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Signification

et théories linguistiques
Licence 3 Sciences du Langage
UFR Langue française

Philippe Monneret

Cours n°2 / 3 octobre 2023


SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
3. Images de la sémantique dans les manuels
universitaires
4. Eléments de sémantique lexicale
5. Eléments de sémantique grammaticale
« Signification et
théories linguistiques »

Sens et signification

Le sens et la signification > linguistique ?

Le sens et la signification > sémiotique ?

Le sens et la signification > sémantique ?

Le sens et la signification > pragmatique ?

Etape 1 : reporter l’assignation (et la définition) de la signification


(ou du sens). Perspective de linguistique théorique 3
LINGUISTIQUE
THÉORIQUE

LINGUISTIQUE LINGUISTIQUE
DESCRIPTIVE APPLIQUÉE

“A description of a language, if it is to be of practical use, must be


based on a general theory ; a theory of language, if it is to remain in
touch with reality, must be tested in the description of languages.
There is no cleavage between the pure and the applied in linguistics ;
on the contrary, each flourishes only where the other is also
flourishing”. (Halliday 1962, p. 41).
Cité par Léon Jacqueline. De la linguistique descriptive à la linguistique appliquée dans la tradition britannique : Sweet, Firth et
Halliday. In: Histoire Épistémologie Langage, tome 33, fascicule 1, 2011. Linguistique appliquée et disciplinarisation. pp. 69-81.
« Signification et
théories linguistiques »

« Sens » et « signification »

dans une perspective de

Linguistique théorique

5
Michel
Bréal
Déplacement de la question du sens vers la
notion de compréhension

Le sens est
ce que je comprends
quand je comprends
(et ce que je ne comprends pas
quand je ne comprends pas)

Il y a du sens quand il y a quelque chose à


comprendre (qu’on puisse le dire ou non) 7
Déplacement de la question du sens vers la
notion de compréhension. Les avantages :
- Comprendre et ne pas comprendre sont des événements de
ma vie mentale qui me sont familiers (évite l’obscurité du
concept de « sens »)
- Comprendre et ne pas comprendre sont des événements qui
peuvent être observés objectivement (tests)
- La notion de compréhension n’est pas spécifiquement
linguistique (elle inclut le linguistique et tout son
environnement)
- La notion de compréhension peut inclure un mode de
compréhension qui n’est pas strictement « intellectuel ».
Compréhension sensible, émotionnelle
- La non-compréhension semble fournir un guide fiable
8
Ne pas comprendre. Analogie avec « ne pas
voir ». Exemples (1) :
- Je ne vois pas ou je ne vois rien parce qu’il n’y a rien à voir
(personne ne voit rien et ne pourrait rien voir).
- Exemples linguistiques : « iUQSDBCIrzeU » , « table le en mal battre »
(propriétés du code linguistique)
- Mais : Artaud, Tzara, etc.
- Je ne vois pas ou je ne vois rien parce que les conditions
extérieures ne le permettent pas (obscurité)
- Exemples linguistiques : parole dans le bruit, écriture illisible ;
contextes inappropriés (conditions externes de sensorialité)
- Je ne vois pas ou je vois mal parce que je souffre d’un déficit
visuel (myopie)
- Exemples linguistiques : aphasies, dysphasies, déficits intellectuels
(conditions internes de sensorialité et de traitement de l’information)

9
Ne pas comprendre. Analogie avec « ne pas
voir ». Exemples (2) :
- Je ne vois pas ou je vois mal parce que je n’adopte pas la
bonne « attitude » visuelle (images stéréoscopiques)
- Exemples linguistiques : malentendus, compréhension de l’implicite
- Je ne vois pas complètement parce qu’il y a une ambiguïté
dans l’image (canard / lapin)
- Exemples linguistiques : ambiguïtés (volontaires ou involontaires),
pluralité du sens, etc. (ex. La petite brise la glace)
- Je ne vois pas parce je n’ai un déficit d’expérience, de
connaissances
- Exemples linguistiques : lacunes lexicales, compréhension en langue
étrangère, etc.
- Je ne vois pas parce que ce que je vois ne s’intègre pas dans
mon horizon culturel, intellectuel
- Exemples linguistiques : textes difficiles (littérature, philosophie)
10
SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


1.1. Sens et compréhension
1.2. Les théories référentielles de la signification : sens et dénotation
2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).
3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires
3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
Théories référentielles de la signification :
sens et dénotation
Comprendre une phrase = connaître les conditions dans lesquelles elle
est vraie (conditions de vérité ; sémantique véri-conditionnelle)

Gottlob Frege (1848-1925). Allemand


Mathématicien, logicien, philosophe

Dénotation (Bedeutung)
Vs
Sens (Sinn)

Dénotation = objet du monde désigné par une


expression (ex. cette chaise)
Dans le cas d’une phrase déclarative :
dénotation = valeur de vérité (V/F)
NB. En linguistique, « dénotation »  « référent », « référence »
Sens et dénotation (1)
Ex. : « Spider-Man » et « Peter Parker » ont la même
dénotation.

13
Sens et dénotation (1)
Ex. : « Spider-Man » et « Peter Parker » ont la même
dénotation.
Liz Allen est l’amie de Peter Parker
 Liz Allen est l’amie de Spider-Man
(substitution salva veritate - du point de vue de la dénotation)

14
Sens et dénotation (2)
Mais deux phases équivalentes du point de vue de la dénotation
peuvent ne pas l’être du point de vue du sens :

Peter Parker est Peter Parker (Tautologie)


Spiderman est Spiderman (Tautologie)
Peter Parker est Spiderman
(cela aurait pu ne pas être le cas => informatif)
Spiderman est Peter Parker
(idem)

Le sens d’une expression est ce qui nous donne accès à sa


dénotation

Métaph : sens = lunette qui permet de voir la dénotation


NB. Pour Frege, une phrase peut avoir un sens mais être
dépourvue de dénotation (ex. « le plus grand nombre entier ») 15
Sens et dénotation (3)
« Connaître le sens d'une phrase c'est savoir comment doit être le monde
pour que cette phrase soit vraie. »
 Ne pas comprendre une phrase :
Ne pas pouvoir lui attribuer des conditions de vérité (V ou F)
parce que :
1. La phrase ne peut pas avoir pas de conditions de vérité
Ex. « L’actuel roi de France est chauve »
2. On ne peut pas juger si la phrase a ou non des conditions de vérité :
Ex. trois patients ont été traités par ostéotomie trans-pédiculaire pour une
cyphose post-vertébroplastie / trois patients ont été traités par cryotomie
rétro-angulaire pour une gyrectosie sévère
3. Cas à éliminer : on ne dispose pas des connaissances suffisantes pour savoir
comment devrait être le monde pour que la phrase soit vraie (mais il n’y a pas
de doute sur le fait qu’on pourrait les avoir)
Ex. Quelle est la capitale du Botswana ?
16
Sens et dénotation (3)
« Connaître le sens d'une phrase c'est savoir comment doit être le monde
pour que cette phrase soit vraie. »
 Ne pas comprendre une phrase :
Ne pas pouvoir lui attribuer des conditions de vérité (V ou F)
parce que :
1. La phrase ne peut pas avoir pas de conditions de vérité
Ex. « L’actuel roi de France est chauve »
2. On ne peut pas juger si la phrase a ou non des conditions de vérité :
Ex. trois patients ont été traités par ostéotomie trans-pédiculaire pour une
cyphose post-vertébroplastie / trois patients ont été traités par cryotomie
rétro-angulaire pour une gyrectosie sévère : la 2e phrase n’a ni sens ni
dénotation (mot inventé (gyrectosie) + emplois inappropriés : cryotomie rétro-
angulaire)
3. Cas à éliminer : on ne dispose pas des connaissances suffisantes pour savoir
comment devrait être le monde pour que la phrase soit vraie (mais il n’y a pas
de doute sur le fait qu’on pourrait les avoir) 17
Ex. Quelle est la capitale du Botswana ?
Sens et dénotation (3)
« Connaître le sens d'une phrase c'est savoir comment doit être le monde pour que
cette phrase soit vraie. »

http://www.semantique-gdr.net/dico/index.php/Sens_et_dénotation

 Ne pas comprendre une phrase :

Ne pas pouvoir lui attribuer des conditions de vérité (V ou F)


parce que :
1. La phrase ne peut pas avoir pas de conditions de vérité
Ex. « L’actuel roi de France est chauve »
2. On ne peut pas juger si la phrase a ou non des conditions de vérité :
Ex. trois patients ont été traités par ostéotomie trans-pédiculaire pour une cyphose
post-vertébroplastie / trois patients ont été traités par cryotomie rétro-angulaire pour
une gyrectosie sévère
3. Cas à éliminer : on ne dispose pas des connaissances suffisantes pour savoir
comment devrait être le monde pour que la phrase soit vraie
Ex. Quelle est la capitale du Botswana ?

18
Comprendre ou ne pas comprendre :
- des mots lexicaux (sémantique lexicale)
▪ Problématique de la dénomination ; qu’est-ce qu’un mot (unité mono
ou polylexicale) ; mot et catégorie ; mot et concept ; les constituants
du mot (sémantique lexicale) ; les relations de sens entre les mots ;
morphèmes et submorphèmes
- des mots grammaticaux (sémantique grammaticale)
▪ Le sens « instructionnel ». La référence. L’anaphore. Approche
guillaumienne
- des phrases (sémantique phrastique)
▪ Approches logiques. Phrases et propositions. Relations entre phrases.
La question de la compositionnalité
- des discours (sémantique discursive) et des textes
(sémantique textuelle)
▪ Connecteurs, implicatures, présupposés ; spécificité du texte comme
objet linguistique. Linguistique et herméneutique
NB. Deux perspectives complémentaires : ascendante et descendante 19
SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 1 :

AGRAMMATISME
UNIVERSITE PARIS –SORBONNE
STIH EA 4509

21
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 1 : AGRAMMATISME

22
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 2 :

héautontimorouménos
UNIVERSITE PARIS –SORBONNE
STIH EA 4509

23
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 2 :

UNIVERSITE PARIS –SORBONNE


STIH EA 4509

24
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 2 : L'héautontimorouménos (Baudelaire)

UNIVERSITE PARIS –SORBONNE


STIH EA 4509

25
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 2 : L'héautontimorouménos (Baudelaire)

Grec : ἑαυτὸν τιμωρούμενος, heautòn timōroúmenos (« celui qui se punit lui-


même »).

Comédie de Térence (163) reprise de Ménandre

Un père impitoyable a obligé son fils Clinia, amant d'Antiphila, à s'engager comme soldat; mais il se
repent de sa dureté et se tourmente l'esprit …

26
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 3 :
« Papa, Maman
Je vous entends souvent dire que vous êtes fiers de vos
enfants. Je ne comprends pas ce mot. Ma fille, par
exemple, je la trouve fabuleuse, j’aime ce qu’elle est et
ce vers quoi elle tend, mais dans le mot de « fierté » il y
a quelque chose qui m’échappe. J’aime le Nutella, la
mer, la lune et ma fille, mais je ne suis pas fière du
Nutella, pas fière de la mer, pas fière de la lune et pas
fière de ma fille, parce que je ne suis pour rien dans le
miracle de la mer ni dans celui de ma fille. Admirative,
subjuguée, bouleversée, oui. Mais pas fière. »
Camille Anseaume, http://www.cafedefilles.com/2015/02/lettre-ouverte-a-mes-
parents/ 27
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 5 :

28
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 5 : passe-moi la pince bécro !

29
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 5 : passe-moi la pince bécro !

La "pince becro", est un outil à main. C'est une pince qui


permet de saisir ou de maintenir des objets de tailles
différentes. Elle est munie d'une articulation réglable qui
permet d'agrandir l'écartement des mâchoires. En Bretagne,
parfois dénommée "sauterelle" probablement en raison de
sa forme.

30
La "pince becro", est un outil à main. C'est une pince qui
permet de saisir ou de maintenir des objets de tailles
différentes. Elle est munie d'une articulation réglable qui
permet d'agrandir l'écartement des mâchoires. En Bretagne,
parfois dénommée "sauterelle" probablement en raison de sa
forme.

31
La "pince becro", est un outil à main. C'est une pince qui
permet de saisir ou de maintenir des objets de tailles
différentes. Elle est munie d'une articulation réglable qui
permet d'agrandir l'écartement des mâchoires. En Bretagne,
parfois dénommée "sauterelle" probablement en raison de sa
forme.

32
La pince multiprise ou pince multiple, également appelée "pince
becro", est un outil à main. C'est une pince qui permet de saisir ou de
maintenir des objets de tailles différentes. Elle est munie
d'une articulation réglable qui permet d'agrandir l'écartement des
mâchoires. En Bretagne, les pinces multiprises sont parfois dénommées
"sauterelles" probablement en raison de leur forme. (Wikipedia)

33
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 5 : passe-moi la pince becro !

34
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex. 5 : passe-moi la pince becro !

35
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

36
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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37
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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38
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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39
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

180000 résultats
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22/09/20

40
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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21/09/21

41
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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22/09/22

42
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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43
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical :
Ex 6 : populisme

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03/10/23

44
45
http://theconversation.com/le-populisme-peut-il-etre-un-concept-scientifique-124332
Instabilité
sémantique

polysémie

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http://theconversation.com/le-populisme-peut-il-etre-un-concept-scientifique-124332
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
lexical. Bilan

▪ La non-compréhension peut-être surmontée , dans les cas les


plus simples, par le recours à un dictionnaire (ex.
agrammatisme)
▪ Le dictionnaire ne suffit pas toujours à surmonter
l’incompréhension, qui repose sur la maîtrise de facteurs
contextuels et/ou culturels (ex. héontontimoroumenos)
▪ La non-compréhension porte parfois sur l’usage d’un mot en
discours (ex. « fier de ma fille »)
▪ On surmonte parfois plus aisément la non-compréhension par
le recours à une image (ex. pince bécro)
▪ Les difficultés de compréhension d’un mot peuvenr provenir
de sa richesse polysémique (ex. populisme)

47
SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
grammatical
Mots grammaticaux (liste non exhaustive) :
- Déterminants (articles : le, un, etc. ; déterminants possessifs :
mon, ton, etc. ; déterminants démonstratifs ; déterminants
numéraux ; déterminants indéfinis)
- Pronoms (personnels, possessifs, démonstratifs, indéfinis,
relatifs)
- Prépositions : à, de, etc.
- Conjonctions :
- De subordination : que, si (je te demande si tu es d’accord), parce que,
etc.
- De coordination : et

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Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
grammatical
Mots grammaticaux (liste non exhaustive) :
- Déterminants (articles : le, un, etc. ; déterminants possessifs :
mon, ton, etc. ; déterminants démonstratifs ; déterminants
numéraux ; déterminants indéfinis)
- Pronoms (personnels, possessifs, démonstratifs, indéfinis,
relatifs)
- Prépositions : à, de, etc.
- Conjonctions :
- De subordination : que, si (je te demande si tu es d’accord), parce que,
etc.
- De coordination : et
Peut-on trouver des situations dans lesquelles on ne
comprendrait pas ce type de mot ?
Ex1. Jeanne a salué Céline quand elle est entrée dans la maison
Ex2. (à un chauffeur de taxi) Conduisez-moi à la maison 50
Situations dans lesquelles on ne comprend pas un mot
grammatical
Mots grammaticaux (liste non exhaustive) :
- Déterminants (articles : le, un, etc. ; déterminants possessifs :
mon, ton, etc. ; déterminants démonstratifs ; déterminants
numéraux ; déterminants indéfinis)
- Pronoms (personnels, possessifs, démonstratifs, indéfinis,
relatifs)
- Prépositions : à, de, etc.
- Conjonctions :
- De subordination : que, si (je te demande si tu es d’accord), parce que,
etc.
- De coordination : et
Peut-on trouver des situations dans lesquelles on ne
comprendrait pas ce type de mot ?
NON !
L’instruction véhiculée par le mot grammatical est comprise mais difficile ou 51
impossible à appliquer
Bilan provisoire
1. La question du sens lexical n’est pas du même ordre que celle du sens
grammatical. Le sens grammatical ne pose jamais de problème de compréhension
(hormis dans le cas de l’apprentissage des langues étrangères ou dans celui de la
mauvaise formation d’une séquence). L’analyse du sens grammatical est
essentiellement une question métalinguistique (pas épilinguistique).
NB. Ce qui est « grammatical » : pas seulement des « mots » mais aussi des
constructions par exemple, des structures.
2. Dans le cas du sens lexical, plusieurs situations peuvent être distinguées :
a) soit on ne comprend pas le mot lui-même : langue étrangère, langage technique,
jargon social (argot), etc. Il y a ici deux situations : soit c’est un pb de
communication (cas des argots p. ex.) ; soit la maîtrise du mot permet d’élargir ses
connaissances (une part de l’enseignement = une leçon de vocabulaire). Recours à
un dictionnaire.
b) soit on ne comprend pas pourquoi ce mot est utilisé dans un contexte donné
(ex. «fière de toi »), etc.
c) soit l’emploi du mot est problématique, en raison de sa polysémie et on ne sait
pas exactement comment le comprendre dans un contexte donné (ex. populisme,
totalitarisme, fascisme, etc.)
=> Justification de la distinction entre sémantique lexicale et sémantique
grammaticale (très différent d’une distinction entre sémantique et syntaxe, cf.
« dictionary-and-grammar model »)
SIGNIFICATION ET THÉORIES LINGUISTIQUES

Plan du CM (Ph. Monneret)

1. Introduction : signification et compréhension


2. Les plans d’analyse du sens
2.1. La signification des unités lexicales (« mots » lexicaux)
2.2. La signification des unités grammaticales (« mots » grammaticaux)
2.3. La signification des phrases
2.4. La signification des textes (ou des discours)
2.5. Un complément : la signification des phonèmes (et la question du symbolisme
phonétique).

3. Images de la sémantique dans les manuels universitaires


3.1. Un précurseur : Bréal
3.2. Quelques manuels français
3.3. Handbooks de sémantique
3.4. Trois niveaux d’analyse du sens
2.3. Situations dans lesquelles on ne comprend pas une
phrase

NB1. On exclut le cas où la non-compréhension de la phrase provient de la


non-compréhension d’un mot (ex. «la splendeur smaragdine des poèmes de
Pierre Louÿs ».
Compositionnalité : le sens (ou la signification) d’une phrase est une fonction
du sens des mots qui la composent et des relations syntaxiques qu’ils
entretiennent.
Ex. « Frege est un grand logicien » vs « Frege se
retournerait dans sa tombe s’il entendait cela »
[TLFi : se retourner dans sa tombe : « se dit d'un défunt
qu'on imagine profondément indigné, bouleversé »]

NB2. On exclut le cas des phrases incluses dans


un texte (-> « situations dans lesquelles on ne
comprend pas un texte)

NB3. On exclut le cas des phrases très longues Gottlob Frege


(1848-1925) 54
(ex. Proust : 856 mots Sodome et Gomorrhe 614-16)
Sans honneur que précaire, sans liberté que provisoire, jusqu’à la découverte du crime; sans situation qu’instable, comme pour le poète la
veille fêté dans tous les salons, applaudi dans tous les théâtres de Londres, chassé le lendemain de tous les garnis sans pouvoir trouver
un oreiller où reposer sa tête, tournant la meule comme Samson et disant comme lui: “Les deux sexes mourront chacun de son côté”;
exclus même, hors les jours de grande infortune où le plus grand nombre se rallie autour de la victime, comme les juifs autour de Dreyfus,
de la sympathie – parfois de la société – de leurs semblables, auxquels ils donnent le dégoût de voir ce qu’ils sont, dépeint dans un miroir,
qui ne les flattant plus, accuse toutes les tares qu’ils n’avaient pas voulu remarquer chez eux-mêmes et qui leur fait comprendre que ce
qu’ils appelaient leur amour (et à quoi, en jouant sur le mot, ils avaient, par sens social, annexé tout ce que la poésie, la peinture, la
musique, la chevalerie, l’ascétisme, ont pu ajouter à l’amour) découle non d’un idéal de beauté qu’ils ont élu, mais d’une maladie
inguérissable; comme les juifs encore (sauf quelques-uns qui ne veulent fréquenter que ceux de leur race, ont toujours à la bouche les
mots rituels et les plaisanteries consacrées) se fuyant les uns les autres, recherchant ceux qui leur sont le plus opposés, qui ne veulent pas
d’eux, pardonnant leurs rebuffades, s’enivrant de leurs complaisances; mais aussi rassemblés à leurs pareils par l’ostracisme qui les
frappe, l’opprobre où ils sont tombés, ayant fini par prendre, par une persécution semblable à celle d’Israël, les caractères physiques et
moraux d’une race, parfois beaux, souvent affreux, trouvant (malgré toutes les moqueries dont celui qui, plus mêlé, mieux assimilé à la
race adverse, est relativement, en apparence, le moins inverti, accable celui qui l’est demeuré davantage), une détente dans la
fréquentation de leurs semblables, et même un appui dans leur existence, si bien que, tout en niant qu’ils soient une race (dont le nom est
la plus grande injure), ceux qui parviennent à cacher qu’ils en sont, ils les démasquent volontiers, moins pour leur nuire, ce qu’ils ne
détestent pas, que pour s’excuser, et allant chercher comme un médecin l’appendicite l’inversion jusque dans l’histoire, ayant plaisir à
rappeler que Socrate était l’un d’eux, comme les Israélites disent de Jésus, sans songer qu’il n’y avait pas d’anormaux quand
l’homosexualité était la norme, pas d’anti-chrétiens avant le Christ, que l’opprobre seul fait le crime, parce qu’il n’a laissé subsister que
ceux qui étaient réfractaires à toute prédication, à tout exemple, à tout châtiment, en vertu d’une disposition innée tellement spéciale qu’elle
répugne plus aux autres hommes (encore qu’elle puisse s’accompagner de hautes qualités morales) que de certains vices qui y
contredisent comme le vol, la cruauté, la mauvaise foi, mieux compris, donc plus excusés du commun des hommes; formant une franc-
maçonnerie bien plus étendue, plus efficace et moins soupçonnée que celle des loges, car elle repose sur une identité de goûts, de
besoins, d’habitudes, de dangers, d’apprentissage, de savoir, de trafic, de glossaire, et dans laquelle les membres mêmes, qui souhaitent
de ne pas se connaître, aussitôt se reconnaissent à des signes naturels ou de convention, involontaires ou voulus, qui signalent un de ses
semblables au mendiant dans le grand seigneur à qui il ferme la portière de sa voiture, au père dans le fiancé de sa fille, à celui qui avait
voulu se guérir, se confesser, qui avait à se défendre, dans le médecin, dans le prêtre, dans l’avocat qu’il est allé trouver; tous obligés à
protéger leur secret, mais ayant leur part d’un secret des autres que le reste de l’humanité ne soupçonne pas et qui fait qu’à eux les
romans d’aventure les plus invraisemblables semblent vrais, car dans cette vie romanesque, anachronique, l’ambassadeur est ami du
forçat: le prince, avec une certaine liberté d’allures que donne l’éducation aristocratique et qu’un petit bourgeois tremblant n’aurait pas en
sortant de chez la duchesse, s’en va conférer avec l’apache; partie réprouvée de la collectivité humaine, mais partie importante,
soupçonnée là où elle n’est pas, étalée, insolente, impunie là où elle n’est pas devinée; comptant des adhérents partout, dans le peuple,
dans l’armée, dans le temple, au bagne, sur le trône; vivant enfin, du moins un grand nombre, dans l’intimité caressante et dangereuse
avec les hommes de l’autre race, les provoquant, jouant avec eux à parler de son vice comme s’il n’était pas sien, jeu qui est rendu facile
par l’aveuglement ou la fausseté des autres, jeu qui peut se prolonger des années jusqu’au jour du scandale où ces dompteurs sont
dévorés; jusque-là obligés de cacher leur vie, de détourner leurs regards d’où ils voudraient se fixer, de les fixer sur ce dont ils voudraient
se détourner, de changer le genre de bien des adjectifs dans leur vocabulaire, contrainte sociale, légère auprès de la contrainte intérieure
que leur vice, ou ce qu’on nomme improprement ainsi, leur impose non plus à l’égard des autres mais d’eux-mêmes, et de façon qu’à 55eux-
mêmes il ne leur paraisse pas un vice.
Situations dans lesquelles on ne comprend pas une
phrase
« Phrases sans texte »
Ex. : sentences, slogans, proverbes, petites phrases, formules, maximes, titres
dans la presse

Aphorisation forte / faible


Dominique Maingueneau,
" Un mode de gestion de l’aphorisation ",
, Communications du IVe Ci-dit, ,
mis en ligne le 02 février 2010.
http://revel.unice.fr/symposia/cidit/index.html?id=539

NB. les aphorisations fortes : ont rompu tout lien avec leur texte d’origine ; les aphorisations faibles : sont détachées d’un
texte qui se trouve placé à côté (ex. titres et d’intertitres dans la presse).

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