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La flexion des adjectifs en AF, comme en latin, est calquée sur celle des substantifs. Mais, à
nouveau, le système hérité du latin est très simplifié avec seulement les deux cas CS/CR. Comme
les substantifs aussi, les adjectifs peuvent se décliner sur une ou plusieurs bases et des accidents
phonétiques peuvent se produire lors de la mise en contact du radical avec le « -s » de flexion.
De plus, à la différence des substantifs, on remarque un maintien du genre neutre pour les adjectifs,
dans des emplois précis :
- attribut d’un sujet neutre : ce m’est bel (« cela m’est agréable »)
- emploi adverbial : mieuz veuill je morir
cil oisel chantent belement et soef (« doucement »).
Classe la plus productive, c’est celle des adjectifs les plus nombreux et les plus courants. La base au
féminin ajoute un « e » à la forme masculine.
En diachronie :
Ils sont issus des adjectifs latins en -us, -a, -um (bonus, bona, bonum)
Nom sg us a
um
Acc sg um am
Nom pl i ae > *as
X
Acc pl os as
Exemple :
masculin féminin neutre
CSS bons
bone bon
CRS bon
CSP bon bones X
CRP bons X
Les participes passés se déclinent aussi sur ce modèle, avec une altération radicale en [ts] aux cas
masculins en –s, du fait de l’origine latine : -tus, -ta, -tum > affriquée -z.
masculin féminin neutre
CSS perduz
perdue perdu
CRS perdu
CSP perdu X
perdues
CRP perduz X
Il faut aussi noter la différence pour certains adjectifs entre la finale du masculin et du féminin,
la consonne ayant évoluée différemment selon si elle est finale ou non (mais le FM permet de
comprendre le phénomène) :
- sourde [f] > sonore [v] : chaitif > chaitive ; vif > vive ; sauf > sauve
- sourde [t] > sonore [d] : ront > ronde ; let > laide ; vuit > vuide
MAIS haut > haute, dolent > dolente
- sourde [k] > palatale : larc > large ; franc > franche ; blanc > blanche ; sec >
seche
Accidents phonétiques
Comme avec les substantifs, la rencontre du « -s » de flexion avec la terminaison du radical peut
entraîner des altérations, ou variantes combinatoires.
On choisit de mettre ici l’ensemble des adjectifs qui ne marquent pas une différence morphologique
visible entre le masculin et le féminin, selon plusieurs raisons morphologiques et phonétiques.
Mais attention, même forme ne veut pas dire même déclinaison pour les deux genres.
Comme il y a déjà un –e au masculin : la différenciation n’est pas donc marquée en genre, mais ils
se déclinent comme le modèle dominant (attention la base est la même mais la déclinaison est
différente selon le genre). Ce sont les mêmes qu’en FM.
masculin féminin neutre
CSS Base + s
Base + Ø Base + Ø
CRS Base + Ø
CSP Base + Ø
Base + s X
CRP Base + s
NB – Certaines grammaires (Raynaud de Lage-Hasenhor et Zink) placent ces adjectifs à masculin à
« e » dans la première classe des biformes. Possible et même schéma de déclinaison. Mais, ce qui
nous intéresse ici, n’est pas le classement mais la capacité à bien décliner les adjectifs donc
comprendre le type avant tout.
On pourrait les comprendre dans la première catégorie mais en fait, ne se déclinent pas pareils au
masculin, puisqu’ils suivent la déclinaison des substantifs masculins en –re. Ils n’ont pas évolué en
FM.
masculin féminin neutre
CS S Base + Ø (s)
Base + Ø Base + Ø
CR S Base + Ø
CS P Base + Ø
Base + s X
CR P Base + s
Ces adjectifs dérivent de formes latines (2e classe) qui ne faisaient pas non plus de différences entre
le masculin et le féminin : les épicènes legalis, fortis, grandis, … => or, ce [i] final tombe (en gros,
toutes les voyelles finales chutent au 7e siècle, sauf le [a] qui s’affaiblit en « e central »).
Ils prennent donc un « -s » au CSS féminin. Les participes présents (-ant) se déclinent sur ce
modèle.
En diachronie :
Nom S is
e
Acc S em
Nom P *i es
X
Acc P es
Il est donc nécessaire pour reconnaître ces adjectifs de les apprendre et de connaître les principaux,
selon leur terminaison : dentale [d] ou [t], labio-dentale [f] ou liquide [l].
Dès les premiers textes au MA apparaissent des formes féminines avec -e analogique, qui est senti
comme justement marque du féminin (cf. les noms en -e très nombreux au féminin, qui sont en fait
l’évolution phonétique logique du -a final latin). On trouve donc grande, forte dans les textes, avec
un -e final ajouté par les locuteurs et les scribes. Le phénomène reste cependant limité pendant la
période médiévale. La généralisation des formes analogiques se produira au cours du XVIe siècle et
concernera aussi les formes en –ant. En FM, quelques mots sont restés figés avec la forme
invariable de l’adjectif : grand-rue, grand-place ou grand-mère.
Il faut noter de nombreux phénomènes d’analogie concernant les adjectifs : adjectifs épicènes avec
des féminins refaits en « -e » comme grant, « -s » analogiques.
Exercice 2 – Identifiez les syntagmes suivants (nature, cas, nombre, genre, fonction).
GN (adjectif + nom),
Ha ! dox filz, de chevalerie vos cuidoie je CSS, masculin singulier,
bien garder
Apostrophe dans le dialogue
GP (préposition + nom commun)
Es illes de mer n’ot lignaige meillor do CRS, féminin singulier
mien an mon aaige
CDN de illes
Nom commun
Chevaliers estre deüssiez, biaux filz. CSS, masculin singulier
Attribut du sujet de ESTRE
GN (possessif + nom commun)
Vostre peres, si nou savez, fu parmi les CSS, masculin singulier (avec « s »
anches navrez analogique)
Sujet du verbe ESTRE
3 participes passés coordonnées
Apovri et desserité et essillié furent a tort li CSP, masculin pluriel
gentil home aprés la mort
Attributs du sujet li gentil home