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Lycée d’État de Djibouti (2016/2017)

Cours d’Histoire Géographie de M onsieur M oussa Djama Ali

Cours de Terminale, Histoire


Chapitre 5 : L’ouverture démocratique
Introduction :
. En 1992, la constitution ouvre le pays au multipartisme après une période de tensions sociales vives due en partie à une
conjecture économique difficile. La paix civile est restaurée en 1994 avec la signature des accords de paix entre le
gouvernement et le Front pour la Restauration de l’Unité et la Démocratie (FRUD). Le nouveau président élu en 1999,
Ismaïl Omar Guelleh s’emploie à redresser la situation économique et à améliorer les conditions de vie de la population.
. Avec la stabilité politique retrouvée et un contexte international favorable, la République de Djibouti renoue avec la
croissance économique.

Leçon 1 : 1990, le début de la transition démocratique :


Problématique : Les années 1990 constituent-elles un tournant dans la vie politique djiboutienne ?
Documents pages 94-95.
A. 1990-1992 : des tensions qui s’exacerbent :
. Les rivalités ethniques instrumentalisées par la puissance coloniale pendant la période de lutte pour l’indépendance
réapparaissent au début des années 1990. En effet, le gouvernement d’Hassan Gouled est accusé d’autoritarisme et
discrimination contre certaines ethnies qui se sentent marginalisées dans la vie politique et le partage du pouvoir.
. Une organisation politique armée est alors créée en août 1991 : c’est le Front pour la Restauration de l’Unité et la
Démocratie (FRUD). Elle mène plusieurs actions dans la capitale et les régions du nord avant la confrontation directe
avec l’armée nationale. Dans un premiers temps, l’armée nationale perd du terrain dans les régions du nord. Toutefois,
elle parvient à contrôler les principales villes du nord (Tadjourah et Obock) et à contenir la rébellion.

B. 1992 : l’adoption d’une constitution :


. En décembre 1991, le président de la République promet d’engager le pays dans un processus de démocratisation des
institutions et de la vie politique. Ainsi, en septembre 1992, 97 % des électeurs djiboutiens approuvent, par référendum,
une nouvelle constitution autorisant le multipartisme limité (seulement 4 partis autorisés).
. Dans son préambule, la nouvelle constitution déclare que l’Islam est la religion de l’État. Elle instaure une République
démocratique souveraine et indivisible dont la devise est Unité, Égalité, Paix. L’article 6 proclame l’existence des partis
politiques sans identification ethnique, religieuse, linguistique ou territoriale…
. Le pouvoir exécutif est assuré par le Président de la République qui est le chef du gouvernement. Élu au suffrage
universel direct pour six ans, il n’est rééligible qu’une seule fois. Il détermine et conduit la politique du pays ; désigne le
premier ministre et nomme les autres ministres sur proposition du premier ministre.
. Le pouvoir législatif appartient au Parlement composé d’une seule chambre (l’Assemblée nationale). Ses membres sont
élus au suffrage universel direct et sont rééligibles. Enfin, l’article 71 de la constitution garantit l’indépendance du
pouvoir judiciaire face aux deux autres pouvoirs.

C. Les premiers pas vers la démocratie :


. Conformément à la constitution adoptée par référendum le 4 septembre 1992, les premières élections législatives
pluralistes furent organisées le 18 décembre 1992. Elles opposent le Rassemblement Populaire pour le Progrès (RPP) au
Parti du Renouveau Démocratique (PRD) fondé par Mohamed Djama Elabé. Ces élections sont remportées par le RP P
avec 75 % des voix contre 25 % pour le PRD.
. Aux élections présidentielles du 7 mai 1993, trois partis politiques, le RPP, le PRD et le Parti National Démocratique
(PND) dirigé par Aden Robleh Awaleh ainsi que deux candidats indépendants Ahmed Ibrahim Abdi et Mohamed
Moussa Ali (« tour tour ») s’opposent. À la fin des élections, le président sortant Hassan Gouled est réélu avec 61 % des
voix. Cependant les candidats de l’opposition rejettent les résultats
. Le 22 février 1994, le FRUD annonce la dissolution de son bureau politique - que dirigeait Ahmed Dini - et la formation
d’un nouveau comité exécutif conduit par Ougoureh Kifleh qui accepte de négocier avec le gouvernement. Les deux
parties parviennent à un accord, le 26 décembre 1994 à Aba’a et le FRUD devient le quatrième parti politique légalisé du
pays. Aux élections législatives de décembre 1997, le RPP et le FRUD alliés obtiennent 78 % des voix.

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. Enfin, en 1999, Ismaïl Omar Guelleh est élu à la magistrature suprême, devenant ainsi le deuxième président de la
République après l’indépendance. Le 12 mai 2001, un accord prévoit le désarmement des combattants du FRUD armé et
leur intégration dans la vie civile et militaire, le multipartisme intégral ainsi que des mesures de décentralisation.

Leçon 2 : Des ambitions nouvelles depuis 2000 :


Problématique : Quelles sont les grandes réalisations des années 2000 ?
Documents pages 98-99.
A. Moderniser le pays :
. Le contexte international de lutte contre le terrorisme et la piraterie, et au niveau régional la guerre Érythro-Éthiopienne,
font de Djibouti la principale base des armées occidentales et la porte d’entrée des importations éthiopiennes.
. En effet, au début des années 2000, on assiste à une relative modernisation du pays. Celle-ci se traduit par
l’accroissement des installations portuaires notamment le terminal à conteneurs et la zone franche (2004). Prolongement
du port international, un nouveau port voit également le jour à Doraleh. L’objectif visé est de devenir la porte d’entrée de
l’Afrique de l’Est et le principal débouché du marché commun du COMESA.
. Pour répondre aux besoins croissants en électricité et mettre fin aux coupures de courant, le projet d’interconnexion
électrique avec l’Éthiopie a été concrétisé en 2010. Ensuite, plusieurs chantiers transforment le paysage urbain : la
construction de grands immeubles et de nouveaux quartiers (Barwako, cité wadajir, Haramous, Hodan…) ;
l’aménagement d’une zone de loisirs (la corniche) ; l’installation de feux de circulation…
. Enfin, la modernisation est symbolisée aussi par le boom de la télécommunication en termes de téléphonie mobile et
d’internet dans le pays.

B. Réussir la décentralisation :
. À la fin du conflit civil, le gouvernement djiboutien décide d’accélérer le processus de décentralisation prévue par la
Constitution de 1992. Mais l’application de ce projet tarde à voir le jour. Le processus a débuté concrètement après
l’arrivée au pouvoir d’Ismaïl Omar Guelleh en 1999.
. La décentralisation vise à établir un développement régional équilibré et une gouvernance locale dans les collectivités
territoriales (régions et communes) afin d’assurer une plus grande proximité entre les institutions e t les populations
appelées à participer au développement et à la gestion de leurs localités.
. Cependant, la décentralisation peine à se mettre en place. Il faut attendre l’année 2006 pour que les premières élections
municipales soient organisées à Djibouti et que des conseils municipaux et régionaux soient mis en place (ils ont été
renouvelés aux élections municipales de 2012 et celles de 2017. Mais il faut savoir que les pouvoirs et les compétences
qui leurs sont accordés sont encore assez limités.

C. Améliorer le niveau de vie de la population :


. Jusqu’au début des années 2000, les conséquences du conflit civil se font durement sentir dans le pays (récession
économique, forte hausse du chômage, salaires impayés, grèves dans les services publics…).
. Dans le cadre des objectifs du millénaire définis en 2000, la République de Djibouti s’est engagée à atteindre des
objectifs sociaux (comme l’élimination de la faim, l’accès à l’éducation pour tous…) destinés à améliorer les conditions
de vie de la population. Ainsi, des progrès sont réalisés surtout au niveau de l’éducation (les états généraux de l’éducation
de décembre 1999 instaurent un enseignement fondamental de 9 années, o bligatoire et gratuit pour les enfants de 6 à 16
ans…).
. Au niveau de l’emploi et de la promotion de la femme, le développement de la microfinance vise à soutenir
l’entreprenariat des femmes et des jeunes et leur intégration dans la vie économique. En 2007, l’Agence Djiboutienne de
développement Social est créée afin de lutter contre la pauvreté, les inégalités et l’exclusion sociale.
. Enfin, même si une certaine amélioration portée par une croissance de 4 % par an du PIB, a été enregistrée au milieu
des années 2000, la pauvreté et le chômage se font encore sentir dans une partie du territoire national surtout en milieu
rural sédentaire.

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Leçon 3 : Une diplomatie active au service de la paix :


Problématique : Comment la diplomatie djiboutienne se met-elle au service de la paix dans la région ?
Documents pages 104-105.
A. Un rôle pionnier au sein de l’IGAD :
. C’est lors d’un sommet qui a eu lieu du 15 au 17 janvier 1986 à Djibouti que l’Autorité intergouvernementale contre la
sécheresse et pour le développement (IGADD) a été créée par 6 pays de l’Afrique de l’Est : Djibouti, l’Éthiopie, le
Kenya, l’Ouganda, la Somalie et le Soudan. Elle est conçue comme une organisation régionale de coopération destinée à
combattre la sécheresse qui touche la région et ses conséquences que sont la désertification, la chute des productions
agricoles et la famine.
. Le 21 mars 1996 à Nairobi, l’organisation devient l’Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD).
Ainsi, la nouvelle organisation, lancée à Djibouti le 25 novembre 1996, se fixe des objectifs élargis (comme
l’harmonisation des politiques commerciales et douanières de la région ; la sécurité alimentaire ; les infrastructures et
l’énergie, la protection de l’environnement, la promotion de la paix ; la résolution des conflits …). Mais il est reproché à
l’IGAD d’être une institution plus bureaucratique qu’active.

B. Un acteur en faveur de la paix en Somalie et dans la région :


. Bien que petit pays disposant de peu de moyen, la République de Djibouti s’efforce de jouer un rôle dans la résolution
des conflits et le maintien de la paix dans la région. Ainsi, dès le début du conflit civil en Somalie, la République de
Djibouti participe activement au processus de paix et de réconciliation.
. La République de Djibouti s’implique également dans la résolution d’autres conflits régionaux. C’est le cas de la
conférence de réconciliation éthiopienne (1-24 juillet 1991) au cours de laquelle Meles Zenawi est élu président par un
Conseil national ; de la résolution du conflit Erythrée-Éthiopie en 1998-2000 ; ou encore du conflit inter-Soudanais.

C. La crise Djibouto-Érythréenne au Ras Doumeira :


. C’est en 1996 que le différend frontalier Djibouto-Érythréen débute. L’Érythrée revendique la région de Doumeira et de
son île en se basant sur des accords franco-italiens non ratifiés et datant de 1935.
. Au début du mois de février 2008, les troupes érythréennes occupent le Ras Doumeira et son île. Les tentatives de
dialogue avec l’Érythrée étant impossibles, Djibouti se tourne vers les instances régionales (IGAD, Conseil de paix et de
sécurité de l’Union Africaine, Conseil de paix et de sécurité de la ligue Arabe) ainsi que les Nations Unies en avril et en
mai 2008. L’Érythrée rejette ces conclusions.
. Le 10 juin 2008, les troupes érythréennes ouvrent le feu sur les soldats djiboutiens ; c’est le début de deux jours
d’intenses combats entre les deux armées. Le 14 janvier 2009, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une résolution
exigeant le retrait des forces érythréennes de la région de Doumeira dans un délai de cinq semaines, résolution
immédiatement rejetée par l’Érythrée.
. Face à ce refus, le Conseil de sécurité adopte en décembre 2009, une résolution infligeant à l’Érythrée un embargo sur
l’achat et la vente d’armes, le gel de ses avoirs et l’interdiction de voyager pour les hauts responsables érythréens. Ces
sanctions constituent une victoire diplomatique de Djibouti et renforcent l’isolement de l’Érythrée. En juin 2010, les deux
pays acceptent la médiation du Qatar dont les troupes viennent s’interposer à Doumeira.

Fin du chapitre !

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