élémentaire j dans un feuillet i.


En ce qui concerne le fluide chaud, les deux parois qui l’encadrent sont en contact
avec le fluide froid, les flux cédés à travers ces parois étant Φ ij et Φ i − 1 , j (fig. 7.6). De même
pour le fluide froid, qui reçoit les flux Φ ij et Φ i + 1 , j .

Du fait de la disposition en parallèle des écoulements chaud et froid dans l’ensemble


des feuillets, nous pouvons admettre une équirépartition des flux locaux à travers les
différentes plaques, soit :
Φ i − 1 , j = Φ ij = Φ i + 1 , j = ..... = Φ ' j indépendant de i (7.45)

‹ Il en résulte que les températures aux bornes d’une cellule j sont les mêmes
quelque soit le feuillet auquel elle appartient. Notons-les Tce j , Tcs j , T fe j , T fs j (fig. 7.7).

Dans une telle cellule, le flux total cédé par le fluide chaud à travers les deux parois
qui l’encadrent s’écrit d’après (7.44) et (7.45) :
2Φ ' j = q' tc ( Tce j − Tcs j )
soit d’après (7.44) :
q ∆Lc
Φ ' j = tc ( Tce j − Tcs j ) (7.46a)
2 n Lc
flux égal à celui qui est reçu par le fluide froid :
qtf ∆L f
Φ' j = ( T fs j − T fe j ) (7.46b)
2n Lf
Soient k le coefficient d’échange moyen de l’appareil et Σ j la surface de la cellule j.
La puissance échangée s’écrit encore (cf. 6.2c) :

Φ ' j = k Σ j ( < Tcj > − < T f j > ) = k ∆Lc ∆L f ( < Tcj > − < T f j > ) (7.47a)

Si ∆Lc et ∆L f ont été choisis assez petits, on pourra admettre l’approximation


suivante :

Φ ' j = k ∆Lc ∆L f ( Tce j − T fe j ) (7.47b)


♥ Exprimons maintenant l’efficacité de la cellule j en admettant par exemple qt min = qtc
(formule 3.7) :
Tce j − Tcs j
Ej = (7.48a)
Tce j − T fe j
ce qui donne, avec (7.46a) et (7.47b) :
2 n k Lc ∆L f
Ej = (7.48b)
qtc
et l’on constate que toutes les cellules ont la même efficacité :
E j = cte = E' (7.48c)

Dans l’échangeur, à chaque feuillet correspondent deux plaques. Il y a donc 2n plaques,


d’où une surface totale d’échange :
Σ = 2 n Lc L f (7.49)
et E’ devient, en multipliant haut et bas par L f dans (7.48b) :
k Σ ∆L f
E' = (7.50a)
qtc L f
On découvre dans cette expression kΣ / qtc qui est le NUT de l’échangeur complet.
Donc, l’efficacité de chaque cellule s’exprime d’une façon très simple :
∆L f
E' = NUT (7.50b)
Lf

Si besoin est, on obtient aisément le NUT d’une cellule, en sachant comme il a déjà
été dit que celle-ci comporte deux plaques :
k .2 Σ j 2 k ∆Lc ∆L f
NUT j = cte = NUT ' = =
qtc qtc
soit en faisant apparaître Σ (7.49) :
k Σ 1 ∆Lc ∆L f
NUT ' =
qtc n Lc L f
NUT ∆Lc ∆L f
NUT ' = (7.51)
n Lc L f

Enfin, le facteur de déséquilibre d’une cellule j a pour valeur d’après (7.44) :


q' ∆Lc / Lc
R j = tc = R (7.52a)
q' tf ∆L f / L f
et aussi d’après (3.10) :
T fs j − T fe j
Rj = (7.52b)
Tce j − Tcs j
Il s’avère que, comme pour l’efficacité et le NUT, R possède une valeur unique pour
toutes les cellules :
R j = cte = R' (7.52c)
♠ La connaissance de E’ (7.50) et de R’ (7.52) va maintenant permettre d’accéder à la
distribution locale de température sur les plaques : pour la cellule 1, située vers les deux
entrées (fig. 7.7), le système à résoudre se présente ainsi, à partir de (7.48) et (7.52) :
Tce − Tcs 1 T fs 1 − T fe
E' = R' = (7.53)
Tce − T fe Tce − Tcs 1
d’où l’on tire Tcs 1 et T fs 1 , puis de proche en proche les températures de sortie des autres
cellules. Ceci permet ensuite de remonter aux températures de parois et d’aborder par
exemple le calcul de contraintes thermiques.
On remarquera au passage que, grâce aux hypothèses simplificatrices adoptées, le
calcul est plus simple que pour le réseau maillé du parag. 7.4, puisque l’on n’a pas à résoudre
ici un vrai système linéaire de n équations à n inconnues.

Si le NUT de l’échangeur n’est pas connu, mais si l’efficacité est donnée, on le


déterminera à partir de l’abaque relatif aux échangeurs à courants croisés (fig. 3.2), et le
calcul de E’ restera praticable.
A signaler encore que l’on peut aussi prendre en compte une non-uniformité dans la
répartition des débits en adaptant les expressions (7.44) et (7.46).

‹ De plus, la méthode précédente s’adapte également aux échangeurs à plaques à


courants parallèles (co-courant ou à contre-courant), comme ceux qui sont schématisés sur les
figures (1.9) et (1.10).
‹ Enfin, le calcul ayant été effectué avec qt min = qtc (hypothèse ♥), on n’oubliera
pas de permuter les indices c et f si qt min = qtf .

7.5. – NOTIONS SUR LES RÉSEAUX À COURANTS MULTIPLES

Jusqu’à présent, les assemblages d’échangeurs que nous avons étudiés ne faisaient
intervenir que deux courants fluides. Cependant, en génie des procédés, on a de plus en plus
souvent recours à des réseaux complexes comportant 3, 4, 5 … courants fluides ; en génie
climatique aussi, les échangeurs à trois fluides ne sont pas rares. Des méthodes spécifiques
ont donc été élaborées pour la conception de telles installations, particulièrement en ce qui
concerne les algorithmes d’optimisation. Nous nous limitons ici à la présentation de quelques
notions de base pour le calcul des températures, en continuité logique avec ce qui précède.

7.5.1. – Réseaux à fluide intermédiaire

Certains dispositifs présentent la particularité de faire intervenir un fluide


intermédiaire (ou « fluide de liaison ») qui circule sur une boucle fermée entre les fluides
froid et chaud. Le montage comporte donc deux échangeurs et trois fluides. L’échangeur
traversé par le fluide chaud sera appelé par commodité « échangeur chaud » (N°1, fig. 7.8) et
l’autre appareil « échangeur froid » (N°2). Nous identifierons le fluide de liaison par l’indice l,
et en particulier nous noterons :
Tlf : température du fluide de liaison sur le trajet 2 → 1
Tlc : id. sur le trajet 1-2
FIG. 7.8. – Réseau à fluide de liaison. 1 : échangeur chaud ; 2 : échangeur froid

Dans un tel système, quelles que soient les conditions de fonctionnement, on aura
obligatoirement :
Tce > Tlc > Tlf > T fe (7.54)

En outre, le calcul exige que l’on précise préalablement la hiérarchie des trois débits
thermiques unitaires. Nous allons choisir pour commencer :
• qtc < qtf < qtl (7.55a)

Pour l’échangeur chaud on a donc qt min = qtc , et son efficacité s’écrit (formule 3.10) :
Tce − Tcs
E1 = (7.55b)
Tce − Tlf
Dans l’échangeur froid, qt min = qtf et de ce fait :
T fe − T fs
E2 =
Tlc − T fe
soit, d’après (3.11) :
1 Tlc − Tlf
E2 = (7.55c)
R2 Tlc − T fe

Compte tenu de (7.55a), l’échangeur équivalent à l’ensemble serait quant à lui


caractérisé par qt min = qtc , avec une efficacité totale :
Tce − Tcs
Et = (7.56)
Tce − T fe
Reformulons cette expression en décomposant le numérateur et le dénominateur pour
mettre en évidence les caractéristiques des deux échangeurs. D’une part :
Tce − T fe = ( Tce − Tlf ) + ( Tlf − Tlc ) + ( Tlc − T fe )
soit après réutilisation de (7.55 b et c) :
T − Tcs  1 
Tce − T fe = ce + ( Tlc − Tlf )  − 1 (7.57a)
E1  R2 E 2 

D’autre part, avec le bilan thermique de l’échangeur 1 :


qtc ( Tce − Tcs ) = qtl ( Tlc − Tlf )
1
Tce − Tcs = ( Tlc − Tlf ) (7.57b)
R1
Reportons ensuite (7.57 a et b) dans (7.56) ; nous obtenons Et en fonction de
E1 , R1 , E 2 et R2 :
1 Tlc − Tlf
Et =
R1 1  1 
( Tlc − Tlf ) + ( Tlc − Tlf )  − 1
R1 E1  R2 E 2 
c’est-à-dire :

1
Et = (7.58a)
1 R 1
+ 1 − R1
E1 R2 E 2

Avec un étagement différent des débits thermiques unitaires, on arrive aux résultats
suivants :

• qtc < qtl < qtf

1
Et = (7.58b)
1 1  1 
+  − 1
E1 R2  E 2 

• qtl < qtc < qtf

1
Et = (7.58c)
1  1 1 
 + − 1
R1  E2 E1 

• qtl < qtf < qtc

1
Et = (7.58d)
1  1 1 
 + − 1
R2  E2 E1 
• qtf < qtc < qtl

1
Et = (7.58e)
1 R 1
+ 2 − R2
E2 R1 E1

• qtf < qtl < qtc

1
Et = (7.58f)
1  1 
+ R2  − 1
E2  E1 

7.5.2. – Réseaux ouverts (NSPM)

♣ Les réseaux ouverts à courants multiples sont très divers : ils peuvent être maillés ou
non, les fluides étant distribués soit en série soit en parallèle. Mais dans tous les cas, une
différence majeure apparaît vis-à-vis des dispositions évoquées jusqu’à maintenant : la
présence de plus de deux courants exclut toute référence à un échangeur équivalent. on est
donc amené à travailler directement sur le système d’équations qui décrit le réseau.
Un certain nombre de réseaux typiques sont répertoriés sous le matricule générique
« NSPM », où :
N = nombre de courants
SP = « Stream Problem »
M = numéro d’ordre attribué au problème

♦ Parmi les exemples les plus simples, nous pouvons citer le problème 4 SP 1, qui
comporte quatre courants (deux courants chauds indicés c1 et c2, deux courants froids indicés
f1 et f2) et trois échangeurs A, B, C. Il est représenté sur la figure 7.9, amputé de quelques
détails qui ne modifient pas sa structure.

Dans la mise en équations, les efficacités seront exprimées côté chaud ou froid, au
choix. Prenons par exemple comme références les circuits chauds c1 et c2.
Chaque échangeur est décrit par deux équations, l’une reliant l’efficacité aux
températures, l’autre exprimant le bilan global, à savoir :
Tc 2 e − Tc 2 s
Ec 2 A = qt f 1 ( T f 1 A − T f 1 e ) = qt c 2 ( Tc 2 e − Tc 2 s ) (7.59a)
Tc 2 e − T f 1 e

Tc1 e − Tc1 C
E c1 C = qt f 2 (Tf 2 s − T f 2 e ) = qt c1 ( Tc1 e − Tc1 C ) (7.59b)
Tc1 e − T f 2 e

Tc1 C − Tc1 s
E c1 B = qt f 1 (Tf 1 s − T f 1 A ) = qt c1 ( Tc1 C − Tc1 s ) (7.59c)
Tc1 C − T f 1 A
D’une façon générale, quelque soit le réseau envisagé, lorsque les débits sont fixés le
système est linéaire en fonction des températures. Nous avons d’ailleurs déjà rencontré un
exemple analogue à propos du réseau série maillé (§ 7.4, système 7.42).

FIG. 7.9. – Structure du réseau d’échangeurs matricule 4 SP 1

Ici les choses sont relativement simples puisque la donnée des températures aux
entrées permet de résoudre le problème pas à pas successivement pour A, B et C, vu que les
sous-systèmes (7.59 a, b et c) ne comptent que deux inconnues. Rappelons à cette occasion
que les efficacités Ec 2 A , Ec1 C et Ec1 B sont calculables à partir des R et des NUT de chaque
échangeur (tableau 3.1).
Mais dans de tels réseaux, un second niveau de complexification est fréquemment mis
en œuvre. En effet, les nœuds A, B, C peuvent être eux-mêmes composés de plusieurs
échangeurs. Ce faisant (« pan-pan » comme on dit aux Grosses Têtes), ils constituent alors des
réseaux à deux fluides, que l’on est en droit de remplacer par un échangeur équivalent selon
les procédures établies dans les paragraphes précédents.

♥ Parmi les montages à courants multiples, on rencontre des assemblages maillés, ou


composés de sous-systèmes maillés. Les températures y sont toujours solutions d’équations
linéaires du genre (7.59), qui se résolvent soit avec des logiciels comme Mathematica ou
Matlab, soit en programmant directement une méthode d’approximations successives de type
Gauss-Seidel.

7.6. – PINCEMENT ET OPTIMISATION

Nous avons déjà évoqué dans le chapitre 3 le problème posé par les croisements de
températures à l’intérieur d’un échangeur.
La pathologie des réseaux n’est guère différente de celle des échangeurs pris
individuellement : il se trouve parfois dans un réseau un ou plusieurs appareils à l’entrée
desquels un courant « froid » rencontre un courant encore plus froid que lui (ou un courant
« chaud », un courant encore plus chaud).
Cette anomalie est prévisible par le calcul. Lorsqu’elle survient, on repère le point où
( )
l’écart négatif Tc − T f est le plus grand et on procède à un « pincement » (§ 3.7) en
imposant à cet endroit un écart minimal ( Tc − T f )min positif (ou éventuellement nul).
Il arrive que le problème soit résolu en rectifiant le niveau de température de l’un des
deux courants concernés. Mais bien plus souvent il se règle par un agencement différent du
réseau. On débouche alors sur des procédures d’optimisation qui ont fait l’objet de
publications spécifiques [Barrère, Belkébir, Feidt …].
PROBLÈMES CORRIGÉS

Il n’est pas de problème qu’une absence de


solution ne finisse par résoudre.

Aphorisme attribué à Henri QUEUILLE

PROBLÈME N° 1 : Coefficient d’échange

Énoncé

Le transfert de chaleur entre deux fluides s’effectue à travers un tube d’acier de


diamètres intérieur/extérieur 18 / 21 mm.
On donne :
- côté intérieur : h1 = 1000 W / m 2 K ; température moyenne de mélange T1 = 10 °C
- côté extérieur : h2 = 2000 W / m 2 K ; température T2 = 25 °C
- acier : λ = 46 W / m .K

1. Calculer le coefficient global d’échange k.


2. Après un an de fonctionnement, on estime avoir une résistance d’encrassement
Re = 4.10 − 4 W − 1 m 2 K . Déterminer le nouveau coefficient d’échange global.
3. En attribuant une efficacité de 1 au tube neuf, que devient cette efficacité au bout
d’un an ?
4. Quel est alors le flux échangé dans un tube de longueur L = 1 m ?

Solution

1.
La paroi du tube a pour épaisseur :
D − d 21 − 18
e= = = 1, 5 mm = 1, 5.10 − 3 m
2 2
Comme elle est mince par rapport aux diamètres, en négligeant sa courbure on peut
calculer k à partir de la formule (6.2a) relative à une paroi plane, avec Re = 0 :
1 1 e 1 1 1, 5.10 − 3 1
= + + = + +
k h1 λ h2 1000 46 2000
1
= 10 − 3 + 0 ,03.10 − 3 + 0 , 5.10 − 3 = 1, 53.10 − 3
k
On constate que la résistance thermique e / λ de la paroi ne représente ici que 2% de
la résistance totale. Enfin :

k = 653 W / m 2 K

2.
En présence d’une résistance d’encrassement, on applique maintenant la formule (6.2a)
complète :
1 1 e 1
= + Re + +
k h1 λ h2
= ( 1 + 0 ,4 + 0 ,03 + 0 ,5 ) 10 − 3 = 1,93.10 − 3

k = 518 W / m 2 K

3.
L’efficacité dont il est question dans l’énoncé doit être comprise comme un rapport
Φ réel / Φ max (définitions 3.5 et 4.37), soit ici :
Φ 1 an k1 an 518
E= = =
Φ neuf k neuf 653
E = 0 ,793

4.
La surface d’échange Σ n’est pas la même des deux côtés. Suite à la question 1, on
calcule une valeur approchée de Σ par (6.10) (§ 6.2.3♦) :
D+d 21 + 18
Σ =π L=π 10 − 3 × 1
2 2
Σ = 61.10 − 3 m 2
Le flux échangé est donné par (6.2c) qui s’écrit avec les notations de l’énoncé :
Φ = k Σ ( T2 − T1 ) = 518 × 61.10 − 3 × 15

Φ = 475 W

Commentaires

Cet exercice très élémentaire a surtout pour objet de matérialiser des ordres de
grandeur.
Pour les étudiants, sa principale difficulté réside dans le calcul de l’épaisseur de la
paroi, qui n’est pas D − d comme on le lit souvent !!
PROBLÈME N° 2 : Méthode NUT

Énoncé

Un échangeur à contre-courant fonctionne dans les conditions suivantes :


Tce = 350 °C T fe = 120 °C
Tcs = 200 °C T fs = 290 °C
qt min = qtf Puissance Φ = 415 kW

1. Quelle est la puissance échangée si on fait travailler l’échangeur en mode co-


courant, avec les mêmes températures d’entrée et les mêmes débits ? (Utiliser la méthode
NUT).
2. Quelles sont les nouvelles températures de sortie ?

Solution

1.
En contre-courant, avec qt min = qtf , on a pour efficacité (cf. 3.11) :
T fs − T fe 290 − 120
E= = = 0 ,74
Tce − T fe 350 − 120
Tce − Tcs 350 − 200
R= = = 0 , 882
T fs − T fe 290 − 120
et, à partir du tableau 3.1 :
1 1 − RE
NUT = Ln = 2 , 45
1−R 1−E
En circulation co-courant, les débits n’étant pas modifiés, les coefficients d’échange ne
le sont pas non plus. On garde donc le même NUT (vu que NUT = k Σ / qt min ). Par contre,
la nouvelle efficacité E’ s’écrit (tableau 3.1) :
E' =
1
{1 − exp [1 − ( 1 + R ) NUT ]}
1+ R
Il vient, après remplacement de R et NUT par leur valeur :
E' = 0 , 526

Puisque les conditions d’entrée sont identiques dans les deux cas, la nouvelle
puissance Φ ' est telle que :
Φ ' E'
=
Φ E
ceci d’après la relation (3.12). Alors :
0 , 526
Φ ' = 415
0 ,74

Φ ' = 295 kW

c’est-à-dire 70% de la puissance en contre-courant.


2.
La nouvelle température de sortie froide T 'fs s’obtient à partir de la nouvelle efficacité :
T 'fs − T fe
E' =
Tce − T fe
T 'fs = T fe + E' ( Tce − T fe )
= 120 + 0 , 526 ( 350 − 120 )

T 'fs = 241 °C

et la nouvelle température de sortie chaude Tcs' à partir de R :


Tce − Tcs'
R= = 0 , 882 inchangé
T 'fs − T fe
Tcs' = Tce − R ( T 'fs − T fe )
= 350 − 0 , 882 ( 241 − 120 )

Tcs' = 243 , 3 °C

Commentaires

Il y a d’autres façons de résoudre ce petit exercice, par exemple en utilisant les


résultats du chapitre 2. Mais la démarche préconisée permet de se roder à la méthode NUT
dans un cas simple.
Avec cette valeur de R, on est déjà dans la zone asymptotique d’un échangeur co-
courant (fig. 3.1), et les températures de sortie sont donc très voisines.
PROBLÈME N° 3 : Échangeur bitube

Énoncé

Pour refroidir un débit de 9,4 kg/h d’air de 616 °C à 178 °C, on le fait passer dans le
tube central d’un échangeur bitube à contre-courant de 1,5 m de long, de 2 cm de diamètre et
de faible épaisseur.
1. Calculer la puissance calorifique à évacuer. On donne pour l’air :
C pc = 1060 J / kg K .
2. Le fluide de refroidissement est de l’eau, qui pénètre dans la section annulaire à la
température de 16 °C avec un débit de 0,6 l/mn. Calculer la température de cette eau à la
sortie de l’échangeur. On prendra C pf = 4180 J / kg K .
3. Calculer le coefficient d’échange hc côté fluide chaud (on ne tiendra pas compte
d’une éventuelle correction en µ / µ p ).
4. Déterminer l’efficacité de cet échangeur, puis son NUT. En déduire le coefficient
d’échange global, puis le coefficient d’échange h f côté fluide froid.
5. La paroi extérieure de l’échangeur est isolée. Quelle est approximativement
l’épaisseur b de l’espace annulaire qui permettrait d’obtenir cette valeur de h f ? (On
admettra d’abord l’écoulement laminaire, et on vérifiera ensuite cette propriété).

Solution

1.
Le flux total peut se calculer côté chaud :
Φ = qtc ( Tce − Tcs )
D’après les données, le débit thermique unitaire chaud est :
9 ,4
qtc = q mc C pc = × 1060
3600
qtc = 2 ,77 W / K
et alors :
Φ = 2 ,77 ( 616 − 178 )

Φ = 1213 W

2.
Le calcul du flux total côté froid va maintenant nous donner T fs .
Φ = qtf ( T fs − T fe ) avec ici :
0 ,6
qtf = q mf C pf = × 4180 ( q mf = 0 , 3 kg / mn )
60
qtf = 41, 8 W / K
d’où :
Φ 1213
T fs = T fe + = 16 + ≅ 16 + 29
qtf 41, 8
T fs ≅ 45 °C

3.
Il faut d’abord connaître le régime d’écoulement de l’air, donc le Reynolds côté chaud.
La température moyenne de l’air est approximativement (§ 6.2.1) :
T + Tcs 616 + 178
< Tc > = ce = = 397 °C = 670 K
2 2
A cette température, les tables donnent :
ρ c = 0 ,525 kg / m 3 ; ν c = 6 , 20.10 − 5 m 2 / s
d 2 π × ( 2.10 − 2 )2
La section du tube est : S c = π = = 3 ,14.10 − 4 m 2
4 4
On en déduit la vitesse débitante :
q 9 ,4 1
Vc = mc =
ρ c S c 3600 0 ,525 × 3,14.10 − 4
Vc = 15 , 8 m / s
d’où le nombre de Reynolds :
V d 15 ,8 × 2.10 − 2
Rec = c = ≅ 5100
νc 6 , 20.10 − 5
Il s’agit d’un régime de transition. On peut donc utiliser la formule (4.26), en notant
que le rapport d / L = 2 / 150 est négligeable (l’énoncé nous demande également d’ignorer la
correction en µ / µ p ):

St c =
0 ,116
Rec
( )
Rec2 / 3 − 125 Prc− 2 / 3

Pour calculer hc , il est un peu plus rapide ici de passer par le nombre de Nusselt
(4.10d, § 4.1.5) :
( )
Nu c = St c Rec Prc = 0 ,116 Rec2 / 3 − 125 Prc1 / 3
A 670 K, le nombre de Prandtl de l’air est : Prc = 0 ,68 . On trouve :
Nu c = 17 , 25
Toujours à 670 K, la conductivité de l’air est : λc = 0 ,0505 W / m K .
h d 17 , 25 × 0 ,0505
Nu c = c d’où hc =
λc 0 ,02
hc = 43 , 5 W / m 2 K

4.
On constate que :
qt min = qtc = 2 ,77 W / K , d’où l’efficacité (formule 3.10) :
Tce − Tcs 616 − 178 438
E= = =
Tce − T fe 616 − 16 600

E = 0 ,73
D’après le tableau 3.1, pour un échangeur à contre-courant :
1 1− R E
NUT = Ln
1− R 1− E
et dans le cas présent :
qt min 2 ,77
R= = = 0 ,066
qt max 41, 8
donc :
1 1 − 0 ,066 × 0 ,73
NUT = Ln = 1,07 Ln 3 , 52
1 − 0 ,066 1 − 0 ,73

NUT = 1, 35

De la définition du NUT (3.14a) on tire alors :


NUT qt min
k =
Σ
Puisque l’épaisseur du tube central est faible, on ne fait pas la distinction entre surface
d’échange côté chaud et côté froid, et on néglige la résistance thermique de la paroi. Donc :
Σ = surface latérale du tube = π d L
Σ = π × 2.10 − 2 × 1,5 = 0 ,094 m 2
1, 35 × 2 ,77
k=
0 ,094
k = 39 ,8 W / m 2 K

Le coefficient d’échange global s’exprime aussi à partir de (6.2a) (e et Re étant


négligés) :
1 1 1 1 1 1
= + = + =
k hc hf 43 , 5 h f 39 , 8
On en déduit :

h f ≅ 500 W / m 2 K

5.
Dans un échange eau-air, la température de paroi est proche de celle de l’eau. Dans le
cas présent, celle-ci varie peu. On peut donc admettre la condition T p ≅ cte . La paroi
extérieure (concave) étant isolée, et l’écoulement supposé laminaire, la formule (4.44)
s’applique. Elle donne Nu en fonction de R2 / R1 .
D’autre part, Nu = h f Dh / λ f , avec ici Dh = 2 ( R2 − R1 ) = 2 b (formule 4.42). En
partant d’une valeur arbitraire mais raisonnable de b, on peut par approximations successives
ajuster Nu avec la valeur donnée par (4.44).

La température moyenne approchée de l’eau (fluide froid) est :


T fe + T fs 16 + 45
< Tf > = = = 30 , 5 °C
2 2
La conductivité correspondante (voir tables) est λ f = 0 ,612 W / m .K .
R2 10 + 3
Essayons avec R2 − R1 = b = 3 mm (ce qui fait = = 1,3 ).
R1 10
500 × 2 × 3.10 − 3
Nu = = 4 , 92
0 ,612
D’après (4.44), pour obtenir cette valeur de Nu, il faudrait un rapport R2 / R1 = 1,05
environ, soit b = 0 , 5 mm , ce qui est trop faible. Essayons avec b un peu plus élevé, pour
augmenter Nu.
Par exemple, avec b = 3 , 2 mm (soit R2 / R1 = 1,32 ) , Nu = 5 , 23 ce qui correspond
à peu près à un rapport R2 / R1 = 1,35 dans (4.44). On admettra donc comme valeur
approchée :

b = 3 , 2 mm

On vérifie enfin le Reynolds :


V f Dh q mf 2 b
Re f = =
νf ρf Sf ν f
avec ν f = 0 ,083.10 − 5 à < T f > = 30 , 5 °C et, en première approximation
S f = b × π ( d + 2 ( b / 2 )) surface d’un rectangle de hauteur b et de longueur égale à la
circonférence moyenne de l’annulaire, soit π ( d + b ) (N.B. le diamètre moyen est d + b , et
le diamètre extérieur d + 2 b , voir Problème 1).
0 ,6
D’autre part, q mf = 0 ,6 kg / mn = kg / s
60
q mf 2b 1 0 ,6 2 1
Re f = =
ρ f bπ ( d + b ) ν f 60 × 10 π ( 20 + 3 , 2 ) 10
3 − 3
0 ,083.10 − 5
Re f = 331
L’écoulement est bien laminaire.

Commentaires

Dans cet exercice, on doit en particulier chercher une caractéristique géométrique de


l’échangeur permettant de respecter les conditions thermiques imposées.
On a en plus l’occasion d’aborder régime de transition et écoulement annulaire.
PROBLÈME N° 4 : Cheminée

Énoncé

On veut estimer la chute de température des fumées dans une cheminée, en


considérant le conduit comme un échangeur dont les fumées constituent le fluide chaud, et
l’air ambiant le fluide froid. On admet que la température Ta de l’air est constante le long de
la paroi extérieure de la cheminée. On désigne par k le coefficient global d’échange à travers
la paroi.

1. En adaptant le calcul d’un échangeur co-courant au cas particulier ci-dessus


( T f = Ta = cte ), montrer que la température des fumées dans la cheminée obéit à la loi :
Tc − Ta  k 
= exp  − S 
Tce − Ta  qtc 
2. Le conduit est cylindrique, de diamètre D et de longueur L. Écrire la température
Tcs de sortie des fumées.
3. Calculer Tcs avec les valeurs suivantes : L = 20 m ; D = 30 cm ; Tce = 320 °C ;
Ta = 10 °C ; k = 20 W / m 2 K . Pour les fumées : q mc = 0 , 5 kg / s ; C pc = 1050 J / kg K .

Solution

1.
A travers un élément de paroi dS de la cheminée s’échappe un flux de chaleur :
dΦ = k ( Tc − T f ) dS = k ( Tc − Ta ) dS

dΦ est aussi la chaleur perdue par le fluide chaud :


dΦ = − qtc dTc

On regroupe les deux équations :


dTc k
=− dS
Tc − Ta qtc
Nous avons ici Ta = cte , de sorte que :
dTc ≡ d ( Tc − Ta )
d’où en intégrant :
 k 
Tc − Ta = cte × exp  − S 
 qtc 
A l’entrée, S = 0 et Tc = Tce , donc cte = Tce − Ta , et
Tc − Ta  k 
= exp  − S  C.Q.F.D.
Tce − Ta  qtc 

2.
A la sortie, Tc = Tcs et S = Σ (surface latérale totale de la cheminée) :
Σ = π DL
La formule de la question 1 devient :
 k 
Tcs = Ta + ( Tce − Ta ) exp  − π D L 
 qtc 

3.
Les calculs numériques donnent :
qtc = q mc C pc = 0 , 5 × 1050 = 525 W / K
 20 
Tcs = 10 + ( 320 − 10 ) exp  − π × 0 ,3 × 20 
 525 
Tcs = 161 °C

La chute de température est donc de 160 °C environ dans la cheminée.

Commentaires

1. La formule donnant Tcs (question 2) est recommandée par le Centre Scientifique et


Technique du Bâtiment (CSTB) pour le calcul des cheminées.
2. Dans la question 1, on ne peut pas écrire le bilan local sur le fluide froid
( dΦ = qtf dT f ) du fait que dT f = dTa = 0 ( Ta = cte ), ce qui est équivalent à qtf → ∞ . On
se retrouve dans la même situation qu’avec un évaporateur ou un condenseur (§ 2.4 et 3.5).
3. L’hypothèse Ta = cte est acceptable ( Ta n’est pas ici une température de mélange
mais la température du fluide extérieur loin de la paroi) ; elle conduit à une formule simple
qui donne des estimations numériques correctes.
4. Dans une revue technique, la formule de la question 2 était accompagnée du
commentaire suivant : Σ est la section de la cheminée !! Ce qui donnerait ici une chute de
température inférieure à 1 °C. De l’importance de la rigueur dans le vocabulaire !!
PROBLÈME N° 5 : Échangeur à changement de phase

Énoncé

De l’eau froide circule dans un tube de chaudière à condensation. Sa température


d’entrée est T fe = 18 °C et son débit q mf = 400 kg / h . Le réchauffage est assuré par
condensation de vapeur d’eau à l’extérieur du tube, à la température Tc = 104 °C .
On donne : diamètre intérieur d = 12 , 5 mm ; diamètre extérieur D = 16 mm ;
longueur L = 2 , 4 m ; conductivité de la paroi λ p = 46 W / m K . Pour l’eau, on admettra
dans la gamme de température considérée : ν f = 0 , 7.10 − 6 m 2 / s ; Pr f = 5 , 5 ;
C pf = 4180 J / kg K .

1. Calculer le coefficient d’échange h f à l’intérieur du tube.


2. On donne le coefficient h côté vapeur : hc = 8000 W / m 2 K . Calculer le coefficient
global d’échange k.
3. Calculer le NUT et l’efficacité de l’appareil.
4. Déterminer la température de sortie d’eau T fs , puis la quantité de chaleur Q
récupérée annuellement grâce au dispositif à condensation, si l’on considère que la saison de
chauffe dure 150 jours et que la chaudière fonctionne 5 heures par jour.

Solution

1.
Il faut déjà savoir quel est le régime d’écoulement. Pour cela, calculons Re :
V d qv d 4 qv
Re = = =
ν S ν πdν
400.10 − 3
Ici, q v = 400 l / h = m3 / s
3600
0 ,4 1
Re = 4 × ×
3600 π × 12 , 5 × 10 − 3 × 0 ,7 × 10 − 6
Re = 16170

Avec cette valeur de Re, le régime est turbulent et hydrauliquement lisse. Donc, St est
donné par (4.21). On a bien Pr > 0 ,66 . D’autre part, L / d = 2400 / 12 , 5 > 60 . Les
conditions de validité de la formule sont donc satisfaites.

Pour le fluide froid :


St f = 0 ,023 Re − 0 , 2 Pr − 0 ,6 = 0 ,023 × 16170 − 0 ,2 × 5 , 5 − 0 ,6
hf
St f = 1,19.10 − 3 et aussi St f = d’où :
ρCpV
4 qv
h f = St f ρ C p V = St f ρ C p
π d2

On a ρ = 10 3 kg / m 3 pour l’eau et d = 12 , 5 mm , ce qui donne :

h f = 4500 W / m 2 K

2.
L’épaisseur de la paroi est :
D − d 16 − 12 , 5
e= = = 1,75 mm
2 2
La question ne précise pas de quel côté on demande k. Cela sous-entend que l’on
raisonne comme avec une paroi plane (§ 6.2.1. et 6.2.3♦), et k s’écrit :
1 1 e 1 1 1,75.10 − 3 1
= + + = + + = 3 , 85.10 − 4
k hc λ hf 4500 46 8000
k ≅ 3000 W / m 2 K

3.
L’échangeur est un appareil à fluide isotherme, pour lequel R = 0 (§ 3.5.2), avec ici
qt min = qtf . Ainsi :
NUT = k Σ / qtf
où Σ est la surface moyenne d’échange (§ 6.2.2) :
D+d 16 + 12 , 5
Σ =π L=π × × 10 − 3 × 2 , 4 = 0 ,107 m 2
2 2
Le débit thermique unitaire de l’eau a pour valeur :
400
qtf = q mf C pf = × 4180 = 465 W / K
3600
et le NUT vaut :

NUT = 0 ,69

L’efficacité se trouve sur le tableau 3.1. Pour R = 0 , quelque soit le modèle


d’échangeur :
E = 1 − exp ( − NUT ) = 1 − exp ( − 0 ,69 )

E ≅ 0 ,5

4.
Toujours pour la raison que qt min = qtf , E est l’efficacité côté froid (formule 3.11),
avec Tce = Tc = cte :
T fs − T fe
E=
Tc − T fe
On en tire T fs :
T fs = T fe + E ( Tc − T fe ) = 18 + 0 , 5 ( 104 − 18 )
T fs = 61 °C

La puissance thermique du système s’exprime par le bilan sur le fluide froid :


Φ = qtf ( T fs − T fe ) = 465 ( 61 − 18 ) = 20000 W
Φ = 20 kW

Sur une saison de chauffe qui compte 150 × 5 heures, on peut donc récupérer par
condensation au maximum :
Q = 20 × 150 × 5 kWh

Q ≅ 15000 kWh

Commentaires

Il s’agit encore d’un problème allégé où on ne fait mention ni des températures de


référence, ni de la distinction entre coefficient d’échange global côté froid et côté chaud, et où
le calcul de h côté vapeur n’est pas demandé.
La température de condensation de 104 °C sous-entend que la vapeur est en légère
surpression par rapport à la pression atmosphérique.
Les questions 3 et 4 peuvent aussi être traitées avec les résultats relatifs aux
échangeurs à fluide isotherme (§ 2.4).
PROBLÈME N° 6 : Échangeur à faisceau de tubes et calandre

Énoncé

Dans la sous-station de chauffage collectif d’un immeuble on désire installer un


échangeur à faisceau tubulaire et calandre, destiné à porter de 40 à 60 °C un débit d’eau de
20000 kg/h. Le fluide primaire qui circule dans les tubes est de l’eau surchauffée arrivant à
180 °C, à raison de 10000 kg/h. Les tubes ont un diamètre intérieur d = 20 mm ; la vitesse
d’écoulement adoptée est telle que Re = 10000. Le coefficient d’échange global k est estimé à
450 W / m 2 K . On admet pour l’eau surchauffée les caractéristiques thermophysiques
suivantes : C pc = 4315 J / kg K ; ρ = 920 kg / m 3 ; µ = 19.10 − 5 kg / m . s .

1. Calculer la puissance Φ échangée et la température de sortie du fluide chaud.


2. L’échangeur est à contre-courant, avec une seule passe sur chaque fluide, les tubes
étant montés en parallèle (modèle de la fig. 1.5 sans les chicanes). Déterminer :
- la surface d’échange Σ nécessaire
- la vitesse dans les tubes
- la section totale des tubes
- le nombre de tubes et la longueur du faisceau

Solution

1.
Calculons tout d’abord les débits thermiques unitaires.
- Sur le fluide froid :
qtf = q mf C pf
On prend généralement pour l’eau C pc = 4180 J / kg K (voir tables en fin de volume).
20000
qtf = × 4180
3600
qtf = 23200 W / K
- Sur le fluide chaud :
10000
qtc = q mc C pc = × 4315
3600
qtc = 12000 W / K

La puissance thermique s’obtient à partir des données relatives au fluide froid :


Φ = qtf ( T fs − T fe ) = 23200 × ( 60 − 40 ) = 46400 W
Φ = 464 kW

On tire maintenant Tcs du bilan sur le fluide chaud :


Φ = qtc ( Tce − Tcs )
464000 = 12000 × ( 180 − Tcs )
Tcs = 180 − 38 ,7
Tcs = 141, 3 °C
2.
♣ Les calculs précédents montrent que nous avons ici :
qt min = qtc
et l’efficacité s’écrit :
T − Tcs 38 ,7
E = ce =
Tce − T fe 140
E = 0 , 276
Quant au facteur de déséquilibre :
q 12000
R = tc =
qtf 23200
R = 0 , 517

Du tableau 3.1 on tire le NUT :


1 1 − RE 1 1 − 0 , 517 × 0 , 276
NUT = Ln = Ln
1−R 1− E 1 − 0 , 517 1 − 0 , 276
NUT = 0 , 35
et aussi :
NUT = k Σ / qtc
ce qui nous donne la surface d’échange :
0 , 35 × 12000
Σ =
450
Σ = 9 , 33 m 2

♦ Le nombre de Reynolds est imposé :


ρVd
Re = 10000 =
µ
d’où la vitesse V :
19.10 − 5 × 10 4
V =
920 × 20.10 − 3

V = 0 ,103 m / s

♥ La vitesse V est la même dans tous les tubes. Si q v désigne le débit-volume total,
la section totale des tubes est donc :
q q 1 10000 1 1
S = v = mc =
V ρ V 3600 920 0 ,103
S = 2 ,9.10 − 2 m 2
♠ Le nombre de tubes nécessaires pour assurer le débit demandé est égal à :
S 2 ,9.10 − 2 × 4
N = = = 92 , 3
π d2 / 4 π × ( 2.10 − 2 ) 2
Comme il faut bien avoir un nombre entier de tubes, on prendra l’entier
immédiatement supérieur :

N = 93 tubes

Si la longueur du faisceau est L (c’est donc aussi la longueur de chaque tube), la


surface totale d’échange a pour valeur :
Σ = N πdL
On en déduit :
Σ 9 , 33
L= =
N π d 93 × π × 0 ,02
L = 1, 60 m

soit une longueur totale de tubes de 149 m environ.

Commentaires

1. L’exercice aborde d’une manière encore élémentaire le dimensionnement d’un


échangeur à faisceau de tubes.
2. Les étudiants qui n’ont jamais vu un échangeur tubulaire n’imaginent pas toujours
très bien la structure de l’ensemble et les propriétés qui découlent du montage des tubes en
parallèle (FEMM, § 7.6).
3. Le NUT de l’échangeur est faible. Le modèle de l’appareil n’a donc pas beaucoup
d’importance (§ 3.4.3 et fig. 3.1).
4. Un calcul approché de Σ pourrait être effectué à partir du bilan global en
linéarisant la distribution de température de l’eau (§ 6.2.1) :
T fe + T fs
Φ = k Σ ( Tc − < T f > ) avec < T f > =
2
C’est plus rapide et on trouve ici pratiquement le même résultat (parce que NUT est
petit). Mais ce n’est pas toujours comme ça. Alors prudence !!
5. Les paramètres k et Σ se réfèrent implicitement à la surface intérieure des tubes
puisqu’on ne donne pas le diamètre extérieur dans l’énoncé.
PROBLÈME N° 7 : Échangeur à plaques

Énoncé

De l’air chaud à 80°C produit par une installation industrielle est évacué à l’extérieur
à raison de 5000 kg/h. Il traverse préalablement un échangeur servant à préchauffer à 20°C
l’air neuf admis dans le bâtiment à une température d’entrée de 5°C.
L’échangeur est un appareil à plaques planes et à courants croisés, sans brassage des
fluides, dont la surface d’échange est Σ = 50 m 2 . Dans la plage de fonctionnement prévue,
son coefficient global d’échange k est estimé par le constructeur à :
k = 3 ,6 q mf + 65
avec q mf en kg/s et k en W / m 2 K .

1. Estimer a priori sur quel circuit le débit thermique unitaire est minimal.
2 En procédant par approximations successives, déterminer quel débit d’air neuf cet
échangeur peut porter à 20°C.
3. Calculer la température de sortie du fluide chaud et la puissance de l’échangeur.
P.J. Abaque E = f(NUT), fig. P.7.

FIG. P.7. – Échangeur à courants croisés, fluides non brassés

Solution

1.
On a ∆T = ( 20 − 5 ) = 15 °C sur le fluide froid. Le fluide chaud entre à Tce = 80 °C ,
ce qui doit permettre un ∆T nettement plus important. Les fluides étant les mêmes des deux
côtés, q mf est certainement supérieur à q mc , d’où qtf > qtc car la chaleur massique C p
dépend très peu de la température. Par conséquent, a priori :
qt min = qtc
puisque le fluide qui accuse le plus grand ∆T est celui qui a le plus petit débit thermique
unitaire (§ 3.1).

2.
Les données ne portent que sur trois températures aux bornes et un débit. Le débit
inconnu q mf ne peut pas être calculé directement ; l’efficacité non plus puisque ici E = E c et
on ne connaît pas Tcs . On va donc procéder par approximations successives à partir d’une
estimation empirique de q mf , en calculant NUT, puis E au moyen de l’abaque ( !! dernier
rappel : abaque est un nom masculin, on dit un abaque, fermez la parenthèse) et enfin T fs que
l’on va comparer à la valeur imposée 20 °C.

♣ Choisissons comme valeur de départ :


q mf = 15000 kg / h = 4 ,166 kg / s
kΣ kΣ
NUT = = avec Σ = 50 m 2
qt min qtc
q mc = 5000 / 3600 = 1, 39 kg / s
D’après les tables numériques, C pc ≅ 1006 J / kg K très peu dépendant de T. Soit :
qtc = q mc C pc = 1400 W / K

Dans ces conditions :


k = 3 ,6 q mf + 65 = 3 ,6 × 4 ,166 + 65 = 80 W / m 2 K
80 × 50
NUT = = 2 , 86
1400
q q
R = tc = mc puisque C pc ≅ C pf
qtf q mf
R = 1, 39 / 4 ,166 = 0 , 333

En reportant sur l’abaque, on trouve pour l’efficacité : E ≅ 0 , 85

Puisque qt min = qtc , nous avons (formules 3.10) :


1 1 T fs − T fe
E = Ec = Ef =
R R Tce − T fe
d’où l’on tire :
T fs = T fe + R E ( Tce − T fe )
= 5 + 0 ,333 × 0 ,85 × ( 80 − 5 )
soit :
T fs = 26 , 25 °C
Cette valeur est supérieure à la température imposée (20 °C) ; on a donc pris un débit
q mf trop faible.
♦ Recommençons l’opération avec :
q mf = 25000 kg / h = 6 , 945 kg / s
La trame du raisonnement est identique ; qtc est inchangée = 1400 W / K
90 × 50
k = 3 ,6 × 6 , 945 + 65 = 90 W / m 2 K ; NUT = = 3, 2
1400
R = 1, 39 / 6 ,945 = 0 , 2
et l’abaque donne : E ≅ 0 , 9

T fs = 5 + 0 , 9 × 0 , 2 × ( 80 − 5 )
T fs = 18 , 5 °C
Nous nous sommes nettement rapprochés de 20 °C, mais maintenant T fs est un peu
trop faible ; donc q mf est un peu trop grand.

♥ Faisons une troisième tentative avec q mf = 22500 kg / h = 6 , 25 kg / s


k = 3 ,6 × 6 , 25 + 65 = 87 ,5 W / m 2 K
87 , 5 × 50
NUT = = 3 ,125
1400
R = 1, 39 / 6 , 25 = 0 , 222
Sur l’abaque, on observe que E est pratiquement inchangée ≅ 0 , 9
T fs = 5 + 0 , 9 × 0 , 222 × ( 80 − 5 )
T fs ≅ 20 °C : La convergence est atteinte. La valeur demandée est donc :

q mf = 22500 kg / h = 6 , 25 kg / s

3.
Nous pouvons par exemple déduire Tcs du bilan global de l’échangeur (3.1) :
qtc ( Tce − Tcs ) = qtf ( T fs − T fe ) d’où :
qtf 6 , 25
Tcs = Tce − ( T fs − T fe ) = 80 − ( 20 − 5 )
qtc 1, 39
puisque qtf / qtc = q mf / q mc . Finalement :

Tcs = 12 , 5 °C

Le bilan sur le fluide chaud (ou froid) donne enfin la puissance Φ de l’échangeur :
Φ = qtc ( Tce − Tcs ) = 1400 × ( 80 − 12 ,5 )

Φ = 94500 W
Commentaires

Cet exercice illustre l’un des rares cas où l’on doive procéder par itération avec la
méthode NUT .
Pour le calcul de T fs (question 2), on peut aussi calculer préalablement Tcs à partir de
E puis déduire T fs du bilan enthalpique de l’échangeur.

PROBLÈME N° 8 : Échangeur tubulaire à courants croisés

Énoncé

Une chaudière à mazout produit des fumées à 360 °C qui sont utilisées pour
préchauffer de 20 à 120 °C l’air nécessaire à la combustion.
L’installation consomme 1500 kg de mazout par heure. La combustion d’un kilog de
mazout demande 17,95 kg d’air et produit 18,95 kg de fumées.
L’appareil utilisé est un échangeur tubulaire à courants croisés, à deux passes côté
tubes ; l’air circule dans les tubes, verticalement, et les fumées autour des tubes,
horizontalement (cette disposition limite les obligations de ramonage).
La température de paroi T p des tubes doit être partout supérieure à 160 °C pour
éviter la corrosion due à la condensation des composés soufrés.
Les tubes forment un faisceau en ligne, à pas carré, de pas relatif e + = 1, 4 . Ils ont
pour diamètre extérieur D = 55 mm et pour diamètre intérieur d = 50 mm .
Pour chaque écoulement, le nombre de Reynolds est fixé : Re f = 25000 dans les tubes
(fluide froid) et Rec = 5000 en calandre (fluide chaud, vitesse de référence = vitesse
débitante en calandre vide).
Dans le domaine de température envisagé, on prendra comme caractéristiques
moyennes des fumées :
µ = 3.10 − 5 kg / m . s C p = 1212 J / kg K
λ = 0 ,033 W / m K ρ = 0 ,585 kg / m 3

1. Calculer la température de sortie des fumées Tcs .


2. L’échangeur peut fonctionner soit avec des entrées opposées, soit avec des entrées
du même côté (voir figure P8). Quel sens de fonctionnement doit être choisi pour éviter le
risque de condensation des composés soufrés ?
3. Calculer à quelles vitesses de référence Vc0 et V f0 correspondent les nombres de
Reynolds imposés.
4. Déterminer le coefficient global d’échange k c côté fluide chaud (négliger la
résistance thermique de la paroi).
5. Calculer la puissance Φ de l’échangeur, son efficacité E et son NUT. Déterminer
la surface d’échange Σ c côté chaud, le nombre de tubes nécessaires et la longueur L de
chaque tube.
FIG. P8 – Échangeur tubulaire à courants croisés.
Fluide chaud : fumées ; fluide froid : air
A gauche : entrées opposées. A droite : entrées du même côté

Solution

1.
La température inconnue Tcs sera obtenue à partir du bilan enthalpique de
l’échangeur :
qtc ( Tce − Tcs ) = qtf ( T fs − T fe )
Il faut d’abord calculer les débits thermiques unitaires.
- Pour le fluide froid (air), le débit-masse est :
1500 × 17 ,95
qmf = = 7 ,5 kg / s
3600
La chaleur massique de l’air dépend très peu de la température. On l’arrondit
à C pf ≅ 1010 J / kg K , soit :
qtf = q mf C pf = 7 , 5 × 1010 = 7 , 57.10 3 W / K
- Pour le fluide chaud (fumées) :
1500 × 18 , 95
q mc = = 7 , 9 kg / s
3600
qtc = 7 , 9 × 1212 = 9 , 57.10 3 W / K
On observe au passage que :
qt min = qtf = 7 , 57.10 3 W / K

Du bilan enthalpique on tire :


qtf 7 , 57
Tce − Tcs = ( T fs − T fe ) = × ( 120 − 20 ) = 79 °C
qtc 9 , 57

Tcs = 281 °C
2.
Air et fumées ont des propriétés voisines, et les coefficients d’échange à l’extérieur et
à l’intérieur des tubes doivent être du même ordre de grandeur. Comme température locale de
paroi, on admettra donc en première approximation :
T p ≈ ( Tair + T fumées ) / 2

Avec entrées opposées, on a :


* côté (a) : air à 20 °C ; fumées à 281 °C, soit :
20 + 281
T pa ≅ = 150 , 5 °C < 160 °C d’où risque de condensation
2
* côté (b) : air à 120 °C ; fumées à 360 °C, soit :
360 + 120
T pb ≅ = 240 °C pas de problème
2
Cette solution est à proscrire : il y a un fort risque de condensation vers la sortie des
fumées.

Avec entrées du même côté :


* côté (a) : air à 120 °C ; fumées à 281 °C. Donc :
120 + 281
T pa ≅ ≅ 200 °C > 160 °C c’est bon
2
* côté (b) : air à 20 °C ; fumées à 360 °C :
20 + 360
T pb ≅ = 190°C > 160°C c’est encore bon
2

Conclusion : il vaut mieux placer les entrées du même côté

3.
Vitesse de référence V f0 côté fluide froid :
Il s’agit ici de l’écoulement de l’air dans les tubes.
V f0 d
Re f = = 25000 donné, avec d = 50 mm
νf
ν f doit être évaluée à la température moyenne de mélange de l’air (§ 4.1.5 ♥), soit :
20 + 120
Tmf = = 70 °C
2
ν f = 2 ,02.10 − 5 m 2 / s
On en déduit :
25000 × 2 ,02.10 − 5
Vf =
0
50.10 − 3

V f0 = 10 ,1 m / s

Vitesse de référence Vc0 côté fluide chaud


Il s’agit maintenant des fumées, sachant que :
Vc0 D µ c 3.10 − 5
Rec = = 5000 avec ν c = = = 5 ,13.10 − 5 m 2 / s
νc ρc 0 , 585
on en tire :
Rec ν c 5000 × 5 ,13.10 − 5
Vc0 = =
D 55.10 − 3

Vc0 = 4 ,66 m / s

4.
Coefficient d’échange hc côté chaud (en calandre)
Le nombre de Reynolds est donné : Rec = 5000 , avec une vitesse de référence en
calandre vide, donc compatible avec les formules du parag. 4.3.1.
Le faisceau est en ligne ; de ce fait il résulte que : eT+ = e L+ = e + = 1,4 . En admettant
que le nombre de nappes est au moins égal à 10 (§ 4.3.1.3 ♥), le nombre de Stanton est donc
à prendre dans la formule (4.28) avec α = − 0 ,7 pour le fluide chaud :
  1, 4 + 0 , 90 
0 ,6 

St c = 0 ,023 1 + 6 , 2  × 1, 4 − 0 ,2 
× 5000 − 0 ,32 Pr − 0 ,7
  
 1, 4 − 0 , 98 
 
Le nombre de Prandtl est calculé à la température Tmc , ce qui donne d’après les
valeurs de l’énoncé :
ν µ C p 3.10 − 5 × 1212
Prc = = = = 1,10
a λ 0 ,033
et l’on obtient :
St c = 0 ,024
Le coefficient d’échange hc se déduit de St :

hc = St c ρ c C pc Vc0 = 0 ,024 × 0 , 585 × 1212 × 4 ,66


(la vitesse de référence V 0 étant la même que pour Re, cf. § 4.3.1.2).

hc = 79 , 3 W / m 2 K

Coefficient d’échange h f côté fluide froid (dans les tubes)


On sait que Re f = 25000 ; en l’absence d’information sur la rugosité de la paroi, il est
raisonnable d’admettre que l’on est en régime « turbulent lisse ». On utilisera donc la formule
de Dittus et Boelter (4.21) avec α = − 0 ,6 (fluide froid), sous réserve que l’on ait L / d > 60 ,
ce qui devra être vérifié en fin de calcul :
St f = 0 ,023 Re −f 0 ,2 Pr f− 0 ,6
Pour l’air à Tmf = 70 °C , Pr f = 0 ,7 .
St f = 0 ,023 × 25000 − 0 ,2 × 0 ,7 − 0 ,6
St f = 0 ,00376
De là nous déduisons h f :
h f = St f ρ f C pf V f0
A la température Tmf = 70 °C , les tables donnent pour l’air : ρ f = 1,02 kg / m 3 et
C pf ≅ 1015 J / kg K . Ainsi :
h f = 0 ,00376 × 1,02 × 1015 × 10 ,1

h f = 39 , 3 W / m 2 K

Coefficient global côté fluide chaud


Le coefficient global k c côté fluide chaud est ensuite calculé avec (6.6) :
−1
1  1 1 
 1
kc = + =
Σ c  Σ c hc Σ f h f  1 Σ 1
 + c
hc Σ f hf
Le rapport des surfaces d’échange est égal au rapport des diamètres D / d = 55 / 50 .
1
kc =
1 55 1
+
79 , 3 50 39 , 3

k c = 24 ,6 W / m 2 K

5.
Puissance
On peut calculer la puissance par exemple côté froid :
Φ = qtf ( T fs − T fe ) = 7 ,57.10 3 ( 120 − 20 )

Φ = 757 kW

Efficacité
D’après (3.12) :
Φ 757.10 3
E= =
qt min ( Tce − T fe ) 7 , 57.10 3 ( 360 − 20 )
E = 0 , 295

NUT
L’échangeur est à courants croisés, à un fluide brassé (§ 1.2), avec une seule passe sur
le fluide brassé. Le débit thermique maximum est celui des fumées, c’est-à-dire du fluide
brassé. Le tableau 3.1 donne dans ce cas :
 1 
NUT = − Ln  1 + Ln ( 1 − ER ) 
 R 
qt min 7 , 57
R= = soit R = 0 ,79
qt max 9 , 57
et finalement :
NUT ≅ 0 , 41

Surface d’échange
De NUT on déduit la valeur de la surface d’échange Σ c côté fluide chaud :
kc Σ c 24 ,6 Σ c
NUT = = = 0 , 41
qt min 7 , 57.10 3
Σ c ≅ 126 m 2

Faisceau de tubes
La surface d’échange Σ c côté fluide chaud correspond au diamètre extérieur des
tubes : D = 55.10 − 3 m . Si Lt est la longueur totale des tubes, on a donc :
126
Σ c = π D Lt soit Lt =
π × 55.10 − 3
Lt ≅ 729 m
Appelons n le nombre de tubes nécessaires dans chaque passe pour assurer le débit
demandé, et S t la section totale des tubes :
π d2
St = n
4
Pour avoir n, il faut calculer préalablement S t à partir de l’expression du débit d’air :
q mf = ρ f S t V f
Dans un calcul de débit, la masse volumique ρ f doit être évaluée à la température
moyenne de mélange, ici Tmf (§ 4.1.4 et 4.1.5 ♥), ce qui donne ρ f = 1,02 kg / m 3 . En outre,
V f = V f0 = 10 ,1 m / s , et q mf = 7 , 5 kg / s . Alors :
7 ,5
St = = 0 ,728 m 2
1,02 × 10 ,1
4 St
n= avec d = 50.10 − 3 m
πd 2

n = 370 tubes par passe


soit au total :

N = 740 tubes

La longueur de chaque tube (c’est-à-dire la longueur du faisceau) est donnée par :


L 729
L= t = m
n 740

L≅1m
Vérification
Il y a lieu maintenant de s’assurer que la longueur de chaque tube répond bien à la
condition L / d > 60 (question 4, calcul de h f ). Or ce n’est pas le cas, puisque nous avons ici
L / d ≈ 20 : d’après (4.24), St f doit donc être multiplié par un facteur 1,12. Cela remontera
de quelques pour cent le coefficient d’échange global, et il faudrait normalement procéder à
une itération avec cette nouvelle valeur. Mais on est excusable si on renonce à recommencer
les calculs.
En ce qui concerne h f , vu le nombre total de tubes, la condition « nombre de nappes
supérieur à 10 » est réaliste.

Commentaires

- La question 2 illustre le genre de raisonnement sur des données incertaines que


l’ingénieur doit fréquemment pratiquer (ou devrait être apte à pratiquer ….). Bien qu’elles
soient par essence nuancées, les conclusions auxquelles on aboutit sont appelées à étayer des
choix.
- Dans le cas présent, la suite du calcul montre que hc > h f , ce qui a pour effet de
relever la température de paroi estimée, et donc de faire reculer le risque de condensation
côté (a) dans la formule « entrées opposées ». Malgré tout, cette solution apparaît moins sûre
que la disposition « entrées du même côté ».
- Les caractéristiques thermophysiques des fumées sont fournies dans l’énoncé pour
raccourcir les calculs. On doit normalement les estimer à partir de la composition des dites
fumées, avec les tables relatives à O2 , N 2 et CO2 .
PROBLÈME N° 9 : Échangeur tubulaire, faisceau en quinconce

Énoncé

On étudie un échangeur air-eau à faisceau de tubes et calandre. L’eau circule dans


les tubes et l’air autour des tubes, perpendiculairement à eux. Les tubes sont disposés
verticalement, chaque nappe transversale constituant une passe pour la circulation de l’eau.
La calandre est rectangulaire, de hauteur H c = 2 ,615 m et de largeur l c à déterminer.
Le faisceau est en quinconce, de pas triangulaire équilatéral. Le pas transversal entre
tubes est fixé à ST = 95 mm . Dans chaque nappe transversale, les tubes sont montés en
parallèle. Ils sont en acier. Leurs diamètres intérieur/extérieur sont d = 31 mm et
D = 35 mm . Une distance de 0 ,5 ST est imposée entre l’axe des tubes d’extrémité et la
paroi de la calandre. On se fixe une vitesse débitante maximale pour l’eau (fluide froid)
Vf = 1 m / s .
Les données du problème sont :
Fluide Eau Air
Température d’entrée T fe = 20 °C Tce = 250 °C
Température de sortie T fs = 80 °C
Débit q mf = 12 kg / s q mc = 50 kg / s

1. Calculer la puissance thermique échangée et la température de sortie de l’air.


2. a) Déterminer le nombre N L de tubes nécessaire dans chaque nappe transversale.
(préciser quel est dans ce cas le nombre de nappes longitudinales du faisceau de tubes).
b) En déduire la largeur l c de la calandre et la vitesse Vc0 de l’air (fluide chaud)
dans la calandre vide.
3. Calculer le coefficient global d’échange k f côté fluide froid. Commenter le
résultat.
4. a) Déterminer l’efficacité de l’échangeur, son NUT et la surface d’échange Σ f
nécessaire (côté fluide froid).
b) Calculer la longueur totale L des tubes, et le nombre N T de nappes
transversales.
5. La rugosité intérieure des tubes est ε = 10 − 2 mm . Pour chaque demi-tour du
fluide (passage d’une nappe à la suivante), le coefficient de perte de charge singulière est
évalué à ζ = 0 , 4 . On comptera ζ e = 0 , 5 pour l’entrée et ζ s = 1 pour la sortie du circuit.
Calculer la perte de charge totale et la puissance utile Pu de la pompe nécessaire pour
alimenter l’échangeur en eau.

Solution

1.
La puissance de l’appareil se déduit du bilan thermique sur l’eau :
Φ = qtf ( T fs − T fe )
Avec C pf = 4180 J / kg K environ pour l’eau, le débit thermique unitaire vaut :
qtf = q mf C pf = 12 × 4180
qtf = 50160 W / K
d’où la puissance :
Φ = 50160 ( 80 − 20 ) W
Φ = 3010 kW

Le bilan thermique sur l’air s’écrit :


Φ = qtc ( Tce − Tcs ) = q mc C pc ( Tce − Tcs )
En toute rigueur, pour connaître C pc , il nous faut la température moyenne Tmc de l’air,
qui est inconnue. Mais les chaleurs massiques varient assez peu avec la température. En se
basant sur une estimation approximative de 210 °C , on a C pc ≅ 1025 J / kg K . D’où :
qtc = 50 × 1025
qtc = 51100 W / K
On en déduit la température de sortie de l’air :
Φ 3010.10 3
Tcs = Tce − = 250 −
qtc 51100
Tcs = 191 °C

La température moyenne Tmc est donc de 220 °C , et l’incidence sur la valeur de C pc


est négligeable. On en reste là.

2.
2a). Nombre de tubes
Le débit d’eau est donné :
q mf = ρ f S f V f = 12 kg / s
Les tubes étant en parallèle, leur section totale dans une nappe transversale est :
π d2 q mf
S f = NL =
4 ρ f Vf
Avec V f = 1 m / s et ρ f = 10 3 kg / m 3 , il faut donc dans chaque nappe :
4 × 12
NL = = 15 ,9 tubes
π × ( 31.10 − 3 ) 2 × 10 3 × 1
La vitesse de 1 m/s étant un maximum, on doit arrondir à l’entier supérieur :

N L = 16 tubes

Le réajustement qui en résulte sur la vitesse est négligeable, et on peut conserver dans
la suite des calculs V f = 1 m / s .
Le nombre de tubes d’une nappe transversale est égal au nombre de nappes
longitudinales, soit ici 16 tubes (§ 4.3.1.1).

2b). Largeur de la calandre et vitesse de l’air


Une rangée de 16 tubes au pas transversal de 95 mm nécessite un espace de 15 entre-
axes = 15 ST , plus 0 ,5 ST à gauche et à droite entre les tubes et la paroi de la calandre
(condition posée par l’énoncé).
Mais le faisceau étant en quinconce, la seconde rangée est décalée de 0 ,5 ST vers la
droite ou vers la gauche, ce qui fait en tout :
l c = ( 15 + 2 × 0 , 5 + 0 , 5 ) S T = 16 , 5 × 95.10 − 3
l c = 1, 57 m

La calandre vide a une section S c = H c l c = 2 ,615 × 1, 57


S c = 4 ,10 m 2
A la température moyenne Tmc = 220 °C (question 1), les tables donnent pour la
masse volumique ρ c = 0 ,715 kg / m 3 , d’où la vitesse débitante dans la calandre vide :
q 50
Vc0 = mc =
ρ c S c 0 ,715 × 4 ,10
Vc0 = 17 m / s

3.
Pour calculer le coefficient d’échange global, il faut d’abord connaître les coefficients
d’échange de chaque côté des tubes.
3a). Coefficient h f à l’intérieur des tubes
Vf d
Le nombre de Reynolds dans les tubes est : Re f =
νf
A la température moyenne de mélange de l’eau :
20 + 80
Tmf = = 50 °C
2
la viscosité cinématique vaut (cf. tables) : ν f = 0 ,057.10 − 5 m 2 / s , d’où :
1 × 31.10 − 3
Re f =
0 ,057.10 − 5
Re f = 54400
Avec ce nombre de Reynolds ( < 10 5 ), on doit pouvoir utiliser la formule de Dittus-
Boelter (4.21), à condition d’avoir un allongement des tubes L / d > 60 . Ici la longueur des
tubes est la hauteur de la calandre, c’est-à-dire H c . On a effectivement :
Hc 2 615
= = 84 ,3
d 31
Le compte est bon, et alors :
St f = 0 ,023 Re f− 0 ,2 Pr f− 0 ,6
A la température Tmf = 50 °C , les tables donnent Pr f = 3 ,67 .
St f = 0 ,023 × 54400 − 0 ,2 × 3 ,67 − 0 ,6 = 0 ,023 × 0 ,113 × 0 , 456
St f = 1,185.10 − 3
D’après la définition du nombre de Stanton, avec les valeurs numériques déjà connues:
h f = St f ρ f C pf V f = 1,185.10 − 3 × 10 3 × 4180 × 1
h f = 4950 W / m 2 K

3b). Coefficient h f autour des tubes


Le faisceau est en quinconce, à pas triangulaire équilatéral. On a donc :
- pour le paramètre géométrique adimensionnel (§ 4.3.1.3 ♦) : Ψ = 1 / 2
S 95
- et pour le pas transversal relatif : eT+ = T =
D 35
+
eT = 2 ,7
Le nombre de Stanton est donné par (4.29b) (dans le cas Ψ < 1 et avec
α = − 0 ,7 pour le fluide chaud) :
  29 eT+ 
0 ,66 
  − 0 ,346
St c = 0 ,023  1 +  + − 1  Rec Prc− 0 ,7
e − 1 
  T  
A la température moyenne de l’air Tmc = 220 °C (question 1), Prc = 0 ,68 et
ν c = 3,74.10 − 5 m 2 / s . La vitesse de référence pour le nombre de Reynolds est ici la vitesse
dans la calandre vide Vc0 = 17 m / s (question 2), et la longueur de référence est le diamètre
extérieur D des tubes d’où :
Vc0 D 17 × 35.10 − 3
Rec = =
νc 3 ,74.10 − 5
Rec = 15900
  29 × 2 ,7 
0 ,66 
 − 0 ,346
St c = 0 ,023 1 +  − 1   15900 × 0 ,68 − 0 ,7
  2 ,7 − 1  
St c = 0 ,0132
On en déduit le coefficient d’échange moyen :
hc = St c ρ c C pc Vc0 = 0 ,0132 × 0 ,715 × 1025 × 17
hc = 164 , 5 W / m 2 K

3c). Coefficient global k f


Le coefficient global d’échange côté froid est donné par (6.6d) :
1 Σf 1 e Σf 1
= + +
kf Σ c hc λ Σ m h f
avec ici (§ 6.2.3♦) Σ f / Σ c = d / D et Σ f / Σ m = 2 d /( d + D ) , et aussi e = ( D − d ) / 2
= 2 mm . Pour la conductivité thermique de l’acier λ = 46 W / m . K .
1 31 1 2.10 − 3 2 × 31 1
= + +
kf 35 164 , 5 46 31 + 35 4950
1
= 5 , 38.10 − 3 + 0 ,04.10 − 3 + 0 , 21.10 − 3
kf
k f = 177 , 5 W / m 2 K

Dans ce total, le terme dominant est le coefficient d’échange côté air. Le coefficient
d’échange côté eau compte pour moins de 4%. La résistance thermique de la paroi est
négligeable.

4.
4a). Efficacité, NUT, surface d’échange
D’après la 1ère question, qt min = qtf . L’efficacité de l’échangeur est donc exprimée
par (3.11) :
T fs − T fe 80 − 20
E= =
Tce − T fe 250 − 20
E = 0 , 26

L’échangeur est de type 1-N. Son NUT est donné dans le tableau 3.1 :
1 2 − E (1 + R − 1 + R2 )
NUT = Ln
1 + R2 2 − E (1 + R + 1 + R2 )
Le facteur de déséquilibre vaut :
qt min 50160
R= = = 0 , 98
qt max 51100
Tous calculs faits :

NUT = 0 , 36

K kf Σ f
Nous savons que NUT = =
qt min qt min
La connaissance du NUT permet donc de déterminer la surface d’échange Σ f :
qt min 50160
Σ f = NUT = 0 , 36 ×
kf 177 , 5

Σ f = 101,7 m 2

4b). Nombre de nappes transversales


Si L est la longueur totale des tubes, la surface d’échange Σ f (côté fluide froid, c’est-
à-dire à l’intérieur des tubes) s’écrit :
Σf =πdL
d’où :
101,7
L=
π × 31.10 − 3
L = 1045 m
Dans une nappe transversale, il y a N L tubes, dont la longueur totale est N L × H c . Le
nombre de nappes transversales N T est donc tel que :
L 1045
NT = = = 24 , 97
N L × H c 16 × 2 ,615
La valeur trouvée est très proche de l’entier 25. On prendra donc, sans avoir besoin de
faire une correction :

N T = 25 nappes

5.
5a). Perte de charge
Lorsqu’un circuit possède des branches en parallèle, la perte de charge ∆X est la
même sur chacune des branches et sur l’ensemble (FEMM, § 7.6.1).
Dans une passe, où chaque tube a une longueur H c , d’après FEMM (6.140b) la perte
Hc V f2
de charge en ligne vaut : 4 C f ρ , et la perte de charge sur chaque singularité s’élève
d 2
ρ V f2
à: ζ
2
De l’entrée à la sortie de l’eau, le circuit comporte N T passes ; chaque particule fluide
suit un itinéraire qui comporte donc N T tubes, N T − 1 coudes de demi-tour, une entrée et une
sortie, avec une vitesse uniforme V f , d’où une perte de charge totale (FEMM. 6.177 et
6.178) :
2
 NT × H c  Vf
∆X =  4 C f + ( NT − 1 ) ζ + ζ e + ζ s  ρ
 d  2

On a vérifié à la question 3a) que l’allongement H c / d des tubes est supérieur à 60.
Vu le nombre de Reynolds Re f = 54400 , le coefficient de frottement C f est donné par la
formule de Colebrook (4.23 et aussi FEMM 7.10) :
 ε 0 , 883 
= − 2 , 5 Ln  0 , 285
1
+
Cf / 2  D Re C f / 2 
 
Le calcul est itératif. Dans la pratique, les valeurs des coefficients de frottement vont à
peu près de 10 − 1 à 10 − 4 . Comme point de départ, on peut prendre une valeur moyenne
C f = 2.10 − 3 dans le membre de droite :
 10 − 2 
= − 2 , 5 Ln  0 , 285 × 
1 0 , 883
+
Cf / 2  31 −3 
 54400 2.10 /2

et on obtient comme première estimation :


C f = 5 , 83.10 − 3
On reprend le calcul précédent en remplaçant la valeur de départ 2.10 − 3 par cette
nouvelle valeur, ce qui conduit à une seconde estimation :
C f = 5 , 20.10 − 3
Réinjectons cette nouvelle valeur dans le membre de droite. Le résultat est :
C f = 5 , 26.10 − 3
On est près de la convergence. Une ultime itération donne :

C f = 5 , 25.10 − 3

La perte de charge est alors :


 −3 25 × 2 ,615  3 12
∆X =  ( 4 × 5 , 25.10 × ) + ( 24 × 0 , 4 ) + 0 , 5 + 1  10 ×
 31.10 − 3  2
10 3
= ( 44 , 28 + 11,1 )
2
∆X = 27700 Pa = 0 , 277 bar

5b). Pompe
La puissance utile de la pompe doit être égale à la puissance Pµ dissipée dans
l’écoulement (FEMM, § 7.4.2 et 7.4.4) :
Pu = Pµ = q v ∆X
Cette formule est encore valable pour un circuit avec branches en parallèle, q v étant le
débit total (FEMM, § 7.6.1) :
Pu = 12.10 − 3 × 27700
Pu = 332 , 4 W

Commentaires

Ce problème prend en compte de nouveaux éléments : échangeur multipasses,


montage des tubes en parallèle, géométrie du faisceau, perte de charge ….
- Un calcul approché de la surface d’échange pourrait être conduit à partir du bilan
d’énergie sur le fluide froid, en appliquant (6.5), soit : Φ = k f Σ f ( < Tc > − < T f > ) . On a
< Tc > = Tmc = 220 °C , < T f > = Tmf = 50 °C , soit Σ f = 3010.10 3 / [177 ,5 × ( 220 − 50 )] ,
ce qui donne une surface d’échange de 99 ,75 m 2 , au lieu de 101,7 m 2 par la méthode NUT
(question 4a). L’écart n’est que de 2%. Doit-on en déduire que cette méthode est un
raffinement inutile ? Certainement pas, d’abord parce que l’écart n’est pas toujours aussi
modeste (ici, le NUT est petit, cf. Problème 6), ensuite parce que, en accumulant les
approximations, on finit par élargir sensiblement la marge d’incertitude.
- Le calcul itératif du coefficient de frottement converge toujours rapidement, même si
l’estimation de départ est un peu loin du résultat final.
- On peut être surpris par la faible puissance de la pompe, due en particulier au fait que
la vitesse de circulation n’est pas très élevée (1 m/s). Mais il faut prendre aussi en compte son
rendement (rarement supérieur à 0,7) et tout le circuit dans lequel l’échangeur est inséré. Au
bout du compte, on arriverait facilement à une puissance réelle de 1 à 2 kW.
PROBLÈME N° 10 : Condenseur

Énoncé

On étudie un condenseur de butane, destiné à produire 15 kg/s de butane liquide à


partir d’une vapeur saturante à la température Tv = 50 °C et à la pression p = 5,08 bars.
L’appareil utilisé est un échangeur à faisceau de tubes horizontal, à quatre passes
côté tubes. Ceux-ci ont un diamètre intérieur d = 15 ,75 mm et un diamètre extérieur
D = 19 ,05 mm .
On dispose comme fluide froid d’une eau de rivière dont la température maximale est
de 15 °C en été, et qui ne doit pas subir un échauffement supérieur à 10 °C. Elle circule à
l’intérieur des tubes.
Les caractéristiques physiques du butane à p = 5,08 bars sont données ci-dessous :

Température (°C) 20 50
Chaleur latente de vaporisation LV (J/kg) 335.10 3
Conductivité thermique phase liquide (W/m K) 0,131 0,125
Viscosité dynamique phase liquide (kg/m s) 0 ,17.10 − 3 0 ,13.10 − 3
Masse volumique phase liquide ( kg / m 3 ) 579 542

1. Calculer le débit de fluide froid q mf nécessaire dans l’échangeur.


2. Quel est le débit-masse d’eau q' mf dans chaque tube, le nombre de tubes N
nécessaire pour chaque passe et le nombre total N t de tubes ? (On se fixe une vitesse
débitante V = 2 m/s dans les tubes).
3. Déterminer le coefficient d’échange h f côté fluide froid.
4. On se base a priori sur une température moyenne de paroi côté fluide chaud
T pc ≅ 30 °C . Déterminer quel est alors le coefficient d’échange moyen hc à l’extérieur des
tubes (raisonner ici comme pour un tube seul).
5. En tenant compte de la disposition des tubes en nappes verticales (qui diminue hc )
et de la résistance thermique de la paroi, on admet finalement un coefficient global d’échange
côté butane : k c = 730 W / m 2 K .
Calculer la surface d’échange Σ nécessaire. En déduire la longueur du faisceau de
tubes.

6. La rugosité moyenne à l’intérieur des tubes est ε = 0 ,01 mm . Les coefficients de


pertes de charge singulières sont donnés : ζ entrée = ζ sortie = 1, 2 pour chaque tube, compte
tenu de la forme des têtes de calandre.
Calculer la perte de charge dans le circuit d’eau et la puissance de la pompe qui doit
assurer la circulation (en admettant pour celle-ci un rendement global η = 0 ,6 ).
Solution

1. Débit d’eau
La puissance thermique de l’échangeur se calcule en écrivant le bilan sur le fluide
chaud :
Φ = q mc LV = 15 × 335 × 10 3
Φ ≅ 5000.10 3 W
Sachant que l’on doit avoir T fs − T fe ≤ 10 °C , le bilan sur le fluide froid donne, dans
la condition la plus défavorable :
Φ = qtf ( T fs − T fe ) = 10 qtf
qtf = Φ / 10 = 500.10 3 W / K = q mf C pf
Dans la gamme de température considérée pour l’eau, C pf ≅ 4180 J / kg K . D’où le
débit minimal nécessaire :
q mf = 500.10 3 / 4180

q mf ≅ 120 kg / s

2. Nombre de tubes
Le débit-masse dans un tube est :
π d2
q' mf = ρ f S V = ρ f V avec V = 2 m/s
4
π
q' mf = 10 3 × × ( 15 ,75.10 − 3 ) 2 × 2
4
q' mf = 0 , 39 kg / s

Dans chaque passe, les N tubes sont évidemment montés en parallèle, et le débit total
s’écrit :
q mf = N q' mf
d’où : N = 120 / 0 , 39
N = 308 tubes par passe
et avec quatre passes il y a au total :

N t = 1232 tubes

3. Coefficient d’échange côté froid


Pour calculer h on passe par l’intermédiaire du nombre de Stanton, qui s’exprime en
fonction de Re et Pr.

Conformément au § 4.1.5♥, le nombre de Reynolds dans les tubes sera évalué à la


température moyenne de mélange de l’eau :
1
Tmf = ( T fs + T fe ) avec T fe = 15 °C et T fs = ( 15 + 10 ) °C
2
Tmf = 20 °C
Vd
D’après (4.13) : Re f =
νf
Les tables donnent la viscosité cinématique de l’eau à 20 °C :
ν f = 0 ,101.10 − 5 m 2 / s
2 × 15 ,75 × 10 − 3
Re f = −5
= 31200 : l’écoulement est « turbulent lisse » ( Re < 10 5 ) ;
0 ,101 × 10
on calculera donc St f avec la formule de Dittus - Boelter (4.21) pour le fluide froid :
St f = 0 ,023 Re − 0 ,2 Pr − 0 ,6
Avant d’entamer le calcul, assurons-nous quand même que les conditions de validité
de la formule sont respectées :
- nombre de Prandtl : pour l’eau à 20 °C, Pr ≅ 7 , donc Pr > 0 ,7 . C’est correct.
- allongement des tubes L / d > 60 ? On ne sait pas. Admettons-le provisoirement. Nous
verrons à la fin.
Donc :
St f = 0 ,023 × ( 31200 ) − 0 ,2 × 7 − 0 ,6
St f ≅ 9.10 − 4
hf
et aussi en revenant à la définition (4.6) : St f =
ρCpV
S’agissant de l’eau : ρ = 10 3 kg / m 3 et C p = 4180 J / kgK
h f = 9.10 − 4 × 10 3 × 4180 × 2
h f = 7525 W / m 2

4. Coefficient d’échange côté chaud (butane)


La condensation se produit à l’extérieur d’un tube horizontal ; le coefficient moyen
nous est donné par (5.1) :
0 ,25
 g ρ l λ3l LV 
hc = 0 ,725  
 ν l D ( Tv − T p ) 
 
Nous avons comme température moyenne de film :
Tv + T p 50 + 30
TF = = = 40 °C
2 2
A cette température, les caractéristiques thermophysiques du butane sont obtenues en
interpolant les valeurs données dans l’énoncé ; on trouve :
ρ l = 554 kg / m 3
λl = 0 ,127 W / m K
µ
ν l = l = 0 , 26.10 − 6 m 2 / s
ρl
En outre :
LV = 345.10 3 J / kg
Tv = 50 °C ; T p = 30 °C (valeur admise)
D = 19 ,05.10 − 3 m
et le calcul donne :

hc ≅ 1800 W / m 2 K

5. Dimensions de l’échangeur
La surface d’échange correspondant à la valeur donnée de k est la surface côté fluide
chaud, c’est-à-dire à l’extérieur des tubes. On a donc, d’après (6.5) et avec le résultat de la
question 1 :
Φ = k c Σ c ( Tv − Tmf ) = 730 Σ c × 30 = 5000.10 3
Σ c = 228 ,3 m 2

Σ c est la surface extérieure des 1232 tubes, soit en appelant L la longueur d’un tube
(qui est aussi la longueur du faisceau) :
228 ,3
Σ c = N t π D L et de ce fait L=
1232 × π × 19 ,05.10 − 3
L = 3 ,10 m

Nous pouvons maintenant vérifier que la formule donnant St a été correctement


employée dans la question 3 : nous avons ici L / d ≅ 200 , donc très supérieur à 60.

6. Perte de charge
Dans une passe, les tubes sont montés en parallèle : la perte de charge ∆X p est donc
la même pour un tube et pour la passe (FEMM, § 7.6.1 et formule 6.178) soit :
2
 L  V
∆X p =  4 C f + Σζ  ρ
 d  2
où Σζ est la somme des coefficients de pertes de charge singulières. Dans ce problème,
Σζ = 1, 2 + 1, 2 = 2 ,4 .
Compte tenu de la valeur de Re, le coefficient de frottement est donné par la formule
de Blasius (FEMM . 7.8a) :
C f = 2 × 0 ,0395 Re − 0 ,25 = 0 ,006
On peut donc se passer de la rugosité ε . C’est une donnée surabondante.
Pour les quatre passes, la perte de charge totale s’établit à :
 3 ,10  2
∆X = 4  4 × 0 ,006 × + 2 , 4  × 10 3 × 2
15 ,75.10 − 3  2
 
∆X ≅ 57000 Pa = 0 ,57 bar

D’après FEMM (6.167a) et (7.73b), la puissance dissipée dans le circuit est :


Pµ = q v ∆X
En admettant que l’entrée et la sortie du circuit sont au même niveau, la puissance
utile fournie par la pompe doit être égale à la puissance dissipée dans le circuit. On a donc à
partir de FEMM (§ 7.4.2, § 7.5.2.1, et relation 7.55) :
Pu q v ∆X q mf
P= = avec qv = = 0 ,12 m 3 / s et η = 0 ,6
η η ρ

P = 11400 W

Commentaires
1. L’énoncé contient certaines informations qui ont pour but de faciliter la résolution
du problème, mais qui doivent normalement être estimées par l’ingénieur : il s’agit du
coefficient moyen d’échange k c et de la température moyenne de paroi T p .
En fait, ces deux grandeurs sont interdépendantes puisque la formule qui donne k c
contient T p . Là comme dans d’autres exemples cités, c’est une procédure itérative qui est à
recommander :
- première estimation de T p
- calcul de hc , k c et du nombre de tubes
- choix de la disposition du faisceau et en particulier du nombre de tubes dans une nappe
verticale, et réévaluation de k c par (5.2)
- nouvelle évaluation de T p et réitération du calcul. Souvent, la convergence est obtenue dès
cette seconde étape.
2. Pour le calcul de C f , la formule de Colebrook (FEMM, 7.10) est plus sûre, mais
Blasius est plus rapide et donne ici un résultat très voisin.
3. La valeur de h relative à la condensation du butane est nettement plus faible que ce
que l’on obtiendrait avec de l’eau.
PROBLÈME N° 11 : Échangeur compact

Énoncé

On aborde l’étude d’avant-projet d’un échangeur compact à courants croisés, avec un


fluide brassé.
L’échangeur est constitué d’une batterie de tubes parallèles, reliés par des ailettes
perpendiculaires aux tubes et jouant le rôle d’entretoises (fig. 1: vue de face, et fig. 2: coupe
longitudinale d’un tube). On admettra que les tubes sont de section rectangulaire (fig. 3 :
coupe transversale d’un tube), disposés en quinconce (fig. 4 : vue de dessus).
Il s’agit d’un échangeur air-eau. L’eau circule dans les tubes, l’air autour des tubes,
entre les ailettes. Les dimensions du caisson sont : 1 m (largeur) × 1 m (hauteur) × 0,5 m
(profondeur). Les autres dimensions sont portées sur les figures, en mm. L’appareil comporte
1786 tubes et 500 ailettes. Les caractéristiques aux entrées sont les suivantes :

- pour l’eau : T fe = 12 °C ; q mf = 28 kg / s
- pour l’air : Tce = 125 °C ; q mc = 14 kg / s

FIG. P11.1 FIG. P11.2

FIG. P11.3 FIG. P11.4


1. Déterminer le coefficient d’échange h f côté eau.
2.
2.a) Calculer le diamètre hydraulique pour l’écoulement de l’air (la section à prendre en
compte est la section frontale de passage de l’air, voir fig. 1).
2.b) La section totale de passage de l’air est S c = 0 ,782 m 2 . Evaluer le nombre de Reynolds
Rec côté air. Quelle est l’influence de la pression de l’air ?
2.c) L’abaque de la figure 5 donne St Pr 2 / 3 en fonction de Rec . La température de
référence est la température moyenne de mélange Tmc . Calculer le coefficient d’échange hc
côté air. Comment est-il influencé par la pression de l’écoulement ?

FIG. P11.5

3. La surface d’échange Σ c côté fluide chaud est de 489 m 2 , dont 418 m 2 pour les
ailettes. On admet pour ces dernières une efficacité ε = 0 , 86 . Déterminer la conductance
globale K de l’échangeur (on néglige la résistance thermique des parois).
4. Calculer l’efficacité de l’échangeur
5. Calculer les températures de sortie pour l’air et l’eau. Vérifier si les températures
moyennes adoptées en cours de calcul sont suffisamment proches des températures calculées.

Solution

1. Coefficient d’échange côté eau


La première chose à faire est d’estimer approximativement les températures de
référence pour évaluer ensuite les caractéristiques thermophysiques des fluides. S’il s’avère à
la fin du problème que cette estimation est trop imparfaite, on recommencera en se basant
cette fois sur les résultats du premier calcul.
Ecrivons déjà le bilan enthalpique global :
q mc C pc ( Tce − Tcs ) = q mf C pf ( T fs − T fe )
Les chaleurs massiques varient peu avec T. Prenons C pc = 1007 J / kg K pour l’air et
C pf = 4180 J / kg K pour l’eau, soit compte tenu des valeurs imposées aux débits :
14 × 1007 × ∆Tc = 28 × 4180 × ∆T f
∆Tc
ce qui donne ≅8
∆T f
Un ordre de grandeur plausible serait ∆Tc ≅ 90 °C et ∆T f ≅ 11 °C , ce qui respecte à
peu près le rapport de 8. Cela correspondrait à des températures de sortie Tcs ≅ 35 °C et
T fs ≅ 23 °C , d’où des températures moyennes de mélange (§ 4.1.5♥) :
125 + 35 12 + 23
Tmc ≅ = 80 °C ; Tmf ≅ = 17 , 5 °C
2 2
Nous partirons sur ces bases-là.

La section du tube est rectangulaire (§ 4.2.1.3, 2 b = 2 mm , l = 18 mm ) et Re f est


donné par (4.17) :
V f Dhf 2 × 2 b l 2 × 2 × 18
Re f = où Dhf = = = 3 ,6 mm
νf l + 2b 18 + 2
La section intérieure d’un tube est : S = 18 × 2 = 36 mm 2 . Elle est parcourue par un
débit :
q vf 28.10 − 3
q' vf = = = 15 ,68.10 − 6 m 3 / s
nb. de tubes 1786
d’où une vitesse :
15 ,68.10 − 6
Vf = = 0 , 435 m / s
36.10 − 6
Re f est calculé à la température moyenne de mélange. A Tmf = 17 , 5 °C , les tables
numériques donnent pour la viscosité de l’eau :
ν f = 1,06.10 − 6 m 2 / s
3,6.10 − 3 × 0 ,435
On en déduit : Re f =
1,06.10 − 6
Re f ≅ 1480
L’écoulement est donc laminaire.

La formule à utiliser pour calculer St est en principe (4.18) ou (4.19). Pour trancher, il
faut comparer L / Dhf et 0 ,014 Pe . D’après (4.17) :
V f Dhf
Pe f =
af
avec a f ≅ 0 ,142.10 − 6 m 2 / s pour l’eau à Tmf = 17 , 5 °C , ce qui donne :
Pe f ≅ 11.10 3
Ici, L = 1 m , soit :
L 1000
= ≅ 0 ,025 > 0 ,014
Dhf Pe f 3 ,6 × 11000
C’est donc la formule « tubes longs » (4.19) qui s’applique, sous réserve que les
conditions sur Re, Pr et µ / µ p soient bien vérifiées, ce qui est le cas :
0 ,14
 µ 
8 , 23
St f =  
Pe f µp 
 
En ce qui concerne µ / µ p , on doit s’attendre à une température moyenne de paroi T p
assez proche de Tmf puisque le coefficient d’échange côté eau sera en principe beaucoup plus
élevé que côté air. En admettant T p = Tmf + 10 °C , on trouve µ / µ p = 1,07 / 0 , 88 d’où une
correction ( µ / µ p ) 0 ,14 ≅ 1,03 que l’on pourrait à la rigueur négliger.

On obtient finalement :
8 , 23
St f = × 1,03
11.10 3
St f ≅ 0 , 77.10 − 3 , et alors :
h f = St ρ C p V = 0 ,77.10 − 3 × 10 3 × 4180 × 0 , 435
h f ≅ 1400 W / m 2 K

2.
2.a) Le nombre de Reynolds se calcule dans un canal élémentaire, dont la section est
11, 5 × 1, 9 mm (fig. 1). Le diamètre hydraulique est donné par (4.17) :
2 × 2 b l 2 × 1, 9 × 11,5.10 − 6
Dhc = =
l + 2b ( 11,5 + 1,9 ) 10 − 3
Dhc = 3, 26 mm

Vc Dhc µc
2.b) Nous avons ici : Rec = et ν c =
νc ρc
En admettant une bonne équirépartition des débits dans les canaux, la vitesse est la
même partout ; elle peut être calculée directement à partir du débit et de la section totale :
q
Vc = mc , soit :
ρc Sc
q D
Rec = mc hc
µc Sc
On ne nous précise pas la pression moyenne de l’air, mais cela est sans importance car
la viscosité dynamique dépend très peu de la pression (propriété indiquée dans les tables
numériques). Comme c’est le débit-masse q mc qui est fixé, Rec est donc indépendant de la
pression.
2.c) Le calcul doit être fait à la température moyenne de mélange, soit Tmc ≅ 80 °C . Alors :
µ c = 2 ,08.10 − 5 kg / m . s
14 × 3 , 26.10 − 3
Rec =
2 ,08.10 − 5 × 0 ,782
Rec ≅ 2800

L’abaque donne approximativement :


St c Pr 2 / 3 = 6 , 5.10 − 3
Pour l’air, le nombre de Prandtl est peu dépendant de T : Pr ≅ 0 ,7
St c = 6 , 5.10 − 3 × 0 ,7 − 2 / 3
St c = 8 , 24.10 − 3

On a aussi :
hc q mc
St c = avec ρ c Vc = = Gc vitesse massique (4.10)
ρ c C pc Vc Sc
De ce fait nous n’avons pas besoin de ρ c et le coefficient hc ne dépend pas de la
pression :
q
hc = St c C pc mc avec C pc = 1007 J / kg (question 1)
Sc
Adoncque :
8 , 24.10 − 3 × 1007 × 14
hc =
0 ,782
hc = 149 W / m 2 K

3.
Les ailettes sont situées côté fluide chaud. La conductance globale est donnée par (6.8)
et (6.6a) :
−1
 1 1 
K = + 
 hc ( Σ L + ε Σ a ) Σ f h f 
 
avec Σ a = 418 m 2 ; Σ L = Σ c − Σ a (surface latérale des tubes) = 71 m 2 ; ε = 0 ,86 .

Côté eau, la surface d’échange est la surface intérieure des 1786 tubes :
Σ f = périmètre × 1 m × 1786 = 2 ( 18 + 2 ) 10 − 3 × 1786
Σ f = 71,45 m 2
Revenons à K :
−1
 1 1 
K =  + 
 149 ( 71 + 0 ,86 × 418 ) 71,45 × 1400 

K = 39370 W / K
4.
En revenant à la question 1, on trouve pour les débits thermiques unitaires :

qtc = 14 × 1007 = 14100 W / K


qtf = 28 × 4180 = 117.10 3 W / K
Donc, qt min = qtc = 14100 W / K
L’air chaud qui circule autour des tubes est brassé. Si l’on se reporte au tableau 3.1, on
est à la rubrique « échangeur à courants croisés, un fluide brassé à qt min » :
E = 1 − exp ( − Γ / R ) avec Γ = 1 − exp ( − R NUT )
qt min 14100
R= = = 0 ,12
qt max 117000

NUT est alors calculable par (3.14b) :


K 39370
NUT = =
qt min 14100
NUT = 2 ,79
Γ = 1 − exp ( − 0 ,12 × 2.79 ) = 0 , 285
 0 , 285 
E = 1 − exp  − 
 0 ,12 
E = 0 , 907

5.
5.a) Température de sortie d’air
Puisque qtc = qt min , l’efficacité s’exprime selon (3.10) :
Tce − Tcs
E=
Tce − T fe
On en tire :
Tcs = Tce − E ( Tce − T fe ) = 125 − 0 , 907 ( 125 − 12 )
Tcs = 22 , 5 °C

5.b) Température de sortie d’eau :


Le bilan enthalpique nous dit que :
qtc ( Tce − Tcs ) = qtf ( T fs − T fe )
14700
T fs = 12 + ( 125 − 22 , 5 )
117000
T fs = 24 , 5 °C

5.c) Vérifications
- Pour la température moyenne de l’eau, nous avions choisi 17,5 °C. Avec les valeurs
calculées elle est de ( 12 + 24 , 5 ) / 2 = 18 , 2 °C . La différence est insignifiante.
- Pour la température moyenne de l’air, l’estimation avait donné 80 °C. Nous sommes
à ( 125 + 22 , 5 ) / 2 ≅ 74 °C . L’écart n’a pas de répercussion significative sur les constantes
thermophysiques.
- Quant à l’estimation de T p (question 1), son ordre de grandeur est compatible avec
les valeurs calculées de hc et h f . Sa révision ne changerait pas grand-chose à la correction en
µ / µ p qui reste faible de toute façon.

Commentaires

Le problème s’inspire d’une application présentée dans l’ouvrage de J.F. Sacadura


[Initiation aux transferts thermiques].
L’appareil est assez performant. Son efficacité est élevée, et on observe que la
température de sortie du fluide froid (24,5 °C) est supérieure à la température de sortie du
fluide chaud (22,5 °C), situation très favorable (cette éventualité a été signalée dans le cas des
échangeurs à contre-courant, § 2.3.5). En pratique, cet excellent résultat est probablement à
nuancer un peu, du fait notamment que les débits ne sont jamais parfaitement équirépartis
(solution question 2.b) dans les tubes ou dans les différents chemins de passage de l’air.
Concernant la section rectangulaire des tubes, on notera que malgré un aplatissement
marqué ( 2 / 18 mm ) l’approximation 2 b ` l est à éviter : elle donnerait un diamètre
hydraulique de 4 b = 4 mm alors que l’on trouve Dhf = 3 ,6 mm avec la formule complète
(question 1). Même remarque pour la section de passage de l’air (question 2a). On peut
signaler également que, en réalité, les extrémités des tubes seront arrondies pour améliorer
l’écoulement et diminuer les pertes de charge côté air.
PROBLÈME N° 12 : Assemblage de deux échangeurs

Énoncé

On dispose de deux échangeurs identiques et de deux sources d’eau (une source


chaude et une source froide) dont les températures Tce , T fe et les débits q mc , q mf sont
donnés.
L’objet du problème est de choisir, entre plusieurs dispositions des échangeurs, celle
qui permet d’obtenir la valeur de T fs la plus élevée.

1. Avec un échangeur seul, montrer que quelque soit son modèle, si qt min = qtc , on a :
Tcs − T fe 1− E
=
Tce − T fs 1 − RE
2. Les deux échangeurs sont placés en série comme l’indique la figure P12.1.
2.1. En raisonnant sans faire de calculs, montrer que les deux appareils ont la même
efficacité (désignée par E’). On admet que l’influence de la température sur les constantes
thermophysiques est négligeable.
2.2. Soit Et l’efficacité de l’échangeur équivalent à l’assemblage réalisé. En admettant
qt min = qtc , et en utilisant le résultat de la question 1, exprimer Et en fonction de R et de E’.
Déterminer T fs en fonction de Tce , T fe , Et et R.

FIG. P12.1

3. Les échangeurs sont maintenant disposés en série sur le fluide chaud et en


parallèle sur le fluide froid (fig. P12.2). On ne précise pas ici quel est le qt minimum.
3.1. Montrer sans calculs que les deux appareils ont la même efficacité ( E' c côté chaud ou
E' f côté froid).
3.2. En raisonnant sur le circuit série, c’est-à-dire côté fluide chaud, exprimer Tcs puis T fs
en fonction de E' c et des données.
4. Ceci n’est pas une question.
En permutant les circuits (fig. P12.3) on obtient :
T fs = Tce E' f ( 2 − E' f ) + T fe ( 1 − E' f )2
FIG. P12.2

5. Les deux appareils sont des échangeurs à courants croisés, avec fluide chaud
brassé à une seule passe, de surface d’échange Σ = 170 m 2 . On a déterminé
expérimentalement le coefficient global d’échange k. Pour q mc > 4 kg / s et q mf < 10 kg / s :
k = 52 ( q mf + 0 , 8 q mc ) 0 ,5 + 65 en W / m 2 K
On donne : Tce = 90 °C ; T fe = 10 °C
Déterminer l’efficacité d’un échangeur seul dans les trois cas suivants :
a) q mf = 9 ,6 kg / s ; q mc = 8 , 2 kg / s
b) q mf = 4 , 8 kg / s ; q mc = 8 , 2 kg / s
c) q mf = 9 ,6 kg / s ; q mc = 4 ,1 kg / s
Calculer T fs dans le cas a).

FIG. P12.3
6. On rappelle les deux sources d’eau dont on dispose :
- eau chaude : Tce = 90 °C ; q mc = 8 , 2 kg / s
- eau froide : T fe = 10 °C ; q mf = 9 ,6 kg / s
Calculer T fs dans les trois dispositions suivantes (on désignera avec le symbole ‘ les
caractéristiques relatives à un seul échangeur) :
I - en mettant les échangeurs en série
II - en les mettant en série sur l’eau chaude et en parallèle sur l’eau froide (le fluide brassé
est le fluide chaud)
III - en les mettant en série sur l’eau froide et en parallèle sur l’eau chaude (le fluide brassé
étant toujours le fluide chaud).
Conclure

Solution

1.
Sachant que qt min = qtc , d’après (3.10) l’efficacité et le facteur de déséquilibre
s’écrivent :
Tce − Tcs qtc T fs − T fe
E= R= =
Tce − T fe qtf Tce − Tcs
On vérifie alors aisément que :
T − Tcs
1 − ce
1− E Tce − T fe Tcs − T fe
= = CQFD
1 − RE T fs − T fe Tce − Tcs Tce − T fs
1−
Tce − Tcs Tce − T fe

2.
2.1) Les deux appareils sont identiques : ils ont en particulier la même surface d’échange Σ .
Etant traversés par les mêmes débits chauds et froids, ils ont aussi le même coefficient global
d’échange k, et par conséquent le même R et le même NUT. Leurs efficacités sont donc
égales.

2.2) D’après la question 1, avec les notations de la figure 1 :


Tc1 − T f 2 1 − E'
=
Tce − T fs 1 − R E'
Tcs − T fe 1 − E'
=
Tc1 − T f 2 1 − R E'
Effectuons le produit de ces équations membre à membre :
Tcs − T fe ( 1 − E' )2
=
Tce − T fs ( 1 − R E' )2
Si l’on considère l’échangeur équivalent à l’ensemble, pour lequel qt min est toujours
égal à qtc , on a aussi :
Tcs − T fe 1 − Et
=
Tce − T fs 1 − R Et
Des deux relations précédentes on tire :

( 1 − R E' ) 2 − ( 1 − E' ) 2
Et =
( 1 − R E' )2 − R ( 1 − E' ) 2

Puisque qt min = qtc dans le réseau, l’efficacité de l’échangeur équivalent s’écrit :


Tce − Tcs
Et = d’où :
Tce − T fe
Tcs = Tce − Et ( Tce − T fe )

Nous disposons également du bilan global du réseau :


qtf ( T fs − T fe ) = qtc ( Tce − Tcs )
d’où l’on peut extraire T fs :
qtc
T fs = T fe + ( Tce − Tcs )
qtf

En remplaçant Tcs par son expression ci-dessus, on obtient la température de sortie du


fluide froid :

T fs = T fe + R Et ( Tce − T fe )

3.
3.1) Le raisonnement est analogue à celui de la question 2 : les échangeurs sont identiques et
travaillent dans les mêmes conditions (débits, coefficients d’échange etc). Par conséquent ils
ont le même R et le même NUT, donc la même efficacité.

3.2) L’efficacité côté fluide chaud s’écrit, selon l’échangeur considéré :


T − Tc1 Tc1 − Tcs
E' c = ce =
Tce − T fe Tc1 − T fe
Ces deux équations constituent un système à deux inconnues Tc1 et Tcs . Tirons Tc1 de
l’une d’elles :
Tcs − E' c T fe
Tc1 = E' c ( Tc1 − T fe ) + Tcs soit Tc1 =
1 − E' c
et reportons dans l’autre :
Tcs − E' c T fe
E' c ( Tce − T fe ) = Tce − Tc1 = Tce −
1 − E' c
On obtient ainsi la température de sortie chaude :

Tcs = Tce − E' c ( 2 − E' c ) ( Tce − T fe )


Le bilan enthalpique global du réseau donne ensuite la température de sortie froide :
qtf ( T fs − T fe ) = qtc ( Tce − Tcs )
En remplaçant Tcs il vient :

qtc
T fs = T fe + E' c ( 2 − E' c ) ( Tce − T fe )
qtf

4.
La question n’est pas posée mais le calcul serait analogue en raisonnant encore sur le
circuit série, c’est-à-dire cette fois-ci sur le circuit froid.

5.
5.a) La chaleur massique de l’eau dépend très peu de la température ; de ce fait les C p sont
pratiquement identiques sur les deux circuits, et l’on voit que :
qt min = qt du fluide brassé = qtc

Il y a une seule passe sur le fluide brassé. Du tableau 3.1 on tire alors :
E = 1 − exp ( − Γ / R ) avec Γ = 1 − exp ( − R NUT )
et toujours :
NUT = k Σ / qt min
Les données permettent de calculer k :
k = 52 × ( 9 ,6 + 0 ,8 × 8 , 2 ) 0 ,5 + 65
k = 274 W / m 2 K
Dans la plage de température indiquée on prendra pour l’eau :
C p = 4190 J / kg K
qt min = q mc C p = 8 , 2 × 4190 = 34360 W / K
On en déduit NUT et R :
274 × 170
NUT = = 1, 35
34360
q q 8,2
R = tc = mc = = 0 , 854
qtf q mf 9 ,6
De là on tire :
Γ = 1 − exp ( − 0 ,854 × 1,35 ) = 0 ,684
E = 1 − exp ( − 0 ,684 / 0 , 854 )

E ≅ 0 , 55

En se référant à (3.10) on obtient enfin :


1 1 T fs − T fe
E = Ec = Ef = d’où :
R R Tce − T fe
T fs = T fe + R E ( Tce − T fe ) = 10 + 0 , 854 × 0 , 55 × 80

T fs = 47 ,6 °C

5.b) Maintenant, qt min = qt du fluide non brassé = qtf . Le tableau 3.1 nous dit que :

E=
1
[1 − exp ( − R Γ )] avec Γ = 1 − exp ( − NUT )
R
Nous avons donc cette fois :
k = 52 ( 4 ,8 + 0 ,8 × 8 , 2 ) 0 ,5 + 65 = 240 W / m 2 K
qt min = q mf C p = 4 ,8 × 4190 = 20110 W / K
kΣ 240 × 170
NUT = = = 2 ,03
qt min 20110
q mf 4 ,8
R= = = 0 , 585
q mc 8 ,2
ce qui donne :
Γ = 1 − exp ( − 2 ,03 ) = 0 ,869
E=
1
[1 − exp ( − 0 ,585 × 0 ,869 )]
0 , 585

E ≅ 0 ,68

5.c) La situation est la même que dans 5.a) : qt min = qt du fluide brassé = qtc .
La succession des calculs est analogue :
k = 52 ( 9 ,6 + 0 , 8 × 4 ,1 ) 0 ,5 + 65 = 251,5 W / m 2 K
251, 5 × 170
NUT = = 2 ,5
4 ,1 × 4190
4 ,1
R= = 0 , 43
9 ,6
Γ = 1 − exp ( − 0 ,43 × 2 ,5 ) = 0 ,658
et enfin :
E = 1 − exp ( − 0 ,658 / 0 , 43 ) ≅ 0 ,78

E = 0 ,78

6.
6.I. Montage en série
Avec les valeurs numériques données, cette disposition correspond au cas 5.a). On a
donc pour chaque échangeur :
E' = 0 , 55 ; R' = 0 , 854
D’après la question 2, l’efficacité de l’échangeur équivalent a pour valeur :
( 1 − 0 ,55 × 0 ,854 )2 − ( 1 − 0 ,55 )2
Et =
( 1 − 0 ,55 × 0 ,854 )2 − 0 ,854 ( 1 − 0 , 55 )2
Et = 0 ,73
et toujours d’après 2. :
T fs = 10 + 0 , 854 × 0 ,73 × 80
T fs ≅ 60 °C

6.II. Série sur circuit chaud et parallèle sur circuit froid


Les données correspondent cette fois au cas 5.b).
q mc = 8 , 2 kg / s
Le débit froid dans chaque échangeur est égal à la moitié du débit total :
1 9 ,6
q' mf = q mf = = 4 , 8 kg / s
2 2
et par conséquent :
q' t min = q' tf
D’après 5.b) on a donc :
R' = 0 , 585
E' = 0 ,68

A partir de la question 3, on a :
q
T fs = T fe + tc E' c ( 2 − E' c ) ( Tce − T fe )
qtf
où qtc et qtf sont les débits globaux dans le réseau.
Pour calculer T fs , nous avons besoin de E' c (efficacité d’un échangeur côté circuit
série, c’est-à-dire circuit chaud). Mais ici E' = E' f puisque qt min = q' tf et :
E' c = R' E' f = 0 , 585 × 0 ,68 = 0 , 4
donc :
8,2 C p
T fs = 10 + × 0 , 4 × ( 2 − 0 , 4 ) × 80
9 ,6 C p
T fs = 53 ,7 °C

6.III. Série sur fluide froid et parallèle sur fluide chaud


La situation est celle du cas 5.c). Pour chaque échangeur :
1
q' mf = 9 ,6 kg / s q' mc = q mc = 4 ,1 kg / s
2
E' = 0 ,78
La formule de la « question 4 » qui donne T fs fait intervenir E' f :
T fs = Tce E' f ( 2 − E' f ) + T fe ( 1 − E' f )2
Or, ici E' = E' c puisque qt min = q' tc . Donc E' f = R' E' c :
q' tc 4 ,1 C p
R' = = = 0 , 427
q' tf 9 ,6 C p
E' f = 0 , 427 × 0 ,78 = 0 , 333
et finalement :
T fs = 90 × 0 , 333 × ( 2 − 0 , 333 ) + 10 × ( 1 − 0 , 333 )2
T fs = 54 , 3 °C

Conclusion :
- avec un échangeur seul : T fs = 47 ,6 °C
- avec deux échangeurs en série : T fs = 60 °C
- les deux montages en série-parallèle sont presque équivalents : T fs = 53 ,7 ou 54 , 3 °C .
Le montage en série est ici nettement meilleur.

Commentaires

Le problème reprend sous une forme plus simple, avec deux échangeurs seulement, les
raisonnements du chapitre 7 (§ 7.2 et 7.3). Mais on ne doit pas, à partir des résultats obtenus,
déduire une règle générale sur la supériorité de tel ou tel assemblage.
- Le fait de donner une loi phénoménologique k = f ( q ) permet de calculer k
rapidement et donc d’abréger la solution.
- Les questions sans calcul (2.1. et 3.1.) déroutent souvent les étudiants, mais elles
permettent de voir si les notions essentielles ont été comprises.
- Dans les questions 5.2. et 5.3., l’erreur à ne pas faire est de confondre le débit total et
les débits partiels sur les branches en parallèle, ou de confondre E' c et E' f .
- On doit bien noter que sur le circuit en parallèle, les températures de sortie des deux
échangeurs ne sont pas les mêmes ( Ts1 ≠ Ts 2 , § 7.3). Pour calculer les efficacités en revenant
à la définition Φ / Φ max il faudrait connaître ces températures. C’est pour cela qu’en série-
parallèle on raisonne sur le circuit série avec les efficacités relatives.
PROBLÈME N° 13 : Échangeur en épingle

Énoncé

On étudie un échangeur tubulaire en épingle, selon le schéma ci-dessous (un seul tube
a été représenté en pointillés). Ses caractéristiques sont E, R et NUT. Le fluide chaud circule
à l’intérieur des tubes.

FIG. P13.1

Ce modèle d’échangeur peut être considéré comme équivalent à l’assemblage de deux


demi-échangeurs de mêmes dimensions, l’un (N° 1) fonctionnant à co-courant, l’autre (N° 2)
à contre-courant (fig. P13.2).

FIG. P13.2

Les données du problème sont :


1
- les débits thermiques unitaires (avec la condition qtc < qtf )
2
- les températures d’entrée Tce et T fe
- les diamètres d, D, et la longueur totale L de chaque tube ( L1 = L2 = L / 2 ). On admettra
que les tubes sont tous identiques, et on négligera les problèmes liés aux coudes qui assurent
le demi-tour. La calandre est isolée à sa surface externe.

1. Justifier la relation suivante : T fs = ( T fs1 + T fs 2 ) / 2 . Exprimer R1 et R2 en


fonction de R , ainsi que NUT1 et NUT2 en fonction de NUT.
2. Calculer E1 et E 2 en fonction de R et de NUT. Calculer ensuite Tc 2 (température
de sortie chaude du demi-échangeur N°1) et Tcs , puis l’efficacité E de l’échangeur complet
en fonction de E1 , E 2 et R (comparer avec le résultat de la théorie générale des réseaux,
ch.7) . En déduire T fs .
3. L’appareil est un échangeur eau-eau. On donne :
Tce = 90 °C ; T fe = 20 °C ; qvf = 82 m 3 / h ; q vc = 19 , 80 m 3 / h
faisceau de 60 tubes en parallèle ; L = 5 m ; d = 15 mm ; D = 18 mm
pas carré ST = S L = 28 mm ; diamètre de la calandre Dc = 0 , 40 m
Effectuer sans calculs une première évaluation des températures moyennes de
mélange Tmc et Tmf .
Calculer le diamètre hydraulique Dh et le nombre de Reynolds Re f de
l’écoulement en calandre. Déterminer le coefficient d’échange h f autour des tubes.
4. Calculer le coefficient d’échange hc à l’intérieur des tubes. Déterminer le
coefficient global d’échange k (on raisonnera comme si la paroi était plane, et on négligera
sa résistance thermique).
5. Calculer le NUT et l’efficacité E, puis les températures de sortie T fs et Tcs .

Solution

1.
1a). Le débit froid dans chaque demi-échangeur est la moitié du débit total :
1
q mf 1 = q mf 2 = q mf
2
Donc la température de sortie T fs est la moyenne des deux températures de sortie T fs1
et T fs 2 .

1
1b). Dans le demi-échangeur N°1, on a : qtf 1 = qtf et qtc1 = qtc .
2
1
Mais on sait aussi que qtc < qtf . Donc qtc1 < qtf 1 . En conséquence :
2
qt 1 min = qtc1 = qtc

qt 1 min qtc1
R1 = =
qt 1 max qtf 1
2 qtc
R1 =
qtf
qtc
Pour l’échangeur complet : qt min = qtc et R = .
qtf
R1 = 2 R

Le NUT du demi-échangeur N°1 est :


k Σ
NUT1 = 1 1
qt 1 min
Le coefficient d’échange est indépendant du sens de circulation des fluides, donc
k 1 = k 2 = k coefficient d’échange global de l’échangeur complet.
La surface d’échange Σ 1 est la moitié de la surface totale Σ .

NUT1 =
2 qtc
kΣ kΣ
Le NUT de l’échangeur complet vaut : NUT = = .
qt min qtc
D’où :
1
NUT1 = NUT
2

Le raisonnement est identique pour le demi-échangeur N°2 : qt 2 min = qtc , et :


1
R2 = 2 R ; NUT2 = NUT
2

2.
2a). Efficacités
Le demi-échangeur N°1 fonctionne en co-courant. D’après le tableau 3.1 :
E1 =
1
{1 − exp [− ( 1 + R1 ) NUT1 ]}
1 + R1
1   1 + 2R 
E1 = 1 − exp − NUT  
1 + 2R   2 

Le demi-échangeur N°2 est à contre-courant. Toujours d’après le tableau 3.1, son


efficacité est :
1 − exp [− ( 1 − R2 ) NUT2 ]
E2 =
1 − R2 exp [− ( 1 − R2 ) NUT2 ]

 1 − 2R 
1 − exp − NUT 
E2 =  2 
 1 − 2 R 
1 − 2 R exp − NUT 
 2 

2b). Températures de sorties chaudes


Dans le demi-échangeur N°1, qt 1 min = qtc . Alors, d’après (3.10) :
Tce − Tc 2
E1 =
Tce − T fe
Tc 2 = Tce − E1 ( Tce − T fe )

Dans le numéro 2, c’est pareil : qt 2 min = qtc . Mais ici, la température d’entrée chaude
est Tc 2 . De ce fait :
Tc 2 − Tcs
E2 =
Tc 2 − T fe
Tcs = Tc 2 − E 2 ( Tc 2 − T fe )
([ ]
= Tce − E1 ( Tce − T fe ) − E 2 Tce − E1 ( Tce − T fe ) − T fe )
Tcs = Tce − ( Tce − T fe ) ( E1 − E1 E 2 + E 2 )

Dans l’échangeur complet, qt min = qtc et l’efficacité s’écrit :


Tce − Tcs
E = Ec =
Tce − T fe
E = E1 − E1 E 2 + E 2

Les deux demi-échangeurs sont assemblés en série-parallèle, le circuit série étant celui
du fluide chaud. Le résultat est conforme aux expressions (7.29) § 7.3.1, ou (7.32a) § 7.3.3.

On a également, toujours d’après (3.10) :


1 1 T fs − T fe
E= Ef =
R R Tce − T fe
d’où l’on tire :
T fs = T fe + R E ( Tce − T fe )

3.
3a). Températures moyennes
Vu le rapport des débits, qui est voisin de 4, le ∆T f de l’eau froide ( q max ) vaudra
environ ¼ du ∆Tc de l’eau chaude. On peut admettre, pour commencer le calcul ∆T f ≅ 10 °C
et ∆Tc ≅ 40 °C , ce qui donnerait pour les moyennes :
Tmf ≅ 25 °C ; Tmc ≅ 70 °C

3b). Diamètre hydraulique de l’écoulement en calandre


Le faisceau est longitudinal (§ 4.3.2) ; Dh est donné par (4.31c) :
ST S L
Dh = 4 −D
πD

Dh = 4
(28.10 ) −3 2
− 18.10 − 3 = 0 ,0554 − 0 ,018
−3
π × 18.10
Dh = 0 ,0374 m

3c). Nombre de Reynolds


V f Dh
Re f = avec V f = vitesse débitante du fluide froid, qu’il faut calculer.
νf
La section de passage du fluide froid est :
S f = sec tion calandre − sec tion tubes
Le faisceau comporte 60 tubes, mais comme ils sont en U il y a 120 tubes dans une
section droite de la calandre :
π Dc2 π D2 π
Sf = − 120 = ( 0 ,40 2 − 120 × 0 ,018 2 )
4 4 4
S f = 0 ,095 m 2

La vitesse débitante est définie par :


q vf 82 1
Vf = = ×
Sf 3600 0 ,095
V f = 0 , 24 m / s

La viscosité de l’eau à Tmf = 25 °C est ν f = 0 , 92.10 − 6 m 2 / s .


0 , 24 × 0 ,0374
Re f =
0 , 92.10 − 6
Re f = 9760

3d). Coefficient d’échange côté froid


Pour le nombre de Stanton externe des échangeurs tubulaires à courants parallèles, on
dispose de la formule (4.32), valable si 5.10 3 < Re < 10 5 , soit avec le fluide froid :
St f = 0 ,026 Re −f 0 ,18 Pr f− 0 ,6
A 25 °C, le nombre de Prandtl de l’eau est : Pr f = 6 , 4 .
St f = 0 ,026 × 9760 − 0 ,18 × 6 , 4 − 0 ,6
St f = 1,63.10 − 3
On calcule le coefficient d’échange h f en revenant à la définition de St :
h f = St f ρ f C pf V f
et en prenant C pf = 4180 J / kg K pour l’eau :
h f = 1,63.10 − 3 × 10 3 × 4180 × 0 , 24
h f = 1635 W / m 2 K

4.
4a). Coefficient d’échange interne
Dans chacun des 60 tubes, le débit est :
q 19 ,80
qv0 = vc =
60 60 × 3600
q v0 = 0 ,0917.10 − 3 m 3 / s
d’où une vitesse de circulation :
q v0 4 × 0 ,0917.10 − 3
Vc = =
π d2 / 4 (
π × 15.10 − 3 )
2

Vc = 0 , 52 m / s

Le nombre de Reynolds vaut :


V d
Rec = c
νc
On a admis sur le circuit d’eau chaude une température moyenne Tmc = 70 °C , d’où la
viscosité ν c = 0 , 42.10 − 6 m 2 / s .
0 ,52 × 15.10 − 3
Rec =
0 ,42.10 − 6
Rec = 18600

La formule de Dittus-Boelter (4.21) pour le fluide chaud s’applique si L / d > 60 , ce


qui est largement vérifié (5000/15) :
St c = 0 ,023 Rec− 0 ,2 Prc− 0 ,7
A Tmc = 70 °C , Prc = 2 ,62
St c = 0 ,023 × 18600 − 0 ,2 × 2 ,62 − 0 ,7
St c = 1,64.10 − 3

Le coefficient d’échange est :


hc = St c ρ c C pc Vc
La chaleur massique varie peu avec T. On gardera celle du circuit froid.
hc = 1,64.10 − 3 × 10 3 × 4180 × 0 , 52
hc = 3565 W / m 2 K

4b). Coefficient d’échange global


La formule 6.2a (paroi plane) s’écrit en l’absence de résistance :
1 1 1 1 1
= + = + = ( 0 , 28 + 0 ,612 ) 10 − 3
k hc hf 3565 1635
k = 1120 W / m 2 K

5.
5a). NUT
Pour l’échangeur complet, puisqu’on raisonne comme avec une paroi plane, on a
d’après (6.10 a et b) une conductance globale :
K = k Σm
avec
D+d
Σm = π L totale
2
Alors :
K k Σm
NUT = =
qt min qtc

Pour les 60 tubes :


 18 + 15 
Σm = π ×  × 10 − 3  × 5 × 60 = 15 , 56 m 2
 2 
Il faut encore le débit thermique unitaire de l’eau chaude :
19 , 8
qtc = ρ c q vc C pc = 10 3 × × 4180
3600
qtc = 23.10 3 W / K
d’où :
1120 × 15 , 56
NUT =
23.10 3
NUT = 0 ,76

5b). Efficacité
Pour calculer E, il nous faut aussi le facteur de déséquilibre :
qt min q
R= = tc
qt max qtf
Les deux fluides ont la même masse volumique et la même chaleur massique, donc :
q 19 , 8
R = vc =
qvf 82
R = 0 , 24

Les efficacités partielles E1 et E 2 ont été déterminées dans la question 1 :


1   1 + 2 × 0 , 24 
E1 = 1 − exp  − × 0 ,76 
1 + 2 × 0 , 24   2 
E1 = 0 , 29

 1 − 2 × 0 , 24 
1 − exp  − × 0 ,76 
E2 =  2 
 1 − 2 × 0 , 24 
1 − 0 , 48 exp  − × 0 ,76 
 2 
E 2 = 0 , 297

On a montré que :
E = E1 − E1 E 2 + E 2

E = 0 , 29 − 0 , 29 × 0 , 297 + 0 , 297
E = 0 , 50
5c). Températures de sortie
Toujours d’après la première question :
T fs = T fe + R E ( Tce − T fe ) = 20 + 0 , 24 × 0 , 50 × 70
T fs = 28 , 4 °C

Tcs = Tce − ( Tce − T fe ) ( E1 − E1 E 2 + E 2 ) = Tce − E ( Tce − T fe )


Tcs = 90 − 0 , 50 × 70
Tcs = 55 °C

On doit enfin revenir sur l’évaluation préalable des températures moyennes. Avec les
résultats obtenus, on a :
20 + 28 , 4
Tmf = = 24 ,2 °C pour une estimation de 25 °C : c’est très correct.
2
90 + 55
Tmc = = 72 , 5 °C pour une estimation de 70 °C : c’est assez près.
2
Une itération n’est donc pas indispensable.

Commentaires

Le problème combine un écoulement longitudinal dans un faisceau de tubes et un


montage en réseau.
Les deux demi-échangeurs ont des efficacités très voisines, malgré leur différence de
catégorie (co-courant et contre-courant). Ceci est du au fait que le NUT est petit, ainsi que R
(voir l’influence de ces deux paramètres dans les exemples des figures 3.1 et 3.2). On observe
aussi que l’efficacité totale est nettement supérieure à chacune d’entre elles.
PROBLÈME N° 14 : Réseau à 3 fluides

Énoncé

On considère un réseau ouvert mettant en œuvre deux échangeurs (fonctionnant à


contre-courant) et trois fluides, avec un montage en série sur le fluide froid (fig. P14.1).
Les températures d’entrée T fe , Tce1 , Tce 2 et les débits thermiques unitaires des trois
fluides ( qtf , qtc1 , qtc 2 ) sont donnés, ainsi que les efficacités E1 et E 2 des échangeurs. On
impose également qtf < qtc1 et qtf < qtc 2 .

1. Calculer les températures T f 1 , T fs , Tcs1 , Tcs 2 en fonction des données, puis le flux
total échangé Φ . A partir de l’expression de Φ , préciser quelles conditions doivent satisfaire
les températures d’entrée pour que l’ensemble fonctionne de façon correcte.

FIG. P13.1

2. On se place dans le cas où qtc1 = qtc 2 . Les efficacités des deux échangeurs sont
notées E A et E B .
Comparer les puissances globales échangées Φ AB et Φ BA selon que l’échangeur A
est placé en position 1 et l’échangeur B en position 2, ou vice-versa (on étudiera le signe de
la différence Φ AB − Φ BA ). En déduire les règles d’une disposition optimale pour le réseau
lorsque les températures d’entrée sont imposées.
3. Application pratique :
Le fluide froid est de l’air, avec un débit q vf = 800 m 3 / h . Les deux débits chauds
sont égaux (cas de la question 2). On donne : T fe = 25 °C ; Tce1 = 80 °C ; Tce 2 = 65 °C .
Les efficacités sont : E A = 0 ,38 ; E B = 0 , 25 .
Comparer les valeurs Φ AB et Φ BA selon la position relative des deux échangeurs.
Calculer les températures de sortie froides T fs ( AB ) et T fs ( BA ) . Vérifier que les résultats
sont en accord avec les conclusions de la question 2, et que la condition de fonctionnement
(question 1) est satisfaite.
Solution

1.
1a). Sorties de l’échangeur N° 1
Le débit thermique unitaire minimum dans l’échangeur est celui du fluide froid :
qtf < qtc1 , d’où l’efficacité :
T f 1 − T fe
E1 = E f 1 =
Tce1 − T fe
T f 1 = T fe + E1 ( Tce1 − T fe )

1
Dans ce cas, on a aussi d’après (3.11) : E f = Ec , donc ici :
R
Tce1 − Tcs1 qt min qtf
Ec1 = R1 E1 = avec R1 = =
Tce1 − T fe qt max qtc1
qtf
Tcs1 = Tce1 − E1 ( Tce1 − T fe )
qtc1

1b). Sorties de l’échangeur N° 2


Les conditions sont les mêmes : qtf < qtc 2 . Le fluide froid entre à T f 1 :
T fs − T f 1
E2 = E f 2 =
Tce 2 − T f 1
T fs = T f 1 + E 2 ( Tce 2 − T f 1 )
En remplaçant T f 1 par son expression obtenue en 1a) on obtient :
T fs = T fe + E 2 ( Tce 2 − T fe ) + E1 ( 1 − E 2 ) ( Tce1 − T fe )

On a également d’après (3.11) :

Tce 2 − Tcs 2 qtf


E c 2 = R2 E 2 = avec R2 =
Tce 2 − T f 1 qtc 2
qtf
Tcs 2 = Tce 2 − E 2 ( Tce 2 − T f 1 )
qtc 2
En remplaçant T f 1 :

Tcs 2 = Tce 2 −
qtf
qtc 2
[
E 2 Tce 2 − T fe − E1 ( Tce1 − T fe )]
1c). Puissance
Le plus simple est de calculer la puissance du système en faisant le bilan sur le fluide
froid (circuit série) :
Φ = qtf ( T fs − T fe )

[
Φ = qtf E 2 ( Tce 2 − T fe ) + E1 ( 1 − E 2 ) ( Tce1 − T fe ) ]
1d). Condition de fonctionnement
Pour un fonctionnement correct, dans chaque échangeur, la température d’entrée
chaude doit être supérieure à la température d’entrée froide.
Tce1 > T fe

Tce 2 > T f 1
Ceci est évident pour le premier. Pour le second, on devra donc vérifier que :
Tce 2 > T fe + E1 ( Tce1 − T fe )
Les conditions de fonctionnement de l’échangeur N° 2 doivent être définies après
celles de l’échangeur N° 1.

2.
Montage avec A en 1 et B en 2 :

D’après l’expression de Φ obtenue dans la question 1 :


[
Φ AB = qtf E B ( Tce 2 − T fe ) + E A ( 1 − E B ) ( Tce1 − T fe ) ]

Montage avec B en 1 et A en 2 :

[ ]
Φ BA = qtf E A ( Tce 2 − T fe ) + E B ( 1 − E A ) ( Tce1 − T fe )
Après simplification, on obtient pour la différence :

Φ AB − Φ BA = qtf ( E A − E B ) ( Tce1 − Tce 2 )

 E A > E B et Tce1 > Tce 2



Φ AB > Φ BA si  et vice-versa.
 E < E et T < T
 A B ce1 ce 2
On en déduit une règle d’optimisation :

- Si Tce1 > Tce 2 : placer l’échangeur le plus performant en position 1


- Si Tce1 < Tce 2 : placer l’échangeur le plus performant en position 2

- Si Tce1 = Tce 2 ou E A = E B : Φ AB = Φ BA . La disposition est indifférente.

3.
Il faut d’abord déterminer le débit thermique unitaire du fluide froid :
qtf = q mf C pf = ρ f q vf C pf
La température moyenne de l’air est inconnue. Une valeur de la masse volumique
ρ f = 1,10 kg / m 3 (correspondant à Tmf ≅ 37 °C ) est plausible pour démarrer le calcul.
Pour la chaleur massique, peu dépendante de la température, on prendra
C pf = 1006 J / kg K .
800
qtf = 1,10 × × 1006
3600
qtf = 246 W / K

Disposition A-B
D’après la question 2 :
[
Φ AB = qtf E B ( Tce 2 − T fe ) + E A ( 1 − E B ) ( Tce1 − T fe ) ]
Φ AB = 246 [0 , 25 × ( 65 − 25 ) + 0 ,38 × ( 1 − 0 , 25 ) ( 80 − 25 )]

Φ AB = 6315 W

Du bilan sur le fluide froid :


Φ = qtf ( T fs − T fe )
on tire :
Φ AB 6315
T fs ( AB ) = T fe + = 25 +
qtf 246
T fs ( AB ) = 50 ,7 °C

Disposition B-A
[ ]
Φ BA = qtf E A ( Tce 2 − T fe ) + E B ( 1 − E A ) ( Tce1 − T fe )
Φ BA = 246 × [0 ,38 × ( 65 − 25 ) + 0 , 25 × ( 1 − 0 ,38 ) ( 80 − 25 ) ]
Φ BA = 5830 W

On calcule T fs de la même façon :


Φ BA 5830
T fs ( BA ) = T fe + = 25 +
qtf 246
T fs ( BA ) = 48 ,7 °C

On a ici Tce1 > Tce 2 : la meilleure disposition est bien celle où E1 > E 2 , donc A-B. Le
manque à gagner avec B-A dans ce cas particulier est de 485 W, soit 7 ,7 % .

La condition de fonctionnement (question 1) est : Tce 2 > T f 1


T f 1 = T fe + E1 ( Tce1 − T fe ) avec E1 = E A
T f 1 = 25 + 0 , 38 ( 80 − 25 )
T f 1 = 45 , 9 °C
La condition est vérifiée puisque Tce 2 = 65 °C .
DONNÉES NUMÉRIQUES

Chaleur de vaporisation LV de différents corps à la pression de 1 bar

Désignation LV ( kJ / kg )

Air 197
Alcool éthylique 846
Alcool méthylique 1101
Ammoniac 1369
Butane 402
Eau 2256
Ethane 490
Ethanol 846
Fluides frigorigènes non chlorés 120 à 240
Fuel domestique (à 100 °C) 260
Méthane 511
Propane 448
Toluène 356

Tension superficielle de l’eau (à Tsat = 373 K ) : σ = 38.10 − 3 N / m


REPÈRES BIBLIOGRAPHIQUES

Traités généraux

CRABOL J. – Transfert de chaleur (3 vol.), Masson, 1990.


FRAAS A.P. – Heat exchanger design. John Wiley, 1989.
INCROPERA F.P., DE WITT D.P. – Fundamentals of heat and mass transfer. John Wiley,
1985.
KAKAÇ S., LIU H., PRAMUANJAROENKIJ A. – Heat exchangers. Selection, rating and
thermal design. 3rd edition, CRC Press, 2012.
PADET J. – Fluides en écoulement ; méthodes et modèles. 2° édition, Société Française de
Thermique, www.sft.asso.fr. , 2011.
PADET J. – Principes des transferts convectifs. 2° édition, Société Française de Thermique,
www.sft.asso.fr. , 2010.
SACADURA J.F., Coord. – Initiation aux transferts thermiques. 6° édition, Tec. et Doc.,
Lavoisier, 2000.
TAINE J., PETIT J.P. – Transferts thermiques ; mécanique des fluides anisothermes. 2ème
édition, Dunod, 2003.
ZUKAUSKAS A. – High-performance single-phase heat exchangers. Hemisphere, 1989.

Ouvrages et publications portant sur des thèmes plus précis

Efficacité, méthode NUT, optimisation (chapitre 3)

FEIDT M. – Thermodynamique et optimisation énergétique des systèmes et procédés. Tec. et


Doc., Lavoisier, 1987.
HEGGS P.J. – Minimum temperature difference approach concept in heat exchangers
network. Congrès TEC 88 : Progrès récents dans les échangeurs thermiques, Grenoble, 1988.
PIERRE B. – Dimensionnement des échangeurs de chaleur. Revue Générale de Thermique,
260, p.587, 1983.

Calcul des coefficients d’échange et des pertes de charge (chapitres 4 à 6)

BOISSIER A. et al. – Les pertes de charge et le transfert thermique, côté gaz, dans les
échangeurs de chaleur à tubes lisses, à circulations orthogonales. Bull. Direction Etudes et
Recherches, EDF, Série A, N° 2/3, 1971.
CHAI H.C. – A simple pressure drop correlation equation for low finned tube crossflow heat
exchangers. Int. Comm. Heat Mass Transfer, 15, p. 95-101, 1988.
DE VRIENDT A.B. – La transmission de la chaleur. Gaëtan Morin, 1982 (calcul des
ailettes).
GRETh, Coord. – Fouling mechanisms. Ed. Eur. Thermique et Industrie, 1992.
GOSSE J. – Guide technique de thermique. Dunod, 1981.
GOTH Y., FEIDT M., LAURO F., BAILLY A. – Transferts de chaleur et pertes de charge
en écoulement monophasique eau-eau dans les tubes corrugués. Revue Générale de
Thermique, N° 294-295, 1986 (un mastic a permuté les formules de Nu entre côtés intérieur et
extérieur).
KAKAÇ S., BERGLES A.E., FERNANDES E.O., Coord. – Two-phase flow heat exchangers.
NATO ASI Series, Kluwer Acad. Pub., Dordrecht, 1988.
MAHFOUD M., ABDELAZIZ F., LEBOUCHE M. – Evolution du coefficient d’échange et
des pertes de charge dans un faisceau de tubes, en fonction de l’angle d’attaque. Int. J. Heat
and Mass Transfer, 30, N°12, p.2671, 1987.
MARNER W.J., BERGLES A.E., CHENOWETH J.M. – On the presentation of performance
data for enhanced tubes used in shell-and-tubes heat exchangers. J. of Heat Transfer, 105,
p.358, 1983.
MARTINET J. – Eléments de thermocinétique. Tec. et Doc., Lavoisier, 1989 (calcul des
ailettes).

Réseaux (chapitre 7)

BARRERE M. – La thermoéconomie. Revue Générale de Thermique, N° 255, p.243, 1983.


BELKEBIR M., et al. – Synthèse d’un réseau d’échangeurs de chaleur. Chem. Eng. J., 42,
p.119, 1989.
PIERRE B., déjà cité pour le chapitre 3.

Régimes variables (chapitre 8)

AZILINON D., PIERSON P., PADET J. – Constante de temps des échangeurs thermiques.
Revue Générale de Thermique, 338, p.731, 1991.
BAGUI F., ABDELGHANI-IDRISSI M.A.– Régimes transitoires des échangeurs thermiques
tubulaires. Congrès Français de Thermique SFT 05, Actes vol. 2, p.189, Reims, 2005.
CHITOU N., MAI T.H., PADET J. – Étude de l’efficacité d’un échangeur en régime
variable. Entropie, N° 220-221, p.87-91, 1999.
EL WAKIL N., REBAY M., PADET J. – Numerical study of transient forced convection in
paralle-plate heat exchangers. ICHMT Int. Symposium on Transient Convective Heat Transfer,
Cesme, Turquie, Begell House, 1996.
HADIDI M., GUELLAL M., LACHI M., PADET J. – Loi de réponse d’un échangeur
thermique soumis à des échelons de température aux deux entrées. Int. Comm. in Heat Mass
Transfer, 22, N°1, p.145-153, 1995.
HENRION M., FEIDT M. – Comportement en régime transitoire de divers types
d’échangeurs de chaleur; modélisation et conséquences. Int. Comm. in Heat Mass Transfer,
18, p.731, 1991.
LACHI M., EL WAKIL N., PADET J. – The time constant of double pipe and one pass
shell-and-tube heat exchangers in the case of varying flow rates. Int. J. Heat Mass Transfer,
40, N°9, p.2067-2079, 1997.
MAI T.H., CHITOU N., PADET J. – Heat exchanger effectiveness in unsteady state. Eur.
Phys. J. Applied Physics, 8, p.71-75, 1999.
PIERSON P., AZILINON D., PADET J. – Simulation du fonctionnement des échangeurs
thermiques soumis à des conditions aux limites variables. Revue Phys. Appl. 24, p.93-107,
1989.
PIERSON P., PADET J. – Time constant of solar collectors. Solar Energy, 44, N°2, p.109-
114, 1989.
INDEX ALPHABÉTIQUE DES MATIÈRES

- laminaire, 4.2.1 ; 4.4.2 ; 5.2.2 ; 8.5 .


A - turbulent, 4.2.2 ; 4.4.3 ; 8.4.2 ; 8.5.

Ailettes, 4.3.4. ; 6.2.3 ; problème 11. Efficacité


- d’un échangeur, 3.2 ; 3.4.3 ; 7.2.3 ; 7.3.4.
C - d’une ailette, 4.3.4
- moyenne en régime variable, 8.8.
Cheminée, problème 4. - relative, 3.2 ; 7.2.2 ; 8.8.
Chicanes (géométrie), 4.3.3.1. Encrassement, 6.1 ; 6.2.3 ; 8.8.
Coefficient d’échange, 4.1.4 ; 4.3.1.3 ; 4.3.4.3 ; 5.2 ; Évaporateurs, 2.4 ; 5.3.
5.3 ; 6.2 ; 8.1.
Coefficient de frottement, 4.2.2.3 ; problèmes 9, 12. F
Condenseurs, 2,4 ; 5.2 ; problèmes 5, 10.
Conductance globale, 3.3. ; 6.2. Facteur de déséquilibre, 3.2 ; 7.2.1 ; 8.8.2♥.
Constante de temps, ch. 8 Facteur de forme, 4.4.1.
Croisements de température, 3.7.2 ; 7.6 ; 8.8.3. Fluide brassé, 1.2 ; 3.4.3 ; 3.5.3 ; problème 8.
Formule de Colebrook, 4.2.2.3 ; problème 9.
D
L
Diamètre hydraulique, 4.2.2.6 ; 4.3.1.5 ; 4.3.2 ;
4.4.1 ; 5.2.2 ; problème 11. Longueur caractéristique, 4.3.1.5 ; 4.3.2 ; 4.5.
DTLM, 2.5.1. Longueur de référence, 4.1.5 ; 4.2.2.6 ; 4.3.1.5 ; 4.5.

E M

Ébullition, 5.3. Méthode NUT, 3.6 ; 3.7 ; 7.2 ; problèmes.


Échangeurs
- à chicanes, 1.1 ; 1.3 ; 3.7.2♠ ; 4.3.3 ; 7.2.4.2 ; N
7.4.2.
- à contre-courant, 2.3 ; 3.4.2 ; 3.7.1♦ ; 7.2.5 ;
Nombres de Nusselt, Péclet, Prandtl, Reynolds,
Stanton, 4.1.5.
problèmes 2, 3, 6, 13.
NUT, 3.3 ; 3.4.3 ; 6.2 ; 7.2.5 ; 7.3.4.
- à courants croisés, 1.2 ; 3.4.3 ; 3.5.3 ; 4.3.1 ;
problèmes 7, 8, 11.
P
- à courants parallèles, 1.2 ; 4.3.2 ; problème 13.
- à fluide isotherme, 2.4 ; 3.5.2 ; 4.2.1.2 ; 4.2.1.3 ;
Pas d’un faisceau, 4.3.1.1 ; problèmes 9, 13.
problèmes 4, 5, 10.
Perte de charge, 4.2.2.3 ; 4.3.2 ; problèmes 9, 10.
- à modules, 1.3.1 ; 7.2.4.2.
Pincement, 3.7.1 ; 3.7.3 ; 7.6.
- à passes, 1.3.2 ; 3.7.1♠ ; 7.4.2 ; Puissance d’un échangeur, 3.1 ; 6.2.
problèmes 8, 9, 10.
- à plaques, 1.1.2 ; 1.3.2 ; 6.1 ; 7.4.3 ; problème 7. R
- à tubes ailetés, 4.3.4 ; problème 11.
- bitubes, 4.4 ; 8.2 ; problème 3. Réseau, problèmes 12, 13, 14.
- co-courant, 2.2 ; 3.4.1 ; problème 13. - à fluide intermédiaire, 7.5.1.
- compacts, 4.3.4.4 ; problème 11. - maillé, 7.4.
- en épingle (à faisceau en U ), 1.1 ; problème 13. - ouvert, 7.5.2.
- en série, 7.2 ; 7.4.1 ; problème 12. Rugosité, 4.2.2.3.
- en série-parallèle, 7.3 ; problème 12.
- équivalents, 7.2.3 ; 7.2.5 ; 7.3.4 ; 8.6.1. T
- P-N, 1.3.2 ; 3.4.3 ; 3.7.2 ; 3.7.3 ; 7.2.4.1.
- tubulaires, 1.1.1 ; 4.3.1 ; 4.3.3 ; 7.4.2 ; Température
problèmes 6, 8, 9, 10, 13. - de film, 4.1.3 ; 4.1.4 ; 5.1 ; problème 10.
Écoulement
- de mélange, 2.1 ; 2.2.♥ ; 4.1.2 ; 4.1.4.
- autour de faisceaux de tubes, 4.1.4♥ ; 4.3.1. - de référence, 4.1 ; problèmes 8, 9.
- de transition, 4.2.3. Temps de retard, 8.3.1 ; 8.6.3.
Thermodépendance, 4.2.1.1 ; 4.2.2.1. V
Tubes
- corrugués, 4.2.2.5 ; 4.4.4. Viscosité, 4.2.1.1.
- faisceaux, 4.3.1.1 ; 4.3.1.6 ; 4.3.3 ; 4.3.4.3 ; Vitesse massique, 4.1.5 ; 4.3.1.2.
problèmes 9, 13. Vitesse de référence, 4.3.1.2 ; 4.3.4.3.
- nappes, 4.3.1.1 ; problème 9.
- section annulaire, 4.4 ; problème 3.
- section circulaire, 4.2.1.2 ; 4.2.2.2.
- section rectangulaire, 4.2.1.3 ; problème 9.

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