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Université Paris 8

Ecole Doctorale de Sociologie

Titre de la thèse :

Le Développement touristique durable en Algérie, exemple de la région


saharienne de Tamanrasset

Auteur : Mekacher Mohammed Amine

Directeur de Thèse Mr Y-FATES

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Sommaire:

Introduction générale…………………………………………………………………………………………………..4
Questions spécifiques………………………………………………………………………………………………….10
Hypothèse de recherche……………………………………………………………………………………………..11

Première Partie : Le tourisme et le développement durable………………………………………….15


Introduction………………………………………………………………………………………………………………….15
Chapitre I : Apparition du Tourisme et son développement mondial……………………………..16
Introduction………………………………………………………………………………………………………………….16
I-1-Naissance et évolution du tourisme ………………………………………………………………………..16
I-2-Le tourisme et le développement……………………………………………………………………………..20
I-3- Le tourisme postfordiste………………………………………………………………………………………….41
I-4-Les nouvelles inclinaisons du marché touristique………............................................46
Conclusion du chapitre ………………………………………………………………………………………………..56

Chapitre II : Développement durable et tourisme ………………………..……………………….…….58

Introduction…………………………………………………………………………………………………………………58
II-1-Naissance du développement durable et définitions………………………………………………59
II-2-Les enjeux du développement durable…………………………………………………………….……..67
II-2-1- les champs d’action du développement durable ………………………………………………..71
II-2-2-Les modèles du développement durable ……………………………………………………………74
II-3- Le tourisme durable………….................................................................................86
II-3-1- Définitions et principes du tourisme durable………………………………………………………86
II-3-2-Indicateurs du tourisme durable …………………………………………………………………………96
II-3-3- L’écotourisme……………………………………………………………………………………………………105
II-3-4Le tourisme solidaire ………………………………………….………………………………………………118
Conclusion du chapitre ……………………………………………………………………………………………….123

Partie II : Le tourisme en Algérie et dans la région de Tamanrasset…………………………….125


Introduction ……………………………………………………………………………………………………………….125
Chapitre I : Tourisme en Algérie………………………………………………………………………………….127
Introduction………………………………………………………………………………………………………………..127
I-1- Particularités de l’Algérie …………………………………………………………………………………….128
I-1-1-Géographie de l’Algérie……………………………………………………………………………………..128
I-1-2- Particularités historiques de l’Algérie…………………………………………………………………135
I-1-3- Institutions et economie algérienne…………………………………………………………………..160
I-2-Histoire du tourisme en Algérie……………………………………………………………………………..177
I-2-1-Du début du 20eme à l’indépendance en 1962…………………………………………………..177
I-2-2- Le tourisme en Algérie depuis l’indépendance jusqu’aux années 1990…………..….180
I-2-3- Le tourisme en Algérie durant la période 1990-2000…………………………………………..192
I-2-4 Le tourisme en Algérie depuis l’année 2000 jusqu’à aujourd’hui………………………….196
I-3-Investissements et flux touristiques ………………………………………………………………………203
I-3-1- La formation touristique en Algérie……………………………………………………………………207
I-3-2-Le transport en Algérie………………………………………………………………………………………..209

2
I-4- Les régions touristiques de l’Algérie……………………………………………………………………….212
I-5-les dernières initiatives de l’état dans le secteur du tourisme………………………………….216
Conclusion du chapitre…………………………………………………………………………………………………218

Chapitre II : Le tourisme et La région de Tamanrasset…………………………………………………..219


Introduction……………………………………………………………………………………………………………………219
II-1-De l’exploration au tourisme saharien en Algérie……………………………………………………..220
II-2- La ville de Tamanrasset……………………………………………………………………………………………224
II-2-1- Histoire de La ville de Tamanrasset ……………………………………………………………………..224
II-2-2- La ville de Tamanrasset aujourd’hui………………………………………………………………………226
II-3- Le secteur du tourisme à Tamanrasset ……………………………………………………………………230
II-3-1- Les attraits touristiques de Tamanrasset………………………………………………………………234
II-4- Enquête menée au niveau de la ville de Tamanrasset…. ………………………………………….241
II-4-1-Questionnaire destiné aux résidents de la ville de Tamanrasset……………………………..242
II-4-2-Synthèse des résultats de l’enquête menée auprès des habitants de la ville de
Tamanrasset……………………………………………………………………………………………………………………267
II-4-3-Questionnaire destiné aux touristes visitant la région de Tamanrasset………………….270
II-4-4-Synthèse des résultats de l’enquête menée auprès des touristes ayant séjourné dans la
région de Tamanrasset…………………………………………………………………………………………………….290
II-5- Le tourisme et la communauté locale de Tamanrasset……………………………………………..293
II-6- Le tourisme et la préservation environnementale à Tamanrasset……………………………..295
II-7- La promotion de la région de Tamanrasset……………………………………………………………….298
II-8- Les préalables à l’instauration d’un tourisme durable à Tamanrasset……………………….302
II-8-1- Préalables à entreprendre dans la ville de Tamanrasset………………………….…………….303
II-8-2- Préalables visant le secteur touristique……………………..………………………………………….309
II-8-3- L’organisme d’observation et de suivi du tourisme durable…………………………………..311
Conclusion du chapitre…………………………………………………………………………………………………….318

Conclusion générale……………………………………………………………………………………………………….320

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Introduction générale

Dans l’économie mondiale, le tourisme a une place significative, puisque il représente la plus
importante industrie de service dans le monde, d’ailleurs nombreux sont les pays qui en ont
fait, de ce secteur, un moteur pour le développement de leurs territoires. Celui là, par sa
diversité, touche une multitude d’autres secteurs parmi les plus importants : le transport, le
bâtiment, l’agriculture, l’artisanat et la santé.

Un secteur touristique développé équivaut, par impulsion, au développement de tous ces


secteurs et bien d’autres encore, et renvoie aussi à l’idée d’une économie florissante et
prospère. C’est pour cette raison qu’il est la principale source de création d’emplois dans un
grand nombre de pays(1).

Il ne faut pas non plus omettre, sa capacité à favoriser la communication entre les peuples
par le déplacement des flux de population. En effet, il s’opère différents échanges qui
facilitent la compréhension entre des cultures, dès fois très éloignées l’une de l’autre par
l’espace ainsi que par les us et coutumes. Indéniablement la connaissance de l’autre, quand
celle-ci se déroule dans cet esprit de partage, engendrera un respect mutuel qu’il ne fera
que du bien, non seulement aux visiteurs, mais aussi aux visités.

Toutefois, déplacer des touristes en nombre à un endroit qui n’est pas leur environnement
habituel, n’a pas que de bonnes conséquences. Il est certains que ce transfert favorise la
coopération entre les hommes mais aussi il peut, par la pression sur les sites touristiques, les
emmener à la catastrophe, étant donné que les sites visités emprisonnent dans leur espace
des richesses naturelles et culturelles fragiles qui peuvent se détériorer et disparaitre, si les
précautions et le respect ne sont pas de mise.

Par la diversité des activités qu’offre le tourisme, par son élargissement de plus en plus
énergique et touchant une catégorie de plus en plus grande de la population, sans oublier
les énormes bénéfices qu’il peut apporter, les acteurs de ce secteur peuvent contribuer à la
déstabilisation et l’épuisement des ressources d’une manière irréversible.

1- VELLAS F., économie et politique du tourisme international, Paris, Economica, 2006, p.7.

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L’accroissement de ce secteur est l’un des plus fort ces dernières années, les agences et les
tours opérateurs proposent des destinations de plus en plus éloignées et exotiques
répondant à ce désir de dépaysement partagé par la majorité des touristes, sans prendre
réellement le temps de mesurer l’impact qu’ils peuvent produire sur ces sites et sur leurs
populations. En effet, pour la plupart le seul objectif est strictement d’ordre économique.

Mais heureusement, il y a une nouvelle catégorie de touristes et de professionnels dans ce


domaine qui ont pris conscience de la non pérennités des richesses naturelles et culturelles
si on ne change pas, et très vite des habitudes notoirement nuisibles mais aussi très tenaces.

De nouvelles formes touristiques sont donc apparues, avec cette séduisante idée de rallier
développement économique et développement durable, elles s’orientent clairement en
proposant des destinations centrées sur la nature, l’authenticité, la culture, tous ayant le
même leitmotiv : le respect de l’environnement. Cette nouvelle tendance est caractérisée
par une pratique d’un tourisme plus actif en opposition à celui dit passif représenté par le
Sea, Sand end Sun.

Si ce n’est pas juste un argument marketing, cela peut être une chance pour le tourisme et
les régions qu’il vise, ainsi que pour leur durabilité dans le temps. Donc cette forme de
tourisme durable, que certains nomment tourisme vert, alternatif ou bien écotourisme, a le
vent en poupe ces dernières années, et est un modèle de développement touristique qui
doit permettre de répondre aux besoins du touriste tout en préservant les chances du
futur :

« Un développement qui s’efforce de répondre aux besoins du présent sans compromettre


la capacité des générations futures à satisfaire les leurs ». (2)

L’aspect axé sur la nature, qui est un très bon vendeur auprès d’une population urbanisée en
manque de grand air et d’espaces naturels, confère à celle là le statut de marchandise qui
peut s’échanger et répondre aux lois du marché à savoir l’offre et la demande.

2-Extrait de la définition générale du développement durable du rapport BRUNDTLAND, 1987.

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Cependant à coté de cette tendance, la population se soucie de plus en plus aux problèmes
liés à l’environnement, aussi, comme le précisent certains auteurs, dont Butler (1993),
Lindberg- Huber (1993) et Chalker (1994), un développement touristique de qualité passe
par une réelle protection de l’environnement qui en est un élément central et essentiel pour
sa concrétisation et sa réussite, tout en soulignant le dilemme que produit une constante
croissance du tourisme. En effet cette dernière nuit au développement de toute activité
touristique en menaçant l’environnement ou elle évolue.

Cependant un tourisme plus réfléchi proposera une approche qui permettra non seulement
le transfert d’argent de pays industrialisés riches vers des régions relativement isolées et
pauvres, mais aussi facilitera leur désenclavement et empêchera l’exode de leur population,
tout en prenant en compte leurs caractéristiques relatives au milieu physique, à
l’environnement culturel et social et cela dans toutes décisions d’exploitation économique.

Donc les particularités de la région où on voudra développer un tourisme de ce type, sont


prises comme assise centrale, où le projet viendra épouser toutes ses aspérités afin de les
préserver et les conserver, il ne s’agit plus de calquer sur une région un modèle prés-établi,
celui la doit être spécialement adapté à elle et a ses spécificités.

Un effort de collaboration doit être entrepris entre les populations visitées, les intervenants
professionnels et les touristes, pour la réussite de la durabilité des ressources naturelles, car
celles-ci sont difficilement remplaçables pour ne pas dire impossible à suppléer, si elles
venaient à disparaitre et le tourisme, misant sur leurs attractivités et leur singularités, ne
peut survire à son tour.

Toujours est-il qu’au sein du monde globalisé, la tendance des touristes internationaux
consiste aussi à pénétrer encore plus loin la région visitée et ne pas se contenter des
festivités et commodités prévus à leur intention, ils aspirent à s’introduire dans des lieux non
accessibles habituellement aux étrangers et cela pour pouvoir vivre et toucher de prés une
authenticité non organisée et informelle (Mimoun Hillali). Cela pourrait permettre en effet
un réel échange interculturel qui incitera à l’effacement des préjugés et les stéréotypes.

Cependant ce type d’échange peut être lourd pour une population, surtout si cette dernière
n’adhère pas à cette démarche ou bien ne perçoit pas clairement le bénéfice qu’elle peut en

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tirer, d’où la nécessité de l’impliquer et faire en sorte qu’un développement touristique
durable émerge et profite de manière visible à l’espace visité.

Aussi pour le touriste le fait de se trouver durant un temps déterminé dans un espace
éloigné de son quotidien et des ses habitudes, comme par exemple dans une région
saharienne, et y vivre de façon temporaire tout en le respectant n’est pas chose facile.
En effet le voyage est caractérisé par cette temporalité et offre un accès à un espace de loisir
et de jeu où les pratiques habituelles sont bouleversées et peuvent être nuisibles à l’endroit
hôte. Le contexte du voyage : éloignement, dépaysement, sensation de liberté peuvent
entrainer des comportements néfastes qui ne seront pas observés lors du retour au pays et
durant la vie quotidienne de ces touristes.

Une démarche touristique respectueuse de l’environnement naturel et culturel doit être un


choix personnel et volontaire avant tout car conscient des impactes induits et « ne pas
considérer la nature comme espace privilégié de transgression des normes » (Dalla
Bernardina, 1998).

Cependant en parlant de tourisme respectueux on est confronté à un paradoxe entre


protection environnementale et afflux de touristes. La mise en valeur et la reconnaissance
d’un territoire par les autorités contribuera à l’augmentation de l’attrait de celui là qui aura
acquis un statut nouveau par une reconnaissance officielle par des instances nationales ou
internationales.

Aussi il existe un décalage entre la conception de la nature que peut avoir la population
locale et celle adoptée par les visiteurs et touristes. En effet pour ces derniers la nature est
associée d’emblée au loisir, alors que pour les locaux elle est majoritairement définie comme
ressource pour leurs besoins vitaux.

Il est aussi intéressant d’essayer de comprendre et de rendre possible la transformation du


« tourisme en nature » au « tourisme de nature » (Macouin, Pierre, 2003), et dans notre
recherche ça sera transposé dans un espace saharien donc un passage du « tourisme au
Sahara » au « tourisme saharien », avec des questionnements sur les tensions qui peuvent
pesées sur l’environnement naturel, culturel de la région visitée.

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Aussi l’engagement, ces dernières années, de plus en plus fort envers les espaces naturels
dotés d’un particularisme environnemental et culturel, met ces derniers sous pression
continue de la part des touristes qui ambitionnent de s’approprier temporairement un bout
de cette nature pour leur propre loisir. L’attirance qu’exercent des espaces naturels tel que
le Sahara sur le touriste peut s’expliquer par la recherche de ce dernier d’un dépaysement et
d’une authenticité se trouvant sous le thème du « retour à la nature » (développé par
Norbert Elias), qui englobe dans l’imaginaire du voyageur des représentations hautement
liées à ceux d’évasion, de liberté d’émotion et de plaisir. (Theiller, 1991, page 381).

Cependant la recherche de cette nature brute et sauvage par les touristes peut ne pas
correspondre à leurs attentes lors de leur présence en face d’elle, cette dernière ne
répondant pas à leurs aspirations basées sur une fausse idée d’une nature immaculée, car si
celle-ci est préservée elle est en quelque sorte artificialisée sans être obligatoirement mise
en spectacle.

Une région sauvage qui est fréquentée de façon soutenue par des visiteurs, nous amène à
considérer l’aspect de la préservation, donc des règles à observer auxquelles les touristes
doivent s’y contraindre et dans ce cas de figure la nature n’est pas tout a fait conforme à
l’image de liberté comme certains pouvaient le croire. Une confrontation avec un espace à
l’équilibre fragile où les actions humaines sont susceptibles de contrarier de façon visible ou
plus sournoisement, et menacer ainsi son environnement naturel et culturel de destruction.
Un tourisme qui valorise la nature et la culture de la région visitée doit être attaché à l’idée
du respect environnemental et les adeptes de cette activité doivent entretenir une relation
particulière et un attachement à cette idée qui sera traduit par un comportement raisonné
sur place.

Il est clair qu’on ne peut aimer la nature sans y être sensible ou adhérer au principe de sa
défense et de sa sauvegarde, cependant certains agissements mettent à mal cette logique et
les professionnels du tourisme doivent représenter un rempart efficace contre toute
agression portée au patrimoine environnemental et culturel de l’espace visité.

Aussi la mise en tourisme d’une région donnée qui sera donc, par sa nature, un support pour
des activités de loisir destinés à des personnes dont la présence sera passagère ou comprise
dans un laps de temps relativement réduit comparé aux autochtones qui ont une perception

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diamétralement différente de leur région où ils y résident de manière permanente. Toutefois
la transformation de leur espace de vie en un espace voué au tourisme où ils n’auront pas de
rôle important débouchera sur d’inévitables conflits, d’ailleurs Rémy Knafou (1992, p852)
l’explique bien dans sa manière de décrire le territoire touristique qui est selon lui « un
territoire que s’approprient même fugitivement les touristes qui le fréquentent (…) donc le
territoire touristique est un enjeu entre groupes aux intérêts divergents, différemment
territorialisés ».

Cependant l’industrie touristique, par son attrait économique, pousse différents pays à
développer ce secteur, et se lancer à sa promotion de manière à attirer le plus de monde et
c’est le cas de l’Algérie. Ses gisements reconnus pour être d’une grande originalité, aussi
bien en Afrique qu’au sein de la méditerranée et la diversité de ses sites et son climat font
d’elle une destination de choix pour une activité touristique sous ses différentes formes.

Avec tous ces atouts, la fréquentation touristique en Algérie reste modeste et en décalage
par rapport à ses voisins direct, a savoir le Maroc et la Tunisie, qui affichent une industrie
touristique développée et une attirance de plus en plus importante ces dernière années.

D’ailleurs leurs capacités d’accueil sont beaucoup plus importantes que celles se trouvant
sur le territoire algérien, d’autant plus que le développement touristique de ce dernier s’est
heurté aux contraintes sécuritaires qui ont atteint leur paroxysme durant le milieu des
années 90, une période qui a causé un retard considérable et même freiné l’économie
nationale dans sa globalité.

Les politiques algériens, voulant diversifier les secteurs d’activités, afin de pouvoir se libérer
de la dépendance économique au secteur des hydrocarbures, se tournent vers le tourisme
qui a le potentiel d’amorcer cela.

La politique touristique algérienne, en plus de viser toutes les formes de tourisme :


balnéaire, climatique, culturel, veut développer le tourisme saharien. Il faut dire que la
ressource naturelle est bien présente et le Sahara occupe la majorité de la surface du
territoire.

En effet, le Sahara algérien est très riche géographiquement comme culturellement, il a


toujours fasciné les Hommes et tous ceux qui ont pu s’y rendre parlent d’expérience

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extraordinaire. Aussi cet espace désertique s’inscrit dans l’imaginaire de l’Homme, d’où
cette fascination.

Le Sahara, dans la conception collective correspond à un monde mythique, un monde à part,


isolé et figé dans le temps, d’ailleurs nombreux sont les voyagistes qui jouent sur cette corde
là, afin d’appâter les touristes assoiffés de voir autre chose, à savoir plus d’authenticité
culturelle et une nature immaculée.

L’Algérie aujourd’hui, voulant développer son tourisme en se démarquant avec ce produit


phare, nous pousse à réfléchir sur la dimension économique, mais également sociale,
culturelle et celle en relation avec la protection des richesses naturelles et
environnementales, qu’embrasse l’accroissement de ce secteur, ce qui nous amène à
formuler les questions suivantes :

- Pourquoi doit-on éviter le tourisme de masse et est-il réellement aussi nocif pour les régions
visitées ?
- En quoi consiste le tourisme durable et quels sont ses principes et leur faisabilité sur le
terrain ?
- Quelle est la situation actuelle du secteur touristique en Algérie et comment a-t-elle
évoluée ?
- Peut-on développer le tourisme saharien en Algérie, sans tomber dans les dérives du
tourisme de masse et les pièges de celui-ci, en lui substituant un tourisme durable ?
- Quels sont les paramètres qu’il faudra prendre en considération pour instaurer un tourisme
durable dans les régions du Sahara à fort potentiel touristique, comme dans la région de
Tamanrasset ?
- Quelle est la stratégie qu’il faudra aligner, dans cette région, pour concilier les objectifs
d’ordre économiques et un tourisme durable, qui sauvegardera les sites et les particularités
environnementales ainsi que celles inhérentes aux populations autochtones ?

Aussi une question centrale nous apparait :

Est-il possible de mettre en place un tourisme durable adapté aux spécificités de la région
saharienne de Tamanrasset, qui permettra d’assurer la pérennité des ressources naturelles

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et participera au développement économique de cette région ainsi qu’à l’amélioration de la
qualité de vie de ses habitants, tout en évitant de recourir à la massification de la
fréquentation ?

Ces différentes questions nous ont amenés à emmètre les hypothèses suivantes :

« Au delà des préalables en termes de moyens et politiques locales pour l’instauration d’un
tourisme durable dans la région de Tamanrasset, il serait nécessaire que la population locale
soit impliquée fortement dans la prise de décision, donc une implication citoyenne
coopérative en amont relative à tout projet touristique en plus de leur intégration à la
réalisation et l’exploitation, afin que celui-ci soit réellement durable et répondant aux
aspirations de protection environnementales et culturelles de cette région».

Un développement touristique durable ne serait pas crédible s’il venait à écarter les
autochtones en leur imposant des décisions et des projets qui ne convergent pas avec leurs
attentes et aspirations ou qui pourraient les déstabiliser en mettant en danger leur
patrimoine culturel et naturel au nom d’un pseudo développement économique.

« Le choix d’un tourisme durable dans la région de Tamanrasset peut se traduire aussi par
l’encouragement d’une fréquentation touristique responsable, donc des touristes impliqués
réellement par leurs agissements pour la défense environnementale et aspirant à une
visibilité claire sur leur participation dans le développement durable de cette région ».

La population locale doit être informée des objectifs d’un développement touristique
durable dans leur région et doit cerner ses enjeux par une transmission du savoir dans ce
domaine et une communication continue entre eux et les autorités compétentes dans le
domaine du développement durable. Un apprentissage et une formation sur les principes de
ce dernier ainsi que la connaissance de leur territoire et ses différents composants naturels
et culturels qui représentent une référence indéniable de leur identité réelle, est un aspect
central de leur implication dans un projet de développement touristique durable.

Aussi, une mise en place d’un tourisme respectueux de l’environnement passera en premier
lieu par l’enseignement et la formation des acteurs du tourisme de la région aux principes du
développement durable et leur sensibilisation à l’importance réelle de la protection de leur
milieu naturel et culturel de manière concrète et efficace. Cela induira aussi leur implication

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active à la prise de décision concernant la réalisation des projets touristiques et le choix
d’une stratégie qui évitera un tourisme de masse destructeur et surtout non durable.

Cependant un tourisme durable ne peut être mis en place d’une manière efficace que sur la
base d’une bonne gestion de la ville de Tamanrasset et de son organisation en englobant les
principes de développement durable. Des préalables doivent être réunis sur tous les plans et
des choix d’orientation politique doivent être pris afin d’arriver à instaurer une activité
touristique durable acceptée par la population locale et surtout émanant de leur
participation active en amont mais aussi en aval, de la prise de décision jusqu’à la réalisation
du projet et leur intégration dans sa réussite.

Les touristes désirant accomplir un séjour en adéquation avec les principes du


développement durable doivent s’inscrire dans une démarche responsable, mais aussi voir
de façon objective les bénéfices pour la population locale qui peuvent être engendrés dans
la région visitée ce qui leur permettra d’être impliqués d’avantage et mesurer les impacts
positifs ou bien négatifs apportés. Des touristes soucieux de leur passage et de leur influence
dans la zone hôte et coopérant à leur tour de manière constructive à la durabilité des
cultures et sites locaux.

Nous pensons que ces touristes doivent être ciblés en premier lieu par des compagnes de
communication orientées sur l’aspect de la durabilité du tourisme qu’il faudra mettre en
place à Tamanrasset, mais aussi leur offrir l’information nécessaire et l’encadrement
approprié pour la réussite de leurs séjours ainsi que l’aboutissement de leur participation
humaine et économique pour un développement raisonné de cette région.

Aussi, dans ces temps de mondialisation et d’uniformisation où les loisirs et vacances sont de
plus en plus formatés, il serait intéressant et surtout judicieux de faire preuve d’originalité
en affirmant sa différence par un patrimoine culturel riche et un environnement naturel
exceptionnel, mais sans céder à la tentation strictement économique qui voudrait une
accumulation des revenus par une massification touristique, car cette même distinction qui
peut contribuer à l’essor d’une région pourrait disparaitre car devenant uniquement façade
et argument marketing.

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Les régions sahariennes se distingues à la fois par leur extrême richesse ainsi que par la
précarité de leurs atouts, ces derniers représentent d’immense potentialités dont il faut
tenir compte de manière à les valoriser et empêcher un éventuel processus de dégradation
provoqué par des flux touristiques massifs.

Amorcer des démarches de développement en intégrant la population afin qu’elle puisse


être la première actrice de sauvegarde de son patrimoine à l’équilibre délicat, tout en étant
la principale bénéficiaire de l’activité touristique, serait converger dans le sens d’un tourisme
aux objectifs durables, et un outil pour la lutte contre toutes les formes de précarité.

Toutefois afin de répondre à nos questionnements et pour apporter une vision


complémentaire, nous avons choisi de partager notre travail de thèse en deux grandes
parties :

La première partie qui sera réservée à l’approche théorique où nous nous sommes
intéressés de prés au phénomène du tourisme de manière général, aussi dans le premier
chapitre, nous aborderons de façon concise sa genèse et puis nous soulignerons les méfais
et les conséquences du tourisme de masse sur l’espace hôte qui reçoit les flux massifs, et la
tension exercée sur les composantes de celui là.

Nous nous intéresserons à l’évolution du tourisme de masse, et son impact sur


l’environnement, ainsi qu’a l’apparition de nouvelles formes de tourisme.

Dans le deuxième chapitre de cette partie, nous explorerons le développement durable


et ses différents courants et les alternatives qu’il propose pour un respect et une
conservation de l’espace naturel et une préservation des ressources pour les générations
futures.

Ce chapitre sera aussi consacré à la question du tourisme durable et ses particularités, nous
examinerons ses différentes définitions et déclinaisons et nous essayerons de voir les
différents mécanismes qui pourront permettre leur mise en place de manière efficace.

La deuxième partie de notre travail de thèse, qui nous a emmenés sur le terrain proprement
parler et nous l’avons divisé en deux chapitres, dans le premier nous essayerons de
présenter l’Algérie et ses particularités d’ordre géographique, économique, ce qui nous

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semblait intéressant à analyser pour comprendre la situation actuelle du pays ainsi que son
évolution et ses orientations qui influeront sur le secteur touristique du pays.

Ce dernier sera aussi traité dans ce chapitre, où nous examinerons l’émergence du tourisme
en Algérie et le développement de cette activité jusqu’à nos jours, ainsi que les différentes
politiques et stratégies qui ont été adoptées et qui régissent ce secteur.

Les spécificités et les éléments du tourisme algérien seront eux aussi analysés, pour
permettre de préciser les atouts et les faiblesses du secteur, ainsi que le potentiel existant
pour le développement d’une stratégie touristique axée sur la nécessité de préserver les
ressources naturelles et le patrimoine culturel de l’Algérie.

Le second chapitre de cette partie sera consacré à la présentation de la ville de Tamanrasset


et de l’activité touristique qu’elle connait et aussi les singularités de la région. Nous
aborderons la naissance du tourisme saharien en Algérie et nous analyserons le secteur dans
son ensemble ainsi que son évolution.

Ce chapitre reflétera notre travail de recherche pratique et l’enquête que nous avons menés
dans cette ville et à l’analyse des résultats obtenus, afin d’apporter une vision de la situation
actuelle du secteur touristique ainsi que les attentes des habitants et celles des touristes.

Nous essayerons aussi de mettre en évidence la contribution que pourra amener


l’instauration d’un tourisme durable qui sera en harmonie avec les besoins de la région et
qui pourrait représenter une alternative, évitant ainsi le développement d’un tourisme de
masse anarchique et destructeur pour les richesses naturelles et culturelles présentent dans
ce territoire saharien marginalisé et qui aspire à préserver son patrimoine.

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Partie I : Le tourisme et le développement durable

Introduction

La création des jours de congés et de repos ont certainement accéléré la propagation de la


pratique du tourisme dans toutes les couches de la société alors qu’elle était réservée,
avant, à une certaine élite. L’avancement technologique a joué un rôle prépondérant dans la
réduction du temps de travail et le raccourcissement des distances, ce qui a facilité le
déplacement des Hommes, et encouragé leur curiosité de se rendre dans des contrés
lointaines.

Sans oublier l’augmentation du niveau de vie, qui a permis lui aussi l’accession au voyage
à des fins de loisir et de détente. Autour de ça une nouvelle activité a vu le jour, et s’est
organisée.

Des structures d’accueils de plus en plus grandes sont vite devenues indispensables,
poussant à une construction effrénée, qui malheureusement, n’a pas était réfléchie sur le
plan environnementale, de manière particulière. Cette précipitation a engendré, dans pas
mal de zones touristiques, des conséquences dommageables pour les populations locales, et
a apporté des fléaux sociaux tels que la prostitution, et a, aussi, mis a mal le patrimoine
culturel et naturel de ces régions.

L’apparition de nouvelles visions et pratiques pour éviter les effets négatifs d’un tourisme de
masse devenu trop lourd et trop contraignant pour l’environnement visité, s’est opérée et
cela pour la valorisation du patrimoine et proposant un modèle basé sur la qualité.

Pour parler de l’évolution et la transformation du tourisme, nous aborderons dans le


premier chapitre de cette partie, les prémices de l’activité touristique, son évolution qui a
aboutit à l’industrialisation et l’avènement du tourisme de masse.

Dans le deuxième chapitre nous traiterons le sujet du développement durable, ses enjeux et
champs d’action pour mieux comprendre ses objectifs et cerner les possibilités de son
instauration.

Le troisième et dernier chapitre de cette partie sera consacré à l’analyse du tourisme


durable et à la pratique de cette activité sous différentes inclinaisons. Nous analyserons

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aussi ses principes pour arriver à cerner la meilleure manière d’atteindre ses objectifs et leur
concrétisation sur le terrain.

CHAPITRE I : Apparition du Tourisme et son développement mondial

De nombreux facteurs ont joué un rôle déterminant dans l’apparition de l’activité touristique
et de ce phénomène de voyage. Une pratique qui est passée de l’apanage d’une certaine
catégorie de personne à un ensemble plus large touchant différentes classe sociales.

En effet la pratique du tourisme à évolué et s’est transformée au gré des changements


affectant la société et elle est devenue un produit de consommation accessible. Aujourd’hui
on parle d’industrie du tourisme, vu son expansion et ses retombées financières très
importantes. Dans ce chapitre nous allons traiter de l’évolution du tourisme dans le monde,
et ses incidences sur le développement économique mais aussi ses impacts sur la société et
l’environnement.

I-1-Naissance et évolution du tourisme

Déjà dans ces temps anciens, le voyage occupait une place importante. Des sanctuaires
(exemples : les sanctuaires de Delphes, d’Eleusis et d’Epidaure) et des temples attiraient des
flux, se qui a contribué à l’édification de gites et auberges pour les accueillir. Aussi les jeux
Olympiques provoquent de 776 avant J.C. à 393 après J.C., un important afflux de
spectateurs.

Les classes sociales les plus aisées pratiquent « l’Otium » qui veut dire l’activité des loisirs,
et cela dans des endroits éloignés de leur environnement quotidien, comme les campagnes.
Les plus riches s’octroient des résidences secondaires pour fuir l’atmosphère pesante qui
régnait dans les cités surpeuplées. Le tourisme religieux, même si il n’avait pas se nom
autrefois, été pratiqué par l’aristocratie romaine qui se déplaçait jusqu’en Asie Mineure pour
la visite des sanctuaires.

Durant le moyen âge, le déplacement de cette classe aisée cessent pratiquement, à cause de
l’insécurité des routes et aussi des grandes invasions et guerres qui ont lieu en ce temps là.
Néanmoins, les militaires et les commerçants arpentaient les routes au mépris du danger,
sans oublier les pèlerins qui se rendaient sur leurs lieux de culte sacrés, comme Saint-

16
Jacques de Compostelle qui attire de nombreux fidèles à partir du IX siècle, ainsi que La
Mecque, qui voyait ses lieux de plus en plus fréquentés.

L’Italie est, au XVIème siècle le pays du continent Européen le plus visité. Les idées de la
Renaissance qui ont été propagées par les guerres d’Italie, ont inspiré des philosophes
comme Montaigne qui publie en 1581 son journal de voyage en Italie(3). Au XVIIème siècle,
chez les Anglais, le voyage commence au sein de l’aristocratie, puisque les jeunes de cette
catégorie sociale, sont encouragés à effectuer le « grand tour »(4), périple destiné à parfaire
leur éducation.

En Italie des organismes de transports de voyageurs qui proposent le repas


et l’hébergement, se mettent en place. En France les premiers « guides de voyages » (1631-
1672) voient le jour.

C’est en 1786 que Jacques Balmat réussit la première ascension du mont Blanc ; il récidivera
l’année suivante et sera considéré, avec le savant suisse Horace Bénédict de Saussure,
comme les fondateurs de l’alpinisme. C’est à la fin du VIII siècle qu’apparaît pour la première
fois le mot « tourisme », en Angleterre et son usage s’étend rapidement parmi les classes
aisées.

Depuis la naissance des voyages organisés de Thomas Cook(5) et jusqu’à la deuxième Guerre
mondiale, le tourisme touchait une population très réduite, qui avait du temps pour profiter
de son argent dans des pays qui offraient des avantages en termes de climat, culture ou
d’histoire. Cette minorité recherchait l’évasion et la découverte, ainsi que le contact avec les
autochtones. Cette pratique de l’aristocratie va déteindre à la fin du 19eme siècle, début
20eme, sur la bourgeoisie qui pratiquera le tourisme par imitation de celle là. Par le
développement du cinéma et de la photographie, on cherche à confronter cette image qu’on
avait du lieu, avec le lieu lui-même, ce n’était plus la découverte de l’inconnu au sens propre
qui était visée, puisque celle-ci comprenait des difficultés d’accès et des risques réels
inhérents à ce déplacement.

3- BOYER M., Histoire du tourisme de masse, Paris, PUF, 1999, p. 9.


Aussi dans Bertho-Lavenir C., La roue et le stylo. Comment nous sommes devenus touristes, Paris, Odile Jacob, 1999.
4 - MESPLIER A., Bloc-Duraffour P., Le tourisme dans le monde, Paris, Breal, 2002, p. 20.
5- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan, 2000,
p.35.

17
L’industrie de l’automobile, l’avènement de l’aviation, la démocratisation de l’image par le
cinéma et la télévision, sans oublier l’augmentation du temps libre et une rétribution
salariale plus importante, ces deux derniers points, conséquence directe des revendications
et luttes syndicales auprès du patronat, et les réformes sociales, ont contribué à la naissance
du tourisme de masse.(6) , qui n’est que l’accès plus large, à un privilège des classes
dominantes.

La combinaison de tous les facteurs cités plus haut, va faire évoluer les choses et donner
naissance à ce tourisme. Une véritable activité économique se met en place à partir des
années 1960, ou des millions de nordiques allaient séjourner autour de la méditerrané.

L’intensification de la pratique du tourisme et sa démocratisation aux différentes couches de


la société européenne, est l’une des révolutions du siècle précédent, à savoir le 20eme.
Cette activité changea les habitudes et en instaura d’autres, ce qui a modifié profondément
l’exercice du tourisme, tel qu’il était lors de sa naissance.

La conversion du tourisme, jusqu'à là réservé à une élite, en une activité de masse, n’est que
le résultat des changements scientifiques, politiques, économiques et culturels qui se sont
produits ces soixante dernières années. Une dynamique qui a enfanté le phénomène du
tourisme. Du tourisme de masse, nous vient l’idée première qui est celle du nombre.
Lorsqu’une quantité très importante, significativement grande de la société est concernée
par une attitude, cette dernière sera qualifiée de phénomène de masse. Le concept de la
masse nous renvoie vers l’idée qu’on peut difficilement la diviser ou la séparer, elle apparait
comme une entité où bien un seul corps, ou l’individu s’y dissout. Différents individus
socialement et géographiquement éloignés peuvent engendrer un phénomène de masse. (7)

Le terme de tourisme de masse apparait et commence à se répandre dés les années 1950,
et la fréquentation de certains lieux n’arrête pas d’augmenter de plus en plus. « Le tourisme
est de masse parce que l’homme est de masse »(8). Pour que le tourisme de masse puisse
s’accroitre, il a fallu un accroissement urbanistique et démographique important.

6- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan, 2000,
p.35.
7-ORTEGA Y GASSET J., La révolte des masses, traduit de l'espagnol par Louis PARROT, Paris, Stock, 1967.
8-Idem.

18
C’est l’idée de « l’homme masse », qui explique cet homme, avec des particularités bien à
lui, dont la plus importante est qu’il ne peut se distingué des autres. Un nouveau genre de
consommateur, « un homme globalisé »(9), un touriste pas très informé ou documenté sur
les aspects culturels, néanmoins, il est sur ceux économiques, tout en se contentant des
minimas en termes de qualité.

Une production de masse issue de l’évolution technologique, de la division du travail afin de


réduire les coûts de production, et d’aboutir donc à une amélioration de la rentabilité, d’un
côté et une consommation de masse générée par la redistribution laquelle se présente sous
la forme d’augmentation des salaires, d’un autre côté. Cela représentent le fordisme qui
n’est qu’un mode de production standardisé et rationnalisé afin qu’il soit quantitatif.
Le tourisme issu du fordisme, ce tourisme qui devient de masse, nous interpelle sur la nature
du produit touristique qui en découle.

Toutefois, ne nous pouvons pas parler de tourisme de masse sans évoquer le modèle dit des
3 S. Le sigle 3 S, qui signifie : Sun, Sea, Sand, (soleil, mer, sable), est la principale forme que
revêt le produit touristique vendu pour les consommateurs du tourisme de masse, et cela
juste après la deuxième guerre mondiale. Ce modèle qui s’est fortement développé, entre
autres, autour du bassin méditerranéen.

Ce produit à la particularité d’être accessible à toutes les couches sociales, vu qu’il peut être
proposé à un prix assez bas, car il peut aussi être élaboré avec des coûts de production peu
élevés. Il aspire à aligner l’hébergement et les services associés (restauration.. etc.) en plus
des équipements de loisirs, dans un espace limité, pour créer un schéma fonctionnel
et rentable.

Généralement le séjour des touristes se déroule au sein d’un complexe touristique, qui
permet la satisfaction des demandes des vacanciers sur ce même lieu clos, d’ailleurs
ce dernier perçoit la quasi-majorité des dépenses de ses hôtes.

9-LATOUCHE S., NOHRA F., ZAOUAL H., Critique de la raison économique. Introduction à la théorie des sites symboliques,
Paris, l'Harmattan, 1999.

19
Le plus souvent ce genre de produit touristique est de type mono-activité (par exemple le
balnéaire). L’offre généralisée de ce produit standard, a motivé les immenses migrations
estivales. Le choix de certains pays de se baser sur cette offre là, est principalement justifié
par le faible niveau des coûts, ainsi qu’une monnaie dévaluée par rapport à celle des
visiteurs, ces derniers peuvent donc, avoir accès à beaucoup de services à bas prix.

En plus du fait que ces pays, par exemple l’Espagne, aient des ressources naturelles qui se
prêtent à l’activité touristique de masse, et qui correspond exactement à ce que ces
touristes recherchent, a savoir, une nature sans pollution (initialement), un climat qui offre
la matière première par excellence : le soleil et sans oublier la proximité de la mer.

Les bénéfices conséquents qu’a engendrait le tourisme de masse n’a fait qu’encourager les
entreprises touristiques à développer de plus en plus ce modèle.

Les politiques publiques ont aussi facilités la construction de complexes et infrastructures


touristiques, vu les retombés économiques, les recettes fiscales engendrées ainsi que les
offres d’emplois faciles à pourvoir, vu le niveau, pas très élevé, de la qualification demandée.

Les pays qui se sont mis au tourisme, avec comme modèle dominant des 3S, comptaient sur
les recettes de ce secteur pour développer leur économie, et pour équilibrer la balance des
paiements. Il y avait une adéquation entre l’offre et la demande.

Par contre un ralentissement considérable commençait à s’observer, dans les années 1970,
du tourisme de masse, ce dernier est arrivé à ces limites.

I-2-Le tourisme et le développement

Le secteur touristique joue un rôle important dans le développement local et


l’aménagement du territoire. Le tourisme est un facteur de dynamisme économique et de
promotion culturel au sein des territoires attractifs, et il peut être présent dans les régions
fragilisés et isolées comme une composante complémentaire d’activités.

La nécessité d’une mise en place d’une politique régulatrice pour la garantie d’un
développement local durable, est un défi pour les pays récepteurs qui connaissent de fortes
pressions sur leur environnement.

20
Il est important d’aborder les effets du tourisme sur l’économie, les questions sociales et
écologiques qui lui sont liées, de manière à prendre connaissance de ses enjeux et de ses
conséquences, en vue de rechercher différentes solutions pour un développement
touristique qui soit à la fois durable et viable. Cependant il existe des effets destructeurs que
le tourisme peut entrainer sur son environnement.

Le tourisme peut être une chance pour le développement économique des pays, il a un
impact avéré sur les sociétés et cultures de ces derniers, il peut faciliter la compréhension
entre les peuples. Cela dit, il ne présente pas que des aspects positifs et on se questionne sur
la rentabilité réelle de l’industrie touristique pour les régions réceptives.

Le tourisme joue un rôle des plus significatifs au niveau économique et social, et intéressant
pour les pays qui cherche un moyen pour accéder au progrès, ainsi il y a cette citation de
François VELLAS :

« Le tourisme réalise ainsi le passage d'une société jadis fermée, composée d'Etats clos,
repliés sur eux-mêmes, à une société ouverte, universelle, où les contacts entre les hommes
sont devenus une réalité quotidienne. Le tourisme satisfait un besoin, profondément
ressenti, de connaissance des autres, d'échange, mais aussi d'évasion, de santé et de progrès
social. Il est l'un des phénomènes, peut être le plus marquant, du développement
économique et social de notre société ». (10)

Mais un développement touristique est entouré de difficultés, qui le remettent en cause,


quand celles-ci se muent en crise et cela sur tous les plans : sociaux, culturels et même
économiques. Ses effets positifs dans le domaine de l’emploi et la production de richesses
sont contrastés par les effets négatifs comme la destruction de l’environnement, l’inflation,
le dévoiement social des peuples et le changement de leurs habitudes traditionnelles.

La tâche qui consiste à l’évaluation du développement touristique n’est pas facile, vu la


complexité de la mesure et les effets antinomiques. Les problèmes sont abordés avec des
raccourcis : soit le tourisme est la solution miracle pour atteindre le développement et le
progrès, soit il est la pire chose qui puisse arriver.

10- VELLAS F., Economie et politique du tourisme international , Paris, Economica, 2006, p.7.

21
La complexité vient du nombre de facteurs à prendre en compte, tant chez les visiteurs qui
sont pour la plus part du temps différents les uns des autres, que chez la population
réceptrice dont la vision sur le tourisme diverges d’un membre à un autre.

Au niveau de la région, on évalue le tourisme, à travers les recettes qu’il apporte, les emplois
qu’il crée ainsi que la contribution pour la formation. A un plus petit niveau on verra les
effets sociaux, le changement de comportements et l’évolution des mentalités, tout dépend
de l’échelle ou on se place. La prévention des inconvénients du tourisme et de ses
conséquences, tout en élargissant ses bienfaits et ses avantages, sont les buts recherchés.

Le rôle du tourisme comme précurseur pour le développement économique n’est pas ignoré
par les pays qui aspirent à un avenir meilleur. L’apport d’argent (les devises, notamment),
l’ouverture de postes d’emplois, et la contribution au progrès régional sont considérables.

Le tourisme qui est l’une des principales activités économiques, engendre des richesses qui
tiennent une place centrale dans la valeur mondiale des exportations de marchandises
et de services commerciaux.

En effet, les recettes du tourisme international peuvent conduire à mettre en place une
politique économique, vu leur importance et surtout leur augmentation d’année en année.

Selon l’OMT (organisation mondiale de tourisme), le tourisme international a généré des


recettes d’exportations de 919 milliards de dollars, en 2010, d’ailleurs les arrivées
touristiques internationales, pour la même année, ont augmenté de 7% et atteint 940
millions. Toujours d’après l’OMT, la période comprise entre 2004 et 2007 a été la plus
florissante pour le secteur touristique.

Cependant, la crise économique mondiale de 2008, a eu un effet négatif sur le tourisme


international, et a produit une baisse de la croissance des arrivées en 2009 de l’ordre de 4%.

Néanmoins, pour l’année 2011, l’OMT prévoit une croissance des arrivées des touristes
internationaux qui se situera entre 4 et 5%.

« La crise économique mondiale, à laquelle s'est ajoutée l'incertitude liée à la pandémie de


grippe A(H1N1), ont fait de 2009 l'une des années les plus difficiles pour le secteur du
tourisme », a déclaré le Secrétaire général de l'OMT, Taleb Rifai, avant d'ajouter :

22
« Toutefois, les résultats enregistrés pour les derniers mois donnent à penser que la reprise
est en cours, et même qu'elle aurait lieu un peu plus tôt et serait plus rapide que prévu
à l'origine ».

Ces chiffres sont un peu décevants pour une industrie habituée à une croissance constante,
mais ils peuvent être interprétés comme un signe de résistance relative à la situation difficile
que connait l’économie mondiale. Ceci est plus évident si on venait à comparer à la chute
d’environ 12% du total des exportations en raison de la crise mondiale.

L’OMT précise que mise à part l’Afrique, qui n’a pas suivi la tendance mondiale, toutes les
régions du monde ont enregistré des résultats négatifs en 2009.

L'Asie devrait continuer d'enregistrer la reprise la plus forte, tandis que l'Europe et les
Amériques devraient redémarrer plus lentement.

Nous pouvons voir que le tourisme peut contribuer à l’instauration d’un ordre économique
international qui atténuera les écarts entre pays développés et pays en voie de
développement.

Le tourisme peut aussi être, au niveau local ou régional, un moyen très productif et rentable,
les secteurs qui lui sont directement liés en termes économique, et concernés par son
fonctionnement, seront stimulés, puisque le tourisme exercera sur eux un effet levier, et
entrainera leur croissance vers le haut.

L’incidence de l’activité du tourisme influe sur les secteurs tels le transport, l’agriculture,
l’artisanat, le bâtiment et le commerce. Il existe un lien direct, plus ce secteur est productif
plus ceux des biens et services suivront.

Il convient d’ajouter que le tourisme international est une source importante de devises,
ce qui peut être un impact positif sur l’économie et autorisera toute une série d’incidences
qui se mesureront de diverses manières : emplois crées, flux touristiques, influence sur la
balance des paiements, le budget de l’état, le revenu national….etc. cela est fluctuant d’un
pays à un autre, mais les plus intéressés sont ceux en voie de développement. Il peut donc
être un propulseur dans de nombreux pays émergeants, par ses effets multiplicateurs et
d’entrainement sur le reste de l’économie.

23
Le tourisme se distingue par sa diversité et sa capacité à créer des emplois variés en
particulier non qualifiés, d’ailleurs il est difficile de mesurer son étendue, tant sont
nombreuses les activités concernées : hébergement, transport, accueil, loisirs, services
administratifs, financiers, sanitaires… auxquels il faut additionner les secteurs fournisseurs
du tourisme : l’industrie agricole, du bâtiment, manufacturières, de transformation…etc.

Certains petits pays sont si dépendants du tourisme, que la moitié des emplois peuvent être
occupée une partie de l’année dans les activités liées directement au tourisme ou en
rapports avec ce secteur. Par contre dans les pays industrialisés où il existe une activité
touristique, cette dernière représente moins de 5% de l’emploi total. (11)

Pour les pays qui sont en voie de développement, le tourisme constitue quelques fois la
seule option qui se présente pour permettre d’enclencher une dynamique à court et moyen
terme, c’est le cas notamment dans le pays insulaires. C’est pourquoi il est considéré comme
un secteur prometteur de croissance, et donne de nombreuses possibilités économiques, en
particulier pour les régions isolées.

La promotion du tourisme occupe, dans certains pays une place centrale dans la planification
du développement, aussi la contribution de ce secteur au PNB, aux recettes d’exportations
et à l’emploi, dépasse celles des autres activités économiques plus anciennes. D’ailleurs
beaucoup de pays insulaires sont tributaires du tourisme pour leur croissance, comme par
(12)
exemple les Seychelles. En revanche, l’impact du tourisme diffère et n’est pas toujours
positif sur les économies de petits pays en voie de développement, comme en Afrique ou les
pays insulaires du Pacifique. (13)

Au sein des pays où les réseaux locaux sont bien organisés et structurés,
l’approvisionnement est facilité et la fourniture du secteur touristique sera que mieux prise
en charge, ce qui influera en augmentant sensiblement la création d’emplois et les revenus.
Les besoins du tourisme sont plus rapidement comblés, par la proximité de ses réseaux
présents sur place.

11- VELLAS F., Economie et politique du tourisme international , Paris, Economica, 2006, p.150.
12- OMT, www.unwto.org, archives.
13- VELLAS F., Le tourisme mondial, Paris, Economica, 1996, pp. 23-49.

24
Cependant dés que les secteurs complémentaires du tourisme sont défaillants, les effets
peuvent avoir une influence négative sur l’économie locale, puisque cette dernière aura
recours aux importations pour faire face aux besoins de consommation, ce qui ajoutera des
difficultés supplémentaires inhérentes à cette activité d’import de biens, et qui engendrera,
en même temps un manque à gagner.

Les pays qui misent sur le tourisme devront l’intégrer à des plans nationaux de
développement, et cela en favorisant les liens et les relations intersectorielles pour créer la
dynamique qui contribuera à la croissance des activités liées à ce secteur.

Seulement, une importante dépendance au tourisme comporte des risques non


négligeables. Les marasmes économiques (crises financières), les troubles climatiques
(cyclones, ouragans) les épidémies (H1N1,..), les catastrophes écologiques (feux,
catastrophes industrielles) ont des conséquences fâcheuses sur l’économie touristique.

La demande touristiques réagit négativement, et cela en baissant ostensiblement lors de


problèmes mondiaux ou localisés dans les zones touristiques. Ainsi les désordres financiers
qui ont touchés des pays en Asie en 1998 (14), ont fait baisser la fréquentation dans ces zones
là.

La crise financière de 2009 quant à elle à touchée le monde entier, avec plus ou moins
d’importance selon les pays. Aussi, une dépendance majoritaire d’un état au tourisme
provenant d’un seul pays émetteur, à pour effet de subir de plein fouet les conséquences
des problèmes de celui-ci. Les aléas économiques se répercuteront sur le pays visité.

Sur le développement régional, le tourisme peut être un outil formidable de création


d’emplois, donc d’empêcher l’exode de la population, ou la migration de celle-ci vers
d’autres places.

Ainsi transformer des régions défavorisées en des régions économiquement viables,


néanmoins, cela peut créer un déséquilibre du fait que la concentration des flux touristiques
se trouvera localisée dans une région au détriment d’une autre. Des déséquilibres intra-
régionaux voient le jour du fait de l’attirance de certaines zones par rapport à d’autres, par
exemple, celles du littoral où le tourisme converge à proximité de la mer.

14-OMT, www.unwto.org, archives.

25
On peut vérifier ce déséquilibre par la concentration des hébergements touristiques
présents dans ces régions, où il y a d’avantages d’hôtels, de résidences secondaires et de
campings. La France illustre bien ce phénomène au profit des zones littorales et celles
montagneuses de sports d’hiver, la fréquentation touristique y est d’ailleurs très forte(15).

Il est aussi pas évident de déterminer les retombées économiques du tourisme dans une
région de manière précise, étant donné que les autres secteurs s’enchevêtrent à celui-là, ce
qui rend l’estimation de la consommation touristique intérieure pas facile à cerner, tout
autant que la mesure de la création de richesses et de l’emploi.

Mettre en évidence la part des dépenses touristiques ayant lieu dans une région et séparer
celles faites par les touristes et celles accomplies par les habitants, n’est pas aisée. De même
que certaines dépenses (de touristes ou autres habitants), peuvent s’effectuer dans des
régions limitrophes, donc ne profitent pas à la zone visitée au départ.

Tableau 1 :Tourisme Infra-Régional (16)

Arrivées touristiques internationales Tourisme Intra- Tourisme


(millions) Régional Lointain

1995 464,1 101,3

2010 790,9 215,5

2020 1183,3 377,9

15- Aménager la France des vacances : contribution aux travaux du Groupe de travail "Tourisme et loisirs" (Préparation du
IXe plan, 1984-1988), France, La documentation française, 1983, pp. 55-59.
16- Source : O.M.T., Tendances des Marchés Touristiques, archives, 2001.

26
Comment une activité aussi large que celle du tourisme, qui influe sur l’économie mondiale,
peut-elle exister sans interférer avec la vie sociale ?cela n’est pas possible. Le tourisme se
veut une activité d’échange entre les différents peuples, dans un espace, qui est au départ
et avant tout une société, ou bien cette dernière est à proximité et pas très éloignée.

Un développement économique est un facteur de changement de la société, le tourisme,


non seulement peut être ce facteur, mais en plus il peut représenter un pont entre les
touristes et la population d’accueil. Donc en plus des échanges économiques, il existe des
échanges sociaux et culturels.

Le tourisme peut contribuer à la lutte contre la pauvreté par la création d’emplois, donc il
peut être un moyen pour favoriser l’essor social. Seulement ces échanges peuvent
provoquer d’importantes modifications au sein de la société visitée. Un développement
touristique peut avoir des effets sociaux préjudiciables, surtout lorsque les individus de la
société d’accueil commence à imiter le comportement des touristes étrangers, qui amènent
avec eux leurs habitudes : alimentaires, vestimentaires…etc.

Ceci peut dérégler l’organisation de la vie traditionnelle au sein des familles de la société
d’accueil, des conséquences graves peuvent aussi apparaitre, comme la toxicomanie, la
prostitution et le travail des enfants. (17)

Ces méfais peuvent, par ricochet, ternir cette même destination touristique, puisque elle
sera aussi connue pour ses fléaux sociaux. Mais ces derniers sont-ils imputables seulement à
l’activité touristique ou découlent de la mondialisation, la diffusion de l’information et le
développement des moyens de communications ?

La société d’accueil voit des bouleversements se produire car des activités touristiques sont
présentes sur son sol, nous pouvons citer la surpopulation et la pression qui en résultent et
l’impact sur les ressources, il peut y avoir aussi une remise en cause culturelle de la part de
cette société et des bouleversements de ses pratiques traditionnelles ou religieuses, sous
l’influence des autres cultures : la culture des visiteurs, notamment.

17-MAURER M., Tourisme, prostitution, sida, Paris, l'Harmattan, 1992.

27
L’identité des sociétés d’accueil sont influencées par le développement touristique selon des
processus (18). Le processus d’accumulation qui dirige vers des comportements d’adaptation
et d’imitation et l’un d’eux, mais aussi celui de la perversion des mœurs et des modes de vie
et la production qui s’adapte aux touristes. Aussi il peut y avoir l’émergence de valeurs
différentes et une modification des équilibres sociaux et politiques ainsi qu’un rattachement
aux réseaux culturels extérieurs. (19)

Une concentration importante d’une population sur un espace réduit ne peut être sans
conséquences sur l’environnement. Les ressources locales en eau, utilisées pour le confort
des touristes, et l’entretien des jardins et des espaces de loisirs comme les piscines, sont
considérables. De l’autre côté y a un manque pour la population locale et pour leurs activités
telle que l’irrigation. L’insouciance des touristes dans l’utilisation d’importantes quantités
d’eau se fait au détriment de la population locale. L’implantation des complexes et
structures hôtelières de grandes capacités, d’une manière qui ne prenait pas en
considération le milieu naturel, a fini par détériorer ce dernier. Du fait, des problèmes
d’érosions sont apparus sur le littoral, celui-ci même qui a en premier lieu attiré les
investisseurs.

Selon le Programme des Nations Unies pour l'Environnement (PNUE), les trois quarts des
dunes de sable du bassin méditerranéen ont disparu en raison de l'urbanisation touristique.

Le comportement des touristes en voulant prendre un souvenir de la nature qu’ils visitent,


afin de matérialiser leur voyage, finit par désertifier un écosystème, car ce sont des milliers
qui vont avoir la même idée de prendre un galet, un fragment de plante marine ou terrestre,
ou carrément du corail… Chaque type de tourisme a des conséquences sur le site visité
propre à lui et variables par rapport aux autres. (20)

Certains habitants doivent subvenir aux attentes des touristes, et ils se remettent en
question pour y parvenir. De même que les touristes apportent de nouvelles idées et
conceptions et puisent aussi dans la société hôte, cela finit par engendrer un comportement
nouveau voir une nouvelle culture.

18-CAZES G., Fondement pour une géographie du tourisme et des loisirs, Paris, Bréal, 1992.
19- Amirou R., Bachimon Ph., Le tourisme local. Une culture de l’exotisme, Paris, l’Harmattan, 2000.
20-ZAOUAL H., Du rôle des croyances dans le développement économique, Université Litoral-côte d’Opale, l’Harmattan,
2002.

28
L’espace visité, avec sa population, ses traditions, sa croyance n’est pas pris en compte dans
sa globalité par le tourisme. Aussi des méfaits sont de plus en plus attribués à ce dernier,
comme le contact superficiel avec la population, ce qui conduit au dévoiement et à la perte
de la culture locale. L’activité touristique induit une commercialisation exagérée, par le fait
de s’adapter à la demande de touristes étrangers et a leurs préférences, certains produits
sont fait de manière industrielle, donc ils perdent leur caractère d’authenticité, et le travail
artisanal et traditionnel est délaissé et fini pas être totalement supprimé. Ces produits, qui
sont d’ailleurs de qualité médiocre, appauvrissent le patrimoine culturel de la région visitée,
car des métiers, dés fois ancestraux, disparaissent à jamais. (21)

Sans oublier les fausses antiquités ainsi que les faux travaux d’art qui, eux aussi, dénaturent
la culture, de même que les danses et les processions qui sont mises en avant seulement
pour attirer le touriste, et lui offrir un condensé de bribes folkloriques, qui est souvent
éloigné de la culture d’origine de la région.

Pire encore pour le patrimoine culturel, quand des sites ancestraux et historiques n’était pas
protégés ou carrément rasés pour construire des structures d’hébergements ou autres
espaces de loisir.

Cependant, il est possible que le tourisme contribue à la valorisation de la culture locale tout
en la protégeant, en investissant dans le patrimoine existant et dans les coutumes réelles.
Ces dernières peuvent êtres ravivées si le tourisme est bien encadré, et les fêtes ainsi que les
métiers traditionnels de l’artisanat retrouveraient leurs places et susciteraient de nouvelles
vocations, ce qui ouvrirait le champ pour la création de nouveaux emplois.

L’industrie touristique emploie beaucoup de femmes et de jeunes, catégorie fragile qui peut
être exploitée et victimes de sévices. Le tourisme sexuel qui touche les enfants de condition
modeste ainsi que la prostitution qui aggrave la transmission des maladies vénériennes et les
propage, deviennent très préoccupant dans certains pays. (22)

21-LANFANT M., Le tourisme dans le processus d’internationalisation, Revue internationale des sciences sociales de
l'Unesco, 1980, pp. 14-40.

22- Lutter contre le tourisme sexuel sur l'Internet : un nouveau défi, La gazette officielle du tourisme, n° 1692, 2003.

29
Ainsi la Thaïlande, le Brésil et le Vietnam, par exemple sont concernés par le tourisme sexuel
qui est un des fléaux du tourisme de masse(23). Il se déroule dans ces pays un commerce
d’enfants, ces derniers sont soit achetés à leurs propre famille soit enlevés pour être
proposés comme une marchandise pour touristes occidentaux. Il existe aussi des enfants qui
empruntent le chemin de la prostitution d’eux même, car ils n’ont trouvés que ce moyen
pour survivre et nourrir leurs familles, et aussi parce qu’il y a une forte demande facilement
accessible.

« L'arrivée de touristes étrangers venant des pays développés constituent souvent un choc
entre deux types de culture et de modes de vie, avec un risque important de dégradation
culturelle pour le pays d'accueil, puis une réaction de rejet. Ce choc est aggravé lorsque le
flux touristique a beaucoup d'intensité dans le temps (saison touristique) et dans l'espace
(zones ou régions à forte concentration touristique) mais il peut aussi se manifester de façon
plus diffuse par des moyens très divers ». (24)

En effet, les effets sociaux et culturels du tourisme sont particulièrement sensibles dans les
pays en développement. De même, « dans certaines régions, notamment de l'Europe
méditerranéenne, la très forte concentration touristique, qui est le résultat d'un
développement souvent anarchique, contribue à détruire l'équilibre économique et social et
le patrimoine culturel des populations locales »(25)

Dans les pays en voie de développement, le tourisme est traduit par un choc des cultures.
Par la facilité que les touristes ont à se déplacer, puisque l’accès aux moyens de transport
aériens est à leur porté, ceux là arrivent dans une société très éloignée de la leur et
provoquent des bouleversements qui déstructurent la région d’accueil, sans
particulièrement se rendre compte.

Ou bien on assiste à la formation de deux sociétés l’une à côté de l’autre, celle des touristes
et de la population locale, avec des contacts superficiels et limités, s’ils existent…

23- Secrétaire général, Conseil économique et social, Rapport sur « Le tourisme et le développement durable », 1999, p. 7.
24- VELLAS F., Economie et politique du tourisme international , Paris, Economica, 2006, p. 270.
25-Idem.

30
La dénaturation des valeurs sociales et religieuses chez les habitants, aussi le délaissement
des traditions sont des réalités. Quelquefois les touristes, par leur attitudes et
comportements et ne prenant pas acte des traditions locales, se retrouvent dans une
position de provocation vis-à-vis des autochtones et cela peut engendrer un affrontement
socioculturel.

Sans oublier que certains touristes sans scrupule, n’hésitent pas à dégrader et piller des
sites, cela s’est surtout produit lors de l’ouverture de certains espaces au tourisme de masse.

D’autre part, ce même tourisme qui chamboule les us et coutumes n’est pas que négatif,
puisque il contribue à l’ouverture de zone isolées au monde, à débloquer des sociétés
restées très en retard et très rigides, contribuer à la promotion des femmes dans les
campagnes, à favoriser le progrès sociale et économique, pousser les décideurs politiques à
agir en construisant un minimum de structures utiles pour les locaux, tel que les structures
sanitaires : dispensaires et hôpitaux.

Le maintien d’activités traditionnelles, ainsi que la préservation et l’entretien des sites


archéologiques peuvent se faire grâce au tourisme, celui-ci peut même encourager la
recherche d’autres sites enfouis, pour permettre études et explorations scientifiques et donc
un enrichissement culturel et historique.

Les pays en voie de développement qui connaissent une activité touristique, offrent des
cènes totalement opposées sur leur espace. Un environnement dédié aux touristes, qui est
bien organisé et où toutes les commodités sont réunies pour offrir un confort de qualité, et
un autre, celui des habitants caractérisé par sa rudesse, où la misère est présente ainsi que
les fléaux sociaux.

Deux mondes sociaux qui s’affrontent, celui des complexes touristiques et celui des quartiers
défavorisés, comme en Thaïlande et aux Philippines, les meilleures zones sont réservées aux
touristes et celles les moins accessibles et les plus démunies aux locaux. Un monde presque
parfait et lisse d’un côté jouxtant un autre où les effets pervers abondent.

Les sociétés et leurs systèmes économiques sont touchés par des effets variés apportés par
le développement du tourisme. Ils sont difficilement quantifiables, et présentent des
contradictions fortes. Ces sociétés d’accueils n’en bénéficient pas automatiquement, et

31
peuvent devenir très dépendantes de ce secteur. Les emplois engendrés par le tourisme de
masse sont, pour une grande partie précaires, car souvent saisonniers où le travail dissimulé
y est pratiqué. Cependant, quand de nouveaux emplois sont crées, la population locale peut
en bénéficier, mais le tourisme peut aussi contribuer à la destruction d’activités avec
lesquelles il entre en concurrence, soit pour la main-d’œuvre ou bien pour l’espace.

La rencontre des sociétés d’accueils avec le tourisme ne se fait pas sans conséquences.
Suivant le lieu et la grandeur de ses flux et ses formes peut être outil de subversion des
sociétés traditionnelles ou bien la chance de redécouvrir un patrimoine et ses particularités
culturelles. Les effets négatifs du tourisme doivent être réduits de manière drastique et faire
l’objet de prévention, tout en encourageant les avantages et les bienfaits que cette activité
peut apporter.

Aussi il existe une corrélation entre le tourisme et l’environnement et comme nous l’avons
vu plus haut, les effets du développement touristique peuvent être très opposés voir
contradictoires.

Ces effets et impacts influencent aussi l’environnement et lui portent préjudice. Il existe une
incompatibilité entre l’industrie du tourisme et l’écologie du site exploité, et cela joue en
défaveur du développement touristique. La difficulté est donc de trouver le juste équilibre
entre ce dernier, la nature et la société, d’ailleurs c’est ce que le développement durable
tend à rendre possible.

Entre l’activité touristique et l’environnement subsiste une interaction, l’un est l’autre
s’influencent mutuellement, ont des effets induits et s’inscrivent dans cette relation
à double sens.

Le tourisme puise son essence même de l’environnement, il en a besoin comme base pour
sa naissance et sa survie, sa matière première réside dans l’ensemble de l’espace et de
l’environnement visité. Le tourisme étant composé de deux matières : naturelle
et artificielle(26), nous laisse penser que l’espace naturel et les paysages sont déterminants,
puisque ils animent le tourisme, ils sont le fruit résultant de l’évolution de la terre, et
peuvent être plus ou moins modifiés par l’action humaine.

26-Dewailly J-M., FLAMENT E., Le tourisme, Paris, Sedes, 2000, p.24

32
Ce sont des facteurs d’attraction, qui ont toujours subjugué la vision de l’homme, par leurs
beautés et leurs exceptions. Des paysages, que les éléments ont mis des millions d’années
pour leur donner les formes actuelles qu’ils arborent.

Les sites naturels sont très appréciés par les touristes, pour leur aspect sauvage et vierge
et aussi pour la pratique de certaines activités comme la baignade et les sports de
montagne. D’ailleurs la première destination touristique concerne les littoraux, et la mer est
toujours évocatrice de vacances.

Le choix des touristes de visiter tel ou tel paysage se fait, la plupart du temps, selon des
critères climatiques, par exemple, le soleil est recherché pour les séjours au bord de la mer,
et la neige pour la pratique du ski et les vacances en montagne. Cette dernière peut aussi
conditionner le désir du séjour voulu. En effet les montagnes les plus hautes ou qui
présentent des pentes abruptes sont la destination de touriste recherchant la pratique de
sports d’hiver.

Les montagnes se trouvant dans des latitudes tempérées font l’objet d’un tourisme vert, vu
leur dénivellation assez faible. La physionomie même de la montagne rentre en jeu pour le
choix de la destination touristique.

Cependant les montagnes qui présentent une plus grande possibilité d’accessibilité, sont
plus favorisées par les touristes, par exemple les Alpes et les Pyrénées, ils permettent des
activités variées l’hiver comme l’été. Par contre, les hautes montagnes tropicales comme les
Andes offrent une fréquentation limitée.

Les lacs aussi présentent une attraction touristique, et beaucoup de part le monde, sont
convertis en espaces de loisirs. Généralement ceux situés à proximité des grands centres,
comme les lacs Italo-suisse qui sont devenus des espaces de plus en plus fréquentés. Des
activités touristiques de même nature que ceux rencontrés dans les littoraux, y sont
pratiquées. Les lacs offrent des conditions climatiques plus clémentes ainsi qu’une certaine
sécurité dans le domaine maritime, par exemple.

Les îles, par leurs natures magnifiques, et une flore et faune exceptionnelles, présentent
aussi une destination privilégiée. Leur isolement, leurs conditions climatiques, et leurs

33
caractéristiques topographiques particulières, ont font des endroits qui exercent une
attirance sur les touristes, et leur offrent un cadre de rêve pour leurs séjours.

La structure géographique joue un rôle dans le choix des sites qui accueilleront des
aménagements touristiques, puisque c’est elle la base avant l’intervention de la main de
l’Homme. Aussi, la possibilité pour la pratique de certaines activités touristiques dépend
considérablement du relief, ce dernier intervient sur l’accessibilité des sites. Il est vrai que
dans certains cas il faut des aménagements particuliers, pour permettre aux touristes de
rejoindre leurs lieux de vacances, et souvent, leur réalisation est très onéreuse. Donc le relief
peut être à la fois une convoitise et un challenge à surmonter. Le climat aussi peut avoir se
double rôle, c'est-à-dire être un élément favorable et en même temps imposer des
contraintes.(27)

A l’origine du tourisme, on recherchait un climat plus agréable pour les villégiatures,


les européens du Nord recherchaient des températures plus clémentes en hiver en se
rendant sur le bassin méditerranéen.

Les conditions climatiques déterminent le type de tourisme et les activités touristiques,


seulement les destinations choisies selon les saisons ont connues une évolution aux cours
du temps. Les Romains fortunés, par exemple, durant l’antiquité, se déplaçaient vers des
endroits plus frais pour fuir les grandes chaleurs estivales. Ainsi durant le 19eme siècle la
bourgeoisie française se rendaient sur le littoral pour les mêmes raisons.

Aujourd’hui le climat commande pratiquement toutes les activités de plein air. Par exemple,
l’année 2007 a été préjudiciable pour la saison hivernale dans les Pyrénées orientales en
France, à cause de la chute tardive de la neige.

Dans les climats tempérés océaniques et continentaux nous avons de fortes disparités
saisonnières. Ce qui explique la grande fréquentation touristique durant l’été de ces zones
là, qui représente la saison la plus faste en termes de tourisme, avec le bassin méditerranéen
qui enregistre la plus significative des fréquentations mondiale. Il est vrai que le climat
méditerranéen est celui qui attire le plus de touristes.

27-BESANCENOT J., Climat et tourisme, Paris, Masson, 1989.

34
La zone chaude qui se trouve sur l’équateur et allant jusqu’aux tropiques, comprend des
zones pluvieuses sur les basses latitudes et des zones à climat sec sur les plus hautes. Ce qui
offre différentes possibilités au tourisme.

La présence de l’eau sous ses états solide ou liquide joue un rôle important dans les
pratiques touristiques, la mer qui est la plus attractive sous sa forme liquide qui permet
baignade, croisière, pêche sous marine…etc, et la neige qui représente la forme solide,
offrant des activités diverses. Par contre la pluie à tendance à rebuter les touristes. L’eau
thermale, quant à elle, est recherchée pour ses aspects curatifs, ce qui représente le
tourisme de santé.(28)

Les sites présentant des sources thermales, ont été fréquentés depuis la nuit des temps par
des Hommes connaissant leurs biens faits sur la santé, et aujourd’hui aussi les stations
thermales connaissent une forte fréquentation.

La flore a une place dans le tourisme, puisque elle fait partie intégrante des paysages, et fait
aussi objet d’activités de découverte et aussi utilisée sous sa forme de végétation cultivée
dans un but décoratif et d’ornement, sans oublier la faune qui peut, elle aussi, être objet de
tourisme.

Nous voyons bien que l’environnement est comme une structure basique pour le tourisme,
que sans lui ce dernier aurait du mal à exister. Par ailleurs le tourisme exerce une forte
pression sur l’environnement naturel, et y laisse des traces, souvent profondes.

« Le tourisme épuise notre planète.. »(29), est une phrase significative et qui vise un certain
tourisme. Le touriste se déplaçant ou voyageant dans le cadre d’un tourisme de masse,
se laisse entrainer et appâter par une publicité tapageuse et convaincante, qui le mène à se
transformer en un consommateur passif, qui ne voit que ce qu’on lui montre, il perd en
quelque sorte son autonomie, puisque l’industrie touristique se charge de satisfaire ses
besoins, et bien sur, il ne produit rien sur l’espace visité.

28- ESCOURROU P., Tourisme et environnement, Paris, Sedes, 1993, p.114.


29- DEPREST F., Enquête sur le tourisme de masse, l'écologie face au territoire, Paris, Belin, 1997, p.23.

35
Le tourisme en déplaçant une forte masse de visiteurs et touristes, a une action destructrice
sur l’environnement qui les accueille, et partout où il est présent il contribue massivement à
l’anéantissement de celui là. Le tourisme de masse est accusé de déstructurer les sociétés
traditionnelles qu’il visite, et cela en les confrontant aux modèles de consommation
occidentaux apportés sur ces lieux, et aussi les perversions qui peuvent susciter
(prostitution, drogues..).Les effets négatifs du tourisme de masse affaiblissent l’originalité et
l’attractivité du lieu touristique, jusqu'à ce que cette attirance même disparaisse.(30)

Plusieurs modèles géographiques se rejoignent sur l’idée d’un déclin certain des lieux
touristiques sous la pression de la masse. En effet le tourisme est aussi considéré, quand il
ne touche pas une métropole qui présente une application ou une fonction touristique,
comme un phénomène de migration depuis les villes et centre urbains industrialisés vers des
régions qui ne possèdent pas une industrie importante et développée, et ne présentent pas
une grande et constante concentration démographique. Par exemple le modèle de J-M.
MIOSSEC (1976), qui explique qu’en première étape il y a découverte d’un lieu, ce dernier se
trouvant éloigné donc méconnu, son accès n’est pas facile et son développement
économique très faible, c’est la période dite de « pré-tourisme » où on voit débarquer les
premiers touristes.

Cette étape est considérée comme un phénomène pionnier. La naissance d’une station se
produit mais son activité reste balbutiante que ça soit du côté des touristes ou de celui des
locaux. En suite arrive une période de mutation et de complexification, où le lieu s’intègre au
système.

Il y a une augmentation des flux touristiques et du volume d’emplois crées, touchant de plus
en plus les couches de la société les moins élevées se trouvant dans cette région. S’en suit la
construction de plus de stations qui se spécialisent et se hiérarchisent. La masse touristique
a bouleversé considérablement le lieu, et on en arrive à une saturation du tourisme dans la
région concernée, puis il y a l’apparition des désagréments. On assiste, par la suite, au déclin
de l’attraction du lieu ainsi que le nombre de touristes. La banalisation induite par
l’intégration débouche finalement au détachement et à la désaffection de la masse.

30-CAZES G., Les nouvelles colonies de vacances ? le tourisme international à la conquête du tiers monde, Paris,
l'Harmattan, 1989.

36
L’intégration d’un lieu au système touristique implique son essor, mais ce dernier n’est pas
l’idéal recherché par les découvreurs et ne correspond pas à leurs attentes, ils finissent donc
par quitter la région pour une autre, où il se produit les mêmes étapes. Ainsi ce phénomène
se voit répliqué dans l’espace.

Quant à R-W. BUTLER et son modèle (1980), il parle d’un cycle, déjà décrit par
W.CHRISTALLER en 1963 : « au même moment, en d'autres lieux, le même cycle se
reproduit, de plus en plus de lieux deviennent à la mode, changent de nature, tournent au
lieu fréquenté par Mr tout- le- monde. (31)

R-W. BUTLER propose un modèle d’évolution générique, qui applique le concept


économique et commercial de cycle de vie du produit au lieu touristique. Il met en exergue
le poids de la fréquentation touristique sur la population locale. L’équation du nombre de
touristes sur la population résidente devient un des critères de définition. C’est le taux de
croissance de la fréquentation touristique qui est pris en compte.

La phase débutante est la phase d’implication puis vient la phase de développement qui
consiste en ce que le nombre de touriste soit égale, voir supérieur au nombre des résidents
permanents. En effet dans ces deux étapes un accroissement rapide de la fréquentation et le
volume de plus en plus grossissant de touristes, sont enregistrés.

Ensuite vient la phase de consolidation qui correspond au tassement de la fréquentation,


puisque le total des touristes est en augmentation, tandis que le taux de croissance
s’affaiblit, suivie par la phase dite de stagnation où le taux de croissance est nul.

Ce modèle fait coïncider le déclin et le tourisme de masse, il introduit la notion de capacité


de charge et de population limite. Cette dernière une fois dépassée engendrera l’apparition
des effets néfastes et des problèmes. Le déclin de la destination touristique se produit
ensuite par la baisse de la fréquentation. Ce modèle suggère qu’il est donc possible de ne
pas arriver à ce stade de catastrophe à condition de ne pas dépasser la capacité de charge,
ce qui se définit par l’importance de ne pas avoir trop de touristes. Il est clair qu’une forte
croissance du tourisme débouchera sur des problèmes environnementaux.

31-DEPREST F., Enquête sur le tourisme de masse, l'écologie face au territoire, Paris, Belin, 1997, p.37.

37
Par la pollution produite, par la surexploitation et la surconsommation des ressources, par
l’intensification des transports et les activités liées à l’industrie touristique, l’environnement
en endurant ces effets néfastes finit par dépérir. D’ailleurs l’une des activités, liée au
tourisme, qui suscite les conséquences les plus dommageables reste le transport.(32)

Ce dernier, qui est une composante essentielle du secteur, produit des nuisances qui
interviennent soit durant le déplacement de touristes, soit dans les espaces de départs et
d’arrivés et cela concerne tous les types de transport.

Aussi, les installations pour le transport aérien occupent de grandes surfaces de terrain,
en plus de toutes les infrastructures annexes comme : les espaces d’accueil de touristes, les
parkings, les gares de transport en commun, les hôtels et restaurants.

Tout cela représente un ensemble très consommateur d’espace, sans oublier les
désagréments de bruits et la pollution produite par les gaz à effet de serre, qui se
répercutent tout d’abord sur les structures environnantes, et la santé de leurs occupants.

Le chemin de fer qui est développé pour la pratique du tourisme, occupe non seulement de
l’espace avec toutes les constructions qu’il engendre, mais quelques fois, son tracé
endommage des sites naturels et les modifie par l’implantation des gares et œuvres d’art
nécessaires pour son passage, tels que les ponts.

Ajouter à cela le va et vient en période de grande affluences, qui constitue une pollution
sonores qui n’est pas des moindres, sans omettre les déchets et détritus qui se retrouvent
souvent en bordures des rails, au milieu d’une nature sauvage, et cela par un manque de
scrupules de certains touristes qui s’autorisent des comportements indélicats sur leurs lieux
de vacances.

Le transport maritime n’est pas en reste, puisque il engendre une pollution causée par les
hydrocarbures, et les rejets d’eaux usagées et déchets solides. Au niveau des ports et
marinas on trouve une grande pollution de l’eau causée par la concentration de l’activité
maritime et la grande fréquentation des touristes.

32-WACKERMANN G., Tourisme et transport, Paris, Sedes, 1993.

38
Le transport routier aussi a un impact lourd sur l’environnement. Par ses routes, les stations
de services et de péages, et toutes les infrastructures qui viennent se greffer tout au long
des autoroutes, il occupe énormément d’espace. Les gares routières sont aussi sources de
nuisances et de pollutions. Par son accessibilité tarifaire, il est très utilisé dans l’industrie
touristique et il facilite l’acheminement rapide des clients, tout en restant abordable pour
toutes les bourses. Sans oublier l’automobile qui est très prisée par les touristes, et qui leurs
permet une certaine liberté et peuvent ainsi atteindre des sites éloignés, et donc contribuer
à la pollution de ces derniers.

En l’absence d’une gestion claire et appropriées, le développement touristique se fera


anarchiquement et contribuera à créer des tensions avec les autres secteurs qui se
traduiront par une forte concurrence sur l’acquisition de terrains, ces derniers qui sont aussi
recherchés par l’agriculture et les autres industries. Aussi, une hausse des prix des terrains
dans ce cas est inéluctable.

Cette recherche accrue de terrains pour la construction d’infrastructures touristiques, peut


aboutir à des comportements tels que les déforestations, qui causeront érosion des sols et
disparition des richesses de la faune et de la flore locales, mettant des écosystèmes
complexes en péril, tout en amorçant la désertification biologique.

Aussi des sites présentant une valeur archéologique importante peuvent être sacrifiés au
nom du développement touristique, puisque la construction d’hôtels et restaurant
apporteraient une manne d’argent considérable et devient donc prioritaire.

Le bétonnage des côtes par la construction d’infrastructures touristiques, sans tenir compte
de l’environnement, dégrade le littoral et les plages, ces dernières qui ont mis des milliers
d’années pour se former et avoir des écosystèmes complexes, ces derniers sont
irrémédiablement détruits à leur tour.

Dans les pays en voie de développement qui n’ont pas prévu des installations pour le
traitement des eaux usées et des déchets, font subir à leur environnement de véritables
agressions qui finissent en catastrophes pour le biotope. En effet les courts d’eau et autres
rivières deviennent des lieux de déversement, et une contamination des nappes phréatiques

39
se produit. Ces eaux usées atteignant la mer causent l’étouffement des plantes marines et la
destruction des coraux qui sont à leur tour des habitats pour d’autres animaux marins, ces
derniers donc subissent le même sort.

L’accès à l’eau potable devient très dur, et fait enter les différents secteurs en concurrence
pour l’obtenir, sans oublier les habitants locaux qui souffrent le plus de ces conséquences et
se voient contraints de consommer de l’eau insalubre.

L’eau potable est utilisée de façon excessive par le tourisme, à tel point que les réserves
dans les régions dépendantes de l’industrie touristique, s’amenuisent de plus en plus est
deviennent une ressource rare et très précieuse, et dans ce genre de configuration ce sont
les plus démunis qui en pâtissent le plus, et encore une fois se retrouvent punis pour
quelque chose qu’ils n’ont pas provoqué.

A tout cela s’ajoute la pollution atmosphérique aggravée non seulement par les moyens de
transport : avions cars, voitures....., mais aussi par les émissions de CO2 provoquée par la
consommation en énergie des équipements, comme le chauffage et la climatisation au
niveau des infrastructures touristiques.

L’ampleur du tourisme est de plus en plus grande, elle touche de plus en plus de personnes,
et elle est devenue une activité économique très rentable. L’augmentation des flux
touristiques influe d’une manière significative sur l’espace visité, avec des conséquences
multiformes impliquant la société, son environnement naturel, et son économie. Ces effets
sont très difficile à chiffrer tant ils sont complexes et apparaissent souvent contradictoires.

Comme nous l’avons déjà cité, les régions et pays visités, ne profitent pas automatiquement
du tourisme, et peuvent même voir cette activité nuire, avec le temps, aux fondements
même de leur société, et détruire la base de leur culture. Le tourisme est une lame à double
tranchant quand il n’est pas bien organisé, en incluant tous les paramètres et prenant en
considération tous ses aspects et ceux des sociétés visitées.

En effet il peut contribuer au développement économique d’une région comme il peut en


même temps causer sa perte. Cette dualité est propre au tourisme, et en fait un moyen à la
fois extraordinaire et dangereux pour les pays d’accueil. Cependant le tourisme de masse ne
se soucie guère de l’espace local, les effets négatifs qu’il draine dans son sillage, portent

40
atteinte à l’environnement, au patrimoine et à l’identité même des pays d’accueil, qui
finissent par s’effondrer. L’industrie touristique est incapable de maintenir le rythme de son
offre sans se retrouver toujours en situation de recherche d’autres attractivités, pour
répondre à des besoins de plus en plus exigeants de la part de la demande.

I-3-Tourisme postfordiste

L’amélioration des conditions de vie et de celles du travail, due au progrès techniques


et à l’acquisition d’avantages sociaux, au milieu du 20eme siècle, a contribué à l’essor du
tourisme.

Au départ le développement touristique a touché surtout les zones du littoral, pour la


recherche du soleil afin d’échapper à la grisaille quotidienne du pays d’origine. Cela a donné
le modèle de 3S, ce dernier se caractérisait par la passivité des touristes et a mené l’industrie
à se concentrer sur une seule offre qui correspondait à la seule demande.

Il semblerait qu’après des années très florissantes et très lucratives, le tourisme de masse
arrive à ses limites. Les besoins du marché touristique ont évolué, la nouvelle tendance de la
clientèle tend vers l’authentique, elle recherche l’harmonie avec la nature et la culture des
sites visités. Ces nouvelles tendances n’épousent pas l’offre du tourisme de masse qui lui ne
se soucie pas vraiment des pays accueillants. Le tourisme de masse à perdu son attrait vis
avis des professionnels du secteur et de la clientèle. (33)

C’est une crise pour ce type de tourisme, qui a ouvert le chemin vers d’autres modèles, le
déclin de la quantité au profit de la qualité, il s’agit d’une crise des paradigmes et des
pratiques classiques du tourisme en général. (34)

Le tourisme pratiqué ainsi dans les années 60, a connu des changements. Sur la base de la
notion de cycle, en parle en premier lieu de vieillissement qui correspond au cycle de vie du
produit. En second lieu, l’effet de saturation au niveau de la demande et le dépassement de
la capacité de charge. (35)

33- DEPREST F., Enquête sur le tourisme de masse, l'écologie face au territoire, Paris, Belin, 1997, p.38.
34- KHERDJEMIL B., PANHUYS H. et ZAOUAL H., Territoires et dynamiques économiques, Paris, l'Harmattan, 1998.
35- VERNON R., International investment and international trade in the product cycle, Quarterly Journal of Economics,
1966.

41
La demande se désintéresse de plus en plus du tourisme de masse et les effets négatifs qu’ils
lui sont associés ainsi que le produit uniforme qu’il proposait ont fini par l’affaiblir.

La pollution qu’il engendre et la dénaturation des sites et de leurs cultures, associés à la


recherche d’une rentabilité à grande échelle, sont les facteurs principaux de son déclin. Ce
tourisme à outrance est victime de son propre succès, et répond à la théorie du cycle de vie
des produits : l'installation ou lancement du produit, la phase de croissance, la phase de
maturité et le déclin.

Après les années 1960 où il a connu son essor, les régions touristiques qui ont enregistré une
forte activité perdent progressivement de leur attrait. Le produit touristique s’est répondu
en un produit standardisé, intégrant le modèle des 3S.

Les gains du tourisme de masse ont été possible par l’industrialisation de l’activité, des
techniques ont permis la diminution des coûts et leur réduction au minimum, en jouant sur
la quantité.

Aussi la démocratisation du tourisme de masse, touchant plus les foyers à faibles revenus
qui dépensent peu ou pas du tout lors de leurs séjours, vu qu’ils sont pris en charge dans les
structures hôtelières, et que leurs besoins sont satisfaits dés l’achat de leurs packages, ne
profite, finalement que de manière partielle aux autres secteurs des pays récepteurs.

Par cette massification, les touristes ont une faible rentabilité pour ces pays d’accueil, tout
en ayant une réduction de la qualité des prestations lors de leurs séjours. La baisse du statut
des visiteurs entraine par conséquence une offre de base.

Une croissance d’un produit touristique inclus dans le modèle des 3S, a été en forte
évolution, et une fois arrivé au niveau de l’étape de la maturité, s’est amoindrit. C’est ce qui
est arrivé, par exemple en Espagne à la fin des années 80, se traduisant par une baisse des
arrivées touristiques et débouchant sur une perte de compétitivité, donc du rapport
qualité/prix. (36)

36-VELLAS F., Economie et politique du tourisme international , Paris, Economica, 2006, p.22.

42
Les statistiques de l’OMT, soulignent que la demande du tourisme de masse se caractérise
par un ralentissement du taux de croissance économique, illustrée dans le tableau qui suit :

Tableau 2 :Tendances du tourisme mondial

Taux de croissance moyen annuel %

1950-1970 9,9%

1970-1980 5,7%

1980-1990 4,7%

1990-1995 3,2%

1995-2000 3,4%

2000-2010 3,5%

Source : O.M.T.

Le rythme de croissance de la demande s’abaisse, ce qui correspond à la période de la


maturité. Donc pour inverser la tendance, il doit y avoir un investissement conséquent pour
pouvoir attirer de nouveaux touristes, sachant que ces derniers n’auront pas forcement
changé de statut, à savoir des personnes à faible revenus.

Les touristes qui composent l’industrie touristique de masse, présentent de faibles dépenses
dans le pays visité, c’est ainsi qu’il fallait proposer d’autres produits et développer des
marchés différents pour permettre l’effet d’entrainement désiré pour l’économie.

43
Les touristes qui fréquentent régulièrement les mêmes sites touristiques, et répètent le
même trajet de consommation, finissent par se lasser, et arrivent à la saturation. Les sites,
aussi, par leur exploitation intensive finissent par perdre les caractéristiques qui amenaient
les premiers touristes, la saturation a causé la dénaturation. Plus la masse de touristes est
dense, plus elle influe sur l’espace visité, la pression touristique provoque des
bouleversements, et les impacts sur l’environnement sont plus visibles, le nombre de
touristes joue un rôle et augmente l’empreinte sur le milieu.(37)

Plus les impacts sont nombreux plus l’espace touristique est marqué et finira par se
désagréger. Celui là, a un seuil de tolérance et une limite à ne pas franchir, Celle-ci se traduit
par la capacité de charge, qui au-delà, l’activité touristique se dérègle et le milieu de l’espace
visité souffre. Cette capacité est différente de la capacité d’accueil.

La capacité d’accueil renvoie au nombre de places disponibles, alors que la capacité de


charge est la possibilité d’accueil sans préjudice économique, social et physique sur l’espace
visité. On voit bien que la capacité de charge est beaucoup plus complexe. Il faut prendre en
compte les spécificités du milieu et établir, en amont des critères qui servent comme moyen
de planification, et en aval, d’autres qui serviront pour la gestion. (38)

Cette capacité de charge chercherait à « établir en termes mesurables le nombre de visiteurs


et le degré de développement qui sont susceptibles de ne pas avoir de conséquences
préjudiciables aux ressources ». (39) Seulement, il n’y a pas de méthodologie assez claire pour
définir les critères et leur utilisation pour arriver à mesurer cette capacité de charge, c’est
vrai qu’on a essayé de définir cette dernière comme étant le rapport entre la superficie
disponible et la surface moyenne utilisée par individu. Prenant en compte la durée moyenne
de fréquentation, on peut obtenir un nombre d'usagers égal au produit de la capacité de
charge par un coefficient de rotation des visiteurs. Cependant, Il est difficile de s’en tenir
qu’a cette définition, vu la complexité des variables humaines. L’OMT demande de cerner les
facteurs matériels, psychologiques et écologiques, mais on ne sait pas lesquels choisir et
surtout comment les quantifier.(40)

37- LATOUCHE S., Développement durable : un concept alibi. Main invisible et mainmise sur la nature », dans la Revue
Tiers-Monde vol. 35 n°137, 1994, p.p.77 -94.
38-THUROT J.-M., « Capacité de charge et production touristique », centre des hautes études touristiques, Aix-en-provence,
Etudes et mémoires, n°43, 1980, p. 8.
39- Rapports des colloques O.M.T. de Manille et Nicosie, 1980.
40- DEPREST F., Enquête sur le tourisme de masse, l'écologie face au territoire, Paris, Belin, 1997, p.49.

44
Il est évident que l’appréciation de la capacité de charge ne sera pas complètement mesurée
et restera subjective pour une grande partie. Même si elle peut être utile et que des
applications concrètes on été mise en place dans certaines régions, la mesure de la capacité
de charge reste difficile à obtenir et pas très scientifique.

Le changement de modèle diffère d’une région à une autre, et se produit un rythme et


d’une façon différente selon les pays. Certains essayeront de changer de produit touristique,
car celui la est arrivé à sa phase de déclin et d’autres essayeront de privilégier un produit
plutôt qu’un autre, ou bien carrément proposer des combinaisons entre plusieurs modèles.
(41)

Les néfastes répercussions du tourisme de masse ont fait que les mentalités changent et la
prise de conscience s’opère, par une modification de la pratique de cette activité et
l’avènement d’un tourisme « postfordiste».(42)

Certaines de ces nouvelles pratiques consistent en un comportement individuel et une


recherche de la satisfaction de besoins personnels, accès sur des préférences propres
à chaque personne. Le résultat de ce changement aboutit sur la segmentation de la
demande, puisque l’offre ne peut plus se contenir en un seul type de produit, et se doit de
proposer un large panel afin de répondre à la grande diversité des demandes touristiques,
tout en étant au diapason avec l’exigence des différentes spécificités du site visité.

Un nouveau modèle qui offre une autre direction que le tourisme de masse, et tend vers un
développement touristique proche de la société visitée, un tourisme de proximité basé sur
l’échange interculturel. Dans cette optique, la demande se tourne vers la recherche de la
qualité de l’offre et la mise en œuvre de pratiques respectueuses de la diversité du milieu, et
de sa multiplicité. La prise en compte de la région visitée dans ses dimensions les plus larges,
favorise l’apparition de sites qui symbolisent l’appartenance à une culture originelle.
Ces sites correspondent à une entité non matérielle qui absorbe l’ensemble de l’univers local
tout en étant dynamique et présentant une évolution propre à ses particularités. C’est une
approche qui pense la complexité et les échanges socioculturels contrairement à
l’économisme.(43)

41- MERLIN P., Tourisme et aménagement touristique, La documentation française, Paris, 2001, p. 75.
42-CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris,l'Harmattan, 1994.
43- ZAOUAL H., La socio-économie de la proximité et du site, Paris, l'Harmattan, 2005, p.7.

45
Une nouvelle forme de tourisme qui prend en considération de plus en plus le site visités et
ses caractéristiques locales. Un tourisme à dimension humaine. Ces touristes d’un nouveau
genre s’adaptent au contexte local, ils ne font, donc que privilégier la qualité.

Ce n’est plus le touriste du modèle fordiste, « le touriste masse » qui recherche le produit
standardisé, au sein d’un tourisme irréfléchi qui poursuit le rendement avant tout, qui
privilégie donc la quantité, et le produit uniformisé.

Par l’avènement d’une demande touristique plus exigeante et diversifiée, et recherchant de


plus en plus la qualité du produit qui est centrée sur la culture et l’environnement local,
l’offre s’est adaptée en proposant un tourisme plus en relation avec la pluralité du site.
La nouvelle demande aspire plus à : la qualité, l’authenticité et l’activité, elle établie un
rapport nouveau avec la nature. (44)

Elle tend vers un tourisme respectable, vers une sensibilité accrue de la qualité, la
protection, le respect de l’environnement et la conservation des cultures et identités, donc
vers un tourisme durable.

I-3-1-Les nouvelles inclinaisons du marché touristique

Depuis quelques années de nouvelles tendances touristiques sont apparues, après la remise
en cause de l’approche uniquement économique d’un tourisme qui a été plus répandu par le
passé. Ses impacts dévastateurs sur les régions visitées, faisaient que marginaliser la culture
et dévaluer l’environnement et la société.

Le tourisme de masse se confronte à d’autres types qui sont multiples et variés, basés sur le
respect et la protection du patrimoine et l’environnement local. La recherche de
l’authenticité, de la rencontre avec des cultures différentes, ainsi que la poursuite des vraies
relations humaines, sont les principaux objectifs. Un tourisme qui se veut loin de la foule et
des endroits bruyants et recherchant le calme et la sérénité et surtout la qualité.

44- PY P., Le tourisme un phénomène économique, Paris, La Documentation française, 2002, p. 42.

46
Un mode de consommation et de production dont le principal placement serait la qualité,
est apparu. C’est dans les années 90 que la qualité semble devenir un axe incontournable.(45)

« La qualité repose sur cinq principes : la notion de conformité aux exigences, la


responsabilité de chacun et de tous, la prévention, les mesures (mise en place d'indicateurs),
l'excellence (attitude de zéro défaut) ». (46)

Le souci, cependant, réside au niveau du contrôle de cette qualité qui est dans un contenu
spécifique de ralentissement de la rentabilité, et d’une concurrence internationale acerbe.

Ainsi pour le maintien des entreprises touristiques, ces dernières comptent sur la
productivité qui garantira la réduction des coûts avec une certaine qualité de l’offre qui
devient le centre du produit touristique.

Cette qualité peut toucher différents sous-services composant une partie de l’offre
touristique, par exemple l’accueil, la maitrise des langues par le personnel, l’encadrement et
le conseil prodigué aux touristes, le service de suivi et l’après vente…etc.

Nous voyons bien que pour maitriser la qualité il faut tout d’abord maitriser la formation du
personnel, donc le capital humain devient décisif. Afin d’apporter de la qualité au produit
touristique, il faudra favoriser la convivialité sur les sites ainsi que le professionnalisme des
employés, ces derniers, qui donc, doivent être très bien encadrés et formés, pas comme
dans le tourisme de masse où on tablait sur une main d’œuvre flexible et sous payée et qui
était composée par un grand pourcentage de travailleurs non déclarés.

La qualité du produit attirera des touristes qui y sont sensibles et qui en ont fait un élément
capital pour le choix de leurs vacances. Elle constituera la marque d’un tourisme qui se veut
viable, et par sa diversité touchera plus de monde. On est passé donc d’un modèle basé sur
la surexploitation des ressources à un modèle qui a intégré le caractère limité de celles-ci. Ce
nouveau modèle favorise le contact humain et n’enclave pas les touristes au sein de
complexes érigés comme des forteresses qui ne se laissent pas la place à la culture du pays
et ses vraies valeurs.

45- CHAZAUD P., « La qualité, un thème fédérateur impliquant une démarche stratégique d'ensemble », Cahiers Espaces,
n°61, juillet 1999, pp. 63-64.
46- BERGERY L., La qualité globale et tourisme, Paris, Economica, 2002, p. 51.

47
Aussi ce modèle intègre l’environnement et l’espace dans sa globalité puisque ses touristes
sont sensés passer la plus grande partie de leur temps à l’explorer. La qualité du produit
dépendra aussi du soin et à l’entretien apporté aux régions visitées et à la lutte contre la
pollution, surtout dans les régions dotées d’un patrimoine très riche.

L’aménagement du territoire devient important et un enjeu pour le tourisme qui se veut de


qualité, et trop d’infrastructures touristiques et hôtelières nuit gravement à l’esthétique des
espaces, et donc engendre cette fameuse pollution visuelle tant redoutée. La nouvelle
demande touristique cherche et réclame des séjours dynamiques dans un cadre originel
sauvegardé et mis en valeur. (47)

Un avènement de nouvelles orientations vers un tourisme diversifié et soucieux du milieu


local, où ce dernier trouvera protection et valorisation grâce à ce modèle durable. Ce
tourisme soutenable, contrairement à celui de masse privilégie un nombre faible de
touristes, afin de pouvoir assurer la qualité et la protection de l’espace visité.

La qualité et la durabilité sont les composantes de ce nouveau modèle de tourisme et


constituent ses nouvelles valeurs. Ces dernières devraient mieux satisfaire la demande ainsi
permettre de fidéliser la clientèle et finalement reconquérir des parts de marché et assurer
un développement durable.

Ce dernier se définira par un aménagement cohérent du territoire, une protection des


ressources naturelles et de la population locale, ainsi participer à tirer la qualité de l’offre
vers le haut. Les touristes feront partie intégrante de cette optique de durabilité, puisque ils
seront appelés au respect de la culture et de l’environnement, ainsi qu’à l’abandon des
pratiques délétères. Une prise de conscience de la part des touristes sur les dégâts qu’ils
peuvent provoquer et l’étendue de leur répercussion.

La faillite du modèle touristique sous le principe des 3S, principalement implanté sur le
littoral est due en partie aux considérations d’ordre écologique, et on pensait même que
c’était la fin de ce type de tourisme. Cependant ce n’est pas la mort de ce modèle en lui-
même, mais surtout la répulsion au produit offert. (48)

47-FRANGIALLI F., La France dans le tourisme mondial, Paris, Economica, 1991.


48- BERGERY L., La qualité globale et tourisme, Paris, Economica, 2002.

48
Le tourisme, sous sa forme balnéaire reste doté d’une force d’attraction qui en fait l’espace
d’accueil dominant. Mais c’est son rythme de croissance qui accuse le coup, avec une offre
touristique incapable de le maintenir à un niveau élevé.

En plus s’ajoute la dégradation des sites touristiques et l’épuisement écologique qui


s’expriment dans la loi des rendements décroissants. Ce qui s’applique aussi, à la saturation
du système économique du tourisme de masse.(49)

Une exploitation effrénée entraine toujours un épuisement des attributs culturels et


naturels de l’espace visité, et la recherche de la rentabilité rapide et culminante détruits, à
long terme ce qui a au début permit cette même rentabilité. (50)

Le modèle des 3S permettait une utilisation par l’offre touristique des biens et ressources
libres d’une manière outrancière, puisque sans limites et sans règles permettant leur
protection, et en considérant celles-ci comme des ressources illimitées et immuables.

Le nouveau tourisme se distingue par une offre de qualité répondant à des demandeurs de
diversité et d’authenticité. Mais si l’offre est toujours proposée sur le même support que
celui du tourisme de masse, la demande ne suit plus, et c’est dans cette perspective que le
produit du littoral devrait se renouveler en un produit incluant patrimoine local, la qualité et
sans oublier la diversité.

En plus de cela, le balnéaire fait face à la concurrence des différents autres produits
touristiques qui trouvent un écho grandissant auprès de nombreux touristes. Ces derniers,
veulent voir autre chose et être en contact avec d’autres cultures, tout en adoptant une
façon différente de consommer, et pas obligatoirement dans des pays très lointains.
D’ailleurs un vif intérêt s’observe ces dernières années pour les traditions et fêtes régionales,
ainsi que pour les produits du terroir, ce qui favorise un tourisme au sein des campagnes.

En France, par exemple, ce produit touristique connait un succès considérable, aidé par la
publicité faite à la culture et au savoir faire rustique accessible à tous, sans omettre de citer
les différentes émissions consacrées aux traditions et à l’artisanat des régions
campagnardes.

49- EL COHEN A., Les pensées économiques, Marrakech, Walili, 1994, p.164.
50- VELLAS F., Economie et politique du tourisme international, Paris Economica, 2006, p.39.

49
(51)
Le « tourisme vert » , apparut sous la forme du tourisme rural dans les années 1960 et
loué par le mouvement écologique, se trouve à l’opposée du phénomène de la massification
touristique. Cependant, à l’époque il était marginalisé ou considéré comme une activité sans
grand intérêt. Pendant que le tourisme de masse touchait principalement le littoral, la
campagne était mise de côté et pas valorisée.

La campagne aujourd’hui, représente un attrait, vu les possibilités et les potentialités qu’elle


offre pour l’élaboration de nouveaux produits touristiques. L’espace rural devient attrayant
et répondant à une demande grossissante.

Un renouvellement des pratiques touristiques correspond à cet espace qui englobe des
paysages variés : naturels, agricoles, forestiers, tous permettant un tourisme différent.
L’espace rural est vaste et permet de nombreuses activités touristiques centrées sur le
patrimoine, qui se traduisent par un développement local.

Les problèmes que peut rencontrer l’espace rural en termes de développement


démographique et économiques, peuvent être atténués par l’implantation d’un tourisme
vert. Ce dernier peut contourner les difficultés économiques de rentabilité liées à la
construction d’infrastructures touristiques en se contentant d’un aménagement réduit.

Le tourisme vert peut apporter par ce fait des solutions à l’enclavement économique des
zones rurales et peut apporter des financements à ces régions-là. Mais il ne faut pas ignorer
les difficultés qui peuvent être rencontrées par l’implantation de ce tourisme. En effet, ce
dernier peut être rejeté par une partie de la population rurale, et doit être adapté à
l’évolution de la demande qui présente des exigences de plus en plus grandes, sans omettre
les difficultés d’ordre économique et celles liées au marché touristique.

La mise en tourisme de l’espace rural doit être au diapason avec une certaine logique
économique et répondre aussi à des impératifs qui garantiront sa bonne gestion.

51- BETEILLE R., Le tourisme vert, Paris PUF, 2000.

50
Les nouvelles exigences que pose la clientèle touristique ne sont plus satisfaites par le
modèle du tourisme de masse : le tourisme fordiste qui représentait un courant unique et
débouchait sur le modèle des 3S. Ce tourisme qui était représenté par une seule offre et une
seule demande et par la passivité des touristes, a été remis en cause par une demande
touristique qui recherchait la diversité et le dynamisme.

Un modèle donc recherchant la qualité, la diversité et le long terme, et par conséquent une
nette démarcation de celui du tourisme de masse, et qui est nommé le modèle des 4E. (52)

Celui là se base sur quatre axes : l’équipement, l’encadrement, l’événement et


l’environnement. L’équipement renvoie vers les infrastructures en relation directe ou
indirecte avec le tourisme englobant la qualité du mode de transport. L’encadrement
renferme le personnel et la qualité des ressources humaines, l’événement c’est les activités
dédiées aux touristes et quant à l’environnement, c’est de sa préservation dont il est
question.

C’est aussi le choix d’autres modèles, comme celui des 3L en anglais : Lore, Landscape,
Leisure (tradition, paysage et loisirs), qui marque une différence nette avec le tourisme
prôné par le modèle des 3S.

Le tourisme est appréhendé d’une manière différente et envisagé autrement dans ce


modèle des 4E, puisque il y a une véritable prise de conscience de sa planification,
construction et gestion, avec l’importance donnée à la qualité dans l’ensemble qui constitue
le produit touristique. Il faut aussi prendre en compte le coût de cette qualité, puisque cette
dernière est la clef de ce tourisme durable.

La qualité du produit touristique concerne en partie le personnel qu’il faut non seulement
encadrer mais aussi le former. La formation représente un élément central, car c’est le
facteur humain qui fera la différence, d’autant plus que le personnel dans le secteur
touristique est souvent jeune et peu qualifié. La qualité, se matérialisera aussi par la
protection de l’environnement et de son aménagement, car le tourisme est souvent accusé
de le dégrader. Ce modèle des 4E propose de mettre l’environnement en avant et cherche à
être en harmonie avec lui, pour permettre sa durabilité.

52- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan,
1994, p,p, 98, 99.

51
Aussi par la valorisation de toute la dimension culturelle ainsi que la multiplication des
événements et pratiques susceptibles de convenir aux désirs des touristes. Seulement pour
satisfaire les exigences de la qualité, il y aura forcément des coûts supplémentaires qui se
répercuteront sur le prix final proposé aux touristes, ce qui peut amener l’écartement de
toute une partie de la population à l’accès à ces produits.

Exclure une frange de la population n’est pas l’objectif recherché, et va à l’opposé de l’idée
du droit à chacun au tourisme et du souci de sa démocratisation. Aussi une certaine partie
de la population habituée à l’ancien modèle, rendra le passage d’un type de vacance à un
autre difficile et très délicat. De ce fait la stagnation de l’ancien modèle peut perdurer.

Le tourisme durable est « Une sorte de développement qui prévoient de réelles


améliorations de la qualité de la vie humaine, et en même temps conserve la vitalité et la
diversité de la terre»(53)

Cette description est proposée par une étude publiée par différents organismes en 1991,
dont le Programme des Nations Unies Pour L’Environnement, et la reprise de cette notion a
été faite dans le domaine du tourisme par L’OMT. Elle a reçu de bon échos puisque elle
venait dans la continuité et de la logique de la capacité de charge.

En 1993 l’OMT publie un guide de développement touristique durable, où elle évoque


l’importance des ressources naturelles et culturelles qui sont une base pour l’attrait des
touristes, et leur préservation assurera la garantie d’un tourisme à long terme. (54)

Toujours est-il que la notion de tourisme durable reste vague, et pour être opérationnel,
il lui faut une définition claire, ainsi que l’encadrement de ses principes, pour permettre sa
véritable application sur le terrain.

Le concept de tourisme durable est en étroite relation avec celui du développement durable,
puisque toujours selon l’OMT et sa charte de 1995, il doit être viable sur le plan écologique,
économique, et être supportable à long terme sur le plan social et éthique pour les
populations locales. (55)

53- DEPREST F., Enquête sur le tourisme de masse, l'écologie face au territoire, Paris, Belin, 1997, p 69.
54- O.M.T., Sustainable tourism development: guide for local planners, 1993, p.16
55- Article 1 de la Charte du tourisme durable de l'O.M.T., 1995.

52
Ce tourisme durable donc prend en compte :

- La protection et la mise en valeur du milieu écologique dans son ensemble, à savoir la faune
et la flore, le patrimoine ethnologique, culturel et historique. Puisque c’est l’environnement
qui constitue la base de ce tourisme.
- La redéfinition des objectifs de développement, en encourageant une économie touristique
de long terme en considérant les coûts culturels, sociaux et environnementaux
et l’amélioration de la qualité de vie de la population locale. Sans oublier la répartition des
richesses induites.
- Un partenariat de tous les acteurs du tourisme pour participer au processus de prise de
décisions, ainsi que l’établissement d’une stratégie globale basée sur une planification
nécessaire et un relais constant de l’information.
Même si le tourisme durable est une notion assez récente, des idées anciennes de
préservation de l’environnement existaient, par exemple la création du parc national du
Yellowstone aux Etats Unis en 1877 pour le préserver des dégradations et garder son
équilibre écologique qui peut être menacé par des pratiques comme la chasse.

Ces dernières années une prise de conscience plus grande de plusieurs nations, a accéléré
l’établissement de plus de réserves naturelles et de parcs, considérés comme des
sanctuaires de la vie de la faune et flore sauvage, par exemple en France la création du parc
naturel marin d'Iroise, au large du Finistère, en Bretagne et du Parc naturel marin de
Mayotte, créé en 2010. Dans ce cas, ces structures visent une gestion intégrée dans un
objectif de protection d’une zone maritime d'intérêt particulier pour la biodiversité et pour
les activités humaines.

Les politiques d’aménagement du territoire peuvent utiliser le tourisme dans les projets de
développement durable et devient un outil pour la recherche d’une compétitivité à long
terme, associant qualité de vie et d’environnement et une contribution à la préservation des
ressources.

Le tourisme durable aspire à être précurseur d’un dynamisme apportant, non seulement
richesses et progrès économique, mais en plus une manière sure de la mise en valeur
et de la protection de l’environnement.

53
Une activité comme le tourisme qui connait une progression du nombre de voyageurs dans
le monde et qui devrait, selon les spécialistes dépasser le milliard et demi à l’horizon 2020
(56)
, se doit d’être durable.

Cette prévision de la progression de la croissance en matière de tourisme se base sur


l’élargissement et la démocratisation du transport aérien, et une situation socio-économique
plus avantageuse que connaissent les gens par l’augmentation de leurs revenus et leurs
temps libres, ainsi que la part de ce dernier qui est consacrée aux loisirs.

Néanmoins cette croissance devrait faire réfléchir à comment réduire au maximum les
conséquences de la concentration des personnes sur les espaces limités et dans un laps de
temps réduit et leurs répercussions sur la population locale et de ses activités, ainsi que sur
l’environnement.

Aussi ne pas réduire les chances des générations futures de connaitre la diversité biologique
et culturelle qu’englobe la terre, et leur permettre cette découverte par un accès au
tourisme. Tous cela donc nous renvoie à penser ce tourisme durable et de la manière de le
rendre possible et accessible et finalement à le faire adopter par les voyageurs et les
professionnels.

Un tourisme qui prend dans sa pratique les enjeux de la protection de l’environnement doit
définir ses bases. En effet la prise de conscience de la réalité du lieu est indispensable pour la
pratique d’un tourisme durable. Un modèle prés établi ne pourra pas se calquer sur toutes
les régions, car celles-ci ont leur propre configuration et particularités. Donc la gestion de ce
tourisme doit être adaptée aux réalités du lieu.

Une prise en compte des particularités débouchera à la mise en place d’un tourisme qui
répondra réellement aux besoins locaux et apportera le développement économique
escompté. C’est le contraire de l’uniformisation touristique, c’est un modèle harmonieux
avec le milieu, qui conduira vers une croissance réfléchie. La notion de durabilité doit être
bien cernée par les professionnels du secteur, et ces derniers doivent aussi bien intégrer les
valeurs communes du site.

56- VELLAS F., Economie et politique du tourisme international , Economica, Paris, 2006, p.22.

54
On mettant la lumière sur les effets négatifs du tourisme de masse, on contribue à les éviter.
Aussi ces désastres du tourisme surviennent quand un l’objectif commun de préservation
n’est pas réellement identifié ou n’est pas pris en compte, lui préférant les intérêts
économiques.

Une influence réciproque donc entre le milieu local et les spécialistes du secteur, et cette
relation dynamique est unique est spécifique d’un endroit à un autre, et donc se
développera différemment. La relation au milieu est très étroite ainsi que la prise de
décision qui doit être élaborée en y associant toutes les parties.

Donc pour ne pas retomber dans les pièges du tourisme de masse, qui propose une offre
standardisée est appliquée sur le terrain, le tourisme durable quant à lui fera le chemin
inverse, à savoir concevoir un produit touristique à partir du terrain et en incluant ses
exigences d’abord.

La conception doit innover en se référant aux ressources spécifiques du lieu, et en harmonie


avec lui, considérant ses valeurs et ses représentations. C’est la aussi où interviennent les
autorités de l’état pour établir les règles qu’il faut pour l’encadrement et donner l’impulsion
dynamique pour cette conception.

Une politique publique qui demande des engagements environnementaux aux partenaires
économiques désirant investir chez eux. Mais aussi en termes d’architecture, de recyclage et
d’intégration paysagère.

Ainsi, par exemple des institutions compétentes seront mises en place pour l’élaboration de
normes encadrant l’activité touristique dans son ensemble qu’il faudra respecter, et cette
structure se chargera du suivi et du contrôle. Les politiques locales en favorisant la mise en
place du tourisme durable vont éviter les pressions des flux touristiques et lot de problèmes
qu’ils apporteront, ces derniers qui sont susceptibles de toucher d’une manière néfaste le
milieu naturel, social et le patrimoine culturel dans son ensemble.

C’est par un aménagement touristique qu’on peut concilier tourisme durable et régions
d’accueil, c’est lui qui fournira le cadre précis d’un développement touristique porté sur la
préservation des cultures et l’environnement locaux.

55
Durant des années le tourisme de masse à essayé d’uniformiser les sites, mais ces derniers
temps des demandes axées sur la recherche de l’authenticité et des traditions différentes,
sont apparues. Elles sont soucieuses de l’environnement et de sa diversité, par nécessité
l’offre se diversifie en conséquence. Ce n’est pas un seul tourisme mais plusieurs, selon les
régions, regroupés sous l’estampille durable.

Un concept regroupant plusieurs types de tourisme, spécifiques aux territoires concernés,


avec un décodage des valeurs communes pour la définition du produit touristique, afin
d’aboutir à une politique équilibrée entre progrès économique et préservation des lieux
visités.

Conclusion du chapitre

Le changement du comportement des touristes a fait décliner le modèle de développement


touristique fordiste, puisque celui ci n’est plus à même de répondre aux nouvelles attentes
de la demande actuelle en termes de produits touristiques. La recherche de la qualité
et de l’authenticité a encouragé l’émergence d’un nouveau modèle, pour satisfaire des
touristes qui veulent s’affranchir des carcans imposés par le tourisme industriel qui aliène la
société d’accueil et son environnement.

De nouvelles croyances et représentations ont vu le jour et ne s’identifient plus dans le


modèle touristique de masse. Les changements d’ordre culturels et sociaux peuvent
influencer et remettre en cause les schémas de développements économiques et le secteur
du tourisme est caractérisé par une certaine fragilité, car dépendant des circonstances
externes, qui n’a aucun moyen de prévoir, de façon précise, leur évolution ou bien de les
contrôler, par exemple les crises économiques et les catastrophes climatiques.

Cependant en misant sur le patrimoine et les richesses locales nous pouvons construire un
tourisme durable et atténuer les problèmes externes apportés par cette activité, tout en
sauvegardant l’identité du lieu et celles de ses habitants. Ce tourisme, par les exigences qu’il
réclame, permet la diminution de la pression causée par les touristes et leurs
comportements nuisibles, il encourage des dispositions, comme la mise en place de
l’écotaxe qui contribue à la sauvegarde de la nature, ou bien l’incitation à se servir des

56
transports en commun, ainsi il y aura moins de pollution et moins de visiteurs sur le site en
même temps.

Aussi il faut que ces moyens de transport soient écologiques (à l’énergie électrique par
exemple), pour rester dans la logique de la protection du milieu naturel. Toujours est-il que
le séjour vert, respectueux de l’environnement et du patrimoine local, sera plus cher, et
donc non accessible facilement, ce qui permettrait un allégement du nombre de visiteurs.

Nous voyons bien que ce modèle de tourisme est plus coûteux, seulement, par
l’intermédiaire des entrées financières engendrées par la pratique de prix plus élevés des
produits touristiques, on parviendra à l’amortissement des investissements et un
dégagement de profits sur le moyen et long terme.

Néanmoins dans le chapitre suivant nous essayerons d’aborder avec plus de profondeur
le concept de développement durable afin de mieux comprendre et déterminer les bases et
les objectifs nécessaires pour la mise en place sur le terrain du tourisme durable,
et tenter de solutionner la discordance entre économie et protection de l’environnement.

57
Chapitre II : Développement durable et tourisme

Introduction

C’est durant ces dernières années que la notion de développement durable est apparue,
et a suscité l’intérêt des sociétés soucieuses de la conservation de leurs patrimoines et
identités, tout en aspirant au progrès et à l’évolution de leurs économies.

Une recherche de la durabilité pour parer à la dégradation de l’environnement et pour la


préservation des ressources et la biodiversité. Essayer d’obtenir une croissance économique
qui ne causera pas une dévastation des richesses naturelles et humaines.

Cependant, accorder la croissance économique aux objectifs environnementaux n’est pas


une chose facile. Cela demande des efforts sur les plans locaux et régionaux ainsi que ceux
nationaux et même sur l’échelle mondiale. La prise de conscience en termes d’écologie
concerne finalement toutes les parties du monde, puisque celles-ci ont chacune leurs
spécificités et leurs richesses et contribuent à la diversité dans son ensemble.

La recherche légitime d’un développement économique doit se faire en prenant en


considération les objectifs de sauvegarde du milieu et de son écosystème.
Un développement durable s’inscrit dans cette optique pour permettre, non seulement, le
progrès et la protection. Un intérêt commun partager par tous, mais il existe de grandes
divergences d’un pays à un autre à travers le mode de fonctionnement et la politique
publique adoptée.

Toutefois ces dernières années nous constatons aussi un réel attrait pour le tourisme dit
vert, alternatif ou bien écotourisme, ce modèle caractérisé par une demande en mal de
nature et d’authenticité. Nous voyons biens que ce tourisme est aussi soumis aux lois du
marché, à savoir l’offre et la demande. Mais nous observons aussi un réel intérêt à la
protection de la nature, et une prise de conscience de son extrême fragilité par ces
nouveaux touristes.

L’environnement est pris comme concept intégrant celui plus globale qui est le
développement durable. Ce dernier peut être utilisé pour orienter des stratégies marketing,

58
en intégrant l’aspect éthique aux autres éléments cruciaux qui sont l’aspect économique,
l’environnement et le social. Ce même aspect éthique qui relève du concept politique, donc
en proie à de nombreuses interprétations. D’ailleurs il ne peut exister de développement
durable sans le rôle déterminant des autorités et pouvoirs publics.

Le tourisme durable rentre dans la perspective de protection de l’environnement naturel en


mettant en avant les rapports de l’activité touristique avec le milieu. C’est là que nous
retrouvons l’idée du tourisme responsable et la démarche d’un tourisme équitable, et bien
d’autres exemples de tourisme. La multiplication des notions et termes désignant ce
tourisme souligne, néanmoins l’intérêt croissant des sociétés à la sauvegarde de
l’environnement en y intégrant des activités économiques créatrices de richesses.

Dans ce chapitre nous approfondirons le sujet du développement durable, et nous verrons


ses différentes facettes et le degré de son opérationnalité. Par la suite nous aborderons le
concept de tourisme durable ainsi que ses différents aspects, qui nous permettrons de
mieux le comprendre et cerner ses objectifs afin de les appliquer concrètement dans une
zone géographique donnée.

II-1-Naissance du développement durable et définitions

Ces dernières années ont vu l’idée naissante d’un développement alliant à la fois efficacité
économique et protection environnementale. Ce modèle apporte une vision sur le long
terme en matière de développement et introduit la notion qui démontre qu’il n’est plus
possible de puiser de façon irréfléchie dans les ressources naturelles.

Les problèmes d’ordre écologiques touchant le monde entier ont accélérés l’apparition
d’une approche nouvelle pour le développement. En effet, sur la demande de la commission
mondiale de l’environnement et le développement, qu’un rapport nommé Brundtland est
publié en 1987, et intitulé « Notre avenir en commun » où est évoqué la notion du
développement durable. C’est l’un des documents fondateurs de celui-ci.

Une prise de conscience a aboutit sur la construction d’un référentiel inclut dans le terme
développement durable et pouvant englober différents secteurs tel l’environnement, le
social et l’économie et proposant une autre manière de gouvernance.

59
Cependant les institutions n’encouragent pas souvent une démarche globale, ce qui peut
poser des complications de mise en œuvre. Pour ce fait, le développement durable a besoin
de moyens et de facilités pour permettre son application, et l’obtention de résultats
probants. De nouvelles logiques doivent être intégrées dans les pratiques de l’aménagement
du territoire, et bien avant dans les outils de la planification de celui là.

Dés la fin des années 1960, y a eu un courant de réflexion sur la pollution engendrée par
l’activité économique et sa croissance, ainsi que sur les problèmes liés au développement
démographique de la population.

Les risques encourus par une augmentation du rythme de croissance économique et les
dangers de la progression démographique sur les ressources naturelles, étaient soulignées
dans des rapports, comme celui de 1972 : le rapport MEADOWS, Publié par la Conférence de
Stockholm sous la pression des citoyens des pays industrialisés et suite à
l'institutionnalisation du champ de l'environnement.

Ce rapport prévoyait un épuisement rapide des ressources, et alertait l’opinion sur ce danger
et l’impérative urgence d’introduire dans le processus de la croissance économique les
aspects liés à l’environnement.

La même année, la conférence des Nations Unies pour l’environnement souligne


l’importance de la protection de l’environnement pour le bien être des populations et de
leurs économies, ainsi que leur développement. Cela a donné le concept
d’écodéveloppement, qui se veut comme ligne de conduite pour combler les attentes tout
en respectant l’environnement.

Même si cette conférence n’a pas fait changer le mode de développement, y compris celui
des pays émergeants, néanmoins elle a exposé les enjeux d’une politique environnementale
à l’échelle mondiale et permis d’établir des bases pour les futurs accords internationaux
en matière de protection de l’environnement.

Dans les années qui ont suivi cette conférence et plus exactement en 1980, l'Union
Internationale pour la Conservation de la Nature (N.I.C.N) et le Programme des Nations
Unies pour l'Environnement (P.N.U.E) ont publié conjointement « la stratégie mondiale pour

60
la conservation », qui a formulé pour la première fois les principes de base de
développement durable. (57)

Elle a renforcé les bases conceptuelles sur lesquelles le développement durable devrait
s’articuler. En 1987, il y a eu pour la première fois un document officiel évoquant le terme de
développement durable, c’est le rapport de la commission Brundtland, présenté par
Commission Mondiale sur l'Environnement et le Développement (C.M.E.D).

Ce rapport a identifié les problèmes liés à l’environnement induits par une augmentation
démographique et qui mettent en péril le développement des pays du sud, ces derniers qui
connaissent des déforestations impliquant des extinctions d’espèces et bien d’autres ravages
environnementaux.

Il désigne comme première priorité mondiale la protection de l’environnement, il met aussi,


l’accent sur le besoin de réduire les déséquilibres économiques entre le Nord et le Sud et
une redistribution des ressources financières. En 1991, il y a eu la conférence de Toronto sur
« les villes mondiales et leurs environnements », où 130 pays prenaient l’engagement
d’établir des plans d’écodéveloppement. (58)

En 1992, se tient la conférence des Nations-Unies sur l'Environnement et le Développement


(C.N.U.E.D) à Rio de Janeiro où plusieurs conventions internationales portant sur le
changement climatique et la diversité biologique ont été signées. Ainsi, 178 pays ont signé
une charte : la charte de la Terre, qui regroupe une liste de principes, qu’ils s’engagent à
respecter. L’adoption, aussi de l’Agenda 21 qui est un programme de développement, a été
faite. Une commission sur le développement durable a vu le jour, ayant comme mission la
proposition aux gouvernements et à leurs sociétés civiles ainsi qu’aux industriels, un lot
d’actions et des orientations pour faire de l’écodéveloppement.

57- REED D., Ajustement structurel, environnement et développement durable, Paris, l'Harmattan, 1999, p.p. 25-29.
58- ROUXEL F., RIST D., Le développement durable : approche méthodologique dans les diagnostics territoriaux, Certu,
Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement, 2000, p, 16.

61
La conférence de Rio a repris les recommandations fondamentales énoncées par la
commission Brundtland à l'égard de la croissance. Cette conférence en somme n’a pas
modifié réellement les approches adoptées vis-à-vis du développement, ni amélioré de
façon significative les politiques qui pouvaient conduire les pays vers un développement
durable.

Néanmoins, cette conférence a donné lieu à plusieurs accords verbaux avec le respect
d’engagements concrets, pour favoriser le développement durable et à mettre en œuvre à
une échéance ultérieure non précisée. Aussi le volet de la dimension sociale a été survolé et
on ne lui a pas accordé toute l’importance qu’il faut, alors qu’il représente un élément
essentiel au sein du développement durable.

Par la suite il y a eu des conférences et des réunions pour apporter des propositions aux
manquements de la conférence de Rio, comme le sommet de Vienne sur les Droits de
l’Homme en 1994 et celui du Caire portant sur la population, dans la même année, et en
1995 le sommet social de Copenhague. Le dernier sommet s’est déroulé à Johannesburg
(Afrique du Sud) en 2002, sous l'égide des Nations unies, appelé « Sommet mondial sur le
développement durable » (SMDD). Celui là, constituait une occasion pour le monde entier de
faire le bilan et de compléter le programme lancé lors du Sommet de Rio. Cette dernière
rencontre visait donc à inciter les états à réitérer leur engagement politique en faveur du
développement durable, ainsi qu'à favoriser le renforcement d'un partenariat entre le Nord
et le Sud. L'événement a connu une très grande participation et a constitué la plus grande
rencontre jamais organisée par les Nations Unies. (59)

Le sommet a adopté un plan d'action en 153 articles sur de nombreux sujets : pauvreté,
consommation, ressources naturelles, globalisation, respect des Droits de l'homme....Les thèmes
prioritaires étaient : l'eau (évolution des ressources en eau, nécessité d'une consommation
rationnelle, répartition...), l'énergie (surconsommation, utilisation des énergies
renouvelables…), la productivité agricole (régression et dégradation des sols...), la
biodiversité et la santé. Ce sommet comme nous le voyons à touché pratiquement tous les
aspects du développement durable, et le prochain est prévu pour l’année 2012.

59- site internet des Nations Unies, http://www.un.org/esa/earthsummit, archives.

62
Tiré du verbe anglais « to sustain » qui signifie « soutenir, supporter, entretenir, nourrir »,
le « sustainable development » affiche le fait que le développement puisse s'entretenir,
se maintenir. Certains auteurs préfèrent d’ailleurs l'expression de « développement
soutenable » (60), cependant la traduction officielle adoptée est « développement durable ».

Le concept durable, signifie scientifiquement, qu’une ressource naturelle doit être gérée de
façon qu’elle soit en adéquation avec la protection de sa capacité de production. Cependant
le développement durable, en sciences sociales, réunit les questionnements de l’équité et la
cohésion sociale et porte son attention sur les impératifs de la sauvegarde des biens de
l’humanité.

L’Union Internationale pour la Protection de la Nature en 1991, met le développement


durable en relation avec le respect de la capacité de charge, et le considère ainsi comme une
amélioration des conditions de vie des Hommes.

Aussi la durabilité est considérée comme « …..Le rapport entre des systèmes économiques
dynamiques et des systèmes écologiques dynamiques plus grands mais aux changements
plus lents dans lesquels : la vie humaine peut continuer indéfiniment ; les individus peuvent
s'épanouir ; les cultures humaines peuvent se développer ; mais dans lesquels les effets de
l'activité humaine restent à l'intérieur de certaines limites afin de ne pas détruire la diversité,
la complexité et la fonction du système qui sert de base à la vie écologique ». (61)

60- HARRIBEY J.-M., Le développement soutenable, Paris, Economica, 1998, pp. 11-17.
61- COSTANZA R, « The ecological economics of sustainability: Investing in natural capital», in Goodland, Environmentally
sustainable Economic Developpement: Building on Brundtland, UNESCO, 1991.

63
Selon d’autres auteurs comme I. SACHS, la durabilité doit être prise en compte dans toutes
ses dimensions à savoir : économique, sociale, écologique, spatiale et en fin la dimension
culturelle et plurielle. (62)

Ces dimensions sont interdépendantes et représentent la base du développement durable,


et ce dernier ne peut exister si celles là ne sont pas soutenues conjointement. (63)

La dimension économique :

Pour que l’économie soit durable elle doit s’inscrire dans une politique du long terme qui
privilégie une croissance assurant une augmentation du revenu réel, tout en préservant son
stock de capital humain et naturel. (64)

L’accessibilité gratuite et libre aux ressources naturelles, n’incite pas les producteurs à
évaluer et prendre en compte l’ensemble des coûts de la détérioration de l’environnement.

La détermination exacte du prix réel des biens et celui qui est le plus juste, est une étape
importante pour se diriger vers un développement durable. En effet il faut procéder en
pratique, sur les prix des matières premières.

On doit fixer un prix pour les ressources en eau, en sol et en air qui sont utilisées à titre
gratuit ou très peu rémunérées par les entreprises exploiteuses, et reçoivent toutes les
conséquences néfastes de l’activité humaine, et très souvent contaminées par la pollution
engendrée de celle-ci.

Un développement économique ne bénéficiera que d’avantage, si les aspects


environnementaux et sociaux connaissent une amélioration. Les taxes d’environnement
devraient être utilisées pour atteindre les objectifs qui aideraient à la préservation de celui
là, néanmoins ils peuvent aussi provoquer la réticence des investisseurs et les conduire à
rechercher un pays pas ou peu regardant, et surtout pas très souciant de l’environnement,
d’où l’importance d’universaliser ce genre de taxes partout dans le monde.

62- SACHS I., Stratégie de l'écodéveloppement, Paris, Les édition Ouvrières, 1980.
63- REED D., Ajustement structurel, environnement et développement durable, Paris, l'Harmattan, 2000, p.p. 25-30.
64- O.C.D.E , « Le développement durable, les grandes questions », 2001, p. 38.

64
A côté de ces taxes les gouvernements proposent des abaissements d’impôts, pour
encourager l’investissement vert et l’utilisation d’énergies renouvelables. Cela peut
encourager les entreprises à investir dans ces mesures pour l’environnement, juste pour
bénéficier d’avantages fiscaux, et cela se fera au détriment du recrutement par exemple.

Pour arriver à la durabilité économique il faudrait une gestion des ressources plus efficiente,
et un investissement régulier et constant des pouvoirs publics et du secteur privé, ainsi que
la suppression des contraintes, comme les obstacles protectionnistes imposés par les pays
industrialisés ou bien l’accès limité à la science dans les pays du Sud, et l’échange
défavorable qui est instauré avec les régions du Nord.

Il faut aussi que les critères économiques soient vus dans leurs aspect global et pas
seulement à l’échelle de l’entreprise et de sa rentabilité.

La dimension sociale :

La durabilité sociale repose sur l’égalité des chances, et l’accessibilité à une qualité de vie
digne pour les communautés humaines. Chaque individu doit avoir le droit de bien vivre ce
qui signifie avoir un accès à l’éducation, la santé, la nourriture, le travail, le logement
et toutes les facilités qui contribueront à son épanouissement.

Pour atteindre cela, les richesses doivent être partagées de manière équitable. En effet les
inégalités sociales sont les facteurs de la destruction à long terme des communautés car
elles menacent leurs équilibres. Aussi la taille des ces communautés est étroitement liée au
niveau de vie.

Il ne doit pas y avoir de dysfonctionnements sociaux causés par les politiques et qui sont
entreprises dans le domaine économique, social ou environnementale, pour pouvoir parler
de développement durable ou de durabilité sociale. En d’autres termes, un développement
socialement durable combat la pauvreté et la vulnérabilité causées par l’incapacité de
satisfaire les besoins essentiels comme le travail et ne permet pas un confort minimum à la
population actuelle ainsi que pour les générations à venir. (65)

65- MARTIN J.-Y., Développement durable ? Doctrines, pratiques, évaluations, Paris, IRD, 2002, p. 83.

65
Les gouvernements, doivent aussi être activement présents sur tous les secteurs sociaux,
afin de mettre en place des mesures pour l’égalité, et faire prendre conscience et renforcer
les possibilités pour que les groupes sociaux prennent en main leur avenir.

La dimension écologique :

Un développement durable écologiquement est basé sur l’impératif de préserver la


biodiversité ainsi que sont fonctionnement et celui des cycles de vies, et pouvoir assurer sa
continuation pour le futur.

En investissant sur la protection des écosystèmes, pour ne pas créer un déséquilibre qui aura
forcément des suites dramatiques, voire même la disparition d’espèces. Les investissements
doivent prendre en compte les exigences environnementales du milieu, et ne pas entrer en
concurrence avec les espèces végétales et animales pour le terrain, l’eau, l’habitat… etc,
et donc contribuer à leur désorganisation et leur péril. Une durabilité de l’environnement
exige la prévention des actions humaines et l’écartement des projets qui consisteraient, ne
serait ce qu’un doute sur leurs impacts négatifs sur le milieu, au nom du principe de
précaution.(66)

Aussi la mise en place d’actions concrètes de limitation de l’exploitation des ressources non
renouvelables et une gestion précise pour leur protection, ainsi que la diminution des
pressions externes inhérentes à une activité humaine.

La dimension spatiale :

Le développement durable doit autoriser une répartition rationnelle des activités humaines
et des concentrations démographiques dans l’espace géographique. Donc éviter la
concentration massive en un seul lieu, et ainsi éviter des désagréments, comme ceux
rencontrés dans les grandes villes. Eviter aussi l’envahissement humain au détriment de la
nature, comme les déforestations pour construire des maisons ou bien pour y implanter une
activité agricole et donc l’anéantissement des écosystèmes et l’appauvrissement de la
diversité biologique.

66- MISSA J.-N., Le principe de précaution : significations et conséquences, l’Université de Bruxelles, 2000.

66
Favoriser et encourager par des aides financières de nouvelles techniques et méthodes
permettant une meilleure utilisation de la ressource, comme l’agrosylviculture : c’est à dire
que sur une même terre on fait pousser des arbres, et d’autres cultures, avec même la
présence d’élevage de bétail sur le même espace.

Augmentation des parcelles agricoles biologiques, et les réseaux commercialisant ces


produits, qui d’ailleurs plaisent de plus en plus ces dernières années aux consommateurs,
ces derniers voulant éviter les OGM et les pesticides se trouvant dans l’agriculture
conventionnelle. Aussi l’instauration des réserves naturelles et des parcs protégés, pour
permettre à la vie sauvage de se reproduire et protéger la biodiversité de la pression des
hommes.

La dimension culturelle :

La culture présente un relais important pour le développement durable, elle concerne


l’ensemble du patrimoine linguistique, et les pratiques de l’art de vivre, et touche des
secteurs très variés. La diversité et la complexité des connaissances, constituent aussi une
partie de ce patrimoine culturel.

Une durabilité culturelle doit permettre des changements et des évolutions, tout en
préservant l’héritage culturel et faciliter sa promotion et sa préservation à long terme.
Chaque site a une configuration culturelle propre à lui, et qui exige sa prise en considération
pour un écodéveloppement.

En définitif, toutes les dimensions du développement doivent se rejoindre, pour protéger


l’environnement du site ainsi que le patrimoine et l’identité de sa population, tout en leur
assurant un accès au progrès sans mettre en danger les ressources naturelles,
et l’épuisement de celles-ci.

II-2-Les enjeux du développement durable

L’industrie et ses progrès ont fait apparaitre une pollution de plus en plus grande et de plus
en plus dangereuse. Les conséquences sont visibles sur les ressources et la nature.
L’exploitation et la surexploitation de ces ressources et la prédominance de la recherche de

67
la rentabilité et des richesses économiques, ont aboutit à une dégradation qui a poussé à la
réflexion, et a réveillé les consciences sur les risques de disparition de toute forme de vie sur
Terre. Les activités économiques et l’environnement sont liés par leur interdépendance, et le
concept de développement durable commence à émerger en même temps que l’idée de la
croissance illimitée commençait à être remise en cause. (67)

La limitation de la croissance semble être une solution pour joindre développement


économique et protection de l’environnement. Mais les difficultés sont nombreuses pour la
réalisation effective de celle là. L’adaptation de l’aspect théorique aux réalités du terrain
n’est pas évidente. C’est qu’il existe le risque de dévoyer les modèles de durabilité, ainsi que
la mise en place d’actions sporadiques qui n’auront que des effets restreints en termes de
protection de l’environnement.

Le développement durable, sous entend, que l’être humain a le droit d’assurer son bien être
au sein d’un environnement propice, et c’est justement l’Homme et son développement qui
sont au centre de la réflexion sur la durabilité. Cette dernière intègre les dimensions
d’espace et de temps, car la durée du développement et sa persistance contribue à lutter
contre les fléaux sociaux qui surgissent de la pauvreté, et qui provoquent la détérioration de
l’environnement. (68)

Sans oublier une autre notion fondamentale du développement durable, qui est celle du
territoire qui accueil l’environnement naturel sauvage et celui structuré et habité, ce dernier
qui constitue l’étendue de l’activité humaine.

Le développement durable enserre donc trois variables, qui sont l’Homme, le temps et le
territoire. L’analyse des enjeux du développement durable se fera à partir de ces trois
critères.

La notion d’égalité entre les Hommes apparait clairement dans les objectifs d’un
développement durable. L’égalité des chances entre les individus pour l’accès aux ressources
et ainsi à l’amélioration de leurs situations.

67- ALCOUFFE A., FERRARI S., GRIMAL L., Autour du développement durable », Sciences de la société, n°57, octobre 2002, p.
3.
68-La Commission mondiale sur l'environnement et le développement (CMDE), Notre avenir à tous, Montréal, Fleuve,
1987, p. 36.

68
Elle a pour mission de proscrire les différences qui handicapent l’aspiration à une vie
meilleure, et elle recherche l’intérêt commun. Cette équité doit être intergénérationnelle, et
permettre de maintenir l’équilibre de la biosphère et sa continuité dans le futur, afin que les
générations qui viennent puissent prétendre à cet héritage.(69)

Ces générations futures doivent avoir le droit de voir et utiliser ce patrimoine naturel et le
protéger pour pouvoir le léguer à leur tour. Cependant l’enjeu consiste à garder ce
patrimoine tel qu’il est, et surtout ne pas l’altérer pour une raison ou une autre.

D’autant plus que la génération présente a des besoins et des préférences qui ne seront,
peut être pas, ceux de la génération future, ce qui rend difficile l’égalité du bien être
intergénérationnel. Donc il faut aller du principe des « ressources à caractères universel »
qui prône la préservation des espèces et un développement de la maitrise des énergies
renouvelables.(70)

L’équité doit aussi être intra générationnelle. Il ne doit pas exister des inégalités à l’accès des
besoins fondamentaux entre les différents peuples vivant sur Terre. Donc cela suggère, la
coopération des états pour l’éradication de la pauvreté. (71)

Un développement égalitaire, généré par la solidarité des pays riches financièrement, et


technologiquement envers les pays plus pauvres, qui sont les plus fragiles et exposés aux
catastrophes naturelles et sanitaires. En effet, cette solidarité les aidera à amorcer leurs
développements économiques, et leur permettra d’avoir une gestion efficace pour la lutte
contre les fléaux de tout genre. D’autant plus que ces pays pauvres subissent une grande
part de la pollution qu’ils n’ont pas engendré, et qui entrainera sur leurs sols les maladies et
épidémies ainsi que des dommages de leurs environnements. Et il est aussi intéressant de
constater que plus un système s’approche de ses limites écologiques, plus les inégalités
augmentent. (72)

69- CMED, Notre avenir à tous, Montréal, Fleuve, 1987, p. 57.


70- Groupe de travail sur les instruments économiques et les mesures dissuasives à de saines pratiques environnementales,
Les objectifs de développement durable, www.ec.gc.ca/grngvt/1_2_f.htm, 1994, p.1
71- Principe 5 de la Conférence de Rio, site internet de l’OMT, http://www.unwto.org, archives.
72- Idem. 69, p. 57, 58.

69
En ce qui concerne le temps, c’est l’enjeu de la maitrise du long terme. Tout projet doit se
faire en considérant la réflexion des incidences sur une longue période. Un développement
durable induit sa persistance sur une large échelle de temps, et ne pas considérer juste
l’environnement présent et les possibilités immédiates. Les actions de court terme doivent
être en coordination avec l’équité intergénérationnelle. Penser le long terme en agissant
dans le temps présent, cependant cela implique une certaine incertitude du fait de
l’ignorance de ce qui arrivera dans le futur et aussi la possibilité d’une irréversibilité des
actions entreprises.

Les progrès scientifiques font grandir l’incertitude vis-à-vis du futur, certaines découvertes
amènent, néanmoins à une prise de conscience qui n’admet pas une continuité dans le
même mauvais chemin. La science permet une vision des conséquences induites par les
activités humaines passées et celles à venir, donc encourage une anticipation et un
changement de comportement pour la survie des écosystèmes. Cela exige plus de
responsabilité dans l’activité humaine de la génération actuelle, étant donné la gravité des
phénomènes irréversibles, comme ceux causés par le réchauffement du climat. (73)

D’ailleurs l’un des principes adopté lors de la conférence de Rio, stipule que l'absence de
certitude scientifique absolue ne doit pas servir de prétexte pour remettre à plus tard
l'adoption de mesures effectives visant à prévenir la dégradation de l'environnement.(74)

il existe un autre enjeu celui qui découle de l’approche territoriale du développement


durable. Ce dernier faisant apparaitre l’enjeu d’équité interterritoriale et l’existence des
interactions écologiques et, ou, économiques selon les endroits. Cette équité soulève les
problèmes des devoirs et des droits des territoires entre eux.

Le droit d’un état de jouir selon sa politique des ressources et son devoir à faire en sorte que
les activités exercées dans son territoire ne causent pas de dommage à l’environnement des
autres états, ou dans les zones appartenant aux biens et patrimoine de l’humanité. (75)

73- CHASSANDE P., Développement durable, pourquoi ? comment ?, Paris, Edisud, 2002, p.p. 91-109.
74- Principe n 15 adopté à la conférence de Rio De Janeiro, site internet de L’OMT, http://www.unwto.org,archives.
75- Principe n 2 adopté à la conférence de Rio De Janeiro, site internet de L’OMT, http://www.unwto.org,archives.

70
L’homme est contraint de créer un développement pour la satisfaction de ses propres
besoins, d’ailleurs des auteurs comme C. LACOUR, précise que «tout développement, tout
aménagement, à un moment donné sont censés correspondre à une nécessité et à des
possibilités. Ils répondent à des demandes économiques d'un groupe, d'une collectivité.
Cette production nulle bien souvent, va se faire par une destruction de l'état antérieur, qu'il
soit naturellement sauvage ou naturellement construit » (76)

Le territoire constitue un bien d’où l’homme peut entreprendre une activité, c’est pour cela
qu’il doit gérer l’utilisation rationnelle des ressources, car celles-ci sont rares ou peuvent le
devenir, si on ne leur accordait pas suffisamment de temps pour se renouveler.

L’aménagement et la transformation du territoire par l’homme ne doivent pas faire subir des
dégradations à l’environnement sous prétexte de la satisfaction des besoins du moment, ou
bien parce que les moyens techniques actuels ne permettent pas de faire autrement.

Aussi il faut une détermination de la capacité de charge du territoire pour en réduire


la pollution et les conséquences terribles de celle-ci sur l’existence même de la biodiversité.

Nous voyons bien que les enjeux du développement durable sont autour de l’Homme, le
temps et le territoire. C’est trois axes représentent une complémentarité qui oblige de
prendre et considérer leurs aspects en même temps, et seulement une lecture globale de
leur interaction peut diriger vers la durabilité du développement.

II-2-1- les champs d’action du développement durable

Depuis la conférence de 1972 à Stockholm jusqu'à nos jours, la relation entre protection de
l’environnement et le développement a bien été établie, et les risques qu’encourent les
écosystèmes sur Terre sont réels et bien cernés, ainsi que l’urgence des actions pour y
remédier. C’est pour cela que le développement durable induit des réflexions sur un champ
englobant tout les stades de prise de décision.

76- LACOUR C., « Intégration environnement-aménagement : fondements théoriques », Economie Régionale et Urbaine, n°
4, 1994, p 537.

71
Aussi le mode de gouvernance peut aller en direction d’un développement durable ou bien
le contredire, en ne respectant pas ses principes. La gouvernance trace l’exercice du pouvoir
politique sur une société, et en imposant des actions et des décisions politiques, peut servir
le développement durable. En effet, elle peut garantir le respect de ce dernier par la force de
la loi et par les encouragements envers cette perspective. Aussi en favorisant l’intégration
des dimensions environnementales et sociales. C’est un processus de prise de décision qui
permet une continuité de l’action en faveur d’une protection de l’environnement tout en y
associant tous les secteurs concernés.

Pour exemple les négociations internationales autour du changement climatique, et plus


particulièrement le protocole de Kyoto qui impose aux pays industrialisés de réduire leurs
émissions de gaz à effet de serre d’au moins 5% par rapport à leur niveau de 1990.

La plupart des états y ont adhéré, ce qui va donner un sens à leur gouvernance vis-à-vis de
leur politique environnementale sur leur territoire. Cela conduit à un processus de
négociation entre plusieurs parties, qui débouche vers des choix politiques et la mise en
œuvre d’actions effectives. Ce processus apporte des outils et des politiques qui ont la
particularité d’avoir fait l’objet d’un consensus qui assure leur légitimité et la manière de
leur utilisation et interprétation. Il s’avère que le développement durable est assujetti à une
bonne gouvernance, qui suppose une diversification des formes de décision et
l’encouragement de la démocratie participative afin de délivrer des informations claires tout
en permettant un dialogue constructif entre les différents secteurs.

Aussi nous pouvons nous référer à cette définition du Programme des Nations Unies pour le
Développement : « La gouvernance peut être considérée comme l'exercice des pouvoirs
économique, politique et administratif pour gérer les affaires des pays à tous les niveaux.
Elle comprend les mécanismes, procédés et institutions (...). La bonne gouvernance est (...)
participative, transparente et responsable…..………. La bonne gouvernance assure que les
priorités politiques, sociales et économiques sont fondées sur un large consensus dans la
société et que les voix des plus pauvres et des plus vulnérables sont au cœur du processus
de décision sur l'allocation des ressources pour le développement ».(77)

77- MARTIN J.-Y., Développement durable ? Doctrines, Pratiques, Evaluations, Paris, IRD, 2002, p. 114.

72
Le souhait aussi d’encourager les alliances entre le secteur public et privé qui permettraient
la création de capacités et un transfert de technologie, ainsi que l’entrainement vers la voie
d’un développement durable. Donc une aide publique pour les investissements privés.

Une bonne gouvernance doit se mettre en place aussi pour permettre d’anticiper les
évolutions de la société dans le futur et veiller toujours sur la régulation qui permettra une
durabilité de l’environnement écologique, économique et social. Une gouvernance au
service d’un développement durable, doit inclure l’élaboration de normes
environnementales, ainsi que des mesures d’aides à la prise de décision. Un processus
participatif et consultatif des différents acteurs de la société permettra de prendre les
bonnes décisions en termes d’environnement et de les légitimer.

Aussi le patrimoine et le développement durable se rejoignent puisque ces deux notions


sont fondées sur l’idée de la transmission aux générations futures. En effet le patrimoine est
un héritage qu’il faut partager et faire connaitre par transmission intergénérationnelle, et le
développement durable aspire dans ses objectifs à satisfaire les besoins des générations
futures.

Le patrimoine, précisément à besoin du développement durable pour être transmis,


et valorisé, pour se faire il faut déterminer le contenu du patrimoine et le définir. Aussi dans
le patrimoine, il est inclut celui lié à la nature et donc aux préoccupations environnementales
qui occupent une place centrale dans le développement durable.

Aussi il y a le patrimoine culturel qui comprend des ressources comme les sites, les
monuments, tous ce qui fait référence à une activité humaine, passée ou présente et même
les paysages.

Cependant les ressources culturelles peuvent comprendre la dimension immatériel, comme


la langue, les légendes et mythes, les idées qui sont enrichies et transmises. C’est pour ça
qu’elles ont pour la plupart ce caractère unique et non renouvelable, puisque elles sont
dotées d’une histoire, un lieu et des personnages différents, et elles renvoient à une époque
bien déterminée.

73
La préservation de l’environnement rejoint celle du patrimoine et doit faire face aux mêmes
problèmes dont le plus grave est l’extinction, et c’est aussi le souci du développement
durable. Il existe aussi l’espace qui présente une dimension importante dans le
développement durable, puisque les moyens et outils ainsi que les décisions diffèrent selon
l’endroit où on se place.

Le processus de développement durable agit selon les caractéristiques locales, régionales ou


nationales, et il est lié nécessairement à l’histoire de la population concernée, ses pratiques
culturelles et l’espace qu’elle occupe durant un moment précis.

II-2-2- Les modèles de développement durable

Nous avons vu que la problématique du développement durable et de réussir à trouver une


adéquation entre le secteur économique et la biosphère. Les réponses ont souvent un
caractère ambigu, et il se trouve qu’il y a plusieurs interprétations de la définition du
développement durable.

Plusieurs courants théoriques sont apparus et qui chacun diffère selon le champ étudié,
certains prennent l’intérêt de l’homme comme le centre de leur analyse et d’autres
défendent premièrement ceux de la nature. D’autres, par contre recherchent une cohérence
entre le domaine écologique et économique.

L’importance d’une présentation de ces différents courants semble pertinente, pour cerner
toute la problématique que suscite le développement durable.

A- Les modèles substantiels

Les modèles substantiels(78) représentent deux courants :

- le courant néoclassique,

- le courant écologique profond,

78- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan,
1994, p.114.

74
Ces deux modèles sont caractérisés par la rationalité substantielle. Chacun à sa manière est
centré sur un point et le privilégie pour traiter l’intégration de l’économie et de
l’environnement dans une optique de développement durable.

- le courant néo-classique :

Le courant néo-classique définit le développement durable, en considérant uniquement


la dimension économique, et se résume à l’utilité croissante du capital par tête. Cette
définition se traduit par une durabilité très faible. (79)

La théorie néo-classique réagit aux problèmes environnementaux, en se basant sur quatre


principes fondamentaux qui sont :

-Une vision utilitariste du bien être social : La société est composée d’individus libres qui
accroissent leur bien être par l’intermédiaire du marché. C’est l’ensemble de leurs décisions
qui amène l’activité économique dans les directions pour enfin aboutir sur la plus grande
utilité totale.
-La substitution entre les capitaux : Cela traduit une équivalence entre l’utilité des biens de
consommation et celle des biens d’environnement, l’une peut se substituer à l’autre. Aussi il
y a une attribution monétaire de la valeur de l’environnement. Donc effectuer un
investissement des rentes issues de l’exploitation d’une ressource épuisable dans des actifs
reproductibles, afin de remplacer les pertes des ressources naturelles.
-L’optimisation inter temporelle : Une équité recherchée entre les générations et maximiser
l’utilité de celle la moins favorisée. (80)

Etant donné que seules les activités de production et de consommation sont considérées par
le marché qui leur attribue une valeur (par les prix de bien et service), l’environnement se
distingue par sa gratuité. Ce dernier n’a pas une valeur concrète dans l’économie, c’est pour
ça qu’en terme de développement durable on lui en attribue une.

Cette valeur se traduit par une évaluation monétaire des pollutions afin d’en faire supporter
les coûts à ses responsables, par le payement de taxes.

79- PEZZEY J., Definitions of sustainability, University of Colorado, CEED, UK, 1989.
80- RAWLS J., Théorie de la justice, Paris, Seuil, ,1997.

75
La pollution est considérée comme un effet hors marché, donc un effet externe qui touche la
sphère économique. Aussi les problèmes environnementaux dans le courant néo-classique
proviennent d’une mauvaise détermination des biens libres, donc en faisant payer des droits
pour l’utilisation de l’environnement on gérera mieux les problèmes de ce dernier. (Des
droits pour pouvoir polluer en quelque sorte). (81)

Nous voyons bien que dans ce courant, l’environnement n’est pas pris réellement en
compte, et c’est seulement une vision économique qui est prônée.

-le courant écologique profond

C’est le courant écologique profond, qui est à l’opposé de l’approche économique du


courant néo-classique. Il est défini dans un système qui privilégie les espèces naturelles de la
faune et flore en leur attribuant des droits moraux, et il est diamétralement contre les
conséquences d’une économie négligeant l’environnement pour des raisons d’utilité et de
rationalité.

Ce courant prend en considération les aspects éthiques qui touchent la nature en général, et
ne met pas l’Homme au centre de ses préoccupations, il est très attaché à la nature.
D’ailleurs seule la vision écologique est prise en compte dans le raisonnement de la « Deep
Ecology », et la vision de durabilité est par conséquent très forte.

Des auteurs comme A. LEOPOLD précise que « les effets d'échelle ont atteint ici les limites à
ne pas dépasser, il faut minimiser les taux d'énergie et d'utilisation des matières, il faut viser
la stagnation économique (croissance 0) et démographique par les moyens de contraception
ou d'abstinence, qui stimulent les productions d'échelle. La seule croissance économique
acceptable est celle qui est qualitative». Ce courant précise qu’il faut améliorer la qualité du
développement économique, et pour se faire il faut que la croissance approche du niveau le
plus bas.

81- CHAUTARD G., « Mise en œuvre d’un problème de développement durable appliqué aux régions de conversion », V
e

journée IFRESI, 20 et 21 mars 1997, p. 188.

76
Aussi la nature, par la complexité et la fragilité de ses systèmes écologiques, évolue et
change de manière très lente, contrairement aux systèmes plus petits, comme celui de la
sphère économique. (82)

Aussi le courant de l’écologie profonde refuse l’approche monétaire des biens


environnementaux, qui réduit ces derniers qu’à de simples éléments utilisés pour
l’économie, alors que l’environnement est un système beaucoup plus vaste que cette
dernière.

C’est pour cela que ce courant préfère la suprématie des lois écologiques par rapport à ceux
de l’économie, d’autant plus que l’évaluation monétaire réelle de l’environnement est
techniquement difficile à faire, et c’est uniquement un outil pour permettre une production
continue dans des zones fragiles. Dans ce courant de l’écologie profonde, il n’y a que les
indicateurs physiques qui peuvent mesurer la durabilité, car ce sont des outils qui ne
varieront pas et resteront stables et objectifs avec le temps.(83)

Aussi l’introduction de la préservation de la nature, par la Deep Ecology, en tant que


contrainte dans la logique économique pour des raisons éthiques. Donc les biens
environnementaux acquièrent une valeur intrinsèque, détachée de tout usage. (84)

Pour certains penseurs de ce courant, la nature est considérée comme intouchable et doit
restée en l’état pour permettre de répondre à l’équité intergénérationnelle, car la
substitution entre les capitaux du courant néo-classique est considérée comme inacceptable,
et ne répondant pas assez aux exigences de la préservation environnementale. (85)

82- CHAUTARD G., « Mise en œuvre d’un problème de développement durable appliqué aux régions de conversion », V
e

journée IFRESI, 20 et 21 mars 1997, p. 188.


83- Idem.
84- Ibid. P, 189.
85- ROUXEL F., RIST D., Le développement durable :approche méthodologique dans les diagnostics territoriaux, CERTU,
Ministère de l'Equipement, des Transports et du Logement, 2000, p p,18-19.

77
Donc pour répondre au courant néoclassique qui propose la rationalité économique
substantielle, le courant de l’écologie profonde propose la rationalité écologique
substantielle.

B- Les modèles mixtes

Ces modèles se positionnent d’une manière à faire l’équilibre entre différentes logiques pour
régler la problématique du développement durable. Il existe deux courants qui sont : l’Ecole
de Londres et le courant de l’Economie Ecologique.

-L'École de Londres

Ce courant met en exergue, pour le développement durable, la sauvegarde de


l’environnement tout en conciliant la croissance économique. Il se trouve dans une position
intermédiaire de durabilité, cependant il est vite limité par la détermination des indicateurs.
L’Ecole de Londres tend à préserver des parties ou proportions du capital naturel, mesurés
physiquement tout en les évaluant économiquement. Pour se faire, il est question de se
baser sur l’approche de la physique ainsi que sur la complémentarité entre capitaux naturels
et techniques, et dans une logique de respect de l’écologie.

Ce courant est représenté par D.PEARCE en se basant sur les travaux de BAUMOL et OATES,
qui proposent que la rationalité écologique soit un moyen limitant la rationalité
économique. Ce courant propose une séquence d’optimisation qui aura, d’une part la
fixation de limites de pollution à ne pas dépasser, et d’autre part, minimiser les coûts des
contraintes écologiques. Cependant la durabilité dans ce cas est faible, car à terme c’est la
vision économique, sous le poids de l’exigence écologique, qui permet la prise de
décision.(86)

86- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan,
1994, p, 119.

78
L’approche de l'École de Londres se caractérise par :

-Le refus d'une substituabilité infinie entre les capitaux : en préservant un minimum du
capital naturel, l’application du principe de substitution se fait de façon réduite. La
complémentarité doit se faire par les capitaux renouvelables, et celle là doit garantir
l’adéquation entre l’efficacité économique et le respect de l’environnement.

Aussi il existe une relation entre le degré de dommage potentiel du capital naturel, le degré
d’irréversibilité et l’importance de l’injustice infligée aux générations prochaines.
Si la dégradation potentielle du capital naturel est réversible et touchant une petite échelle,
celui là peut être abordé par les critères de l’efficacité économique traditionnelle, seulement
si la dégradation peut être irréversible et importante, le capital naturel doit être utilisé avec
précaution et des contraintes doivent être mises en place pour cet usage.(87)

L’hypothèse de substituabilité entre capital naturel et celui manufacturé est utilisée lorsque
les fonctions de la productivité et de l’économie du capital naturel sont visés, toutefois
quand les fonctions de la survie du capital naturel sont concernés, on doit avoir recours à
l’hypothèse de complémentarité.

-la valeur économique totale (V.E.T) : Le courant de l’Ecole de Londres, même si il propose la
sauvegarde d’un minimum de capital naturel, il n’accorde pas l’intérêt nécessaire aux
difficultés de la mesure de ce stock de capital. C’est pour cette raison que ce courant à
recours à l’évaluation monétaire du stock de capital naturel pour constituer les actifs de
l’environnement, qui n’est pas l’objectif initial (qui est une évaluation physique).

Toutefois cette Ecole adopte le concept de V.E.T qui évite le problème d’évaluation
monétaire de l’environnement, qui évidemment n’a pas de valeur économique, car la V.E.T
intègre aussi les valeurs de non-usage, c'est-à-dire les valeurs intrinsèques. Un mode de
calcul qui permet de faire concorder logique économique et écologique.

87- TOMAN M.-A., « The difficulty in defining sustainability », dans DARMSTADTER J. (ed.), Global Development and the
Environment: Perspectives on Sustainability, Washington DC, 1992, cité par FAUCHEUX S., NOEL J.-F., Economie des
ressources naturelles et de l'environnement, Paris, Armand Colin, 1995,p.299.

79
Au sein de l’Ecole de Londres, il existe trois règles de la durabilité :

-l’utilisation des ressources renouvelables ne doit pas aller au-delà du taux de


renouvellement naturel.
-le taux d’extraction des ressources non renouvelables doit autoriser leur remplacement par
les ressources renouvelables.
- prendre en compte la capacité et la tolérance des écosystèmes vis-à-vis des rejets de
déchets, ces derniers ne doivent pas la dépasser.

L’approche de L’Ecole de Londres est une approche à durabilité faible, étant donné qu’elle
utilise des critères économiques pour, d’une part l’évaluation de la norme environnementale
et d’autre part définir les outils efficients pour y parvenir.

-L’Economie écologique

Ce courant à pour but de fonder un modèle de développement durable en prenant en


compte en même temps et de manière juste et équitable les diverses rationalités. Ce
courant insiste sur le renouvellement des institutions, ce qui obéit à une rationalité
procédurale. Aussi il montre la sous évaluation des processus de vie qui contribue aux
risques sur l’écologie. (88)

La perte de ressources et de capital naturel fragilise le système écologique et le met en péril.


L’économie écologique propose d’aller au-delà des visions économiques et écologiques
traditionnelles pour une synthèse intégrée. (89)

Le développement durable, selon la vision de l’économie écologique rejoint l’approche éco


énergétique, car il existe une interdépendance dynamique entre l’écologie et l’économie, et
que les exigences des écosystèmes posent des limites pour le système économique. Ce
courant en optimisant l’espace va prendre en compte les principes thermodynamiques pour
la mesure de la pertinence des projets d’un point de vu économique et cela à l’aide
d’indicateurs, comme par exemple le taux de rendement énergétique.

88- FAUCHEUX S., FROGER G. et NOEL J.-F., « Quelle hypothèse de rationalité pour le développement soutenable ? »,
Economie appliquée, Tome XLVI, n°4, 1993, pp. 59-100.
eme
89- CHAUTARD G., Mise en oeuvre d'une problème de développement durable appliqué aux régions de conversion , 5
journée IFRESI, 20, 21 Mars 1997 (CNRS), pp. 187-202.

80
Aussi le modèle de l’Economie écologique applique une approche considérant une
rationalité procédurale vu que la rationalité substantielle toute seule a montré ses limites.
Ce courant adopte une approche institutionnaliste de l’environnement. Donc ce n’est pas
seulement le marché qui est sous la forme d’une institution pour la prise de décision.

Ainsi par exemple « l’arbre de soutenabilité »(90) apporte une solution en décomposant
l’objectif global du développement durable en sous objectifs économique, social et
biophysique. Ces derniers sont à leur tour décomposés par ce processus de dissociation
jusqu’ à obtenir un sous-sous objectif mesurable d’une manière cohérente.

Les modèles mixtes essayent d’équilibrer entre la rationalité substantielle et celle


procédurale pour pouvoir solutionner l’intégration de l’économie et de l’environnement.
Cependant ils restent relativement abstraits, et donnent peu de méthodes et d’outils pour la
résolution des problèmes environnementaux et de prise de décision, et leur application
reste vague, car ils rencontrent des difficultés à traiter la dimension politique.

C- les modèles procéduraux

Ils proposent une approche plus équilibrée, il en existe deux : le modèle de


l’écodéveloppement et celui de la gestion patrimoniale.

-Le modèle de l’écodéveloppement

Le concept de l’écodéveloppement est apparu après la prise de conscience qui y’a eu vis-à-
vis des problèmes de pollution causés par la croissance des activités économiques, dans le
monde. Ce modèle entend un respect de l’environnement, tout en satisfaisant les besoins
inhérents à l’être humain.

Ce modèle précise que l’homme n’a pas que des besoins matériels, mais d’autres besoins qui
doivent être pris en considération, ce sont ceux qui le rapprochent de son environnement, et
lui permettent d’être en harmonie avec lui. Ce modèle est caractérisé par des bases
éthiques. (91)

90- FAUCHEUX S., NOEL J.-F., Economie des ressources naturelles et de l'environnement, Paris, Armand Colin, 1995, p318.

91- Sachs.I, Stratégie de l’écodéveloppement, économie et humanisme, Paris Ouvrières, 1980.

81
L’écodéveloppement entend « un développement des populations par elles-mêmes, utilisant
au mieux les ressources naturelles, s'adaptant à un environnement qu'elles transforment
sans le détruire (……) C'est le développement lui-même, tout entier, qui doit être imprégné,
motivé, soutenu par la recherche d'un équilibre dynamique entre la vie et les activités
(92)
collectives des groupes humains et le contexte spatio-temporel de leur implantation. »
C’est donc la recherche d’une durabilité écologique, économique et sociale, ainsi qu’une
autonomie dans la prise de décision, que propose ce modèle. Ce dernier suggère que les
populations doivent être autonomes pour définir leurs besoins, et doivent rechercher un
développement en adéquation avec leurs cultures, leurs milieux écologiques ainsi que leurs
contextes institutionnels. Il doit y avoir l’élaboration de stratégies à long terme qui
permettraient un aiguillage de l’offre et de la demande du marché des biens et services.

Cet écodéveloppement doit permettre l’équité dans la prise en charge des besoins matériels
et non matériels de tous, au moment présent et dans le futur. Il doit aussi assurer la
« prudence écologique »(93), c'est-à-dire qu’il doit être un développement en harmonie avec
la nature, et respectant le principe de précaution.

Cependant, pour que ce modèle arrive à atteindre ses objectifs, il faut la mise en place d’une
planification, qui prendra en compte la dimension de l’écologie et aussi celle de
l’anthropologie culturelle.(94)

Cette planification servira à générer l’équilibre entre l’Etat, le marché et la société civile,
aussi ce modèle n’est « pas un ensemble de prescriptions rigides…… » (95), il permet, bien au
contraire, une vision plus large englobant l’aspect naturel de l’écologie et ainsi que l’aspect
culturel de celle-ci.

L’écodéveloppement est dans la logique d’une rationalité procédurale, ainsi c’est la


technique qui permettra de regrouper les différentes visions économiques, écologiques et
sociales. Il ne peut pas exister sans leur coordination.

92- SACHS I., Stratégie de l'écodéveloppement, Paris, Les édition Ouvrières, 1980.
93- Idem. P,29.
94- Ibid. p,117.

82
Ce modèle implique le partage des responsabilités entre les pays, seulement c’est chose
difficile, puisque les pays du Nord, qui sont les premiers à soulever les problèmes
environnementaux, ne changent pas réellement leurs habitudes et poursuivent leur modèle
de vie. Tandis que les pays du Sud sont généralement dans une situation économique fragile,
et n’ont pas tous les moyens qu’il faut pour permettre la protection de leur environnement,
sans oublier qu’ils aspirent à un développement économique fort, en premier lieu, et basé
sur le modèle occidental adopté depuis longtemps.

L’écodéveloppement implique une redéfinition du système économique, du marché ainsi


que des pratiques au sein de la société.

- Le modèle de la gestion patrimoniale

Ce modèle est le fruit d’une recherche mettant en collaboration plusieurs universitaires et


spécialistes de l’environnement. Il est conçu pour pouvoir apporter en premier lieu un
ensemble d’outils et des méthodes pour la gestion des milieux naturels à long terme. Ces
moyens et procédures qu’il propose lui confère un fort potentiel pour être un précurseur
très intéressant pour un développement durable. Il se base sur une politique qui se veut
fédératrice des rationalités écologiques et celles économiques et qui prend en compte les
représentations sociales et culturelles.

La gestion patrimoniale est fondée par l’épistémologie systématique. Cette dernière est
définit par un ensemble de méthodes d’analyses des problèmes pour permettre
l’intervention. Aussi il existe deux visions de la systématique celle des « réalistes » et celles
des « relativistes », les premiers se basent sur les systèmes observés pour les considérer
comme la réalité, et les seconds pensent que l’information sur la réalité est produite par le
croisement d’un objet à un sujet de connaissance. Nous ne percevons donc pas la réalité,
mais une image bâtie par nos représentations. (96)

95- SACHS I., Stratégie de l'écodéveloppement, Paris, Les édition Ouvrières, 1980, p.62

96- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, l'Harmattan, Paris, 1994,
p, 128.

83
Ce modèle est caractérisé aussi, par le patrimoine et l’éco-socio-système. Le patrimoine est «
une construction sociale complexe qui n'est immédiatement apparente, y compris aux
titulaires eux-mêmes. Déterminer les trajectoires possibles d'un « développement
patrimonial » et les modalités éventuelles de sa mise en œuvre appelle donc un premier
travail de repérage et de construction du patrimoine». (97)

Le patrimoine représente la base de l’analyse patrimoniale, et il y est vu comme sujet ayant


une relation symbolique et identitaire avec les acteurs dont il est en relation. Le patrimoine
est considéré comme dépendant des systèmes de valeur et aussi définit comme une
construction sociale. Cette analyse tend aussi de comprendre les formes d’appropriations
sociales de l’espace.

Quant à l’éco-socio-système, il « est l'ensemble des relations existant à propos de la gestion


d'une ressource naturelle », Ces relations comprennent celles avec les facteurs écologiques
et sociaux, et comme l’économie est considérée là comme faisant partie du secteur social,
alors les relations entre la nature et les activités économiques sont aussi concernées.(98)

La gestion patrimoniale comprend aussi une approche système-acteur, qui concerne les
structures de l’activité des Hommes en proposant des méthodes pour l’analyse des champs
d’intervention de celles là.

Ce modèle en apportant des outils et des règles à faire respecter entre les différents acteurs,
fait en plus entrer la négociation patrimoniale. Celle-ci permettra la mise en place d’une
relation patrimoniale entre la société et son milieu. Donc chaque acteur veillera aux
comportements qui assureront la qualité du milieu ainsi que sa gestion.

97- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan,
1994, p.137

84
Nous avons vu à travers ce qui a précédé la multitude des concepts qui essayent de définir le
développement durable, ainsi que les différentes visions pour le mettre en application.
Cependant, nous constatons la difficulté d’imposer cette vision dans les régions fortement
industrialisées et qui sont toujours à la recherche d’accroitre leur croissance économique.

Le développement durable va à l’opposé de la croissance effrénée et du modèle économique


qui prône une consommation toujours plus forte, afin de le faire fonctionner. En effet le
modèle occidental est en train de s’exporter à travers le monde qui s’est inscrit dans une
globalisation rampante.

Le modèle occidental de consommation tend à devenir un modèle de référence pour les


pays sous développés, et les nouvelles générations de ces derniers, aspirent à vivre comme
ces sociétés développées, ce qui pose le problème des ressources qui s’amenuisent et de la
future incapacité de la planète à subvenir et à satisfaire la consommation de ses habitants, si
celle « made in occident » venait à être adoptée dans tous les pays du monde. Le
développement durable offre une solution à la pérennité des richesses naturelles et
culturelles de la planète à condition de revoir réellement le mode de consommation et de le
rendre plus raisonnable et favoriser la généralisation d’actions en faveur de la protection de
la nature et des peuples.

Un changement de comportement dans la façon de consommer est indispensable et la


promotion d’un développement durable doit favoriser l’évolution des mentalités et les
amener à réfléchir à l’avenir de leur environnement et celui de leurs enfants, en acceptant
d’abandonner un certain sur-confort qui s’apparente plutôt à du gaspillage. Le
développement des énergies renouvelables et la généralisation de leur utilisation ainsi que
le choix d’une protection accrue de l’environnement, donneront une chance aux générations
futures, et un renouvellement équilibré des ressources naturelles. Cela passe aussi par la
sortie de l’utilisation des énergies fossiles, ainsi que celle du nucléaire. Cette dernière qui a
une fois de plus prouvé sa dangerosité, dans le récent accident de la centrale de Fukushima
au Japon au début de l’année 2011, et qui a provoqué d’énormes dégâts.

98- CUVELIER P., TORRES E., GADREY J., Patrimoine modèle de tourisme et de développement local, Paris, l'Harmattan,
1994, p.129.
Le développement durable ne doit pas seulement servir comme argument de campagne
ou bien comme slogan publicitaire, il doit s’inscrire dans le comportement de tous, et il faut

85
l’émergence d’un courage politique pour l’instaurer convenablement dans les sociétés,
ce qui n’est pas évident, vu la course des pays vers toujours plus de profits, donc toujours
plus de consommation, qui finalement réduit le développement durable à des actions
limitées en nombre et fréquence, avec un impact minime et insuffisant.

II-3-Le tourisme durable

Comme nous l’avons constaté le développement durable occupe une place importante dans
tous les discours et cela dans tous les pays soucieux de leurs avenirs. A partir de ce point
précisément nous nous questionnant sur le rôle que peut tenir le tourisme au sein du
développement durable.

Etant donné que le développement alliant progrès économique et protection de


l’environnement devient, en quelque sorte une nécessité. Le tourisme peut être ce levier
tant désiré et attendu et ce secteur peut bénéficier d’une étiquette durable s’il fait en sorte
de préserver la nature et ses richesses.

II-3-1-Définitions et principes du tourisme durable

Les différents mouvements écologiques ont aboutit à une prise de conscience de


l’importance que revêt la protection des écosystèmes fragiles. Cependant, c’est à la
conférence de Rio que le tourisme à été introduit dans les politiques de développement
durable.

Le concept de tourisme durable a été le centre de réflexion de nombreux colloques afin de


lui déterminer une définition. D’ailleurs, les sciences humaines ont été les précurseurs et les
premiers à s’intéresser à la relation du tourisme à celle de la notion de durabilité. Ainsi des
sociologues anglo-saxons ont entreprit des recherches sur les incidences et les impacts du
tourisme sur les sociétés d’accueils. (99)

99-CACCOMO J.-L., SOLONANDRASANA B., L'innovation dans l'industrie touristique : enjeux et stratégies, Paris,
L'Harmattan, 2002.

86
Seulement le tourisme durable présente des contradictions lorsque celui là est confronté à la
pratique et aux réalités du terrain, d’où la fragilité du concept. La définition de ce dernier se
heurte aussi à des difficultés de compréhension, et présente une vision élargie, à savoir :
« un tourisme soucieux de respecter l'environnement, répondant aux besoins des loisirs
humains, tout en protégeant et en conservant les milieux d'accueil, sans négliger pour
autant les nécessités économiques et socioculturelles de tous les acteurs concernés par les
activités touristiques ».(100)

Nous observons un parallèle entre la définition du tourisme durable et celle du


développement durable qui permet la protection de l’environnement naturel et social et sa
sauvegarde pour les générations futures. Le tourisme durable tend à un développement
touristique tout en y intégrant la notion de sauvegarde des ressources naturelles, ainsi que
celle des sociétés et leurs cultures. Un développement touristique durable fait converger,
d’une part l’augmentation du niveau de vie par l’amélioration des conditions de celle-ci et
d’autre part, la possibilité de développement pour les générations à venir. Donc offrir un
développement économique et aussi garantir la pérennité des ressources naturelles et le
patrimoine culturel.

En effet dans la même perspective que celle du développement durable, le tourisme durable
tend à améliorer le quotidien de la société d’accueil et aussi à permettre une gestion
réfléchie des ressources, afin de les préserver et en faire bénéficier les générations futures.

Le secteur touristique, particulièrement au sein des pays en voie de développement,


bénéficiera des objectifs du développement durable, aussi la notion de tourisme durable
découle naturellement de celui-ci, puisque il doit autoriser la satisfaction des touristes ainsi
que des autochtones, et permettre en même temps d’assurer les chances pour un avenir
meilleur. Il est aussi nécessaire de souligner, qu’une mise en place d’un tourisme durable à
pour objectif d’éviter les erreurs qui peuvent remettre en cause le futur même du
développement, car une détérioration des écosystèmes et du patrimoine culturel ne peut
que déboucher sur une catastrophe, qui rendra stérile toute tentative ou aspiration au
développement.

100-LOZATO-GIOTART J.-P., BALFET M., Management du tourisme : les acteurs, les produits, les marchés et les stratégies,
Pearson Education, 2004, p. 343.

87
Le tourisme durable dépend de paramètres locaux et globaux qui font de lui un mode de
développement, un processus. Il prend en considération le temps qui est une variable et
avantage plutôt la durabilité que l’évolution, il fait en sorte que l’espace soit une ressources
à protéger en maintenant les écosystèmes existants et il met en avant la responsabilité
comme une des valeurs primordiale, tout en favorisant les échanges humains et culturels
ainsi que la solidarité. (101)

Le développement durable intègre les activités touristiques, et au vu des promesses de celui-


là, on ne peut qu’être d’accord avec les objectifs et les principes d’un tourisme durable,
cependant , mis à part les positions humanistes et éthiques, un tel tourisme se heurte aussi
aux réalités de la gestion économique, et de rentabilité voulue par les différents acteurs et
opérateurs du secteur touristique.

L’une des préoccupations fondamentales des dernières années, est le futur de la planète et
le développement durable. Le tourisme par son attrait et sa spécificité d’englober le
patrimoine naturel et humains, doit être considéré dans l’optique du développement
durable, afin d’assurer sa continuité dans le respect de la protection environnementale
et culturelle.

La mise en place de l’Agenda 21, au terme de la conférence de Rio, inscrit le principe


fondamental du développement durable, qui est fondé sur l’idée que la satisfaction des
besoins actuels ne doit pas mettre en danger la capacité des générations futures à satisfaire
les leurs. Le tourisme, aussi, ne pourra avoir un essor équilibré qu’en s’intégrant dans une
optique de développement durable. « (….) Il doit (le tourisme) donc, être conçu et géré
comme une activité globalement bénéfique pour les communautés d'accueil, dans le respect
de leurs coutumes et traditions. Aujourd’hui, la plupart des responsables et des acteurs
opérant dans le secteur du tourisme ressentent le besoin d’un véritable consensus sur le
concept de durabilité. Plus précisément, les principes fondamentaux interviennent à
l'interface des territoires et des hommes». (102)

101-PERRET J., « La diversité des processus de tourisme durable », in DESVIGNES C., « Tourisme durable », Cahiers Espaces,
n° 67, Novembre 2000, pp. 209-214.

102- LOZATO-GIOTART J.-P. et BALFET M., Management du tourisme : Mettre en adéquation les systèmes de production et
les territoires, Pearson Education, 2007, p. 345.

88
Nous pouvons constater que les principes fondamentaux du tourisme durable s’inscrivent
autour de trois catégories :

- Principes environnementaux ;
- Principes socioculturels ;
- Principes économiques.

Les principes environnementaux se déclinent par : la protection de la faune et la flore, la


gestion réfléchie de l’eau, le traitement des déchets et la gestion de la pollution.
Les principes socioculturels se résument quant à eux à la protection des cultures des locaux
ainsi qu’a l’intégration de ces derniers, la gestion égalitaire et équilibrée du territoire et la
maitrise de l’emploi.

Les principes économiques sont dans la maitrise des investissements, la planification des
budgets, l’analyse des impacts et la mise en place de systèmes de contrôles périodiques.

Tous ces principes doivent avoir un mode et un champ d’application établi au préalable par
les autorités publiques en impliquant le secteur privé. Cependant, pour les professionnels du
tourisme, leur prise en considérations n’est pas évidente et souvent omise, car se retrouve
en confrontation directe avec les choix opérationnels et stratégiques.

Les réalités du terrain sont présentes et il est plus qu’évident que pour la mise en tourisme
d’un espace d’accueil, il faudrait une demande qui soit en adéquation avec l’offre pour
permettre l’élaboration d’une stratégie touristique.

Aussi le point de l’accessibilité est incontournable pour n’importe quelle destination. Les
infrastructures d’hébergements ainsi que sanitaires doivent répondre aux attentes des
touristes et satisfaire leurs attentes en termes de soins, de restauration et de capacité
d’accueil, sans oublier la qualité des prestations, ainsi que tout l’aspect commercial (prix des
séjours, rapport qualité prix…etc.). Ceux-là font partie des paramètres à tenir en compte
pour la création d’une destination touristique, et composent ce qui est appelé : les réalités
du terrain, car le tourisme fait appel à une intégration verticale et horizontale et touche un
ensemble de métier aussi variés que complémentaires.

89
Le tourisme peut avoir des rapports opposés avec l’environnement, il peut être la cause
première de sa dégradation, comme il peut endosser le rôle de celui qui le protège et le
préserve. D’ailleurs le fait de découvrir un espace attrayant par son originalité et sa beauté,
peut encourager à mettre l’accent sur sa fragilité et l’immense besoin de le protéger,
cependant cette même découverte va susciter chez une autre catégorie de personne une
opportunité pour un investissement qui attirera les touristes et engendrera des profits, au
détriment même de cet espace nouveau. Donc il faut arriver à trouver le moyen qui
permettrait d’allier à la fois la satisfaction des besoins sociaux et économiques des locaux et
la préservation du milieu naturel, considéré comme rare et fragile.

La séparation des espaces à protéger de ceux à exploiter, donc une différenciation dés le
départ pour les milieux, ce qui est appelé le zonage de l’espace. Une solution pour permettre
la protection d’une confrontation tourisme / environnement, c’est de cette idée même que
découle la création de parcs et réserves naturelles. (103)

Aussi l’espace visité peut être soumis à une politique de quotas, ce qui permettra de mieux
gérer la fréquentation touristique et donc d’en limiter les problèmes occasionnés. En effet,
en mettant en place des mesures qui peuvent réguler les flux, nous arrivons à une solution
intermédiaire de celle à interdire toute fréquentation et celle qui ne la limite pas du tout.
Ainsi dans cette méthode, un seuil quantitatif est établit, et qui ne doit pas être dépassé, au
risque de mettre en danger la ressource, tout ceci dans un espace relativement clos avec un
nombre réduit d’accès afin d’en contrôler la fréquentation. (104)

C’est entre la solution du zonage et des quotas, que le tourisme durable tente de s’inscrire
comme une troisième solution afin de concilier protection et développement. Cependant
c’est une solution qui est assez complexe et très politique. Le tourisme dit durable fait partie
de la panoplie des discours inhérents au secteur du tourisme, que ce soit de la part des
professionnels du tourisme, des politiques ou bien des scientifiques de l’écologie. C’est une
politique qui tend à regrouper plusieurs objectifs dans le domaine social, économique et
celui de l’environnement.

103-Stock M., Le tourisme : Acteurs, lieux et enjeux, Paris, Belin, 2003, p.p 230-237.

104-Idem.

90
Le tourisme durable ne peut, en effet, se cantonner exclusivement en une politique
environnementale, mais doit conjuguer les notions de pérennité des richesses naturelles et
des systèmes sociaux. Il est inscrit dans une ligne qui défend l’amélioration du niveau de vie
par un développement, tout en maintenant les capacités de celui-ci pour les générations du
futur. Le tourisme durable est dans la perspective du développement durable, et son enjeu
est apparu primordial suite à l’existence de fortes disparités et inégalités au sein d’un
développement touristique mondial et globalisé.

Avec la progression du tourisme international, les méfaits et nuisances causés au détriment


de l’environnement naturel et social sont particulièrement important. C’est là où le tourisme
durable peut avoir un réel sens de protection et peut limiter les détériorations émanant de
ce secteur, qui ne touche plus seulement les régions touristiques traditionnelles, mais aussi
des régions, jusqu'à la épargnées par l’afflux et l’accroissement des courants touristiques.
Finalement, un développement durable appliqué au tourisme, afin d’arriver à un réel
équilibre entre le facteur social, économique et l’exploitation des ressources.

Sur le plan économique, le tourisme durable introduit une augmentation de la qualité des
prestations donc une augmentation de la compétitivité des différents acteurs professionnels
du tourisme : hôtels, restaurants, agences de voyage et de transport, ainsi que tous les
acteurs économique touchés par l’activité touristique : commerces, services à la
personne…etc., qui auront un rôle et un impact dont les touristes bénéficieront
invariablement.

Le tourisme durable a aussi des enjeux au niveau social, puisque il doit répondre aux
besoins, non seulement des touristes mais aussi à ceux de la population locale. Il est une
alternative aux types de tourisme nuisible à la structure même de la société d’accueil, en y
apportant une amélioration du niveau de vie par une offre d’emplois digne et respectable et
une compatibilité des activités humaines à celle de la culture des locaux en encourageant sa
promotion, et en l’inscrivant dans un projet de développement.

Il est aussi évident, que sur le plan environnemental, le tourisme durable aspire à mettre en
valeur les richesses naturelles, sans l’utilisation abusive de l’espace et des ressources en eau.
Une gestion rationnelle de cette dernière, ainsi que celle des eaux usées en les traitant de la

91
manière la plus écologique avant leur rejet dans le milieu naturel. Ce qui signifie l’abolition
des traitements chimiques, qui sont reconnus pour leur grande nocivité pour la faune et la
flore. Aussi se dresse la question de l’utilisation des énergies renouvelables, qui offrent une
réelle chance pour l’environnement de se régénérer, car le tourisme durable ne peut se
permettre de continuer dans le sillage de l’utilisation des énergies fossiles.

L’énergie solaire, éolienne pour ne citer que ces deux là, ont prouvé leur efficacité, pour le
maintien de la qualité et le confort de vie, ainsi que leur impact positifs sur le milieu naturel.

Les constructions d’édifices et maisons passifs, car utilisant, entre autres les énergies
renouvelables tout en émettant le moins de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, sont à
prendre en considération et à encourager dans le tourisme durable.

Ce dernier implique aussi la bonne gestion des déchets produits par les touristes
principalement, et ceci en mettant en place, par les collectivités locales, des centrales de
recyclage, ainsi que l’utilisation majoritaire des matériaux biodégradables.

Le transport, aussi, est l’un des enjeux du tourisme durable, puisque celui là prévoit le
transport « vert » qui n’émet pas de particules nuisibles, et qui utilise l’énergie électrique
par exemple, ainsi que le développement prioritaire de moyens de transport en commun
utilisant principalement ce genre d’énergie. Ces transports ont aussi l’objectif de
décongestionner le trafic routier, donc de limiter la pollution et les émissions de CO2.

Le tourisme peut être un moyen efficace de développement durable, en conciliant les


attentes économiques, humaines et environnementales, étant donné qu’il peut contribuer à
l’amélioration de la situation financière des entreprises et acteurs économiques tout en
apportant une meilleure qualité de vie aux populations. Aussi en favorisant un
comportement responsable des touristes, ainsi que celui des autochtones vis a vis de la
nature et du patrimoine culturel et historique.

Le tourisme durable promet énormément de choses et séduit par ce qu’il inscrit dans son
projet global, du moins sur le papier…., il implique forcément une nouvelle gouvernance,
une manière différente d’entrevoir les investissements et les priorités, afin de préserver

92
l’équilibre et créer une harmonie entre « les détenteurs de trois valeurs : le progrès
économique, la préservation des ressources et la vie des populations locales ». (105)

Seulement, est-ce réalisable, peut-on réellement mettre en place ce genre de tourisme ?


C’est une question qui nous amène à une autre : quelles sont les limites de ce tourisme ?

L’industrialisation du tourisme a montré les graves conséquences qu’elle pouvait engendrer,


sur l’environnement et sur le climat socio-économique des régions visitées, c’est pour cela
que le choix de vacances plus soucieuses de la protection des équilibres, se démocratise
d’avantage. Cependant l’interrogation se dessine autour de ce tourisme, en effet est –il
réellement durable, ou encore est ce vraiment faisable ? Ou bien c’est seulement un produit
« tendance » inclus dans une politique purement commerciale afin de toucher d’avantage de
clients ?

Nous pouvons aussi nous questionner sur l’attachement des touristes aux valeurs de la
protection de l’environnement, et si cela ne va pas s’estamper avec le temps. D’ailleurs l’un
des principaux obstacles de la mise en œuvre d’un tourisme durable est la non prise en
compte de la vision à long terme.

Les décideurs sont plutôt sur une vision à court terme qui n’excède rarement les 5 ans, et
ceci à cause du souci accordé à la rentabilité et la recherche d’un rapide retour sur
investissement. Généralement ces même décideurs sont des élus, et leur mandat est limité
dans le temps, ce qu’il les pousse chercher des résultats rapides et profitables pour la
collectivité en forme de retombés économiques qui pèseront lourd lors des élections à venir.

C’est toute la difficulté que rencontre l’instauration du tourisme durable, car les acteurs du
secteur, qu’ils soient du public ou bien du privé, adoptent une attitude passive en ce qui
concerne un réel changement, et préfèrent l’éviter, afin de ne pas contrarier d’autres projets
ou bien pour ne pas abandonner un tourisme qui rapporte beaucoup d’argent, dans l’état
actuel des choses. (106)

105- MIOSSET P., Le tourisme durable, un concept opérationnel , Cahiers Espaces, n° 67, novembre 2000, p. 200.

106- BERGERY L., Qualité globale et tourisme, Paris, Economica, 2002, p.p.130 ,131.

93
Jusqu'à présent, le tourisme durable dépend principalement du domaine politique pour une
réelle application et une planification touristique, dans le cadre du développement régional.
Toutefois, une application dans le cadre des entreprises du secteur privées, est rarement
entreprise et cela est dû au manque d’outils permettant une mise en œuvre du concept de
développement durable aux projets micro-économiques.

Le développement du concept de tourisme durable se heurte, aussi, aux problèmes de


financement. Les modalités pour une application concrète entrainent une augmentation des
capitaux alloués aux projets, ainsi que l’augmentation des charges et l’apparition de
nouvelles, ce qui aura une incidence sur le prix de revient des prestations et des produits
touristiques.

Vu la concurrence qui règne dans le monde du tourisme, et l’abaissement de la valeur


marchande des produits touristiques, le tourisme durable peut en être victime, en étant
réservé à quelques consommateurs, et à des espaces restreints (réserve, parc naturel…),
ainsi, ce genre de tourisme sera proposé par des professionnels qui voudront orienter leur
stratégie dans une ligne de différenciation.

Les projets touristiques qui ont la possibilité de s’inscrire dans le cadre d’un développement
durable, restent limités en nombre, et cela pour les raisons qui ont trait aux lourdeurs
sociopolitique, et la gestion conventionnelle des projets dans le secteur touristique.

Le développement de projet touristique répondant à l’exigence de la durabilité, doit émaner


d’un courage politique pour entreprendre des actions s’inscrivant en une vision à long
terme, donc basées sur une stratégie tournée vers le futur, et une adaptation pour en finir
avec les demi-solutions pour la protection des écosystèmes et l’environnement social.

Un tourisme durable implique forcément une autre manière de concevoir l’avenir, ainsi
qu’une autre manière de prise de décision : un nouveau mode de gouvernance. Ce dernier,
qui pourra permettre la préservation des ressources de la nature et la vie des populations
locales tout en amenant un développement économique. Redéfinir le tourisme comme
activité valorisante, et le sortir de l’industrialisation bornée et sans limites.

94
Pour y parvenir, il faut mettre en place les outils qui facilitent la concertation des différentes
parties pour parvenir à la meilleure solution en termes d’investissement durable et de choix
du produit touristique à commercialiser. Des outils de contrôle et d’observation pour
orienter et ne pas retomber dans les pièges du tourisme irréfléchi.

Donc mettre en place un système pouvant relever et transmettre les indicateurs, pour une
gestion optimale, et qui peut permettre d’évaluer les financements publics ainsi que les
actions pertinentes et correctives. Tous les outils qui garantissent un développement
durable à travers le tourisme.

Un tourisme responsable qui soit garant de répondre aux attentes d’une clientèle,
forcément sensibilisée au développement durable, en amont et en aval durant son séjour.
Sans négliger l’amélioration de la qualité de vie des populations locales ainsi que le maintien
des capacités de développement pour les générations futures. (107)

L’introduction d’un concept de tourisme durable, doit forcément dépasser la planification


traditionnelle qui ne répond pas aux objectifs de développement, dit durable. Les différents
domaines d’interventions doivent être considérés pour mener les actions adéquates, et la
prise de décision.

Ne pas renouer avec les anciennes méthodes qui consistent principalement à la


détermination d’une zone d’aménagement touristique, et la développer de manière à avoir
une fréquentation maximale, donc une forte concentration de touristes dans un espace
déterminé, ce qui va à l’encontre de l’objectif du développement durable appliqué au
tourisme.

La gestion d’un tourisme durable doit faire en sorte à éviter la concentration des flux
touristiques, afin d’échapper aux méfaits que cela entraine et l’aboutissement du rejet de la
population locale vis-à-vis de cette fréquentation effrénée, donc une dénégation du
tourisme. Une planification doit être entreprise par les pouvoirs publics en y associant les
différentes parties à savoir la société civile et les acteurs du secteur privé.

107- BERGERY L., Qualité globale et tourisme, Paris, Economica, 2002, p.131.

95
Une planification touristique basée sur le partenariat, afin de prendre en considération tous
les aspects du secteur, donc les investissements ainsi que la création d’emplois, sans mettre
en concurrence la population locale et les touristes pour l’accès aux ressources naturelles
ainsi qu’au infrastructures, espaces et équipements publics.

II-3-2- Indicateurs du tourisme durable

L’opérationnalité du concept de tourisme durable passe par l’utilisation d’outils, parmi


lesquels certains indicateurs. Ces derniers touchent différents champs : l’aménagement de
l’espace, l’écologie, la culture, l’éducation, le transport et celui de l’économie.

Un indicateur est un outil qui se présente en une variable qui traduit des valeurs ou des états
selon des paramètres spatiaux ou temporaux. Ces états ou valeurs, qui représentent des
indicateurs, peuvent êtres observés ou bien mesurés, et cela après une analyse de données.
L’indicateur se distingue de la donnée de base, car non seulement il apporte une valeur
quantitative, mais il permet de résumer une information et la rendre plus lisible en la
simplifiant, et donc de mettre l’accent sur certains phénomènes et l’isolation du problème.

Un indicateur est « ….une donnée quantitative qui permet de caractériser une situation
évolutive, une action ou les conséquences d'une action, pour les évaluer ou les comparer à
leur état à d'autres dates, passées ou projetées, ou aux états à la même date d'autres
projets similaires ».(108)

Les collectivités publiques utilisent fréquemment les indicateurs pour prendre une décision,
car ils décrivent des éléments et aident à produire un jugement de valeur. Ce dernier doit
donc reposer sur une base scientifique et des données fiables.

Dans le cas de la construction d’indicateurs d’environnements, qui peuvent être considérés


comme les indicateurs de base à l’origine de la démarche du développement durable (109), on
établira une approche des problèmes en commençant, par exemple par la description des
pressions exercées sur l’environnement ou bien sur la société, par l’activité humaine.

108- CERON J.-P.,DUBOIS G., Cahiers Espaces, n°67, novembre 2000, p. 33.
109- www.Acting-for-life.org, Grille de lecture des projets touristique à partir des indicateurs du tourisme durable.

96
Un diagnostic des milieux naturels et de la société est établit par la suite, afin de déterminer
les problèmes et de les définir clairement, puis on apporte les solutions adaptées.
Cependant cette manière de faire reste limitée car elle ne met pas en évidence toute la
complexité des liens causes/effets.

Un projet de construction d’indicateur doit comprendre (110) :

1- Une définition des objectifs visés : évaluation, communication, aide à la prise de


décision ;
2- Une description du public destinataire des indicateurs : décideurs, experts,
administrations,
3- Le type de produit souhaité : rapport d’évaluation, tableaux de bord,

Nous pouvons donner l’exemple des indicateurs clés d’environnement utilisés par l’OCDE
(111)
(voir aussi annexe 1)

Cette liste n’est pas exhaustive et elle évoluera avec le temps à mesure que les
connaissances s’amélioreront, ainsi que la disponibilité de nouvelles données.

110- BERGERY L., Qualité globale et tourisme, Paris, Economica, 2002, p.145.
111- ORGANISATION DE COOPÉRATION ET DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUES, rapport sur les indicateurs clés de
l’environnement, 2008, Paris, p.8.

97
Le développement durable a amené un éventail de questions nouvelles, qui poussent le
renouvellement des méthodes d’évaluations en utilisant notamment des indicateurs.
Ces derniers donnent au développement durable un format concret, et lui évitent de se
vider de son contenu par des débats uniquement idéologiques et théoriques. Ce sont des
outils qui permettent le dialogue et la communication entre les différents acteurs.

Pour obtenir une croissance qui s’intègre dans le développement durable, il est important
que les investissements et les activités s’inscrivent elles aussi dans la durabilité et aient ce
caractère. Il est nécessaire, que pour chaque région, une planification des projets
touristiques soit réalisée sous forme d’une grille de lecture de ces projets, en se basant sur
les indicateurs de développement durable spécifique à cet espace.

D’ailleurs dans l’Agenda 21(Chapitre 40), il est clairement dit qu’il faut « élaborer des indicateurs
de développement durable afin qu'ils constituent une base utile pour la prise de décisions à tous les
niveaux ».

Pour se faire, il faudrait tout d’abord, la réalisation d’une analyse portant sur des indicateurs
de développement durable dans les différents types d’entreprises touristiques, puis les
comparer, le tout dans une zone touristique test.

Cette enquête permettra de sélectionner les indicateurs les plus significatifs et surtout ceux
qui seront applicables. Cependant, le nombre de ces derniers doit être limité, pour proposer
à la fin, une grille de lecture du tourisme durable qui soit claire est accessible.

Une évaluation qui prendra en compte l’approche économique, sociale et environnementale


sera appliquée sur les indicateurs pris en considération, afin de procéder à la détermination
des ratios de références correspondant aux différents sites géographiques, ainsi qu’aux
différents types de stations.

La grille de lecture consiste à comparer les ratios de chaque projet touristique aux ratios de
référence. Prenant l’exemple d’un indicateur environnemental : indicateur d’utilisation de
l’eau, le ratio retenu peut être celui de la consommation d’eau (en litres) par chambre.

98
Cela concerne la compatibilité des besoins des touristes et des locaux, et servira dans le cas
où cette ressource peut engendrer une utilisation abusive au détriment de la population
locale.

En ce qui concerne les indicateurs sociaux, nous pouvons prendre comme exemple :
l’indicateur d’emploi et de formation, et le ratio qui peut être retenu est : la création
d’emplois par chambre.

Ceci peut renseigner sur l’amélioration des conditions de vie de la population locale, dans un
pays où le taux de chômage est très élevé. Une fois tous les indicateurs sélectionnés, et leurs
ratios calculés, la comparaison se fera entre ces derniers et les ratios de références
préétablis par les autorités publiques en concertation avec le secteur privé et les
professionnels.

Cette comparaison permettra le classement des projets touristiques dans les trois catégories
A, B, C. (112)

- La catégorie A correspond aux projets touristiques compatibles avec les objectifs du


développement durable. L’évaluation des ratios de ces projets permets la satisfaction
des deux tiers au plus des évaluations de références.
- La catégorie B regroupera les projets touristiques dont l’évaluation des ratios autorise
une satisfaction située entre le tiers et les deux tiers des évaluations de références. Ce
sont des projets touristiques dotés d’une compatibilité moyenne avec les objectifs de
développement durable et doivent donc être renforcés.
- La catégorie C, concerne les projets touristiques qui ne permettent pas la satisfaction
de plus du tiers des évaluations de références, donc ce sont des projets qui offrent une
grande insuffisance par rapport aux objectifs du développement durable.

112-ACTING FOR LIFE, Grille de lecture des projets touristiques à partir du développement durable, Rapport de recherche,
Décembre 2000, p, 33. (www.groupedeveloppement.com/pdf/grille_de_lecture_des_projets_touristiques.pdf)

99
Tableau 3 : Grille de lecture de projets touristiques (113)

RATIOS DE TOURISME DURABLE EVALUATION DES EVALUATION DE RESULTAT


PROJETS REFERENCE
Superficie à usage
touristique/superficie totale %
déchets liquides traités%
déchets solides traités%
Consommation d'eau/ chambre
Hauteur maximale des constructions

Création d'emplois/ chambre


personnel suivant une formation
continue%

fréquentation locale %
Taux de délits par touristes
médecin le plus proche (distance)
Dépenses dans le domaine culturel
Informations (protection des enfants)
convention de travail
d’achats locaux/achats totaux
(%)
Participation à des actions concertées
de protection du milieu
accès aux nouvelles technologies

113- Idem. p.34.

Dans la colonne résultat, on portera la note 1 si ça correspond à la catégorie A ou B, et la


note 0 si ça correspond à la catégorie C. Ainsi les autorités chargées du développement
touristique, peuvent utiliser les évaluations de référence du tourisme durable de manière
concrète de sorte à encourager les projets qui sont en accord avec le développement
durable ou au contraire à les arrêter s’ils s’éloignent des objectifs de celui-ci. (114)

Il faut signaler que les ratios choisis pour l’évaluation des indicateurs doivent être ajustés
selon l’importance voulue pour chacun d’entre eux dans chaque région touristique.

113-ACTING FOR LIFE, Grille de lecture des projets touristiques à partir du développement durable, Rapport de recherche,
Décembre 2000, p, 34. (www.groupedeveloppement.com/pdf/grille_de_lecture_des_projets_touristiques.pdf).

114- Idem. p, 35.

100
Le choix des indicateurs tiendra compte des particularités de chaque environnement dans
les zones considérées, afin de pouvoir porter un jugement sur la correspondance ou non du
projet par rapports aux objectifs du de développement durable. Aussi une pondération des
indicateurs peut être effectuée, afin de ne pas stopper le développement des régions
considérées tout en apportant une certaine adaptation sur le point qualitatif que celui
quantitatif.

Il vrai que les indicateurs environnementaux ainsi que ceux économiques et sociaux sont à
privilégier. L’organisation mondiale du tourisme propose des types essentiels d’indicateurs
qui concernent l’environnement :

- indicateurs de fragilité des écosystèmes,


- indicateurs de traitement des déchets,
- indicateurs d’utilisation des sols,
- indicateurs d’utilisation de l’eau
- indicateurs de protection de l’atmosphère.

Pour les indicateurs sociaux, nous avons :

- indicateurs de pression économique,


- indicateurs d’impact social,
- indicateurs de sécurité et de santé publique,
- indicateurs de satisfaction des populations locales.

Tous les indicateurs qui seront sélectionnés permettront l’établissement de la grille de


lecture, ainsi elle sera un des outils qui permettra d’aiguiller les décideurs, afin d’orienter les
projets touristiques vers les objectifs de développement durable.

Une méthodologie doit être choisie pour sélectionner les indicateurs les plus pertinents afin
qu’ils puissent traduire l’objectif à atteindre pour la réalisation de projets durables. Le degré
de réalisation de ces derniers est établit, en fonction des critères de durabilités qu’ils
proposent d’atteindre.

101
Cependant, le choix reste celui des décideurs à orienter ou non leur tourisme vers le
développement durable, donc celui là reste étroitement lié à leur réelle volonté. Cette
dépendance peut donc influencer les techniques d’évaluation, ainsi elle peut changer de
façon importante la sélection des indicateurs. Les priorités varient d’une région à une autre,
et l’aspect subjectif entre en jeu pour la sélection des indicateurs par les initiateurs d’une
démarche de développement durable. Aussi il peut y avoir confusion, du fait qu’il n’y a pas
de différenciation entre un développement durable externe et celui interne.

Pour le tourisme, il faut évaluer le projet par rapport à ses propres objectifs ainsi que vis-à-
vis d’objectifs de développement qu’ils lui sont externes, à savoir ceux en relation avec une
gestion planétaire. Car s’occuper seulement des préoccupations internationales, c’est se
risquer à négliger les acteurs locaux et provoquer un éloignement de ces derniers.
Un déséquilibre plus que probable si l’une des approches est préférée à l’autre. La difficulté
réside dans la prise en compte, en même temps, des enjeux communs du développement
durable et des attentes de ceux à qui les indicateurs sont destinés.

Des contraintes externes et internes qui apparaissent en cherchant à mettre en œuvre une
approche à la fois globale et locale. Des préoccupations d’ordre planétaires à faire intégrer
dans ceux des locaux, sans remettre en cause leur indépendance en termes de décisions.

Il y va de la volonté de la gouvernance en collaboration des responsables publics et privés


afin d’aboutir à un consensus pour que le secteur touristique obtienne une croissance au
diapason avec le développement durable. Une passerelle constante entre les politiques et la
planification d’un développement touristique durable, amorcé par tous les opérateurs.

L’aboutissement à un référent commun n’est pas facile, d’autant plus que le développement
durable concerne toutes les parties, et que ces dernières doivent avoir les mêmes objectifs
et les outils qui permettent de les atteindre. Cependant c’est une grande diversité des
approches et un manque de coordination des actions et d’initiatives qui semblent préfigurer.

102
Cela est la conséquence des différentes visions de développement durable que peut y avoir
au moment du choix des indicateurs par les responsables de cette tache. Aussi ce choix
n’est pas le même et différent selon la zone spatiale qui est visée, qu’elle soit locale,
régionale, nationale ou internationale. Le choix n’est pas similaire, car les priorités et les
problèmes ne le sont pas d’avantage. L’élaboration d’indicateurs de développement durable
se corse et devient délicate du moment où il est important d’établir un référent commun
tout en gardant l’objectif de la durabilité ainsi que l’équilibre de l’approche ascendante et
descendante.

Il existe différentes listes d’indicateurs, conçues pour diriger la planification selon les
exigences du développement durable. Ainsi l’organisation Mondiale du tourisme à fait une
proposition d’indicateurs qui englobent la dimension environnementale, sociale,
économique et éthique. (115)

Il existe aussi d’autres tables d’indicateurs pour le tourisme, comme par exemple ceux de
l’Agence Française de l’Ingénierie touristique, ou ceux de l’institut Français de
l’environnement, sans oublier ceux de l’ONU pour le développement humain. Elles
présentent tous des points communs les unes aux autres, et tendent à un développement
dans la logique de la durabilité. L’établissement d’indicateurs permettra au secteur
touristique d’être lié à la préservation des équilibres dans une région déterminée et évoluera
avec une perspective de durabilité. (116)

L’OMT, a établit un model pour la construction d’indicateurs de tourisme durable, qui est
basé sur des étapes et se résume en premier lieu par la délimitation du territoire, puis
l’identification des attraits touristiques, ensuite il faudrait arriver à l’identification des
questionnements clés, donc à isoler les barrières qui entravent le développement durable

115-O.M.T., Guide à l'intention des autorités locales : développement durable du tourisme, 1999, p.22.

116-AFIT, Guide de savoir faire : piloter le tourisme durable, 2001, p.16, 17.

103
Vient l’étape de sélection des indicateurs et celle qui consiste à trouver les données afin de
pouvoir calculer les ratios correspondant, ainsi que la détermination de leur provenance.

En fin, vient l’étape qui consiste en la collecte des données et leurs analyses. En plus de ces
critères, il est important que les indicateurs reflètent de façon cohérente les situations
complexes et puissent les rendre lisibles par les décideurs de manière à les guider et non pas
le contraire. (117)

L’OMT, propose des critères d’évaluation qui permettent l’établissement et la construction


de ces indicateurs :

- la disponibilité des données de départ,


- compréhension et crédibilité de l’indicateur,
- l’indicateur doit pouvoir assurer les comparaisons et cela dans l’espace et dans le
temps,
- la possibilité de la mesure des tendances à long terme,
- l’indicateur doit être viable et avoir une attractivité politique.

Cependant les indicateurs ne peuvent pas avoir une capacité illimitée de réponse, ces des
instruments qui aident à la prise de décision, et il faut faire attention quant à leur adaptation
selon le contexte local.

Il est impératif que les données servant à leur construction soient fiables et d’actualité, pour
ne pas induire en erreur la planification, aussi il faut prendre en compte les réalités
existantes pour avoir des indicateurs compatibles à la région, et ne pas tomber dans la
facilité de la standardisation, qui fausse toute la démarche.

117-CAZES G.,LANQUART R., L’aménagement touristique et le développement durable, Paris, PUF, 2000,p.15.

104
III-3-3- L’écotourisme

Ces dernières années le tourisme tendant vers la nature a de plus en plus de succès, il existe
une forte augmentation des adeptes qui se reconnaissent et qui sont attirés par ce modèle.
Cependant, même si cette tendance fait beaucoup de bien, en termes économique, aux
régions visitées, il est à signaler que la pression sur les écosystèmes grandie, et que ces
derniers se trouvent fragilisés.

La recherche d’endroit relativement isolés, se distinguant par la rareté de leurs


environnements ou leurs cultures, intéressent de plus en plus de touristes, et fragilisent par
conséquent les équilibres de ces zones.

L’écotourisme peut se présenter comme une solution à d’éventuelles dégradations causées


par un développement touristique traditionnel, et peut être l’alternative qui permettra la
protection de la biodiversité tout en accordant un intérêt au développement raisonné des
infrastructures, adapté à l’écologie locale d’une part et à la culture présente dans les espaces
visités d’une autre part.

Cependant, même un écotourisme aussi respectueux soit-il, ne doit pas être pratiqué dans
des régions qui présentent des écosystèmes trop fragiles, ainsi que celle ayant une grande
vulnérabilité culturelle.

Par ailleurs, l’écotourisme mérite notre attention, du fait qu’il est de plus en plus demandé
dans le marché touristique, et cela se traduit par une augmentation de l’offre proposée par
les agences et tours opérateurs. Aussi ce type de tourisme prône des valeurs comme la
protection de l’environnement et les cultures des communautés locales, tout en suggérant à
ces dernières une participation active à leur propre développement.

C’est cet aspect de collaboration entre les visiteurs et les visités pour la protection des
ressources qui apporte une autre façon de pratiquer le tourisme, et contribue à un
développement loin de celui anarchique et destructeur pratiqué durant des années.

Les prémices de l’écotourisme commencent à la suite du mouvement environnemental des


années 1970. Le rejet croissant du tourisme de masse conjugué à la recherche du public de

105
voyages portés sur l’environnement et le plain air, ainsi que le développement des idées de
respect envers la nature et l’intégration des principes de durabilités et de conservation par
de plus en plus de personnes, ont contribué à l’apparition du terme d’écotourisme.

Pour certains, l’idée est que, ce terme est apparu pour la première fois, dans un article de
HERTZER (118) en 1965, afin d’expliquer la complexité du lien qui existe entre l’environnement
et les touristes, ainsi que l’impact réciproque de ces derniers avec les cultures de l’espace
visité. En 1985, ROMERIL à utilisé ce terme en anglais dans un article (119), aussi au Canada la
promotion d’un écotours était faite dés l’année 1973. Il n’existe pas de date précise choisie
par les auteurs pour définir l’exacte apparition de ce terme.

Par ailleurs le concept de l’écotourisme est attribué à BUDOWSKI (120), qui expliquait, dans un
article de 1976 (Tourism and Environmental Conservation : Conflit, Coexistence or
Symbiosis ?),que la relation conflictuelle entre l’environnement naturel et le tourisme
existait bien. Sans utiliser le terme écotourisme, mais il décrivait aussi, qu’une autre relation
pouvait être bénéfique pour les deux parties, et servir donc les causes de ces dernières.
Toutefois c’est à Elizabeth Boo que La démocratisation contemporaine du terme et du
concept est attribuée, et cela à partir de la publication de son livre intitulé : Ecotourism : The
Potentials and Pitfalls en 1990. (121)

Plusieurs études ont démontré la nuisance du tourisme et ses méfaits, l’écotourisme, quant
à lui donne une image différente que peut endosser le tourisme s’il venait à contribuer à la
protection de l’environnement et des écosystèmes. Un rôle aussi pour éduquer toutes les
parties aux valeurs essentielles de préservation de la nature.

118- HERTZER N.D., « Environment, Tourism, Culture », LINKS, 07-1965, reparu dans Ecosphere, 1970, vol. 1, n°2, pp. 1-3.
119- BLAMEY R.K., Principales of Ecotourism, The Encyclopedia of Ecotourism, Oxon, UK, New York, CABI Pub, 2001, pp. 5-
22.
120- BUDOWSKI G., « Tourism and Environmental Conservation : Conflict, Coexistence or Symbiosis ? », Environmental
Conservation, vol.31, n°1, 1976, pp. 27-31.
121- BOO E., Ecotourism: the Potentials and Pitfalls, Washington, D.C: World Wild life Fund, 1990.

106
Un éveil de conscience qui permet de considérer que le bienêtre de l’homme ne se fait pas
sans celui de la nature, et un développement touristique se doit d’être en accord avec ce
principe. Une prise de conscience aussi de la part des populations locales, sur l’importance
que revêt leur environnement naturel.

L’écotourisme implique une relation étroite entre le tourisme, développement et la


préservation de la nature. Il peut se définir comme une activité, un art de vie ou bien une
stratégie de développement, d’où le flou qui caractérise ce concept, et la multiplication des
définitions.

Toutefois, l’écotourisme n’a pas de définition unique et universelle, il est très souvent
associé à un type de tourisme qui promeut l’environnement, qu’il lui est favorable, ce qui
est la porte ouverte aux interprétations, selon le point de vu et la région où l’on se trouve. Il
est sans doute évident que l’écotourisme emprunte les préceptes du tourisme durable et
intègre les principes de ce dernier.

Il évoque aussi une autre manière de voyager et un développement touristique vu sous


d’autres angles, tout en soulignant l’accent sur la protection et le respect de la nature et des
cultures en mettant toutes les parties actrices du tourisme devant leurs responsabilités. Ceci
dit, l’écotourisme peut avoir plusieurs significations, car il met en action l’individu face à son
environnement, donc, à la manière dont ce dernier le conçoit, et selon le temps et l’endroit
où il se situe.

La spécificité de l’écotourisme réside dans une gouvernance intégrée des ressources


humaines et naturelles qui prend en compte les intérêts des différents acteurs tout en
impliquant l’expérience recherchée par les visiteurs. Il associe au développement régional
les dimensions durables et une démocratie participative.(122)

122- LEQUIN M., Ecotourisme et gouvernance participative, Canada, PUQ, 2001.

107
CEBALLOS-LASCURAIN(123) définit l’écotourisme comme « une forme de tourisme qui consiste
à visiter des zones naturelles relativement intactes ou peu perturbées, dans le but précis
d’étudier et d’admirer le paysage, et les plantes et animaux sauvages qu’il abrite, de même
que toute manifestation culturelle (passée et présente) observable dans ces zones. Dans
cette perspective, le tourisme axé sur la nature signifie une méthode d’approche
scientifique, esthétique ou philosophique du voyage, quoiqu’il ne soit pas nécessaire que
l’écotouriste soit un scientifique, un artiste ou un philosophe de profession. Ce qui compte
par-dessus tout, c’est que la personne qui s’adonne à l’écotourisme ait l’occasion de se
tremper dans un environnement naturel auquel elle n’a généralement pas accès en milieu
urbain. ». (124)

Cette définition de l’écotourisme à une orientation axée sur la demande touristique, car il y
est clairement signifié, la recherche de la satisfaction d’un besoin de découverte et le
ressourcement du visiteur loin de son quotidien stressant. (125)

Lors du séminaire international sur la gouvernance du tourisme dans les Amériques, qui s’est
déroulé au Mexique (Villahermosa) en 2008, Francesco FRANGIALLI, Secrétaire général de
l’OMT a déclaré que L’écotourisme « se voulait une réponse « durable » à l’inquiétante
progression d’un tourisme de masse qui n’est pas insuffisamment conscient des risques et
menaces qu’il fait peser sur l’environnement. » Il existe ainsi des définitions axés sur la
ressource, comme celle de K. KREHER du German National Tourist Office qui définit
l’écotourisme comme toute forme de voyage qui réduit au minimum le stress exercé sur
l'environnement et minimise la consommation des ressources naturelles, et il précise que le
tourisme de masse ainsi que les séjours saisonniers sont incompatibles avec ce dernier
principe. (126)

123- CEBALLOS-LASCURAIN H., Estudio de Perfectabilidad Socioeconomica del Turismo Ecologico y Anteproyecto
Arquitectonico y Urbanistico del Centro del Turismo Ecologico de Sian Ka'an, Quintana Roo, Etude réalisé pour SEDUE,
Mexico, 1987.
124- Cité dans SCANE RC., GREFONE E. et USHER R., Ecotourism in Canada, Canadian Environmental Advisory Council,
Minister of Supply and Services Canada, 1992, p.13.
125- Idem. 126.
126- cite dans JENNER P. et SMITH C., The Tourism Industry and the Environment, London (United Kingdom) : The
Economist Unit, Special Report n°2453, 1992, p. 3.

108
Quant à la California Lesgislature, elle qualifie l’écotourisme comme une forme de voyage
dont l'objectif principal pour les voyageurs, est d’admirer les paysages naturels et les
manifestations culturelles d'une région bien déterminée, tout en réduisant à un niveau
minime les impacts négatifs que pourrait provoquer une telle visite. Plus largement,
l'écotourisme peut être une approche qui suppose que les touristes peuvent contribuer
idéalement à être une force pour la préservation de la nature. (127)

Ce sont deux définitions clairement axées sur la ressource, puisque le respect de cette
dernière est préconisé de façon claire, et la préservation de l’environnement y est
importante. Aussi, l'Ecotourisme Society le définit comme « une forme de voyage
responsable qui s’emploi à conserver l’environnement naturel tout autant que le bien-être
des communautés locales » (128). Dans cette définition, en plus de la notion de conservation,
il est porté une attention particulière pour les locaux. Aussi, pour les définitions de
l’écotourisme axées sur la ressource, cette dernière est soulignée par le fait de l’importance
de sa préservation, et orienter l’activité pour sa protection et sa promotion. Les pratiquants
de l’écotourisme sont généralement décrits comme des gens instruits, possédant un fort
pouvoir d’achat, et recherchant des voyages qui sortent des circuits traditionnels que
côtoient les autres touristes. Ils recherchent généralement des destinations lointaines, et
consacre beaucoup plus de temps à leurs séjours, afin de découvrir la nature dont ils se
sentent responsable, et essayent d’approfondir leurs connaissances pour mieux contribuer à
la préservation de ses espaces fragiles. (129)

BUTLER, quant à lui, donne une définition de l’écotourisme qui est plutôt axée sur la
communauté hôte, puisque il considère l’écotourisme comme une forme de tourisme qui se
maintien et se développe au sein d’un environnement ou une communauté de manière à
demeurer viable au-delà d’une période définie et qui ni ne dégrade ni n’altère
l’environnement humain et physique, tout en contribuant au bien-être et l’amélioration des
conditions de la population ainsi que le développement d’autres activités. (130)

127- JENNER P. et SMITH C., The Tourism Industry and the Environment, London (United Kingdom) : The Economist Unit,
Special Report n°2453, 1992, p. 3 (traduction sur le site :echoway)
128- cité dans l’International Ressources Group, 1992, p. 5, cité par LEQUIN M., Ecotourisme et gouvernance participative,
Canada, PUQ, 2001.P.13.
129- Idem.
130- NELSON et al., Tourism and Sustainable Development: Monitoring, Planning, Managing, University of Waterloo,
Department of Geography Publication, 1993, Series Number 37, pp. 26-45.

109
Aussi ZIFFER, donne à l’écotourisme une définition qui, en plus de prendre en considération
la demande touristique et la ressource, il introduit également les populations d’accueil, car il
considère que l'écotourisme est une forme de tourisme qui s'inspire principalement de
l'histoire naturelle d'une région, incluant ses cultures indigènes. Donc un model impliquant
l’approche de gouvernance par la région hôte, qui s’engage à l’établissement de sites et les
maintenir en faisant participer la population locale en les mettant en valeur, dans le respect
de la réglementation. Aussi, l’utilisation des retombées financières pour l’aménagement du
territoire et le développement de la population. (131)

IL est dit, de manière spécifique, que l’écotourisme doit avoir comme objectifs d’apporter
des réponses aux besoins des touristes, ainsi qu’à ceux des locaux. Cela passera par une
gestion de développement écotouristique qui serait en mesure d’accroitre et améliorer les
conditions sociales de la population d’accueil, protéger l’écologie de la région et offrir aux
touristes un séjours qui répond à leurs attentes en y apportant de la qualité.

L’écotourisme amène des principes qui vont dans la logique du développement durable, car
il tend à la protection de la nature et du patrimoine culturel, il est aussi favorable à inclure la
population locale dans sa planification et développement, afin de contribuer à satisfaire
leurs besoins. Il a aussi une dimension éducative, qui introduit la notion de responsabilité
vis-à-vis de la nature, aussi bien chez les touristes que chez les communautés locales.

L’écotourisme a le potentiel de favoriser les relations entre les visiteurs et visités, apporte un
échange basé sur le respect et une réciprocité de la reconnaissance ainsi que la découverte
et la connaissance. L’écotourisme s’éloigne d’un tourisme associé aux méfaits, et se
positionne comme son adversaire et le premier de ses opposants.

Il se veut comme une expérience enrichissante pour ses écotouristes et il propose une
démarche et une découverte tout en leur donnant un rôle dans la protection du patrimoine
et la participation au bien-être de la population locale.

131- ZEFFER K.A., Ecotourism : The Uneasy Alliance, Conseravtion International, Ernst &Young, 1989.

110
Les types de tourisme sont variés et nombreux, l’écotourisme est une forme spécifique et se
distingue par ses particularités, même s’il est fréquemment assimilé et confondu avec le
tourisme d’aventure ou celui dit culturel.

Il est vrai que la dimension de conservation des écosystèmes et des communautés locales,
fait partie intégrante de l’écotourisme et le définie d’avantage, ce qui le diffère du tourisme
d’aventure ou celui axé sur la nature qui sont définis sur la base des loisirs et activités qu’ils
proposent aux touristes.

La frontière n’est pas toujours établie entre le concept multidimensionnel de l’écotourisme


et celui du tourisme axé sur la nature. Ce dernier ne partage pas les mêmes principes et
généralement offre plutôt des loisirs utilisant la nature comme trame de fond et surtout
comme outils pour la réalisation de diverses activités, comme la pêche et la chasse. (132)

Un tourisme d’aventure, pour qu’il puisse être considéré comme tel, doit souvent comporter
un élément de risque associé à un effort physique, que seuls des touristes entrainés ou bien
habiletés pourront s’y adonner. (133)

Deux type de tourisme bien différent, car l’intention de leurs adhérents, n’est pas la même.
En somme, ces deux formes tendent à rechercher un environnement de qualité mais pour
des objectifs différents : l'une vise le motif de l'observation du milieu et l’autre aspire à le
conquérir. Des objectifs aussi divergents que les touristes qui pratiquent l’une ou l’autre
forme. (134)

Une différence d’attitude profonde entre le fait d’observer la nature dans son état, comme il
se doit dans le cas de l’écotourisme, et le fait de se l’approprier dans certains cas du
tourisme d’aventure. Par ailleurs, la plus grande distinction entre les deux est bien
évidement le caractère de durabilité qui est toujours présent chez l’un, et rarement chez le
deuxième. (135)

132- HONEY M.-S., Ecotourism and Sustainable Development : Who Owns Paradise ?, Washington, D.C: Island Press, 1999,
p. 64.
133- WEAVER D.-B., The Encyclopedia of Ecotourism, Oxon, New York, NY : CABI Pub, 2001.
134- LEQUIN M., Ecotourisme et gouvernance participative, Canada, PUQ, 2001.p.13
135- Idem.

111
Certaines formes d’écotourisme peuvent être considérées comme tourisme d’aventure tout
en gardant leur principe de durabilité, toute fois l’inverse n’est généralement pas possible.

Pour les écotouristes, l’important aussi est dans la recherche d’une expérience éducative au
sein de la nature, cependant cette dernière est seulement utilisée pour faciliter la récréation
et le loisir dans le cas du tourisme d’aventure.

L’observation de différences se fait aussi dans le cas d’une comparaison avec le tourisme
culturel. En effet, même si la composante culturelle est présente dans l’écotourisme, elle
n’est pas aussi centrale que ce type précis. D’un autre coté, le tourisme culturel ne se
pratique pas infailliblement en milieu naturel (visite de musé, maison d’artiste…etc).

L’essor de cette forme de tourisme dite respectueuse de l’environnement et durable,


a besoin malgré tout d’une organisation et d’infrastructures pour pourvoir aux besoins des
écotouristes. Cependant une activité aussi bénéfique au départ peut devenir problématique
pour la société d’accueil, et des effets négatifs peuvent apparaitre et désorganiser un
équilibre existant au départ. Particulièrement s’il n’est pas prévu d’actions ou procédures
pour palier à ces méfaits et corriger les failles. Ce qui se répercutera sur l’environnement
naturel et social de façon dramatique. Nous allons donc parcourir les impacts qui peuvent
avoir lieu sur : la nature, la population et l’économie locale.

les incidences sur la nature

Il est fréquemment cité que la présence de touristes dans des régions naturelles peut
entrainer certains impacts sur ces dernières, et causer notamment des dégradations
notables. Cela dit certains spécialistes se sont interrogés sur les réelles responsabilités du
tourisme dans ce sens, et au terme d’enquêtes faites dans plusieurs parcs naturels, ils ont
déterminé que l’activité touristique n’était pas responsable de tout ce dont on l’accusait.

Ces enquêtes affirment que les impacts majeurs sur l’environnement proviennent non pas
de la fréquentation touristique, mais aux menaces externes comme la pollution chimique qui
touche les parcs.

112
Des impacts peu visibles mais qui sont la base même de la détérioration de la faune et de la
flore, comme l’érosion des sols, ou bien la pollution de l’eau. Le changement de
comportement d’animaux vivants dans ces parcs à été observé, lui aussi ne peu être attribué
qu’à la présence de visiteurs et trouve son origine ailleurs comme le braconnage, ou la
présence de pollution sonore à proximité ou même l’existence de lignes de courant à haute
tension. (136)

Le problème réside aussi dans l’absence de méthodologie réellement scientifique qui


prouverait que les incidences, dés fois très subtiles, sont le résultat de la présence des
touristes dans ces espaces précis.

Selon d’autres auteurs comme HVENEGAARD, il existe plusieurs impacts négatifs causés à
l’environnement par un tourisme dans des zones protégées (137) :

- développement effréné de la fréquentation,


- activités récréatives non contrôlées,
- pollution par les ordures ménagères, notamment le plastique,
- érosion des sentiers,
- perturbation de la faune.

Cependant, l’écotourisme est le premier touché par ces problèmes, vu sa dépendance à


l’environnement. Il est concerné par la qualité de ce dernier qui lui est associée, car c’est le
premier critère d’attirance des écotouristes.

D’autres auteurs comme BOO, face à ces menaces sur l’environnement, met en avant
l’argument de préservation et d’éducation. En effet, en attirant les touristes vers ces
espaces, on contribue à les sensibiliser d’avantage à l’environnement et cela suscitera chez
eux l’intérêt recherché de la préservation.

136- JENNER P. et SMITH C., The Tourism Industry and the Environment, London (United Kingdom) : The Economist Unit,
Special Report n°2453, 1992, p. 4.
137- HVENEGAARD G., « Ecotourism : A Status Report and Conceptual Framework », Journal of Tourism Studies, vol. 5, n°2,
1994, pp. 23-34.

113
La mise en contact de ces touristes avec ce qu’offre la nature, tout en les informant et en
leur procurant l’aspect éducatif adéquat, ferra naître chez eux la nécessité d’œuvrer pour la
protection et ils deviendront ainsi des représentants de la cause environnementale, et
transmettront par la suite ses principes autour d’eux. Une volonté de partager une
expérience enrichissante et dotée d’un volet éducatif.

En répondant à certaines conditions indispensables, l’écotourisme peut être présenté


comme l’une des rares formes de tourisme qui favoriserait la préservation d’espaces et
zones naturelles et cela grâce aux actions de conservation qu’il encourage et qu’il peut
financer. (138)

L’Organisation Mondiale du Tourisme a clairement défini les indicateurs qui permettent de


quantifier les avantages et les incidences sur les écosystèmes. Ces indicateurs pourront
assurer la surveillance écologique des activités découlant du tourisme, et aussi l’obtention
d’une vision claire qui intègre tous les produits de ce secteur existants sur la même zone
géographique.

Ces indicateurs sont (139) :

- indicateur de capacité de charge : il permet la détermination du nombre maximum de


touristes par site, en prenant en compte l'intensité d'utilisation en période de pointe et de
grandes affluences. Cet outil peut être calculé à partir des indices de protection des
sites naturels, et ainsi fixer les seuils de fréquentations écotouristiques et de signaler
leur dépassement.
- Indicateur de perturbation de site : permet de mesurer les niveaux d’impacts sur le site
en prenant en compte les spécificités écologiques. Cela permettra d’apporter les
actions correctives aux effets négatifs engendrés par l’écotourisme.
- Indicateur d’intérêt écologique : permet de mesurer les particularités écologiques du site
qui le rendent attrayant pour l'écotourisme et qui peuvent être altérées avec la fréquentation
touristique dans un laps de temps déterminé.

138- Organisation mondiale de tourisme (OMT) et Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE), « Sommet
Mondial de l'Ecotourisme : rapport final », Madrid, Spain : World Tourism Organization, 2002.

139- Idem. p.113.

114
L’écotourisme peut apporter la solution à la protection écologique des sites, sous la
condition que le projet soit planifié et géré de façon à conserver le milieu et à permettre une
utilisation durable. Par ailleurs, l’instauration de systèmes de contrôle doit être effective afin
de pouvoir réguler le projet entrant dans le concept de l’écotourisme et permettre sa
viabilité tout autant que celle du milieu.

les incidences sur l’économie

L’écotourisme est une forme de tourisme moins lucrative que celle pratiquée par la masse,
néanmoins ce type de tourisme peut jouer un rôle déterminant dans l’économie locale. Il est
possible de créer des emplois en relation directe et indirecte avec l’activité éco touristique,
et qui pourront être occupés par des personnes résidantes à proximité du site ou du parc, et
ainsi, ils contribueront au développement local.

Ce type de tourisme peut diversifier l’activité économique dans une région, sans renier ses
principes de conservation de la ressource naturelle. Par exemple, le parc Tanzanien du
Serengeti où l’écotourisme y est développé, on peut observer la participation de la
population locale dans cette activité, et son implication dans sa gestion.

Les retombées économiques ont des impacts très positifs au sein des régions isolées qui
présentent une richesse du point de vu naturel. Cependant il faut du temps pour que cela ait
une rentabilité suffisante. En effet, à court terme les recettes sont modestes, et il faut
persévérer pour pouvoir financer, par exemple, des programmes de protection voulus dans
le cadre d’un développement écotouristique.

Aussi, si cette activité est développée dans des zones défavorisées du point de vu
économique, ça peut engendrer par la suite un phénomène de dépendance et une instabilité
reliée à la demande touristique. Si cette dernière venait à baisser, cela se répercutera de
façon négative et directe sur la population qui a abandonné ses activités traditionnelles
(comme l’agriculture) pour se consacrer exclusivement aux emplois offerts par
l’écotourisme. Ce qui remet en question la durabilité de l’activité et fait apparaitre le coté
précaire que peut avoir l’embellie économique lors d’une forte affluence touristique.

115
L’arrivée de touristes dans de petites localités, peut se traduire par une inflation causée par
une demande forte des produits locaux. Il est aussi possible que la saisonnalité de certaines
activités ne permet pas assez de revenus pour la population locale, et peu les pousser à
pratiquer des activités préjudiciables pour l’environnement, par exemple le braconnage. Ceci
à cause du manque de diversité économique, c’est pour cela que l’écotourisme doit
consolider les métiers traditionnels locaux, pour que ce concept soit viable et qu’il puisse
offrir une véritable alternative au tourisme de masse. L’écotourisme doit prévoir pour son
développement d’autres activités économiques annexes qui assureront l’équilibre dont les
régions ont besoin. Toutefois ces activités doivent elles aussi être intégrées dans une
perspective de développement durable.

Les incidences sur la population

La rencontre entre personnes de cultures différentes, peut influencer les habitudes locales
et provoquer des changements, qui dans certains cas pourraient être importants. Les
autochtones sont généralement les premiers exposés à la venue de touristes et la tendance,
d’observer une modification notable de leur culture avec le temps, est grande.
Les locaux des régions isolées ont un mode de vie qu’il leur est propre, et qui existe depuis
une longue période. Le fait de se retrouver au contact de touristes, peut les influencer
négativement et mettre en péril leur structure sociale. Cela se traduit par l’adoption de
nouvelles habitudes et une mutation des comportements, qui effacera progressivement les
anciennes pratiques traditionnelles.

Les effets de déculturation sont induits par le tourisme de masse et touchent la population
locale. Cette forme de tourisme englobe les autochtones sans les préparer et sans leur
accorder de l’importance en matière d’emplois et de retombées économiques réelles en les
écartant des bénéfices de l’activité. Aussi un bouleversement peut survenir au sein de la
population locale quand celle-ci se voit interdire la pratique de certaines de ses activités qui
sont généralement importantes pour la communauté et revêtent un caractère de
transmission culturelle, comme des rituelles chasse par exemple, qui deviennent proscrites
dans les zones protégées jouxtant la leur. (140)

140- NELSON et al., Tourism and Sustainable Development: Monitoring, Planning, Managing, University of Waterloo,
Departent of Geography Publication, Series Number 37, 1993, pp. 179-201.

116
L’isolation de la population locale au profit du tourisme, en cédant des terrains à des
opérateurs étrangers pour l’exploitation des sites et la facilitation de l’accès pour les
touristes étrangers, a toujours été source de conflits. (141)

La folklorisassions des rites et traditions de la population pour agrémenter des circuits


touristiques, engendre les effets négatifs sur la société d’accueil, par l’absence de contact
réel avec celle-ci et son confinement au rôle simpliste de figurante pour divertir le touriste.

La mesure des impacts socio-culturels de manière quantitative est difficile, et le besoin de


temps pour les observer est indispensable. Cependant le tourisme peut être un instrument
de revalorisation de certaines pratiques ou coutumes oubliées, en encouragent leur
renaissance et leur poursuite par les générations futures, en les inscrivant dans le patrimoine
local, ceux la deviennent une composante de l’identité de la population d’accueil et fera sa
fierté.

L’écotourisme a pour mission d’améliorer la qualité de vie de la communauté d’accueil,


de lui fournir information et formation sur son milieu afin qu’elle devienne la première à le
protéger et faciliter les actions déterminantes pour y arriver. Dans cette perspective, la
population locale doit être consultée pour l’instauration d’un projet touristique et doit avoir
son mot à dire sur sa faisabilité, un droit de choisir et de décider de ce qui est préférable
pour elle et son milieu.

La participation active des communautés locales, dans le projet écotouristique dès le départ,
à partir de sa conception jusqu’à sa réalisation, tout en occupant des rôles clés pour
permettre son essor et ainsi participer à son propre développement et contrôler son destin.
Les intérêts de la population locale sont primordiaux dans l’écotourisme et sont au centre de
ses objectifs et doivent être considérés de manière à écarter tous méfaits sur la culture et
favoriser son épanouissement dans les meilleures conditions.

L’écotourisme porte l’espoir de bien des régions afin d’aboutir à un développement durable
au sein de zones isolées et à proximité d’un milieu naturel sensible.

141-WALKOWITSH M., Tourisme et milieux, CTHS, 1997, pp.84-89.

117
Il présente dans sa conception un réel potentiel qu’il faut aussi encourager, afin d’atteindre
des objectifs concrets, cependant l’écotourisme reste difficile à organiser et à cerner tous les
facteurs qui rentrent en jeux pour une instauration au sein d’une une région donnée.

Il est devenu, ces dernières années comme un argument marketing fort, et souvent les
activités et produits qui sont proposés sous l’étiquette écotouristique, n’ont pas, ou très
faiblement la valeur écologique ou sociale prétendue, et font perdre à l’écotourisme ce rôle
de développement alternatif qu’il peut réellement avoir.

Il faut encore des efforts de la part des acteurs du tourisme et des autorités pour parvenir
à mettre en place un écotourisme performant et répondant de la façon la plus efficace aux
attentes des communautés locales en matière de préservation de leurs traditions et milieux
naturels et sociaux, ainsi qu’à ceux des visiteurs qui voudront faire partie d’une démarche
qui va au delà d’un simple séjour et s’inscrit dans un but plus profond, qui est le maintien de
la diversité des richesses de la planète.

Il faudra aussi des efforts de la part de la communauté scientifique pour éclaircir le domaine
de recherche qui a trait à l’écotourisme, pour le sortir du flou dont il baigne aujourd’hui, car
les remises en questions de ce model et de sa réelle durabilité reste d’actualité. Cependant il
reste parmi les solutions qui peuvent amenées développement socioéconomique
et préservation de la ressource naturelle.

III-3-4-Le tourisme solidaire

Dans la continuité du tourisme durable il y a eu l’émergence d’un tourisme, dit solidaire et


responsable qui propose une manière alternative de pratiquer le tourisme qui est
évidemment éloignée d’un mode de consommation massifié.

Cette forme de tourisme se caractérise par des objectifs de mise en valeur du patrimoine et
de la culture locale et propose des pratiques qui permettent à la population de la région
visitée de bénéficier directement des contributions des touristes, et repose sur une logique
de redistribution des retombées financières. C’est d’ailleurs les mêmes objectifs affichés par
l’écotourisme et le tourisme durable, cependant la différence réside dans la stratégie
adoptée, le mode opératoire ainsi que les efforts humains et financiers alloués.

118
Ce tourisme implique la notion de solidarité qui peut naitre entre le touriste et la population
locale, celle-ci peut alors prendre plusieurs formes pour soutenir un projet de
développement (exemple de la participation à un fond d’entraide). Cependant afin de
préserver les actions de solidarité, ce tourisme doit s’inscrire dans la durée. (142)

Le tourisme utilisé comme moyen de développement local, tout en renvoyant l’idée de


responsabilité que doit avoir le professionnel du tourisme vis-à-vis de l’élaboration des
séjours et la prise en compte de leurs effets sur la région et la population visitée.

Aussi ce type de tourisme est destiné à une clientèle soucieuse de sa responsabilité et


désireuse de contribuer par solidarité au développement d’une région et de sa population,
tout en profitant de cette expérience durant leurs vacances. Ce type de tourisme est une
niche prometteuse pour les professionnels du tourisme et les voyagistes, qui peuvent le
proposer, en visant cette catégorie de touristes consciencieux.

Ce tourisme peut offrir donc aux promoteurs une rentabilité qui n’est pas négligeable,
surtout après l’éveil et le changement de mentalité envers l’utilité de la préservation de la
planète qui se développe ces derniers temps, et touchant de plus en plus de personnes, qui
désir consommer d’une manière différente et de la façon la moins nuisible possible.
Le tourisme solidaire s’inscrit dans le sillage des autres formes de tourisme alternatif, qui
repositionnent les priorités, à savoir la rencontre et le partage entre les Hommes, l’échange
culturel dans le respect mutuel, l’implication des locaux dans le développement de leur
territoire et sa préservation. Aussi le souci commun d’une redistribution plus équitable des
ressources apportées par le tourisme.

Le concept de ce tourisme apporte à la communauté locale une aide pour son organisation
et la promotion de sa culture en lui fournissant les moyens financiers et humains nécessaires
et faciliter les échanges entre les différents acteurs locaux en incitant ces derniers à mettre
leurs compétences respectives en commun pour aboutir à un développement locale en
minimisant l’impact écologique et culturel sur la société. Par son rôle sur l’éducation et
l’enseignement de l’importance de la ressource et de sa pérennité, il s’inscrit dans une
démarche de développement durable.

142- « D'autres voyages : du tourisme à l'échange », Brochure diffusée par l'UNAT, 2002, p.p. 47.48.

119
Le tourisme solidaire peut être qualifié de tourisme responsable car il a une démarche
sociale qui tend à valoriser l’activité touristique au profit de la population d’accueil, et cela
dans le cadre d’un développement territorial. Il met à contribution tous les acteurs du
tourisme locaux et engage leur responsabilité de manière à garantir le respect de la culture
locale ainsi que les us et coutumes et les valeurs des habitants, ainsi que le maintient de
l’équilibre de l’environnement naturel. Son engagement se fait aussi sur le plan économique,
puisque une redistribution équitable des revenus de l’activité est recherchée.

Des moyens humains ainsi que des outils doivent être instaurés pour permettre la mise en
place de tout un arsenal pour la formation, le suivi et l’accompagnement technique, les
mises en relation entre les différents acteurs ainsi que toute la promotion, sans oublier les
moyens financiers suffisants pour une efficacité optimum.

Ce tourisme peut avoir des retombées positives, touchant le domaine économique


et socioculturel. Nous pouvons prendre l’exemple phare qui est le financement de projet de
développement. Ce sont généralement des microprojets à caractère social, visant la
réalisation d’équipements comme des écoles, centre de soin, ou bien des puits dans des
régions qui y’en ont fortement besoin. Des aides financières peuvent aussi être attribuées
à des associations locales pour promouvoir ou développer des activités culturelles ou autres,
destinées à la population locale.

La création d’emplois locaux directs ou indirects, qui favoriseront le maintien de la


population dans la région et donner des perspectives d’avenir pour les plus jeunes. Même
avec le caractère saisonnier que peut avoir ces emplois dans la plupart du temps, néanmoins
ils contribuent à la réduction de l’exode économique et à faire vivre la région, aussi cela
encouragera le retour des migrations au profit de cette dernière.

Plus l’activité sera développée, plus il y aura des retombées fiscales (les cotisations des
opérateurs économiques, ou bien des taxes sur les séjours….), celles-ci permettront à la
collectivité de se développer et d’avoir une certaine autonomie dans l’utilisation de son
budget.

Par ailleurs, il faudrait impliquer d’avantage les locaux et les informer de l’organisation et
des recettes générées par l’activité touristique, et comment vont elles être utilisées pour la
120
communauté et sa région en toute transparence, car si cela ne se fait pas dans ces
conditions, cette même activité serait rejetée par les locaux, ou bien monopolisée par
certains qui exerceront de manière isolée sans associer réellement les habitants, voire les
écarter carrément.

Proposer un autre mode pour la pratique du tourisme peut avoir des contraintes dans
l’organisation, et peut être mis à mal par certaines contradictions. En effet les régions
proposant ce type de tourisme sont généralement très éloignées des pays émetteurs, ce qui
pose le problème du transport qui va augmenter l’impact négatif sur l’environnement (rejet
de CO2), vu que c’est l’avion qui sera utilisé pour la majorité du temps, afin de facilité
l’accès. Il y aussi le risque de la saturation des sites ou des communautés visitées, par
l’augmentation de la fréquentation.

Le contrôle réel et efficace du respect des chartes instaurées, par exemple, pose lui aussi un
problème qui rejoint celui de l’évaluation exacte des effets de l’activité sur toutes les parties,
ainsi que le jugement sur la qualité des prestations. Aussi pour déterminer si ce n’est pas
seulement des annonces marketing pour attirer les touristes.

Le manque de transparence dans le recrutement au sein de la population locale qui peut


favoriser certaine communautés à d’autres, peut aussi être nuisible à la qualité finale du
tourisme proposé.

Il peut survenir un manque de coopération du secteur privé et des collectivités locales pour
la mise en place d’un développement durable commun. Aussi l’absence d’une planification
intégrée, et le contentement d’une seule activité touristique, peuvent favoriser le risque
d’appauvrissement de l’offre dans la région. Sans oublier que ce tourisme dépend d’une
demande aléatoire qui ne permet pas son expansion et sa survie même, en fragilisant ses
marges, et en l’empêchant de se développer.

Ces problèmes qui viennent d’être cités, ressemblent à ceux que peut rencontrer les autres
formes de tourisme qui proposent une autre approche que celle du tourisme de masse.

121
Parmi ces formes alternatives, nous pouvons citer par exemple le tourisme équitable :

Qui est lié au commerce équitable, qui encourage l’établissement d’une relation entre le
producteur et le consommateur. Ce type de tourisme incite à une meilleure rémunération
du pays d’accueil, plus particulièrement de la population qui intervient dans cette filière.

C’est pour parer à la domination des tours opérateurs, qui établissent leur stratégie
commerciale au détriment de la région d’accueil et de sa population, que le tourisme
équitable se développe. D’ailleurs c’est aussi pour donner la chance aux prestataires de
services locaux de se débarrasser des contraintes de prix, des règles et standards imposés
par les puissants opérateurs occidentaux.

Le tourisme équitable vise à travailler avec la population locale, en respectant ses valeurs, et
en œuvrant le plus possible pour promouvoir les critères de développement durable. En
parallèle consacrer un temps pour le travail de sensibilisation et d’information afin d’avoir
un comportement responsable de la part des voyageurs.

Donc, il regroupe des activités et des services touristiques, proposés par des professionnels
responsables à des voyageurs qu’ils le sont tout autant, et cela en parfaite collaboration avec
la communauté d’accueil qui est actrice et intervenante à tout moment pour l’évolution,
ainsi que pour la définition de ces activités. (Les réorienter, les stopper…etc.). Elle joue un
rôle significatif dans la gestion continue de ces dernières, tout en limitant les intermédiaires,
surtout ceux ne correspondant pas aux attentes et principes de ce tourisme.

Par ailleurs, Les retombées financières des activités touristiques doivent être perçues en
partie, non négligeable, localement de manière équitable entre les membres de la
communauté d’accueil. Aussi le tourisme équitable « (…) fait référence de façon précise au
commerce équitable. Il s’agit à la fois d’instaurer un autre mode de voyage et de faire
pression par des sensibilisations auprès d’un vaste public (touristes, professionnels,
décideurs politiques et économiques) pour changer globalement les pratiques actuelles du
tourisme Nord-Sud et combattre les impacts négatifs qu’il engendre ». (143)

143- « tourismes participatif, équitable, durable... Du nouveau sous le soleil », Territoires, n° 449, juin 2004, pp. 35-38.

122
Donc le touriste accepte de payer une prestation touristique plus chère et en retour elle sera
de meilleurs qualité, plus authentique. Le touriste, finalement se positionnera comme un
maillon de la chaine qui permettra une rémunération plus valorisante du travail des
prestataires de base, tout en garantissant à ces derniers les meilleures conditions lors de
l’exercice de leur travail.

Conclusion du chapitre

Toutes ces formes de tourisme qui se définissent comme œuvrant pour le bien de
l’environnement et de la population locale, sont-ils réellement accessible à tous ? Ou bien
seulement destinées à une élite qui veut avoir bonne conscience vis-à-vis des agissements
néfastes des touristes occidentaux ? ces interrogations peuvent demeurer, mais les faits
existent en ce qui concerne la dangerosité du mode de consommation touristique
traditionnels sur les pays d’accueil, donc un changement de comportement est urgent et
cela à plus large échelle, ce qui implique d’avantage les touristes dans le choix de leurs
prestations, ainsi que leurs responsabilités dans les activités auxquelles ils prennent part.

L’éveil de conscience doit se généraliser tout autant que les pratiques touristiques durables,
un travail de fond doit se faire pour, non seulement, éduquer les gens à changer leurs
habitudes néfastes en matière de consommation, mais aussi promouvoir les cultures des
pays d’accueil et les pousser à en prendre soin tout autant que leur environnement, ainsi
permettre la transmission du patrimoine et sa pérennité.

La notion de tourisme responsable insiste sur la rencontre, celle qui s’établit entre le touriste
et la population qu’il visite. Cette rencontre qui pousse au partage des cultures, souvent
différentes, sur la base du respect. C’est une forme d’apprentissage par la rencontre et
l’échange avec l’autre qui constituent le socle du tourisme responsable.

Cependant cette rencontre ne doit pas être superficielle, ou bien nourrie uniquement
d’intention de profit, mais essentiellement une acceptation mutuelle entre le visiteur et le
visité. Une prise en compte de la diversité culturelle, et l’introduction de la notion de
l’éthique dans le voyage. Il faut du temps, cela est évident, pour que le tourisme responsable
détrône celui pratiqué par la majorité des voyageurs, et des voyagistes, néanmoins il prend

123
de plus en plus d’ampleur et aujourd’hui il propose une réelle alternative et s’offre au choix
du touriste. Aussi avec le développement des mouvements écologiques, qui touchent de
plus en plus de pays occidentaux, et qui remettent en question le model de consommation
aberrant et destructeur pour la planète, et inclinent les consciences à s’éveiller ainsi que les
positions politiques à évoluer.

Le secteur touristique, comme tout secteur économique, est concerné par l’urgence d’un
changement des ses pratiques néfastes, car il peut être d’une manière le vecteur du mode
de consommation occidentale décrié, et ainsi le transposer au sein de régions plus ou moins
épargnées et fragiles.

Toutefois un tourisme de « type durable » peut être, quant à lui, l’outil d’une promotion
efficace des cultures isolées doté d’environnements exceptionnels et peut participer à leur
durabilité dans le temps. Le développement d’un tourisme respectueux de l’environnement
et des sociétés avec lesquelles il entre en relation, peut être l’outil idéal pour un
développement durable de la région en question, et de lui éviter ainsi de tomber dans des
activités autodestructrices, qui n’assureront pas l’avenir et le bien être des générations
futures.

124
Partie II : Le tourisme en Algérie et la région de Tamanrasset

Introduction

Ces dernières années l’Algérie affiche une intention particulière au développement de son
tourisme et à la manière dont il faudrait élaborer une stratégie qui pourrait aboutir au
renforcement du secteur touristique et à son développement.
En effet, par la synergie qu’il peut entrainer avec de multiples domaines, le tourisme reste
une source potentiellement importante pour l’économie du pays, et peut aussi participer à
la diversification des activités et sortir de la dépendance chronique au secteur des
hydrocarbures.
Le gisement naturel est important et il offre une grande diversité pour la pratique de
diverses formes de tourisme, aussi la situation géographique de l’Algérie là place à proximité
de pays traditionnellement émetteurs de touristes, et ayant aussi une activité très
développée dans ce domaine.

D’ailleurs par rapport à ses voisins directs du bassin méditerranéen, à savoir la Tunisie et le
Maroc, elle enregistre un décalage considérable en matière de réception de touristes
étrangers ainsi que sur l’infrastructure adéquate pour leur accueil, sans oublier l’effort de
communication qui est bien trop timide par rapport à ces deux pays qui mettent en œuvre
des campagnes promotionnelles très efficaces et apporte d’une manière régulière, pour ne
pas dire constante des nouveautés dans l’élaboration de leur stratégie touristique.

Depuis son indépendance, l’Algérie n’a pas accordé au secteur touristique un rôle
conséquent dans ses différentes politiques de développement, ce qui a donné une place
négligeable à celui là dans la structure économique, malgré les textes réglementaires qu’ils
lui attribuent des missions en matière de création d’emploi et de satisfaction de besoins
sociaux.
Dans le premier chapitre cette partie nous essayerons d’analyser le secteur touristique en
Algérie, en abordant ainsi que ses spécificités, nous nous intéresseront aussi à son évolution
et les potentialités qu’il recèle, ainsi qu’à la stratégie voulue par le gouvernement pour son
développement et son essor.

125
Nous allons procéder à travers le deuxième chapitre de cette partie, à une présentation
générale du tourisme saharien et de la région du Hoggar, ainsi qu’à l’activité touristique qui
touche la ville de Tamanrasset, afin de cerner ses particularités et le développement de ce
secteur.
Nous seront amené par la suite à présenter la démarche de notre enquête menée sur le
terrain et à analyser les données récoltées pour arriver à répondre à nos interrogations et
enfin proposer la mise en place d’un nombre de recommandations pour permettre l’essor
d’un tourisme durable dans cette région.

Notre choix s’est porté sur la région de Tamanrasset, car elle a toujours attiré les touristes
du fait de son patrimoine inégalé ailleurs et la richesse qui la caractérise.
Aussi, ces dernières années un foisonnement de publicités et de nombreux circuits son
proposés par des agences de voyages situées dans le nord du pays, et qui, il y a quelques
temps, n’étaient que très peu nombreuses à vendre ce genre de produits touristiques.
Tamanrasset est devenue une destination à la mode pour les algériens qui veulent découvrir
cette région, qui est très prisée habituellement par des touristes étrangers.

Une augmentation de la fréquentation de la région durant la saison touristique, nous dirige à


réfléchir sur les incidences qui peuvent être causées sur l’environnement naturel et social de
la région, et comment cette dernière peut-elle assurer la préservation de son précieux
patrimoine qui est l’attraction et la source de la venue des touristes.

Ce dernier chapitre de notre thèse est donc consacrée à l’aspect pratique de notre travail de
recherche, qui essayera de démontrer qu’un tourisme durable est indispensable dans cette
région et qu’il est le seul à pouvoir offrir une solution de promotion et préservation du
patrimoine naturel et culturel tout en y amenant du dynamisme pour son économie.

Notre démarche ne consiste pas à introduire une activité touristique dans la région de
Tamanrasset, puisque celle-là existe déjà, cependant nous nous sommes questionnés sur le
moyen de la rendre durable de manière à protéger la région d’une massification du tourisme
qui entrainera les méfaits destructeurs pour son environnement social et naturel.

126
Il est important de prendre en compte les différentes composantes du secteur touristique de
la région de Tamanrasset, pour en isoler les particularités, ainsi que les difficultés qui
peuvent lui nuire afin de proposer les solutions adéquates.

Notre travail se veut une contribution modeste, et souligne quelques orientations qui
peuvent développer un tourisme respectueux de son environnement et créateur d’emplois,
de façon à contribuer à l’amélioration de la qualité de vie des habitants de la région.

Chapitre I : Le tourisme en Algérie

Introduction

Dans ce chapitre nous essayerons de parler de l’Algérie et présenter ce pays de manière à


cerner ses particularités, aussi nous soulignerons ses spécificités géographiques et la
situation économique. Le but est de résumer de manière concise l’évolution de L’Algérie et
sa situation actuelle, une manière d’établir « un état des lieux » afin de comprendre la
structure du pays et nous amener par la suite d’aborder l’organisation de son secteur
touristique, son évolution et ses différentes orientations.

L’Algérie semble ces dernières années s’intéresser au secteur touristique et son


développement au sein de son territoire. En effet le ministère du tourisme algérien,
a accentué son activité vers cet objectif et affiche une volonté de relance de ce secteur ainsi
que la promotion de ce dernier.

L’économie nationale n’en sera que bénéficiaire si le nombre de touristes étrangers


augmentent d’une manière considérable et les répercussions sue celle-ci vont s’inscrire dans
une dynamique positive de création d’emplois et de richesses.

L’Algérie dispose de nombreuses richesses sur le plan géographique et culturel ainsi qu’un
vaste territoire qui peut se prêter à différents types de tourisme et offrir une large variété de
pratiques récréatives.

127
Membre de l’Organisation Mondiale du Tourisme depuis 1976, l’Algérie présente un secteur
touristique balbutiant en comparaison avec ses voisins méditerranéens, et accuse un retard
de développement considérable qui va à l’encontre du potentiel du pays.

La période allant du début des années 1990 à l’année 2000, marquée par les troubles
terroristes et un climat politique instable, ajouté à celui de peur qui y régnait, ont paralysé
toute l’économie nationale et pratiquement fait disparaitre les touristes du paysage
algériens, ainsi que l’arrêt presque total des investissements dans le secteur touristique.

Dans ce chapitre nous essayerons d’analyser le secteur touristique algérien et son évolution
à travers les années précédentes, tout en mettent l’accent de son réel potentiel ainsi que
son organisation. Nous parlerons de ses objectifs futurs et de la politique de l’état menée
pour permettre son essor.

I-1- Particularités de l’Algérie


I-1-1- Géographie de l’Algérie

L’Algérie, fait partie du Grand Maghreb, elle est bordée par la Tunisie et la Libye à l’Est, du
Maroc, du Sahara Occidental et la Mauritanie à l’Ouest, et au Sud-ouest se trouve le Mali,
quant au Niger, il se situe au Sud-est. La Méditerranée représente sa frontière au Nord.

L’Algérie est un pays qui présente une richesse de reliefs considérable, sur un territoire vaste
avec des particularités diverses. En effet, la superficie du pays est de 2 381 741 km2 et à titre
de comparaison cela équivaut à quatre fois celle de la France. D’ailleurs c’est le deuxième
pays d’Afrique en termes de superficie (le premier étant le Soudan) et le premier des pays
inscrits dans le pourtour méditerranéen, avec un littoral de 1200Km.

Ce territoire est recouvert dans sa majorité par le Sahara (plus de 80% de la superficie), et le
reste représente une bande côtière située dans la partie nord du pays, où on distingue trois
principales régions d’ouest en est : l’oranie, l’algérois et le constantinois. Celle-ci, est
caractérisée par un ensemble de reliefs : l’Atlas Tellien qui est parallèle à un autre plus au
sud : l’Atlas Saharien, ces deux là, se rejoignent en allant vers l’est du pays.

128
Entre les deux il existe des plaines très vastes ainsi que les hauts plateaux. Le Nord-est
algérien est caractérisé par des chaines montagneuses des Aurès et de la Nememcha où se
trouve le mont Chèlia, le plus haut de cette région et de l’atlas Saharien et qui culmine à
2328 mètres, ces chaines sont délimitées à l’Est par la Tunisie.

Les chaines montagneuses de l’Ouarsenis, le Chenoua, le Djurdjura, les Babors et les Bibans
forment avec de nombreuses vallées et étendues la bande du Tell qui est délimitée par la
Méditerranée au nord. Dans cette partie se trouve les terres fertiles du pays et dans le
massif du Djurdjura se trouve le Mont de Lala Khadija qui culmine à 2308 mètres d’altitude,
le plus haut de L’atlas tellien.

L’atlas saharien qui est orienté Sud-ouest – Nord-est, cours depuis les frontières marocaines
à l’ouest jusqu'à la vallée de la Hodna ou il rejoint l’atlas tellien, et il comprend les massifs du
Ksour, Djebel Amour, des Ouled-Nail, des Zibans et les monts du Hodna, et il continu dans la
partie sud des Aurès.

« L’Atlas Saharien et l’Atlas Tellien »

129
L’atlas saharien est limité au sud par plusieurs Oasis, ce qui représente la porte du Sahara
algérien. En effet ce dernier, débute au piémont de l’atlas saharien. Le désert algérien
occupe 4/5 de l’espace global du pays, il est caractérise dans sa partie nord du grand erg
Occidental à l’Ouest et le grand erg Oriental à l’Est, ces derniers sont séparés par des
plateaux rocheux comme celui de la région du Mzab et au sud ils sont bordés par le plateau
de Tademaït. Ce sont de très grandes étendues de sable ou se trouvent des oasis dont
certaines sont riches de vastes palmeraies.

Plus au sud, se trouve le massif du Hoggar, qui est un massif volcanique, où est situé le mont
Tahat, le point le plus haut d’Algérie, avec une altitude de 3003 mètres. Cette région est
caractérisée par de vastes plateaux désertiques come celui du Tassili n’Ajjer qui est à l’Est du
Hoggar, et qui présente des paysages et des formations rocheuses érodées, s’élevant au
dessus des dunes.

Le climat en Algérie est méditerranéen dans la partie nord du pays, donc chaud en été avec
des températures qui peuvent grimper jusqu'à 39 ET 40° dans certaines régions, comme Tizi-
Ouzou, et pluvieux en hiver avec des chutes de neiges dans les massifs montagneux comme
celui du Djurdjura en Kabylie et Chriaa à Blida, les températures peuvent variées entre moins
2° et plus 15°.

Dans la partie qui correspond au Tell, se trouve la plus humide des régions du pays avec des
précipitations annuelles qui varient entre 400 et 1000 mm d’eau. La quantité de pluie en
moyenne dans le nord est de 100 mm. Dans les régions du sud algérien, c’est le climat
désertique qui y règne, avec un climat sec et aride où il vente beaucoup.

La température se situe entre 15 et 28° en hiver le jour et descende facilement sous le 0° la


nuit, alors qu’en été elles sont entre 40 et 50° le jour, (voire plus dans la région de Ain Salah
par exemple), et se rapproche du 0° la nuit. La quantité moyenne de pluie dans le Sud est de
20 mm.

130
Selon les services météorologiques algériens, le pays est généralement ensoleillé et connait
en moyenne 3650 heures de soleil par an. Il est à signaler que l’Algérie a connu des épisodes
de pluies diluviennes, notamment dans la région d’Alger en 2001, et celle de Ghardaïa en
2008 provocant inondations et pertes de vies humaines (plus de 300 morts à Alger en 2001),
et d’autres villes sont occasionnellement touché par ce phénomène. (144)

Aussi il nous semble important de signaler que d’autres catastrophes ont touchées l’Algérie,
à savoir les tremblements de terre particulièrement violents et meurtriers enregistrés par le
passé. En effet, le risque sismique est très élevé et il est localisé dans les zones côtières
algériennes et la Méditerranée.

Les séismes plus ou moins importants sont le résultat des compressions tectoniques entre
les plaques africaines et eurasiennes et cela dans toute la côte nord de l’Algérie. « cette côte
est traversée par une limite de plaques lithosphériques continentales convergentes : la
plaque eurasienne, au nord, chevauche la plaque africaine au sud. C'est dans cette faille de
chevauchement que se déclenchent les séismes de la région ». (145)

En 2003, dans la région de Boumerdès, un très fort séisme a provoqué d’immenses dégâts
(plus de 5 milliards de dollar), et causé plus de 2000 morts et des centaines de sans abris
dans cette wilaya et celle d’Alger. (146)

L’un des séismes les plus connu, car le plus dramatique qu’ait connu l’Algérie est celui
d’octobre 1980 d’Al Asnam qui a provoqué la destruction de 80% de cette ville (aujourd’hui
Chelef) et causé la mort de 3000 personnes et des pertes matérielles estimées à 10 milliards
de dollar. Plusieurs secousses sont enregistrées régulièrement dans la région côtière
algérienne, qui fait d’elle une zone sismique plus ou moins importante.

144- - www.rfi.fr (archive).


145- www.2.ggl.ulaval.ca/personnel/bourque/s1/seismes.html
146-www.cia.gov/ [archive], Algeria : Geography du CIA World Factbook

131
L’Algérie est considérée donc, comme un pays à forte activité sismique, et les épisodes qu’a
connu le pays par le passé, montre à quel point ce genre de catastrophe naturelle peut être
violent et destructeur pour les biens et peut causer de lourdes pertes en vie humaine.

Aussi il nous a semblé intéressant de parler de cette activité sismique que connait le pays,
pour montrer que c’est un élément qui peut provoquer une paralysie de l’activité
économique quand cela se produit, et peut influer négativement sur la venue d’éventuels
touristes, et sur ce secteur en général.

Tableau 4 : Les séismes les plus violents (entrainant d’important dégât humain et matériel)
enregistrés en Algérie

Ville touchée Année


El Asnam (Chelef) 1954 et 1980
Constantine 1985
Tipaza 1989
Mascara 1994
Alger 1996
Ain Témouchent 1999
Béni Ourtilaine 2000
Boumerdès et Alger 2003
Béni Ilmane(M’sila) 2010

En ce qui concerne l’hydrographie il existe plusieurs court d’eau dans la région centre de la
côte ainsi que celle à l’Est, comme celui de la Soummam, le Sebaou, Ain El Hamam,
cependant le fleuve le plus long de l’Algérie (Le Chélif, 725 Km) se trouve au Nord-ouest et
prend sa source dans l’Atlas Tellien et fini sa course en se jetant dans la Méditerranée.

132
Il existe de nombreux lacs salés dans la région désertique et la plupart du temps ils sont
temporaires et asséchés selon la saison. Toujours dans le sud, il existe la nappe phréatique
dite la nappe de l’Albien, qui selon des estimations représente la plus grande réserve d’eau
douce au monde. (147)

La ressource hydrique se trouve aussi au niveau des Oasis, dans le Sud algérien parmi
lesquelles nous pouvons citer Ouargla, Timimoune, Touggourt, Tolga. Dans les Aurès et à
l’Est, il se trouve d’importantes rivières comme oued Abiod, Oued Abdi, Oued Lahmer et des
marais comme celui de Draa Boultif, sans oublier les chotts, par exemple Djendli.
Il existe aussi des Oasis dans les Aurès comme celle d’el Kantara, ainsi que la présence
d’importantes sources thermales comme celle de Hammam Essalihine au niveau de
Khenchela, et Hammam El Maskhoutine à Guelma pour en citer que ces deux là.

Aussi l’Algérie a investit dans la construction de barrages hydriques comme celui de Taksebt
dans la région de Tizi-Ouzou et elle en compte une cinquantaine qui sont en exploitation à
travers tout le pays et une dizaine en cours de réalisation.
Des stations de dessalement ont vu le jour notamment dans la région de Tipaza, Alger et
Arzew, afin de palier au manque d’eau récurent par le passé surtout durant la période
estivale.
D’ailleurs l’amélioration de la situation est très palpable ces dernières années et fait presque
oublier la situation de sécheresse qu’a connu le pays durant les années 1992 jusqu'à 1995,
où dans la capitale même, l’eau était disponible seulement tous les trois quatre jours.
L’effort d’investissement a été considérable et d’autres projets de barrages et de stations de
dessalements sont à l’étude, afin de pouvoir doubler la capacité d’ici l’horizon 2020.

147- Africom, article de la Tribune du 28/04/2010.

133
Il est aussi important de signaler que l’Algérie dispose d’une faune et flore très variées, ce
qui a poussé à la création de parcs et réserves naturels, afin de pouvoir préserver cette
diversité. Nous pouvons citer le parc national de Chréa, du Djurdjura, de l’Ahaggar et le parc
national du Tassili, ce sont les plus importants. Le règne végétal présente des espèces allant
de la catégorie assez rare à très rare, d’ailleurs 330 espèce sont classées comme très rares et
très fragiles et on dénombre plus de 550 espèces endémiques, dont plus d’une soixantaine
se trouve au Sahara.
Le règne animal se compose de 107 espèces de mammifères dont 47 sont protégés, et il
existe parmi elles des espèces menacées d’extinction, sans oublier la grande variété
d’oiseaux qui vivent ou transitent par le pays, comme la cigogne. (148)

L’Algérie dispose aussi d’importants gisements et richesses, principalement dans sa partie


Sud. Les hydrocarbures occupent la première place avec d’importantes réserves de gaz et de
pétrole. D’ailleurs l’Algérie fait partie de l’organisation des pays exportateurs de pétrole
(OPEP) qu’elle a intégré en 1969. Selon la SONATRACH, la production de pétrole est de plus
de 1 million de barils par jour, et les réserves de gaz et de pétrole frôlent les 40 milliards de
barils, seulement dans la partie exploitée par la société nationale et ses associés, à savoir la
région de Hassi Messaoud et Hassi Rmel.
Schéma 1 : Importants gisements de gaz et pétrole dans le Maghreb

148-www.algeria.strabon.org/portal/rubrique.php3?id_rubrique=34

134
Aussi l’Algérie possède une importante activité minière, parmi les plus importantes on peut
citer : la production de fer, marbre, zinc, sel, phosphate, diamant, or. Dans la région du
Hoggar, il existe d’importants gisements d’or, ainsi que la présence d’Uranium.

Avec un littoral de 1200 km, donnant sur la Méditerranée, l’Algérie dispose aussi d’une
richesse halieutique importante, et prélève plus de 200 000 tonnes par, selon le Ministère de
la pêche national, toujours selon ce dernier le potentiel est beaucoup plus important et la
capacité peut être augmentée, et des efforts sans mis en œuvre dans ce sens.
Dans la côte d’El Kala, au Nord-est algérien se trouve une exploitation de corail rouge, très
importante et réglementée, même si des actes de braconnage sont observés, malgré un
dispositif de surveillance et de contrôle permanant, effectué par les gardes de côtes.

I-1-2 Particularités historiques de L’Algérie

Nous ne pouvons pas aborder les particularités de l’Algérie, ou bien son Tourisme, sans
évoquer son passé historique. Une présentation de l’Algérie serait incomplète si cette partie
venait à ne pas être citée. C’est dans ce souci, qu’il nous ait paru nécessaire d’aborder, de
manière résumée, l’histoire riche et complexe de l’Algérie. Cette dernière a connu bien des
évolutions et mutations, intéressantes à souligner.

A- La préhistoire

La science, et plus particulièrement celle de l’archéologie et la paléontologie a permis des


découvertes importantes qui ont trait à la présence de l’Homme et de ses ancêtres. L’un de
ces scientifiques, le paléontologue français Camille Arambourg (1885-1969), a découvert
trois mandibules appartenant à ce qu’il a décrit comme l’Atlanthrope du paléolithique
inférieur. (149)

149-Arambourg, C. (1957) « Récentes découvertes de paléontologie humaine réalisées en Afrique du Nord française
(L'Atlanthropus de Ternifine - L'Hominien de Casablanca) », in: Third Panafrican Congress on Prehistory, Livingstone 1955,
Clark, J.D. et Cole, S., Eds., London, Chatto &Windus, pp. 186-194.

135
Cet Atlanthrope a été découvert en 1954 dans la région de Teghenif près de Mascara, et a
été daté de 400 000 ans. Cette découverte se trouve aujourd’hui exposée au musée du
Bardo à Alger. Dans la même époque, du matériel lithique a été mis à jour et attribué à
l’Homo Erectus Mauritanius, ainsi que différents ossements appartenant à des animaux
variés tel que des éléphants, lions et hippopotames, suggérant une très grande diversité de
la faune en cette période reculée.

Aussi dans la région de Tébessa, différents outils ont été découverts et qui correspondent à
la période du Paléolithique moyen, se qui laissait à penser à l’œuvre d’Hommes se
rapprochant des caractéristiques de l’Homme de Neandertal.
.

Des fouilles effectuées dans la région de la Kabylie près de Bejaïa, ont mis à jour des objets
de l’art mobilier, comme des statuettes, des objets funéraires, correspondant à
l’Ibéromaurusien, période qui succède au Paléolithique, le site quant à lui est daté de 20000
ans. D’autres fouilles, comme celles de la grotte de Rassel près Tipaza, ont démontré que des
cousins éloignés de l’Homme apparentés au type Cro-Magnon occupaient la partie Nord du
pays, et ce site en question est daté du treizièmes millénaire. Les traces des derniers
chasseurs- cueilleurs, Les Capsiens, ont été retrouvé dans la région Nord-est du pays, ils sont
originaire du site de Gafsa en Tunisie. (151)

Dans le Sahara, des représentations et des gravures faites par des être humains de la
période du Néolithique, sont visibles jusqu'à nos jours, et atteste du climat humide qui
existait en cette région, avec une richesse et une diversité de la faune et la flore. D’ailleurs,
le site le plus représentatif se trouve dans le massif du Hoggar et du Tassili N’ajjers, qui est
classé par l’Unesco depuis 1982, et il est connu pour être le plus grand musée du monde à
ciel ouvert, découvert par Henri Lhote. (152)

151-Brahimi. C, L’ibéromaurisien littoral de la région d’Alger, université d’Alger, 1968.


152-Lhote. H, À la découverte des fresques du Tassili, Arthaud, Paris, 1958 ; Vers d’autres Tassili, Arthaud,Paris, 1976.

136
La région des Aurès a fait, elle aussi, l’objet de recherches anthropologiques, car de
nombreuses grottes troglodytes sont présentes, où la présence humaine a été établie durant
la période préhistorique.

B- L’Antiquité

Les habitants de l’Algérie étaient appelés Berbères, un non qui leur a été donné par les Grecs
et par la suite se sont les Romains qui les avaient nommés ainsi, un terme qui est dérivé de
« Barbaros » et qui signifiait tout étranger de leur civilisation. Cela dit l’appellation la plus
adéquate des habitants de ce pays, serait Amazigh (Imaziren), qui signifie homme libre. Ils
représentent la population de base du pays. De même qu’ils y figurent sous cette appellation
dans la charte Nationale Algérienne de 1986. Ce peuple a été décrit comme un peuple tribal
et puissant, habitant permanent de l’Algérie. (153)

- Les Phéniciens

Différentes vagues successives de civilisations ont submergé ce pays par le passé, nous
pouvons citer en premier lieu la colonisation phénicienne qui a touché toute l’Afrique du
Nord. Les phéniciens, qui étaient un peuple de commerçant et de marins, de la côte syro-
libanaise, se dirigèrent durant le XII siècle avant J-C., vers les côtes tunisiennes et fondèrent
Utique (la ville de Sousse en Tunisie) et à partir de là, ils ont progressé et continué à créer
des comptoirs tout le long de la côte méditerranéenne, et ils ont réussi à édifier de
remarquables cités maritimes.

Les phéniciens ont construit des ports important à cette époque et qui servaient leur
navigation et le développement de leur commerce, comme celui de Carthage, de Hippone
(Bône), Jijel, Icosium (Alger), Ténès. Différents vestiges et traces de l’importance de leur
présence dans la côte algérienne ont été découverts. Par exemple, pas loin de Constantine
d’importantes découvertes et de nombreux vestiges de la civilisation punique ont été
observés, comme le sanctuaire d’El Horfa dédié aux divinités carthaginoises : Baal Hamon et
Tanit. (154)

153-Lancel . S, L’Algérie antique : de Massinissa à Saint Augustin, Mengès, Paris, 2003, p,p,24,73
154-Idem.

137
Aussi la présence phénicienne dans le Maghreb a permit d’importants échanges qui ont
désenclavé toute la région, ainsi qu’un développement culturel conséquent puisque il y a eu
la diffusion et la circulation d’œuvre d’art, des techniques de fabrication dans différents
domaine (huile d’olive, vin….), ainsi que l’écriture phénicienne.

- La Numidie

Durant cette période y a eu l’apparition des royaumes numides dans le Maghreb, même si
leur genèse est mal connue, ils ont était impliqué dans la rivalité entre Carthage et Rome qui
c’est traduite en trois guerre puniques.

Le Maghreb, vers le 3eme siècle avant J.-C, était partagé en deux importants royaumes
numides, celui de l’ouest représentant la Numidie occidentale, celle des Massaessyles avec
leur roi Syphax, et celui de l’est représentant la Numidie orientale, celle des Massyles avec
Massinissa comme roi. (155)

Massinissa s’allia aux Romains pour s’opposer à Syphax, qui était l’allié de Carthage, cette
guerre fut remportée finalement par les Romains et Massinissa fit de Cirta la capitale du
royaume de la Numidie unifiée. En fin stratège, Massinissa a pu conserver l’indépendance de
son royaume en jouant habillement de la rivalité régionale de cette époque là, et en
développant l’économie, avec la prospérité de l’agriculture et de l’élevage.

Cependant en 202 av J.-C, il y a eu une grande bataille opposant les Massyles à Hannibal qui
a voulu envahir le royaume de Massinissa, avec l’aide du fils de Syphax (Vermina).
Massinissa, sortit encore une fois vainqueur et renforcé et régna jusqu'à sa mort en 148
avant J.-C. (156)

De cette époque, il reste deux importants mausolées, l’un près de Batna (le Medracen)
construit au 3eme siècle avant J.-C, et l’autre à Constantine, contenant un mobilier funéraire
du milieu du 2eme siècle avant J.-C.

155-Simon.J, l’Algérie au passé lointain, de Carthage à la Régence d’Alger, l’Harmattan, Paris, 2011, p,p,20,83
156-Idem.

138
Après Massinissa, il y a eu l’apparition de troubles et la Numidie fut une nouvelle fois divisée
en deux parties, jusqu'à l’arrivé de Jugurtha (petit fils de Massinissa) au pouvoir en 117 av
J.-C, qui a pu unifier le royaume pour une période assez courte, puisque Rome lui proposa
une reconnaissance diplomatique sur la partie occidentale, à condition de laisser la partie
orientale à Adherbal (fils de Massinissa écarté par Jugurtha). Jugurtha accepta, mais quelque
temps après il envahi la Numidie orientale et fini par tuer Adherbal. (157)

Jugurtha finit par rentrer en conflit avec Rome, est fut capturé et exécuté, après que son
Beau père, Roi de Maurétanie (BocchusIer) l’ait trahi. La Numidie fut partagée, la partie
occidentale est attribuée à Bocchus et l’autre partie sera sous l’autorité d’un roi vassal de
Rome.

Des années plus tard, en 46 avant J.-C et après la guerre contre César, Juba 1er perd son
royaume, et un vaste territoire autour de Cirta (Constantine) est accordé à Sittius,
la Numidie devient la province d’AFRICA NOVA, et c’est Auguste qui réunira, plus tard, les
deux provinces en un ensemble : l’Afrique Proconsulaire. (158)

Juba II finira par récupérer (en guise de récompense de la part d’Octave : future Auguste),
après les batailles, où il se distingua notamment la campagne d’orient et d’Espagne), le
trône de la Maurétanie, et la Numidie sera partagée entre cette dernière et la province
d’Afrique. Juba II nomma comme capitale de son royaume de Maurétanie, la ville de
Caesarea (Cherchell).

En l’an 19 av J.-C il épousa Cléopâtre Séléné, fille de Cléopâtre reine d’Egypte et de Marc
Antoine, et son territoire s’étendait de l’Atlantique à l’ouest jusqu’à l’oued el Kebir :
l’Ampsaga à l’est (aux environs de Constantine) et comprend au Sud les régions de Sétif ainsi
qu’une partie des Gétules du Sud-est algérien et tunisiens.

Le tombeau de Juba II et de sa femme se trouve dans la région de Tipaza (Cherchell), celui là


est appelé aujourd’hui à tort, le « Tombeau de la Chrétienne », et cela dit-on à cause de
l’inclusion ultérieure de portes portant des signes de croix. (159)

157-Lancel. S, L’Algérie antique :de Massinissa à Saint Augustin, Mengès, Paris, 2003, p, p, 30,73
158-Idem.
159- Simon. J, l’Algérie au passé lointain, de Carthage à la Régence d’Alger, l’Harmattan, Paris, 2011, p, p,29,83.

139
Après le règne de Juba II, son fils Ptolémée lui succédera et sera considéré comme le dernier
roi de Maurétanie. De très puissantes rebellions et insurrections contre Rome ont eu lieu de
17 à 24 après J.-C, sous la conduite de Tacfarinas.

- L’Occupation romaine et le christianisme

Au troisième siècle de notre ère, le Maghreb est devenu romain, est divisé en quatre
provinces :

- L’Afrique proconsulaire à l’Est avec comme ville principales : Hippo Regius (Annaba),
Calama (Guelma), Thubursicum Numidarum (Khamissa), Taghaste (Souk Ahras)),
Théveste (Tébessa).
- Au centre: La Numédie avec Cirta pour capitale,
- A l’Ouest : la Maurétanie Césarienne avec sa capitale Caesarea, et la Maurétanie
Tingitane avec Tingis (Tanger) comme capitale.

Villes romaines au Maghreb

La diversité des monuments dans toutes ces régions, donne la preuve de la richesse du pays
en ce temps là, ainsi que son évolution, avec une langue officielle qui était le Latin, ainsi
qu’une agriculture basée sur la culture du blé, de la vigne, de l’olivier et d’arbres fruitiers, en
plus de l’élevage de bétail.

140
Le christianisme, religion arrivé dans la région par les flux migratoires en l’an 256, gagnera,
durant le siècle suivant les populations qui sont restés, toutefois elles sont restées
influencées par des divinités libyco-puniques. En l’an 313, avec les importantes crises
romaines sur le plan économique et politique, la nouvelle religion se heurta au culte
Donatiste qui s’est développé dans les Aurès en Algérie, et en Tunisie. (160)

Les adeptes de ce culte refusèrent de reconnaitre l’autorité religieuse de l’Empereur, ainsi


que le rite catholique. Ils furent persécutés par Rome, et vers l’an 340 l’idéologie donatiste
engendre la secte des circoncellions (de circum cellas qui signifie qui tourne autour des
fermes) qui seront des extrémistes qui prônaient le martyre comme la véritable vertu
chrétienne et délaissèrent les autres.

Poussés par la misère du prolétariat agricole, ils procédèrent à des exactions contre les
propriétaires terriens et les voyageurs (tuerie, vol,...etc.), et voulaient mourir au combat. Ils
finirent par être violemment réprimés et disparurent vers le quatrième siècle. (161)

Alors que des problèmes internes entrainaient la réduction du contrôle exerçait par Rome
sur le Nord de l’Afrique, les donatistes tentèrent de profiter de l’occasion pour revenir sur la
scène politique en l’an 395, provocant, quelque années plus tard, l’envoie de légions qui les
massacrèrent, car considérés comme hérétiques par l’empereur.

Saint Augustin, né à Thagaste (Souk Ahras), d’une mère berbère et d’un père officier romain,
fut l’évêque d’Hippo Regius (Annaba) et l’un des pères de l’Eglise chrétienne a bien essayé
de calmer la colère de Rome, en plaidant pour un traitement plus humains des donatistes,
mais ces derniers ont disparu presque totalement et une petite partie d’eux a survécu
jusqu’à le 6eme siècle. (162)

En l’an 430, sous la pression des vandales, l’Empire romain se retire de l’Algérie, et durant la
même année, Saint Augustin trouve la mort lors du siège d’Hippo Regius.

160- Cheneti.MB, La colonisation romaine du Maghreb .Ed.ENAL .Alger.1985,p,p,15,31


161-Idem.
162-Brown.P, La vie de Saint Augustin, nouvelle collection Augmentée, Paris, 2001.

141
- Les Vandales

C’est au début du Ve siècle que les Vandale, peuple germanique établis sur les rives du
Danube, à leur tête Genséric, traversent la Gaule puis l’Espagne, et finissent par accoster en
Maurétanie Tingitane en l’an 429. Ils ont réussi, durant ce périple à s’emparer d’une partie
de la flotte romaine au niveau des iles Baléares. (163)

Les Vandales ont continué leur progression en se dirigeant vers la Numidie et l’Afrique
Proconsulaire à l’est, où ils ont vaincu le général Boniface et son armé, et ils ont fini par
assiéger Hippo Regius, et finalement à prendre cette ville en l’an 431.

Les troupes Vandales ne se sont pas arrêtées là, et marchèrent jusqu'à Carthage qui finit par
tombée dans leurs mains en 439.

Les Vandales se sont établis durablement en Algérie du Nord de 429 à 439, et leur capitale
était Saldaé (Bejaia) et établissent un royaume appelé parfois royaume de Carthage en
référence à cette ville qu’ils ont conquis. En 442, leur roi signe un traité de paix avec
Valentinien III, et la même année ils rendent la Sicile récemment envahi en échange de la
Numidie et les provinces de Maurétanie, et d’un traité pour diriger la province romaine
d’Afrique, comprenant la Tunisie et la Libye occidentales.

En 455 emmenés par leur roi Génséric au départ de Saldaé, les Vandales envahirent Rome,
d’où sera ramené d’énorme trésors et butins, ainsi que de nombreux otages dont les filles et
la veuve de l’empereur Valentinien. Les traces de l’occupation administrative et politique
des Vandales dans le l’Afrique du Nord, sont pratiquement inexistantes, ce qui a permit une
réorganisation du peuple berbère. (164)

Cela dit, les Vandales ont persécuté la population catholique, qui a subi plus que les autres
l’avènement de cette force redoutable, d’autant plus qu’ils étaient porteur de l’Arianisme,
une hérésie chrétienne, combattue longtemps par l’église romaine et ses différent
Papes.

163-Gibbon.E, Histoire du déclin et de la chute de l’empire romain, Seuil, collection Ecole des lettres,Paris, 1994, p,p,96,97

164- Cheneti.MB, La colonisation romaine du Maghreb .Ed.ENAL. Alger.1985,p,p,38,54.

142
Le chef des Vandales, Genséric, était combatif et un véritable chef de guerre, ce qui explique
toutes ses conquêtes, néanmoins après sa mort en 477, ses successeurs (Tharasamund,
Hilderic) n’avaient pas ses qualités pour poursuivre et maintenir leur domination.

Son petit fils Gélimer, qui a reprit plus tard la succession (en renversant Hilderic en 530),
s’opposa à l’empereur Justinien, mais il a été vaincu militairement en 533, dans la bataille
d’Ad Decimum et celle de Tricamarum par les forces de Byzance conduites par Bélisaire. (165)

- Les Byzantins

En l’an 534, l’empereur Justinien nomme Solomon gouverneur d’Afrique, qui a du faire face,
par la suite à des révoltes berbères, d’ailleurs il fut vaincu à Thèveste (Tébessa) en 544. Aussi
aux alentours de cette ville, sont présent aujourd’hui des vestiges de cette époque, comme
les ruines de Timgad, de Tiffech.

La conquête des byzantins, n’est pas comparable à celle des romains connue avant, d’ailleurs
seule l’Afrique proconsulaire a été véritablement reconquise, tandis que pour la Numidie et
les deux Maurétanie, il s’agissait que de renfoncements des places fortes romaines. Les
byzantins exerçaient leur pouvoir, en 544, jusqu'à Constantine.

Les révoltes berbères continuèrent et la création de plusieurs états à vue le jour, comme
celui des Djerawa, les Banou Ifren, qui font la guerre aux Byzantins. La présence de ces
derniers n’était plus acceptée par les berbères, d’autant plus que l’administration byzantine
ne parlait pas le Latin mais le Grec.

C’est ainsi qu’en 675, Byzance perdit son influence et sa domination en territoire africain. En
effet, après la rupture du chef byzantin en Afrique, Patrice Grégoire, avec Byzance, ce
dernier subira l’invasion arabe.

165-Tailliart. C, l’Algérie dans la littérature française, Slatkine Reprints, 2009, p 173

143
- Le moyen âge

Avec les troubles et l’instabilité qui régnaient durant la fin de la période byzantine en Afrique
du Nord, débuta l’incursion des arabes dans cette région. C’est sous le IIIème califat de l’islam,
celui d’Othmane Ben Affan, que cette expédition a été menée. (166)

Le gouverneur d’Egypte, Ibn Saad, a conduit les troupes musulmanes vers la Tunisie, où ils
rencontrèrent l’armée byzantine de Grégoire, cette dernière fut battue et son chef tué.
Après il y’a eu une interruption de la conquête africaine, à cause d’une crise de succession
dans le califat.

Sous l’autorité de Mouawiya le nouveau calife (661- 680), qu’Okba Ibn Nafaâ conduisit ses
troupes et fonda en 670 la ville de Kairouan, en Tunisie, c’est la première implantation de
l’islam en occident. Par la suite il entama sa progression vers l’ouest. Une résistance des
plus dures sera rencontrée, menée par Koceila, un chef berbère. (167)

Toutefois Okba a poursuivit son avancée jusqu’à Tlemcen, et a son retour il se heurta à une
forte coalition de bérbères et de byzantins dans la région de Biskra. Il fut tué au combat et
enterré dans une oasis, qui porte son non dans cette zone là.

Après cet échec, une armée menée par Zohair Ibn Rais se dirigea vers l’ouest, et remporta
les premières batailles. Koceila fut tué en 686 et c’est Dihiya, reine d’une tribu berbère dans
l’Aurès qui reprit le flambeau de la résistance.

Elle a réussi la réunification de nombreuses tribus, et a vaincu par deux fois l’armée des
Omeyades. Elle régna sur l’Ifriqiya durant cinq années et sera connue sous le nom de la
Kahena (sorcière en arabe), ce dernier donné par ses ennemis.

Elle finira par perdre la dernière bataille où elle sera tuée, et après ça les tribus se
fragmentèrent, et nombreuses celles qui seront intégrées à l’armée omeyade, constituant
l’armée berbère du Maghreb sous l’autorité du gouverneur de Tanger, Tarik Ibn Zyad.

166-Kaddache. M, L’Algérie médiévale, ENAL. Alger,1992,p,p,45,73


167-Idem.

144
Les omeyades étaient les maitres en Algérie en l’an 708, et le pays s’islamise petit à petit et
la langue arabe est adoptée de plus en plus par les citadins.

Durant le VIIIème siècle, alors que les crises de succession de califat font rage, et les
insurrections berbères recommencent, plusieurs groupes de Kharidjites se rassemblent pour
s’opposer au pouvoir abbassides et omeyades.

Les berbères se rallièrent en nombre au mouvement du Kharidjisme, qui domina le Maghreb


central à partir de 741. D’ailleurs deux principautés se détachent, l’une à Tlemcen d’origine
Zénète qui est une tribu berbère, avec un chef militaire qui est Abou Qourra, l’autre à Tahert
(Tiaret) fondée par Ibn Rostoum.

Cet état Rostemide durera jusqu’au Xe siècle et fut anéanti par les Fatimides en 911,
néanmoins une petit groupe se réfugia vers le sud dans la région du M’Zab en conservant
leur foi ibadite et qui donnera les Mozabites. Au Xe siècle, est fondée la dynastie fatimide en
Kabylie, dont le noyau était constitué par une tribu berbère: les Kotama, et établirent leur
autorité en Afrique du nord entre 909 et 1171. (168)

Le royaume Fatimide a connu plusieurs révoltes à son tour, comme celles des tribus
berbères Zénètes qui avaient à leur tête Abu Yezid, dans les Aurès, qui ont réussi à battre
l’armée fatimide en 944 et prendre Kairouan. Par la suite les fatimides ont dû émigrer en
Egypte en 969 qu’ils conquièrent et fondèrent le Caire en 973.

Ce sont les Zirides de la tribu Sanhadja, qui ont récupéré le royaume du Maghreb en 972, et
à leur tête leur chef Bologhine Ibn Ziri, et avaient pour capitale Achir, située dans les monts
Titteri.

Un autre groupe, les Hammadides, qui après des divergences avec les Zirides, ont instauré
leur propre dynastie dans le constantinois, avec leur capitale La Qalaâ de Beni Hammad.
A partir de 1048 des tribus arabes, les Béni Hilal et les Béni Sulaym immigrent en Afrique du
Nord pour envahir les Zirides et les Hammadides.

168- Kaddache. M, L’Algérie médiévale, ENAL, Alger,1992, p,p,45,73

Cette terrible invasion Hilalienne sera exprimée par des batailles et incursions dans les
grandes villes, ainsi que des destructions importantes engendrées par leur passage.

145
D’ailleurs, l’historien Ibn Khaldoun comparera les Béni Hilal à une armée de sauterelles qui
détruit tout sur son passage. Les Hilalien ont fini par s’imposer et les conséquences ont
bouleversé durablement la structure des pays maghrébins. (169)

Cependant, après l’affaiblissement des royaumes Zirides et Hammadides, dû à l’invasion


hilalienne, des berbères nomades venus du Sahara Occidental et du Sénégal, les Almoravides
(Mourabitoun), ont pu conquérir le Maghreb central.

Cet empire militaire et religieux des Almoravides, qui avait pour chef Youssef Ibn Tachfin, a
pu apporter l’unité religieuse au pays à travers le rite malékite qui est, aujourd’hui, celui de
l’immense majorité de l’islam algérien.

Ils ont contribué à la fin du Kharidjisme au profit du sunnisme, et ils ont permit l’introduction
de la civilisation hispano-mauresque en Afrique du Nord. D’autres berbères, les Almohades
(Mouahidoun), originaires du haut Atlas marocain, organisent le renversement des
Almoravides.

L’une des figure essentiel de ce de ce mouvement, fut Muhammed Ibn Tumart. Par la suite,
c’est Ab El Moumen, issu des zénètes, qui réussi à étendre le territoire plus à l’Est, en
éliminant les Zirides et les Hammadides.

En 1158, les Almohades disposaient en maîtres de l’Afrique du Nord, mais leur empire
s’écroula à la fin du XIIe siècle, après que les Mérinides ont pris Marrakech, et la perte des
territoires de l’Est au profit des Zianides et des Hafsides.

Le Maghreb est divisé en plusieurs royaumes ennemis, celui des Zianides au Centre, les
Mérinides à l’Ouest (Maroc), et les Hafsides à l’Est (Tunisie). Avec ce climat de guerres et de
tensions, le Maghreb sera convoité par les Espagnols.

169-Kaddache. M, L’Algérie médiévale, ENAL. Alger,1992,p,p,73,97.

146
- L’époque moderne

L’Espagne s’engage dans une expédition contre la ville d’Oran, qui sera prise en 1509, et
avant ça il y a eu le débarquement et l’occupation du port Mers El Kebir en 1505. Aussi en
1510, Bejaia a été conquise. Pendant ce temps, les Frères Barberousse, Aroudj et Khairedine,
des corsaires ottomans, sillonnent la Méditerranée et attaquent les navires européens et
espagnols.

Après le siège des Espagnols sur le port d’Alger, et la prise de l’îlot du Penon à son entrée, les
algérois font appel aux corsaires.

Ces derniers arrivent à chasser les espagnols d’Alger en 1518, avec l’aide de tribus kabyles,
et Aroudj se fait proclamer sultan. Par la suite ils ont entamé d’étendre progressivement leur
état sur le reste du pays. Les Ottomans réussissent à prendre Tlemcen aux Zianides, et les
derniers rois de ceux là sont tués. Après une offensive des espagnols sur la ville de Tlemcen,
Aroudj perdit la vie. (170)

Son frère, Khaireddine, qui se trouvait à Alger, demanda l’aide de Soliman le Magnifique, ce
dernier le nomme beylerbey et le place sous la protection de l’empire ottoman. Cet état
nouvellement créé, prendra le nom de Régence d’Alger.

La Régence d’Alger sera successivement gouvernée par des beylerbey, des pachas, des aghas
et des deys, ces derniers durant la période comprise entre 1671 à 1830. Elle était divisée en
quatre territoires :

- La région d’Alger : Dâr al Sûltan, nommé ainsi car soumise à l’administration directe
du dey souverain,
- Et les trois beyliks : province de l’Est (Constantine comme capitale), province de
l’Ouest (Oran comme capitale), province du Titteri (Médéa comme capitale).

170-Kaddache. M, L’Algérie durant la période ottomane, OPU, Alger,2003

147
Les beys dirigeaient les beyliks, secondés par les Khalifas, et devaient remettre à Alger le
produit de l’impôt. Chaque beyliks était en principe divisés en wat’an commandés par des
qaid turcs ou indigènes, mais des régions entières étaient pratiquement indépendantes et
seulement surveillées par quelques garnisons.

Toutefois, la présence turque en Algérie, n’aura pas permis une unification du pays, et le
comportement des deys va pousser de grandes révoltes, comme celle de la confrérie des
Darqâwa. Aussi le sentiment anti - turc restait fort dans les tribus.

Il est à souligner, que la réputation de guerrière qu’avait Alger était toujours présente, et
pour neutraliser ses corsaires, des états payaient un tribut régulier au dey et d’autres
offraient des présents en espèces ou en nature.

Cependant, L’Algérie était, à la fin de la présence turque, en proie aux révoltes notamment
en Kabylie et à l’Ouest, et les Français ont débarqué dans ce climat là.

- L’histoire contemporaine

L’arrivée des français en Algérie, a été par la côte de Sidi Fredj, le 14 Juin 1830. Suite à un
prétexte diplomatique, celui du « coup de l’éventail » en 1827, porté par le dey d’Alger,
Hussein sur le consul de France, suite à une discussion houleuse entre les deux hommes au
sujet d’une dette impayée. (171)

Ce qui a provoqué une rupture diplomatique entre les deux pays, et la soumission d’Alger à
un blocus maritime instauré par la France et qui fut maintenu trois ans. Le dey répliqua par
la destruction des comptoirs français de Bône et de la Calle.

C’est Charles X qui ordonna la conquête, avant qu’il ne soit renversé en juillet 1830.
La résistance formée de troupes turques renforcée par des contingents Kabyles et arabe,
passaient à l’offensive le 19 juin, mais ils ont vite été défaits. L’armée française arrive à
Alger, et le dey lui livrait cette dernière. Il a pu, quant à lui, quitter le pays pour Naples le 5
juillet avec la plupart des janissaires. (172)

171-Noguères. H, L’expédition d’Alger 1830, Julliard, Paris, 1962.

172-Idem.

148
L’autorité turque allait disparaitre, et celle de l’armée française devait lui être substituée
dans toute la Régence. Il y a eu une période d’incertitude et de désordre, et un mouvement
de résistance allait voir le jour quelques années plus tard. En effet, à l’Est du pays, des
mouvements de résistance à la France ont eu lieu notamment en Kabylie, menés par Lala
Fatma N’Soumer.

Aussi à l’Ouest, Abd el-Kader, qui se fait reconnaitre comme émir par quelques tribus de la
région de Mascara, proclama le djihad contre les infidèles, cependant il a accepté en 1834 un
traité de paix avec l’armée française, cette dernière l’aidant même en lui fournissant des
armes, et a remporter une victoire sur les anciennes milices du bey turc.

Cependant, les hostilités avec la France reprirent, et Abd el Kader se distingua notamment
en infligeant un sérieux échec à l’armée en 1835, dans la bataille de la Macta. La venue du
général Bugeaud allait aboutir à la signature du traité de la Tafna en 1841 avec l’émir Abd el
Kader, néanmoins peu de temps après la trêve sera rompue. Abd el Kader se montra bon
stratège et un véritable chef de guerre. (173)

Il est aussi intéressant de parler de la prise en 1843, du trésor de l’émir par la France ainsi
que ses troupes de réserves, par surprise. Et 1844, l’armée du roi marocain est battue par le
général Bugeaud à la bataille d’Isly, et un traité est signé par les deux partie désignant l’émir
Abd el Kader comme un hors la loi, et un autre traité verra le jour un an plus tard, et qui
marquera les frontières entre le Maroc et l’Algérie. Par la suite, des tribus fidèles à l’émir ont
été massacrées par le souverain marocain.

L’émir qui était attaqué par la France du coté Est et Nord et par les troupes marocaines à
l’Ouest, a fini par déposer les armes et se rendre en 1847. Les batailles dans les Aurès se
terminent et le constantinois est conquis à son tour en 1848.

Et en l’année 1857 les tribus Kabyles se rendent, et la prise de Fatma N’Soumer met un
terme à la résistance. Même si les Kabyles se soulèveront jusqu'à la fin des années 1870. La
France contrôle alors tout le Nord de l’Algérie.

173-Ageron. R, Histoire de l’Algérie contemporaine, presse universitaire de France, Paris, 1969,p, p, 13,19.

149
En ce qui concerne le sud, l’avancé de la France se fait par la prise de la ville de Laghouat et
Touggourt, ainsi que par la capitulation des Béni Mzab en 1852, ce qui fera reculer les limites
de l’Algérie jusqu’au grand désert.

Des révoltes éclateront, menées par des tribus Kabyles en 1871, à leur tête le Cheikh El
Mokrani et le Cheikh Haddad, ce dernier est le chef de la confrérie des Rahmaniya. Ce fût la
plus importante insurrection contre le pouvoir colonial français depuis 1830.

Après l’attaque des français les insurgés se rendent, ainsi que cheikh Haddad et ses fils,
El Mokrani fut tué au combat et après la capture de Bou Mezrag en janvier 1872,
l’insurrection prend fin. La répression qui a suivi a été marquée par de nombreux
internements et déportations vers la Nouvelle Calédonie, ainsi que d’importantes
confiscations de terre, obligeant l’expatriation de nombreux algériens. (174)

La poussée de l’armée française vers le grand Sud, s’est heurtée aussi à une résistance,
notamment la mission Flatters qui fut anéantie par les Touareg en 1881, et le contrôle du
Hoggar n’a pu se faire qu’en 1902.

Le Cheikh Bouamama, à partir de l’année 1881, qui a pu rassembler un grand nombre de


soldats, est entré en résistance armée contre les forces françaises, et gagnera sa première
bataille au sud d’Ain Sefra, et infligera de grandes pertes à ses ennemis,

Par la suite il y’aura d’autres batailles et des mouvements d’insurrections qui obligeront la
France à augmenter ses troupes et ses moyens pour y mettre fin, ce qui poussera le Cheikh
Bouamama de se rendre au Maroc voisin, pour y trouver refuge. La France va le pourchasser
et exigera, par des pressions sur le sultan marocain, de le chasser de son territoire.

Vers la fin de l’année 1883, il a du donc quitté la région pour se rendre dans le Touat où il
recevra de l’aide et la protection des habitants de l’oasis de Deldoul, où il s’établira jusqu’à,
1894. Durant ce temps, il enseignera la religion dans sa zaouïa, et il prônera la poursuite du
combat contre la colonisation, et restera actif en fédérant différentes tribus à sa cause.

174-Ageron. R, Histoire de l’Algérie contemporaine, presse universitaire de France, Paris, 1969,p, p, 40,45.

150
Il réussira à gagner la confiance des habitats de la région saharienne, et aura rassemblé
beaucoup de partisans, notamment les tribus de Ouled sidi Cheikh, et face à cette
progression, l’autorité française lui proposa un traité de paix, qu’il refusa en 1892 et il faudra
attendre octobre 1899, pour que le gouverneur général Laverrière accorde l’aman (la paix)
total et sans conditions.

Une période de paix sera observée en Algérie au début du XX siècle, et plusieurs


personnalités algériennes émergent pour demander plus d’égalité entre français et
algériens. Une contestation intellectuelle commence à se développer, et des idées sont
apparues autour d’une prise de conscience d’un droit à l’indépendance, une dynamique qui
se poursuivra et incitera la France à accroitre la surveillance de cette élite, et exilera bon
nombre d’entre eux, par exemple l'émir Khaled El-Hassani Ben El-Hachemi qui sera envoyé
en Égypte, puis en Syrie pour son exil. (175)

Plusieurs associations et partis verront le jour, et avaient comme dénominateur commun la


question algérienne, mais chacun détenait sa propre vision et définition, d’où leur pluralité.
Nous pouvons citer le père du nationalisme algérien Messali El Hadj ainsi que Ben Badis,
fondateur de l’association des oulémas musulmans algériens.

D’ailleurs, c’est en 1926 que Messali El Hadj créa à Paris, l’Etoile Nord- Africaine, avec ses
amis algériens membres du parti communiste français, et qui à partir de 1927 réclamaient
clairement l’indépendance de l’Algérie. Ce parti s’est implanté en Algérie qu’en 1936, et
après que les autorités françaises l’aient dissolu, Messali El Hadj riposta en créant le Parti
Populaire Algérien (PPA), en 1937. Ben Badis, Tayyib al Uqbi et Bachir al Ibrahimi, ont œuvré
pour la restauration de la foi en lutant contre le maraboutisme qui allait dans le sens du
colonialisme, ainsi que l’arabisation de l’Algérie qui était menacée par la francisation. (176)

Le travail de l’association des oulémas, se définissait par des publications et en la création


d’écoles primaires et médersas libres, qui enseignaient l’islam et le patriotisme algérien, ils
étaient contre la politique d’assimilation. Durant la deuxième guerre mondiale en 1942,
l’armée d’Afrique s’est rangée dans le camp des alliés, après le débarquement anglo-
américain au Maroc et à Oran et quelques jours d’affrontements.

175-Ageron. R, Histoire de l’Algérie contemporaine, presse universitaire de France, Paris, 1969,p, p, 71,76.
176-Simon. J, Le PPA, le parti du peuple algérien, 1937-1947, l’Harmattan, Paris, 2005,p,p,27,67.

151
Beaucoup d’algériens composaient cette armée et ont participé à la guerre contre les
allemands en Afrique et en Europe.

Après la fin de la deuxième guerre mondiale, y a eu un événement qui est considéré comme
le véritable tournant, qui par la suite, a déclenché la lutte armée contre la France. En effet, le
8 mai 1945, suite à des manifestations d’algériens dans plusieurs villes de la région de Sétif
et celles du constantinois, pour fêter la victoire contre l’Allemagne et en même temps pour
rappeler des revendications nationalistes, des émeutes ont éclatées et une centaine de
français ont été tués par les manifestants algériens. (177)

La réaction des autorités sur place a été brutale et une répression de l’armée française a fait
entre 20000 et 30000 morts dans la population indigène algérienne, selon l’historien
Benjamin Stora, alors que les chiffres officiels français parlent de 1500 morts, aussi après ça
plusieurs personnalités algériennes ont été arrêtées, comme Farhat Abbas et Bachir El
Ibrahimi, et accusés d’avoir provoqués ses événements. (178)

Par la suite, en 1946, y a eu la création de l’Union Démocratique du Manifeste Algérien


(UDMA) par Farhat Abbas, alors que Messali El Hadj créa le Mouvement pour le Triomphe
des libertés Démocratiques (MTLD).

L’augmentation des injustices entre algériens et européens, ainsi que des évolutions
politiques dans les deux camps, vont aboutir au déclenchement de la guerre d’Algérie.

- La guerre d’indépendance de 1954 à 1962

Après la création du Comité Révolutionnaire d’Unité et d’Action, en 1954, par d’anciens


membres de l’Organisation spéciale (cette dernière créée en 1949, qui était un groupe de
choc du MTLD), il sera fixé la date du 1er novembre de la même année par ce comité, comme
premier jour de la guerre d’indépendance algérienne.

177- Stora. B, histoire de l’Algérie coloniale 1830-1954, La Découverte, Paris,1991,p,p,21,66.

178- Idem.

152
Les nationalistes algériens vont perpétrer des attentats dans différentes villes d’Algérie, sous
le nouveau non du Front de Libération Nationale (FLN) qui sera une organisation politique et
militaire, dont le bras armée sera l’ALN : Armée de Libération Nationale.

Nous allons donner les dates les plus significatives de ce conflit, qui durera jusqu’à l’année
1962 : (179)

- Le 1er Novembre 1954, création du FLN et organisation d’attentats par ce dernier, à travers
le pays, essentiellement dans les Aurès, ainsi que la réclamation d’un état algérien
indépendant. Le but était aussi « l’internationalisation du problème algérien ».

Le gouverneur Général a aussitôt dissolu le MTLD, et procédé à l’arrestation des militants


messalistes et centralistes. Après leur libération, les centralistes ont rejoint le FLN, et les
Messalistes en créés un nouveau parti, celui du Mouvement National Algérien (MNA).

-Février 1955, le gouvernement Mendès-France a augmenté les effectifs de l’armée sur le


territoire algérien, mais cela n’a pas aboutit à la destruction des groupes armés, et ces
derniers arrivaient à grossir leurs rangs, et la rébellion armée toucha la Kabylie et le Nord
constantinois.

La même année E. Faure, chef du gouvernement, augmentent lui aussi les effectifs militaires
et le gouverneur d’Algérie, J. Soustelle tenta la reprise du dialogue avec les nationalistes
modérés, et une politique d’intégration nationale est proposée.

En Avril 1955, les pleins pouvoirs sont transférés à l’armée au niveau des régions qui
connaissent des troubles, ce qui n’a pas arrêté les actions du FLN qui seront relancés durant
l’été.

-Durant l’année 1956, le FLN intensifie ses activités politiques et militaires, et les oulémas
ainsi que le parti communiste algérien (clandestin), rallient le FLN. Aussi il y a eu la création
de syndicats comme celui de l’UGTA, et une grève illimitée des étudiants et écoliers
algériens musulmans, a été déclenchée. En février le gouvernement Guy Mollet est investi,
s’en suit la nomination du général Catroux comme gouverneur d’Algérie, mais les européens
d’Alger prirent position contre lui, et il fût remplacé à son tour par R. Lacoste.

179-Harbi. M,Stora. B, La guerre d’Algérie, Hachette, Paris, 2005,p,p,43,135.

153
L’Assemblée nationale française vote l’octroi des pouvoirs spéciaux pour le rétablissement
de l’ordre en Algérie (mars 1956), et le gouvernement Guy Mollet fait passer les forces
armées à 400 000 hommes.

Le 20 aout 1956, a été organisé par le FLN un congrès secret : le congrès de la Soummam en
Kabylie, où a été définit un état major unique de l’ALN et sera confié à Krim Belkacem, ainsi
que la direction politique du FLN a été donnée au Conseil National de la Révolution (CNRA)
et un comité de Coordination et d’Exécution (CCE), a aussi été créé.

Durant ce congrès, il y a eu l’organisation et l’orientation de la lutte armée et les directions


qu’elle devait prendre, et l’établissement du but de cette dernière qui était l’aboutissement
à la création d’une république algérienne libre, démocratique, unie et sociale.

Guy Mollet a procédé à des contacts, par des intermédiaires, avec le FLN pour des
négociations, mais les pourparlers se sont interrompus fin septembre. Le 22 octobre, l’avion
marocain qui transportait des dirigeants du FLN a été détourné par l’armée française, et ses
occupants arrêtés, ce qui a empêché toute nouvelle négociation.

La rébellion et le mouvement indépendantiste touche pratiquement toute l’Algérie, et la


population algérienne échappe de plus en plus à l’autorité française. La Tunisie et le Maroc
servent de base arrière pour le FLN et sa branche armée l’ALN. L’épisode du détournement
de l’avion allait faire parler de la guerre coloniale menée par la France, et cela nuira à son
image sur la scène internationale. (180)

-L’année 1957, le général Massu reçoit les pleins pouvoirs en janvier, et sera chargé du
maintien de l’ordre et de maitriser la révolte dans la région algéroise, ça sera le début de la
bataille d’Alger (janvier à septembre).

Cette période sera marquée par des exécutions et des exactions des unités parachutistes
françaises, et la torture sera utilisée à grande échelle, même sur les femmes et l’opinion
publique sera informée par la presse des ses pratiques, Cependant, le parti communiste
français se prononce contre la guerre et ses dérives. (181)

180- Harbi. M Stora. B, La guerre d’Algérie, Hachette, Paris, 2005,p,p,43,135

181- Idem.

154
L’armée algérienne a subit de durs combats dans le maquis, et celle-ci avait du mal à se
reconstituer, à cause du manque d’approvisionnements en armes et par un isolement dû aux
regroupements de la population par l’armée française. En plus L’ALN a dû combattre ses
propres dissidents dans la région de l’Aurès et les maquis messalistes.

-Le 13 mai de L’année 1958, sous la pression des manifestants dans les rues, ainsi que celle
de l’armée française, un comité de salut public a été crée à Alger. Cette année verra la venue
au pouvoir du général De Gaulle, qui obtiendra les pleins pouvoirs et réformera la
constitution.

De Gaulle a pu rétablir l’autorité politique et civile en Algérie, et a fait des promesses de


réformes profondes, tout en lançant une grande offensive militaire contre le FLN dans les
maquis pour l’affaiblir, ce qu’il arriva à faire.

-En septembre 1959, De Gaulle parle de l’autodétermination de l’Algérie et le droit à


l’indépendance, ce qui sera ressenti comme une trahison du coté des partisans de l’Algérie
française, et des colons.

-En janvier 1960, des manifestations des colons à Alger contre la politique de De Gaulle, ce
qui provoquera l’intervention de l’armée pour réprimer les émeutiers et rétablir l’autorité de
Paris en Algérie.

-Le 4 novembre 1960, De Gaulle prononce son discours où il évoque la république algérienne
et sa probable existence future, ce qui provoquera encore une fois des manifestations de
colons en colère et déçus par la politique menée en Algérie, cependant cette fois ci le FLN
est présent et une contre manifestation est organisée.

-8 Janvier 1961, le général De Gaulle fait approuver sa politique par référendum, puisque le
oui l’a emporté pour l’autodétermination en Algérie. Et le 22 avril des généraux, qui étaient
contre cette orientation politique de l’autodétermination, vont tenter un putsch à Alger qui
se soldera par un échec.

Ce qui provoquera la création de l’Organisation armée secrète (OAS), qui défendra l’Algérie
française et mènera plusieurs attentats contre le gouvernement de De Gaulle et contre la
population algérienne. Entre le FLN et l’OAS s’engage une guérilla urbaine en Algérie mais
aussi en métropole, ce qui sèmera le trouble.
155
-En 1962, débutent les négociations d’Evian et aboutissent à la signature d’un cessez le feu le
18 mars de la même année, et pratiquement toute la population française et algérienne les
approuvent. Pour les Pieds Noirs, c’est le départ vers la métropole pour fuir le climat de
violence qui régnait à cette époque et aussi par peur d’être attaqués, après le massacre
d’Oran où plusieurs de leurs compatriotes ont été tués.

- Le 1 juillet, le vote du referendum sur l’indépendance de l’Algérie est en faveur du oui avec
un large pourcentage, et celle-ci sera officiellement proclamée indépendante le 3 juillet
1962.

- L’Algérie Indépendante

L’Algérie indépendante va connaitre une évolution dans sa structure et son organisation.


Juste après son indépendance, des désaccords et des divisions entre plusieurs clans algériens
ont presque abouti à une guerre civile, les choses vont finir par se stabiliser et cette jeune
nation aura un régime socialiste et son premier président sera Mr Ben Bella, jusqu’au 19 juin
1965, où le ministre de la défense, le colonel Houari Boumedienne ait procédé au coup
d’état qui le placera à la tête du pouvoir algérien. (182)

Après le décès du président Boumedienne (27 décembre 1978), l’armée à placé le colonel
Chadli Bendjedid comme secrétaire général du FLN et celui là sera élu comme président de
la république en le 7 février 1979.

Depuis L’indépendance du pays, c’est une gouvernance du partie unique qui est observée,
avec l’omniprésence de l’armée, jusqu’au troubles et grèves de la population algérienne en
octobre 1988, celle-ci est sortie dans la rue pour réclamer plus de libertés et une
amélioration de sa situation économique et sociale. Au début touchant la capitale, puis
après la contestation s’est propagée dans plusieurs grandes villes, et les autorités ont
réprimées violemment la population et des centaines de morts ont été enregistrées.

Suite à ces événements, aux débuts de l’année 1989, une nouvelle constitution est proposée
par l’état algérien, qui sera approuvée largement par les suffrages, ce qui marquera la fin du

182-Ageron. R, Histoire de l’Algérie contemporaine, presse universitaire de France, Paris, 1969,p,p 117,126.

156
monopole du parti unique, l’Algérie s’ouvre au pluralisme politique, et des partis de
différentes orientations voient le jour.

Les difficultés économiques ainsi que la précarité de la population, majoritairement jeune et


sans emplois, précipiteront, lors des élections municipales du 12 juin 1990, l’avènement du
Front Islamique de Salut, un parti religieux et obscurantiste qui bouleverse le paysage
politique algérien et prône l’instauration d’un état fondé sur la Charia.

Après que ce parti ait obtenu presque 50% des suffrages lors du premier tour des élections
législatives du 26 décembre 1991, l’état algérien interrompe le processus électoral car
pressentant la victoire du FIS, et le deuxième tour de ces élections n’aura pas lieu, ce qui
provoque la colère des partisans de ce parti en question et une grave révolte débutera et qui
prendra vite les allures d’une guerre civile, quelques mois plus tard.

Le président Chadli démissionne le 11 janvier 1992, et cède le pouvoir à l’armée et le Haut


Comité d’Etat (HCE) est instauré. On fait appel à Boudiaf qui est l’une des figures historique
de la résistance algérienne lors de la guerre de libération et qui prendra la tête du HCE le 14
janvier 1992.

Un homme connu pour son honnêteté et sa clairvoyance, qui sera très vite aimé et adopté
par la population, et fera figure d’homme de la situation, il entamera des réformes et un
travail de fond pour redresser le pays, ce qui a provoqué des distensions et a surement
dérangé une partie du « pouvoir caché ». Le 29 juin 1992 lors d’une allocution publique dans
la ville d’Annaba, il sera assassiné par un élément chargé de sa sécurité, ce dernier, sera
arrêté et condamné par la suite.

La réalité exacte et les vrais commanditaires de ce crime sont toujours inconnus, même si
pour l’opinion publique algérienne, le président Boudiaf fut tué sur l’ordre d’une « partie du
pouvoir » qui a toujours dirigée le pays.

D’ailleurs la famille du défunt a toujours réclamé la réouverture du procès, car convaincue


d’un complot organisé par une partie de dirigeants militaires.

L’Algérie sombre dans un climat de guerre civile orchestrée par les islamistes qui ont opté la
lutte armée et le terrorisme, contre le pouvoir, ses institutions et le peuple algérien.

157
Des attentats sont perpétrés à Alger et d’autres grandes villes, des journalistes et des
intellectuels seront assassinés. L’Algérie va vivre des moments difficiles, et une « décennie
noire » où beaucoup de citoyens perdront la vie.

Les maquis sont investis par des groupes terroristes armées qui vont perpétrer des exactions
et des crimes contre des milliers d’algériens, cependant la lutte va s’organiser et l’armée
algérienne entrera en guerre ouverte contre ces intégristes.

Officiellement l’armée lutte contre les terroristes, cependant elle a été accusée de crimes
contre la population, ainsi d’avoir procédé à des arrestations abusives, et le climat de guerre
a favoriser le flou et l’anarchie. Jusqu’ à présent des centaines d’algériens sont portés
disparus et beaucoup de crimes et d’attentats imputés au terrorisme laissent planer le doute
sur une éventuelle complicité ou carrément une implication direct de l’armée. Cela dit,
c’était l’état d’urgence en Algérie et aucune enquête n’a été menée pour mettre la lumière
sur certains événements.

L’élection d’Abdel Aziz Bouteflika le 15 Avril 1999, comme président n’a pas été suivi par
l’arrêt des actions terroristes, néanmoins sa politique de réconciliation va avec le temps
pousser beaucoup d’éléments terroristes à se rendre, et une paix fragile verra le jour avec
une nette diminution des attentats. Aussi il y a eu, dés le début des années 2000, une
amélioration de la situation économique et un retour d’un climat favorable à
l’investissement.

Aujourd’hui, nous pouvons dire que la situation sécuritaire en Algérie est rétablie, et le
terrorisme pratiquement vaincu, sauf certains groupes diminués et peu nombreux subsistent
et se sont retranchés dans les montagnes et maquis de la Kabylie. D’ailleurs cette dernière
connait des opérations militaires de ratissages de façons périodiques ces dernières années,
car une activité de ces groupes reste présente et des actions contre les symboles de l’état
sont enregistrées, comme les attentats visant les convois et des casernes militaires.
Cependant la situation n’est pas du tout comparable avec la période « noire » connue par le
passé, et la population algérienne n’a plus peur de se déplacer comme avant. Avec le retour
de la sécurité d’autres défis sont à relever de la part de l’Algérie, notamment en termes de
création d’emplois et de logements, ainsi que l’amélioration du climat social et économique.

158
Les algériens aspirent à plus de libertés et à une vie meilleure, une demande qui n’est pas
impossible à réaliser bien au contraire, avec les richesses du pays que tout le monde connait,
tous les secteurs de la vie quotidienne doivent faire l’objet d’effort pour leur amélioration.

La demande des algériens, en plus de celles logiques d’emplois et de logements, vise la


recherche d’une mise au point des institutions étatiques et une meilleure organisation de
celles-ci et une gestion plus efficaces des secteurs et deniers publics.

Les ralentissements bureaucratiques et les incohérences rencontrés quotidiennement par


les citoyens, ainsi que d’autres problèmes liés au transport, à la santé, à la gestion des
déchets pour en citer que ceux là, contribuent à une mal vie et un mécontentement dans
toutes les catégories sociales de la population.

Le sentiment que les autorités étatiques sont déconnectées des réalités vécues par les
citoyens algériens, est partagé par tous. Une certaine frange de la population pour ne pas
dire la majorité, est persuadée d’être abandonnée à son sort, surtout chez les jeunes qui,
même avec des diplômes, n’arrivent pas à décrocher un emploi, et si c’est le cas, il ne
correspond que rarement à leurs formations ou leurs profils, sans parler du salaire qui est
insuffisant pour construire une vie descente. Aussi il existe un sentiment de plus en plus
grand d’injustice vécu par la population à cause de la corruption généralisée dans tous les
secteurs.

Aujourd’hui, beaucoup d’algériens quittent leur pays pour d’autres territoires, généralement
l’Occident, afin d’améliorer leur conditions de vie, et parmi eux énormément de nouveaux
diplômés, ainsi que des cadres et des intellectuels de toutes formations. Une perte sèche
pour la nation algérienne, car la plupart ne reviendront pas, (sauf pour des vacances) et font
profiter d’autres pays de leur savoir faire et connaissances.

Les décideurs algériens doivent se pencher sur cette question, et offrir des solutions
adéquates pour retenir cette manne qui est indispensable pour l’avenir du pays et son
développement. Sans oublier les autres catégories sociales, notamment celles d’où provient
les centaines de candidats à l’immigration clandestine, qui tentent leur chance en traversant
la mer et qui, pour la plupart périront dans ce voyage dans des conditions atroces.

159
Tout ceci exprime le malaise et le climat qui règne dans la société algérienne et peut
expliquer en partie les différents mouvements de contestations et manifestations qui sont
observés dans tous les secteurs ces derniers temps, ainsi que les nombreuses descentes de
citoyens dans la rue, pour des revendications liées à l’amélioration de leurs conditions de
vie.

Les causes profondes de se malaise sont connues par tous et elles touchent le secteur social,
économique et politique et liées à la mauvaise gestion et aux différents abus à travers tout le
processus de décision jusqu'à celui de réalisation. Le manque de volonté des autorités est
flagrant dans certains cas, et leur professionnalisme ainsi que leurs intégrités sont souvent
pointés du doigt.

Pour éviter une situation explosive, comme celle connue par le passé, il est temps de
procéder à un vrai effort et l’engagement dans une politique réellement orientée vers la
résolution des entraves, ce qui mènera au développement de la société et à sa
reconnaissance.

I-1-3- Institutions et économie algériennes

La république algérienne démocratique et populaire, est indépendante depuis 1962, et a


comme langue officielle la langue arabe, et Tamazight comme langue nationale reconnue. La
constitution algérienne définit son territoire comme pays arabe, musulman, méditerranéen
et africain, et faisant partie du Grand Maghreb.
L’Algérie fait partie de l’Organisation des Nations Unies (ONU), ainsi que de l’Union Africaine
et de la Ligue des Etats Arabes.
Abdel Aziz Bouteflika est le président actuel depuis le 15/4/1999, et c’est le 7eme chef d’état
algérien, et le premier qui soit à son troisième mandat après avoir modifié la constitution qui
limitait la magistrature suprême à 2 mandats. L’Algérie dispose de deux chambres
parlementaires : la première c’est l’Assemblée populaire nationale (APN) avec 380 députés à
majorité RND, FLN et MSP. La deuxième chambre représente le conseil de la Nation avec 144
membres dont un tiers désigné par le président et les deux tiers restants sont des élus. La
durée de la législation est de cinq ans. Il existe aussi un conseil constitutionnel qui est
composé de neuf membres et qui a pour mission, la veille au respect de la constitution.

160
L’Algérie est divisée administrativement en 48 wilayas depuis 1985, date du dernier
découpage, ce sont des circonscriptions administratives avec une assemblée d’élus sous
l’autorité d’un Wali (l’assemblée populaire de wilaya), ce dernier est nommé par le
président. Chaque Wilaya est divisée en plusieurs Daïras, et ces dernières sont divisées elles
aussi en communes. Il existe 1500 communes en Algérie et chacune d’elle possède une
assemblée populaire communale qui procède à l’élection de son président qui fait office de
maire.
Tableau 5 : Les wilayas les plus importantes en termes de populations sont (d’après le
Ministère algérien de l’Intérieur et des collectivités locales) :

Numéro Wilaya Population (en 2007)

02 Chleff 1 013 655 habitants

05 Batna 1 126 809 habitants

06 Bejaia 915 819 habitants

09 Blida 1 009 752 habitants

13 Tlemcen 944 093 habitants

15 Tizi-Ouzou 1 119 646 habitants

16 Alger 2 947 446 habitants

17 Djelfa 1 164 870 habitants

19 Setif 1 495 403 habitants

25 Constantine 942 668 habitants

28 M’sila 988 185 habitants

31 Oran 1 382 980 habitants

161
La population algérienne est de 36 300 000 habitants et cela au 1er janvier 2011, (d’après
l’Office national des statistiques de l’Algérie, ONS), elle était de 29 276 767 habitants au
recensement général de la population
popu et de l’habitat en 1998. La croissance démographique
enregistre une tendance à la baisse ces vingt dernières années, puisque le taux
d’accroissement naturel est passé de 3,14% durant les années 1971-1975
1971 1975 à environ 1,44
durant les années 1999-2005.
2005.
L’espérance dee vie à progressée de près de vingt ans ces tente dernières années, elle
approchait les 75,7 ans en 2008. Le taux de mortalité infantile a baissé de deux tiers, celui-là
celui
dépassait les 15% en 1970, ainsi que l’indice de fécondité qui est passé de 8,3 enfants
enfant par
femme en 1970 à 2,54 enfants par femme en 2006, cela est dû à la pratique de la
contraception et le recul de la nuptialité, selon l’ONS, ce dernier prévoit à 45 millions le
nombre d’habitants à l’horizon 2020, tout en signalant que 70% de la population
populati a moins de
30 ans et 40% sont sous la barre des 15 ans au début de l’année 2011.

Un partie importante de la population (environ 40%) se trouve sur le littoral, avec plus de 14
millions d’habitants concentré au nord du pays avec une densité de 260 habitants
habit au km2.
Quant à la densité de la population au Grand Sud elle est d’un habitant au km2. Le secteur
urbain se voyait composer de 12% de la population algérienne en 1960 alors qu’en 2009 il
représentait plus de 60%. (183)

Schéma 2 : Découpage administratif de l’Algérie , (48 Wilayas)

183- Ministère algérien de l’intérieur et des collectivités locales.

162
Suite du schéma 2 :

Après l’indépendance de l’Algérie en 1962, l’économie de celle-ci


celle ci dépendait fortement de la
France,, surtout dans le domaine commercial et les supports techniques. Le pays devenue
libre a opté pour un modèle économique socialiste avec une idéologie marxiste tout en
rompant avec l’organisation économique et sociale inégalitaire qui prévalait à l’époque
coloniale. Il était nécessaire de consolider l’état afin qu’il puisse procéder à une
transformation économique et cela en lui attribuant les moyens adéquats comme :
- La nationalisation du secteur bancaire et les entreprises industrielles,
- La création de la monnaie nationale et l’élaboration d’un contrôle des changes et du
commerce extérieur.
Par la suite en 1969, un système de planification va servir de base pour des plans de
développement étalés sur plusieurs années et qui auront pour objectifs un contrôle national
des richesses et des moyens et l’augmentation du niveau de vie de la population,
population
notamment par l’offre des possibilités d’emploi.

163
Une économie étatique a vu le jour ce qui a abouti à une réorganisation totale, notamment
par la création de comités de gestion des domaines agricoles, ainsi que la réappropriation
des entreprises et sociétés laissées par la France.
Il y a eu aussi la création de diverses entreprises publique comme l’office national de
commercialisation (ONACO), qui permettait à l’état de procéder à l’importation des produits
alimentaires, puis de les distribuer à travers des magasins d’état. Aussi on peut citer d’autres
entreprises comme l’office national algérien du tourisme et aussi la SNTA pour la production
et la vente de tabac.
Sous la présidence de Ben Bella, il y a eu la nationalisation de petits commerces tels des
hôtels, cafés. Cette politique économique a engendré une baisse significative des recettes
fiscales, et poussé l’Algérie dans des difficultés financières et elle a sollicité l’aide de la
France et de la Russie, qu’ils lui ont accordé des prêts.

Une baisse conséquente de la production agricole a été enregistrée et cela dû à la révolution


agraire, avec une déstructuration du secteur traditionnel qui existait avant, ce qui a poussé à
un exode rural massif des paysans vers les villes, forcés à abandonner leur village et leur
travail traditionnel, par les nombreuses expropriations.

Aussi, jusqu’à 1971, l’état algérien a effectué la nationalisation des secteurs clés de
l’économie, comme le secteur bancaire et minier en 1966, ainsi que celui de la distribution
des produits pétroliers en 1967 et la nationalisation totale des hydrocarbures en 1971.
Le secteur privé est très négligeable en cette période. Le commerce extérieur est
monopolisé par des organismes publics comme ONACO pour les produits alimentaires,
OFALAL pour les fruits et légumes, ONCV pour le vin. Une stratégie de développement
économique dictée et dirigée par l’état, qui est prédominant, avec la mise en place des plans
quadriennaux de 1970-1973 et celui de 1974-1977, qui ont orienté l’économie de cette
époque.
Cette dernière est marquée par l’augmentation de la production d’hydrocarbures et
l’investissement dans l’industrie lourde, celle-ci qui a finalement été peu rentable. Aussi le
secteur agricole périclitait, surtout pour la production de céréales et les cultures
maraichères, ce qui a poussé l’état à recourir aux importations. D’ailleurs la dette publique

164
était de 6 millions de dollar en 1974 et a grimpé et littéralement explosé, puisque elle est
passée à 20 millions de dollar en 1979.

Des efforts dans le secteur de l’emploi ont été faits, puisque la création de nombreuse
sociétés et entreprises étatiques ont engendré la création de beaucoup de postes de travail.
L’école et l’université gratuites ont amélioré l’accès à l’éducation à un grand nombre de
personne, et des efforts notables ont été entrepris dans ce domaine.

Tandis que, le secteur de la santé est aux prises à de graves problèmes liés au manque
d’infrastructures et d’équipements, ainsi que l’approvisionnement en médicaments, et la
pénurie des spécialistes en médecine.

A partir de 1980, on se tournera à l’économie centralisée, et en encouragera le secteur privé


ainsi que la consommation, alors que l’investissement productif est ralenti.
Une restructuration du secteur public voit le jour, et l’accent est mis sur la nécessité de
rentabilité des entreprises. Le trésor public subventionnait un grand nombre de biens et
services et en 1982 la révolution agraire est abandonnée au profit du système des domaines
autogérés. (Domaine agricole socialiste).

La crise économique s’aggrave en Algérie dés l’année 1986, avec la chute du prix de pétrole
et celle du dollar, qui ont réduit les revenus des exportations, ces dernières étaient basées à
95% sur les hydrocarbures. Le pays empruntait pour pouvoir faire face aux importations
alimentaires, afin de palier aux besoins de la population. En 1988 les réserves de change
diminuent et la croissance annuelle chute, aussi le 5 octobre 1988, des émeutes populaires
ont éclaté dans les grandes villes et les agglomérations urbaines et qui se solderont par
plusieurs victimes.

Cette date à démontré l’impasse politique qui décrivait le pouvoir depuis l’indépendance
ainsi que la grande dépendance du pays vis-à-vis d’une seule ressource énergétique.
L’Algérie a dû se résigner au rééchelonnement de sa dette extérieure évaluée à plus de 25
milliards de dollars américain au début des années 1990, (selon la Banque d’Algérie). Un plan

165
d’ajustement structurel a accompagné ce rééchelonnement qui sera très dur pour les
catégories sociales déjà fragilisées.

En 1989, l’Algérie signe un accord avec le FMI pour un financement compensatoire, et l’a
amené à libérer partiellement le commerce extérieur, s’en suivirent deux autres accord l’un
en 1991 et l’autre en 1994 dans le but de soutenir le programme de l’état pour la relance
économique, d’ailleurs ce dernier l’obligera à verser chaque année, jusqu’en 2006, un
important montant de devises tirées de l’exportation des hydrocarbures et causera la perte
de milliers d’emplois et une sévère chute du revenu moyen du pays.(voir annexe 2).

Des mesures de démonopolisation du commerce extérieur ont était établies, et ont facilité
l’accès à l’importation au secteur privé. Cela dit la catastrophe a été frôlée en 1993, car le
montant des exportations d’hydrocarbures avait vraiment baissé, et que les réserves de
changes ont atteint un niveau très bas, de manière à ne pas pouvoir couvrir plus d’un mois
et demi les importations. L’économie nationale a failli être en situation de cessation de
paiement.

Cette crise a favorisé un changement de cap, et la réorientation de l’économie dirigée vers


l’économie de marché, encouragé par la dévaluation du dinar, la liberté des prix, l’ouverture
du commerce extérieur, ainsi que la promulgation en 1995 de lois sur la concurrence et la
privatisation et sur la gestion des capitaux marchands de l’état. Durant la même année, des
réformes qui ont été entreprises sur le code du commerce.
Après la mise en application du plan d’ajustement structurel la dette extérieure de l’Algérie a
été ramenée de 32,2 milliards de dollars américains à 16 milliards USD en 2005 et à moins de
1,5 milliards USD en 2010. (La Banque d’Algérie). Cela s’est fait aussi grâce à une politique de
libéralisation et l’adoption de l’économie de marché, suivie d’un nouveau cadre législatif
servant de dispositif pour encourager les investissements privés nationaux et pour attirer les
capitaux étrangers, et parmi ces textes promulgués ou amendés nous pouvons citer :

- Une loi sur le crédit et la monnaie,


- Un décret visant à la création de la bourse des valeurs mobilières,
- Une ordonnance portant sur le développement de l’investissement,

166
- Une loi sur la concurrence,
- Une ordonnance relative à la privatisation des entreprises publiques.

Aussi en 2000, il y’a eu le lancement d’un nouveau code d’investissement, afin d’attirer les
capitaux étrangers, et de nombreuses facilités sont proposées à ces derniers pour les inciter
à développer des activités économiques en Algérie, d’ailleurs cette politique a réussi à
convaincre certains grands groupes, comme Djezzi et Watania en ce qui concerne la
téléphonie.
Pour asseoir la nouvelle orientation économique de l’Algérie, des réformes dites de
« seconde génération » ont été entreprises pour consolider le développement et elles ont
touché notamment :

- L’intégration dans l’économie mondiale : afin d’améliorer le niveau de vie de la


population et encourager la sortie de la forte dépendance au secteur des
hydrocarbures. Aussi l’Algérie ambitionne à intégrer l’OMC et c’est dans cette
perspective qu’il y a eu un programme de soutien et de relance économique visant la
période 2001-2004, qui a apporté des réformes touchant le tarif douanier afin
d’encourager une totale ouverture du commerce extérieur.

- La promotion de l’investissement : en encourageant les petites et moyennes


entreprises par un financement accru et aussi par l’établissement de mesures de mise à
niveau des sociétés existantes. Cette volonté de relance s’est inscrite dans un
programme qui prévoyait un budget de 30 millions d’euros. Un autre programme pour
la période 2010-2014 est prévu et il visera 20 000 PME.
- La réforme du secteur publique : sous la houlette di ministère de l’industrie, de la petite
et moyenne entreprise et de la promotion des investissements, un programme a été
lancé, visant à l’ouverture du capital de certaines entreprises publiques et la
privatisation d’autres et cela pour une meilleure gestion et l’accroissement de la
compétitivité par une stratégie adéquate.

- La réforme du secteur financier et bancaire : et cela par une remise à niveau ainsi que
la modernisation de leur gestion et leur système de paiement tout en assainissant leurs

167
situations. Après la promulgation de la loi sur la monnaie et le crédit en 1990, un
nouvel environnement bancaire et financier verra le jour ce qui permettra une
libération de l’économie et l’ouverture de cet espace aux institutions financières et
banques nationales et étrangères. Ce qui a donné, au jour d’aujourd’hui l’existence de
vingt banques dont 6 publiques et 14 à capitaux privés ainsi que six établissements
financiers (source ministère de l’industrie).

- Le développement du secteur du transport : l’Algérie détient le plus important réseau


routier du Maghreb avec un ratio de 3,7 Km pour 1000 habitants et qui totalise environ
135 000 Km. Cependant ce dernier souffre de congestion et certaines défaillances d’où
la nécessité de lancement de grands chantiers pour le réhabilité et l’agrandir, comme
par exemple l’autoroute Est-Ouest d’environ 2000 Km et qui est pratiquement achevée
et sera réceptionnée entièrement en 2012.

Ce projet contribue au développement économique du pays comme celui visant à la


modernisation et l’augmentation du réseau ferroviaire. Ce dernier compte 4300 Km
dont 200 gares commerciales en 2010. La société nationale du transport ferroviaire
(SNTF) a été restructurée pour améliorer le trafic interurbain et l’objectif affiché par les
autorités est d’atteindre 3,2 milliards de siège/Km/offert (SKO) pour l’horizon 2014. (Il
était de 800 millions de sièges/km/offert en 2004 selon le ministère de l’industrie).

L’un des projets phare est celui du métro d’Alger, dont la première ligne a été
réceptionnée en 2011, comme celle du tramway durant la même année. D’autres
projets ont été lancés comme le tramway de la ville de Constantine et celui d’Oran ainsi
que le futur métro pour cette dernière.

L’Algérie a procédé à la modernisation de ses aéroports en en engagent des


investissements conséquents pour leur mise aux normes internationales, comme la
réception en 2006 d’une nouvelle aérogare au niveau de la capitale, qui fait face à une
forte croissance de la fréquentation, ce qui a poussé les autorités d’émettre un appel
d’offre en 2011, pour la réalisation d’une nouvelle structure dans cette même ville.

168
Quant à la façade maritime algérienne elle est dotée de 13 ports principaux dont neuf
polyvalents et quatre tournés vers le secteur des hydrocarbures. Le port d‘Alger reçoit à
lui seul 30% des marchandises importées par le pays. Afin de faire face à cette
congestion, il a été confié, à une compagnie internationale, la gestion du terminal de
Djendjen à l’est du pays (Jijel), pour recevoir toutes les marchandises qui ne transitent
pas dans un centenaire.

- L’agriculture : afin de résorber le déficit du rendement agricole du pays ainsi que sa


dépendance vis-à-vis des importations, un programme a été lancé pour élargir la
superficie agricole, notamment par l’octroi de concession, la reconversion des cultures
ainsi que l’encouragement d’une gestion durable de la ressource naturelle et cela en
inscrivant ces objectifs dans un dispositif juridique adapté.

L’Algérie est l’une des premières nations mondiales importatrices de blé dur, blé tendre
et produits laitiers. La production nationale couvre en moyenne 30% seulement de la
consommation des habitants. Un plan national de développement agricole (PNDA) a
été mie en œuvre afin de donner un cadre organisationnel et des moyens techniques et
financiers pour dynamiser le secteur.
Ce PNDA encourage les interactions entre les filières de production et celles de
transformation afin de faire jouer un rôle plus important à l’agriculture au sein de
l’économie nationale.
Lancé en 2006 il a aboutit à des résultats encourageants par notamment la création de
200000 emplois durant une période de quatre ans, une production en forte croissance
des produits comme les dattes, les tomates, la pomme de terre et les viandes blanches,
augmentation dans la production des fruits et légumes, de investissements importants
dans l’agroalimentaire comme le raffinage d’huile, la semoulerie et les laiteries.

Même si les objectifs initiaux, en termes d’emplois (500000 emplois prévus au départ)
n’ont pas été atteints totalement, il est néanmoins évident que ce secteur a connu une
amélioration et un développement notable depuis l’année 2000 et une croissance de
10% en moyenne par an est attendue d’ici l’année 2014.

169
En ce qui concerne le secteur de la pêche, il y a eu des efforts consentis surtout après la
loi de l’année 2000 et relative à la pêche et l’aquaculture qui a prévu un plan de soutien
qui apportée des résultats par une augmentation des produits de la pêche, faisant
passer le ratio alimentaire national de 3 Kg/an/habitant en 1997 à plus de 5
Kg/an/habitant en 2005, et pour l’année 2010 la production nationale a atteint 130 000
tonnes. Cependant la zone de pêche estimée à 9 millions d’hectares reste
considérablement inexploitée.

- La ressource en eau : une attention particulière a été portée sur la réduction du


gaspillage en modernisant le réseau d’alimentation en eau potable et la mise à niveau
des opérateurs qui interviennent dans ce secteur. Les ressources en eau qui sont
mobilisées représentent seulement 43% d’un volume exploitable estimé à 12 milliards
de m3. Cette ressource provient principalement de 43 barrages construits entre 1952 et
1995. Des projets colossaux comme celui du barrage au niveau de la wilaya de Tizi-
Ouzou qui a été achevé et qui alimente la wilaya d’Alger en passant par Boumerdes. Il a
contribué à améliorer le confort des habitants de ces trois wilayas qui connaissaient de
très fortes pénuries durant les années 1990.

Aussi les autorités algériennes ont alloué des crédits importants afin de moderniser les
barrages qui font face à un fort envasement et une vétusté importante de leurs
équipements. Il ya eu aussi ces dernières années le lancement de différents projets de
construction de nouvelles infrastructures de stockage et de distribution d’eau afin
d’améliorer la dotation journalière des habitants qui est de 170m3 /an / habitant.
L’Algérie s’est engagée dans une véritable politique d’ « économie de l’eau » qui s’est
traduite par des dispositions pour l’enclenchement de celle-ci.

- Les télécommunications : Après la loi de juillet 2000 qui a supprimé le monopole de


l’état sur ce secteur, celui-ci a connu des changements considérables. La possibilité de
s’engager dans ce marché a été offerte a des opérateurs privés et étrangers en
facilitant l’aspect administratif pour leur permettre de s’installer et d’investir
massivement sous le contrôle de l’autorité de régulation de la poste et des
télécommunications qui garantit le respect de la réglementation ainsi que la libre

170
concurrence entres les différents investisseurs. Ceci a entrainé un essor important de la
téléphonie en Algérie, et le taux de pénétration est très élevé. La télé densité globale a
augmenté de moins de 5% en 2002 à plus de 70% en 2010.

Aussi avec l’augmentation du prix de pétrole, le climat économique au niveau interne et


externe, s’améliorait et la croissance est passée de 2,1% en 2001 à 5,3 en 2005. La banque
Mondiale prévoit une croissance économique, pour l’année 2011, autour de 4,1%, après
avoir été de 2,4% en 2010.
Selon la Banque Mondiale, les investissements directs étrangers en Algérie ont été chiffrés à
deux milliards de dollars pour l’année 2010 contre 2,85 milliards en 2009 et 438 millions de
dollars en 2000. (184)

Quelques indicateurs économiques de l’Algérie (source : la Banque Mondiale)


Tableau 6 : Indicateurs internes

2006 2007 2008 2009

PIB en USD 117169320524 135803556325 170989264622 140576526510


PIB/habitant en
USD 3513 4011 4974 4029
Croissance du
PIB en % 2,0 3,0 2,4 2,1
Inflation/prix à
la 2,5 3,5 4,4 5,7
consommation
annuelle %

184- Le journal El Moujahid, du 14 janvier 2011.

171
Tableau 7 : Indicateurs externes

2006 2007 2008 2009


Exportation de
biens et 49 47 46 40
services (%PIB)
Importations de
biens et 22 23 23 36
services (% PIB)
Total des
réserves en USD 81462730309 114972269872 148098646115 155111906162

Investissements
directs 17995400000 1661600000 2646000000 2846500000
étrangers en
USD

Cela dit, l’Algérie reste un très gros importateur de denrées alimentaires, surtout de base,
pour satisfaire la demande interne, et palier à l’insuffisance de la production nationale qui
est pratiquement nulle pour certains produits.

A titre d’exemple, l’Algérie a importé du sucre roux et des huiles brutes pour plus d’un
milliard de dollar en 2010, selon le centre national de l’informatique et des statistiques des
douanes algériennes.

Ces deux produits représentent environ un sixième de la facture des importations des biens
alimentaires de l’année 2009, estimée à près de six milliards de dollars. Les recettes
douanières ont atteint près de sept milliards de dollars au cours de l’année 2010, une hausse
de 6,9 % par rapport à l’année 2009.

172
Le Fonds Monétaire International (FMI) en 2010, a noté avec satisfaction les réalisations
économiques de l’Algérie, et cette dernière a fait face au ralentissement de l’économie
mondiale à partir d’une position relativement solide grâce à une croissance dopée par le
marché des hydrocarbures et l’augmentation du prix du pétrole, ainsi que par l’appui des
réserves officielles de devises substantielles, qui font de l’Algérie un pays nettement
créancier.

Le FMI a même félicité les autorités algériennes pour les politiques financières prudentes
qu’elles ont menées et qui ont permis d’accroitre les réserves de devises et réduire la dette
publique extérieure à un bas niveau. (185)
Toutefois, la Banque Mondiale a souligné que la crise économique mondiale qui a débuté en
2008, doit rappeler à l’Algérie les risques associés à la dépendance excessive au pétrole, et
pour diminuer celle-ci, des mesures doivent être appliquées à travers l’amélioration de la
qualité des dépenses publiques et l’élaboration de réformes favorisant le climat des affaires.

D’ailleurs un nouveau dispositif de coopération entre l’Algérie et la Banque Mondiale pour la


période 2010-2014 a été mis en place, et doit permettre une assistance technique pour la
simplification des exigences réglementaires inhérentes à l’entreprise et son environnement,
ainsi qu’un soutien aux initiatives du gouvernement visant à réduire les disparités régionales
et assurer ainsi une croissance équilibrée à travers tous le pays. (186)

Ce partenariat de la Banque Mondiale avec l’Algérie doit aussi renforcer et planifier la


capacité de suivi et d’évaluation des différents secteurs, car les retards sont importants et
les exportations hors hydrocarbures sont marginales.
Aussi le FMI prévoit une légère hausse de la croissance économique pour 2011, avec une
baisse continue de la dette extérieure et une augmentation nette du montant des
exportations des hydrocarbures et des réserves de change.

185- Investir Magazine, n° 37 de mars 2011, p 20


186-Idem.

173
Tableau 8 : Les prévisions du FMI pour l’année 2011

PIB 168,8 milliards de dollars


Croissance du PIB +3,7%
Croissance hors hydrocarbures 5,3%
Exportations des hydrocarbures 61,3 milliards de dollars
Production pétrolière 1,3 millions de barils/jour
Crédits à l’économie 12% du PIB
Investissements directs étrangers 1 milliards de dollars
Réserves de changes 171,4 milliards de dollars
Taux de couverture des importations par 38 mois
exportations
Dette extérieure 2,2% du PIB

Les chiffres du chômage officiels, annoncés par le gouvernement algérien, indiqueraient un


taux qui se stabiliserait autour de 10 et 11%, en 2009 et 2010, alors que de nombreux
économistes et observateurs le situeraient autour de 20% de la population. Il faut aussi
signaler que le marché informel est très développé en Algérie et beaucoup de familles
survivent grâce à ce dernier.

L’état algérien laisse faire, car il n’arrive pas à proposer des solutions concrètes pour
endiguer le problème récurant du chômage, et pour éviter des soulèvements d’une certaine
catégorie de la population, la plus défavorisée. Les autorités tolèrent une activité qui fait
figure de marché parallèle.

D’ailleurs de graves troubles et émeutes ont eu lieu début de l’année 2011 dans différentes
villes d’Algérie, pour protester contre la cherté de la vie et l’augmentation soudaine du prix
des aliments de base comme l’huile et le sucre.

174
Sans oublier, qu’avec le soulèvement populaire qui a eu en Tunisie et qui a provoqué la
chute de son président, ainsi que les événements qui ont conduit à l’éviction du président
égyptien et les troubles en Libye, le gouvernement algérien c’est positionné dans une
posture de prudence et de craint de voir la même situation se produire au sein de son
territoire.

L’état désire une véritable politique d’apaisement et des consultations ont été diligentées au
sein du gouvernement, pour proposer des solutions capables de satisfaire les doléances du
peuple algérien, (ou pour seulement l’endormir, le temps que les choses se calmes) et
aucune action, naturellement, est faite pour se débarrasser du marché informel, bien au
contraire ces derniers mois nous assistons à un développement de celui là, même sur les
trottoirs d’importantes rues de la capitale Alger, et un relâchement très visible de
l’application de la loi en ce sens et observée. Le printemps arabe qui a soufflé durant le
début de l’année 2011, continu dans les pays comme la Syrie et le Yémen où la répression
est très sévère et des pertes de vies humaines ont été constatées.

Après la quinzaine de jours d’émeutes de janvier 2011 en Algérie, qui finalement n’ont pas
été aussi violent que la presse occidentale l’a relayé, le calme et revenu dans les quartiers ou
elles se sont déroulés. Même si les marches de différents organismes ont été interdites et
bloquées au niveau d’Alger après ses événements, la situation n’est pas du tout comparable
à celle qu’a connu la Tunisie ou bien l’Egypte.

Il est à noter que plusieurs revendications ont étaient satisfaites depuis, notamment la levée
de l’état d’urgence qui était en place durant de nombreuse années (19 ans), et cela par
décret publié dans le journal officiel algérien le 23 février 2011. Aussi l’état algérien a
suspendu les droits de douanes instaurés début de l’année 2011 touchant l’importation des
matières de base entrant dans la fabrication des huiles alimentaires et l’importation du sucre
roux.

Néanmoins, l’économie algérienne reste fragilisée par d’autres facteurs liés à la sécurité des
biens et des services, notamment le terrorisme, qui malgré un retour au calme depuis

175
quelques années, des troubles liés à des bandes armées sont enregistrés surtout dans la
région de la Kabylie, et à la frontière sud avec le Mali et le Niger.
En effet la région du Sahel, est le théâtre d’enlèvement de ressortissant étrangers et de
demandes de rançons pour leur libération, par l’organisation dite AQMI. Cette dernière reste
très active dans cette région saharienne immense est très difficile à surveiller.

D’ailleurs la saison touristique dans le Sahara algérien, notamment à Tamanrasset qui est
collée à la frontière malienne et nigérienne, a été compromise par ces événements tragiques
et aussi par les alertes et consignes qui déconseillent vivement de se rendre dans cette
région, émises par des gouvernements comme celui de la France.

Il est vrai que les kidnappings ont touché des ressortissants français, et que plusieurs ont été
exécutés ou morts lors de tentatives de libération par les forces françaises. Il est aussi à
préciser que des otages français sont toujours aux mains de leurs ravisseurs dans la région
du Sahel.

Même si ces derniers kidnappings n’ont pas eu lieu sur le territoire algérien, la région de
l’extrême sud du pays est susceptible d’être infiltrée par des groupes terroristes sévissant
dans le Sahel, et cela à cause des frontières immenses que l’Algérie a avec ses voisins à
savoir :

- 1376 Km de frontière avec le Mali,


- 956 Km de frontière avec le Niger,
- 982 Km de frontière avec la Libye,
- 463 Km de frontière avec la Mauritanie.

Le Sahel englobe toutes ces zones frontalières, d’où le risque accru de voir des agissements
de ces organisations terroristes pénétrer le territoire algérien, de plus la guerre qui est
menée en ce moment contre le colonel Kadhafi en Libye par ses opposants et par l’OTAN,
fragilise toute la frontière Algéro-libyenne, et le risque est de voir une circulation d’armes
qui peuvent être récupérés par les bandes terroristes et donc accroitre leur force et menacer
les intérêts de toute la région.

176
L’Algérie, d’ailleurs, a renforcé sa présence militaires à proximité de cette zone de conflit au
Sud-est, afin de prévenir les éventuels trafics d’armes et incursions au sein du territoire
algérien, cela dit, comme cité plus haut, cette frontière est tellement grande, que tous les
efforts resteront insuffisants pour éliminer tous les risques.
Aussi depuis de nombreuses années, la région frontalière avec le sahel, est connue pour
divers trafics, notamment celui de l’essence, du tabac, des armes, des voitures, et sans
oublier de trafic de drogue qui transite pour alimenter les régions nord africaines.

I-2-Histoire du tourisme en Algérie

I-2-1-Du début du 20eme à l’indépendance en 1962

L’Algérie colonisée avait son tourisme organisé sur le modèle français et celui là était géré
et structuré de manière autonome par des services administratifs et des associations
officielles, ainsi que par des groupements privés qui se trouvaient sur le sol algérien.

- Les services administratifs :

Au sein des services du gouvernement d’Algérie, il existait une section dédiée au tourisme
qui était rattachée à la direction du commerce et avait comme missions d’étudier les projets
et élaboration des budgets nécessaires pour le fonctionnement et la gestion des différentes
organisations du tourisme. Ce service s’occupait aussi de la distribution des fonds consacrés
à ces dernières.

- Les associations officielles :

Elles jouent un rôle déterminant dans la promotion touristique, elles sont généralement
sous la forme de Syndicats d’Initiatives et de Tourismes (appelés ESSI), leur but s’inscrit en
plus de la promotion, autour de l’orientation et la délivrance de toutes informations utiles
ou bien demandées par les touristes dans une zone déterminée, ainsi que des actions
d’aménagement et de protection des sites touristiques. (187)

187-Cahier du centenaire de l’Algérie n°V, Publication du Comité National Métropolitain du Centenaire de l’Algérie, Alger,
1930.

177
Ces syndicats étaient regroupés en fédérations et il en existait trois, celles de l’Afrique du
Nord : du Maroc, de l’Algérie et de la Tunisie. Ces trois fédérations étaient elles aussi
regroupées en une confédération. Chaque fédération s’occupait des syndicats de sa région
et veillait à satisfaire leurs besoins de fonctionnement ainsi que leurs éventuelles demandes.

- Groupements privés

Les groupements privés désignaient les professionnels du secteur de tourisme donc les
syndicats des hôteliers ainsi que les compagnies de transports : compagnie de navigation et
la compagnie de chemin de fer, sans oublier les agences de voyages.

Ces groupements travaillaient en étroite collaboration avec la fédération et se tenaient à


leur disposition pour l’organisation des séjours et l’acheminement des touristes.

L’ensemble des fédérations de la France et ceux de ses colonies sont regroupées au sein de
l’Union des Fédérations des Syndicats d’Initiative (UFSI), cette dernière, a son siège à Paris,
et permet d’avoir tout renseignement inhérent au tourisme de la France et aussi, par des
réunions annuelles, contribue au bon développement du secteur touristique, ainsi que celui
des ESSI.

En plus, il existait déjà l’Office National du Tourisme qui avait lui aussi son siège à Paris, dont
la principale mission était la promotion du tourisme français et celui de ses colonies à
l’étranger, ainsi que l’aide au développement de l’industrie hôtelière et du fonctionnement
de la banque nationale du crédit hôtelier.

Alger était, le plus souvent la ville où se trouvait le point de commencement de tous les
circuits touristiques dans le pays. En effet avec le développement du transport maritime et
routier ainsi que l’amélioration de l’infrastructure hôtelière au début du 20eme siècle,
offrent à l’Algérie de quoi attirer les touristes et faciliter leur déplacement en son territoire.

Des touristes aisés, qui voulaient passer un hiver plus clément, se déplaçaient à Alger à la
recherche de dépaysement et pouvaient se rendre même au sud du pays grâce à la voie
ferrée qui arrivée jusqu’à Biskra.

178
Généralement c’étaient des touristes britanniques, connaissant déjà la côté
méditerranéenne européenne, notamment la côte d’Azur, et qui avaient entendu parler du
voyage effectué par le Roi Edouard VII à l’hiver de l’année 1905. Ce dernier a contribué au
lancement de cette nouvelle pratique touristique.

Cependant, après la première guerre mondiale, le tourisme en Algérie commence à attirer


plus de monde, toujours une clientèle fortunée la plupart du temps, qui prenait part à des
circuits organisés impliquant des régions dans tout le pays même le Sahara. Les principales
villes qui étaient inscrites dans ces circuits sont, Alger et sa Casbah, Constantine en passant
par la grande Kabylie, Biskra, Touggourt, Ouargla, Ghardaïa, Laghouat, Boussaâda, Oran et
Tlemcen. Par exemple, en 1925 avait était organisée une caravane touristique qui a parcouru
des régions du Sud algérien, notamment Touggourt, El Oued, Ouargla et El Golea, et cela
durant plus de cinquante jours.

Aussi, de nombreuses expéditions sont organisées au nord du pays, comme ceux du Club
Alpin Français en Kabylie dans le Massif du Djurdjura et celui de l’Ouarsenis au sud de la
vallée du Chélif. Sans oublier les Aurès, qui étaient très appréciés. Des activités de chasse et
de pêche sont aussi organisées, d’ailleurs elles étaient déjà réglementées, ainsi il existait
depuis 1921 des parcs nationaux en Algérie pour la préservation des richesses et afin
« d’assurer la protection des beautés naturelles de la colonie, de développer le tourisme et
d’encourager la création de centres d’estivages ». (188)

Une augmentation du nombre d’hôtels à Alger est observée, dans la période correspondant
au centenaire de l’Algérie, et se retrouvait avec un parc de 60 hôtels qui correspondait à une
capacité de 3000 lits. Certains étaient luxueux comme : l’hôtel Aletti (El Saffir aujourd’hui) ou
bien l’hôtel Saint Georges (El Djaziir aujourd’hui).

L’Algérie à cette époque, faisait l’objet d’une promotion et d’une information touristique
bien diffusée avec l’édition de revues (comme celle : Algéria), ainsi qu’une publicité de la
destination ayant comme support des affiches bien élaborées et résumant l’attrait du pays
d’une manière efficace, et placardées dans différents endroits et édifices publics (comme les
gares).D’ailleurs la fréquentation touristique tournait autour de 150000 touristes par an.

188-Cahier du centenaire de l’Algérie n° V, Publication du Comité National Métropolitain du Centenaire de l’Algérie, Alger,
1930.

179
La compagnie Générale Transatlantique, la compagnie des chemins de fer algériens et la
compagnie transsaharienne proposaient des circuits reliant différentes ville algériennes par
routes et allant même jusqu’au Maroc et la Tunisie qui étaient sous protectorat
français. (189)

Des itinéraires joignaient aussi des villes africaines au sud du Sahara algérien comme
Tombouctou ou Gao. Il existait donc une offre variée de circuits organisés, pour
pratiquement toutes les régions algériennes, et des agences de voyages mettaient en place,
sur demandes des touristes, des excursions en voitures particulières où l’itinéraire du voyage
était établi à la convenance du client.

I-2-2- Le tourisme en Algérie depuis l’indépendance jusqu’aux années 1990

Au lendemain de son indépendance en 1962, l’Algérie a hérité d’infrastructures bâties par la


France, et qui pouvaient être utilisées par le secteur du tourisme, dont 65000 Km composant
le réseau routier sur tout le territoire avec même des routes dans le sud algérien.

Nous pouvant évoquer aussi l’existence de 21 ports sur la côte, parmi les plus importants
ceux d’Alger, Oran, Bône (Annaba), Bougie (Bejaïa) et Philippeville (Skikda). Quant au réseau
aérien il affichait 17 aérodromes, 80 terrains équipés de pistes d’atterrissage solides ainsi
que 180 terrains servant aussi pour l’atterrissage au Sahara dont 13 aménagés pour cet
effet. (190)

Aussi le chemin de fer s’étendait à cette époque sur 4700 Km. Le parc hôtelier était composé
de 186 hôtels dont 38 situés dans le sud algérien, ce qui correspondait à 5922 lits
touristiques répartis comme suit : (191)

- 50% destinés au tourisme balnéaire,


- 40% destinés au tourisme urbain,
- 10% se trouvaient dans le Sahara.
- 155- La Dépêche de Constantine, revue de presse du 22 novembre 1951.

189- La Dépêche de Constantine, revue de presse du 22 novembre 1951.


190-trouvé dans les archives du Ministère du tourisme algérien.
191-Idem.

180
Après la fin de la guerre, le parc hôtelier était vétuste et accusait un retard de
développement qui est une conséquence au conflit armé qui opposait les deux parties.
Aussi, le départ précipité et massif des colons qui prenaient en charge l’essentiel de
l’encadrement du secteur touristique, a fortement désorganisé ce dernier ainsi que tous les
autres qui s’associaient à sa gestion et son bon fonctionnement.

Les autorités algériennes ont décidé de relancer l’activité touristique après l’indépendance,
cependant le pays a affiché peu de volonté pour le développement réel du secteur
contrairement à ses voisins, car le tourisme n’a jamais était considéré comme un atout pour
l’économie nationale, et nous pouvons dire qu’il a été considérablement négligé, même si
différents plans et chartes ont vu le jour pour permettre de revitaliser le secteur en
question.

D’ailleurs, c’est entre l’année 1962 et 1966, que les autorités ont voulu valoriser les
ressources touristiques et ont ainsi proposé un programme de création de zones
d’expansion touristiques (ZET), celles-ci concernaient trois grandes régions :

- L’Ouest d’Alger avec : Moretti (Staouali), Sidi Fredj et Tipaza,

- la région d’Oran avec Les Andalouses,

- la région Est avec les Hammadites, Séraidi et El Kala.

A partir de l’année 1966, l’état algérien s’engage dans une politique de tourisme en
introduisant plusieurs textes officiels et plans pour le développement du secteur, d’ailleurs
les orientations sont définies par des chartes et il y’en a eu trois :

a- La charte du tourisme de 1966 :

Cette charte avait pour objectif de permettre un essor touristique, et elle prévoyait la
construction d’infrastructures et des établissements d’accueil pour un tourisme balnéaire et
saharien, destinés en priorité à une clientèle étrangère. Ce qui favoriserait l’apport de
devises, la création de postes de travail et l’inscription de la destination Algérie dans le
circuit international.

181
Cette charte visait aussi le développement du tourisme interne et la nécessité de le
promouvoir afin de faire connaitre toutes les richesses naturelles que le pays peut offrir pour
ses habitants.

L’état algérien a aussi ouvert le secteur touristique pour les investissements privés pour
accroitre la capacité d’accueil du pays. (Loi du 26 juillet 1963 et l’ordonnance du 15
septembre 1966). Toutefois, les initiatives privées ont été très faibles.

b- La charte nationale de 1976 :

Dans cette charte la priorité a été inversée, c’est le tourisme interne qui doit être développé
en première ligne, pour permettre aux nationaux d’accéder aux loisirs et de satisfaire leurs
besoins en matière de vacances et détente. Cela dit, le tourisme international était, lui aussi
encouragé mais à moindre mesure, et il existait le souci de préserver « l’identité nationale »
des inconvénients liés aux déplacements des grands flux touristiques.

c- La charte nationale de 1986 :

Dans cette charte l’accent est mis sur le développement prioritaire du tourisme interne afin
de répondre à la demande nationale, tandis que le tourisme international revêt un caractère
secondaire et il est seulement dans une position complémentaire à celle du tourisme
intérieur.

Par ailleurs la période allant de l’indépendance jusqu'à l’année 1990 a connu l’élaboration de
plusieurs plans de développements nationaux touchant le secteur touristique :

a- Le plan triennal 1967-1969 :

Dans ce plan, il a été défini un programme de réalisation d’infrastructures d’accueil dotées


d’une capacité totale de 13081 lits et cela à travers tout le territoire, visant un tourisme
balnéaire, urbain, saharien et thermal. Un budget de 285 millions de dinars a été consacré
par l’état pour arriver à cet objectif.

182
(192)
Tableau 9 : Bilan du programme triennal 1967-1969

Opérations Nombre de lits Pourcentage % Lits Pourcentage % Déficit


prévues programmés achevés en
(1967-1969) 1969
Lits %

Station 6766 51,7 2406 35,5 4360 64,5


balnéaire

Station 1650 12,6 254 15,4 1396 84,6


urbaine

Station 1818 13,9 286 15,7 1532 84,3


saharienne

Station 2847 21,8 0 0 2847 78,2


thermale

Total 13.081 100 2946 22,5 10.135 77,5

Au terme de ce plan, aucun objectif n’a été réalisé en totalité et le déficit total est de 77,5%,
car seulement 2946 lits ont été livrés à la fin de 1969, au lieu des 13081 lits prévus.
Cela a été la conséquence d’une mauvaise gestion des projets en question et surtout de
l’absence de suivi et de contrôle. Sans oublier les insuffisances dans la capacité réelle de la
réalisation des infrastructures dans les délais fixés.

B- Le 1er plan quadriennal 1970-1973 :

L’objectif de ce plan était d’augmenter le nombre de lits par la réalisation d’infrastructures


hôtelières et combler le déficit du programme précédent et cela pour répondre aux attentes
des touristes nationaux et internationaux. Un budget de 700 millions de dinars et prévu pour
ce programme avec un objectif de réaliser 35000 lits, cependant à la fin de ce plan,
uniquement 9000 lits ont été réalisés, ce qui correspond à 25% de l’objectif fixé et enregistre
donc un déficit de 75%.

192-Ministère du tourisme algérien, Archives.

183
Le déficit, ici aussi est dû aux ralentissements administratifs que les projets rencontrent
additionnés aux problèmes de réalisation et de gestion et un manque de suivi rigoureux de
la part des autorités compétentes.

C- Le 2eme plan quadriennal 1974-1977 :

Il était prévu pour cette période la réalisation de 25000 nouveaux lits et la poursuite des
aménagements touristiques engagés précédemment, et cela afin d’atteindre une capacité de
60000 lits avant l’année 1980. Une baisse par rapport aux objectifs des années précédentes.
Cependant les fonds consacrés pour ce nouveau plan s’élèvent à 1230 millions de dinars.
Le secteur privé était, quant à lui, encouragé à investir dans le secteur par des facilités
comme par exemple, dans la mise à disponibilité de terrais pour cet effet, mais c’était des
actions très réduites et pas forcément incitatrices, donc peu suivies.

Au terme de ce plan, seulement 41% des objectifs ont été atteints, ce qui représente une
relative amélioration par rapport aux périodes précédentes, car cette fois si le nombre de lits
prévu était moins élevé et des moyens financiers plus conséquents ont été alloués.
Au départ ce plan était plus réaliste que les précédents, sauf qu’il a rencontré des problèmes
de même nature que ceux vu par le passé, à savoir une gestion et un suivi peu performants.

La période allant de 1967 à 1978, il y a eu la réalisation de 18300 lits, alors que l’objectif était
d’atteindre les 80000 lits avant 1980, ce qui montre le retard conséquent pris en termes
d’infrastructures d’hébergements. Durant ces onze années les investissements en faveur du
tourisme s’élevaient à 4,29 milliards de dinars, ce qui correspondait à 0,9% du montant
global des investissements.

Les emplois crées dans le secteur touristique public jusqu’à l’année 1977, étaient au nombre
de 7252 emplois en contrat à durée indéterminée et qui représentaient à cette époque 1%
de ceux occupés dans le secteur public (hors administration). La formation aussi a était
insuffisante durant cette période et n’a pas eu l’impact qu’elle devait avoir et n’a pas atteint
les chiffres prévus.

Les infrastructures hôtelières, mis à part la réalisation de quelques centres touristiques


comme ceux de Moretti, Zeralda, Sidi Fredj et les Andalouses, étaient insuffisantes et très
mal réparties à travers les régions du territoire national. Ce dernier comptait en l’année

184
1977 seulement 131 établissements hôteliers dont 25% localisés dans la wilaya d’Alger
et même que des régions importantes ne disposaient d’aucune infrastructure touristique,
comme la wilaya de Médéa. Le flux des touristes non résidents était durant la période 1970-
1977 de 240000 par année en moyenne, comme c’est illustré dans le tableau qui suit :

Tableau 10 : les entrées de touristes non résidents et par nationalité (période


1970/1977)193

Année France Grande Bretagne Italie Moyen Orient Autres Total

1970 82884 7029 5737 2760 137443 235853

1971 78362 8852 7046 3710 128055 226025

1972 66801 9070 9057 4928 147386 237242

1973 82777 11415 10418 4849 140751 250210

1974 86192 8294 11615 5813 137092 249006

1975 121190 8376 13339 5885 147726 296516

1976 83391 6495 10366 5843 78700 184795

1977 97701 8167 15375 7197 113273 241713

193-Ministère du tourisme algérien, Archives.

185
Aussi depuis l’indépendance de l’Algérie il y a eu la création de différents organismes
œuvrant dans le secteur du tourisme et nous pouvons citer les principaux :

L’ONAT : l’Office National Algérien du Tourisme a été créé en 1962 et avait comme mission la
promotion du tourisme algérien à l’international et la représentation de la destination sur
différents salons à l’étranger.

GOGEHORE : Comité de Gestion des hôtels et des restaurants crée en 1963 et il était
responsable de la gestion d’infrastructures hôtelières et de restaurants (590 lits). Il a été
dissout en 1966 et l’ONAT s’est vu attribuer la gestion de son patrimoine.

D’autres sociétés étatiques de tourisme ont vu le jour dans l’année 1970 :

- La Société nationale de l’hôtellerie et du tourisme (SONATOUR),

- La société nationale du thermalisme (SONATHERM),

- la société nationale du tourisme (SONA-ALTOUR),

- l’Entreprise des travaux touristiques (ETT).

Aussi il y a eu la création durant cette même année du Touring Club Algérie qui a le statut
d’une association qui opère dans le tourisme et organise des séjours au niveau national et
aussi des destinations à l’étranger.

Il est aussi intéressant de rappeler que pendant cette période, y a eu la mise en place et la
définition des zones d’expansion touristiques par le décret n° 66-75 du 04 avril 1966 qui
stipule que :

« Peut être déclarée comme Z.E.T., toute région ou étendue du territoire jouissant de
qualités ou de particularités naturelles, culturelles ou humaines ou récréatives propices au
Tourisme, se prêtant à l'implantation ou au développement d'une infrastructure touristique
et pouvant être exploitée pour le développement d'au moins une sinon plusieurs formes
rentables de tourisme. » (194)

194-Ministère du tourisme algérien, archives.

186
Ces ZET englobent :

- des terrains destinés à des réalisations d’équipements touristiques qui seront aménagés et
raccordés aux réseaux (eau, électricité…etc.) et dotés d’installations techniques
indispensables pour le fonctionnement de leurs activités.

- des terrains servant de ceinture protectrice contre les atteintes susceptibles de déprécier
les terrains destinés aux équipements touristiques, ou bien qui peuvent gêner leur
fonctionnement.

En ce qui concerne l’arrivée des touristes étrangers en cette période, différents Tour
opérateurs européen avait inscrit la destination Algérie dans leur programme, comme en
1973 avec Neckerman qui organisait la venue de touristes au départ des îles Baléares, en
charter vers Alger, afin d’y visiter la Casbah ainsi que les ruines romaines de Tipaza. Avec les
structures d’accueils fraichement construites, les conditions étaient optimales pour recevoir
une clientèle occidentale, d’ailleurs des agences comme Trivsel Resor (Suède) organisaient
des voyages pour l’Algérie même en hiver et au printemps.

D- Le 1er plan quinquennal 1980-1984

Les objectifs de ce plan portaient essentiellement sur le développement de l’hôtellerie


urbaine et saharienne, ainsi que la réhabilitation des stations thermales et leurs
aménagements, pour pouvoir accueillir plus de touristes. Un programme d’aménagement de
zones d’expansions touristiques était prévu et devait servir de modèle et entrainer
l’investissement des opérateurs privés dans cette perspective.

Pour se faire, une enveloppe de 3.400 millions de dinars est dégagée afin de mener à bien
tous les projets et actions proposés, ainsi que pour achever et finaliser ceux accusant du
retard et entamés précédemment. (195)

L’année 1980 coïncidait avec une crise économique dont le pays devait faire face, et celle-ci
n’a pas permit l’engagement des projets prévus pour le secteur touristiques, et à la fin de
cette période, aucun nouveau projet n’a était réalisé.

195-Ministère du tourisme algérien, archives.

187
E- Le 2eme plan quinquennal 1985-1989

Ce plan aussi avait inscrit des projets et des objectifs à atteindre, ainsi que la relance de la
politique d’aménagement touristique. Il prévoyait notamment, le développement des
structures d’accueils pour favoriser le tourisme thermal et climatique. Cela afin d’amorcer
une augmentation du tourisme interne qui était une priorité.

Il était aussi prévu de décentraliser les investissements et favoriser l’engagement de


différents opérateurs dans le secteur touristique. Le secteur privé devait jouer un rôle
important en contribuant à la réalisation de plusieurs projets, et les organismes publics,
parallèlement, devaient améliorer sa gestion et rattraper le retard accusé par le passé en
coordonnant leur travail pour obtenir un meilleur taux de réalisation.

Le financement pour la réalisation de ce programme avait été évalué à 3.500 millions de


dinars et à la fin de cette période les dépenses ont atteint uniquement 1.800 millions de
dinars. (196)

La période allant de 1980 à 1990 est marquée par la mise en place des premières réformes
et des restructurations dans le secteur touristique. Il y a eu la création de plusieurs
organismes régionaux comme :

- la SN-ALTOUR à qui on confie la gestion des unités balnéaires et sahariennes (siège à


Tipaza)
- La SNHU, société nationale de l’hôtellerie urbaine,(implanté à Médéa),
- ONNC, L’office national des congrès et des conférences (implanté au club des pins),
- ENET, entreprise nationale des études touristiques, (implanté à sidi Fredj),

Quant à l’ONAT sa mission a été redéfinie et il sera chargé uniquement de l’aspect


commercial (vente de prestations touristiques).

Ces réformes du secteur n’ont pas eu le résultat attendu en matière de développement de la


fréquentation touristique, ni sur la bonne marche des différents organismes étatiques,
l’avancée des projets était très retardée et la gestion a manqué de rigueur.

196-Ministère du tourisme algérien, archives.

188
Il existait une masse salariale très importante (en 1984) qui déséquilibrait le rendement des
entreprises touristiques étatiques, et tous ces facteurs ont contribué à leur déficit.

Il est aussi à noter, qu’en plus du sureffectif dans les entreprises publiques, venait s’ajouter
la non qualification des employés qui touchait 50% d’entre eux, et la formation était
inadaptée. Aussi, les emplois étaient pour la plupart occupés par des hommes et la présence
des femmes était très restreinte.

Un schéma directeur d’aménagement touristique avait été élaboré durant cette période et a
délimité 174 zones d’expansion touristiques, ainsi que l’identification de 202 gîtes thermaux.
L’aménagement des ZET est réglementé et une classification des zones à été établie, pour
déterminer laquelle pouvait recevoir un investissement touristique.

Trois catégories de zones ont été définies :

- Les zones qu’il faut maintenir en état naturel car leur faune ou flore sont fragiles et qu’ils
présentent des difficultés d’aménagements,
- Des zones qui présentent des facilités pour l’investissement et des situations
géographiques favorables et destinées pour le développement du tourisme interne
- Des zones destinées à la création de grands ensembles touristiques de haut standing pour
attirer principalement les touristes étrangers.

Le schéma directeur d’aménagement touristique a sélectionné des pôles pouvant présenter


un attrait touristiques, vu les atouts et la situation favorable qu’ils manifestent, donc
pouvant être classés comme ZET potentielles.

189
Tableau 11 : Zones d'expansion touristiques potentielles (source ministère du tourisme)

Z.E.T Localisation Superficie (km2) Capacité(lits) Vocation

Rachgoun A Témouchent 25,7 2140 Balnéaire

Ras Afia Jijel 30 1244 Balnéaire

Oued Begrat Annaba 104 2000 Balnéaire

Tamanrasset Tamanrasset 45 900 Saharien

Tedelest Timimoun 95 1700 Saharien

Djanet Djanet 100 2000 Balnéaire

Moscarda Tlemcen 15,56 1000 Balnéaire

Grande plage Skikda 14 1200 Balnéaire

Messida Tarf 40 1280 Balnéaire

Cap Rosa Tarf 50 1450 Balnéaire

Oued Bellah Tipaza 73 600 Balnéaire

Azzefoun Tizi Ouzou 10 810 Balnéaire

Cap ivi Mostaganem 300 15000 Balnéaire

190
A la fin de la période (1989), la capacité d’accueil a atteint 48302 lits (dont 21000 de
camping) qui sont répartis de la façon suivante :

- - Urbain: 22428 soit 46%,


- -Saharien : 1130 soit 2%,
- -Climatique : 6331 soit 13%,
- -Thermal : 5116 soit 11%.
- La place du secteur privé représente avec 22460 lits, 48% environ des capacités d’accueil
globales, il est surtout concentré dans le secteur urbain, loin des zones d’expansion
touristiques. Quant à la fréquentation touristique durant cette période elle est en moyenne
de 324000 touristes, comme le montre le tableau suivant :
-
- Tableau 12 : Entrée des voyageurs de 1980 à 1989 (196)

Année Non Résidents Résidents Résidents Total


Nationaux Etrangers

1980 290950 1733216 291090 2315256

1981 321478 2300173 288675 2910326

1982 278301 1600302 256144 2134747

1983 285072 1745773 289616 2320461

1984 409365 2142641 324811 2876817

1985 407353 2814977 306623 3528953

1986 347745 1939923 248034 2535702

1987 250571 1078823 36157 1365551

1988 446883 - - 966906

1989 661079 - - 1206865

196-Office National des Statistiques / Annuaires statistiques, Archives.

191
Les touristes étrangers occidentaux sont représentés par une majorité française avec 39%
des entrées des non résidents en moyenne, durant la période allant de 1980 à 1989.

I-2-3- Le tourisme en Algérie durant la période 1990-2000

Cette période a été marquée par de graves troubles politiques, et les algériens ont fait face à
la « décennie noire », la pire crise depuis l’indépendance. Des groupes terroristes avaient
déclarés une véritable guerre contre les autorités et les citoyens algériens, l’insécurité
régnait sur tout le territoire et une dégradation des conditions de vie a touché toutes les
grandes villes du pays. Dans ce climat de guerre civile qui ne disait pas son nom, le secteur
touristique, comme toutes les activités économiques en ont souffert.

Toutes les mesures enclenchées au début des années 1990 et touchant l’amélioration
du cadre juridique pour permettre le développement de l’investissement privé dans le
secteur touristique, n’ont eu finalement aucun n’impact en ce sens, vu la situation à laquelle
faisait face le pays. D’ailleurs tous les indicateurs économiques ont été altérés et la situation
était dramatique.

La conséquence a été une baisse continuelle du flux touristique. Lorsqu’en 1990 on


enregistrait 685815 entrées de voyageurs étrangers, elles n’étaient plus que 93491 en
1996. A titre de comparaison, au Maroc, la ville de Marrakech à elle seule a enregistré près
de 700000 touristes en 1990.

Aussi le début de cette période coïncidait avec le déclenchement de la guerre du Golf en


1991 qui a eu des conséquences préjudiciables sur l’activité touristique mondiale et
particulièrement celle des pays arabes. L’Algérie cette année a enregistré une baisse du flux
touristique de 70%, et cela est lié non seulement à cette à situation internationale et mais
aussi à celle interne que connaissait le pays.

Vers la fin de cette décennie austère, les choses ont commencé à s’améliorer en ce qui
concerne la situation sécuritaire du pays. En effet, au premier semestre de l’année 2000, le
chiffre d’affaires du secteur touristique s’élevait à 3622,1 millions de dinars, une
augmentation de 26% par rapport à l’année 1999 durant la même période. Une reprise
constatée surtout dans le tourisme d’affaire.

192
Tableau 13 : Répartition du flux des touristes de 1990 à 1999

Année étrangers Algériens résidents à Total


l’étranger

1990 685815 451103 1136918

1991 722682 470528 1193210

1992 624096 495452 1119548

1993 571993 555552 1127545

1994 336226 468487 804713

1995 97648 421916 519576

1996 93491 511477 604968

1997 94832 539920 634752

1998 107213 571234 678448

1999 147611 607675 755286

(Source : Ministère du tourisme).

193
Graphique 1: Répartition du flux des touristes de
800000
1990 à 1999
700000

600000
flux des touristes

500000

400000

300000

200000

100000

0
1990 1991 1992 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1999

Année

étrangers algériens résidents à l'étranger

Une amélioration sécuritaire va entrainer une embellie dans le secteur et un changement de


considération de la part des autres pays à travers le monde, et cela va se répercuter à partir
de l’année 1997 par une augmentation du nombre de touristes, comme nous le montre ce
graphique. Et la venue d’étrangers commence sensiblement à croitre à partir de cette année
là pour attendre 147611 en 1999. Parallèlement, une progression de la venue des algériens
résidents à l’étranger, est enregistrée elle aussi et due aux mêmes motifs de retour
progressif au calme dans le pays.

Cependant les entrées d’étrangers sont souvent liées à des voyages d’affaires en première
intention, plutôt qu’à un véritable intérêt touristique ou bien de loisirs, contrairement à la
Tunisie et au Maroc voisins qui ont eu le temps et les conditions favorables pour engager les
réformes et les politiques touristiques qui ont permis d’augmenter leur fréquentation et flux
de touristes étrangers en leur offrant une large gamme de produits mais essentiellement
pour un tourisme balnéaire.

194
La situation touristique de l’Algérie ne peut pas être comparée avec celle de ses deux voisins
directs seulement sur le nombre de touristes, car ils n’ont pas connu des troubles aussi
graves et durant une aussi longue période, bien au contraire leur climat économique et
sécuritaire était favorable pour engager une stratégie touristique gagnante, ce explique en
grande partie l’écart observé entre ces trois pays, et à titre d’exemple, pour l’année 1999
l’Algérie avait enregistrée 755286 touristes contre 3184014 touristes au le Maroc la même
année.

Graphique 2: Evolution du nombre de touristes dans les pays du


Maghreb

5000000
nombre des touristes

4000000

3000000
2000000
1000000
0
1997
1998
1999
Année

Algérie Maroc Tunisie

Ces quelques données peuvent faire transparaitre le retard accumulé par l’Algérie dans le
secteur du tourisme, et montre à quel point l’absence de sécurité des biens et des personnes
peut influer négativement sur la venue des touristes, sans oublier la persistances des
difficultés et des problèmes de gestion, ainsi que l’absence d’une véritable volonté pour
permettre insuffler une stratégie touristique efficace.

Le ministère du tourisme avait communiqué le nombre des infrastructures d’hébergements


d’héberge
à la fin de l’année 1999, et la capacité d’accueil était de 67087 lits, les deux secteurs
confondus public et privé, avec un parc majoritairement dominé par des établissements ne
répondant pas aux normes internationales, d’ailleurs plus de 70% des hôtels
hô n’étaient pas
classés.

195
Tableau 14 : Répartition des capacités hôtelières selon la catégorie en 1999

catégories Nbre d’hôtels % Nbre de lits %

1étoile 49 6% 2541 4%

2étoiles 66 9% 5519 8%

3étoiles 78 10% 21310 32%

4étoiles 20 3% 3222 5%

5étoiles 11 1% 4604 7%

Non classés 552 71% 29891 44%

TOTAL 776 100 67087 100

(Source : Ministère du Tourisme)

Comme nous pouvons le constater, un fort déséquilibre caractérise la répartition du parc


hôtelier algérien à cette époque et il est à noter que même leur distribution est
particulièrement concentrée dans les villes du nord du pays.

I-2-4- Le tourisme en Algérie depuis l’année 2000 jusqu’à aujourd’hui

En Algérie le secteur du tourisme a été marqué par une discontinuité structurelle qui l’a
fragilisé, car à chaque fois il subissait des changements dans sa tutelle. Il dépendait tour à
tour de la jeunesse et sports, puis de l’intérieur, des collectivités locales, des transports, avec
des changements dans ses statuts administratifs : ministère, vice ministère, secrétariat
d’état. (voir annexe 2-a)

Aujourd’hui le tourisme dépend d’un ministère du tourisme et de l’artisanat qui fait office
d’administration centrale chargée du secteur touristique et celui de l’artisanat. D’autres
structures évoluant dans le secteur du tourisme existent et elles ont aussi subi la même
instabilité structurelle, elles sont sous la forme d’organes dépendants du ministère du
tourisme et de l’artisanat, et on distingue :

196
a- Les directions du tourisme et de l’artisanat

Ces directions existent dans 22 wilayas du pays, qui sont considérées comme ayant un fort
potentiel de développement touristique, comme les wilayas de : Alger, Tizi-Ouzou, Jijel,
Ghardaïa, Tamanrasset, pour en citer que ceux là. Le reste des 26 wilayas se voit doté de
bureau d’inspection de tourisme et de l’artisanat, qui font office de structures locales de
tourisme et qui ont à leurs têtes des chefs d’inspection.

Toutes ces structures ont pour principales missions :

- De veiller au respect de la législation et des normes touristiques en vigueur par les


professionnels du secteur.

- encourager et soutenir les initiatives et les actions des acteurs du tourisme,

- entreprendre des études portant sur le tourisme local ou régional, afin de pouvoir élaborer
et proposer des plans de développement,

- contribuer à la préservation des ressources touristiques et celle des zones d’expansion


touristiques,

- instruire les demandes de classement des établissements d’hébergements,

- contribuer à la protection et à la promotion du patrimoine artisanal et traditionnel,

- encourager le secteur de production artisanale traditionnelle.

En réalité ces structures n’ont pas vraiment un large champ d’action car toute décision doit
passer par la structure centrale à savoir le ministère du tourisme. Leur rôle est souvent
réduit au contrôle du respect des normes des hôtels et agences de voyages, et transmettre
les données collectées concernant la fréquentation hôtelière.

b- L’office national du tourisme (ONT)

Il a comme mission la promotion touristique de la destination Algérie, en organisant la


participation aux différents salons internationaux de tourisme (comme celui de Paris et de
Barcelone). C’est une structure qui prend en charge tout l’aspect marketing et celui des
relations publiques. Contrairement aux autres pays touristiques du pourtour méditerranéen,

197
cet office dispose de moyens financier limités, et d’un manque de professionnalisme de la
part de ses représentants dans les salons internationaux. La plupart du temps dans le stand
algérien, même s’il y a eu des efforts en termes de décoration et de présence,
le personnel présent se distingue par un déficit de formation et une méconnaissance de leur
propre pays ainsi que l’ignorance des techniques de ventes indispensables à ce secteur.
Aussi, il existe une déconnexion du travail de promotion fait par cette structure avec les
réalités du terrain, par ailleurs la plupart des employés de celle-ci n’ont pas eu de formation
spécialisée dans le tourisme.

c- L’agence nationale de développement touristique

Cette structure a pour mission la préservation et la mise en valeur des zones d’expansion
touristiques, elle peut procéder à l’achat de terrains pour l’implantation d’infrastructures
d’hébergements ou bien des équipements touristiques. Elle a aussi un rôle à jouer dans le
domaine de la promotion des ZET au niveau national et international.

d- Les offices locaux de tourisme

Ce sont des associations qui œuvrent pour la promotion du tourisme au niveau local, elles se
regroupent dans des fédérations régionales et nationales.

e- L’entreprise nationale des études touristiques

C’est un bureau chargé d’étudier les aménagements touristiques et thermaux, et cela en


étroite collaboration avec l’agence nationale de développement touristique, d’ailleurs il est
au service de cette dernière pour toutes les études qu’elle désire effectuer.

Le secteur du tourisme algérien est aussi composé de producteurs ainsi que des organismes
de vente, en plus d’infrastructures hôtelières et touristiques publiques qui tiennent un rôle
important dans son organisation. En ce qui concerne les tour opérateurs il en existe deux :

- L’Office National Algérien de Tourisme (ONAT):

Celle-ci est une entreprise économique étatique, dont les activités se résument en la
production et la vente de circuits touristiques et voyages organisés, vente de prestations de
transport et d’hébergements et tout ce qui concerne le travail classique d’une simple

198
agence. Il existe sur le territoire national cinq directions régionales réparties dans les villes
suivantes : Alger, Oran, Annaba, Ghardaïa et Timimoune.

Elle propose des voyages, surtout dans les pays du Maghreb et les pays arabes en général,
elle est présente dans le tourisme religieux en proposant des voyages organisés vers la
Mecque et Médine en Arabie Saoudite. Pour ses produits touristiques nationaux, le plus
important c’est celui du Sahara (Hoggar, Djanet…etc.). Elle offre aussi des voyages vers
l’Europe et l’Asie ainsi que la vente de la billetterie des grandes compagnies de transport
maritimes et aériens (essentiellement européennes et maghrébines).

Elle dispose d’un réseau de distribution composé de 35 agences réparties sur 25 villes
d’Algérie, ainsi que des structures d’hébergements (campings et hôtels) et une importante
flotte de véhicules (4*4, Bus, Cars).

- Le Touring Club Algérie (TCA) :

C’est une structure qui a le statut d’une association à but non lucratif, cependant elle
propose des prestations et services touristiques de type classique pour le tourisme national
et international. Elle a des objectifs afin de favoriser le développement du tourisme et offre
des voyages organisés qui se rapprochent de ceux que l’ONAT propose, surtout ceux
destinés au tourisme religieux, qui fait d’elle l’une des actrices majeures de ce marché
destiné aux résidents nationaux.

En plus de ces deux structures, le secteur touristique étatique dispose d’entreprises de


gestion hôtelière et touristique (EGT), et il en existe 17, à travers le pays qui regroupent 110
structures d’hébergements de type hôtels allant de la catégorie deux à cinq étoiles. (Environ
30000 lits).

Ces entreprises composent en grande partie des capacités totales du secteur de


l’hébergement touristique national, et leur capital est composé de fonds de participation
impliquant des actionnaires.

Il existe d’autres structures d’hébergements, qui sont les résidences d’états et il y’ en a


deux : la résidence du club de pins (3000 lits), et la résidence du Sahel (1300lits), celles-ci ne
sont pas disponibles pour le marché touristique car réquisitionné par les autorités pour ses
hauts fonctionnaires.
199
Tableau 15 : Répartition des EGT à travers le pays et leur capacité d’accueil

EGT Centre 12 structures


EGT Est 10 structures
EGT Ouest 6 structures
EGT Annaba 6 structures
EGT Biskra 7 structures
EGT Ghardaia 5 structures
EGT Sahel 6 structures
EGT Sidi Fredj 12 structures
EGT Zeralda 10 structures
EGT Tipaza 11 structures
EGT Andalouses 7 structures
EGT Tlemcen 7 structures
EGT Tamanrasset 2 structures
EGT El Aurassi 1 structure
EGT El Djazair 1 structure
EGT Hammam Righa 6 structures
EGT Talasso sidi Fredj 1 structure
Total 110 structures

(Source : Ministère du tourisme)

Le secteur privé, quant à lui est composé d’hébergeurs de type hôtel, camping, motel au
nombre de 944, ainsi que des agences de voyages (900 à travers tout le territoire national
selon le ministère du tourisme).

De grands hôtels se sont installés durant les années 2000, principalement à Alger comme le
Sheraton, le Hilton, le Sofitel et le Mercure, et qui sont classés dans la catégorie des cinq
étoiles. C’est de l’hôtellerie haut de gamme, visant principalement le tourisme d’affaires en
proposant différentes prestations pour cette clientèle, et disposant de salles de réunions
ainsi qu’une proximité avec l’aéroport international.

Il est à noter que cette hôtellerie haut de gamme ne se trouve que dans le nord du pays,
avec une concentration au sein de la capitale, et qu’elle est totalement absente dans les
régions du centre et du sud du pays.

200
Tableau 16 : capacité d’accueil du secteur privé et du secteur public en lits

Espace géographique Total


Balnéaire 23148 lits
Saharien 11639 lits
Urbain 44561 lits
Thermal 4608 lits
Montagne 913 lits
Total 84869 lits
(Source : Ministère du tourisme)

En 2009, La capacité d’hébergement touristique de l’Algérie est de 84869 lits, tous secteurs
confondus, et selon les chiffres communiqués par le ministère du tourisme et de l’artisanat,
la participation du secteur privé est de 60683 lits contre 24186 lits pour le secteur public. La
capacité privée est donc de 71,5% de la capacité totale.

Graphique 3: Répartition des lits par secteur


50000

40000

30000

20000 LITS

10000

0
balnéaire saharien Urbain Thermal montagne

répartition des lits par secteur


balnéaire saharien Urbain Thermal montagne

5% 1%

27%

53% 14%

201
Nous observons que la capacité d’accueil la plus élevée se trouve au niveau des
de villes, avec
53% de la capacité totale, puis c’est les structures balnéaires qui viennent en 2eme position
avec 27%, le saharien quant à lui affiche 14%, le thermal 5%, et en Montagne cela
représente seulement 1% de la capacité globale. Un déséquilibre qui
qui définit en partie la
faiblesse du secteur de l’hébergement algérien.

La plus grande offre en terme de lits se trouve dans les villes, c’est aussi là que se trouve une
partie qui répond le mieux aux standards internationaux de qualité, notamment dans les
hôtels urbains de 3, 4 et 5 étoiles, cependant l’offre en matière d’hébergement hôtelier est
caractérisée par une grande présence d’hôtels non classés comme le montre ce qui suit :

Répartition des lits selon la catégorie de la structure


Catégorie 5* Catégorie 4* Catégorie 3* Catégorie 2* Catégorie 1* Catégorie 0*

4%
5%

18%

63% 7%

3%

Cependant si nous prenons l’offre de lits sur tout le territoire, c’est les hôtels non classés qui
occupent la première place avec 63% de la capacité totale, suivis par les hôtels de trois
étoiles avec 18%, et nous observons la très faible présence des hôtels à deux étoiles avec
7%, les autres catégories ne dépassent pas les 5%.

Une prédominance des structures non classés nous renvoie à la qualité de l’offre. En somme,
l’Algérie dispose d’un parc hôtelier qui, par rapports à ses voisins méditerranéens, dispose
de moins de capacité d’hébergement et où la qualité reste faible
faible avec un déséquilibre
flagrant dans la classification des structures.

202
Nous pouvons évoquer la période de la décennie noire pour expliquer la cause de cette
situation, toutefois même si celle-là a eu un impact négatif qui se ressent même aujourd’hui,
cela ne traduit pas tout. La politique touristique en Algérie reste opaque et la volonté de
développer ce secteur de façon à offrir un produit de qualité n’est souvent pas au rendez-
vous.

I-3-Investissements et flux touristiques

L’Organisation Mondiale du Tourisme classe, en 2010, l’Algérie comme la quatrième


destination du continent africain, derrière le Maroc, la Tunisie et l’Afrique du Sud.
Cependant l’Algérie ne représente que 1% de la fréquentation touristique dans le bassin
méditerranéen. (Voir annexes 3 et 4)

Aussi le ministre du tourisme actuel Mr Mimoun a déclaré le 15 mai 2011, dans un entretien
accordé à une chaine de radio nationale (chaine III), en vu de l’ouverture du salon
international de tourisme et des voyages qui a lieu chaque année au salon des exposions
à Alger (SAFEX), que des investissements étrangers dans le domaine du tourisme sont en
cours et pour un montant de 54 milliards de dinars.

Aussi, en ce qui concerne l’investissement national englobant le privé et le public, il se chiffre


à 193 milliards de dinars selon toujours le premier responsable du secteur. Ce dernier a
affirmé que d’ici la fin de l’année la capacité d’accueil va dépasser les 90 000 lits, et que tous
les investissements en cours et à venir avaient pour objectif de l’augmenter de 70.000 lits à
l’horizon 2015. Cela impliquera la création de 75.000 emplois d’ici là.

D’ailleurs une augmentation sensible de la fréquentation touristique est observée ces trois
dernières années et la tendance se confirmera probablement pour l’année en cours à savoir
2011. Il est vrai que la majorité des touristes, enregistrés à l’entrée du pays au niveau des
aéroports et ports, est composé d’algériens résidents à l’étranger et qui se déplacent
essentiellement pour voir leur famille ou bien pour passer leurs vacances.

En 2009, il y a eu une augmentation de la fréquentation touristique puisque le nombre de


touristes a frôlé la barre symbolique des 2 millions de visiteurs avec un chiffre de 1,9 millions
de touristes dont 1,3 millions d’algériens résidents à l’étranger et aussi une augmentation

203
des visiteurs de nationalités étrangères puisque ils ont été 655810 qui se sont rendu en
Algérie.

L’année 2010, quant à elle, a enregistré un peu plus de 2 millions de touristes dont 1 415 509
d’algériens résidents à l’étranger, aussi le tourisme d’affaire y détient une grande part,
puisque parmi la totalité des touristes étrangers de cette année, 42 % ont déclaré que c’était
le principal motif de leur séjour. (Voir annexe 3-a).

Tableau 17 : Evolution des entrées touristiques de 2006 à 2010 (source : les douanes
algériennes)

2006 2007 2008 2009 2010


Algériens
résidents à 1159224 1231886 1215052 1255696 1415509
l’étranger
Touristes 478358 511188 556697 655810 654987
étrangers
Total des 1637582 1743084 1771749 1911506 2070496
touristes

Tableau 18: Evolution des entrées aux frontières algériennes des touristes étrangers et leur
répartition selon le motif de leur visite (source : les douanes algériennes)

2006 2007 2008 2009 2010


Tourisme de 321076 325960 359242 428856 376797
loisir
Tourisme 157282 185228 197455 226954 278190
d’affaires
Total des
touristes 478358 511188 556697 655810 654987
étrangers

204
Nous pouvons observer la progression positive du nombre de touristes depuis l’année 2006,
même si la grande majorité est composée d’algériens résidents à l’étranger, toujours est-il
est
que les touristes étrangers affichent une augmentation continue, sauf pour l’année 2010 où
il y’a eu une légère baisse par rapport à l’année précédente.
pr (voir annexes 5,6 et 7).

Entrées touristiques pour l'année 2010


Algériens résidents à l'étranger touristes étrangers

32%

68%

Le tourisme d’affaire occupe une place importante parmi les touristes étrangers et
enregistre lui aussi une continuelle progression depuis l’année 2006, pour atteindre 278190
en 2010.

Répartition des touristes étrangers pour l'année


2010
Tourisme d'affaire tourisme de loisir

42%
58%

Le ministère algérien du tourisme répertorie les arrivées et les nuitées hôtelières, pour les
utiliser autant qu’indicateurs et comme un moyen pour déterminer la croissance du secteur
touristique en termes d’hébergement, et les incidences économiques sur le secteur.

Aussi comme nous l’avons


ns précisé plus haut, vu que la majorité des touristes sont des
algériens résidents à l’étranger, la plupart d’entre eux séjourneront en dehors des

205
établissements touristiques (soit chez la famille/amis ou bien dans une résidence
secondaire), ils ne seront qu’une petite partie à choisir une structure d’hébergement
commerciale.

Les chiffres donnés par le ministère permettent de faire le parallèle entre les différents
clients de l’hôtellerie algérienne, ainsi le tableau suivant présente la répartition des arrivées
hôtelières depuis l’année 2007.

Tableau 19: Répartition des arrivées hôtelières par année (2007 à 2010) (source : ministère
du tourisme)

2007 2008 2009 2010


Les étrangers
non résidents 145574 160757 183394 220552
en Algérie
Les étrangers
résidents en 20252 21576 23946 21191
Algérie
Les algériens
non résidents 87037 92291 100595 96726
en Algérie
Les Algériens
résidents en 2770237 2893002 3039999 3189508
Algérie
Total 3023100 3167626 3347934 3527977

Il est clair qu’il existe une progression dans la fréquentation des structures d’hébergements.
Aussi l’évolution des arrivées hôtelières faites par les étrangers non résidents est en
constante augmentation depuis l’année 2007. (voir annexes de 9 à 14).

206
I-3-1- La formation touristique en Algérie

Depuis son indépendance, l’Algérie a vu son enseignement supérieur général évoluer de


manière importante sur le plan quantitatif, d’ailleurs le nombre d’étudiants en graduation
est passé de 2280 en 1962 à 221000 en 1990 selon le ministère de l’enseignement supérieur.
Cette progression ne s’est pas arrêtée là, puisque à la rentrée 2007 on comptait un total
d’un million d’étudiants, dont 278000 nouveaux bacheliers et en 2010 leur nombre
dépassait les 1400000. (Voir annexe 4-a).

En ce qui concerne l’organisation de l’université algérienne depuis la loi d’orientation


portant sur l’enseignement supérieur d’Avril 1999, les établissements d’enseignement
supérieur sont des structures publiques à caractère scientifique, professionnel ou culturel
dotés de l’autonomie financière et dirigés par un conseil d’administration où siège des
représentants de l’état, de l’université et de différents secteurs professionnels.

En Algérie il existe différents types d’établissements et ils sont organisés comme suit :

- Les universités divisées en facultés avec des unités d’enseignement et de recherche,


- Les centres universitaires dépendant d’une université précise,
- Les instituts et écoles, ces derniers peuvent être crées par d’autres ministères ou bien
par des personnes morales de droit privé.

Il existe aussi la Conférence Nationale des Universités (CNU), créée et mise sous la tutelle du
ministère de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifiques, elle est présidée en
l’occurrence par son ministre et a pour mission la coordination et l’évaluation des activités
du réseau universitaire d’enseignement. La CNU est chargée aussi d’intervenir dans le
programme d’évolution de la carte nationale des formations supérieures, ainsi que la
détermination des besoins des universités en termes d’effectifs professionnels, d’étudiants
et des moyens généraux et infrastructures.

L’état algérien octroie des aides aux étudiants en termes de bourse d’études qui par ailleurs
bénéficient à 75% de l’ensemble des étudiants du territoire national, l’hébergement est
assuré en cités universitaires et toucherait 48% des effectifs en formation supérieure, avec
des structures de restauration qui offrent le repas pour une somme symbolique de 1,20 DA.

207
C’est l’office national des œuvres sociales qui gère ces aides et facilitent l’accueil des
étudiants qui sont tous sous le régime de sécurité sociale et bénéficient des mesures de
prévention et protection sanitaire.

Le réseau d’enseignement supérieur algérien a connu une forte croissance et il comptait en


2010 une soixantaine d’établissements (source : Ministère de l’enseignement supérieur)
dont 15 centres universitaires, 6 écoles nationales, 6 instituts nationaux et 4 écoles normales
supérieurs, répartis dans 38 villes au sein du territoire. (Voir annexe).

Le corps des enseignants universitaire est composé de 30000 enseignants permanents dont
18% sont de grade supérieur et en ce qui concerne la formation dans le domaine du
tourisme, celle-ci n’est pas dispensée dans les universités et écoles dépendantes du
ministère de l’enseignement supérieur, mais elles proposée dans des structures sous la
tutelle du ministère du tourisme ainsi que celui de la formation professionnelle.

Il existe dans l’état actuel des choses, trois établissements publics spécialisés dans la
formation touristique sur tout le territoire algérien. Il y a eu aussi, depuis l’année 2000, la
création de plusieurs écoles privées, proposant des formations techniques pour
l’hôtellerie/restauration et le tourisme.

En ce qui concerne les établissements étatiques, ceux là relèvent du ministère du tourisme


et de l’artisanat et ils se déclinent comme suit :

-L’Ecole Nationale Supérieur du Tourisme, qui se trouve à Alger et d’où sorte une centaine
de licenciés chaque année. Cet établissement offre une formation de quatre années et le
seul diplôme délivré est une licence de gestion touristique et hôtelière. D’ailleurs c’est le
seul établissement dans toute l’Algérie où est proposée cette formation, qui n’est pas
reconnue par le ministère algérien de l’enseignement supérieur.

-L’institut des techniques hôtelières et touristiques, de Tizi-Ouzou, d’une capacité de 300


personnes. Une formation touchant les métiers techniques de la restauration, de l’hôtellerie
et du tourisme y est dispensée. La formation dure généralement 2 ans.

208
-L’institut des techniques hôtelières et touristiques de Boussaâda, où sont formés quelques
300 personnes pour devenir des techniciens dans les métiers de l’accueil et de la
restauration.

La formation dans le secteur du tourisme algérien reste néanmoins très faible,


quantitativement que qualitativement, ces trois établissements manquent de moyens pour
dispenser une formation de qualité qui soit égale à celle proposée dans les pays touristiques.

Aussi, même si il y a eu en 2008 la tenue des assises de tourisme algérien où il a été discuté
des problèmes du secteur et d’où il en est sorti des résolutions pour la relance de celui là, il
en demeure pas moins que les difficultés persistent et les engagements pris n’ont pas été
tenu s dans la majorité des cas.

I-3-2- Le transport en Algérie

Le transport maritime

Il représente le moyen le plus utilisé en Algérie pour le commerce international, et cela via
des ports situés dans onze villes de la côte à savoir : Alger, Oran, Arzew, Béthioua,
Mostaganem, Ghazaouat, Ténès, Bejaia, Jijel, Skikda, Annaba. Aussi 70% du trafic de
marchandises hors hydrocarbure, s’effectue à partir de cinq ports : Alger, Oran, Annaba,
Bejaia et Jijel.

Il n’existe pas, à l’heure actuelle, de transport maritime de marchandises ou de voyageurs


entre les différentes villes côtières de l’Algérie, celui là est assuré uniquement pour des
destinations internationales (pas de transport de passagers ou de marchandise en cabotage
sur la côte algérienne).

Pour le transport maritime algérien, il existe principalement des sociétés nationales qui sont:

- La SNTM/CNAN : société nationale de transport maritime qui est chargée du transport


des marchandises,
- L’ENTMV sous le label « algérie Feeries »: entreprise nationale de transport maritime de
passagers, qui assure en moyenne 900 traversées par an, et qui dispose d’une flotte de
quatre navires, dont un est affrété.

209
- SNTM/HYPROC : société nationale de transport maritime des hydrocarbures et produits
chimiques.

Cela dit le transport de voyageurs vers des destinations internationales, principalement


européennes (France, Espagne, Alicante), est assuré à partir des ports d’Annaba, Skikda,
Bejaia, Alger, Tlemcen, Ghazaouat et Oran.

Le transport aérien

L’Algérie dispose de 53 plates formes d’atterrissage sur tout son territoire répartie comme
suit :

- Cinq de classe internationale première catégorie : se trouvant dans les villes d’Alger,
Oran, Constantine, Annaba et Ghardaïa,
- Sept de classe internationale deuxième catégorie : dans les villes de Hassi Messaoud, In
Amenas, Tlemcen, Tiaret, Adrar, Tébessa et Tamanrasset,
- Huit aérodromes de classe nationale à : Béchar, Bejaia, El Oued, Ouargla, In Salah,
Djanet, Biskra et Illizi,
- 14 aérodromes de classe régionale
- 19 aérodromes à usage restreint dont 4 liés à l’exploitation pétrolière et minière.

La compagnie aérienne nationale est Air Algérie qui assure des vols internationaux et
nationaux. Plusieurs compagnies étrangères assurent la liaison avec l’Algérie depuis
différents pays à travers le monde, cependant les liaisons internes concernant le transport
des voyageurs est exclusivement assuré par Air Algérie et une autre compagnie nationale,
Tassili Airlines qui est la propriété de la SONATRACH.

Le transport routier

Il est très important vu que pratiquement tout le transport de marchandises s’effectue par
routes à l’intérieur du pays, le transport de voyageurs s’est considérablement développer
c’est dernières années et le secteur privé assure des liaisons entre les différentes wilayas et
villes.

210
Le réseau routier en Algérie est le plus important dans le Maghreb avec une longueur de
135000 Km avec 76028 km de routes nationales et départementales. Des investissements
colossaux ont été engagés pour sa modernisation ainsi que pour la création de nouveaux
projets, comme celui de l’autoroute Est-Ouest qui est pratiquement fini (initialement, il
devait être livré en fin 2010). Cette dernière sera longue d’environ 2000 km et équipée selon
les normes européennes et le coût des travaux est de 1130 milliards de dinars. (reception
totale prévue en 2012).

D’autres projets ont été lancés, comme celui de l’autoroute transsaharienne Nord-sud qui a
vocation de relier le Nord de l’Algérie aux pays voisins du Sud. Aussi l’autoroute des hauts
plateaux longue de 1330 km qui devra être livrée en 2013.

Le transport ferroviaire

La longueur des lignes ferroviaires exploitables en Algérie est estimée à 4300 Km en 2010,
avec des gares concentrées pour la plupart dans le Nord du pays. Le réseau, lui aussi fait
l’objet de travaux de modernisation et d’agrandissement, d’ailleurs depuis 2004 il y a eu
l’électrification de plusieurs tronçons, et cela pour pouvoir installer des trains à grandes
vitesses. C’est le cas aujourd’hui, dans certaine villes comme Alger où des trains express ont
vu le jour, comme la ligne Alger –Thénia, longue de 50 km.

D’autres villes se verront doter d’un réseau ferroviaire modernisé, ainsi que de nouvelles
liaisons et gares sont en construction, et le réseau algérien total devra compter 10 500Km à
l’horizon 2014, et il sera géré par la société nationale des transports ferroviaires (SNTF).

Des projets ambitieux ont été entrepris, comme celui du métro d’Alger, qui a accusé un
retard de livraison, car il devait entrer en exploitation fin 2010, finalement la livraison d’une
partie de 14 Km qui dessert 16 stations a été faite la fin 2011, et a fait d’Alger la première
ville du Maghreb à disposer d’un métro souterrain.

Des projets sont inscrits pour le lancement d’autres travaux, à fin d’équiper 17 grandes villes,
comme Oran, Constantine, ou Annaba de tramway, comme celui inauguré à Alger en mai
2011. En effet cette dernière a réceptionné le premier tronçon du Tramway, reliant Bordj El
Kiffan à Bab Ezzouar sur 7 km à l’Est de la ville. Le tramway d’Alger sera long de 23 km au

211
final et comprendra 38 stations et coutera pratiquement 3 milliards de dollars, et sa livraison
totale est prévu en 2012.

I-4- Les régions touristiques de l’Algérie

Une diversité culturelle et naturelle, offre à l’Algérie différentes régions attrayantes et qui
intéressent beaucoup de touristes nationaux qu’internationaux. Nous allons en citer les plus
importantes, qui ont connu ou connaissent la venue de visiteurs et disposent de potentiel
non négligeable pour le développement du secteur touristique.

A- La région de l’algérois

Cette région, touche différentes villes notamment Alger, Blida, Zeralda, sidi Fredj, Tipaza qui
sont riches de plages à sable fin et un patrimoine historique et culturel.

La ville d’Alger, avec sa Casbah, ses musés, comme celui du Bardo et bien d’autres richesses
architecturales, comme les différentes mosquées dont la plus vielle : La Grande Mosquée qui
date du XI siècle, ou bien la Basilique Notre Dame d’Afrique construite en 1850 et dont la
restauration à durée 3 ans et s’est achevée en 2010.

Aussi la capitale algérienne est riche de différents parcs et jardins dont le plus célèbre est
celui du Hamma : le Jardin d’essai qui s’étend sur 32 hectares et où se trouvent des plantes
et des essences très rares.

Zeralda et Sidi Fredj disposent de ports de plaisances et de plages ainsi qu’une concentration
en infrastructures hôtelières, ce sont deux régions très fréquentées en saison estivale et
abritent un tourisme balnéaire, mais les touristes s’y rendent aussi pour les spectacles et
festivals organisés en cette période de l’année.

Dans la wilaya de Blida, il existe de grandes plaines avec des montagnes dont le Chréa où se
trouve une station climatique, très prisée par les gens de la région.

Tipaza, quant à elle, est surtout connue pour son patrimoine historique exceptionnel, aves
ses fameuses ruines romaines et les découvertes de vestiges qui ont été faites dans cette
région et qui font d’elle une destination privilégiée des touristes. Elle présente aussi de
belles plages et des structures hôtelières à proximité.

212
B- La Kabylie

La région est très riche et présente :

Des vallées et des montagnes parsemées de villages peuplés et riches de traditions et de


cultures ainsi qu’un patrimoine artisanal important, avec une beauté et une variété en faune
et flore exceptionnelle, avec des forêts denses et très vastes. Aussi la présence de l’imposant
massif du Djurdjura avec le mont Lala Khadîdja qui culmine à 2308 mètres. Dans ce massif se
trouve une station climatique :Tikejda, où ces dernières années enregistre le retour des
visiteurs.

Il existe des plages et des criques, qui ont été particulièrement protégées par leur accès
difficiles et d’autres très prisées durant la saison estivale, s’étalant de Dellys jusqu'à la côte
de Jijel en passant par Bejaia.

La région de la Kabylie s’étend sur plusieurs wilayas comme Boumerdes, Tizi-Ouzou, Bouira,
Bejaia, Sétif et Jijel, elle est connue pour sa production d’huile d’olive et la qualité de son
artisanat, aussi dans la wilaya de Sétif se trouve un site archéologique très important celui
d’El Djamila, une ville antique très bien conservée et classé patrimoine mondial par
l’UNESCO.

C- La région des Aurès et du constantinois

Région riche historiquement, ayant un patrimoine culturel particulièrement rare avec des
vestiges de l’époque romaine et d’autres remontant à bien avant. L’Aurès comprend la
wilaya de Batna où se trouve la ville antique de Timgad qui est un site archéologique de
premier plan, vu la diversité des ruines et vestiges qui sont dans un bon état de
conservation, et qui a été classée au patrimoine mondial de l'humanité par l'UNESCO en
1982.

Cette région comprend aussi, les wilayas de Khenchela, Oum el Bouaghi, Souk-Ahras,
Tebessa et la partie nord de la wilaya de Biskra, très riches en vestiges et ayant un
patrimoine hors du commun.

213
La région du constantinois qui touche les wilayas de Constantine, Skikda, offre aussi des
richesses naturels et des paysages particuliers et présente un foisonnement culturel et une
histoire lourde d’événements qui contribue à son attrait.

La ville de Constantine a été fondée en l’an 202 avant J.C, (Cirta avant) et comporte une
richesse culturelle singulière, avec son histoire qui fait d’elle l’une des plus ancienne cité du
pays. Aussi par le raffinement et l’art de vivre de ses habitants qui est toujours visible dans
leurs traditions et coutumes. Elle est considérée comme la capitale de l’Est Algérien.

D- La région d’Annaba

Cette région est connue pour ces plages et sa géographie riche en relief et la présence de
zones humides et de réserves naturelles où il existe une diversité animalière singulière avec
une flore très variée est rare.

L’histoire de cette région, fait de cette ville une destination privilégiée pour découvrir un
patrimoine culturel et des édifices anciens, rappelant les différentes civilisations qu’a
connues la région.

En effet la ville d’Annaba est l’une des plus anciennes cités d’Algérie puisque fondée en 1295
avant J.-C, connue sous différents nom à travers l’histoire : Ubon, Hippo Regius, Hippone,
Bouna, Bled El Aneb, Bône, et enfin, Annaba.

Dans cette région, plus précisément prés de Guelma et Lamy, des représentations et
inscription rupestres indique l’ancienneté de la présence humaine.

E- La région oranaise

Avec les wilayas de Mostaganem, Oran et Tlemcen, une diversité de paysages naturels et
aussi de larges plages s’offrent aux visiteurs, sans oublier là aussi, la richesse du patrimoine
culturel avec l’histoire tumultueuse qu’a connue la région à travers les époques et les
guerres.

La région est aussi connue pour la multitude de ses Saints, auxquels sont dédiée des
mausolées, dans la ville d’Oran et de Tlemcen principalement. Il y a aussi plusieurs anciens

214
forts qui entourent la ville d’Oran, faisant d’elle l’endroit où se trouve la plus grande
concentration de forts militaires d'Afrique.

Une richesse architecturale, faisant transparaitre les anciennes présences de différentes


civilisations comme celle espagnole et française et procure à la région un attrait indéniable
par les raretés de ses vestiges.

F- Le Sahara

Un territoire, qui représente une superficie immense, ainsi que des villes qui existent depuis
des temps très éloignés dans le passé, avec de diverses cultures et modes de vie millénaires.
Nous pouvons en citer quelques régions parmi les plus importantes:

-La région du M’Zab : représenté par la ville emblématique de Ghardaïa, riche de ses Ksour,
et de sa culture mozabite datant du XI siècle, ainsi que ses vastes palmerais.

- la région de Biskra : une région qui a connu des traces d’humanisation datant de 1000 ans
avant J.-C. L’oasis a connu une riche histoire avec des conquêtes diverses et a été une étape
sur les parcours commerciaux Nord-Sud depuis l’antiquité. Elle présente aujourd’hui
d’ancien forts de l’époque turc ainsi que de grandes palmerais.

- La région d’Ouargla : contenant plusieurs oasis datant du VII et VIII siècle, c’était une étape
obligée pour les caravanes qui se rendaient à Tougourt, El Golea, l’Ahaggar ainsi que le
Soudan. Elle présente des Ksour et des Bordjs anciens et elle est dotée de riches palmerais.

- La région de la Saoura : qui couvre tout le Sud-est algérien en englobant les wilayas de
Béchar, Tindouf et Adrar, présente de nombreuses oasis et palmerais ainsi que
d’innombrables Ksour comme à Béni Abbés et Béni Ikhlef. Cette région est caractérisée par
une alternance de paysages lunaires et des dunes du grand Erg Occidental.

- la région du Hoggar : avec le massif montagneux du Hoggar et le Tassili N’Ajjer, cette région
compose le grand Sud algérien, et présente des traces de présence humaine qui remontent
à des milliers d’années. Des peintures rupestres, des tombeaux et autres vestiges sont
visibles dans cette région qui se compose de paysages volcaniques présentant de grandes
étendues plates et d’innombrables montagnes.

215
Cette région est caractérisée aussi par ses habitants, les Touaregs avec leur mode de vie
ancestral et leur riche culture. Cette région recèle une riche histoire qui a toujours fasciné les
scientifiques et les touristes, et de nombreux travaux d’études ont été menés pour
comprendre l’organisation de la vie des ses habitants, qui étaient nomades pour la majorité.

La région est associée aujourd’hui à des noms célèbres qui y ont vécu et joué un rôle dans
son histoire, comme celui du père de Foucault, ou bien à des légendes comme celle de la Tin
Hi nan, dont le tombeau attire beaucoup de touristes.

I-5- les dernières initiatives de l’état dans le secteur du tourisme

En 2008, il y a eu l’établissement par le ministère du tourisme de l’époque (qui d’ailleurs


était intitulé le ministère de l’aménagement du tourisme, de l’environnement et du
tourisme), d’un schéma directeur d’aménagement touristique qui fait partie du schéma
national de l’aménagement du territoire, et qui définissait les orientations stratégiques pour
permettre l’essor du secteur touristique dans une optique de développement durable.

Ce schéma, dans un premier lieu a soulevé les problèmes du secteur et a proposé un certain
nombre de mesures qu’il faut entreprendre pour construire une destination à la hauteur de
ses concurrents directs, en créant par exemple de nouvelles structures d’hébergements et
de loisirs qui se déclineraient sous la forme de « pôles et villages touristiques d’excellence».

D’autre part il est prévu la construction de 20 villages de vacances de type bungalows, dont
six au Sahara, et quatorze au Nord du pays.

Ce schéma prévoit des mesures et des plans d’action à long terme visant l’horizon 2025,
ainsi qu’à court et moyen terme, il préconise un partenariat entre le public et le privé, ainsi
sur cette base là, pas moins de 474 projets sont prévu et devraient augmenter la capacité en
lits et la création d’emplois d’ici l’année 2015 .

Des efforts ont été entrepris depuis lors, comme le lancement de la rénovation de quelques
établissements comme l’hôtel El Aurassi à Alger qui est en travaux de réhabilitation depuis
janvier 2011.

216
D’ailleurs le ministre du tourisme à déclarer à la presse algérienne le 9 décembre 2010,
qu’une enveloppe de 48 milliards de dinars sera mobilisée pour la modernisation de 47
hôtels et stations thermales à travers le pays.

Toujours en 2010 et en marge du SITEV qui s’est tenu en décembre de cette année, il y a eu
la signature de 49 accords portant sur des projets hôteliers menés par des investisseurs
nationaux, et qui devraient créer 5200 lits supplémentaires et engendrer 7767 emplois.

Ce schéma fait figure de plan de développement du tourisme, ce dernier qui est devenu,
selon les autorités du pays « une priorité de l’état algérien », et qui vise à accroitre le
nombre de touristes pour atteindre 20 millions en 2025. La stratégie est clairement orientée
vers une augmentation massive du nombre de touristes, afin « de hisser le tourisme algérien
au rang d’industrie porteuse de développement et de progrès ». (197)

Conclusion du chapitre

Les autorités algériennes tentent de dynamiser le secteur en encourageant le partenariat et


les initiatives, cependant la soi-disant partie « développement durable » est mise à l’écart
pour ne pas dire totalement occultée.

En effet, la contradiction est alarmante, puisque d’un côté on évoque l’importance d’inscrire
le tourisme dans le cadre d’un développement durable et en même temps le plus grand
intérêt est de permettre l’agrandissement du parc hôtelier pour tous les types de tourisme
afin d’intéresser un maximum de personnes, pour finalement arriver à l’objectif qui est
l’augmentation du nombre de touristes, et se diriger fatalement vers un tourisme de masse.

L’intention d’industrialiser le secteur touristique en Algérie est clairement déclarer par les
principaux responsable et décideurs du secteur, ce qui est loin d’une démarche d’un
tourisme respectueux et durable.

Dans tous les projets et accords signés dernièrement pour la construction d’infrastructures
hôtelières, il n’est mentionné que les objectifs en termes de capacité d’accueil (nombre de
lits) et création de poste d’emplois.

197- Schéma d’aménagement touristique (SDAT), Livret 1, Ministère du tourisme, 2008,Alger, p 99.

217
Il n’est nullement citer, par exemple, les nouvelles techniques de construction dites durables
qui peuvent être utilisées pour ces projets en question et qui réduiraient leur empreinte
écologique, ou bien le type d’énergie propre qui sera utilisée pour leurs fonctionnements, ou
bien même des études sur l’impact de ces structures sur les terrains choisis et sur
l’environnement naturel et social qui les entourera.

Aucune solution concrète n’est proposée en réalité, malgré la présence du schéma national
d’aménagement du territoire qui a évoqué l’importance de la protection des richesses
naturelles et la nécessité de gérer rationnellement le territoire afin de ne pas provoquer leur
dégradation.

Malgré le fait qu’au jour d’aujourd’hui, les méfaits du tourisme de masse sont avérés et le
fait d’augmenter la concentration des exploitations dans une zone accélérera son
dépérissement, par les différentes pressions exercées du fait de la venue de touristes en
nombre.

Les autorités responsables du secteur touristique algérien se bornent à ne rechercher que la


qualité en termes de confort, de commodités et d’équipements hôteliers, pour permettre la
satisfaction d’une clientèle qui n’aspire finalement qu’à son seul bien être.

Au début de ce 21eme siècle ce genre de tourisme doit être évité, et l’Algérie avec son
« retard en terme de tourisme », ne doit pas « le rattraper » en se limitant à la réalisation de
projets de constructions d’hôtels et autres structures d’hébergements, comme si ce retard
était seulement lié à la capacité d’accueil. Vouloir augmenter obstinément le nombre de lits,
n’assure pas automatiquement la venue des touristes dans un pays.

Il faut procéder autrement car envier un tourisme de masse n’est pas une solution durable
pour le secteur touristique algérien, comme il ne l’a pas été pour d’autres pays engagés par
le passé dans ce type de tourisme.

L’Algérie peut éviter les erreurs commises par ces pays et peut réorienter réellement sa
stratégie en développant un tourisme axé sur la préservation du patrimoine naturel et
culturel et leur promotion et ne pas négliger cette forme de tourisme respectueuse qui est
en train de prendre de plus en plus de place dans le marché mondial.

218
Chapitre II : Le Tourisme et la région de Tamanrasset

Introduction
Dans ce chapitre, nous nous intéresserons au Sahara en évoquant les premières explorations
qui ont conduit à la découverte de ce vaste territoire et qui ont posé les premiers jalons du
tourisme saharien en Algérie. Nous nous intéresserons par la suite à la région de
Tamanrasset et son organisation ainsi que son activité touristique.

A travers les rencontres et interviews menées à Tamanrasset auprès des professionnels du


secteur touristique, à savoir des agences de voyages établies dans cette ville et les
responsables de la direction du tourisme, nous avons pu analyser l’activité dans cette région
et pris la mesure des différents potentiels qu’elle offre et les difficultés rencontrées par les
différents acteurs du secteur.

Toujours au sein de cette ville nous avons procédé, par le biais de questionnaires, à la
récolte d’informations auprès d’habitants de la ville et de touristes rencontrés au niveau de
l’aéroport. Notre but a consisté à l’analyse de la situation du secteur touristique mais aussi
de faire apparaitre les attentes de la communauté locale vis-à-vis de cette activité et celles
qui y sont rattachées.

Nous avons aussi voulu cerner les défaillances qui pourraient entraver l’instauration d’une
activité touristique écologique en accord avec le principe de durabilité, et nous avons essayé
de trouver des orientations qui faciliteraient cette approche. Notre premier objectif consiste
à démontrer qu’il est faisable et primordiale, pour la préservation de la région, d’œuvrer
pour la mise en place d’une politique touristique qui va dans le sens du tourisme et du
développement durable.

Après nos constatations sur le terrain et l’enquête menée dans la ville de Tamanrasset, nous
sommes arrivés à trouver des pistes de réflexion et des possibilités à encourager afin de
développer un tourisme respectueux du milieu naturel et culturel. Une activité qui pourrait
aider à l’amélioration et à la diversification de tout le secteur économique et engager une
stratégie globale tournée vers la durabilité.

219
II-1- De l’exploration au tourisme saharien en Algérie

Le Sahara est associé au mot désert et si nous parcourons la définition de ce dernier dans un
dictionnaire de langue française, comme le Larousse, nous trouverons que celle là le désigne
comme « un lieu qui n’est pas habité », cela pour le sens latin du terme. Cependant, cette
notion a beaucoup évolué, puisque complétée par d’autres distinctions.

Aujourd’hui, on sait qu’il existe des déserts chauds et des déserts froids, et les deux ont la
particularité d’avoir de dures conditions climatiques, qui rendent ces territoires
inhospitaliers. Il est claire que le Sahara fait partie des déserts chauds, et il se compose de
régions où sévit une chaleur intense durant la journée et caractérisées par la rareté des
précipitations, ce qui ne favorise pas la vie, dans toutes ses formes.

Le Sahara en Algérie ne constitue pas un espace géographique homogène, avec une


superficie qui dépasse les 2 millions de Km2, il présente une diversité dans ses formes et
reliefs où il existe différents écosystèmes complexes. (198)

En effet un climat aride régit par de fortes amplitudes thermiques, ajouté à de puissants
mouvements telluriques, ainsi qu’une forte érosion par le vent ont donné des paysages
extraordinaires et très variés au Sahara. Des conditions hostiles au développement de la vie,
qui n’ont pas empêché, finalement l’existence d’une multitude d’êtres vivants avec une
étonnante adaptation dans cette région. (199)

Aussi, le Sahara a toujours fasciné les hommes, car souvent associé à des représentations
mythiques ou mythologiques, et considéré longtemps comme un espace désolé qu’on
s’interdisait d’y aller. D’ailleurs les écritures saintes ont donné aux déserts le rôle de
parcours initiatiques ou punitif et même tentateur.

Aussi le Sahara fait souvent, dans les représentations sociales collectives, l’objet de
considérations le décrivant comme espace vide où l’inertie y règne, alors que les régions
désertiques sont loin de l’être et la vie se manifeste souvent. Aussi, même l’activité humaine
y est présente et l’a été par le passé. (200)

198- Roux M., Le desert de sable, le Sahara dans l’imaginnaire des français, Paris, l’Harmattan, 1996.
199- Idem.
200- Bisson J., Mythes et réalités d’un désert convoité : le Sahara, Paris, l’Harmattan, 2003.

220
Il est vrai que ce territoire est resté longtemps un mystère, et les premiers documents
révélant l’existence d’un grand désert africain remontent à l’histoire de l’Egypte ancienne,
mais concernaient surtout la Libye. C’est au Veme siècle avant J.-C que débute la première
histoire écrite de la région septentrionale de l’Afrique et où sont évoqués les Garamantes,
ainsi que des descriptions géographiques sommaires des terres désertiques et du Hoggar,
faites par Hérodote. (201)

Il faudra attendre le moyen âge et le récit de différents voyageurs, notamment Ibn Battouta,
qui s’est rendu au Soudan en 1350, et qui a décrit les régions du Sahara qu’il a traversé,
par la suite, des historiens comme Ibn Khaldoun ont rapporté des renseignements
complémentaires sur le Sahara et le peuple qui y vit.

Toutefois, ce sont des explorations individuelles réalisées pas des européens et suivies, dans
la seconde moitié du 19eme siècle, de missions organisées qui permettront le début de la
grande période de découverte du Sahara qui s’achèvera par l’occupation progressive des
territoires du Sud par la France à partir de 1900. Cette dernière permettra l’établissement,
peu à peu, de liaisons entre différentes oasis et la création, aux différents points
stratégiques, des postes permanents qui sont censés servir de repères et de lieux de
ravitaillement.

Le Sahara était le domaine des explorateurs dans la seconde moitié du 19eme siècle, d’ailleurs
cette période était riche en expéditions qui tentaient de traverser ce vaste territoire pour en
ramener de précieuses informations. Aussi il y en a eu beaucoup qui se sont terminées de
manière tragique, comme la traversée du major Laing qui débutera à Tripoli et passera par In
Salah et In Ziza pour atteindre Tombouctou, faisant de lui le premier européen à se rendre
dans cette ville, mais il sera tué sur le chemin du retour. (202)

Nous pouvons évoquer le voyage de G.Rohlfs, qui est parti de Tanger le 14 mars 1864 pour
rejoindre le Touat et In Salah et enfin arriver à Tripoli fin décembre 1864, d’où il a rapporté
le récit de ce périple en caravane et décrit les échanges commerciaux qui se faisaient entre
ces régions là.

201-Bisson. J., Mythes et réalités d’un désert convoité : le Sahara, Paris, l’Harmattan, 2003.
202-Humbert G-H., Sahara, les traces de l’homme, Paris, Chabaud, 1989, p.37, 38.

221
Aussi en 1880, il y a eu la première mission du colonel Flatters qui a empreinté un itinéraire
le menant d’Ouargla au lac Menghough en passant par Gassi Toouil, Temassinin, Tabelbalet
et Ain El Hadjadj. Cependant la deuxième mission est organisée en 1881 pour aller plus loin
que la première en emmenant plus d’hommes et de vivres et a connu un destin dramatique,
puisque elle va être en partie anéantie par les Touareg qui ne voulaient du passage d’une
caravane armée sur leur territoire et le colonel Flatters fut tué durant cette attaque. (203)

Entre 1899 et 1900 s’est déroulée la mission Foureau-Lamy qui a réussi la première
traversée du Sahara en passant par Gassi Touil, Temassinin, Tabelbalet, Ain el Hadjadj, l’oued
Samen, l’erg Tihodaine, pour rejoindre le Tchad.

Après la victoire des troupes françaises sur les Touareg du Hoggar en 1902, les
reconnaissances vont se multiplier et des axes ainsi que de nouvelles voies de
communications seront développés et qui permettront une occupation permanente de ce
territoire. En 1906 Laperrine a réussi une traversée périlleuse, celle de l’erg Chech
comprenant les régions d’Adrarn, In Ziza, Achourat, Taoudenni, Tin Haia, Bir El Hadjadj et
Akabli. (204)

D’autre militaires ont entrepris et réussi des traversées aussi dangereuses qu’importantes,
pour la reconnaissance des régions du Sahara. Ils ont aussi aménagé avec leurs équipes des
pistes pour relier plus rapidement les différents postes. Laperrine, par exemple, a procédé
entre 1902 et 1910 à des relevées topographiques pour permettre l’élaboration de milliers
de kilomètres d’itinéraires et l’ouverture de nouvelles voies. Des cartes seront tracées et
serviront à l’exploration du Sahara. (205)

Des impératifs militaires associés au progrès techniques, comme l’automobile, vont accroitre
la présence de l’homme et aussi le nombre de missions qui seront organisées, pour
permettre d’assembler d’avantage de renseignements et l’appropriation ainsi que le
contrôle de l’espace saharien.

203-Humbert G-H., Sahara, les traces de l’homme, Paris, Chabaud, 1989, p.37,38.
204-Idem. p.38,42.
205-Ibid.

222
Toutefois, l’apparition du tourisme saharien est assez récente, puisque c’est en 1922 qu’est
organisée la mission Citroën. Celle-ci permet la première traversée du Sahara en automobile
(autochenille), et par la suite il y a eu l’ouverture de nombreuses pistes aux touristes.
En 1930, à l’occasion du centenaire de la prise d’Alger, est organisé le premier Rallye
transsaharien. Au départ d’Alger, Oran ou Annaba (Bône à l’époque), les participants au
volant de quarante voitures de tourisme de différentes marques, devaient effectuer le trajet
jusqu’au Soudan en passant par Tamanrasset, puis revenir à leur ville de départ en
traversant une deuxième fois le Sahara. (206)

Cette traversée a marqué le début à l’accessibilité plus ou moins facile du Sahara, car l’ère
de l’automobile va permettre à celui qui le désire de faire ce voyage en utilisant une simple
voiture de série, et c’est ce qui sera considéré comme le véritable élément précurseur du
tourisme saharien. Aussi, le transport en commun se développait à l’instar de la Société
Algérienne des Transports Tropicaux créée en 1933 et qui desservait en autobus la ligne
Ghardaïa, El Goléa, In Salah et Tamanrasset, tandis que la Compagnie Générale
Transsaharienne assurait la ligne Colomb- Béchar, Béni Abbés depuis 1926.

Par ailleurs, c’est en 1934 qu’il y a eu l’apparition de la première édition du « Guide du


Tourisme automobile et aérien au Sahara » émis par la société pétrolière Shell, cette
dernière installera même des postes de ravitaillement sur les principaux axes transsahariens,
ce qui explique le développement de l’activité touristique. Après la 2eme guerre mondiale,
certaines pistes ont été abandonnées pour cause du manque d’entretien, et la circulation
automobile se faisait essentiellement dans les axes transsahariens du Tanezrouft et du
Hoggar. (207)

A cette époque, le tourisme a connu un véritable essor et les régions sahariennes étaient
devenues très accessibles et ne présentaient aucun danger, à condition de bien s’équiper
et de suivre les pistes et les axes balisés.

206- Humbert G-H., Sahara, les traces de l’homme, Paris, Chabaud, 1989, p.p. 38-42.
207- Idem.

223
Aussi la contrainte climatique était moins ressentie puisque les automobiles offraient assez
de confort, et parcourraient beaucoup plus de kilomètres en un temps réduit. Ce qui n’était
pas le cas lors des traversés en chameaux des premières expéditions.

Le Sahara était devenu accessible à tous, et ne présentait plus de dangers pour la vie des
gens qui s’y rendaient, comme à une époque précédente, ce n’était plus un territoire
impénétrable où on risquait de ne plus en ressortir vivant.

Cependant l’espace saharien était toujours synonyme de découverte chez les touristes et a
gardé une grande part de mystère dans leur esprit et correspondait souvent à un monde
rempli d’intrigues et de mythes et où on essayait de se mettre à la place des premiers
expéditionnaires.

Le Sahara était un espace, certes éloigné, mais débarrassé des contraintes qui empêchaient
son exploration et revêtait, aux yeux des touristes européens, l’image d’un monde figé dans
le temps, car très différent des villes modernes d’où ils provenaient.

D’ailleurs les professionnels du tourisme de l’époque, présentait déjà la « destination


Sahara » en évoquant ce territoire comme celui de la liberté et de l’aventure, où règne
« une féerie » et des paysages venus d’une autre planète. L’accent était mis, aussi, sur
l’immensité de cet espace et la part mystérieuse de ses habitants voilés, les Touaregs, qui
ont toujours vécu dans un environnement inhospitaliers, ce qui fascinait d’avantage.

Aujourd’hui les arguments de vente n’ont pas vraiment changés et on est resté sur le même
registre pour décrire le Sahara et faire rêver le voyageur potentiel afin qu’il se laisse tenter
par une visite de cette « contrée lointaine, hors du temps et mirifique ».

II-2- La ville de Tamanrasset

II-2-1- Histoire de la ville

Au début du 20eme siècle, Tamanrasset était un petit centre qui ne comptait que quelques
familles installées sur l’une des rives de l’oued qui la traverse. C’est après la victoire de la
France à la bataille qui s’est déroulée au village du Tit en 1902 et qui a opposé une troupe de
nomades arabes du Tidikelt avec à leur tête le lieutenant français Cottenest aux touaregs du
Hoggar : les Kel Ahaggar, que les français ont commencé à pénétrer réellement la région. (208)

224
En effet, en 1904 le chef des touaregs Moussa Ag Amestane a été contraint de signer un
traité de paix avec le colonel Laperrine en reconnaissant la conquête du Sahara par la France
ainsi que la soumission des touaregs : Kel Ahaggar, envers elle. Il reçut le titre d’Aménokal
quelque temps après et le gardera juqu’à sa mort en 1920. (209)

Aussi la ville de Tamanrasset est associée au père De Foucauld qui s’y est fixé en 1905 et où il
a construit un Bordj sur l’autre rive de l’oued. Il a contribué à l’introduction de la France dans
la région.

La France installa le premier centre administratif à Tarahouahout au sud-est de Tamanrasset,


dans les territoires des tribus Dag Rali et les Ajoul-n-Téhélé, les plus importants de la région.
C’est dans les années 1910 que ce centre fut déplacé à Tamanrasset où il y a eu
l’implantation d’une garnison ainsi que deux forts, ce qui déclenchera un dynamisme qui
entrainera la venue de migrants du Touat et du Tidikelt. La France va affirmer sa présence à
Tamanrasset en 1920, avec l’installation d’autres services administratifs. Aussi l’économie
traditionnelle des gens de la région fut principalement le commerce caravanier et l’élevage.
La ville de Tamanrasset devenue centre administratif va encourager cela d’avantage et
attirera plus de personnes, qui s’y installeront. (210)

D’ailleurs, dès le début des années 1950 des compagnies minières françaises vont
commencer à s’intéresser au Hoggar et à la prospection du sous sol dans la région, ainsi que
la création du nouveau centre d’Expérimentations Militaires des Oasis à IN-Ekker, 150 Km au
nord de Tamanrasset, va donner une plus grande importance à cette dernière qui attirera
plus de gens et deviendra, en 1957, sous préfecture du département des Oasis. (211)

Après l’indépendance, un nouveau découpage administratif verra le jour et le Département


des Oasis disparaîtra, puisque le pays sera divisé en wilayas, daïras et communes.
Par ailleurs, ce n’est qu’en 1974 que Tamanrasset est promue chef lieu de wilaya et les
autorités algérienne veulent en faire de cette agglomération un grand pôle du Sud algérien,
notamment avec l’inscription du projet de la route transsaharienne vers les pays du Sahel.

208- Bisson J., Mythes et réalités d’un désert convoité : le Sahara, Paris, l’Harmattan, 2003.
209- Idem.
210- Humbert G-H., Sahara, les traces de l’homme, Paris, Chabaud, 1989, p.p 35-37.
211-Idem.

225
La population de Tamanrasset a connu une évolution importante, elle n’était que de 2000
habitants en 1944 et elle est passée à plus de 5000 habitants lors du premier recensement
algérien en 1966. En effet, après 1962 beaucoup d’algériens des régions du nord sont venus
s’installer à Tamanrasset, il s’agissait essentiellement de fonctionnaires. (212)
(212

La grande sécheresse qui a sévit


sé en 1971-1972
1972 dans toute la région du Sahara,
particulièrement dans les pays frontaliers : le Niger et le Mali, ajouté aux troubles politiques
que ces deux pays connaissaient, vont pousser beaucoup de nomades à se déplacer en
direction des agglomérationss du Sud algérien. Tamanrasset, qui avait peu de touaregs au
début des années 1970 va devenir la capitale de ce peuple.

II-2-2- La ville de Tamanrasset aujourd’hui

La ville de Tamanrasset se trouve dans la région du Hoggar, c’est une commune et le chef
lieu
u de la wilaya qui porte le même nom. Dix communes, dont sept daïras composent cette
wilaya qui s’étend sur une superficie totale de 557 906,22 Km2.

Schéma 3 : Découpage administratif de la wilaya de Tamanrasset

212- Badi, D, Les régions de l’Ahaggar et du Tassili n’Azjer, Algérie ANEP, 2004, p. 108.

226
Tableau 20 : communes et daïras de la wilaya de Tamanrasset

Communes de la wilaya de Tamanrasset


1-Tamanrasset (daira)
2-Abalessa
3-In Ghar (daira)

4-In Guezzam (daira)


5-Idles
6-Tazrouk (daira)

7-Tin Zaouatine (daira)

8-In Salah (daira)


9-In Amguel
10- Foggaret Ezzaouia

La ville de Tamanrasset est située à environ 2000 kilomètres de la capitale Alger, elle compte
une population estimée à 100000 habitants et se trouve à 1400 mètres d’altitude. Cette
dernière lui confère des températures plus clémentes que celles habituellement rencontrées
dans d’autres zones désertiques.

Grâce aux différentes stations météorologiques qui existent dans la région, notamment à
Tamanrasset et au niveau de l’Assekrem (2760 m), des données météorologiques précises
sont enregistrées et établissent que la moyenne annuelle des pluies est de 46,9 mm, et que
la température moyenne minimum est de 14,8° avec un minimum absolu de moins 4,5°,
quant à la température moyenne maximum elle est de 28,4°, avec un maximum absolu de
41°.

Les géographes reconnaissent deux saisons distinctes dans la région : l’été et l’hiver, alors
que la tradition touareg en définit quatre : l’été (Iouilen), où il fait très chaud, l’automne
(Amawen) qui est généralement la période des fêtes, l’hiver (Tadjrest) et le printemps
(Tafsit) qui est une période fraiche propice au voyage. (213)

213- Badi, D, Les régions de l’Ahaggar et du Tassili n’Azjer, ANEP, Algérie, 2004, p.p.17-19.

227
Schéma 4 : Les différentes parties de la ville de Tamanrasset

Comme le montre le schéma du dessus, il existe de nombreuses zones d’habitats précaires,


et la ville de Tamanrasset fait fasse ses dernières années à une importante immigration
venue du Sud, car elle est devenue, malgré elle, une étape incontournable pour celle-ci, qui
aspire à rejoindre le nord de l’Afrique, notamment les villes du littoral marocain, plus
particulièrement les deux enclaves espagnoles s’y trouvant à savoir Melilla et Ceuta, afin de
pouvoir par la suite se rendre sur le continent Européen.

Il n’existe pas de chiffres officiels exacts de cette immigration qui transite par la ville et qui
dès fois s’y installe, mais il suffit de se rendre à Tamanrasset pour constater l’ampleur de la
présence de familles maliennes et nigériennes.

Cependant, les habitations précaires sont majoritairement occupées par d’anciennes


familles nomades qui ont fui les conditions difficiles de sécheresse qu’a connues la région
par le passé et se sont sédentarisées à Tamanrasset.

228
Par ailleurs, nous avons constaté, lors de notre déplacement dans cette ville d’autres
problèmes liés, notamment, à la collecte des déchets et leur gestion. En effets, des amas
d’ordures ménagères sont observables en plein centre et surtout au niveau des quartiers
périphériques, ce qui attire les animaux errants, spécialement des chèvres qui font presque
partie du décor, en déambulant en pleine ville et en se nourrissant de tout ce qu’elles
trouvent sur leur passage.

Ces déchets, qui sont jetés à même le sol, sont ramassés une à deux fois par semaine, pour
être entreposés et brulés dans une grande décharge à ciel ouvert qui se trouve à l’extérieur
de la ville.

Les habitants rencontrent aussi des problèmes liés à l’approvisionnement en eau, il existe de
graves déficits dans le réseau de distribution et certains quartiers n’y sont même pas
rattachés et la plupart des habitants sont obligés d’acheter des citernes d’eau chaque
semaine ou bien chaque 15 jours pour faire face à leurs consommations.

Cependant la ville fait l’objet d’un vaste programme de rénovation et de modernisation du


réseau hydrique et la construction de plusieurs stations de traitements des eaux usées, qui
doit apporter des solutions aux difficultés rencontrées depuis des années par les habitants.
Les travaux connaissent un peu de retard mais sont pratiquement terminés.

En effet, un grand projet de transfert d’eau lancé en 2008 a été inauguré par le chef de l’état
le 4 avril 2011 et il permettra d’approvisionner la ville et ces alentours en eau potable via le
réseau de distribution.

Cette eau sera acheminée de la région d’In Salah où on a procédé à plusieurs forages (48),
dont certains (24) de 600 mètres de profondeur chacun, pour atteindre une réserve
importante d’eau, celle de la nappe albienne qui se trouve dans le sous sol de cette
(214)
région.

Ce projet a nécessité une canalisation de 750 Km pour acheminer cette ressource jusqu’à la
ville de Tamanrasset et la réalisation de plusieurs installations, comme des stations de
pompage et de traitement d’eau ainsi que d’immenses réservoirs, pour permettre le
transfert de100.000 m3/jour. Cet investissement a couté 190 milliards de dinars à l’état.

214- Journal Liberté, du 5 avril 2011.

229
Par cet investissement colossal, l’état souligne son engagement pour permettre à la région
de se développer et a annoncé d’autres projets, comme celui du prochain raccordement de
la ville au réseau de gaz naturel, d’ailleurs la wilaya a bénéficié d’une enveloppe de 11,9
milliards de dinars pour l’année 2011. (215)

II-3- Le secteur du tourisme à Tamanrasset

Cette wilaya dispose d’une direction du tourisme et de l’artisanat, qui a son siège dans la
ville de Tamanrasset. Elle est responsable de la gestion du secteur et de sa promotion, elle
prend part aussi à l’organisation des différents festivals qui ont lieu dans toute la région, et
elle exerce surtout, au moyen de ses inspecteurs, un travail de contrôle du respect de la
législation et des normes au niveau des établissements hôteliers, les campings et les agences
de voyages, installés dans toute la wilaya. Il existe 82 agences de voyages agréées par le
ministère du tourisme dans toute la wilaya de Tamanrasset réparties comme suit :

- 74 agences au niveau de la commune de Tamanrasset, dont deux publique : l’ONAT et


EGT Tahat,
- 08 agences au niveau de la commune d’In Salah.

La compagnie nationale Air Algérie détient une agence au niveau du centre ville de
Tamanrasset et s’occupe uniquement de sa propre billetterie (réservations et ventes).

L’ONAT propose quant à elle des circuits dans la région du Hoggar et du Tassili, ainsi que
dans d’autres régions du Sahara algérien. Elle commercialise aussi des billets d’avions de
plusieurs compagnies internationales, ainsi que ceux de la compagnie Air Algérie. Les
agences de voyages privées élaborent et proposent leurs propres circuits et beaucoup
travaillent avec des agences internationales pour vendre leurs produits.

Chaque agence de voyage peut employer de 6 jusqu’à 30 personnes durant la saison


touristique, qui est pour l’essentiel comprise entre le mois de septembre jusqu’au début du
mois de mai.

215- Journal Liberté, du 5 avril 2011.

230
En ce qui concerne le parc hôtelier de la wilaya, celui là est composé de 6 hôtels qui sont
répartis comme il suit :

Tableau 21 : Répartition des hôtels dans la wilaya de Tamanrasset (216)

Nom de l’hôtel Localisation Propriété Capacité/ lits Catégorie

TAHAT Commune de Publique 300 3 étoiles


Tamanrasset

TIDIKELT Commune Publique 120 3 étoiles


d’In Salah

TINHINAN Commune de Privé 68 Sans étoiles


Tamanrasset

ILAMAN Commune de Privé 80 Sans étoiles


Tamanrasset

AHAGGAR Commune de Privé 72 Sans étoiles


Tamanrasset

BADJOUDA Commune Publique 40 Sans étoiles


d’In Salah

Total 06 06 680 LITS

La ville de Tamanrasset a une capacité de 520 lits répartis en 4 hôtels, dont le plus important
dépend du secteur public : Le Tahat, d’ailleurs c’est le seul qui est classé et qui répond à des
standards internationaux, et il se trouve en plein centre de la ville en face du siège de la
wilaya, il a été rénové en 2009. Il abrite à son niveau l’une des deux agences de voyages
publiques de la ville avec qui il forme une entreprise de gestion touristique.

La wilaya dispose aussi de 16 campings d’une capacité totale de 652 lits, dont deux
dépendant du secteur public. La commune de Tamanrasset comprend 14 campings d’une
capacité totale de 613 lits, dont deux se trouvent dans l’Assekrem.

216- Direction du tourisme de la wilaya de Tamanrasset.

231
La capacité totale en lits, tous types de structures confondues, de la ville de Tamanrasset et
de ses alentours directs est de 1133 lits, quant à l’ensemble de la wilaya la capacité est de
1332.

Tableau 22 : Arrivées hôtelières (hôtels/campings) de la wilaya de Tamanrasset (217)

Année 2005 2006 2007 2008 2009 2010


Nombre
D’arrivées 11902 12625 14267 18837 24088 29393

Nous pouvons constater que depuis l’année 2005 on observe une hausse sensible des
arrivées hôtelières dans la wilaya, et c’est en 2010 qu’est enregistrée la plus forte
augmentation.
Cependant pour le début de l’année 2011, et selon certains chefs d’agences de voyages
locales, le nombre de touristes a baissé par rapport à la même période en 2010, et cela est
dû aux menaces d’enlèvements qui ont été reliées par les médias étrangers, notamment en
France, car cette dernière a déconseillé vivement ses ressortissants de se rendre dans la
région du Hoggar.

Sans oublier l’organisation terroriste Aqmi qui sévit dans toute la région du Sahel et peut
faire des incursions dans le territoire algérien. Il est à signaler, qu’aucun cas d’enlèvements
n’a été perpétré dans la région de Sud algérien, et les professionnels du secteur, notamment
les agences de voyages de Tamanrasset déplorent la mauvaise publicité qui est faite à la
région depuis la fin 2010.

Ils se plaignent aussi de la fermeture du pars du Tassili du Hoggar depuis le 8 février 2010,
pour des raisons de sécurité, ce qui les empêche de programmer des circuits incluant des
étapes dans ce même parc. Cependant, les autorités algériennes ont décidé de sa
réouverture en juin 2011 ce qui devrait satisfaire tous les professionnels opérants dans le
secteur touristique.

217- Direction du tourisme de la wilaya de Tamanrasset.

232
Tableau 23 : Arrivées hôtelières dans la wilaya de Tamanrasset par mois et par année
(2009/2010) (218)

JAN FEV MAR AVR MAI JUI JUIL AOU SEP OCT NOV DEC

2009 2188 1972 1730 1665 1836 1715 1744 1367 1520 3669 2543 2139

2010 2416 2074 1827 1831 2684 2529 2513 1787 2634 4310 2616 2164

Nous pouvons observer que le pic des arrivées hôtelières à Tamanrasset pour les deux
années 2009 et 2010 correspond au mois d’octobre, c’est le début de la saison touristique
dans cette région.

Aussi depuis les années 2000, la région de Tamanrasset connait une augmentation du flux de
touristes, et celui-ci a tendance à augmenter d’année en année et les touristes étrangers
sont de plus en plus nombreux à se rendre dans la région et sont majoritairement de
nationalité française. Une augmentation aussi de la fréquentation des algériens du Nord, qui
choisissent cette destination pour passer les vacances de fin d’année.

La ville de Tamanrasset est dotée d’un aéroport international qui se trouve à une dizaine de
kilomètre du centre ville, celui là a une double fonction, car il sert d’aéroport militaire en
même temps. Toutefois, la destination Tamanrasset en avion reste relativement chère, le
billet d’avion coute 28 000 dinars au départ d’Alger en aller/retour, néanmoins beaucoup
choisissent de faire le trajet par route, en bus ou en taxis collectif. Ce dernier se fait en deux
temps: Alger/Ghardaïa puis Ghardaïa/ Tamanrasset.

Néanmoins, le prix est beaucoup moins élevé, puisque il se situe aux alentours de 5000
dinars en aller/retour par bus, seulement le trajet est très long et il faut en moyenne 7
heures de temps pour faire la première partie : Alger-Ghardaïa et pratiquement 18 heures
entre Ghardaïa et Tamanrasset. La route est en bonne état, sauf le tronçon entre In Salah –
Tamanrasset, qui présente des difficultés de praticabilité dans certains endroits, dû au
mauvais entretient de cette route qui est très fréquentée par les poids lourds.

218- Direction du tourisme de la wilaya de Tamanrasset.

233
II-3-1- Les attraits touristiques de Tamanrasset

La ville de Tamanrasset se trouve dans la région du Hoggar (ou Ahaggar), qui occupe la partie
centrale du massif saharien, celui là, constitué il y a plusieurs milliards d’années, compose la
partie visible du vieux socle africain.

Des reliefs issus de mouvements tectoniques et composés de roches volcaniques, formant


des paysages extraordinaires que les touristes viennent admirer. Toute la région présente
des montagnes et formations volcaniques, cependant le plus impressionnant c’est l’Atakor,
et son massif volcanique très accidenté qui comporte des dômes et des pitons éparpillés
dans des dépressions, ou bien sur des plateaux basaltiques.

Plusieurs sommets dépassent les 2500 mètres d’altitude et le plus haut est celui du Tahat qui
culmine à 2918 mètres qui est aussi le plus haut point de toute l’Algérie.

Le plateau de l’Assekrem qui présente aussi des paysages et structures volcaniques et où a


été installée une station météorologique à 2760 mètres. Dans ce plateau se trouve une
structure d’hébergement étatique de type camping, et non loin, en altitude, il y a l’ermitage
du père De Foucauld, construit en 1910 où se rendent de nombreux touristes.

L’office du parc national du Hoggar qui a été créé en 1987, couvre environ 380000km2 et
comprend une flore et une faune fragile et très variée ainsi que des peintures rupestres. Il a
comme limites au Nord, le Touat et le plateau de Tademait, au Sud la frontière malienne et
nigérienne et à l’Est le parc du Tassili.

Son territoire comprend quatre zones géographiques (219):

- la zone 1, qui englobe les massifs du centre du Hoggar et les Tassilis Wan Ahaggar,
- la zone 2, correspond au massif de la Tefedest et l’Amadror,
- la zone 3, comprend les tassilis de l’Ahnet et de l’Immidir,
- la zone 4, on trouve le Tidikelt, avec les forêts pétrifiées d’In Ghar, Foggaret Ezzoua et
Agbat.

219- Badi D., Les régions de l’Ahaggar et du Tassili n’Azjer, Algérie, ANEP, 2004, p.37.

234
La périphérie du massif du Hoggar se compose de vastes plateaux appelés Tassilis et les plus
importants sont :

- Le Tassili du Hoggar, situé à environ 300 km au sud de la ville de Tamanrasset, près de la


frontière nigérienne,
- Le Tassili N’Ajjer est situé à environ 600 km au Nord-est de la ville de Tamanrasset prés
de la frontière libyenne, il est classé parc national.

La région du Hoggar est aussi parsemée de retenues d’eau, sorte de trous dans la roche
remplis d’eau de pluie et qui peuvent être très vastes et profondes, appelées les Gueltas,
qui sont permanentes ou temporaires et qui offrent des réserves pour les nomades et
représentent un maillon essentiel pour les écosystèmes de la région.

Schéma 5 : Différentes régions entre Tamanrasset et Djanet (220)

Il existe d’innombrables gravures d’art rupestre sur différentes parois à l’air libre ainsi que
dans des grottes ou simplement sur des dalles à même le sol, surtout dans le Tassili N’Ajjer
qui est le centre le plus important de peintures et gravures.

220- Direction du tourisme de Tamanrasset.

235
C’est un immense plateau de 800 Km de long et environ 50 km de large où se trouve des
canyons et des structures minérales impressionnantes.

D’autres places, comme dans les régions de Dider, l’oued Djaret, Tefedest, le Tassili du
Hoggar, ainsi qu’aux alentours de Tamanrasset (Abalessa, Silet) et à In Guezzem présentent
des peintures rupestres d’animaux et autres formes, sont visibles et très accessibles.

Il existe aussi un nombre important de vestiges en pierres sèches, ce sont des monuments et
tombeaux préislamiques, qui ont fait l’objet de fouilles archéologiques par le passé, et
différents objets et mobiliers funéraires ont été découverts.

Le plus important monument de ce genre dans la région du Hoggar est celui attribué à Tin
Hinan, qui est considérée par les touaregs de la région comme leur ancêtre. Son tombeau se
trouve à proximité de l’Oasis d’Abalessa à quelques kilomètres de la ville de Tamanrasset, il a
été découvert au début du XX siècle, mais c’est en 1925 qu’il a fait l’objet de fouilles par
Reygasse. Un squelette a été dégagé et différents bijoux en or et argent ont été découverts,
ainsi que d’autres objets funéraires. Ce squelette repose aujourd’hui dans le musé du Bardo
à Alger. (221)

Les circuits touristiques proposés dans cette région suivent les anciens itinéraires
qu’empruntaient les touaregs depuis toujours, d’ailleurs beaucoup de ces derniers vivent
encore dans des campements situés généralement non loin d’un point d’eau. Ils vivent
d’élevage et d’agriculture et travaillent selon des méthodes traditionnelles.

Le choix de ces circuits est très varié et les agences de voyages proposent de nombreuses
activités. Cependant le produit le plus vendus reste les circuits en 4*4, d’une durée de 7 à 8
jours, incluant des étapes entre Tamanrasset et le massif de l’Atakor en passant par
l’Assekrem.

221- Humbert G-H., Sahara, les traces de l’homme, Paris, Chabaud, 1989, p.213.

236
Schéma 6 : Itinéraires et différentes régions au Hoggar (222)

Aussi les agences de voyages organisent des méharées, ainsi que des circuits pédestres
en intégrants des safaris-photos dans toute la région et certaines mettent en place des
produits selon le désir du touriste et de ce qu’il a envie de visiter.

Ces dernières années les activités d’escalades sont très demandées et attirent beaucoup de
personnes intéressées par ce sport, et il est vrai que la région offrent d’innombrables parois,
certaines de plusieurs centaines de mètres et d’autres plus faciles qui autorisent une
pratique qui satisfera autant les débutants que plus aguerris.

Les régions les plus proposées aux touristes par les agences de voyages de
Tamanrasset sont :

- Le village d’Abalessa et le tombeau de Tin Hinan, ainsi que la région de Tiwalawalin,

222- Direction du tourisme de Tamanrasset.

237
- Le plateau de l’Assekrem, avec l’hermitage du père De Foucauld et le massif de l’Atakor,
- Le plateau du Meddak avec la foret de pierre de Tamrit, ainsi que les peintures rupestres
et les formations rocheuses de Tadjelamine, Jabbaren, Tin Tazarift, Tissoukai, pour en
citer que ceux là,
- L’erg Tihodaine, qui se trouve entre Amguid et Djanet où on peut observer des vestiges
préhistoriques, avec la présence d’outils et d’objets préhistoriques,
- L’oued Djerat qui présente des richesses archéologiques importantes avec diverse
gueltas, et des palmerais abondonnées,
- La vallée d’Iherir avec les sites de Rhardès, Tahilahi entre autres, qui présentent aussi
des gravures rupestres et la région est riche en gueltas et villages,
- La région de Dider avec de nombreux sites de gravures et peintures préhistoriques,
- La Tadrart et le site Mankhor où abondent les gravures.

Il existe, bien entendus, d’autres sites très intéressants, et les agences de voyages ont un
vaste territoire riche en villages et régions pouvant êtres inclus dans leurs produits
touristiques et diversifier ainsi leur offre.

L’Artisanat des touaregs du Hoggar est très riche et très varié et propose différents objets
qui servent dans leur vie quotidienne, comme la confection des gourdes pour la
conservation de l’eau et des produits laitiers ainsi que les barattes qui sont toujours utilisées
dans les tribus.

La fabrication de bijoux en argent et en bronze (dinanderie) est très présente dans la région,
et se fait de manière traditionnelle, comme celle des objets de décoration, tel que les sabres.
Il existe aussi des artisans qui travaillent le bois pour fabriquer des ustensiles de ménages
comme les louches, cuillères et autres.

La transformation du cuir occupe une place importante dans l’artisanat de la région et


différents objets sont confectionnés, comme les brides pour les chameaux, les selles, les
sacs, en passant par les travaux de tannage de peaux.

D’ailleurs, depuis l’année 2010 est organisé durant le mois de janvier le festival international
des arts de l’Ahaggar, qui a vu sa deuxième édition se dérouler entre le 10 et le 17 janvier

238
2011, et qui a regroupé différents artistes nationaux et internationaux de tout le Sahara,
englobant les pays comme le Mali, le Niger, la Mauritanie et la Libye.

Des concerts et des spectacles de la musique saharienne et africaine ont été organisés et les
artistes se sont produits en la présence d’une foule nombreuse venue de toute la région du
Hoggar, et des villes du Nord. Des ateliers d’art artisanal saharien ont été installés, pour le
faire connaitre au grand public, ainsi que la tenue d’expositions et d’activités touchant aux
traditions et coutumes touareg et au patrimoine culturel saharien en général.

Cette deuxième édition de ce festival a tenu ses promesses et connu un grand succès au prés
des habitants de Tamanrasset et de tous ses visiteurs et le rendez-vous a été pris pour
l’année prochaine. Cet événement a été accueilli avec enthousiasme par tous les
professionnels du secteur touristique et veulent le maintenir chaque année, car il est permet
de promouvoir la région et son patrimoine, et représente un levier supplémentaire pour
attirer de nouveaux touristes.

Une ville implantée en milieu désertique ne fait pas partie, généralement, de l’imaginaire
collectif relatif aux déserts, surtout chez les occidentaux. En effet, le Sahara est souvent
considéré comme un monde mythique faiblement peuplé et souvent associé à un
développement primaire où les habitants sont isolés de la modernité des villes et évoluant
selon des modes ancestraux.

En pensant au Sahara, c’est l’image de l’Oasis qui nous vient d’abord à l’esprit avant celle
d’une ville. Pourtant les villes existent dans les milieux désertiques dans le monde entier et
certaines sont très importantes en termes de nombre d’habitants et d’urbanisation.

La ville de Tamanrasset est dans ce cas, elle a suivi une logique d’urbanisation liée à des
activités économiques, ainsi qu’à sa position géographique. C’est une ville qui a, bien sûr,
ses particularités, mais qui rencontre à peu près les mêmes problèmes qu’une autre ville du
nord algérien, à savoir problèmes d’habitat, de transport, de chômage, de gestion…etc.

Aujourd’hui à Tamanrasset nous pouvons trouver toutes les dernières nouveautés du


monde de la consommation, en passant par les produits alimentaires de toutes sortes au
dernier modèle de voiture tous terrains. C’est une ville globalisée, où ses habitants sont
branchés aux chaines de télévisions occidentales et même orientales sans oublier internet.

239
Cependant, le taux de chômage de cette ville est très élevé, autour de 18% de la population
active selon les autorités locales, mais il doit être plus élevé que ça vu le manque flagrant de
postes de travail dans la région. Aussi, mis à part le secteur minier et celui des
hydrocarbures, la wilaya ne produit presque rien et pratiquement toutes les marchandises
sont importées des villes du Nord ou bien des pays africains du Sud.

Cependant, l’agriculture commence à se développer ces dernières années dans la région


d’In Salah qui possède de grandes réserves d’eaux souterraines, mais sa production reste
limitée. Aussi, l’élevage de bétail dans la wilaya de Tamanrasset, n’est pas assez important
pour couvrir les besoins en viande de la population locale et la plus grosse partie des
animaux destinés à l’abattage est importée du Mali et du Niger voisins.

L’activité commerciale, quant à elle est vive, avec son grand marché « l’Assihar » où on
trouve pratiquement tous les biens de consommation, même si le prix de ces derniers est
majoré par rapport à celui appliqué au Nord du pays, dû au frais de transport qui sont très
importants, vu la distance parcourue pour les acheminer sur place.

Néanmoins, la région du Hoggar avec son important patrimoine historique et culturel et la


beauté de ses sites naturels attire les touristes nationaux et internationaux, ce qui offre un
dynamisme économique et une chance de développent local.

Le premier recruteur du secteur privé de Tamanrasset et bien le tourisme et avec une


politique étatique qui encourage cette activité dans la région, celle-ci voit sa fréquentation
augmentée ces dernières années.

Le tourisme offre une chance à la région de se développer en utilisant son patrimoine


naturel, cependant celui là doit être bien encadré pour évité de tomber dans des dérives qui
occasionneront des conséquences graves et irrémédiables. En effet, le support naturel sur
quoi reposent les activités touristiques à Tamanrasset, est non seulement rare mais aussi
fragile et ne tolérera pas longtemps des pratiques qui ne s’inscrivent nullement dans un but
de préservation.

Le secteur touristique doit prendre en considération les aspects spécifiques de la région, et


ne doit pas essayer de développer l’activité juste pour augmenter les répercussions
économiques en termes d’emplois et création de richesse. Le tourisme peut être une

240
solution économique mais pas à n’importe quel prix et dans n’importe quelles conditions.
Une industrialisation de ce secteur en général et dans cette région en particulier ne peut
pas représenter la seule alternative ou bien la seule issue qui peut permettre un
épanouissement de la population et la prospérité de la région.

L’expérience d’autres pays a montré que le tourisme de masse n’était pas la bonne direction
et peut se révéler très couteux sur le long terme et destructeur pour les ressources
naturelles et le patrimoine culturel.

Les bases d’un tourisme durable existent dans la région de Tamanrasset, il suffit de
permettre à l’activité de se développer en ce sens en se donnant les moyens adéquats qui
assureront sa survie, ainsi que celle de la ressource et du patrimoine. Cet objectif doit être
claire pour tous les acteurs du secteur et exige un effort de chaque partie pour l’atteindre.

II-4- Enquête menée au niveau de la ville de Tamanrasset

Dans le cadre de notre travail de recherche au sein de la ville de Tamanrasset, nous avons
élaboré deux questionnaires distincts, chacun destiné à une population précise.(annexes 15).

La première, représente les résidents de la ville de Tamanrasset rencontrés sur place et la


seconde est composée de touristes venus visiter la région et rencontrés au niveau de
l’aéroport de Tamanrasset le jour où ils devaient quitter cette ville.

Notre échantillon, pour la première catégorie, est composé de 234 personnes. Ce chiffre
correspond à celui des questionnaires rendus et convenablement remplis sur les 250
distribués au niveau de différents quartiers de la ville de Tamanrasset.

La deuxième catégorie est composée, quant à elle, de 81 touristes, questionnés avant qu’ils
n’embarquent pour une autre destination (Alger ou Djanet). Nous nous sommes rendus trois
fois de suite à l’aéroport international de Tamanrasset pour recueillir ce chiffre.

Notre objectif est de récolter des informations pour comprendre les attentes vis-à-vis de
l’activité touristique, mais aussi de cerner les réels besoins des habitants de la région et la
meilleure manière dont le tourisme durable peut contribuer à satisfaire de façon concrète.

241
L’adhésion au concept de développement durable en général et à celui de tourisme durable
dur
en particulier est un élément important pour sa réussite dans la région et l’implication réelle
des habitants consiste un point cardinal pour la préservation environnementale et celle du
patrimoine culturel. C’est pour cela que leur avis compte et que nous avons recherché à
analyser leur position et aspirations.

II-4-1- Questionnaire destiné aux résidents de la ville de Tamanrasset

Répartition par sexe :

Les informations recueillies à partir de ce questionnaire démontrent que notre échantillon


de 234 personnes est composé de : 80 femmes et 154 hommes.

Répartition de la population de l'échantillon par sexe

Femmes
34%

Hommes
66%

Cette différence dans la répartition s’explique par le fait qu’une partie des femmes
questionnées a été rencontré dans les administrations, sur leurs lieux de travail et a qui nous
avons demandé de questionner pour nous les femmes de leurs familles et entourages,
ento en
utilisant le même questionnaire et éventuellement pour leur expliquer le but et aussi pour
leur traduire le contenu.

En effet il est mal vu d’aborder les femmes que l’on ne connait pas dans les rues de cette
ville, qui d’ailleurs nous semble occupées
oc majoritairement par les hommes, vu leur forte
présence comparée à celle des femmes.

242
L’âge des participants à l’enquête

Age
compris 18 à 30 31 à 50 Plus de 50
entre ans ans ans

Total 114 56 64

Répartition de la population de l'échantillon par âge


Plus de 50
27%

18 à 30
49%
31 à 50
24%

La majorité des personnes questionnées lors de notre enquête ont un âge compris entre 18
et 30 ans, cette tranche d’âge représente 49% de notre échantillon, suivie par celle des plus
de 50 ans avec 27%, puis en troisième position avec 24%, la tranche correspondant
corre à ceux
âgés entre 31 et 50 ans.

En effet, la population de Tamanrasset est occupée en majorité par des personnes jeunes,
qui ont moins de 30 ans, comme pratiquement toutes les villes de l’Algérie, ce qui concorde
avec notre échantillon.

La profession
ion des participants à l’enquête

Sans
Professions Commerçant Etudiant Salarié Retraité Fonctionnaire emploi
Total 28 46 30 10 53 67

243
Répartition de la population de l'échantillon par profession
Commerçant Etudiant Salarié Retraité Fonctionnaire Sans emploi

12%
28%
20%

23% 13%
4%

La plupart des participants à notre enquête sont sans emploi ou bien sans emploi fixe et
représente 28% de notre échantillon, les fonctionnaires occupent la deuxième place avec
23%, viennent en suite les étudiants avec 20%, les salariés constituent 13% des personnes
questionnées, puis les commerçants avec 12% et enfin les retraités qui indiquent 4% du
total.

La région de Tamanrasset connait un fort taux de chômage ce qui explique leur importante
part dans notre échantillon, ainsi qu’une forte présence de fonctionnaires, car l’état est le
premier recruteur de la région avec les administrations qui existent : wilaya,
wil Mairie, Daira,
tous les services publiques : postes, banques, compagnie d’électricité : Sonalgaz, compagnie
des eaux, le secteur minier, ainsi que le secteur
s de la sureté : Armée, police,
police hôpital et
dispensaires, sans oublier les hôtels publics, l’aéroport et la compagnie Air Algérie.

Tamanrasset dispose d’une université assez grande qui se voit fréquenter par des étudiants
venus de toute la région. Aussi beaucoup d’enseignants sont venus des villes du Nord, pour
s’installer dans cette ville afin d’occuper des postes dans les lycées, collèges et primaires.

La plupart des salariés questionnés travaillent


travaillent dans le secteur du commerce et la ville
dispose de beaucoup de magasins et d’échoppes ainsi que d’un grand marché où la plupart
des marchandises sont
ont disponibles.

244
Le secteur industriel est essentiellement lié à la prospection minière,
minière, notamment celle de
l’or au niveau de la mine d’Amesmessa et à Tirek (50 km de la mine) où se trouve l’usine de
l’Enor (Entreprise nationale d’extraction et traitement du minerai d’or).

L’extraction d’hydrocarbures est principalement située au niveau d’In Salah où se trouvent


plusieurs forages exploités par la Sonatrach et la British Pétrolium (BP). Beaucoup de jeunes,
(nouveaux diplômés et chômeurs), désireraient y être recrutés car les rémunérations sont
attractives et dépassent largement le smic, ce dernier tourne autour de 15000 da, alors que
les salaires proposés dans ce secteur débutent à 22000 da pour les emplois sans
qualifications. Aussi la plupart des postes de
de travail dans ce secteur sont en CDI, ce qui
garantie une certaine stabilité et offre des perspectives d’avenir pour les travailleurs.

La question 1: Depuis combien de temps habitez-vous


habitez ous Tamanrasset ?

Durée Moins de 3 ans et


3 ans plus
Total 53 181

Temps de résidence de la population de l'échantillon dans la


ville de Tamanrasset
Moins de 3 ans 3 ans et plus

23%

77%

245
Notre échantillon est composé de 77% de personnes qui se déclarent vivre à Tamanrasset
depuis trois ans et plus, et 23% résident dans la ville depuis moins de trois ans.

La majorité des nouveaux résidents sont originaire d’autres wilayas et sont à Tamanrasset
principalement pour des raisons professionnelles dans le secteur public. Ils s’y sont installés
encouragés par des loyers largement moins élevés que ceux pratiqués dans les villes du
nord. En effet à Tamanrasset un appartement de deux pièces est loué en moyenne à 5000 da
alors que dans la banlieue d’Alger une habitation de la même catégorie est louée aux
alentour de 20000 da, voire beaucoup plus dans certains quartiers.
quartiers

Cependant la majorité des habitants questionnés est native de la région, et la plupart


considèrent que la priorité à l’emploi dans leur wilaya doit leur être accordée, d’où une
certaine aigreur vis-à-vis
vis des nouveaux venus.

La question 2: Selon vous, y a-t-ilil beaucoup de touristes qui visitent la


région durant la saison entre septembre et avril ?

Réponse Oui Non

Total 83 151

la présence de touristes dans la région selon la population de


l'échantillon
oui non

35%

65%

246
Les personnes interrogées répondent à 65% que les touristes ne sont pas nombreux dans la
région et 35% pensent qu’il existe une forte présence de touristes durant la saison comprise
entre septembre et avril.

Nous avons constaté que l’information au sujet de la venue de touristes dans la région n’est
pas accessible aisément, et il a fallu nous déplacer à plusieurs reprises aux différents services
de l’aéroport ainsi qu’au niveau de la direction du tourisme de la wilaya pour obtenir
quelques données du secteur touristique. Néanmoins, il est évident que la croissance du flux
touristique est en constante évolution depuis l’année 2000, selon le tableau suivant :

Année 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010
Touristes 5010 5215 5716 6747 7138 8349 9474 10067 10252 11059 11979

Ces chiffres, obtenus auprès des services de la police aux frontières au niveau de l’aéroport
ne nous ont pas été transmis facilement alors qu’ils ne représentent que des
renseignements sommaires, cependant ça ne semble pas être l’avis de cette administration.
C’est à ce moment que nous avons réellement ressenti les lourdeurs de la bureaucratie qui
sont assez répandues dans les administrations étatiques en général.

Cette non communication peut expliquer en partie la méconnaissance des habitants du


secteur touristique de leur ville et l’absence d’information continue et accessible de façon
simple et rapide.

Cependant la région connait une fréquentation modeste en comparaison avec d’autres


wilayas comme Ghardaïa (26393 touristes pour l’année 2010), Béchar (30426 touristes en
2010). La presse algérienne parle souvent de la région de Tamanrasset et la richesse de son
patrimoine, durant la saison touristique et cela afin d’aider à promouvoir cette destination
qui souffre en partie d’un éloignement géographique et une proximité avec la zone du Sahel
qui connait des troubles sécuritaires.

Cependant la majorité des habitants questionnés sont conscients de la présence timide de


touristes dans leur région et cela parce qu’ils ne les rencontrent que rarement au sein de
leur ville et qu’il est moins cher de se rendre dans les wilayas moins éloignées du nord du
pays.

247
Toutefois, il ne faut pas oublier que la majorité des touristes visitant l’Algérie sont des
algériens résidents à l’étranger et que la wilaya de Tamanrasset doit avoir l’un des taux les
le
plus faibles de cette population.

La question 3 : Avez
ez-vous
vous déjà croisé des touristes étrangers au sein de
la ville de Tamanrasset durant ces trois dernières années ?

Réponse Oui Non

Total 43 191

Observation de touristes au sein de la ville de Tamanrasset


oui non

18%

82%

82% des personnes interrogées n’ont pas vu de touristes au sein de la ville et seulement 18%
d’entre eux déclarent en avoir croisé ces trois dernières années, généralement dans des
commerces au centre ville et le marché Assihar.

L’écrasante majorité de notre


re échantillon n’a pas eu de contact avec des touristes ce qui
nous indique, en plus de la faible présence de ces derniers dans la région,
région l’exclusion de la
visite de la ville dans les différents circuits vendus. En effet, en questionnant quelques
agences locales, leurs responsables nous ont indiqué que la plupart des touristes n’émettent
pas le désir de visiter la ville,, c’est pour cela qu’il ne l’intègre pas dans leurs circuits, de plus
qu’il n’y a pas grand chose à voir au sein de cette dernière et que leur recherche est orientée
vers les grands espaces naturels que recèle la région.

248
La question 4 : Selon vous que cherchent les touristes en premier lieu
en se rendant dans la région ?

Rencontrer Faire des


Réponse les habitants achats Admirer la nature et visiter
les sites

Total 31 27 176

But de la visite des touristes selon la population de


l'échantillon
rencontrer les habitants faire des achats admirer la nature et visiter les sites

13% 12%

75%

Les personnes interrogées pensent à 75% que le but essentiel de la venue des touristes dans
la région est pour admirer la nature et visiter les sites, et seulement 13% pensent que cette
visite est motivée en premier lieu par leur envie de rencontrer les habitants
habitants de la région,
cependant, 12% pensent que les touristes se déplacent dans la région car motivés en
premier lieu par le souhait de faire des achats.

La majorité des habitants questionnée se rend à l’évidence que la principale motivation des
touristes est le fait de se retrouver au milieu de la nature et des sites présentant des attraits
archéologiques ou des paysages naturels riches en particularités pour garantir un
dépaysement recherché.

249
Ils sont aussi conscients que leur ville ne présente pas une attirance assez forte qui
pousserait les touristes à la visiter et qu’il existe un manque flagrants d’activités culturelles
susceptibles de les intéresser. Eux même se plaignent fréquemment du manque de
distractions dans leur ville ce qui augmente le sentiment
sentiment d’isolation très présent chez les
plus jeunes, favorisé par un manque de dynamisme dans tous les secteurss de la région.

La question 5 : Avez-vous
Avez vous déjà eu un contact ou un échange avec un
touriste se rendant dans la région ?

Réponse Oui Non

Total 24 210

Echange effectué avec les touristes


oui non

10%

90%

La population de notre échantillon a déclaré à 90%, n’avoir jamais eu de contact ou bien


d’échange avec des touristes se rendant dans la région de Tamanrasset et seulement 10%
disent avoir eu l’occasion de le faire, généralement dans le cadre de leur travail dans le
secteur touristique ou bien dans leur commerce.

Les touristes se rendent à Tamanrasset pour ses sites naturels se trouvant en dehors de la
ville, même si ceux là ne refuseraient probablement pas le contact avec la population locale,
cependant cette dernière est concentrée en ville, et mis à part quelques campements
nomades qui sont intégrés dans certains circuits, les touristes pour leur majorité ne
rencontrent que rarement les autochtones.

250
La question 6 : Êtes-vous
Êtes favorable à la venue
enue de plus de touristes dans
la région ?

Réponse Oui Non

Total 215 19

Part de la population de l'échantillon favorable à la venue des


touristes
oui non

8%

92%

Les personnes interrogées se déclarent favorables à 92%, à la venue des touristes dans la
région, et seulement 8% ne souhaitent pas la présence de ceux la ou leur venue dans la
région de Tamanrasset.

Notre échantillon d’habitants est bien disposé à accueillir les touristes, ce qui rejoint la
tradition du peuple Touareg et leur sens de l’hospitalité. Les touristes ne sont pas considérés
comme une menace bien au contraire, les habitants sont conscients des bienfaits qu’ils
peuvent apporter à la région et le dynamisme qu’ils peuvent insuffler à l’économie locale.

Les habitants de la région sont connus pour leur accueil et le sens du partage et sont ouvert
aux échanges entre les
es populations, d’ailleurs beaucoup d’africains des pays voisins du sud
sont établis dans la région et se sentent comme chez eux. Pratiquement tous les habitants
avec qui nous avons pu discuter de ce sujet aimeraient voir les touristes se balader en pleine
ville et échanger avec les locaux. Cependant ils sont pour la venus de touristes respectueux
des traditions de la région et ayant un comportement favorisant la communication.

251
Pour la question complémentaire: si oui, pourquoi ?

Arguments en faveur de la venue des touristes dans la région


de Tamanrasset
c'est bon pour l'image ça créera des emplois ça protégera le patrimoine naturel et culturel

15% 18%

67%

67% des personnes favorables


les à la venue des touristes dans la région, disent que la raison de
cette approbation est motivée par le fait que cela entrainera la création de postes de travail
dans la région, 18% d’entre eux pensent que c’est bon pour l’image de la région et 15%
déclarent
rent que cela favoriserait la protection du patrimoine naturel et culturel de la région.

Les habitants sont aussi favorables à la venue de touristes car non seulement ils peuvent
contribuer au développement économique local mais aussi promouvoir la région,
région ce qui
incitera à sa préservation et améliorera son image ce qui facilitera d’avantage les échanges.

Les habitants connaissent la richesse du patrimoine naturel et culturel de la région et son


potentiel à attirer les touristes et veulent qu’elle soit une destination plus fréquentée afin
d’apporter des solutions au chômage et donner des perspectives d’avenir aux plus jeunes et
permettre à la région de diversifier son économie.

La question 7 : Travaillez-vous
Travaillez vous dans le secteur du tourisme ?

Réponse Oui Non

Total 20 214

252
La population de l'échantillon qui travaille dans le secteur
du tourisme
oui non

9%

91%

Sur les 234 personnes interrogées


terrogées seulement 9% disent travailler dans le secteur touristique
touristiq
de la région de Tamanrasset et la majorité représentée par 91% déclare être étrangère au
secteur touristique. Nous rappelons que parmi ces 91% se trouve 32% de chômeurs (67
personnes), donc la population active dans un domaine autre que celui du tourisme est de
147 Personnes.

Nous observons que le secteur touristique est très faiblement représenté dans notre
échantillon et que sur les 20 personnes occupant un emploi dans le tourisme il y’en a 5 qui
sont des fonctionnaires travaillant dans les hôtels étatiques ou bien à Air Algérie et les 15
restants sont des salariés d’agences de voyage de la région.

Ces dernières sont, selon la direction du tourisme au nombre de 74 au niveau de la


commune de Tamanrasset, cependant après une recherche sur le terrain et des discussions
avec des directeurs d’agences, nous avons constaté qu’elles n’étaient pas toutes
opérationnelles et nous en avons dénombré 38 qui le sont réellement et activent de manière
régulière.

La direction du tourisme a avancé le chiffre de 74 agences en se basant sur le nombre


d’agréments
agréments accordés, toutefois elle est supposée
supposée mener une mission d’inspection pour
contrôler le travail et le sérieux de tous les professionnels du secteur, mais il semblerait que
cette tâche n’est pas rigoureusement effectuée et que les agences qui ont fermé ou qui
exercent de façon sporadique ne sont pas répertoriées et leur autorisation de travail est
toujours en cours.

253
La question 8 : Avez-vous,
Avez vous, au sein de votre famille, quelqu’un
travaillant dans le secteur du tourisme ?

Réponse Oui Non

Total 38 196

Personnes ayant un membre de leurs familles qui travaille


dans le secteur touristique de Tamanarasset
oui non

16%

84%

84% des personnes interrogées disent ne pas avoir un membre de leur famille exerçant dans
le secteur du tourisme dans la région de Tamanrasset et seulement 16% sont dans le cas
contraire et connaissent, au sein de leur famille, une personne qui travaille dans ce secteur.

Là aussi nous constatons, dans cette région,


région la modeste place que détient le tourisme dans
l’économie locale. Aussi les 4 hôtels et les 14 campings de la commune de Tamanrasset
représentent 138 postes d’emplois durant la saison touristique.

En ce qui concerne les agences


agenc de voyage, celles-ci
ci peuvent employer de 6 jusqu’à 30
personnes selon les arrivées touristiques et l’importance de l’activité propre à chacune.
Cependant la majorité de ces postes sont saisonniers et les agences font appellent
généralement aux même personnes
pers à chaque fois.

254
La question 9 : Pensez-vous
Pensez vous que la ville de Tamanrasset offre assez
d’activités culturelles et de loisirs pour ses habitants ?

Réponse Oui Non

Total 12 222

L'existence d'activités culturelles et de loisirs à Tamanrasset


oui non

5%

95%

La ville de Tamanrasset ne dispose pas d’assez de structures de loisirs et ne propose pas


assez d’activités culturelles pour ses habitants selon 95% des personnes interrogées sur ce
sujet.

Mis à part quelques festivals, presque rien n’est entrepris pour le secteur culturel de la
région qui pourrait intéresser ses habitants
habitants et leur offrir des moments de distraction et de
loisir. Aussi beaucoup pensent que leur région est délaissée par les autorités publiques et
que ce secteur l’est encore plus.

Les habitants de Tamanrasset voudraient voir leur ville équipée de plus d’infrastructures
d’in
culturelles et l’organisation d’événements de manière régulière afin de leur permettre de
profiter de leur temps libre. Cette demande est faite par toutes les catégories sociales en
particulier les jeunes qui, faute de moyens, ne peuvent pas s’autoriser de voyager ou se
déplacer dans d’autres villes, notamment celles du nord du pays.

L’éloignement géographique additionné aux tarifs élevés des billets d’avion ne facilitent pas
le déplacement et réduisent ce dernier au strict minimum notamment pour régler des
affaires urgentes ou liées à une activité professionnelle.
professionnelle

255
La question 10 : Que désirez vous en premier lieu comme activité de
loisir ou culturelle au sein de la ville de Tamanrasset ?

Réponse équipements Une Un


plus de sportifs plus piscine cinéma
festivals variés municipale

Total 47 23 123 41

Préference pour les activités


plus de festivals Equipements sportifs plus variés une piscine municipale un cinéma

17% 20%

10%

53%

Plus de la moitié de la population interrogées soit 53%, voudrait qu’il ait la construction
d’une piscine municipale qui manque cruellement à la ville de Tamanrasset, 20% désirent
l’organisation de plus de festivals dans la région, 17% aimeraient l’ouverture d’un cinéma ou
la réouverture de celui existant dans la ville qui est fermé depuis quelques années, 10%
semblent vouloir la création d’équipements sportifs plus variés dans leur
leur ville.

Le désir à l’accès aux loisirs est très demandé dans la région et des efforts doivent être
entrepris pour satisfaire l’attente des habitants. Les autorités semblent vouloir régler des
problèmes plus urgent liés à la qualité de vie des citoyens, comme
comme le raccordement aux
réseau d’eau ou bien celui de gaz naturel ainsi que différents projets de construction de
logement, ce qui est très important, mais elles s’occupent que superficiellement des
de aspects
culturels et n’engagent pas autant d’efforts comme
comme pour d’autres secteurs.

256
La question 11 : Selon vous, la venue de touristes en nombre
nombr important
constitue-t-elle
elle une menace pour l’environnement naturel et le
patrimoine culturel de la région ?

Constitue Ne constitue pas de


Réponse une menace menace

Total
39 195

Menace sur l'environnement naturel et le patrimoine


culturel par un nombre important de touristes dans la région
constitue une menace ne constitue pas de menace

17%

83%

Selon 83% des personnes interrogées, l’augmentation du nombre de touristes ne constitue


pas, selon eux, une menace sur l’environnement naturel et le patrimoine culturel de la
région de Tamanrasset, toutefois, 17% d’entre eux pensent que cela peut entrainer des
risques de dégradations sur l’environnement ainsi que sur patrimoine de cette même région.

Le désir de voir plus de touristes et ses conséquences bénéfiques, en matière de création


d’emploi et de dynamisme économique, semble être
être dominant et constitue un argument de
taille et les questions de préservation environnementale sont souvent marginalisées.
Tamanrasset souffre tellement de chômage que la perspective d’augmenter les flux
touristiques pourrait représenter une chance pour les personnes à la recherche d’emploi.

257
C’est pour cette raison qu’une augmentation significative des arrivées touristiques est
souhaitée par la plus grande majorité des habitants de la région et il est évident que la vision
économique est prioritaire pour le développement de Tamanrasset.

La question 12 : Selon vous, le secteur touristique est bien géré par les
autorités locales de la région de Tamanrasset ?

Réponse Bien géré Pas Bien Pas au


géré courant

Total 45 134 55

Gestion du secteur touristique de Tamanrasset


Bien géré pas bien géré pas au courant

24% 19%

57%

Selon 57% de la population qui constitue notre échantillon, le secteur touristique de la


région de Tamanrasset n’est pas bien géré par les autorités locales, contre seulement 19%
qui pensent que celui là est bien pris en charge, cependant 24% des personnes interrogées
ne sont pas au courant de la manière dont il est régi.

258
Les habitants de Tamanrasset pensent que le secteur touristique n’est pas bien géré car il
existe un manque d’information et de communication par les différents responsables. Aussi
la majorité
orité est persuadée que ce n’est pas seulement le secteur touristique qui est mal géré
mais tous les secteurs de la région et dans tous les domaines.

En effet les habitants de la région ont toujours été habitués aux retards de livraison des
projets et à la réalisation approximative et bâclée,
bâclée sans oublier les promesses non tenues
des politiques. Nous observons un manque de confiance vis-à-vis
vis vis des décideurs et
responsables dans cette région qui est légitime, car souvent les habitants sont livrés à eux
même d’où
’où le sentiment général que la région est délaissée par les pouvoirs publics.

La question 13 : Quel est le problème le plus important, parmi ceux


proposés, que vous rencontrez le plus souvent ?

Réponse Cherté Manque pollution Manque Manque


de la vie de loisirs de d’eau
transport

Total 86 56 43 15 34

Problémes rencontrés par l'habitant de Tamanrasset


manque d'eau cherté de la vie manque de loisirs pollution manque de transport

6% 15%
18%

37%
24%

259
Selon 37% des personnes interrogées, le problème rencontré le plus souvent et qui est
considéré comme le plus important et celui lié à la cherté de la vie, donc aux prix des
produits de consommations et de premières nécessités qui sont relativement élevés par
rapport au pouvoir d’achat des habitants.

Aussi les prix pratiqués sont souvent plus élevés que ceux en vigueur dans les villes du nord
et il arrive que des retards de livraison provoquent des pénuries, ce qui engendre une
spéculation sur ces produits.

Cependant 24% d’entre eux considèrent que le premier problème est le manque de loisir
dans cette ville, cette catégorie correspond généralement aux gens qui ont un emploi stable
avec un salaire convenable.

Aussi 18% déclarent que le problème qui les dérange est celui de la pollution, il s’agit de celle
liée aux ordures ménagères qui ne sont pas ramassées à temps et le fait qu’elles soient la
plupart du temps entreposées à même le trottoir. Cela attire les animaux errants,
notamment des chiens et des chèvres qui peuvent constituer une menace sur la santé
publique.

Une autre tranche de la population questionnée, dit souffrir du manque d’eau et 6% d’entre
eux trouvent que le problème le plus récurrent est celui des transports. La plupart des
habitants de la ville de Tamanrasset achètent des citernes d’eau de manière hebdomadaire
car les l’eau courante est souvent coupée pour des raisons de restriction.

Cependant avec l’achèvement du projet d’acheminement d’eau de la région d’In Salah la


situation devrait considérablement s’améliorer. En ce qui concerne le transport, la ville de
Tamanrasset ne dispose pas de bus pour le transport en commun et les déplacements se
font à l’aide de taxis collectifs et souvent ces derniers sont des clandestins car ils exercent se
métier sans autorisation. Les autorités laissent faire car elles sont conscientes de la
proportion du chômage dans la région et il existe une tolérance vis-à-vis de cette activité,
d’ailleurs même des personnes qui ne sont pas au chômage s’improvisent taxi afin d’arrondir
les fins de mois.

260
La question 14 : Pensez-vous
Pensez que les autorités locales arrivent à assurer
la préservation des sites historiques ainsi que le patrimoine naturel et
culturel
turel de la région ?

Réponse Oui Non

Total 81 153

Préservation des sites historiques et le patrimoine naturel et


culturel de la région
oui non

35%

65%

Selon 65% des personnes questionnées, les autorités locales n’arrivent pas à assurer la
protection des sites et ce qui compose le patrimoine naturel et culturel de la région de
Tamanrasset, contre 35% qui pensent que l’état arrive à accomplir cette mission.

Cela renvoi à la question de la perte de confiance vis-à-vis


vis vis des autorités,
autorités mais aussi la
constatation des habitants de la région de certaines dégradations au niveau des sites
historiques, notamment des tags et inscriptions rajoutés par des touristes peu scrupuleux,
voulant marquer leur passage en gravant leur initiales ou carrément leur nom et celui de
leur équipe de football préférée. Aussi des problèmes de pollution engendrée
gendrée par le rejet de
déchets en plastique : sacs, bouteilles….

261
La question 15 : Avez-vous
Avez vous déjà entendu parler de développement
durable ?

Réponse Oui Non

Total 114 120

Personnes qui ont déja entendu parler de developpement


durable
oui non

49%
51%

Pratiquement la moitié de notre échantillon a déjà entendu parler de développement


durable avec 49%, et 51% déclarent ne pas savoir de quoi il s’agit. La plupart des étudiants et
des fonctionnaires ainsi que des salariés font partie de ceux qui connaissent le terme et
même certains sont
nt au courant de ses principes et c’est à travers la télévision et internet
qu’ils ont eu des informations sur ce sujet.

En effet internet est très présent dans la ville de Tamanrasset avec l’existence de nombreux
cyber café, mais aussi le développement des abonnements aux réseaux et la vulgarisation
vulgaris de
l’outil informatique, ce qui facilite l’obtention et la diffusion de l’information.

L’accessibilité des foyers de la région aux chaines de télévisions occidentales où le sujet du


développement durable est fréquemment abordé et traité par les médias,
médi peut favoriser
l’amélioration des connaissances et intéresser de plus en plus de personnes.

262
La question 16 : Avez-
Avez vous déjà entendu parler de tourisme durable ?

Réponse Oui Non

Total 93 141

Personnes qui ont déja entendu parler de tourisme durable


oui non

40%

60%

40% des personnes interrogées déclarent avoir déjà entendu parler de tourisme durable,
généralement à travers les médias : télévision et internet,
et, contre 60% qui n’ont pas
connaissance de ce sujet.

Le tourisme durable est fréquemment cité dans les médias occidentaux


o et en ces temps de
bouleversements climatiques où il est question de réchauffement de la planète, le
développement durable est souvent évoqué pour apporter des solutions concrètes pour la
préservation environnementale et l’activité touristique durable
urable est souvent abordée pour
illustrer une manière de conjuguer la vision économique avec celle de protection.

La question 17 : Etes-vous
Etes vous favorables à l’instauration d’un tourisme qui
aide à la protection de l’environnement et de la culture de la région
régio de
Tamanrasset?

Réponse Non
Favorable favorable

Total 202 32

263

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