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Fondement de la

morale
(Schopenhauer)

Le Fondement de la morale (Über die


Grundlage der Moral en allemand) est un
essai d'Arthur Schopenhauer publié en
1840, en réponse à la question d'une
société savante, puis regroupé avec son
autre essai Essai sur le libre arbitre sous
le titre Les deux problèmes fondamentaux
de l'éthique.
Arthur Schopenhauer

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(octobre 2018).

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Schopenhauer y critique
considérablement l'approche kantienne
des Fondements de la métaphysique des
mœurs et il insiste sur la racine "sensible"
et "affective" du comportement moral
humain : la compassion ou pitié (mitleid
en allemand). Il s'inscrit ainsi dans la
continuité du Discours sur l'origine et les
fondements de l'inégalité parmi les
hommes de Jean-Jacques Rousseau.

Critique du fondement de la
morale chez Kant
Vue d’ensemble du sujet

Selon Schopenhauer, Kant a eu


l'indéniable mérite de "purifier" la morale
de l’eudémonisme des Anciens pour la
majorité desquels la vertu s’identifie
presque toujours à la félicité.

Cependant, pour Schopenhauer, la


philosophie morale de Platon était déjà
une exception notable à cette "morale
des anciens" car son éthique est
"désintéressée" et "ascétique" ; c'est
d'ailleurs aussi pourquoi, elle tourne,
quelquefois, au "mysticisme".

Mais, en général, la vertu est, pour "les


anciens" - comme d'ailleurs aussi pour
"les modernes"- très et surtout trop
souvent appréhendée comme étant
davantage un "moyen" qu'une "fin" (et il
en est de la "vertu" chez les anciens
comme il en est souvent du "salut" pour
les modernes) et c'est pourquoi, selon
Schopenhauer, cette "morale" demeure
encore relativement "insuffisante".

Les fondements de la métaphysique des


mœurs constituent la "base" de la
philosophie morale d'Emmanuel Kant et
la Critique de la raison pratique n’y ajoute
que la conception du rapport entre la
liberté et la nécessité. Selon
Schopenhauer, la forme impérative et
surtout, "a priori" de la morale kantienne
est encore très clairement trop inspirée
du décalogue et, plus précisément,
encore bien trop dépendante de la
croyance en une "divinité transcendante".

Et Schopenhauer conteste aussi le


"légalisme" que prend la réflexion
kantienne sur la morale. Selon
Schopenhauer, Kant admet sans
démonstration mais surtout, par pur
"préjugé", l’existence immanente de "lois
morales" a priori. Ainsi, l'"impératif
catégorique", en apparence si
inconditionné, finit en réalité par reposer
sur une "redéfinition" du "souverain bien"
(une forme laïcisée de "salut moral") où
celui-ci n'est en réalité envisagé que
comme une hypothétique "récompense"
(dans la Critique de la raison pratique) et
ce "souverain bien" est appuyé surtout
sur le postulat qu'il doit y avoir une
"nécessité morale" compatible avec la
"nécessité physique". Plus généralement,
selon Schopenhauer, toute morale, basée
sur le devoir, envisagé comme principe,
en arrive inévitablement à présupposer
un "principe" transcendant non fondé (au
sens de non justifié et, peut-être même,
inévitablement "injustifiable"), car une
telle morale "déontologique" ne peut rien
"faire" d'autre que de déplacer
(indéfiniment ?) la question du
fondement.
Selon Schopenhauer, l’hypothèse d’une
volonté extérieure et étrangère et surtout,
"transcendant" toute détermination
sensible et empirique (par exemple: "une
volonté divine" ou "une volonté
autonome") dictant les devoirs ne devrait
pas du tout avoir sa place dans une
"philosophie morale". De plus, les notions
de "devoir inconditionnel" ou de "devoir
absolu" sont des "contradictions in
adjecto".

Des prétendus devoirs envers nous-


mêmes

"Ce que je fais est toujours ce à quoi je


consens" : de cette affirmation,
Schopenhauer conclut qu'il n’y a pas
véritablement d’injustice envers soi-
même, ni aussi de devoir ou d'obligation
morale de charité envers soi-même parce
que celle-ci est "naturelle" au sens de
"spontanée" et même d'"instinctive" ou
elle n'est pas. Il n’y a donc pas de devoirs
envers nous-mêmes. La morale est donc
une conception et surtout, une pratique
variable qui découle de la culture
particulière (et surtout de l'éducation)
d'un individu.

De la critique du fondement de la
morale chez Kant
Pour Schopenhauer, la distinction entre
l’a priori et l’a posteriori dans la
connaissance est très féconde. Il n'y a
donc rien de surprenant à ce que Kant
cherche à l’appliquer, abusivement
cependant, partout.

Mais, pour Schopenhauer, "l’impératif


catégorique" n'est qu'une coquille sans
noyau : il ne repose sur rien d’empirique,
et il ne repose pas non plus sur
"l'essence véritable" de l’homme que
seules la méditation et la contemplation
métaphysique peuvent nous faire "saisir"
intuitivement. De plus, la "raison pure
pratique" n’est pas comprise, par Kant,
comme étant seulement l'intellect de
l’homme : selon Schopenhauer, cette
raison pratique est malencontreusement
"hypostasiée" par Kant comme une
faculté "universelle", présente en tous les
« êtres raisonnables ». Or, cette raison
"pure pratique" ne nous est effectivement
"connue" que chez l’homme et elle est
sous la dépendance, peut-être, de
"qualités psychologiques" qui sont « non
raisonnables » comme pourrait tendre à
nous le faire penser "l'instinct ouvrier"
que l'on peut, lui, observer, chez de très
nombreux animaux.

Ces mêmes "hypostases" que Kant a


dénoncées dans la critique de la raison
pure, Schopenhauer remarque que Kant
les utilise en les réhabilitant dans la
morale après les avoir rendu
judicieusement illégitimes dans sa
"critique de la métaphysique" contenue
dans sa théorie de la connaissance.

De plus, dans la Critique de la raison


pure, Kant a aussi limité la portée de
l'usage des "concepts purs de
l’entendement" à la connaissance des
phénomènes, alors qu’il les utilise pour
sa "philosophie morale" après les avoir,
très malencontreusement, rebaptisés
des Idées.

Sa prétendue "loi morale" devrait donc


être une simple forme des "phénomènes
de jugements moraux", alors qu’au
contraire, selon Kant, cette supposée "loi
morale", qui se "phénoménalise" à la
conscience morale comme un impératif
catégorique, l'autorise à mettre en
relation la morale avec la chose en soi
(c'est-à-dire la "Volonté" telle que la
conçoit Schopenhauer) mais aussi le
"caractère intelligible" qui, pour
Schopenhauer comme pour Kant avant
lui, est ce qui permet de construire une
certaine intelligibilité du caractère acquis
et empirique des personnes.

Il est important de signaler ici qu'en


écrivant "le fondement de la morale" en
réponse à un concours, Schopenhauer
s'est efforcé de traiter ce problème sans
trop faire appel aux concepts
fondamentaux de sa propre philosophie,
mais pourtant ces concepts sont
présents "en creux" dans cet ouvrage. Et
pour bien comprendre le propos
essentiel de Schopenhauer, il faut bien
être conscient qu'ils ne peuvent pas être
complètement ignorés par le lecteur.

Pour Kant, n’est moral que l’acte


commandé par le devoir; or,
Schopenhauer, parce qu'il considère
comme "chimérique" (on pourrait dire
"délirant d'idéalisme") l'idée que la
volonté pourrait être autonome en ne se
fondant pas sur un mobile et un motif
déterminant qui s'enracine dans la
sensibilité, est amené à considérer
qu'agir par devoir, c'est en réalité agir par
pure "contrainte" et donc, il en conclut
que la morale du devoir est,
inévitablement, une "morale d’esclave"
contraire non seulement à toute
"l'éthique chrétienne" mais aussi, à toute
"éthique proprement humaine" car, selon
Schopenhauer, un individu n'est
véritablement humain qu'en faisant
l'effort (probablement "vain et inutile" :
c'est là un signe du pessimisme de
Schopenhauer) d'affranchir son intellect
du service des impulsions de son
"vouloir-vivre".
Et c'est là, la raison principale pour
laquelle, malgré ses réserves
considérables envers la conception
kantienne de "la moralité", Schopenhauer
reste d'accord avec lui sur un point
précis : entre humains, on doit toujours
davantage "juger" autrui sur ses
intentions plutôt que sur les résultats ou
sur les effets "contingents" de ses
actions et c'est aussi là une des raisons
pour lesquelles la compassion prend
dans son éthique - éthique qui ne se veut
pas "normative" mais seulement
"descriptive"- néanmoins un caractère
relativement "impératif". Donc si on
reprend la distinction fréquente
aujourd'hui entre "morale déontologique"
et "morale conséquentialiste" bien que la
conception de la morale défendue par
Schopenhauer ne soit pas une morale du
"devoir-être" (donc déontologique) elle
est encore moins du deuxième type
mentionné, puisque, selon lui, une morale
d'un tel type ne pourrait être qualifiée que
de "morale immorale".

La compassion n'est pas tant, pour


Schopenhauer, une vertu que l'on doit
pratiquer d'abord dans nos actions
qu'une "attention sensible" que l'on doit
témoigner envers autrui et il appuie cette
idée sur la thèse que nos actions sont
moins les conséquences de ce que nous
sommes libres de décider que de ce que
nous sommes essentiellement et
volontairement, sans l'avoir choisi, alors
qu'au contraire, même si nous ne
sommes pas totalement libres de "juger"
ou d'évaluer autrui en faisant abstraction
de nos propres intérêts et passions, il
nous est moins difficile et
"insurmontable" de le "juger" avec une
certaine "aménité" et une certaine
"bienveillance", car la compassion (assez
malheureusement traduite par "pitié"[1])
est une forme spécifiquement humaine
d’empathie qui nous relie et nous unit à
tous les êtres humains mais aussi aux
étants sensibles de la nature.
Par contre, pour Schopenhauer, le
respect -qui pour Kant est le seul
sentiment pratique non "pathologique"-
n’est rien d'autre qu'un "signe de
soumission" aux exigences
passionnelles souvent trop délirantes et
arbitraires de l'amour propre et donc
aussi de la vanité. (Pour Schopenhauer,
la notion de respect de la loi, n'a pas
d'autre sens que celui d'obéissance à la
loi, mais ici la notion d'obéissance
signifie seulement soumission
puisqu'une "loi" n'a, en son principe,
aucune composante de valeur morale)

On confond souvent pour la morale :


le fondement : la raison ou la cause
"profonde" de la moralité. Selon
Schopenhauer, ce fondement (i.e. la
compassion) est difficile à trouver.
le principe : son exposé succinct (par
exemple, à travers une maxime) tel
qu'il se représente à la conscience
morale (souvent "superficielle") (ce
principe est lui, "facile" à trouver).

Kant les confond alors qu’il aurait, selon


Schopenhauer, dû savoir mieux les
séparer. Pour Schopenhauer le meilleur
principe moral est Neminem laede, imo
omnes, quantum potes, juva : ne nuis à
personne, et quand tu peux, aide.

Qu’en est-il de la loi morale, pierre


fondamentale de l’éthique de Kant ?

Selon Schopenhauer, le contenu de la loi


kantienne se réduit à l'exigence formelle
d’universalité. En appuyant la morale sur
l’impératif catégorique, Kant ne prend
pas suffisamment en compte la
"naissance", l'apparition ou "l'émergence"
de la morale chez les êtres humains de
chair et d'os et notamment chez l'enfant
car la loi n’impose jamais son influence
que si elle est imposée. Selon
Schopenhauer, il n’y a donc pas
véritablement de "ressort" ou de mobile
moral chez Kant. Ce "ressort", au
contraire, devrait être l'objet d'une
expérience spontanée.
Le second défaut de la morale kantienne
est donc, en conséquence, son manque
d’efficacité et de réalité. Kant, lui, a
essayé d'imposer l’hypothèse de la
liberté de notre volonté, or, pour
Schopenhauer la "liberté" n’est qu’une
Idée comme Kant l’a lui-même démontré.

L’erreur de Kant est donc d’avoir admis


une « raison pratique » en lui accordant
un "crédit" transcendantal. Mais la raison
(Vernunft) n’est, en réalité, que le pouvoir
de réunir des concepts (notions
enveloppantes) sous la condition du
langage. L’homme dépend, comme tout
être vivant, de ses pulsions, mais aussi
de ces motifs qui ne sont principalement
que des concepts (des représentations
de représentations) abstraites. Avec
l'acquisition de la rationalité, l'être
humain gagne donc certes une liberté
"relative" de telle sorte que sa volonté
n'est pas que la Volonté comprise
comme principe actif et déterminant du
monde.

L’entendement (Verstand) fait usage de la


catégorie a priori de causalité qu’ont, eux
aussi, les animaux, même s'ils en font un
usage bien moins réfléchi que les
humains.

Mais ces considérations n’ont, en fin de


compte, selon Schopenhauer que très
peu à voir avec la justice et la charité qui
sont les vertus morales essentielles. Car
un homme peut être rationnel ou
raisonnable tout en étant égoïste, injuste,
"pervers" et même "cruel".

Selon Schopenhauer, Kant est le premier


à avoir voulu aussi complètement
identifier morale et raison. Or, en
"déifiant" la raison, Kant néglige, trop
imprudemment, de prendre en compte
les considérations linguistiques et
historiques pouvant nous indiquer ce
qu'est vraiment la raison et il ne tient
aussi pas assez compte du fait que les
hommes ne se sont jamais mis d’accord
sur la morale.
Une des conclusions de Schopenhauer
est que c’est "la psychologie rationnelle"-
une ancienne branche de la
métaphysique dont Kant avait pourtant
réussi, dans "la critique de la raison pure",
à critiquer et à délégitimer les
prétentions à produire des
connaissances objectives et plus
précisément encore à critiquer la
séparation dualiste du corps et de l’âme
inaugurée par le Phédon- qui ressurgit
chez Kant, sans qu’il s’en aperçoive.

Du principe premier de la morale chez


Kant

En poursuivant son examen critique de la


"philosophie de la morale" de Kant,
Schopenhauer en arrive à vouloir établir
les conclusions suivantes :

L’impératif catégorique repose en réalité


sur un principe (il serait mieux de dire
"fondement' premier) très "surprenant"
pour le lecteur naïf de Kant: l’égoïsme !
En effet, si cet impératif est tellement
mis en avant par Kant c'est pour prévoir
le cas où le "je" se retrouverai en
situation d'agent "passif", c'est-à-dire
pâtissant des actions des autres. S’il
s’agissait seulement de fonder la société,
l'impératif catégorique pourrait suffire,
mais pas pour "la signification morale" de
l'existence. Il est à noter ici que pour
Schopenhauer, le devoir moral et la vertu
éthique, bien qu'ils ne soient pas des
impératifs "catégoriques" ou "absolus",
ne sauraient, en aucun cas, être réduits à
un devoir ou une vertu "civil" ou social car
les exigences sociales n'ont, en elles-
mêmes, rien de morales ou d'éthiques.
Donc Schopenhauer conclut que la règle
kantienne n'est, bel et bien, qu'un
impératif hypothétique (cf impératif
catégorique) dicté en "réalité", au mieux
par la prudence de l'intérêt bien compris,
et au pire et le plus communément par
l'égoïsme.

Les formes dérivées du principe premier


de la morale selon Kant
Par ailleurs, Kant définit tout être
raisonnable comme une « fin en soi ».
Selon Schopenhauer, ce concept de "fin
en soi" est aussi une "contradictio in
adjecto" : car une « fin » ne peut être
uniquement que "l’objet" d’une volonté.
Une seconde caractéristique de la
philosophie de la morale de Kant qui
"offense" la "véritable morale" est que
"les êtres non raisonnables doivent donc
être traités comme des choses, comme
des moyens". C’est, selon l'opinion de
Schopenhauer, là, un trait caractéristique
d'une morale "judaïque". Selon
Schopenhauer, en effet, "les religions du
livre" n’ont pas "un regard" de
compassion pour les bêtes, au contraire
des philosophies orientales.

Car, pour "ces religions du Livre" la seule


"valeur" c'est premièrement la loi en tant
qu'expression d'une volonté
transcendante, deuxièmement l'être
humain et troisièmement, par restriction
du tout à la partie, la raison.

Troisième point: "l’autonomie de la


volonté" comme justification de la
reconnaissance de "la dignité humaine".
Kant "pose" un nouveau type d’actions :
les actions accomplies sans intérêts et
sans motifs. Et les actions "morales"
devraient être uniquement celles
qu'inspirent la justice et la charité en
étant inspiré par l'idée de dignité
intrinsèque de l'homme ?

Les "post-kantiens" se sont, ensuite,


servis de cette notion nébuleuse de
"dignité humaine" supposée, pour justifier
parfois "n’importe quoi". Or, le caractère
d’être "relative" est un caractère essentiel
de toute "valeur".

Selon Schopenhauer, quand les idées


manquent de contenu, les mots et
l'emphase viennent souvent en tenir la
place, et le mot de dignité humaine est
"un concept vide".

En conclusion, pour Schopenhauer, "La


morale de Kant", indémontrable et
inaccessible à l’expérience, n’a donc rien
pour nous faire croire en la plausibilité de
son existence et ce qui est encore plus
important, en sa validité.

La théorie de la conscience chez Kant

Selon Schopenhauer, Kant utilise trop


fréquemment des termes et des notions
de droit, alors qu’il est clair que la morale
"ne se passe pas" de cette manière en
nous. Le "tribunal intérieur de la
conscience" mène chez Kant soit à "la
schizophrénie" soit à Dieu. Dépouillée de
sa forme juridique "superficielle", il n'en
reste plus qu’une "mauvaise conscience"
dont le propre est de s’attacher trop au
seul fait du tort ou du dommage lui-
même et non aux conséquences. De
plus, ce tort ou ce dommage est trop
unilatéralement envisagé en rapport au
mal qu’on a causé et pas assez en
rapport à celui qu'on a subi.

La théorie du caractère intelligible et du


caractère empirique chez Kant. Théorie
de la liberté

Schopenhauer rappelle cependant ce qui


constitue "un grand mérite" de Kant :
avoir "concilié" la liberté avec la
nécessité. Malgré la théorie qui donne la
primauté à la nécessité causale, il y a, en
elle, la conscience "d’un pouvoir propre
de l’agent". D’où, la notion importante de
"responsabilité morale". Là, le mérite de
Kant est d’avoir su distinguer entre le
phénomène et la chose en soi, et cette
dernière distinction permet de concevoir
la coexistence de la liberté et de la
nécessité. Étant donné un individu et un
"cas" auquel il est confronté, il n’y a, en
réalité alors, qu’une seule action possible
pour lui. La liberté n’appartient donc pas
au "caractère empirique" mais au
"caractère intelligible". C’est seulement
en tant qu’un homme est conçu en tant
qu'"être en soi" et non en tant que "fin en
soi" qu’il y a de la liberté humaine. On
trouve déjà cette idée chez Platon avec la
théorie des âmes dans le livre 10 de la
république.
La morale de Fichte, prise comme
miroir propre à grossir les défauts
de la morale de Kant

La doctrine des mœurs réduite en


système de Fichte est, selon
Schopenhauer, une caricature de la
philosophie kantienne, un système de
"fatalisme moral", de "destin moral".

Explication métaphysique
du fait moral premier (la
compassion)
Le principe d'individuation n'est "qu'une
illusion" représentative de notre principe
de connaissance et ce principe est ancré
dans le temps et l'espace conçus comme
des "formes a priori de l'intuition". En
dehors de "notre mode de connaissance"
où l'intellect est aveuglé par le "voile de
Mâyâ" de l'illusion, il y a la chose en soi,
la Volonté. Cette Volonté est "présente"
en toute chose (tout phénomène)
comme "principe" universel en dehors du
temps et de l'espace. La compassion
s'éprouve à l'instant où l'on se reconnait
entièrement et intégralement dans l'autre
(cet autre pouvant n'avoir rien d'humain),
et cet "instant éternel" est un instant où
on partage les souffrances de l'autre au-
delà des limites de notre propre peau. Et
cette intuition est "le début" de la
"révélation" de cette grande vérité "non
discursive" héritée des Védas (plus
anciens textes indiens) : tat tvam asi en
sanskrit « tu es cela ». La Volonté se
reconnait dans l’autre. Le voile de Mâyâ
est alors, au moins transitoirement, levé
et la vie peut en être radicalement
bouleversée.

Liens externes
Texte intégral sur Schopenhauer.fr (htt
p://schopenhauer.fr/oeuvres/fondement-
de-la-morale-ebook.html) [archive]

Notes et références
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Notes

Références

1. Jacques Ricot, Du bon usage de la


compassion, Presses Universitaires
de France, 20 février 2013, 64 p.
(ISBN 978-2-13-062504-9, lire en
ligne (https://books.google.fr/books?
id=kcYJCwAAQBAJ&pg=PT18) [arch
ive]), p. 18

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