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La nature

Définitions
• Nature.
• Vie /vivant / vitalisme.
• Philosophie naturelle.
• La génération.
• Instinct.
• Les animaux-machines.
• Nature naturante et nature naturée.
Définitions.
• Nature:
• au sens philosophique et ontologique (science de l’être),
c’est l’essence d’un être, ce qui le fait tel de par lui-même.
• En ce sens, la nature s’oppose à l’art, parce qu’elle n’a
besoin d’aucune transformation intentionnelle ou
intervention humaine (arts mécaniques, arts libéraux, qui
présupposent une action sur la nature).
• Par exemple, le lit nécessite une transformation de la
matière du bois, mais le bois devient un arbre sans l’art du
menuisier. Il n’y a pas nécessairement besoin de cultiver le
sol pour qu’y pousse une forêt, car la nature a une
puissance de développement par elle-même, qui ne dépend
pas de sa transformation technique par l’homme.
Définitions.
• Nature:
• Dans l’histoire de la philosophie, les sciences de la
nature, s’opposent aux sciences de l’esprit. les
sciences de l’Esprit, aujourd’hui sciences humaines
(histoire, ar t, anthropologie, sociologie,
psychanalyse, linguistique) relèvent de la
compréhension, tandis que les sciences dures, ou
exactes, de la « nature » (physique, chimie,
mécanique, biologie), relèvent de l’explication.
• En ce sens, on explique les faits naturels, et on
comprend les phénomènes de l’esprit.
Définitions.
• Vie / vivant : C’est l’ensemble des fonctions qui
résistent à la mort (Bichat).
• Cette définition de la nature comme puissance
vitale peut associer une conception de la santé : ce
qui est pathologique nous rapproche de la mort,
tandis que ce qui est énergique nous fortifie.
En étendant cette idée à l’ensemble de la nature
(minéral, végétal, animal) : persévérance dans
l’être, volonté de puissance, ou élan vital.
Définitions.
• Philosophie naturelle: c’est une expression qui
s'appliquait à l'étude objective de la nature et et
de l'univers physique qui régnait avant le
développement de la science moderne (Copernic
et Galilée, à la fin de la renaissance et au début
de l’âge classique au 17ème). Étroitement liée
alors à la théologie naturelle, elle s’opposait à la
philosophie morale. Aujourd’hui, la philosophie
naturelle est tenue pour l’appellation ancienne de
la physique.
Définitions.
• Génération:
• Pour Aristote, c’était l’acte d’engendrer, au sens
biologique du ter me, mais ég alement
métaphysique. La genèse et la pérennité des
évènements physiques, s’opposent à la
corruption, ou dégénérescence du vivant. Le
commencement et l’extinction d’un être a donc
une signification qui va au delà de sa réalité
naturelle.
Définitions
• Instinct: Au sens biologique, c’est l’adaptation
innée et héréditaire propre à une espèce.
– Pour Bergson, l’instinct est opposable à l’intelligence,
mais l’intuition réfléchit l’instinct et dépasse
l’intelligence.
– L’instinct est d’abord une réaction immédiate et
stéréotypée au milieu de vie, tandis que l’intelligence se
caractérise par l’invention, l’analyse, et la construction
d’organes ou d’outils adaptés à ce milieu.
– Mais l’instinct est une tendance purement biologique,
tandis que l’intuition en élargit l’action à la
conscience et à la connaissance de la durée.
Définitions
• Les animaux-machines: C’est la théorie de
Descartes pour fonder la distinction morale et
rationnelle entre l’homme et l’animal, exposée dans le
discours de la méthode (5ème partie).
• Cette thèse affirme que le plus médiocre et mauvais
des êtres humains, dès lors qu’il peut penser ce qu’il
dit, sera toujours supérieur au meilleur et au plus rusé
des animaux, lequel n’obéit qu’au mécanisme de son
corps, c’est à dire à la disposition de ses organes.
Définitions
• Nature naturante et nature naturée: La nature
naturante est Dieu en tant que créateur et principe de
toute action. La nature naturée est l’ensemble des êtres
et des lois qu’il a créés. Les expressions sont devenues
célèbres grâce à Spinoza (Éthique, I, 29).
Concepts
• La Nature : de l’origine à l’idéal, p.12.
• Nature et Culture, p.15.
• Rousseau et l’état de nature (nature humaine) p.18.
• Spinoza et la nature déifiée p.22.
• Bergson et l’Élan vital p.25.
• Citations p.27
• Sujets de dissertation p.35
La nature: de l’origine à l’idéal
• La nature peut désigner:
– L’univers dans son ensemble, une totalité auto-
suffisante qui n’a pas besoin de l’homme pour
exister.
– Le domaine du vivant : minéraux, végétaux,
animaux, humains.
– Ce qui est inné et/ou acquis en l’homme, ce qui est
héréditaire à une espèce.
– Ce qui est moral en l’homme, relatif à la différence
entre individu et société, entre barbarie et
civilisation.
La nature: de l’origine à l’idéal
• Nature vient du latin nasci, qui signifie croître,
pousser, et du grec phuein, dérivé de phusis,
renvoyant, en ce dernier sens, aussi bien à l’univers,
qu’au déploiement d’un être parvenu à son plein
éclat.
• En effet, pour les grecs, la nature est un cosmos,
c’est à dire un univers ordonné et hierarchisé qui
constitue pour l’homme un monde achevé et une
autorité parfois effrayante ou hostile, mais jamais
contestable.
La nature: de l’origine à l’idéal
Dans la même perspective, la tradition dominante en
Occident conçoit l’homme comme un être
naturellement sociable (ou « politique ») : c’est la
nature qui a doué l’homme de parole et de raison afin
de lui permettre de vivre en société. Pour Aristote, par
exemple, la nature est à la fois un commencement
(fait), un fondement (droit), et une norme (idéal).
Après la Renaissance, c’est l’univers matériel qui
devient objet de maitrise technique et de savoir
théorique. Le concept de nature se modifie et
s’infléchit.
• Nature vient du latin Nasci, « croître »,
« pousser », tout comme le verbe phuein, en grec,
désigne aussi bien l’univers, qu’un principe de
développement et de croissance. Culture, vient du
latin « colere », cultiver, désigne soit le
développement (culture physique), soit
l’exploitation d’un donné préalable (agriculture),
soit l’invention de formes symboliques et
d’institutions, caractéristiques de l’humanité.
16/10/23 René Sammarcelli np 105113 15
• Si la nature désigne l’univers dans son ensemble,
une totalité bien réglée et autosuffisante, la culture est
alors un monde séparé qui regroupe toutes les
productions humaines, depuis les outils les plus
simples jusqu’aux œuvres les plus élaborées de
l’intelligence.
• La nature est-elle donc un domaine dans lequel
l’homme est censé trouver sa place et s’orienter, ou
constitue-t-elle un principe qui l’anime de l’intérieur?

16/10/23 René Sammarcelli np 105113 16


• En un second sens, nature et culture désignent
deux modes d’appartenance, deux registres au
cœur même de l’humain. Le naturel renvoie à tout
ce qui en l’homme est inné, provenant de
l’hérédité biologique ou psychologique: ma nature,
c’est mon tempérament tel que mes parents me
l’ont transmis, au moins partiellement. La culture,
c’est au contraire l’acquis, ce que nous devons à
l’éducation, ou plus largement, à l’adaptation au
monde externe : habitudes, coutumes, croyances,
modes de vie.
16/10/23 René Sammarcelli np 105113 17
Rousseau et l’état de nature
Selon Rousseau, l’âme humaine a été altérée par des siècles
de culture, au point d’être presque méconnaissable. L’état
de nature devient une idée jugée nécessaire pour bien
apprécier la nature actuelle de l’homme, son essence. Mais
il n’y a plus lieu de poser comme réel un état originaire qui
n’a peut être point existé, et qui probablement n’existera
jamais. La nature est désormais un modèle, dont le
caractère fictif n’est pensable qu’en lui retranchant la
nature humaine sous sa forme civilisée, la culture. C’est
l’hypothèse Rousseauiste : Il y a en l’homme, une part de
nature, et une part de culture, l’homme de la nature, d’une
part, et l’homme de l’homme, d’autre part.
Rousseau et l’état de nature
L’homme de l’état de nature de Rousseau qui est
présenté dans son Second Discours se caractérise
essentiellement par son absence de langage, et sa
perfectibilité spécifique. Mais à partir de l’Émile et du
Contrat social, c’est l’individu qui n’est pas encore
entré en société, qui n’a pas encore contracté de pacte
avec ses semblables pour instituer un état social. En
bref, c’est aussi celui qui croit au droit du plus fort,
c’est à dire celui qui pense que de sa nature, découle un
droit sur les autres.
Rousseau et l’état de nature
• Or pour Rousseau (DCS, I,3), l’idée de droit du plus
fort, repose sur une contradiction. Si le droit du plus
fort est un statut duquel se revendique celui qui a
dominé les autres par la violence, il devra toujours
abandonner son droit à celui qui se montrera plus fort
que lui. Mais d’un autre côté, si le droit est lui-même une
force, il n’a pas besoin de se légitimer par rapport à
d’autres droits, ni d’obliger qui que ce soit à lui obéir et
lui soumettre sa volonté, puisque c’est d’abord par
coercition qu’il est le plus fort.
• En effet, pourquoi le plus fort aurait-il besoin d’un droit
pour imposer sa force ?
Rousseau et l’état de nature
• Au contraire, le droit réclame d’instituer des
obligations durables qui sont irréductibles aux
faits de violence, lesquels peuvent bien les
enfreindre, sans pour autant les annuler. Il ne
suffit pas qu’un voleur ait de l’habileté pour faire
de l’objet qu’il a dérobé sa propriété légale, auquel
cas il faudrait que le droit périsse, « quand la
force cesse ».
Spinoza et la nature déifiée
Un peu avant Rousseau, Spinoza pense les choses
différemment. Le droit naturel n’est pas déterminé par la
raison, mais par un degré de puissance et de force des
appétits naturels. Dieu est la Substance absolue
constituée d’une infinité d’attributs (étendue,
pensée…), qui produit nécessairement, comme nature
naturante, la nature naturée, qui correspond à des
modes affectant la substance et ses attributs :
modes infinis immédiats (mouvement et repos pour
l’étendue, intellect en acte pour la pensée),
modes infinis médiats (ordre commun de la nature
pour l’étendue),
modes finis (les choses singulières)
Spinoza et la nature déifiée
Entre la substance et les modes, il peut exister selon
Spinoza deux types de relation : causale, et inclusive.
La causalité fait découler l’essence ou la définition d’un
être, de ses propriétés, sur le modèle mathématique.
De même que la nature naturante ne se confond
pas avec la nature naturée, l’infini ne termine pas le
fini, et la cause est incommensurable avec son effet.
C’est une différence de degré de puissance.
L’inclusion est le rapport de la partie au tout, ou
rapport d’inhérence logique (divisibilité, communauté,
incompatibilité, etc.).
Spinoza et la nature déifiée
Spinoza établit ces rapports pour ruiner le concept chrétien
de création. Dieu, compris comme cause de soi, par soi, et
en soi, c’est à dire libre, n’est qu’une nature naturante qui
s’explique au même titre que n’importe quelle loi de la
nature, de manière anonyme et indifférenciée. Il ne peut
donc créer à partir de Rien (création ex nihilo) puisqu’il
n’est qu’une cause physique, que certes, nous ignorons,
mais qui n’est différente d’un effet que parce que lui aussi,
est physique. Dieu, ou la nature (Deus sive natura) relève
donc indifféremment des lois de causalité et des rapports
d’appartenance. Pour cette raison, Le Dieu de Spinoza est
indifférent et général. Comme la nature, il est impersonnel.
Bergson et l’Élan vital.
• C’est, selon Bergson, l’effort unique qui est à l’origine de
tout le déploiement de la vie.
• À l’origine, L’élan vital s’explique par la diversité de ses
effets (organismes vivants, reproduction), et l’unité
de leurs actes.
• Comme effort, c’est la création apparue par l’évolution de
la vie dans la matière, dont participent tous les vivants à
divers degrés.
• Comme effort unique et limité, il marque les limitations
de cette évolution devant l’obstacle de la matière.
• C’est enfin l’intuition de la vie, comme image
synthétique des idées représentatrices de la vie dans notre
connaissance.
Vie
• Par suite, la vie n’est que le principe d’action sur la
matière sous la forme de l’évolution des espèces, le
mouvement de chaque organisme, la liberté, et la
création en général.
• C’est une multiplicité de tendances d’espèces et
d’organismes, où les contraintes et les besoins exigent
d’agir.
• C’est une force opposée à la matière comme création
unique, et dont l’origine se découvre par analogie et
déduction.
• C’est aussi une liberté de création qui s’exprime par des
dégrés dans la conscience et la durée.
Citations.
• « La nature ne fait rien en vain » Aristote, « Du
mouvement des animaux », Chap. II, 704b12.
• « Tout ce qui est produit par la nature se produit
toujours de même, ou du moins le plus souvent
ainsi » Aristote, « De la génération et de la
corruption », II, 6, 33b7. (nature opposée au
hasard).
Citations.
• « Rien n’a lieu dans la nature qu’on puisse attribuer à un
défaut de celle-ci; car la nature est toujours la même, sa vertu
et sa puissance d’action sont partout identiques » Spinoza,
« Éthique », Préface.
• « par nature naturante, on doit entendre ce qui est en soi et
est conçu par soi, ou bien les attributs de la substance qui
expriment une essence éternelle et infinie, c'est-à-dire dieu en
tant qu’on le considère comme cause libre. J'entends, au
contraire, par nature naturée tout ce qui suit de la nécessité
de la nature divine, ou de chacun des attributs de Dieu ; en
d'autres termes, tous les modes des attributs de Dieu, en tant
qu'on les considère comme des choses qui sont en Dieu et ne
peuvent être ni être conçues sans Dieu » Spinoza, « Éthique »,
I, 29, scholie.
Citations.
• « La nature traite tous les animaux abandonnés à ses soins
avec une prédilection qui semble montrer combien elle
est jalouse de droit » Rousseau, « Discours sur les fondements
de l’inégalité parmi les hommes », 1ère partie. (personnification
de la nature)
• « Sur cette différence de l’homme et de l’animal, il y a une
autre qualité qui les distingue (…), c’est la faculté de se
perfectionner », Rousseau, « Discours …», 1ère partie.
• « Il est contre la loi de nature, de quelque manière qu’on
la définisse, qu’un enfant commande à un vieillard, qu’un
imbécile conduise un homme sage » Rousseau, « Discours
…», 2nde partie. (nature morale).
Citations.
• « L’homme est sociable par sa nature, ou du moins
fait pour le devenir », Rousseau, « Émile », livre IV
« profession de foi du vicaire savoyard ».
• « Je suppose les hommes parvenus à ce point où les
obstacles qui nuisent à leur conservation dans
l’état de nature, l’emportent par leur résistance sur
les forces que chaque individu peut employer pour
se maintenir dans cet état. Alors cet état primitif ne
peut plus subsister, & le genre humain périrait s’il
ne changeait sa manière d’être », Rousseau, Du
contrat social, I,6 « du pacte social ».
Citations.
• « La rose est sans pourquoi », titre d’une œuvre d’Angelus
Silesius, au XVIIème siècle.
• « La nature est l’existence des choses, en tant que
déterminée par des lois universelles », Kant, Prolégomènes,
§14.
• « La causalité inconditionnelle de la cause dans le
phénomène s’appelle la liberté, la causalité conditionnelle
s’appelle au contraire cause naturelle », Kant, Critique de la
raison pure, 2ème partie, système des idées cosmologiques.
(nature opposée à la liberté)
Citations.
• « Des fleurs sont des beautés libres naturelles (…) Nombre
d’oiseaux (le perroquet, le colibri, l’oiseau de paradis), une foule
de crustacés marins, sont en eux-mêmes des beautés qui ne se
rapportent à aucun objet déterminé quant à sa fin d’après des
concepts, mais qui plaisent librement et pour elles-mêmes »,
Kant, Critique du jugement, §16.
• « des volcans dans toute leur puissance destructrice, des
ouragans auxquels succède la dévastation, l’océan immense
soulevé de fureur, la cascade gigantesque d’un fleuve puissant
(…) nous donne le courage d’être capables de nous mesurer
avec l’apparente toute-puissance de la nature », Kant,
Critique du jugement, Analytique du sublime, §28.
Citations.
• « La vie est précisément la liberté s’insérant dans la
nécessité et la tournant à son profit » Bergson,
« L’Énergie spirituelle », p.824 des œuvres complètes.
• « Nous disions qu’animaux et végétaux ont dû se
séparer assez vite de leur souche commune, le
végétal s’endormant dans l’immobilité, l’animal
s’éveillant au contraire de plus en plus et marchant à
la conquête d’un système nerveux. » Bergson,
« L’Évolution créatrice », , œuvres complètes 131, p.
605, Chap. II, Les directions divergentes de
l’évolution créatrice, Développement de l’animalité.
Citations.
• « A l’oxygène et à l’hydrogène, la nature a jugé bon de
joindre deux autres radicaux chimiques singuliers, le
carbone et l’azote », Cournot, Traité de l’enchainement des
idées fondamentales dans les sciences et dans l’histoire, livre III,
chapitre V « de la génération », §250.
• « le vivant se trouve à nouveau assimilé à une machine,
mais c'est le concept de machine lui-même qui a changé.
Apparaissent en effet des "machines organisées",
lesquelles font intervenir les notions de contrôle, de
feedback, de traitement d'information quantifiée »
Stephen G Gould, « Le sourire du flamand rose », p. 412.
SUJETS DE DISSERTATION.
• Respecter tout être vivant, est-ce un devoir moral ?
• Admettre le hasard, est-ce nier l'ordre de la nature ?
• La nature est-elle un ensemble de lois ?

Sujet transverse:
• La liberté peut-elle s’affranchir de la nature ?
• Y-a-t-il du sacré dans la nature ? (nature et religion)

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