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Gabon WT/TPR/S/86

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II. CADRE INSTITUTIONNEL DU RÉGIME DE COMMERCE EXTÉRIEUR

1) CADRE CONSTITUTIONNEL ET JURIDIQUE GÉNÉRAL

i) Aperçu général

1. Ancienne colonie française faisant partie de l'Afrique équatoriale française, le Gabon a acquis
son indépendance le 17 août 1960. La première Constitution adoptée est celle du 21 février 1961,
modifiée le 28 mai 1968 afin d'instaurer le monopartisme. Arrivé au pouvoir en 1967, l'actuel
Président El Hadj Omar Bongo, avait dissous les partis préexistants pour les remplacer par un parti
unique, le Parti démocratique gabonais (PDG). Le système du parti unique était conçu principalement
comme un outil pour parvenir à la consolidation de l'unité de l'État hérité du colonialisme.1

2. La Constitution actuellement en vigueur au Gabon a été adoptée le 26 mars 1991. Elle est le
résultat de la Conférence nationale sur la démocratie qui s'est tenue en 1990, qui a remplacé le
monopartisme avec le multipartisme.2 Le système politique est actuellement principalement constitué
d'un pouvoir exécutif, exercé par le Président de la République et le gouvernement qu'il nomme,
assisté par un pouvoir législatif, exercé par le Parlement composé de deux chambres, l'Assemblée
nationale et le Sénat, d'un pouvoir judiciaire indépendant, et d'un Conseil économique et social.

3. Les premières élections législatives issues du multipartisme ont eu lieu en 1991, les dernières
élections ont eu lieu en 1996 et les prochaines sont prévues pour l'été 2001. Les premières élections
présidentielles issues du multipartisme ont eu lieu en 1993.3 Les deuxièmes élections ont eu lieu en
1998 après que la Constitution ait été modifiée en 1997 pour instaurer un mandat présidentiel de sept
ans à la place de cinq ans, rééligible une fois. Les prochaines élections présidentielles sont prévues
en 2005.

4. La désintégration du système du parti politique unique au Gabon et le processus de


démocratisation que l'on observe depuis lors, s'inscrivent dans une tendance plus générale en Afrique,
au sud du Sahara depuis les années 80. Un observateur parle "d'un double mouvement de
libéralisation économique et de libéralisation politique, pour les plus pessimistes, et de transition
démocratique pour les euphoriques".4 En effet, la crise économique qui a frappé le Gabon, parmi
d'autres États africains, a bousculé l'ordre établi, a nécessité des programmes d'ajustements structurels,
entraînant des troubles sociaux, qui ont mené directement à la revendication politique d'une plus
grande démocratisation, un puissant exemple étant fourni par les changements politiques dans les pays
de l'Europe centrale et de l'est en 1989. En Afrique, la France a appuyé la nécessité de procéder à une
plus grande démocratisation.5 Toutefois, le Gabon n'a pas encore connu d'alternance au pouvoir et le
processus de démocratisation reste à aboutir.

1
Voir le commentaire du Président Bongo dans le chapitre I de Bongo (1994).
2
"Gabon: situation institutionnelle", http://www.cean.u-bordeaux.fr/etat/institutionnel/gabon.html
[11 novembre 2000].
3
Controversées, ces élections ont donné lieu aux "accords de Paris", entérinant le principe de la
démocratie pluraliste et confiant l'organisation des élections à une commission électorale indépendante; la
Constitution en a été révisée par référendum populaire en 1995 (United States Government, Department of
Commerce, International Trade Administration, 2000).
4
Diouf (1998).
5
Le "discours de La Baule" de François Mitterand, Président de la République française, énoncé lors
du 16ème sommet des Chefs d'État de France et d'Afrique en juin 1990, déclarait notamment que la France
aiderait en priorité ceux qui mettraient en place des institutions démocratiques. Voir le chapitre II de Bongo
(1994).
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ii) L'exécutif

5. Le Président est élu pour sept ans au suffrage universel direct, rééligible une fois.6 Le
Président est le Chef de l'État et veille au respect de la Constitution. Il est garant de l'indépendance
nationale, de l'intégrité du territoire, et du respect des accords et traités. Le Président détient le
pouvoir de dissoudre l'Assemblée nationale pour tenir des élections7, peut organiser des référendums
sur les questions d'intérêt national et peut conclure des traités et accords internationaux.

6. Le Président nomme le Premier Ministre. Il met fin à ses fonctions, de sa propre initiative ou
sur la présentation par le Premier ministre de la démission du Gouvernement, ou à la suite d’un vote
de défiance ou de l’adoption d’une motion de censure par l’Assemblée nationale. Le Premier
Ministre présente à l'Assemblée nationale le programme du Gouvernement qui, après un débat, est
sujet à un vote de confiance.8 Conformément au programme approuvé par l'Assemblée, le
Gouvernement met en œuvre la politique intérieure et étrangère et gère l'administration publique.

7. Le Président nomme, sur proposition du Premier Ministre, les autres membres du


Gouvernement: le Vice-premier ministre, les ministres d'État, les ministres et les ministres délégués.
Ces derniers exercent leur fonction dans les ministères auxquels l'exécutif souhaite accorder une
importance particulière. Au sein du Gouvernement actuellement en place, qui date du
22 décembre 1999, il a y 32 ministres, attachés à 23 ministères. Ce nombre de ministres représente
une réduction importante en comparaison avec les 42 ministres du gouvernement précédent, et répond
au besoin de réduire la masse salariale dans le budget de l'État. Au dernier recensement effectué en
1998, les effectifs de l'administration centrale du Gabon comptait 39 216 agents.

8. Le Président convoque et préside le Conseil des ministres et arrête l'ordre du jour. Les projets
de lois, d'ordonnances et de décrets réglementaires sont délibérés en Conseil des ministres, après avis
de la Cour administrative. Le Président promulgue définitivement les lois adoptées par le Parlement.

iii) Le Parlement

9. Le Parlement se compose de deux chambres, l'Assemblée nationale (120 sièges) et le Sénat


(91 sièges). Les membres de l'Assemblée nationale sont élus pour une durée de cinq ans au suffrage
universel direct. Les membres du Sénat sont élus pour une durée de six ans au suffrage universel
indirect. Le Sénat représente les collectivités locales. Les séances du Parlement se tiennent en public
et le compte-rendu des réunions est publié dans le Journal des débats.

10. Le Parlement vote la loi, consent l'impôt et contrôle l'action du pouvoir exécutif dans les
conditions prévues par la Constitution. Les lois sont groupées en trois catégories: celles qui
modifient la Constitution, dites "constitutionnelles"; celles qui concernent l'organisation du système
politique, dites "organiques"; et les autres, dites "ordinaires".9 Les lois organiques concernent, par
exemple, le nombre des députés, leur indemnité, les modalités et les conditions de leur élection, et les

6
L'Article 9 de la Constitution de 1991, modifié par la Loi 1/97 du 22 avril 1997.
7
L'Article 19 de la Constitution de 1991 déclare que ce pouvoir de dissolution ne peut être exercé que
deux fois au cours du même mandat présidentiel, et la deuxième dissolution ne peut pas intervenir dans les
douze mois qui suivent la première dissolution.
8
Voir "Déclaration de Politique Générale de Monsieur Jean-François Ntoutoume Emane, Premier
Ministre, Chef du Gouvernement, à l'Assemblée nationale, le 11 mars 1999".
9
Chaque loi adoptée par le Parlement est désignée par un numéro et l'année de promulgation (par
exemple, Loi 37/1990); la numérotation des lois normatives recommence à chaque année civile. Les textes des
lois sont disponibles sur le site établi par le Sénat du Gabon (http://www.senat-gabon.org), mais uniquement
celles adoptées en 1981-86 et 1998-99.
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traitements et avantages accordés aux membres du Gouvernement. Les lois ordinaires concernent, par
exemple, le budget, les droits de douane, l'investissement et la privatisation.

11. L'Article 116 de la Constitution prévoit que les pouvoirs exécutif et législatif ont l'initiative de
révision de la Constitution. Les propositions de lois constitutionnelles sont soumises à l'avis de la
Cour constitutionnelle. Elles sont acquises soit par voie de référendum soit par voie parlementaire.
Dans ce dernier cas, les deux chambres sont tenues d'adopter le projet de révision par une majorité de
deux tiers des suffrages exprimés, en présence d'au moins deux tiers des parlementaires.

12. Les projets de lois ordinaires sont délibérés en Conseil des ministres, après avis de la Cour
administrative, et déposés au bureau de l'une des deux chambres du Parlement; les projets de loi de
finances sont déposés devant l'Assemblée nationale et les projets de loi afférents aux collectivités
locales devant le Sénat. Les amendements relèvent surtout du Gouvernement car ceux des membres
du Parlement sont sous contrainte d'irrecevabilité lorsque leur adoption aurait pour conséquence une
diminution des recettes publiques ou l'aggravation d'une charge publique sans dégagement des
recettes correspondantes. Les moyens principaux de contrôle du législatif sur l'exécutif sont: les
interpellations, les questions, les commissions d'enquête et de contrôle, et la motion de censure
exercée par l'Assemblée nationale sous l'Article 64 de la Constitution.

13. Les projets de lois sont examinés successivement dans les deux chambres en vue d'obtenir
l'adoption d'un texte unique. Une loi organique doit être votée par la majorité des membres de chaque
Chambre, et une loi ordinaire doit l'être par la majorité simple des membres présents dans chaque
Chambre. La Constitution confère un statut égal au Sénat et à l'Assemblée nationale; chacun d'eux
doit donner son accord pour qu'une loi soit adoptée. Au cas où la lecture du projet dans chaque
chambre n'aboutit pas, le Premier Ministre peut convoquer une Commission mixte pour résoudre les
différends.

14. Le Gouvernement peut, en cas d'urgence, promulguer par "ordonnance" des mesures qui sont
normalement du domaine de la loi. Cette pratique nécessite une autorisation du Parlement et elle est
destinée à permettre à l'État de continuer à fonctionner entre les sessions parlementaires.10 Une
ordonnance doit être ratifiée par le Parlement au cours de sa prochaine session, en l'absence de quoi
elle est caduque. Le Parlement peut modifier une ordonnance par voie d'amendement (voir ci-dessus).
Une ordonnance peut être modifiée par ordonnance ou par loi.

iv) Le pouvoir judiciaire

15. L'Article 68 de la Constitution de 1991 déclare que "la justice est une autorité indépendante
du pouvoir législatif et du pouvoir exécutif". Les juges ne sont soumis, dans l’exercice de leurs
fonctions, qu’à l’autorité de la loi. La justice est rendue au nom du peuple gabonais par la Cour
constitutionnelle, la Cour de cassation, le Conseil d’État, la Cour des comptes, les Cours d’appel, les
tribunaux, la Haute cour de justice et les autres juridictions d’exception. Les magistrats sont nommés
par le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par le Président de la République.

16. La Cour de cassation est la plus haute juridiction en matière civile, commerciale, sociale et
pénale. Elle est divisée en chambres civile, commerciale, sociale et pénale. Chaque chambre délibère
séparément , selon son chef de compétence. La Cour de cassation peut siéger toutes chambres réunies
dans les conditions prévues par la loi. Les arrêts sont revêtus de l’autorité absolue de la chose jugée.

10
Par exemple, la Loi 14/99 autorisait le Président à légiférer par ordonnance pendant l'intersession
parlementaire.
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v) Concertation avec le public au sujet des politiques

17. Le Conseil économique et social a compétence, sous certaines réserves, sur tous les aspects de
développement économique, social ou culturel:

- l’orientation générale de l’économie du pays;

- la politique financière et budgétaire;

- la politique des matières premières;

- la politique sociale et culturelle; et

- la politique de l’environnement.

18. Le Conseil est chargé de donner son avis sur les questions à caractère économique, social ou
culturel portées à son examen par le Président de la République, le Gouvernement ou le Parlement.
Le Conseil est obligatoirement consulté sur toute disposition législative à caractère fiscal,
économique, social ou culturel, et peut être, au préalable, associé à leur élaboration. Sont membres du
Conseil économique et social: les représentants des syndicats, des associations ou groupements
socio-professionnels, élus par leurs associations ou groupements d’origine; les cadres supérieurs de
l’État dans le domaine économique et social; et les représentants des collectivités locales désignées
par leurs pairs.

19. Le Gabon n'a pas d'entité, proprement dite, chargée de donner son avis sur les questions de
politique commerciale ou d'évaluer les actions gouvernementales en la matière.

vi) Gestion des affaires publiques

20. Dans le domaine de la stabilisation macro-économique (chapitre I 2)), le Gabon a redoublé


d'efforts depuis la crise économique de 1998. Un effort considérable a été fourni au niveau de la
maîtrise des dépenses publiques. En ce qui concerne l'environnement micro-économique, le
Gouvernement a mis en place une charte sur l'investissement et compte compléter les fondements
réglementaires de l'activité économique privée (chapitre III 3)). Les autorités reconnaissent aussi
qu'il faut accélérer la réforme fondamentale des entreprises de l'État grâce à la privatisation
(chapitre I 2)). Les autorités gabonaises appuient ces efforts aux niveaux macro-économique et
micro-économique par une gérance plus efficace des affaires publiques.

21. La qualité de la gouvernance au Gabon est évaluée par le Programme des Nations Unies pour
le développement (PNUD) dans son Rapport national sur le développement humain d'après quatre
critères: État de droit et respect des droits de l'Homme; degré d'ouverture du système politique;
efficacité, responsabilité et transparence de l'Administration publique; et implication de la société
civile. Ce rapport fait état de difficultés en matière de gouvernance, notamment au sujet de
l'efficacité, de la responsabilité et de la transparence de l'Administration publique. Son commentaire à
ce sujet parle d'un "disfonctionnement, d'une gestion irrationnelle des ressources humaines, de
pratiques de népotisme et de manque de transparence", mais note "la volonté affirmée de l'État de
rationaliser le fonctionnement de l'administration publique".11

22. A cet égard, le Gouvernement du Gabon a mis en place une Commission interministérielle
chargée de la réforme administrative. Cette commission est assistée d’une structure, le Commissariat

11
PNUD (1999), p. 43.
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général à la réforme administrative, chargé de mener des études sur la réforme, d’élaborer des projets
de textes, lois et règlements sur la nouvelle la gestion administrative. La réforme a cinq volets:

- le volet "Structure" a pour but la restructuration et l’harmonisation des services


publics, et a aboutit à l'élaboration d'un projet de loi sur la restructuration de
l’Administration gabonaise;

- le volet "Ressources humaines" a pour objet de revoir tous les textes de gestion des
ressources humaines afin d'en élaborer des nouveaux;

- le volet "Finances publiques" traite spécialement de la masse salariale des agents de


l’État et un nouvel outil de gestion a été mis en place;

- le volet "Pratiques opérationnelles" a pour objet de mettre en place une Charte de la


Fonction publique qui va définir les emplois de chacun; et

- le volet "Décentralisation" a pour objet de rapprocher les services publics des


bénéficiaires.

23. De très nombreux faits attestent de l'existence d'un problème de corruption au Gabon. Le
Country Commercial Guide sur le Gabon publié par le Département du commerce des États-Unis
décrit le problème de la corruption au Gabon comme suit:

"Corruption is prevalent and is an obstacle for U.S. firms doing


business in Gabon. While Gabon has laws and regulations to combat
corruption and to seek greater transparency, they are not effectively
enforced. Gabon and other countries doing business in Gabon do not
always treat giving or accepting a bribe as a criminal act. Those
looking to do business in Gabon should seek professional assistance
in negotiating agreements, in the selection of partners, and in the
control of resources."

24. Il est clair que la corruption n'est pas un phénomène qui touche uniquement le Gabon.12
Toutefois, le fléau, outre ses dimensions morales, impose des coûts particulièrement élevés aux
populations de pays à faible revenu en raison de la compression de services sociaux, comme la santé
et l'éducation, vitaux pour le développement du capital humain. Un auteur observe "plus les
ressources sont rares – c'est le cas des pays en développement – , plus il est essentiel qu'elles soient en
priorité affectées aux vrais besoins économiques et sociaux de la population".13 Le Gabon n'a, pour
l'instant, aucun dispositif juridique en matière de lutte contre la corruption autre que le Code pénal
(Articles 141-148). Pour combattre plus efficacement le problème de la corruption, le Gouvernement
s'est donc engagé à élaborer un dispositif ciblé avant la fin de l'an 2000, et de le présenter au
Parlement en tant que projet de loi.14 Le Gabon s'est engagé à créer un organe administratif pour
l'application de ce dispositif qui serait indépendant du pouvoir exécutif.

12
Transparency International (2000), "2000 Corruption Perceptions Index (CPI)" [En ligne].
Disponible sur: http://www.transparency.de/ [11 novembre 2000].
13
Frisch (1999); Koulibaly (1999).
14
IMF Press Release n° 00/57.
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2) LA POLITIQUE COMMERCIALE ET SUR LES INVESTISSEMENTS

i) Grandes orientations

25. Le Ministère du commerce, du tourisme et du développement industriel (ci-dessous, Ministère


du commerce) est l'institution nationale chargée de la politique commerciale du Gabon (voir
ci-dessous). En 2000-01, cette politique s'inscrit dans un programme de libéralisation économique
visant à établir les fondements d'une économie diversifiée dans ses sources de revenu et d'emploi pour
l'après pétrole. A ce sujet, le Ministère du commerce déclare:

Le Gabon aujourd'hui s'inscrit résolument dans la mondialisation à


travers une libéralisation tous azimuts de son marché, une
déréglementation au pas de course et le démantèlement des
privilèges. Cette mutation ne signifie toutefois pas la disparition de
l'État. Il ne s'agit certes plus pour l'État de gérer, commercer,
entreprendre, mais de réguler. Un minimum d'encadrement critique
conjugué à la volonté de diversification de la structure du commerce
national constitue ainsi le fondement de la nouvelle politique
commerciale du Gabon. Pour y parvenir, la nouvelle politique
s'attache à la réalisation des objectifs suivants: fluidité, compétitivité
et productivité, diversité.15

26. Par un commerce fluide, le Ministère du commerce entend une libéralisation de l'activité
commerciale au maximum des contraintes réglementaires, administratives et pratiques superflues.
Aux mesures importantes prises au plan du commerce intérieur (chapitre III 3)) s'ajoutent les mesures
de libéralisation au plan du commerce extérieur (chapitre III 2)). Le Gabon a supprimé les marges
commerciales minimums sur les produits importés en 1989 et la plupart des restrictions quantitatives à
l'importation en 1994, processus qui s'est poursuivi en 1999 (les importations de sucre sont les seules
qui restent prohibées en l'an 2000). Depuis la réforme fiscalo-douanière de 1993, le processus de
libéralisation tarifaire est aussi bien avancé au sein de la CEMAC (voir ci-dessous).

27. Par compétitivité et productivité, le Ministère du commerce entend un ensemble d'entreprises


capables d'assumer le défi de l'intégration au niveau régional et mondial. Pour atteindre ce but, le
Ministère du commerce envisage "de faire accroître l'utilisation des facteurs de production locaux,
d'institutionnaliser et d'intensifier les programmes d'intégration et de coopération sud-sud en y faisant
pleinement participer les agents économiques autochtones, tant privés que publics, et en facilitant la
création de structures de production capables de répondre à l'évolution de la demande locale".16

28. Par un commerce diversifié, le Gabon entend diversifier: (a) les partenaires commerciaux;
(b) les produits exportés et importés; et (c) augmenter la participation des opérateurs nationaux dans
le commerce, dominé pour le moment par des opérateurs étrangers. Pour diversifier ses partenaires
commerciaux, le Gabon a mis en place une structure d'accords multilatéraux, régionaux et bilatéraux
(section 3)).

29. Pour diversifier ses exportations, le Gabon mise sur une stratégie de développement
industriel, en particulier les activités de transformation du bois, les activités connexes à la pêche, les
activités de transformation des ressources minières et énergétiques, et espère valoriser son potentiel de
tourisme. Le Gabon entend également augmenter la production agricole pour diminuer le poids
important de l'alimentaire dans les importations du pays.
15
Ministère du commerce, du tourisme et du développement industriel (2000), p. 8.
16
Ministère du commerce, du tourisme et du développement industriel (2000), p. 14.
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30. Pour atteindre les objectifs de cette stratégie de développement industriel, le Gabon espère
stimuler l'investissement. Une nouvelle Charte des investissements a pour but, selon son Article 2,
"de favoriser la croissance et la diversification de l'économie sur la base d'un développement
harmonieux du secteur privé et des investissements". Le régime s'applique sans distinction à tous les
investisseurs, d'origine étrangère aussi bien que gabonaise, et offre les principaux droits et garanties
disponibles sur le marché international de l'investissement. Toutefois, le nouveau régime ne
s'applique pas aux secteurs d'activité liés aux ressources naturelles, propriété de l'État, dont
l'exploitation et la transformation font l'objet de codes spécifiques (chapitre III 3)); ceux-ci attirent
actuellement la grande majorité des investissements privés au Gabon. Les codes prévoient des
conditions d'accès et des mesures d'incitations différentes de celles qui s'appliquent aux entreprises au
Gabon.

ii) Instruments

a) Aperçu général

31. Les accords et traités internationaux sont le sujet du Titre X de la Constitution de 1991, qui
déclare que ceux-ci sont négociés par l'exécutif et ratifiés après le vote d'une loi d'autorisation par le
Parlement et la vérification de leur constitutionnalité par la Cour constitutionnelle. L'Article 114
précise:

Les traités de paix, les traités de commerce, les traités relatifs à


l'organisation internationale, les traités qui engagent les finances de
l'État, ceux qui modifient les dispositions de nature législative, ceux
qui sont relatifs à l'état des personnes ne peuvent être approuvés et
ratifiés qu'en vertu d'une loi.

32. Au sein de l'exécutif, le rôle central en matière de la négociation des conventions


internationales au Gabon est assumé par le Ministère des affaires étrangères. En effet, le
Décret n° 774 du 25 août 1976, portant attribution et organisation du Ministère des affaires étrangères,
dans son article 2 alinéa 3, dispose que:

Toute négociation, tout contact avec l’extérieur doit être mené sous
les auspices du Ministère des affaires étrangères, dès lors qu’une
action engagée par les autres Ministères est susceptible d’aboutir à la
conclusion d’un arrangement ou d’entraîner des incidences sur la
politique extérieure de la République gabonaise.

33. Par conséquent, un effort de coordination et de collaboration est nécessaire entre les
Ministères concernés par la négociation et le Ministère des affaires étrangères, qui mène le jeu. En
matière de politique commerciale, il s'agit notamment du Ministère du commerce et, en matière de
l'investissement, il s'agit du Ministère de l'économie, des finances, du budget et de la privatisation.

b) Le commerce des marchandises

34. La politique du Gabon en matière de commerce des marchandises consiste essentiellement en


la mise en oeuvre des actes de l'Union douanière et économique de l'Afrique centrale (UDEAC), créée
par le Traité de Brazzaville en 1964, mais actuellement sous l'égide de la Communauté économique et
monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC), établie en 1998 par les membres de l'UDEAC (voir ci-
dessous). La CEMAC intègre l'acquis de l'UDEAC.
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35. Ces actes sont applicables immédiatement comme loi de l'État au Gabon et exécutoires de
plein droit. Il s'agit notamment du Code des douanes de l'UDEAC, adopté en 1965, et les textes
modificatifs subséquents, notamment le Tarif extérieur commun (TEC), le tarif préférentiel généralisé
(TPG)17, l'Acte sur la Taxe sur le chiffre d'affaires (TCA) et les droits d'accise18, ainsi que les Actes
modifiant les dispositions du Code sur l'évaluation en douane pour être mises en conformité avec
l'accord de l'OMC en la matière.19 Les produits importés sont par conséquent sujets, à la frontière du
Gabon, au prélèvement des droits de douanes (soit NPF, soit préférentiels), des droits d'accise, et de la
taxe sur la valeur ajoutée. Dans le cadre des engagements du Gabon au sein de l'UDEAC, les niveaux
de ceux-ci sont établis par le Code général des impôts directs et indirects, tel que modifié par la Loi
des finances, qui régit également la fiscalité des entreprises et des particuliers, et par conséquent les
exemptions ou réductions applicables aux produits importés.

36. La réglementation du commerce extérieur du Gabon est établie par le


Décret no 766/PR/MICOIN du 1er juin 1983, et les textes modificatifs subséquents. Les importations
et les exportations sont libres de restrictions quantitatives depuis 1994 (sauf quelques exceptions, dont
il ne reste en 2000 que le sucre).

c) Le commerce des services

37. La politique du Gabon en matière du commerce des services comprend deux niveaux: une
réglementation établie au niveau supra national, qui est le résultat de l'intégration régionale et sous
régionale; et une réglementation nationale, qui englobe tous les aspects qui ne sont pas compris dans
la réglementation supra nationale. Ces premiers sont applicables immédiatement comme loi de l'État
au Gabon et exécutoires de plein droit.

38. Le secteur des services bancaires est sujet à la Convention portant création d'une Commission
bancaire de l'Afrique centrale (COBAC), qui surveille la réglementation bancaire commune, qui fait
partie des actes de l'Union monétaire de l'Afrique centrale (UMAC), au sein de CEMAC. Le réseau
routier, les télécoms et le transport aérien sont des secteurs soumis aux engagements du Gabon au sein
de la CEMAC.

39. Le marché des assurances au Gabon est régit par le Code des assurances de la conférence
interafricaine des marchés d'assurance (CIMA), établi en 1992, qui regroupe le Bénin, le
Burkina Faso, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, la Côte d'Ivoire, le Gabon, le
Mali, le Tchad et le Togo.

40. Les transports maritimes dans le territoire de l'UDEAC sont soumis au Code de la marine
marchande. Les autres éléments de l'infrastructure des transports – par route, chemin de fer ou
aérien – sont soumis à des conventions et des actes au sein de l'UEAC, au sein de la CEMAC.
L'UEAC reconnaît que le développement et l'interconnexion des infrastructures est un élément clé de
la réalisation du marché commun. Il s'agit notamment du règlement portant adoption du réseau
routier intégrateur et prioritaire de la CEMAC, du règlement portant adoption du Code de l’aviation
civile de la CEMAC, et du règlement portant adoption de l’Accord relatif au Transport aérien entre les
États membres de la CEMAC.

41. Au niveau national, les activités dans de nombreux secteurs des services sont du ressort
d'entreprises publiques sous le contrôle partiel ou total de l'État. Il s'agit notamment des transports,
des postes et des télécommunications, de la santé publique et de l'éducation. La privatisation est

17
Acte no 7/93-UDEAC-556-SE1.
18
Acte no 1/92-UDEAC-556-SE1.
19
Actes no 2/98-UDEAC et no 4/98-UDEAC.
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toutefois au programme dans de nombreux cas; la Société nationale des transports par chemin de fer a
été privatisée, ainsi que l'Entreprise nationale des eaux et de l'électricité. Le secteur des postes et
télécommunications a été réorganisé en l'an 2000 afin de séparer les deux activités, et ouvrir les
télécommunications à la compétition.

42. L'Article 94 de la Constitution de 1991 déclare que la communication audiovisuelle et écrite


est libre en République gabonaise, sous réserve du respect de l'ordre public, de la liberté et de la
dignité des citoyens. Il est institué à cet effet un Conseil national de la communication chargé de
veiller: au respect de l'expression de la démocratie et de la liberté de la presse; à l'accès des citoyens
à une communication libre, au traitement équitable de tous les partis politiques reconnus en matière
d’accès aux médias; au respect des règles concernant les conditions de production, de programmation
et de diffusion des émissions relatives aux campagnes électorales. Le Conseil veille également au
respect des quotas des programmes gabonais diffusés sur les chaînes de radio et de télévision
publiques et privées.

43. Les activités dans d'autres secteurs des services sont du ressort des opérateurs privés, sujet
aux dispositions de la Charte sur les investissements (voir ci-dessous), le droit commercial, la
fiscalité, etc. (chapitre III 3)).

d) La protection de la propriété intellectuelle

44. Le Gabon est membre de l'Organisation africaine de la propriété intellectuelle (OAPI) crée
par l'Accord de Bangui (1977), qui a son siège à Yaoundé, au Cameroun.20 Sont également membres
de l'OAPI le Bénin, le Burkina Faso, le Cameroun, la République centrafricaine, le Congo, la
Côte d'Ivoire, la Guinée, la Guinée-Bissau, la Guinée équatoriale, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le
Sénégal, le Tchad et le Togo. Cet accord a remplacé l'Office africain et malgache de propriété
industrielle (OAMPI), qui avait été crée en 1962, pour prendre la relève, au moment de
l'indépendance, des institutions françaises en matière de propriété industrielle.

45. L'Accord de Bangui met en place un régime uniforme de protection de la propriété


industrielle. Cet accord est applicable comme loi de l'État au Gabon et exécutoire de plein droit.
L'accord de Bangui crée également un office commun car l'organisation tient lieu pour chacun des
États membres de service national de la propriété industrielle. L'Accord de Bangui assure également,
en raison d'une législation uniforme et d'un office commun, un système commun de procédures
administratives pour l'enregistrement de ces droits.

46. L'Accord de Bangui a été révisé le 25 février 1999 pour être mis en conformité avec l'accord
sur les ADPIC de l'OMC. Le Gabon a ratifié l'Accord de Bangui révisé en août 2000. L'entrée en
vigueur attend toutefois la ratification des deux-tiers des États membres, étape qui devrait être
franchie en 2001, car seulement trois ratifications manquaient en avril 2001 (chapitre III 3) iv)).

47. Dans le domaine du droit d’auteur et des droits voisins, le Gabon a mis en place un régime
national de protection en prenant successivement les mesures légales suivantes:

- la création de l’Agence nationale de protection artistique et culturelle (ANPAC) chargée


de la gestion collective en République gabonaise par la Loi 19/82/PR du 24 janvier 1983
et de la Loi 4/83 du 8 juillet 1983 qui la complète et la modifie;

- le Décret no 396/PR/MCAEP du 9 mars 1983 portant statut de l’ANPAC;

20
http://www.oapi.wipo.net/
WT/TPR/S/86 Examen des politiques commerciales
Page 26

- la Loi 1/87 du 29 juillet 1987 instituant le droit d’auteur et les droits voisins.

e) L'investissement

48. La Charte des investissements du Gabon, établie par la Loi 15/98, régit les conditions d'accès
aux investissements dans tous les secteurs d'activité, sauf ceux liés à l'exploitation et à la
transformation des ressources naturelles, objets de codes spécifiques (chapitre III 3)). Dans les
secteurs d'activité ne relevant pas des codes spécifiques, les promoteurs sont soumis à un régime de
simple déclaration de création d'activité auprès de l'Agence de promotion des investissements.

49. Les ressources pétrolières, le domaine minier et la forêt sont propriété d'État qui en
réglemente l'exploitation par le biais de la délivrance de permis d'exploitation aux sociétés agréées.
Le Gouvernement entend compléter le cadre réglementaire pour l'investissement par de nouveaux
codes régissant l'activité forestière et pétrolière, qui sont actuellement des projets législatifs soumis au
Parlement.

50. Les secteurs de l'économie gabonaise ouverts à l'investissement ont été élargis à la suite du
vaste programme de privatisations des entreprises publiques engagé depuis 1996 (chapitre I 2)). Ce
changement d'orientation - économique et politique - a eu pour conséquence un certain nombre de
réaménagements législatifs. Au plan législatif, la Loi 11/82 du 4 janvier 1983 portant sur le régime
juridique des établissements publics, des sociétés d'États, des sociétés d'économie mixte et des
sociétés à participations financières publiques, a été abrogée et remplacée par la Loi 1/96 du
13 février 1996 fixant les règles de privatisation des entreprises publiques. Le programme de
privatisation a été annoncé en 1996, et par la suite divers ajouts ont été faits dans les lois des finances
chaque année.

51. Certains éléments du droit des affaires au Gabon relèvent des activités de l'Organisation pour
l'harmonisation en Afrique du droit des affaires (OHADA), crée par le Traité relatif à l'harmonisation
du droit des affaires en Afrique, signé le 17 octobre 1993. L'OHADA regroupe les pays de l’Union
économique et monétaire Ouest Africaine (UEMOA) et de la Communauté économique et monétaire
de l’Afrique centrale (CEMAC). Ce Traité a pour principal objectif de remédier à l'insécurité
juridique et judiciaire existant dans les États parties, par l'adoption de textes juridiques communs,
dénommés les "actes uniformes" (chapitre III 3)).

iii) Organes du gouvernement central ayant des responsabilités dans les politiques liées à
l'OMC

a) Le commerce des marchandises

52. Le Ministère du commerce est l'institution nationale chargée de la politique commerciale du


Gabon.21 Le Ministère a la compétence d'élaborer les projets de politique gouvernementale dans
certains domaines, partage cette compétence avec d'autres ministères dans certains autres domaines, et
collabore dans les domaines qui sont du ressort d'autres ministères au sein du Conseil des ministres et
des conseils interministériels. Le Ministère du commerce collabore avec le Ministère des affaires
étrangères en ce qui concerne la négociation des accords et traités en matière de commerce, qui
peuvent également concerner d'autres ministères. Le Ministère a en charge le suivi des engagements
du Gabon à l'OMC.

21
Décret no 1574/PR/MICOCO portant attributions et organisation du Ministère du commerce et de la
consommation.
Gabon WT/TPR/S/86
Page 27

53. Le Gouvernement du Gabon, dans le cadre du suivi des accords de l’OMC, a mis en place un
Comité national de suivi.22 Ce Comité a pour mission:

- de mettre en place un système opérationnel de suivi permanent des Accords de l’OMC;

- d’analyser et d’évaluer l’impact desdits Accords sur les secteur de l’économie nationale;

- d’identifier les problèmes qui se posent au niveau de leur application sur le plan national
et international; et

- de proposer au Gouvernement les solutions appropriées en vue de définir et consolider


une position nationale concertée sur les différents domaines des Accords présentant un
intérêt particulier pour le Gabon.

54. Le Ministère du commerce "exerce sur les entreprises commerciales et industrielles les
pouvoirs d'agrément, de contrôle et d'intervention qui lui sont dévolus par les lois et règlements". La
Direction générale du commerce, au sein du Ministère du commerce, est chargé notamment des
activités suivantes:

- les demandes d'agrément pour l'exercice de la profession de commerçant;

- les autorisations d'importation ou d'exportation; et

- les licences à l'importation et à l'exportation.

La Direction générale de développement de l'industrie est chargée des normes techniques.

55. Les mesures antidumping, les mesures compensatoires et les mesures de sauvegarde sont du
ressort de la Commission nationale de la concurrence. Celle-ci est aussi chargée de la politique de la
concurrence au sein du Gabon.

56. Le Ministère de l'économie, des finances, du budget et de la privatisation joue un rôle


important dans les questions de politique commerciale. Le Ministère abrite la Direction générale des
douanes et droits indirects, dont une partie importante des activités est concernée par les engagements
du Gabon en matière tarifaire et non-tarifaire sous la CEMAC et à l'OMC. D'ailleurs, d'après le
Rapport d'activité pour 1999, il est à constater que les douanes sont avisées de ces engagements et ont
soumis une notification sur l'évaluation en douane au Comité de l'OMC chargé de ces questions. Le
Ministère abrite également la Direction générale des contributions directes et indirectes.

22
Le Comité national comprend les membres ci-après: le Ministère du commerce, du tourisme, du
développement industriel et de l’artisanat ; le Ministère de l’économie, des finances, du budget et de la
privatisation; le Ministère des affaires étrangères, de la coopération et de la francophonie; le Ministère de la
communication, de la poste et des technologies de l’information; le Ministère de la planification, de la
programmation du développement et de l’aménagement du territoire; le Ministère des mines, de l’énergie, du
pétrole et des ressources hydrauliques; le Ministère de la justice, Garde des Sceaux, Chargé des droits de
l’homme; le Ministère des transports et de la marine marchande; le Ministère de la culture, des arts de
l’éducation populaire, de la jeunesse et des sports, chargé de loisirs; le Ministère de l’agriculture, de l’élevage et
du développement rural; le Ministère des petites et moyennes entreprises, des petites et moyennes industries; le
Ministère de la santé publique et de la population; le Ministère des eaux et forêts, de la pêche, du reboisement,
chargé de l’environnement et de la protection de la nature; la Faculté de droits et de sciences économiques de
l’Université; la Chambre de commerce, le Syndicat des commerçants; la Confédération patronale gabonaise.
WT/TPR/S/86 Examen des politiques commerciales
Page 28

57. Le Ministère de l'agriculture, de l'élevage et du développement rural est l'institution principale


responsable de l'élaboration et de l'administration de la politique agricole. Elle détermine, en
collaboration avec le Ministère de l'économie, des finances, du budget et de la privatisation, la
politique relative aux produits agricoles. Celle-ci ne comprend pas les niveaux des droits de douane,
TVA et droits d'accise, qui sont fixés dans le cadre de l'UDEAC, mais s'étend aux impôts directs et
indirects et les mesures de soutien (y compris le développement rural). Il est aussi chargé des mesures
phytosanitaires et collabore avec le Ministère de la santé publique et de la population au sujet des
mesures sanitaires.

58. Le Ministère des eaux et forêts, de la pêche, du reboisement et chargé de l’environnement et


de la protection de la nature est l’autorité compétente en matière de pêche, habilitée à: délivrer les
certificats sanitaires aux sociétés de pêche agréées pour l’exportation des produits halieutiques;
donner l’avis technique en matière de contrôle sanitaire des produits de la pêche mis à l’exportation
vers l’Union Européenne; et contrôler la qualité sanitaire et marchande des produits de la pêche
importés au Gabon.

59. Les marchés publics sont du ressort de la Commission nationale des marchés.

b) Le commerce des services

60. Au sujet des services, les entreprises d'État continuent de jouer un rôle important dans
l'activité dans ce secteur, bien que faisant partie du programme de privatisation actuellement en cours.
Les entreprises d'État dominent les secteurs des transports, des postes et des télécommunications. En
revanche, l'activité dans le secteur de l'audiovisuel et de la presse écrite est réalisée par des entreprises
privées, toutefois réglementées et surveillées par le Conseil national de la communication.

61. L'activité dans le secteur bancaire est surtout réalisée par des entreprises privées. Au niveau
national, l'établissement des opérateurs dans le secteur des finances relève de la Direction des
institutions financières au sein du Ministère de l'économie, des finances, du budget et de la
privatisation, ainsi que le Conseil national du crédit.

62. La politique du tourisme est du ressort de la Direction générale du tourisme, au sein du


Ministère du commerce.

c) La protection de la propriété intellectuelle

63. La Direction générale de développement de l'industrie, au sein du Ministère du commerce,


assure la fonction de bureau de liaison pour les besoins de l'Accord de Bangui.

64. Les fonctions d'observation et de surveillance relatives aux activités qui pourraient donner
lieu à des infractions à cet accord sont accomplies par:

- une Brigade spécialisée en la matière au sein de la Direction générale de


développement de l'industrie;

- la Direction générale des douanes et droits indirects;

- l'administration judiciaire lorsqu'elle est saisie par le titulaire d'un droit pour atteinte
audit droit; et

- la Police économique lorsqu'elle est également saisie.


Gabon WT/TPR/S/86
Page 29

d) L'investissement

65. Le Ministère de l'économie, des finances, du budget et de la privatisation (ci-dessous


Ministère des finances) élabore la politique du Gabon au sujet de la privatisation et au sujet de
l'investissement. Le Ministère des finances collabore avec le Ministère des affaires étrangères en ce
qui concerne les accords et traités en matière de l'investissement.

66. La Charte sur les investissements (Loi 15/98) prévoit la création d’une Agence de promotion
des investissements (APIP) ayant pour mission:

- la diffusion de l’ensemble de l’information pertinente auprès des investisseurs


potentiels;

- la recherche, l’accueil, l’orientation et le conseil aux investisseurs; et

- la proposition et la surveillance des mesures et procédures de facilitation des relations


entre les entreprises et l’administration.

67. L'APIP est devenue opérationnelle en 2000 et est actuellement dans une phase de lancement
de ses activités. L'investisseur qui désire s'implanter au Gabon doit obtenir l'agrément du Ministère
du commerce conformément à l'Ordonnance no 10/89. L'APIP devra abritera le guichet unique dans
lequel les promoteurs accomplissent les formalités de création d’entreprises, prévu pour mi-2001.

68. Les investisseurs qui désirent s'implanter au Gabon pour exercer une activité liée à
l'exploitation ou à la transformation des ressources naturelles doivent obtenir l’agrément du Ministre
de tutelle sectorielle, qui est donné sur avis d’un comité décisionnel regroupant les administrations
concernées, chargées de l’instruction du dossier de projet soumis par l’investisseur, dans un délai
maximum de trente jours après le dépôt du dossier au guichet.

3) LES ACCORDS CADRES DE LA POLITIQUE COMMERCIALE

i) L'OMC

69. Le Gabon fait partie des Membres fondateurs de l'OMC; ses représentants ont signé l'Accord
de Marrakech le 15 avril 1994 sans réserve de ratification.23 Le Gabon était devenu partie
contractante du GATT de 1947 le 3 mai 1963.24 Le Gabon n'est pas membre de l'accord plurilatéral
sur le commerce des aéronefs civils, mais a le statut d'observateur dans le Comité de ce dernier
accord. Le Gabon n'est également pas membre de l'accord plurilatéral sur les marchés publics mais
les autorités gabonaises ont l'intention de demander le statut d'observateur dans son Comité.

70. Au cours du Cycle d'Uruguay, le Gabon a consolidé l'ensemble des lignes tarifaires dans sa
Liste de concessions XLVII annexée au GATT de 1994. Le niveau plafond est de 60% pour les droits
sur les produits agricoles, et de 15% pour les droits sur les produits non agricoles, sauf les exceptions
notées dans la liste, consolidées à 60%; environ 40% des taux appliqués sont en-dessus des niveaux
consolidés (chapitre III 1) iii)). Le Gabon a noté la présence d'autres droits et exceptions à un niveau
de 150% dans la colonne 6 de la Liste de concessions XLVII. Depuis l'entrée en fonction de l'OMC,

23
L'instrument de ratification de l'accord OMC a été approuvé le 14 août 2000 par le Président Bongo.
24
Au moment de l'établissement du GATT de 1947, le Gabon faisait partie de l'Afrique équatoriale
française, territoire au sujet duquel la France avait une exemption à la clause de la nation-la-plus-favorisée sous
l'Annexe B de l'accord. Le Gabon a adhéré au GATT de 1947 en 1963 au titre du paragraphe 5 c) de
l'Article XXVI, mais n'a pas reconnu les concessions de la Section B de la liste XI de la France (BISD 12S/75).
WT/TPR/S/86 Examen des politiques commerciales
Page 30

le Gabon a communiqué les niveaux de droits d'accise et de la TVA au Comité de l'accès aux
marchés, qui les a examinés. La Liste du Gabon n'a pas été modifiée par la mise en œuvre du
SH 1996.

71. Dans le domaine des engagements non tarifaires au sujet des produits agricoles, le Gabon n'a
pris aucun engagement dans sa Liste de concessions XLVII. L'engagement qui s'applique donc au
Gabon dans le domaine du soutien interne – défini à l'Article 7:2 b) de l'Accord sur l'agriculture –
consiste à ne pas accorder de soutien interne qui excède le niveau de minimis de 10% de la valeur de
la production.

72. Le Gouvernement du Gabon a informé le Secrétariat de l'OMC de sa volonté de se prévaloir


des dispositions spéciales relatives au traitement spécial et différencié en faveur des pays en
développement. Concernant l'Accord sur la mise en œuvre de l'Article VII du GATT de 1994 (Code
de l'évaluation en douane), le Gouvernement s'est décidé à:

- différer jusqu'en 2000 l'application des dispositions de l'Accord25;

- différer l'application de l'Article premier, paragraphe 2 b) iii) jusqu'en 200326;

- se réserver le droit de décider que la disposition de l'Article 4 de cet accord ne


s'appliquera que si les autorités douanières accèdent à la demande d'inversion de
l'ordre d'application des Articles 5 et 627; et

- se réserver le droit de décider que les dispositions de l'Article 5, paragraphe 2, de


l'Accord seront appliquées conformément à celles de la note y relative, que
l'importateur le demande ou non.28

73. Concernant l'Accord sur les procédures de licences d'importation, le Gouvernement s'est
décidé à différer l'application des dispositions des alinéas a) ii) et a) iii) pour une période qui
n'excédera pas deux ans.29

74. La Liste d'engagements spécifiques du Gabon au titre de l'AGCS (GATS/SC/34) énonce les
engagements contractés durant le Cycle d'Uruguay. Les secteurs qui sont sujets aux engagements du
Gabon sont les services financiers, les services d'hôtellerie et de restauration, et certain services
fournis aux entreprises. Le Gabon offre notamment l'accès ouvert et non discriminatoire aux banques
qui veulent s'établir dans le pays, sous réserve de l'agrément du Ministère des finances, de la BEAC et
de la COBAC, ainsi que l'accès ouvert et non discriminatoire aux fournisseurs des services
d'assurance et relatifs à l'assurance vie. Le Gabon n'a pas participé aux négociations relatives aux
services de télécommunication de base et relatives aux services financiers, qui se sont conclues en
1997.

75. Selon la Liste du Gabon annexée à l'AGCS, la fourniture de services au moyen d'une présence
commerciale (mode 3) demande l'agrément préalable des ministères concernés dans une procédure qui
est discrétionnaire; les limites indiquées dans la Liste sont plus restrictives que le régime

25
Paragraphe 1 de l'Article 20 de l'Accord. Paragraphe 1, Annexe III, précise qu'un délai
supplémentaire peut être demandé par un pays en développement pour assurer la mise en application, ce qui n'a
pas été fait par le Gabon.
26
Paragraphe 2 de l'Article 20 de l'Accord.
27
Paragraphe 3, Annexe III, de l'Accord.
28
Paragraphe 4, Annexe III, de l'Accord.
29
Note 5 de bas de page qui accompagne paragraphe 2 de l'Article 2.
Gabon WT/TPR/S/86
Page 31

actuellement applicable aux investisseurs étrangers (chapitre III 3) ii)). Le Gabon n'a pas consolidé la
fourniture de services par la présence de personnes physiques (mode 4), conformément à la pratique
des autres Membres de l'OMC, avec l'exception de l'entrée et le séjour temporaire pour les catégories
de directeurs, cadres supérieurs et spécialistes ayant des connaissances essentielles à la fourniture du
service, employées par une société et transférées dans une société créée au Gabon.

76. La Liste finale d'exemptions de l'Article II (NPF) de l'AGCS (GATS/EL/34) concerne le


transport maritime, notamment tout accord bilatéral, plurilatéral et multilatéral qui a été conclu ou le
serait par le Gabon qui échange les droits de cabotage côtier sur base de réciprocité. La liste concerne
également les mesures existantes et futures adoptées en vue de la mise en oeuvre des dispositions
pertinentes de la Convention des Nations Unies relative à un Code de conduite, ou tout autre accord,
qui attribue à la compagnie nationale d'acconage et de transit une part minimum dans le transport de
cargos entre deux points, ainsi que toute mesure relative au développement de services maritimes
auxiliaires et de services portuaires au Gabon.

77. Le Gabon se prévaut des dispositions transitoires prévues par l'Article 65 de l'Accord sur les
ADPIC (qui s'applique aux pays en développement et aux pays en transition), afin de pouvoir reporter
à l'an 2000 l'application complète de l'Accord (sauf pour les Articles 3, 4 et 5). Le Conseil des
ADPIC n'a pas encore été notifié des normes relatives aux droits de propriété intellectuelle et les
moyens de les faire respecter. A cet égard, le Gabon a ratifié l'Accord de Bangui révisé en 1999, qui
attend, pour sa mise en œuvre définitive, les ratifications d'encore cinq des 15 pays membres
(chapitre III 3) iii)).

78. Depuis l'entrée en fonctions de l'OMC, le Gabon a participé aux activités de l'organisation.
Le pays a été notamment l'hôte de la réunion des Ministres africains du commerce, tenue les
13-15 novembre 2000, à Libreville. Le petit nombre de documents du Gabon disponibles à l'OMC
(tableau II.1) relèvent les lacunes qui existent à ce sujet, avec l'exception de la notification du régime
en la matière pour l'évaluation en douane30, et la base de données intégrée. Le Gabon a aussi connu
des difficultés à répondre aux demandes de renseignements de certains Membres de l'OMC dans le
cadre du réexamen des exemptions des obligations énoncées à l'Article II de l'AGCS.31

79. Le Gabon est actuellement éligible à une participation aux stages de politique commerciale à
l'OMC. Au sujet de l'assistance technique, depuis l'entrée en fonction de l'OMC, le Gabon a bénéficié
des activités suivantes:

- séminaires au niveau sous-régional en 1996, 1997, 1998 et 199932;

- au Gabon, une mission technique en 1999 au sujet de l'évaluation en douanes, et un


séminaire OMC-Banque Mondiale-CEMAC sur les Accords OMC; et

- en l'an 2000, l'établissement d'un Centre de références au mois de mars au Ministère


du commerce, un séminaire sous-régional pour les pays francophones au sujet du
commerce et de l'environnement au mois de juillet, et une série d'activités en
préparation de la réunion des Ministres africains du commerce à Libreville.

30
G/L/223/Rev.4.
31
Communication du Japon (S/W/140/Add.2) et communication de Hong Kong, Chine (S/W/150).
32
WT/COMTD/W/14, WT/COMTD/W/21 et WT/COMTD/W/36.
WT/TPR/S/86 Examen des politiques commerciales
Page 32

Tableau II.1
Choix de documents OMC pertinents au Gabon, 1995 à avril 2001
Accord Document de l'OMC Contenu

Accords multilatéraux sur le commerce des marchandises


GATT de 1994 Liste XLVII - Gabon du 15 avril 1994 Concessions tarifaires
Accord sur l'application de l'article VII du GATT de 1994
Article 6 G/VAL/W/38 Demande de dérogation sur les valeurs
a
minimales
Article 22:2 G/VAL/N/1/GAB/1 du 15 octobre 1999 Réglementation de l'UDEAC sur
l'évaluation en douane
Clause d'habilitation
b Communauté économique et monétaire
WT/COMTD/N/13
de l'Afrique centrale (CEMAC)
WT/COMTD/24 Texte du Traité CEMAC
Accord général sur le commerce des services
GATS/SC/34 du 15 avril 1994 Liste d'engagements spécifiques
concernant les services
GATS/EL/34 du 15 avril 1994 Liste d'exemptions de l'article II (NPF)
Accord de Marrakech instituant l'Organisation mondiale du commerce
Article IX:3 c Demande de prorogation de la Quatrième
G/L/108 du 9 septembre 1996
Convention ACP-CE de Lomé
Decision du 14 octobre 1996 sur la WT/L/235 du 10 octobre 1997 Rapport des parties
prorogation de la Quatrième Convention
d
ACP-CE de Lomé jusqu'au 29 février 2000
WT/L/286 du 10 octobre 1997 Rapport des parties
WT/L/235 du 19 novembre 1998 Rapport des parties
WT/L/325 et Add.1 du 22 octobre 1999 Rapport des parties
Article IX:3 c
G/C/W/187 du 2 mars 2000 , G/C/W/187/Add.1 Demande de dérogation du nouvel accord
c de partenariat ACP-CE
du 17 mars 2000 , G/C/W/187/Add.2 du
c
14 avril 2000

a Décision du 12 novembre 1999 du comité sur l'évaluation en douane (G/VAL/14).


b Cameroun, République centrafricaine, Congo, Gabon, Guinée équatoriale et Tchad.
c CE et les parties ACP.
d WT/L/186.

Source: Secrétariat de l'OMC.

ii) Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC)33

80. Le Gabon et ses pays voisins ont une longue histoire commune d'intégration régionale, qui a
débuté formellement après les indépendances avec la création de l'Union douanière et économique de
l'Afrique centrale (UDEAC), par le Traité de Brazzaville en 1964. Le processus d'intégration
économique au sein de cette Union a été relancé au début des années 90, période marquée également
par la dévaluation du franc CFA, et complété par le traité instituant la CEMAC. Celui-ci a été signé le
16 mars 1994 par les représentants du Cameroun, de la République centrafricaine, du Congo, du
Gabon, de la Guinée équatoriale et du Tchad; il est à ce jour ratifié par le Cameroun, le Gabon, la
Guinée équatoriale et le Tchad. Tout autre État africain peut en devenir membre en sollicitant son
adhésion aux membres de la CEMAC. La CEMAC a démarré ses activités le 1er janvier 1998.

81. La CEMAC est basée sur deux unions et soutenue par deux institutions, chacune sujette à une
convention séparée:

33
Le site de la CEMAC est http://www.socatel.intnet.cf/accueil1.htm.
Gabon WT/TPR/S/86
Page 33

- l'Union économique de l'Afrique centrale (l'Union économique or UEAC);

- l'Union monétaire de l'Afrique centrale (l'Union monétaire or UMAC);

- le Parlement communautaire; et

- la Cour de justice communautaire.

82. Dans les domaines économique et monétaire, "les États membres entendent passer d'une
situation de coopération, qui existe déjà entre eux, à une situation d'union, susceptible de parachever
le processus d'intégration économique et monétaire".34 Les unions économique et monétaire ont fait
l'objet de conventions séparées et sont en place; les textes régissant l'union économique ont étés
notifiés à l'OMC.35 Une Convention régit également la Cour de justice communautaire, dont les juges
ont été nommés en 2000.36 La Convention sur le Parlement communautaire complétera l'édifice
institutionnel de la CEMAC.

83. L'Union économique représente une évolution importante de l'UDEAC; le 5 février 1998, les
Chefs d'État ont proclamé la fin de l'UDEAC et la naissance de la CEMAC.37 L'UDEAC avait pour
objectif une politique commerciale extérieure et la libre circulation des marchandises au sein du
marché commun. Cet objectif avait été relancé par la réforme fiscalo-douanière de 1993, qui avait
notamment aboutit à un Tarif extérieur commun (TEC), un Tarif préférentiel généralisé (TPG) et à un
accord sur la taxe sur le chiffre d'affaires et les droits d'accise (chapitre III 1)). Le Secrétariat de
l'UDEAC, qui siège à Bangui, en République centrafricaine, a assumé les fonctions de Secrétariat
pour la CEMAC.

84. L'Union économique entend réaliser les objectifs suivants:

- "renforcer la compétitivité des activités économiques et financières en harmonisant


les règles qui régissent leur fonctionnement;

- assurer la convergence vers des performances soutenables par la coordination des


politiques économiques et la mise en cohérence des politiques budgétaires nationales
avec la politique monétaire commune;

- créer un marché commun fondé sur la libre circulation des biens, des services, des
capitaux et des personnes; et

- instituer une coordination des politiques sectorielles nationales, mettre en oeuvre des
actions communes et adopter des politiques communes, notamment dans les
domaines suivants: l'agriculture, l'élevage, la pêche, l'industrie, le commerce, le
tourisme, les transports, les télécommunications, l'énergie, l'environnement, la
recherche, l'enseignement et la formation professionnelle."

85. Le Traité prévoit trois étapes pour réaliser ces objectifs. Au cours de la première étape, d'une
durée de cinq ans – jusqu'en 2002 – l'Union économique aura comme objectif de préparer le terrain
pour la mise en oeuvre de la libre circulation des biens, des services, des capitaux et des personnes
physiques, prévue pour la deuxième étape, dont la durée est de cinq ans. Pour la troisième étape, qui

34
Article premier du Traité instituant la CEMAC.
35
WT/COMTD/N/13 et WT/COMTD/24.
36
Acte additionnel no 01/2000/CEMAC/CJ/CE.
37
Décision no 6/98-UDEAC-CEMAC-CE-33.
WT/TPR/S/86 Examen des politiques commerciales
Page 34

débute en 2008, les membres de la CEMAC ont l'intention de s'accorder sur des politiques sectorielles
communes.

86. L'Union monétaire concrétise au sein de la nouvelle structure qu'est la CEMAC, la politique
en la matière qui existe entre les pays en question depuis leur indépendance, ainsi que les liens avec la
France, tels que modifiés par des événements ultérieurs.38 En 1959, le Cameroun, la République
centrafricaine, le Congo, le Gabon et le Tchad avaient créé la Banque centrale des États de l'Afrique
équatoriale et du Cameroun (BCEAC), qui avait pour mission de gérer l'émission du franc CFA.
Suite aux nouveaux accords de coopération monétaire passés avec la France en 1972, celle-ci avait été
remplacée par la Banque des États de l'Afrique centrale (BEAC). La BEAC a son siège à Yaoundé,
au Cameroun, et accomplit les fonctions de banque centrale pour tous les États membres de l'UMAC.
Le secteur des services financiers est sujet à la réglementation communautaire et soumis à la
surveillance de la Commission bancaire de l'Afrique centrale (COBAC).

87. Les actes récents des membres de la CEMAC démontrent une préparation de leurs unions
économiques et monétaires à plusieurs niveaux. Premièrement, les membres de la CEMAC se sont
penchés sur l'approfondissement des quatre libertés au sein du marché commun:

- au sujet de la libre circulation des marchandises, déjà entamée au sein de l'UDEAC,


les membres se sont accordés sur le principe de relancer le processus d'harmonisation
de la TVA et des droits d'accise39;

- au sujet de la libre circulation des personnes physiques, les membres se sont accordés
sur le traitement national des étudiants des pays membres, sur l'agrément des experts
comptables et des conseils fiscaux40;

- au sujet de la libre circulation des capitaux, la Charte sur les investissements a été
adoptée41; et

- au sujet de la libre circulation des services, les membres veulent faire avancer les
possibilités d'interconnexion de l'infrastructure sous-jacente au marché commun, avec
des accords notamment sur le réseau routier, les télécoms et le transport aérien.42

88. Ce type d'accords économise les ressources vouées à la modernisation de l'infrastructure,


qu'elles soient de provenance de fonds d'investissement étrangers ou des bailleurs de fonds. Les

38
Voir http://www.izf.net/izf/Institutions/Institutions/Zone/Historique.htm.
39
Directive n° 1/99-CEMAC-028-CM-03 portant Harmonisation des législations des États membres en
matière de Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) et du Droit d’accise.
40
Règlement n° 9/99/UEAC-019-CM-02 relatif au traitement national à accorder aux étudiants
ressortissant des pays membres de la Communauté; Décision n° 22/99/UEAC-10-C-CM-02 portant agrément
des Professionnels libéraux de la comptabilité; Décision n° 23/99/UEAC-010-D-CM-02 portant agrément des
Conseils fiscaux.
41
Règlement n° 17/99/CEMAC-020-CM-03 relatif à la Charte des investissements de la CEMAC.
42
Règlement no 7/00/CEMAC-062-CM-04 adoptant l’Accord intergouvernemental portant création du
Centre sous-régional de Maintenance des télécommunications des pays d’Afrique centrale, Membres de la
Communauté économique des États de l'Afrique centrale (CEEAC); Règlement no 9/00/CEMAC-067-CM-04
portant adoption du réseau routier intégrateur et prioritaire de la CEMAC; Règlement no 10/00-CEMAC-066-
CM-04 portant adoption du Code de l’aviation civile de la CEMAC; Règlement n ° 6/99/CEMAC-003-CM-02
portant adoption de l’Accord relatif au transport aérien entre les États membres de la CEMAC.
Gabon WT/TPR/S/86
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membres se sont accordés sur la réglementation pour s'assurer des conditions de concurrence sur le
marché commun.43

89. Le deuxième niveau de préparation est la coordination des politiques macro-économiques,


support de l'union monétaire.44 La surveillance multilatérale est le mécanisme retenu par les membres
pour arriver à cette fin, dont l'inspiration est la préparation de l'union monétaire par l'Union
Européenne. L'installation des moyens techniques nécessaires est prévue pour l'an 2001.

iii) L'Accord de partenariat ACP-UE

90. Le Gabon fait partie des pays d'Afrique, des Caraïbes et du Pacifique (ACP), avec lesquels
l'UE a conclu l'Accord de partenariat. Cet accord est entré en vigueur le 1er mars 2000 et a été signé le
23 juin 2000 à Cotonou, au Bénin.45 Il remplace la Convention de Lomé, en place depuis 1975, dont
la quatrième prolongation est arrivée à expiration fin février 2000. Des 71 pays ACP, 55 sont
Membres de l'OMC et 40 sont des pays moins avancés (PMA).

91. Les dispositions commerciales sont l'un des mécanismes de coopération entre les pays de
l'ACP et de l'UE. Cette dernière admet en régime de franchise les produits industriels et les produits
agricoles transformés originaires de 70 pays ACP sur la base de la non-réciprocité (l'Accord sur le
commerce, le développement et la coopération s'applique à l'Afrique du Sud). Les protocoles sur le
rhum46 et les bananes47 de la quatrième Convention de Lomé sont suspendus, mais les protocoles 3
et 4 sur le sucre, et le bœuf et le veau, respectivement sont toujours en vigueur. Le Gabon ne figure
pas parmi les pays de l'ACP bénéficiaires des protocoles actuellement en vigueur.48

92. Aucune décision n'a été prise par les Membres de l'OMC au sujet de la demande des parties
de l'ACP et de l'UE pour une dérogation aux obligations de l'UE au titre de l'Article I:1 du GATT
de 1994 (qui concerne le traitement NPF). Cette demande concerne la période allant du 1er mars 2000
au 31 décembre 2007, date à laquelle de nouveaux arrangements commerciaux compatibles avec les
règles de l'OMC doivent être conclus.49 L'UE s'est engagée à accorder l'accès en franchise de droits
d'ici à 2005 au plus tard à "pratiquement tous les produits provenant de tous les PMA".50 Pour les
pays de l'ACP qui ne sont pas des PMA, parmi lesquels se trouve le Gabon, l'UE prévoit trois options:
la conclusion d'un accord de partenariat sur une base bilatérale; la conclusion d'un accord de

43
Règlement no 1/99/UEAC-CM-639 portant Réglementation des pratiques commerciales
anticoncurrentielles.
44
Directive no 01/00/UEAC-064-CM-04 relative à la mise en place de la surveillance multilatérale des
politiques macro-économiques au sein des États membres de la CEMAC; Décision no 1/00/UEAC-064-CM-04
relative à la détermination du calendrier de la mise en place de la surveillance multilatérale des politiques
macro-économiques au sein des États membres de la CEMAC.
45
Communiqué de presse de la Commission européenne, IP/00/640.
46
Le rhum produit par les pays de l'ACP est admis en franchise à compter du 1er janvier 2000 et le
rhum de grande qualité, à compter de 2003, en vertu de l'accord conclu avec les États-Unis sur les boissons
spiritueuses (JO L 155, 1997).
47
Les préférences dont bénéficient les bananes résultent de l'Article 1 de l'Annexe V de l'Accord de
partenariat dans le cadre de la nouvelle organisation commune du marché des bananes de la Communauté
(Règlement du Conseil no 404/93 tel que modifié) qui doit remplacer le régime ayant fait l'objet des procédures
de règlement des différends de l'OMC.
48
Parmi les autres membres de la CEMAC, il est à signaler que le Cameroun était bénéficiaire du
protocole sur les bananes, et le Congo reste bénéficiaire du protocole sur le sucre.
49
G/C/W/187. La dérogation accordée par l'OMC (WT/L/186), qui prorogeait la dérogation au titre de
l'article I (NPF) du GATT pour la quatrième Convention de Lomé entre les pays de l'ACP et de la CEE
(document du GATT L/7694), a pris fin le 29 février 2000.
50
Article 37, G/C/W/187/Add.1.
WT/TPR/S/86 Examen des politiques commerciales
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partenariat économique régional (ARPA) entre l'UE et un groupe régional (par exemple, la CEMAC);
ou l'intégration au Système généralisé de préférences (SGP) de l'UE.

93. Selon une analyse conjointe de l'option SGP pour les 31 pays de l'ACP qui ne sont pas des
PMA, effectuée par des experts de l'UE et des pays de l'ACP, le SGP constitue un cadre
considérablement différent pour les relations commerciales, car les préférences ne sont pas
contractuelles.51 L'analyse a aussi permis de constater qu'un accès aux marchés "globalement
équivalent" dans le cadre du SGP ne s'appliquerait qu'à neuf des 31 pays de l'ACP n'étant pas des
PMA, surtout parce que l'accès préférentiel prévu en vertu des protocoles de la Convention de Lomé
sur les marchandises, dont ceux sur le sucre, et le bœuf et le veau, avaient été reconduits dans l'Accord
de partenariat. Le Gabon figure parmi les pays de l'ACP pour lesquels l'accès aux marchés est
"globalement équivalent" dans le cadre du SGP.

94. La conclusion d'un accord bilatéral ou un ARPA aura, comme élément majeur, la disparition
des préférences commerciales non réciproques en faveur des pays de l'ACP. En effet, tout accord
prévoit qu'au terme de la transition – l'année 2020 au plus tard – le pays concerné de l'ACP aura
éliminé ses droits de douanes sur les importations en provenance de l'UE, accordant ainsi un accès
préférentiel aux produits de l'UE. Par conséquent, les recettes fiscales seront en baisse et la
concurrence sera plus forte sur les marchés domestiques des pays de l'ACP concernés par de tels
accords. En revanche, les consommateurs bénéficieront de la baisse des prix et de l'effet stimulateur
sur les entreprises nationales. Des études économiques précises sont toutefois nécessaires pour
évaluer l'impact précis sur chacune des économies des pays de l'ACP.

iv) Les accords bilatéraux

a) Commercial

95. Le Gabon a conclu au fil des années de nombreux accords bilatéraux commerciaux et de
coopération économique. Parmi ceux-ci, il importe de signaler l'accord conclu en 1983 avec la
France, premier partenaire commercial du Gabon. D'autres accords sont en cours de négociation.

b) Investissement

96. Le Gabon est membre de l'Agence multilatérale pour l'investissement (MIGA) et du Centre
international pour le règlement des différends relatifs aux investissements (CIRDI) depuis 1994. Le
Gabon est également partie des accords bilatéraux suivants:

- avec les États-Unis, l'Accord de promotion et de protection réciproques des


investissement, conclu en 1987 et renouvelé en 2000;

- avec l'Allemagne, le Traité relatif à l’encouragement et à la protection mutuelle des


investissements et des capitaux, conclu en 1989;

- avec l'Espagne, l'Accord portant sur la promotion et la protection des investissements,


conclu en 1995 et renouvelé en 2000;

- avec la Roumanie, l'Accord sur l’encouragement, la promotion et la garantie des


investissements, conclu en 1979 et ratifié en 2000;

51
CE/TFN/GCEC3/29-EN, ACP/00/177/99 [En ligne], que l'on peut consulter à l'adresse suivante:
http://europa.int.eu/comm/dg08/event/gsp_en.pdf [14 juin 1999].
Gabon WT/TPR/S/86
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- avec l'Egypte, l'Accord concernant la promotion et la protection des investissements,


conclu en 1997 et ratifié en 2000; et

- avec le Maroc, la Convention relative à la protection, à l’encouragement et à la


garantie des investissements, conclu en 1979 et en cours de ratification.

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