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Introduction à l’acoustique

Les signaux sinusoïdaux périodiques

I : HISTORIQUE
L'Acoustique a au moins 2300 ans d'histoire. L'hypothèse que le son soit une onde émise par le
mouvement d'un corps puis transmise par un mouvement de l'air remonte aux Grecs (Chrysippe 240
BC., Aristote 384-322 BC.).
Pythagore aurait été le premier à étudier les sons musicaux (550 BC.). Il remarque que deux cordes à
l'octave ont leur longueur dans un rapport double : Toutes ces notions apparaissent sous des formes
différentes chez Vitruve, architecte et ingénieur romain (25BC), et chez Boethius, philosophe romain
(480-524).
Après, il faut attendre le XVIème siècle (Renaissance).
Galilée (1564-1624) : en 1638, il étudie la vibration des corps, la notion de résonance. Il établit la
relation entre hauteur du son/longueur de la corde vibrante et le nombre de vibrations par seconde.
Mersenne (1588-1648) : ce moine du Mans, est tenu pour le père de l'acoustique. Il donne la loi des
cordes vibrantes (f est inversement proportionnelle à la longueur de la corde) et il fait la. première
détermination absolue de la fréquence d'un son (1625).
Boyle (1660) montre qu'il faut de l'air pour que le son se propage.
Newton (1642-1727) donne le début de la formalisation mathématique des phénomènes sonores
(Principia 1686).
Huygens (vers 1690) fait une synthèse des connaissances de l'époque sur les phénomènes sonores.
Le XVIIIème siècle est très riche pour le développement de l'acoustique. D'Alembert (1717-1783),
Euler (1707-1783) et Lagrange (1736-1813) établissent le formalisme définitif en développant la
notion de dérivée partielle (d'Alembert, 1747) puis en jetant les bases de la mécanique analytique
(Lagrange, 1759).
À partir de cette époque, le formalisme est établi, le reste n'est que raffinement.
Helmholtz (1821-1894) expérimente et développe la théorie de l'audition.
Fourier (1768-1830) établit la décomposition des fonctions périodiques de la théorie de l'audition.
Rayleigh (1824-1919) développe considérablement la théorie de l'acoustique, et publie en 1877 un
ouvrage qui demeure un ouvrage de base de l'acoustique.

II : GÉNÉRALITÉS.

Le son est produit par un ébranlement d'un milieu élastique (membrane d'un haut-parleur, corde
vocale), qui se transmet au milieu ambiant (air ) et qui arrive sur le récepteur (tympan, micro). Cet
ébranlement se transmet sous forme de vibrations longitudinales allant de la source vers le récepteur
(ondes acoustiques).
Physiquement, c'est une variation de pression locale qui se propage dans un milieu matériel élastique
avec un certaine vitesse, que l'on appelle la célérité.
a) Célérité.
Elle est constante dans un milieu quelconque mais elle varie suivant ce milieu ou les conditions dans
lequel il se trouve. Pour l'air, on a:

Dans l'air à la température ordinaire de 20°C, elle vaut environ 340 m.s-1. A 0°C, elle vaut 331 m.s-1.
Dans l'eau: 1460 m.s-1.
Dans les solides: béton, 3160 m.s-1 ; verre, 5000 m.s-1 ; acier, 5000m.s-1.

b) Fréquence et domaine d’audition


La fréquence est égale, au rapport de la vitesse c par la longueur d'onde :

Les fréquences audibles par l’être humain s’étendent de 20 à 20 000 (20 K) Hz. Ces chiffres
peuvent varier suivant l’âge et les personnes.
Notons également que nos oreilles sont plus sensibles aux fréquences médium et aigues,
correspondant aux fréquences de la voix.
En dessous de 20 Hz, il s’agit d’infrasons et d’ultrasons au dessus de 20 KHz. Ceux- ci ne
donnent pas lieu à une sensation sonore.

On peut définir dans le spectre audible plusieurs parties :


Graves: 20 à 400 Hz Mediums: 400 à 1600 Hz Aigus 1600 à 20000 Hz

Pourquoi s'intéresse-t-on aux signaux sinusoïdaux ?


La physique étudie de nombreux phénomènes périodiques, qu’on modélise par des
fonctions périodiques. Ces phénomènes se répètent régulièrement dans le temps et les
fonctions périodiques en sont une modélisation naturelle, car elles se répètent
régulièrement en fonction de leurs arguments. On rencontre ce type de modélisation
dans tous les domaines de la physique, notamment en mécanique, acoustique, optique
ou encore en électronique.

L’analyse mathématique des fonctions périodiques montre que la fonction sinus est
une brique élémentaire des fonctions périodiques. En effet, sous certaines conditions
généralement remplies en physique, n’importe quel signal périodique s’écrit sous la
forme d’une somme (éventuellement infinie) de fonctions en forme de sinus. Ce résultat
est issu de la théorie des séries de Fourier.
En physique, les fonctions en forme de sinus, plus communément appelées sinusoïdes
ou signaux sinusoïdaux, sont ainsi un outil de choix pour l’étude des phénomènes
périodiques. En assurant la décomposition de phénomènes complexes en phénomènes
élémentaires, les signaux sinusoïdaux permettent souvent de simplifier un problème et
de mettre en valeur les propriétés essentielles du phénomène.

En fin de compte, l’étude des signaux sinusoïdaux est un sujet incontournable en


physique et plus généralement en science.

Exemple de décomposition en série de Fourier.

Notion de période et de fréquence

Période
La période d’un signal périodique est la plus petite durée après laquelle le signal se
répète identique à lui-même. Elle s’interprète aussi comme la durée de la plus petite
portion du signal qui, en se répétant, permet de reconstituer le signal dans son
ensemble.

Formellement, pour un signal s, la période est la plus petite valeur T telle que à chaque
instant t :

La figure ci-dessous montre la période sur un exemple.

T : Période d’un signal périodique.


La fréquence d’un signal périodique est le nombre de répétitions du signal pendant une
seconde.

Formellement, la fréquence f d’un signal est l’inverse de sa période T :

Définition d’un signal sinusoidale périodique

où :

• S est l’amplitude du signal, positive et exprimée dans l’unité de la grandeur (des


volts pour une tension par exemple) ;
• f est la fréquence du signal en hertz (symbole Hz), positive comme toute
fréquence ;
• φ est une phase à l’origine en radians (symbole rad).

La figure ci-dessous montre un exemple de signal sinusoïdal.

Signal sinusoïdal d’amplitude 1, de fréquence 2 Hz et de phase à l’origine 4π/4 rad.

On parle d'une phase à l’origine, car il existe plusieurs valeurs qui donnent le même
signal. En effet, à cause de la périodicité de la fonction cosinus, toutes les valeursφ+2kπ,
avec k entier reviennent au même. On parle souvent de la phase à l’origine, soit par
abus de langage, soit pour désigner la phase à l’origine dans un domaine restreint (par
exemple l’intervalle ]−π;π] ou [0;2π[).
Effet des différents paramètres
Amplitude
Pour comprendre visuellement à quoi correspond l’amplitude, je vous propose de
regarder les trois signaux sinusoïdaux de la figure ci-dessous.

Signaux sinusoïdaux
de différentes amplitudes.

Ces signaux ont la même fréquence et la même phase à l’origine, mais diffèrent par
leurs amplitudes. Il y a :

• un signal bleu, sb (t), qui oscille le plus fort,


• un signal jaune, sj (t), qui oscille moins fort,
• un signal vert, sv (t), qui oscille encore moins fort.
Les amplitudes sont telles que le signal bleu à la plus forte amplitude, suivi par le signal
jaune et enfin le signal vert. On observe ainsi que plus l’amplitude est grande, plus
l’oscillation est haute. Autrement dit, l’amplitude règle la hauteur des pics et la
profondeur des creux.

Ce comportement se justifie mathématiquement en utilisant l’expression d’un signal


sinusoïdal. Le maximum d’un signal sinusoïdal, obtenu quand le cosinus est maximal
et donc égal à 1, est en effet égal à l’amplitude :

maxs(t)=Smax( cos(2πft+φ) ) = S×1=S

Similairement, on montre que le minimum est l’opposé de l’amplitude :

mins(t)=Smin ( cos(2πft+φ) )= S×−1 = −S

Cette observation a une conséquence pratique très utile : on peut mesurer l’amplitude
d’un signal sinusoïdal, sur un oscilloscope par exemple, en mesurant le maximum ou le
minimum du signal. Il est aussi possible de calculer l’amplitude en mesurant l’écart
entre le maximum et le minimum, qui est le double de l’amplitude.

Fréquence
Pour comprendre visuellement à quoi correspond la fréquence, je vous propose de
regarder les trois signaux sinusoïdaux ci-dessous.
Comparaison de signaux sinusoïdaux de différentes fréquences.

Ces signaux ne diffèrent que par leur fréquence et sont observés sur la même durée. On
a:

• un signal bleu, sb (t), qui oscille le moins vite,


• un signal jaune, sj (t), qui oscille plus vite,
• un signal vert, sv (t), qui oscille encore plus vite.
Les fréquences sont telles que la fréquence du signal bleu est plus faible que celle du
signal jaune, qui est elle-même plus faible que celle du signal vert. On observe ainsi que
plus la fréquence est élevée, plus il y a un nombre important d’oscillations pour la
même durée.

On trouve le comportement attendu pour des signaux de fréquence croissante. On peut


voir cela autrement en remarquant que, à mesure que la fréquence augmente, la
période diminue (pour rappel, T=1/f ), ce qui peut s’observer sur la figure : le plus petit
motif qui se répète devient de plus en plus étroit.

Ces observations mènent à deux méthodes pratiques pour la mesure de la fréquence. La


première méthode consiste à mesurer la période, et on calcule alors la fréquence en
faisant le calcul f=1/T. La deuxième méthode consiste à compter le nombre
(éventuellement non-entier) de répétitions du signal sur une durée donnée, et on
calcule alors la fréquence en divisant le nombre de répétition par la durée.

Phase à l’origine
Pour comprendre visuellement à quoi correspond la phase à l’origine, je vous propose
cette fois de regarder les trois signaux suivant.

C
omparaison de signaux sinusoïdaux de différentes phases à l’origine.

Ces signaux ne diffèrent que par leur phase à l’origine. Il y a :

• le signal bleu, sb (t), le plus à droite,


• le signal jaune, sj (t), un peu moins à droite,
• le signal vert, sv (t), encore moins à droite.

Les phases à l’origine de ces signaux sont telles que le signal bleu à une phase à
l’origine plus petite que celle du signal jaune, qui lui-même à une phase à l’origine plus
petite que celle du signal vert. On voit que plus la phase à l’origine est grande plus le
signal se déplace vers la gauche sur la figure.

En terme de temps, cela revient à dire que plus la phase à l’origine est grande, plus le
signal est en avance temporelle.

Définitions alternatives :

Forme alternative avec la période


La fréquence f d’un signal est liée à sa période T par la relation suivante :

T=1/f

Ainsi, vous verrez parfois des signaux sinusoïdaux écrits avec la période au lieu de la
fréquence :

Forme alternative avec la pulsation


La pulsation est liée à la fréquence par la définition suivante :

ω=2πf

Ainsi, vous verrez fréquemment des signaux sinusoïdaux écrits avec la pulsation au
lieu de la fréquence :

Cette forme est souvent appréciée pour sa compacité. On laisse en effet de côté le
facteur 2π qui prend systématiquement de la place sans apporter beaucoup
d’information.
Forme alternative avec un sinus
Définition
Il existe une définition alternative pour les signaux sinusoïdaux qui utilise la fonction
sinus :

Elle ressemble évidemment à la définition avec le cosinus, et elle y est même


équivalente. On peut en effet simplement passer de la définition avec le cosinus à celle
avec le sinus en ajoutant 2π/2 à la phase à l’origine.

Déphasage et retard entre deux signaux sinusoïdaux


Un cas particulier fréquent est quand les signaux ont la même fréquence. Dans ce cas,
on aime comparer le décalage entre les deux signaux.

Déphasage entre deux signaux de même fréquence


Définition
Le déphasage entre deux signaux est une mesure du décalage entre deux signaux
sinusoïdaux de même fréquence. Si on dispose de deux signaux sinusoïdaux s1 et s2 de
même fréquence :

alors le déphasage de s2 par rapport à s1 est la quantité :

Vocabulaire
Si Δφ est positif, le signal 2 est en avance de phase par rapport au signal 1.

Si Δφ est négatif, le signal 2 est en retard de phase par rapport au signal 1.


Cas particuliers de déphasage
Quelques valeurs de déphasage remarquables ont un nom particulier qu’il est utile de
connaître.

Signaux en phase
Quand le déphasage est nul, on dit que les signaux sont en phase. Dans cette
configuration, leurs maximums et minimums coïncident ; les signaux oscillent
conjointement.

Mathématiquement, cela signifie que les deux signaux sont proportionnels. C’est par
exemple le cas pour la tension électrique aux bornes d’une résistance et le courant
électrique qui la traverse.

Signaux en opposition de phase


Quand le déphasage est égal à π (180°), on dit que les signaux sont en opposition de
phase. Dans cette configuration, les maximums d’un signal coïncident avec les
minimums de l’autre signal ; les signaux oscillent à l’opposé l’un de l’autre.

Signaux en quadrature de phase


Quand le déphasage est égal à π/2 (90°), on dit que les signaux sont en quadrature de
phase. Dans cette configuration, les maximums d’un signal coïncident avec les
passages par zéros en décroissant de l’autre signal.
Par exemple, un signal sinusoïdal et sa dérivée sont en quadrature de phase.

Déphasage et retard temporel


Dans la première partie, nous avons évoqué le lien entre phase et avance (ou retard)
temporel et ce lien se retrouve évidemment sur le déphasage. Il est ainsi possible de
relier le déphasage de deux signaux de même fréquence et le retard temporel de l’un
par rapport à l’autre, mais avant de faire cela, il convient de préciser un peu la notion
de retard temporel.

Retard temporel
Soit deux signaux sinusoïdaux de même fréquence s1 et s2 pouvant s’écrire de la
manière suivante :

On dira alors que s2 est en avance (temporelle) sur s1 de Δt, ou, de manière équivalente
que s1 est en retard de Δt sur s2 .

Il faut voir Δt comme la durée à ajouter à la variable temporelle t dans l’expression de s2


pour qu’il oscille en phase avec s1 . De manière intuitive, cela signifie que si j’ai un
maximum pour s2 à un instant t, alors j’aurai un maximum pour s1 dans le futur, à la
date t+Δt.

Relation entre déphasage et retard temporel


Maintenant qu’on dispose de la notion de retard temporel, voyons comment le
déphasage et le retard temporel sont liés.

Soit deux signaux s1 et s2 de même fréquence f tels que s2 soit déphasé de Δφ par
rapport à s1 . On peut écrire les écrire ainsi :
En factorisant partiellement par 2πf dans le cosinus, on peut transformer l’expression
de s2 (t) en :

On peut réécrire cela sous la forme :

avec :

Nous venons d’obtenir une formule qui permet de passer d’un retard temporel à un
déphasage et réciproquement.

Elle a une grande utilité pratique, notamment car de nombreux instruments


permettent la mesure du temps, mais pas directement de la phase. C’est le cas
notamment des oscilloscopes, très utilisés en électronique.

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