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Achebe (Chinua), Tout s’effondre. Traduit de l'anglais (Nigeria) par Pierre Girard.

Arles, Actes
Sud, coll. Lettres africaines, 2013, 224 p. - ISBN : 978-2-330-02441-3. Pour notice
bibliographique (nouvelle traduction).

Cette nouvelle traduction, venant après celle de Ligny en 1966 chez Présence africaine,
tait l o asio de epe se le p e ie o a d A he e e français, d améliorer la qualité
de la la gue et de o ige u e tai o e d e eu s dues à une méconnaissance de la
culture igbo du Nigeria. Ce travail essentiel, souhaité par les Africanistes et les traducteurs
au o e t e où de o euses a ifestatio s l e t l i e se o t i utio
d A he e à la litt atu e af i ai e, reste en-deçà des attentes.
L u e des g a des qualités de la traduction de Girard est sans conteste la clarté et
l élégance de sa langue. Le texte se lit bien, e d à so h os, Oko k o so aspe t de solide
gailla d p. et e pla e le vouvoiement un peu précieux de Ligny par le tutoiement, qui
sonne plus juste dans les conversations entre voisins et au sein de la famille. Le choix de la
fo e o ale d i te ogatio da s la o e sation est elle aussi la bienvenue. Le mot ancien
pui a disparu du nouveau texte. Le vocabulaire est généralement plus précis, plus exact,
remplaçant le au ais desti pa la al ha e , le oto ie pa le kapokie et la
outeille de ta a à p ise pa la tabatière . Mais et effo t a pas toujou s t pou sui i
et Girard a parfois, à l i e se, préféré le générique, abandonnant la esa e pou le sa , et
remplaçant le pi e t d alligato de Lig Alligato Pepper pa pi e t o odile , plus
exact que le premier mais auquel il fallait préférer poi e a iguette . Il a, de plus,
abandonné de o es t adu tio s o e tu e ules ig a es pou f uits , eau oup
moins satisfaisant dans le contexte (p.48).
Le nouveau texte corrige heureusement u e tai o e d e eu s reprochées à la
première traduction – entre autres, la confusion entre fa s et fe es , le genre de
l ig a e (féminin) - et remplace assa e pa a io , œu de pal ie pa oi de
pal e et fo-fo pa foufou . Il préfère, à juste aiso , le ot a a e pla tai à la a a e
à ui e et l eau f aî he à l eau f oide , et fait disparaître la soupe de ia de et de poisso
(Ligny p. a se te du te te o igi al, pa la soupe d he es itte leaf soup – e s il
s agissait là, o de soupe ais de sau e. Une autre excellente correction apportée
concerne le sexe de la Tortue des contes igbo : il s agissait ie sû de Monsieur Tortue. Le
ot outcast utilis pou d i e les osu dans le texte anglais a été repensé et traduit, non
plus pa i tou ha le , d usage aujou d hui courant mais inexact dans le contexte igbo, mais
pa p os it , ui, ie u app o i atif lui aussi, e d ieu la réalité derrière le mot.
L o thog aphe des ots ig o, qui aurait dû être repensée pour mieux respecter la
langue, est malheureusement est e, à peu d e eptio s p s, celle du texte de 1966 : ibo,
orthographe coloniale, aurait dû devenir igbo, et oye le o de l u des uat e jou s du
calendrier igbo p.97), orie. Le texte de Girard comporte, de plus, au chapitre 24, une
o issio de taille ui a e à oi , au ou s d u e u io pu li ue, « la plupart des
hommes assis », non sur des peaux de chèvre à même le sol, mais sur « des tabourets de
bois », privilège réservé par le te te d Achebe à un petit nombre.
De graves fautes souvent reprochées au texte de Ligny ont en outre été reportées dans
le nouveau texte : les g ai es d ig a e p. et se e es d ig a e p. pa e e ple.
Ligny avait cependant, parfois, préféré pla ts d ig a e p. , abandonné par Girard. Le
hoi de ga de la t adu tio soupe pou le ot a glais nigérian de soup est eg etta le,
dénotant une méconnaissance de ce plat de sauce et de l a se e de soupe à la f a çaise
dans la cuisine igbo. Le titre, enfin, s il sig ale la ou elle t adu tio e atti a t l atte tio
sur le ha ge e t d interprétation intervenu à p opos d u e œu re maîtresse lue à des
illie s d e e plai es, e e d pas la pensée derrière Things Fall Apart, inspiré non
seulement du poète britannique Yeats mais aussi de l ig o Uwa emebiena/emebigo [le
monde est irrémédiablement abîmé]. Ce nou eau tit e appo te alheureusement pas
g a d hose à la compréhension du texte.
La nouvelle traduction comporte quelques notes explicatives en bas de page, une
heureuse i itiati e ui fa ilite a sa s au u doute l étude de ce roman universellement
connu. Il faut tout de même sig ale la fausse ote su les Umuada (p.146), qui donne une
traduction incorrecte de ce mot désignant exclusivement les filles mariées de la famille. Si la
ou elle t adu tio du te te d A he e ep se te u el p og s, il este, à l ide e, u
grand pas à faire encore dans la traduction des romans africains anglophones.

Françoise Ugochukwu
http://cnrs.academia.edu/FrancoiseUgochukwu
www.francoiseugochukwu.com
Études littéraires africaines - ELA 37, 2014 pp.182-184

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