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UNIVERSITE GASTON BERGER DE SAINT-LOUIS

UNITE DE FORMATION ET DE RECHERCHE DES SCIENCES JURIDIQUES ET POLITIQUES

ENSEIGNEMENT DU PREMIER SEMESTRE


SYSTEME POLITIQUE SENEGALAIS
LICENCE 2

RESUME
PRESENTE PAR MAREGA KHALILOU

ANNEE UNIVERSITAIRE : 2014/2015


AVANT-PROPOS

J’ai de tout temps demeuré convaincu que le désir sans relâche de servir ma communauté dans
la modestie a toujours été ma vocation naturelle par excellence. Servir est pour moi un devoir,
une obligation mais aussi et surtout une volonté de me donner exclusivement au service de
l’intérêt général. C’est une exigence pour tout étudiant sanarois d’aider par quelques moyens
que ce soit son cadet pour la promotion de l’excellence qui fait notre crédo et notre discipline.

J’ai été sollicité par certains de mes collègues de la Licence 2 P24 pour la mise en place d’un
résumé parcourant tout le cours de Système Politique Sénégalais du Professeur Maurice Dione
afin de leur faciliter la consultation et la révision. Ces camarades, reconnaissant à mon humble
égard et qui ont été les premiers à me remercier pour le modeste fruit de l’année passée (NDLR,
résumé du cours d’Institutions Internationales du Professeur Babacar Kanté) et qui ne cessent
de m’encourager sur la voie qui est la mienne, sont pour moi des frères et des sœurs à qui je
dois ma réussite, mes efforts et ma persévérance. Ce résumé est pour vous ainsi qu’à tous vos
camarades. Je prie le Bon Dieu de nous accorder vous et moi et tous les étudiants de l’UGB sa
grâce et ses bénédictions et surtout la réussite qui est la raison de notre être ici à Sanar.

Le conseil est le même. Je ne suis ni un juriste non plus un politiste confirmé mais un simple
étudiant qui tente d’œuvrer modestement pour la réussite de ses cadets. L’exploitation de ce
résumé couplée à la compréhension de votre cours en plus de vos documentations et prises de
notes et recherches personnelles ne feront qu’augmenter et garantir vos chances de réussite. Je
vous souhaite bonne chance tout en vous soutenant du fond du cœur.

Si ma pensée, ma réaction du fait des responsabilités que j’ai assumé dans l’UFR SJP heurtent
un esprit ou ont déjà heurté un esprit de par le passé, je demande humblement votre pardon car
je suis l’incarnation de l’imperfection. Puisse Dieu nous éclaire et nous pardonne tous Amen !

MAREGA
La crise du 17 décembre 1962

Le bicéphalisme du pouvoir exécutif institué dans la République parlementaire mise sur pied
par la loi n° 59-003 du 24 janvier 1959 a entrainé une crise politique au sommet de l’Etat ayant
opposé Léopold Sédar Senghor, président de la République et Mamadou Dia, président du
Conseil qui a éclaté le 17 décembre 1962. Cette crise a eu pour conséquence la fin de la
République parlementaire et l’avènement d’un pouvoir centralisé et fort incarné par Senghor.
En effet, un groupe de députés influents de l’UPS de Senghor (Abdoulaye Fofana, Maguette
Lô, Doudou Thiam, Ousmane Ngom, Théophile James, Lamine Guèye, Boubacar Guèye et
Khar Ndoffène Diouf) décidèrent de déposer une motion de censure contre le gouvernement de
Dia. Le président du Conseil Mamadou Dia également titulaire du poste de ministre de la
Défense a mobilisé les forces de la gendarmerie pour le soutenir et s’opposer à la réunion des
députés au siège de l’Assemblée nationale. Au même moment le président Senghor a sollicité
l’intervention des commandos parachutistes de l’armée pour mettre fin à la fronde menée par
son rival. L’arbitrage de l’armée a tourné en faveur de Senghor et Mamadou Dia en même
temps que les ministres qui le soutenaient furent arrêtés le 18 décembre 1962.

La construction de l’autoritarisme modéré de Senghor

Après la crise du 17 décembre 1962, on assiste à l’avènement d’un pouvoir personnel incarné
par Senghor. Estimant la nécessaire mise en place d’un pouvoir fort reposant sur le
monolithisme politique et idéologique, il adopta une constitution qui lui accorda des pouvoirs
exorbitants et n’est seulement responsable qu’en cas de haute trahison ou de violation
intentionnelle de la constitution. La révision constitutionnelle du 20 juin 1967 fait coïncider son
mandat avec celui de l’Assemblée nationale et lui donne la possibilité de la dissoudre en cas de
conflit entrainant ainsi la démission du président. Senghor combattait également au moyen de
la répression soit policière ou judiciaire tous ses potentiels adversaires mais « le régime n’a
jamais débouché sur un Etat policier ou inspiré par la violence » soutient Christian Coulon et
Wade de reconnaître l’indépendance de la magistrature et le respect des libertés fondamentales.
Senghor utilisait notamment la stratégie de la cooptation consistant à réaliser l’unité nationale
par l’unité partisane. Ainsi le courant s’établit au fur et à mesure entre sa formation politique et
celles de ses opposants. Son entreprise de contrôle politique s’étend aussi aux syndicats dans le
but de neutraliser leur capacité de nuisance à travers l’idéologie de la participation responsable.

Les réformes initiées par Léopold Sédar Senghor après la crise de 1968-1969 ou les
réformes juridiques et institutionnelles de libéralisation politique de 1968-1969 à 1981
Malgré l’autoritarisme modéré, le régime de Senghor n’était pas épargné des troubles dans la
mesure où il était violemment ébranlé par les grands événements de 1968-1969 avec les grèves
des ouvriers et des étudiants couplés aux manœuvres politiques clandestines. C’est dans cette
optique que des réformes politiques interviennent. La révision constitutionnelle du 26 février
1970 répondait au souci de décongestionner le pouvoir exécutif avec la mise en place d’un
gouvernement présidé par un premier ministre solidairement responsable aussi bien devant
l’exécutif que le législatif et de régler le problème de la succession du président Senghor. Dans
la même veine, Senghor ouvre le jeu politique tout en le contrôlant notamment avec la réforme
constitutionnelle du 6 avril 1976 relative au tripartisme à contenu idéologique (libéralisme-
démocratique, socialisme-démocratique et marxisme-léninisme). A la suite de la réforme
constitutionnelle du 28 décembre 1978, Senghor élargit le multipartisme par la création d’un 4e
courant dit conservateur animé par l’avocat Boubacar Guèye. Le dernier volet initié était son
retrait volontaire du pouvoir au profit d’Abdou Diouf qui était son dauphin constitutionnel
conformément aux dispositions 35 alinéa 2 de la loi constitutionnelle du 6 avril 1976 en 1981.

L’assurance de la consolidation du pouvoir d’Abdou Diouf par Jean Collin ou le rôle


essentiel de Jean Collin dans la construction et la consolidation du pouvoir d’Abdou Diouf

Arrivé ainsi au pouvoir, Diouf, pour affirmer sa personnalité et construire son hégémonie et son
pouvoir personnel, est aidé par son homme de confiance Jean Collin à éclipser et à éliminer
tous ses potentiels rivaux et à préserver son pouvoir des visées de l’opposition. La réforme
institutionnelle du 1er mai 1983 supprime le poste de premier ministre confié à Habib Thiam
dans le but d’établir un lien direct entre lui et le peuple tout en renforçant l’indépendance et la
puissance de l’Assemblée nationale. Cette dernière dirigée désormais par l’ex premier ministre,
une loi constitutionnelle du 24 mars 1984 intervient pour réduire son mandat de cinq à un an
renouvelable dans le souci de mettre fin à ses velléités d’autonomie et de liberté de résistance
sous la manipulation savante du rouleau compresseur présidentiel de Jean Collin qui a une
influence et une mainmise considérables sur l’appareil étatique. Stratège et tacticien, il combat
tous ceux qui sont susceptibles de porter ombrage au président Diouf quitte à comploter même
des coups politiques comme par exemple la nomination de Wade au poste de vice-président. Il
a âprement combattu le rapprochement entre Diouf et l’opposition à sa tête Wade qu’il
considère comme un « dangereux aventurier capable de mettre en feu le Sénégal ».

Les réformes initiées par Abdou Diouf au sortir de la crise de 1988


Le départ tant attendu par l’opposition de Jean Collin le 30 mars 1990 constitue un dénouement
heureux après l’enclenchement des pourparlers au mois de janvier 1991. Le compromis aboutit
à la mise en place du premier gouvernement de majorité présidentielle élargie présidé par Habib
Thiam. Wade devient ministre d’Etat auprès du président de la République. Ousmane Ngom
pilote le ministère du travail et de la formation professionnelle pendant que Jean Paul Dias était
nommé à l’intégration africaine et Aminata Tall à l’alphabétisation. A partir de 1992, on élabore
un code électoral consensuel promulgué le 22 mars résultant des travaux de la commission
nationale de réforme du code électoral dirigée par le magistrat Kéba Mbaye et on assiste à la
création du conseil constitutionnel et celle de l’Observatoire nationale des élections en 1997
relevant ainsi qualitativement le contentieux électoral. La mise à l’épreuve du code à l’occasion
de l’élection présidentielle de 1993 a révélé des limites notamment le blocage de la
Commission nationale de recensement des votes. Ainsi, une nouvelle réforme est introduite par
la loi du 21 mai 1993 modifiant certaines dispositions comme celles L44 et L58 du code
électoral et par la loi organique du 23 avril 1993 modifiant les articles LO111 et LO112.

L’apport du Conseil constitutionnel dans la jurisprudence électorale au Sénégal

La réforme judiciaire de 1992 a vu la naissance de trois juridictions spécialisées que sont le CE,
la CC et le CC qui a qualitativement relevé le contentieux électoral en application judicieuse
des règles électorales plus justes. Dans sa décision du 2 mars 1993, le CC rappelle le consensus
ayant abouti à l’adoption du code électoral et élabore une doctrine au contrôle des opérations
électorales. Le CC estime que les questions relatives à l’utilisation des médias publics de façon
inéquitable en faveur du parti au pouvoir est de la compétence de l’instance de régulation de
l’audiovisuel et que les inscriptions électorales sont du ressort du tribunal départemental et du
CE et qu’enfin les griefs tendant à l’utilisation des biens et matériels de l’Etat à des fins de
campagne doivent être déférés à l’attention du juge pénal. Le juge constitutionnel refuse de
recevoir toute réclamation n’ayant pas passé aux différents échelons du contrôle des opérations
électorales et soumet les allégations des requérants à un régime d’administration des preuves
établi sur la matérialité clairement établie des faits constants et avérés et au fait qu’ils sont de
nature à porter atteinte à la sincérité du scrutin. Dans cette optique, il rejette toute prétention
non étayée de preuve en matière de corruption, de trafic d’influence ou de fraude.

Les ruses déployées par le parti au pouvoir pour torpiller le jeu électoral et neutraliser le
juge électoral de 1978 à 1988
Le parti au pouvoir se repose sur une charpente de manipulation pour fausser le jeu dans les
compétitions électorales. Les citoyens sont pris en otages. Les opposants n’ont pas les moyens
de faire valoir leurs droits. Aux élections législatives, municipales et rurales de 1978, ses
candidats président leurs bureaux de vote et le juge, neutralisé par la loi, balaie ce grief dans sa
décision du 13 mars 1978. Il va encore plus loin dans son arrêt du 23 mars 1983 estimant que
l’appartenance des membres des bureaux de vote au parti au pouvoir n’a rien d’incidence. Les
PV sont établis par les candidats eux-mêmes ou par les membres d’un parti en liste pour les
joutes électorales. La suspicion est donc légitime. La loi donne également un pouvoir étendu de
maintien de l’ordre aux présidents des bureaux de vote, choisis sur des bases partisanes et qui
est abusivement utilisé. La coloration partisane des membres du bureau couvre aussi
l’identification de l’électeur ainsi que son corolaire la violation délibérante du secret de vote
pourtant reconnu par la constitution, sources de fraudes massives. Le refus du juge de procéder
au contrôle de constitutionnalité fait primer la loi expression de la volonté du parti au pouvoir
sur le texte suprême. Le juge rejette jusqu’en 1988 la quasi-totalité des recours de l’opposition.

Les principes de la République théocratique de Thierno Souleymane Baal

Le pouvoir dans les royautés traditionnelles du Sénégal n’était pas exercé de manière
despotique ou autocratique. Il était encadré par exemple dans la République théocratique de
Thierno Souleymane Baal par des normes et des principes érigés contre l’arbitraire et
l’exploitation. Il en est ainsi du choix d’un homme savant, pieux et honnête qui n’accapare pas
les richesses de la société pour son profit personnel ou celui de sa famille, de la non limitation
du choix de l’imam à une seule et même tribu, de la non transformation de l’imamat en une
royauté héréditaire et enfin du fondement sur le critère d’aptitude pour le choix de l’imam.

Le rôle d’Abdoulaye Wade dans le retour au multipartisme de fait au Sénégal

La constitution du 7 mars 1963 instaure un multipartisme de droit alors que dans la pratique un
parti unique existe de fait. Pour adapter le droit au fait, Abdoulaye Wade, lors du Xe sommet
des Chefs d’Etats de l’Organisation de l’unité africaine, soumet au président Senghor sa volonté
de créer un parti politique conformément à un droit reconnu par la charte fondamentale et celui-
ci donna son accord. C’est ainsi qu’il avertit la presse et présente son parti comme un parti de
contribution et non d’opposition. Il obtient sa reconnaissance légale le 8 aout 1974. En plus du
PDS, deux autres partis accèdent à la légalité : c’est la loi des trois courants, puis un quatrième.

Les facteurs de la constitution d’un gouvernement de majorité présidentielle élargie


Le président Diouf et son principal opposant Wade se sont inscrits dans une complicité
objective de dénouement des tensions politiques. Plusieurs facteurs vont faciliter leur
rapprochement dont la prise de conscience et la préservation des intérêts nationaux vitaux dû
au conflit sénégalo-mauritanien, la disgrâce du très puissant ministre Jean Collin tant sollicitée
par les partis d’opposition et les mutations géopolitiques intervenues dans la nouvelle donne
internationale favorable à la démocratisation des régimes politiques africains. Ce compromis
est un gentleman’s agreement entre les deux principaux leaders du pays.

Les interprétations théoriques du gouvernement de majorité présidentielle élargie

Le gouvernement de majorité présidentielle élargie peut être interprété comme l’absorption par
la classe dominante des intellectuels susceptibles de diriger politiquement et idéologiquement
les classes subordonnées cela d’autant plus que le PDS et son leader était particulièrement
populaire. C’est une collusion stratégique entre un pouvoir qui voulait se maintenir et ayant
besoin de combler le gap de légitimité induit par les effets néfastes des politiques de Bretton
Woods et une opposition voulant gagner en crédibilité en démontrant son aptitude à gouverner.
C’est une manière de s’inscrire dans le contexte favorable à la démocratie en Afrique.

Les innovations apportées par le Code électoral consensuel de 1992

L’élaboration d’un code électoral consensuel en 1992 a décrispé une longue crise socio-
politique. La majorité électorale est ramenée de 21 à 18 ans (article L1). Le code interdit au
parti au pouvoir d’user et d’abuser de sa position dominante notamment à travers la prohibition
de la propagande déguisée et d’utilisation des moyens de l’Etat à des fins électoralistes et permet
une plus grande représentation des petits partis. Une immunité prévue à l’article L83 protège
les candidats. Le code assure également la démocratisation de certaines informations
stratégiques en prévoyant de communiquer la carte électorale à tous les partis politiques.

Tentative de compréhension de la violence dans le jeu politique sénégalais

La violence dans le jeu politique sénégalais peut être expliquée par la volonté du parti au
pouvoir de concentrer entre ses mains tous les pouvoirs reposant soit sur un monolithisme
politique et idéologique (Senghor combattait ainsi au moyen de la répression policière ou
judiciaire toutes les forces politiques voulant émerger) soit sur l’instrumentalisation et la
monopolisation des règles juridiques du jeu politique pour conserver le pouvoir au profit
d’intérêts particuliers (Diouf s’employait ainsi à la construction d’un pouvoir personnel et de
son hégémonie par notamment la mise en place de stratégies politiquement payantes).

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