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"Je sais bien que les bêtes font beaucoup de choses mieux que nous, mais

je ne m'en étonne pas ; car cela même sert à prouver qu'elles agissent
naturellement et par ressorts, ainsi qu'une horloge, laquelle montre bien
mieux l'heure qu'il est, que notre jugement ne nous l'enseigne. Et sans
doute que, lorsque les hirondelles viennent au printemps, elles agissent en
cela comme des horloges. Tout ce que font les mouches à miel est de
même nature, et l'ordre que tiennent les grues en volant, et celui
qu'observent les singes en se battant, s'il est vrai qu'ils en observent
quelqu'un, et enfin l'instinct d'ensevelir leurs morts, n'est pas plus étrange
que celui des chiens et des chats, qui grattent la terre pour ensevelir leurs
excréments bien qu'ils ne les ensevelissent presque jamais : ce qui montre
qu'ils ne le font que par instinct, et sans y penser. On peut seulement dire
que, bien que les bêtes ne fassent aucune action qui nous assure qu'elles
pensent, toutefois, à cause que les organes de leurs corps ne sont pas fort
différents des nôtres, on peut conjecturer qu'il y a quelque pensée jointe à
ces organes, ainsi que nous expérimentons en nous, bien que la leur soit
beaucoup moins parfaite. À quoi je n'ai rien à répondre, sinon que, si elles
pensaient ainsi que nous, elles auraient une âme immortelle aussi bien que
nous ; ce qui n'est pas vraisemblable, à cause qu'il n'y a point de raison
pour le croire de quelques animaux, sans le croire de tous, et qu'il y en a
plusieurs trop imparfaits pour pouvoir croire cela d'eux, comme sont les
huîtres, les éponges, etc."

Descartes, Lettre au Marquis de Newcastle, 23 novembre 1646.

https://www.philo52.com/articles.php?lng=fr&pg=979#:~:text=%22Je%20ne%20vois%20dans%20tou
t,d%C3%A9truire%2C%20ou%20%C3%A0%20la%20d%C3%A9ranger.
"Je ne vois dans tout animal qu'une machine ingénieuse, à qui la nature a donné des sens pour se
remonter elle-même, et pour se garantir, jusqu'à un certain point, de tout ce qui tend à la détruire, ou à
la déranger.” Cette citation de Rousseau illustre parfaitement le propos de René Descarte​​s dans la
"Lettre au Marquis de Newcastle" écrite le 23 novembre 1646. Dans cette lettre, Descartes compare les
actions des animaux et celles des êtres humains, avec une réflexion sur la conscience immédiate et la
conscience réfléchie. L'auteur discute de la manière dont les animaux accomplissent des actions
naturelles sans nécessairement penser de la même manière que les humains. L’ évoque également la
question de l'âme immortelle.

Ce texte est une citation de la "Lettre au Marquis de Newcastle" écrite par le philosophe René
Descartes le 23 novembre 1646. Dans cette lettre, Descartes discute des actions des animaux et de la
nature de la pensée et de l'âme chez les animaux.

Descartes commence par reconnaître que les animaux sont capables de réaliser de nombreuses tâches
de manière efficace, parfois mieux que les humains, mais il soutient que cela ne devrait pas nous
étonner. Il compare les actions des animaux à celles d'une horloge, affirmant que les animaux agissent
naturellement, presque comme des machines, sans avoir besoin de pensée ou de conscience.

Il mentionne divers exemples d'actions animales, comme les migrations des oiseaux, le comportement
des abeilles, des grues, des singes, et même le fait que certains animaux enterrent leurs morts.
Descartes avance que bien que ces actions puissent sembler intelligentes, elles sont en réalité guidées
par l'instinct, et les animaux les accomplissent sans réfléchir.

Descartes admet que les organes des animaux sont similaires à ceux des humains, ce qui pourrait
suggérer qu'il y a une certaine pensée associée à ces organes. Cependant, il nie que les animaux
possèdent des âmes immortelles, en arguant qu'il n'y a pas de preuve solide de la pensée consciente
chez les animaux, et que cela serait peu vraisemblable, car il n'y aurait aucune raison de croire que
certaines espèces animales auraient des âmes immortelles tandis que d'autres, comme les huîtres ou les
éponges, n'en auraient pas.

Ce texte reflète la perspective de Descartes sur la conscience et l'âme des animaux, qu'il considère
comme principalement mécaniques, guidées par l'instinct plutôt que par la réflexion consciente. Cette
perspective a été influente dans le développement de la philosophie de la conscience et de l'éthique
animale.

La thèse du texte peut être formulée comme suit : L'auteur soutient que les actions des animaux, bien
que parfois impressionnantes, sont principalement guidées par l'instinct et ne reflètent pas
nécessairement une pensée consciente similaire à celle des êtres humains. L'auteur fait valoir que bien
que les organes des animaux soient similaires à ceux des humains, cela ne prouve pas nécessairement
la présence de la pensée et de l'âme immortelle chez les animaux, car il y a des différences de
perfection et d'imperfection parmi les espèces animales.
Le problème philosophique abordé dans ce texte concerne la nature de la conscience et de la pensée
chez les animaux. L'auteur se penche sur la question de savoir si les animaux agissent principalement
par instinct ou s'ils sont également capables d'une forme de pensée similaire à celle des êtres humains.
Cela soulève des questions plus larges sur la cognition animale, la différence entre instinct et réflexion,
et même la possibilité d'une âme immortelle chez les animaux. En somme, le texte engage une
réflexion philosophique sur la relation entre l'instinct, la conscience et la nature des animaux.

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