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Politique de la TUNISIE

Article détaillé : Politique en Tunisie.

Politique intérieure

Gouvernement Bahi Ladgham à la suite du remaniement du 12 juin 1970.

Séance de l'Assemblée des représentants du peuple.

Une Assemblée constituante rédige une Constitution proclamée le 1er juin 1959, trois ans après
l'indépendance. Elle subit plusieurs amendements dont celui du 12 juillet 1988 pour limiter le
nombre de mandats présidentiels à trois et celui du 1er juin 2002 à la suite du référendum
constitutionnel tenu le 26 mai de la même année, permettant notamment la suppression de la
limite du nombre de mandats présidentiels, l'allongement de l'âge limite pour déposer une
candidature à la présidence, l'instauration d'une immunité judiciaire pour le président durant et
après l'exercice de ses fonctions et l'instauration d'un Parlement bicaméral.
Le manque de transparence politique, la faible liberté d'expression et la censure, notamment de
la presse et de nombreux sites web, ont longtemps fait qu'une situation politique précise de la
Tunisie a été difficile à déterminer. De nombreuses ONG internationales ont toutefois pointé du
doigt les atteintes aux droits de l'homme, notamment en ce qui concerne les atteintes à la liberté
d'expression, les prisonniers politiques et d'opinion, l'instrumentalisation de la justice par
le pouvoir exécutif, la torture et la situation dans les prisons, ainsi que le harcèlement de
toute dissidence politique. De leur côté, les autorités de l'époque ont fait valoir que leurs efforts
en matière de droits de l'homme ont été officiellement reconnus par des instances internationales
comme le Conseil des droits de l'homme des Nations unies dont les membres ont souligné, avec
quelques réserves pour certains, les progrès accomplis par le pays en la matière185.
La Tunisie ne connaît que deux présidents de la République en cinq décennies : Bourguiba du 25
juillet 1957 au 7 novembre 1987 puis Zine el-Abidine Ben Ali du 7 novembre 1987 au 14 janvier
2011. Au niveau des partis, le Néo-Destour puis le Parti socialiste destourien et
le Rassemblement constitutionnel démocratique dominent la vie politique après l'indépendance,
dont une vingtaine d'années en tant que seul parti politique légal, avec plus de deux millions
d'adhérents revendiqués.
Kaïs Saïed, président de la République depuis le 23 octobre 2019.

La révolution du 14 janvier 2011 et la chute du régime Ben Ali changent la donne. Le


Rassemblement constitutionnel démocratique est dissous et la scène politique compte
rapidement une centaine de partis politiques. Fouad Mebazaa assure à titre intérimaire la
présidence de la République du 15 janvier au 13 décembre 2011, avant d'être remplacé
par Moncef Marzouki à partir du 13 décembre 2011. Mohamed Ghannouchi, ayant assuré
l'intérim du pouvoir durant 24 heures après la fuite de Ben Ali, est placé à la tête du
gouvernement de transition avant d'être remplacé par Béji Caïd Essebsi. La Chambre des
députés et la Chambre des conseillers sont dissoutes et leurs pouvoirs assumés de fait par
la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la révolution puis, à la suite de l'élection du
23 octobre 2011, premier scrutin pluraliste et transparent organisé par l'Instance supérieure
indépendante pour les élections au détriment du ministère de l'Intérieur, par l'Assemblée
constituante. La Constitution est suspendue et remplacée par le décret-loi du 23 mars 2011 puis
la loi constituante du 16 décembre 2011. Hamadi Jebali forme alors un gouvernement
de coalition dominé par Ennahdha, reconduit par Ali Larayedh à partir du 13 mars 2013.
En 2014, une nouvelle Constitution est votée par l'Assemblée constituante qui établit un régime
semi-présidentiel où le président de la République conserve des pouvoirs en matière de politique
étrangère, de défense et de sécurité intérieure186. Il est élu tous les cinq ans au suffrage
universel et ne peut prétendre qu'à deux mandats présidentiels. Responsable de l'action
gouvernementale, le chef du gouvernement est le candidat du parti ou de la coalition qui obtient
la majorité de siège à l'Assemblée des représentants du peuple. Il est nommé par le président de
la République et définit la politique générale de l'État. Le pouvoir législatif, monocaméral, est
exercé par l'assemblée composée de 217 députés.
Mehdi Jomaa forme un gouvernement de technocrates le 29 janvier 2014 après l'adoption de la
nouvelle Constitution. Après les élections législatives du 26 octobre 2014, qui voit Nidaa
Tounes arrivé en tête, l'élection présidentielle, organisée en deux tours, voit Béji Caïd Essebsi,
leader de Nidaa Tounes, être élu avec 55,68 % des voix contre 44,32 % des voix pour
Marzouki166. Habib Essid forme dans la foulée un nouveau gouvernement, remplacé à
l'été 2016 par celui de Youssef Chahed.
Transparency International place en 2018 la Tunisie au 73e rang sur 180 pays pris en compte
dans son classement selon l'indice de perception de la corruption187.
Le 29 septembre 2021, Najla Bouden est nommée chef du gouvernement ; c'est la première fois
de l'histoire du pays qu'une femme est nommée à ce poste188.

Politique extérieure
Article détaillé : Politique étrangère de la Tunisie.
Le premier président, Habib Bourguiba, choisit le non-alignement durant la guerre froide tout en
ayant des relations étroites avec l'Europe et les États-Unis. Son successeur, Zine el-Abidine Ben
Ali, maintient la tradition tunisienne de bonnes relations avec l'Occident tout en jouant un rôle
actif dans les instances régionales arabes et africaines : le pays accueille, en mai 2004,
la 16e session ordinaire du sommet de la Ligue arabe (dont la Tunisie est membre depuis 1958)
au cours de laquelle est adoptée la Charte arabe des droits de l'homme189 et envoie
régulièrement de l'aide humanitaire aux Palestiniens et aux États en crise. Le pays est également
un membre fondateur de l'OUA, dont elle assure la présidence en 1994-1995, avant de participer
à la fondation de l'Union africaine en juillet 2002.
La Tunisie a également soutenu le développement de l'Union du Maghreb arabe qui inclut
l'Algérie, le Maroc, la Mauritanie et la Libye. Toutefois, ses progrès restent limités en raison de
tensions entre l'Algérie et le Maroc à propos du Sahara occidental. En février 2001, la Tunisie
adhère à la Communauté des États sahélo-sahariens et accueille le siège de la Banque africaine
de développement en 2003. Le pays est depuis longtemps une voix modératrice sur la question
du Proche-Orient : Bourguiba est ainsi le premier dirigeant arabe à appeler à la reconnaissance
d'Israël par les pays arabes dans un discours prononcé à Jéricho le 3 mars 1965190.

Habib Bourguiba aux côtés de Gamal Abdel Nasser et Ahmed Ben Bella en 1963.

Le pays abrite le quartier général de la Ligue arabe de 1979 à 1990 ainsi que celui de l'OLP de
1982 à 1993, jusqu'à ce que son comité exécutif s'installe dans les Territoires occupés, bien que
son département politique reste à Tunis. Le pays joue également un rôle modérateur dans les
négociations de paix au Proche-Orient : la Tunisie est le premier pays arabe à recevoir une
délégation israélienne en 1993, dans le cadre du processus de paix, et maintient une
représentation en Israël jusqu'au début de la seconde intifada en 2000.

Accueil du Premier ministre Hédi Nouira par le président Jimmy Carter en 1978.

John Kerry, Béji Caïd Essebsi et Mohsen Marzouk, le 20 mai 2015.

Coincée entre l'Algérie et la Libye, la Tunisie a toujours cherché à maintenir de bonnes relations
avec ses voisins malgré des tensions occasionnelles. La Tunisie et l'Algérie ont résolu un long
litige frontalier en 1993 et ont coopéré dans la construction du gazoduc transméditerranéen
menant vers l'Italie. La Tunisie a par ailleurs récemment signé un accord avec l'Algérie pour
démarquer la frontière maritime entre les deux pays.
Vis-à-vis de son autre voisin, les relations sont plus difficiles à partir de l'annulation par la Tunisie
d'un accord visant à la formation d'une union tuniso-libyenne en 1974. Les relations
diplomatiques sont rompues entre 1976 et 1977 puis se détériorent à nouveau en 1980 lorsque
des rebelles appuyés par la Libye tentent de prendre la ville de Gafsa142. En 1982, la Cour
internationale de justice tranche le différend relatif à la partition du plateau continental frontalier
(riche en pétrole) en faveur de la Libye191. L'expulsion par la Libye de nombreux travailleurs
tunisiens en 1985 et les menaces militaires américaines conduisent la Tunisie à restreindre leurs
relations qui sont à nouveau normalisées dès 1987. Tout en soutenant les sanctions de
l'ONU imposées à la Libye, à la suite de bombardements aériens américains, la Tunisie prend
soin de maintenir de bonnes relations avec son voisin. Elle soutient ainsi la levée de ces
sanctions en 2003, la Libye redevenant ainsi l'un de ses partenaires commerciaux majeurs.
Néanmoins, les deux pays ont encore un contentieux maritime sur leur frontière commune.
La Tunisie revendique également sa dimension méditerranéenne. Elle participe ainsi au Forum
méditerranéen, dont elle organise l'édition 2005, et devient le premier pays du bassin
méditerranéen à signer, le 17 juillet 1995, un accord d'association avec l'Union européenne dans
le but de renforcer son ancrage à l'Europe192. Avec son plus proche voisin européen, Malte, la
Tunisie discute actuellement de l'exploitation pétrolière du plateau continental qui se trouve entre
les deux pays.
L'action politique de la Tunisie dépasse pourtant les frontières régionales. Lors d'un discours
prononcé devant l'Assemblée générale des Nations unies en 1999, le président Ben Ali appelle à
la création d'un Fonds mondial de solidarité (en s'inspirant du Fonds de solidarité nationale)
visant à contribuer à la lutte contre la pauvreté dans les zones les plus déshéritées dans le
monde. L'Assemblée générale adopte à l'unanimité, le 20 décembre 2002, une résolution portant
création de ce fonds et instaurant les modalités pratiques requises pour sa mise en place.

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