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LE MONDE ARABE
Image de couverture :
Maquette de couverture © Thierry Muller
©Armand Colin, 2013
ISBN : 978-2-200-28638-5
www.armand-colin.com
Remerciements............................................................................. 9
Introduction ................................................................................ 11
Arabe et arabité ...................................................................... 11
Le monde arabe ...................................................................... 14
Les mondes arabes .................................................................. 16
Les Arabes et l’Occident ......................................................... 17
Chapitre 1. Histoire des Arabes................................................... 23
Les Arabes de l’ère préislamique ............................................. 24
La création d’un Empire islamique par les Arabes .................. 25
Le déclin des Arabes dans le monde musulman ...................... 27
Une histoire arabo-européenne............................................... 32
L’expansion du monde arabo-musulman en Europe ............ 32
Les Croisades chrétiennes dans le monde arabo-musulman . 34
L’impérialisme européen et la colonisation du monde arabe 35
Les nationalismes arabes ......................................................... 38
Le mythe de l’unité arabe .................................................... 39
La Nahda : la renaissance arabe .................................................. 39
Les projets de « Grand État arabe » .............................................. 41
Le nationalisme panarabe des « socialistes laïcs » ........................... 42
La division des Arabes ......................................................... 45
La naissance des États-nations arabes........................................... 46
Une fragmentation interétatique et intra-étatique ........................ 48
L’État arabe à l’épreuve du panislamisme ..................................... 49
Chapitre 2. Les religions du monde arabe .................................. 53
L’islam et les Arabes ................................................................ 54
Les Arabes antéislamiques ................................................... 54
Les Arabes : pionniers de l’islam et de l’Oumma .................. 55
Les islams dans le monde arabe .............................................. 57
Les sunnites : la majorité des Arabes musulmans.................. 58
Arabe et arabité
L’hypothèse d’une « race arabe » étant exclue, l’arabité renvoie à
une identité complexe, évolutive et difficile à cerner. Les Arabes ont
des racines anciennes ancrées dans un territoire originel : « Djazîrat
Al-‘Arab » (Péninsule des Arabes). Ce sont des Bédouins au mode de
vie particulier : les « habitants de l’Arabie ou du moins de sa partie cen-
trale [...] étaient appelés par les auteurs anciens Arabes scénites, c’est-
à-dire vivant sous la tente (du grec skênê) » et « étaient donc considérés
essentiellement comme des nomades, sens qu’a conservé en arabe l’ap-
pellation Al-‘arab » (Dominique Sourdel, p. 7). La majorité de ces
Bédouins parlaient une langue « sémitique » : l’arabe. Avec l’expan-
sion de l’Empire arabo-musulman aux viie et viiie siècles, le critère
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Le monde arabe
Le « monde arabe » renvoie à un espace géoculturel cohérent qui
recouvre l’ensemble des États où l’arabe est une langue officielle et
dont la majorité de la population proclame son arabité. Malgré cette
définition générale, la notion de « monde arabe » – comme celle d’Oc-
cident – ne va pas de soi. Il s’agit d’une idée moderne, d’une construc-
tion intellectuelle et idéologique qui s’élabora au déclin de l’Empire
ottoman à la fin du xixe siècle et avec la montée du nationalisme
arabe au milieu du xxe siècle. Les discours appelant à l’unification de
ce « monde » n’ont pas abouti à la naissance d’un « État-nation pana-
rabe » mais à la création d’une organisation plus modeste : la Ligue
des États arabes. Cette organisation internationale présente un intérêt
formel car ses membres fournissent une liste officielle de 22 pays où
la langue arabe est une langue officielle : Algérie, Arabie Saoudite,
Bahreïn, Comores, Djibouti, Égypte, Émirats Arabes Unis, Irak,
Jordanie, Koweït, Liban, Libye, Mauritanie, Maroc, Oman, Qatar,
Somalie, Soudan, Syrie, Territoires palestiniens, Tunisie, Yémen. Ce
monde arabophone occupe un espace d’environ 13 millions de km²,
vaste continuité territoriale allant de l’océan Atlantique au Golfe per-
sique, située à la croisée de trois continents (Europe, Asie et Afrique)
et peuplée de près de 345 millions de personnes.
Si la langue arabe est une langue officielle commune à ces pays,
le rapport à l’islam y est à la fois structurel et équivoque. L’islam
étant source d’unité et de divisions (politiques, communautaires)
des Arabes, il convient de dissocier les mondes arabe et musulman
(en raison de l’absence d’équivalence entre Arabes et musulmans).
Tous les États arabes ne sont pas musulmans (certains sont multicon-
fessionnels) et le monde musulman comprend des pays qui ne sont
pas arabes. Outre les pôles historiques de l’islam que représentent
la Turquie et l’Iran, la nouvelle visibilité des musulmans de la pro-
vince du Xinjiang (Chine), des régions du Caucase (au sein même
de la Fédération de Russie) et des Balkans (Bosnie-Herzégovine,
Albanie, Kosovo, Macédoine) est significative. Mieux, la majorité
des musulmans dans le monde vivent en dehors du monde arabe :
dans le sous-continent indien et en Asie du sud. Le centre de gravité
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L’idée d’une « histoire globale » des Arabes est séduisante, mais elle ne
va pas de soi. Les aires, « pôles » et États constitutifs du monde arabe
ont chacun leur propre histoire. Cette expérience plurielle présente
pourtant assez de traits communs pour qu’on puisse la restituer dans
un même cadre. De fait, les Arabes participent à la fois d’une histoire
globale et d’une histoire particulière.
L’histoire des Arabes et celle de l’islam ont beau ne pas se confondre,
elles procèdent bel et bien d’une même trame. Les conquêtes de
Mohammed et des premiers califats arabes ont édifié un Empire isla-
mique, à l’origine de la civilisation islamique qui a rayonné sous une
forme politico-militaire, mais dans les sciences et les arts. Ce rayonne-
ment s’est progressivement tari. Le souvenir de cet « âge d’or » – celui
des dynasties des Omeyyades et des Abbassides – nourrit une lecture
décliniste (grandeur/décadence) de l’histoire des Arabes. Une lecture
censée expliquer les sentiments de frustration, d’humiliation et de
rancœur qui les animeraient (en particulier vis-à-vis de l’Occident).
Ni binaire, ni linéaire, l’histoire des Arabes peut être appréhendée
à l’aune d’une double dialectique : union/désunion et dominants/
dominés. Sans prétendre à l’exhaustivité, ce chapitre se propose de
présenter quelques séquences essentielles et structurantes : conquêtes
militaires arabes synonymes d’islamisation puis d’arabisation à partir
du viie ; dépossession du pouvoir au sein des Empires islamiques
au profit de non Arabes ; domination turco-ottomane à partir du
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Le règne des califes omeyyades (661-750) est censé incarner l’« âge
d’or » de l’unité arabo-musulmane. Ces califes arabes tiennent leur
nom de leur ancêtre Omayya, grand-oncle du Prophète Mohammed,
et appartiennent à la puissante tribu des Quraychites, originaires de
La Mecque. Ils ont installé la capitale de l’Empire islamique à Damas,
qui sera dirigé par une caste militaire arabe. Le calife Abd Al-Malik
restaure l’unité de l’Empire en s’imposant aux chiites dissidents en
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Ces luttes de pouvoir ont fragilisé l’Empire, qui est entré dans une
dynamique de décomposition, comme en témoignent la naissance
de nouvelles dynasties et l’émancipation, autonomie, voire la séces-
sion (de fait) de nombreuses provinces. Plus on s’éloigne du centre
de l’Empire, plus l’autorité du calife devient plus symbolique que
réelle. Dans les premières décennies du xe siècle, la proclamation du
califat omeyyade de Cordoue et surtout du califat Fatimide (descen-
dants arabes de Fatima, la fille du Prophète) chiite d’Ifriqiya puis
d’Égypte met fin à la fiction d’un Dâr al’islâm uni sous la direction
du seul calife de Bagdad. En 969, Le Caire devient la plus puissante
ville arabe sur le plan politique et culturel (fondation de l’univer-
sité Al-Azhar). Au sein du monde musulman, le pouvoir politique
est désormais éclaté en trois aires géographiques : autour de Bagdad,
Le Caire et Al-Andalus, où coexistaient Arabes, Berbères, Arméniens,
Perses et Turcs.
Si les premières conquêtes islamiques ont été conduites par des
Arabes, ces derniers vont perdre le pouvoir au sein d’un monde
musulman où ils se retrouvent minoritaires. Une position qui se tra-
duit aussi par une remise en cause du statut privilégié dont les Arabes
bénéficiaient sous les Omeyyades. Avec la chute des Abbassides, des
régions arabophones vont perdurer, mais sous domination essentiel-
lement turco-ottomane.
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les dynasties s’éteignant les unes après les autres dans le monde
musulman.
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sens kantien (idéal pensable mais non connaissable), elle n’a jamais
existé dans les faits, hormis dans le cadre de la période active du
Prophète, et au temps des Rachiduns, les quatre premiers Califes,
« bien guidés ».
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L’islamisme
L’islamisme est un phénomène moderne, qui s’affirme avec force
à partir des années 70 (y compris dans le monde arabe). Il consiste
dans « l’utilisation politique de thèmes musulmans mobilisés en réac-
tion à la « westernization » [occidentalisation] considérée comme agres-
sive à l’égard de l’identité arabo-musulmane » (Bruno Étienne, p. 44).
Le recours officiel des régimes arabes au symbolisme islamique et la
reconnaissance de l’islam comme religion de l’État ne suffisent pas à
canaliser les revendications intégristes. L’étatisme religieux est dépassé
par l’hégémonie islamiste sur la scène politique arabe, ce qui est de
nature à troubler les équilibres étatiques/nationaux et interétatiques/
régionaux.
Islam et politique
L’opposition entre religion et politique relève de la métaphysique
propre à l’Occident depuis Aristote. Sans renier l’un au profit de
l’autre, Nietzsche a interrogé l’opposition des deux termes.
La question théologique du rapport entre islam et politique ne
va pas de soi et relève de l’aporie. Le discours fondamentaliste arti-
culé autour de l’immixtion et de la primauté du religieux dans/sur le
politique est une construction idéologique. La tradition islamique
pratique plutôt la mise à distance du politique par le religieux, et
inversement (Rémy Madinier). Dans une première époque allant de
la prophétie de Mohammed à La Mecque au règne des quatre pre-
miers califes (Abou Bakr, Omar, Uthman et Ali), il y a confusion
entre le religieux et un politique très embryonnaire. Dès la fin de
cette période, un conflit se déclare entre le quatrième calife, Ali, et
Muawiya, le fondateur de la dynastie des Omeyyades, qui aboutit à
un schisme. Les partisans d’Ali, tenants de la légitimité religieuse et
dynastique, sont favorables à la poursuite de cette alliance. Ils s’op-
posent à la tribu, alors dominante à La Mecque, des Omeyyades, qui
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Des islamismes
Les partis et courants islamistes contemporains ne forment pas
un bloc monolithique. Des clivages doctrinaux et stratégiques se font
jour, des rivalités politiques internes et internationales opposent les
islamistes. Toute classification semble vouée à l’échec tant la force
de ces clivages l’emporte sur toute unicité. Bruno Étienne propose
de distinguer les mouvements piétistes, conversionnistes, réforma-
teurs, révolutionnaires, violents, mondains, excommunicateurs et
politiques. L’absence d’homogénéité se vérifie jusqu’au sein des cou-
rants principaux. Les partis islamistes n’échappent pas aux divisions
internes. Ces tensions endogènes se compliquent d’un autre phéno-
mène : l’appartenance multiple à plusieurs mouvances islamistes. En
effet, un membre des Frères musulmans (égyptien, tunisien ou autre)
peut fort bien adhérer par ailleurs à un courant salafiste ; de même,
un salafiste peut basculer dans le djihadisme.
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S’il est difficile d’obtenir des données précises sur ces communautés,
la tendance au déclin est nette. Outre le plus faible taux de natalité, la
raison majeure du recul de la présence chrétienne dans le monde arabe
est l’émigration. Initié au début du xixe siècle, le phénomène n’a cessé
de s’amplifier au gré des persécutions et des conflits. Les Arabes chré-
tiens pâtissent en droit comme en fait de leur statut de minorité, tout
particulièrement les coptes égyptiens. Les conflits intercommunautaires
(au Liban) et le harcèlement des islamistes – des Frères musulmans
après les indépendances nationales, contre la communauté chrétienne
chaldéenne dans l’Irak post-Saddam Hussein (et dans la Syrie post-Al-
Assad ?) – expliquent l’exil de vagues successives de chrétiens d’Orient
vers l’Europe, l’Amérique du Nord et du Sud. En se vidant de ses chré-
tiens, le monde arabe courre le risque d’une nouvelle hémorragie.
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Démographie et développement
Le monde arabe se caractérise par de fortes disparités écono-
miques et sociales et des situations d’inégalités sociales et territoriales
qui nourrissent une émigration importante.
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Développement et migrations
Certains pays arabes sont des terres d’immigration. Dans certains
pays arabes, des secteurs fleurissants de l’économie nationale (indus-
tries pétrolières, bâtiments, construction d’infrastructures) attirent
une population d’immigrés qualifiés (ingénieurs européens et asia-
tiques) ou non (issus du monde arabe, d’Asie ou de l’Afrique sub-
saharienne). Les pays pétroliers (de l’Algérie aux pays du Golfe en
passant par la Libye) attirent la main-d’œuvre, asiatique essentiel-
lement. Dans les pétromonarchies du Golfe (Émirats Arabes Unis,
Qatar…), les nationaux représentent une minorité de la population,
constituée en majorité de travailleurs (le plus souvent musulmans)
venus d’Inde, du Bengladesh, des Philippines, qui assurent le déve-
loppement de ces pays, mais ont des conditions de vie déplorables
(sans aucune possibilité de naturalisation). Le Liban et la Jordanie
sont aussi des pays d’immigration : leurs propres populations ont
migré dans les années 1970-1980 et ont laissé des places vacantes
dans nombre de secteurs et d’activités, dans les services comme dans
l’agriculture.
À l’inverse, les déficits structurels des sociétés arabes expliquent
en grande partie le fait que le Maghreb, l’Égypte et le Proche-Orient
soient des espaces d’émigration. Les migrations internationales
constituent un phénomène prégnant de l’histoire contemporaine
de cette partie du monde, comme en témoignent les vagues d’émi-
gration vers les pays du Golfe, mais surtout hors du monde arabe :
vers l’Europe, les Amériques et l’Australie. À l’inverse, le besoin de
main d’œuvre et de matière grise ont fait des pays du Golfe des terres
d’immigration. Il s’agit là d’un élément constitutif de leur modèle
de développement. Du reste, les nationaux sont minoritaires dans
les micro-monarchies de cette région. Les besoins n’excluent pas la
volonté de maîtriser les flux migratoires. Ainsi, l’Arabie saoudite a
lancé en 2003 la construction d’une barrière de sécurité à sa fron-
tière avec le Yémen, pour mettre fin à l’infiltration dans le royaume
d’immigrés illégaux arrivant par la mer Rouge.
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Arabie Saoudite
État le plus vaste et le plus peuplé de la Péninsule arabique avec
près de 30 millions d’habitants, dont 8 millions d’étrangers, le
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par un coup d’État perpétré en 1995 contre son père, qui refusait
d’exploiter le gisement gazier offshore de North Field/South Pars par
crainte de représailles de la part de son voisin iranien.
L’arrivée en 1995 du Cheikh Hamad Bin Al-Thani inaugure une
stratégie de sécurisation du pays et l’affirmation du rayonnement
du Qatar comme pôle culturel, financier, universitaire, médiatique
et diplomatique. Sous son règne, la micro-monarchie a vu son PIB
multiplié par vingt et s’est imposée sur la scène mondiale. Après avoir
massivement contribué au développement des infrastructures du
pays, les rentes issues de l’exploitation de ses ressources en hydrocar-
bures (pétrole et surtout gaz liquéfié) financent la diversification de
ses investissements en Occident et en Asie. Cette politique d’inves-
tissements est conduite par des holdings, et en particulier le fonds
souverain (le « Qatar Investment Authority »), un des plus actifs au
monde. Cette politique d’investissement s’opère dans des secteurs
offrant un pouvoir d’influence dans un monde globalisé : la prise
de participations dans des entreprises multinationales stratégiques
(dans les (télé)communications notamment, comme Vivendi ou
Lagardère), la création de médias (avec le symbole qu’est devenue
la chaîne satellitaire Al-Jazeera, la « CNN arabe »), l’achat dans les
secteurs du luxe (immobilier, hôtellerie), le sport (acquisition de
clubs, organisation d’événements internationaux dont la Coupe du
monde de football 2022), ou encore l’achat de terres arables (en vue
d’assurer l’indépendance alimentaire et la stabilité des prix pour sa
population). La stratégie économique et financière de l’émirat se
complète d’une volonté d’imposer le Qatar comme lieu d’échanges et
de rencontres des idées et des acteurs de la globalisation. Le « forum
(annuel) de Doha », sorte de « Davos arabe », porte cette ambition
qui procède aussi d’une logique de soft power. Outre l’organisation
continue de colloques et autres rencontres internationales, la création
d’un « Centre de recherche sur la législation islamique et l’éthique »
et le financement (y compris en Occident) de mosquées et d’associa-
tions proches de l’idéologie des Frères musulmans œuvrent au ren-
forcement de son rayonnement religieux dans le monde musulman
sunnite.
En ce sens, le réveil arabe a rapidement été perçu par le Qatar
comme l’occasion historique d’une renaissance de l’islam politique
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La Syrie
Carrefour de civilisations, la Syrie jouit d’une aura et d’un prestige
particuliers au sein du monde arabe. Elle est en effet directement
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Le Liban
L’histoire du Liban remonte aux civilisations araméenne, phéni-
cienne, romaine et byzantine. L’arabisation, qui date de la période
omeyyade, n’affecte pas la richesse ethnique et religieuse. Aujourd’hui
encore, le Liban est le pays arabe qui cultive le mieux sa relation avec
l’Orient et l’Occident. Du reste, le Liban occupe une place à part
dans l’histoire de l’immigration arabe, en raison du nombre très élevé
de Libanais vivant hors du territoire national. La diaspora libanaise
compte actuellement 3 à 4 millions de personnes dispersées dans plus
de 70 pays, contre un peu plus de 3 millions de Libanais restés au
pays. Les trois quarts des membres de la diaspora libanaise se concen-
trent dans les deux Amériques, essentiellement aux États-Unis, en
Argentine et au Brésil. Le reste est réparti entre l’Afrique, l’Australie,
l’Europe et les pays du Golfe.
Contrairement à la Syrie, le pluralisme confessionnel de la société
libanaise est institutionnalisé au sein même de l’État. Exception régio-
nale, le Liban est en effet une démocratie consensuelle communau-
taire. La République parlementaire mise en place par la constitution
de 1926 a été révisée à partir de l’accord de Taëf, conclu en 1989 à la
fin de la guerre civile qui a éclaté en 1975. Les pouvoirs institution-
nels sont partagés entre les principales communautés : le président de
la République doit être de confession maronite, le premier ministre
sunnite et le président de la chambre des députés chiite. Le parle-
ment libanais garantit la représentation politique des communautés :
les 128 sièges de députés sont répartis à égalité entre chrétiens (issus
des principaux rites) et musulmans. Ce système politique est censé
épargner au Liban l’hégémonie d’une communauté sur une autre,
comme c’est le cas en Syrie, en Irak et en Égypte.
Les chrétiens maronites et les druzes chiites se sont réfugiés dans
la région montagneuse du Mont-Liban et ont cultivé leur particula-
risme socioculturel sous l’Empire ottoman. L’installation de mission-
naires dans le sillage des Croisades a conforté cet ancrage chrétien.
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La Jordanie
Dépourvu d’assise historique, le royaume hachémite de Jordanie
est le fruit de la volonté et des intérêts de la puissance mandataire
britannique. En 1923, la Grande-Bretagne installe l’émir Abdallah,
l’un des fils du Chérif de La Mecque comme prince de Transjordanie
(celui-ci venait d’être expulsé d’Arabie par Ibn Saoud, roi du Hidjaz).
Le 22 mars 1946, le pays nouvellement rebaptisé « Royaume haché-
mite de Jordanie » obtient son indépendance complète, avec à sa tête
le roi Abdallah, dont le pouvoir repose sur l’allégeance des tribus
bédouines (qui se sont progressivement sédentarisées). Le pays est
ainsi nommé en référence au fleuve Jourdain, symbole de la ligne de
partage ethnique entre la population originaire de la rive occidentale
de la rivière, les Palestiniens, et celle originaire de la rive orientale,
les Jordaniens. La Monarchie repose sur un système archaïque de
patronage et de clientélisme, dans lequel les tribus bédouines appor-
tent leur soutien au pouvoir en échange de l’octroi de postes dans les
armées, la police et la fonction publique. Le roi Hussein (1935-1999)
a néanmoins cherché à un équilibre entre cette assise tribale et une
ouverture à la modernité occidentale. Un choix prolongé sur le plan
stratégique par une alliance avec les États-Unis et un rapprochement
progressif avec Israël. Soucieux de conforter la légitimité étatique/
territoriale du Royaume hachémite, le fils héritier du roi Hussein,
le roi Abdallah II, inscrit son règne dans la ligne tracée par son père.
Située au beau milieu de la Grande Syrie, la Jordanie est géogra-
phiquement un État enclavé, sorte de charnière entre Israël, l’Irak et
la Syrie. La frontière avec Israël est construite sur la Vallée du grand
rift et le Jourdain. Lors de la première guerre israélo-arabe en 1948,
les Jordaniens occupent la Cisjordanie et Jérusalem-Est, avant de les
annexer officiellement en 1950, extension territoriale annulée de facto
après la troisième guerre israélo-arabe de 1967, qui réduit le terri-
toire jordanien en faveur d’Israël. La stabilisation des frontières jor-
daniennes date de la décision (en 1988) du Roi Hussein de renoncer
à toute prétention territoriale sur la Cisjordanie (Jérusalem-Est com-
prise) et de la signature du traité de paix avec Israël (1994). Il n’em-
pêche, le destin de la Jordanie reste lié à la question palestinienne.
Une relation qui a connu des épisodes historiques aussi tragiques
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L’Irak
Ancré dans l’ancienne Mésopotamie, traversé par le Tigre et l’Eu-
phrate, l’Irak est une terre riche en histoire et en pétrole. Dans le
monde arabe, son rayonnement est associé à celui de Bagdad, capitale
de l’Empire islamique sous l’ère abbasside. Ce passé glorieux n’em-
pêche pas les interrogations sur l’Irak moderne, puissance énergé-
tique dont l’unité nationale n’est pas garantie.
Alors que le territoire est sous le contrôle de l’Empire ottoman
depuis le xvie siècle, les Britanniques l’envahissent après la Première
Guerre mondiale. Le 25 avril 1920, la Société des Nations confie
un mandat au Royaume-Uni pour administrer la Mésopotamie. Le
mandat britannique de Mésopotamie, durant lequel la monarchie
irakienne est proclamée, assure la transition du pays vers l’indépen-
dance, effective en 1932. En 1920, l’État irakien, constitué de deux
provinces : Bagdad et Bassora, essentiellement arabes, avec une large
majorité chiite, voit s’établir de facto la domination des sunnites. En
1925, en raison de la présence d’importants gisements de pétrole, les
Britanniques décident l’adjonction au territoire initial de la province
de Mossoul à population mixte arabe et kurde entraînant une domi-
nation des Arabes sur les Kurdes, le royaume hachémite d’Irak faisant
de l’arabité le socle unique de la construction d’un État-nation. Ainsi,
l’État irakien est né sur la base d’une construction territoriale qui
portait en germe les déséquilibres actuels, en faisant fi des clivages
anciens entre nomades et sédentaires, entre Kurdes et Arabes, entre
chiites et sunnites.
Le 14 juillet 1958, la monarchie hachémite est renversée et le
général Kassem s’empare du pouvoir par un coup d’État du parti
Baas, parti de la Renaissance arabe et socialiste, allié à un groupe
d’officiers nationalistes. Le Comité des officiers libres proclame la
République. Plusieurs gouvernements se succèdent par des coups
d’État, l’Irak oscillant entre les influences antagonistes occidentales et
anti-occidentales dans le contexte de la Guerre froide. C’est à la suite
d’une forme de « coup d’État médical » que Saddam Hussein arrive
au pouvoir en 1979. Son ouverture vers l’Occident et les régimes
du Golfe ne s’accompagne d’aucune libéralisation politique : Saddam
Hussein procède d’emblée à des purges au sein de son parti, préférant
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L’Égypte
L’Égypte : pays « phare » du monde arabe ? Cette ambition histo-
rique des égyptiens s’appuie sur plusieurs éléments : une richesse his-
torique exceptionnelle (le mythe de l’« Égypte éternelle » renvoie à la
longue histoire de 5 000 ans d’une civilisation antique et des Pharaons
encore omniprésents dans l’imaginaire collectif ) ; une superficie qui
en fait l’un des plus grands pays et un poids démographique repré-
sentant (avec près de 80 millions d’habitants) un quart de l’ensemble
arabe concentrés sur les rives du Nil et posant un problème de dépen-
dance alimentaire ; une position géostratégique exceptionnelle, entre
Maghreb et Machrek, avec le contrôle du canal de Suez (1869) qui
lie la Méditerranée à la mer Rouge, l’une des voies maritimes les plus
importantes au monde pour le commerce des hydrocarbures ; et un
rayonnement politique et culturel symbolisé par des lieux (Le Caire
comme siège de la Ligue arabe, la mosquée et l’université Al-Azhar
– « la splendide » – centres culturels et religieux de l’islam sunnite,
la place Tahrir comme symbole du soulèvement des peuples arabes
depuis 2011) et de figures contemporaines qui ont su parler au
monde (arabe) : Nasser (leader du nationalisme arabe et mouvement
tiers-mondiste), Oum Kalsoum (surnommée l’« Astre d’Orient », elle
est considérée comme la plus grande chanteuse du monde arabe),
le Prix Nobel de littérature Naguib Mahfouz, ou encore Boutros
Boutros-Ghali (premier Arabe nommé Secrétaire général de l’ONU).
L’Égypte jouit ainsi d’un statut unique dans le monde arabe ; celui-ci
nourrit un nationalisme exacerbé.
Pour autant, identité égyptienne est brouillée par l’histoire (Jean
Marcou). Depuis la naissance du monde arabe, le pays a en effet été
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dirigé par des dynasties musulmanes certes, mais non arabes : d’ori-
gine turque (les Tulunides, les Mamelouks et les Ottomans) et kurde
(les Ayyubides). Le fondateur de l’État égyptien moderne en 1805
Méhémet Ali, officier de l’armée turque, est d’origine albanaise et
ne parle pas l’arabe. Toutefois, il a chassé l’expédition de Napoléon
pour installer la monarchie égyptienne et, avec son fils Ibrahim, il
a contribué à la naissance du mouvement de modernisation et de
renaissance arabe : la Nahda. En outre, le pays se caractérise par la pré-
sence d’une forte minorité chrétienne, la plus importante du monde
arabe. On estime le nombre de coptes à 7,5 millions, soit 10 % de la
population égyptienne. Il est vrai que lorsque les Arabes ont envahi
l’Égypte au viie siècle, l’écrasante majorité de la population était chré-
tienne. Du reste, le nom de « Copte » est la transposition du mot
arabe « qibt », abréviation du grec Aiguptios, c’est-à-dire « Égyptien ».
Chrétiens ou musulmans, les Égyptiens ont largement contribué
aux mouvements politiques et culturels qui ont façonné le monde
arabe moderne (du nationalisme arabe au « réveil arabe »). L’Égypte
est ainsi à l’origine de la création de la Ligue des États arabes en 1945.
Son rayonnement augmente encore avec l’accession des nationalistes
arabes au pouvoir. Le coup d’État des « Officiers libres » dans la nuit
du 22 au 23 juillet 1952 met fin à la monarchie, marquée par une tra-
dition constitutionnelle et libérale, et au règne de Farouk Ier, fondant
la République d’Égypte. Le régime établi ne répond pas aux canons
de la démocratie (pluralisme politique et des opinions) et l’institu-
tion militaire est présente à tous les niveaux du pouvoir (politique,
économique…) centralisé autour de la figure de Gamal Abdel Nasser,
son président et dirigeant charismatique de 1954 à 1970. Figure
emblématique de l’Égypte contemporaine, Nasser est un « héros » du
mythe de l’unité arabe. Sa pensée panarabe et son anti-impérialisme
(il soutient les mouvements de libération nationale en général et la
cause palestinienne en particulier) l’ont imposé comme leader du
monde arabe. Son charisme lui a ouvert le cœur du peuple et élites
arabes. L’écho de ses discours est démultiplié par le rayonnement de
la culture égyptienne qui culmine à cette époque : le monde arabe
vit au son de la « Voix des Arabes » (Radio émise du Caire et dont
les ondes traversent les frontières), de la voix d’Oum Kalsoum, des
images de cinéma et des mots de Naguib Mahfouz.
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Le Soudan
Au cœur des grandes aires culturelles arabes et africaines, le Soudan
continu de poser la question de l’arabité. Le déclin de la Nubie chré-
tienne au xiie siècle a ouvert la voie à un processus d’arabisation et de
conversion à l’islam initié par l’Empire ottoman via l’Égypte musul-
mane. L’unité soudanaise a toujours posé problème. Introuvable à
l’époque de la Nubie chrétienne, elle ne progresse guère sous les dif-
férents sultanats islamiques entre les xvie et xixe siècle. L’unification
politique et la centralisation du pouvoir à Khartoum prend forme à
l’époque de la domination turco-égyptienne (1821-1885), avant l’af-
firmation de l’emprise britannique (1895-1956). La puissance colo-
niale développe une « politique séparatiste » (Bahgat Korany) appuyée
sur les clivages ethniques, religieux et territoriaux. La proclamation
de l’indépendance en 1956 marque l’avènement d’un pays vaste. Le
Soudan est l’un des pays les plus pauvres au monde alors que sa posi-
tion entre le Nil Bleu et le Nil Blanc lui offre de formidables capacités
agricoles. Ce potentiel ne s’est jamais traduit par la constitution d’un
grenier pour le monde arabe, et ce malgré les travaux d’irrigation
entrepris à partir des années 70.
Partagé entre un Nord essentiellement arabo-musulman et un Sud
chrétien et animiste, l’État du Soudan persiste dans une politique de
séparatisme linguistique entre un Nord musulman et largement ara-
bisé et un Sud multiethnique et multiconfessionnel anglophone. Pis,
la diversité ethnique et religieuse, a priori source de richesse, devient
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Le pôle maghrébin
Le Maghreb est le pôle occidental du monde arabe. Al-Djazeerat
Al-Maghreb ou « (presqu’) île du couchant », le Maghreb tire son nom
de la perception que les géographes arabes avaient de cette aire : située
à l’ouest du Levant (le Machrek) et entourée par l’Atlantique, la mer
Méditerranée et le désert du Sahara. Le Maghreb est aujourd’hui sub-
divisé en États souverains ancrés dans le Nord de l’Afrique.
Le Maghreb stricto sensu se limite au triptyque axial de l’Afrique
du Nord formé par le Maroc, l’Algérie et la Tunisie. Ces derniers sont
liés par une forte parenté culturelle, historique et sociale. Dans une
conception élargie, le « Grand Maghreb » intègre les extrémités orien-
tale et occidentale nord-africaines, périphérie formée par la Libye
et la Mauritanie. Ces cinq États, regroupés depuis 1989 au sein de
l’Union du Maghreb arabe (UMA), couvre un territoire d’une super-
ficie totale de plus de six millions de km². Cette unité géographique
est confortée par des frontières communes étatiques et une continuité
naturelle : zones littorales, montagneuses et désertiques qui relient le
Maroc à la Libye.
Derrière la continuité territoriale de ce pôle du monde arabe, les
frontières sud du Maghreb héritées de l’époque coloniale ont causé de
multiples problèmes frontaliers autour de l’espace saharien, sorte de
zone grise soustraite au contrôle des États riverains et jamais dominée
par aucun des pays du Maghreb. L’histoire coloniale a produit des
frontières parfois discutées, à l’origine de tensions entre la Libye et
la Tunisie, mais surtout entre l’Algérie et le Maroc sur la question
du Sahara occidental, tensions qui ont parfois dégénéré en conflits
armés (guerre des sables entre l’Algérie et le Maroc en 1963). Bien
que le Maroc ait renoncé en 1989 à revendiquer la partie du Sahara
algérien (Tindouf ), le « Sahara occidental », occupé par le Maroc à
80 % depuis 1979, est le théâtre d’un conflit lancinant avec l’Algérie.
Ce contentieux pèse sur l’Union du Maghreb Arabe et empêche tout
progrès significatif en faveur de l’intégration de la région.
Le Maghreb forme a priori l’un des pôles les plus homogènes
du monde arabe, mais n’échappe pas à la dialectique unité/plura-
lité. Au-delà d’une image relativement cohérente et homogène d’une
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L’identité maghrébine
Les Maghrébins sont grosso modo des berbères arabisés. Les traits
de l’identité maghrébine est plus complexe néanmoins et se dessinent
autour d’une « berbérité » originelle, d’une religion d’État (l’islam
sunnite), d’une langue arabe et d’une histoire coloniale. Cette iden-
tité maghrébine commune est multiple : des particularismes natio-
naux et locaux perdurent et commandent, là encore, de conjuguer
l’identité maghrébine au singulier et au pluriel.
Une origine commune
Au-delà des influences successives (Phéniciens, Romains,
Fatimides, Almoravides, Almohade, Arabo-musulmans, Ottomans et
Français), le Maghreb est marqué par la prégnance du substrat « ber-
bère » (terme qui vient du latin « barbarus », utilisé par les Romains
pour désigner les peuples étrangers rencontrés durant leur conquête
de l’Afrique du Nord) ou « amazighe » (qui signifie « homme libre »).
Les tribus berbères se sont étendues sur un ensemble territorial,
Tamazgha, qui recouvre en grande partie le Maghreb contemporain.
Divisés en deux grands groupes (les Sanhadja et les Zénètes) identi-
fiés par Ibn Khaldoun, les Berbères étaient païens, juifs ou chrétiens,
avant de se convertir à l’islam à partir du viie siècle. L’arabisation sera
lente et plus tardive.
Quoi qu’il en soit, l’arabisation du Maghreb n’a pas effacé les
racines berbères des populations de la région. Il s’agit d’une réalité
commune et vivante. La distinction entre Arabes et Berbères, ins-
trumentalisée par le pouvoir colonial (les seconds étant réputés plus
assimilables), est un peu spécieuse au regard du brassage des popu-
lations. Il n’en reste pas moins que les Berbères sont aujourd’hui
des minorités importantes, concentrées essentiellement en Algérie
(les Kabyles, les nomades Touaregs et mzabites dans le Sahara) et au
Maroc (les Chleuhs, les Rifains), et dans le sud libyen. En Tunisie, le
pays est largement arabisé (et l’a été plus rapidement que ses voisins),
seules quelques zones tribales dans le sud et l’île de Djerba entre-
tiennent encore un lien avec leur berbérité.
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La Somalie
La Somalie est le produit de diverses influences : Égyptiens,
Grecs, Romains puis Indiens ont déferlé sur ses côtes pour com-
mercer ; les Arabes s’y sont installés durablement dès le xe siècle. Un
sultanat est créé au xiiie siècle, la population se convertit à l’islam.
L’indépendance de la République de Somalie (1960) est le fruit de la
réunion des colonies italiennes (Somalia) au Sud et britannique au
Nord (Somaliland).
Après l’instauration d’un gouvernement démocratiquement élu,
le pays traverse une succession d’épreuves : luttes claniques entre le
nord et le sud, coup d’État (1969), parti unique et socialisme éta-
tique, guerre contre l’Éthiopie en 1977-1978, famine endémique
en 1984, faillite de l’État en 1991, emprise des seigneurs de guerre,
guerre civile entre faction, déplacements de population et crise huma-
nitaire, échec de l’intervention américaine sous mandat de l’ONU en
1992, éclatement du pays en différents territoires, institution d’un
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Djibouti
Depuis son indépendance en 1977, la stabilité politique de la
République de Djibouti détonne dans la région. Le lien de Djibouti
avec son ancienne puissance coloniale (la France) est le pendant de sa
stabilité. La France est un grand partenaire économique et a conservé
une grande base militaire à Djibouti. La présence française lui permet
de jouer un rôle dans la sécurité du pays, un rôle dissuasif, préventif
contre instabilité d’origine extérieure ou intérieure. Ainsi, la France a
contribué en 1994 à éviter un conflit entre Afars et Isaas, sur la base
d’un accord de paix qui a ouvert la voie, en 2000, au multipartisme
et à la répartition du pouvoir. Cette évolution est notable dans une
société diversifiée : même si 95 % de la population est de confession
musulmane, plusieurs ethnies coexistent et parlent quatre langues (le
français et l’arabe étant des langues officielles).
De nouvelles perspectives économiques s’ouvrent au pays avec la
signature de ses premiers accords d’exploitation gazière et pétrolière
offshore. Le territoire occupe une position géostratégique puisqu’il
permet de contrôler les voies maritimes (de Suez à l’Asie) ainsi que le
Proche et Moyen-Orient. Situé entre la mer Rouge et l’Océan Indien,
le pays est une pièce maîtresse dans la lutte contre la piraterie et le
terrorisme. Les relations avec les pays occidentaux se sont renforcées
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par le protocole d’Alexandrie. Le Pacte est ratifié par les cinq États
signataires du Protocole d’Alexandrie, rejoints par l’Arabie Saoudite
et le Yémen du Nord. La « Ligue des États arabes » compte donc sept
États fondateurs, parmi lesquels l’Égypte jouit d’une aura incontes-
table. Instigatrice du projet, l’Égypte est également responsable de
son statut paradoxal.
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La quête de sécurité
Le Pacte de la Ligue arabe proscrit le recours à la force et privilégie
le règlement pacifique des différends entre ses États membres. Toute
« guerre intérieure » est prohibée. La Ligue a vocation à jouer un rôle
de médiateur. L’organisation s’est pourtant montrée incapable d’éviter
des conflits armés interarabes (guerre du Yémen, invasion irakienne
du Koweït, participation d’États arabes au sein de coalitions interna-
tionales contre l’Irak en 1991 et la Libye en 2011). Au sommet de
Beyrouth en mars 2002, les membres ont entériné la réconciliation
entre l’Irak et le Koweït.
Tout en reconnaissant le principe de sécurité collective interna-
tionale (dans le cadre de la Charte des Nations-Unies) par crainte
de l’ingérence occidentale, la Ligue arabe fait prévaloir les systèmes
régionaux de sécurité. Le Pacte prévoit ainsi un système rudimentaire
de sécurité collective. En cas d’agression ou de menace d’agression,
les États arabes peuvent demander la réunion immédiate du Conseil
de la Ligue, qui décide des mesures à prendre contre l’agresseur. Le
système de sécurité collective institué par la charte de la Ligue et par
le Pacte de défense commune du 13 avril 1950 – établi sur le modèle
de l’OTAN – n’a pas joué lors des guerres israélo-arabes de 1956, de
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Le cas syrien revêt une tout autre dimension. La Syrie jouit d’un
poids historique et géopolitique particulier dans la région. Une
influence qui explique que la voie de l’intervention militaire a été
écartée en faveur de la voie diplomatique sous la forme d’une média-
tion arabe et internationale. La volonté initiale de la Ligue arabe
était de sauver le régime de Bachar Al-Assad par la recherche d’une
sortie de crise. La Ligue arabe a dépêché les observateurs en Syrie
après que le pouvoir eut accepté un protocole régissant cette mission,
qui prévoit un arrêt des violences, le retrait des chars des villes et le
déplacement libre des médias étrangers. Constatant que le plan de
paix négocié avec le régime de Bachar Al-Assad restait lettre morte,
la Ligue arabe a décidé, le 12 novembre 2011, de suspendre la Syrie,
appelant au retrait des ambassadeurs arabes à Damas aussi longtemps
que le régime syrien n’appliquerait pas les conditions de ce plan. Lors
de la réunion d’urgence organisée au Caire, 18 États ont voté cette
suspension. Seuls le Liban, le Yémen et la Syrie elle-même ont voté
contre. L’Irak s’est abstenu. La suspension de la Syrie était l’une des
principales revendications de l’opposition syrienne, dont les diffé-
rents courants ont défilé au siège de la Ligue. L’échec de la médiation
arabe a conduit également à la suspension de sa mission en Syrie le
27 janvier 2012. En outre, en sus des sanctions économiques et poli-
tiques, l’émir du Qatar, cheikh Hamad Ben Khalifa Al-Thani, s’est
dit favorable à l’envoi d’une force arabe pour faire cesser la répression
(janvier 2012). Une intervention militaire occidentale sur le modèle
libyen reste exclue au regard du risque d’embrasement de la région
et eu égard à la position stratégique de la Syrie, alliée avec Téhéran
et avec des groupes comme le Hamas et le Hezbollah. Après l’échec
et la démission de Kofi Annan comme médiateur international de
l’ONU et de la Ligue arabe en Syrie, un successeur a été nommé
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miliciens arabes. Ils ont été l’objet d’expulsions de pays arabes (du
Golfe en 1991, de Libye en 1995). Leur simple présence dans des
pays arabes, comme réfugiés (Liban, Syrie, Jordanie) ou immigrés
(dans les pays du Golfe), pèse encore aujourd’hui sur les équilibres
démographiques, politiques et sociaux de sociétés arabes dans les-
quelles ils sont soumis à un régime juridique plus ou moins discrimi-
natoire (à l’exception de la Jordanie).
La question palestinienne a émergé sous les effets conjugués du
démembrement de l’Empire ottoman, de la lutte contre l’impéria-
lisme britannique et de la montée en puissance des nationalismes
juif et arabe. Le sionisme a abouti à la création de l’État d’Israël en
1948, tandis que le nationalisme arabe a failli en Palestine. Face aux
divisions intra-arabes et au déclin du panarabisme (à la suite de la
défaite de la Guerre des Six jours, en 1967), le mouvement national
palestinien s’est replié sur sa principale ressource : son peuple. Son
autodétermination et la création d’un État palestinien viable, sou-
verain et indépendant, demeurent aussi légitimes qu’improbables,
au regard d’une triple atomisation : le peuple est disséminé dans un
espace discontinu, fragmenté et régi par des forces politiques anta-
gonistes. L’État palestinien est impensable tant qu’Israël poursuivra
sa politique coloniale et n’admettra pas de négocier les trois points
fondamentaux suivants : le retour aux frontières de 1967 aménagé
par des échanges de territoires, le partage de Jérusalem et une solution
négociée sur la question des réfugiés de 1948.
L’histoire arabo-palestinienne
Province de l’Empire ottoman depuis le xvie siècle, la Palestine
est placée sous un mandat du gouvernement britannique en 1920,
décision confirmée par la Société des Nations en 1922. Entre temps,
la montée de l’antisémitisme et la persécution des juifs en Europe
est à l’origine d’un mouvement nationaliste juif : le sionisme. Son
père fondateur, Theodor Herzl (écrivain juif austro-hongrois,
auteur de L’État juif, publié en 1896) organise en 1897 à Bâle le 1er
Congrès sioniste, à l’occasion duquel il proclame que « l’objectif final
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Un « réveil palestinien » ?
Malgré l’échec des Accords d’Oslo et de la Feuille de route, cer-
tains signes laissent présager un possible « printemps palestinien »,
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Les rencontres ont repris au Caire en janvier 2013, alors que Khaled
Mechaal se trouvait renforcé par sa réélection à la tête du Hamas
(Caire, avril 2013). Fort du soutien des Frères musulmans (au pou-
voir en Égypte), le chef en exil du « Mouvement de la résistance isla-
mique » apparaît aujourd’hui comme un « pragmatique », favorable
à la réconciliation inter-palestinienne ; il a déjà évoqué l’idée d’une
coexistence de deux États et le recours privilégié à une « résistance
populaire », autrement dit non-violente. Réunis au Caire le 14 mai
2013, le Fatah et le Hamas se sont engagés à régler leurs différends
et à convoquer des élections simultanées dans les deux parties du
territoire palestinien.
Parallèlement à ce rapprochement, les tensions internes au sein du
Fatah ont révélé les contradictions et limites de la stratégie adoptée
par l’Autorité palestinienne. D’un côté, le pragmatisme et la rigueur
caractéristiques du mode de gestion du Premier ministre Salam
Fayyad ont permis de poser les bases du futur État (une démarche
saluée par les organisations financières internationales et les chan-
celleries occidentales) ; de l’autre, ces avancées semblent conforter la
priorité à la « paix économique », une démarche préconisée par Ariel
Sharon et Benyamin Netanyahou. Le Premier ministre Salam Fayyad
a été contraint à la démission, une décision symbolisant un affaiblis-
sement politique de l’Autorité palestinienne.
Ces tergiversations et autres rendez-vous manqués avec l’histoire
contrastent avec la volonté affichée d’un peuple palestinien éparpillé
mais uni derrière le principe de la réconciliation des deux principales
formations politiques palestiniennes.
Un peuple épars
Le peuple palestinien existe malgré sa dispersion en Palestine,
dans le monde arabe et au-delà.
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Un peuple de réfugiés
Le peuple palestinien est en partie un peuple de réfugiés et d’exilés.
Avant même la défaite des armées arabes et la proclamation officielle
de l’État d’Israël, le déplacement et l’expulsion des Palestiniens sont
largement entamés, mais la « Nakba » est le principal exode palesti-
nien (750 000 personnes). Les attaques des différentes milices juives
– dont la Haganah – ont entraîné l’exode massif de Palestiniens
vers la Cisjordanie (alors jordanienne), la bande de Gaza (qui rele-
vait alors de l’autorité égyptienne), le Liban, la Syrie et la Jordanie.
La présence de réfugiés palestiniens dans les pays arabes voisins a
d’abord été perçue par les régimes concernés (Jordanie en particulier)
comme une « monnaie d’échange » en vue d’obtenir des territoriaux
disputés, ainsi qu’une assistance technique et financière internatio-
nale. Pour les panarabistes égyptiens et syriens, ces réfugiés devien-
nent vite un argument idéologique de propagande qui alimente un
discours nationaliste articulé autour de la restauration d’une dignité
arabe bafouée en 1948. Avec la proclamation de l’État d’Israël, les
Palestiniens « déplacés » sont désormais considérés comme des « réfu-
giés » des zones conquises par l’armée israélienne. À la veille de son
assassinat par des activistes juifs, le comte Bernadotte – médiateur
mandaté par les Nations-Unies – rédige un rapport dans lequel il
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suggère que la question des réfugiés soit gérée par une commission
de l’ONU et que soit créée une commission pour concilier les Arabes
et les juifs. Dans ce contexte, la Commission de Conciliation pour
la Palestine (UNCCP) voit le jour et la résolution 194 (III) de l’As-
semblée générale est votée le 11 décembre 1948, selon laquelle « il y a
lieu de permettre aux réfugiés qui le désirent de rentrer dans leurs foyers
le plus tôt possible » et « ceux qui décident de ne pas rentrer dans leurs
foyers » doivent recevoir des indemnités à titre de compensation pour
la perte de leurs biens. En 1967, la « Guerre des Six jours » provoque
un nouvel exode pour près de 250 000 Palestiniens, avant que la poli-
tique de colonisation des terres arabes force régulièrement au départ
les Palestiniens.
Depuis la « Nakba » de 1948, le « droit au retour » est une pierre
angulaire du mouvement national palestinien. Ce droit est exclu
par Israël, qui en fait une question existentielle : compte tenu de la
fragilité des équilibres démographiques, le retour des réfugiés en
Israël risquerait selon les sionistes de détruire l’identité juive d’Israël.
Pourtant, ce dernier avait admis, lors de la Conférence de paix de
Lausanne en 1949, le contenu de la résolution 194. Israël justifie
son reniement par le fait d’avoir été contraint d’accepter ce texte en
échange de son admission à l’ONU.
À l’occasion du plan de partage de la conférence de Lausanne
de 1949, les jeunes États arabes se montrent disposés à accueillir les
réfugiés palestiniens, mais s’avèrent bientôt incapables de répondre
à leurs besoins (logement, soins médicaux, alimentation, services
sociaux de santé ou d’éducation) et font appel à des aides extérieures,
notamment venant de l’ONU. L’espoir d’un retour immédiat des
réfugiés ayant disparu, l’Assemblée générale crée en décembre 1949
l’Office de secours et de travaux des Nations Unies pour les réfugiés
de Palestine dans le Proche-Orient (UNRWA), afin de coordonner
les activités liées aux réfugiés, avec les gouvernements locaux.
La résolution 194 ne donne aucune définition du « réfugié
Palestinien ». Bien que la majorité des réfugiés soit des Palestiniens,
on trouve également parmi eux, certes en nombre plus réduit, des
Turcs, des Grecs, des Palestiniens juifs et d’autres nationalités pré-
sentes de part et d’autre de la ligne d’armistice de 1949. Ceci explique
le choix de l’appellation « réfugié de Palestine » par l’UNRWA
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Un territoire fragmenté
À défaut d’existence légale, la Palestine historique ou « manda-
taire » (en référence au territoire anciennement contrôlé par l’Empire
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Un réveil global
Même si les utopies transnationales, panislamiques ou panarabes,
ne sont pas au cœur de ce réveil arabe, la puissante onde de choc de
la révolution tunisienne a franchi les frontières nationales et s’est pro-
pagée avec une intensité variable dans le monde arabe, preuve du lien
immatériel et transnational qui continue d’unir les Arabes. L’échec
idéologique du panarabisme n’a pas fait disparaître toute conscience
politique et collective. S’il est difficile de développer une analyse glo-
bale sur les soulèvements des peuples arabes, un certain nombre de
similarités permet de les inscrire dans un seul et même mouvement
historique.
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d’État, y compris dans l’armée, ont lâché les régimes pour rejoindre
les soulèvements.
Cela étant précisé, les mouvements de contestation sont le fruit
d’une mobilisation trans-générationnelle et interclasses, les barrières
sociales étant momentanément tombées. Ce dépassement a fait la
force des soulèvements, même si les variables tribales ou communau-
taires ont pesé fortement en Libye, au Yémen, au Bahreïn et en Syrie.
Autre caractéristique de ces insurrections populaires, elles n’ont
pas été initiées par des organisations officielles (partisanes ou syn-
dicales) ou des leaders politiques. Cette dimension de « phénomène
spontané » n’a rien de surprenant au vu de la répression dont a fait
l’objet toute opposition réelle aux régimes en place. Ce vide a été
comblé par des mobilisations collectives d’une société civile que
l’on croyait inexistante ou du moins moribonde. Les soulèvements
sont nés des profondeurs des sociétés arabes, non d’une quelconque
élite politico-institutionnelle. Ils consacrent en cela l’affirmation de
l’individu dans les sociétés arabes et une certaine maturation de sa
conscience politique. La spontanéité initiale de ces mouvements sans
assise idéologique ou religieuse particulière, ni même de chef emblé-
matique, s’est avérée une force pour une dynamique diffuse et insaisis-
sable. L’absence de leader charismatique symbolise la rupture avec des
régimes autocratiques souvent ancrés dans des systèmes patriarcaux.
Toutefois, il convient de ne pas minorer la structuration des
mouvements grâce à la mobilisation des leaders d’opinion (quelques
figures ont émergé en Égypte et en Tunisie durant la période révolu-
tionnaire), des acteurs de l’opposition (à l’intérieur ou à l’extérieur du
pays) ou issus de l’ancien régime (exemple topique de la Libye) et des
syndicats (l’UGTT en Tunisie).
Souvent présentées comme archaïques, les sociétés arabes ont su
conjuguer des formes de mobilisation classiques (rassemblements et
manifestations de masse, grèves générales) et le recours aux techno-
logies modernes de communication, lesquels se sont substitués à la
presse écrite traditionnelle le plus souvent soumise – ou du moins
contrôlée – au pouvoir en place. Les réseaux sociaux sont autant
d’espaces saisis par le politique. Malgré une surveillance étroite des
médias et des nouvelles technologies de communication (internet,
réseaux sociaux, téléphones portables), les régimes arabes ont échoué
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Un réveil différencié
Si la dynamique globale est réelle, ses racines, sa nature et son
intensité varient. Le(s) réveil(s) arabe(s) est/sont ancré(s) dans les
réalités nationales et locales. Ces soulèvements attestent l’existence
d’espaces politiques nationaux pertinents dans le monde arabe.
L’hétérogénéité des régimes et sociétés nationales écarte d’emblée
l’idée d’un mouvement qui obéirait à une mécanique identique, aux
implications univoques. Dans un monde arabe complexe et pluriel, la
réalité du « réveil arabe » doit être appréhendée au cas par cas (même
si une analyse casuistique est ici exclue). En cela, le niveau national
offre un niveau d’analyse pertinent pour des sociétés marquées par
d’irréductibles particularismes économiques, sociaux, communau-
taires, tribaux, religieux, etc. Ainsi, à titre d’exemple, si l’argument
de la transition démographique est souvent avancé pour expliquer le
« réveil arabe », il est bon de souligner le cas du Yémen, qui conjugue
la persistance de l’endogamie et un faible taux d’alphabétisation.
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Un mouvement de démocratisation
Le monde arabe avait échappé à la vague démocratique qui a
déferlé à la fin des années 1970 (Espagne, Portugal), puis dans les
années 1990, en Europe de l’Est, en Afrique du Sud et en Amérique
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dans les sociétés arabes depuis la fin des années 1970 est favorisée
par deux facteurs : la hausse du niveau d’alphabétisation et de quali-
fication ; la baisse du taux de natalité. Elle scelle la rupture, relative
et variée, du monde arabe avec le modèle familial traditionnel fondé
sur la famille endogame et un paternalisme structurel. Cette rup-
ture a bouleversé la sociologie et la psychologie des pays concernés en
modifiant leur vision du monde, changement qui se traduit par un
individualisme social et l’émancipation des femmes. Ces boulever-
sements démographiques ont des répercussions directes sur la mue
de l’individu-sujet en individu-citoyen. Cette grille de lecture glo-
balement pertinente n’explique pas tout et ne se vérifie pas partout.
Il suffit de citer l’exemple du Yémen, dont la société ignore ce phé-
nomène de transition démographique, mais dont une frange active a
su se mobiliser politiquement et faire tomber son chef d’État… En
somme, le facteur démographique ne saurait constituer un élément
explicatif exclusif ou décisif.
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le peuple [...]. Ils ont décidé de s’en remettre aux urnes et à la volonté du
peuple comme expression de la souveraineté divine » (Mathieu Guidère).
Cette acceptation peut néanmoins connaître une dérive autoritaire
dans l’exercice du pouvoir. Issu des Frères musulmans égyptiens, le
président Morsi n’a pas hésité à imposer une concentration des pou-
voirs (constituant, exécutif et législatif ) et à neutraliser le pouvoir
judiciaire.
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Un mouvement de « désoccidentalisation »
du monde arabe ?
Un mouvement de « désoccidentalisation » du monde arabe est à
l’œuvre, avec pour toile de fond la diversification des échanges et
partenariats de coopération et l’enracinement d’un double sentiment
d’attraction et de répulsion vis-à-vis des Européens et des Américains.
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divers, la guerre aurait coûté la vie à au moins 250 000 civils ira-
kiens. Sans parler des millions de réfugiés, et notamment le départ
de plus des 3/5e des chrétiens irakiens présents depuis 2000 ans. La
3e Guerre du Golfe restera également marquée par la banalisation
d’une torture institutionnalisée au sein des forces américaines, sym-
bolisée par les images d’humiliation d’Abou Ghraib. La parole occi-
dentale sur la démocratie et le respect des « droits de l’homme » est
s’en est trouvée plus affaiblie que jamais. Une guerre justifiée par la
lutte contre le terrorisme a fait naître un nouveau foyer du terrorisme
international et causé des centaines de milliers de morts et la fuite de
milliers d’Irakiens.
En 2008, l’élection de Barack Obama à la Maison Blanche
devait inaugurer une nouvelle ère dans les représentations mutuelles.
Tourner la page du 11-septembre en somme. Le retrait des troupes
américaines d’Irak est acté et le « discours du Caire » (juin 2009)
rompt avec la rhétorique des néo-conservateurs sur les « croisades »
contre l’« islamo-fascisme » en faveur d’une politique de « main
tendue » en direction du monde musulman. Le discours du Caire est
conforté par celui prononcé au début du second mandat (mai 2013)
devant la National Defense University. Selon le président américain,
la « guerre mondiale contre le terrorisme », héritée de l’administra-
tion Bush-Cheney, devait « comme toutes les guerres [...] prendre
fin ». Pourtant, au-delà des belles paroles, le camp de Guantanamo
n’a pas été fermé et les frappes menées par des drones au Pakistan se
sont multipliées, causant la mort de civils, victimes qui s’ajoutent aux
« victimes collatérales » en Irak et en Afghanistan.
Le dossier israélo-palestinien reflète cette ambigüité. La première
partie de son premier mandat est marquée par la volonté (du prési-
dent-Prix Nobel de la Paix) de relancer les négociations israélo-pales-
tiniennes. L’échec de cette entreprise et l’incapacité à faire cesser la
politique de colonisation israélienne ont mis à mal la crédibilité de
ce nouveau « contrat de confiance ». Le « renoncement américain »
semble être acté lors du voyage officiel du président Obama en
Israël et en Cisjordanie, au début du second mandat (mars 2013).
Parallèlement, avec un volontarisme affiché, le nouveau secrétaire
d’État américain John Kerry multiplie les visites en Israël et dans les
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Dieu 24-25, 54-57, 61, 63, 65, 67, 87, France 36-38, 46-47, 89, 95, 116,
118, 122, 239-240 122, 139, 141, 144, 150, 154, 158,
Djibouti 38, 167-169, 175 168, 253-254
Djihad 198, 200 Frères musulmans 22, 66, 68-71, 77,
Djihadistes 15, 71-72, 109, 149, 162, 94, 108-109, 124, 130, 132, 156,
245, 258 204-205, 235, 238, 240, 242
Druze 40, 44, 46, 62, 90, 95-96, 117, Front de Libération Nationale 146
119-122, 242 Front Islamique du Salut 235
E G
Eau 143-145, 200, 212, 250, 264-267 Gaz 105, 107-108, 112-113, 142,
Égypte 30-31, 35, 37, 39, 44, 47-48, 146, 158, 246, 257, 261
59, 63, 68-69, 71-73, 75, 77, 81, Gaza 80, 130, 194-195, 197-198, 200,
88, 90, 93, 113, 117, 119, 127- 202-203, 204, 207, 209, 210-212,
130, 132-133, 163, 173-174, 177, 218, 248, 250, 253, 260, 266
183, 185, 193, 195, 197, 205, 207, Géopolitique 37, 53, 106, 119, 121,
210, 224-226, 228-229, 232, 235, 166, 187-188, 236, 244, 247, 249,
237-238, 242, 245, 249, 256-257, 257
260-261, 267 Géostratégique 100, 112, 128, 168
Émigration 55, 77, 85-86, 88-89, 144 Ghannouchi (Rached) 242
Émirats Arabes Unis 86, 88, 107, 184, Golfe (pays du) 16, 47, 59, 62, 67,
186, 247 69, 72, 88, 110, 112, 114, 119, 125,
Empire islamique 18, 23, 26-27, 125 169, 188, 192, 199, 207, 228, 232-
Empire ottoman 14, 24, 31-32, 35, 233, 238, 248, 253, 256, 258, 264
37, 41, 46, 58, 66, 76, 93, 115, 119, Guerre
125, 133, 153, 158, 167, 192, 250 – civile 95, 117-122, 147-148, 167,
Ennahda 69, 71, 156, 242 181, 197, 232, 258, 261
Érythrée 38, 167, 176 – d’Algérie 47, 147
Esclaves 20, 29 – des Sables 135, 150, 164-165
Espagne 27, 33-34, 37, 140, 237 – des Six jours 45, 130, 192, 195,
États-Unis 21, 89-90, 96, 103, 204, 208, 211
106-107, 109, 111, 119, 123, 126, – du Golfe 46, 78, 97, 103, 126,
130-131, 157-159, 169, 184, 186, 184, 248, 257, 259, 262
199, 202-203, 218, 238, 247, 249, – du Kippour 130
254-258, 260 – du Rif 141
Europe 21, 32-33, 35, 38-39, 55, 59, – froide 21, 42, 125, 130, 142, 183,
77-78, 88-90, 119, 140, 144, 149, 238, 246, 254-257, 261
192, 207, 221, 234, 237, 251, 253,
260 H
Hachémites 26, 42, 173
F Hadiths 57-59
Fatah 195-196, 198, 202-203, 205 Hamas 114, 187, 198, 200, 202-204,
Fatimides (dynastie) 136, 139, 153 248
Fayçal 36, 41, 46, 215 Haniyeh (Ismaïl) 202
Femmes 79, 82-86, 97, 101, 104, 151, Harkis 148
179, 227-228, 236 Hassan II 96, 151, 164
FLN (Front de Libération Nationale) Hezbollah 69, 78, 103, 118, 121-122,
45, 146-148 187, 215, 248
271
Huntington (Samuel) 22 J
Hussein (roi de Jordanie) 123 Jacobites 76
Hussein (Saddam) 77-78, 92, 97, 103, Jérusalem 34, 40, 75, 123, 130,
124-126, 183, 248, 258 191-195, 199-200, 204, 206-207,
Hydrocarbures 104, 108-109, 112- 210-216
115, 126, 128, 142, 146, 149, 158, Jihad 130
166, 182, 230-231, 246, 253, 256- Jordanie 74, 88, 94, 113, 123-124,
257, 262-263 184, 191, 194-196, 199, 204, 207,
209, 211, 224, 230, 232-233, 235,
I
249, 263, 266
Ibadites 95, 137
Jourdain 123, 194, 200, 265-267
Ibn Abdel Wahhab 60, 102
Juifs 77-78, 124, 138, 193, 206, 212
Ibn Khaldoun 136, 139, 153
Ibn Saoud 46, 66, 123, 257 K
Ibn Taymiyya 60, 65 Kadhafi 91, 94, 158-159, 160, 162,
Ifriqiya 30, 140, 153 164-165, 177, 185-186, 221, 255
Immigration 88-89, 100, 119, 139,
Kairouan 139, 153
144, 193, 207, 211
Kalsoum (Oum) 15, 128-129
Indépendance 24, 36, 39, 41, 46-47,
Kharédjites 62
78, 93, 95-96, 108, 110, 112, 116,
120, 123, 125, 133-134, 137, 141, Kharidjites 26-27, 58, 63
145-148, 151, 154, 158, 161, 163- Koweït 62, 69, 100-101, 106, 111-
164, 167-168, 171, 173-174, 180, 112, 114, 124, 126, 180, 183, 195,
183, 193-194, 197, 199, 216, 222, 199, 225, 235
246, 254, 257 Kurde 45
Indonésie 15, 59 Kurdes 31, 48, 90, 92, 117, 125-127,
Intellectuels 21, 86 184
Intifada 198-199, 201
Irak 26, 37, 41-42, 46, 58, 62-63, 69, L
77-78, 89-90, 93, 106, 114, 119, La Mecque 25-26, 31, 41, 46, 55-56,
123, 125, 127, 173-174, 180, 183, 61, 64, 102, 115-116, 123, 203
186-187, 196, 199, 230, 237, 248, Laurence T. E. (d’Arabie) 116
253, 257-259, 261-262, 266-267 Levant 38, 69, 89, 135, 138-140
Iran 50, 61-62, 67, 69, 78, 106-107, Liban 36, 40, 42, 46-47, 50, 62, 76-
112, 118, 126, 188, 198, 215, 219, 78, 88-89, 91, 93, 95, 116-117, 119-
229, 238, 247-248, 257 122, 173-174, 181, 186-187, 191,
Islam 12, 14-15, 19-20, 22-23, 25-27, 195-197, 207, 209, 222, 224-225,
31, 36, 43, 49-51, 53-64, 66-68, 70, 235, 254, 260, 266-267
72-75, 78, 83, 90, 100, 102-103, Libye 37-38, 63, 69, 78, 88, 91, 94,
108, 115, 128, 132-133, 136-140, 135, 157-158, 160, 162-166, 177,
153-154, 161, 167, 201, 206, 233, 180, 185-187, 192, 218, 225-226,
238-239, 242, 251, 264 228-229, 237-238, 241-242, 254-
Islamisme 70 255, 264
Ismaël 18 Ligue des États Arabes 172
Israël 47, 78, 121, 123, 130, 138, 177,
183, 191-193, 195-198, 200-201, M
203-204, 206-208, 210-215, 218- Machrek 16, 83, 90, 99, 116, 135,
219, 247-250, 259-260, 266-267 235
Italie 37, 167, 253 Maghreb 13, 16-17, 30, 32, 35, 38,
272
47, 69-70, 72, 78, 81, 83, 88, 90, Nationalisme arabe 14, 37-38, 43, 45,
94, 99, 135-136, 138-146, 149, 153, 49-51, 67, 76, 116, 128-129, 192,
156, 158, 160, 162, 164-166, 188, 238, 242
245, 252, 254, 256, 262 Néoconservateurs 126, 229, 258
Mahfouz (Naguib) 15, 128-129 Néo-Destour 154-155
Makhzen 150 Néo-orientalisme 21
Malékisme 59 Nestoriens 74, 76
Mamelouks 29-30, 39, 65, 75, 129 Nomade 11, 24, 92, 100, 102, 105,
Mandat 24, 36-37, 46, 93, 95, 116, 125, 136, 139-140
120, 125-126, 134, 160, 167-168,
178, 183, 186, 192-193, 206, 259 O
Maraboutisme 63, 137, 140 OAPEP (Organisation des Pays Arabes
Maroc 13, 31, 37, 48, 63, 69, 78, 91, Exportateurs de Pétrole) 112
135-136, 138-139, 141, 143-145, Obama (Barack) 255, 259-260
149-150, 161, 164-166, 184, 186, Occident 11, 14, 17-18, 22-23, 27,
224-225, 228-229, 232-233, 235, 32, 43, 48-49, 64-65, 72-73, 75,
237-238, 254, 256 89-90, 108, 119, 124-125, 128, 139,
Maronites 36, 76-77, 120 151, 246-247, 249
Maures 18, 161 OCI (Organisation de la Coopération
Mauritanie 86, 135, 142, 150, 160- Islamique) 48, 51, 172, 189
161, 164, 175, 249 OIT (Organisation Internationale du
Mechaal (Khaled) 204 Travail) 80, 86, 244
Médine 25-26, 55, 58-59, 102 Oman 63, 91, 100, 106, 111, 230,
Méhémet Ali 39, 129 233, 263
Melkites 76-77 Omeyyade 23, 26, 30, 32, 61, 64-65,
Mohammed (le Prophète) 12, 23, 25-
116, 139, 153
26, 54, 58, 60, 102
Omeyyades 27
Mohammed VI (roi) 91, 151
OPEP (Organisation des Pays
Mongols 30, 75
Exportateurs de Pétrole) 104, 246
Morsi (Mohamed) 132
Moubarak (Hosni) 130-131, 185, 204, Organisation de Libération de la
262 Palestine (OLP) 114, 153, 175, 195-
Multipolaire 169 200, 210, 217
Musulman (monde) 11, 13-15, 18, 27, Orientalisme
30-31, 34, 53, 69, 108, 139, 240, – Orientalismeartistique 18
259 – Orientalismescientifique 18, 20
Mutazilisme 29, 58-59 Othman 26
Mzab (oasis) 90 Ottoman 31, 41, 45, 73
Oulémas 59
N Oumma 25, 38, 45, 48-50, 53, 55-57,
Nahda 12, 22, 39-40, 76, 116, 120, 60, 67, 69, 219
129, 222
Nakba 43, 191, 194, 207-208 P
Naksa 191, 195 Palestine 34, 36, 40, 42-44, 46, 68,
Nasser 43-45, 68, 71, 94, 128-131, 78, 83, 175, 192-196, 198-199,
163, 183, 195, 197, 238 205-206, 208-209, 215, 217-219,
Nationalisme 41-45, 49, 128, 130, 239, 266
193, 238 Palestiniens 44, 123-124, 175, 191,
273
274
97, 101, 105, 144, 154, 227, 231, Union européenne 151, 202-203, 249,
235-236 251-252
Transjordanie 42, 47, 76, 123, 173- Unité 43
174, 194
Tribus 12, 17, 24-26, 45, 53, 55, 57, V
66, 74, 94, 100, 107, 123-124, 134, Vizirat 65
136, 139, 141, 150, 160
W
Tunisie 13, 19, 37-38, 63, 69, 71-72, Wahhabisme 66, 102-103
83, 135-137, 139-141, 143-145, Wahhabites 102, 257
152, 156-157, 164, 224-226, 228-
229, 232, 237, 242-243, 254, 256, Y
260 Yémen 47, 59, 62, 81-83, 85-86, 88,
Turcs 29, 31, 47, 116, 193, 208 90, 95, 100-101, 103, 109-111, 174,
Turquie 46, 50, 63, 116, 219, 240, 180, 187, 226, 228, 230-232, 236,
247, 250-251, 266-267 238, 263
U Z
Union du Maghreb Arabe 135, 162 Zaïdites 90, 92, 95, 110
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