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UNIVERSITE LIBRE DES PAYS DES GRANS LACS

ULPGL/GOMA

B.P: 368 Goma

DOMAINE DES SCIENCES ECONOMIQUE ET DE GESTION

L'IMPACT DU CAPITAL HUMAIN SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE : UNE


EXPOSITION SUR LES DONNEES DE LA RDC (1992-2022)

Par : KANGWANDE MBALE Frank


Projet tutoré présenté en vue de l’obtention

du diplôme de licence en science économique

Directeur : Augustin MUMBERE SIBAHIRWANDEKE

Docteur

Encadreur : Adolphe KANKISINGI SADIKI

Chef de Travaux

Février 2024
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i

EPIGRAPHE

Formez-vous, armez-vous de sciences jusqu'aux dents (...) et arrachez votre patrimoine


culturel.

Cheikh Anta Diop


ii

DEDICACE

A mon père MANGA MBALE et à ma mère MAIMUNI RADJU

KANGWANDE MBALE Frank


iii

REMERCIEMENT

Ce travail ayant requis la participation directe ou indirecte de plusieurs personnes de prêt ou


de loin, nous n'allons pas manquer à présenter notre reconnaissance aux personnes ci-après :
Tout d'abord nos sincères remerciements au Dieu de nos ancêtres, le Dieu protecteur de
l’univers. Nous remercions le Professeur MUMBERE SIBAYIRWADEKE Augustin pour la
direction de ce travail.
Nos humbles remerciements aux autorités de l'ULPGL Goma qui nous ont soutenu
intellectuellement et moralement en nous offrant des enseignements de qualité et un
encadrement efficace durant notre cursus académique particulièrement au sein de la faculté
des sciences économiques et de gestion.
iv
1

0 .INTRODUCTION

0.1 PROBLEMATIQUE

La théorie de la croissance économique cherche à expliquer le comportement dynamique à


long terme d’une économie. L’étude des écarts de croissance enregistrés entre les pays en
développement et ceux développés se justifie par leur retard de croissance et des disparités en
termes de niveau de vie sachant que la croissance économique signifie une élévation du
revenu par tête et une élévation de la productivité des biens et services dans un pays
(Meulemeester, 2003).

Selon le modèle de Solow, il existe une croissance de long terme stable qui ne dépend que des
évolutions technologiques et de la population et non des comportements économiques. Mais
depuis une vingtaine d'années, on assiste à un renouveau de la pensée économique concernant
les théories de la croissance.

En effet, la recherche des facteurs expliquant le progrès technique a donné naissance à de


nouvelles théories de la croissance, celles intégrant spécifiquement le capital humain comme
facteur déterminant de la croissance. D’où la naissance et le développement des théories de la
croissance endogène qui s’intéressent particulièrement à l’impact du capital humain sur la
productivité (Mazonzika&Makuikila, 2017).

A la suite des travaux de Mankiw, Romer&Weil (1992), Benhabib&Spiegel (1994), le capital


humain est considéré comme la principale variable de l’évolution macroéconomique. Bien
qu'il existe un débat sur le sens de la causalité entre le secteur productif et le secteur éducatif
(Logossah, 1994), l'idée d'investir dans les personnes s'est imposée pour répondre aux
changements économiques. (Keeley, 2007).

Bon nombre d’études dédiées à la croissance et la pauvreté ont relevé l’impact significatif des
connaissances, des qualifications et compétences des populations sur la croissance
économique, sur la réduction de la pauvreté et des inégalités sociales tant dans les pays
développés que dans ceux en développement (Bouwawe, 2023 ; Sadi&Rezine, 2021 ; Fraisse,
2009).

Dans le même ordre d’idées, en convoquant Hanushek (2005), une population active plus
instruite est associée à une croissance économique plus rapide car cela entraîne un taux
d'innovation plus élevé et une productivité plus importante, même si ces effets ne se font pas
sentir avant de nombreuses années. D’où, un peuple bien instruit constitue une richesse
2

incontournable. Ceci renchérit l’idée issue du modèle de Becker (1964), l'enseignement peut
être considéré pour l'essentiel comme un investissement qui accroît la productivité et les
revenus escomptés dans le futur.

La République Démocratique du Congo, avec une population estimée 102 millions


d’habitants (INS, 2023), est compté parmi les pays les plus pauvres de la planète. Plus de 80%
de sa population survivent à la limite de la dignité humaine, avec moins de 1$ par personne
par jour (PNUD, 2004). Les systèmes sanitaire et éducatif public sont dans un état de
délabrement total.

D'après le panorama qu'offre la RDC, la croissance économique ne peut que résulter de


l'exploitation de ses richesses naturelles qui exige encore plus l'abondance et la qualité du
capital humain qui est un préalable pour l'afflux du capital technologique physique et
financier et pour l'éclosion du marché.

A titre illustratif, de 1992 à 2005, la situation au plan de l'accumulation de la richesse


intérieure, était globalement négative, pour ne pas dire un échec absolu expliquant le drame
social de la population. Cette situation a des répercussions sur les autres dimensions sociales
de la vie socioéconomique notamment l'éducation.

En 2003, la RDC faisait partie des cinq pays du monde ayant le plus grand nombre d'enfants
non scolarisés. L'UNICEF estimait au cours de la même année qu'environ 50% des enfants en
âge d'aller à l'école primaire étaient complètement exclus du système éducatif. Par ailleurs la
fédération internationale de la Croix Rouge estimait que 70% d'enfants n'avaient pas accès à
l'éducation dans l'Est (zone des guerres). Les données de l'enquête MICS2 de l'UNICEF en
sont une preuve éloquente avec un taux d’analphabétisme plus prononcé chez les femmes (44
%) que chez les hommes (19 %), surtout en milieux ruraux.

Pitoyablement, l'Etat congolais consacrait durant la décennie 90 moins de 1% du budget


national à l'éducation action qui a débouchée à une détérioration du secteur éducatif qui a
enregistré un rythme galopant du taux d'analphabètes (UNICEF, 2001). L’état actuel de
l’accumulation du capital humain en RDC ne permet pas d’assurer le développement
socioéconomique du pays. Le système éducatif peine à doter le pays d’une population active
compétente, capable de le transformer en un pays industrialisé d’ici 2030.

Presque la moitié de la population en âge de travailler dans le pays n’a aucune instruction (28
%) ou n’a pas atteint un niveau d’instruction primaire (19 %). Cette situation suggère que des
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programmes destinés à améliorer la qualité de l’enseignement sont nécessaires (Compétences


pour le redressement économique et la croissance partagée en RDC, 2013).

A l'heure actuelle, la République démocratique du Congo a instauré la gratuité de


l'enseignement primaire, consciente de l'importance du développement du capital humain
pour soutenir la croissance économique, transformer le pays et en finir avec la transmission de
la pauvreté d’une génération à l’autre. Les progrès de la RDC montrent ce qu'il est possible
d’accomplir avec une volonté politique affirmée avec le soutien de la Banque mondiale.

Malgré ces progrès remarquables, il reste encore beaucoup à faire en RDC, car le niveau
actuel du capital humain reste faible. La RDC se classe au 164e rang sur 174 pays selon
l’indice de capital humain 2020. La médiocrité de l'éducation et des résultats d'apprentissage,
en particulier au niveau secondaire et pour les filles, est l'un des principaux facteurs
expliquant la faiblesse de l'indice de capital humain (IDA, 2018).

La Banque mondiale est déterminée à soutenir le gouvernement dans ses efforts pour relever
ces défis. En mars, les administrateurs ont approuvé un financement de 400 millions de
dollars de l'IDA en faveur du projet pour l'apprentissage et l'autonomisation des filles.

D'où, la première tâche pour maintenir une croissance accélérée en RDC doit consister à
mettre en valeur le capital humain ou, en termes moins financiers, à améliorer par
l'enseignement, les connaissances, les aptitudes et la foi en l'avenir et la par suite la santé
mentale et physique de tous, hommes et femmes.

Sur ce, la préoccupation principale de notre recherche consiste à analyser les caractéristiques
de la corrélation entre le capital humain et la croissance économique en RDC.

Nous tentons ainsi de répondre à la question de recherche suivante : « Comment


l’accumulation du capital humain contribue-t-elle à la croissance économique en RDC » ?

Les questions spécifiques suivantes constituent le fil conducteur de cette étude :

1) Comment ont évolué les indicateurs clés relatifs à l’investissement en capital humain en
RDC durant la période sous étude ?
2) Existe-t-il une corrélation entre le niveau de capital humain et la croissance économique
de la RDC ?
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Hypothèses de recherche

Eu égard aux questions soulevées ci-dessus, les hypothèses suivantes ont été soulevées :

H1 : Au regard du contexte congolais en ce qui concerne l’état des lieux de son système
éducatif esquissé dans la problématique, les indicateurs clés relatifs à l’investissement en
capital humain évolueraient négativement durant la période sous étude ;

H2 : Subséquemment à la première hypothèse, il existerait une relation négative entre


l’investissement en capital humain et la croissance économique de la République
Démocratique du Congo durant la période sous analyse.
Objectifs de la recherche

L'objectif principal de ce travail est de mettre en exergue l'impact de l’investissement en


capital humain sur la croissance économique en RDC. De façon spécifique, cette étude
ambitionne d’une part, d’analyser l’évolution de principaux indicateurs relatifs à
l’investissement en capital humain en RDC durant la période sous étude et d’autre part,
d’analyser l’existence d’une corrélation entre le niveau de capital humain et la croissance
économique de la RDC.

Choix et intérêt de la recherche

Le choix de ce sujet est dû à plusieurs raisons :

- La crise politico-économique qu'a traversée le pays pendant plusieurs années. Cette dernière
prouve bien que le développement de la RDC reste lié à la qualité et à la quantité de ses
ressources humaines. Malgré de multiples efforts fournis, la RDC n'arrive pas à sortir du
gouffre dans lequel elle est plongée depuis des années. Le développement et/ou la création
d'un capital humain adéquat seront capables de contourner cette crise et de relancer
l'économie.

-Le rôle qu'a joué le capital humain dans la réduction de la pauvreté surtout dans les pays
asiatiques. En 2021, la banque mondiale a reconnu le rôle crucial du capital humain dans la
réduction de la pauvreté en Asie. La région asiatique a connu une croissance économique
rapide au cours des dernières décennies, et des investissements importants ont été réalises
dans l’éducation, la sante et la formation professionnelle, ce qui a contribué à développer le
capital humain de la région. Ainsi l'inspiration du modèle asiatique pourrait élucider les
5

politiques publiques congolaises jusqu'à rendre ses ressources humaines plus productives et
jusqu'à jouir de la potentialité des richesses que renferment son sol et son sous-sol.

- L'improductivité quasi-totale de presque tous les secteurs économiques du pays.

Jadis la RDC était comptée parmi les premiers producteurs mondiaux de plusieurs produits ;
ce fait prouve que ses produits étaient compétitifs sur le marché mondial. Aujourd'hui le pays
est presque effacé sur la scène mondiale. Avec la réorganisation du travail et la réforme du
système éducatif qui sont deux aspects clés développement de la RDC. En investissant dans
ces domaines, le pays peut améliorer la productivité, renforcer les compétences de sa
population créer des opportunités économiques pour tous.

En somme, l'extrême pauvreté dans laquelle vit la population congolaise justifie le choix
de ce sujet.

Méthodes et techniques utilisées

Pour répondre à notre problème de recherche, nous avons recouru à la littérature disponible
sur notre sujet. En marge de la documentation, nous avons recouru à une analyse
économétrique pour une vérification empirique de l’impact du capital humain sur la
croissance économique en s’inspirant de la réalité RD congolaise, grâce à une régression
linéaire multiple par les moindres carrés ordinaires en se servant du logiciel Stata 14.

A cet effet, des données secondaires ont été recueillies des statistiques publiées annuellement
par la Banque Mondiale et la Banque Centrale du Congo par la mise à contribution de la
technique documentaire.

Enfin, l’utilisation des tableaux et graphiques statistiques a permis de bien présenter les
données ainsi que l’analyse de leur évolution dans le temps grâce à la méthode statistique et
descriptive.

Plan du document

Outre l’introduction générale et la conclusion générale, ce travail est structuré de la manière


suivante : Dans le premier chapitre consacré au cadre d’analyse, est présentée la revue de
littérature théorique et empirique relative à la relation entre le capital humain et la croissance
économique. Le second chapitre est dédié au diagnostic du système éducatif congolais. En fin,
6

le troisième chapitre est essentiellement axé à l’analyse de l’impact du capital humain sur la
croissance économique en RDC durant la période sous analyse.
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CHAPITRE I : REVUE THEORIQUE ET EMPIRIQUE SUR LE


CAPTITAL HUMAIN ET LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Ce chapitre aborde les considérations théoriques et empiriques sur le capital humain et


la croissance économique. Dans la première section, il est question de présenter les théories
sur le capital humain et la croissance économique avant de présenter les travaux empiriques
sur la relation capital humain et croissance économique dans la deuxième section.

SECTION 1. LE GENERALITE CONCEPTUELLE SUR LE CAPITAL HUMAIN ET


LA CROISSANCE ECONOMIQUE

I.1 LE CAPITAL HUMAIN

I.1.1 Définition

Selon A. Smith, le père de la science économique, le capital humain d’une nation est
constitué des « talents acquis et utiles des membres ou habitants de la société. […] Si ces
talents composent une partie de sa fortune personnelle, ils composent pareillement une partie
de la fortune de la société à laquelle il appartient » (SMITH, 1776).

Pour lui, le capital humain contribue à la richesse d’une nation car les hommes de la soci été
font des études et acquièrent du savoir-faire, un bagage culturel et intellectuel important
utilisable pour procurer des gains de productivité. Il insiste donc sur la nécessité de la
qualification des travailleurs.

Schultz désigne le capital humain comme étant l’ensemble des talents et d’aptitudes d’un
individu. Il s’efforce d’affiner la mesure du capital humain en se concentrant sur la dimension
qualitative du facteur travail, à savoir « l’habileté, le savoir et toutes les capacités permettant
d’améliorer la productivité du travail humain. » (SCHULTZ, 1961).

Becker définit le capital humain comme « un stock de ressources productives incorporées aux
individus eux-mêmes, constitué d’éléments aussi divers que le niveau d’éducation, de
formation et d’expérience professionnelle, l’état de santé ou la connaissance du système
économique. » (BECKER, 1964.).

Pour lui, tout individu est détenteur d’un capital humain, c'est-à-dire des capacités innées mais
aussi acquises à travers des investissements dans l’éducation scolaire, la formation
professionnelle, les soins médicaux, la recherche d’information, etc.
8

Stiglitz définit le capital humain comme « l’ensemble des compétences et de l’expérience


accumulées qui ont pour effet de rendre les salariés plus productifs » (STIGLITZ, 1961).

Samuelson et Nordhaus rajoutent qu’il constitue le « stock de connaissances techniques et de


qualifications caractérisant la force de travail d’une nation et résultant d’un investissement en
éducation et en formation permanente ».

Selon la définition de l’OCDE, le capital humain « recouvre les connaissances, les


qualifications, les compétences et les autres qualités d’un individu, acquis par l’instruction, la
formation et l’expérience et qui favorisent le bien être personnel, social et économique ». Le
capital humain « englobe les connaissances, les qualifications et les caractéristiques
personnelles de l’individu » (OCDE, 2001).

I.1.1.2 Les sources de l’accumulation du capital humain

Il y a plusieurs sources d’accumulation du capital humain qui ont un impact plus ou moins
fort sur l’accumulation de connaissances :

 Le milieu familial. La famille est un milieu complexe où beaucoup d’éléments


entre en jeux lorsqu’il s’agit de consacrer des ressources à une action
particulière en l’occurrence ici l’éducation. L’éducation des enfants est
certainement au centre de la vie familiale. De la naissance jusqu’à la majorité,
et des fois au-delà, les parents, avec ou sans l’avis d’ailleurs des enfants,
prennent des décisions en matière de choix de filières d’éducation, de choix
d’écoles, etc., qui peuvent conditionner le parcours scolaire des enfants et en
tous cas posent les bases de la vie professionnelle de ceux-ci.
 La formation scolaire. A ce stade de la vie de l’individu, l’éducation va être
déléguée de plus en plus à une tierce personne qui va assurer l’éducation des
enfants. Sur le plan sociologique, ce passage est pour le moins très riche
d’enseignement. L’école est vue par certains sociologues comme un puissant
média qui permet de transformer l’individu "asocial" en un individu conforme
aux règles, aux traditions, etc., en un mot social. C’est ce processus
d’unification et de transmission mais aussi paradoxalement de différenciation
(puisqu’il y a sélection) qui fait de l’école un élément aussi important de
socialisation de l’individu ; dénué de tout intérêt pensent certains, guidé par
des groupes de dominations pensent d’autres. Enfin, revenons à l’économie.
9

 Le milieu professionnel. Becker a fait la distinction entre la formation générale


et la formation spécifique. La nature de la formation conduisant à une prise en
charge ou pas par l’entreprise. En effet, cette distinction fait ressortir avec
encore plus d’acuité la différence qui existe entre les compétences générales et
donc transférables d’une entreprise à une autre et les compétences spécifiques
à l’entreprise qui ne sont aucunement transférables.
 L’autoformation. Cette dernière source est souvent laissée de côté parce qu’elle
est difficilement mesurable. Il faut toutefois noter que dans nos sociétés
d’aujourd’hui où les moyens d’accéder à l’information sont divers et variés,
l’autoformation est un facteur non négligeable d’accumulation de capital
humain. Il apparaît assez clairement que l’accumulation de capital humain est
un investissement puisqu’il nécessite de renoncer à un revenu présent pour
disposer dans le futur d’un revenu plus important. Cela peut aussi s’interpréter
en termes d’utilité.

En résumé, nous dirons que le capital humain a des effets sur :

 la productivité du travailleur.
 la profitabilité des entreprises.
 la compétitivité de l’entreprise.

I.1.1.3 THEORIE SUR LE CAPITAL HUMAIN

I.3.1. La théorie traditionnelle du capital humain

Au XVIIIème siècle, Smith avait identifié que l’amélioration des compétences des
salariés est comme une source fondamentale de progrès économique. Cet économiste compare
le travail d’un employé instruit à celui d’une machine améliorée. L’utilisation d’une machine
performante augmente la productivité pour l’entreprise, ainsi une instruction supplémentaire
pour un employé provoque une productivité marginale. Il est donc conscient de la nécessité de
la qualification des employés. L’éducation est le moyen pour améliorer cette qualification.
Acquérir ces compétences ajoute-t-il, à un coût pour l’individu mais une fois acquis, elles
constituent un capital fixé et réalisé (SMITH 1776).

Ensuite Marshall observe que le motif de profit intervient dans les décisions d’investissement
humain comme dans les décisions d’investissement matériel. Pour lui, l’investissement
humain concerne l’éducation qui forme la personnalité des individus (MARSHALL, 1890).
10

Mincer écrit : « L’interprétation économique des gains sur une durée de vie est la suivante :
les salaires sont proportionnels à la dimension du capital humain. De ce fait, les différences de
salaire entre les salariés sont dues principalement à des différences dans la dimension des
stocks en capital humain» (MINCER, 1958.).

Ainsi la théorie du capital humain consiste à imputer les différences de salaires versés par les
entreprises à des différences dans la productivité des salariés c'est-à-dire le capital humain
accumulé par les salariés (POULAIN, 2001).

Pour Mincer, la preuve que les salariés sont productifs, c’est lorsqu’ils reçoivent des salaires
plus élevés. Les plus éduqués perçoivent donc des revenus plus élevés.

1.3.2. La théorie moderne du capital humain

Les origines de la théorie moderne du capital humain remontent aux années 60 par Schultz et
Becker. Leurs analyses se basent sur les liens qui existent entre l’investissement en capital
humain et la rémunération.

A. La théorie du capital humain selon Théodore Schultz :

Schultz (1961) est l’initiateur qui a intégré le facteur humain dans les mécanismes de
développement. Ses études empiriques lui font dire que le développement du facteur humain
est un préalable indispensable au développement économique. Il donne une place clé au
capital humain dans le secteur agricole en se concentrant sur la dimension qualitative du
facteur travail c'est-à-dire toutes les capacités, les compétences et le savoir.

En 1960, il suggéra un processus d’accumulation d’un capital dans lequel il serait possible par
la suite de puiser pour accroître la productivité et le revenu d’un travailleur. Son travail s’est
donc orienté vers l’investissement en capital humain dans cinq catégories d’activités : les
infrastructures et services de santé, la formation professionnelle, le système éducatif, les
programmes d’études supérieurs pour adulte et enfin la migration des individus pour trouver
des emplois (MALCOLM et Al., 1998). Il a suggéré d’inciter les gens à investir en eux même
et d’enlever toutes sortes de freins économiques, sociaux ou culturels qui limitent ces
investissements car avoir un capital nous permet d’être autonomes.

B. La théorie du capital humain selon Gary Becker

Becker (1964) s’inspire des apports de Schultz.


11

Becker développe sa théorie du capital humain dans son ouvrage de référence publié en 1964
(première édition), intitulé "Human Capital : A Theoretical and Empirical Analysis, with
Special Reference to Education". De façon synthétique, la théorie du capital humain tend à
expliquer la hiérarchie des salaires par les différences de capital humain qu'offrent les salariés,
c'est-à-dire par les différences de leurs aptitudes innées et acquises.

Se basant sur le monde de l'éducation, le raisonnement de base est le suivant : un élève qui
décide de poursuivre ses études, ou un employé qui s'engage dans un stage de formation,
consentent tous deux à des dépenses et des sacrifices pendant la durée de leur formation, en
vue d'obtenir des avantages futurs. Une partie de ces avantages renvoie à l'accroissement
attendue de la rémunération durant la vie active. A ce titre, la formation (même gratuite)
représente un investissement économique. En effet, il constitue un coût dit "d'opportunité" car
le temps consacré à la formation du capital humain se traduit d'une part, par des frais divers,
et d'autre part, par un revenu sacrifié pendant la durée de la formation.

Selon lui, tout individu gestionnaire de son capital humain apprécie l’opportunité d’y investir
en comparant le coût de l’investissement aux avantages qu’il pourra ensuite en retirer. Les
agents vont donc se comporter comme des vrais Homo-oeconomicus.

C. La théorie des capabilités ou de la capacité d’Armatya Sen :

Sen propose un élargissement de la théorie du capital humain. Pour lui : « le capital humain et
la capacité sont assez proches. Les bénéfices de l’éducation vont bien au-delà de leur apport
au capital humain dans la production de biens » (SEN, 2000.). Il s’agit de prendre en compte
le rôle de l’éducation sans se limiter à une approche sur le marché du travail. La théorie de la
capacité pense l’éducation à partir du pouvoir qu’a l’individu dans sa vie.

Il souligne aussi que les inégalités salariales résultent en partie des inégalités en capital
humain.

Sen valorise le bien-être et les avantages qu’une personne peut retirer par ses capacités d’être,
il s’agit alors de la capacité d’agir. La capabilité n’est autre chose que la capacité à exercer un
libre choix, une liberté fondamentale de choisir sa vie. Sen soutient que la capabilité
représente la liberté substantielle de mettre en œuvre diverses combinaisons de
fonctionnements pour une meilleure qualité de vie d’un individu (FRAISSE, 2009).

1.3.3. L’indicateur et la mesures du capital humain

A. les indicateurs du capital humain


12

Les indicateurs de capital humain sont des mesures utilisées pour évaluer et quantifier le
niveau de développement et de productivité d'une population en fonction de ses compétences,
de son éducation, des a santé et d’autres facteurs liés aux ressources humaines. Ces
indicateurs sont utilisés pour évaluer le potentiel économique et social d'un pays ou d'une
organisation, ainsi que pour identifier les domaines qui nécessitent des améliorations.

Voici quelques exemples d'indicateurs de capital humain couramment utilisés:

1. L’espérance de vie : Cet indicateur mesure la durée de vie moyenne d'une population et
reflète la qualité des soins de santé et des conditions de vie.

2. Le taux d’alphabétisation : Il mesure la proportion de la population capable de lire et


d'écrire, ce qui est essentiel pour l'accès à l'éducation et aux opportunités économiques.

3. Le niveau d’éducation : Cela peut inclure le pourcentage de personnes ayant terminé


l'enseignement primaire, secondaire ou supérieur, ainsi que le niveau de qualification atteint.
4. La productivité du travail : Cet indicateur mesure l’efficacité et la valeur ajoutée par les
travailleurs d'une économie. Il peut être mesuré par le PIB par habitant ou par la valeur
ajoutée.

5. L’indice de capital humain : Il s'agit d'un indicateur composite qui combine plusieurs
mesures, telles que l'éducation, la santé et les compétences, pour fournir une vision globale du
capital humain d'une population.

6. L’accès à l'éducation et à la formation : Cela inclut des indicateurs tels que le taux de
scolarisation, la participation à la formation continue et l'accès à l'éducation de qualité.

7. L’emploi et le chômage : Ces indicateurs mesurent la proportion de la population active qui


est employée et la proportion de chômeurs, ce qui indique le niveau d'utilisation du capital
humain.

Ces indicateurs permettent aux décideurs politiques et aux chercheurs de comprendre et de


mesurer le capital humain d'une population, de suivre les progrès au fil du temps et d'orienter
les politiques et les investissements vers les domaines qui nécessitent une attention
particulière.
13

B.la mesures du capital humain

La mesure du capital humain est une tâche complexe car, à la différence du capital physique,
le capital humain recouvre plusieurs dimensions : l'hétérogénéité de la force de travail, la
qualité de l'éducation, la difficulté de quantifier le capital humain surtout dans les pays du
Sud. L'une des mesures la plus utilisée pour évaluer le capital humain est le taux de
scolarisation (Barro, 1991 ; Mankiw et al. 1992).

La principale critique que soulève cet indice est le fait qu'il porte sur les flux actuels des
élèves scolarisés alors que le capital humain est un stock. Cependant, même l'accumulation de
ces flux ne reflète pas le capital humain disponible immédiatement sur le marché du travail
mais plutôt celle qui entrera dans le marché de travail dans le futur.

Cette relation est compliquée par le fait que le délai entre la scolarisation et l'entrée dans le
marché du travail n'est pas nécessairement stable du fait de la variabilité dans le temps de la
durée des études. Concernant le stock du capital humain, l'une des approches les plus
élaborées pour l’évaluer est celle qui consiste à quantifier l'investissement en éducation
incorporé dans la force de travail disponible sur le marché de travail. Le capital humain est
présenté sous la forme d'un facteur de production.

Cependant, la multiplication des modèles prenant en compte ce facteur a entraîné un


foisonnement des spécifications dans lesquelles il intervenait et a créé un doute sur les
caractéristiques de l'indicateur susceptible de le représenter. Il apparaît souvent sous la forme
d'un flux d'investissement (approximé par un taux de scolarisation) ou d'un stock (nombre
d'années d'études accumulées, par la population active) (OCDE.1998).

Il s'apparente tel que développé dans l'analyse de Lucas (1988) à du « Learning by doing » et
se réfère aux années passées à l'apprentissage. Mais son influence sous forme d'externalité
tend à considérer une conception plus large en considérant la capacité des individus à adopter
de nouvelles technologies, leur adaptation au système et leur aptitude à la communication
(MASOKA B. 2007).

2. LA CROISSANCE ECONOMIQUE

2.1. DEFINITIONS

Etymologiquement, le terme croissance vient du mot latin crescere qui signifie croître,
grandir.
14

Selon la définition de Perroux, «la croissance économique correspond à l’augmentation


soutenue pendant une ou plusieurs périodes longues d’un indicateur de dimension pour une
nation, le produit global brut ou net en termes réels » (PERROUX, 1991.).

A ce titre, elle est un phénomène quantitatif et un processus de longue période.

Kuznets (1971), introduit l’idée d’une amélioration du niveau de vie de la population et la


présente comme : « la capacité permanente d’offrir à une population une quantité accrue de
biens et services par habitant » (KUZNETS, 1971.). Lors de son discours durant la réception
du Prix Nobel, il a défini la croissance économique comme « une augmentation à long terme
de la capacité d’offrir une diversité croissante de biens, cette capacité croissante étant fondée
sur le progrès de la technologie et les ajustements institutionnels et idéologiques qu’il
demande ».

Selon Schumpeter, « la croissance est un processus permanent de création, de destruction et


de restructuration des activités économiques ». Pour lui, le moteur du système est l’innovation
à travers le phénomène de « destruction créatrice » (SCHUMPETER, 1999.).

2.2 INDICATEUR ET LA MESURES DE LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Pour mesurer la croissance, on utilise généralement comme indicateur le produit intérieur brut
(PIB) ou le produit national brut (PNB).

Le PIB en est le principal indicateur. Ce dernier mesure le niveau de production réalisée à


l’intérieur d’un pays pour une période donnée. Une augmentation du PIB signifie qu’un pays
connaît une croissance économique. A l’inverse, une diminution du PIB est une décroissance.

Avant de calculer la croissance économique, il reste une chose à faire. Il faut en effet ajuster
le PIB en tenant compte de la variation des prix. Il peut augmenter à cause de la hausse des
prix même si la production ne change pas.

Il existe trois manières de calculer le PIB :

 Par la production : Il s’agit de calculer comment il a été réalisé


PIB=∑Valeurs ajoutées + TVA + Droits et taxes sur les importations-Subventions sur
les produits.
 Par les revenus : On cherche à déterminer comment il est distribué
PIB = Rémunération des salariés + Impôts sur les produits+ Autres impôts sur la
production -Subventions sur les produits
15

 Par la demande : On veut savoir à quoi servent les différentes productions.


PIB=Consommation Finale +FBCF + Variation des stocks + Acquisitions moins
cessions de valeur + Exportation - Importation

Ce PIB mesure la production en volume, comparé au PIB en valeur qui mesure la variation de
la valeur de la production en euros, est connu sous le nom de PIB réel. C'est la mesure
du PIB qui est utilisé dans les rapports économiques.

Pour calculer le PIB réel, nous divisons le PIB nominal par le déflateur du PIB, qui est une
mesure du niveau des prix dans l'économie.

Le PIB nominal est le PIB non corrigé de l’inflation. Pour mesurer la croissance, on doit
éliminer l'impact de l'inflation et calculer le PIB en volume (ou PIB réel).

Le déflateur du PIB est un indice de prix. C'est un indicateur économique qui permet
d'observer l'effet de la variation des prix sur le niveau du PIB.

Le calcul de la croissance économique

La croissance économique peut être mesurée par le PIB réel dans la mesure où il traduit un
accroissement du volume de la production en ne tenant pas compte de l’évolution ou de la
variation des prix.

 On appelle taux de croissance économique le taux de croissance du PIB réel, on écrit donc :

Les indices t et t-1 sont relatifs à deux années successives.

On mesure la croissance sur une période de temps bien déterminée allant de 0 à t par le taux
de croissance annuel moyen TCAM. On calcule le TCAM généralement lorsqu’il s’agit d’une
période d’étude.
16

TCAM =

n désigne le nombre de périodes, exemple de 2011 à 2016, on a n = 5 ans.

On appelle période le passage d’une année à une autre.

On appelle taux de croissance économique annuel moyen :

TCAM =

Le taux de croissance économique annuel moyen entre la période 2015 et 2020 est donné
comme suit :

TCAM =

2.3. Théories de la croissance

Selon Perroux, F. (1969), la croissance économique est « l’augmentation soutenue pendant


une ou plusieurs périodes longues d'un indicateur de dimension : pour une nation, le produit
global en terme réels ». Pour pouvoir parler de croissance économique, il faut que la quantité
de biens et de services matériels produits dans l'économie augmente pendant une longue
période.

La croissance d'une économie est presque toujours une condition nécessaire de


développement économique et social. Elle devrait s'inscrire en permanence dans un processus
cumulatif d'accumulation du capital et s'accompagner d'un changement qualitatif profond des
structures de l'économie.

Ainsi Kuznets (1973) cité par Terleckyj (1984) ne considère que la « croissance économique
moderne reflète une capacité permanente d'offrir à une population en augmentation une
quantité accrue de biens et services par habitant ».

Qu'à cela ne tienne, la croissance économique peut se définir comme un processus de long
terme dont la finalité est d'accroître progressivement sa capacité de créer de la valeur ajoutée,
de la richesse nouvelle, en somme, d'accroître un indicateur de bien être de l'économie.
17

Beaucoup d'économistes ont écrit sur le thème de la croissance économique mais, nous allons
sélectionner quelques-uns du fait de la pertinence de leurs théories. Deux courants plus
anciens de la pensée économique qui sont les classiques et les Keynésiens ont influencé les
nouvelles théories de la croissance. Ces courants ont abordé une question centrale des
nouvelles théories de la croissance endogène : une croissance durable.

1) Théories classiques de la croissance économique

L'analyse de la croissance occupe une place importante déjà dans les questions que se posent
les économistes classiques : Adam Smith (1723-1790), Thomas Malthus (1766- 1834), David
Ricardo (4772- 1823) et Karl Marx (1818-1883).

En effet, ces auteurs assistent à la révolution industrielle et ils s'intéressent de très près à ses
conséquences. Ils cherchent à donner une explication scientifique des forces qui gouvernent le
fonctionnement et le développement de l'activité économique.

A. Adam Smith (1776)

Il a assisté à ce que l'on appelle l'époque protocapitaliste. Dans son analyse, il a mis l'accent
sur le rôle des économies d'échelle, de la spécialisation et du commerce international. Il est
aussi l'inventeur de l'approche historique dans l'analyse comparative de la croissance. Il a
négligé le rôle du progrès technique dans la croissance en mettant l'accent surtout sur les
économies d'échelle et sur la division du travail.

B. Thomas Malthus (1798)

Il avait un schéma de croissance basé sur deux facteurs : les ressources naturelles et le travail.
Il a totalement négligé le rôle potentiel du progrès technique et de la formation du capital. Le
mécanisme principal qui conditionne la croissance correspondait, selon Malthus, à la pression
imposée par la croissance démographique et par les besoins de subsistance de cette population
croissante. L'équilibre est alors atteint uniquement grâce à différentes catastrophes : la famine,
la peste... Il préconisait alors d'adopter des politiques actives en vue d'éviter ces catastrophes,
en favorisant les mariages tardifs, l'abstinence sexuelle... En fait son analyse ne correspondait
pas vraiment à la réalité. Même celle de l'époque protocapitaliste était largement plus
favorable.

C. David Ricardo (1819)


18

Il a une analyse relativement moderne et riche du capitalisme. Il reconnaît clairement la


puissance productive supplémentaire qui peut provenir des machines et les perspectives de
croissance fortes que ces dernières peuvent fournir aux secteurs non agricoles. Etant en partie
influencé par Malthus, il considère que les gains de productivité ne peuvent apparaître que
dans l'industrie. Mais l'utilisation progressive des terres de moins en moins fertiles ne peut
que tirer vers le haut les prix agricoles et donc les salaires de subsistance. Cela doit conduire à
l'épuisement des profits et donc, à l'arrêt de l'expansion économique (l'état stationnaire des
classiques - J.S. Mill).

D. Karl Marx

Il est sans conteste l'économiste classique qui a fait l'analyse la plus riche du capitalisme. Il a
notamment rejeté le pessimisme de Malthus et de Ricardo en reconnaissant la puissance
productive qui réside dans la production en usine et le rôle de l’accumulation accélérée du
capital fixe dans le progrès économique. Il a anticipé une expansion continue du commerce et
la concentration de la production dans des unités de plus en plus grandes, sources
d’économies d’échelle. Il a néanmoins souligné la possibilité d'un ralentissement de la
croissance par la difficulté de soutenir un progrès technique continu. Il a quand même
considéré que cette baisse tendancielle du taux de profit pourrait être contrebalancée par
d'autres facteurs. Le progrès technique et l'accumulation du capital sont donc les deux sources
de la croissance chez Marx.

2) La conception keynésienne

Selon Keynes (1936), le fonctionnement spontané des économies débouche presque


inévitablement sur le chômage. Il existe deux raisons à cela : des rigidités nominales qui
interdisent aux salaires et aux prix de s'ajuster, des défauts de coordination qui conduisent les
agents à avoir des anticipations de dépenses dont la somme ne permettra pas le plein usage
des capacités d'offre et notamment la main-d'œuvre. L'analyse de Keynes est assez restrictive,
car à court terme les capacités de production sont fixes.

A la fin des années trente, Harrod et Domar ont prolongé à long terme les analyses de Keynes,
en introduisant l'accumulation des facteurs travail et capital.

Harrod (1948) et Domar (1946) proposent un modèle qui tend à mettre en évidence
l'instabilité de la croissance. Domar prolonge en longue période l'analyse de Keynes sur
l'instabilité des économies de marché. Cependant, il considère que l'investissement exerce une
19

double influence sur l'économie. Par son aspect « demande » (multiplicateur), il détermine le
revenu et la demande globale et, par son aspect « offre », il accroît la capacité de production.
La croissance est équilibrée lorsque la croissance de l'offre est égale à la croissance de la
demande.

En introduisant les anticipations de la croissance dans la détermination de l'investissement, il


arrive à la conclusion que la relation déterminant le taux de croissance est instable. En outre,
l'effet multiplicateur de l'investissement est sans commune mesure avec son effet sur la
croissance de l'offre (effet accélérateur).

Le modèle de Harrod-Domar permet, néanmoins, de faire ressortir le caractère fortement


instable de tout processus d'expansion.

La croissance est donc, selon une expression d'Harrod, toujours « sur le fil du rasoir ». Ce
modèle, construit après-guerre et marqué par le pessimisme engendré par la crise de 1929, a
toutefois été fortement critiqué. Il suppose, en effet, que ni le taux d'épargne, ni le coefficient
de capital ne sont variables à court terme, ce qui n’est pas prouvé.

3) La conception néoclassique

La théorie néoclassique de la croissance soutenait que la croissance économique résultait de


l'accumulation de capital physique et de l'accroissement de la main d'œuvre, conjugués par un
facteur exogène, le progrès technique. Cependant cette théorie ne parvenait pas à expliquer
comment il était possible d'accélérer le progrès technologique.

Le modèle de Solow est une réponse au modèle keynésien de Harrod et Domar.

Sa portée est double. Elle est de montrer, d'une part, qu'il existe un équilibre dynamique de
l'économie et, d'autre part, que cet équilibre est stable et autorise le plein emploi de la force de
travail disponible.

Ce modèle se fonde sur l'hypothèse que les facteurs de production connaissent des rendements
décroissants, c'est-à-dire qu'une augmentation de ceux-ci dans une certaine proportion
engendre une augmentation dans une proportion plus faible de la production. Il stipule que le
taux de croissance à long terme est égal au taux de croissance auquel on ajoute un progrès
technique qui est fonction de la technologie. Autrement dit à long terme, la croissance
économique ne dépend que des évolutions démographiques et technologiques. Il n'y aurait pas
de croissance économique pour les pays qui ont une population et un niveau de technologie
constant. Solow décrit un monde où la croissance est naturelle.
20

Cela implique qu'elle ne dépend pas de la sphère économique. L'intérêt du modèle de Solow
est de mettre en avant le rôle crucial du progrès technique dans la croissance économique.
Selon ce modèle, le développement économique s'explique par trois paramètres : les deux
premiers sont l'accroissement des deux principaux facteurs de production

- à savoir le capital (au sens d'investissement) et les heures de travail et le troisième le progrès
technologique. Dire que les heures de travail contribuent à la croissance mérite d'être détaillé.

En effet, beaucoup moins que sa quantité, c'est surtout la qualité du travail qui détermine la
croissance. Pour preuve, on travaille moins et pourtant on produit plus, grâce notamment au
progrès technique incorporé dans le capital, ce qui exige une qualité du travail plus élevée,
ceci du fait de moyens et méthodes de production de plus en plus sophistiqués et fortement
exigeants en qualification.

Les économistes utilisant le modèle de Solow pour mesurer les sources de croissance sont
convaincus que le progrès de la technologie dépend de recherches et de comportements
économiques. Ces économistes affirment que l'offre de travail dépend quantitativement et
qualitativement de comportements économiques.

Or, le modèle de croissance décrit par Solow ne peut être optimal que grâce aux interventions
extérieures et au rôle de l'Etat. Les nouvelles théories de la croissance endogène viennent
remettre en cause le modèle de Solow.

4) La théorie de la croissance endogène

Cette théorie est apparue au milieu des années quatre-vingt grâce aux publications de
Romer(1986).

Cette théorie cherche à expliquer les causes de l'accroissement de la croissance économique


du produit intérieur par tête à partir du processus même d'accumulation sans avoir recours à
des facteurs extérieurs (exogènes).

L'objectif de cette théorie est de montrer que le progrès technique ne tombe pas du ciel mais
résulte des choix économiques des agents. Donc, elle considère la croissance comme un
phénomène économique.

Selon Guellec (1996) la croissance résulte d'investissements effectués par des agents motivés
par le gain. Le taux de croissance de l'économie est déterminé par le comportement des agents
et par des variables macroéconomiques.
21

Les principaux facteurs de la croissance endogène, générateurs sont :

- L’accumulation du capital physique (Romer, 1986), les infrastructures publiques (Barro,


1990), le capital (Lucas, 1988), les dépenses de recherche.

Tandis que la théorie néoclassique identifie seulement une source : l'accumulation de capital
physique. Les théories de la croissance endogène sont donc en rupture totale avec la théorie
néoclassique.

Elles ont comme base les acquis de l'économie industrielle et les nouvelles théories sur le
commerce international. En effet, les caractéristiques principales de la croissance endogène
sont les rendements d’échelle croissant, la concurrence imparfaite,...

Le point de départ de la croissance endogène consiste à poser une hypothèse selon laquelle la
productivité marginale du capital ne s'annule pas quand le stock de travail devient important.

Ainsi le progrès technique permet d'améliorer l'offre de travail (santé, formation), et d'innover
de nouvelles techniques de production.

En effet, la grande différence entre le modèle de croissance de Solow (1956) et le modèle de


croissance endogène de Romer (1986) se résume comme suit : Pour Solow, la fonction de
production est à rendement d’échelles constantes et la productivité marginale du capital est
décroissante, tandis que pour Romer, la fonction de production est à rendement d'échelle
croissant et la productivité marginale du capital est constante.

A. Le modèle de Lucas (1988)

Le modèle de Lucas ne nécessite pas d'externalité pour expliquer une croissance endogène.
Celle-ci résulte d’une accumulation du capital humain supposée proportionnelle à la durée de
formation et au stock de capital humain.

Cependant il a introduit une faible externalité pour prendre en compte le fait qu'un système
productif est plus efficace lorsqu'il se développe dans un environnement riche en capital
humain. Son modèle fournit en outre une interprétation du maintien des disparités de
développement entre pays. La productivité marginale du capital augmente avec le ratio du
capital humain au capital physique et, en présence d'externalité, elle augmente également avec
le niveau du capital humain.

B. Le modèle de Romer (1990)


22

Selon Romer, le stock de connaissance, assimilé au stock de capital, constitue le moteur de la


croissance endogène. Il retient non le capital par tête mais le stock de capital total. Dans son
modèle, les connaissances ont en partie le caractère d'un bien public mais les firmes doivent
payer pour acquérir le droit de produire les biens nouvellement découverts.

1.3.4 Les sources de la croissance

Depuis le milieu des années 80, l'étude des déterminants de la croissance économique
constitue l'un des domaines de recherche les plus importants en économie.

Ce domaine de recherche a été stimulé par une série d'ouvrages et d'articles sur la croissance
endogène, à commencer par les analyses théoriques de Romer (1986) et de Lucas (1988),
ainsi que par l'analyse empirique de la croissance, amorcée avec le test de l'hypothèse
néoclassique de la convergence (Baumol, 1986; Barro, 1991; Barro et Sala-i-Martin, 1992 ;
Mankiw, David Romer et Weil, 1992), et a été alimenté par l'établissement de données
transnationales comparables sur le PIB, la productivité et les indicateurs du capital humain
(Summer et Heston, 1988; Barro et Lee, 1993, 1996).

Ces modèles de la croissance endogène sont caractérisés par une grande diversité des sources
retenues : investissement en capital physique, en capital public, en capital humain ;
apprentissage par la pratique ; division du travail; recherche et innovation technologique...
Ces sources ont de longue date été identifiées par les économistes (la plupart sont citées par
Adam Smith), mais la croissance endogène les formalise pour la première fois, et permet de
mieux comprendre leurs effets.

Par contre la théorie néoclassique identifie une seule source de croissance : L’accumulation de
capital physique. Les théoriciens n'ignorent évidemment pas les autres sources, mais ils ne les
intègrent pas explicitement dans les modèles, considérant que la variable exogène appelée «
progrès technique » capte tous ces effets.

Section II. ANALYSE EMPIRIQUE DE LA RELATION CAPITAL HUMAIN ET


CROISSANCE ECONOMIQUE

Les classiques ont été les premiers à essayer de comprendre les mécanismes qui
aboutissent à la richesse et à la croissance économique.

Ils ont tous été pessimistes quant à la croissance économique à long terme, à l’exception
d’Adam Smith qui considère que la croissance est garantie tant que l’on peut opérer une
division du travail (au niveau national et international).
23

A propos du rôle du capital humain dans la croissance, une majorité de tests


économiques et de régressions internationales révèlent une influence positive de 1 éducation
sur la croissance. Les économies présentant les taux de scolarisation les plus élèves sont aussi
celles qui enregistrent les plus forts taux de croissance du PIB dans le temps.

ADAM SMITH (1776) estime que les enfants doivent s’instruire pour former une bonne
classe ouvrière. Ricardo avec sa théorie des rendements décroissants, Malthus et la loi de la
population, ont tous conclu qu’à long terme la croissance est condamnée à atteindre un état
stationnaire tôt au tard, quel que soit le niveau de développement d’un pays.

Barro (1991) a constaté que les taux de scolarisation primaire et secondaire ont un effet
positif sur la croissance, Barro et Sala-i-Martin (1995) ont montré que la durée moyenne de
scolarisation a un impact positif sur la croissance. Mankiw et al. (1992) ont examiné
empiriquement le modèle de croissance de Solow avec et sans le capital humain qui est
considéré comme facteur de production.

Mais le modèle qui a inspiré le plus les économistes et qui a donné un nouveau souffle
au raisonnement économique est sans aucun doute le modèle de Solow (1956). Il représente le
modèle néoclassique de référence en matière de croissance. Ila prouvé qu’une situation de
croissance équilibrée, stable et de plein emploi est tout à fait possible grâce notamment au
facteur « Technologique ». Ce modèle est à l’origine de l’émergence et du développement des
nouvelles théories de la croissance basées essentiellement sur le capital humain.

Gary Becker a écrit son livre "Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis", il est
important de noter que ce livre a été publié pour la première fois en 1964.

Dans ce livre, Becker a abordé plusieurs aspects de l'impact du capital humain sur la
croissance économique. Il a développé une théorie économique qui met l'accent sur le rôle de
l'éducation, de la formation et des compétences dans la productivité et la croissance
économique. Becker a soutenu que l'investissement dans le capital humain, c'est-à-dire dans
les connaissances, les compétences et les capacités des individus, est essentiel pour stimuler la
croissance économique à long terme.

Becker a également souligné l'importance de considérer le capital humain comme un


actif économique, similaire au capital physique, et a proposé des modèles pour évaluer le
rendement de l'investissement dans le capital humain.
24

Dans son livre "Human Capital: A Theoretical and Empirical Analysis", publié en
1964, Gary Becker a mis en lumière l'importance du capital humain pour la croissance
économique, mettant en avant le rôle crucial de l'éducation, de la formation et des
compétences dans le développement économique.

Gary Becker a introduit le concept de capital humain en tant que composante essentielle du
processus de production économique. Il a soutenu que l'investissement dans le capital humain,
qui englobe l'éducation, la formation professionnelle et le développement des compétences,
est un élément clé pour stimuler la croissance économique à long terme.

Becker a souligné que les individus investissent dans leur capital humain en
consacrant du temps et des ressources à l'acquisition de connaissances et de compétences, ce
qui se traduit par une augmentation de leur productivité et de leur capacité à générer des
revenus. Il a également mis en lumière le fait que les individus prennent des décisions
rationnelles concernant leur investissement dans le capital humain, en évaluant les coûts et les
avantages à long terme.

Becker a avancé l'idée que le capital humain peut être considéré comme un actif
économique, tout comme le capital physique (machines, équipements, etc.), et qu'il peut être
évalué en termes de rendement sur investissement. Il a développé des modèles économiques
pour analyser les implications de l'investissement dans le capital humain, mettant en évidence
son impact sur la productivité, les salaires, l'emploi et la croissance économique.

Le concept de capital humain tel qu'expliqué par Gary Becker met l'accent sur
l'importance de l'investissement dans l'éducation et la formation pour le développement
économique. Il a contribué à faire évoluer la compréhension des facteurs qui influent sur la
croissance économique en intégrant le rôle crucial du capital humain dans les modèles
économiques.

THEODORE W. SCHULTZ, (1961) un économiste américain, a apporté une contribution


significative à la théorie du capital humain et à sa relation avec la croissance économique,
Schultz a publié un ouvrage intitulé "Investment in Human Capital: The Role of Education
and of Research" dans lequel il a développé ses idées sur l'impact du capital humain sur la
croissance économique. Dans cet ouvrage, Schultz a argumenté que l'investissement dans le
capital humain, qui inclut l'éducation, la formation professionnelle et les soins de santé, est
essentiel pour le développement économique à long terme.
25

Théodore Schultz a introduit le concept de capital humain en tant que forme


d'investissement dans les individus, similaire à l'investissement dans le capital physique. Il a
soutenu que le capital humain est un atout économique crucial qui contribue à accroître la
productivité des travailleurs et à stimuler la croissance économique. Schultz a souligné que
l'éducation, la formation et les soins de santé sont des formes d'investissement dans le capital
humain qui peuvent améliorer les compétences, les connaissances et la santé des individus, ce
qui se traduit par une augmentation de leur productivité et de leurs revenus.

L'argument principal de Schultz était que l'investissement dans le capital humain est
un moteur clé de la croissance économique à long terme. Il a mis en lumière le rôle crucial de
l'éducation dans le développement des compétences et des connaissances nécessaires pour
s'adapter aux changements technologiques, améliorer la productivité et favoriser l'innovation.
De plus, Schultz a souligné que les soins de santé sont essentiels pour maintenir la main-
d'œuvre en bonne santé et productive.

Schultz a également mis l'accent sur le fait que les individus et les sociétés prennent
des décisions rationnelles concernant leur investissement dans le capital humain. Il a souligné
que les individus évaluent les coûts et les avantages à long terme de l'éducation, de la
formation et des soins de santé, et prennent des décisions en fonction de leurs perspectives
d'avenir en termes de revenus et d'opportunités professionnelles.

Schultz a développé des modèles économiques pour analyser l'impact de


l'investissement dans le capital humain sur la croissance économique. Il a mis en évidence le
lien entre l'éducation, la productivité, les salaires et la croissance économique, montrant
comment l'augmentation du capital humain peut stimuler le développement économique et
réduire la pauvreté.

Les idées de Schultz ont eu un impact significatif sur la pensée économique et ont
contribué à élargir la compréhension des facteurs qui influent sur la croissance économique.
Ses travaux ont ouvert la voie à une nouvelle perspective sur le rôle du capital humain dans le
développement économique, mettant en lumière son importance pour promouvoir une
croissance durable et inclusive.

Théodore Schultz a joué un rôle crucial dans la promotion du concept de capital


humain et dans la reconnaissance de son impact sur la croissance économique. Ses idées ont
contribué à façonner la théorie économique moderne et ont influencé les politiques visant à
promouvoir l'investissement dans l'éducation, la formation professionnelle et les soins de
26

santé. Son ouvrage "Investment in Human Capital" publié en 1961 a marqué un tournant
majeur dans la compréhension de l'importance du capital humain pour le développement
économique.

ROBERT LUCAS, (1980) un économiste américain lauréat du prix Nobel, a également


apporté une contribution significative à la théorie du capital humain et à sa relation avec la
croissance économique. Dans cet exposé, nous allons explorer en détail les idées de Robert
Lucas concernant l'impact du capital humain sur la croissance économique. Nous allons
examiner ses concepts clés, ses théories et les implications de ses travaux dans le domaine de
l'économie.

Robert Lucas a développé ses idées sur le capital humain dans les années 1980,
principalement à travers ses travaux sur la théorie de la croissance endogène. En 1988, Lucas
a publié un article intitulé "On the Mechanics of Economic Development" dans lequel il a
abordé la question de l'impact du capital humain sur la croissance économique. Dans cet
article, Lucas a exploré le rôle crucial du capital humain dans le processus de croissance
économique et a mis en lumière ses implications pour les politiques économiques.

L'une des contributions majeures de Robert Lucas à la théorie du capital humain réside dans
sa vision de la croissance endogène. Contrairement aux modèles de croissance exogène qui
considèrent la technologie comme un facteur extérieur à l'économie, Lucas a soutenu que la
croissance économique est alimentée par l'accumulation de connaissances et de compétences,
c'est-à-dire par le capital humain. Selon Lucas, les individus investissent dans leur capital
humain en acquérant des connaissances, des compétences et des capacités qui contribuent à
accroître leur productivité et à stimuler la croissance économique.

Lucas a mis l'accent sur le rôle de l'éducation dans le processus de croissance économique. Il
a soutenu que l'investissement dans l'éducation est essentiel pour développer les compétences
et les connaissances nécessaires à l'innovation, à l'adaptation aux changements technologiques
et à l'amélioration de la productivité. Lucas a souligné que l'éducation permet aux individus
d'assimiler de nouvelles idées, de s'adapter aux évolutions du marché du travail et d'améliorer
leur capacité à contribuer à la croissance économique.

Lucas a abordé la question de la répartition spatiale du capital humain et son impact


sur la croissance économique. Il a souligné que les concentrations de capital humain dans
certaines régions ou secteurs peuvent favoriser l'innovation, la productivité et la croissance
économique. Lucas a mis en évidence le rôle des interactions sociales, des réseaux et des
27

externalités positives liées au capital humain dans le processus de développement


économique.

Un autre aspect important des travaux de Robert Lucas concerne sa vision des politiques
économiques visant à promouvoir l'investissement dans le capital humain. Lucas a souligné
l'importance des incitations économiques pour encourager l'investissement privé dans
l'éducation, la formation professionnelle et la recherche. Il a mis en avant le rôle des
politiques fiscales et des incitations financières pour stimuler l'accumulation de capital
humain et favoriser la croissance économique.

Lucas a développé des modèles économiques pour analyser l'impact du capital humain
sur la croissance économique. Il a exploré les mécanismes par lesquels l'accumulation de
capital humain peut stimuler l'innovation, améliorer la productivité et favoriser la croissance
économique à long terme. Ses travaux ont contribué à éclairer les liens entre l'éducation, la
productivité et la croissance économique, mettant en lumière l'importance du capital humain
pour promouvoir le développement économique.

Les idées de Robert Lucas ont eu un impact significatif sur la pensée économique et
ont contribué à enrichir la compréhension des déterminants de la croissance économique. Ses
travaux ont ouvert de nouvelles perspectives sur le rôle du capital humain dans le processus
de développement économique, mettant en avant son importance pour promouvoir une
croissance durable et inclusive.

Robert Lucas a joué un rôle crucial dans la promotion du concept de capital humain et
dans la reconnaissance de son impact sur la croissance économique. Ses idées ont contribué à
façonner la théorie économique moderne et ont influencé les politiques visant à promouvoir
l'investissement dans l'éducation, la formation professionnelle et la recherche. Son travail sur
la croissance endogène et son analyse approfondie de l'impact du capital humain ont enrichi
notre compréhension des mécanismes sous-jacents à la croissance économique.

Jacob Mincer, un économiste américain renommé, a également apporté une contribution


significative à la théorie du capital humain et à sa relation avec la croissance économique. Sa
vision de l'impact du capital humain sur la croissance économique est étroitement liée à ses
travaux sur l'économie du travail et l'analyse des rendements de l'éducation. Dans cet exposé,
nous allons explorer en détail les idées de Jacob Mincer concernant le rôle du capital humain
dans la croissance économique, en examinant ses concepts clés, ses théories et les
implications de ses travaux dans le domaine de l'économie.
28

JACOB MINCER (1958) a développé ses idées sur le capital humain à travers plusieurs de
ses travaux, notamment son célèbre article intitulé "Investment in Human Capital and
Personal Income Distribution" publié en 1958, ainsi que d'autres contributions majeures dans
les années 1960 et 1970. Dans ces travaux, Mincer a exploré le lien entre l'investissement
dans le capital humain, principalement sous la forme de l'éducation, et la croissance
économique.

L'une des contributions majeures de Jacob Mincer à la théorie du capital humain réside
dans son concept de "rendement de l'éducation". Mincer a développé un modèle
économétrique pour évaluer l'impact de l'éducation sur les revenus individuels, mettant en
évidence la relation positive entre le niveau d'éducation et les gains salariaux. Il a démontré
que l'investissement dans l'éducation permet aux individus d'acquérir des compétences et des
connaissances qui augmentent leur productivité, ce qui se traduit par une augmentation de
leurs revenus.

Mincer a également souligné l'importance de la formation professionnelle et de


l'expérience dans l'accumulation du capital humain. Il a mis en évidence le rôle de
l'apprentissage sur le tas et de l'expérience professionnelle dans le développement des
compétences et des connaissances qui contribuent à la productivité des travailleurs. Selon
Mincer, l'investissement dans la formation continue et le perfectionnement professionnel est
essentiel pour améliorer la productivité et favoriser la croissance économique.

Mincer a abordé la question de la répartition du capital humain et son impact sur la


croissance économique. Il a souligné que les inégalités dans l'accès à l'éducation et à la
formation peuvent avoir des implications significatives pour la productivité globale de
l'économie. Mincer a mis en évidence le rôle des politiques visant à réduire les inégalités en
matière d'éducation et à promouvoir l'investissement dans le capital humain pour favoriser
une croissance économique plus inclusive.

Un autre aspect important des travaux de Jacob Mincer concerne sa vision des politiques
économiques visant à promouvoir l'investissement dans le capital humain. Il a souligné
l'importance des politiques éducatives visant à améliorer l'accès à l'éducation et à promouvoir
la qualité de l'enseignement. Mincer a également mis en avant le rôle des incitations fiscales
pour encourager l'investissement privé dans l'éducation et la formation professionnelle.

Mincer a développé des modèles économiques pour analyser l'impact du capital


humain sur la croissance économique. Il a exploré les mécanismes par lesquels l'accumulation
29

de capital humain peut stimuler la productivité, favoriser l'innovation et contribuer à la


croissance économique à long terme. Ses travaux ont contribué à éclairer les liens entre
l'éducation, la formation professionnelle et la croissance économique, mettant en lumière
l'importance du capital humain pour promouvoir le développement économique.

Les idées de Jacob Mincer ont eu un impact significatif sur la pensée économique et
ont contribué à enrichir la compréhension des déterminants de la croissance économique. Ses
travaux ont ouvert de nouvelles perspectives sur le rôle du capital humain dans le processus
de développement économique, mettant en avant son importance pour promouvoir une
croissance durable et inclusive.

Jacob Mincer a joué un rôle crucial dans la promotion du concept de capital humain et
dans la reconnaissance de son impact sur la croissance économique. Ses idées ont contribué à
façonner la théorie économique moderne et ont influencé les politiques visant à promouvoir
l'investissement dans l'éducation, la formation professionnelle et la recherche. Son travail sur
les rendements de l'éducation et son analyse approfondie de l'impact du capital humain ont
enrichi notre compréhension des mécanismes sous-jacents à la croissance économique.

ERIC HANUSHEK, un économiste renommé, a également apporté une contribution


significative à la théorie du capital humain et à sa relation avec la croissance économique. Ses
travaux ont largement porté sur l'analyse de l'éducation et de la qualité de l'enseignement en
relation avec la croissance économique. Dans cet exposé, nous allons explorer en détail les
idées d'Eric Hanushek concernant le rôle du capital humain dans la croissance économique, en
examinant ses concepts clés, ses théories et les implications de ses travaux dans le domaine de
l'économie.

Eric Hanushek est connu pour ses recherches approfondies sur l'impact de l'éducation
sur la croissance économique. Il a exploré en détail la relation entre le capital humain,
principalement sous la forme de l'éducation, et la productivité économique. L'une de ses
contributions majeures réside dans son analyse empirique des rendements de l'éducation et de
la qualité de l'enseignement sur la croissance économique.

Dans son ouvrage "The Economic Value of Higher Teacher Quality", Hanushek met
en évidence l'importance de la qualité de l'enseignement dans la formation du capital humain
et son impact sur la croissance économique. Il souligne que la qualité des enseignants et des
30

établissements éducatifs joue un rôle crucial dans le développement des compétences et des
connaissances des individus, ce qui se traduit par une augmentation de leur productivité et de
leur contribution à l'économie.

Hanushek a également développé des modèles économétriques pour évaluer l'impact


de la qualité de l'enseignement sur les résultats économiques à long terme. Il a mis en
évidence la corrélation positive entre la qualité de l'enseignement et les performances
économiques, mettant en lumière l'importance de politiques visant à améliorer la qualité des
enseignants et à promouvoir des pratiques pédagogiques efficaces pour favoriser la croissance
économique.

Hanushek a abordé la question des inégalités en matière d'éducation et son impact sur
la croissance économique. Il a souligné que les disparités dans l'accès à une éducation de
qualité peuvent avoir des effets néfastes sur la productivité globale de l'économie, en limitant
les opportunités pour les individus d'acquérir des compétences et des connaissances
essentielles à leur contribution à l'économie. Hanushek a mis en avant l'importance de
politiques visant à réduire les inégalités en matière d'éducation pour favoriser une croissance
économique plus inclusive.

Un autre aspect important des travaux d'Eric Hanushek concerne sa vision des
politiques éducatives visant à promouvoir le capital humain. Il a souligné l'importance des
incitations à la performance pour les enseignants et les établissements éducatifs, ainsi que des
mécanismes d'évaluation de la qualité de l'enseignement. Hanushek a plaidé en faveur de
politiques visant à promouvoir la responsabilisation des enseignants et des établissements
éducatifs pour améliorer la qualité de l'enseignement et favoriser la formation d'un capital
humain plus productif.

Hanushek a développé des modèles économiques pour analyser l'impact du capital


humain sur la croissance économique. Il a exploré les mécanismes par lesquels
l'investissement dans l'éducation et la qualité de l'enseignement peut stimuler la productivité,
favoriser l'innovation et contribuer à la croissance économique à long terme. Ses travaux ont
contribué à éclairer les liens entre l'éducation, la qualité de l'enseignement et la croissance
économique, mettant en lumière l'importance du capital humain pour promouvoir le
développement économique.
31

Les idées d’Éric Hanushek ont eu un impact significatif sur la pensée économique et ont
contribué à enrichir la compréhension des déterminants de la croissance économique. Ses
travaux ont ouvert de nouvelles perspectives sur le rôle du capital humain dans le processus
de développement économique, mettant en avant son importance pour promouvoir une
croissance durable et inclusive.

Éric Hanushek a joué un rôle crucial dans la promotion du concept de capital humain
et dans la reconnaissance de son impact sur la croissance économique. Ses idées ont contribué
à façonner la théorie économique moderne et ont influencé les politiques visant à promouvoir
l'investissement dans l'éducation, la formation professionnelle et la recherche. Son travail sur
la qualité de l'enseignement et son analyse approfondie de l'impact du capital humain ont
enrichi notre compréhension des mécanismes sous-jacents à la croissance économique.
32

CHAPITRE II : PRESENTATION DE LA RDC ET LE DIAGNOSTIC DU


SYSTEME EDUCATIF CONGOLAIS

2.1. Présentation générale

La République démocratique du Congo (RDC), d'une superficie équivalente à celle de


l'Europe occidentale, est le plus grand pays d'Afrique subsaharienne. Elle possède des
ressources naturelles exceptionnelles, notamment des gisements de minerais (cobalt, cuivre,
etc.), un grand potentiel hydroélectrique, de vastes terres arables, une formidable biodiversité
et la deuxième plus grande forêt tropicale du monde.

Pourtant, la plupart des habitants de RDC ne profite de ces richesses. Une longue
succession de conflits, d’instabilité, de troubles politiques et de régimes autoritaires a conduit
à une crise humanitaire aussi sévère que persistante, à laquelle s'ajoutent des déplacements
forcés de populations. Et la situation ne s'est guère améliorée depuis la fin des guerres du
Congo en 2003.

La RDC est l'une des cinq nations les plus pauvres du monde. En 2022, environ 62 % de la
population du pays soit 60 millions de personnes vivait avec moins de 2,15 dollars par jour.
Ainsi, près d'une personne sur six en situation d'extrême pauvreté en Afrique subsaharienne
vit en RDC.

2.2. Situation sociale

La RDC se classe au 164e rang sur 174 pays selon l'indice de capital humain 2020,
conséquence de décennies de conflits, de fragilité et de développement compromis. L'indice
de capital humain de la RDC s'établit à 0,37, au-dessous de la moyenne des pays d’Afrique
subsaharienne (0,40). Cela signifie qu'un enfant congolais né aujourd'hui ne peut espérer
réaliser que 37 % de son potentiel, par rapport à ce qui aurait été possible s'il avait bénéficié
d'une scolarité complète et de qualité, et de conditions de santé optimales. Les principaux
facteurs à l'origine de ce score sont le faible taux de survie des enfants de moins de cinq ans,
le fort taux de retard de croissance des enfants et la piètre qualité de l'éducation.

Le taux de retard de croissance en RDC (42 % des enfants de moins de cinq ans) est
l'un des plus élevés d'Afrique subsaharienne et la malnutrition est la cause sous-jacente de
près de la moitié des décès dans cette classe d’âge. Et contrairement à d'autres pays africains,
la prévalence du retard de croissance en RDC n'a pas diminué au cours des vingt dernières
33

années. En raison d’un taux de fécondité très élevé, le nombre d'enfants souffrant d'un retard
de croissance a augmenté de 1,5 million.

La RDC abrite diverses populations autochtones dont l’existence est marquée par un
grand nombre de difficultés : expulsion de leurs terres ancestrales, discriminations ou encore
manque d’accès à des services de base comme les soins de santé et l’éducation. Ces
populations continuent malgré tout de jouer un rôle important dans la préservation de la
diversité culturelle du pays et la promotion de pratiques de gestion dur able des ressources.
Et si des efforts existent pour reconnaître et protéger les droits des populations autochtones, il
reste encore beaucoup à faire pour assurer leur pleine participation à la société et la protection
de leurs modes de vie traditionnels.

L'accès à l'éducation s'est considérablement amélioré au cours des deux dernières décennies,
en particulier chez les filles et les plus jeunes. Entre 2000 et 2017, le taux net de scolarisation
dans le primaire a augmenté de 50 %, passant de 52 à 78 %. Mais le taux d'achèvement du
primaire reste bas (75 %), et la qualité de l'éducation extrêmement faible : on estime que 97 %
des enfants de dix ans en RDC sont en situation de pauvreté des apprentissages, c'est-à-dire
qu'ils ne sont pas en mesure de lire et comprendre un texte simple.

Les femmes se heurtent à des obstacles importants en matière de perspectives


économiques et d'autonomisation et elles sont notamment confrontées à un niveau élevé de
violences et de discriminations. Seulement 16,8 % des filles terminent l'école secondaire, soit
environ deux fois moins que les garçons. Les mariages précoces et les taux de fécondité
élevés posent problème, le niveau de fécondité des femmes et adolescentes sans aucune
éducation étant deux fois supérieur au taux observé chez celles qui ont achevé leurs études
secondaires (7,4 enfants contre 2,9, DHS 2014). La moitié des femmes déclarent avoir subi
des violences physiques et près d'un tiers ont subi des violences sexuelles, le plus souvent au
sein du couple (DHS 2013).

Le taux d'activité des femmes en RDC est estimé à près de 62 %, la plupart d'entre elles
travaillant dans l'agriculture. Bien que ce taux soit relativement élevé, les femmes gagnent
beaucoup moins que les hommes et possèdent moins d'actifs. Un rapport réalisé en 2021
recense trois grands facteurs à l'origine des écarts persistants et significatifs entre les sexes
dans le pays : le contrôle des terres, la capacité d'expression et d'action, et le risque et
l'incertitude, en particulier la vulnérabilité aux chocs et aux violences de genre.
34

Les systèmes de santé de la RDC ont été durement touchés par le conflit prolongé qui sévit
dans le pays et par des crises humanitaires complexes qui perdurent de longue date dans le
monde. Cette situation a en outre été considérablement aggravée par la pandémie de COVID-
19 et, avant elle, par les épidémies récurrentes de choléra, de rougeole ou d’Ebola. La
demande de vaccins anti-COVID a été relativement limitée en raison de fortes réticences dans
la population. Il apparaît par ailleurs que la pandémie a eu un impact négatif sur le degré
d'utilisation des services de santé depuis mars 2020.

Baisse des consultations hospitalières et prénatales, accès réduit au planning familial


et à la contraception, augmentation de l'insécurité alimentaire et hausse des cas de violences
sexuelles et sexistes. En raison de la pandémie, près de 23 millions d'enfants n'ont pas été
vaccinés comme ils l’auraient dû en 2020, soit le nombre le plus élevé depuis plus d'une
décennie selon des données récentes de l'OMS et de l'UNICEF. Tous ces éléments mettent en
lumière l’impact de la COVID-19 sur les systèmes de santé, laissant à craindre que
l'interruption temporaire des services de santé de base entraîne, faute d’action, une crise
sanitaire secondaire.

2.3. Situation économique

La croissance économique a grimpé à 8,9 % en 2022 et devrait atteindre 6,8 % en 2023. Le


secteur minier reste le principal moteur de la croissance, bien qu’il doive ralentir pour
atteindre 11,7 % en 2023 (contre 22,6 % en 2022) La croissance des secteurs non miniers
(notamment les services) devraient atteindre 4,2 % en 2023, contre 2,7 % en 2022.

Compte tenu du coût élevé des importations et de la dépréciation de la monnaie, l'inflation


augmente plus rapidement et devrait atteindre 20,7 % (moyenne de la période) en 2023,
contre 9,2 % en 2022.

L’augmentation des recettes d'exportation n’a pas permis de compenser le


renchérissement des factures d'importation de denrées alimentaires et de carburant, ce qui
conduit à un creusement du déficit des transactions courantes, estimé à 4.7 % du PIB en 2023.
Les investissements directs étrangers devraient conduire à l'accumulation de réserves
internationales, estimées à 10 semaines d'importations en 2023 (2022 : 7,9 semaines).

Malgré une politique budgétaire prudente, la poursuite des dépenses exceptionnelles pour la
sécurité et les élections entraîne un creusement du déficit budgétaire en 2023 (-1,3 % du PIB),
35

dans un contexte de baisse des recettes (environ 0,3 point de pourcentage de moins qu'en
2022).

Les perspectives de croissance à moyen terme restent favorables, bien que des
vulnérabilités considérables liées aux chocs des prix des produits de base et aux perturbations
de la chaîne d'approvisionnement persistent. La croissance du PIB devrait progressivement
ralentir pour atteindre 6,2 % d'ici 2025.

Les conséquences économiques persistantes de l’invasion de l’Ukraine, à travers


l'augmentation des coûts alimentaires mondiaux et des prix du pétrole, pourraient exercer une
pression plus forte sur le déficit budgétaire, l'inflation et la consommation des ménages,
exacerbant ainsi la pauvreté et l'inégalité.

Compte tenu des conflits persistants à l'Est, le défi immédiat de la RDC est de renforcer la
sécurité et de maintenir la stabilité politique et macroéconomique pendant la période
électorale, tout en accélérant les réformes en cours pour assurer une croissance durable (BM
2022)

Figure 2.1. : Evolution du taux de la croissance de 1992 à 2022

Source : élaboré par l’auteur a partir des données de la banque mondiale

2.4. Diagnostic du système éducatif congolais

2.4.1. Introduction

L'éducation pour une nation s'avère être un type d'investissement très capital. En qualité
d'investissement, elle constitue un pilier de l'économie nationale et de ce fait, elle possède un
début, connaît des perfections et sans doute une extension.

Dans cet ordre d'idée, il est stipulé dans la Charte Universelle des Droits de l'Homme que
l'éducation est un droit fondamental de tout individu. La République Démocratique du Congo
(RDC) reconnaît ce droit. En effet, l'article 9 de la Loi-cadre n° 86/005 du 22/09/86 de
l'enseignement national stipule que « l'Etat a l'obligation d'assurer la scolarisation des enfants
au niveau de l'enseignement primaire et de veiller à ce que tout (Congolais) adulte sache lire,
écrire et calculer ». Elle s'est assignée comme objectif de viser la formation harmonieuse de
36

l'homme, citoyen responsable, utile à lui-même et à la société, capable de promouvoir le


développement du pays et la culture morale.

Le pouvoir organisateur de l’éducation est appelé à fournir beaucoup d’efforts pour que le
système éducatif atteigne ses objectifs en satisfaisant la société et les besoins du marché de
l’emploi. Ce contexte général n’est pas favorable au rétablissement de l’équilibre entre la
demande et l’offre scolaires.

2.4.2. Structures du système éducatif

Le système éducatif congolais est organisé en deux structures : l’enseignement formel et


l’éducation non formelle.

L’enseignement formel est dispensé sous forme d’enseignement classique et spécial.


L’enseignement classique est organisé en quatre structures :

Maternelle, primaire, secondaire, supérieure et universitaire. Le niveau maternel est organisé


en cycle unique de trois ans. Le primaire, obligatoire et gratuit, dure six ans. Il est organisé en
deux cycles de trois années chacun.

Le niveau secondaire comprend le secondaire général, les humanités générales, les humanités
techniques et professionnelles. Le secondaire général est organisé en cycles de deux ans. Les
humanités générales s’organisent en deux années de cycle inférieur et deux années de
supérieur. Les humanités techniques et professionnelles s’organisent en cycle court et cycle
long. La durée de ces deux cycles est de respectivement trois et quatre ans. La formation
technique et professionnelle dure quatre ans.

L’ESU congolais comprend deux niveaux. Le niveau supérieur forme les cadres de haut
niveau, spécialisés pour l’exercice d’une profession. Le niveau universitaire forme des cadres
de conception capables de contribuer à la transformation qualitative de la société.

Bien qu’ait été institué le système de LMD, l’ESU fonctionne toujours avec trois cycles
(graduat, licence, troisième cycle qui conduit au doctorat). Le graduat dure trois ans, la
licence deux ans, comme le troisième cycle (diplôme d’études approfondies). Le doctorat dure
entre trois et cinq ans. Un enseignement spécial est organisé en faveur des groupes
vulnérables et des catégories socioprofessionnelles ayant des besoins spécifiques. Il est assuré
soit dans des établissements spécialisés, soit dans les écoles assurant l’enseignement inclusif.
37

L’éducation non formelle vise la récupération et la formation des jeunes et adultes non
scolarisés en vue de leur insertion sociale. Elle est assurée dans des établissements spéciaux et
centres de formation et se rapporte aux activités de rattrapage scolaire, d’alphabétisation,
d’apprentissage, de formation professionnelle et d’éducation permanente.

2.4.3. Organisation du système éducatif

L’enseignement national est sous la tutelle de six ministères chargés de :

1) l’enseignement primaire et secondaire ;

2) l’enseignement technique et professionnel ;

3) l’enseignement supérieur et universitaire ;

4) les affaires sociales « pour l’alphabétisation des jeunes et adultes » ;

5) la santé « pour la formation des infirmiers » ; et

6) la jeunesse « pour la formation professionnelle des jeunes » (RDC, 2015).

Le système regroupe deux types d’écoles, publiques et privées. Dans les écoles publiques, on
trouve les écoles officielles et conventionnées. Les écoles officielles sont gérées par l’État
alors que celles qui sont conventionnées sont gérées par les congrégations religieuses
signataires d’une convention avec l’État. Les écoles privées ne bénéficiant pas de subvention
de la part de l’État, toutes les charges financières reviennent aux parents.

2 .4.4. Efficacité du système éducatif

Le présent état des lieux de l’efficacité du système éducatif congolais se base sur les résultats
du rapport d’État du système éducatif national financé par l’Unesco et l’Unicef en 2014
(Resen, 2014) et la stratégie sectorielle de l’éducation et de la formation de la RDC (période
2016-2025).

 Enseignement maternel ou préscolaire

Cet enseignement connaît depuis les années 2010 une expansion due à l’offre privée. Cette
croissance ne se traduit pas par une amélioration de la qualité. Ainsi, on a enregistré un faible
taux de scolarisation (4,2 % d’enfants de 3-5 ans en 2014).

On observe également une forte disparité selon les provinces. À Kinshasa, on a enregistré un
taux de 12,6 % d’enfants entre 3 et 5 ans et au Nord-Kivu seulement 1,5 %. Enseignement
38

primaire 13 Il connaît également une forte expansion des effectifs au cours de la dernière
décennie. Le taux brut de scolarisation est passé de moins de 90 % en 2007 à plus de 107 %
en 2014. Cette expansion s’explique par la mise en place progressive, depuis 2010, de la
politique de gratuité.

Actuellement, avec l’effectivité de la gratuité, la situation semble s’améliorer, car l’école a


accueilli pour la première fois un nombre important d’enfants non scolarisés en raison de la
paupérisation de leurs parents. Au Kasaï, par exemple, la gratuité a permis à 150 082 enfants
de regagner l’école au cours de l’année scolaire 2019-2020. Ainsi, le taux d’accroissement
d’effectifs des élèves dans les écoles primaires de cette région se situe à 32 %.

Les données du Resen (2014) montrent un taux d’achèvement de 70 % au niveau national


contre 29 % en 2002. Près de 44 % des effectifs inscrits en 1re année du primaire sont hors
âge officiel (6 ans révolus) et 11 % des effectifs sont des redoublants. Le taux de réussite à
l’épreuve nationale de fin d’études primaires est supérieur à 80 % depuis 2006. Des
évaluations des compétences réalisées pour le Resen (2014) révèlent que 50 % de
l’échantillon réussit aux tests de lecture-compréhension et 36 % aux tests d’expression écrite.
L’évaluation de la qualification des enseignants montre que les diplômés d’études normales
de quatre ans et de six ans représentent environ 93 % des effectifs.

Si, en 2014, les effectifs des élèves de 1re année se situaient en moyenne autour d’une
cinquantaine d’élèves par classe, actuellement, avec l’effectivité de la gratuité, ils dépassent la
centaine. Ce surpeuplement est dû à l’inadéquation entre les écoles publiques et la demande
scolaire. La plupart des écoles publiques se trouvent aujourd’hui dans de mauvaises
conditions et aucun effort significatif d’amélioration de l’architecture scolaire n’est fourni par
les autorités. Ces écoles sont confrontées à des problèmes de matériels didactiques et de
manuels. Seules quelques rares écoles publiques actualisent de manière permanente leurs
matériels didactiques.

 Enseignement secondaire

Au niveau secondaire, le taux d’accès en première année est resté stable depuis 2006, autour
de 48 %. On doit s’attendre, avec l’effectivité de la gratuité, à ce que ce taux d’accès puisse
augmenter de manière considérable dans les cinq ans à venir.

Le pourcentage des élèves scolarisés dans le privé, qui avait plus que doublé au cours de la
décennie 2010, passant de 11,2 % à 24,2 % en 2012, diminuera dans les cinq ans à venir à
39

cause du déplacement des élèves du secteur privé vers le secteur public à la suite de la
gratuité. Les proportions d’enfants en âge d’aller au secondaire premier cycle non scolarisés
sont inférieures à celles du primaire. Pour ce qui est du second cycle secondaire, les effectifs
se sont accrus de 47 % entre 2006 et 2012. À l’intérieur de ce cycle, les accroissements les
plus importants ont été enregistrés, dans le secondaire général et normal, respectivement de 55
% et 52 %.

Par contre, les filières professionnelles et celles des arts et métiers ont vu leurs effectifs
réduits, respectivement de moins de 8 % et de 24 %. Le taux brut de scolarisation au
secondaire est de 38,3 % en 2012-2013. Les garçons sont plus scolarisés que les filles dans ce
niveau (47,2 % contre 29,3 % pour les filles). De même, la ville-province de Kinshasa est la
plus scolarisée (59 %) et la province orientale est la moins scolarisée (24,6 %).

La situation des enseignants au secondaire est différente de celle du primaire pour ce qui est
de la qualification. Seuls 17,4 % d’enseignants du secondaire public sont qualifiés (49 % dans
le privé). De même, 63 % d’enseignants qualifiés sont en milieu urbain. Le ratio moyen élève-
maître dans le secondaire est de 15 dans le secteur public. En ce qui concerne les
infrastructures, près de 60 % d’établissements n’ont pas de points d’eau et plus de 87 % n’ont
pas l’électricité. On constate aussi que 38 % des salles de classe sont en terre ou en paille.

Près de 3 % d’écoles ont des tables et des bancs en quantité suffisante et 37,3 % en ont plus
que leurs besoins. Signalons aussi que l’enseignement général et l’enseignement normal
représentent plus de 70 % des effectifs (respectivement 30,7 % et 39,7 %), l’enseignement
technique et professionnel près de 30 %. S’agissant de l’enseignement technique et
professionnel, les constats suivants peuvent être faits :

1. Absence de curricula et de programmes pertinents pour certaines filières ;


2. Manque d’accompagnement pédagogique pour les formateurs ;
3. Multiplication d’écoles professionnelles, avec un foisonnement de filières proposant
partout les mêmes profils de formation aux apprenants ;
4. Inadéquation des filières de formation professionnelle aux besoins de l’économie et
aux réalités du marché de l’emploi ;
5. Manque, déperdition et/ou vieillissement du personnel enseignant qualifié, etc.

En outre, ce niveau d’enseignement serait mal perçu par une frange de la population qui
estime que ce type d’enseignement ne recueille que des élèves ayant échoué dans
40

l’enseignement général. Cela nécessite de mettre en place des mécanismes d’attraction pour
cet enseignement.

En ce qui concerne l’examen d’État (équivalent du baccalauréat français), on se rend compte


que dans les éditions de la décennie 2010, on a enregistré des taux importants de réussite qui,
dans la plupart des cas, dépassaient 50 % et avoisinaient 70 %. Si ces taux peuvent traduire
directement l’efficacité interne de l’enseignement secondaire, la conclusion n’est pas la même
lorsqu’on examine la qualité de ses réussites.

Ngub’usim, Enguta et Kakenza (2017) ont examiné la qualité des réussites à l’examen d’État
2013 et ont constaté que 14 % d’élèves avaient obtenu leur diplôme avec moins 60 % de
points, 25 % avec des points situés entre 55 et 59 % et 61 % avec moins de 55 %. De telles
analyses révèlent une faible mobilisation des compétences visées à ce niveau. Ainsi, le
secondaire second cycle souffre de la défaillance du système d’orientation, d’une faible
efficience interne ainsi que de mauvaises conditions d’accueil et d’enseignement.

 Enseignement supérieur et universitaire

Il connaît depuis le début de la décennie 2010 une croissance du nombre d’établissements et


d’étudiants.

Les effectifs ont plus que doublé entre 2006 et 2012, passant de 239 914 à 512 322, et sont
inégalement répartis entre les provinces : Kinshasa enregistre 33,5 %, suivie du grand
Katanga avec 22,8 % et de la province du Maniema qui occupe la dernière position avec 1,5
% d’effectifs (Ngub’usim, 2015).

La répartition des étudiants par niveau montre que plus du tiers des effectifs sont inscrits en
classes de recrutement et que seulement 17 % sont en classes terminales. Les taux d’abandon
et de redoublement sont très importants, particulièrement dans les classes de recrutement.
L’ESU connaît plusieurs contraintes : l’inadéquation formation-emploi ; la faible qualité de
l’enseignement ; la non-viabilité de plusieurs établissements ; le grand besoin en enseignants
qualifiés.

 Éducation non formelle

Depuis 2010, l’on assiste à une augmentation des centres d’éducation non formelle. Le taux
d’analphabétisme est élevé et se situe à 27,1 %. La proportion des femmes analphabètes est
plus élevée que celle des hommes (39 % contre 14 %). Le taux d’analphabétisme est plus
élevé en milieu rural (38 %) qu’en milieu urbain (11 %). Près de 91 % de femmes sont
41

alphabétisées à Kinshasa contre 51 % dans la province de l’Équateur. La proportion


d’hommes alphabètes est la plus élevée à Kinshasa (97 %) et c’est au Nord-Kivu qu’elle est la
moins élevée (80 %).

2 .4.5. Défis du système éducatif congolais

Le système éducatif congolais doit relever trois défis importants : développer l’accès et
assurer l’équité de l’éducation, améliorer la qualité des apprentissages et améliorer la
gouvernance et le pilotage du secteur de l’éducation.

1. Développer l’accès et assurer l’éducation

Le défi le plus important à ce niveau est d’assurer la réussite totale de la mise en place de la
gratuité de l’enseignement de base. Cette mise en place de la gratuité suppose de revaloriser le
salaire des enseignants, afin de compenser la baisse de revenus due à la suppression de la
prime de motivation qui était payée par les parents d’élèves.

La réussite de la gratuité exige aussi la construction de nouveaux bâtiments scolaires, afin


d’augmenter la capacité d’accueil du système éducatif congolais. Les frais de fonctionnement
versés par l’État doivent être majorés car ils sont actuellement insuffisants. En ce qui
concerne l’ESU, il y a nécessité de gérer la croissance d’étudiants dans les filières classiques
et de diversifier l’offre de formation au niveau des filières professionnelles et technologiques.

2. Améliorer la qualité des apprentissages

Le défi de l’amélioration de la qualité des services éducatifs à tous les niveaux fait partie des
plus grands défis du système éducatif congolais. Cette amélioration peut se faire à travers des
politiques d’intrants : les manuels scolaires au primaire, les équipements pour les autres
niveaux et la formation des enseignants dans tous les sous-secteurs. Il y a nécessité de
renforcer l’assurance-qualité des structures éducatives.

L’amélioration de la qualité des apprentissages au primaire peut se faire à travers le


développement des ressources humaines, le renforcement de l’encadrement pédagogique de
proximité, l’amélioration de la gestion et du suivi de la qualité dans l’école, la réduction des
redoublements et des abandons, l’amélioration dans l’apprentissage de la lecture, la mise en
œuvre de la politique de production et de distribution des supports pédagogiques. Au niveau
secondaire, il y a nécessité de réformer les humanités pédagogiques et la formation des
42

maîtres, de renforcer la synergie avec le ministère de l’Enseignement supérieur dans le cadre


de la formation des enseignants et de former les enseignants du secondaire en tenant compte
des besoins quantitatifs en enseignants. Il faudrait rendre disponible le matériel didactique,
réhabiliter et construire des laboratoires et des salles d’expérimentation, optimiser et
actualiser les programmes d’études.

Au niveau de l’enseignement supérieur et universitaire, les défis à relever se rapportent à


l’amélioration de la gouvernance et à la qualité de la formation, à l’adéquation de l’offre avec
les besoins, à la mise au point de plans stratégiques annuels dans les établissements, au
recours aux TIC, à l’enseignement ouvert et à distance, à la mise en place progressive du
système LMD, au renforcement de la recherche et à la diversification des sources de
financements du secteur.

3. Améliorer la gouvernance

En ce qui concerne la gouvernance des établissements d’enseignement national, l’État doit


initier des campagnes de changement pour inculquer des valeurs civiques, morales,
républicaines et démocratiques aux gestionnaires de ces établissements.

L’État devra :

 Mettre en place des normes et des mécanismes transparents de gestion des


ressources ;
 Améliorer les processus de planification, de régulation des flux pour garantir le
développement équilibré du système éducatif ;
 Améliorer la gestion du personnel et des carrières ; et
 Renforcer l’autonomie des établissements d’enseignement.

Le système éducatif congolais, en dépit de son contexte de vulnérabilité à la suite des guerres
et des instabilités politiques, fait preuve de résilience. Cette résilience n’a pas donné lieu à une
forte efficacité, comme le montrent différents indicateurs. Pour pouvoir renforcer cette
efficacité, trois stratégies sont souhaitables : développer l’accès et assurer l’équité de
l’éducation, améliorer la qualité des apprentissages et améliorer la gouvernance et le pilotage
du secteur de l’éducation.
43

CHAPITRE III : ANALYSE DE L’IMPACT DU CAPITAL HUMAIN


SUR LA CROISSANCE ECONOMIQUE

Ce chapitre s’articule autour de deux sections. La première expose la méthode d’analyse et la


deuxième section nous présente et interprété les résultats de notre étude.

SECTION 1 : PRESENTATION DU MODELE D’ANALYSE

1.1 Choix des variables du modèle

Dans le cadre de l’analyse de l’impact du capital humain sur la croissance, l’étude mobilise un
modèle économétrique qui met en relation une variable dépendante et trois variables
indépendantes.

4.1.1. Explication de variables

 Le taux de croissance du PIB réel (TPIBR)

Est la variation en pourcentage du PIB réel d'un pays. C'est un indicateur général de l'activité
économique ; il renseigne sur l'évolution de la production d'un pays. Dans ce travail il est la
variable endogène telle qu'elle a été observée d'après les données à notre disposition, cet
indicateur a enregistré beaucoup de fluctuations au cours de la période de notre étude.
44

Le graphique ci-haut, nous renseigne que la courbe de produit intérieur brut de la RDC de
1992 en 2022 soit 31ans est à la hausse parce que nous voyons que la pente de la droite est
positive, cela veut autant dire chaque année quittant l’autre ; il y a une augmentation d’en
moyenne 0.4828 sur le PIB. Par ailleurs le modèle est expliqué à 46%.

 L’investissement (INVEST)

L’investissement est une opération économique fondamentale, car c’est lui qui détermine
l’accumulation du capital, considérée comme facteur essentiel de la croissance économique.
C’est aussi l’investissement qui permet l’amélioration de la productivité du capital et le
développement du progrès technique. C’est pourquoi, le sens le plus général de
l’investissement consiste en la valeur des biens durables acquis par les unités de production
pour être utilisés pendant au moins une année dans le processus de production.
L’investissement est défini comme la FBCF (Mersch, 2003).

Le graphique ci-haut, nous renseigne que la courbe de l’investissement de la RDC de 1992 en


2022 soit 31ans est à la hausse parce que nous voyons que la pente de la droite est positive,
cela veut autant dire chaque année quittant l’autre ; il y a une augmentation d’en moyenne
2E+08 sur la FBCF. Par ailleurs le modèle est expliqué à 36,48%.

 Taux d'inscription aux études tertiaires(TIET)


45

Le taux brut d'inscription vise à déterminer le pourcentage de la population totale ayant été
inscrite à un niveau d'études donné -ici le tertiaire- au moment où les personnes se sont
retrouvées dans le groupe d'âge correspondant au niveau d'études en question. Par niveau
tertiaire, on inclut ici tous les types d'enseignements post-secondaires.

Le graphique ci-haut, nous renseigne que la courbe de Taux d'inscription aux études tertiaires
de la RDC de 1992 en 2022 soit 31ans est à la hausse parce que nous voyons que la pente de
la droite est positive, cela veut autant dire chaque année quittant l’autre ; il y a une
augmentation d’en moyenne 0.0531 sur le TIET. Par ailleurs le modèle est expliqué à 14,3%.

 La population active

La population active regroupe l’ensemble des personnes exerçant ou cherchant à exercer une
activité professionnelle rémunérée. On regroupe dans la population active occupée
uniquement les personnes déclarant exercer une activité professionnelle rémunérée. La
population active inoccupée regroupe les chômeurs.

En République Démocratique du Congo, six personnes sur dix sont actives (ayant un emploi
ou chômeur). Le taux d'activité est plus élevé en rural qu'en milieu urbain, l'activité agricole
emploie davantage la population rurale qui se compose de plus de 65% de la population
totale.
46

La population active sera définie par le taux de participation à la population active, (% de la


population totale de 15ans à 64ans).

Le graphique ci-haut, nous renseigne que la courbe de la population active de la RDC de 1992
en 2022 soit 31ans est à la baisse parce que nous voyons que la pente de la droite est négative,
cela veut autant dire chaque année quittant l’autre ; il y a une diminution d’en moyenne
0,1365 sur la PAT. Par ailleurs le modèle est expliqué à 84,41%.

1.2 Spécification du modèle d’analyse

Rappelons d’abord que notre analyse se base sur la corrélation entre le Capital humain-
Croissance économique en République Démocratique du Congo. Concernant notre étude,
hormis la variable taux d’inscription aux études supérieures, nous avons pris en compte
d’autres variables qui sont très remarquées dans l’environnement congolais, et pouvant avoir
un impact significatif sur la croissance économique. Il s’agit notamment l’investissement et
Population en âge de travailler. Ainsi, notre modèle d’analyse se présente sous deux formes
de spécification à savoir:

 TPIBRt=𝜷0+ 𝜷1TIETt+ 𝜷2PATt+ 𝜷3INVESTt+ µt (1)


47

Avec :

 𝛽𝑖 : comme des paramètres à estimer (i=0 à 5)


 PIBC : taux croissance du produit intérieur brut
 TIET : taux d’inscription aux études supérieures (Tertiaire)
 PAT: Population active
 INVEST : le taux d’investissement brut
 µ : le terme d’erreurs et t représente le temps

Dans l’expression (1) la croissance économique est mise en relation avec le TIET et
Population active(PAT). Ce modèle vise à vérifier si la formation du capital humain combinée
à la propension de l’économie aux dépenses publiques allouées à l'éducation peut expliquer
la croissance économique en RDC.

Dans la deuxième spécification, on teste l’action combinée de l’investissement (FBCF) et de


la formation du capital humain (TIET) sur la croissance économique. De ces deux modèles,
nous attendons une corrélation positive entre d’une part la croissance économique et la
formation du capital humain et d’autre part, une relation positive entre la croissance
économique et la Population active et/ou l’investissement en RDC.

Tableau n°2: Signes attendus des variables

Variables Notations signes

Population active PAT +

le taux d’investissement INVEST +


brut
taux d’inscription aux TIET +
études supérieures
Source : auteur/théories économiques

En vue de réaliser nos estimations, les données utilisées dans cette étude ont été tirées des
rapports officiels de la Banque Mondiale et de la banque centrale du Congo qui correspondent
à la période allant de 1992 à 2022. Pour l’estimation de notre paramètre du modèle (1), nous
avons utilisés la méthode des moindres carrés ordinaires et nous avons effectué le test de
corrélation et l’estimation économétrique en faisant une régression linéaire multiple à l’aide
du logiciel STAT14. Le tableau ci-dessous exhibe la description des données des variables
48

retenues dans la modélisation. Il s’agit des statistiques relatives à la moyenne, l’écart-type,


minimum et le maximum.

Tableau n°3 : Analyse descriptive des données

Variables Minimum Maximum Moyenne Ecart-type


TPIBR -13 ,5 9,8 2,319354839 6,47278504
invest brut 9915438,2 12093713891 3712314904 3779162423
PAT 64,2 69,1 67,36666667 2,74695233
TIET 1,456 8,265 5,667727273 2,2072525
Source : Notre estimation sur base des données collectées.

En moyenne, le taux de croissance en RDC est positif mais faible (2,31%) pour la
période1992-2022. Ce taux est fortement affecté par les valeurs négatives enregistrées
pendant une durée de 1992 à 2001 suite à la crise politique qui a causé une dégradation sur le
système économique du pays. L’écart-type qui s’élève à 6,47278504 % est largement
supérieur à la moyenne, ce qui témoigne une forte dispersion du taux de croissance en RDC
autour de sa moyenne. Le meilleur taux est celui est celui de l’année 2005 estimé à 9,8%
accompagné d’un minimum de -13,47 enregistré en 1993.

Sur la période sous analyse (1992 à 2022), en RDC, le meilleur aux d’inscription au niveau
d’étude tertiaire est de 8,265% réalisé en 2012, la moyenne se chiffre à 67,36666667%
5,667727273 avec un écart-type de % et le minimum d’accroissement des effectifs est de
1,456% réalisé en 1999.

Cependant, le niveau d’investissement entre 1992 et 2022 connait une moyenne de


3712314904$ avec un écart-type de 3779162423$, le maximum se chiffre 12093713891$ et le
minimum à 9915438,2$.

Le taux de participation à la population active est en moyenne de % avec un écart-type de


2,74695233%, le meilleur taux est de 69,2% réalisé en 1992 avec un minimum de 64,2%
réalisé en 2020.
49

SECTION 2 : RESULTATS DES ESTIMATIONS ET INTERPRETATIONS

2.1.1. Tests de corrélation linéaire

Le tableau ci-dessous, relate les résultats des tests nécessaires effectues sur les variables
explique et explicative.

Tableau 4 : tests de corrélation

Pairwise correlations
Variables (1) (2) (3) (4)
(1) PIB 1.000
(2) TIET 0.217 1.000
(3) FBCF 0.228 0.404 1.000
(4) PAT -0.558 -0.433 -0.761 1.000
Source: auteur

Les résultats figurant dans le tableau ci-dessus prouvent ce qui suit :

Il y a une faible corrélation positive entre le taux de la croissance économique


mesuré par le produit intérieur brut (PIB) et Taux d'inscription aux études
tertiaires(TIET) avec un coefficient de corrélation de 0, 217.

Il y a aussi une faible corrélation positive entre le taux de la croissance économique


mesuré par le produit intérieur brut (PIB) et le taux investissement brut exprimé par
la formation brute de capital fixe(FBCF) avec un coefficient de corrélation de 0,228.

Il y a une très forte corrélation négative entre le taux de la croissance économique


mesuré par le produit intérieur brut (PIB) et la Population active mesurée par le taux
de la population active(PAT) avec un coefficient de corrélation de -0,558.

2.1.2. Résultats de l’estimation économétrique

Le tableau 5 relate les résultats de notre estimation économétrique

Le tableau 5 : Resultats de la régression


50

Linear regression
PIBen Coef. St.Err. t- p- [95% Interval] Sig
value value Conf
FBCF 0 0 -2.03 .052 0 0 *
TIET .069 .844 0.08 .936 -1.663 1.801
PAT -4.363 1.124 -3.88 .001 -6.668 -2.057 ***
Constant 298.936 77.914 3.84 .001 139.07 458.801 ***

Mean dependent var 2.319 SD dependent var 6.473


R-squared 0.404 Number of obs 31
F-test 6.095 Prob > F 0.003
Akaike crit. (AIC) 192.719 Bayesian crit. (BIC) 197.021
*** p<.01, ** p<.05, * p<.1

3. Interprétation économique des résultats


Au seuil alpha de 5%, nous constatons que notre modèle est globalement significatif vu que
la probabilité est inférieure à 0.05 donc le capital humain influence la croissance
économique dont le PIB, mais individuellement, nous constatons que seule la PAT explique
le PIB.
En ce qui concerne la formation brute de capital fixe(FBCF), il n’a pas un impact positif ou
négatif est au seuil de 1% sur le PIB, avec un coefficient nul et une p-value égale à O, 052.
Quant au taux de croissance de la population active, il a un impact négatif et non significatif
au seuil de 1% sur le PIB, puisque son coefficient est égal à avec une p-value égale à 0,0029,
donc toute augmentation du taux d’accroissement de la population active de 1% va
engendrer une diminution du PIB de 4.363%. Ce constat rejoint la spécification théorique de
Mankiw et al. (1992), qui indiquent que la croissance de la population active à un effet
négatif sur le PIB par travailleur.
Quant au taux d'inscription aux études tertiaires, il n’a pas d’impact significatif sur le PIB. En
examinant la tendance générale du taux d’inscription aux études tertiaires en allant de 1995
à 1999 suite à la crise politique de la libération dont on aperçu une diminution sur l’évolution
de l’accès à l’enseignement tertiaire en RDC. Et en allant de 2007 à 2014, nous constatons
une augmentation sur l’évolution de l’accès à l’enseignement tertiaire en RDC suite à
politique gouvernementales initie en matière d’éducation, les inégalités de genre, la
pauvreté et la disponibilité des infrastructures éducatives.
Par leurs coefficients ; on peut dire que le capital humain a un effet positif sur la croissance
économique qui est le PIB à part la PAT. Le modèle est globalement expliqué à 31%.
51

CONCLUSION GENERALE
La problématique de notre travail a été de vérifier le sens des liaisons entre le capital humain
et la croissance économique en République Démocratique du Congo (1992-2022).
Nous avons formulé l’hypothèse selon laquelle : S’il existerait une relation négative entre
l’investissement en capital humain et la croissance économique de la République
Démocratique du Congo durant la période sous analyse.

En d’autres termes, nous avons supposé que la formation du capital humain influencerait la
croissance économique en RDC. Pour atteindre cet objectif, nous avons utilisé le modèle
économétrique comprenant la croissance du PIB (comme variable expliquée) confrontée aux
taux d’inscription aux études supérieures (Tertiaire) en y ajoutant les variables de contrôle
l’investissement et la population active.
L’estimation de ces modèles par la méthode des moindres carrés ordinaires (MCO) en nous
servant des données macroéconomiques provenant des rapports officiels de la Banque
Mondiale pour la période allant de 199é à 2022.

Cela étant, ces résultats relèvent qu’il n’existerait pas un effet positif (significatif ou non selon
le cas) du niveau de la formation du capital humain sur la croissance économique en RDC
sans que ce dernier ne puisse être associé à d’autres variables macroéconomiques. Et ces
résultats nous permettent de confirmer notre hypothèse selon laquelle : le taux de scolarisation
au niveau Tertiaire serait positivement corrélé à la croissance économique en RDC.

Eu égard à ce qui précède, l’analyse des résultats de l’estimation du modèle conduit aux
recommandations ci-après :

 Renforcer suffisamment de financement du secteur éducatif ;

 Promouvoir des programmes de formation professionnelle et de reconversion adaptés


aux besoins du marché du travail, afin d'assurer que les compétences professionnelles
des individus soient en phase avec les exigences du secteur économique.

 Adapter les programmes de formations du secondaire et supérieur aux besoins des


secteurs porteurs de croissance et créateurs d’emploi.

 Mettre en place des politiques de santé publique visant à améliorer la santé globale de
la population, à réduire les maladies évitables et à promouvoir des modes de vie sains.
Cela pourrait inclure des campagnes de sensibilisation, des programmes de
vaccination, des soins préventifs, etc.

 Encourager la recherche et l'innovation, notamment en investissant dans la recherche


scientifique et technologique, en favorisant la création d'entreprises innovantes et en
soutenant les initiatives entrepreneuriales.
52

 Mettre en place des politiques fiscales et économiques favorables à l'éducation, à la


santé et à l'innovation, telles que des incitations fiscales pour les entreprises qui
investissent dans la formation de leur personnel, des subventions pour la recherche et
le développement.
53

Bibliographie

Ouvrage

Chapitre 12. Les théories de la croissance Cyriac Guillaumin Dans Macroéconomie (2020),
pages 430 à 461

Articles

MEULEMEESTER J.L., (2003). « Education et capital humain ».Revue Agone. n°29, p.13
FRAISSE S., (2009). « Capital humain ». Sciences économiques et sociales.

OCDE. : (1998), "Mesurer le capital humain : vers une comptabilité du savoir acquis", in
Problèmes Economiques, n° 2565 - 2566, pp. 22- 29, pp. 80-81. (Avril).

Compétences pour le redressement économique et la croissance partagée en RDC

JONATHAN ENGUTA MWENZI, « Le système éducatif de la République démocratique du


Congo et ses principaux défis », Revue internationale d’éducation de Sèvres.

Webographie

Banque Mondial.org
ses.ens-lyon.fr
http://mazambatedie.free.fr/
http://ses.ens-lyon.fr/articles/les-fondements-theoriques-du-concept-de-capital-humain-
partie-1
https://www.latribune.fr/opinions/tribunes/20140514trib000829890/gary-s.becker-le-
premier-theoricien-du-capital-humain

https://www.researchgate.net/publication/
30438955_La_theorie_des_capabilites_d'Amartya_Sen_
http://revues.imist.ma/?journal=REGS
https://www.banquemondiale.org/fr/country/drc/overview
Cours
MACROECONOMIE I Professeur Docteur Jean-Pierre KISONIA MUSUBAO A l’ intention des
étudiants de la première année de licence LMD.
54

Sigles et abréaction

PNUD : Programme des Nations unies pour le développement

ESU : L’enseignement supérieur et universitaire

IDA : L’Association internationale de développement

LMD : licence–master–doctorat

PERSE : Projet d’urgence pour l'équité et le renforcement du système éducatif

RDC : République démocratique du Congo

L’OCDE : Organisation de coopération et de développement économiques

IRC : l'International Rescue Committee

PED : Les pays en développement

UNICEF : United Nations International Children's Emergency Fund (Fonds des

Nations unies pour l'enfance).


55

Table des matières

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