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Trigonométrie

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Trigonométrie

Pour comprendre les structures, nous avons besoin des concepts fondamentaux en mathématiques
et en physique, et particulièrement de la trigonométrie : la branche des mathématiques qui met en
lien les distances et les angles dans un triangle.

Les valeurs angulaires, très faciles à mesurer, n’intègrent pas la notion de distance : ils mesurent
et exploitent l’angle entre deux lignes droites, indépendamment de la longueur de ces lignes.
L’intérêt de mettre en relation les angles et les distances se trouve, d’une part, dans le calcul
de grandes distances impossibles à mesurer directement et, d’autre part, dans le calcul des
projections des segments, ou des forces, sur des axes verticaux et horizontaux.

1.1 La « quadrature du cercle » et le nombre Pi


1.1.1 La clef entre deux univers irréconciliables
La définition de la trigonométrie pourrait être décrite comme la science qui met en relation
deux univers irréconciliables : l’univers des droites et l’univers des courbes. De ce conflit,
vient l’expression utilisée lorsque quelque chose est impossible à résoudre, comme étant « la
quadrature du cercle ». Et ce n’est pas faux, puisque nous ne pouvons pas trouver l’aire exacte
d’un cercle en le quadrillant avec des polygones : il y restera toujours une zone courbe du cercle
impossible à quadriller. D’ailleurs, une aire est mesurée en m2 ou équivalent, une unité associée
à un système cartésien orthonormé, un mètre par un mètre, encore un élément appartenant à
l’univers des droites. En somme, on essaye de mesurer l’aire d’un élément courbe en unités
« droites ». Et cela pose, bien sûr, problème.

Comment faire alors pour créer le lien entre ces deux univers ? Il faut une clef pour la serrure, un
rapport qui puisse créer le lien exact... ou presque. Cette clef est le nombre Pi, π = 3,14159... Un
numéro dit transcendant, car sa valeur exacte ne peut pas être obtenue et sa série de décimales
se suit jusqu’à l’infini, sans répétition. Aujourd’hui, c’est via le cloud de Google© que le nombre
le plus développé existe : plus de 31 mille milliards de chiffres après la virgule. Sûrement,
les années à venir seront témoins d’évolutions substantielles mais nous aurons toujours des
décimales inconnues.

Figure 1.1 Approximations successives d’un disque par des polygones réguliers intérieurs. Peu importe le nombre
des côtés du polygone, il ne sera jamais circulaire et est donc inexact. Crédit : Guillaume Jacquenot

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5000....000 années lumière

Mont-blanc 3200 m Mont Maudit

Figure 1.2 Avec les mesures angulaires, nous pouvons aussi bien étudier les distances courtes, moyennes ou
mêmes des distances colossales entre les galaxies.

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1.1.2 Rapport entre le diamètre et le périmètre d’un cercle


D’un point de vue mathématique, le passage entre droites et courbes se fait systématiquement
par le nombre π. Il est omniprésent dans nos opérations courantes de calcul de triangles, angles
et distances. A quoi correspond exactement ce nombre ? C’est tout simple : un cercle de diamètre
égal à 1 unité de longueur a un périmètre de 3,14159... unités.
Périmètre = 3,141 m

Diamètre = 1 m

Figure 1.3 Rapport simple entre les courbes et les droites. L’origine de la valeur π : rapport entre le périmètre d’un
cercle et son diamètre.

Dans cette formule simple, on doit voir que le diamètre appartient à l’univers des droites et le
périmètre à l’univers des courbes. La formule est toute simple et elle peut se généraliser pour
trouver le périmètre de n’importe quel cercle à partir de la valeur de son diamètre :

Périmètre (m) = Diamètre (m) ∙ π

Si on choisit de ne pas travailler avec les diamètres (D) mais avec les rayons (R), donc la moitié
du diamètre, la formule devient celle que nous avons toujours apprise à l’école :

Périmètre (m) = 2 ∙ π ∙ R
Périmètre = 6,282 m

Rayon = 1m

Figure 1.4 Le cercle trigonométrique de R = 1.

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1.2 Le cercle trigonométrique


A partir de maintenant, nous allons remplacer le cercle de diamètre D = 1 par un cercle deux fois
plus grand :
il aura un rayon R = 1 et un diamètre D = 2. Par conséquent, son périmètre sera de 2 π, donc de
6,283 unités de longueur. Nous appellerons ce cercle de R = 1 le « cercle trigonométrique » et il
va aussi nous accompagner tout au long de notre carrière.

π/2

π
Rayon = 1 2π

3π/2

Figure 1.5 Rapport entre radians et degrés à partir du développé de la longueur de corde de cercle de rayon = 1.

Si, dans notre cercle trigonométrique, nous prenons un quart de cercle, ce qui correspond à un
angle de 90º, nous obtenons un tronçon de périmètre d’une longueur égale à π/2 ; si on prend un
demi-cercle, avec un angle de 180º, nous obtenons un tronçon de périmètre d’une longueur de
valeur π ; trois quarts avec un angle de 270º donne une longueur de 3π/2 ; et le cercle complet,
avec une valeur de 360º donne une longueur de 2π.
Pour aller plus loin en connaissances mathématiques de l’ingénieur, il existe un système d’unités
de mesure d’angles très intuitif appelé Radians (rad) qui utilise les valeurs du diamètre du cercle
trigonométrique comme unité angulaire, π/2, π, 3π/2, et 2π, à la place de 90º, 180º, 270º et 360º.
Cependant, le degré sexagésimal, ou juste appelé degré, de 0º à 360º, est l’unité la plus utilisée
dans le quotidien des architectes et ingénieurs de la construction.

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1.2.1 Calcul d’une longueur de corde d’après un rayon et un angle


Une première utilité pratique de ces connaissances est le calcul de la corde d’un cercle, en
connaissant le rayon et l’angle. Si l’angle est exprimé en radians, alors le calcul est direct si
l’angle est mesuré en degrés, il faut appliquer une simple transformation de degrés à radians :

Longueur de la corde = R ∙ θ avec θ en Radians,


ou
Longueur de la corde = R x θ x π/180 avec θ en Degrés

Longueur :

L=R∙θ si θ en radians
θ
L = R ∙ θ ∙ ¶/180 si θ en degrés

Figure 1.6 Rapport entre la corde d’un arc L, son rayon R en fonction de l’angle θ.

1.3 Les fonctions trigonométriques


Nous devons maîtriser le cercle trigonométrique afin de comprendre et calculer tous les rapports
entre les angles et les longueurs d’un triangle. Nous allons utiliser les projections orthogonales
d’un rayon de cercle sur l’axe horizontal et vertical. La position de ce rayon est définie uniquement
par un angle : l’angle entre l’axe horizontal positif et le rayon lui-même. Ces projections ont
une valeur de longueur et varient bien évidemment en fonction de l’angle : elles s’appellent les
fonctions trigonométriques. Nous aurons besoin de trois fonctions : le sinus, le cosinus et la
tangente.

• La projection du rayon sur l’axe vertical y est appelée le sinus ou « sin ».


• La projection du rayon sur l’axe horizontal x est appelée le cosinus ou « cos ».
• La projection de la prolongation du rayon sur une tangente verticale au cercle est
appelée la tangente ou « tan ».

1.3.1 Valeurs et signes de sinus, cosinus et tangente en fonction de l’angle


Les valeurs positives des axes vertical et horizontal se trouvent vers la droite et vers le haut
respectivement, et la gauche et le bas représentent les valeurs négatives. La valeur des fonctions
trigonométriques, cos et sin, varient de signe en fonction du quadrant où se trouve le rayon.
Le cas de la tangente est différent car il s’agit de la projection verticale du segment prolongé. Ainsi
entre 0º à 90º et 180º à 270º elle varie de 0 a +∞ et entre 90º à 180º et 270º à 360º elle varie de
-∞ à 0.
Ainsi, à titre d’exemple, prenons quatre angles θ = 54º dont les projections ont la même magnitude
mais pas le même signe :

Cos 54º = 0,58 Sin 54º = 0,81 Tan 54º = 1,37


Cos 126º = -0,58 Sin 126º = 0,81 Tan 126º = -1,37
Cos 234º = -0,58 Sin 234º = -0,81 Tan 234º = 1,37
Cos 306º = 0,58 Sin 306º = -0,81 Tan 306º = -1,37

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Figure 1.8 Signes des valeurs trigonométriques du sinus, cosinus et tangente en fonction de la valeur de l’angle.

1.3.2 Notion de pente


La tangente est très utile pour calculer la pente d’une droite. La notion de pente exprime le rapport
entre la variation verticale et la projection horizontale. À titre d’exemple, un chemin avec une
pente de 20 % monte à la verticale de 20 mètres tous les 100 mètres parcourus à l’horizontale.
Ainsi, un segment avec un angle de 45º a une pente de 100% : il monte autant en vertical qu’il
avance en horizontal.
Si on rapporte ce cas au cercle trigonométrique, une pente de 100 % implique un triangle
rectangle isocèle de base B = 1 et hauteur h = 1. Comme la tangente coïncide avec la hauteur du
triangle, alors la tangente du segment avec une pente de 100 % vaut 1. Appliquant les mêmes
critères avec un autre exemple, 28 % de pente donne une tangente de 0,28 et l’angle est 16º.
Cependant, lorsqu’on dépasse le 45º, la valeur de la tangente et les pentes s’envolent et donc un
angle de 80º a une tangente de 5,67 et une pente de 567 %.

La pente (P) d’un segment avec une inclinaison θ, exprimée en pourcentage : P = (tan θ ∙ 100) %

Figure 1.9 Rapport entre la pente, la tangente et l’angle.

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1.4 Calcul de triangles


Pour définir un triangle, nous avons besoin de connaître trois valeurs indépendantes sur sa
géométrie. Nous allons très souvent travailler avec des triangles rectangles, et donc une des
données sera déjà figée : un angle à 90º. Le rapport entre les côtés et les angles du triangle
rectangle s’établit à l’aide des fonctions trigonométriques : il suffit de placer un triangle dans le
cercle trigonométrique en remplaçant le rayon 1 du cercle trigonométrique par R, la valeur d’un
des côtés du triangle que nous cherchons à résoudre. En fonction des paramètres recherchés,
nous placerons ce triangle soit à l’intérieur du cercle trigonométrique, soit à l’extérieur du cercle
et tangent à lui-même.

Figure 1.10 Rapport entre un rayon R et la valeur des fonctions trigonométriques.

1.4.1 Calcul de l’angle du triangle : fonctions arc sinus, arc cosinus et arc
tangente
Si nous connaissons les valeurs de deux des trois côtés d’un triangle, les angles peuvent être
retrouvés avec la fonction arc sinus, arc cosinus et arc tangente. L’expression arc sinus de L veut
dire angle dont le sinus a une valeur égale à L. La valeur d’un arc sinus est une valeur angulaire,
et L, qui représente la projection d’un rayon sur l’axe Y, a une valeur entre -1 et 1.

Exemple : l’arc sinus de 0,5, ou asin (0,5), est un angle qui vaut 30º, et l’arc sinus de -0,5 est un
angle qui vaut 330º, dit autrement :
arc sin (-0,5) = 330º et arc sin (0,5) = 30º

Nota : sur les calculettes, cette fonction est souvent présentée comme cos-1, sin-1 ou tg-1.

Les différents rapports entre les trois côtés, a, b et c, pour trouver les angles B et C, ou, si au
contraire, nous connaissons un angle et un côté, sont montrés dans les formules ci-après :

18 Comprendre les structures


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si A = 90 , Il s’agit d’un triangle rectangle et dans ce cas :

A + B + C = 180

C = arc sin c/a

C = arc cos b/a

C = arc tg c/b

a =√ (b2 + c2)

a ∙ cos C = b

a ∙ sin C = c

Figure 1.11 Rapport entre les différents paramètres, angles et cotés, d’un triangle rectangle.

1.4.2 Calcul d’un triangle générique


La méthode de calcul des angles d’un triangle non rectangle, connaissant les trois côtés a, b et
c, est très simple : il suffit de découper le triangle en deux triangles rectangles BCD et ACD, avec
des côtés n et m inconnus mais liés entre eux par la somme n + m = c. Par cette équation et par
Pythagore, nous trouvons facilement la valeur de m et n, ce qui nous permet de connaître par la
suite toutes les valeurs des deux triangles rectangles et ainsi du triangle initial. Cette méthode est
valable pour des triangles aux angles obtus et aigus, tant que la somme des deux petits côtés est
plus grande que le plus grand côté.

m
n = (-a2 + b2 + c2)/(2 ∙ c) n = (a2 - b2 - c2)/(2 ∙ c)
m = c - n m=c+n

Figure 1.12 Rapport entre les différents paramètres, angles et côtés, d’un triangle générique.

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1.4.3 Application de la trigonométrie à l’architecture


Autre que la résolution des triangles et des formes géométriques dans un plan, la trigonométrie
est incontournable dans la résolution des problèmes où un élément linéaire, comme un vecteur
ou un rayon de soleil par exemple, doit être décomposé en deux composantes horizontale et
verticale. Ceci arrive souvent dans la projection des ombres portées des bâtiments sur le sol ou
sur la façade verticale d’un autre bâtiment, la protection solaire créée par la casquette sur une
fenêtre, le calcul de l’emprise au sol d’un bâtiment ou d’une structure tridimensionnelle.

Parmi toutes ces applications, une sera particulièrement utilisée par la suite : la décomposition
d’une force inclinée en deux forces équivalentes, une sur un axe horizontal et l’autre sur un axe
vertical. Mais beaucoup d’autres applications immédiates existent, comme le calcul des longueurs
des côtés parcellaires, des calculs de hauteur des bâtiments, en connaissant la distance à sa
base et l’angle jusqu’à son toit, etc.

Figure 1.13 Décomposition d’une force en deux forces équivalentes projetées sur deux directions perpendiculaires,
horizontale et verticale, de telle sorte que la somme vectorielle de ces deux « projections » est égale à la force
initiale.

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Photo 1.1 La bonne analyse de l’incidence angulaire du soleil est la clef dans la conception des maisons
bioclimatiques et des structures ombragées.
Prototype Baitykool, Solar Decathlon Middle East 2018, Dubaï.

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Les vecteurs

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Les vecteurs

À quoi servent les vecteurs en architecture ? Cette invention mathématique est simple : une
direction, un sens et une intensité vont nous servir à représenter de nombreux phénomènes
physiques comme les forces, le vent, le soleil, mais aussi d’autres phénomènes comme les flux
humains, la circulation urbaine… Les vecteurs permettent de travailler avec ces phénomènes en
les additionnant, les projetant et les multipliant. Ces opérations sont très utiles pour nous lorsque
nous devrons analyser les structures.

sens
e
itud
gn
Ma

on
cti
re
Di
Figure 2.1 Paramètres d’un vecteur.

Les phénomènes que nous allons manipuler dans la physique statique seront de deux types:
scalaires et vectoriels. Une valeur scalaire n’a qu’une dimension, une magnitude. Elle peut
représenter la température de l’air, une quantité de surface, un prix. Un vecteur peut avoir plusieurs
dimensions, en architecture deux ou trois dimensions seront les plus habituelles, même si nous
pourrions inclure d’autres dimensions : le temps, l’ensoleillement, la pollution ... Ils auront autant
de coordonnées que de dimensions. Graphiquement en 2D ou 3D, un vecteur est composé d’une
magnitude, mais aussi d’une direction et d’un sens, et il peut représenter le vent ou la force d’un
câble sur son accroche.

2.1 Typologies de vecteurs


Nous trouvons trois types de vecteurs : les vecteurs libres, les vecteurs glissants sur une droite
et les vecteurs fixes appliqués en un point.

2.1.1 Les vecteurs libres


Les vecteurs libres ont trois coordonnées qui les définissent mais ils ne sont pas associés à un
point d’application. Ils ne sont pas non plus confinés à glisser sur une droite. Ils peuvent être
partout dans l’espace : le rayonnement solaire sur une parcelle, le champ de vitesse d’un fluide
sous flux laminaire, les forces d’impact d’une pluie de grêle… Le vecteur est le même dans
l’espace et est associé à un phénomène physique généralisé.

2.1.2 Les vecteurs glissants


Les vecteurs glissants ont une magnitude, un sens et une direction définis par une ligne droite
qui passe par un point de l’espace. Ils peuvent être appliqués (glissés) dans n’importe quel point
de la droite qui les définit.
Nous utiliserons les vecteurs glissants pour étudier toute force appliquée dans un solide
parfaitement rigide. Dans les étapes d’analyse où nous négligeons les phénomènes de déformation
sur un solide, la force pourra être appliquée sur n’importe quel point le long de la droite qui définit
le vecteur. À titre d’exemple, on peut imaginer qu’une barre en acier (parfaitement rigide) avec

24 Comprendre les structures


Les vecteurs

un appui au milieu de la barre, transmet de la même manière les efforts à cet appui si nous la
poussons d’une extrémité ou si nous tirons de l’autre extrémité.

2.1.3 Les vecteurs fixes


Un vecteur fixe est défini par sa magnitude, une direction, un sens et un point d’application précis
dans l’espace. Les vecteurs fixes sont utiles pour représenter les forces appliquées sur les corps
déformables. En reprenant l’exemple antérieur, si la barre utilisée précédemment n’est pas en
acier rigide, mais en caoutchouc, elle ne va pas réagir de la même manière si on tire d’une de ses
extrémités ou si on la pousse. Si on tire d’une extrémité, elle va transmettre les efforts à l’appui
et se déformer en s’étirant ; si on pousse l’autre extrémité, elle va se comprimer et se déformer
en s’écrasant. Pour cette raison, le point d’application est crucial pour analyser les efforts dans
les corps déformables. Tous les matériaux de construction sont considérés déformables et ils
n’auront pas la même résistance en compression qu’en traction.

Vecteurs libres Vecteurs glissants Vecteur fixe

Figure 2.2 Différences entre vecteur libre (gauche), glissant (centre) et fixe (droite).

2.1.4 La représentation d’un vecteur


Les vecteurs sont représentés par un segment droit incliné selon un angle donné et une flèche
attachée à une de ses extrémités pour indiquer le sens. Lorsque nous travaillons analytiquement
avec les vecteurs, sans représentation graphique, nous devons montrer la différence entre les
vecteurs et d’autres éléments mathématiques comme les valeurs scalaires ou la représentation
d’un point dans l’espace. Un vecteur sera représenté par une lettre majuscule avec une flèche, Ᾱ.

2.2 Le système cartésien orthonormé


2.2.1 Définition d’un point dans le système cartésien orthonormé
Un point est déterminé par deux coordonnées (X, Y) en 2D, et trois coordonnées (X, Y, Z) en 3D.
Ces coordonnées représentent la distance de ce point entre l’origine du système de coordonnées,
O, et la projection orthogonale du point sur son axe.

Comprendre les structures 25


Les vecteurs

+Y +Z

-X
ZA
YA A(XA,YA)
A (XA,YA,ZA)

-X
XA +X -Y YA +Y

XA

+X

-Y
-Z

Figure 2.3 Définition d’un point A dans le système de coordonnées cartésien orthonormé 2D et 3D.

2.2.2 Définition d’un vecteur dans le système cartésien orthonormé


Un vecteur libre peut être défini de deux façons : soit par deux points dans l’espace, origine et fin,
soit par ses coordonnées vectorielles (Vx, Vy, Vz).

En deux dimensions, un vecteur fixe ou glissant définit par deux points A (Xa, Ya) et B (Xb, Yb),
allant du point A au point B, est représenté par le vecteur AB (Xb-Xa, Yb-Ya). La ligne qui relie
les deux points donne la direction et la distance entre les deux points donne la magnitude ou la
norme du vecteur. Cette magnitude vaut √ [(Xb-Xa)2 + (Yb-Ya)2].
+Z
+Y

YB B ZB
-X
ZA B
YA
A
A
YA YB
-Y +Y
-X
XA XB +X
XB
XA

+X

-Y
-Z

Figure 2.4 Définition du vecteur AB dans le système de coordonnées cartésien orthonormé 2D et 3D.

26 Comprendre les structures


Les vecteurs

2.2.3 Autres systèmes de coordonnées

Si la géométrie que nous devons étudier est « courbée » ou sphérique, il peut exister d’autres
types de systèmes de coordonnées plus adaptés, et notamment lorsque nous travaillons à grande
échelle (région, pays ou continent) où les données sont en fort lien avec la sphère terrestre. Ces
systèmes sont les systèmes de coordonnées polaires et sphériques où le point est représenté
par un rayon qui relie l’origine des coordonnées avec le point à étudier et les angles indiquent
l’inclinaison du rayon.

Système de coordonnées polaires (2D)

Un point A défini par ses coordonnées polaires A (RA, θA) aura son équivalent en coordonnées
cartésiennes XA et YA :

A = (XA,YA) = (RAcosθA, RAsinθA)

A (RA,θA)
RA

θA

Figure 2.5 Définition du point A dans le système de coordonnées polaires en 2D.

et inversément, un point A défini par ses coordonnées cartésiennes (XA,YA) aura son équivalent
en coordonnées polaires RA et θA :

A = (RA, θA) = (√ [XA2 + YA2] , arc tangente [YA/XA])

A (RA, θA)
RA
RA SIN θA
θA
RA COS θA

Figure 2.6 Rapport entre coordonnées cartésiennes et coordonnées polaires en 2D.

Comprendre les structures 27


Les vecteurs

Système de coordonnées sphériques (3D)

En trois dimensions, on emploie le système de coordonnées sphériques dont les paramètres


principaux sont :
• rayon ρ : distance entre le point et l’origine des coordonnées
• longitude θ : angle entre la projection verticale du point sur le plan XY de référence et
l’axe X
• angle zénithal ou colatitude δ : angle entre la droite qui relie le point et l’origine des
coordonnées et la verticale, axe +Z. Il est souvent appelé aussi angle zénithal car
il utilise le zénith, point vertical le plus haut sur la surface de la Terre, comme point
de référence. Le zénith peut aussi être défini comme l’axe céleste qui passe par les
pôles N et S. Cette définition rend plus facile le repérage des points dans l’espace,
car le repère de la verticale céleste est toujours disponible.

Pour se repérer sur la surface de la Terre : on nomme les coordonnées (ρ, θ, ϑ). En géographie,
ρ est appelé altitude et désigne toujours la distance de la surface de la Terre vers le sommet
d’une montagne ou la profondeur d’une fosse. La position d’un point plus à l’est ou à l’ouest et
déterminé par θ et qui désigne la longitude, angle mesuré depuis l’axe des x, est généralement
entre -180° et 180°. La proximité aux pôles nord et sud ou à l’équateur est défini par ϑ, la latitude,
l’angle depuis le plan équatorial, entre -90° et 90°. La latitude ϑ est l’angle complémentaire de la
colatitude et il vaut 90º - δ.

ρ ρ
δ
ϑ
θ θ

Figure 2.7 Différents systèmes de coordonnées sphériques : latitude ϑ, longitude θ et angle zénithal δ.

28 Comprendre les structures


Les vecteurs

2.3 Opérations avec les vecteurs


Les vecteurs, tout comme les scalaires, peuvent subir des opérations algébriques comme la
somme, la soustraction, la multiplication par un scalaire, la division par un scalaire, et le produit
vectoriel. Le produit d’un vecteur par un scalaire s’appelle produit scalaire et consiste à multiplier
le vecteur, par un nombre rationnel. Le vecteur résultant aura la même direction et le même sens,
mais avec une magnitude multipliée par le scalaire. Il sera de même pour la division scalaire.

D’autres opérations plus complexes sont possibles, comme la constitution de matrices à partir
des vecteurs, ou le calcul du déterminant d’une matrice pour vérifier l’indépendance linéaire des
vecteurs. Cependant, elles ont moins d’intérêt pour la compréhension de la structure et ne seront
pas abordées dans ce livre.

2.3.1 Opérations graphiques


La somme vectorielle est obtenue en considérant les vecteurs comme des vecteurs libres, en les
positionnant les uns après les autres : la fin d’un vecteur se situant au début du suivant.
La résultante s’obtient en reliant le début du premier vecteur avec la fin du dernier par une droite
qui représente un vecteur avec une nouvelle direction, magnitude et un sens. La soustraction se
fait suivant la même logique, tout en changeant de sens le vecteur soustrait.


résultante = Ᾱ + Ῑ + Ῡ

-Ῡ

résultante = Ᾱ + Ῑ - Ῡ

Figure 2.8 Addition et soustraction graphique de trois vecteurs.

Comprendre les structures 29


Les vecteurs

2.3.2 Opérations analytiques


Une alternative à la méthode graphique est la méthode analytique. Moins intuitive mais très
puissante, elle permet de gagner du temps de calcul et de précision. Les méthodes analytiques
sont d’ailleurs les plus largement utilisées dans tous les domaines de l’ingénierie des structures.
Pour les utiliser, nous devons tout d’abord nous intéresser aux systèmes de référence afin de
pouvoir situer les points et les droites dans l’espace à partir des coordonnées données. Le
système le plus habituel, et que nous utiliserons le plus, est le système cartésien orthonormé.
Il est composé de deux axes de coordonnées droites en 2D, ou trois droites en 3D, orthogonaux
avec la même échelle de graduation par axe.
Avec les coordonnées connues d’un vecteur, les opérations vectorielles sont faciles à réaliser :

La somme, soustraction et produit scalaire des vecteurs

La somme des vecteurs Ū (Ux, Uy, Uz) et Ō (Ox, Oy, Oz) est :
Ū + Ō = (Ux + Ox, Uy + Oy, Uz + Oy)

La soustraction des vecteurs Ū (Ux, Uy, Uz) moins Ō (Ox, Oy, Oz) est :
Ū-Ō = (Ux - Ox, Uy - Oy, Uz - Oy)

Le produit scalaire de K et le vecteur Ū (Ux, Uy, Uz) est :


K · Ū = (K · Ux, K · Uy, K · Uz)

Le produit vectoriel entre vecteurs


Le produit vectoriel entre les vecteurs Ū (Ux, Uy, Uz) et Ō (Ox, Oy, Oz) est un autre vecteur de
valeur :
Ī = Ū x Ō = (Ix , Iy , Iz)

avec:

Ix = Uy · Oz - Uz · Oy

Iy = Uz · Ox - Ux· Oz

Iz = Ux· Oy - Uy· Ox

Ce nouveau vecteur Ī donne la direction perpendiculaire au plan, formé par les vecteurs initiaux,
Ū et Ō, non parallèles mais pas forcément perpendiculaires, et avec un sens tel que le montre la
figure. C’est la façon la plus simple de trouver un vecteur perpendiculaire à deux autres avec une
magnitude égale à la multiplication scalaire des magnitudes des deux autres vecteurs.

Ī=ŪXŌ

30 Comprendre les structures


Les vecteurs

La norme ou magnitude d’un vecteur

Un vecteur défini par ses coordonnées (Ax, Ay) en 2D aura une norme ou magnitude égale à
√ (Ax2 + Ay2).
Un vecteur défini par ses coordonnées (Ax, Ay, Az) en 3D aura une norme ou magnitude égale
à √ (Ax2 + Ay2 + Az2).

La norme d’un vecteur Ᾱ se représente par |Ᾱ|.

Ainsi : |Ᾱ| = √ (Ax2 + Ay2 + Az2)


|Ᾱ|

Le vecteur unitaire

Un vecteur unitaire est un vecteur avec une direction quelconque et une magnitude égale à 1.
L’avantage des vecteurs unitaires est qu’ils montrent une direction avec une norme neutre. Étant
donné le vecteur Ᾱ, le vecteur unitaire UᾹ ayant la même direction et sens que Ᾱ est :

U Ᾱ = Ᾱ/|Ᾱ| = 1/|Ᾱ| ∙ (Ax, Ay, Az) = (Ax/|Ᾱ|, Ay/|Ᾱ|, Az/|Ᾱ|)

UᾹ

|Ᾱ| |UᾹ| = 1

Comprendre les structures 31


3
Les forces et les
moments

33
Les forces et les moments

Les ouvrages sont exposés à une multitude de sollicitations extérieures et leurs structures sont
donc soumises à des actions permanentes, variables, climatiques, thermiques et celles dues
aux déplacements imposés. La structure ne fait pas disparaître les forces, tout en s’y opposant,
elle les conduit à travers sa matière jusqu’aux fondations. Afin de pouvoir proposer une bonne
solution structurelle, nous avons besoin de connaître toutes les actions qui viennent interagir
avec la structure, en analysant le passage des efforts à travers la structure vers les fondations.

Lors de la genèse d’un projet, on doit être capable de recenser l’ensemble des sollicitations
auxquelles l’ouvrage sera soumis.
Les actions sur une structure peuvent être de deux typologies : les forces et les moments de ces
forces. Une force, en agissant sur le centre de gravité d’un objet, déplace l’objet dans le sens de
la force, elle génère ici un mouvement de translation. La même force appliquée en décalage par
rapport au centre de gravité de l’objet, générera aussi une rotation de l’objet. Cette rotation est
produite par le moment de la force.

Les forces vont vouloir déplacer la structure et les moments vont vouloir la faire tourner.

Qu’est-ce qu’est une force ?


Une force est un vecteur qui représente l’action qu’un corps (un lustre sur un plafond), ou la
résultante d’un système de pressions (le vent sur une façade), exerce sur un autre corps, la
structure. Cette action est définie par une magnitude, une direction et un sens. La direction de la
force est appelée la « ligne d’action de la force ».

Pour l’instant, nous considérons la structure comme étant parfaitement rigide. Dans ce cas, nous
considérons les forces comme des vecteurs glissants, où le point d’application de la force le long
de la ligne d’action crée toujours le même effet sur la structure.
Nous utiliserons cette notion de structure parfaitement rigide pour le calcul de réactions aux
appuis d’une structure (chapitre 4).
Ensuite, lorsque nous calculerons les efforts internes dans une structure (chapitre 5), les forces
seront considérées comme des vecteurs fixes : la position exacte du point d’application de la
force est déterminant. Etant donnée la ligne d’action d’une force, la position du point où elle est
appliquée, générera des efforts de traction ou de compression différents.

Les forces ont des unités en Newtons, N.

Figure 3.1 Les deux actions possibles en statique du bâtiment : les forces et les moments

34 Comprendre les structures


Les forces et les moments

Qu’est-ce qu’est un moment ?


La notion de moment est plus abstraite.
En serrant un écrou, ou en tournant le volant d’une voiture, l’objet tourne sur lui-même. Il subit un
mouvement de nature différente à la translation : la rotation. Elle ne vise pas à déplacer l’objet,
mais à le faire tourner. Ce mouvement est provoqué par une action, une sorte de « force de
rotation », que nous appellerons désormais un « moment ».
Un moment est une action vectorielle ayant la capacité de faire tourner un corps. Les moments
sont considérés comme des actions à part entière. Et même si, in fine, les moments sont créés
par les forces qui agissent sur nos structures, nous les traiterons séparément par la suite ; les
moments s’additionnent entre moments et les forces s’additionnent entre forces.
D’un point de vue vectoriel, un moment est un vecteur qui est perpendiculaire au plan formé par
la force qui le crée et la distance entre la force et le point de rotation du corps.
Les moments ont des unités de la dimension d’une force multipliée par une distance, N · m.

Intuition structurelle :
Sentir le moment d’une force !
On ne vous le souhaite pas, mais, si un jour vous crevez
un pneu et votre téléphone est en panne, il faudra
se mettre au travail et changer la roue. Après l’avoir ?
soulevée, on va s’intéresser au desserrage des boulons
de la roue, fortement serrés, en les faisant pivoter autour
de leur axe.

Si vous deviez choisir entre trois clefs de longueurs


différentes, pour desserrer le boulon, laquelle choisiriez
vous ? La courte, la moyenne ou la plus longue ?

Évidemment, à force constante (votre effort), plus sera


longue la clef, plus votre capacité à faire pivoter le boulon
sera grande. Dit autrement, le moment d’une force
par rapport à un point est proportionnel à la distance
d’application de la force par rapport au point.

Mais attention, ce n’est pas fini ! Si vous deviez alors


exercer la force de vos bras sur la clef pour faire tourner
le boulon, quelle serait la direction de cette force par
rapport à la clef ? Parallèle, inclinée ou perpendiculaire d2
à la clef ?

Évidement, vous choisiriez d’appuyer selon la direction


d1
perpendiculaire à la clef, car c’est elle qui maximise
la distance (d3) et donc le moment. Dit autrement, la
magnitude du moment d’une force par rapport à un point
est le produit de la force par la distance perpendiculaire d3
entre la force et le point, et plus est grande cette distance,
plus sera grand le moment.

Comprendre les structures 35


Les forces et les moments

3.1 Le moment d’une force par rapport à un point


Une force génère, sur un point éloigné d’elle, une action de rotation qui s’appelle le moment. Plus
sera grande cette distance, plus sera grand le moment.

La magnitude du moment d’une force par rapport à un point O est la magnitude de la force, F,
multipliée par la distance minimale entre sa ligne d’action et le point O.

MF,O = F · d

F : magnitude de la force
d : distance minimale de la ligne d’action de la force
Il est très important de comprendre qu’il faut toujours considérer la distance minimale. Cette
distance est la longueur de la droite qui passe entre le point O (le point où nous voulons calculer
la valeur du moment) et coupe la ligne d’action de la force avec un angle droit.

Figure 3.2 Le moment d’une force sur un point est créé par une force multipliée par la distance perpendiculaire
entre le point et la ligne d’action de la force.

D’un point de vue mathématique, et puisque le moment est un vecteur, sa valeur sera le produit
vectoriel entre le vecteur force et le vecteur distance minimale, entre le point O et la ligne d’action.
La définition vectorielle d’un moment n’a pas d’utilité avérée en architecture, et nous nous
intéresserons seulement à sa magnitude et à son sens de rotation en 2D, horaire ou anti-horaire.
Le critère de signes le plus utilisé est la règle de la main droite : en tournant la main droite vers
nous comme si nous ouvrions une bouteille, le pouce est vers le haut et le sens de rotation est
anti horaire et positif.

Ainsi, nous considérons les moments positifs ceux qui tournent dans le sens anti horaire, et
comme négatifs ceux qui le font dans le sens horaire.

+ -

3.1.1 Somme des moments de plusieurs forces par rapport à un point


Le moment résultant d’un système de forces par rapport à un point O est la somme algébrique des
moments créés par chacune des forces sur le point O. Nous devrons faire attention à respecter
le signe des moments: négatif si horaire et positif si antihoraire. Il suffit de calculer un par un
les moments générés par chaque force et les additionner. Cette procédure nous sera très utile
lorsque nous calculerons les réactions dans les appuis d’une structure statique.

36 Comprendre les structures


Les forces et les moments

3.2 Le moment équivalent à un couple de forces


En physique statique, puisque les systèmes sont en équilibre et au repos, l’action d’une force
ne peut exister seule, elle génère forcément une réaction qui assure cet équilibre au repos. En
conséquence, un moment ne sera pas produit par une seule force extérieure mais par un couple
d’action-réaction d’un système. Ainsi, quand nous faisons tourner une clef à molette autour d’un
écrou, l’action que nous exerçons sur la clef pour la faire tourner, trouve sa réaction sur l’axe de
l’écrou que nous essayons de faire tourner. Ce sont ces deux forces qui, ensemble, génèrent le
couple qui produit le moment, ce qui fait tourner l’écrou.
réaction réaction

moment généré par


le couple

action action action

Figure 3.3 Quand on génère un moment sur une structure, il est réellement produit par un couple de deux
forces : action et réaction.

Un couple de forces est constitué par deux vecteurs glissants, F et - F, de la même intensité, de
la même direction, mais de sens opposé, séparés entre eux par une distance d. La magnitude,
M, d’un couple de forces est la magnitude de la force multipliée par la distance minimale entre
les deux forces parallèles :

M = |F| ∙ d

A titre d’exemple, nous faisons tourner le gouvernail d’un bateau grâce à un couple de deux
forces exercées par nos mains posées de façon diamétralement opposée sur le gouvernail.

Contrairement à la notion initiale et théorique du moment sur un point d’une seule force, qui
grandit si la distance entre la force et le point augmente, un couple de forces crée un moment
constant sur n’importe quel point de référence. Cette valeur constante du moment dans un
système structurel est plus représentative de la statique des bâtiments puisque les efforts sur le
bâtiment sont toujours aux mêmes endroits et ne varient pas en fonction du point de référence,
choisi par l’observateur.

Comprendre les structures 37


Les forces et les moments

3.3 Les forces équivalentes


La définition mathématique de la force ne porte jusqu’ici que sur une force ponctuelle, alors que
dans la nature, les forces ponctuelles n’existent pas : il n’existe que des zones de pression plus
ou moins étendues. Cependant, pour simplifier la réflexion de l’équilibre externe d’une structure,
il est très utile de travailler avec des forces résultantes au lieu des pressions appliquées sur une
surface. La force équivalente à un système de forces est celle qui concentre toutes les autres
forces en une seule force et en un seul point, de telle sorte que les réactions aux appuis restent
inchangées.

Nous sommes toujours dans le cas de notre solide parfaitement rigide. Vu depuis l’extérieur,
deux systèmes de forces différents avec la même force équivalente produiront les mêmes
réactions. Cependant, lorsque nous nous intéresserons aux efforts internes, la structure ne sera
plus considérée comme un seul grand élément rigide et, en fonction de la nature des charges,
réparties ou ponctuelles, la répartition des efforts internes ne sera pas la même, et la déformation
de la structure non plus. Ainsi, une fois que nous aurons simplifié le système de charges par
une force équivalente et calculé les réactions aux appuis, nous devrons revenir à notre charge
répartie initiale pour calculer les efforts internes correctement.

Figure 3.4 Un couple de forces F a le même effet sur un corps qu’un moment M de valeur F multiplié par la distance
entre les deux forces.

En travaillant avec des structures planes, nous pouvons trouver plusieurs cas habituels de
systèmes de charges :
• plusieurs forces ponctuelles non-parallèles
• plusieurs forces ponctuelles parallèles
• distribution constante des forces linéiques
• distribution triangulaire des forces linéiques
et dans tous les cas, nous aurons intérêt à simplifier le système par une seule force équivalente.

3.3.1 Système de forces non-parallèles


Ceci est le cas le plus habituel et le plus simple à résoudre. Les différentes forces agissant sur
la structure sont des vecteurs glissants le long de leur lignes d’action respectives. Pour trouver
la force résultante, il suffit de faire tout simplement la somme vectorielle des forces au niveau
des points de croisement de leurs lignes d’action. A la fin, il y aura une force résultante, ayant
comme magnitude la norme du vecteur résultant. Elle s’exprimera par une droite déterminée par
les sommes vectorielles successives des forces initiales.

38 Comprendre les structures


Les forces et les moments

Figure 3.5 Force équivalente à un système de forces non parallèles coplanaires.

3.3.2 Système de forces parallèles


Dans un système de forces parallèles, les forces et leurs points d’application sont données. La
force résultante est une force de magnitude égale à la somme de toutes les autres forces et
parallèle aux forces initiales. Elle est contenue dans une droite qui passe par le point C, appelée
« centre des forces parallèles ». La position du point C se trouve à une distance dc d’un point de
référence quelconque. La distance dc peut s’obtenir par la méthode de calcul par pondération des
centres de gravité.

dc = Σ Fi · di / Σ Fi

dc

Figure 3.6 Force équivalente à un système de forces parallèles et coplanaires.

Comprendre les structures 39


Les forces et les moments

Intuition structurelle :
Couple de forces action-réaction !
Posez un objet rectangulaire sur une
table légèrement rugueuse, une règle
sur une table en bois par exemple, et
poussez une des deux extrémités de
l’objet avec le doigt, suivant une ligne
droite perpendiculaire au long côté de
l’objet. Ne vous écartez pas de votre ligne
droite initiale (= ligne d’action). Que se
passe-t-il ? L’objet commence à pivoter
autour de l’autre extrémité et il s’arrête
lorsque vous arrêtez de pousser.

L’action est exercée par votre doigt et


la réaction est exercée par une zone de
friction entre la surface de l’objet et la
surface de la table. Ces milliers de petits
points de friction deviennent une force de
réaction de la même valeur que l’action.
Cette force de réaction s’oppose au
mouvement de translation de l’objet.
À cause du décalage entre le doigt
(l’action) et la friction (la réaction),
ils constituent un couple de forces et
transmettent à la structure l’effet d’un
couple : le moment.

À nouveau, répétez l’expérience, mais en


positionnant un doigt sur le milieu du côté
opposé de la règle.
Que se passe-t-il ? Le deuxième
doigt devient le nouveau point où les
réactions vont se produire, et la règle
pivote maintenant autour de ce point. Ce
déplacement de point de réaction a lieu,
car le deuxième doigt a plus de capacité
à générer une force de réaction que la
friction entre la table et l’objet.

Le nouveau couple sera maintenant


constitué par les forces des deux doigts
et la distance qui les sépare.
Notez que plus vous rapprochez les doigts, plus la distance diminue et plus vous devez
augmenter la force des doigts pour continuer à vaincre la friction et faire tourner l’objet : pour
avoir le même moment, si la distance du couple diminue, il faut augmenter la magnitude du
couple.

40 Comprendre les structures


Les forces et les moments

3.3.3 Distribution de forces linéiques, homogènes et triangulaires


Une distribution constante de charges linéiques correspond souvent à une simplification d’un
poids constant et réparti sur une poutre ou un portique. Leur diagramme de charges s’exprime
par une forme rectangulaire dont la base est la longueur d’influence de cette charge, et la hauteur
sa magnitude. Ses unités sont exprimées en newtons par mètre linéaire, N/m. Pour une charge
répartie q (N/m), sur un segment de longueur L (m), la force ponctuelle équivalente, Q (N), vaut
Q = q · L. Elle est parallèle à la distribution initiale des forces et passe par le centre de gravité de
la distribution de la charge répartie.
Pour une charge triangulaire répartie sur une poutre de longueur L, l’intensité des charges
linéiques passent d’un maximum, q (N/m), dans une extrémité de la poutre, à zéro de l’autre.
La résultante Q (N) passe par une ligne parallèle à la distribution initiale à une distance L/3 de
l’extrémité la plus chargée. L’intensité de la force équivalente vaut :

Q = q · L/2

Ce cas de distribution est très fréquent lorsqu’on analyse la poussée du sol ou de l’eau sur un
mur de soutènement, car l’intensité de la poussée augmente avec la profondeur, créant une
distribution triangulaire.

Figure 3.7 Force équivalente d’un système de forces distribuées homogènes ou triangulaires.

Comprendre les structures 41

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