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LE GAZ NATUREL
II.1. HISTORIQUE
Dès l’Antiquité, en Grèce, en Perse et en Inde, l’homme fut intrigué par des flammes qui, par
endroits, sortaient de terre. Il s’agissait de gaz naturel qui s’enflammait spontanément, mais ce
phénomène jadis inexpliqué donna lieu à de nombreuses croyances. Le gaz naturel est un mélange
composé en grande majorité de méthane, le plus simple et le plus léger des hydrocarbures. Comme
le pétrole brut, il s’est formé dans le sous-sol à partir des restes de micro-organismes marins et il est
souvent extrait des mêmes puits que ce dernier. On le trouve également associé à du condensat, ou
bien seul dans la roche-réservoir. Jusqu’à une date récente, il était peu utilisé ; au début du XXe
siècle, on le brûlait comme déchet de captage des puits de pétrole. Aujourd’hui, c’est un combustible
de valeur qui fournit plus d’un quart de l’énergie mondiale.
II.2. DEFINITION
Le gaz naturel est un mélange d’hydrocarbures à tendance paraffinique incolore, inodore,
insipide, et plus léger que l'air utilisé comme source d’énergie.
On y trouve parfois des constituants non énergétiques comme l'azote, l’hélium, le mercure,
l’arsenic, le dioxyde de carbone, le sulfure de carbonyle, le disulfure de carbone, le sulfure
d'hydrogène, les mercaptans, les BTX (Benzène, Toluène et Xylènes) et l'eau.
Selon la profondeur et les types de gisements, le gaz peut être conventionnel ou non
conventionnel. Cela dépend de sa difficulté d’extraction et des techniques d'exploitation.
À l’inverse des gaz conventionnels piégés dans des gisements d’accès facile, les gaz non
conventionnels sont difficiles à extraire. Les producteurs de gaz ont historiquement privilégié
l’exploitation du gaz conventionnel qui garantit un taux de récupération des ressources de 80%
contre 20% en moyenne pour le gaz non conventionnel. La part de ce dernier a toutefois fortement
augmenté ces dernières années, en particulier aux États-Unis.
Le gaz conventionnel peut être produit avec des moyens de production classiques. La proportion
d’hydrocarbures plus lourds que le méthane détermine les différents types de gaz naturels
conventionnels. Les gaz sont classés aussi selon la nature des phases présentes dans les conditions
du gisement et de surface. Lorsque la proportion d’hydrocarbures plus lourds augmente le domaine
diphasique s’élargit et une phase liquide peut apparaître dans les conditions de production.
L’apparition d’une phase liquide dépend des conditions de température et de pression dans le
réservoir et en surface. Ceci conduit à distinguer les classes suivantes :
Gaz sec (non associé) : ne forme pas de phase liquide dans les conditions de production et
contient une proportion élevée de méthane.
Gaz humide : forme une phase liquide au cours de la production dans les conditions de
Surface.
Gaz à condensat : forme une phase liquide dans le réservoir au cours de la production.
Gaz associé : coexiste, dans le réservoir, avec une phase liquide (pétrole). Le gaz associé
comprend le gaz de couverture (phase gazeuse présente dans le réservoir) et le gaz
dissous. Soulignons que cette classification cache des situations qui peu.
Les gaz non conventionnels nécessitent des technologies plus élaborées, afin de stimuler la roche
dans laquelle ils sont piégés et ceci dès la première phase d’exploitation pour obtenir une production
commerciale. Les gaz non conventionnels comprennent 04 catégories :
II.4.1 DENSITE
Définie comme étant le rapport de la masse volumique du gaz dans des conditions de référence
sur la masse volumique de l’air dans les mêmes conditions, en se référant soit aux conditions
normales, soit aux conditions standards. La densité d’un gaz parfait peut être obtenue connaissant sa
masse moléculaire que l’on peut calculer au moyen de sa composition chimique en utilisant la
relation :
II.4.2 COMPRESSIBILITE
L’étude du comportement d’un gaz en le comparant à un gaz parfait est réalisée en introduisant le
V PV
facteur de compressibilité Z définit par la relation : Z= =
V
0
RT
0 RT
V° : volume molaire d’un gaz parfait : V =
P
II.4.3. VISCOSITE
La connaissance de la viscosité des gaz est nécessaire pour effectuer les calculs d’écoulement aux
différents stades de la production et notamment pour connaître les pertes de charge. Le gaz naturel
se comporte généralement comme un fluide newtonien.
II.4.4. LE POUVOIR CALORIFIQUE
Défini la quantité de chaleur qui se dégage lors de la combustion d’une unité de volume du gaz,
mesurée dans les conditions de référence (15 °C et 1 atm). Il s’exprime en kWh/m³(n) ou MJ/m³(n).
Il existe deux types de pouvoir calorifique :
Pouvoir calorifique supérieur (PCS): correspond à la chaleur dégagée lorsque tous les
produits de combustion sont ramenés à la température ambiante. L’eau formée est à l’état
liquide.
Pouvoir calorifique inférieur (PCI): correspond à la combustion, dans laquelle l’eau restera à
l’état vapeur. Le PCS diffère du PCI d’une quantité qui est à la chaleur latente de vaporisation
de l’eau.
Si la différence entre les deux grandeurs est grande le gaz est très dangereux, l’inverse est
vrai. Connaissant la composition du gaz naturel, son pouvoir calorifique peut être estimé par
pondération linéaire à partir du pouvoir calorifique de chacun des constituants, en assimilant le
mélange gazeux de départ et les produits de la combustion à un mélange de gaz parfaits :
Avec :
Dans les standards internationaux, existent deux catégories de gaz qui se base sur le pouvoir
calorifique supérieur dans les conditions de combustion suivantes : 0°C et 1,01325 bar :
Catégorie H : gaz naturel Haut pouvoir calorifique supérieur compris entre 10,7 et 12,8
kWh/Nm3, 10,67 à 12,77 kWh/m3 (n) pour une combustion à une température de
25°C. Cas du gaz Russe et du gaz Algérien ;
Catégorie B : gaz naturel Bas pouvoir calorifique supérieur compris entre 9,5 et 10,5
kWh/Nm3 , 9,48 à 10,47 kWh/m3 (n) pour une combustion à une température de 25°C.
Cas du gaz d’Iran et du gaz de Quater.
Le pouvoir calorifique « moyen » est conventionnellement pris à 11,4 kWh/m3 . Par mesures de
sécurité, le gaz naturel est odorisé afin d’être décelé facilement en cas de fuite
Toutefois, certains pays exigent des spécifications précises afin de s’assurer de la qualité du gaz
naturel notamment la quantité de (sulfure d’hydrogène, sulfure total, dioxyde de carbone, azote,
oxygène, eau) et la température.
II.5. EXTRACTION DU GAZ NATUREL
Avant toute prospection, une compagnie gazière et/ou pétrolière doit demander au pays hôte un
permis d’exploration. En cas de découverte en phase d’exploration, un accord est conclu entre la
compagnie et le gouvernement du pays. Il définit les parts respectives des profits tirés de
l’exploitation des hydrocarbures. La fameuse règle du 50/50 est aujourd’hui révisée en faveur du
pays hôte). En règle générale, les pays décrètent que les ressources du sous-sol leur appartiennent, à
l’exception des États-Unis où le propriétaire du sol l’est aussi du sous-sol. Pour les ressources
offshores, sous la mer, les accords internationaux déterminent les règles de partage (ex : pays
riverains jusqu’à 300 miles des côtes). Il est possible de classer les compagnies gazières en deux
grandes catégories :
Les compagnies multinationales comme Exxon Mobil, BP, Shell, Texaco, Chevron, Total, Statoil, ENI
ou encore GDF Suez ;
Les compagnies nationales, détenues ou contrôlées par l’État, comme Gazprom en Russie,
Petrobras au Brésil, Sonatrach en Algérie, Petronas en Indonésie, GPC au Qatar ou encore NIOC en
Iran.
II.5.1. PROSPECTIONS
Les chercheurs et ingénieurs disposent dans la plupart des cas de données géologiques régionales qui
leur permettent d’avoir une première approche sur le potentiel pétrolier et gazier de la zone étudiée.
Mais ces documents ne suffisent plus pour localiser ces futurs gisements, qu’on appelle des «
prospects ». Ceux qui pouvaient être détectés par une observation directe de la surface terrestre ont
pour la plupart été forés dans la première moitié du XXe siècle. Les prospects d’aujourd’hui sont
masqués par des dépôts sédimentaires récents dont les déformations de surface n’ont rien à voir avec
celles du sous-sol plus profond. De plus, dans les zones sous-marines, l’observation de surface était
impossible.
On envoie d'abord des ondes sismiques de nature vibratoire dans le sous-sol, générées par des
camions-vibreurs, depuis lesquels on laisse tomber régulièrement au sol une masse très
lourde, ou par le déclenchement d’une explosion ou encore, en mer, par un « canon à air ».
Chaque fois que les vibrations effectuées en surface rencontrent une couche rocheuse, une
partie du train d’ondes est réfléchie, comme sur un miroir, jusqu’à la surface tandis qu’une
autre partie est réfractée et continue sa progression vers de nouvelles couches plus profondes.
A chaque changement de type de roche, la vitesse de propagation du train d’ondes est
modifiée et, grâce à des récepteurs très sensibles, appelés géophones, on enregistre les retours
successifs de ces ondes en surface. En mer, l'enregistrement sismique se fait à partir d'un
bateau entraînant derrière lui un chapelet de récepteurs flottants appelés hydrophones.
L'opération est plus facile car il n'y a aucun obstacle naturel : on peut ainsi placer et déplacer
sans entraves les émetteurs et les récepteurs d'ondes.
L’opération est répétée de nombreuses fois en déplaçant à chaque fois l’émetteur des vibrations.
II.5.1.2.DES IMAGES DES SOUS-SOLS EN 2D, 3D ET MÊME 4D
Les différents trains d’ondes parvenant aux récepteurs sont extrêmement complexes. Seuls les
immenses progrès de l’informatique, avec des capacités de calcul toujours plus importantes,
permettent aujourd’hui le traitement des données acquises par la technique de la sismique de
réflexion.
En mesurant les temps de retour et en émettant des hypothèses plus ou moins assurées sur les
différentes vitesses de propagation, on peut établir une série d’images à deux dimensions (2D)
qui restituent des coupes géologiques du sous-sol, avec ses déformations où les couches sont
susceptibles de former des pièges à hydrocarbures.
En récupérant davantage de données, on peut construire une image complète du sous-sol en
trois dimensions, c'est-à-dire en volume. Cette image permet parfois de détecter directement
les hydrocarbures présents dans les couches géologiques.
Quand un gisement est en production, on utilise parfois la méthode de la sismique 4D qui fait
intervenir la quatrième dimension, le temps. Celle-ci consiste à effectuer plusieurs
enregistrements successifs en 3D sur le gisement, à quelques mois d’intervalle. En comparant
ces enregistrements, on suit l'évolution du gisement pendant son exploitation.
Des terrains de consistance molle ou hétérogène, très souvent situés en surface, génèrent des
altérations du train d’ondes à son origine qu'il est difficile de corriger. Plus grande est la profondeur,
plus les ondes réfléchies par les couches géologiques s'affaiblissent. Dans les zones peu forées, les
vitesses de propagation sont mal connues et les hypothèses que l’on fait ne sont pas vérifiées. Enfin,
dans les régions qui ont été affectées par de forts mouvements de compression de l’écorce terrestre et
qui présentent un sous-sol chaotique, la technique de la sismique de réflexion reste relativement
impuissante.
Il en résulte parfois des calculs erronés qui peuvent produire des images ne correspondant pas à la
réalité, sortes de « mirages », et des erreurs dans les cartes représentant les profondeurs. Seul le
II.5.3. L’exploitation
Quand le gisement est atteint, le pétrole et le gaz sont récupères et ramener à la surface grâce à
des tuyaux. Ils sont ensuite entre portés dans les oléoducs ou gazoduc.
Le gaz naturel subit une épuration préalable pour être débarrassé des :
Composants acides (gaz acides H2S toxique et corrosif et CO2 corrosif) éliminés le plus
souvent par Absorption avec une solution d’amine : DEA, MEA …etc.
L’azote et l’hélium. L’hélium est commercialisé s’il est présent en quantité suffisante,
Composés toxiques, Une déshydratation par absorption avec le TEG (tri éthylène glycol) est
effectuée pour éviter la formation des hydrates et les bouchons de glace, Notons que dans
cette opération le solvant est régénéré dans un circuit fermé.
Les différents composants du gaz naturel sont ensuite séparés. Ainsi on distingue :
II.8. APPLICATIONS
Il convient de noter que les applications sont fonction du type de gaz (gaz sec, GPL, condensat).
L’éthane :
La pyrolyse de l’éthane fournit l’éthylène qui est l’une des matières premières aboutissant à
l’oxyde d’éthylène, à l’éthanol, au polyéthylène, …etc.
Il est liquéfié à faible pression (13 à 14 bars) et à température ambiante où on peut réduire un
volume de 250L de GPL en 1L liquide pour faciliter son transport, son stockage et sa
commercialisation. Il se gazéifie au moment de son utilisation.
La composition molaire du gaz du pétrole liquéfié est variable selon la source. Le tableau II.4 ci-
dessous donne une composition molaire approximative de ce produit.
II.8.2.1. ORIGINE DU GPL
Le GPL provient de deux origines :
1. Des champs de gaz naturel, pour plus de 60 % : en moyenne, un champ de gaz naturel
fournit près de 90% de méthane mais aussi 5% de propane et 5 % d’autres gaz dont le
butane. Schématiquement, le gaz naturel extrait est refroidit pour en séparer les différents
constituants ayant des points de liquéfaction différents à savoir : les GPL (butane et propane
à l’état liquide) et le méthane à l’état gazeux.
Le butane et le propane sont également récupérés lors de l’extraction de pétrole, sous
forme de gaz associés dissous (d’où l’appellation de « de gaz de pétrole » liquéfiés). Les
pourcentages de butane et du propane contenus dans le gaz naturel et le pétrole brut sont
très variables d’un gisement à un autre.
2. Des raffineries de pétrole, pour moins de 40 % : lors du raffinage du pétrole brut, le butane
et le propane constituent entre 2 et 3% de l’ensemble des produits obtenus. Ils constituent
les coupes les plus légères issues de la distillation du pétrole brut.
Ces gaz sont également récupérés à l’issue des opérations de traitement « secondaires », après la
phase de distillation. Selon sa provenance, une tonne de pétrole brut traitée produit 20 à 30 kg de
GPL, dont 2/3 de Butane et 1/3 de Propane. Au total, les GPL ne pourront dépasser 5% de la
ressource mondiale en hydrocarbures
Les principales caractéristiques des condensats sont inscrites dans le tableau II.6 suivants :
La particularité du condensât réside dans son utilisation dans deux secteurs industriels entièrement
stratégiques : le raffinage et la pétrochimie.
À ces risques environnementaux s’ajoutent ceux liés à l’extraction des gaz non
conventionnels et notamment par la technique de fracturation hydraulique : cette technique a
une influence sur les ressources en eau. En effet, des millions de litres d’eau sont utilisés pour
chaque puits, avec l’ajout de nombreux produits chimiques. Seule une partie de cette eau
contaminée est ensuite récupérée, le reste pouvant se déverser dans les nappes phréatiques,
utilisées pour l'alimentation en eau potable(2). Toutefois, une gestion rigoureuse et contrôlée
de ces techniques permet de limiter ces effets et le gaz de schiste se développe mondialement.
Les dangers
Extraction
L’extraction du gaz naturel mobilise des infrastructures complexes, y compris pour les gaz
non conventionnels.
Transport
Le gaz naturel est transporté à haute pression dans des gazoducs sur des milliers de
kilomètres. Les causes majeures de défaillance des gazoducs sont liées aux agressions
(volontaires ou involontaires) de tiers ou à la corrosion interne ou externe. Un rejet de gaz
naturel sous pression, responsable de projections d’objets, est le principal danger.
L’inflammation du jet de gaz est un risque supplémentaire.
Le gaz naturel peut être aussi acheminé par des navires (méthaniers) sous forme liquide
(GNL : Gaz Naturel Liquéfié) à environ -161°C. Comme tout liquide cryogénique, le GNL
comporte des risques de brûlures liés à sa basse température. Un risque d’inflammation
s’ajoute si le GNL s'échappe, à la suite d'une rupture de la coque par exemple.
Stockage
Avant d’être dirigé vers le consommateur final, le gaz naturel transite vers des sites de
stockage installés près des gisements ou des zones de consommation. Deux types de stockage
existent :
le stockage « souterrain » : le gaz naturel est stocké sous pression. Lors d’une fuite,
l’effet redouté est l’inflammation du jet de gaz ;
le stockage « aérien » : le gaz naturel ou le GNL sous forme liquide sont stockés à
pression atmosphérique. Une fuite de gaz naturel liquéfié (GNL) ou de gaz naturel peut
apparaître au niveau des réservoirs.
La fuite d’un réservoir de gaz liquéfié est potentiellement plus dangereuse que celle d’un
réservoir de gaz comprimé en raison d’une plus grande quantité de gaz libérée pour un même
volume.
Distribution
Le réseau de distribution achemine le gaz naturel à basse pression jusqu’au consommateur
final(3). 195 000 km de canalisations servent à la distribution du gaz en France, la plus grande
partie étant enterrée. Cette distribution de gaz par canalisations enterrées est responsable
d’une vingtaine d’accidents par an en France, dont les conséquences sont parfois meurtrières.
75% ont pour origine des travaux effectués à proximité de ces réseaux, provoquant un
percement des canalisations et une fuite de gaz naturel.
Consommation
L’utilisation domestique est la principale cause des accidents dûs au gaz. De 2006 à 2009,
une soixantaine d’accidents avec dommages corporels ont été recensés par an en France. Ces
accidents sont causés principalement par des installations domestiques défectueuses, une
mauvaise manipulation d’un appareil à gaz mais aussi à des incendies ou des intempéries.
Notons que gaz naturel se développe plus que les autres énergies, bénéficiant de son effet de
serre modéré par rapport au charbon et au pétrole