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MINISTERE DE L’ENSEIGNEMENT SUPERIEUR Année 2022-2023


ET DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE
ECOLE NORMALE SUPERIEURE D’ABIDJAN

DEPARTEMENT DES SCIENCES DE L’EDUCATION

UNITE D’ENSEIGNEMENT ET DE RECHERCHE DE SOCIOLOGIE DE


L’EDUCATION

FILIERES : EDUCATEUR ; CES/VIE SCOLAIRE ; CES/CANTINES

U E : Stratégies de travail scolaire

COURS MAGISTRAL
CONNAISSANCE DU SYSTEME
EDUCATIF IVOIRIEN

Vendredi 13 janvier 2023

C M : (7h 30 – 18h 30)

Professeur TOURE KROUELE


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OBJECTIFS DU COURS :

*Analyser le fonctionnement du système éducatif ivoirien ;


*Etudier les grands principes du système éducatif ivoirien ;
*Etudier les forces et les faiblesses du système éducatif ivoirien.

PLAN DU COURS
Introduction
(Qu’est-ce que le Système Educatif)
1 : Présentation du Système Educatif
1.1 : Organisation structurelle
-Par degré d’enseignement
-Par structures ou services administratifs
1.2 : Missions et finalités du Système Educatif
2 : Contexte et fonctionnement du MENA
2.1 : Contexte du MENA
2.2 : Fonctionnement du MENA
3 : Les grands principes du Système Educatif
3.1 : Laïcité et neutralité
3.2 : Gratuité
3.3 : Egalité
3.4 : Obligation scolaire (PSO)
4 : L’efficacité du système éducatif
4.1 : L’efficacité interne du système éducatif
4.2 : L’efficacité externe du système éducatif
5 : Forces et faiblesses du Système Educatif
5.1 : Les Forces
-Démocratisation, massification scolaire et marché éducatif
-Diplomation
-Répartition
-Problèmes d’accès et de maintien
5.2 : Les Faiblesses
-Problèmes d’accès et de maintien
-Problèmes de ressources humaines
-Problèmes de ressources financières
- Problèmes d’infrastructures
- Problèmes d’insuffisance du confort pédagogique
Conclusion
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INTRODUCTION

Le MENA de CI est un vaste système dont le fonctionnement est


complexe. Mais que faut-il entendre par Système Educatif ? D’abord, un
système est un ensemble organisé d’éléments en interaction. Le système
éducatif ou d’enseignement est un ensemble de structures ayant pour
objectif l’enseignement et la formation dans le pays. Il reçoit les enfants dès
l’âge de 3 à 6 ans. Pendant en moyenne 20 ans le système forme et prépare
les futurs citoyens à travers les différents cycles de formation pour leur
intégration à la vie professionnelle. On peut distinguer en son sein le
système formel et le système non formel. En Côte d’Ivoire, le système
éducatif s’étend sur plusieurs ministères : Education nationale et de
l’alphabétisation ; Enseignement technique et professionnel ; Enseignement
supérieur.

Ce système est chargé de mettre en œuvre la politique


gouvernementale en matière d’éducation. Il s’agit de rendre la scolarisation
obligatoire pour les enfants de 6 a 16 ans; de rendre l’école ivoirienne plus
inclusive et compatible avec les exigences d’un développement économique
et social équitable, efficace, efficient et soucieux de la prise en charge des
exclus conformément aux engagements nationaux et internationaux du
pays.

Ce cours qui est destiné aux Educateurs et professeurs de collège, se


concentre sur le Ministère de l’Education Nationale et de l’Alphabétisation
où ils serviront après leur formation.

1 : Présentation du Système Educatif


1.1 : Organisation structurelle
RESEN 2026, p.49 ( A VOIR EN TD)
-Par structures ou services administratifs

Le MENA a une organisation pyramidale que l’on peut présenter en 4


étages.
1er : DECIDEURS
(Ministre, Dir. Cabinet, IGEN)
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RÔLE : Définir / Faire appliquer la politique éducative du


Gouvernement.
2ème : MANAGEURS
(Directeurs centraux, régionaux et départementaux)
RÔLE : Faire appliquer ; Suivre ; Contrôler ; Evaluer.

3ème : PERSONNELS D’ENCADREMENT


(SG de DREN ; Inspecteurs chefs de circonscription ; Chefs de
service d’administration centrale et régionale ; Chefs d’établissement
scolaire, et Antennes pédagogiques)
RÔLE : Appliquer / Exécuter ; Former.

4ème : OPERATEURS
(Agents d’exécution : Enseignants, Educateurs, Conseillers, petits
personnel.)
L’établissement scolaire (Collège ou Lycée); l’inspection
d’enseignement préscolaire et primaire ; la Direction départementale ;
Les Directions régionales : 41
Les Directions centrales : 21
le Cabinet.

Il faut noter que le nombre de direction centrale a augmenté dans le


temps. Entre 2000 et 2015 l’on est passé de 5 à 17 Directions centrales.
Les services déconcentrés que sont les Directions Régionales et
départementales ont également éclaté pour passer de 10 à 36 entre 2000 et
2015 puis à 41 dès 2019.

(-Dans la décentralisation, la gestion administrative d’une région est remise


à des autorités locales élues et non des agents nommés par le pouvoir
central.
-La déconcentration : l’Etat délègue certains pouvoirs de décision à des
agents ou organismes locaux qui sont nommés et soumis à l’autorité
centrale.
-Les Directions régionales DREN sont des services déconcentrés.)
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-Par degré d’enseignement


Les différents cycles d’enseignement : le préscolaire ; le primaire ; le
collège ; le lycée ; les cycles du supérieur.
Le premier degré; le deuxième degré ou secondaire ; le supérieur.
1.2 : Missions et finalités du Système Educatif
La politique éducative du pays définit les missions et finalités du
système éducatif. Il s’agit des grandes orientations philosophiques, morales,
idéologiques conçues pour le système. Les finalités définissent les grandes
intentions du système.
Le Système Educatif vise à assurer l’instruction, la socialisation et la
qualification des individus.
-Assurer le droit à l’éducation pour chaque citoyen ;
-Permettre d’acquérir le savoir, de développer la personnalité,
d’élever la formation ;
-Favoriser l’insertion dans la vie sociale, culturelle et professionnelle ;
-Permettre d’exercer la citoyenneté.
La vision de la Côte d’Ivoire pour le secteur Éducation/Formation est ainsi
formulée : « En 2025, le système éducatif ivoirien assure à tous les enfants et
adultes une éducation et une formation de qualité, équitable et inclusive qui
prend en compte les besoins de transformation du citoyen, le rend capable de
contribuer au développement socioéconomique de sa communauté et de la
société ivoirienne, de favoriser la cohésion sociale et lui assure les capacités de
compétitivité et d'innovations« technologiques. »

2 : Contexte et fonctionnement du MENA


2.1 : Contexte du MENA
Le MENA fonctionne dans un contexte social national qui a connu des
évolutions dans le temps. Sur le plan démographique, les chiffres montrent
les changements. En 1920 la population de la Côte d’Ivoire est de 1,8
millions d’habitants. Elle augmente pour atteindre 3,1 millions d’habitants
en 1955 puis 6,7 millions d’habitants en 1975. En 1998, le recensement
général de la population et de l’habitat (RGPH) donne une population de
15,4 millions d’habitants. Les résultats du RGPH de 2014 annoncent une
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population totale résidente de 22,7 millions d’habitants. Les prévisions


pour l'horizon 2025 laissent présager une population estimée à environ
27,2 millions. La population du pays croît à un rythme relativement élevé,
même si l'on peut noter une baisse du rythme d’accroissement au cours des
dernières années en relation avec une baisse de la fécondité. Notons que le
taux moyen de croissance annuelle a atteint 3,7 % en 1960. En 2014, ce
taux est passé à 2,5 %. Et les perspectives indiquent une baisse de cet
indicateur d'ici 2025.
Le contexte socio-linguistique est complexe. La population ivoirienne
comprend une soixantaine de groupes ethniques que l’on peut répartir
entre les quatre grandes aires sociolinguistiques suivantes : Akan, Mandé,
Gur ou Voltaique et Krou. Cette population se répartit entre deux
principales religions, à savoir l’islam (40,4 %) et le christianisme (40,3 %).
Acôté de ces deux grandes religions, il y a les animistes (5,5%). Le Français,
langue officielle d’enseignement et dans l’administration publique, est lu et
écrit par 45 % de la population.
Le contexte économique est marqué par une situation complexe. Le
pays vient de très loin car il a connu une croissance inférieure à zéro depuis
les années 1980. La crise politico-militaire déclenchée en 2002 n’a pas
facilité les choses. Comparé aux pays voisins, la Côte d’Ivoire a été classée
parmi les plus faibles taux de croissance en Afrique subsaharienne.
Tableau 1 : Evolution du taux de croissance du PIB par habitant entre 1980
et 2012 en Afrique de l’ouest (en %)

Etats 1980-1990 1990-2000 2000-2010 2010-2012


Benin 0,22 1,20 0,72 1,62
Burkina Faso 0,94 2,74 3,33 4,13
Côte d’Ivoire -2,67 -0,57 -0,54 -0,11
Mali -1,02 1,53 3,11 -2,21
Niger -2,56 -1,58 -0,84 2,69
Sénégal -0,43 0,32 1,34 0,20
Togo -2,02 -0,33 -0,45 2,54
Source : Tableau élaboré à partir des données issues de : GROUPE DE LA BANQUE,
BANQUE AFRICAINE DE DEVELOPPEMENT, Rapport sur le développement en Afrique 2015

Dès 2012, le pays renoue avec la croissance car le PIB atteint un taux record de
10,7%. Ce taux s'élève en 2013 à 9,2% puis commence à se stabiliser autour de
7% après 2014. La croissance nationale n'est plus fondée uniquement sur
l'agriculture. Elle se diversifie et s'appuie également sur les secteurs secondaire
et tertiaire à travers l'industrialisation progressive du tissu économique, le
renforcement du climat des affaires et l'exécution de grands projets miniers.
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Un tel environnement économique favorise une amélioration du budget investi


dans l'éducation.

Tableau 2: Répartition des dépenses courantes du secteur Education-Formation


(il s'agit ici de la grande masse des dépenses courantes hors salaire)

2015 2019
Récapitulatif des ressources pour les
dépenses courantes par niveau
(Millions de FCFA)
Petite enfance 11 794 20 849
Alphabétisation 3 354 11 900
Enseignement primaire 341 489 557 947
Enseignement secondaire 1er cycle 164 185 196 107
Enseignement secondaire 2eme cycle 126 801 109 989
Enseignement technique 13 573 22 324
Formation professionnelle 34 360 61 612
Enseignement Supérieur et Recherche 132 940 151 148
Scientifique
Dépenses courantes du secteur 828 496 1.131 876
Source : Plan sectoriel Education/Formation 2016-2025

La progression des budgets est en rapport avec l’amélioration du taux de


croissance du PIB par habitant.

2.2 : Fonctionnement du MENA

Dans son fonctionnement, le MENA procède par déconcentration pour


plus d’efficacité.

Cette option de déconcentration de la gestion du système privilégie


la DRENA, maillon essentiel dans la mise en œuvre de la Politique éducative.
Les DRENA ont donc des responsabilités accrues car elles jouent un rôle
local de centre de gestion et de responsabilité.
La DRENA doit donc mettre en œuvre des mécanismes de gestion
fonctionnels et disposer de ressources humaines qualifiées, notamment au
plan du management du système. Elle gère les mobilités géographiques des
ressources humaines. Au-delà de 5 ans d’exercice, la mobilité d’un
fonctionnaire relève du MENA.
Le MENA vise une amélioration de l’offre scolaire particulièrement
dans le milieu rural afin d’approcher l’école des populations. D’où la
création des « Collèges de proximité » dans lesquels les gestionnaires
doivent développer des compétences spécifiques pour l’encadrement des
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enseignants bivalents. Le pilotage de ces collèges de proximité doit se faire


avec une forte implication communautaire. Les chefs d’établissements
doivent exercer une gestion partenariale avec les responsables des
communautés locales.
Graphique 1: ARCHITECTURE DU SYSTEME EDUCATIF DE LA
COTE D’IVOIRE

Source : PLAN SECTORIEL EDUCATION/FORMATION 2016 – 2025 , p.36.

3 : Les grands principes du Système Educatif


3.1 : Laïcité et neutralité
-La laïcité est un principe républicain nécessaire pour la formation
des citoyens. Il s’agit de la séparation de l’Etat et des religions. La
constitution n’impose aucune religion et la citoyenneté n’est associée à
aucune croyance religieuse particulière. La laïcité à l’école garantit la liberté
de conscience des élèves et enseignants qui sont libres de croire ou de ne
pas croire à une religion quelconque sans que leur liberté en soit menacée.
La laïcité à l’école favorise le vivre ensemble dans la tolérance, l’égale
acceptation de chacun.
9

-La laïcité impose la neutralité dans l’organisation de l’école et des


programmes scolaires. Le choix des jours fériés et des congés ne privilégie
aucune religion. De même, l’enseignement de la morale ne privilégie les
valeurs d’aucun groupe ethnique et d’aucune religion particulière. Les
contenus des matières enseignées sont neutres et ont un caractère national.
3.2 : Gratuité
La gratuité est un choix politique visant à démocratiser l’accès à
l’école en Côte d’Ivoire. Elle permet de relever le défi des faibles taux
d’accès à l’école. Il s’agit en réalité d’une gratuité ciblée vers les couches
sociales les plus vulnérables et les plus défavorisées. L’Etat fournit des kits
scolaires et allège les conditions de la scolarisation au cycle primaire pour
les enfants issus de ces milieux défavorisés.
3.3 : Egalité
La question de l’égalité dans notre système éducatif prend en compte
le genre, les accès, les parcours et les réussites scolaires. Le premier défi est
de construire l’égalité des sexes. Cette égalité entre filles et garçons à l’école
reste un problème à résoudre. Il faut accorder l’égalité des chances à tous
les enfants quel que soit leur sexe ou leur origine familiale. En Côte d’Ivoire,
les inégalités s’observent dans les accès aux différents cycles scolaires, dans
les parcours (redoublements, échecs, abandons) et les réussites aux
examens.
3.4 : Obligation scolaire (PSO)
L’obligation scolaire correspond à une loi adoptée en 2015 qui rend
désormais l’école obligatoire en Côte d’Ivoire. Dans son application, elle
donne naissance à la Politique de Scolarisation Obligatoire. Cette politique
consiste à sensibiliser toutes les familles et à les inciter à scolariser tous les
enfants, filles comme garçons. Pour que cela soit possible, l’Etat s’engage de
son côté, à construire de nouvelles écoles afin d’améliorer l’offre éducative.
C’est ainsi que se développent les collèges de proximité. Il s’agit de
répondre à une des normes de l’UNESCO selon laquelle un enfant ne doit
pas se déplacer à plus de 3 KM pour accéder à son école.

4 : L’efficacité du système éducatif

4.1 : L’efficacité interne du système éducatif

Les indicateurs de performance :


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*La couverture scolaire reste encore faible (6 % en 2013 et 8% en 2016)


et essentiellement concentrée en milieu urbain. En termes de comparaison
internationale, la Côte d’Ivoire accuse un retard par rapport aux pays
d’Afrique de l’Ouest et du Centre (14 % au Sénégal et 30 % au Cameroun).

*Les indicateurs d’accès aux cycles scolaires : Taux brut d’Admission


(TBA), Taux brut de scolarisation (TBS), Taux net de scolarisation dans le
préscolaire, le primaire, le secondaire.

Entre 2007 et 2014, le taux brut d’accès au CP1 s’est amélioré de 30


points en passant de 64 a 94%. Ce taux passe à 113% en 2016.
L’accès en premiere année du premier cycle du secondaire général s’est
également amélioré. Sur la même période 2007 et 2014 il est passé de 33%
à 58%. Ce taux s'élève à 61% en 2016. Cette amélioration est beaucoup plus
soutenue depuis la mise en ouvre, en 2011-2012, de la mesure de réduction
du seuil d’admission en 6ème (12 % par an contre 8 % avant 2011).
Concernant le second cycle, seul 1 élève sur 5 atteint la classe de seconde
sur la même période.

-Taux brut d’Admission : TBA, ce taux concerne les enfants nouvellement


admis sans distinction d’âge en première année d’étude d’un cycle. L’âge
légal au Préscolaire est de 3 ans, au CP1, il est de 6 ans, en 6ème, de 12 ans et
en 2nde il est de 16 ans. En 2014-2015, le taux brut d’admission est de 4,7%
au Préscolaire, de 100% au Primaire, de 58,2% au collège et de 24,4% au
lycée.

*Les indicateurs de carrières scolaires : Taux de promotion, Taux de


transition, Taux de redoublement, Taux d’achèvement.
Tableau 3 : Taux de transition et de promotion de 2012-2013 à 2013-2014 (en %)

Taux Promotion Transition Promotion Transition Promotion


CP1 CP2 CE1 CE2 CM1 CM2-6ème 6ème 5ème 4ème 3ème -2nde 2nde 1ère
2012- 79 81 77 73 75 68 83 87 89 42 78 103
2013
2013- 81 83 80 77 80 79 82 89 92 47 80 95
2014
Source : MENET-DSPC/Rapport d’Analyse Statistique Scolaire 2014-2015

Ces taux montrent que le redoublement est assez présent dans le système.
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Tableau 4 : Proportion des redoublants dans le secondaire général par niveau (en
%)

2010-2011 2011-2012 2012-2013 2013-2014 2014-2015


6ème 10,1 7,7 6,9 7,4 8,8
5ème 10,3 7,8 8,1 7,9 6
4ème 11,3 8,5 10,1 10,5 8,7
3ème 45,1 27,3 29,1 35,8 30,9
Premier 19,9 13 13,9 15,4 13,2
cycle
2nde 24,4 14,1 13,6 9,2 9
1ère 17,4 10,4 12,5 12,3 7,8
Tle 40,1 44,3 46,5 46,1 43,9
Second cycle 29,6 27,4 30,1 27,5 22,2
Source : MENET-DSPS/Rapport d’analyse statistique scolaire 2014-2015

Les redoublements alourdissent le système et affaiblissent son


efficacité.

*Les indicateurs des produits du système

Taux de réussite scolaire : Taux de réussite au CEPE, Taux de réussite au


BEPC, Taux de réussite au Baccalauréat.
Tableau 5 : Résultats aux examens de 2011 à 2015 (en %)

2011 2012 2013 2014 2015


CEPE 58,22 55,91 67,03 79,13 82,12
BEPC 17,34 17,14 40,17 57,43 58,62
BAC 20,59 25,13 33,58 36,23 39,66
Source : MENET-DSPC/Rapport d’Analyse Statistique Scolaire 2014-2015

Ces résultats traduisent un nivellement par le bas. Il y a plus de


réussite dans le primaire et plus d’échec dans le secondaire.

Taux d’échec : Les sorties du système sans diplôme correspondent aux


déchets. Les déscolarisés sans diplôme constituent donc les taux de
déperdition du système.

4.2 : L’efficacité externe du système éducatif

*Taux de chômage après les études scolaires :

Une étude de l’AGEPE de 2012, indique que le taux de chômage des 14-35
ans est de 12,2% (dont 9,7% d’hommes et 15% de femmes).

*Taux d’employabilité après le bac :


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Le détenteur d’un bac général n’est pas sûr d’exercer un emploi stable s’il
ne convertit pas son niveau d’étude en formation professionnelle ou s’il ne
poursuit pas ses études dans l’enseignement supérieur.

L’efficacité externe du système montre une inadéquation quantitative et


qualitative entre sortants du système éducatif et marché de l’emploi. En
effet, relativement à l’insertion des diplômés de l’ETFP sur le marché de
l’emploi, les données de l'enquête-emploi 2013 combinées aux statistiques
du secteur Éducation- Formation, indiquent que les taux d’insertion
respectifs dans le secteur formel sont de 43,9 % pour le CAP (Certificat
d’Aptitude Professionnelle), 16,8 % pour le BEP (Brevet d’Études
Professionnelles), 36,0 % pour le BT (Brevet de Technicien), 49,4 % pour le
BP (Brevet Professionnel) et 49,5 % pour le BTS (Brevet de Technicien
Supérieur). La durée moyenne des diplômés de l’ETFP pour accéder à un
emploi est de 23 mois. Cette durée est de 24 mois pour le BTS. Concernant
l’insertion professionnelle des diplômés de l’enseignement supérieur,
l’enquête-emploi réalisée en 2012, révèle des taux de chômage de 27,8%
pour les titulaires de DUT, 35,7% pour le DESS et 42,9% pour les Masters.

5 : Forces et faiblesses du Système Educatif


5.1 : Les Forces

-Démocratisation, massification scolaire et marché éducatif

L’universalisation des biens scolaires entraine leur démocratisation.


Cette démocratisation traduit l’accès des enfants provenant de toutes les
couches sociales à l’école. Il faut cependant distinguer la démocratisation
égalisatrice de la démocratisation ségrégative. En effet, la démocratisation
égalisatrice en termes d’une école ouverte à tous, couvre les cycles du
primaire et du collège. Dès le second cycle, l’apparition des séries et filières
s’accompagne d’une démocratisation ségrégative fondée sur la hiérarchie
entre filières. Les enfants des couches sociales défavorisées se sentent
exclus des filières scientifiques dont le coût des études est plus élevé. Le
marché éducatif en cours dans le second cycle prend ainsi la forme d’une
sélection scolaire où les enfants issus des milieux favorisés ont plus de
chance d’évoluer.
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La démocratisation de notre école traduit un accès à tous les enfants quel


que soit le sexe, la famille d’origine ou le milieu de résidence. Les taux
d’accès à l’école sont de plus en plus importants. En ville comme au village,
filles et garçons s’inscrivent massivement à l’école. L’offre scolaire qui
s’améliore favorise l’accès de tous les enfants.
La population scolarisable des 3 a 23 ans est passée de 8,7 à 12,7
millions entre 2000 et 2012 et est amenée à progresser pour atteindre 14,7
millions d’enfants et de jeunes d’ici 2025. Toutefois, bien qu’en hausse, le
poids de la population scolarisable dans la population totale décroit,
passant de près de 55% en 2000 à 50% en 2012 et ne pourrait représenter
que 46 % en 2025. Cette tendance baissiere est constatée au niveau de tous
les groupes d’âges, avec une baisse plus accentuée au niveau des groupes
d’âges préscolaire et primaire. Cette évolution résulte d’une augmentation
moins rapide de la population sur la période, notamment parmi les groupes
d’âges jeunes, consécutive a une perspective de réduction de la fécondité.

L’espérance de scolarisation (EVS) en Côte d’Ivoire est de 7 ans en


2013, selon le RESEN 2016. C’est dire qu’en 2014, un enfant scolarisé en
Côte d’Ivoire peut espérer valider en moyenne 7 années d’études. Donc
l’enfant qui est inscrit au CP1 a de fortes chances d’arrêter les études en
classe de 5ème. Signalons que cet indicateur était de 5,4 années en 2007.
Tableau 6 : Espérance de vie scolaire dans les pays de la CEDEAO

EVS PAYS EVS


Niger (2012) 5,6 Gambie (2010) 8,1
Burkina Faso 5,9 Guinée-Bissau 8,1
(2012) (2013)
Côte d’Ivoire 7 Sierra Léone 8,8
(2011)
Mali (2011) 7 Bénin (2011) 9,1
Guinée (2012) 7,1 Togo (2012) 9,8
Sénégal (2010) 7,1 Ghana (2012) 10,5
Libéria (2007) 7,3 Cap Vert (2012) 11,5
Moyenne des pays comparateurs : 8,1
Source : RESEN 2016, p.63.

Les pays anglophones ont une meilleure espérance de vie scolaire et la Côte
d’Ivoire doit rattraper son retard.

-Diplomation
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La scolarisation est un parcours rythmé par les différents cycles


scolaires. Ces cycles sont sanctionnés par des titres scolaires c’est-à-dire
des diplômes. Il faut donc combattre l’échec scolaire pour favoriser l’accès
du plus grand nombre aux diplômes qui constituent aujourd’hui le
parchemin au monde de l’emploi. La qualité du système éducatif dicte la
reconnaissance internationale des diplômes délivrés.
-Répartition
La carte scolaire donne la répartition des établissements sur
l’ensemble du territoire national. Cette répartition, d’abord déséquilibrée,
s’efforce de correspondre à la demande scolaire des régions, des milieux
urbain ou rural. La politique des collèges de proximité vise à établir
l’équilibre de l’offre éducative sur la carte scolaire.
-Lutte contre l’analphabétisme
Les progrès de l'accès à l'éducation favorisent la réduction de
l'analphabétisme dans le pays. Le taux d'analphabétisme est passé de 55%
en 2012 à 42 % en 2017.

5.2 : Les Faiblesses


-Problèmes d’accès et de maintien
-Le système éducatif ivoirien, en dépit des progrès, doit encore
surmonter quelques faiblesses. Malgré la mise en œuvre de la politique de
scolarisation obligatoire, près de 30% des enfants vivent en marge de
l’école. Et, au-delà de 15 ans ils ne peuvent plus intégrer le système formel.
Ils deviennent des analphabètes.
-Les enfants inscrits dans le système, ne terminent pas tous le cycle
scolaire. Ainsi, dans le primaire, près de 5% d’entre eux abandonnent avant
la fin du cycle en 2020. Au collège, ce taux s’élève à près 17%.

-Problèmes de ressources humaines


Ce problème commence par le manque d’enseignants. C’est un
problème récurrent. Il y a des recrutements d’enseignants chaque année
mais plusieurs salles de classe sont sans enseignant. Plusieurs raisons
peuvent expliquer cette situation : les départs à la retraite, les décès et
surtout les mobilités dans la carrière.
15

-Problèmes de ressources financières


Ce problème de ressources financières concerne à la fois les familles
et l’Etat-enseignant. Certaines familles n’ont pas assez de moyen pour
accompagner les enfants dans leur trajectoire scolaire. de même, il y a des
périodes où les financements publics de l’éducation sont faibles, ce qui
impacte négativement la construction de nouvelles écoles.

- Problèmes d’infrastructures
Les infrastructures renvoient d’abord à l’offre scolaire, à travers les
salles de classe, les établissements ainsi que les équipements nécessaires.
- Problèmes d’insuffisance du confort pédagogique
Sur le plan pédagogique, on note les réformes successives pas
toujours suivies de formation continue des acteurs de terrain. Les manuels
liés aux nouvelles méthodes pédagogiques ne sont pas souvent disponibles
ou accessibles pour les enseignants.

Conclusion
Pour finir, le système éducatif ivoirien est engagé dans une dynamique
nouvelle visant à éduquer tous les citoyens afin de préparer le changement
social qui devient irréversible. Les recrutements massifs d’enseignants et
leur formation visent à faire fonctionner efficacement les collèges de
proximité. C’est là, une véritable source d’espoir pour les enfants
scolarisables ainsi qu’une offre d’emplois formels pour les jeunes diplômés.

Bibliographie

Côte d’Ivoire, 2017, Plan sectoriel Education/Formation 2016 –2025.


Côte d’Ivoire, Rapport d’analyse statistique du système éducatif 2015-2016.
Côte d’Ivoire, Rapport d’Etat sur le Système de l’Education Nationale
(RESEN) 2016.
Cousin Olivier., Felouzis Georges, (2002), Devenir collégien. L’entrée en
classe de sixième, ESF éditeur, 168 p.
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