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[Tout homme a une conscience et se trouve observé, menacé, de manière

générale tenu en respect (respect lié à la crainte) par un juge intérieur et

cette puissance qui veille en lui sur les lois n’est pas quelque chose de forgé

(arbitrairement) par lui-même, mais elle est inhérente à son être.] [Elle le suit

comme son ombre quand il pense lui échapper. Il peut sans doute par des

plaisirs et des distractions s’étourdir ou s’endormir, mais il ne saurait éviter

parfois de revenir à soi ou de se réveiller, dès lors qu’il en perçoit la voix

terrible. Il est bien possible à l’homme de tomber dans la plus extrême

abjection où il ne se soucie plus de cette voix, mais il ne peut jamais éviter de

l’entendre.]

Kant, Doctrine de la vertu.

Conscience : Intuition qu’à l’esprit de ses états et de ses actes.

juge intérieur : Personne qui a le pouvoir de juger, d'apprécier ou de décider


quelque chose. Ici, ce juge est à l’intérieur de nous.

inhérente : Qui est lié d'une manière intime et nécessaire à quelque chose. =
intrinsèque
Dans ce passage, Kant explore la notion de conscience et la nature intrinsèque de la moralité chez
l'homme. Selon lui, chaque individu possède une conscience qui le surveille de manière constante
et qui le pousse à respecter les lois morales. Cette conscience n'est pas créée par l'individu lui-
même, mais elle est inhérente à son être et le suit partout où il ira.

Kant souligne également qu'il est possible pour l'homme de se divertir ou de s'engourdir par des
plaisirs et des distractions, mais il ne peut échapper complètement au fait de revenir à lui-même et
d'entendre la voix redoutable de sa conscience. Même si l'homme peut tomber dans la déchéance
morale et ne plus se soucier de cette voix, il ne peut jamais l'éviter.

Cette idée kantienne met en avant le fait que la conscience est une caractéristique essentielle de
la condition humaine et qu'elle agit comme un juge intérieur qui encadre et régule nos actions
morales. La conscience semble être un signe de responsabilité individuelle, car elle tient chaque
individu responsable de ses actions et lui rappelle l'existence de lois morales qu'il doit respecter.

Cette analyse philosophique souligne l'importance de la conscience dans la réflexion éthique et


met en avant l'idée que chaque individu possède une responsabilité innée envers ses propres
actions. Ainsi, cette prise de conscience de la voix de la conscience a une incidence sur la
formation de la moralité chez l'homme et sur sa capacité à prendre des décisions éthiques.

Dans ce passage de Doctrine de la vertu, Kant aborde le thème de la conscience.


L’auteur se demande si on peut échapper à sa conscience morale, à son juge
intérieur, ou si celui-ci sera toujours en nous. Il répond que nous ne pouvons pas
échapper à notre conscience morale, qu’elle est et restera en nous, même si nous
décidons de l’ignorer parfois. Dans une première partie (l.1 à 4), l’auteur expose sa
thèse, à savoir, il donne sa définition de la conscience morale et dit qu’elle est en
nous, inhérente, intrinsèque. Ensuite (l.4 à 10), l’auteur explique qu’on ne peut pas
échapper à sa conscience morale, à cette voix dans notre tête, qu’elle est toujours
en nous.

Dans cette première phrase, Kant parle de la conscience, cette intuition qu’à l’esprit
de ses états et de ses actes, commune à tout les êtres humains. Il dit que tous les
hommes sont jugés (‘observé, menacé’) par un juge intérieur, qui a donc le pouvoir
de juger, d’apprécier, de décider des actes, des pensées de l’homme. L’homme
craint ce juge (‘menacé’, ‘crainte’) qui connait tout de ses actes et qui les observe.
Le juge intérieur ‘veille en lui’, en l’homme, donc même quand l’homme dort, ou est
inconscient, le juge sera toujours en éveil, prêt à rendre son jugement, à faire
respecter ses ‘lois’. Il est qualifié de ‘puissance’ car il est fort et incorruptible. Ce
juge intérieur, cette conscience morale, est inhérente, de nature intrinsèque, à
l’homme. Elle n’est pas conçue par l’expérience humaine, elle est inée et ne
change pas. Donc, l’auteur veut dire que la consience morale de l’homme est
commune à toutes et tous, et qu’elle juge ce qui est bien et ce qui est mal depuis la
naissance. Il explique ensuite que l’homme ne peut pas échapper à ce juge
intérieur malgré toutes les tentatives possibles.
[Ainsi, à cause que nos sens nous trompent quelquefois, je voulus supposer

qu'il n'y avait aucune chose qui fût telle qu'ils nous la font imaginer. Et, parce

qu'il y a des hommes qui se méprennent en raisonnant, même touchant les

plus simples matières de géométrie, et y font des paralogismes, jugeant que

j'étais sujet à faillir autant qu'aucun autre, je rejetai comme fausses toutes les

raisons que j'avais prises auparavant pour démonstrations. Et enfin,

considérant que toutes les mêmes pensées que nous avons étant éveillés,

nous peuvent aussi venir quand nous dormons, sans qu'il y en ait aucune

pour lors qui soit vraie, je me résolus de feindre que toutes les choses qui

m'étaient jamais entrées en l'esprit n'étaient non plus vraies que les illusions

de mes songes.] [Mais, aussitôt après, je pris garde que, pendant que je

voulais ainsi penser que tout était faux, il fallait nécessairement que moi, qui

le pensais, fusse quelque chose. Et remarquant que cette vérité: je pense,

donc je suis, était si ferme et si assurée, que toutes les plus extravagantes

suppositions des sceptiques n'étaient pas capables de l'ébranler, je jugeai

que je pouvais la recevoir sans scrupule pour le premier principe de la

philosophie que je cherchais.]

Descartes, Discours de la méthode


Dans Discours de la méthode, Descartes met en évidence sa méthode de doute radical comme
point de départ de sa réflexion philosophique. Descartes remet en question la fiabilité de nos sens
et la capacité humaine à raisonner de manière exacte. Il choisit ainsi de rejeter toutes les
connaissances qu'il avait acquises jusqu'alors en les considérant comme illusoires et fausses.

Le philosophe souligne également le caractère incertain de nos pensées durant le sommeil, où


nous pouvons avoir des perceptions et des idées qui ne sont pas nécessairement vraies.
Cependant, Descartes souligne que malgré ce doute, il est conscient qu'il pense, et donc qu'il
existe. La célèbre formule "je pense, donc je suis" traduit cette certitude de l'existence de soi en
tant que sujet pensant.
Cette vérité sur l'existence de soi, qui ne peut être ébranlée par les doutes sceptiques les plus
extrêmes, devient alors le premier principe de la philosophie que Descartes recherche. À partir de
cette certitude, le philosophe construira ensuite sa théorie du connaitre et la recherche d'une
connaissance certaine et indubitable.
Ce passage illustre donc le renversement opéré par Descartes dans sa réflexion philosophique, en
rejetant les connaissances acquises pour chercher un fondement solide et indubitable. Il met en
avant la primauté de la pensée et de la conscience de soi comme point de départ de la philosophie
cartésienne.

Dans ce passage de Discours de la méthode, Descartes aborde le sujet de la


conscience. L’auteur se demande si on peut douter de tout ou s’il existe une vérité
indéniable. Il répond qu’il existe bien une vérité indéniable, celle de son existence,
car s’il est capable d’émettre un doute, c’est bien que quelqu’un, qui existe donc, a
douté. Dans une première partie (l.1 à 11), Descartes expose sa thèse, à savoir,
que tout ce qui l’a trompé une fois peut toujours le tromper, et que donc il ne croit
qu’aux choses qui ne l’ont jamais trompé. Ensuite (l.11 à 17), il montre qu’il y a bien
une chose dont il ne peut pas douter, qui ne peut le tromper, c’est le fait qu’il pense
qu’il doute, donc qu’il existe.

Tout d’abord, Descartes part du principe qu’il ne peut plus croire en ses ‘sens’
puisque ceux-ci l’ont parfois trompé, par exemple, il peut avoir déjà eu froid parce
qu’il était malade alors qu’il faisait chaud, et que si ses sens l’ont trompé une fois,
ils peuvent le faire plusieurs fois. Ainsi, il dit qu’il ne peut plus se fier à ses sens car
ils le trompent certainement toujours. Ensuite, Descartes va plus loin en prenant
l’exemple des mathématiques, auxquelles il décide de ne plus croire, toujours dans
son principe de ne croire que ce qui est certain, car certains mathématiciens ou
certaines mathématiciennes se sont parfois trompées dans leurs raisonnements. Il
rejette donc toutes les démonstrations mathématiques, sans distinctions, car
certaines au cours du temps se sont révélées inexactes. Enfin, dans la troisième
phrase, il expose l’extrême du doute, celui de l’existence du monde. En effet, il
affirme qu’il arrive que dans nos rêves, on ne se rende pas compte qu’on rêve, et
qu’on pense que ce que l’on voit est la réalité. Descartes dit donc que puisqu’on ne
sait pas toujours différencier le rêve de la réalité, alors, peut-être que ce qu’on
pense être vrai, comme le monde dans lequel nous vivons, est en réalité faux,
illusoirs, inventé de toutes pièces. L’auteur va de plus en plus loin dans le doute,
mais il se heurte à une réalité, une vérité, qui elle, ne peut pas être remise en
cause : il faut bien que lui, sujet pensant, doute, et c’est sur ça qu’il fonde le
premier principe de sa philosophie : je pense donc je suis.
[Il y a certains philosophes qui imaginent que nous avons à tout moment la

conscience intime de ce que nous appelons notre moi ; que nous sentons

son existence et sa continuité d'existence ; et que nous sommes certains,

plus que par l'évidence d'une démonstration, de son identité et de sa

simplicité parfaites.] [Pour ma part, quand je pénètre le plus intimement dans

ce que j'appelle moi, je bute toujours sur une perception particulière ou sur

une autre, de chaud ou de froid, de lumière ou d'ombre, d'amour ou de haine,

de douleur ou de plaisir. Je ne peux jamais me saisir, moi, en aucun moment

sans une perception et je ne peux rien observer que la perception. Quand

mes perceptions sont écartées pour un temps, comme par un sommeil

tranquille, aussi longtemps, je n'ai plus conscience de moi et on peut dire

vraiment que je n'existe pas. Si toutes mes perceptions étaient supprimées

par la mort et que je ne puisse ni penser ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr

après la dissolution de mon corps, je serais entièrement annihilé et je ne

conçois pas ce qu'il faudrait de plus pour faire de moi un parfait néant.] [Si

quelqu'un pense, après une réflexion sérieuse et impartiale, qu'il a, de lui-

même, une connaissance différente, il me faut l'avouer, je ne peux raisonner

plus longtemps avec lui.]

David Hume, Traité de la nature humaine


Dans ce passage, Hume remet en question l'existence d'un "moi" distinct et permanent. Il critique
l'idée selon laquelle nous avons une conscience intime de notre propre identité et de sa continuité
d'existence. Selon lui, lorsqu'il essaie de se plonger dans ce qu'il appelle "moi", il ne fait que
rencontrer différentes perceptions telles que le chaud, le froid, la lumière, l'ombre, l'amour, la
haine, la douleur ou le plaisir.
Hume affirme qu'il ne peut jamais se saisir, lui-même, en un moment donné sans percevoir
quelque chose, et qu'il ne peut rien observer en dehors de ces perceptions. Il soutient qu'en
l'absence de perceptions, comme durant un sommeil profond, il n'a plus conscience de lui-même
et peut véritablement dire qu'il n'existe pas. Selon lui, si toutes ses perceptions disparaissaient
avec la mort et qu'il ne pouvait ni penser, ni sentir, ni voir, ni aimer, ni haïr, il serait totalement
annihilé, et il ne peut concevoir comment cela pourrait être interprété autrement que comme une
parfaite inexistence.Enfin, Hume conclut en affirmant qu'il ne peut continuer à raisonner avec
quelqu'un qui prétend avoir une connaissance différente de lui-même, après une réflexion sérieuse
et impartiale. Cela montre sa certitude dans ses propres arguments et sa conviction que ceux qui
soutiennent l'existence d'un "moi" permanent manquent d'une véritable compréhension de la
nature humaine. Dans l'ensemble, ce passage de Hume remet en cause l'idée traditionnelle d'un
"moi" immuable et suggère plutôt que notre perception de nous-mêmes est constamment
changeante et dépendante de nos expériences sensorielles. Cela soulève des questions
fondamentales sur la nature de l'identité et remet en cause la notion de conscience de soi.

Dans ce passage de Traité de la nature humaine, Hume aborde le sujet de la


conscience. L’auteur se demande si notre ‘moi’ est distinct et permanent, ou s’il est
changeant, jamais le même. Il répond que notre ‘moi’ est changeant et dépendant
de nos expériences sensorielles. Dans une première partie (l.1 à 5), Hume expose
la thèse de certains philosophes, selon laquelle nous sommes parfaitement
conscients et conscientes de notre ‘moi’. Ensuite (l.5 à 15), il contredit la thèse de
ces philosophes en affirmant que nous n’avons de ‘moi’ que des perceptions, et
que donc ce ‘moi’ n’est accessible qu’à travers nos expériences sensorielles, c’est-
à-dire, jamais de la même manière. Enfin (l.15 à 18), l’auteur affirme la certitude de
sa pensée en refusant de revenir dessus par la discussion avec d’autres idées.

Dans la première phrase du texte, Hume expose la thèse de certaines philosophes.


Cette thèse dit que nous, êtres humains, sommes parfaitement conscients de notre
‘moi’, qui constitue notre individualité, notre personnalité consciente. Il utilise le mot
‘imagine’, ce qui montre qu’il ne croit pas un mot de cette thèse, qu’il qualifie d’une
certaine façon d’illusions, d’hallucinations. D’après ces philosophes, nous avons
toujours, à n’importe quel moment, ‘la conscience intime’ de notre ‘moi’, c’est-à-dire
que nous sentons notre ‘moi’ tout le temps en nous, par exemple, en y pensant,
mais aussi en travaillant, et même en dormant. Ils disent aussi que nous
connaissons l’identité de ce ‘moi’, donc, d’une certaine manière, notre identité, le
caractère permanent et fondamental de quelqu'un, d'un groupe, qui fait son
individualité, sa singularité, et qu’il n’est même pas besoin de le démontrer
tellement il est évident. Ils ajoutent que ce ‘moi’ est d’une ‘simplicité parfaite’, donc
qu’il n’a aucune complexité et aucun défauts. Ainsi, Hume, reprenant la thèse de
certains phlosophes, dit que notre ‘moi’ est simple et parfait, qu’il est une évidence
et qu’on en est absolument tout le temps conscient. Mais Hume montre par la suite
que cette thèse est inexacte car la conscience de notre ‘moi’ nous vient de
perceptions, et que donc elle ne peut être simple, parfaite et toujours la même.

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