Académique Documents
Professionnel Documents
Culture Documents
Le Loup et le Chien
[…]
Le Loup reprit : "Que me faudra-t-il faire ?
- Presque rien, dit le Chien, donner la chasse aux gens
Portants bâtons, et mendiants ;
Flatter ceux du logis, à son Maître complaire :
Moyennant quoi votre salaire
Sera force reliefs de toutes les façons :
Os de poulets, os de pigeons,
Sans parler de mainte caresse. "
Le Loup déjà se forge une félicité
Qui le fait pleurer de tendresse.
Chemin faisant, il vit le col du Chien pelé.
" Qu'est-ce là ? lui dit-il. - Rien. - Quoi ? rien ? - Peu de chose.
- Mais encor ? - Le collier dont je suis attaché
De ce que vous voyez est peut-être la cause.
- Attaché ? dit le Loup : vous ne courez donc pas
Où vous voulez ? - Pas toujours ; mais qu'importe ?
- Il importe si bien, que de tous vos repas
Je ne veux en aucune sorte,
Et ne voudrais pas même à ce prix un trésor. "
Cela dit, maître Loup s'enfuit, et court encor.
« Je crois que nos comportements actuels vis à vis de ces êtres sont fondés sur une longue histoire
de préjugés et de discrimination arbitraire. Je soutiens qu'il ne peut y avoir aucune raison - hormis le
désir égoïste de préserver les privilèges du groupe exploiteur - de refuser d'étendre le principe
fondamental d'égalité aux membres des autres espèces. Je vous demande de reconnaître que vos
attitudes à l'égard des membres des autres espèces sont une forme de préjugé tout aussi
contestable que les préjugés concernant la race ou le sexe. »
« Seront punis d'une amende de cinq à quinze francs, et pourront l'être d'un à cinq jours de prison,
ceux qui auront exercé publiquement et abusivement des mauvais traitements envers les animaux
domestiques. »
« Tout animal étant un être sensible doit être placé par son propriétaire dans des conditions
compatibles avec les impératifs biologiques de son espèce. »
« Les animaux sont des êtres vivants doués de sensibilité. Sous réserve des lois qui les protègent, les
animaux sont soumis au régime des biens. »
Article 515-14, Code civil
« Le fait, publiquement ou non, d'exercer des sévices graves ou de commettre un acte de cruauté
envers un animal domestique, ou apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni de trois ans
d'emprisonnement et de 45 000 euros d'amende.
[…]
Est également puni des mêmes peines l'abandon d'un animal domestique, apprivoisé ou tenu en
captivité, à l'exception des animaux destinés au repeuplement. […] »
Le 10 décembre dernier se tenait la Journée Internationale des droits des animaux. À cette
occasion, l’association L214 a publié un classement dressant la liste des villes les plus
avancées en matière d’amélioration de la condition animale. Innovant n’est-ce pas ? Les
résultats de ce classement placent en trio de tête les villes de Grenoble, Montpelier et
Strasbourg.
L’Ancien Testament rassemble des récits religieux vraisemblablement écrit entre les VIIIe
et IIe siècle avant J-C.
Dans son ouvrage l’Histoire des animaux, Aristote, philosophe grec (384-322 avant J-C),
explique que les êtres humains sont des animaux dotés de logique (logos) ce qui en fait
des êtres à part. Cette faculté leur donne une position de domination sur toutes les autres
créatures vivantes. En effet, l’homme est donc le seul capable de distinguer le bien du mal/
le juste de l’injuste.
Ainsi, il établit une hiérarchie des êtres vivants en fonction de leurs capacités de
raisonnement dans le bien et l’intérêt de ceux qui disposent des ces facultés. Cela rejoint
la Bible : les plantes ont été créées pour les animaux qui ont été créés pour les hommes.
Dans son Discours sur la méthode, publié en 1637, René Descartes (1596-1650) affirme
que les animaux ne parlent pas et n’ont donc point de raison. De ce fait, ils n’ont pas
d’âme et ne ressentent rien. Selon lui, c’est par l’âme que les hommes peuvent ressentir et
penser et non pas par leur corps (entités différentes). Il compare ainsi les animaux aux
horloges qui sont des mécanismes précis de mesure du temps : ces sont des machines
dénuées d’intelligence.
De plus, de nombreux animaux ont été domestiqué par l’homme ; pour sa sécurité (les
chiens), pour se substanter (les vaches, moutons, poules) ou encore pour se déplacer (les
chevaux). Même les animaux sauvages tels que le lion peuvent aujourd’hui être
apprivoisés (comme dans les zoos.
Dans la fable « Le Loup et le Chien » de La Fontaine, le chien domestiqué est attaché et
dépendant du maître pour sa nourriture et son affection alors que le loup est libre. L’animal
soumis est donc inférieur.
II.
Depuis toujours, l’homme se considère supérieur aux animaux. Cependant, cette notion
est de plus en plus remise en question. Aujourd’hui, nous allons explorer cette évolution en
nous concentrant sur trois aspects clés : les similitudes entre l’homme et l’animal, la
reconnaissance des facultés animales, et le mouvement vers une reconnaissance des
droits des animaux. Préparez-vous à voir le monde animal sous un jour nouveau.
Nous l’avons vu, au nom de leur sensibilité et de leur intelligence, il ne faudrait pas faire
souffrir inutilement les animaux. C’est ce sur quoi Voltaire s’accordait.
Ainsi, il faudrait leur attribuer un statut particulier : celui de l’ « animal sujet » de Tom
Regan1 ; un animal détenteur de droit moraux.
Mais les animaux ne peuvent pas faire valoir leurs droits de la même manière que les
humains. Alors comment le faire dans notre démocratie ?
Après les intellectuels, ce sont les militants, des citoyens, réunis en associations et ONG
de défense du bien-être animal, qui ont amené les parlementaires et les politiciens à
s’emparer de l’idée d’un droit animal.
La première loi de protection pénale envers les animaux en France remonte, toutefois, à
1850.
Il s’agit de la loi Grammont2 qui visait à protéger les animaux de trait3 contre les mauvais
traitements et les abus. Cette loi a marqué le début de la reconnaissance légale des droits
des animaux en France. Elle fut abrogée par le décret Michelet de 1959 qui élargit les
sanctions pour maltraitance au domaine privé.
Cf : Loi Grammont, 1850.
En 1976, sous la présidence de Valéry Giscard D’Estaing, le Code rural inscrit dans la loi
que les animaux sont des êtres sensibles. C’est cette loi et tout particulièrement l’article 9
qui fondent la protection animale en France.
Comme cité en introduction, c’est de cet article que s’est inspiré le nom de l’association de
défense des droits des animaux L214.
Cf : Article L214-1, Code rural.
Il faut, néanmoins, attendre 2015 pour que le code civil attribue la qualité d’être sensible
aux animaux et non plus de « bien meuble » ou « immeuble »4 Les animaux restent des
objets que l’on peut posséder (« objets de droit »), mais des objets vivants et sensibles.
Mais c’est un pas de fait vers une reconnaissance des animaux comme des « sujets de
droit »5.
Cf : Article 515-14, Code civil.
Si des avancées juridiques ont été faites pour le droit des animaux, c’est aussi grâce au
rôle crucial qu’occupent certaines organisations dans ce combat. Certaines sont
reconnues dans le monde, comme PETA (People for the Ethical Treatment of Animals).
D’autres le sont moins : le refuge de la SPA (Société Protectrice des Animaux ) ou encore
la fondation 30 Millions d’Amis, par exemple.
1
Philosophe américain (1938-2017), dans son livre The Case for animal Rights, 1983.
2
Le député et Général Jacques Delmas de Grammont
3
Élevés pour tirer des charges.
4
Bien pouvant être déplacé ou non.
5
Des personnes reconnues par l’État français.
Ce sont plusieurs centaines de groupes qui organisent régulièrement des campagnes de
sensibilisation et des manifestations dans le but de promouvoir les droits et le bien-être
animal.
Ce sont des affiches, des tracts ou encore des vidéos qui sont utilisées pour faire passer
des messages fort : l’abandon en est un. Ce sont des dizaines de milliers d’animaux
abandonnés chaque année en France. Il faut rappeler que l’article 521-1 du Code pénal
dispose que l’abandon d'un animal domestique, apprivoisé, ou tenu en captivité, est puni
de 3 ans de prison et de 45.000€ d'amende.
Cf : campagne 2016 – 30 Millions d’Amis (vidéo).
Cf : article 521-1, Code pénal.
Ainsi, les droits des animaux dépendent du plaidoyer humain. Si aujourd’hui toute forme
de cruauté et de maltraitance est punie par la loi, c’est surtout grâce aux actions
citoyennes dans notre démocratie.
Ce sont des actions menées par des personnes, des organisations, à travers des
mouvements de défense des animaux, des campagnes de sensibilisation pour faire
changer les lois. Les lois jouent un rôle crucial en établissant des normes pour la
protection des animaux, en interdisant la cruauté, en encadrant la détention d’animaux et
en établissant des sanctions contre les violations des droits des animaux.
Vous pensez qu'il faut prendre en compte de manière égale les intérêts des animaux
« sentients ». Qu'est-ce que cela veut dire ?
Sentient, c'est la capacité de ressentir quelque chose, d'avoir des expériences. Ça ne fait rien d'être
un arbre ou une pierre. Mais ça fait quelque chose d'être un humain ou un animal. Au niveau
élémentaire, c'est la capacité de ressentir de la douleur et du plaisir.
6
Ce dispositif repose sur l’article 11 de la Constitution. Cet instrument de démocratie participative permet aux citoyens de faire
changer la loi.