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DE LA MEDITERRANEE
2010-2011
L’ANNUAIRE
DE LA MEDITERRANEE
2010-2011
PUBLICATION DU GERM
Association scientifique reconnue d’utilité publique
B.Q. n° 5560 du 13 septembre 2007 (version arabe)
Correspondance : B.P. 8163, Agence des Nations Unies, Agdal, Rabat
Site web : www.germ.ma
Les organes du germ
Comité exécutif
Habib El Malki (Président)
Driss Khrouz (Secrétaire général)
Hamid Behaj (Trésorier)
Hakima Laala
Najat Benseghir
Loubna Beraich
Anne Balenghien
Houda El Khelloufi
Mohammed Khariss
Abdelouahab Maalmi
Jalil Hajarabi
Miloud Loukili
Aziz Hasbi
Fouad M. Ammor
Kamal Mehadoui
Larbi Harrass
Comité scientifique
Habib El Malki
Driss Khrouz
Ali Amahane
Mohammed Bennani
Yahya Bouabdellaoui
Hakima Laala
Anne Balenghien
Abdelouahab Maalmi
Miloud Loukili
Aziz Hasbi
Comité de rédaction
Abdelouahab Maalmi (Rédacteur en chef)
Driss Khrouz
Fouad M. Ammor
Mohammed Khariss
Najat Benseghir
Mohammed Bennani
Sommaire
Présentation . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Approches . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 115
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN avec
les pays du Maghreb
Abdelouhab Maalmi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 117
Etat et perspectives de l’Ordre international
Aziz Hasbi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 133
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et défis
Sabra Ammor . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 151
Annexes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171
I. Le « Printemps arabe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
1. Chronologie du « Printemps arabe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 173
2. Les réactions au « Printemps arabe » . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
La réaction de l’UE au « Printemps arabe » : MEMO 11/918,
Bruxelles, 16 décembre 2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 179
Conférence de presse du président B. Obama, Maison blanche,
15/2/2011 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 193
Déclaration de Camp David du G8, 18-19 mai 2012 . . . . . . . . . 197
Déclaration de Bagdad appuyant le Printemps arabe . . . . . . . . . . 199
II. Les Conseils économiques et sociaux en Méditerranée . . . . . . . . . . 201
Bibliographie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 205
Présentation
Abdelouhab Maalmi
Etudes
Axe I
Les nouvelles dynamiques
en Méditerranée :
le « Printemps arabe »
Bouleversements politiques arabes :
quelle nouvelle géopolitique en Méditerranée ?
Abdelouhab Maalmi
qui ont déferlé sur le monde depuis au moins 1989 ? Est-ce donc la
manifestation d’une onde de choc tardive du bouleversement mondial
survenu il y a vingt ans avec les réformes de Gorbatchev, la chute des
régimes communistes est-européens et l’effondrement de l’URSS ?
Sommes-nous en présence de l’ultime étape d’un long mouvement
d’ensemble de libération des peuples arabes qui commença avec les
révoltes contre l’Empire ottoman après la Première Guerre mondiale,
continua avec les mouvements de libération nationale contre l’impérialisme
colonial après la Seconde Guerre mondiale, pour finir avec les révoltes
d’aujourd’hui contre les régimes dominants vingt ans après la fin de la
guerre froide?
Cette idée de sens du « Printemps arabe », même sans que l’on puisse
pour l’instant y apporter une réponse définitive, nous paraît importante pour
notre problématique dans la mesure où elle détermine à nos yeux l’avenir des
relations Nord-Sud en Méditerranée. Les premières réactions aux révoltes
arabes de l’UE, des Etats-Unis, de l’OTAN et, plus globalement, du G8,
d’abord prudentes, puis plus ouvertement favorables aux revendications
populaires, prouvent que l’on parie sur un certain avenir dans lequel le Sud
et le Nord seraient significativement et résolument rapprochés au plan des
institutions et de certaines valeurs. Au fond, n’était-ce pas cela le pari de
toutes les initiatives de dialogue et de coopération qui ont été entreprises à
l’égard du Sud depuis la fin de la guerre froide ? Autrement dit, prévenir le
choc des civilisations ou des cultures entre les deux rives, voire construire
un espace de valeurs communes ? Mais, au-delà des discours, l’échec a été
patent à cet égard. Les systèmes de gouvernance, les régimes politiques
s’étaient révélés non réformables, sinon en surface. La conditionnalité
politique était demeurée sans effectivité.
Le « Printemps arabe », tel qu’il est perçu dans son élan libérateur,
rend-il maintenant ce pari possible ? C’est du moins ce qui ressort par
exemple des réactions de l’UE, pour nous limiter à celle-ci, au cours des
mois de mars, mai et juillet 2011.
Le 8 mars 2011, en effet, la Commission européenne et la Haute
représentante de l’UE pour les Affaires étrangères et la politique de
sécurité, Mme Ashton, publient une communication conjointe appelant à
« un partenariat pour la démocratie et une prospérité partagée avec le sud
de la Méditerranée » où l’accent est mis, entre autres, sur la transformation
Bouleversements politiques arabes 17
Conclusion
La Méditerranée depuis fin 2010 est à coup sûr à un tournant géopolitique.
La montée au créneau des masses révoltées contre leurs régimes sur la
rive sud, met le Nord, pour la première fois depuis les indépendances,
directement face à des peuples qui veulent reprendre leur destin en main.
Toutefois, l’avenir demeure incertain, qu’il s’agisse de la nature et de
la direction des transitions en cours ou de leur impact sur les rapports entre
les deux rives de la Méditerranée. Entre le rêve de Mare nostrum (version
kantienne) et la réalité présente de la Pax romana (ordre hégémonique),
tous les avenirs sont possibles, du meilleur au pire. Ce que l’on pourrait
raisonnablement espérer cependant, c’est qu’au Sud triompheront le
réalisme ou la sagesse et qu’au Nord on saura faire preuve d’empathie,
ainsi l’on évitera de tomber dans le choc des cultures prédit par Huntington
ou dans l’orgueil arrogant du prétendu triomphe final de l’idéologie
libérale annoncé dans la Fin de l’Histoire de Fukuyama.
Bouleversements politiques arabes 19
Références
Introduction
L’histoire des révolutions nous enseigne que rien n’est plus difficile à
gérer que ces étapes post-révolutionnaires où les peuples, libérés du joug
totalitaire qui les emprisonnait, sont pris dans un tourbillon euphorique de
réclamations tous azimuts, où des opportunistes tentent de profiter du vide
laissé par les anciens maîtres de la nation, où des contre-révolutionnaires
cherchent à semer le chaos, etc. Tous ces phénomènes, et bien d’autres
plus contextuels, ont été vécus en Tunisie, depuis que les Tunisiens ont
chassé le dictateur corrompu qui régnait sans partage sur leur pays depuis
vingt-trois ans.
Nous allons essayer de reprendre le cours des événements qui ont
secoué ce pays, pourtant réputé paisible, qu’est la Tunisie, pour étudier la
genèse de la révolution du 14 janvier 2011, ses principales étapes-clés et
la situation qui prévaut plus d’une année et demi plus tard.
partagé leurs photos et leurs vidéos sur les réseaux sociaux. Entre-temps,
les médias nationaux minimisaient la portée des événements et répétaient
qu’ils sont le fait de bandes de voyous qui veulent nuire à la stabilité du
pays. Mais cela faisait longtemps que la confiance était rompue entre les
Tunisiens et leurs médias. Le journalisme alternatif et citoyen a donc pris
le relais pour dénoncer les exactions, et El Jazzera a fait le reste.
La différence entre la révolte de 2008 dans le bassin minier et celle
de 2011 à Sidi Bouzid a été la plus grande présence, trois ans après, des
TIC dans la population tunisienne : des téléphones plus sophistiqués,
des réseaux sociaux bien diffusés dans la population (deux millions de
comptes facebook pour 11 millions d’habitants), une couverture du réseau
internet sur la grande majorité du territoire tunisien avec une bonne qualité
de débit à un prix relativement modéré.
perdu trois niveaux passant de BBB à BBB- puis BB+ et enfin BB. Fait
assez rare aussi, l’agence S&P commente cette dégradation en disant
que « le gouvernement de transition, en place depuis décembre 2011, ne
semble pas être en mesure de redresser suffisamment l’économie ».
En fait, l’économie tunisienne est la première victime de sa révolution :
à l’attentisme des premiers mois de l’année 2011 a succédé une vague de
fermetures de filiales de multinationales qui délocalisaient leur production
en Tunisie. Les entreprises qui appartenaient au clan de l’ancien président,
confiées à des administrateurs judiciaires, sont en attente d’une solution,
des dizaines d’hommes d’affaires demeurent encore interdits de voyage en
attendant leur jugement, et la consommation locale est en berne, et ce sans
parler de la situation du tourisme qui s’est largement rétracté. Tout ceci a
donné un taux de croissance qui avoisine les -2 % en 2011, alors que le
pays était habitué à des taux de 3 à 5 % durant les dernières années.
Afin de contrer ces mouvements, plusieurs membres du gouvernement
se sont relayés depuis le début du mois de juin 2012 dans les médias pour
affirmer que les indicateurs s’améliorent depuis qu’ils sont au pouvoir.
Problème, chacun d’eux cite des chiffres différents, rien qu’en matière de
croissance. En effet, alors que le Premier ministre parle de +4,8 %, son
conseiller politique avance le chiffre de +2,2 % alors que le ministre de la
Justice parle, lui, de +6,6 %. Il n’en fallait pas moins pour qu’une véritable
polémique s’installe dans le pays sur la récupération politique des chiffres.
Pour l’anecdote, certains disent que l’économie tunisienne se porte mieux
depuis que le nouveau gouvernement a nommé un nouveau PDG à la tête
de l’Institut national de la statistique.
Côté politique, l’Assemblée constituante, toutes composantes politiques
confondues, est l’objet de vives critiques pour sa lenteur et son enlisement
dans des affaires secondaires par rapport à sa mission principale de
rédaction de la Constitution. Les interventions spectaculaires de certains
députés créent le buzz sur le Net. Le dernier scandale est relatif à
l’augmentation des indemnités des députés, discutée à huis-clos, qui
s’élèveraient à 2 100 euros soit plus de 16 fois le SMIG. La troïka qui
gouverne le pays semble pleine de bonne volonté, mais elle avance en ordre
dispersé, les déclarations contradictoires sont légion et certains conseillers
du président de la République sont même ouvertement critiques vis-à-vis
de certains ministres. L’un d’eux, Chawki Abid, le conseiller économique,
va jusqu’à demander publiquement la démission du gouvernement à la fin
26 Anissa Ben Hassine
la peur était brisé. Il y avait un humour décapant sur les réseaux sociaux,
et les médias (re)découvraient la liberté de s’exprimer et de rire de tout
ou presque. Des milliers d’associations ont été créées, dans l’humanitaire,
la citoyenneté, les micro-crédits, le développement régional, etc. Tous les
jours, des conférences, des initiatives, des débats avaient lieu dans les
centres culturels, les hôtels, et pour la première fois la télévision organisait
des débats politiques.
Beaucoup d’ONG, d’entreprises et d’associations allaient dans les
régions pour scruter les besoins, offrir des aides, rebâtir… Il y avait tant
de choses à faire car le miracle tunisien que racontait Ben Ali était juste le
fait d’une classe de favorisés sur les villes côtières … et encore !
Mais la communion a été de courte durée. Très vite, les dissensions ont
pris le dessus, au fur et à mesure qu’approchait la date des élections de la
Constituante, prévue initialement le 24 juillet 2011. Les réseaux sociaux
ont joué là aussi un rôle déterminant. Après avoir été un mouvement
spontané citoyen qui a servi de relais pour informer le peuple sur les
exactions qui avaient lieu dans les villes insurgées de Sidi Bouzid, Tala,
Kasserine, pendant la révolution, facebook, notamment, est devenu le
siège des rumeurs les plus folles sur tout et n’importe quoi.
Des pages entières sur facebook ont été dédiées (on cherche toujours
par qui) à l’organisation d’actions bien orchestrées avec des dénonciations,
des diffamations, des calomnies, des injures, des menaces, des attaques
personnelles contre des personnalités politiques ou civiles qui prônent
la laïcité. Ceux qu’on appelle les « admins » des pages facebook seraient
grassement payés. Des montages photo et vidéo circulaient ainsi que des
photos montrant beaucoup de personnes publiques dans leur intimité, dans
des rencontres privées, etc. Lina Ben M’henni, courageuse bloggeuse,
égérie de la révolution tunisienne mais humiliée sur les réseaux sociaux
suite à sa nomination pour le prix Nobel de la paix en est une illustration.
Et puis il y a eu les élections avec les résultats que l’on connaît…
Mais la relative stabilité que l’on attendait avec l’élection de la
Constituante n’est pas au rendez-vous. Le pays est soulevé continuellement
de manifestations sociales. Comme les partis d’opposition sont trop
faiblement représentés dans les nouvelles instances politiques et sont
dispersés, la première force d’opposition est devenue la société civile. Ce
sont même souvent les acteurs concernés par une cause qui descendent
Où en est le mouvement d’émancipation … initié par les Tunisiens en 2011 ? 31
opposants syriens et dominée par les Frères musulmans, est née à la fin
du mois d’août 2011 avec la bénédiction (non officiellement révélée) et le
financement du Qatar.
Le régime syrien a évidemment les torts principaux dans l’empoi-
sonnement d’une situation qu’il aurait été mieux inspiré d’aborder avec
plus d’ouverture. Mais l’esprit de réforme et la souplesse n’étant pas le
fort d’un appareil d’Etat que des années d’animosité avec l’Occident et
certains voisins régionaux (dont Israël) ont rendu méfiant et paranoïaque,
les mouvements de contestation qui le toucheront seront vite interprétés
comme étant l’expression d’un complot. Accusations envers l’Arabie
saoudite et le Qatar parfois, Israël et les Etats-Unis aussi, seront le lot d’un
régime soucieux de prouver à sa population, ainsi qu’à un grand nombre
de citoyens arabes, que la Syrie répond nécessairement à un état d’excep-
tion régionale. Mais il faut croire que cet argument n’était pas entièrement
écarté par toute la population syrienne. Certes, images et témoignages
assoient l’idée selon laquelle l‘armée syrienne n’a pas hésité à développer
une politique ultra-répressive à l’encontre des mouvements d’opposition.
La réticence des autorités à permettre l’entrée de journalistes étrangers sur
son territoire demeurait elle-même un signe de ce que celles-ci avaient
forcément quelque chose à cacher. Mais quand bien même certaines villes
et quartiers ont fait parler d’eux du fait de l’ampleur de la violence y ayant
sévi (avec l’exemple notable de Baba Amr à Homs), il ne faut pas oublier
que plus d’un an passera avant que l’on assiste à des violences significati-
ves dans les deux villes les plus importantes de la Syrie : Alep, la capitale
économique, et Damas, la capitale politique. Or, l’on oublie souvent que
ces villes réunissent à elles seules près de la moitié des 23 millions de
Syriens. La violence étatique peut certes avoir un effet dissuasif sur des
contestataires craintifs. Cela étant dit, il est également légitime de penser
que, loin du grossissement parfois provoqué par la lentille des médias, ces
deux villes ont fait le choix d’un quiétisme par leur adhésion à la politique
du régime. Non que celui-ci leur convienne forcément ; mais dans le même
temps, si changement il devait y avoir, quelle était l’alternative clairement
posée à Bachar al-Assad ?
Conclusion
Le régime syrien a montré de fortes capacités de résistance à la vague
du « Printemps arabe ». Partie pour faire tomber la majorité des leaders les
plus autoritaires de la région, celle-ci aura finalement eu des effets parfois
inattendus. Le maintien de Bachar al-Assad et de son régime, en dépit de
l’embargo contre son pays et du grand nombre d’acteurs désirant sa fin,
aura constitué pour beaucoup d’observateurs l’une de ces surprises.
Les opposants politiques à Bachar al-Assad ne paraissent néanmoins
pas encore au bout de leurs peines. Leurs divisions et différends jouent
amplement contre eux, cependant que leurs soutiens étatiques ne paraissent
pas eux-mêmes vouloir dépasser à ce jour le cadre d’une stratégie basée
sur un affaiblissement progressif du pouvoir syrien. Or, plus le temps
passe, plus celui-ci paraît à même de résister.
Faut-il pour autant se résigner et continuer à assister à ce qui se passe
en Syrie ? Evidemment non. Mais quelles options y a-t-il au demeurant ?
Changements politiques et perspectives institutionnelles en Syrie 43
(1) Voir à ce propos Didier Billion, « Laïcité, islam politique et démocratie conservatrice en
Turquie », Confluences Méditerranée, n° 76, hiver 2010-2011, p. 37-49.
(2) AFP, 24 février 2011.
Quelle grille de lecture de la politique extérieure de la Turquie ? 47
car elle constituait « une synthèse entre islam et démocratie (3) ». Le même
think tank, lors d’une nouvelle enquête réalisée entre octobre et décembre
2011, donc après le début de l’onde de choc qui traverse le monde arabe,
auprès de 2 300 individus dans seize pays du Moyen-Orient et d’Afrique
du Nord, confirmait l’appréciation avec 67 % sur la même question et plus
généralement un taux d’appréciation positive de la Turquie de 78 % (4).
Le troisième thème récurrent s’est incarné à maintes reprises ces
dernières années dans la formule « sommes-nous en train de perdre la
Turquie ? ». Outre que le « nous » est d’une insupportable condescendance
désignant prétentieusement, mais par ellipse, un Occident qui n’ose
pas dire son nom et qui se serait accaparé la Turquie. Outre que les
puissances occidentales ne sont plus en situation d’imposer leur ordre
au reste du monde – nous y reviendrons – les dernières évolutions de
la politique extérieure d’Ankara montrent à l’envi que ce pronostic est
radicalement erroné. De plus, les relations internationales ne sont pas un
jeu à somme nulle, et ce n’est pas parce que la Turquie affirme sa présence
et son influence dans son environnement géopolitique qu’elle abandonne
pour autant les alliances qu’elle a contractées au cours des décennies
précédentes, notamment avec les Etats-Unis.
Le point commun entre ces affirmations et interrogations est qu’elles
sont la plupart du temps formulées dans la fièvre de l’écume des
événements et sont l’expression d’un défaut de mise en perspective de
la politique extérieure turque. Pourtant celle-ci est nécessaire si l’on
veut s’interroger sur la pertinence du concept de « nouveauté » dans
la diplomatie ankariote. D’autant que les tentatives de réponse à cette
question ne sont pas univoques et qu’il est possible, et nécessaire, d’y
répondre à la fois affirmativement et négativement.
(3) M. Akgün, S. Senyücel Gündogar, J. Levack, G. Percinoglu, The perception of Turkey in the
Middle East 2010, TESEV Publications, Istanbul, 2011.
(4) M. Akgün, S. Senyücel Gündogar, The perception of Turkey in the Middle East 2011, TESEV
Publications, Istanbul, 2012.
48 Didier Billion
Tout d’abord, force est de constater que, depuis une vingtaine d’années,
la Turquie a connu de considérables évolutions aux niveaux politique,
économique, social, sociétal et culturel et qu’elle n’est donc plus la même.
Dans ce processus de transformation radicale, il serait pour le moins
paradoxal que sa politique extérieure ne se modifie pas.
Ensuite, deuxième paramètre, constatons que, dans la même période, la
configuration du monde s’est elle-même considérablement modifiée et que
les rapports de force ont radicalement évolué. Bien qu’il soit très rare que
la politique extérieure des Etats change brutalement, il n’en demeure pas
moins que les adaptations et les inflexions sont nécessaires pour ceux qui
veulent agir efficacement sur une scène politique internationale en pleine
transition.
Troisième facteur, la Turquie est désormais consciente de son potentiel,
ce qui constitue une indéniable nouveauté pour un Etat qui, pendant
longtemps, a hésité à s’affirmer sur la scène internationale et régionale.
Ankara s’est en effet longtemps contenté de fidèlement remplir sa fonction
dans un système d’alliances occidental et a préféré se concentrer sur
son propre développement en vertu d’une prudence exacerbée érigée en
principe. Cette remarquable évolution de sa propre perception explique la
multiplication de ses initiatives politico-diplomatiques au cours des années
récentes.
A ce propos, nous pouvons remarquer que ce sont les initiatives en
direction du Moyen-Orient qui sont le plus fréquemment évoquées. C’est
évidemment essentiel, mais en même temps fort restrictif. Les Balkans, la
Russie, le Caucase, l’Asie centrale, le rôle croissant de hub énergétique,
l’Afrique sub-saharienne, plus lointainement l’Amérique du Sud et l’Asie
sont aussi l’objet d’un intérêt croissant de la part d’Ankara. En ce sens le
terme de « diplomatie à 360 degrés » nous paraît totalement justifié, ce qui
constitue un véritable élément novateur.
Nouveauté aussi parce que la formule forgée par Ahmet Davutoglu de
« zéro problème avec ses voisins (5) », même si elle a conjoncturellement
de fortes difficultés à être mise en œuvre – mais elle a toujours été
présentée comme un objectif à atteindre dans un environnement compliqué
et non comme une réalité déjà atteinte –, ce n’est pas la même chose que
(5) A. Davutoglu, « Turkey’s Zero-Problems Foreign Policy », Foreign Policy, 20 mai 2010.
Quelle grille de lecture de la politique extérieure de la Turquie ? 49
« le Turc n’a pas d’autre ami que le Turc » qui a longtemps été un des
adages de la politique extérieure turque. Qui ne comprend le changement
de paradigme fondamental que cela exprime ?
C’est en fonction de ces évolutions qu’il faut saisir le rôle nouveau de
médiateur dont la Turquie cherche à se doter dans de nombreuses crises
ou dossiers régionaux délicats. On se souvient ainsi de la facilitation entre
la Syrie et Israël en 2008, malheureusement avortée à cause de la très
meurtrière opération « Plomb durci » déclenchée par l’Etat hébreu contre
la bande de Gaza en décembre 2008-janvier 2009. Moins connu et moins
médiatisé fut le rôle de la Turquie qui, au cours de l’année 2010, joua
un rôle, parfois déterminant, dans les crises gouvernementales en Irak
et au Liban, dans les tentatives de rapprochement entre les organisations
palestiniennes, à propos du dossier nucléaire iranien ou encore dans les
Balkans entre la Serbie et la Bosnie Herzégovine.
Au titre des paramètres expliquant les novations de la politique étrangère
de la Turquie, il faut aussi mentionner l’importance de l’AKP, acteur
et produit les profondes transformations mentionnées précédemment,
parti décomplexé, pragmatique, voire opportuniste, capable d’une grande
réactivité et d’une non moins grande plasticité, parti qui exprime les intérêts
de nouvelles catégories sociales qui cherchent à influencer les inflexions de
la politique extérieure du pays en fonction de leurs intérêts économiques,
concurrents avec ceux de la grande bourgeoisie turque mondialisée. La
multiplication des initiatives en direction de pays émergents ou en voie de
développement s’explique aussi par ce facteur.
Enfin, dernier paramètre dans cette esquisse non exhaustive : l’institution
militaire qui pendant des années a fortement participé à l’élaboration de
la politique extérieure, tentant même d’en faire un de ses prés carrés,
n’est plus désormais en situation de le faire. Ce que vit la Turquie est
la sortie d’une situation de mainmise de l’armée sur la société. A ce
stade, on peut considérer que l’institution militaire n’est plus réellement
capable d’exercer sa tutelle sur le régime républicain, ce qui constitue une
évolution potentielle radicale de la vie politique turque et de l’élaboration
de sa politique extérieure.
Ces quelques pistes indiquent la multiplicité des raisons qui explique les
inflexions, les adaptations qui, si elles étaient sous-estimées, ne permettraient
pas de saisir les dynamiques à l’œuvre. Ces inflexions signifient-elles
50 Didier Billion
(7) Didier Billion, la Politique extérieure de la Turquie : une longe quête d’identité, Paris,
l’Harmattan, 1997.
(8) Voir à ce propos l’entretien avec Hubert Védrine, « La fin du monopole occidental », New
African, septembre-octobre 2009 et plus exhaustivement du même auteur Continuer l’Histoire,
Paris, Fayard, 2007.
Quelle grille de lecture de la politique extérieure de la Turquie ? 53
(4) Le Makhzen entendu ici comme composé par le roi et son cercle restreint (le sérail).
(5) « La mise en œuvre des préceptes religieux passe par la loi, sinon le reste relève des positions
individuelles. » Cette position légaliste est mise en avant par les leaders du PJD dans leur nouveau
programme électoral.
(6) Certains n’hésitent pas à dire, avec une note d’humour, que selon le calendrier arabe, on a en
fait deux printemps (Rabia premier (Aouall) et Rabia II (Thani) signifiant par là que ce processus
enclenché en 2010 reste, somme toute, ouvert à tous les possibles.
L’islam politique au Maroc à la lumière du printemps arabe 63
(7) Bilal Talidi, « Les islamistes et le printemps arabe » (en arabe), in nama-center-com 2012.
64 Fouad M. Ammor
(8) Gema Mart’n Muñoz, « L’islamisme réformiste marocain, l’influence politique et sociale de
l’islamisme réformiste fait de lui un facteur de stabilité du pays et de la lutte contre l’extrémisme »
in AFKAR/IDEES, été 2004.
L’islam politique au Maroc à la lumière du printemps arabe 67
compétences ont été étendus. Aussi le CESE français est-il désormais appelé
à être un lieu à la fois d’expression la plus fidèle des forces économiques,
sociales et culturelles du pays, de consensus et de réflexion et de diffusion
discrète auprès des pouvoirs publics des idées demandant du temps pour se
concrétiser. C’est la même conception qui semble animer le CES (CESE)
marocain, notamment après le discours royal de février 2011.
Quant à la seconde chambre, elle est une structure politique et un lieu
de décision. Elle légifère et contrôle l’action du gouvernement. De par son
mode d’élection, sa composition et la durée de son mandat, elle a pour
mission aussi de modérer ou, le cas échéant, de contrebalancer l’action de
la première Chambre. Aussi, au niveau de leurs missions, le CES (CESE)
et la chambre des conseillers sont deux institutions a priori différentes.
Mais rien ne garantit que le CES (CESE) ne puisse glisser vers un forum
qui reproduirait les confrontations politiques propres au Parlement. C’est
probablement le sens de l’avertissement exprimé par le Souverain dans
son discours de février 2011 précité, quand il a déclaré : « Nous ne sommes
nullement disposé à laisser ce Conseil se muer en une sorte de troisième
chambre. » Auquel cas, peut-être, les pouvoirs publics cesseraient de
recourir à ses conseils, et le CES (CESE) tomberait dans l’oubli.
Au niveau de la représentativité
Depuis la première expérience parlementaire (1963-1965) et dès
la Constitution de 1962, le souci a été constant au Maroc de réserver
aux catégories socio-économiques et professionnelles une certaine
représentativité au Parlement à côté des collectivités locales, soit dans la
seconde chambre de la Constitution de 1962 et celles amendées de 1996
et 2011, soit dans la Chambre unique des Constitutions révisées de 1970,
1972 et 1992. La raison était sans doute à l’origine politique : tempérer les
effets du suffrage universel direct. Mais aussi du fait que le Maroc n’avait
pas de CES, et quand il l’a institué en 1992, il a attendu longtemps avant de
le mettre sur pieds. Toutefois, maintenir la représentativité des catégories
socioprofessionnelles dans la seconde chambre des Constitutions révisées
de 1996 et 2011 malgré l’existence du CES (CESE) crée probablement
une redondance entre les deux institutions. Cela rappelle le projet avorté
de réforme du Sénat français proposé en 1969 par le général de Gaulle
qui, afin de le diminuer, visait à transformer ce dernier en un super-conseil
économique et social.
CESE et seconde chambre du parlement au Maroc : quelle articulation ? 77
Pour épargner à nos lecteurs l’historique du CES français qui débute dès
le roi Henri IV, je ne retiendrai que quelques dates-clés pour me pencher
plus particulièrement sur les nouvelles orientations de cette mandature.
• Fonctionnement de l’assemblée
– Un Président élu.
–Un bureau élu composé ainsi : 1 président, 6 vice-présidents,
2 questeurs, 4 secrétaires et 6 membres.
– Un budget de 37,596 millions d’euros.
Près des deux tiers de ce budget sont consacrés au paiement des
indemnités des conseillers, de leurs frais de déplacement et au financement
de leur caisse de retraites. Le dernier tiers représente la rémunération des
fonctionnaires de l’assemblée, les dépenses de fonctionnement courant et
l’entretien du Palais d’Iéna, siège de l’assemblée.
(8) Aperçu des thèmes sur lesquels le CESE a travaillé ou travaille depuis sa rentrée en janvier
2011 : la future PAC après 2013 ; la dépendance des personnes âgées (saisine gouvernementale) ;
la réforme du service public de l’emploi ; la biodiversité (saisine gouvernementale) ; la protection
sociale (saisine gouvernementale) ; les énergies renouvelables outre-mer ; les enjeux du G20
(saisine gouvernementale) ; les inégalités à l’école ; le Programme national de renouvellement
urbain ; la compétitivité (Saisine gouvernementale) ; les négociations climatiques internationales ;
pour un renforcement de la coopération régionale des Outre-mer ; droits formels / droits réels :
améliorer le recours aux droits sociaux des jeunes ; la dette : un pont entre passé et avenir ; femmes
et précarité ; l’emploi des jeunes ; l’investissement public ; les défis de la transition de la filière
automobile ; le coût économique et social de l’autisme ; principe de précaution et dynamique
d’innovation…
90 Elisabeth Dahan
entre les partenaires sociaux et les pouvoirs publics (9). A travers la tenue
de très nombreux événements en son sein, le Conseil s’est transformée en
maison des citoyens. Il s’est ouvert aux colloques, aux événements où se
côtoient les jeunes, les parlementaires, les retraités, les media, les acteurs
du dialogue socio-professionnel et de l’économie sociale, les artistes. Le
Conseil accueille des événements dans une démarche de participation
citoyenne (avec les Conseils de jeunesse de la ville de Paris, l’université
populaire ATD Quart-Monde) et caritative (conférence de presse Trisomie,
aide alimentaire, ventes aux enchères au profit de SOS-Racisme, accueil
de la Croix Rouge, du Secours populaire). De plus, le Conseil étant un lieu
neutre, apolitique, il a accueilli le colloque Laïcité, avec toutes les religions
et obédiences. Il organise chaque année un grand colloque international
pluridisciplinaire sur le vivre ensemble. Bien qu’il n’ait aucun lien de
hiérarchie avec les institutions régionales, le Conseil cherche à assurer
la meilleure prise en compte des intérêts des régions. Il sollicite donc
systématiquement les conseils économiques sociaux et environnementaux
régionaux (CESER) sur des saisines ayant des aspects locaux importants,
notamment dans le domaine de compétence des régions : dépendance,
formation professionnelle, ouverture à la concurrence du rail.
Cette collaboration au niveau local s’accompagne d’un fort engagement
au niveau européen et international. Le Conseil s’est recentré sur les
réseaux européens, méditerranéens (10) et francophones. Avec le Comité
économique et social européen, l’engagement est de fond : déplacement de
l’ensemble des présidents de section et des délégations pour une rencontre
avec leurs homologues européens ; co-organisation d’un colloque avec
le Conseil de l’Europe sur la charte sociale. Le futur de nos sociétés
sera commun et sera européen. En parallèle, le Conseil est membre de
l’Union des conseils économiques et sociaux et institutions similaires
des Etats et gouvernements membres de la Francophonie (UCESIF) ; l’un
des quinze membres des réseaux institutionnels de la Francophonie qui
représentent autant d’appuis à la bonne gouvernance. En effet, les conseils
(9) Les tables rondes porteront sur l’emploi (et tout particulièrement la priorité de l’emploi des
jeunes) ; la formation professionnelle, initiale et tout au long de la vie ; la rémunération et le
pouvoir d’achat ; le redressement de l’appareil productif national ; l’égalité professionnelle entre
hommes et femmes et la qualité de vie au travail ; l’avenir des retraites et le financement de la
protection sociale ; l’Etat, les puissances publiques, les collectivités et le service public.
(10) Convention de partenariat avec le CESE du Maroc, mise en place en février 2011.
La concertation et le dialogue social dans les avancées démocratiques 91
(11) Nos sociétés doivent trouver des solutions au défi alimentaire et agricole, au défi climatique et
énergétique, au défi social et au défi économique ; ces défis étant liés entre eux.
Le rôle des conseils économiques et sociaux
dans la promotion de l’économie sociale de marché,
prospère et solidaire
José Albino da Silva Peneda *
Introduction
J’ai la forte conviction qu’à l’heure actuelle les systèmes basés sur
l’économie sociale de marché sont mieux placés que les autres pour
consolider la paix et la prospérité. Dans cette communication je vais essayer
de souligner l’importance qu’une nouvelle culture – laquelle j’appellerais
de coopération, de négociation et de compromis – peut avoir dans les
économies sociales de marché, dans le but de favoriser la naissance d’une
ambiance dans laquelle puissent être développées des formes de dialogue
structuré entre les gouvernements et les agents économiques et sociaux.
Dans la dernière partie de ce texte j’aurais encore l’opportunité de
définir un ensemble de conditions pour que l’exercice de cette forme de
dialogue ne reste pas associée à des simples figures de rhétorique sans
aucun contenu pratique, mais contribue à la définition et au suivi des
politiques économiques et sociales.
marchés du travail et dans les relations sociales, tout cela dans le but de
rechercher des niveaux plus élevés de compétitivité. Définitivement, la
mondialisation n’est pas une question d’économie. À cet égard, je cite le
prix Nobel, Joseph Stiglitz, pour qui « le débat sur la mondialisation est
devenue si intense, non seulement en raison du bien-être économique,
mais aussi à cause de la nature de notre société, peut-être parce que ce
qui est en question c´est la survie de cette société que nous connaissons
si bien ».
* GERM.
112 Fouad M. Ammor
Le problème
Avant les événements dits du «Printemps arabe », la question du DM
de l’OTAN, lequel existe depuis 1994 et auquel participe l’ensemble des
pays du Maghreb (Maroc, Algérie, Tunisie, Mauritanie, à l’exception de la
Libye), se posait à peu près dans les termes suivants :
– La tendance à la banalisation du DM, en ce sens que, à l’instar du
Partenariat euro-méditerranéen (PEM), celui-ci se réduisait de plus en
plus à une coopération routinière dans laquelle l’OTAN, en contrepartie
d’une certaine collaboration en matière sécuritaire, offre à ses partenaires
des avantages de type technique et militaire, mettant ainsi en question les
objectifs politiques à long terme du DM que sont la construction de la
confiance, la compréhension mutuelle, les consultations politiques et la
prévention des conflits (3).
– La conscience de plus en plus grande, perceptible chez plusieurs
analystes de l’OTAN et dans les milieux mêmes de l’Alliance, de
l’existence dans le DM d’un déséquilibre dommageable, non perçu ailleurs
dans les autres aires de partenariat de l’OTAN (Mer baltique, Europe
transition ne sont pas encore terminés et suivent des cours différents d’un
pays à l’autre, mettant le reste du monde dans une position d’attente dont
il est difficile de prévoir la durée.
S’agissant du Maghreb, qui est l’objet de notre travail ici, des
signes encourageants d’une amélioration des rapports intermaghrébins,
notamment entre l’Algérie et le Maroc (5), se profilent à l’horizon. Si
la transition démocratique se consolide au Maroc, réussit en Tunisie et
se réalise pour de bon en Algérie – où des élections législatives sont
prévues en mai 2012 – et que les Algériens et les Libyens dépassent leurs
derniers malentendus nés de la révolution contre le régime de Kadhafi,
une opportunité historique se présente alors aux pays du Maghreb et
à l’OTAN pour élever le DM à un niveau non atteint jusque-là, non
seulement pour aider à la reconstruction de l’Etat libyen (6) et éviter que
ce pays ne sombre dans l’anarchie, mais aussi pour s’attaquer de manière
plus coopérative et efficace aux autres défis de la sécurité qui menacent la
région tant au Sahel (7) qu’en Méditerranée occidentale. C’est donc dans
le cadre cette hypothèse un peu optimiste d’un contexte apparemment
prometteur que nous examinerons ici la problématique de la dimension
bilatérale et multilatérale dans les relations de l’OTAN avec les pays du
Maghreb.
Le nouveau Concept stratégique de l’OTAN de 2010, qui remplace
celui de 1999, n’aborde pas directement la question de savoir s’il y a lieu
de renforcer le format multilatéral du DM, mais les Alliés s’engagent à
renforcer les partenariats « suivant des formules souples […] à travers les
(5) On constate en effet depuis mars 2011, en liaison sans doute avec le “Printemps arabe”, des
signes d’un certain rapprochement entre le Maroc et l’Algérie en termes de déclarations de bonnes
intentions venant de hauts dirigeants, notamment algériens, d’échange de visites ministérielles, de
signature d’accords de coopération dans le domaine de l’eau, de l’énergie, de l’agriculture et du
sport. Le nouveau ministre des Affaires étrangères marocain du gouvernement Benkirane nommé
le 3 janvier 2012 à la suite des élections de novembre 2011 se rend à Alger les 23-24 janvier 2012,
ce voyage étant le premier qu’un chef de la diplomatie marocaine effectue dans ce pays voisin
depuis 2003. De même, une réunion des MAE de l’Union du Maghreb Arabe est prévue en février
2012 à Alger. Pour ces développements voir le site info. http://www.magharebia.com
(6) Pour un rôle post-conflit de l’OTAN en Libye, voir P. Razoux, « Nato in Libya : The
Alliance between emergency help and nation-building », Research Division Report, NDC, Rome,
29 March, 2011 ; et P. Razoux, « What future for post-Gddafi Libya ? » Research Report, NDC ?
Rome, December 2011.
(7) Pour une vue d’ensemble sur les problèmes de sécurité dans cette zone, voir l’excellente étude
de Mehdi Taje, « Sécurité et stabilité dans le Sahel africain », NDC Occasionnal Paper, NDC,
Research Branch, Rome, n° 19, December 2006.
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN… 121
Multilatéralisme vs bilatéralisme
Se mettre à plus de deux pour entreprendre une action commune ou
œuvrer à la réalisation d’un objectif commun est une forme de coopération
qui a de tout temps existé entre unités politiques indépendantes ou Etats,
particulièrement dans le domaine de la sécurité et de la défense sous
forme d’alliances, de ligues ou de coalitions. Mais, outre le fait que ce
multilatéralisme embryonnaire (10) ne dérogeait pas à la logique des
intérêts et de la puissance, conformément au modèle hobbesien des
relations internationales fondé sur les considérations de survie et de
self-help, c’est le bilatéralisme qui, jusqu’à une date récente, a été en
réalité le mode dominant de la vie internationale. Or, depuis le milieu du
XIXe siècle la coupure est nette et significative (11) : le multilatéralisme,
sous des formes diverses allant des conférences internationales aux
organisations internationales, s’impose comme une donnée majeure de
l’action internationale qui révolutionne la vie internationale, surtout
(8) Voir le document de l’OTAN, « Engagement actif, Défense moderne », sur le lien http://www.
nato.int/cps/fr/natolive/official_texts_68580.htm
(9) Voir le document « OTAN 2020 : une sécurité assurée, un engagement dynamique. Analyse
et recommandations du Groupe d’experts pour un nouveau concept stratégique de l’OTAN,
17 mai 2010 », sur le lien http://www.nato.int/cps/fr/natolive/topics_56626.htm
(10) A. de Hoop Scheffer, « Alliances militaires et sécurité collective
: contradictions et
convergences », in B. Badie et G. Devin (dir.), le Multilatéralisme, nouvelles formes de l’action
internationale, éd. La Découverte, Paris, 2007, p. 57.
(11) M. Vaïsse, « Une invention du XIXe siècle », Ibid., p. 13-22.
122 Abdelouhab Maalmi
depuis 1945 (12) : gestion collective des crises, idée de sécurité collective,
apparition d’acteurs collectifs, universels ou globaux (SDN, ONU), autres
que les Etats ou les empires, multilatéralisation de la coopération dans des
domaines autres que la sécurité, à l’aide de mécanismes inédits (entreprises
ou établissements internationaux, OIG), etc. Ainsi les Etats, par nature
méfiants, égoïstes, jaloux de leur autonomie, n’acceptant pas volontiers de
se soumettre à des contraintes internationales qui soient incompatibles avec
leurs intérêts immédiats ou qui restreignent leur liberté d’action (13), ont-il
dû, petit à petit, souvent par pragmatisme plus que par idéalisme, s’adapter
à la nouvelle donne de la vie internationale et voir leurs diplomaties
nationales transformées (14). Aussi des écoles de pensée, d’obédience
essentiellement libérale, allant de l’idéalisme au constructivisme, en
passant par le fonctionnalisme et l’institutionnalisme, vont y voir non
pas seulement un simple mode d’action dont les Etats, poussés par leur
besoin de coopération et contraints par leur interdépendance croissante, se
servent au mieux de leurs intérêts, mais le prélude à une remise en cause
radicale de l’ordre ancien, dit ordre westphalien, modèle de référence
de l’école réaliste par excellence, en faveur d’un ordre plus organisé,
plus intégré, plus solidaire, plus démocratique et plus pacifique (15).
Dès lors, le multilatéralisme apparaît, pour certaines de ces écoles, voire
pour une large frange de l’opinion publique internationale, plus qu’un
simple arrangement pragmatique et institutionnel des intérêts étatiques,
mais une valeur et un projet ayant trait à l’ordre international idéal ou
souhaitable. Pour J.G. Ruggie, le premier à tenter de conceptualiser
le multilatéralisme (16), ce qui distingue celui-ci des autres formes
traditionnelles de coopération, ce n’est pas le nombre des participants
(12) P. Grosser, « De 1945 aux années 80 : une efflorescence sur fond de Guerre froide et de
décolonisation », ibid., p. 23-40.
(13) M. Vaïsse, op. cit., p. 15.
(14) D. Placidi, « La transformation des pratiques diplomatiques nationales », in B. Badie et
G. Devin (dir.), op. cit., p. 95-112.
(15) Pour un aperçu sur les transformations ayant affecté l’ordre westphalien ancien, voir M.W.
Zacher, « The decaying pillars of the Westphalian temple : Implications for international order
and governance », in J.N. Rosenau and E-O. Czempiel (edit.), Governance without government :
Order and change in world politics, N.Y., Cambridge University Press, 1992, p. 58-101.
(16) J.G. Ruggie, Multilateralism : The anatomy of an Institution, International Organization,
vol. 46, n° 3, Summer 1992, p. 561-598. Le multilatéralisme est ainsi défini (p. 571) :
« Is an institutional form which coordinates relations among three or more states on the basis of
‘generalized’ principles of conduct – that is, principles which specify appropriate conduct for
a class of actions, without regard to the particularistic interests of the parties or the strategic
exigencies that may exist in any specific occurrence. »
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN… 123
(17) Ainsi l’exemple donné par J.G. Ruggie du régime international du commerce nazi imaginé
par H. Schacht en 1934 où, derrière une façade multilatérale, les partenaires de l’Allemagne sont
soumis à des régimes de dépendance négociés bilatéralement.
(18) C. Bouchard et J. Peterson, « Conceptualising multilateralism. Can we all just get along ? »
Mercury, E-paper n° 1, January 2011, accessible sur le lien http://www.mercury-fp7.net/fileadmin/
user_upload/E_paper_no_1__Revised_Version.pdf
(19) E. Lazarou et al., « The evolving “doctrine” of multilateralism in the 21st century », Mercury,
E-paper n° 3, February 2010, accessible sur le lien : http://fgv.academia.edu/ElenaLazarou/
Papers/961105/The_Evolving_Doctrineof_Multilateralism_in_the_21st_Century
124 Abdelouhab Maalmi
(20) Sur le multilatéralisme de l’OTAN, voir A. de Hoop Scheffer, « Alliances militaires et sécurité
collective », in B. Badie et G. Devin (dir.), le Multilatéralisme, op. cit. ; F. Schimmelfennig,
« Multilateralism in post-cold war Nato : Functionnal, form, identity-driven cooperation », accessible
sur le lien http://www.diplomatie.gouv.fr/fr/IMG/pdf/Schimmelfennig.pdf ; J.J. Sokolosky, « Projecting
stability : Nato and multilateral naval cooperation in the post-cold war era », Nato Fellowship Program,
1995-1997, Final report, accessible sur le lien http://www.nato.int/acad/fellow/95-97/sokolsky.pdf
(21) Nato Policy Document : « A more ambitious and expanded framework for Mediterranean
Dialogue », http://www.nato.int/docu/comm/2004/06-istanbul/docu-meddial.htm
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN… 125
(22) Voir à cet effet le site de l’OTAN, Bruxelles, sur le lien : http://www.nato.int/cps/en/natolive/
topics_60021.htm
(23) T. Marrakchi, « L’initiative de dialogue de l’OTAN en Méditerranée », thèse de doctorat
(dir. Abdelouhab Maalmi), Faculté de droit, Casablanca, 2009, p. 234-260.
(24) A.B. Boening, « Multilateral security in the Mediterranean post cold war : Nato’s Mediterranean
Dialogue and Euro-Med Partnership », Jean Monnet/Robert Shuman Paper Series, vol. 7, n° 10,
May 2007, sur le lien http://aei.pitt.edu/8182/1/Boening_NATO_Med_Long07edi.pdf
(25) Alaa A.H. Abdal Aziz, « Balance of threat perception and prospects of Nato Mediterranean
Dialogue », op. cit., p. 7.
126 Abdelouhab Maalmi
(26) R. El Houdaigui, « L’opérarion Active Endeavour et son impact sur le Dialogue méditerranéen
de l’OTAN », NDC Occasionnal Paper, NDC, Research Branch, Rome, n° 22, June 2007.
(27) Récemment encore, le 12 janvier 2012 à Bruxelles, à l’occasion de sa 166e session, le
Comité militaire de l’OTAN a tenu une réunion avec les 7 membres du DM au niveau des chefs
d’état-major pour discuter des problèmes de sécurité et de coopération militaire dans le cadre
du DM suite aux changements politiques survenus en Méditerranée et au Moyen-Orient. Cette
réunion a associé aussi les représentants des autres partenariats de l’Alliance en vue de préparer
la réunion des ministres de la Défense en février et le sommet de l’OTAN en mai à Chicago, voir
communiqué de presse sur le site de l’OTAN, Bruxelles, Presse/Nouvelles, 19 janvier 2012.
(28) M. Naïm, « Minilateralism : The magic number to get real international action », Foreign
Policy, n° 73, July-August 2009, p. 135-136, cité par C. Bouchard et J. Peterson, Conceptualising
Multilateralism, op. cit., p. 9.
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN… 127
(29) Pour une comparaison entre les deux partenariats, voir E. Johansson, « Nato and subregional
security construction in Europe’s periphery : Dialogues in the Mediterranean and the Baltic sea »,
Nato Final Report 2000-2002, disponible sur le lien http://www.nato.int/acad/fellow/99-01/
Johansson.pdf
(30) Cherif Dris, « Rethinking Maghrebi security: The challenge of multilateralism », in
Y.H. Zoubir and H. Amirah-Fernádez, North Africa. Politics, region and the limits of transformation,
Routledge, N.Y., 2008, p. 245-265.
128 Abdelouhab Maalmi
(31) Cf. les deux rapports des experts de la Rand Corporation, F.S. Larrabee, J. Green,
I.O. Lesser, M. Zanini, le premier en date de 1997 sous le titre Nato’s Mediterranean initiative :
Policy issues and dilemmas (p. 45), disponible sur le lien http://www.rand.org/pubs/monograph_
reports/MR957.html ; le second en date de 2000, intitulé, The future of Nato’s Mediterranean
initiative. Evolution and next steps (notamment ch. 6, p. 46-50), disponible sur le lien http://www.
rand.org/pubs/monograph_reports/MR1164.html
(32) R. Aliboni, « Strenthening Nato-Mediterranean relations : A transition to partnership »,
Institut italien des affaires internationales, IAI, Rome, 2002 disponible sur le lien http://www.iai.
it/pdf/mediterraneo/September_Seminar_inglese.PDF
(33) L. Borgomano-Loup, « Nato’s Mediterranean Dialogue and Instanbul Cooperation Initiative:
Prospects for development », Research Paper, Academic Research Branch, NDC, Rome, n° 21,
June 2005, p. 2-3.
(34) P. Razoux, « The Nato Mediterranean Dialogue at a crossroads », Research Paper, Research
Division, NDC, Rome, n° 35, April 2008; A. Benantar, « Contribution à l’établissement de la
confiance et de la sécurité au Maghreb », Fellowship Monograph, NDC, Rome, n° 3, 2010.
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN… 129
(37) « Otan 2020 : une sécurité assurée, un engagement dynamique. Analyse et recommandations
du groupe d’experts pour un nouveau concept stratégique de l’OTAN », doc. cit., p. 30.
(38) B. Saidy, « Quel rôle pour l’OTAN dans la prévention et la gestion des crises en Méditerranée
et au Moyen-Orient ? » NDC Fellowship Monograph, Research Division, NDC, Rome, 2010.
(39) A. Benantar, « Contribution de l’OTAN à l’établissement… », op. cit.
(40) F. Ammor, « Le futur du Dialogue méditerranéen de l’OTAN : pour un DM « Plus » », NDC
Fellowship Monograph, Research Division, NDC, Rome, 2010.
(41) A. Benantar, op. cit., p. 46.
(42) B. Saidy, op. cit. p. 32-35.
Bilatéralisme et multilatéralisme dans les relations de l’OTAN… 131
(43) Ibid., p. 55. Sur ce conflit, voir, R. Gillespie, « “This stupid Island” : A neighbourhood
confrontation in the western Mediterranean », International Politics, n° 43, 2006, p. 110-132.
132 Abdelouhab Maalmi
Conclusion
Le DM de l’OTAN est aujourd’hui plus que jamais à la croisée des
chemins. L’approche à la fois globale et bilatérale a montré ses limites.
Le DM risque de se banaliser et de rater ainsi les objectifs ambitieux qu’il
s’est fixés. Seule une relance audacieuse sur une base multilatérale et
sous-régionale tendant à la mise en place d’une véritable région de sécurité
commune ou coopérative, notamment en Méditerranée occidentale autour
du Maghreb, pourrait lui donner un nouveau souffle et rehausser sa
crédibilité aux yeux des peuples de la région.
(1) Alex Macleod et al., Relations internationales : théories et concepts, CEPES, Canada, 2008,
p. 299.
Etat et perspectives de l’ordre international 135
Cette guerre larvée n’avait pas détruit les fondements de l’ordre mis en
place par les Alliés, mais elle l’avait utilisé. La stabilité relative entre les
grandes puissances avait, dans l’ensemble, fonctionné. En plus, et malgré
les contradictions générées entre les membres permanents du fait de la
guerre froide, ceux-ci s’étaient avérés des alliés objectifs pour sauvegarder
leurs privilèges au sein du Conseil de sécurité. Ils continuent toujours à
l’être et à le faire.
De ce fait, l’ordre de l’après-guerre froide n’est pas à proprement parler
un nouvel ordre international, comme l’avaient proclamé les présidents
George Bush et François Mitterrand, en 1990, à la tribune de l’Assemblée
générale des Nations Unies.
Il s’agit en fait d’un ordre ambigu :
– il se veut le prolongement de l’ancien ordre, expurgé de la rivalité
des blocs ;
– il est aussi tout à la fois le résultat d’une unipolarité américaine,
contestée plus ou moins ouvertement, d’une multipolarité balbutiante
et d’un équilibre des puissances confus ;
– l’ordre post-bipolaire demeure également singulier, parce qu’il ne
résulte pas d’une guerre généralisée. Les ordres précédents sont nés
des guerres et du chaos.
Aujourd’hui, les données sur la base desquelles fut construit l’ordre
établi en 1945 ont changé. De ce fait, la position-clé des vainqueurs de la
Seconde Guerre mondiale est convoitée par des pays qui ont acquis une
puissance économique importante et qui veulent parachever leur statut de
grande puissance en intégrant le cercle des meneurs du jeu international.
L’ordre international va se trouver ainsi au cœur des débats relatifs aux
Nations Unies. Il est tout à la fois contesté et convoité par les nouvelles
puissances, celles qui ont le moyen d’être révisionnistes.
Mais quel est l’objectif des puissances insatisfaites par l’ordre
international ? Un simple réaménagement ? Ou bien la mise en place d’un
ordre international nouveau ? De quels moyens disposent-elles alors pour
obtenir satisfaction ?
Etat et perspectives de l’ordre international 139
Pour ne prendre que les textes les plus récents, en feuilletant les
comptes-rendus des débats de la 67e session de l’Assemblée générale
(2012-2013) et la liste des résolutions adoptées, on constate la diversité
des objectifs et de la terminologie qui caractérisent la nébuleuse d’un ordre
international idéal :
– promotion d’un ordre international démocratique et équitable
(A/RES/67/175 du 20 décembre 2012) ;
– vers un nouvel ordre économique international (A/RES/67/217 du
21 décembre 2012)(3) ;
– le rôle des Nations Unies dans la promotion d’un nouvel ordre mondial
privilégiant l’humain (A/RES/67/230 du 21 décembre 2012).
La recherche d’ordres idéals a ainsi alimenté la vulgate internationaliste,
sans trop de frais. Car les réalisations n’ont jamais assouvi les attentes et
les espoirs. Et pour cause : l’ONU est loin d’être peuplée de boy-scouts…
La revendication des pays nouvellement indépendants avait également
visé la composition du Conseil de sécurité. La pression de la nouvelle
majorité quantitative et l’ambiance de compétition des deux blocs pour
faire bonne figure devant celle-ci ont permis de faire passer le nombre
des membres non permanents de 6 à 10 et la composition du Conseil de
11 à 15 ; amendements intervenus en 1963 et entrés en vigueur à partir
de 1965. C’est d’ailleurs la seule réforme qu’a connue le Conseil de
sécurité au niveau de sa composition.
Par conséquent, la pression s’est poursuivie pour obtenir une réforme
du Conseil de sécurité.
(3) Selon cette résolution : l’Assemblée générale « 2. Réaffirme qu’il faut continuer de s’employer
à instaurer un nouvel ordre économique international fondé sur les principes d’équité, d’égalité
souveraine, d’interdépendance, d’intérêt commun, de coopération et de solidarité entre tous les
Etats ; 3. Réaffirme également qu’il est nécessaire que les pays en développement participent
davantage à la prise des décisions économiques internationales et à la définition des normes
économiques internationales et soient mieux représentés dans les instances compétentes ».
Etat et perspectives de l’ordre international 141
sécurité, quelle que soit la forme qu’il prendra ? Si la Charte des Nations
Unies a prévu le veto pour éviter que les grandes puissances de l’époque
ne se trouvent engagées individuellement ou collectivement dans un
affrontement contre leur gré, que vaudra ce droit, nommément attribué
aux actuels cinq membres permanents, si demain d’autres puissances
se substituent à eux ? Que deviendra la stabilité, objectif de l’ordre
international, si la règle de l’unanimité au sein du Conseil de sécurité ne
joue pas comme garde-fou en faveur des futures et imminentes grandes
puissances ? Questions légitimes qui montrent la difficulté qu’affrontera
l’adaptation de l’ordre international aux réalités présentes et futures.
Maintenant, qu’en est-il des réponses fournies aux revendications en
matière de gouvernance économique mondiale ?
l’Inde. C’est la conclusion à laquelle est parvenue l’OCDE dans une étude
sur la croissance mondiale à l’horizon 2060. En effet, d’après ce rapport :
« Les 50 prochaines années seront marquées par de profonds
changements dans la contribution des pays au PIB global.
« Sur la base des PPA (17) de 2005, la Chine devrait dépasser la zone
euro en 2012 et les États-Unis quelques années plus tard, devenant ainsi
la plus grande économie du monde, tandis que l’Inde passerait devant le
Japon un ou deux ans plus tard et devant la zone euro dans une vingtaine
d’années.
« Le taux de croissance plus rapide de la Chine et de l’Inde signifie
que leur PIB cumulé pèsera plus lourd que celui des sept principales
économies de l’OCDE (G7) vers 2025 et qu’il sera 1,5 fois plus important
en 2060, alors qu’il n’en représentait pas même la moitié en 2010. Mieux,
en 2060, le PIB cumulé de ces deux pays sera plus important que celui
de l’ensemble de la zone OCDE (c’est-à-dire de tous les pays qui en font
partie aujourd’hui), alors qu’il en représente seulement un tiers à l’heure
actuelle (18). »
Bien qu’à moindre échelle, le même dynamisme caractérise l’ensemble
des cinq principales économies émergentes, désignées par l’acronyme
anglais BRICS (Brazil, Russia, India, China, South Africa). En matière
militaire, l’effort d’armement est remarquable. Outre la Chine, la Russie
compte réserver 590 milliards d’euros à la défense, entre 2012 et 2020,
avec un doublement du budget entre 2012 et 2015. Le budget militaire de
l’Inde connaît une croissance annuelle de 10 % (19).
De son côté, le leadership américain incontesté de l’après Seconde
Guerre mondiale a été entamé par sa tendance à faire cavalier seul ;
démarche qui lui crée parfois des dissensions avec ses proches alliés. C’est
notamment le cas de la guerre lancée contre l’Irak en 2003, à laquelle
s’étaient opposées la France et l’Allemagne. Ce qui explique l’absence
de soutien américain à la candidature de l’Allemagne comme membre
permanent du Conseil de sécurité.
(20) SIPRI (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm), Yearbook, Armaments,
Disarmament and International Security, juillet 2012, p. 8.
(21) lemonde.fr du 5 janvier 2012. Mais cette déclaration accompagnait la décision de réduire le
budget du Pentagone de 487 milliards de dollars en dix ans.
148 Aziz Hasbi
(1) Le scandale Enron, révélé en octobre 2001, a conduit à la banqueroute de Enron Corporation,
une compagnie américaine spécialisée entre autres dans l’exploitation de l’énergie, basée à
Houston au Texas.
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et déf 153
(2) Imad Benlahmar (2010) « La finance islamique est-elle un rempart à la finance conventionnelle
face à la crise ? » Mémoire. http://www.scribd.com/doc/55136947/La-Finance-Islamique-Face-
La-Crise-Imad-Benlahmar
(3) Ces propos sont de Jamie Bowden, ambassadeur britannique à Bahreïn », op. cit.
(4) Olivier Pastré et Elies Jouiny, la Finance islamique, une solution à la crise, édition EuroPlace
« Economica », 2009.
(5) Michel Ruimy, la Finance Islamique, édition Sefi, 2008.
154 Sabra Ammor
(6) Il s’agit du surplus qui est perçu lors du remboursement d’un prêt et qui avait été stipulé
comme condition. L’intérêt est donc présent dans un prêt dès que trois conditions sont présentes:
1) il y a un surplus par rapport à la somme initiale fixée dans le cas d’une vente, ou la somme
prêtée dans le cas d’un prêt ; 2) ce surplus est la pure contrepartie du délai ; 3) ce surplus fait
l’objet d’une condition dans la transaction, que cette condition ait été mentionnée explicitement
ou qu’elle soit considérée comme présente à cause de l’usage. Il n’y a pas de différence en islam
entre intérêt et usure. Il n’y a pas non plus en islam de différence entre les prêts à intérêt destinés
à la consommation et les prêts à intérêt destinés à l’investissement. Il n’y a pas non plus en islam
de différence entre les intérêts qui augmentent au fil du temps quand le débiteur ne parvient pas à
régler sa dette et les intérêts fixés une fois pour toutes au moment du prêt.
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et déf 155
(7) Par référence, notamment, aux versets du Coran, sourate “La vache”, verset 275 : « … Dieu a
permis la vente et il a interdit l’usure. »
156 Sabra Ammor
(8) « Ô Vous qui croyez, craignez Dieu. Renoncez, si vous êtes croyants à ce qui vous reste des
profits de l’usure. Si vous ne le faites pas, attendez-vous à la guerre de la part de Dieu et de son
Prophète. Si vous vous repentez, votre capital vous restera. Ne lésez personne et vous ne serez pas
lésés… » Coran, sourate “La vache”, versets 278-279 « …Ce que vous avez prêté à intérêt pour
qu’il se multiplie aux dépens des biens des gens ne se multipliera guère auprès de Dieu. » Coran,
sourate “Les Gréco-Romains”.
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et déf 157
Actifs conformes
Rang 2007 Pays à la charia
(millions de dollars)
1 Iran 154 616
2 Arabie saoudite 69 379
3 Malaisie 65 083
4 Koweït 37 684
5 Émirats arabes unis 35 354
6 Brunei 31 535
7 Bahreïn 26 252
8 Pakistan 15 918
9 Liban 14 316
10 Royaume-Uni 10 420
11 Turquie 10 066
12 Qatar 09 460
Source : The Banker, cité par François Guéranger, 2009, « Finance islamique », une illustration de
la finance éthique, édit. DUNO, p. 199.
(9) Voir Rapport d’information du Sénat du 14 mai 2008 sur la finance islamique.
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et déf 159
(10) François Guéranger, Finance islamique : une illustration de la finance éthique, Paris, Coll.
Marchés financiers, Dunod, 2009 ; et Aldo Lévy, Finance islamique : opérations financières
autorisées et prohibées, vers une finance humaniste, Coll. Gualino LextensoEditions, mars 2012.
160 Sabra Ammor
(11) Selon le journal Al Hayat, 8,2 milliards de dollars de capitaux saoudiens ont été rapatriés
dans les quatre mois qui ont suivi le 11 septembre 2001. Saeed, Ahmed et Mukhtar, « International
Marketing Ethics from an Islamic Perspective : A Value Maximisation Approach », Journal of
Business Ethics, 32, p. 139, 2001.
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et déf 161
(12) Centre du commerce international, 2009, « Le système bancaire islamique », Guide à
l’intention des petites et moyennes entreprises, http://legacy.intracen.org/publications/Free
publications/Islamic_Banking_French.pdf
162 Sabra Ammor
(13) Miftah Al Kheir est un contrat en vertu duquel l’établissement acquiert, à la demande du
client, un bien immobilier construit à usage d’habitation ou professionnel en vue de le lui revendre
moyennant une marge bénéficiaire convenue d’avance. Ce produit, dont le règlement par le client
se fait par mensualités constantes, respecte les prêts conventionnels en termes d’assurance en cas
de décès, de frais de dossier, de pénalités de retard. Miftah al Fath est un contrat en vertu duquel
l’établissement de crédit met à la disposition du client un titre locatif, ou un bien immobilier
assorti de l’engagement ferme du client d’acquérir le bien au terme du contrat. La pratique de
ces deux produits montre que ces produits sont plus chers que les produits conventionnels. Mais
la rentabilité générée par l’établissement sur ces produits est équivalente à celle des produits
classiques.
164 Sabra Ammor
Un marketing inadéquat
La promotion de ces nouveaux produits n’a pas été suffisamment
pertinente pour informer et inciter les Marocains à s’intéresser à ces produits
alternatifs. En fait, cette promotion était soumise aux recommandations
préparées sous forme de guide par BAM et un groupement professionnel
(GPBM), qui avait pour finalité l’orientation de la communication des
établissements qui décidaient de mettre ces produits sur le marché.
Les principes directeurs devant être respectés sont les suivants : 1. la
politique de communication doit être validée par la direction générale
des établissements de crédit ; 2. préalablement à leur diffusion au public,
(15) La banque doit gérer une double opération commerciale d’achat et de revente qui se substitue
à l’opération financière classique. D’où de nombreux frais supplémentaires.
Le Maroc face à la finance islamique : enjeux et déf 167
Bibliographie sélective
TUNISIE
17 décembre 2010. Mohammed Bouazizi, un jeune vendeur ambulant,
s’immole à Sidi Bouzid pour protester contre la saisie de sa marchandise
par la police. Début d’une vague de contestation.
11 janvier 2011. Les affrontements gagnent Tunis.
14 janvier. Fuite du président Ben Ali, au pouvoir depuis 1987, vers
l’Arabie saoudite.
17 janvier. Nouveau gouvernement d’union nationale, dans lequel l’équipe
sortante conserve des postes-clés.
24 janvier. L’armée se porte « garante de la révolution ». Les manifestants
exigent la démission du gouvernement.
26 janvier. Mandat d’arrêt international contre Ben Ali et son épouse.
7 mars. Nouveau gouvernement provisoire sans aucun ancien ministre de
Ben Ali.
23 octobre. Le parti islamiste Ennahda remporte les élections à l’Assemblée
constituante.
13 décembre. Moncef Marzouki est élu président et nomme le numéro
deux d’Ennahda, Hamadi Jebali, Premier ministre.
ÉG Y P TE
25 janvier 2011. Première manifestation sur la place Tahrir au Caire.
Début de plusieurs semaines de mobilisation des Égyptiens en vue de la
chute du régime.
11 février. Le président Hosni Moubarak, au pouvoir depuis 1981, quitte
le pouvoir.
19 mars. Référendum sur la Constitution égyptienne, avec 77 % des voix
en faveur des amendements proposés (limitation du nombre et de la durée
174 Annexes
SY RIE
15 mars 2011. Rassemblement à Damas après un appel lancé sur facebook.
21 avril. Levée de l’état d’urgence. Plus de 80 manifestants sont tués le
lendemain.
25 avril. L’armée entre à Deraa. Au moins 25 personnes sont tuées.
13 juin. Alep, deuxième ville du pays, est gagnée par la contestation.
8 juillet. Les ambassadeurs français et américain se rendent à Hama pour
manifester leur soutien aux manifestants.
29 juillet. Des officiers de l’armée syrienne font défection et créent
l’Armée syrienne libre.
31 juillet. L’armée syrienne entre dans Hama. En quelques jours, le bilan
est d’au moins 90 morts, selon des organisations de défense des droits de
l’homme.
3 août. Le Conseil de sécurité de l’ONU condamne « les violations
généralisées des droits de l’homme ».
14 août. L’armée syrienne lance une opération navale sans précédent à
Lattaquié, au nord-ouest du pays, faisant une trentaine de morts.
24 août. L’ONU vote une résolution demandant l’ouverture d’une
commission d’enquête internationale sur la violation des droits de l’homme.
2 octobre. Création par l’opposition du Conseil national syrien.
Printemps arabe, et après ? 175
ALGÉRIE
Début janvier 2011. 5 jours d’émeutes contre la vie chère et le chômage
font 5 morts et plus de 800 blessés.
Du 14 au 30 janvier. 2 décès par immolation et 7 tentatives.
19 février. La marche organisée par la Coordination nationale pour le
changement et la démocratie (CNCD) interdite, elle se transforme en
rassemblement.
24 février. Levée de l’état d’urgence en vigueur depuis 1993.
7 mars. Des gardes communaux, chargés de suppléer la gendarmerie, se
rassemblent pour réclamer de meilleures conditions de travail.
15 avril. Le président Abdelaziz Bouteklika, au pouvoir depuis 1999,
commande la tenue de consultations en vue de réformes politiques. Ces
consultations débutent le 21 mai sans la participation de plusieurs partis
d’opposition.
LI BY E
15 février. Des émeutes éclatent à Benghazi.
17 février. Des manifestations de la « Journée de la colère » réclament le
départ du colonel Kadhafi, au pouvoir depuis 1969. Elles se heurtent à une
violente répression policière.
26 février. Une résolution de l’ONU impose un embargo sur les armes, une
interdiction de voyager et un gel des avoirs du clan Kadhafi, et demande la
saisine de la Cour pénale internationale pour « crimes contre l’humanité ».
176 Annexes
MAROC
2 0 février 2011. Manifestations de milliers de Marocains dans plusieurs
villes du pays, dont Rabat, Casablanca et Marrakech… Ils réclament un
gouvernement aux pouvoirs élargis et des réformes politiques.
9 mars. Le roi Mohammed VI annonce une réforme constitutionnelle.
Le « mouvement du 20 février » poursuit ses manifestations les semaines
Printemps arabe, et après ? 177
YÉM EN
27 janvier 2011. Premières mobilisations dans la capitale yéménite,
Sanaa. Les manifestants réclament le départ du président yéménite Ali
Abdallah Saleh, au pouvoir depuis 1978.
5 mars. Le président Saleh refuse de quitter son poste d’ici la fin de
l’année, comme le souhaite l’opposition. Il affirme qu’il restera au pouvoir
jusqu’en 2013, terme de son mandat.
18 mars. Plusieurs dizaines de personnes sont tuées lors de mobilisations
contre le pouvoir.
30 avril. Le président Saleh refuse de signer un plan de sortie proposé par
les monarchies du Golfe prévoyant sa démission, alors qu’il avait donné
son accord de principe quelques jours plus tôt.
3 juin. Le président Saleh est blessé dans un tir d’obus à Sanaa. Il est
transporté en Arabie saoudite pour y être soigné.
7 juillet. Première apparition télévisée du président Saleh depuis son
hospitalisation en Arabie saoudite. Il n’évoque ni sa démission ni un
éventuel retour au Yémen.
178 Annexes
BAHREÏN
14 février 2011. Des milliers de manifestants se rassemblent sur la place
de la Perle dans la capitale du Bahreïn, Manama, pour réclamer des
changements politiques et sociaux. Les forces de sécurité répriment ces
mobilisations.
14 mars. Des soldats saoudiens de la force commune du Conseil de
coopération du Golfe (CCG) entrent au Bahreïn. L’opposition bahreïnie
dénonce une « occupation étrangère ».
15 mars. Le roi du Bahreïn décrète l’état d’urgence pour trois mois dans
un contexte de manifestations anti-gouvernementales.
8 mai. Ouverture d’un procès d’exception pour plusieurs militants
d’opposition.
1er juin. Levée de l’état d’urgence. Annonce d’un « dialogue national » et
instauration d’une commission indépendante pour enquêter sur les abus
commis durant la répression du soulèvement.
2 juillet. Ouverture officielle du « dialogue national » au Bahreïn. Malgré
ses réticences, le groupe d’opposition El Wefaq accepte de participer à ces
discussions destinées à relancer le processus de réforme politique.
7 août. Libération de deux anciens députés chiites du parti d’opposition
El Wefaq. Devant être initialement jugés par un tribunal d’exception, ils
seront finalement jugés par une cour civile.
Printemps arabe, et après ? 179
1. Financement
En mai 2011, l’Union européenne s’est engagée à mettre jusqu’à
1,2 milliard d’euros supplémentaire à disposition pour les subventions en
faveur du voisinage durant la période 2011-2013, en plus des 5,7 milliards
d’euros déjà inscrits au budget. En outre, la Banque européenne
d’investissement (BEI) peut désormais accorder des prêts supplémentaires
à la région, un milliard d’euros ayant été ajouté aux 4 milliards disponibles
avant le Printemps arabe. La Banque européenne pour la reconstruction et
le développement (BERD) a l’intention d’étendre son terrain d’action aux
pays du Sud concernés par la politique de voisinage et d’investir jusqu’à
2,5 milliards d’euros chaque année dans les secteurs public et privé afin
de soutenir la création et le développement d’entreprises et le financement
d’infrastructures.
Par ailleurs, la Commission européenne a adopté le 26 septembre un
nouvel ensemble de mesures prévoyant l’octroi de subventions à la région.
Cet ensemble comprend :
– le programme SPRING (aide au partenariat, aux réformes et à la
croissance inclusive), doté d’un budget de 350 millions d’euros de fonds
supplémentaires pour 2011 et 2012, l’aide disponible étant octroyée
prioritairement aux pays partenaires qui se sont engagés durablement et
progressent de manière soutenue sur la voie des réformes démocratiques ;
– la création d’une facilité de soutien à la société civile pour le
voisinage (tant au sud qu’à l’est), dotée d’un budget total de 26,4 millions
d’euros pour 2011 ; elle vise à améliorer la capacité de la société civile à
Printemps arabe, et après ? 181
2. Mobilité
La mobilité des citoyens des pays partenaires à destination de l’Union
européenne sera facilitée, notamment par les mesures suivantes :
– un développement important des bourses (voir Erasmus Mundus
ci-dessus) et des échanges universitaires ; l’enveloppe du programme
Tempus a également été augmentée pour soutenir la modernisation de
l’enseignement supérieur dans les pays situés au sud de la Méditerranée
et accroître leur collaboration avec les universités de l’UE en 2012 et en
2013 ;
– la création de « partenariats pour la mobilité », portant notamment sur
l’assouplissement des procédures en matière de visas et sur des accords
182 Annexes
3. Marchés
L’amélioration de l’accès aux marchés ainsi que l’intégration progressive
des économies de ces partenaires dans le marché unique de l’UE seront
les principaux objectifs des futures négociations concernant les zones de
libre-échange approfondi et complet avec le Maroc, la Jordanie, l’Égypte
et la Tunisie, qui seront entamées dès que les travaux préparatoires
nécessaires seront terminés (voir IP/11/1545). À la différence des relations
commerciales actuelles entre l’UE et ces pays, ces zones iront au-delà de
la simple suppression des droits de douane, l’objectif étant de prendre en
compte toutes les questions réglementaires en rapport avec le commerce,
telles que la protection des investissements et la passation des marchés
publics.
Un nouveau mécanisme d’investissement en faveur des PME dénommé
Sanad (« soutien » en arabe) a également été mis sur pied en août 2011, en
collaboration avec la banque allemande Kreditanstalt Für Wiederaufbau
(KFW), pour un total de 20 millions d’euros. Ce fonds cible les PME
du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord, en particulier celles qui sont
trop petites pour recourir aux banques mais trop grandes pour faire
appel aux établissements de microfinance. Enfin, les travaux visant à
établir un nouveau système de « sécurité des investissements » pour la
Méditerranée, en collaboration avec l’Agence multilatérale de garantie
des investissements, l’Organisation de coopération et de développement
économiques et l’Union pour la Méditerranée, progressent et pourraient
aboutir pour la fin 2011.
Une priorité majeure consiste à renforcer le soutien aux organisations
de la société civile ainsi que la coopération avec ces dernières, car elles ont
un rôle de premier plan à jouer pour améliorer la gouvernance et faire en
sorte que les gouvernements puissent rendre des comptes. La société civile
dans toutes ses composantes (ONG, universités, groupes de réflexion,
médias) ainsi que les parlements et les assemblées constituantes seront des
acteurs-clés de la construction de l’avenir de la région. Les femmes et les
jeunes auront une contribution importante à apporter à cet égard, et l’UE
lance actuellement des projets concrets visant à favoriser leur participation
active à la vie politique et économique.
Printemps arabe, et après ? 183
ALGÉRIE
BAHREÏN
ÉG Y P TE
JORDANIE
LI BYE
M AROC
SYR IE
L’UE soutient toutes les actions qui tendent à mettre fin à la violence en
Syrie, telles que l’initiative de la Ligue arabe. Elle a également adopté en
interne un engagement coordonné avec des représentants de l’opposition
syrienne soucieux de non violence et de respect des valeurs démocratiques.
La Haute Représentante et vice-présidente a rencontré des représentants du
Conseil national syrien et salué les efforts en cours visant à établir une
plateforme unie et à élaborer une vision commune de l’avenir de la Syrie
et de la transition vers un système démocratique.
TUNISIE
YÉMEN
THE PRESIDENT (….) Now, with respect to the situation in the Middle
East, obviously, there’s still a lot of work to be done in Egypt itself, but
what we’ve seen so far is positive. The military council that is in charge has
reaffirmed its treaties with countries like Israel and international treaties.
It has met with the opposition, and the opposition has felt that it is serious
about moving towards fair and free elections. Egypt is going to require help
in building democratic institutions and also in strengthening an economy
that’s taken a hit as a consequence of what happened. But so far at least,
we’re seeing the right signals coming out of Egypt.
There are ramifications, though, throughout the region. And I think
my administration’s approach is the approach that jibes with how most
Americans think about this region, which is that each country is different,
each country has its own traditions; America can’t dictate how they run
their societies, but there are certain universal principles that we adhere to.
One of them is we don’t believe in violence as a way of – and coercion – as
a way of maintaining control. And so we think it’s very important that in all
the protests that we’re seeing in – throughout the region that governments
respond to peaceful protesters peacefully.
The second principle that we believe in strongly is in the right to
express your opinions, the freedom of speech and freedom of assembly that
allows people to share their grievances with the government and to express
themselves in ways that hopefully will over time meet their needs.
And so we have sent a strong message to our allies in the region, saying
let’s look at Egypt’s example as opposed to Iran’s example. I find it ironic
that you’ve got the Iranian regime pretending to celebrate what happened
in Egypt when, in fact, they have acted in direct contrast to what happened
in Egypt by gunning down and beating people who were trying to express
themselves peacefully in Iran.
And I also think that an important lesson – and I mentioned this last
week -- that we can draw from this is real change in these societies is not
going to happen because of terrorism; it’s not going to happen because
194 Annexes
Patricia Zengerle
Q . Thank you, Mr. President. Getting back to the unrest in the Middle
East and North Africa, what concerns do you have about instability,
especially in Saudi Arabia, as the demonstrations spread? Do you see –
foresee any effects on oil prices? And talking about Iran, can you comment
about the unrest there more? What is your message to the Iranian people
– in light of there was some criticism that your administration didn’t speak
out strongly enough after their last – the demonstrations in Iran after their
elections? Excuse me.
THE PRESIDENT: That’s okay. Well, first of all, on Iran, we were clear
then and we are clear now that what has been true in Egypt should be
true in Iran, which is that people should be able to express their opinions
and their grievances and seek a more responsive government. What’s been
different is the Iranian government’s response, which is to shoot people
and beat people and arrest people.
And my hope and expectation is, is that we’re going to continue to see
the people of Iran have the courage to be able to express their yearning for
greater freedoms and a more representative government, understanding that
America cannot ultimately dictate what happens inside of Iran any more
than it could inside of Egypt. Ultimately these are sovereign countries that
are going to have to make their own decisions. What we can do is lend
moral support to those who are seeking a better life for themselves.
Obviously we’re concerned about stability throughout the region.
Each country is different. The message that we’ve sent even before the
demonstrations in Egypt has been, to friend and foe alike, that the world
is changing; that you have a young, vibrant generation within the Middle
East that is looking for greater opportunity, and that if you are governing
these countries, you’ve got to get out ahead of change. You can’t be behind
the curve.
And so I think that the thing that will actually achieve stability in that
region is if young people, if ordinary folks end up feeling that there are
Conférence de presse du Président B. Obama 195
pathways for them to feed their families, get a decent job, get an education,
aspire to a better life. And the more steps these governments are taking to
provide these avenues for mobility and opportunity, the more stable these
countries are.
You can’t maintain power through coercion. At some level, in any society,
there has to be consent. And that’s particularly true in this new era where
people can communicate not just through some centralized government or
a state-run TV, but they can get on a smart phone or a Twitter account and
mobilize hundreds of thousands of people.
My belief is that, as a consequence of what’s happening in Tunisia and
Egypt, governments in that region are starting to understand this. And my
hope is, is that they can operate in a way that is responsive to this hunger
for change but always do so in a way that doesn’t lead to violence.
Ed Henry
Q. Thank you, Mr. President. I want to go back to Egypt because there
was some perception around the world that maybe you were too cautious
during that crisis and were kind of a step behind the protesters. I know
that, as you said, there was dramatic change in three weeks, and some of
us wanted it to go even faster than that. But having said that, I realize it’s
a complicated situation. It was evolving rapidly. But now as these protests
grow throughout the Mideast and North Africa – you said before your
message to the governments involved was make sure you’re not violent
with peaceful protesters. But what’s your message to the protesters? Do
you want them to taste freedom? Or do you want them to taste freedom
only if it will also bring stability to our interests in the region?
THE PRESIDENT: Well, first of all, without revisiting all the events over
the last three weeks, I think history will end up recording that at every
juncture in the situation in Egypt that we were on the right side of history.
What we didn’t do was pretend that we could dictate the outcome in Egypt,
because we can’t. So we were very mindful that it was important for this to
remain an Egyptian event; that the United States did not become the issue,
but that we sent out a very clear message that we believed in an orderly
transition, a meaningful transition, and a transition that needed to happen
not later, but sooner. And we were consistent on that message throughout.
196 Annexes
Préambule
1. Nous, chefs d’État et de gouvernement du Groupe des Huit, nous
sommes réunis à Camp David les 18 et 19 mai 2012, afin de traiter des
grands enjeux économiques et politiques mondiaux.
(…)
pour soutenir les efforts de réforme des pays en transition ; les progrès
réalisés en lien avec les partenaires de la région pour mettre en place un
nouveau fonds de transition à l’appui des réformes menées par les pays, en
complément des mécanismes existants ; l’augmentation des engagements
financiers des institutions financières internationales et régionales, du G8
et des partenaires régionaux à l’égard des pays qui mènent des réformes ;
les stratégies destinées à accroître l’accès aux marchés de capitaux pour
stimuler l’investissement privé ; et les engagements pris par nos pays
et par d’autres pour aider les petites et moyennes entreprises, offrir la
formation et l’assistance technique nécessaires et faciliter les échanges
internationaux et les programmes de formation pour des groupes-clés dans
les pays en transition.
28. Répondant à l’appel des pays partenaires, nous approuvons un plan
d’action sur la restitution des avoirs afin de promouvoir la restitution des
avoirs volés et nous nous félicitons des plans d’action élaborés dans le cadre
du Partenariat, que nous nous engageons à soutenir, pour promouvoir un
gouvernement transparent, réduire la corruption, renforcer la responsabilité
et améliorer l’environnement réglementaire, en particulier pour permettre
la croissance des petites et moyennes entreprises. Ces réformes en matière
de gouvernance favoriseront la croissance économique pour tous, l’état
de droit et la création des emplois nécessaires au succès de la transition
démocratique. Nous travaillons avec les pays du Partenariat pour consolider,
partout dans la région et avec les pays du G8, nos relations commerciales
et d’investissement qui sont essentielles pour soutenir la croissance et la
création d’emplois. Dans ce contexte, nous nous félicitons de la déclaration
des pays du Partenariat sur l’ouverture à l’investissement international.
29. Les pays du G8 ont pris l’engagement d’instaurer un partenariat
durable et productif à l’appui des transformations historiques en cours dans
la région. Nous nous engageons par ailleurs, d’ici la fin 2012, à soutenir
l’engagement du secteur privé, la restitution des avoirs, le renforcement
des relations commerciales et la fourniture de l’expertise et de l’assistance
nécessaires, notamment par le biais d’un fonds de transition. Nous appelons
de nos vœux l’organisation en septembre d’une réunion des Ministres des
Affaires étrangères pour dresser le bilan des progrès accomplis dans le
cadre du Partenariat.
Déclaration de Bagdad appuyant le Printemps arabe
à l’occasion du 23e Sommet arabe en Irak, 29 mars 2011
Extraits
[]...
.14الت�أكيد ﻋﻠﻰ ﺩﻋﻤﻨﺎ الكامل للتطلعات والمطالب الم�شروعة لل�شعب ال�سوري ﻓـﻲ
الحرية والديمقراطية ﻭحقه ﻓﻲ ﺭ�سم م�ستقبله ،ﻭﻓﻲ التداول ال�سلمي لل�سلطة ،ﻭ�ﺇﺩانة
�ﺃﻋﻤﺎل العنف والقتل ﻭ�ﺇيقاﻑ نزيف الدم ،والتم�سك بالحل ال�سيا�سي والحوار
ﺍ�ﺯمة ال�سورية حفاظاً -ﻋﻠﻰ ﻭحدﺓ �سورية الوطني ﻭﺭف�ض التدخل ﺍلأجنبي ﻓﻲ ﻷ
ﻭ�سالمة �شعبها ،ﻭن�ؤكد ﺩﻋﻤﻨﺎ والتزامنا بالقرارات ال�صادرة عن جامعة الدول العربية
بهذا ال�ش�أن ،ﻭدعم مهمة ال�سيد كوفي �أناﻥ المبعوث الم�شترك للأمم المتحدة
والجامعة العربية ﻓﻲ مهمته �إلى �سورية.
� .15ﺃخذنا العلم بالر�سائل المتبادلة بين الحكومة ال�سورية والمبعوث الم�شترك
للأمم المتحدة والجامعة العربية حول قبول �سورية للنقاط ال�ست التي تقدم بها
ال�سيد كوفي �أناﻥ ﻭي�ؤكد ﻋﻠﻰ �ضرورة التنفيذ الفوري والكامل لهذه النقاط حتى
يمكن ﻭقف نزيف الدماء والبدء بحل �سيا�سي �سلمي للأزمة ال�سورية ﻭﻓﻘـﺎﹰ لقرارات
المجل�س الوزاري ﻓﻲ هذا ال�ش�أن.
.16الترحيب بالتطورات الهامة التي �شهدتها ليبيا ال�شقيقة ،والت�أكيد ﻋﻠﻰ الدعم
القوي للجهود المبذولة من قبل المجل�س الوطني ﺍﻻنتقالي والحكومة الليبية
لتحقيق ﻷ
ﺍ�من واال�ستقرار الالزمين لالنتقال بليبيا �إلى �إقامة دولة ﺩيمقرﺍطية تحقق
العدل والم�ساواة والحرية والرخاء لجميع �ﺃبناء ال�شعب الليبي ،ﻭبما ي�ضمن ﻭحدتها
�ﺃﺭ�ضاً -ﻭ�شعباً ،-ﻭﺩعم ﺍلإجراءات المبذولة من قبل الحكومة الليبية �ﻹ ﻋﻤﺎل حكم
القانون ﻭحق ال�شعب الليبي ﻓﻲ ا�سترداد �أمواله.
()....
.18تهنئة ال�شعب اليمني ال�شقيق بنجاح االنتخابات الرئا�سية التي ﻓﺎﺯ بها فخامة
الرئي�س عبد ربه من�صور ﻫﺎﺩﻱ ،ون�شيد بعملية انتقال ال�سلطة ،والت�أكيد ﻋﻠﻰ �ضرﻭﺭﺓ
تقديم الدعم الالﺯﻡ لليمن ﻓﻲ مختلف المجاالت ال�سيا�سية ﻭﺍﻻﻗﺘ�ﺼﺎﺩية والتنموية،
ﺍ��ضرﺍﺭ ﻭتداعياتهاوالعمل ﻋﻠﻰ توفير الخبرات الالﺯمة لم�ساعدته ﻓﻲ �إزالة ﻷ
ﺍﻻﻗﺘ�ﺼﺎﺩية ﻭﺍﻻجتماﻋﻴﺔ.
II. Les conseils économiques et sociaux
en Méditeranée
L’initiative TRESMED
L’Association euro-méditerranéenne, cadre de TRESMED
Les pays de l’Union européenne et du bassin méditerranéen ont mis
en œuvre en 1995, à Barcelone, un processus de collaboration, en vue
de faire de cet espace géographique commun une zone de stabilité et de
prospérité partagées. La Déclaration de la Conférence de Barcelone a
alors souligné l’importance que revêt, pour la réussite de la collaboration
euro-méditerranéenne, le fait de parvenir à une totale implication et à la
participation pleine de la société civile dans son développement.
Les conseils économiques et sociaux et les institutions semblables de
la région ont maintenu pendant ces dernières années, à la demande des
instances politiques du Processus de Barcelone, une collaboration pour
contribuer à la construction de cet horizon commun, aux principes qui
l’ont inspiré et à ses objectifs. Les conférences au sommet économico-
sociales euro-méditerranéennes, tenues annuellement, sont donc une
opportunité de rapprochement des sociétés civiles, permettant d’établir
les voies de la collaboration entre les partenaires économiques et sociaux
sur les questions et les problèmes d’intérêt commun relatifs au processus
de construction de l’Association euroméditerranéenne. Dans ce cadre, le
Programme TRESMED apparaît comme une initiative commune des CES
euro-méditerranéens et ouvrent de cette façon une nouvelle étape dans leur
collaboration, concrétisée par des actions et des programmes spécifiques
et tangibles.
TRESMED, dont la réalisation revient au Conseil économique et social
d’Espagne, repose sur une large participation des conseils économiques et
sociaux d’Europe et de la Méditerranée. Il est financé par des ressources
provenant de l’outil financier de la Commission européenne pour la
Méditerranée (MEDA).
202 Annexes
Séjours de formation
Trois séjours pour des représentants des pays du sud et de l’est de la
Méditerranée comptant déjà sur une institution consultative des acteurs
sociaux.
Ce chapitre du Programme comprend trois séjours de deux semaines.
Chaque séjour se déroule dans trois capitales européennes où siègent les
conseils économiques et sociaux des pays membres de l’Union européenne
et du Comité économique et social européen.
Au total, soixante représentants de diverses institutions d’Algérie, du
Liban, de Malte, du Maroc et de Tunisie prennent part à ces séjours.
Les participants acquièrent des connaissances sur le terrain, à la charge
des acteurs sociaux eux-mêmes, de l’organisation et du fonctionnement
dans chaque pays des mécanismes institutionnels de consultation et de
participation lors de l’élaboration des politiques publiques de nature
socioéconomique, en abordant des sujets tels que la représentation des
intérêts économiques et sociaux dans un système démocratique, le rôle
consultatif des partenaires économiques et sociaux, le fonctionnement
du Conseil économique et social de chaque pays ou l’importance du rôle
consultatif dans la mise en place d’une zone de libre commerce euro-
méditerranéenne.
Les délégués participants prennent également connaissance sur place de
la réalité socioprofessionnelle et économique de chaque pays grâce à des
visites institutionnelles dans les organisations et les entités relatives aux
relations industrielles, au marché du travail, à la formation professionnelle,
à l’économie sociale et autres de nature et d’objectifs similaires.
204 Annexes
Séminaires
Ils sont organisés pour les représentants des pays où il n’y a pas de
Conseil économique et social ni d’institution similaire.
A ces séminaires, d’une durée de deux jours, participent cent représentants
des organisations socio-économiques, membres du gouvernement et
parlementaires de Chypre, Egypte, Israël, Jordanie, Syrie, Territoires
de l’Autorité autonomie palestinienne et Turquie. Ils sont dispensés
par d’importants conférenciers rattachés aux différentes expériences
nationales en divers domaines institutions, universités, membres des
conseils économiques et sociaux, experts syndicaux, patronaux et autres
organisations représentatives des intérêts socio-économiques.
Les programmes des conférences entendent exposer et débattre de la
grande diversité des sujets impliqués dans la pratique de la consultation et
de la participation institutionnalisée des organisations socio-économiques
des systèmes démocratiques, puis connaître les diverses expériences
nationales sur ces questions, sur les deux rives de la Méditerranée.
Pour les projets Tresmed voir le lien : http://www.ces.es/TRESMED/
docum/Proy_tresmed_fr.pdf
Bibliographie
Ouvrages
Abdel Salam, Shahinaz, Egypte, les débuts de la liberté, avec la collaboration
de Tangi Salaün Paris, Michel Lafon, 2011, 1 vol. 189 p.
Abidi, Hasni, le Manifeste des Arabes, Paris, Encre d’Orient, 2011, 1 vol.
97 p.
Albichari, Mohamed, le Cauchemar libyen, Lausanne, Favre, 2012, 1 vol.
116 p.
Amin, Samir, le Monde arabe dans la longue durée : le printemps arabe ?
Paris, Temps des cerises, 2011, 1 vol. 251 p.
Amin, Samir, le Monde arabe dans la longue durée : un printemps des
peuples ? Paris Alger, les Editions APIC, 2011, 1 vol. 255 p.
Anna, Bozzo et Pierre-Jean Luizard (dir.), les Sociétés civiles dans le
monde musulman, [contributions de Fariba Adelkhah, Lahouari Addi,
Cristiana Baldazzi, et al.] ; sous la direction de Anna Bozzo et Pierre-
Jean Luizard, Paris, la Découverte, 2011, 1 vol. 477 p.
Aourid, Hassan, Occident, est-ce le crépuscule ? Paris, Rabat Bouregreg,
DL 2011, 1 vol. 151 p.
Azzouzi, Abdelhak, le Néo-constitutionnalisme marocain à l’épreuve
du printemps arabe, Abdelhak Azzouzi & André Cabanis, Paris,
l’Harmattan, 2011, 1 vol. 232 p.
Basbous, Antoine, le Tsunami arabe, Paris, Fayard, 2011, 1 vol. 383 p.
Beau, Nicolas, Notre ami Ben Ali l’envers du « miracle tunisien », Nicolas
Beau, Jean-Pierre Tuquoi ; avant-propos et postface inédits des auteurs ;
préface de Gilles Perrault, Paris, la Découverte, 2011, 1 vol. 245 p.
Ben Chrouda, Lotfi, Dans l’ombre de la reine, avec la collaboration
d’Isabelle Soares Boumalala Neuilly-sur-Seine Michel Lafon, 2011,
1 vol. 185 p.
Ben Hammouda, Hakim, A quoi rêve un Oriental ? de nouvelles modernités
pour les printemps arabes, Paris, éd. du Cygne, 2011, 1 vol. 201 p.
206 Printemps arabe, et après ?
Ben Jelloun, Tahar, l’Etincelle révoltes dans les pays arabes, Paris,
Gallimard, 2011, 1 vol. 122 p.
Ben Jelloun, Tahar, Par le feu récit, Paris, Gallimard, 2011, 1 vol. 49 p.
Ben Mhenni, Lina, Tunisian girl blogueuse pour un printemps arabe,
Paris, Montpellier Indigène, 2011, 1 vol. 32 p.
Benhamouche, Zoubir, Algérie, l’impasse pourquoi l’Algérie se retrouve-t-
elle dans une impasse à l’aube du cinquantenaire de son indépendance
et comment peut-elle en sortir ? Paris, Publisud, 2011, 1 vol. 178 p.
Benslama, Fethi, Soudain la révolution ! de la Tunisie au monde arabe la
signification d’un soulèvement, Paris, Denoël, 2011, 1 vol. 117 p.
Bouamoud, Mohamed, Bouâzizi ou l’étincelle qui a destitué Ben Ali,
Tunis, Almaha éditions, 2011.
Bradley, John R., After the Arab spring how the Islamists hijacked the
Middle East revolts, New York Palgrave Macmillan, 2012, 1 vol. 347 p.
Bravin, Hélène, Khadafi vie et mort d’un dictateur, Paris, François Bourin
éditeur, 2012, 1 vol. 265 p.
Brugère, Fabienne, Faut-il se révolter ? Paris, Montrouge (Hauts-de-Seine)
Bayard, 2012, 1 vol. 120 p.
Bussac, François-G., E la nave va, « et vogue la navire » vers une
Tunisie libre ? Chroniques comme une flamme au vent les premiers
temps, décembre 2010-mars 2011 ; [préface de Youssef Seddik], Tunis,
Arabesques édition, 2011, 1 vol. 169 p.
Cherni, Amor, la Révolution tunisienne s’emparer de l’histoire, Paris,
Albouraq, 2011, 1 vol. 252 p.
Collon, Michel, Libye, OTAN et médiamensonges manuel de contre-
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2011 1 vol. 191 p.
Dakhlia, Jocelyne, Tunisie le pays sans bruit, Paris, Actes Sud, 2011,
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Day, Stephen W., Regionalism and rebellion in Yemen a troubled national
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[Tunis] Alif ; Paris , Editions du Layeur, 2011, 1 vol. 239 p.
Bibliographie 207
Missaoui, Najeh, Dégage, dégage, dégage, ils ont dit dégage ! essai, Najeh
Missaoui, Oussama Khalfaoui Velle Le Châtel Franco-berbères, 2011,
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Moati, Serge, Dernières nouvelles de Tunis ; en collboration de Claude
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Naba, René, Erhal la France face aux rebelles arabes, Villeurbanne
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Clarity Press, 2012, 1 vol. 130 p.
Piot, Olivier, la Révolution tunisienne dix jours qui ébranlèrent le monde
arabe, Paris, Petits matins, 2011, 1 vol. 150 p.
Puchot, Pierre, Tunisie une révolution arabe ; avant-propos Edwy Plenel ;
préface de Radhia Nasraoui ; postface Saber Mansouri, Paris, Galaade
éditions, 2011, 1 vol. 229 p.
Quéméner, Jean-Marie, Docteur Bachar, mister Assad ses secrets et ses
mystères, Paris, Encre d’Orient, 2011, 1 vol. 147 p.
Ramadan, Tariq, l’Islam et le réveil arabe, Paris, Presses du Châtelet,
2011, 1 vol. 300 p.
Remili, Boujemaa, Quand le peuple réussit là où toute la société a échoué
ou Eléments de compréhension politique pour une révolution sans les
politiques, Tunis, Editions Nirvana, cop. 2011, 1 vol. 191 p.
Retour sur les révolutions arabes, coordination Julien Salingue ; Antoine
Grégoire, Khadija Guebache-Mariass, Samuel Mehli, ... [et al.] Paris,
éd. du Cygne, 2011, 1 vol. 76 p.
Bibliographie 211
Revues
Afkar = idées revue trimestrielle pour le dialogue entre le Maghreb,
l’Espagne et l’Europe, dir. Andreu Claret y Dario Valcarcel, n° 33,
2012, « Jusqu’à quand la Syrie ? Les frontières des révoltes ».
Afrique magazine le mensuel francophone international, réd. en chef
Ziyad Limam, n° 310, 2011, « Monde arabe : six mois d’un stupéfiant
printemps ».
Afrique magazine le mensuel francophone international, réd. en chef
Ziyad Limam, n° 319, 2012, « Les femmes dans la révolution ».
Afrique magazine le mensuel francophone international, réd. en chef Ziyad
Limam, n° 309, 2011, « Maroc : la monarchie face aux révolutions ».
Alternatives Sud éd. par le Centre tricontinental et l’Harmattan, V. 19, n° 2,
2012, « Le printemps arabe un premier bilan »
Annales histoire, sciences sociales fondée par Lucien Febvre et Marc Bloch,
n° 2, 2011, « Migrations, exodes, diasporas, mobilités, révolutions ».
Commentaire revue trimestrielle dir. Jean-Claude Casanova, n° 134, 2011,
« Le monde et le printemps arabe ».
Confluences Méditerranée revue trimestrielle dir. de publ. Denis Pryen,
n° 77, 2011, « Révoltes arabes premiers regards ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1058, 2011, « Le
printemps arabe vu par la presse arabe ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1098, 2011,
« Egypte révolution acte II ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1060, 2011,
« Révolutions arabes l’islamisme dépassé ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1094, 2011,
« Tunisie, l’année zéro la révolution, les libertés, l’islamisme ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1055, 2011,
« Vive la Tunisie ! Questions sur une révolution en marche ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1054, 2011,
« Tunisie, Algérie la révolte, jusqu’où ? ».
Courrier international, dir. de publ. Jacques Rosselin, n° 1057, 2011,
« Egypte portrait d’un peuple en colère ».
Bibliographie 213