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Auto-saisine :

Le tourisme, levier de développement durable et


d’intégration
Pour une nouvelle stratégie nationale du tourisme

Rapport
préparé par la Commission des affaires économiques et des projets stratégiques

Président de la Commission : Mr Larbi BELARBI


Rapporteurs du Thème : Mr Ali GHANNAM

Décembre 2020

1
[…] « Dans notre conception, le tourisme, outre qu’il constitue une activité économique de grande
importance, représente une culture et un art de communication avec l’autre. Sous cet angle, son
développement requiert une exploitation judicieuse de nos potentialités naturelles riches et variées et de
notre patrimoine civilisationnel et culturel séculaire, connu pour ses traditions d’hospitalité ».
« Si nous voulons faire du tourisme une véritable locomotive du développement, il appartient à chaque
Marocain de se considérer comme un promoteur touristique mobilisé pour gagner ce pari. Nous devons
nous atteler tous à l’amélioration de l’accueil des touristes, en tant qu’hôtes de notre pays, que nous
devons traiter avec tous les égards, conformément aux vertus que nous recommande notre sainte
religion. Il faudra également que l’on procède à l’assainissement de l’environnement touristique et à la
généralisation d’un comportement citoyen auprès de tous les intervenants dans ce secteur, qu’ils soient
transporteurs aériens, douaniers, hôteliers, commerçants, guides ou agents de sécurité, dans le cadre de
la consécration d’une culture et d’une nouvelle politique touristique participant d’une meilleure
exploitation des énormes potentialités du produit touristique national, consistant en sa proximité des
grands centres émetteurs de touristes, la diversité des sites naturels, la richesse du patrimoine culturel et
des traditions bien ancrées, riches et variées dans les domaines de l’architecture, de la gastronomie, des
coutumes, de l’artisanat et des arts populaires ».
« Ces potentialités répondent également aux nouvelles attentes des touristes à la quête de dépaysement,
d’un tourisme à forte charge culturelle empreinte d’originalité, et à dimension écologique marquée et de
ceux qui cherchent à nouer des contacts humains avec les populations locales » (…).

Sa Majesté le Roi Mohammed VI, que Dieu L’assiste,


Discours devant les participants aux Assises Nationales du Tourisme
Marrakech 10 janvier 2001

2
Table des matières
Introduction .............................................................................................................................. 5
I. L’importance de l’industrie du tourisme dans l’économie mondiale et régionale ......... 8
II. L’état des lieux du secteur touristique au Maroc : un bilan mitigé malgré les efforts 11
1. Des stratégies sectorielles qui peinent à réaliser leurs objectifs .................................................... 11
2. Le positionnement touristique marocain et la dynamique future des destinations ........................ 16
3. Les dysfonctionnements du modèle touristique marocain ............................................................. 21
III. Les tendances mondiales de la transformation de l’industrie touristique accentuées
par les effets de la crise Covid 19 .......................................................................................... 26
1. La digitalisation .............................................................................................................................. 26
2. Le tourisme durable........................................................................................................................ 29
3. Les tendances accentuées par la crise Covid 19............................................................................. 32
a. La dominance de l’emploi informel dans le secteur du tourisme .................................................................. 32
b. La valorisation du tourisme national conditionne la relance du secteur ........................................................ 33
c. La région comme espace pertinent pour la mise en place des stratégies touristiques ................................... 35
VI. Les principales recommandations .................................................................................. 36
V. Les annexes......................................................................................................................... 42
Annexe 1 : Le bilan du dispositif de formation au Maroc ...................................................................................... 42
Annexe 2 : Les répercussions de la crise Covid-19 sur la chaine de valeur du tourisme ....................................... 43
Annexe 3 : La soutenabilité du tourisme marocain face à la crise sanitaire ........................................................... 47
Annexe 4: Le Benchmark international : S’inspirer des bonnes pratiques............................................................ 51
Annexe 5 : Le projet de programmation des ateliers et auditions .......................................................................... 58
Annexe 6 : Liste des membres de la commission chargée des affaires économiques et des projets stratégiques . 58
Annexe 7 : Experts permanents ayant accompagné la commission ..................................................................... 589

3
ACRONYMES
ADT Agences de Développement Touristiques

CC Cour des Comptes

CGEM Confédération Générale des Entreprises du Maroc

CNT Confédération National du Tourisme

CPR Contrat Programme Régional

CRT Conseil Régional du Tourisme

HCP Haut-Commissariat au Plan

MEF Ministère de l’Economie et des Finances

MATATES Ministère du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport Aérien et de l’Economie Sociale

OCDE Organisation de Coopération et de Développement économique

OMT Organisation Mondiale du Tourisme

ONMT Office National Marocain du Tourisme

OT Observatoire du tourisme

PDR Programme de Développement Régional

PDRT Programme de Développement Régional Touristique

IRES Institut Royal des Etudes Stratégiques

SMIT Société Marocaine de l’Ingénierie Touristique

4
Introduction
Au Maroc, le tourisme constitue l’un des piliers majeurs de la croissance économique grâce au
rôle qu’il joue en termes de réduction de la pauvreté et de l’exclusion sociale et grâce à sa
contribution au développement des régions et à l’accélération des investissements en
infrastructures de transport, des énergies et de la communication. Il présente un vecteur de
promotion du savoir-faire marocain et une source de revenus pour un nombre important de
personnes qui évoluent dans les activités touristiques (transport, restauration, artisanat, agences
de voyage, guides touristiques, etc.).
En 2019, le Maroc a accueilli 12.9 millions de touristes aux postes frontières. Le secteur
touristique a contribué à hauteur de 7% du PIB et 20% des exportations des biens et services.
Sa contribution à l’emploi est estimée à 550 000, soit environ 5% de la population active (OT,
2020)1. Cette performance peut s’expliquer par la mise en place d’un programme
d’investissement public-privé massif et par l’amélioration de la compétitivité du Maroc à
l’échelle continentale au cours des dix dernières années.
Cependant, plusieurs contraintes ont limité cette performance notamment en termes de création
d’emploi, de valeur ajoutée et de développement durable. Ces contraintes sont liées en
particulier aux capacités de financement du secteur, au processus de gouvernance et de pilotage,
au capital humain, à la faiblesse de la coordination entre les métiers et d’articulation de la
stratégie du tourisme avec les autres secteurs économiques. D’autres difficultés sont liées à
l’incapacité du secteur à suivre facilement les mutations engendrées par la digitalisation,
l’innovation technologique et la durabilité qui exercent une influence croissante sur le choix
des destinations et des offres touristiques à l’échelle mondiale.
Certes l’industrie touristique a été mise en difficulté2 auparavant mais la pandémie de la Covid-
19 a fortement exacerbé ces difficultés et engendré de fortes répercussions économiques et
sociales sur son évolution. Le tourisme est en effet l’un des secteurs les plus touchés en raison
des restrictions imposées aux activités qui lui sont associées tels que le transport aérien et
maritime, l’hébergement, les magasins et restaurants, etc.
A l’échelle internationale, les arrivées de touristes internationaux ont diminué de 79 % en août
2020, enregistrant une baisse de 700 millions d'arrivées et une perte de 730 milliards de
dollars de recettes 3. Cette baisse a provoqué de graves répercussions économiques et sociales
en particulier sur l’emploi, la rentabilité du tissu productif de l’industrie touristique et le niveau
de vie des populations locales qui en dépendent.
Toutes les régions ont été impactées. L'Asie et le Pacifique ont connu une baisse de 79 % des
arrivées, suivie de l'Afrique et du Moyen-Orient (-69 %), de l'Europe (-68 %) et des Amériques
(-65 %) (Baromètre OMT, octobre 2020). Les prévisions4 indiquent une reprise du tourisme
international au troisième trimestre de 2021, voire en 2022.
Outre la demande de voyage trop faible, les principaux obstacles à cette reprise restent liés, au
manque de coordination des protocoles sécuritaires mis en place et des restrictions des voyages
maintenues à l’échelle internationale. A cela s’ajoute le changement de comportement des
touristes. Il est indéniable que l’impact de cette pandémie aura des conséquences sur

1 Ce chiffre a été récemment confirmé par les données du contrat programme signé en 2020.
2 Le secteur a été menacé par plusieurs crises sécuritaires, sanitaires et environnementales, d’envergure nationale et
international : la première guerre du Golfe, les attentats de Marrakech, l’Intifada de 1999, les attentats du 11 septembre 2001,
la dernière guerre du Golfe et les différents crises sanitaires (SARS, Ebola, grippes aviaire/porcine, etc.).
3Baromètre du tourisme mondial de l'OMT, Octobre 2020 : https://www.unwto.org/fr/news/baisse-de-70-du-tourisme-
international-sous-l-effet-des-restrictions-de-voyage-dans-le-monde-entier
4 OMT, 2020.

5
l’organisation du secteur, sa gouvernance, son évolution, sa compétitivité, son financement et
d’une manière générale son modèle économique.
Au Maroc, une baisse générale des indicateurs d’activité avoisine les 70% (Octobre 2020)5. La
reprise de l’activité touristique, devenue cruciale pour préserver les emplois, assurer la survie
des entreprises et contribuer à la relance de l'économie, devrait être l’occasion pour améliorer
la gestion du secteur et son fonctionnement, renforcer sa résilience face aux crises et
globalement repenser son développement à l’aune du nouveau modèle de développement.
Pour relever ce défi et faire du tourisme un levier de développement durable et d’intégration
pour le Maroc, il parait nécessaire de répondre à trois problématiques majeures : (1) comment
réussir la relance du tourisme tout en intégrant les restrictions qui seront imposées pour assurer
la protection sanitaire des touristes et des employés ; (2) comment améliorer la résilience du
secteur et son attractivité à la fois au plan international et national ; (3) comment repositionner
le secteur en conformité avec les tendances internationales notamment la digitalisation et la
durabilité.
Objectifs de l’auto-saisine
Le Conseil Économique, Social et Environnemental a comme principal objectif d’apporter une
réflexion sur la manière d’envisager un développement inclusif et durable du secteur du
tourisme au Maroc en cohérence avec les stratégies nationales et leurs déclinaisons à l’échelle
des régions. Un développement qui vise le bénéfice économique, social et environnemental,
renforce la résilience du tourisme face aux risques environnementaux et sanitaires et améliore
son positionnement stratégique dans le cadre du nouveau modèle de développement en cours
d’élaboration et en conformité avec les grandes tendances internationales.
Spécifiquement, le CESE a deux sous-objectifs majeurs : (a) analyser les contraintes et les
difficultés qui limitent la contribution du secteur du tourisme à l’économie nationale et
régionale et ses impacts sur les populations et l’environnement et (b) contribuer à la proposition
des dispositions nécessaires pour répondre aux limites identifiées, en étudiant les tendances
mondiales notamment à travers :
✓ Une meilleure coordination et synergie d’objectifs et de moyens, entre les métiers, bâtie
sur une vision commune adoptée et portée à la fois par le secteur public et le secteur
privé ;
✓ Le renforcement de la convergence (transversale, verticale et territoriale) et la
coordination entre les acteurs concernés ;
✓ L’adaptation du capital humain aux besoins futurs, avec une grande capacité
d’absorption des évolutions que le tourisme connaît et qui sont amenées à s’accélérer ;
✓ La promotion du tourisme national fondée sur les spécificités des territoires et les
avantages comparatifs des régions ;
✓ La dynamisation de la compétitivité touristique et la capacité d’accueil, de
commercialisation et d’intégration des critères de la durabilité dont l’objectif est
l’amélioration de l’image du Maroc à l’échelle régionale et internationale ;
✓ La lutte contre l’informel ;
✓ L’encouragement de l’adhésion aux plateformes d’hébergement en ligne pour saisir les
opportunités de la digitalisation, s’aligner sur l’offre mondiale et réorienter la demande
interne et internationale ;

5 MTATES, 2020.

6
Méthodologie adoptée
L’approche préconisée pour le traitement de ce sujet est participative dans le sens où les travaux
ont consisté à pourvoir une plateforme d’échanges, de réflexion, en vue de la formulation des
recommandations du Conseil. Dans ce cadre, la commission (1) a auditionné les principaux
acteurs concernés par la thématique, parmi lesquels les institutions publiques (MTATAES,
CNT, CRT, etc.), les organismes privés (tours opérateurs, bureaux d’études etc.), les
associations/fédérations des professionnels du secteur et (2) a sollicité la contribution écrite des
acteurs actifs de la société civile dans ce domaine (CGEM, syndicats, fondations et ONG
nationales, etc.).
La méthodologie de travail proposée s’organise comme suit :
- Recherche et analyse documentaire:
▪ Capitalisation sur l’ensemble des études et rapports produits à ce sujet ou en
rapport avec ce dernier aussi bien par le CESE (Intégration régionale du Maroc en
Afrique, Industrie, Richesse globale et Capital humain, cohérence des politiques
sectorielles et accords de libre échanges, …) que par les organismes nationaux
(IRES, HCP, CNT, Cour des comptes, Ministère de l’économie et des finances,
Rapport des experts…) et internationaux (OCDE, OMT, Banque Mondiale, etc.) ;
▪ Rapports thématiques et publications du MTATAES, de la SMIT, de
l’Observatoire du tourisme, de l’ONMT, etc.
- Analyse et débat en interne ;

- Benchmark international des meilleures pratiques touristiques et leçons à tirer dans le


domaine.
Structure du rapport
La structure du présent rapport sera scindée en quatre points majeurs :

En premier lieu, un chapitre préliminaire qui traite la question du tourisme, comme un secteur
transversal qui génère d’importants effets multiplicateurs et qui implique une multiplicité
d’acteurs. Le chapitre 2 est consacré à l’analyse des principaux dysfonctionnements du modèle
touristique national et le chapitre 3 se focalise sur la présentation des tendances mondiales qui
participent à la transformation de l’industrie touristique accentuées par la nouvelle donne du
Covid-19. Enfin, le dernier chapitre est dédié à la présentation de l’ambition préconisée par le
CESE ainsi que les principales recommandations proposées.

7
I. L’importance de l’industrie du tourisme dans l’économie mondiale et régionale
Selon l’OMT, le tourisme comprend « l’ensemble des activités déployées par les personnes au
cours de leur voyages et de leurs séjours dans les lieux situés en dehors de leur environnement
habituel pour une période consécutive qui ne dépasse pas une année, à des fins de loisirs, pour
affaires et autres motifs non liés à l'exercice d'une activité rémunérée dans le lieu visité ». La
possibilité d’accéder, directement et personnellement, à la découverte des richesses de la
planète constitue « un droit ouvert à tous les habitants du monde » 6.
La Déclaration universelle des droits de l'homme (article 24) et le Pacte international relatif aux
droits économiques, sociaux et culturels (article 7.d), considèrent le droit au tourisme pour tous
comme « le corollaire de celui au repos et aux loisirs, et notamment du droit à une limitation
raisonnable de la durée du travail et à des congés payés périodiques ». Le code mondial
d’éthique du tourisme, sollicite les autorités publiques à promouvoir le tourisme social, et
notamment le tourisme associatif, qui permet l'accès du plus grand nombre de personnes,
principalement les familles et les jeunes, aux loisirs et aux vacances.
Pour l’économie mondiale, le tourisme offre l’une des meilleures opportunités de croissance en
termes de recettes en devises, d’emplois et d’attraction des investissements et joue un rôle
important en termes de réduction de la pauvreté, de l’exclusion sociale et des inégalités
territoriales7. Il génère des effets multiplicateurs sur le volet social, culturel et environnemental
et est perçu comme un excellent vecteur pour le développement économique des territoires.
Cette industrie est particulièrement transversale. Elle est composée d’un grand nombre
d’acteurs hétérogènes (TPE, PME, firmes multinationales, secteur public, etc.) qui doivent
travailler en concertation afin de rendre leur offre plus compétitive et promouvoir la demande
interne et internationale. Le tourisme stimule l'économie dans la majorité des pays grâce à sa
chaîne de valeur diversifiée et à son interconnexion avec les autres secteurs économiques 8. Il
favorise l'entrepreneuriat, la croissance des PME, la création de nouveaux emplois au profit des
jeunes et des femmes et contribue à la réduction de la pauvreté dans les zones rurales et
enclavées.
Encadré 1 : types du tourisme9
Tourisme d’affaires : les déplacements à but professionnel ;
Tourisme événementiel : Matchs de sport, compétitions sportives, concerts et festivals Musique, Arts
et Cinéma, etc.
Tourisme de divertissement et de détente : nature, relaxation, Spa, gastronomie, shopping, balade,
yoga, etc.
Tourisme sportif :Entraînements, pratique de différents sports ;
Tourisme culturel : patrimoines, musées et sites historiques, musées d’art, expositions, vente et
enchères d’objets d’art, littérature, Street Art, sites religieux ;
Eco-tourisme : parcs naturels régionaux et nationaux, réserves naturelles, zones nationales d’intérêt
faunistique et floristique,…
Tourisme artisanal et solidaire : produits artisanaux et spécialités locales (confiseries, alcools,
cosmétiques, mode, etc.) ;
Tourisme de santé : Thalassothérapie, soins, opérations etc.

6 Code mondial d’éthique du tourisme, UNWTO.


7L’OMT a défini un dispositif en sept points (ST-EP) autour des dépenses et des investissements réalisés dans le secteur
touristique dans le but d’améliorer la situation des personnes pauvres en matière de revenus et de qualité de vie.
Voir :https://journals.openedition.org/etudescaribeennes/6578#tocto2n4
8Statistiques de la CNUCED, 2012.
9https://innov-mountains.fr/fr/actualitesdocs/diversification-touristique-classification-types-de-tourisme.

8
Le tourisme constitue la première activité de consommation dans le monde. Il représente 30 %
des exportations mondiales, soit une valeur de 1.700 milliards $US comprenant les recettes du
tourisme international plus le transport de passagers.
Selon l’OMT, le tourisme mondial a connu une croissance annuelle moyenne de 4% depuis
plusieurs décennies. Cette croissance, soutenue malgré les crises internationales (économiques,
financières, sanitaires, sécuritaires...), est liée particulièrement à plusieurs facteurs : la réduction
des coûts du transport aérien, l'émergence des classes moyennes partout dans le monde,
l'enrichissement des économies, le changement des modes et habitudes de consommation, la
motivation accrue au voyage et à la découverte.
Le nombre des arrivées mondiales de touristes a connu une forte évolution, passant de 670
millions en 2000 à 1,4 Milliards en 2019. Le tourisme présente 10% du PIB mondial, 1 emploi
sur 11, 1,5 trillions de dollars de revenus, 7% des exportations totales et 30% des exportations
en services (OMT, 2018). Avec la crise de Covid-19, l’OMT estime la baisse du nombre de
touristes à l’échelle mondiale entre 60% et 80% et prévoit un manque à gagner de 30 à 50
milliards de dollars, accompagné de multiples conséquences économiques, financières et
sociales sur les professionnels et les petites et moyennes entreprises qui constituent environ 80
% du tissu productif du secteur (transport aérien, maritime, ferroviaire, services, hôtelleries,
restauration, agences de voyages, guides touristiques, location, …).
Au niveau mondial, plusieurs économies dépendent du tourisme10. Le Mexique et la Thaïlande
font notamment partie de ces pays, avec une part estimée respectivement à 15,5 et 19,7 % du
PIB. L'industrie du voyage et du tourisme a contribué respectivement à 14,3 et 13,0 % du PIB
de l'Espagne et de l'Italie en 2019. La contribution économique du secteur peut dépasser les
25% du PIB dans des pays touristiques comme les Seychelles (26,4%), les Maldives (32,5%)
et Macao (50,2%). Cette contribution inclut les revenus des secteurs d'activité en contact direct
avec les touristes (hôtels, agences de voyage, compagnies aériennes, etc.) ainsi que les impacts
économiques indirects du tourisme.
A l’échelle africaine, le tourisme constitue l’un des principaux moteurs de changement en raison
de sa contribution à l’accélération des investissements dans les infrastructures de transport, des
énergies 11 et de la communication. En 2018, le secteur a généré 80 milliards de dollars de
recettes, soit environ 3,4% du PIB africain, avec un taux de croissance annuel moyen de 1,3%
au cours de la dernière décennie. Sa contribution à l’emploi en 2018 était estimée à 24 millions,
avec un taux de croissance annuel moyen de 5,6%, contre une moyenne mondiale de 3,9%.
Le secteur touristique offre, ainsi, d’importantes potentialités de développement socio-
économique et de partenariat pour les pays d’Afrique dans les domaines de la formation,
d’investissement dans le transport régional, les énergies, les services et les technologies ainsi
que pour la valorisation des productions locales (culture, artisanat, etc.). Il offre également des
opportunités pour les pays d’Afrique de réduire l’empreinte écologique à travers la mise en
place d’initiatives conjointes visant à promouvoir des pratiques durables à l’échelle régionale
en particulier l’écotourisme à travers l’utilisation des énergies propres, la réduction d’utilisation
du plastique, etc.

10 Données du Word Travel and Tourism Council (WTTC) de 2019.


11 Au Sénégal, la création de la station balnéaire de Saly a permis l’électrification de certains terroirs traditionnels comme Saly
Niak niakhal, Saly Bamabara et Saly Tapé.

9
Encadré 2 : les atouts du Maroc1213
– Une solidité et stabilité institutionnelle : la stabilité politique et institutionnelle du Maroc
favorise sa sécurité et son positionnement comme un des pays les plus sûrs pour les touristes
à l’échelle régionale et continentale14.
– Une situation géographique stratégique : Le Maroc se situe à 3 heures de vol des
principales capitales européennes et reste facilement accessible des marchés émetteurs
asiatiques et américains (7 heures de Vol en moyenne).
– Une infrastructure de premier ordre : avec 17 Aéroports internationaux opérationnels dont
un hub aéroportuaire international desservant les destinations africaines, un réseau autoroutier
de plus de 2000 km et un réseau de chemin de fer dense qui a été complété par la première
ligne à grande vitesse d’Afrique (TGV).
– Une gastronomie réputée mondialement : la gastronomie marocaine est très variée et
diversifiée selon les régions et les cultures et constitue un atout majeur pour le tourisme.
– Une population accueillante et chaleureuse : les marocains, principalement les ruraux, sont
connu par leur hospitalité, leur ouverture d’esprit et possèdent des facilités pour les langues
étrangères.
– Un capital naturel original : L'environnement marocain est caractérisé par une diversité
biologique et une richesse de la flore et de la faune. Le Maroc se distingue par rapport à ses
pays concurrents par sa disposition au Sud d'Agadir sur la côte Atlantique, de plusieurs plages
atlantiques où s’associent le désert et la mer.
– Une culture extrêmement riche : La diversité culturelle du Maroc constitue un atout
concurrentiel majeur, avec huit sites classés au patrimoine mondial, en plus de la place Jemâa
El Fna à Marrakech. Le territoire national abrite également plusieurs grottes, des gravures et
sites archéologies ancestraux.

12 HCP, prospective Maroc 2030, Quelles ambitions pour le Maroc ?


13 https://smit.gov.ma/fr/
14 https://smit.gov.ma/fr/

10
II. L’état des lieux du secteur touristique au Maroc : un bilan mitigé malgré
les efforts
1. Des stratégies sectorielles qui peinent à réaliser leurs objectifs
Depuis l’indépendance, plusieurs stratégies pour la promotion du secteur du tourisme ont été
mises en place. Le Plan triennal (1965-1967), reconduit dans les différents plans de
développement économique et social successifs du Maroc, a permis au pays de se doter des
premiers codes des investissements touristiques et de mettre en place des cadres institutionnels
de gestion du secteur à travers la création de l’Office National Marocain du Tourisme (ONMT),
le département du tourisme et des sociétés dédiées à la promotion du secteur et à son
financement (SONABA, SNABT et CIH).
Avant cette période, de grandes structures hôtelières publiques et privées de renommée
internationale ont été construites à l’instar de l’hôtel de la Mamounia à Marrakech (1921) et du
Palais Jamaï à Fès (1929).

Figure 1 : historique des stratégies nationales


Suite aux répercussions de la crise de 1992 sur le tourisme, un plan de relance a été adopté en
1995 et a engendré, par la suite, la signature du premier contrat-programme (2001-2010) intitulé
« tourisme : une vision, un défi, une volonté ». Le lancement des assises du tourisme et la mise
en place de la stratégie « vision 2010 »15 ont institutionnalisé l’émergence d’une industrie

15 6 chantiers stratégiques :
• Le produit : Tripler la capacité d’hébergement afin d’atteindre 230 000 lits, en promouvant le développement de
segments à forte valeur ajoutée, à savoir le balnéaire (Plan Azur) , le culturel (Plan Mada’in) et le tourisme interne
(Plan Biladi). D’autres produits viennent compléter cette offre : le tourisme de niche (croisière, sport, nature) et le
tourisme rural (Pays d’accueil touristique).
• La formation : Former au moins 72 000 professionnels du secteur du tourisme.

11
touristique nationale qui s’appuie sur un réseau commercial, industriel, financier et
institutionnel très enthousiaste. Ses principales orientations ont porté sur : (1) un
positionnement offensif sur le balnéaire ; (2) l’amélioration de la compétitivité et la
libéralisation du transport aérien ; (3) la professionnalisation des métiers (formation) ; (4) le
renforcement de la promotion touristique ; (5) la dynamisation de l’investissement (foncier,
fiscalité, financement) et (6) la régionalisation.
Tableau 1 : bilan chiffré des principaux indicateurs de la vision 2010
Indicateurs Objectifs Réalisations Taux de
2010 2010 réalisation
Arrivées aux postes frontières (en millions) 10 9,3 93%
Arrivées aux postes frontières de touristes 7 4,9 70%
étrangers (en millions)
Capacité litière additionnelle 160 000 80 000 50%
Nuitées dans les hôtels classés (en millions) 50 18 36%
Taux d’occupation 70 % 43% 61%
Recettes annuelles (en milliards de dhs) 80 56 70%
Emplois directs 600 000 450 000 75%
Formation (nombre de lauréats) 72 000 55 221 77%

Sur le plan des objectifs quantitatifs, la mise en œuvre de la vision 2010 a révélé des résultats
relativement bons eu égard les taux de réalisation présentés par le département (Cf. bilan chiffré
de la vision 2010). Ce bilan résulte des efforts fournis pour la promotion du tourisme national
à travers la révision des textes législatifs et réglementaires régissant les activités touristiques,
l’augmentation du budget alloué à la promotion 16 et surtout la mise en place progressive des
mesures incitatives à l’investissement privé et à la mobilisation du foncier pour l’aménagement
des zones touristiques dans le cadre du Plan Azur.
L’objectif des 10 millions d’arrivées aux postes frontières, à travers l’ouverture du ciel (open
sky), a été atteint. Néanmoins, elle a connu une forte segmentation. Il faut mentionner que
durant les dix dernières années, le paysage de l’aérien au Maroc a connu une croissance des
entrées par voie aérienne de 4,7 points et une amélioration de la connectivité avec 63 pays, 112
aéroports, 44 compagnies impliquées (22 en 2006), 20 low cost, 8 tours opérateurs et 14
compagnies nationales.
Ce paysage est toutefois profondément perturbé. Le low cost contrôle le ciel avec 44% des vols
internationaux (sauf à l’aéroport de Casablanca) et possède une part de marché de 70% à 100%

• Le transport aérien : Libéraliser le transport aérien (Open Sky) et assurer un rythme de développement de l’offre
aérienne en synchronisation avec la création de la capacité hôtelière.
• Le marketing : Mettre en place un marketing moderne et ciblé tout en consolidant les moyens alloués, en vue de
renforcer le positionnement du Maroc sur ses marchés traditionnels et sa pénétration dans les marchés émergents à
fort potentiel.
• L’environnement touristique : Améliorer les conditions d’accueil et la qualité des prestations des services
touristiques.
• Le pilotage institutionnel : Co-pilotage public/privé pour l’exécution et le suivi de la Vision 2010.
Source : MTATAES
16 Selon l‘étude prospective du HCP, la subvention de l’État alloué à l’ONMT est passée de 100 millions Dh en 2000-2001,
250 millions Dh en 2002, 350 millions en 2004, à 450 millions en 2005.

12
(à l’exception de l’aéroport de Rabat). La RAM contrôle 36% des vols internationaux et moins
de 30% sur l’Europe et les tours opérateurs et les compagnies charters ont disparu du ciel.
Par la suite, un deuxième contrat programme (2010-2020), lancé en 2010, avait pour ambition
de renforcer la position du Maroc à l’échelle régionale et mondiale afin d’être parmi les 20
premières destinations touristiques et de s’imposer comme une référence du pourtour
méditerranéen en matière de développement durable. Son objectif du second contrat est de
doubler la taille du secteur en matière de capacité d’hébergement, de nombre d’arrivées de
touristes, de tripler le nombre de voyages domestiques, de création d’emplois directs, de recettes
touristiques et de contribution à l’économie nationale en PIB, soit une valeur des recettes en
devise escomptée de 140 milliards MAD/an et un PIB touristique de 150 milliards MAD.
Intégrant l’axe durabilité17 comme objectif fondamental de la stratégie, la vision 2020 s’appuie
sur le lancement de grands projets qui s’articulent autour de trois canaux (le balnéaire, le
culturel et le naturel) et de six programmes touristiques18. Pendant cette période, plusieurs
filières ont été développées notamment le tourisme médical (chirurgie esthétique), le tourisme
d’affaires (congrès, réunions internationales) et le tourisme national qui représente actuellement
près de 30% contre 18% en 2000.

17 En Mars 2013, une convention de partenariat pour la mise en place d’un dispositif de suivi de la durabilité dans le tourisme
a été signée entre le Département du Tourisme et le Département de l’Environnement. Une étude portant sur l’élaboration de
la 1ère édition du Rapport Régional du Tourisme Durable a été lancée en 2014 au niveau de la région de Marrakech Tansift Al
Haouz, et ce en raison de son importance et son poids touristique stratégique. L’objectif de ce dispositif est la mise en place
d’outils d’aide à la décision permettant l’orientation et le pilotage dans le cadre du respect des impératifs de durabilité.
Il faut souligner qu’un dispositif d'affichage environnemental pour les établissements d'hébergement touristique a été déployé
en 2016 et 2017 à Marrakech et à Casablanca avec la collaboration de treize hôtels et de la société Butterfly Tourism.
(MTATAES).
18Les six programmes touristiques sont :
1. Programme Azur 2020 pour renforcer la compétitivité de l’offre balnéaire Maroc au niveau international :
Rééquilibrer l’offre au profit du balnéaire dans l’optique de construire une offre balnéaire Maroc compétitive au
niveau international
2. Programme Eco/ Développement durable pour valoriser les ressources naturelles et rurales : Valoriser les ressources
naturelles et rurales tout en les préservant, et veiller au respect de l'authenticité socioculturelle des communautés
d'accueil en leur offrant des avantages socioéconomiques.
3. Programme Patrimoine et Héritage pour valoriser l’identité culturelle du Maroc : Valoriser l’identité culturelle du
Maroc à travers la structuration et la valorisation du patrimoine matériel et immatériel du Royaume et la construction
des produits touristiques cohérents et attractifs.
4. Programme Animation, Sport & Loisirs pour créer une offre d’animation riche et variée : Créer une offre d’animation
riche, variée et complémentaire aux infrastructures touristiques de base, afin de consolider l’offre touristique
marocaine, la rendre plus attractive et plus compétitive
5. Programme Niches à forte valeur ajoutée (Affaires et Bien-être) : Capter un tourisme d’affaire et prolonger son séjour
à travers l’organisation des synergies avec les segments sports et bien-être, animation et culture ;Faire du Maroc une
nouvelle destination internationale du bien-être et de la santé.
6. Programme Biladi : Répondre aux attentes des marocains en leur offrant un produit adapté tenant compte de leurs
habitudes et de leur manière de voyager.
Source : MTATES

13
Tableau 2 : Bilan de la vision 2020 Source : MTATATES

Malgré les résultats positifs de la vision 2020, le PIB touristique accuserait un manque à gagner
de 72,1 milliards de dirhams en 2020 imputé en partie à un gap de 64,3 milliards de dirhams en
termes de recettes de voyage. Ces écarts engendreraient, un cumul d’emplois non créés de
335.272 postes19.
Concernant les investissements, l’objectif de mobiliser 150 Milliards de dirhams
d’investissement20 à répartir sur les différentes destinations n’est pas atteint. Selon la SMIT, sur
64 Milliards de dirhams mobilisés, 37,7 Milliards de dirhams émanent du secteur privé ; dont
22% de l’investissement touristique a été porté par des investisseurs étrangers 21.

19Rapport sur le diagnostic stratégique et digital, CNT, 2019/2020.


20 SMIT, contribution à l’auto-saisine du CESE, 2020.
21 Les principaux marchés émetteurs de l’investissement sont : MENA, Europe, Afrique et Asie.

14
Tableau 3 : répartition de l’investissement au niveau régional

Source : SMIT
Depuis 2011, une part d’environ 20% des investissements a été consacrée à la relance des
stations touristiques et à l’accompagnement des destinations émergentes. Force est de constater
que les régions de Marrakech Safi et de Casablanca Settat accaparent respectivement 32% et
23% de l’investissement mobilisé, avec la prédominance des fonds propres privés (nationaux
et internationaux).
Selon le rapport de la cour des comptes 22 (CC, 2017), seuls 1 576 lits ont été réalisés sur un
objectif global de 58 540 lits touristiques, soit un taux de réalisation de 2,7%23. Au niveau du
plan Azur, dont les investissements représentent 15 milliards MAD sur une période de quinze
ans, les résultats restent également en deçà des attentes.
Le rapport économique et financier qui accompagne la loi des finances (MEF, 2020), illustre
l’existence d’un écart non négligeable par rapport aux ambitions initiales de la vision 2020, à
la fois en lien avec la capacité hôtelière limitée, le problème de gouvernance ; principalement à
l’échelle territoriale et la persistance de l’informel qui affecte la qualité de l’offre touristique
nationale.
En guise de synthèse, outre les facteurs exogènes 24, les résultats obtenus suite à la mise en
œuvre des visions 2010 et 2020 restent mitigés et les objectifs escomptés sont encore loin d’être
atteints.

22 CC, Rapport sur le contrôle de la gestion de la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT), 2017.
23 Bilan à fin juin 2015.

24Facteurs exogènes explicatifs des résultats obtenus suite à la mise en place de la vision 2020 :
• Installation de la crise économique en Europe continentale depuis 2008 : Baisse de la croissance du tourisme : de
2.2% (2000-2008) à 1.6% (2008-2015)
• Choc géopolitique dans les pays voisins du Maroc et résurgence du terrorisme : Impact négatif sur l'image
(notamment digitale) du Maroc
• Accélération Digitale : Bouleversement des règles du jeu de la promotion, de la distribution, de l'hébergement et du
comportement des touristes
• COVID -19 : Arrêt quasi-total de l’activité touristique liée aux mesures de protection sanitaire et à la fermeture des
frontières

15
2. Le positionnement touristique marocain et la dynamique future des destinations
Le Maroc occupe la 66èmeplace (sur 140 pays dont 38 africains) dans le classement général de
l’Indice de compétitivité des voyages et du tourisme (TTCI) avec un score de 3,9 25. Il a perdu
un rang par rapport à 2017. A l’échelle internationale, l’Espagne, la France, le Japon et
l’Allemagne occupent la 1ère place avec un score de 5,4. Pour l’Afrique, le Maroc arrive en 5 ème
position dans le top 10 après l’île Maurice, l’Afrique du Sud, les Seychelles et l’Egypte.
Pour la compétitivité du Maroc en termes de patrimoine culturel, l’UNESCO donne au Maroc
la 22èmeplace à l’échelle internationale et la 1ère place au niveau du MENA et de l’Afrique, avec
9 sites relevant du patrimoine mondial26.
Concernant l’indicateur général de la réputation des pays, le Maroc occupe en 2020, la 27ème
position parmi les 72 pays évalués. Selon le rapport de l’IRES 27, la réputation du Maroc se situe
à un niveau supérieur à la moyenne et elle est équivalente, en 2020, à celle de Taïwan, de la
Malaisie et de l'Argentine. L’analyse montre que l’image du Maroc s’est nettement améliorée
principalement pour la France et les Etats-Unis28. Cependant, la réputation du Maroc au Canada,
en Russie et en Allemagne demeure moins favorable.
La stratégie du Maroc mise en place jusqu’à présent, à travers la vision 2020, vise un
positionnement ancré sur trois principes : l’authenticité, la diversité et la durabilité29. Plusieurs
objectifs sont mis en place : développer un ensemble de produits touristiques cohérents,
positionner de manière différenciée les huit territoires prédéfinis30, attirer les investisseurs et
les tour-opérateurs internationaux et créer des destinations compétitives.

25L’édition 2019 du rapport sur la compétitivité des voyages et du tourisme.


26https://whc.unesco.org/fr/etatsparties/ma
Les sites relevant du patrimoine mondial :
• Ksar d'Aït-Ben-Haddou (1987)
• Médina d’Essaouira (ancienne Mogador) (2001)
• Médina de Fès (1981)
• Médina de Marrakech (1985)
• Médina de Tétouan (ancienne Titawin) (1997)
• Rabat, capitale moderne et ville historique : un patrimoine en partage (2012)
• Site archéologique de Volubilis (1997)
• Ville historique de Meknès (1996)
• Ville portugaise de Mazagan (El Jadida) (2004)
27 IRES, la réputation du Maroc dans le monde, Country RepTrak® 2020.
28 Selon le même rapport, le Maroc obtient, en 2020, une note de 64,2 points sur une échelle de 0 à 100 pour l’indicateur
général de la réputation des pays "Country RepTrak® Pulse", enregistrant une amélioration de 5,4 points par rapport à 2019.
Les quatre attributs de cette dimension qui reçoivent les scores les plus élevés :
- " Environnement naturel " : 78,5 points sur 100.
- " Loisirs et distractions " : 73,3 points sur 100.
- " Population aimable et sympathique " : 72,2 points sur 100.
- " Style de vie " : 62,9 points sur 100.
29 La nouvelle charte marocaine du tourisme durable, signée en date du 25 Janvier 2016, se veut un cadre référent et un outil
fédérateur de l’ensemble des parties prenantes du secteur autour des principes et valeurs d’un tourisme durable. Elle s’articule
autour de 4 principes. Avec ses nouveaux engagements, la charte entend promouvoir le principe que le tourisme durable est
désormais une affaire de tous grâce à une série d’actions/engagements touchant 5 acteurs cibles, il s’agit de : Institutionnels,
Investisseurs, Professionnels, Société civile et Touristes
30Les huit territoires proposés au niveau de la vision 2020 sont :
1. Souss Sahara Atlantique
2. Maroc Méditerranée
3. Marrakech Atlantique
4. Maroc Centre
5. Grand Sud Atlantique
6. Cap Nord
7. Centre Atlantique
8. Atlas & vallée

16
Le positionnement du Maroc est caractérisé par la combinaison de plusieurs types d’offres
comme présenté ci-dessous au niveau de l’illustration : (1) une offre « balnéaire » qui vise la
matérialisation du plan Azur en s’appuyant sur le désaisonnalisé et sur le développement
durable et (2) une offre « culture » qui s’appuie sur les circuits touristiques et les destinations
urbaines traditionnelles. Enfin (3) le positionnement « nature », (4) le MICE et le renforcement
du tourisme interne permettent la diversification à moyen terme, des outils de soutien proposés
aux destinations par les pouvoirs publics 31.

Figure 2 : Carte des huit territoires


touristiques
Source : MTATAES

Le Territoire de Cap Nord, constitue une destination qui capitalise sur son histoire, sa situation
géographique de carrefour et son dynamisme économique. L’objectif est de développer une
offre structurée autour de la culture, la nature et le MICE, tout en proposant une offre balnéaire
exclusive à travers Tanger (point de rencontres),Tétouan-Tamuda-Bay (cité méditerranéenne),
Chefchaouen (bijou du Rif) et Asilah-Larache (Mer, patrimoine et détente).
Graphique 1: Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Cap
Nord32

La situation géographique exceptionnelle, comme porte de l’Afrique, est mise en valeur par la
promotion des équipements culturels authentiques et des circuits d’interprétation au niveau de
ces cinq médinas. Le produit nature du territoire est enrichi en donnant accès aux visiteurs à
une multitude de paysages aussi variés qu’exceptionnels à travers une offre d’hébergement en
arrière-pays, et des activités de plein air et en mer.
Selon le département du tourisme, une infrastructure MICE spécialisée dans les salons
internationaux sera développée pour accompagner la dynamique économique (Parc
d’expositions de Tanger). L’offre balnéaire méditerranéenne sera consolidée grâce à de
nouveaux développements (offre haut de gamme et écolodges) et dessaisonalisée par un
maillage dense d’animations (cité lacustre, bases nautiques, activités sportives, etc.). La priorité
à court terme, est donnée à la mise à niveau urbaine profonde et l’optimisation de l’usage

31Audition du MTATAES en Juillet 2020.


32Ibidem.

17
touristique de l’espace urbain (amélioration de l’accessibilité, de la signalétique et de
l’aménagement paysager) et la mise en place d’itinéraires touristiques à travers la valorisation
des lieux de vie (piétonisation des rues, traitement paysager, etc.)33.
Le Territoire de Souss Sahara Atlantique, qui constitue la destination stratégique du
balnéaire marocain, est fondé sur le décalage de la période estivale et la richesse d’un arrière-
pays à découvrir à travers Agadir & Environs (Soleil, plage et fun), Tafraoute & Oasis (Terre
d’aventure) et Guelmim & Tan –Tan (balnéaire pur).

Graphique 2 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Souss Sahara
Atlantique (MTATAES)
Le site d’Agadir sera consolidé et montera en puissance à travers le repositionnement de l’offre
existante et la création d’une nouvelle génération de complexe balnéaire, dont Plage Blanche
comme le plus grand Resort intégré du Maroc, et un nouvel éco-Resort à Tarfaya. Cette
destination sera focalisée sur le « loisir et fun sous le soleil » en s’appuyant sur la promotion de
grands produits d’animation et d’un calendrier évènementiel riche. Le patrimoine d’arrière-pays
sera valorisé et mis en avant via le ciblage de l’hébergement authentique.
Le Territoire de Maroc méditerranée, est la destination méditerranéenne « balnéaire &
loisirs », riche par ses animations modernes et unique par son positionnement durable qui
s’appuie sur deux sites : Saïdia (balnéaire loisirs, value for money, paradis du sport) et Cala
Iris (balnéaire responsable).

Graphique 3 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Maroc
Méditerranée
La station de Saïdia sera repositionnée par la création d’une offre d’animations totalement
intégrée : centre sportif, cité des loisirs, centre balnéo-ludique. En accompagnement du projet
des 7 cités de Marchica, Cala Iris sera réorientée en direction du développement durable et de
l’authenticité (réaménagement du port de pêche). L’arrière-pays sera valorisé : éco-tourisme
avec hébergement traditionnel et durable, réhabilitation de la médina d’Oujda, offre nature
intégrée avec la promotion des activités de niches fondées sur les richesses karstiques.

33Présentation du MTATAES au CESE, Bilan stratégie de développement du tourisme, 01102020.

18
Le Territoire de Maroc Centre, permet aux touristes de voyager au cœur de l’histoire du
Maroc, faisant du territoire une grande destination culturelle enrichie par une offre nature et
bien-être exclusive. Les destinations de Fès (ville musée vivant), Meknès & Volubilis (Cité de
deux empires) et Ifrane (cure de jouvence) permettent de positionner la destination au niveau
international et en faire un véritable relais de croissance sur le culturel.

Graphique 4 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Maroc
Centre
Un effort considérable de mise à niveau urbaine et de réhabilitation du patrimoine sera mis en
œuvre et une offre d’animation authentique créera une expérience unique d’immersion totale
dans l’histoire : musées, centres d’interprétation, réseau de SPA à base de produits de terroir,
développement d’une filière thermale de rang international. Le volet nature sera développé avec
des hébergements écologiques (écolodges, glamping) et des produits novateurs et durables à
Ifrane (centre sportif, centre balnéo-ludique…).
Le Territoire du Centre Atlantique, avec la côte des affaires et des loisirs ajoutera à
l’attractivité économique du territoire une offre culturelle destinée aux voyageurs d’affaires
qu’au tourisme domestique. Le positionnement MICE à travers Rabat (capitale verte),
Casablanca (Affaires et loisirs) et El Jadida (l’escapade) permet de créer une offre
d’hébergement adaptée aux trois cibles principales : le city break (hébergement de charme,
reconversion des fondouks), le MICE (hôtels urbains et resorts golfiques) et le tourisme
domestique (stations Biladi).

Graphique 5 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Centre
Atlantique
Le développement de l’arrière-pays sera basé sur la proposition d’une offre nature intégrée au
niveau des points d’eau et en s’appuyant sur le développement de l’hébergement rural. Un effort
considérable sera déployé dans la réhabilitation et la valorisation des monuments et des sites
culturels et pour mettre en place des itinéraires comportant (i) des indications claires et
harmonieuses pour faciliter la compréhension et le déplacement du public et (ii) des lieux de
convergence touristique.

19
Le Territoire du Grand Sud Atlantique, une destination sport et nature exclusive de portée
internationale autour du site de Dakhla qui sera doté d’hébergements exclusifs respectueux de
l’environnement.

Graphique 6 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Grand
Sud Atlantique
L’activité de pêche sportive sera encadrée et valorisée. Des bivouacs de luxe, des bases
nautiques, des activités de niches « nature & désert », une offre de bien-être à base de produits
locaux sera développée. Des mesures strictes seront mises en place pour la protection de la
lagune, fortement menacée d’un point de vue écologique
Le Territoire de Atlas et Vallées, la destination phare de l’écotourisme du pourtour
méditerranéen à travers le Haut Atlas (Montagne pure et culture vivante), Ouarzazate (le
prélude au Désert) et les vallées et Oasis (l' Escapade au Désert).

Graphique 7 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire Atlas
& Vallées
L’Etat cible le repositionnement du parc hôtelier actuel en cohérence avec l’ambition et le
positionnement du territoire. Ouarzazate combinera un éco-Resort aux portes du désert et des
concepts d’animations innovants autour du cinéma. Le patrimoine naturel et culturel sera mis
en avant à travers un produit unique sur le pourtour méditerranéen : la reconversion des ksour
et kasbah en hébergement authentique de standing. L’expérience du séjour chez l’habitant dans
les douars, des stations vertes autour des points d’eau, les petites unités d’hébergement durable
chez l’habitant créeront un tissu dense d’offres touristiques authentiques et écologiques.
Les potentialités des sites naturels seront mises à l’honneur à travers les sports de montagne et
la création d’animations thématiques autour des palmeraies, des oasis, des roseraies, etc.
Plusieurs chantiers d’infrastructures et de mises à niveau urbaines devront être lancés :
(a) La mise en valeur du patrimoine matériel en réhabilitant le patrimoine bâti (Ksours,
Kasbahs, greniers, moulins hydrauliques), afin de préserver l’identité culturelle du territoire ;
(b) La préservation des espaces naturels fragiles en y maîtrisant le développement touristique
et la pratique des activités sportives ;
(c) Le désenclavement du site d’Ouarzazate et le développement de l’interconnexion entre
les sites : Ouarzazate, Haut Atlas et vallées.

20
Enfin, le Territoire de Marrakech Atlantique, est la destination de city break mondiale, qui
demeurera la porte d’entrée au Maroc avec de l’authenticité, le chic et l’art de vivre. Marrakech
(Capitale culturelle/Alchimie unique entre tradition et modernité), Toubkal & Vallées
(Marrakech Heights) et Essaouira (l'art de vivre).

Graphique 8 : Objectifs chiffrés des visions 2010 et 2020 pour la promotion du territoire
Marrakech Atlantique
Le développement de nouveaux projets sera régulé à Marrakech. L’investissement sera
prioritairement orienté vers l’enrichissement et la consolidation de l’offre en cohérence avec le
positionnement du territoire. En particulier de nouveaux pôles d’animation seront créés, pour
diffuser le tourisme dans la ville et consolider l’expérience de city-break à travers la promotion
des places aménagées dans la Médina, le forum culturel sur la Menara, le circuit des jardins,
reprogrammation des festivals pour assurer un calendrier évènementiel attractif tout au long de
l’année, etc.
Une politique d’optimisation de l’usage touristique de l’espace urbain et des ressources
hydriques sera mise en œuvre. Les vallées seront le poumon vert de Marrakech, avec une offre
thématique (sport, aventure) dans chacune d’elle. Un intérêt particulier sera donné à la mise en
valeur urbaine et valorisation des lieux de vies à Essaouira en synergie avec la station Mogador.
3. Les dysfonctionnements du modèle touristique marocain
L’analyse du secteur du tourisme au Maroc durant ces vingt dernières années révèle que ce
dernier fait face à des dysfonctionnements récurrents.
La problématique de la triple concentration : Il s’agit notamment d’un fort déséquilibre en
termes de développement touristique selon les villes et les territoires et de ventilation des
arrivées/nuitées par pays émetteur et en fonction des saisons 34.
En effet, les statistiques de l’ONMT indiquent une forte concentration de l’activité, soit 60%
des nuitées, au niveau de deux villes : Marrakech et Agadir. Le développement de nouvelles
zones touristiques n’a pas permis l’essor d’autres pôles ou grandes villes touristiques en dépit
des programmes mis en place.
Le deuxième aspect de concentration du secteur est reflété par la répartition des différents pays
émetteurs, dans la mesure où 52% des arrivées de touristes étrangers sont issues de deux pays
européens : la France et de l’Espagne. Cette concentration accroît la vulnérabilité des recettes
touristiques et des revenus des populations qui travaillent dans le secteur, par rapport aux
fluctuations de la conjoncture économique de ces deux pays.
Le troisième aspect est lié à la saisonnalité des nuitées touristiques et par conséquent la
concentration de l’activité dans des périodes de l’année, qui engendre une instabilité de
l’emploi, des revenus au niveau local, et impacte négativement la rentabilité des investissements
touristiques réalisés au niveau de ces régions.

34 Rapport annuel du CESE 2018.

21
Cette triple concentration renvoie à la nécessité d’une révision du modèle de développement
touristique afin qu’il soit davantage résilient, territorialisé et capable d’assurer une activité plus
pérenne et des emplois plus stables tout au long de l’année.
La défaillance majeure du dispositif de pilotage : Pour le schéma de gouvernance, le pilotage
stratégique de la mise en œuvre de la vision a fait défaut, le conseil national du tourisme devant
assurer le suivi de l’exécution des deux visions et de ses mesures d’accompagnement n’a pas
été créé. Les Agences de Développement Touristiques (ADT) pour la mise en œuvre des
stratégies territoriales n’ont également pas été créées et la mise en œuvre et le suivi des contrats
programmes régionaux (CPR), n’a pas été correctement assurée. En outre, le cadre de
coordination stratégique et opérationnel prévu entre l’ensemble des acteurs publics en charge
des relations étrangères pour l’accompagnement de la promotion du Maroc n’est pas
formalisé35.
Le processus de régionalisation avancée a fortement impacté la mise en œuvre des CPR,d’une
part avec le changement du découpage administratif en 2015, et d’autre part à travers
l’orientation vers une nouvelle vision du développement des collectivités territoriales avec de
nouvelles prérogatives et de nouveaux responsables locaux. L’absence de mécanismes de suivi
et de pilotage a également bloqué le processus surtout avec le lancement d’une nouvelle vague
de concertation et de contractualisation des PDR.
Il faut mentionner que le développement touristique des huit territoires a certes été couronné de
succès avec les efforts de concertation et de contractualisation fournis après la signature des 15
Contrats Programmes Régionaux (CPR)36. Cependant leur mise en œuvre a été ralentie faute
des financements peu mobilisés. D’ailleurs, la Cour des comptes a constaté une absence
d’indicateurs de performance construits autour du territoire touristique, qui renseignent sur une
réelle émergence de ce concept et sa prise en considération par les parties prenantes dans leurs
stratégies et leurs actions 37.
Sur un autre registre, le chantier de la déconcentration administrative et de la réforme des CRI
notamment en termes d’investissement et de régulation, constitue une opportunité à saisir pour
amorcer le transfert des compétences et des moyens vers le niveau local, notamment en matière
de promotion. Le manque de synergie entre la stratégie nationale du tourisme, à travers les deux
visions (2010 et 2020) et les stratégies sectorielles liées à ce secteur (artisanat, culture, sport,
jeunesse et sport, développement durable, etc.) rend l’écart en matière de mutualisation des
moyens humains et financiers à l’échelle nationale et territoriale plus profond au détriment de
la mise en place d’une promotion intégrée des destinations « Maroc » et « régions ».
Pour le secteur privé, le tissu des opérateurs est particulièrement fragmenté et vulnérable et le
dialogue institutionnel avec les professionnels très difficile. Les investisseurs privés n’ont pas
réalisé leurs engagements pris au niveau des cahiers des charges principalement en lien avec
les stations Azur.
Il faut mentionner que les investisseurs privés montrent encore des réticences à s’engager dans
des projets touristiques d’envergure autres que des unités hôtelières. Dans ce sens, la cour des
comptes a présenté dans son rapport38, les résultats de l’étude menée par l’association nationale
des investisseurs touristiques qui a révélé « le faible engagement des investisseurs nationaux,
avec notamment 3/4 des investisseurs qui prévoient d’arrêter leurs travaux ou se désengager ».

35Présentation du MTATAES au CESE, Bilan stratégie de développement du tourisme, 01-10-2020.


36 Les CPR constituent des feuilles de route régionales détaillées, qui visent à doter chaque région d’un positionnement et
d’une ambition spécifiques accompagnés d’objectifs clairs, d’une gouvernance propre et de moyens dédiés.
37 CC, Rapport sur le contrôle de la gestion de la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT), 2017.
38 CC, Rapport sur le contrôle de la gestion de la Société Marocaine d’Ingénierie Touristique (SMIT), 2017 (p33).

22
L’attractivité et compétitivité insuffisante39 : Avec une surcapacité chronique (trop de lits)
dans la plupart des villes touristiques, une sous-utilisation du potentiel productif et une durée
moyenne de séjour trop faible, l’attractivité du tourisme national n’est pas alignée à l’offre
touristique internationale. A cela s’ajoute la fuite de plus en plus prépondérante de la
fréquentation hôtelière vers le classé informel et l’immobilier locatif.
La compétitivité du secteur a été fortement influencée par le changement du positionnement
dominant «Circuit » par le « city-break » au détriment des villes impériales, et d’une manière
plus profonde par le manque d’équipements en animation culturelle, sportive, … dans la plupart
des destinations et pour toute la chaîne de valeur.
Pour les contraintes liées au foncier, selon le département du tourisme, c’est le principal levier
actionné par l’Etat pour accompagner le secteur du tourisme. Seulement 5% du foncier mobilisé
par l’Etat entre 2014 et 2019 a été dédié au secteur du tourisme 40. Dans ce cadre, la SMIT a
mobilisé 713 ha entre 2011 et 2019 soit 42% de sa réserve foncière disponible en 2011 dont
681 ha bruts. Ainsi, la reconstitution d’une réserve foncière stratégique dédiée au tourisme, à
travers un mécanisme économiquement viable, est un enjeu majeur à relever, notamment en
milieu urbain et péri-urbain.
Il faut souligner que le dispositif actuel d’appui à l’acquisition du foncier est resté limité aux
projets des stations Azur et n’a pas pu couvrir les autres classes d’actifs. L’enveloppe initiale
dédiée à ce dispositif41 est presque entièrement consommée et les délais de sa mobilisation
effective sont parmi les principales causes ayant impacté négativement l’investissement.
Figure 3 : mode de financement des projets touristiques (MTATATES)

Pour l’impulsion et le soutien de l’investissement, plusieurs mesures et dispositifs ont été mis
en place. Ces mécanismes restent peu adaptés aux besoins du secteur, particulièrement en ce
qui concerne l’accès aux financements bancaires et à l’assainissement du passif. Le financement

39 Auditions de Mr Amyn Alami et Mr Sahraoui Kheldouni Samir, Septembre 2020.


40 250MDH mobilisé composé du foncier privé de l’Etat et constitué de l’ensemble des biens et droits, qui ne relèvent ni du
Domaine Public ni du Domaine Forestier. Note sur les projets touristiques financés par le FHII (Rapport sur le foncier public
mobilisé pour l’investissement (PLF2017 et 2020)).
41 Selon le Bilan du mécanisme d’appui à l’acquisition des terrains à vocation touristique (2002-2017) réalisé par le
MTATAES :
Engagement de 250 MDH par le FHII : Station Saidia: 2 projets, 24 MDH ; Station Lixus : 1 projet, 11,3 MDH ; Ghandouri:
1 projet ; Mazagan: 1 projet, 25 MDH ; Taghazout : 4 projets, 106 MDH ; Littoral M’diq Fnideq : 3,6 MDH; La contribution
du projet est sous forme d’une prise en charge à hauteur de 50% du coût d’acquisition, par les investisseurs, des terrains à
vocation touristique, plafonnée à 250 DH/m2. Les aménageurs initiaux ne bénéficient pas de cette subvention.

23
des investissements par fonds propres demeure prépondérant avec 55% en nombre de projets et
32% en capacité litière.
La fragilité financière et la sous-capitalisation du secteur nécessite des approches robustes de
financement. Les banques sont de moins en moins disposées à financer le secteur avec des
créances en souffrance à hauteur de 20,6% en 2018 et des encours touristiques qui ont dépassé
les 21% en 2015 pour se stabiliser à 14,3% en 2019 42.
Les mécanismes d’incitation existant sont davantage orientés vers la création de nouveaux
projets que l’accompagnement des projets existants et la dynamique d’investissement dans le
secteur reste en deçà des attentes. La fiscalité à la fois nationale et locale liée au secteur reste
moins attractive comparativement à d’autres secteurs et à d’autres pays.
.
Graphique 9 : fragilité financière du secteur du tourisme (MTATAES)

Le dispositif de promotion et de commercialisation dépassé : En matière de promotion


touristique, les performances enregistrées sont en retrait par rapport aux objectifs de la vision
2020, car les parts de marché dans les principaux marchés émetteurs sont globalement moins
élevées que ceux des concurrents. A l’exception de la Chine, les parts de marchés du Maroc se
sont relativement détériorées et/ou stabilisées comparativement à 2010. S’agissant du marché
interne, plusieurs actions ont été mises en place mais restent non formalisées dans une vision
intégrée. Le marché interne se caractérise par l’inexistence de produit adapté et de mécanismes
de soutien dédiés avec des réseaux de distribution structuré.
L’augmentation du budget de l’ONMT43 doit être corrélée à une meilleure maîtrise de la
demande (études de marchés en cours44) et une mise en place de mesures d’accompagnement
de la compétitivité des destinations marocaines, particulièrement en ce qui concerne le transport
aérien et la digitalisation. L’objectif est de pallier l’impuissance commerciale des opérateurs

42 Contribution du MTATAES, 2020.


43 Malgré la mise en place de la TASPT, le budget de l’ONMT reste en deçà des recommandations de l’OMT (0,7% en 2011
vs 1,1% en 2019). L’ONMT a mobilisé ses ressources pour la promotion des régions et pour améliorer l’attractivité des
différentes destinations marocaines, en attendant la création des ADT. L’office a également mobilisé des budgets marketing au
niveau local en partenariat avec les CRT / CPT.
44 Contribution de l’ONMT au CESE 2020 : Tourism Marketing Days (https://youtu.be/Q99Sre9Gk5c)

24
nationaux vis-à-vis des grandes centrales de réservation internet et la perte de maîtrise des
clients et des marchés.
Les pouvoirs publics ont mobilisé des efforts significatifs pour la mise en valeur du patrimoine,
notamment, à travers le programme de mise à niveau des médinas. Toutefois, les autres
composantes n’ont pas encore bénéficié des mêmes moyens, particulièrement les sites et
monuments historiques. Il faut souligner également, l’absence de mécanismes permettant
d’orienter, de stimuler et d’accompagner les initiatives privées locales, notamment pour le
développement des projets d’animation et du tourisme social.
Concernant la question de la durabilité, l’intégration des critères de durabilité dans le cadre de
la nouvelle loi n° 80-1445 est une avancée significative qui reste tributaire de l’adoption des
textes d’application. La mise en place d’indicateurs de durabilité et de dispositifs de veille
régionaux a été lancée mais s’est heurtée à la problématique d’adhésion des différentes parties
concernées par le processus de collecte de données. La marginalisation des dimensions sociales
dans les objectifs des deux visions du tourisme et la non-opérationnalisation de la charte
marocaine du tourisme durable figurent parmi les constats les plus alarmants.
Pour la mise à niveau du Capital humain, l’adéquation de l’offre avec les besoins en middle
et top management du secteur est toujours d’actualité. Dans ce sens, les itérations avec les
professionnels du secteur doivent être intensifiées afin de qualifier les nouveaux besoins et de
planifier et orienter l’offre de formation en fonction des besoins identifiés. La plupart des
acteurs touristiques auditionnés réfléchissent à la mise en place d’un partenariat stratégique
entre le secteur privé et l’OFPPT 46, vu le rôle important que joue cet organisme en matière de
formation professionnelle et les moyens dont il dispose.
Dans un autre registre, la cartographie de l’emploi touristique et des outils de pilotage sont
quasi-absent. Cette cartographie permettra de dresser un état des lieux de l’emploi, de fournir
des éléments facilitant l’adéquation formation/emploi, le suivi de l’insertion dans le milieu
professionnel, la mesure des densités de l’emploi, et l’analyse de la rémunération du secteur et
son attractivité.

45 Loi n° 80-14 promulguée par le dahir n° 1-15-108 du 18 chaoual 1436 (4 août 2015) relative aux établissements touristiques
et aux autres formes d’hébergement touristique. (BO n°6404-3 du 15 Octobre 2015).
46 Ateliers spécifiques organisés par le CESE 2020.

25
III. Les tendances mondiales de la transformation de l’industrie
touristique accentuées par les effets de la crise Covid 19
1. La digitalisation
Le tourisme est probablement l’un des secteurs les plus digitalisés de l’économie. En effet, il
est estimé aujourd’hui que les deux tiers de son chiffre d’affaires sont réalisés online et la
tendance est toujours à la hausse. Malgré le coup de frein dû à la crise de la Covid-19 et aux
restrictions sur les voyages, la part des achats de produits et services touristiques sur internet
continue d’augmenter.

%
Marché du tourisme Milliards US$
Source: Statista
100 800
90 700
80
600
70
60 500
50 400
40 300
30
200
20
10 100
0 0
2017 2018 2019 2020 2021

offline online Chiffre d'affaires

Graphique 10 : Tendance mondiale de l’utilisation des plateformes numériques


Au Maroc, l’utilisation des plateformes numériques suit la tendance mondiale. Selon la CNT,
90 % des touristes ayant visité le pays ont réservé leurs hébergements à travers internet
représentant une valeur de 149 millions de dirhams.
Les acteurs du tourisme se sont rapidement approprié les opportunités proposées par les
technologies de la communication pour améliorer leur offre et toucher plus de clients. Mais
rapidement, de nouveaux acteurs se sont lancés en tirant profit des mécanismes de
communication et d’intermédiation qui sont facilités par les plateformes électroniques pour
proposer de nouveaux services, répondre à une demande croissante et développer de nouveaux
marchés. Ainsi, dès la fin des années 1990, les premières plateformes de réservation se sont
lancées proposant des services de réservation des voyages, des hébergements et des activités
diverses.
Au niveau de la communication, la mise en valeur de produits et services touristiques à travers
des sites web, des vidéos ou des réseaux sociaux est devenue une obligation pour se faire
connaître et maintenir son activité dans un monde connecté. Les consommateurs peuvent alors
consulter les différentes propositions qui s’offrent à eux et faire leur choix en ayant toutes les
informations qu’ils pourraient souhaiter.
La communication ne concerne pas que les informations spécifiques aux produits et aux
services mais également à l’ensemble des données dont un touriste arrivant dans une destination
peut avoir besoin : informations sanitaires, transports urbains, jours fériés, habitudes et
traditions, horaires divers, etc… Ces informations qui doivent être exactes et à jour sont très

26
importantes dans la mesure où elles font partie de la perception générale qu’aura le touriste
après sa visite.
La communication commence par une présence au niveau des sites et des réseaux sociaux. Le
Maroc, reste timidement présent voire absent de ces réseaux. Alors que les marques
« Marrakech » et « Casablanca » sont très connues mondialement, il est constaté que
marrakech.com ou casablanca.com n’appartiennent ni à des entreprises ni à des institutions
marocaines, or ce sont des sites qui peuvent drainer un nombre important de visiteurs qui
pourraient éventuellement être de futurs touristes pour notre pays.
La communication simplifiée et qui permet une visibilité mondiale à moindre coût a profité au
début aux PME du secteur, en leur permettant d’avoir un marketing opérationnel sans avoir à
faire des investissements importants. Cependant, avec le temps, la principale résultante de ce
constat est la concentration de fait autour de quelques plateformes touristiques (Online Travel
Agencies ou OTA) qui utilisent des moyens de communication colossaux pour attirer les clients
et qui deviennent alors des intermédiaires incontournables pour le e-business dans les produits
et services touristiques.
Ces intermédiaires proposent une multitude de services et orientent souvent leurs clients en
fonction de leurs propres intérêts. Ils proposent également quasi-systématiquement des produits
et services complémentaires pour amener les clients à consommer le plus possible.
Les OTA attirent un trafic important sur leur site et proposent à leurs visiteurs un guichet unique
pour tous leurs besoins touristiques (billetterie, réservation d’hôtel, excursions, spectacles,
etc…). Leur stratégie, classique dans le secteur des réseaux, est de devenir suffisamment
importants pour être incontournables. Des fusions et des acquisitions majeures ont eu lieu lors
de la dernière décennie pour aboutir aujourd’hui à des entreprises très importantes qui
concentrent une grande partie du marché.

Cette concentration se matérialise lors des recherches sur Internet. Ainsi, le voyageur qui veut
passer ses vacances à Marrakech peut chercher « hôtel Marrakech » sur Google, mais il aura
près de cinquante millions de réponses. Cependant, sur les 10 propositions qui sont affichées
dans la première page sur un navigateur d’ordinateur, 7 correspondent à des sites des groupes
Booking.com ou Expedia, il aura alors naturellement tendance à choisir l’un d’entre eux et ce,
d’autant plus, que la notoriété et l’image de ces sites a été construite avec soin.
Il faut prendre pleinement conscience de la puissance de ces groupes qui imposent leurs
conditions aux entreprises touristiques avec des commissions qui peuvent atteindre 30%. Ces
entreprises entièrement digitales réalisent un chiffre d’affaire proche de celui des géants
hôteliers avec une meilleure rentabilité. Ainsi, en 2018, le groupe Booking est arrivé à 12,5
milliards de dollars (chiffre d’affaires) s’approchant des 20,7 milliards de Mariott qui était le
premier groupe hôtelier américain et a déclaré un bénéfice de près de 4 milliards de dollars
contre seulement 1,9 milliards de dollars.
L’importante croissance de l’utilisation des services en ligne ainsi que les conditions imposées
par les OTA ont amené les acteurs « traditionnels » tels que les grandes chaînes hôtelières à
développer leur propre offre digitale pour reprendre le contrôle de leur chaîne de valeur et

27
retrouver leur indépendance. Compte tenu des investissements nécessaires, seuls les grands
groupes disposant de moyens financiers conséquents peuvent entamer une telle démarche.
Dans un autre registre, la généralisation d’Internet et des services qu’il propose a permis de
développer de nouveaux services qui exploitent la connexion de tous pour une mise en relation
selon les intérêts de chacun. Des plateformes collaboratives ont été ainsi lancées, elles
permettent aux utilisateurs de partager des informations ou de proposer des services sans être
forcément professionnel.
Ainsi, l’idée de connecter directement les consommateurs entre eux pour échanger leurs
expériences a été à la base de l’un des services les plus utilisés par les touristes. Il s’agit tout
simplement de les impliquer directement dans l’évaluation des produits et services qu’ils ont
utilisés. L’une des premières plateformes à offrir cette possibilité (TripAdvisor) est apparue très
tôt dès février 2000. Cette plateforme, et celles qui ont suivi par la suite, permet aux clients de
décrire l’expérience qu’ils ont vécue et d’attribuer des notes qui peuvent être consultées
librement. Elles deviennent ainsi, de facto, les guides les plus consultés et les plus suivis
puisque, à priori, les avis exprimés le sont par des consommateurs indépendants qui n’ont
d’autre intérêt que d’informer. Avec le temps, la crédibilité de ces plateformes et de leur
notation est devenue indiscutable et leur impact sur l’activité est scruté minutieusement par les
professionnels qui en ont fait un outil marketing majeur.
Autre service majeur qui a changé le tourisme est celui des plateformes qui permettent à tout
propriétaire d’un logement de le proposer à la location pour une durée limitée. Les touristes ont
alors une alternative aux hôtels. Le succès de ce type de service a été très rapide grâce à la
possibilité de vivre dans un logement qui offre une superficie et des services rarement
disponibles autrement.
Enfin, au niveau du transport, les plateformes qui proposent le co-voiturage voire un service de
transport alternatif (Uber) ont également connu une croissance importante et permettent ainsi
aux touristes d’accéder à des services à la demande et à un coût très raisonnable.
L’évolution technologique a permis de proposer des services totalement dématérialisés au
niveau du processus de choix et d’achat. Les services touristiques en ont très largement profité,
ainsi, les billets d’avion électronique sont devenus aujourd’hui la norme pour les hébergements
ou les spectacles sont édités directement par les voyageurs chez eux quand ils ne sont pas
présentés directement au moment de leur utilisation sur un smartphone. La plupart des touristes
vont être d’autant plus satisfaits de leur visite qu’ils ont pu la préparer à l’avance et régler les
détails logistiques sans avoir à se déplacer.
La dématérialisation permet également d’alimenter automatiquement des bases de données sur
les choix des touristes, les lieux les plus visités, les dépenses effectuées, etc… Ces informations
sont capitales pour mieux organiser les activités touristiques en permettant de relever les bons
et les mauvais points et d’optimiser ainsi le revenu attendu des touristes. Des tableaux de bord
peuvent alors être constitués et partagés pour que l’ensemble des acteurs ait la possibilité de
présenter le meilleur service possible et augmente la rentabilité du secteur.
De nouvelles technologies arrivent et vont pouvoir proposer de nouveaux services aussi bien
aux touristes qu’aux professionnels ou aux pouvoirs publics. L’intelligence artificielle, en
particulier, va devenir une véritable aide à la conception des circuits touristiques personnalisés
qui permettra à chacun d’effectuer le voyage qui lui convient le mieux à tous points de vue. Elle
permettra également aux décideurs de relever les tendances qui permettront de mieux cibler les
touristes et de leur proposer le produit qui leur correspond au mieux.

28
Le e-tourisme est aujourd’hui largement majoritaire dans les modes de consommation. Il s’agit
donc de le reconnaître une fois pour toutes et de réellement développer les outils et instruments
qui permettent d’en faire un levier de croissance dont le tourisme national a besoin.
2. Le tourisme durable
Depuis les années 1990, le système des Nations Unies a reconnu le concept de développement
durable à travers ses dimensions environnementale, économique et sociale (Rio, 1992) et le
tourisme, en tant qu’activité économique qui participe à cette vision (Charte du tourisme
durable, 1995; Code mondial d’éthique du tourisme, 1999). Le rôle du tourisme comme outils
du développement durable a été officialisé par l’ONU durant les années 2000 (Johannesburg,
2002).
La charte mondiale du tourisme durable a été élaborée à l’occasion de la Conférence Mondiale
du Tourisme Durable et ses premières définitions remontent à 1992 dans le cadre de l’Agenda
2147. Selon l'Organisation Mondiale du Tourisme, c’est « un tourisme qui tient pleinement
compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs, en
répondant aux besoins des visiteurs, des professionnels, de l'environnement et des
communautés d'accueil ».
Les principes énoncés dans le Code mondial d’éthique du tourisme, 1999:
Article 1: Contribution du tourisme à la compréhension et au respect mutuels entre hommes et
sociétés
Article 2: Le tourisme, vecteur d’épanouissement individuel et collectif
Article 3: Le tourisme, facteur de développement durable
Article 4: Le tourisme, utilisateur du patrimoine culturel de l’humanité et élément contribuant à son
enrichissement
Article 5: Le tourisme, activité bénéfique pour les pays et communautés d’accueil
Article 6: Obligations des acteurs du développement touristique
Article 7: Droit au tourisme
Article 8: Liberté des déplacements touristiques
Article 9: Droits des travailleurs et des entrepreneurs de l’industrie touristique
Article 10: Mise en œuvre des principes du Code mondial d’éthique du tourisme
Encadré 2 : principes du Code mondial d’éthique du tourisme, 1999
Le développement du tourisme fondé sur des principes de durabilité peut apporter des avantages
à l’ensemble de la communauté (investisseurs, touristes, Etat et région, etc.) et renforce les
avantages concurrentiels des destinations touristiques. Ces avantages peuvent être réalisés à
condition que : (a) la planification du tourisme minimise les impacts culturels,
environnementaux et sociaux négatifs en intégrant une analyse de la capacité de charge et des
études d'impact sur l'environnement ; (b) une proportion adéquate des recettes financières et
fiscales provenant du tourisme est allouée à la conservation, à la préservation, à l'entretien et au
développement des biens naturels et culturels et à la subsistance des communautés locales; et
c) la prise de conscience culturelle, environnementale et sociale est accrue au niveau des
visiteurs, des opérateurs touristiques et de la population nationale, ce qui se traduit à son tour
par des pratiques responsables et éthiques.
Dans la pratique, le développement durable est opérationnalisé à travers l’Agenda 2030 qui fixe
17 objectifs (ODD) déclinés en 169 cibles pour répondre aux défis des trois dimensions
fondamentales de la durabilité. Il s’agit de protéger la planète pour répondre aux besoins des

47 Le tourisme durable a été défini en 1992 au Sommet de Rio lors de la présentation de l’Agenda 21 et suppose une gestion
intégrée des ressources qui implique la participation étroite des acteurs locaux et l’écoresponsabilité des touristes, afin de
concilier la mise en œuvre du tourisme avec les besoins et capacités d'accueil du territoire. Un plan d’actions pour le 21ème
siècle adopté par 182 pays en 1992 lors du sommet de la Terre à Rio de Janeiro. Il concerne aussi bien l’Etat que les collectivités
territoriales.

29
générations actuelles et futures (préservation de la qualité de l’air, l’eau, la biodiversité, l’accès
durable à la nourriture, les changements climatiques etc.), respecter les principes d’égalité des
sexes et de dignité des personnes, lutter contre la pauvreté (accès à l’éducation, la santé, etc.),
établir une prospérité économique inclusive et respectueuse de l’environnement et construire
une vision commune et partenariale entre les nations, les collectivités territoriales, la société
civile et le secteur privé48.
L’activité touristique exerce des pressions majeures sur l’environnement vu qu’elle augmente
les besoins en énergie, en nourriture et en eau. Elle participe à la création des déchets qui
polluent la nature et nuit à la biodiversité. Le tourisme à travers les voyages (nourriture,
hébergement, shopping) et surtout le transport à l’échelle planétaire, est à l’origine de 8% des
émissions mondiales de gaz à effet de serre 49.
L’OMT estime que les dépenses mondiales consacrées à l’écotourisme augmenteront à un
rythme plus élevé que la croissance moyenne de l’industrie 50. Néanmoins, la pression sur les
environnements sensibles et les sites protégés sera plus forte. Les pressions excessives sur la
faune et la flore peuvent conduire à la dégradation des milieux naturels et mener à des
changements comportementaux chez les animaux.
Force est de constater que le tourisme est l’une des principales industries qui consomment
abondamment les ressources naturelles, particulièrement la ressource en eau. Cette
consommation peu maîtrisable est due à l’utilisation massive de l’eau pour la gestion et
l’entretien d’un certain nombre d’activités touristiques tels que le nettoyage, l’arrosage de
terrains de golf, les piscines, la climatisation, etc.
En 2018, la publication de l’OCDE 51 montre que l’augmentation des prix du carbone reste
largement en dessous de la moyenne recherchée par les scientifiques, et a un impact de plus en
plus profond sur les changements climatiques. L’Union Européenne cible la taxation du
kérosène afin de diminuer les émissions de CO252, et ce en réponse aux réclamations des
associations de défense de l’environnement.
Outre l’impact environnemental, le tourisme constitue une menace pour le patrimoine surtout
que la majorité des espaces et lieux culturels ne sont pas adaptés ni prêts pour recevoir
régulièrement un nombre élevé de touristes. Le meilleur exemple qui illustre cette situation est
la ville de Venise53, avec près de 30 millions de visites annuelles (une proportion de
545 touristes par habitant), la commune a imposé depuis 2019, aux différents touristes de payer
un droit d’entrée pour visiter la ville afin de financer les coûts de nettoyage du centre historique.
Les répercussions sur la qualité de vie de la population locale sont considérables (transports
surchargés, nuisances sonores, hausse des prix de l’immobilier, cherté des services et des
produits, etc.).
Face à cette situation, les consommateurs exigent de plus en plus des offres touristiques qui
répondent au mieux aux exigences du développement durable et du respect des milieux
historiques. Les voyageurs préfèrent visiter des destinations moins célèbres afin de réduire le
tourisme de masse et de protéger l’environnement (54 %)54.
A cet effet, plusieurs destinations (Norvège, Nouvelle-Zélande, Australie et Pays-Bas) ont
répondu à cette demande principalement les régions et les villes qui proposent de plus en plus

48 https://www.un.org/sustainabledevelopment/fr/development-agenda/
49 https://www.ecoco2.com/blog/le-tourisme-represente-8-des-emissions-mondiales-de-co2/
50 https://www.unwto.org/fr/le-tourisme-mondial-consolide-sa-croissance-en-2019.
51 OCDE, Effective Carbon Rates 2018 : Pricing Carbon Emissions through Taxes and Emissions Trading, 2018.
52https://www.consoglobe.com/taxer-kerosene-avions-commission-europeenne-cg.
53 Surtourisme : bientôt une taxe pour visiter Venise sur www.lechotouristique.com, 2019.
54 Etude, Booking.com, 2020.

30
des solutions durables à leur écosystème touristique en considérant le touriste comme un agent
de changement qui participe au processus du développement durable plus qu’un simple
consommateur.
Par exemple, la ville d’Amsterdam à travers l’entreprise Plastic Whale propose aux touristes de
se balader en bateaux électriques tout en nettoyant les canaux. Elle propose également à ce que
les matières récupérées par les touristes soient recyclables dans la construction d’autres
embarcations et la création de nouveaux meubles55.
Au Maroc, dans le cadre du projet « Consommation et production durables pour une économie
à faible émission de carbone dans le secteur du tourisme »56, le département du Tourisme a
mené une étude visant la quantification des émissions de ce secteur en Gaz à Effet de Serre
(GES) au niveau de Marrakech afin d’évaluer la vulnérabilité du secteur par rapport aux
changements climatiques et d’identifier les Mesures d'Atténuation Appropriée au niveau
national (NAMA) concernant le secteur tourisme.
Concernant le volet social, les dérives du tourisme de masse sont très lourdes dont l’ampleur
varie selon les régions et les sociétés. Le tourisme impacte profondément les populations locales
et entraîne des mutations majeures dans leur mode de vie. Plusieurs exemples peuvent être
mentionnés : l’économie informelle, les inégalités de genre, les inégalités sociales et
territoriales, la précarité des emplois, la mendicité, le travail des enfants, le harcèlement, le
tourisme sexuel, etc.
Encadré 3 : L’exploitation sexuelle de mineur(e)s dans les grandes villes touristiques
C’est un fait qui préoccupe fortement les associations et les forces vives de la société civile. Plusieurs
destinations touristiques abritent des réseaux suffisamment importants qui attirent les prédateurs
sexuels. Certes l’industrie touristique en soi n’utilise pas sciemment cette image, néanmoins
l’exploitation sexuelle des enfants est un phénomène préjudiciable qu’elle doit éradiquer.
Dans ce cadre, le Code mondial d’éthique du tourisme dans son article premier stipule que
- « Les activités touristiques doivent respecter l’égalité des hommes et des femmes ; elles
doivent tendre à promouvoir les droits de l’homme et, spécialement, les droits particuliers des
groupes les plus vulnérables, notamment les enfants57, les personnes âgées ou handicapées,
les minorités ethniques et les peuples autochtones» (article 1.2) ;
- et que « l'exploitation des êtres humains sous toutes ses formes, notamment sexuelle, et
spécialement lorsqu’elle s’applique aux enfants, porte atteinte aux objectifs fondamentaux du
tourisme et constitue la négation de celui-ci ; à ce titre, conformément au droit international,
elle doit être rigoureusement combattue avec la coopération de tous les États concernés et
sanctionnée sans concession par les législations nationales tant des pays visités que de ceux
des auteurs de ces actes, quand bien même ces derniers sont accomplis à l’étranger » (article
1.3).
Dans ce cadre, un Code de conduite pour la protection des enfants contre l’exploitation sexuelle dans
le tourisme et l’industrie des voyages a été élaboré (ECPAT International).

L’implication des acteurs et des professionnels du secteur pour résorber les déficits sociaux du
tourisme de masse est nécessaire. La responsabilité sociale et la solidarité économique des
entreprises touristiques demeurent aussi importantes que la sauvegarde de l’environnement.

55 https://www.lechotouristique.com/article/insolite-peche-au-plastique-sur-les-canaux-damsterdam.
56 Selon le MTATAES, ce projet est financé par international Climate Initiative (ICI) et en partenariat avec le Programme des
Nations Unies pour l’Environnement (PNUE) et le Programme des Nations Unies pour le Développement (PNUD).
57 Pour le droit des enfants, il englobe à la fois le travail et l’exploitation sexuelle des enfants.57

31
Pour ce faire, plusieurs destinations à travers le monde58 proposent des activités favorables à la
promotion des économies locales (tourisme social artisanat, produits de terroirs, circuits, etc.),
de la culture et de l’histoire (animation, festivals et événements) en incluant les résidents et
l’ensemble des partenaires dans cette démarche.
La proposition d’une offre durable passe par la certification59 et devient un argument solide de
commercialisation des destinations permettant aux territoires d’acquérir un positionnement
régional ou mondial et de construire une image de marque spécifique.
Encadré 4 : La communication axée sur la durabilité et la storytelling
L’industrie du tourisme est fortement dépendante de l’image des destinations et de la communication
autour des offres touristiques. Cette image est hautement sensible aux aléas politiques, économiques,
sociaux, sanitaires (l’exemple de la Covid-19) et environnementaux sachant que l’expérimentation
des destinations ne peut pas être faite au préalable par les touristes.
La communication sur les destinations touristiques doit raconter une histoire spécifique et proposer
une expérience émotionnelle. De plus en plus de structures touristiques l’ont compris et intègrent
aujourd’hui le storytelling à la communication autour de leur destination, des histoires, à travers
lesquelles les touristes peuvent s’identifier : la découverte, l’aventure, la culture, l’histoire, la vie
locale, etc. 60

3. Les tendances accentuées par la crise Covid 19


a. La dominance de l’emploi informel dans le secteur du tourisme
Les emplois dans le secteur du tourisme sont souvent considérés comme peu qualifiés offrant
souvent aux travailleurs des opportunités de promotion et de gestion des carrières très limitées.
Ces emplois se caractérisent par des conditions de précarité impliquant l’octroi de bas salaires
avec peu ou sans protection sociale et des horaires de travail inadaptés et se fondent sur la
saisonnalité, la multiplication des contrats temporaires, l’informel, etc.
La catégorise des jeunes est la plus concernée par ce type d’emplois qui risque souvent de
l’enfermer dans un cycle d’instabilité, de mauvaises conditions de travail, d’une sur-
exploitation et d’une sous-rémunération.
En outre, les femmes occupent le plus d’emplois touristiques précaires et surtout saisonniers.
Ce constat reflète d’une part la persistance des inégalités de genre dans l’accès à l’éducation, à
l’emploi qualifié, à l’autonomisation économique et d’autre part le poids du patriarcat dans la
plupart des sociétés à travers le monde (OIT, 2011 61).
Selon l’OCDE, le recours aux travailleurs migrants et aux catégories marginalisées (enfants,
populations autochtones, personnes à besoins spécifiques, etc.) dans les petits métiers du
tourisme peut contribuer à la multiplication des emplois saisonniers et vulnérables. Ceci est lié
à la dominance de l’informel et des PME/TPE qui caractérise la structure du secteur du
tourisme. Il faut mentionner qu’environ 80 % de la main-d’œuvre touristique mondiale travaille
dans des PME qui ont du mal à attirer et à développer le capital humain du secteur vu qu’ils
n’ont ni les capacités ni les moyens de reproduire les structures dont sont dotées les grandes
entreprises (OCDE, 2014).

58 Voir le benchmark en annexe n°4.


59 Le Global Sustainable Tourism Council (GSTC) est responsable d’établir les critères de base permettant d’évaluer le
caractère durable d’une organisation ou d’une destination touristique : https://certifications.controlunion.com/fr/certification-
programs/certification-programs/conseil-mondial-du-tourisme-durable-global-sustainable-tourism-council-gstc
60 L’image de marque de la destination et son impact sur les comportements post-visite des touristes, Anne-Cécile
Marchat, Christèle Camelis, Dans Gestion et management public 2017, (Volume 5 / n° 3), pages 43 à 58.
61 https://www.ilo.org/global/about-the-ilo/mission-and-objectives/features/WCMS_154944/lang--fr/index.htm

32
Dans ce secteur, l’absence de perspectives de carrière est un problème majeur qui restreint le
potentiel d’amélioration de la productivité, principalement pour les PME/TPE. Les principales
conclusions du forum de dialogue mondial de l’OIT sur les nouveaux développements et défis
dans le secteur de l’hôtellerie et du tourisme 62 orientent la mise en place indispensable, par les
pays à vocation touristique, de stratégies d’emploi progressif qui consistent à améliorer les
compétences, les conditions de travail, la motivation des salariés et un dialogue social efficace.
L’amélioration de la qualité des emplois dans la chaîne de valeur touristique et la valorisation
du capital humain revêt une importance stratégique pour le développement à long terme du
secteur du tourisme. Cependant, le capital humain fait face à des défis importants notamment
les nouvelles tendances du tourisme (digitalisation, durabilité).
La transversalité du secteur, la mobilité des voyageurs, l’émergence de nouveaux marchés, les
TIC et la concurrence accrue entre les destinations, constituent les principaux facteurs
d’influence des besoins en compétences du secteur ainsi que la nature et la composition des
ressources humaines touristiques.
En conclusion, la productivité du travail constitue l’un des principaux indicateurs de la
compétitivité et a un impact direct sur la capacité d’une destination à proposer des services
touristiques de qualité et devenir plus compétitive 63. La gestion et le développement du capital
humain, permet de stimuler une croissance durable et inclusive, de promouvoir l’innovation et
de qualifier les ressources humaines du secteur tout en s’adaptant aux nouvelles tendances
mondiales et en luttant contre la prolifération des emplois précaires, de l’informel et des dérives
du tourisme de masse64.
b. La valorisation du tourisme national conditionne la relance du secteur
Le tourisme interne est un segment très important qui joue un rôle incontestable dans le
maintien de la résilience du secteur touristique à travers la diversification du portefeuille clients
surtout en période de crise. Ce segment contribue, par ailleurs, au développement des régions à
travers la promotion d’une typologie d’activités spécifiques aux besoins des nationaux et de
leurs modes de consommations.
Les principales destinations touristiques du monde absorbent plus de la moitié des arrivées
mondiales et des recettes liées aux voyages 65. Ces pays s’appuient sur ce segment avec des
dépenses effectuées par la population résidente à hauteur de 75 %. C’est le cas en Allemagne,
aux États-Unis, au Japon, et au Royaume- Uni.
Partant de ces considérations, la vision 2020 a dédié un axe au développement du tourisme
interne « Plan Biladi » dans les différents territoires touristiques du Royaume. Ce plan prévoit
le développement d’une série de stations touristiques assorties de produits et de prix adaptées
au profil des voyageurs nationaux. Afin de promouvoir cette offre touristique, les pouvoirs
publics se sont appuyés sur la campagne «Kounouz Biladi». Néanmoins, le taux de
concrétisation du plan Biladi se situe à moins de 30% et reste en deçà des espérances 66 à cause
de (a) la proposition d’une panoplie de produits peu animés et inadaptés aux besoins des
marocains et (b) le non-respect des délais de livraisons prévus.
Outre les touristes nationaux, l’amélioration de la compétitivité des entreprises touristiques
nationales est nécessaire. Elle s’appuie entre autres, sur la modernisation de la réglementation
touristique (encadré 6) et sur la mise en place d’un dispositif d’accompagnement global et

62 https://www.ilo.org/wcmsp5/groups/public/---ed_dialogue/---sector/documents/meetingdocument/wcms_163431.pdf
63 Indicateurs de la compétitivité du tourisme : Document d'orientation, OCDE, 2013.
64 https://www.equilibre-travel.com/les-dangers-du-tourisme-de-masse/
65 Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE, 2020.
66 Seulement 3 stations ont été mises en place( Imi-Ouaddar, kénitra et ifrane).

33
intégré des entreprises touristiques qui comprend la mise en place de programmes adaptés tels
que « Moussanada Siyaha » et « Renovotel 3 » 67. Il faut mentionner que l’impact de ces
programmes reste modéré et n’a pas pu atteindre l’ensemble des résultats escomptés.
→ Refonte du système de classement des EHT :
En vue de mettre à niveau la qualité des prestations au niveau des établissements d’hébergement touristique, le
Département du tourisme a préparé un nouveau cadre juridique, qui s’est matérialisé par la publication au bulletin
officiel en octobre 2015 de la loi n°80-14 relative aux établissements touristiques et aux autres formes
d’hébergement touristique et n’entrera en vigueur qu’après la publication de ses textes d’application. Cette loi vise
la réalisation des principaux objectifs suivants :
- L’amélioration de la compétitivité et de la qualité des prestations au sein des établissements touristiques;
- L’alignement de l’offre touristique nationale sur les standards internationaux en intégrant les meilleures
pratiques en matière de durabilité et en l’adaptant à l’évolution des exigences des touristes en termes de
qualité, de sécurité, d’hygiène et de développement durable notamment en ce qui concerne l’économie
d’énergie et d’eau ; à cet effet une grille de classement est en cours d’élaboration pour l’intégration de ces
aspects.

→ L’élaboration d’un Règlement Général de Construction (RGC) spécifique au secteur du


tourisme
L’adoption de la loi n°80-14 relative aux établissements touristiques et aux autres formes d’hébergement touristique
marque une étape importante dans le processus de réforme du système de classement des établissements
d’hébergement touristique.
Dans ce sens et afin d’assouplir les procédures administratives relatives à l’attribution du classement, il a été
proposé la fusion du classement technique provisoire prévu par la loi en vigueur n°61-00 avec la procédure d’octroi
du permis de construire prévu par la loi relative à l’urbanisme n°12-90 : cette procédure réduira le temps de
traitement et d’obtention des deux décisions administratives tout en garantissant le respect des critères du règlement
général de construction.
Ce règlement général de construction représente un référentiel des normes de construction dimensionnelles,
fonctionnelles, de sécurité et d’hygiène ainsi que les normes relatives à l’efficacité énergétique et à la rationalisation
de l’utilisation de l’eau à respecter par tout investisseur ou porteur de projet touristique désirant construire,
transformer, ou procéder à l’extension d’un établissement touristique ou de conversion d’un bâtiment existant en
établissement touristique. Il est à souligner que le département du tourisme en collaboration avec ses partenaires,
sont en cours de préparation de ce nouveau référentiel juridique.
→ Projet de protection & valorisation par le tourisme des zones fragiles & fragilisées – Site pilote :
Merzouga
Le Département du Tourisme en collaboration avec d’autres partenaires, a initié un projet de protection et
valorisation par le tourisme des sites fragiles et fragilisés, visant à promouvoir le Tourisme Durable dans les régions
désertiques fragiles. La région de Merzouga a été choisie comme région pilote avant la généralisation de la
démarche pour les autres régions du Royaume. A cet effet, le projet consiste en l’élaboration d’un cadre
réglementaire encadrant deux activités touristiques dans les zones désertiques, à savoir : l’hébergement touristique
du type Bivouac et l’activité des sports mécaniques.
Encadré 5 : Ajustement des normes et réglementations du secteur touristique Source :
MTATAES
Le tourisme interne pourra certainement contribuer à sauver l’activité touristique et atténuer les
effets de la crise Covid-19 comme il l’a souvent effectué en 2003, 2009 et 2012. La survie du
tourisme intérieur dépendra sûrement de la valorisation du tourisme durable destiné aux
nationaux mais également des mesures prises par l’Etat et les professionnels dans le cadre du
plan de relance mis en place.

67 Le programme « Moussanada Siyaha » ést un dispositif d’appui aux entreprises touristiques (mise à niveau et amélioration
de la compétitivité). Il concerne trois types d’activités : les établissements d’hébergement touristique, les agences de voyages,
ainsi que les entreprises de transports touristiques.
Le programme « Renovotel 3 » est un fond de financement conjoint avec les banques dédié à la mise à niveau des établissements
d’hébergement touristique (EHT).

34
c. La région comme espace pertinent pour la mise en place des stratégies
touristiques
Au Maroc, le processus de régionalisation avancée s’inscrit dans le cadre d’un vaste chantier
de rénovation institutionnelle. Il s’appuie sur quatre lignes directrices qui visent la consolidation
de la démocratie représentative, le renforcement des compétences décisionnelles et exécutives
des conseils élus, la promotion de l’équité genre, l’élargissement de la participation citoyenne
et les relations de partenariat avec le tissu associatif et le secteur privé à l’échelle locale.
Les lois organiques de 2015, ont consacré la région en tant qu’espace pertinent pour la mise en
place des stratégies sectorielles de l’Etat et des politiques publiques territoriales. Ces lois,
conformément aux dispositions constitutionnelles, ont doté les conseils élus de moyens
financiers et de ressources humaines nécessaires pour accompagner les régions dans l’exercice
des nouvelles compétences propres, partagées et transférées, notamment en matière de
développement économique.

Encadré 6 : Compétences des régions au Maroc Source : pncl.ma


Explicitement, la promotion du tourisme est une compétence partagée entre l’État et la région.
D’ailleurs, la région est censée contribuer à l’opérationnalisation de la Vision 2020 au niveau
territorial. Les secteurs ayant un impact direct ou indirect sur le développement du tourisme
(infrastructures, culture, patrimoine, gestion des parcs, etc.) font l’objet de compétences propres
ou transférées.
A travers les Plans de Développement Régionaux (PDR), chaque région doit promouvoir le
tourisme en déterminant sa propre vocation touristique ; en cohérence avec les stratégies
sectorielles et en s’appuyant sur les ressources propres en fonction des besoins spécifiques de
chaque acteurs (société civile, tissu productif, services déconcentrés de l’Etat, collectivités
territoriales) et chaque territoire (provinces et communes).
Lors de la réalisation d’une compétence commune, le concours de plusieurs collectivités
territoriales est nécessaire pour qu’elles conviennent des modalités de leur coopération afin de
réaliser ladite compétence. Cette disposition doit être assortie d’instruments clairs (financiers,
fiscaux, etc.) facilitant la convergence et la mise en œuvre de la compétence « promotion du
tourisme », et de permettre la prise en considération de la prééminence de la région dans la
planification territoriale en la matière.

35
VI. Les principales recommandations
L’ambition du conseil est de promouvoir un tourisme durable qui (a) renforce la résilience de
l’économie nationale face aux risques économiques, financiers, environnementaux et sanitaires,
(b) intègre la population locale, principalement les femmes et les jeunes dans la création de la
richesse et de l’emploi décent et (c) améliore le positionnement touristique des régions et des
destinations à l’échelle nationale et internationale dans le cadre du nouveau modèle de
développement en cours d’élaboration.
Pour concrétiser cette ambition, en capitalisant sur les initiatives déjà entreprises pour la
promotion du tourisme national et sur les enseignements tirés du benchmark international, le
CESE formule les recommandations suivantes qui s’articulent autour de six axes majeurs :
– Prérequis : Gouvernance
Mettre en place une gouvernance intégrée et efficace, tout au long du processus de conception,
de mise en œuvre et de suivi des stratégies touristiques nationales et territoriales.
– Axe 1 : Tourisme durable et responsable
Développer un tourisme durable et responsable visant le bénéfice économique, social et
environnemental, et renforçant la résilience du secteur face aux risques environnementaux et
sanitaires.
– Axe 2 : Tourisme national
Favoriser les activités et les équipements du tourisme destinés aux nationaux, au moyen des
investissements publics/privés et du soutien financier et fiscal.
– Axe 3 : Digitalisation
Promouvoir des destinations et des produits touristiques durables à travers la communication,
la connectivité et la digitalisation.
– Axe 4 : Capital humain, clés de succès
Qualifier le capital humain en s’alignant sur les tendances mondiales et en visant l’excellence.
– Axe 5 : Territorialisation
La territorialisation est un cadre propice à la mise en œuvre de stratégies efficaces et d’assurer
la coordination entre l’échelle nationale et régionale.

36
Prérequis : Une gouvernance intégrée et efficace
1. Instaurer une loi-cadre du tourisme. La clarification des attributions des opérateurs,
des institutions publiques et du tissu associatif et la refonte de la réglementation ayant
une incidence sur les voyages et le tourisme, constituent deux conditions primordiales
pour le repositionnement du secteur.
2. Promouvoir une planification stratégique intégrée, impliquant une convergence des
moyens et des ressources et un suivi-évaluation pour toute la chaîne de
valeur, moyennant :
2.1 L’activation de la haute autorité du tourisme chargée du pilotage et du suivi-
évaluation ;
2.2 La mise en place des instances régionales en conformité avec le découpage
administratif actuel ;
3. Assurer une meilleure synergie entre l’ONMT et la SMIT en soutenant leur
transformation tout en renforçant leurs rôles et leurs moyens en conformité avec les
standards internationaux.
4. Mieux éclairer l’investisseur sur les opportunités offertes par le secteur du
tourisme à travers :
4.1 La révision du rôle et prérogatives de l’Observatoire du Tourisme en se
focalisant sur la veille stratégique ;
4.2 La modernisation du Compte Satellite du Tourisme et sa tenue à jour.
5. Repenser la politique aérienne du Maroc tout en actant des bénéfices engendrés par
l’ouverture salutaire du ciel marocain et l’arrivée du Low cost, et en renforçant le
positionnement de la Compagnie Nationale dans l’amélioration de l’image
institutionnelle et touristique du Maroc.

37
Axe 1 : Le tourisme durable et responsable
6. Opérationnaliser la charte marocaine du tourisme durable, en garantissant la
convergence entre les responsabilités des acteurs, l’attractivité des destinations et la
cohésion sociale. Ladite charte devra :
- S’inscrire dans les priorités des ODD, de l’agenda 2030 et des stratégies
nationales en matière de développement durable ;
- Promouvoir un dialogue social constructif entre les différentes parties
prenantes ;
- Donner la priorité à l’emploi décent et la généralisation du système de
protection sociale aux travailleurs touristiques ;
- Protéger les travailleurs informels et/ou occupant des emplois précaires, en
particulier les femmes vulnérables, les jeunes et les personnes en situation de
handicap, les migrants, etc. ;
- Veiller au respect des droits humains ;
- Protéger les enfants de toutes formes d’exploitation économique et sexuelle ;
7. Investir dans le développement des standards de la durabilité et de la
responsabilité sociale dans tous les domaines (droits humains, transport, économie,
etc.) et pour l’ensemble des acteurs de la chaîne de valeur principalement les petits
opérateurs. Le tourisme durable et responsable constitue une source de compétitivité
indispensable pour les régions et les destinations touristiques. A cet effet, il est préconisé
de :
7.1 Evaluer les projets d’investissement en prenant en compte leurs impacts sur
la qualité de vie de la population locale et sur l’environnement ;
7.2 Encourager la labellisation de type clé verte de la Fondation Mohammed
VI pour la protection de l'environnement ;
7.3 Promouvoir la mise en place d’équipements durables, de transports collectifs
(covoiturage, bus hybrides, vélos, des services de mobilité douce etc.) tout en
assurant l’accessibilité des personnes en situation d’handicap ;
7.4 Renforcer l’économie circulaire comme étant un des moyens de mise en
œuvre de l’ODD 12 sur la consommation et la production durable, afin de
contribuer au renforcement de la résilience du secteur touristique et de la société
marocaine.
8. Contribuer à travers le système fiscal à la promotion des investissements durables,
productifs, créateurs d’emplois et catalyseurs de la valeur au niveau des territoires hôtes.
Il est proposé :
8.1 Une simplification de la fiscalité locale et sa convergence avec la fiscalité
nationale ;
8.2 Une fiscalité adaptée aux besoins de la TPE/PME touristique en fonction de la
zone d’implantation et de la nature du projet porté ;
9. Edicter les normes réglementaires alignées avec les exigences de la concurrence des
marchés extérieurs en s’appuyant sur la veille stratégique et l’innovation technologique.
La normalisation est un élément nécessaire pour accompagner l’offre nationale dans sa

38
mise en conformité avec les standards des marchés internationaux en termes de
durabilité, de convergence, de sécurité sanitaire et de qualité.
10. Opter pour une approche « Tourisme 365 jours ». Cette approche repose sur le
développement de nouveaux segments faiblement dépendants des conditions
climatiques et orientés vers des critères de performance qualitatifs tels que les recettes
en devise et la durée moyenne de séjour (DMS) notamment :
– Le tourisme culturel indispensable pour développer les marchés traditionnels et
attirer de nouveaux marchés (chinois, russe…) ;
– L’éco-tourisme, le tourisme rural et le tourisme d’aventure dont l’offre peut être
adaptée selon les saisons et les spécificités de chaque région ;
– Le tourisme médical, le tourisme de bien-être, ainsi que le tourisme adapté aux
séniors et aux retraités pour les longs séjours. Ces niches sont à développer vu
la proximité géographique du Maroc au continent européen.

Axe 2 : La digitalisation
11. Le digital étant aujourd’hui la première source d’accès aux produits touristiques, il faut
en faire l’axe majeur de communication et de commercialisation à travers la mise en
place des actions suivantes :
11.1 Proposer un circuit de réservation et de paiement marocain permettant
d’éviter la sortie de devises et des commissions hors Maroc ;
11.2 Faire évoluer la communication numérique officielle axée sur le
« visitmorocco.com » vers l’expérience-client. La communication sur les
destinations touristiques doit raconter une histoire spécifique et proposer une
expérience émotionnelle qui permet aux touristes de s’identifier à travers
l’authenticité, la découverte, l’aventure, la culture, le culinaire, la vie rurale, etc.
11.3 Se réapproprier les espaces numériques « morocco.com »,
« casablanca.com », « marrakesh.com », pour en faire un levier sur la notoriété
du Maroc et de certaines villes et régions du Royaume ;
11.4 Regrouper les hébergeurs marocains afin de :
- Mener une négociation commune avec les géants du numérique ;
- Présenter au mieux l’offre touristique « Maroc », « villes » et
« régions » ;
11.5 Prévoir une veille e-Réputation pour l’analyse des labels et produits
nationaux offerts afin d’améliorer en permanence l’image du Maroc à l’échelle
internationale.

Axe 3 : Le tourisme national


12. Renforcer les performances du tourisme interne. Il est indispensable de promouvoir
une offre adaptée aux besoins du touriste marocain et dynamiser l’investissement avec
la mise sur le marché de nouveaux produits durables plus attractifs et concurrentiels
pour le tourisme national, à même de relancer le marché. Pour cela il est recommandé
de :

39
12.1 Proposer des produits touristiques spécialement dédiés au tourisme national en
ses divers segments et adaptés au pouvoir d’achat ;
12.2 Promouvoir le tourisme social et solidaire et développer les auberges des
jeunes ;
12.3 Améliorer la performance des centres d’estivage ;
12.4 Inventer une offre adéquate pour les MRE en prenant en considération leurs
styles de vie et leurs modes de consommation des loisirs et sports ;
12.5 Proposer des campagnes promotionnelles dédiées et adaptées au tourisme
national et local avec la réduction des prix (billets d’avion, tarifs des hôtels,
restauration, loisirs, etc.) principalement pour les jeunes et les personnes en situation
de handicap ;

Axe 4 : Le Capital humain


13. Faire de la recherche scientifique un axe majeur de la promotion touristique en
créant, à l’échelle régionale, des passerelles plus coordonnées entre entreprises,
universités et professionnels.
14. Mettre à jour la cartographie de l’emploi dans le tourisme.
15. Initier la signature d’une convention sectorielle collective en matière de formation et
de renforcement des compétences en impliquant les pôles de compétences régionaux
(OFFPT et régions) et en appuyant les écoles d’excellence prévues par la vision 2020.
16. Instaurer, au niveau de l’enseignement fondamental et supérieur, une
spécialisation « Arts et métiers du Tourisme » au niveau du Bac Pro Tourisme,
Licence, Master, doctorat.
17. Revoir le dispositif de la formation professionnelle à travers la valorisation des
spécialités cibles et de l’ingénierie touristique au-delà de la seule hôtellerie. Cette
formation doit s’appuyer aussi bien sur les aspects techniques du métier touristique que
sur les langues étrangères, la préparation de l’accueil des touristes, l’amélioration des
compétences « soft-skills », les TIC et le savoir-être,
18. Mettre en place une approche collaborative et inclusive pour combler le besoin
d’éducation et de renforcement des capacités autour des enjeux du tourisme durable.
Cet objectif demeure important dans l’ensemble de la chaîne de valeur du secteur
touristique et notamment auprès de la jeunesse.

Axe 5 : La territorialisation
19. La régionalisation avancée et la charte de la déconcentration constituent une
opportunité pour équilibrer le développement du tourisme entre territoires et
destinations. Il est recommandé de :
19.1 Mettre en corrélation les stratégies nationales du tourisme, de la culture, de
l’artisanat, de la jeunesse et sport et du développement durable etc. et en assurer
la déclinaison territoriale.
19.2 Soutenir la mise en œuvre des stratégies régionales du tourisme durable en
appuyant les conseils régionaux dans l’élaboration de leurs PDR.

40
20. Elaborer une vision stratégique de financement des collectivités territoriales, à
moyen et long terme, adaptée aux compétences nouvelles conférées aux collectivités et
administrations territoriales dans le cadre d’une concertation élargi.
21. Concevoir une offre diversifiée autour de corridors traversant plusieurs régions avec
une thématique touristique commune. Il faut cibler à la fois les centres touristiques bien
établis et les régions à fort potentiel sous-valorisées. Il est opportun de définir des
corridors touristiques entre régions et conjointement avec des pays à proximité au
niveau du pourtour méditerranéen ou encore avec des pays de l’Afrique subsaharienne.
22. Renforcer, à l’échelle locale, les mécanismes de la démocratie participative afin de
promouvoir le tourisme. La promotion des plateformes citoyennes et des forums de
dialogue entre pouvoirs publics, décideurs locaux, professionnels, société civile et
populations est une condition nécessaire pour un développement inclusif et participatif
du tourisme.

41
V. Les annexes
Annexe 1 : Le bilan du dispositif de formation au Maroc

Filières dispensés

Lauréats 2019
• ISITT : 290
• Formation résidentielle : 1414
• Formation par apprentissage : 393
Inscrits 2020
• ISITT : 711
• Formation résidentielle : 3621
• Formation par apprentissage :576
Lauréats 2020
• formation résidentielle :1598
Source : MTATAES

42
Annexe 2 : Les répercussions de la crise Covid-19 sur la chaine de valeur du tourisme
La crise sanitaire actuelle a profondément impacté le secteur du tourisme et s’ajoute aux impacts
toujours à l'œuvre des grandes tendances émanant de la digitalisation et de la durabilité. Avec
la fermeture à l’échelle mondiale, à la fois des frontières, des zones touristiques et des
établissements hôteliers, les comportements, en lien avec les modes de vie et les manières de
travail, de consommation et de voyage vont changer.
Concernant les principaux effets économiques de la crise sur le tourisme mondial, les arrivées
de touristes internationaux ont tragiquement chuté (56 %). Pareillement, les exportations
touristiques ont perdu moins de 320 milliards de dollars (OMT, 2020). Le PIB mondial a été
réduit de 1170 milliards de dollars, soit 1,5 % et le chômage a connu une augmentation de plus
de 20 points de pourcentage dans plusieurs pays. Pour l’emploi, 100 à 120 millions d’emplois
directs risquent d’être perdus dans le secteur et provoquer une chute des flux des IDE de 40 %
en 2020voire de 45 à 50 % en 2021. Cette crise met un terme à la croissance soutenue du secteur
depuis la crise de 2009 68.

Graphique 1 : Evolution des recettes du tourisme international (Exportations) : statistiques OMT


Durant les premiers mois de la pandémie, le transport touristique fortement impacté, s’est
retrouvé en arrêt total des activités. En 2019, le transport aérien a créé 37 millions d’emplois et
a contribué à 897 milliards de dollars par an au PIB mondial. En 2018, le tourisme de croisière
a généré approximativement 150 milliards de dollars de recettes et a soutenu plus d’un million
d’emplois.
Concernant le tissu productif, 80 % des entreprises touristiques (à majorité PME et TPE) ont
été et restent toujours très exposées aux répercussions économiques de la crise, en particulier
au niveau des pays les moins développés où le système de la protection sociale reste très fragile.
Il faut mentionner que les travailleurs indépendants et les petites entreprises emploient la
plupart des travailleurs informels, représentant 60 % des sous-secteurs des services
d’hébergement et de restauration 69.
Pour les répercussions sociales, le plus grand nombre de licenciements a touché
particulièrement le tourisme et ses activités connexes où les femmes représentent 54 % des
effectifs et où les jeunes, les travailleurs de l’informel et les migrants sont parmi les plus
vulnérables et les plus souffrants. Selon l’OIT70, près de 1,6 milliard de travailleuses et
travailleurs du secteur informel principalement dans le tourisme, sont touchés par la crise et
vivent des conditions inhumaines (nombre d’heures de travail, bas salaires, défaillance des
systèmes de protection sociale, inégalités de genre, etc.).

68 OMT, policy_brief_covid-19_and_transforming_tourism_french, Août 2020.


69 Note de synthèse, Micro et petites entreprises informelles face à la crise du COVID-19: répondre aux questions clés, OIT,
2020.
70 Observatoire de l’OIT: le COVID-19 et le monde du travail. Deuxième édition Estimations actualisées et analyses, 2020.

43
Les industries culturelles et créatives génèrent annuellement des recettes mondiales de 2250
milliards de dollars. Cependant, les répercussions de la cirse sur ces industries sont très lourds
car ce secteur a vécu la fermeture de plusieurs sites historiques et des musés dans 90 % des pays
et l’annulation des concerts, manifestations théâtrales et culturelles. Pour les pays sous-
développés, la crise a révélé les problèmes préexistants du secteur notamment en lien avec la
situation précaire des professionnels (artistes, travailleurs, etc.), les budgets très limités alloués
à ce secteur ainsi que le manque de cohérence avec les stratégies sectorielles dont le tourisme
et l’artisanat.
Cet argumentaire révèle que le double choc de l’offre et de la demande touristique avec une
chute soudaine et massive des arrivées touristiques et un arrêt total des activités de voyages.
L’évolution de la situation sanitaire et les limitations dans les déplacements continuent
d’entraver le redémarrage et la relance du secteur.
✓ Le Gouvernement italien a aidé les professionnels (hôtellerie, agences de voyage et
voyagistes, restaurants et établissements de restauration rapide, entre autres) en
approuvant la suspension du paiement des impôts, de la sécurité sociale et des
cotisations sociales et en étendant ces mesures aux entreprises culturelles.
✓ La Jamaïque à travers les partenaires multilatéraux et les institutions internationales a
mis des fonds à la disposition des PME pour la relance du tissu productif.
✓ Le Liban a autorisé les institutions économiques à prêter de l’argent sans intérêt
pendant cinq ans pour aider à payer les salaires.
✓ Les travailleurs, en Grèce, dont le contrat de travail est temporairement suspendu, ont
reçu une indemnisation et l’État a pris en charge leurs cotisations d’assurance sociale
et médicale.
✓ Au Gabon, les employés mis au chômage technique ont reçu une indemnité
représentant entre 50 et 70 % de leur salaire brut.
Encadré 3 : Exemples de mesures de soutien aux entreprises et à l’emploi71
Face à cela, les autorités nationales se sont mobilisées pour atténuer les répercussions de la crise
sur le secteur à travers, entre autres, la création des fonds d’affectation spéciale, fonds de
garantie des voyages, l’octroi de subventions ou de programmes de cofinancement des coûts en
cas de report ou d’annulation d’événements (Maroc, Espagne, Portugal, etc.).
La CNUCED72a classé le Maroc parmi les pays les plus touchés par la crise sanitaire en
occupant la 7ème place73 avec l’enregistrement d’une perte du PIB de 5%.

71 OMT, Policy_brief_covid-19_and_transforming_tourism_french, Août, 2020.


72https://unctad.org/en/PublicationsLibrary/ditcinf2020d3_en.pdf
73 par rapport au 65 pays objet de l’analyse ( échantillon représentatif de l’économie mondiale).

44
Graphique 4 : Impact de la crise Covid 19 sur le PIB en %
Source : CNUCED
En un laps de temps très réduit, la crise de la Covid-19 a largement amplifié les écarts
socioéconomiques et environnementaux déjà profonds entre les pays, les couches sociales et
les territoires. Cependant, cette situation pourra construire une opportunité et servir les
économies en souffrance, principalement celles qui s’appuient sur le tourisme, pour reprendre
d’une manière concertée et intégrée, se transformer correctement et devenir plus résilientes,
plus durables et plus inclusives en plaçant l’humain et ses droits fondamentaux au centre du
processus de changement.
La reprise incite les pouvoirs publics à lever les restrictions sur la mobilité des voyageurs en
concertation avec les professionnels du tourisme pour qu’ils appliquent des protocoles
sanitaires adaptés. Le deuxième objectif est de stimuler la demande en s’appuyant sur
l’utilisation du numérique et la promotion du tourisme interne. Le troisième objectif est
d’adapter les destinations aux changements en matière de sécurité sanitaire en encourageant
l’investissement et en repensant le secteur à travers la mise en œuvre de plusieurs actions
d’avenir qui appuient les grandes transformations du tourisme (le numérique et la durabilité).
La numérisation offre une meilleure occasion d’étendre les procédures opérationnelles qui
rendent les voyages plus sûrs et permettent l’atténuation de l’impact des nouveaux protocoles
sanitaires sur l’environnement en termes de production accrue de déchets (gans, bavettes etc.)
et de consommation d’eau et d’énergie.
La reprise du secteur pourra permettre l’amélioration de la compétitivité et le renforcement de
la résilience à travers l’adoption de nouvelles stratégies plus résistantes à la conjoncture
mondiale et l’investissement dans une infrastructure touristique (structures intelligentes,
économie circulaire, etc.) et de services de qualité. Également, il faut privilégier les emplois à
valeur ajoutée à travers l’investissement dans l’éducation et l’accompagnement, principalement
en faveur des femmes et des jeunes.
Pour mieux préparer l’avenir et relancer le tourisme, il faut établir des liens productifs entre le
secteur et les activités du transport, de la culture, de l’artisanat et du commerce en améliorant
la connectivité des transports et en renforçant les infrastructures durables. La diversification des

45
marchés (y compris le tourisme interne) et des produits et la gestion de la saisonnalité sont des
conditions nécessaires pour la relance du secteur.
Cependant, ces conditions sont nécessaires mais pas suffisantes. Il est primordial de cibler
l’amélioration de l’expérience du touriste à travers la proposition des offres axées plus sur la
culture, la nature, le patrimoine, l’aventure et les industries créatives et de renforcer la
compétitivité du tissu productif touristique en préconisant la transformation du secteur en
secteur formel et organisé74.
Les répercussions les plus profondes de la crise sur le tourisme, ont été enregistrées au niveau
des destinations les plus dépendantes des marchés internationaux, notamment les grandes villes
et les destinations populaires. Avec les mesures de distanciation sociale et les protocoles
sanitaires obligatoires partout et pour tous, les espaces ruraux et les arrière-pays peuvent
constituer dorénavant un avantage comparatif pour attirer davantage de touristes et améliorer
l’offre marketée.

74 OMT, Policy_brief_covid-19_and_transforming_tourism_french, Août, 2020.

46
Annexe 3 : La soutenabilité du tourisme marocain face à la crise sanitaire
Avec la crise Covid-19, les défaillances structurelles du modèle touristique marocain se sont
profondément alourdies. Le secteur connait un double choc de l’offre et de la demande avec à
la fois la chute soudaine et massive des arrivées touristiques et la fermeture des établissements
et des activités associées au tourisme. L’évolution de la situation sanitaire et les limitations dans
les déplacements continuent d’entraver le redémarrage de l’activité touristique.
– Arrivées Postes Frontières : 2,1 Millions à fin juillet soit -73% en comparaison avec 2019
– Nuitées EHTC : 4,9 Millions à fin juillet soit -65%
– Recettes Touristiques : 23,2 Mds DH à fin juin soit -29 %
– EHTC : 30% d’ouverture (1 215 établissements) au 17 juillet
Une enquête régulière (mensuelle puis trimestrielle, avec 8 vagues au total), réalisée auprès des
professionnels du tourisme et visant à suivre l’état du secteur compte tenu de la crise actuelle a été
lancée. Premiers résultats de l’enquête - Juillet 2020*
– Quelle que soit la ville ou la catégorie de professionnels, les sondés, à 63%, estiment avoir
perdu plus de 80% de chiffre d’affaires en 2020 par rapport à l’année 2019 ;
– Près de 80% des professionnels estiment une perte de plus de 90% du CA en juillet ;
– Les pertes les plus élevées sont relevées dans les villes de Fès et Meknès et par les guides et
transporteurs touristiques ;
– 75% des professionnels n’ont licencié aucun employé direct ;
– 57% des professionnels ont mis en arrêt d’activité plus de 90%
de l’effectif de leur personnel direct ;
– 6% d’entre eux n’ont eu aucun employé direct en arrêt ;
– 87% des professionnels ont bénéficié des indemnités CNSS ;
Source : Département du Tourisme
* Enquête menée entre le 30 juin et le 3 août, sur un panel de 400 entreprises/opérateurs
Encadré 4 : indicateurs liés à la COVID-19
Les mesures relatives au confinement ont impacté l’activité touristique ainsi que sa reprise.
Selon le HCP, l’un des principaux secteurs les plus touchés par cette crise sont l’hébergement
et la restauration avec 98% d’entreprises en arrêt75. Dans ce secteur d’activités, les entreprises
les plus organisées ont réduit leurs effectifs et sont toujours confrontées à des difficultés
financières. Les efforts déployés et la mobilisation du Comité de Veille Economique (CVE)
pour soutenir les entreprises touristiques ont été nombreux incluant des mesures de soutien de
la trésorerie des entreprises mises en place pour éviter les risques de faillite.

Figure 12 : mesures génériques ayant bénéficié aux entreprises touristiques (MTATAES)

75 La 2èmeenquête relative à l’impact de la COVID-19 sur l’activité des entreprises - juillet 2020 - menée par le HCP.

47
Des aides financières et avantages sociaux ont été octroyés au profit des affiliés à la CNSS avec
une indemnité mensuelle de 2000 dhs en plus du bénéfice des prestations de l’AMO et des
allocations familiales au profit des salariés en arrêt provisoire de travail, et relevant des
entreprises en difficulté.
Également, le report des échéances de crédit pour les employés du secteur y compris les crédits
de consommation jusqu'au 30 juin 2020 et l’octroi d’une aide de subsistance au profit des
employés opérant dans le secteur informel allant de 800 à 1200 dhs aux ménages (inscrits ou
non dans le Ramed) et qui n’ont plus de revenus du fait du confinement obligatoire.
Parallèlement, l’adoption de la loi 20.30 a été bénéfique pour les prestataires de services du
secteur touristique. Elle a permis à ces prestataires de rembourser les clients à travers une
reconnaissance de dette. L’objectif est de limiter les répercussions sur l’emploi.
Finalement, un contrat programme76, couvrant la période 2020-2022 visant à contractualiser les
engagements réciproques du secteur public et du secteur privé, a été signé le 6 août
conformément aux Hautes Orientations Royales à l’occasion du discours du trône du 29 Juillet
2020. Ce contrat opérationnalise le plan de relance du secteur mis en place et qui propose 21
mesures structurées autour de 5 axes.

Figure 13 : Plan de relance du secteur touristique (MTATAES)


Le plan de relance sectoriel proposé, à travers la stimulation de l’offre et de la demande, répond
à plusieurs objectifs dont les principaux peuvent être résumé comme suit :
– La préservation du tissu économique et de l’emploi ;
– L’atténuation de l’impact de la crise sanitaire, notamment sur la trésorerie des
entreprises et sur toute la chaîne de valeur touristique77 ;

76 Ce contrat-programme a été conclu entre l’Etat, représenté par le ministre de l’Economie, des Finances et de la Réforme de
l’Administration, la ministre du Tourisme, de l’Artisanat, du Transport Aérien et de l’Economie Sociale et le ministre du Travail
et de l’Insertion Professionnelle, et le secteur privé, représenté par le président du GPBM et le président de la Confédération
Nationale du Tourisme.
77 Selon le département du Tourisme, Plusieurs mesures sont en cours de déploiement :

48
– L’accélération de la phase de redémarrage en rétablissant la confiance des voyageurs et
en amorçant la reprise par le tourisme interne ;
– La capitalisation sur l’image positive du Maroc au niveau international dans sa gestion
de la crise sanitaire.
Axes et mesures du plan de relance du secteur du tourisme :
A. Préservation de l’emploi
– Mesures 1, 2 et 3 : Contingence
Prolongation des mesures sociales de contingence mises en place par le CVE, du 1er juillet au 31 décembre 2020 ;
– Mesure 4 : Couverture sociale
Déployer les meilleurs efforts pour assurer l’intégration de toutes les corporations du secteur touristique dans le régime de
couverture sociale.
B. Soutien économique et financier pour la relance
– Mesures 5, 6 et 7 : Financement bancaire
Prolonger le délai de remboursement du découvert obtenu dans le cadre du produit « Daman Oxygène » jusqu’au 31
Décembre 2021 et faire bénéficier le secteur touristique de trois nouveaux produits de garantie78.
– Mesure 8 : Créances clients
Veiller au respect de la mise en œuvre des engagements prévus par les dispositions de la loi 30-20 relatives aux contrats
de voyages et séjours touristiques.
– Mesure 9, 10 et 11 : Fiscalité
– Déployer les meilleurs efforts pour mettre en place un accord global pour le traitement des passifs fiscaux des opérateurs
touristiques.
– Déployer les meilleurs efforts pour accorder une amnistie sur la Taxe de Promotion Touristique pour 2020 et les années
précédentes.
– Refonte, simplification et amélioration du dispositif fiscal global lié au secteur du tourisme en concertation avec les
parties concernées.
C. Stimulation de l’investissement et transformation de l’outil de production
– Mesure 12 : Véhicule d’investissement dédié
Afin de préserver l’offre existante et relancer et soutenir la dynamique d’investissement touristique, les projets existants,
en cours et nouveaux bénéficieront de l’accompagnement d’un véhicule d’investissement dédié au secteur du tourisme.
– Mesure 13 : Compétitivité
Appui à la compétitivité et à la transformation des acteurs à travers le dispositif dédié «Inmaa Tourisme ».
D. Activation et renforcement de la demande touristique
– Mesure 14 : Permis sanitaire
Mise en place d’un permis sanitaire dédié aux opérateurs touristiques.
– Mesure 15 : Tourisme interne
Dynamiser le tourisme interne notamment à travers la promotion, la distribution et l’incitation au voyage et déployer les
meilleurs efforts pour la mise en place de chèques vacances et la régionalisation du calendrier des vacances scolaires.
– Mesure 16 : Commande publique
Stimuler la demande à travers la commande publique.
– Mesure 17 : Efforts de promotion
Renforcer les efforts de promotion de la destination Maroc à l’international à travers la consolidation des partenariats avec
les tours opérateurs et les compagnies aériennes.
E. Mesures transverses
– Mesure 18 : Formation
Mettre à niveau le dispositif de formation et de développement du capital humain pour permettre l’amélioration de
l’adéquation formation-emploi.

‒ La convention CNSS a été signée et les textes réglementaires publiés ;


‒ Les projets de textes législatifs et réglementaires pour la mise en place du Contrat Programme sont en cours de
finalisation ;
‒ Approbation par le conseil du gouvernement du décret permettant aux guides de tourisme de bénéficier de la
couverture sociale.
78 – Relance TPE : garantie de l’Etat à hauteur de 95% pour les crédits de relance de l’activité, accordés aux entreprises dont
le chiffre d’affaires est inférieur à 10 MDH ;
– Damane Relance : garantie de l’Etat variant entre 80% et 90% en fonction de la taille de l’entreprise, accordée aux
entreprises ayant un chiffre d’affaires supérieur ou égal à 10 MDH ;
– Damane Relance hôtellerie : garantie de l’État variant entre 80% et 90% en fonction de la taille de l’entreprise, accordée
aux entreprises d’hébergement touristique classées. Cette garantie pourrait être portée à 95% pour les entreprises dont le
chiffre d’affaires dépasse 100 MDH.
– Mise en place d’un moratoire pour le remboursement des échéances des crédits bancaires et pour le remboursement des
échéances des leasings jusqu’au 31 décembre 2020 pour les entreprises touristiques et leurs employés.

49
– Mesure 19 : Gouvernance
Mettre en place un dispositif de gouvernance et des outils de pilotage adaptés en partenariat avec les professionnels du
secteur et les différents partenaires institutionnels.
– Mesure 20 : Cadre juridique
Accélérer le déploiement des réformes et moderniser le cadre juridique et normatif (hôtellerie, agences de voyage et
guides).
– Mesure 21 : Transformation digitale
Favoriser la transformation digitale du secteur touristique.
Encadré 5 : mesures prévues au niveau du contrat programme 2020-2022
En contrepartie, les opérateurs touristiques se sont engagés à préserver 80% des emplois sur la
période couverte par le contrat et mettre à niveau les conditions sanitaires sur toute la chaîne de
valeur touristique. Ils proposent de renforcer la compétitivité, notamment pour le marché
national et de se focaliser sur l’accélération de la digitalisation des processus à travers la
mobilisation des fonds adéquats et la formation continue du personnel.
La crise actuelle a certes amplifié la fragilité du secteur touristique qui se trouve déjà handicapé
par de multiples contraintes structurelles freinant son développement. Par ailleurs, la
prédominance de l’informel, à l’instar des autres secteurs économiques, qui fournit, en toute
illégalité, des prestations et services concernant l’hébergement, le transport, la restauration, les
circuits, etc., entrave l’action des pouvoirs publics pour la restructuration du secteur limitant
ainsi la relance rapide du secteur malgré les efforts fournis.

50
Annexe 4: Le benchmark international : S’inspirer des bonnes pratiques
Après avoir subi des dégâts considérables à la suite des crises économiques, sanitaires et des
risques sécuritaires et du manque de performance des stratégies nationales mises en place durant
plusieurs décennies, la remise en marche de l’industrie touristique au Maroc pourra s’appuyer
sur la mise en place des mesures et conditions de sa Relance (à Court terme), le renforcement
de sa Résilience (à moyen terme) et de son Repositionnement stratégique (à long terme).
Au Maroc, l’articulation de la politique touristique avec plusieurs secteurs socio-économique
et la transversalité des métiers (transport, infrastructure, technologie, formation, restauration,
etc.) qui composent le tourisme dans le domaine économique et environnemental devrait
conférer au tourisme une position centrale dans le nouveau modèle de développement.
D’abord parce que le tourisme a le potentiel de contribuer grandement à la mise en œuvre de la
stratégie du NMD en raison de son apport dans la création d’emploi, la réduction de la pauvreté,
l’essor technologique, la valorisation et l’entretien du patrimoine culturel et la promotion de
développement des régions du Maroc. Le tourisme a aussi le potentiel de contribuer au bien-
être des populations locales qui présentent actuellement une opportunité pour relancer le secteur
face à la crise de la Covid-19.
Le secteur touristique est également bien positionné pour contribuer au développement des
grandes stratégies nationales notamment pour améliorer l’intégration régionale du Maroc à
l’échelle africaine et en méditerranée en raison de son rôle dans le renforcement de la
coopération et la création des chaînes de valeur. Ensuite, en s’alignant sur le chantier de la
régionalisation avancée, il faut faire des régions des pôles touristiques diversifiés et compétitifs
adaptés à leurs spécificités sociales, culturelles, environnementales et économiques.
Le tourisme est une industrie dont les performances sont souvent liées au niveau de
développement et sur un ensemble de critères (IDH, niveau de développement industriel,
sécurité, infrastructures, atouts naturels préservés et atouts patrimoniaux mis en valeur. Il
constitue une opportunité de transmission de la richesse et de création d’emploi pour
l’économie et les populations locales et les générations futures). L’ouverture sur les premières
pistes de solutions liées à la résilience du secteur du tourisme s’accompagne d’une ouverture
sur les meilleurs pratiques à l’international à travers une démarche de benchmark permettant de
tirer les enseignements appropriés au modèle national.
En comparaison avec le tourisme marocain, les différentes expériences analysées émanent des
pays qui ont fait du patrimoine immatériel et de l’identité leur priorité stratégique. Ces
expériences proposent une immersion expérientielle naturelle, humaine et culturelle et les pays
ont fait de leur balnéaire un produit complémentaire de niche et non un positionnement
dominant. Leur capacite d’attraction génère une durée moyenne de séjour (DMS) supérieure à
7 jours et une recette unitaire largement supérieur à la moyenne mondiale (soit $900 par séjour
contre $ 620 pour le Maroc).
En résumé, le choix des critères du benchmark s’est basé sur trois éléments résultant de
l’analyse des principales défaillances du secteur du tourisme marocain notamment : (a) la
défaillance du système de gouvernance et de pilotage ; (b) le problème de résilience et (c)
l’adaptation avec les nouvelles tendances mondiales (digitalisation, durabilité et sécurité
sanitaire) et la promotion touristique inadaptée et démodée.
1. L’appui au leadership et à la gouvernance intégrée
La gouvernance du secteur du tourisme implique la mise en place d’un dispositif de
coordination horizontale entre le secteur public, le secteur privé et la société civile et doit

51
également être coordonnée à l’échelle verticale en engageant les régions et les collectivités
territoriales.
L’importance du tourisme dans l’économie et la complexité du secteur ont poussé les pouvoirs
publics à adopter des approches diverses pour assurer sa gouvernance. A l’échelle nationale, la
gestion de la politique touristique est assurée par une administration publique qui se charge de
sa mise en place, son exécution ainsi que la coordination des différentes activités connexes du
secteur avec les principaux intervenants (OCDE, 2020). Généralement, la promotion touristique
des pays à l’échelle internationale est assurée par les offices nationaux du tourisme (Canada,
Egypte et Tunisie).
Dans plusieurs pays, le tourisme fait partie du portefeuille de l’économie (Portugal), des
Affaires étrangères (Allemagne, Australie) ou à la fois des deux Ministères (France). Le secteur
est considéré très prioritaire dans plusieurs pays qui justifient son appartenance à un ministère
à part entière (Grèce).
Le secteur, vu sa transversalité, est rattaché à d’autres secteurs importants pour sa promotion
tels que le secteur de la Culture (Italie, Royaume Uni et Turquie), les Transports (Japan),
l’innovation (Islande), l’agriculture (Autriche), la durabilité (Espagne), le sport (Pologne) et le
développement régional et territorial (Belgique, République tchèque) 79.
A l’échelle régionale, la nécessité d’une approche intégrée du tourisme émanant des territoires
impose aux instances locales, une gestion du secteur à la fois stratégique et opérationnelle qui
demande beaucoup de technicité. Outre le diagnostic sectoriel incluant les besoins et les
ressources spécifiques de chaque territoire, l’élaboration des plans régionaux, l’exécution de la
politique publique du tourisme à l’échelle territoriale et le développement du produit touristique
et de sa qualité, les régions peuvent également intervenir dans la promotion interne et parfois
internationale de l’offre touristique (Belgique).
Dans plusieurs pays, les organismes locaux et régionaux de gestion des destinations sont
chargés du développement et de la promotion des produits touristiques. En France par exemple,
les OGD sont amenés (a) à penser des stratégies qui visent la compétitivité de leur territoire en
s’appuyant sur les opérateurs touristiques (hôtels, gestionnaires de sites...) et (b) à
commercialiser les produits issus de leur territoire 80. Par exemple, en République slovaque, sept
organismes régionaux et 37 entités locales sont créés depuis 2010 et cofinancés par l’État. Ils
ont pour rôle la commercialisation, la promotion et le développement des produits et
infrastructures touristiques afin d’intégrer les activités locales dans l’offre touristique du pays.
La coordination est le maillon le plus important et décisif dans l’élaboration d’une politique du
tourisme efficace et cohérente. Pour la gouvernance d’un secteur à multiniveau et multi-acteurs
comme le tourisme, un grand nombre de pays ont mis en place des mécanismes de
coordination81 :
- La signature des accords bilatéraux entre le ministère chargé du tourisme et d’autres
ministères (Grèce) ;
- La mise en place des commissions interministérielles servant d’articulation entre les
politiques nationales (Finlande) ;

79Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE, 2012, 2018, 2019 et 2020.


80Laurent Botti, Jean-Luc Boulin, Esteban Castaner, Nicolas Marty and Nicolas Peypoch, « Performance des organismes de
gestion de destination (OGD) : une approche par l’efficience appliquée aux offices de tourisme du Sud-Ouest de la
France », Sud-Ouest européen, 39 | 2015, 45-54.
81Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE, 2018, 2019 et 2020.

52
- et la promotion des dispositifs verticaux visant la territorialisation des politiques
nationales à l’échelon régional (Allemagne).
D’autres moyens ont été ont permis à par plusieurs pays d’améliorer les mesures de
coordination des activités touristiques. D’une part le transfert des dotations budgétaires aux
ministères concernés par la thématique (Japan) et d’autres part la mise en place des incitations
financières visant la réorganisation des offices du tourisme régionaux (Croatie). Ces mesures
sont soutenues par la création de comités consultatifs à l’échelle nationale qui permettent aux
décideurs de se concerter avec les forces vives de la société civile et de débattre les principales
problématiques du secteur (France, Suède).
2. L’élaboration des stratégies touristiques adaptées aux tendances mondiales
Les stratégies touristiques s’étalent en moyenne sur cinq à 10 ans et s’orientent de plus en plus
vers la transformation numérique, l’innovation et la durabilité. La France, par exemple, a mis
en place une plateforme nationale DATA-tourisme construite en partenariat avec les réseaux
des offices de tourisme et des comités régionaux du tourisme. Ce dispositif vise à faciliter
l’accès du public à l’information touristique.
La plateforme diffuse des données territoriales actualisées et d’une manière instantanée
concernant les événements culturels (concert, exposition, festival…), sociaux (carnaval, fête
traditionnelle…), commerciaux (marché, foire, restaurants, hébergements …), sportifs
(compétitions, démonstrations…), des sites naturels, du transport (parking, gare, station de
transport en commun…), des services pratiques (bornes de service pour camping-car, loueurs
de vélo, …), des produits et activités touristiques et des itinéraires proposées par les
destinations (circuits, parcours composés de plusieurs étapes) 82.
En Finlande, l’organisme de promotion de la ville d’Helsinki a développé, principalement
durant la période du confinement, une modélisation 3D permettant aux e-touristes de visiter la
ville à l’aide d’une vidéo ou d’un casque de réalité virtuelle en créant des avatars leur permettant
de se déplacer dans toute la destination 83.
En Belgique, FunPass-Belgium, une société privée, a digitalisé gratuitement l’offre touristique
nationale et a proposé aux acteurs locaux plus de visibilité en ligne en échange d’avantages
octroyés à leurs clients. Les touristes pourront profiter de centaines de réductions dans toutes
les destinations à travers des Pass qui leur sont octroyés. A titre d’exemple, ils peuvent visiter
un parc naturel en bénéficiant de réduction de 30% sur le prix d’entrée (le touriste peut être
accompagné de 4 membres de sa famille).

La région Wallonne a décidé d’accélérer la numérisation de l’industrie touristique locale et a


mis en place un outil Régional de Commercialisation de Wallonie Belgique Tourisme 84. Cet
outil vise à faciliter la connexion des activités touristiques offertes par la destination et l’offre
des services (hébergements, transports, restauration). En plus il répond aux contraintes de
distanciation imposées par la crise sanitaire actuelle vu que les touristes ne peuvent plus se
rendre sur un site touristique sans réservation préalable.
Au Canada, la région du Québec a décidé de numériser le secteur touristique et d’injecter des
fonds au profit des entreprises désirant d’être accompagnées pour numériser leur offre : 34%
des entreprises locales ont créé leur site internet pour réduire leur dépendance des grandes

82https://info.datatourisme.gouv.fr/
83https://www.tictactrip.eu/blog/le-numerique-dans-le-tourisme-pour-surpasser-la-crise-du-covid-19/
84 Ibidem.

53
plateformes de réservation et s’adapter aux effets de la crise sanitaire à travers l’installation de
technologies conforme aux mesures de la sécurité et de la distanciation sociale 85.
En Espagne, le projet des destinations intelligentes qui fait appel aux technologies de pointe
pour encourager l’innovation, la viabilité écologique et la compétitivité à l’échelon local grâce
au développement et au déploiement des TIC, a pour objectif de créer des destinations
différenciés et des produits touristiques très compétitifs.
Pour s’aligner avec cette démarche innovante, une agence publique ad-hoc a été créée visant le
soutien du secteur privé pour être plus compétitif et durable et impliquant la mise en place de
nouveaux canaux de promotion et de développement des destinations intelligentes. La priorité
est donnée à la digitalisation du secteur «smart tourisme», avec comme slogan « innover ou
disparaître »86.
Pour l’objectif de la durabilité, le benchmark permet d’identifier plusieurs expériences
internationales qui se focalisent sur la réalisation des ODD en adéquation avec les orientations
de l’OMT. En Norvège, il a été décidé d’utiliser les mécanismes de certification touristique
pour atteindre ces Objectifs de Développement Durable à travers le label Sustainable
Destination d’Innovation Norway. Il existe actuellement 16 destinations certifiées durables et
qui sont commercialisées comme des expériences touristiques préservant les populations
locales et le patrimoine culturel87.
La Nouvelle-Zélande, a mis en place une nouvelle taxe de séjour imposée aux visiteurs
internationaux pour financer les mesures d’atténuation des effets du tourisme à l’échelon des
destinations. Au Costa Rica, l’Indice de progrès social offre un système d’indicateurs adaptable
à la situation de chaque destination. Cet indice est axé sur le bien-être des populations locales
et aide à déterminer les mesures nécessaires pour veiller à ce que le tourisme soit une force
positive du développement durable (respect de l’environnement, croissance économique et
développement humain)88.

3. L’orientation vers la demande pour la promotion touristique


La promotion des destinations touristiques s’appuie sur la diversification des produits proposés
(durabilité, innovation et numérisation) et la maîtrise des facteurs qui influencent l’offre (nature
du produit, accès, originalité, etc.) et la demande (saisonnalité, prix, qualification du personnel,
etc.). Ainsi, une destination est performante lorsqu’elle arrive à maintenir sa part de marché et
à utiliser, d’une manière optimale, ses capacités.
Par exemple, la performance des destinations alpines est certes conditionnée par des atouts
naturels figés mais aussi par l'évolution de la demande internationale, le taux d'occupation et
les prix des hôtels. Dans le TOP 1589 des stations alpines disposant du meilleur choix de pistes,
il y’a 5 destinations suisses (Chablais-Portes du Soleil, Sion-Région, Verbier, Engadin St.
Moritz et Davos Klosters).

85 Selon un sondage réalisé par la Chaire de tourisme Transat, en collaboration avec le Ministère du Tourisme et l’Alliance de
l’industrie touristique du Québec : https://veilletourisme.ca/2020/06/16/numerique-accelerateur-industrie-touristique/
86www.segittur.es/en/inicio/index.html
87 Cet outil compte 45 critères et 108 indicateurs qui doivent être mesurés, enregistrés et suivis (renouvellement de la marque
tous les trois ans).
88 Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE, 2020.
89Dans le cadre du «Programme de benchmarking international pour le tourisme suisse», BAK Economics analyse
régulièrement la performance de 145 destinations touristiques alpines européennes. Le «BAK TOPINDEX» constitue l'outil
permettant de mesurer la performance des destinations et de les comparer à leurs concurrentes internationales. Il s'agit d'un
paramètre intégrant l’évolution de la demande, le taux d'occupation et le rendement.

54
Tableau 3 : le Palmarès des 15 destinations alpines
D’après les chiffres présenté au niveau du tableau ci-dessus, la destination autrichienne
Kaiserwinkl a enregistré la plus grande performance en passant de la 47 ème en 2007 au 9ème
rang en 2018. Ce résultat s’explique par la réalisation du meilleur taux d’occupation.
Également, la destination italienne Rovereto est remontée de la 68ème place en 2007 à la 22ème
place en 2018. Le principal facteur de réussite de cette destination est la coopération à travers
les échanges soutenus entre tous les acteurs et la mise en œuvre des innovations tout au long de
la chaîne de valeur. Le deuxième facteur est l’existence d’un leadership fort qui arrive à assurer
la coordination entre les différentes activités pour mieux promouvoir la destination 90.

La diversification dans des produits moins saisonniers, tels que la santé, le tourisme sportif et
le bien-être, ou encore les produits de luxe, est une autre stratégie adoptée pour combler les
saisons creuses.
En Australie, la diversification de l’offre touristique est l’une des priorité de la nouvelle
stratégie Tourism 2030 à travers le ciblage du tourisme rural. L’objectif de cette stratégie est
d’encourager les touristes à visiter les régions les moins connues pour soutenir les populations
locales et développer le secteur.
Dans le même sens, le Brésil a développé 30 itinéraires touristiques stratégiques couvrant 158
communes qui vise à promouvoir les atouts locaux (produits de l’artisanat et de terroirs, la
culture, la cuisine etc.) et à les intégrer dans l’offre touristique nationale 91.
Dans un autre registre, la réglementation liée à l’hébergement et la location constitue l’un des
facteurs de blocage de la promotion des projets touristiques. Les effets sont manifestes à la fois
sur le marché du logement interne dont les prix augmentent et sur la qualité de vie de la
population locale.
Le Japon par exemple, a institutionnalisé la loi sur les entreprises privées d’hébergement qui
est entrée en vigueur en 2018. Elle définit les règles s’appliquant aux particuliers et aux
personnes morales s’occupant de location touristique à courte durée ainsi qu’aux autorités

90
BAC, Benchmarking du tourisme - Le secteur Suisse du tourisme en comparaison internationale, Rapport de synthèse
du «Programme de benchmarking international du tourisme suisse : étape de projet 2016-2017», 2018.
91 Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE, 2020.

55
nationales et régionales 92. En Afrique du Sud, l’État a lancé une consultation sur un
amendement au Tourism Act93 pour remédier aux effets de l’économie collaborative.
Le Danemark en signant un accord de partage de données avec Airbnb (2016), a constaté une
croissance de 43 % en trois ans grâce à l’estimation des nuitées réservées sur les plateformes
de l’économie collaborative (OCDE, tendances 2020). Le Pays a décidé d’inclure ces données
au niveau de son compte satellite du tourisme.
D’autre facteurs influencent la promotion touristique des destinations. L’accès à l’espace aérien
international est fondamental pour la réussite d’une stratégie touristique principalement pour
les îles. À Malte, depuis 2006, le nombre de vols directs est passé de 45 à 110 vols par an. Ce
qui a augmenté le nombre de touristes à 2.6 millions en 2018 contre 1.3 million en 2010 94. En
outre, l’accès à internet est très important pour accroître la connectivité des destinations, en
particulier pour les territoires ruraux et les zones montagneuses.
Pour les Seychelles, la promotion touristique dépend de la mise en place des stratégies
différenciées en matière de loisirs et de tourisme sportif et de nature. Les acteurs locaux se sont
organisés pour développer des produits très compétitifs (activités de surf, plongée
subaquatique) et s’orienter vers un positionnement plus touristique avec le soutien
d’événements tels que le Subios et le festival de la mer des Seychelles. Il faut mentionner que
la fondation du tourisme des Seychelles s’est basée sur le produit « sport-nature » comme
vecteur fort de communication et de structuration de l’image du pays vis-à-vis de l’extérieur95.

Enfin, la Thaïlande et la Turquie présentent les meilleurs illustrations en matière de


diversification de l’offre touristique nationale et locale et de promotion des produits spécifiques
émanant de la culture, de l’histoire et des ressources propres à chaque destination.
La Thaïlande offre une gamme presque infinie d'activités et de produits d'aventure (Randonnée
à pied, à dos d'éléphant, en VTT, trekking dans la jungle, rafting, observation des oiseaux,
escalade, safari animalier etc.). C’est une destination plongée sous-marine de référence dans le
monde notamment à travers la région de Phuket (côte ouest de novembre à mai) et de Koh Tao
(côte est de juin à octobre) qui sont compté parmi les 10 principales destinations mondiales
dans ce domaine. La promotion de cette destination s’appuie sur le marketing d’une image qui
s’appuie sur un positionnement balnéaire, une culture asiatique spécifique, une gastronomie de
réputation mondiale en plus d’un artisanat ancestrale 96.
La Turquie dispose d'un patrimoine archéologique et culturel considérable. La stratégie de
commercialisation de cette destination mise sur la diversité des produits du pays et sur ce qui
attire les touristes en dehors du tourisme balnéaire (tourisme médical, le tourisme hivernal, le
tourisme autour du golf, le tourisme culturel, les croisières et les conférences), en cherchant à
répartir les voyages sur toute l’année et sur toutes les régions de manière équilibrée 97.

92https://www.nippon.com/fr/currents/d00417/
93 https://www.gov.za/documents/tourism-act-0
94Tendances et politiques du tourisme de l’OCDE, 2020.
95
Olivier Naria et Kenneth Sherwin M.D, Tourism, Nature Sports and SustainableDevelopment in tropical Islands of
Seychelles, Études caribéennes, 2011.
96http://www.onparou.com/Voyages-Thailande/25/loisirs-interets-touristiques.php
97https://whc.unesco.org/fr/etatsparties/tr/

56
En Islande, l’amélioration des compétences, de la qualité et du professionnalisme de la main
d’œuvre dans le secteur touristique constitue une priorité stratégique. En 2017, l’État a créé
le Centre islandais de compétences pour le tourisme, dont les missions visent à (1) coopérer
avec le système scolaire afin de mieux adapter les programmes d’enseignement courants et
futurs aux besoins du secteur privé et (2) accroître la formation dans les entreprises
touristiques et (3) mesurer les résultats de la formation sur la performance opérationnelle de
l’entreprise. En 2018, 40 conventions de formation ont concerné plus de 70 entreprises et
plus de 2 000 employés.
(www.haefni.is)
4. Les principaux enseignements pour le Maroc
L’amélioration de l’image du Maroc à travers la commercialisation de produits spécifiques
diversifiés et animés et l’appui à l’essor de destinations originales résilientes et bien équipées
et connectées au monde est l’un des principaux enseignements à retenir. L’objectif est
d’augmenter la Durée Moyenne de Séjour (DMS) moyenne de ces destinations, la création de
l’emploi durable, la préservation de l’environnement, la réduction des inégalités sociales et
territoriales et l’inclusion de la population locale dans le dispositif (jeunes, femmes, personnes
à besoins spécifiques, etc.) à travers :
- La gouvernance : Passer à une ambition intégrée basée sur la codécision et la coresponsabilité
de l’ensemble des acteurs nationaux et locaux (tissu productif et société civile) et intégrant
l’approche droits humains, l’approche genre et l’approche participative ;

- Les tendances mondiales : Se focaliser sur la demande en proposant des produits spécifiques
et ancrées à l’échelle territoriale en incluant la digitalisation et les objectifs de la durabilité ;
- La promotion touristique : la mise en tourisme doit découler d’une logique purement
touristique, concentrée sur l’expérience des clients et s’appuyer sur l’optimisation de
l’équation capacité litière, DMS, canaux de communication, moyens mobilisés pour la
promotion et stratégie de l’aérien à mettre en place (nombre de sièges).

57
Annexe 5 : Le projet de programmation des ateliers et auditions

Programmation
- MTATAES : Mardi 24 Novembre 2020 à 10h
Institutionnels - CNT : Lundi 30 Novembre à 12h
- ONMT : Lundi 19 Octobre
Ateliers thématique
1. Gouvernance et régionalisation Lundi 20 Juillet 2020 à 10h
2. Investissement et financement Lundi 14 Septembre 2020 à 10h
3. Promotion / Aérien / Défi de la
Lundi 21 Septembre 2020 à 10h
Digitalisation
4. Formation / Capital Humain Lundi 05 Octobre 2020 à 10h
5. Durabilité Lundi 12 Octobre 2020 à 10h
Auditions des experts
Mr Othmane Sherif ALAMI Lundi 24 Août 2020 à 10h
Mr Samir SAHRAOUI Lundi 31 Août 2020 à 10h
Mr Amyn ALAMI Lundi 07 Septembre 2020 à 10h
Mr Omar KEBBAJ Hyatt Lundi 21 Septembre 2020 à 10h
Mr Hassan BELKHYAT
Mr Montai Jeudi 19 Novembre 2020 à 12h

58
Annexe 6 : Liste des membres de la commission chargée des affaires économiques et des
projets stratégiques
ABBOUH Ahmed
AGUIZOUL Tarik
ALAOUI Mohammed
AZBANE BELKADY Khalida
BELARBI Larbi
BEN SEDDIK Fouad
BENLARBI Allal
BENSALAH CHAQROUN Meriem
BENWAKRIM Latifa
FIKRAT Mohammed
FOUTAT Abdelkarim
MOUNIR ALAOUI Amine
DEGUIG Abdallah
KETTANI Mouncef
GHANNAM Ali
LAHLIMI ALAMI Ahmed
MKIKA Karima
MOSTAGHFIR Mohamed
NAJI Hakima
OUAYACH Ahmed
RACHDI MOHAMMED Bachir
SIJILMASSI Tariq
SIMOU Najat
ZIANI Moncef
BERRADA SOUNNI Amine
BOUJENDAR Lotfi

Annexe 7 : Experts permanents ayant accompagné la commission


Experts permanents au Conseil DOUKKALI Yasmina
EL AYOUBI Hachim
Traducteurs LASSAOUI Brahim
ENNAHHAL Mustapha

59

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