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Beji Caïd Essebsi a-t-il sauvé la Tunisie ?

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Introduction

E n Tunisie, il n’existait pas de débats électoraux. Depuis l’in-


dépendance, la Tunisie a connu seulement deux présidents,
Habib Bourguiba, qui conserva le pouvoir pendant 31 ans, et
Zine El Abidine Ben Ali, qui lui succéda en 1987. Dans la Tuni-
sie de Ben Ali, l’opposition était soit éliminée soit cooptée par le
pouvoir. Lorsqu’il fut déchu du pouvoir en janvier 2011, 45%
de la population n’avait connu que Ben Ali a la tête du pays1. Il
a influencé le paysage politique et la société pendant près d’un
quart de siècle.

Suite à l’auto-immolation d’un jeune vendeur de fruits et lé-


gumes, Mohamed Bouazizi à Sidi-Bouzid le 17 décembre 2010,
une révolution spontanée a été déclenchée et a changé la donne
politique. Grâce aux nouvelles technologies et aux médias so-
ciaux, les manifestants ont pu diffuser des vidéos et des témoi-
gnages des protestations anti-Ben Ali, pacifiques dans un premier
temps, ensuite plus violentes, qui se sont répandues à travers tout
le pays. Le mouvement de protestation initié par la Tunisie, étin-
celle du printemps arabe désormais historique, s’est propagé ra-
pidement à travers l’Afrique du Nord et le Moyen-Orient.

Les élections de l’Assemblée Nationale Constituante du 23 oc-


tobre 2011 ont permis aux tunisiens, pour la première fois depuis
l’indépendance, d’élire leurs dirigeants politiques dans le cadre
d’un processus électorale transparent et démocratique.
1 Rapport final, « Les élections de l’Assemblée constituante en Tunisie du 23 oc-
tobre 2011 », p. 02.

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Il s’agissait pour les 7.5 millions d’électeurs potentiels tunisiens2 droits de l’homme. Le CPR est interdit en 2002 et ses cadres
d’élire parmi 1517 listes dont 655 listes indépendantes, 828 listes étaient contraints à l’exil.
de partis et 34 alliances et 11686 candidats3, les membres de l’As- • Le Parti démocratique progressiste (PDP)6 : fondé en 2001 ce
semblée Nationale Constituante. L’idée de la création d’une as- parti d’opposition légale sous le régime de Ben Ali est dirigé par
semblée constituante n’est pas nouvelle en Tunisie. Les Tunisiens Ahmed Najib Chebbi. Il se situe au centre gauche et est le seul
ont déjà élu une assemblée constituante en 1956, cinq jours après parti dont le secrétaire générale est une femme’ ( il n’existe plus
la proclamation de l’indépendance du pays. Dans cette logique aujourdui ) wfa 2012.
ainsi que dans le but de la construction de la deuxième Répu-
blique, ces élections confirment la volonté de vraie rupture avec • Le Front démocratique pour le Travail et les Libertés (FDTL/
le passé dictatorial. L’ANC a été chargée de rédiger la nouvelle ETTAKATOL)7: Fondé en 1994 et légalisé en 2001 ; d’orienta-
constitution de la République Tunisienne et de nommer un nou- tions social-démocrate et membre de l’international socialiste ; il
veau gouvernement de transition qui assurera la conduite des est présidé par Mostapha Ben Jafaar ancien secrétaire général de
affaires courantes. En 2011 le paysage des partis politique se pré- la ligue tunisienne des droits de l’homme.
sente comme suit : • Le Pôle démocratique moderniste (PDM)8: créé en 2011, il ras-
semble des partis dont l’ancien parti communiste ; Ettajdid ; parti
• Le parti Ennahdha4: principale formation islamiste, le mou-
d’opposition légale sous Ben Ali, des indépendants et des acteurs
vement Ennahda est l’héritier du mouvement de la tendance isla-
de la société civile. Son secrétaire général : Ahmed Ibrahim était
mique ; fondé en 1981 par Rached Ghannouchi et Abdelfatteh
le candidat a la présidentiel en 2009 et il a participé aux premiers
Mourou. Aux élections législatives de 1989; le mouvement est
gouvernements de transition de Mohammed Ghannouchi.
crédité de 13% des voix, chiffre contesté par le parti ; qui
accusa alors une fraude électorale. Au début des années 1990 ; le • Parti communiste des ouvriers tunisiens (PCOT)9: Formation
mouvement fait l’objet d’une intense répression et la majeure par- politique d’extrême gauche fondée en 1986 interdite sous Ben
tie de sa direction politique s’exile en France et au Royaume Uni. Ali Hamma Hamami en est le secrétaire général.
• Le Congrès pour la république (CPR)5 : fondé en 2001 il est • Mouvement des patriotes démocrates (EL Watad)10: de ten-
présidé par Moncef Marzouki ; professeur à la faculté de mé- dance marxiste et panarabe ; el watad ; interdit sous Ben Ali ;
decine de Sousse et ancien président de la ligue tunisienne des appartient à la gauche radicale. Dirigé par Chokri Belaid Le
mouvement a fusionné avec le parti du travail patriotique et dé-
2 L’institut national de statistique tunisien, « Les estimations les nombres d’habi-
tants pour le 1er juillet 2011 ».
mocratique en avril 2011.
3 Rapport final, « Election de l’Assemblée Nationale constituante du 23 octobre
2011 », p. 5. 6 Ibid, p. 13
4 Mission d’observation de la Francophonie, « Élection de l’Assemblée nationale 7 Ibid, p. 13.
constituante du 23 octobre 2011 en Tunisie, p. 13. 8 Ibid, p. 13.
5 Mission d’observation de la Francophonie, « Élection de l’Assemblée nationale 9 Ibid, p. 13.
constituante du 23 octobre 2011 en Tunisie », p. 13. 10 Ibid, p. 13.

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• D’autres mouvements11se sont constitués autour d’hommes sièges restants sur la base de classement hiérarchique jusqu’à leur
d’affaires ou de technocrates ; tels l’union patriotique libre de épuisement. En pratique, chaque circonscription reçoit un quota
l’homme d’affaire Slim Riahi ; Al Aritha Al Chaabia mouvement de quatre à dix sièges en fonction de sa population, soit un pour
pour la pétition populaire pour la liberté la justice et le déve- 60.000 tunisiens. En Tunisie, le nombre de sièges mis au vote
loppement de Hachemi El Hamdi ; propriétaire d’une chaîne s’élevait à 199 tandis que 18 sièges ont été réservés pour la com-
de télévision diffusant à partir du Royaume Uniou Afek tou- munauté tunisienne à l’étranger14.
nés- horizons- de Yacine Ibrahim. Des personnalités issues de
L’avantage de cette méthode c’est qu’elle permet aux petits partis
l’ancien régime ont également crée des partis politiques ou des
et aux candidats indépendants d’obtenir des sièges ce qui donne
mouvements indépendants tels-que al Moubadara-L’INITIA-
plus de diversité politique dans l’Assemblée, mais ce qui, dans
TIVE-Autour de Kamel Morjane ; ancien ministre de la défense
le même temps, empêche l’hégémonie d’un seul parti politique
puis des affaires étrangères de Ben Ali.
ou d’une seule tendance politique15. Tout cela a permis de mieux
L’organisation des élections devrait être réglementée par un cadre représenter l’ensemble du peuple tunisien.
juridique précis, structuré de manière à être sans équivoque,
Les résultats officiels des élections ont été annoncés le 14 no-
compréhensible, transparent et comporter tous les éléments re-
vembre 2011 par le président de l’ISIE. Le taux global de partici-
quis pour garantir la tenue d’élection démocratiques.
pation au scrutin a été de 54 ,1%, sur la base de 4, 055,647 votants,
L’élection de l’Assemblée Nationale Constituante est réglemen- parmi les 7 ,569 millions électeurs potentiels16. Ces nombres ont
tée par le décret-loi n°2011-35 du 10 mai 201112. L’article 3213du montré un taux d’abstention élevé tandis que la moitié des Tuni-
décret stipule : « le scrutin a lieu sur les listes en un seul tour. siens inscrits sur les listes électorales n’a pas participé à l’élection.
Les sièges sont repartis au niveau de chaque circonscription sur Ces listes électorales ne représentent que la moitié du corps élec-
la base de la représentation proportionnelle au plus fort reste». toral potentiel. En réalité, seulement 25% des électeurs ont voté.
C’est un mode de scrutin de liste à un seul tour, proportionnel
Le parti islamique Ennahda a été le grand vainqueur de ces élec-
avec le plus fort reste où les sièges à pourvoir pour chaque cir-
tions avec 89 sur 217 sièges ce qui représente 41,47% de sièges
conscription sont répartis entre les listes selon le nombre de voix
dans l’Assemblée Nationale Constituante. Le Congrès pour la
qu’elles ont recueilli. Selon ce mode très complexe, l’attribu-
République a obtenu la deuxième place avec 29 sièges, Pétition
tion des sièges se fait selon un quotient électoral qui représente
populaire pour la liberté, la justice et le développement – 26
le nombre de voix à obtenir pour avoir un siège. La méthode
de représentation proportionnelle au plus fort reste attribue les 14 Découpage électoral : 217 sièges et 33 circonscriptions, mise en ligne le 22
novembre 2013, URL : http://www.leaders.com.tn/article/decoupage-electo-
11 Ibid, p. 13. ral-217-sieges-et-33-circonscriptions?id=6042, 22/11/2013
12 Décret-loi n°2011-35 du mai 2011 relatif à l’élection d’une Assemblée nationale 15 Steven (M), Michel (C.), “What Tunisia did right?” The legatum institute Forei-
constituante, in, Journal Officiel de la République tunisienne n°33 du 10 mai 2011, gn Policy Online, 3 November 2012, p. 17.
p. 651. 16 Arrêté du 13/11/2011 proclamation des résultats définitifs des élections de
13 JORT, n° 33, pp. 647-656. l’Assemblée national constituante.

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sièges, Ettakatol – 20 sièges, Parti démocrates progressiste-16 née18; ce principe implique nécessairement que tous les systèmes
sièges, Pôle démocratique Moderniste- 5 sièges, Parti l’initia- de RP s’appliquent à des circonscriptions plurinominales.
tive-5 sièges, Afek tounes- 4 sièges, Al badil thawri-3 sièges, M. Hammadi Rdissi, le spécialiste de l’islam politique disait
Mouvement des démocrates socialistes -2 sièges, Mouvement du «Ennahdha a obtenu environ 1,5 million de voix, soit en réali-
peuple- 2 sièges, Mouvement des patriotes démocrates-1 siège, té 37,9 % des suffrages exprimés. Mais ce parti a bénéficié de
Voix libre-1 siège, Union patriotique libre-1 siège, Parti du deux avantages déterminants : la mobilisation de ses militants
néo-destour -1 siège, le Parti de la nation ; culturel et unioniste-1 et le mode de scrutin de représentation proportionnelle au plus
siège, Parti de la lutte progressiste- 1 siège-Parti de l’équité et fort reste, il a profité aussi de la faiblesse des autres partis qui ont
de l’égalité -1 siège, Parti démocrate-social de la nation-1 siège, été incapables d’avoir ne serait-ce qu’un quotient électoral, ce
Parti libéral maghrébin-1 siège ,Fidélité aux martyrs-1 siège, qui fait que quelque 1,3 million de voix se sont évaporées dans la
Liste l’espoir -1 siège, L’indépendant-1 sièges, Parti de la lutte nature, leurs partis n’ayant pas obtenu de sièges»19
sociale-1 siège, Liste pour le front national tunisien-1 siège, Liste
de la justice-1 siège-Liste de la fidélité-1 siège17. Les partisans du mouvement Ennahda estimaient au contraire,
que ce mode de scrutin a minimisé au maximum ses sièges gagnés
Les premières élections démocratiques tunisiennes se sont donc lors des élections de 2011. C’est dans ce cadre des élections du 23
traduites par la victoire d’Ennahda, le parti islamiste. Jusqu’à ce octobre que s’impose le sujet de notre recherche
moment-là, Ennahda était considérée comme victime principale,
« Le scrutin du 23 octobre 2011 : hypothèses et projections ».
persécutée par le régime autoritaire de Ben Ali. De ce fait, nous
pouvons donc nous demander pourquoi ce parti a gagné ces Étudier les résultats des premières élections après le 14 janvier et
élections malgré la longue tradition de laïcité et la modernité de faire des projections des différents modes de scrutins est d’une
la Tunisie. importance à la fois théorique et pratique :

Certains ont considéré que cette victoire est due, en grande par- Théoriquement, cela nous permettra de rappeler le débat entre
tie, au mode de scrutin proportionnel qui vise à répartir les sièges le scrutin majoritaire et le scrutin proportionnel. Les défenseurs
en fonction du nombre de voix exprimées, dans l’espoir que les de la représentation proportionnelle défendent généralement la
assemblées et les gouvernements refléteront correctement les justice de ce système électoral, qui permet une représentation
préférences de l’électorat. Les systèmes de RP sont actuellement plus ou moins exacte en sièges du poids en voix d’un parti ou
ceux qui sont les plus souvent utilisés dans les démocraties occi- d’une coalition politique20. Face à cet argument de bon sens, les
dentales, Selon le principe de la RP, chaque parti se voit attribuer partisans des scrutins majoritaires insistent souvent sur la néces-
un certain nombre de sièges au Parlement selon le nombre de 18 Thomas (T), Mackie Rose (R), the International Almanac of Electoral History,
voix qu’il a recueillies dans une circonscription électorale don- Londres, Macmillan, 1991, p. 503.
19 Interview réalisé par le courrier de l’Atlas avec Ms Hamadi Rdissi, dans son
numéro 54 du lundi 5 décembre 2011.
20 Diamantopoulos (TH), Les systèmes électoraux aux présidentielles et aux légis-
17 Ibid. latives, Éditions de l›Université de Bruxelles, 2004, pp. 103-102.

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sité d’accorder au régime politique une stabilité indispensable à 1919, date de l’instauration d’un système proportionnel, au 13
sa continuité. Cela les amène dès lors à affirmer que le mode de décembre 2007, date à laquelle l’Union démocratique du centre
scrutin influence directement l’électorat, notamment via le prin- est passée dans l’opposition. La représentation proportionnelle
cipe du « vote utile ». En avantageant les grands partis lors de la n’est donc pas synonyme d’instabilité ministérielle ni même
répartition des sièges et en permettant, en principe, au parti ayant de morcellement du paysage politique. Il en va de même pour
rassemblé le plus de voix d’obtenir une majorité absolue de repré- les scrutins majoritaires, qui ne garantissent pas forcément une
sentants, les scrutins majoritaires aboutissent à la formation d’un forte polarisation politique et une bonne stabilité ministérielle24.
gouvernement unicolore logiquement plus stable qu’un gouver- C’était même tout à fait l’inverse en France sous la Troisième
nement de coalition²³. Pour les défenseurs des scrutins majori- République. Dans un cas de figure comme dans l’autre, les mo-
taires, le système politique idéal serait un système bipartisan, des de scrutin produisent en réalité des effets qui dépendent lar-
avec une alternance politique possible uniquement entre deux gement de la nature du système politique dans le pays au sein
grands partis, l’un ou l’autre disposant d’une majorité absolue de duquel ils sont utilisés. Au-delà des problèmes de justice de la
représentants au parlement. Les pays anglo-saxons, et tout par- représentation électorale et des préoccupations liées à la stabilité
ticulièrement les États-Unis, ont plus ou moins réalisé cet idéal. gouvernementale, on constate souvent que les défenseurs de la
Au contraire, pour les partisans de la représentation proportion- représentation proportionnelle d’une part, des scrutins majori-
nelle, un bon système politique est un système au sein duquel taires d’autre part, ont deux conceptions bien différentes de la
les sièges au parlemen, mais aussi le pouvoir, sont partagés, en vie politique25. Les scrutins majoritaires correspondent en effet à
encourageant la formation de gouvernements de coalition. L’Al- des logiques d’affrontement tandis que les scrutins proportion-
lemagne et les pays scandinaves21sont sans aucun doute les meil- nels sont plus tournés vers la coopération. Dans n’importe quel
leurs exemples de ce type de système, avec en plus une tendance système politique démocratique, les phénomènes d’affronte-
à la bipolarisation22des forces politiques permettant une véritable ment et de coopération sont présents, mais on constate que dans
alternance gouvernementale23.Dans d’autres pays, le principe de la grande majorité des cas, le mode de scrutin amplifie l’un ou
la coopération a été poussé à son paroxysme, comme la Suisse de l’autre de ces phénomènes. C’est donc aussi l’influence du mode
21 Exception faite de la Finlande, où le Parti du centre, les conservateurs, et les de scrutin sur le système politique qui va déterminer les contours
sociaux - démocrates sont de force comparable. Après chaque élection, deux de ces du débat tournant autour de cette question dans une démocratie
trois partis s’allient, en fonction du contexte, pour former le gouvernement. Par
exemple, à l’issue des élections législatives finlandaises de 2007, le Parti du centre représentative donnée.
a rompu son alliance avec les sociaux-démocrates dont les résultats étaient alors
en baisse pour s’allier aux conservateurs qui avaient réalisé une importante percée. D’un point de vue pratique, aucun mode de scrutin n’est par-
Des alliances entre sociaux - démocrates et conservateurs, sans les centristes, ont fait, et aucun ne peut convenir à toutes les sociétés. Chaque pays
aussi existé par le passé.
22 Hrbek (R.), « Le système électoral en République fédérale d’Allemagne », Re- conçoit son modèle en fonction de ses réalités, de sa culture, de
vue française d’études constitutionnelles et politiques, Janvier 1985, pp. 67 -82. 24 Portelli (H), « La proportionnelle et les partis. Etude de cas », Revue française
23 Même si, comme en Allemagne après les élections fédérales de 2005, l›irruption d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, p. 83.
d›une nouvelle force politique au parlement peut entraîner la formation de grandes 25 Martin (P), Les systèmes électoraux et les modes de scrutin, Montchrestien, coll.
coalitions, qui annulent au moins partiellement la logique « majorité/opposition. « Clefs / politique », 2006, p. 133.

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ses aspirations démocratiques, de ses besoins, de la répartition de Première partie : le modèle contrasté
la population sur son territoire. Il n’est donc pas possible d’im-
planter dans une société un mode de scrutin créé pour un autre
contexte ; par contre, dans une démocratie il est tout à fait nor-
mal de se questionner sur les effets positifs et négatifs de l’instru-
ment qui permet à la population d’exercer son choix. Lorsque le
mode de scrutin utilisé ne répond pas, ou ne répond plus, aux at-
tentes démocratiques d’une société, il s’avère pertinent et même
essentiel de revendiquer sa modification ou son remplacement,
L e mode de scrutin proportionnelle est né au XIXe siècle avec
l’apparition des partis politiques. Il semble que l’inventeur
de la représentation proportionnelle soit Victor Considerant
en fonction du bilan qui en a été fait26.
dans un ouvrage paru en 189227. Les premiers systèmes, pour
D’ailleurs, la pratique actuelle reflète l’importance de cette le mettre en place, ont d’abord été proposés par des mathémati-
question, du fait que nous sommes en train de préparer les pro- ciens et portent souvent le nom de leurs auteurs. La Belgique fut
chaines élections, et que le parlement a gardé dans la loi électo- la première à adopter le scrutin proportionnel pour ses députés
rale, le même mode de scrutin adopté lors des élections du 23 en 1899 (méthode d’Hondt élaborée par Victor D’Hondt)28.
octobre 2011, tout en justifiant la non stabilité par la transition
Les différents modes de scrutin proportionnels ont tous pour
démocratique, et que la représentation proportionnelle attribuée
objectif d’aboutir à une certaine proportionnalité entre les sièges
au plus fort reste est loin d’être la cause, au contraire c’est un
obtenus et les suffrages recueillis par un même parti. D’ailleurs
mode garant de la multiplicité
Joseph Barthelemy, un de ses défenseurs la définit comme le sys-
A la lumière de ces remarques, on pourrait formuler la problé- tème électoral qui, au lieu de réserver toute la représentation à la
matique de notre recherche comme suit : minorité plus un des électeurs, s’efforce d’assurer à chaque parti
une représentation en rapport avec sa force numérique29.
Quelle aurait été la physionomie de l’Assemblée Nationale
Constituante si on n’avait pas appliqué la représentation pro- De plus, certains principes généraux peuvent être utilisés pour
portionnelle attribuée aux plus forts restes ? guider la conception du système électoral, aussi bien que le pro-
cessus du choix lui-même. Parmi les plus importants, on retrouve
Ceci nous permet d’étudier cette problématique à travers deux les suivants :
parties :

D’abord, analyser les résultats en fonction du modèle contrasté


(partie I). Ensuite, en fonction du modèle mixte (partie II).
27 Ger Maurice (Duver), L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique,
Paris, Armand colin, 1950, p.12.
26 Touhami (H), « Le mode de scrutin un choix déterminant pour l’avenir du 28 Ibid, p. 13.
pays », Leaders, n° 11053, 19 mars 2013, p. 23. 29 Turpin (D), Droit constitutionnel, PUF, Paris, 1997, p.242.

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• La représentation : La tâche principale d’un système électo- tème électoral issu du processus est aussi inclusif que possible, le
ral est de traduire des voix en sièges, de transformer la volonté processus et le système pourront tous deux en bénéficier : leur
exprimée des électeurs en personnes qui les représenteront. Il légitimité sera accrue, les gens se les approprieront davantage et
existe plusieurs points de vue sur ce que peut bien être la juste re- les parties intéressées seront en mesure de faire des suggestions
présentation – représentation géographique, représentation des- et de participer au processus visant à trouver le système le plus
criptive, idéologique ou par parti politique; mais indépendam- approprié pour la société en cause32.
ment de la position adoptée par un pays, le principe demeure :
Faut-il ici souligner que la représentation proportionnelle est
la représentation est un élément de premier plan pour guider la
souvent d’application dans les grandes circonscriptions où il y
conception du système électoral le plus approprié30.
a plusieurs sièges à pourvoir. Autrement-dit le parti où le re-
• La transparence : Il est important que les mécanismes du sys- groupement politique présente une liste dans laquelle sont repris
tème électoral soient aussi transparents que possible et qu’ils les noms de ses candidats. Il faut retenir que la représentation
soient connus bien à l’avance, aussi bien des électeurs que des proportionnelle n’est pas soumise à une seule et même règle,
candidats et partis politiques, afin d’éviter la confusio n et la mé- comme cela peut être le cas avec les modes de scrutin majori-
fiance vis-à-vis des résultats qu’ils produisent aux élections. Qui taire. Il existe différentes méthodes de calcul, qui, en fonction de
plus est, le processus ayant conduit au choix du système électoral la taille des circonscriptions électorales et du niveau du seuil légal
pourra tirer bénéfice de la transparence, pour les mêmes raisons. d’accès à la répartition des sièges, permettent une répartition des
Si les arguments et l’influence des intervenants sur le processus sièges avantageant soit les grands partis, soit les petits partis, et
de révision, de réforme ou d’adoption sont présentés de manière parfois même les partis moyens33.
ouverte, le processus et le système électoral qui en découle sont
Comme le scrutin du 23 octobre a eu lieu sur la base de la re-
susceptibles d’être vus comme étant légitimes31.
présentation proportionnelle rapprochée attribuée au plus fort
• L’inclusivité : Le système électoral aura plus de chance d’être reste, il s’agit dans cette première partie de faire une projection
accepté comme juste et légitime si on estime qu’il est inclusif. contrastée de ce scrutin tout en revisitant le modèle proportion-
Ceci ne signifie pas seulement d’avoir une loi électorale qui nel, d’abord dans sa version intégrale (chapitre1) ensuite dans sa
permet au plus grand nombre possible de citoyens de voter (y version toujours rapprochée mais en modifiant le mode de calcul
compris le suffrage inclusif, c’est-à-dire s’assurer que le système attribué aux plus fortes moyennes (chapitre2)
est facile à comprendre et que tous ont accès aux bureaux de
vote) ; il faut également que les mécanismes du système électoral
n’exercent pas une discrimination indue contre un groupe de la
société, qu’il s’agisse d’une minorité ou autre. En outre, si le sys-
32 Ger Maurice (D), op.cit, p.44.
30 Ger Maurice (Duver), op.cit.p.42. 33 Diamantopoulos (TH), Les systèmes électoraux aux présidentielles et aux légis-
31 Ibid, p. 43. latives, Éditions de l›Université de Bruxelles, 2004, p.64

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Chapitre I :
La représentation proportionnelle intégrale

L es scrutins proportionnels sont organisés différemment des


scrutins majoritaires : au sein d’une seule circonscription
électorale seront élus plusieurs représentants. Le principe est de
refléter dans chaque circonscription les opinions émises par les
électeurs lors du vote de façon proportionnelle entre les voix ré-
coltées et les élus34. Certains pays pratiquent la «proportionnelle
intégrale» en n’utilisant qu’une seule circonscription électorale
pour l’intégralité de leur territoire35.

Partielle ou intégrale, le but de la proportionnelle réside avant


tout dans le fait de ne pas exclure de toute représentation par-
lementaire les forces politiques en marge des deux grands pôles
politiques36. Son objectif fondamental est de réduire l’écart entre
la part du vote national que reçoit un parti et sa part de sièges au
Parlement ; un parti important ou un petit parti devant obtenir
à peu près un nombre de sièges proche du pourcentage de voix
obtenues dans le pays.

Comme dans la situation de la représentation rapprochée qui


est la technique la plus répandue et qui consiste à répartir les
sièges dans le cadre de chaque circonscription d’abord entre les
listes, puis entre les candidats de celles-ci selon leur position sur

34 Saripoulos (N), La démocratie et l’élection proportionnelle, Paris, Arthur Rous-


seau, 1899, p. 32.
35 La Chapelle (G), Les régimes électoraux, Paris, Armand Colin, 1953.p.11.
36 Ibid, p. 12.

18 19
la liste, la répartition des sièges selon la représentation intégrale Soit comme suit :
se réalise aussi en deux étapes : d’abord le pays divisé en circons-
Suffrages exprimés : 4.055.647.5
criptions élit au niveau de chacune d’elles la plus grande partie
de ses députés au quotient37. Celui-ci n’est cependant pas calculé Nombre de sièges à pourvoir : 217
pour chaque circonscription, il est fixé d’avance par la loi d’après
le nombre vraisemblable des suffrages exprimés dans les pays et Quotient : 4.055.647.5 / 217= 18689,62
appliqué uniformément dans toutes les circonscriptions. C’est Ensuite, dans une seconde étape, les suffrages non utilisés d’une
pour cette raison que ce quotient est appelé nombre uniforme.38 même formation et les restes des listes similaires de différentes
Dans un système de représentation proportionnelle, la formule circonscriptions sont additionnés. Il sera alors attribué à chaque
utilisée pour calculer la répartition des sièges peut avoir un effet liste considérée dans l’ensemble du territoire et non seulement
sur les résultats de l’élection. On utilise en général soit la mé- au niveau d’une circonscription autant de sièges que son total de
thode de la «plus forte moyenne » ou celle du « plus fort reste»39. restes inutilisés contient de fois le nombre uniforme42.
Cependant, du point de vue des résultats globaux, il est encore La projection intégrale que nous menons est à double figure :
plus important de tenir compte de deux autres facteurs : la limite une première en répartition selon le plus fort reste (section1) et
géographique des circonscriptions et le seuil établi pour la repré- une deuxième selon les plus fortes moyennes. (section2)
sentation40.

A partir de ces principes, on a réalisé une simulation des résultats Section 1 : la représentation intégrale attribuée aux plus forts
qu’on aurait pu avoir lors des élections du 23 octobre 2011 en cas restes
de recours au scrutin proportionnel intégral.
Lorsqu’on utilise ce procédé, la première étape consiste à établir
Dans une première étape on a calculé le quotient qui est le ré- le nombre de voix que chaque parti doit obtenir pour remporter
sultat des suffrages exprimés devisés par le nombre de sièges à un siège. Les voix recueillies par chaque parti sont alors divisées
pourvoir41 par le quotient électoral que nous avons calculé précédemment43.
La façon la plus simple d’établir un quotient électoral le «quo-
tient de Hare» est de diviser les suffrages exprimés par le nombre
37 Yves (M), Marc (S), « Conception de la représentation et représentation propor- de sièges à pourvoir comme nous avons fait44. Il existe trois autres
tionnelle », Revue française d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier
1985, p.5. options. Dans le cas du «quotient de Hagenbash-Bischoff», les
38 Bertrand (P), Droit constitutionnel : théorie générale, Ve République, Studyra-
ma, 2004, p. 495. 42 Bon (F), « Rétro simulations proportionnalistes », Revue française d’études
39 Martin (P), op, cit, p.15. constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, p.161.
40 Yves (M), Marc (S), op.cit., p.10. 43 Owen (B), « Aux origines de l’idée proportionnaliste », Revue française d’études
41Conseil de l’Europe, « Systèmes électoraux et modes de scrutin au niveau local, constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, pp. 15-30.
communes et régions d’Europe », pp. 49-50. 44 Union interparlementaire, « étude comparative mondiale ». Genève, 1993, p. 15.

20 21
suffrages exprimés sont divisés par le nombre de sièges à pour- Quant aux bénéficiaires des listes indépendantes : Sawt al mos-
voir, plus un. Dans le cas du «quotient de Droop», les suffrages takbal avec 3 sièges, Al Mostakel avec 2 sièges, Pour un front
exprimés sont divisés par le nombre de sièges, plus un, et le quo- national tunisien avec 2 sièges, Al Amal avec 2 sièges, Al Wafa
tient est majoré de un45. Dans le cas du «quotient de Imperiali», avec 2 sièges, Lutte sociale avec 2 sièges, Equité avec 2 sièges, El
utilisé en Italie, les suffrages exprimés sont divisés par le nombre wafa aux martyres avec 2 sièges, et la liste de coalition ; le pôle
de sièges, plus deux46. Nous menons ici la projection la plus démocratique moderniste avec 8 sièges.
simple celle attribuée au quotient de Hare.
En contrepartie, le mouvement Ennahda perd 7 sièges ; le CPR
Après avoir calculé le quotient, on compare le nombre de voix perd 8 sièges, Ettakatol perd 3 sièges, le PDP perd 6 sièges et la
non utilisées par chacune des listes en présence, les sièges restants liste indépendante la pétition populaire pour la liberté la justice
à pourvoir sont alors répartis par ordre décroissant un par un et le développement perd 9 sièges.
aux listes ayant le plus grand nombre de suffrages disponibles.47
Ce qui nous donne une nouvelle physionomie de l’assemblée49 .
Il a été constaté suite à la simulation , ce qui suit :
48

Les bénéficiaires de cette méthode parmi les listes partisanes Graphique 1 : La physionomie de l’assemblée selon la representation
sont : l’initiative qui obtient 9 sièges, Afek Tounes avec 6 sièges, integrale attribuée aux plus forts restes
Albadil ethawri avec 5 sièges, le mouvement populaire avec 3 al
aqb ale
sièges, le mouvement des démocrates socialistes avec 3 sièges, La pétition populaire pour la liberté, la M ust oci
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le parti libéral Magrébin avec 2 sièges, le parti de l’Equité et justice et le développement Saw L’Initi ocr
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de l’Egalité avec 2 sièges, le parti de la lutte progressiste avec 2 Pôle démocratique moderniste ion ur
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sièges, le parti du néo-destour avec 2 sièges, le parti de la nation e
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unioniste avec 2 sièges, l’union patriotique libre avec 4 sièges, le v pulair
mou vement po rébin
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mouvement des patriotes démocrates avec 3 sièges. parti li
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PDP

45 Bon (F), « Faire Représentation : La théorie des proportionnelles », Revue fran- Al A


Ennahdha Po mal
çaise d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, p.152. Partuirdun fron national
e la lut T
46 CAREY (J), Does it matter how a consitiution is created? Zoltan Barany and
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Robert G.Moser,eds Is Democracy Exportable?, New York, Palgrave Macmillan, Par te s l’équ
Ettakattol ti d ocia ité e
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47 URL, http://perspective.usherbrooke.ca/bilan/vaillancourtProportionnelle/ cul
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48 Une application du scrutin proportionnel intégral selon la méthode du plus fort W me etha tu
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reste sur un fichier Excel nous a donné le tableau de l’annexe 1. 49 Graphique 1. xm ém te
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Cette technique qui a eu quelques succès au début du siècle est de votes à atteindre pour qu’une liste soit prise en considéra-
rarement utilisée à l’heure actuelle, elle aboutit à faire la distinc- tion52.
tion entre deux types de députés : ceux qui sont élus au niveau de
On peut diminuer la probabilité d’apparition de ces défauts à
la circonscription et ceux qui sont désignés à l’échelon national.
l’aide d’une astuce due à Eduard Hagenbach-Bischoff (1833-
Par ailleurs le nombre uniforme étant fixé avant le déroulement
1910), scientifique suisse qui proposa de calculer le « quotient
des élections, il est impossible de connaître d’avance le nombre
électoral » en divisant le nombre total de votes valides par le
des futurs députés, celui - ci dépend du taux de participation
nombre de sièges à pourvoir augmenté de 1. La différence par
des électeurs et peut être l’objet de variations appréciables d’une
rapport à la méthode de Hare est très faible, mais suffit à répar-
élection à l’autre, c’est ce que tend à démontrer l’examen de l’ex-
tir les partis du premier coup, n’en laissant qu’un à attribuer au
périence électorale de la république de Weimar où un tel système
parti présentant le reste de division le plus élevé.Il existe d’autres
était utilisé. Le Reichstag (chambre basse) élu en 1928 compre-
variantes de quotients électoraux de Droop et de Imperiali ain-
nait 492 députés, celui de 1930 issu d’une élection à fort taux de
si que des méthodes dites « de la plus forte moyenne »53. Mais
participation comprenait 577 députés50.
qu’en est-il pour la deuxième possibilité ?
Par ailleurs, ce scrutin peut être associé à des modalités dont la
finalité est d’éviter la dispersion des forces politiques et de dé-
Section 2 : la représentation intégrale attribuée aux plus fortes
courager les petits partis ; la loi électorale peut, à titre d’exemple,
moyennes
décider qu’une formation politique ne se verrait jamais attribuer
un nombre de sièges supérieur à celui qu’elle a déjà recueilli dans Passons à la deuxième simulation, celle du scrutin proportion-
les circonscriptions51. nel intégral selon la méthode des plus fortes moyennes. Après
avoir réparti les premiers sièges selon la règle du quotient comme
La méthode de Hare souffre d’un défaut appelé paradoxe de
précédemment expliqué, le principe est d’attribuer un siège sup-
l’Alabama : le fait d’augmenter de 1 le nombre de sièges peut
plémentaire fictivement à chacune des listes, on divise ensuite le
dans certains cas faire diminuer de 1 le nombre alloué à l’un des
nombre de voix recueillies par le nombre ainsi obtenu, cette opé-
partis, ce qui est illogique. De plus, la méthode de Hare avantage
ration donne une moyenne54: La liste qui a la plus forte moyenne
les petits partis qui pourraient gagner leur seul élu au plus fort
obtient le premier siège, on procède de la même façon pour l’en-
reste. Les grands partis pourraient même être tentés de déposer
semble des sièges à pourvoir.
plusieurs listes apparentées pour gagner des sièges, c’est pour-
quoi les législations introduisent souvent un quorum ou « seuil
de représentativité » sous la forme d’un pourcentage minimum 52 BOGDANOR (V), BUTLER (D), Democracy and Elections, Electoral sys-
tems and their political consequences, New-York, University Press Cambridge,
1983.p.09.
50 Martin (P), op, cit, p. 131. 53 Ibid, p. 10.
51 Ger (D), (dir), L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique, Paris, 54 DUVERGER (M), L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique, Paris,
Armand Colin, 1950. p.56. Armand colin, 1950, p. 180.

24 25
Par
On constate suite à la simulation55, que Les bénéficiaires de cette Graphique 2 : La physionomie

ti d
e la
méthode parmi les liste partisanes sont : L’initiative qui obtient 9 de l’assemblée selon la représentation

nat
sièges, Afek Tounes avec 6 sièges, Al-badil ethawri avec 5 sièges,

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intégrale attribuée aux plus fortes moyennes

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Quant aux bénéficiaires des listes indépendantes : Sawt al mos- mouvement populaire
mouvement des patriotes démocrates
takbal avec 2 sièges, Al Mostakel avec 2 sièges, Pour un Front
Pôle démocratique moderniste
National Tunisien avec 2 sièges , Al Amal avec 2 sièges, Al Wafa
union patriotique libre
avec 2 sièges, la Lutte sociale avec 2 sièges, Equité avec 2 sièges, Sawt al Mustaqbal
El wafa aux martyres avec 2 sièges, et la liste de coalition le pôle
La pétition populaire pour la liberté, la
démocratique moderniste avec 8 sièges. justice et le développement Ettakattol
PDP
L’Initiative
En contrepartie, le mouvement Ennahda perd 6 sièges, le CPR
perd 8 sièges, Ettakatol perd 3 sièges, le PDP perd 6 sièges et la
liste indépendante la Pétition populaire pour la liberté la justice Comparons les deux figures de la méthode de la représentation
et le développement perdent 9 sièges. proportionnelle intégrale, celle attribuée aux plus forts restes et
aux plus fortes moyennes 56, il s’agit d’adresser deux remarques ;
d’abord on observe que le nombre de sièges obtenu est le même
pour la majorité des partis, sauf pour le mouvement d’Ennahdha
qui obtient 83 sièges selon l’attribution aux plus fortes moyennes
et 82 selon l’attribution aux plus fort reste et le parti Sawt al mos-
takbal qui gagne 3 sièges selon le plus fort reste et 2 selon les
plus fortes moyennes, ensuite que les résultats ne sont pas d’une
grande différence pour les deux derniers partis que nous venons
de citer.

55 L’application sur un fichier Excel nous a donné les résultats de l’annexe 2. 56 Nous avons présenté la nouvelle physionomie à travers le graphique 2.

26 27
Ce qui nous mène à constater que les résultats produits au niveau Chapitre II :
du nombre de sièges, qu’ils soient attribués aux plus forts restes
ou aux plus fortes moyennes, ne sont pas extrêmement différents La représentation proportionnelle
dans le cadre d’une représentation proportionnelle intégrale. Il rapprochée aux plus fortes moyennes
convient de signaler que la représentation proportionnelle inté-
grale est surtout utilisée dans les Etats dotés d’un territoire exigu
tel qu’en Israël et au Pays Bas57.

Une étude menée par la Fondation pour l’innovation politique58


démonte littéralement les vieilles théories sur la soi -disant inef-
ficacité de la représentation proportionnelle. En effet, tout porte
à croire qu’à l’exception de celles de 1997, toutes les élections D ans tous les systèmes de RP, il faut disposer d’un moyen
de déterminer la répartition des sièges entre les candidats à
une élection. Pour effectuer cette répartition, on a généralement
législatives en France, organisées avec le système Joxe de 1986
(proportionnelle intégrale dans le cadre de circonscriptions dé- recours à l’un des deux procédés suivants: celui des plus forts
partementales), auraient permis la formation d’une majorité par- restes et celui de la plus forte moyenne59 , Il convient à ce niveau
lementaire digne de ce nom. Le comble, c’est que ce mode de de faire une simulation des résultats électoraux selon un scru-
scrutin appliqué aux élections de 1988 aurait permis au groupe tin proportionnel rapproché attribué aux plus fortes moyennes
socialiste d’être majoritaire, alors que le scrutin majoritaire à (dont il existe deux versions, à savoir le système d’Hondt et le
deux tours l’en avait empêché. Dans le cas de la proportionnelle système de Sainte-Laguë) car les résultats peuvent être extrême-
intégrale, aucune formation politique n’est surreprésentée ou ment différents par rapport à celui attribué au plus fort reste.
sous-représentée. Nous nous intéresserons d’abord à la simulation attribuée aux
plus fortes moyennes selon le système d’Hondt (section 1) avant
Qu’en est-il pour la méthode de la représentation proportion- de passer au système de Sainte-Lague (section2)
nelle rapprochée ? Ce dernier scrutin était adopté lors des élec-
tions du 23 octobre 2011 en Tunisie à sa forme attribuée au plus
fort reste, reste à savoir qu’aurait-il donné comme physionomie Section 1 : l’attribution aux plus fortes moyennes selon le sys-
à sa forme attribuée aux plus fortes moyennes, ce qui sera l’objet tème d’Hondt
du chapitre suivant. Contrairement à la méthode de calcul du plus fort reste qui
consiste à comparer le nombre de voix non utilisées par cha-
cune des listes en présence, Après avoir réparti les premiers
sièges selon la règle du quotient, qui est le résultat de la division
57 GROFFMAN (B), LUPHA (A), Choosing and electoral system, Issues and Al-
ternatives, New York, Praeger, 1984.p.07. 59 CADART (J), « Les régimes à élection populaire du Président et la RP », Revue
58 URL, http://www.fondapol.org française d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, pp. 119 -134

28 29
du nombre des voix des électeurs dans une circonscription don- Graphique 3 : La physionomie actuelle de l’assemblée selon la
née sur le nombre de sièges qui lui sont attribués et répartir enfin représentation proportionnelle attribuée aux plus forts restes
les sièges restants à pourvoir un par un, aux listes ayant le plus
grand nombre de suffrages disponibles, par ordre décroissant60 ,
la méthode de calcul selon la règle du système d’Hondt consiste
à appliquer le quotient simple et chaque siège restant est affec-
té successivement à chaque liste en plus de ceux déjà acquis, on
calcule alors pour chaque liste le rapport voix/sièges61. Le siège
est attribué à la liste présentant la plus forte moyenne de voix par
siège.62

Quant aux résultats, l’ONG Albawsala a réalisé une simula-


tion graphique présentant d’abord les résultats des élections de
l’ANC avec la méthode du plus fort reste63et un deuxième gra-
phique présentant les résultats qu’ on aurait eu au cas d’adop-
tion de la méthode de la plus forte moyenne selon le quotient de
Hondt64.

Graphique 4 : La physionomie de l’assemblée selon la représentation


proportionnelle attribuée aux plus fortes moyennes (quotient de Hondt)

60 AROMATORIO (S), « L’absence traditionnel du mode de scrutin dans la


Constitution française : cause de l’instabilité chronique des modes de scrutin légis-
latifs », RFDC, 2007/3, n° 71, pp. 601-622.
61 BEAUFAYS (J), La représentation proportionnelle en Belgique, Revue fran-
çaise d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, pp. 51 -66
62 Menouni (A), Institutions politiques et droit constitutionnel, Paris, PUF, pp.
127-130.
63 Graphique 3.
64 Graphique 4.

30 31
Il a été constaté ,suite à la simulation, que les deux grands bénéfi- Section 2 : l’attribution aux plus fortes moyennes selon le sys-
ciaires de la méthode de la plus forte moyenne selon le quotient tème de Saint-Lague
de Hondt , sont le mouvement Ennahdha qui obtient 61 sièges
Dans les systèmes de Sainte-Laguë et de Sainte-Laguë modifié,
supplémentaires pour un total de 150 sièges et le parti de l’ini-
les diviseurs sont différents de ceux utilisés dans le système de
tiative qui obtient 3 sièges supplémentaires pour un total de 8
d’Hondt. Dans le système de Sainte-Laguë, on divise les votes
sièges.
que recueille un parti par 1, 3, 5, 7 etc., plutôt que par 1, 2, 3, 4,
En contrepartie, le Pôle Démocratique Moderniste perd 4 sièges etc. Plusieurs pays scandinaves ont recours à la version modifiée
sur un total de 5 dans les circonscriptions de Ben Arous, Tunis I, de ce système, dans laquelle le premier diviseur est établi à 1,4 au
l’Ariana et la France I, le parti Afek Tounes perd tous ses sièges, lieu de 1 (si bien que les diviseurs sont alors 1,4, 3, 5, 7, etc.)66.
et le Parti Démocratique Progressiste perd 14 sièges sur un total Dans un système multipartite, les formations de taille moyenne
de 16 et gardant ainsi les deux sièges relatifs aux circonscriptions ont alors tendance à être favorisées.
de Beja et Jendouba.
Le professeur Jhon M.Carey a travaillé sur cette simulation dans
Il est à noter qu’il y a des listes qui perdent des sièges mais qui le cadre d’un séminaire mené au centre d’étude de l’islam et de la
en gagnent aussi, comme l’exemple des listes de la Pétition Po- démocratie (csid) et il a été constaté ce qui suit67 :
pulaire Pour la Liberté, et celui de la Justice et le développement
Le mouvement d’Ennahdha gagne 119 siège, le CPR en gagne
qui perdent 11 sièges et en gagnent 3.
27, Takattol 18, la Pétition Populaire gagne 23 sièges le PDP en
«Ces résultats qui peuvent être obtenus par la méthode des plus gagne 9, l’Initiative 6, le pôle démocratique moderniste gagne 3
fortes moyennes sont dùs au fait que ce mode de scrutin favorise sièges , Prospect for tunisian party gagne 2 sièges. En contrepar-
les listes ayant obtenu le plus grand nombre de voix par circons- tie; chacun des partis d’Al badil Athawri , l’union patriotique
cription et par la suite favoriser nettement les grands partis et libre, le mouvement populaire, le Mouvement des démocrates
leur accorder un avantage considérable »65comme le disait Farah socialistes , Sawt Al Mostakbal, Pour un front national tunisien,
El Mokhtar, assistante du projet Marsad. Al Amal, la lutte social et le Parti justice et équité gagnent 1 seul
siège, tandis que le reste des partis n’en gagnent aucun.
Passons au second système, celui de Saint-Lague
Une nouvelle formation politique est alors possible d’après ces
résultats68.La méthode de Saint –Lague aussi accorde un avan-

66 PARODI Jean-Luc (P), « La proportionnalisation du système institutionnel,


ou les effets pervers d’un système sans contrainte », Revue française d’études
constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, pp. 43-50.
67 CAREY John (M), Électoral formula and the tunisian constituent, Dartmouth
College, May 9, 2013.
65 URL, http://www.marsad.tn/ 68 Graphique 5

32 33
tage considérable aux grands partis et aux listes ayant obtenu le joritaires, par le fait qu’elle offre une juste représentation aux
plus grand nombre de voix par circonscription. tiers-partis et ne surreprésente pas les plus grands, la représen-
tation proportionnelle ne conduit pas automatiquement à un
éclatement de la classe politique, et n’est pas fatalement un fac-
Graphique 5 : La physionomie de l’assemblée selon la représentation
teur d’instabilité ministérielle70. Cette mauvaise réputation lui a
proportionnelle attribuée aux plus fortes moyennes (quotient de
été attribuée à la suite de la chute de la République allemande
Saint-Lague)
de Weimar, puis de celle de la Quatrième République française,
utilisant toutes deux des systèmes très proportionnels pour
l’élection de leurs députés. Ces deux arguments méritent d’être
tempérés par plusieurs faits importants : d’une part, la stabili-
té ministérielle ayant précédé la République de Weimar était en
grande partie due au caractère impérial et fort peu démocratique
du régime71, d’autre part, la composition des différentes législa-
tures de la Troisième République française était, malgré l’élec-
tion des députés au scrutin majoritaire uninominal à deux tours,
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ee la Quatrième République. On peut même dire que le système
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ité de représentation proportionnelle sélective utilisé pour l’élection
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es nationale de la Quatrième République, à défaut de permettre une
Il est à noter que l’une des plus utilisées, y compris en France vraie stabilité ministérielle, a permis de remettre de l’ordre dans
pour les élections au Parlement Européen, est la méthode du le système politique français, les électeurs portant les trois quarts
belge D’Hondt, connue pour avantager les grands partis, alors de leurs suffrages sur trois grands partis (le PCF, le MRP et la
que celle du français Sainte-Laguë qui représente mieux les petits SFIO). En outre, la première législature de la Cinquième Répu-
partis est plutôt utilisée en Allemagne et au Nord de l’Europe69. blique, dont les membres étaient intégralement élus au scrutin
majoritaire uninominal à deux tours, était tout aussi hétéroclite
Toutefois, l’influence de la représentation proportionnelle au ni- que celles du régime précédent72.
veau des résultats peut se répercuter sur la nature du régime. Si
elle peut techniquement conduire à une plus forte fragmenta-
tion politique des assemblées délibérantes que les scrutins ma-
70 Martin (P), Les systèmes électoraux et les modes de scrutin , Montchrestien, coll.
69 Annie (L), Dolez (B), « La magnitude, facteur décisif ? Les élections euro- « Clefs / politique », 2006, 3e éd. p. 112.
péennes de 2004 en France et les effets du changement de mode de scrutin », RIPC, 71 Ibid, p. 122.
2010, vol. 17, n° 3, pp. 175-193. 72 Ibid, p. 124.

34 35
En outre, le multipartisme ne dépend pas, ou tout du moins pas tique. DC est resté jusqu’à sa disparition le parti à la tête de tous
seulement, du mode de scrutin utilisé. D’autre part la représen- les gouvernements, en alliance avec de petits partis. Les efforts
tation proportionnelle est tout à f ait compatible avec un système systématiques auxquels devaient se plier les gouvernements, as-
bipartisan : c’est notamment le cas de l’Espagne, où deux grands surés d’une courte durée de vie, pour maintenir l’intégrité de
partis, le Parti socialiste et le Parti populaire, détiennent à eux leur majorité au parlement, au prix d’innombrables concessions
deux environ 90 % des sièges de la chambre basse73, les autres et négociations, entravaient leur action. La proportionnelle inté-
étant occupés par de petits partis régionalistes à l’électorat for- grale, conjuguée à un très fort émiettement de la classe politique
tement localisé. Le pluripartisme lui-même n’est pas forcément et à la règle du vote à bulletin secret pour l’adoption des lois par
facteur d’instabilité ministérielle : les pays scandinaves (Suède, les parlementaires, a contribué à la paralysie des institutions de la
Norvège, Danemark) connaissent ainsi un très fort pluripar- Première République italienne76. Notons cependant que, comme
tisme, mais qui est très nettement tempéré par une bipolarisation en France sous les Troisième et Quatrième Républiques, les
quasi inébranlable du paysage politique, sur la base du clivage gouvernements tombaient souvent mais le personnel politique
droite/gauche, et ce malgré le caractère très fortement propor- changeait peu: il n’était pas rare de voir une même personnalité
tionnalisant de leurs modes de scrutin. Il en résulte une stabilité exercer des fonctions de ministre dans plusieurs gouvernements
gouvernementale régulière et solide, qui permet à des chefs de différents successifs. L’Italie a recours depuis 1993 à des sys-
gouvernement de rester plus de dix ans au pouvoir sans inter- tèmes mixtes pour l’élection de ses parlementaires, ce qui a fa-
ruption74. vorisé la bipolarisation mais n’a que très récemment permis une
diminution conséquente du multiparisme (aggravé en 1993 par
Toutefois, lorsque les conditions le permettent, il est apparu
l’Opération Mains propres), encore responsable de la dernière
évident que la représentation proportionnelle intégrale puisse
crise ministérielle77.
favoriser, à défaut de provoquer, une instabilité ministérielle
constante et régulière. En Italie de 1945 à 1993, un système très Lorsque la répartition des suffrages entre les différentes forces
proportionnel, dépourvu de seuil d’éligibilité, permettait à des politiques le permet, la représentation proportionnelle peut fa-
partis recueillant de très petits scores d’envoyer au moins un dé- voriser l’importance de partis « charnière », souvent centristes.
puté au parlement75. Deux grands partis, Démocratie chrétienne C’était notamment le cas de la Démocratie chrétienne, le princi-
(DC) et dans une moindre mesure le Parti communiste italien, pal parti politique italien jusqu’en 1994, acteur incontournable
recueillaient une grosse part des sièges à pourvoir, et tous les lors de la formation de coalitions gouvernementales. L’Alle-
autres sièges allaient à quelques partis moyens et à une foule de magne a connu une situation relativement semblable jusqu’en
petits partis, la plupart se situant au centre de l’échiquier poli- 1998 : le FDP, petit parti centriste, a longtemps été le seul parti,
73 Ibid, p. 126. en plus du SPD et du bloc CDU/CSU, à accéder à la représen-
74 Elections législatives en Suède le 15 septembre 2002, élections législatives en tation parlementaire. L’Allemagne utilisant un système très pro-
Suède, 17 septembre 2006, élections législatives au Danemark, élections législatives
en Norvège, 12 septembre 2005. 76 Martin (P), op cit. p. 132.
75 Martin (P), op, cit, p. 132. 77 Ibid, p. 133.

36 37
portionnel, il était impossible pour l’un des deux grands partis, à conflit. Ils peuvent en effet éviter qu’un parti n’impose des poli-
moins qu’il n’obtienne une majorité absolue de suffrages expri- tiques excessives à la population dans son ensemble, en se repo-
més, de prendre la tête du gouvernement sans le soutien du FDP. sant sur une majorité absolue de sièges attribuée par une majori-
Si le Royaume-Uni utilisait un système similaire, les Démocrates té relative d’électeurs. La représentation proportionnelle, par ce
libéraux auraient très souvent été dans cette situation très favo- moyen, peut donc donner aux partis charnière un rôle de frein
rable de force d’appoint, qui détermine pratiquement à elle seule aux mesures extrémistes81.
l’orientation de la nouvelle majorité après une élection78. L’ir-
La représentation proportionnelle est compatible, tout comme
ruption du Mouvement démocrate en France lors des élections
les modes de scrutin majoritaire, avec la mise en place de seuils
législatives de 2007 aurait peut-être donné de tels résultats si la
d’éligibilité. Les systèmes proportionnels sont donc générale-
France élisait, elle aussi, ses députés à la représentation propor-
ment accompagnés de seuils à atteindre pour accéder à la répar-
tionnelle.
tition des sièges. Le seuil peut être établi au niveau national (5 %
Ce phénomène amène certains défenseurs des scrutins majori- des suffrages exprimés sur l’ensemble du territoire en Allemagne
taires à affirmer que la représentation proportionnelle peut don- pour pouvoir recevoir des sièges à la proportionnelle dans les
ner un rôle excessif à ces partis centristes par rapport à leur in- circonscriptions), ou au niveau des circonscriptions (en 1986, les
fluence électorale effective. Mais ce raisonnement ne se suffit de députés français étaient élus dans les départements sur la base
toute manière pas à lui - même, les partis charnière devant aus- des seules listes ayant rassemblé au moins 5 % des suffrages ex-
si tenir compte de l’opinion dans leur stratégie d’alliance79. Par primés). D’autres pays utilisent même concurremment ces deux
exemple, en 1982, le FDP a mis fin à 13 ans d’alliance avec le SPD types de seuils : en Suède, un parti peut accéder à la répartition
au vu des résultats catastrophiques de ce dernier lors d’élections des sièges en obtenant 4 % des suffrages exprimés au niveau na-
locales, et a ainsi formé une nouvelle coalition de centre-droit tional, ou bien 12 % dans une circonscription82.
avec la CDU, dont les représentants étaient préférés par une ma-
Les seuils servent généralement à limiter l’émiettement politique.
jorité d’Allemands à un gouvernement abandonné par l’opinion.
Ils peuvent toutefois mettre en péril la légitimité d’une assemblée
Le FDP ne bénéficiant en outre pas d’une position dominante, il
ainsi élue s’ils sont trop élevés ou si ledit émiettement est trop
n’accède jamais au poste de chef du gouvernement : la répartition
prononcé. En Turquie, le seuil est de 10 % au niveau national, ce
des rôles reste donc juste et équitable80.
qui a eu pour effet, en 2002 puis en 2007, d’exclure la commu-
On reconnaît généralement à ces partis centristes un rôle mo- nauté kurde de toute représentation formelle, ses seuls candidats
dérateur qu’ils ne peuvent obtenir dans le cadre d’un système élus s’étant présentés sans étiquette. En 2002, seuls deux partis,
majoritaire, forcément dominé par le dualisme et la logique du l’AKP et le CHP, ont franchi ce seuil, alors qu’ils n’avaient re-
78 Ibid, p. 135. 81 CADA (R-J), (dir), Les modes de scrutin des 18 pays libres de l’Europe occiden-
79 Pactet (P), Institutions politiques : droit constitutionnel, Armand Collin, 22ème tale, Paris, PUF, 1983.p. 56.
édition, 2003, p. .22 82 Thanassis (D), Les systèmes électoraux aux présidentielles et aux législatives,
80 Pactet (P), op.cit., p.24. Éditions de l›Université de Bruxelles, 2004.p.65.

38 39
cueilli à eux deux qu’un peu moins de 54 % des suffrages ex- ciales, l’inclusion de tous les groupes importants à l’assemblée
primés sur l’ensemble du pays83. Ce phénomène n’est d’ailleurs législative peut constituer une condition quasi essentielle en vue
pas nouveau : en Bulgarie, près d’un quart du corps électoral a de consolider la démocratie. Si les minorités et la majorité ne se
été exclu de toute représentation lors des élections de 1992, et ce sentent pas concernées par les systèmes politiques en développe-
malgré la faiblesse du seuil (4 % au niveau national)84. ment, cela peut entraîner des conséquences dangereuses, comme
la recherche du pouvoir par des moyens illégaux86.
En 1993, les députés polonais étaient élus à la proportionnelle
avec un seuil de 5 % pour les partis et de 8 % pour les coalitions De manière générale, on salue le système de RP pour ce qui suit :
au niveau national. L’objectif était de lutter contre l’émiettement
• Il assure une concordance fidèle entre les votes et les sièges
politique qui avait permis, lors du scrutin précédent, à pas moins
obtenus et il évite ainsi certains des aspects plus déstabilisants et
de 19 partis de faire leur entrée au Parlement, le plus fort d’entre
injustes associés aux résultats que produisent les systèmes élec-
eux n’obtenant que 12,3 % des voix. L’impact de cette mesure fut
toraux à majorité simple. Les « sièges en prime » en faveur des
catastrophique : l’émiettement politique a perduré, et 35 % des
plus grands partis sont réduits au minimum et les petits partis
suffrages exprimés ont été exclus de toute représentation. Les
peuvent se faire attendre à l’assemblée législative87.
ex-communistes du Parti social-démocrate et leurs alliés du Parti
paysan ont ainsi investi 300 sièges sur 460 alors qu’ils n’avaient • Afin de pouvoir soumettre des listes, il encourage ou requiert
rassemblé que 36 % des suffrages exprimés85. Ces effets pervers la formation de partis politiques ou de groupes de candidats aux
des seuils peuvent donc rendre la représentation proportionnelle idées semblables. Ceci peut aider à préciser les différences sur
encore plus injuste que les modes de scrutin majoritaire, c’est le plan des politiques, de l’idéologie ou du leadership au sein de
pourquoi ils doivent être utilisés avec prudence. On constate la société, particulièrement lorsqu’il n’existe aucun système de
toutefois que jamais pareils phénomènes n’ont pu être observés partis établi, comme c’était le cas lors de l’indépendance du Ti-
dans les démocraties occidentales, qui recourent généralement à mor-Leste88.
un seuil de 4 ou 5 %.
• Il évite essentiellement le gaspillage des votes. Quand les seuils
À bien des égards, les arguments les plus solides en faveur de sont bas, presque toutes les voix exprimées aux élections sous
la RP découlent de la manière dont le système permet d’éviter la RP servent à l’élection d’un candi dat choisi. Ceci renforce la
les résultats anormaux des systèmes à majorité simple (insérer perception des électeurs qu’il vaut la peine de se déplacer pour
le lien au glossaire) et peut le mieux produire une assemblée lé- aller voter le jour de l’élection; de même, ils auront davantage
gislative représentative . Pour plusieurs démocraties nouvelles,
en particulier celles qui font face à de profondes divisions so- 86 Parodi (J-L), « La proportionnalisation du système institutionnel, ou les effets
pervers d’un système sans contrainte », Revue Française d’Etudes Constitution-
83 Ibid, p. 66. . nelles et Politiques, n°32, Janvier 1985, pp. 43-50.
84 GICQUEL (J), Droit constitutionnel et institutions politiques, Montchrestien, 87 Portelli (H), « La proportionnelle et les partis : Etude de cas », Revue Française
23ème édition, 2009, p. 82. d’Etudes Constitutionnelles et Politiques, n°32, Janvier 1985, pp. 83-94.
85 Martin (P), op cit, p. 84. 88 PORTELLI (H), op.cit. pp. 83-94.

40 41
confiance que leur vote pourra influencer, même de façon mi- être très concentrées régionalement ou qui ne disposent pas de
neure, le résultat de l’élection89. portes d’entrée alter natives pour accéder au pouvoir92.

• Il facilite l’accès des partis minoritaires à la représentation. À • Il mène à une continuité et à une stabilité plus grande sur le
moins d’avoir un seuil extrêmement élevé ou si l’étendue de la plan des politiques. L’expérience de l’Europe de l’Ouest suggère
circonscription est exceptionnellement faible, tout parti poli- que les systèmes parlementaires de RP sont meilleurs au chapitre
tique qui a obtenu un pourcentage des votes, aussi petit soit- de la longévité gouvernementale, de la participation électorale
il, pourra être représenté à l’assemblée législative. Ceci répond et de la performance économique. La justification à l’appui de
au principe d’inclusion qui peut s’avérer essentiel à la stabilité cette idée est celle-ci : le changement régulier de gouvernement
des sociétés où règnent des divisions; dans les démocraties plus entre deux partis qui sont aux antipodes sur le plan idéologique,
établies, il est avantageux pour la prise de décisions en assurant comme cela peut se produire dans les systèmes de scrutin majori-
une représentation plus équilibrée des minorités dans les organes taire uninominal, rend plus difficile la planification économique
décisionnels et en faisant de leurs représentants élus des modèles à long terme. À l’inverse, les grands gouvernements de coalition
pour celles-ci90. issus de la RP aident à créer une stabilité et une cohérence au
niveau de la prise de décisions, laquelle est nécessaire au déve-
• Il encourage les partis à faire campagne au-delà des circons- loppement national93.
criptions où ils sont forts ou dans des endroits autres que ceux
où on s’attend à des résultats serrés. Les systèmes de RP incitent • Il expose plus clairement le partage du pouvoir entre les partis
à optimiser l’obtention globale des votes, peu importe leur ori- et les groupes d’intérêts. Dans plusieurs nouvelles démocraties,
gine. Chaque vote, même ceux provenant des secteurs où un le partage du pouvoir entre la majorité numérique de la popula-
parti est faible sur le plan électoral, contribue à l’obtention d’un tion, qui détient le pouvoir politique, et une petite minorité qui
autre siège91. détient le pouvoir économique, est une réalité incontournable.
Dans ces endroits où la majorité numérique domine l’assemblée
• Il limite la croissance des « fiefs régionaux ». Puisque les sys- législative et la minorité exprime ses intérêts en contrôlant la
tèmes de RP récompensent les partis minoritaires avec une mino- sphère économique, les négociations entre les différents groupes
rité de sièges, ils sont moins susceptibles de mener aux situations de pouvoir sont moins évidentes, moins transparentes et moins
où un seul parti s’empare de tous les sièges dans une province ou responsables (par exemple au Zimbabwe pendant ses 20 pre-
une circonscription donnée. Ceci peut s’avérer particulièrement mières années d’indépendance). Par sa capacité d’intégrer tous
important pour les minorités d’une province qui peuvent ne pas les intérêts à l’assemblée législative, on estime que la RP offre
89 TOUHAMI (H), « Le mode de scrutin un choix déterminant pour l’avenir du une meilleure perspective afin que les décisions soient prises sous
pays », Lleaders, n° 11053, 19 Mars 2013. l’œil du public, intégrant une partie plus large de la société94.
90 CHAGNOLLA (D), « Les Présidents de la Ve République et le mode d’élec-
tion des députés à l’Assemblée nationale », Revue Française d’Etudes Constitu- 92 BON (F), op, cit, pp.165-191.
tionnelles et Politiques, n°32, Janvier 1985, pp.95-117. 93 Ibid, p. 190.
91 Ibid, p. 119. 94 BON (F), op.cit. pp.165-191.

42 43
De manière générale, la plupart des critiques envers les systèmes gument connexe, les systèmes de RP sont souvent critiqués pour
de RP tournent autour de leur tendance d’être à la base de gou- le fait qu’ils permettent aux partis extrémistes tant de gauche que
vernements de coalition et de la fragmentation du système de de droite, de se faire entendre à l’assemblée législative. On pré-
partis. Les arguments le plus souvent cités contre la RP sont tend que l’effondrement de la République de Weimar, en Alle-
qu’elle mène à : magne, est lié en partie à la manière dont le système électoral de
RP a permis aux groupes extrémistes de gauche et de droite de
• Des gouvernements de coalition qui, à leur tour, mènent à l’im-
prendre prise97.
passe législative et, conséquemment, à l’incapacité de mettre en
œuvre des politiques cohérentes. Ces risques sont particulière- • A des coalitions au pouvoir qui ne partagent pas suffisamment
ment élevés lors d’une période de transition qui suit immédia- de points communs au chapitre des politiques ou de leur base
tement un conflit, au moment où la population fonde de grands électorale. Il arrive parfois que l’on compare ces coalitions de
espoirs envers les nouveaux gouvernements. Des cabinets de convenance aux coalitions dites d’engagement que produisent
coalition et des gouvernements d’union nationale regroupant d’autres systèmes (par exemple par l’entremise du scrutin à vote
des factions rivales peuvent faire obstacle à une prise de décisions alternatif), où les partis tendent à être réciproquement tributaires
rapide et cohérente95. des votes des partisans des autres partis pour leur élection, ve-
nant ainsi contribuer à renforcer la coalition98.
• A une fragmentation du système de partis qui peut être désta-
bilisante. La RP peut refléter et favoriser une fragmentation du • A l’obtention par des petits partis d’une part importante du
système de partis. Il est possible qu’un pluralisme extrême per- pouvoir. Les grands partis peuvent être contraints à former des
mette aux petits partis minoritaires d’exercer un chantage auprès coalitions avec de tels partis, donnant ainsi à un parti n’ayant
des plus grands partis au moment des négociations entourant la obtenu qu’un pourcentage limité des votes le pouvoir d’opposer
formation d’une coalition. En ce sens, le caractère inclusif de la un veto à toute proposition venant des grands partis99.
RP est perçu comme un défaut du système. Par exemple, en Is-
• A l’incapacité de l’électeur d’imposer la responsabilité en éjec-
raël, les partis extrémistes religieux sont souvent essentiels à la
tant un parti au pouvoir et en défaisant un candidat lors d’une
formation d’un gouvernement, alors que l’Italie a souffert des
élection. Sous un système de RP, il peut s’avérer très difficile
années durant de gouvernements de coalition instables. Les pays
d’écarter du pouvoir un parti centriste bien constitué. Lorsque
en démocratisation craignent souvent que la RP ne favorise, au
les gouvernements sont généralement formés par des coalitions,
sein de leurs systèmes de partis sous-développés, la prolifération
certains partis politiques y sont toujours présents en dépit de
de partis fondés sur la personnalité et les divisions ethniques96.
résultats électoraux qui peuvent évoluer dans le temps. En Al-
• A donner une plateforme aux partis extrémistes. Dans un ar-
97 Ibid, p. 22.
95 DUVER GER (M), Les problèmes des modes de Scrutin et le fonctionnement de 98 DUVER GER (M), op.cit, pp.11-19.
la démocratie : réflexions sur les théories, Paris, PUF, 1956, pp.11-19. 99 OWEN (B), « Aux origines de l’idée proportionnaliste », Revue Française
96 Ibid, p. 21. d’Etudes Constitutionnelles et Politiques, n°32, Janvier 1985, pp. 15 -30.

44 45
lemagne, hormis huit années, le Parti libéral-démocrate a été swazi, changan et ndebele), 32 % de Blancs (un tiers d’expres-
un membre de la coalition gouvernementale pendant 50 ans, de sion anglaise et deux tiers d’origine afrikaner), 7 % de Métis et 8
1949 à 1998, bien qu’il n’ait jamais obtenu plus de 12 % des suf- % d’Indiens. En Namibie, le Parlement namibien est tout aussi
frages100. diversifié avec des représentants des communautés ovambo, da-
• Aux difficultés, pour les électeurs, de comprendre les règles mara, herero, nama, baster et blanches (de langues anglaise et
parfois complexes du système et pour l’administration électo- allemande)102.
rale, de les mettre en œuvre. On estime que les difficultés as- Il y a plus de chances que les femmes soient élues avec la RPSL.
sociées à certains systèmes de RP sont plus grandes que celles De manière générale, les systèmes électoraux de RP favorisent
liées à certains systèmes de représentation non proportionnelle ; davantage l’élection des femmes que les systèmes à majorité
aussi, afin de réussir, une plus grande éducation des électeurs et simple. Essentiellement, les partis sont en mesure d’utiliser les
une formation accrue des agents électoraux peuvent s’avérer né- listes pour favoriser l’avancement des femmes politiciennes et les
cessaires101. électeurs ont la marge de manœuvre nécessaire pour élire des
En plus des avantages qu’on attribue généralement aux sys- femmes candidates tout en fondant leur choix sur des critères
tèmes de RP, la RPSL accroît les chances que des représentants d’ordre politique autre que le genre. Tel que mentionné plus tôt,
des groupes et des cultures minoritaires soient élus. Lorsque le les systèmes fonctionnant avec des circonscriptions uninomi-
comportement électoral s’aligne sur les divisions culturelles ou nales incitent la plupart des partis à présenter un candidat qui soit
sociales d’une société, comme cela arrive souvent, les systèmes « acceptable au plus grand nombre » et il est rare qu’un tel can-
électoraux fonctionnant avec la RPSL peuvent aider à assurer didat soit une femme. Dans toutes les régions du monde, le sys-
que l’on retrouve des représentants des groupes de la majori- tème de RP réussit mieux que le système majoritaire uninominal
té et des minorités à l’assemblée législative. Il en est ainsi, car au chapitre du nombre de femmes élues; parmi les 20 pays qui
ces systèmes incitent les partis à préparer des listes de candidats comptent le plus de représentants féminins, 14 utilisent la RPSL.
équilibrées qui seront attrayantes pour les électeurs et les inté- En 2004, la proportion de femmes dans les assemblées législatives
rêts variés qu’ils peuvent avoir. L’expérience de certaines nou- où les représentants sont élus avec des systèmes de RPSL était
velles démocraties (par exemple l’Afrique du Sud, l’Indonésie et plus élevée de 4,3 points de pourcentage que la moyenne de 15,2
la Sierra Leone) suggère que la RPSL offre aux partis un espace % que l’on pouvait observer pour l’ensemble des assemblées lé-
politique leur permettant de présenter des listes de candidats gislatives; cette proportion était inférieure de 4,1 de pourcentage
multiraciales et multiethniques. L’Assemblée nationale sud-afri- à la moyenne dans les assemblées législatives où les représentants
caine élue en 1994 regroupait 52 % de Noirs (11 % étaient des sont élus avec un système à majorité simple103. Outre les enjeux
Zulus, le reste étant d’origine xhosa, sotho, venda, tswana, pedi,
102 Taagepera (R.), SHUGA RT Matthew (S), Seats and votes: the effects and de-
100 Hanna Fenichel Pitkin (H),The Concept of Representation, University of Ca- terminants of electoral systems, New Haven, CT: Yale UP, 1989, p. 24.
lifornia Press, 1967, pp. 38- 59. 103 Taagepera (R.), SHUGA RT Matthew (S), Seats and votes: the effects and de-
101 Ibid, p. 62. terminants of electoral systems, New Haven, CT: Yale UP, 1989, p. 54.

46 47
d’ordre général dont il a déjà été question au sujet des systèmes non pas par rang, mais simplement par ordre alphabétique. Ceci
de RP, il est possible de relever d’autres désavantages : donne aux chefs des partis une marge de manœuvre encore pour
grande pour récompenser les fidèles et punir les indépendants
D’abord, les liens sont faibles entre les élus et leurs commettants.
puisque les sièges ne sont assignés qu’aux personnes une fois
Lorsqu’on utilise la RPSL, et en particulier lorsque les sièges
connus les résultats du vote105.
sont attribués en fonction d’une seule circonscription nationale,
comme c’est le cas en Namibie ou en Israël, les critiques qu’essuie En plus, sous une forme ou une autre, il faut qu’il y ait des partis
le système portent sur le fait qu’il détruit le lien entre les électeurs ou des groupements politiques reconnus. Pour cette raison, il
et leurs représentants. Avec des listes fermées, les électeurs n’ont est particulièrement difficile de mettre en œuvre le système de
aucun moyen de déterminer l’identité de leurs représentants, ni RPSL dans les sociétés où les partis sont inexistants ou n’ayant
celle des personnes qui représenteront leur ville, leur circons- que des structures de partis très embryonnaires et peu dévelop-
cription ou leur village; de même, ils ne peuvent facilement re- pées, comme c’est le cas pour plusieurs pays des îles du Paci-
jeter un représentant donné s’ils estiment que sa performance fique. D’un point de vue technique, il est possible que des candi-
n’était pas à la hauteur ou s’ils croient qu’il n’est pas la personne dats indépendants puissent se présenter, quelle que soit la forme
la mieux indiquée pour les représenter – par exemple, les sei- de la RPSL; mais cela n’est pas facile et soulève d’autres compli-
gneurs de guerre dans les pays comme la Bosnie ou l’Afghanis- cations, notamment en ce qui concerne le gaspillage des votes106.
tan. En outre, dans certains pays en voie de développement où la
société est essentiellement rurale, les électeurs s’identifient bien
davantage avec la région où ils vivent qu’avec un parti ou groupe
politique en particulier. Cependant, cette critique vaut peut-être
davantage si l’on cherche à faire une distinction entre les sys-
tèmes où les électeurs votent en faveur des partis et ceux où ils
votent pour des candidats104.

Ensuite, le pouvoir est extrêmement concentré au siège des partis


et aux mains de ses principaux dirigeants, tout particulièrement
dans les systèmes à liste fermée. La place qu’occupe un candidat
sur la liste du parti, et donc la probabilité qu’il gagne, est fonc-
tion des faveurs que peuvent lui accorder les dirigeants du parti,
alors que son rapport avec l’électorat est d’importance secon-
daire. Au Guyana, dans une façon de faire peu commune pour
le système de RPSL, les partis publient leur liste de candidats
105 Ibid, p. 35.
104 Martin (P), op.cit.p.35. 106 Ibid, p.36.

48 49
Deuxième partie : Le modèle croisé

B ien que les modes de scrutin se répartissent en deux grandes


familles : la famille proportionnelle et la famille majoritaire,
dont les variantes les plus connues sont les scrutins uninomi-
naux : à un tour et à deux tours et les scrutins plurinominaux : à
un tour et à deux tours, Il est aussi possible de combiner des élé-
ments des deux familles pour former un modèle mixte. Selon les
éléments qui seront choisis dans l’un et l’autre modèle, le résultat
d’un modèle mixte sera proportionnel ou semi proportionnel.

Après avoir revisité le scrutin proportionnel, nous allons donc à


ce niveau faire des simulations dans le cadre des modèles croisés
en réunissant des éléments d’un mode de scrutin issu de la famille
proportionnelle et des éléments issus d’un mode de scrutin de la
famille majoritaire (Chapitre 2 : projection alternative), mais il
convient d’abord de réaliser une projection pure des variantes de
la famille majoritaire (Chapitre 1 )

50 51
Chapitre I :
Projection pure des variantes du scrutin
majoritaire

L a base de cette famille de mode de scrutin réside dans le


concept de la majorité simple, et parfois de la majorité ab-
solue. Ce concept est appliqué autant au niveau des résultats des
élections de circonscriptions qu’au niveau du résultat final, soit
la déclaration du parti formant le gouvernement107. L’important,
sous ce système, c’est de remporter davantage de voix que la can-
didate ou le candidat arrivant en 2éme place, et de remporter
davantage de sièges que le parti arrivant en 2éme place.

L’objectif premier de ce type de système est d’accorder tout le


pouvoir au seul parti gagnant (le vainqueur emporte tout). Il n’a
pas pour objectif de s’assurer qu’il y ait une juste adéquation
entre le pourcentage des voix exprimées et le pourcentage des
sièges parlementaires attribués aux partis politiques108.

Il convient ici de faire une illustration de scrutin majoritaire sur


la base des données des élections du 23 octobre pour savoir ce
qu’il aurait pu donner comme résultat dans une projection pure.
Notre illustration sera à deux niveaux : d’abord une projection
du scrutin majoritaire à un tour (section 1) ensuite celui à deux
tours (section 2).

107 BOGDANOR (V), BUTLER (D), Democracy and Elections, Electoral sys-
tems and their political consequences, New York, University Press Cambridge,
1983,p. 166.
108 GROFFMAN (B), LUPHART (A), Choosing and electoral system, Issues and
Alternatives, New York, Praeger, 1984, p. 4.

52 53
Section 1 : Scrutin majoritaire 1 tour Etant donné que Le mouvement Ennahdha avait le plus grands
nombre de suffrages dans 32 circonscriptions répartis en voix
Le scrutin majoritaire à un tour permet dans le cadre de chaque
comme suit : 71170 en Ariana , 30870 a Beja, 99489 à Ben Arous ,
circonscription ; d’attribuer les sièges à pourvoir aux candidats
80576 à Bizert , 73338 à Gabes , 48692 à Gafsa , 33150 à Jendou-
qui ont obtenu le plus grand nombre de voix109. S’adapter à un
ba, 70391 à Kairaouen, 40971 à Kasserin , 27417 à Kebeli , 53457
scrutin uninominal ou de liste nous allons consacrer deux para-
à Mannouba , 23013 au Kef , 40738 à Mehdia , 73316 à Mednin,
graphes pour illustrer la physionomie de l’Assemblé Nationale
65800 à Monastir, 53332 à Nebeul 1 , 37050 à Nebeul 2 ,66321 à
Constituante en Tunisie si on avait appliqué un scrutin majo-
Sfax 1, 81702 à Sfax 2 , 20135 à Syliana 86590 à Sousse ,24954 à
ritaire à un seul tour d’abord dans une projection uninominale
Tatawin ,18944 à Tozeur , 94834 à Tunis 1, 68131 à Tunis 2, 21285
(paragraphe 1) ensuite dans une projection plurinominale (para-
à Zaguwen , 22672 en France 1, 17103 en France 2 ,1162 en Ita-
graphe 2).
lie, 5707 en Allemagne , 10218 en Europe, et 8704 dans les pays
Arabes ; Et la pétition populaire qui a eu le plus grand nombre de
Paragraphe 1 : Le scrutin majoritaire à un seul tour uninominal suffrages à Sidi Bouzid avec 48665 voix ; tout en considérant les
chefs de listes gagnantes comme des candidatures uninominales
Le principe du scrutin majoritaire à un seul tour uninominal est la physionomie des résultats suivant un scrutin majoritaire à un
de voter une seule fois « un tour ». On l’appelle aussi « scrutin seul tour uninominal aurait été une Assemblée National Consti-
britannique », car il vient de la Grande-Bretagne110. La personne tuante a 33 sièges repartis entre les candidats suivants113 :
élue est celle qui a obtenu le plus de votes (majorité simple), cela
peut être par un vote de différence ou par plusieurs milliers. Sahbi Atig ,Mohamed Saidi , Nour EddineBhiri ,SamirDilou, AlH-
bib Khodhr ,SlimenHlel,Ahmed El Mechrghi, Mahmoud Ghwiaa,
Aux termes du Décret relatif au découpage des circonscriptions Al Walid benini ,Bechir Chamem ,Abd el Basset Ben Echik, Ab-
électorales et au nombre des sièges attribués à chaque circons- delatif Makki, AlHedi AlAjmi , abdelamjid najar ,Nejib Mourad
cription, le pays est divisé en 27circonscriptions en Tunisie et 6 ,Moez Ben haj Rhouma, Salha Ben Aycha ,Moncef Ben salem ,Al
à l’étranger111,qui désignent dans un scrutin majoritaire à un seul Habib Ellouze , Hammadi El Jbeli ,Hafedh Ibrahim A laswad , Zied
tour uninominal chacune un député. Chaque électeur dispose Douleti ,Mohammed Ben Salem, Mohamed Hamdi, Adel Ben Atia
d’une seule voix. Le candidat arrivé en tête dans chaque circons- , Mohamed Salah Esgayer, Abou Yareb El Marzouki, Maherzeya
cription aurait été élu112, pour ceux-ci nous allons considérer les labidi,Oussama Esgayer , Mohamed zibak et Kamel Ben Amara .
chefs de listes dans chaque circonscription comme des candida-
tures uninominales. Par la suite le mouvement d’Ennahdha serait représenté dans
l’Assemblée Nationale Constituant à 96.97% et la pétition po-
109 Ibid, p. 5.
110 LAKEMAN (E.), how democracies vote, a study of electoral systems, London, pulaire seulement à 3.03%114.
Faber and Faber, 1974, p. 115.
111 JORT n° 59 du 9 Août 2011, pp. 1434- 1442 113 Annexe 3.
112 Décret-loi 1088. 114 Graphique 5.

54 55
Graphique 5 : la physionomie de l’assemblée selon le scrutin Soit S1/S2 =(V1/V2)3 ou S1 représente le nombre de sièges de
majoritaire à un seul tour uninominal parti et V1 son nombre de voix .les élections britanniques de
1959 illustrent parfaitement cette loi du cube : les conservateurs
Nom du parti Pourcentage de sièges ayant obtenu 365 sièges pour 49.3% des suffrages contre 258 et
43.9% pour les travaillistes ; on a bien 1.416 =3 )49.3/43.9( très
Le mouvement Ennahdha 96,97 proche de 365/258=1.415116, mais cette règle s’avère cependant
très approximative et ne doit être prise que comme une indica-
La pétition populaire pour la liberté,
3,03 tion du phénomène d’amplification qui permet à un parti ayant
la justice et le développement
simplement une majorité relative de suffrage de disposer d’une
majorité absolue en sièges

Dans ce mode de scrutin ; le parti arrivé en seconde position


subit ordinairement une sous-représentation ; car il arrive der-
rière le parti nationalement le plus fort dans la plupart des cir-
conscriptions. La situation se révèle généralement beaucoup plus
dramatique pour les autres partis. Un parti qui n’arrive qu’en
troisième ou quatrième position au niveau national a très peu de
chance de gagner dans un nombre significatif de circonscriptions
et sa sous-représentation peut alors être très forte. Les élections
de 1966 en Nouvelle Zélande fournissant un très bon exemple de
cette situation : parti national : 45.2% des suffrages et 44 sièges ;
parti travailliste : 44.2% et 4 sièges parti du crédit social : 91%
Parmi les démocraties représentatives ; ce mode de scrutin est
et aucun siège. Mais à ces deux règles de traduction des voix en
utilisé principalement en grande Bretagne et dans les pays qu’elle
sièges dans le scrutin uninominal à un tour qui sont117 : amplifi-
a colonisés dans le passé : Etats-Unis; Nouvelle-Zélande jusqu’
cation de la victoire du premier parti sur le second et encrasse-
en 1993 ; Canada ; Inde et Sri Lanka jusqu’ en 1977115.
ment de la représentation des autres , s’en ajoute une troisième
Dans le cadre d’un système partisan dominé par deux grands qui peut très bien annuler les premières : la représentation d’un
partis dont les niveaux de suffrages ne sont pas très éloignés parti dépend fortement de la représentation géographique de
comme en Grande Bretagne ; on a observé que le rapport des ses suffrages, un parti très minoritaire au niveau national peut
sièges obtenus par ces deux partis est souvent proche du cube du obtenir une bonne représentation si ses suffrages sont géogra-
rapport des voix
116 RAE (D-E), the political consequences of electoral laws, New Haven and Lon-
115 LUPHART (A), Electoral systems and party systems, Oxford, Oxford Univer- don, Yale University Press, 1971, p. 56.
sity Press, 1994, p. 18. 117 DUVERGER (M), Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1981, p. 230.

56 57
phiquement suffisamment concentrés pour lui permettre d’être Le bloc ainsi sur-représenté, obtient la place d’opposition offi-
localement majoritaire dans quelques cas. cielle aux communes, situation choquante ; étant donné qu’ il
En grande Bretagne, lors des élections de 1992, le Parti Natio- est seulement le quatrième parti en voix, ce résultat provient du
naliste n’a obtenu que 0.5% des suffrages sur l’ensemble de la fait que toutes ses voix sont massées au Québec ou il obtient
grande Bretagne et 8.8% sur l’ensemble du pays galles mais a 49.2% des suffrages, le parti réformiste obtient une bonne repré-
obtenu 4 sièges soit 0.6% des 651 sièges de la chambre des com- sentation car ses voix sont relativement concentrées dans l’ouest
munes et 8.3% des sièges gallois ; soit une représentation prati- anglophone du pays ; les néo démocrates limitent un peu leur
quement proportionnelle118 sous-représentation grâce à la concentration de leurs voix dans
Saskatchewan où ils obtiennent 5 de leurs 9 sièges.
Inversement les libéraux démocrates avec 17.9% des suffrages
n’ont obtenu que 20 sièges ; soit 3.1% contre 336 pour les conser- Mais ces bizarreries de la représentation proportionnelle ne s’ar-
vateurs avec 41.9% des suffrages et 271 pour les travaillistes avec rêtent pas là et sont susceptibles de priver le parti vainqueur en
34.4% des suffrages. Les libéraux pâtissent d’une répartition de voix de sa victoire en sièges c’est-à-dire de la victoire effective.
leurs suffrages trop homogène sur l’ensemble du pays. En 1983 ; Ce déni de la démocratie représentative la plus élémentaire se
avec 25.4% des suffrages ; l’alliance des libéraux et des sociaux-dé- produit trois fois en Grande Bretagne où en 1929 avec 38.2%
mocrates n’avait obtenu que 23 sièges alors que les travaillistes en des suffrages les conservateurs n’ont bénéficié que de 260 sièges
avaient obtenu 209 avec 27.6% des suffrages et les conservateurs contre 288 aux travaillistes qui n’avaient obtenu que 37% des
397 avec 42.4% même si l’alliance avait obtenu plus de suffrages voix en 1951 les travaillistes avec 48.8% des voix n’ont obtenu
que les travaillistes ; elle aurait recueilli beaucoup moins de sièges119 que 295 sièges contre 320 aux conservateurs avec 48% des suf-
frages en 1974 les conservateurs n’ont que 297 sièges avec 37.8%
Les élections Canadiennes d’octobre 1993 offrent un bon
des voix contre 301 aux travaillistes pour 37.1% des suffrages
exemple des effets de ce mode de scrutin : le parti libéral, qui ar-
.cette situation s’est également déjà produite trois fois au Canada
rive nettement en tête profite du phénomène d’amplification en
(1896 -1957- 1974) deux fois en Nouvelle Zélande(1978 -1981 )
sièges de sa victoire en voix ; une majorité relative en voix devient
ainsi qu’une fois en Afrique du Sud (1948)121. Ce phénomène dif-
une majorité absolue en sièges .l’autre parti qui est implanté sur
ficilement acceptable d’un point de vue démocratique s’explique
l’ensemble du Canada, le parti conservateur, subit un résultat ca-
par une trop forte concentration des voix du parti vainqueur
tastrophique. Son résultat en sièges apparaît particulièrement in-
dans ses fiefs. Il est beaucoup plus efficace de n’avoir qu’un lé-
juste ; puisqu’ il n’en obtient que 2 avec 16% des suffrages, alors
ger avantage dans beaucoup de circonscriptions qu’une très forte
que le bloc québécois en obtient 54 avec 13.5% des suffrages120.
avance dans seulement quelques-unes122.
118 DUVERGER (M), (dir), L’influence des systèmes électoraux sur la vie poli-
tique, Paris, Armand Colin, 1950, p. 56. 121 CADAR (J), (dir), Les modes de scrutin des 18 pays libres de l’Europe occiden-
119 Ibid, p. 56. tale, Paris, PUF, 1983, p. 67.
120 COX Gary (M), Making votes count: strategic coordination in the world’s elec- 122 GROFFMAN (B), LURHART (A), Électoral laws and their political conse-
toral systems, New York, Cambridge UP, 1997, p. 67. quences, New York, Agathon Press, 1986.p. 34.

58 59
Dans ce type de scrutin le découpage des circonscriptions peut comptant plus qu’une poignée d’électeurs en avaient deux. Après
être décisif, deux causes principales d’inégalité de représentation la réforme de 1832, l’écart était encore de 1 à 60, et après celle de
liées au découpage peuvent être retenues : 1885, de 1 à 7125. Depuis une trentaine d’années, toutes les an-
ciennes démocraties pratiquant le scrutin uninominal à un tour
- D’une part, les découpages démographiquement déséquilibrés
ont cependant développé une législation fixant des obligations
: Les déséquilibres démographiques dans les découpages électo-
de redécoupage régulier et des règles pour ceux-ci (circonscrip-
raux ont été important par le passé, souvent conséquence de l’ab-
tions d’un seul tenant et pas trop déséquilibrées démographique-
sence de réforme d’un découpage ancien alors que les évolutions
ment), ce qui a permis de mettre fin à la passivité coupable des
démographiques majeures s’étaient produites depuis.
législateurs mais n’a pas supprimé tous les problèmes de redé-
Ce vieillissement des découpages s’est traduit presque toujours coupages.126
par une sur- représentation de zones rurales dépeuplées, souvent
conservatrices, aux dépens des secteurs urbains en expansion,
- D’autre part Le Gerrymander
souvent politiquement plus progressistes. Aux Etats-Unis en
1960, ces inégalités étaient parfois étonnantes : pour le Sénat de Si l’absence de redécoupage relève d’un calcul politique, le redé-
l’Etat de Californie, le sénateur du comté de Los Angeles repré- coupage lui-même peut être l’occasion de manœuvres déloyales,
sentait 6 millions d’habitants et celui d’un district montagneux bien que légales. Il suffit de s’appuyer sur la connaissance dé-
1500 ; pour la Chambre basse de l’Etat du Vermont, l’élu de Stra- taillée des résultats des précédentes élections pour masser au-
ton représentait 38 habitants alors que celui de Burlington en tant que possible les voix de l’adversaire dans une minorité de
représentait 35 531123 circonscriptions afin de l’emporter dans les autres. La stabilité
des comportements électoraux rend ce type de calcul tout à fait
Depuis plusieurs décisions de la Cour suprême en 1962 et 1964,
raisonnable. Elbridge Gerry, gouverneur du Massachusetts au
les Etats ont l’obligation de procéder à un redécoupage des cir-
début du XIX siècle, est considéré comme le Christophe Co-
conscriptions locales et fédérales tous les dix ans en fonction des
lomb de ce type de manœuvre électorale. D’autres l’avaient sans
résultats du recensement124. La Grande-Bretagne a, elle aussi,
doute pratiqué avant lui, Celui-ci découpa en effet si bien les
connu de fantastiques inégalités de représentation aux débuts
circonscriptions pour l’élection du Sénat de l’Etat en 1812, que
du XIX siècle avec ses «bourgs pourris», qui résultaient d’une
ses amis emportèrent 29 sièges avec 50 164 suffrages contre seu-
absence de redécoupage depuis le XVI siècle : de grandes villes
lement 11 sièges à ses adversaires qui avaient pourtant obtenu 51
comme Birmingham, Leeds ou Manchester (137 000 ha.) ne dis-
766 suffrages. Un journaliste local ayant observé les curieuses
posaient d’aucun siège, alors que certains bourgs dépeuplés ne
formes géographiques des circonscriptions, ressemblant à des sa-
123 La CHAPELLE (G), Les régimes électoraux, Paris, Armand Colin, 1953, 125 SARIPOULOS (N), La démocratie et l’élection proportionnelle, Paris, Arthur
p.101. Rousseau, 1899, p.56.
124 DUVERGER (M), Les problèmes des modes de Scrutin et le fonctionnement de 126 LUPHART (A), Electoral systems and party systems, Oxford, Oxford Uni-
la démocratie : réflexion sur les théories, Paris 1956, p. 82. versity Press, 1994, p. 87.

60 61
lamandres, on baptisa ce travail un «Gerrymander», contraction le Conseil Constitutionnel en France ou la Cour Suprême aux
de Gerry et salamander127. Etats-Unis, pour fixer des critères d’équité du découpage. Pour
Pour bien comprendre le principe du Gerrymander, voici un empêcher ce type de pratique, la meilleure solution semble celle
exemple théorique de découpage :Supposons un ensemble de 25 adoptée par la Grande-Bretagne : une commission politiquement
unités électorales, toutes de poids démographique équivalent et neutre procède au redécoupage périodique des circonscriptions.
votant chacune en bloc pour l’un des deux partis A ou B, où A De plus, lors des élections à la Chambre des Communes, les bul-
contrôle 16 unités et B 9, ce qui signifie qu’A représente 64% des letins ne sont pas dépouillés dans les bureaux de vote, comme en
voix et B 36%128. France, mais au bureau centralisateur de la circonscription afin
que l’éventuelle connaissance de résultats à un niveau plus fin
L’objectif «juridique» consiste à découper 5 circonscriptions en que la circonscription ne puisse pas servir à des redécoupages
respectant le double impératif de continuité et d’égalité démo- réguliers pour des raisons démographiques, même avec le garde-
graphique. Cela signifie que chaque circonscription doit être fou de la règle de continuité, peut aboutir à accroître les inégalités
d’un seul tenant et contenir cinq unités. de représentation entre les forces politiques. La justice politique
L’objectif «politique» est de permettre au parti minoritaire B, s’avère de la manière suivante : dans un pays où le découpage est
qui ne représente que 36% des voix, de contrôler la majorité fait par le pouvoir politique pour servir ses intérêts, il est basé
des 5 circonscriptions. Cet objectif est réalisé dans le découpage sur les résultats des précédentes élections (d’avant le découpage).
ci-dessus dans lequel chaque unité est représentée avec le nom Etant donné les évolutions de la carte électorale, plus un décou-
du parti auquel elle apporte ses suffrages et où les cinq circons- page vieillit, plus il peut devenir politiquement aléatoire, même
criptions sont marquées en gras. Les cinq circonscriptions «sa- s’il devient démographiquement de plus en plus injuste. La pos-
crifiées». Avec 36% des voix, B obtient finalement 60% (3/5) des sibilité pour le pouvoir de procéder à des redécoupages réguliers
sièges129. peut lui permettre de «resserrer l’étreinte» face à l’opposition en
«actualisant» un découpage politiquement orienté131.
Cet exemple nous montre que ces deux règles de continuité et
d’égalité démographiques des circonscriptions ne s’avèrent pas «Mais le hasard lui-même peut suppléer à la malignité des hommes
suffisantes pour se prémunir contre des découpages politique- dans ce mode de scrutin. La plupart des défaites en sièges de
ment orientés130. Or, ce sont les seules règles objectives sur les- partis vainqueurs en voix vues précédemment ne résultent sans
quelles peuvent s’appuyer les organes constitutionnels, comme doute pas d’un découpage volontairement politiquement orien-
té, mais de l’impossibilité d’un découpage politiquement dans le
127 Thomas (T), Mackie et Richard Rose, The International Almanac of Electoral
History, 3e édition, Londres, Macmillan, 1991, p. 102.
cadre d’une certaine répartition de suffrages, comme le montre
128 DUVERGER (M), L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique, l’exemple des élections canadiennes de 1979 : les libéraux ont été
Paris ,Armand colin ,1950, p. 120. vainqueurs en voix avec 40,1 % contre 35,9% aux conservateurs,
129 DUVERGER (M), L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique, Pa-
ris , Armand colin ,1950, p. 70. 131 RAE (D6E), The political consequences of electoral laws. New Haven and
130 Ibid, p. 72. London, Yale University Press, 1971, p. 42.

62 63
et vaincus en sièges avec seulement 114 sièges contre 136 aux candidats suivant les secondes préférences. Si un candidat atteint
conservateurs sur un total de 282142. C’est la concentration ex- alors la majorité absolue des suffrages exprimés, il est élu, sinon,
cessive des voix des libéraux au Québec qui provoqua leur perte on continue le processus. Au bout du compte, on aura obliga-
: le Québec qui représentait 75 des 282 sièges leur accorda 61,7 toirement une majorité absolue sur un candidat quand il n’en
% des suffrages et 67 sièges, mais dans le reste du Canada, les li- restera plus que deux dans le processus134. Il s’agit d’un système
béraux n’ont obtenu que 31,7 % des suffrages et 47 sièges contre d’esprit très semblable au scrutin à plusieurs tours, sauf qu’il
44,6 % et 134 sièges pour les conservateurs132. évite de déplacer plusieurs fois les électeurs, les différents tours
éventuels de scrutin se déroulant au cours du même processus de
L’effet d’amplification en sièges d’un avantage en voix a bien
dépouillement.
joué, mais au niveau de chaque partie du Canada, Québec et
non-Québec. La concentration excessive des suffrages libéraux - Exemple de fonctionnement du scrutin uninominal alternatif :
ayant eu lieu au niveau de l’ensemble d’une province, aucun dé- soient les résultats suivants sur des premières préférences135 :
coupage de circonscriptions n’aurait pu y remédier133. Dans le
Suffrages exprimés : 57 835
cadre de ce mode de scrutin, il n’y a aucune possibilité pour évi-
ter ce genre de phénomène. (Majorités absolue: 28 918)

Quant à la variante du scrutin uninominal à un tour, autrement Candidat A : 25 780


dit le vote uninominal alternatif, ce dernier scrutin constitue un Candidat B : 12 365
dérivé du scrutin britannique, uninominal à un tour, qui satis-
Candidat C : 11 677
fait à l’exigence de majorité absolue. Comme avec le précédent
mode de scrutin, les électeurs votent pour des candidats dans des Candidat D : 8 010
circonscriptions à un siège, mais au lieu de ne voter que pour
Aucun des candidats n’ayant la majorité absolue des premières
un candidat, ils doivent classer sur leur bulletin l’ensemble des
préférences. On prend les 8010 bulletins du candidat D, arrivé
candidats de leur circonscription par ordre de préférence dé-
en dernier et on répartit sur les autres suivant les secondes pré-
croissant. Au moment du dépouillement, on classe d’abord les
férences mentionnées (que l’on suppose : A : 1 253, B :1 584, C :
bulletins en fonction des premières préférences. Si un candidat
5173) Ce qui donne A : 27 036, B : 13 949, C : 16 850.
réunit la majorité absolue des suffrages exprimés sur ses pre-
mières préférences, il est élu. Sinon, le candidat arrivé en dernière On n’a pas toujours de majorité absolue, mais C est passé devant
position est éliminé et ses bulletins sont répartis entre les autres B qui est éliminé. On prend les 13 949 bulletins de B et on les ré-
partit entre A et B suivant celui de ces deux candidats qui arrive
132 MENOUNI (A), Institutions politiques et droit constitutionnel, Casablanca,
Les éditions toubkal, 1990, p. 43. 134 GROFFMAN (B), LURHART (A), Electoral laws and their political conse-
133 DUHAMEL (O), PARODI (J-L), « Le PC à l’épreuve de l’exercice du pou- quences, New York, Agathon Press, 1986, p. 44
voir », Revue française d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, 135 Institut pour la démocratie. L›importance méconnue des modes de scrutin.
pp.153-164. 2002 -2003, p. 32.

64 65
en premier sur chacun de ces bulletins, derrière B ou D. L’un des Par l’ensemble de ses caractéristiques, le scrutin uninominal al-
deux aura alors obligatoirement la majorité absolue ternatif se rapproche beaucoup du scrutin uninominal à deux
tours137.
Ce mode de scrutin, utilisé par l’élection de la chambre des dé-
putés fédérale en Australie depuis 1919, où il a remplacé le scru- Passons maintenant à une autre projection suivante possible dans
tin uninominal à un tour, et pour la Chambre de chacun des états le cadre d’un scrutin majoritaire à un seul tour.
fédérés, sauf la Tasmanie, a été introduit pour la première fois en
Queensland en 1892136. Il est également utilisé en Irlande pour
Paragraphe 2 : Le scrutin majoritaire à un seul tour plurinominal
l’élection du président de la république au suffrage universel. Ce
mode de scrutin est incontestablement plus démocratique que le 199 sièges pour les 27 circonscriptions en Tunisie et 18 pour les 6
scrutin uninominal à un tour qui permet de prendre en compte circonscriptions à l’étranger ; cependant les candidats arrivés en
les suffrages qui se sont portés sur les petits candidats et d’assu- tête sont élus au prorata du 217 sièges à pourvoir138. Ce système
rer une plus grande représentativité de l’élu (majorité absolue) n’est plus guère utilisé dans les démocraties représentatives pour
dans sa circonscription. la désignation des députés. Il existe deux variantes principales
de ce type de scrutin selon que les listes sont bloquées ou non
Ce mode de scrutin a des effets de transcription de voix en sièges
(panachage).
très proches de ceux du scrutin uninominal à un tour avec deux
différences importantes : Dans le cas d’un scrutin à listes bloquées, l’électeur ne vote pas
pour des candidats mais pour une liste ; c’est à dire obligatoire-
1- il permet à des parties alliées de se présenter séparément
ment pour tous les candidats de la liste139.
devant les électeurs, sans affaiblir les chances de la coalition,
comme c’est le cas en Australie du Parti libéral et du Parti Natio- Dans le cas où les listes ne sont pas bloquées ; l’électeur vote en
nal (Country Party). fait individuellement pour chaque siège à pourvoir en compo-
2-les électeurs des petits partis ne perdent pas leurs votes, ils sant sa propre liste (panachage)
peuvent participer au choix entre les principaux candidats par Les effets de ce mode de scrutin plurinominal à un tour ; dans la
leurs préférences suivantes. transcription en sièges des résultats en voix ; auraient été encore
Néanmoins, ce mode de scrutions présente, lui aussi, des risques plus violents dans l’amplification qu’avec le scrutin uninominal.
d’inversions des résultats à cause du découpage, comme le scru-
tin uninominal à un tour : en 1954, avec plus de 50% du total des
137 OWEN (B), « Aux origines de l’idée proportionnaliste», Revue française
premières préférences, le Parti travailliste n’avait obtenu que 59 d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, pp. 15-30.
sièges alors que le Parti libéral en obtenait 64 avec 47% des voix. 138
139 LAURENT (A), DOLEZ (B), La magnitude, facteur décisif ? Les élections eu-
136 SARIPOULOS (N), La démocratie et l’élection proportionnelle, Paris, Arthur ropéennes de 2004 en France et les effets du changement de mode de scrutin, RIPC,
Rousseau, 1899, p. 44. 2010, vol. 17, n° 3, p. 175.

66 67
Le cas théorique d’un tel recours, nous aurait donné l’illustration En plus de ses très fortes déformations en sièges des résultats en
suivante : les deux partis Le mouvement Ennahdha et le Congrès voix ; ce mode de scrutin contient les mêmes risques d’inversion
Pour la République représentant 37% et 8,72% des suffrages et des résultats. Avec une mauvaise répartition géographique de ses
une assemblée de 217 sièges.S’il n’y a qu’une seule circonscrip- suffrages ; le vainqueur en voix peut devenir le vaincu en sièges,
tion à 217 sièges le mouvement Ennahda les obtien tous 140, si l’on et perdre par la même l’élection141.
découpe en plusieurs circonscriptions chacune a un siège ; le ha-
Ce système a été utilisé en Turquie de 1950 à 1957142. C’est aussi,
sard de la répartition géographique des suffrages doit permettre
de fait, le système utilisé au Etats-Unis pour l’élection présiden-
au Congrès Pour la République d’en obtenir quelques-unes. De
tielle. Les électeurs ne votent pas directement pour les candidats
ce fait, plus les circonscriptions sont nombreuses, plus le parti
présidentiels, mais ils élisent les grands électeurs dans le cadre
minoritaire a de chances d’en avoir une proportion importante.
des Etats. Et ce s’effectue avec un système de listes bloquées à
un tour.

Graphique 6 : La physionomie de l’assemblée selon un scrutin Dans le cas où les listes ne sont pas bloquées, l’électeur vote en
plurinominal un seul tour fait individuellement pour chaque siège à pourvoir en composant
sa propre liste (panachage). Ce scrutin a été appliqué en Grèce
de 1864 à 1923 puis en 1928, 1933, 1935 et 1952143. Les scrutins
de listes français de 1848, 1849, 1871, pour la désignation des
députés, s’y rattachent. Lors de ces trois scrutins départemen-
taux de liste pour la désignation des députés, un second tour était
théoriquement possible, mais les conditions exigées des candi-
dats arrivés en tête pour être élus le premier tour étaient si peu
contraignantes (plus de 2000 voix en 1848, 1/8 des électeurs ins-
crits en 1849 et 1871) qu’elles étaient toujours satisfaites, sauf cas
très exceptionnels. Dans le cas de candidatures libres, on est très
proche de celui des listes non bloquées. L’Angleterre a d’abord
pratiqué ce type de scrutin. A l’origine, au XIII siècle, toutes les
141 AROMATORIO (S), « L’absence traditionnel du mode de scrutin dans la
Constitution française : cause de l’instabilité chronique des modes de scrutin légis-
latifs », RFDC, 2007/3, n° 71, p. 601.
142 BON (F), « Fair Representation : La théorie des proportionnelles », Revue
française d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, p.149.
143 CHAGNOLLAUD (D), « Les Présidents de la Ve République et le mode
d’élection des députés à l’Assemblée nationale », Revue française d’études consti-
140 Graphique 6. tutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, p.95.

68 69
circonscriptions (alors les comtés) avaient deux sièges. Les cir- Si on compare les résultats des scrutins uninominaux et des scru-
conscriptions à deux sièges ont progressivement disparu au XIX tins plurinominaux, on s’aperçoit que l’effet d’amplification en
siècle144. Elles n’étaient plus qu’en nombre négligeable à partir de sièges d’une victoire en voix s’avère encore plus forte dans le
1884 et il n’y en a plus aucune aujourd’hui. second cas. On peut en déduire la règle suivante: dans un scru-
tin majoritaire, il y a habituellement une amplification en sièges
Les effets de ce mode de scrutin plurinominal à un tour, dans
d’une victoire en voix, et cette amplification est d’autant plus
la transcription en siège des résultats en voix, sont encore plus
forte que, pour un nombre donné de sièges dans l’assemblée, le
violents dans l’amplification qu’avec le scrutin uninominal. Ob-
nombre moyen de sièges en jeu par circonscription (la magni-
servons les résultats des élections turques de 1950, 1954 et 1957
tude) est élevé, ou, ce qui revient au même, le nombre de circons-
(à partir de 1960, la représentation proportionnelle est utilisée)
criptions est faible.
Avec 53,6 % des suffrages, le Parti démocrate avait eu 408 sièges
sur 487 en 1950 contre 40 % et 69 sièges au Parti républicain du Pour mieux comprendre cette règle, imaginons le cas théorique
peuple145. d’un système à deux partis A et B, A représentant 55% et B 45%
des suffrages et une assemblée de 100 sièges. S’il n y’a qu’une
On observe le même type d’amplification massive dans les ré-
seule circonscription 100 sièges, A les obtient tous. Si l’on dé-
sultats en termes de grands électeurs lors des élections présiden-
coupe 100 circonscriptions à un siège, le hasard de la réparti-
tielles américaines, dont voici trois exemples.
tion géographique des suffrages doit permettre à B d’en obtenir
Avec 43 % des suffrages Bill Clinton (démocrate) a emporté 370 quelques-unes. De ce fait, plus les circonscriptions sont nom-
des 538 grands électeurs alors que Georges Bush (républicain) breuses (et de magnitude faible), plus le parti minoritaire a de
n’en a que 168 avec 38 % des suffrages et Ross Pérot aucun avec chance d’en avoir une proportion importante147.
19%.Comme dans le cas du scrutin uninominal ,la représenta-
Ce phénomène d’inversion des résultats s’est produit déjà deux
tion d’un parti ou d’un candidat est très dépendante de la répar-
fois aux élections présidentielles aux Etats-Unis, en 1876 et 1888
tition géographique de ses suffrages: en 1968,le candidat sudiste
où le candidat démocrate l’avait emporté en terme de suffrages
Georges Wallace, dont les suffrages étaient concentrés dans les
et où le candidat républicain l’avait emporté en nombre de
Etats de l’ancienne confédération, a obtenu 46 grands électeurs
grands électeurs148. Un autre point important doit être remar-
avec 13,5 % des suffrages alors que Ross Pérot ,dont la réparti-
qué, également valable pour le scrutin plurinominal alternatif et
tion des suffrages était relativement étale, avec 19 % en 1992,n’en
le scrutin plurinominal à deux tours: avec les scrutins majori-
obtient aucun146.
taires, le respect de la règle (un homme, une voix) d’égalité de la
144 AVRIL (P), GICQUEL (J), « Chronique constitutionnelle française - 16 juil- représentation des électeurs ne peut être réellement obtenu que
let - 15 octobre 1984 », Revue française d’études constitutionnelles et politiques,
n°32, janvier 1985, p.199. 147 NOHLEN (D), Elections in the Americas: A data handbook, New York, in
145 SCHNEBEL (V), « Les modes de scrutin et leurs conséquences », RFDP, Oxford University Press, 2005, p. 9.
2013, p. 11. 148 O’DONNELL (G), Transitions from authoritarian rule, prospects for demo-
146 Ibid, p. 11. cracy, In JHU press, 1 october 1986, p. 180.

70 71
dans le cadre de circonscriptions de même population compre- sièges sont attribués aux candidats battus qui eut les plus grands
nant le même nombre de sièges à pourvoir. En effet, si l’on a un nombres de voix afin de compenser les effets très majoritaires du
nombre de sièges par circonscription qui n’est pas proportionnel système.
à leur population, certains électeurs sont obligatoirement sous
Quant à l’alternatif, ce mode de scrutin a été pratiqué en Aus-
représentées, ceux qui votent dans les circonscriptions sous-re-
tralie, de 1919 à 1946(10 élections) pour l’élection, tous les trois
présentées. Mais, même dans le cas d’une répartition des sièges
des sénateurs fédéraux dans le cadre de 6 circonscriptions à 3
entre les circonscriptions proportionnelle à leur population, si
sièges151. Le mode de scrutin était semblable dans son principe
les circonscriptions n’ont pas toutes le même nombre de sièges,
à celui du scrutin uninominal alternatif, avec le classement des
certains électeurs sont sur- représentés par rapport à d’autres: ce
candidats par ordre préférentiel. Pour pour voir les trois sièges
sont les électeurs qui votent dans les circonscriptions ayant plus
de chaque Etat, on procédait à trois dépouillement successifs en
de sièges que la moyenne des circonscriptions149. Exemple: si la
appliquant à chaque fois le scrutin alternatif. Lors du second et
circonscription A a 2 sièges à pourvoir et la circonscription B 10
du troisième dépouillement, le candidat qui avait été élu lors du
(avec cinq fois plus d’habitants),alors tout se passe comme si les
dépouillement précédent était éliminé d’office et on prenait les
électeurs de la circonscription A avaient le droit de voter dans
préférences suivantes sur les bulletins où il était placé en pre-
deux circonscriptions uninominales politiquement semblable à
mière préférence. Un parti majoritaire dans un Etat, et dont les
A et que les électeurs votant dans B avaient le droit de voter dans
électeurs faisaient preuve de discipline en accordant leurs trois
10 circonscriptions uninominales politiquement semblables à B.
premières préférences à ses candidats, pouvait ainsi emporter les
l’électeur de B a dix voix quand celui de A n’en a que deux, i l
trois sièges de l’Etat. Ce mode de scrutin a donné des effets de
est cinq fois plus représenté150. Ce phénomène est bien connu
sur - amplification du même type que le plurinominal à un tour.
dans les élections présidentielles américaines: il est capital pour
En 1925, avec 45% des suffrages, les travaillistes, ont emporté
les candidats de l’emporter dans les grands Etats, alors même que
tous les sièges152. Après 1946, ce système a été remplacé par un
les petits Etats sont légèrement sur- représentés dans le collège
scrutin proportionnel afin d’obtenir une assemblée plus repré-
des grands électeurs. Une voix de majorité en Californie fait bas-
sentative.
culer 54 grands électeurs, une voix de majorité dans l’Alaska n’en
fait basculer que 3. L’île Maurice est un des rares pays à utiliser Après avoir illustré la projection du système majoritaire à un
un système de ce type pour l’élection de son assemblée législative tour qu’il soit uninominal ou plurinominal on s’interroge : qu’en
(70 sièges). 62 sièges sont pourvus dans le cadre de 20 circons- est-il pour la projection du scrutin majoritaire à 2 tours ?
criptions à trois sièges et d’une à deux sièges (l’île Rodrigue), afin
d’assurer une égale représentation des électeurs. Les 8 derniers
151 REIN (T), et S. SHUGART (M), Seats and votes: the effects and determinants
149 AVRIL (P), GICQUEL (J), « Chronique constitutionnelle française - 16 juil- of electoral systems, New Haven, CT: Yale UP, 1989, p. 56.
let - 15 octobre 1984 », Revue française d’études constitutionnelles et politiques, 152 BAHININWA MAKYAMBE (F), Analyse critique de la loi électorale du 09
n°32, janvier 1985, p. 191. mars2006, Congo : conditions d’éligibilités et modes de scrutin, Congo, université
150 Ibid, p. 191. Officielle de Bukavu,2007.p. 54.

72 73
Section 2 : Scrutin majoritaire 2 tours projection précédente celle du premier tour, dont le mouvement
d’Ennahda a été représenté avec 96.97% des suffrages.
Le système de scrutin à deux tours est également connu sous le
nom de système à scrutin de ballottage. Tout candidat qui ob- Cependant, on peut restreindre l’accès du second tour aux seuls
tient au moins une majorité des suffrages exprimés valides au candidats qui ont dépassé un certain seuil de voix au premier
premier tour est vainqueur. Si aucun candidat ne l’obtient au tour et même limiter l’accès au second tour aux seuls deux can-
premier tour, tous les candidats, sauf ceux qui mènent, sont éli- didats arrivés en tête.
minés, et un second tour a lieu. La forme la plus courante de ce
Le fait d’avoir un deuxième tour permet d’élire des personnes
système exige une majorité au deuxième tour entre les deux can-
disposant de majorités plus fortes que dans le cas d’un système
didats les mieux placés au premier tour153. A la même manière de
à un tour, mais cela n’a pas d’effets positifs sur les autres défi-
la projection précédente nous allons illustrer successivement les
ciences du mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour.
deux formes uninominal et plurinominal
En France, sous la III République, quand ce mode du scrutin a
été utilisé pour l’élection de la Chambre des députés, de 1876
Paragraphe 1 : Le scrutin uninominal à deux tours et 1881, de 1889 à 1914, puis de 1928 à 1936, l’accès au second
tour était absolument libre, même aux candidats non présents
Dans le mode de scrutin uninominal à deux tours, l’on vote une
au premier tour154. Ce fut également le cas en Allemagne, sous
deuxième fois « un 2éme tour», souvent quelques jours après le
la République de Weimer, aux élections présidentielles de 1925
1er tour, si personne n’y a obtenu la majorité absolue des voix
et 1932. On peut restreindre l’accès du second tour aux seuls
(soit 50 % + 1 vote).
candidats qui ont dépassé un certain seuil de voix au premier
Ce qui est recherché c’est l’obtention d’une majorité plus forte, tour, comme c’est le cas en France depuis le rétablissement de
ce qui ne correspond pas nécessairement à une majorité absolue, ce scrutin en 1958 (actuellement : 12,5 % des électeurs inscrits
car il peut y avoir plus de 2 personnes à participer au 2éme tour. sauf pour les candidats 1 er et 2éme), on peut même limiter l’ac-
cès au second tour aux seuls deux candidats arrivés en tête au
Le principe général du scrutin uninominal à deux tours est premier. Cette règle, appliquée pour l’élection du Reichtag sous
simple : si un candidat n’obtient pas la majorité absolue des voix l’Empire Allemand de 1871 à 1914, est actuellement en vigueur
au premier tour un second tour est organisé où la majorité re- pour l’élection du Président de la république au suffrage univer-
lative suffit ; l’aspect décisif de ce type de scrutin réside dans la sel dans plusieurs pays dont la France, le Portugal, la Pologne, le
condition d’accessibilité au second tour. Un recours à un scrutin Brésil et le Pérou.
uninominal pendant les élections du 23 octobre 2011 n’aurait pas
donc conduit à un deuxième tour à partir des résultats de notre
154 AROMATORIO (S), « L’absence traditionnel du mode de scrutin dans la
153 Guillaume (B), Exercices, droit constitutionnel et institutions politiques: théo- Constitution française : cause de l’instabilité chronique des modes de scrutin légis-
rie, Studyrama, 2006, p. 341. latifs », RFDC, 2007/3, n° 71, pp. 601-622.

74 75
Les conséquences de ce mode de scrutin sur la transcription des On peut considérer que la représentation d’un parti membre
voix en sièges apparaissent de même nature que celles du scrutin d’une coalition, avec accord de désistement entre les deux tours,
uninominal à un tour, mais avec une différence importante qui obéit aux quatre règles suivantes156 :
tient à la possibilité d’alliance entre les deux tours.
1)Amplification en sièges de la victoire de la coalition gagnante
Observons les résultats des élections législatives françaises des en voix, comme entre les deux principaux partis dans un scrutin
21 et 28 mars 1939, L’alliance UDF- RPR-DVD avait pratiqué à un tour : en juin 1981, la coalition de gauche (PC+PS) avait
l’unité de candidature dès le premier tour dans la plupart des obtenu 333 sièges avec environ 55% des suffrages face à celle
circonscriptions et un désistement quasi systématique au second de droite (UDF+RPR) qui n’en a eu que 158 avec 45 % des suf-
tour dans les autres. La majorité sortante et le PC ont pratiqué frages.
un désistement systématique entre les deux tours. Les écolo-
gistes n’avaient passé aucune alliance au premier tour et n’ont pu 2) Amplification en sièges de l’avantage en voix du parti domi-
accéder au second tour que dans deux circonscriptions, victimes nant de la coalition sur l’autre (ou les autres) : en juin 1988 avec
du seuil des 12,5 % des inscrits. Le front national est resté isolé 11,3 % des suffrages au premier tour, le PC a 27 sièges au total
au second comme au premier. On remarque l’effet d’amplifica- des deux tours alors que la Majorité Présidentielle (socialiste) en
tion en siège de l’avantage en voix du bloc de droite modérée a 276 pour 37,9 % des suffrages au premier tour.
UDF-RPR-DVD sur celui de la gauche Maj+P : 44,1 % contre 3) Avantage au sein de la coalition à celui qui a les meilleures
28,4 % des voix au premier tour donnent 485 sièges contre 91 sur capacités de rassemblement au second tour. Ce facteur a long-
l’ensemble des deux tours155 temps joué en faveur du Parti socialiste au sein de la gauche : à
Les écologistes, étant minoritaires et ayant une répartition géo- niveau égal de gauche au premier tour, les candidats socialistes
graphique relativement homogène de leurs suffrages, contraire- obtenaient de meilleurs résultats que les communistes au second.
ment au PC, sont pratiquement partout éliminés et n’ont aucun J. Jaffré a montré que ce fut le cas des candidats de l’UDF par
siège. Le Front National, assez fort pour atteindre le second tour rapport à ceux du RPR en juin 1988.
dans plus de 100 circonscriptions, mais minoritaire et isolé (sans
4) Avantage en sièges au parti dont les suffrages sont géographi-
alliance de second tour), n’obtient aucun siège. Le Parti commu-
quement le plus efficacement répartis au sein du potentiel de la
niste, bien qu’il soit nettement plus faible que le FN et à peine
coalition, c’est- à- dire au parti qui est le plus fort là où la coali-
plus fort que les écologistes, arrive à limiter sa sous-représenta-
tion est majoritaire : ce dernier facteur permet au parti commu-
tion en sièges, grâce à la concentration géographique de ses suf-
niste de limiter quelque peu la domination du PS au sein de la
frages et à son insertion dans une alliance de second tour avec la
gauche car ses voix sont massivement concentrées dans les zones
majorité sortante socialiste.
de force de la gauche, en 1981 bien que les résultats des candidats
155 AROMATORIO (S), « L’absence traditionnel du mode de scrutin dans la
Constitution française : cause de l’instabilité chronique des modes de scrutin légis- 156 GICQUEL (J), GICQUEL (J-E), Droit constitutionnel et institutions poli-
latifs », RFDC, 2007/3, n° 71, pp. 601-622. tiques, Montchrestien, 23 éme édition, 2009, p. 76.

76 77
communistes au second tour aient été moins bons, a niveau de 1ere de Marseille; dans la région parisienne, celle de Longjumeau
gauche égal au premier tour, que ceux des candidats socialistes, en comptait 187319 contre seulement 27388 dans celle du 8eme
les candidats communistes l’ont emporté dans 37 des 38 circons- arrondissement de paris, l’acteur découpage, plus récent 1986 ne
criptions où ils étaient présents au second tour157. recèle pas d’aussi fortes inégalités, mais on observe cependant
que la règle d’accorder au moins deux sièges à chaque départe-
Les mêmes problèmes que dans le scrutin uninominal à un tour,
ment conduit à une sur-représentation de certains départements
d’inégalité démographique et d’injustices politiques de représen-
ruraux comme la Lozére qui a deux députés pour 57758 élec-
tation se posent dans le scrutin uninominal à deux tours158.
teurs alors que, dans la même région le département de l’Hérault
En Allemagne, la social-démocratie a été la grande victime n’en a que 7 pour 552577 électeurs, les électeurs de la Lozère
de l’absence volontaire de redécoupage des circonscriptions sont 2.7 fois plus représentes que ceux de l’Hérault. Plus dif-
entre 1871 et 1914. Des inégalités de population de plus de 1 à ficilement compréhensibles, car ne découlant d’aucune règle de
5 n’était pas rares dans les 397 circonscriptions avec de fortes découpage, sont les inégalités de représentation des électeurs à
conséquences politiques, aux élections de 1907,les sociaux- dé- l’intérieur d’un même département :dans les Bouche du Rhône,
mocrates n’ont obtenus que 43 sièges pour28.9% des suffrages la 3éme circonscription de Marseille ne compte que 48704 élec-
contre 100 sièges, et 15.8% des suffrages pour les partis conser- teurs alors que celle de Gardanne en a 96565, on doit remarquer
vateurs(Deutsche Reichpartei, Deutsche konservative, Deutsche que, malheureusement la France se singularise toujours, parmi
Reformpartei), 105 sièges et 19,7% des suffrages pour le centre les démocraties déjà anciennes pratiquant le scrutin uninominal,
catholique(zentrum),49 sièges et 11% des suffrages pour les li- par son absence d’obligation de redécoupage en fonction des
béraux de gauche (freinsinnige) 54 sièges ,et 14.5% des suffrages évolutions démographiques. C’est aux élections cantonales que
pour le centre-droit,(national libéral)et 46 sièges et 10.4% des les inégalités de représentation apparaissent les plus criantes dans
suffrages pour les minorités nationales et les autres partis, en 16 départements métropolitains, les écarts de population entre
France, JM Cotteret et C Emeri ont relevé que sous la 3eme les cantons de la Valette sont représentés par un conseiller géné-
république l’arrondissement de Florac élisait un député pour ral, comme les 928 du canton de Comps- sur-Artuby160.
22338 habitants de même que celui de Corbeil qui en comptait
137718. Plus récemment159, l’absence de redécoupage significa-
Paragraphe 2 : Le scrutin plurinominal à deux tours
tif entre 1958 et 1981 avait provoqué de considérables inégali-
tés : dans les Bouches du Rhone, la circonscription de Salon de Ce mode de scrutin fait en sorte que l’électrice ou l’électeur vote
Provence comptait 189468 électeurs inscrit contre 41466 pour la pour plusieurs personnes « plurinominal » pour représenter sa
circonscription.
157 COTTERET (J-M), et EMERI (C.), Les systèmes électoraux, collection que
sais – je ? Paris, P.U.F, 1983 , p. 127.
158 Ibid, p. 128. 160 AROMATORIO (S), « L’absence traditionnel du mode de scrutin dans la
159 COTTERET (J-M), et EMERI (C.), Lois électorale et inégalités de représen- Constitution française : cause de l’instabilité chronique des modes de scrutin légis-
tions en France 1936-1960, Paris , Armand Colin, 1960, p. 65. latifs », RFDC, 2007/3, n° 71, pp. 601-622.

78 79
Ce système est similaire au scrutin majoritaire uninominal à un Les conservateurs catholiques, le parti dominant, étaient nette-
tour et à deux tours, sauf que l’exercice se fait dans une circons- ment sur- représentes. Les libéraux étaient doublement victimes
cription électorale représentée par plusieurs députés. Ce mode de leur infériorité en voix et de la mauvaise répartition géogra-
de scrutin utilise donc des listes de candidates et de candidats. phique de leurs suffrages. Les socialistes compensaient leur infé-
On peut alors voter pour des personnes de différents partis riorité en voix par concentration géographique de celles-ci.
ou même voter plusieurs fois pour la même personne, jusqu’à
En conclusion, on peut tirer plusieurs remarques sur les scrutins
concurrence du nombre de sièges à combler pour la circonscrip-
majoritaires uninominaux ou plurinominaux à un ou deux tours
tion plurinominale. Elles peuvent remporter un siège par un vote
concernant les effets de la transformation des voix en sièges, en
de différence ou par plusieurs milliers.
laissant de côté les éventuels problèmes d’actualisation des dé-
Il s’agit d’un scrutin plurinominal comportant l’exigence de la majo- coupages et de Gerryander : Une forte amplification en sièges
rité absolue des suffrages exprimés pour l’élection au premier tour. de la victoire du parti dominant en suffrages. Cette amplification
Quand le panachage est autorisé (listes non bloquées). L’éventuel est d’autant plus forte, pour un nombre donné de sièges dans
second tour ne porte que sur les sièges non pourvus au premier. Ce l’assemblée, que le nombre moyen de sièges par circonscription
type scrutin n’est plus utilise a l’heure actuelle dans les démocraties (magnitude) est élevé, ou, ce qui revient au même, que le nombre
représentatives pour la désignation des députes. Il a été utilisé pour de circonscriptions est faible.
la désignation des députés en France aux élections de 1885, en Bel-
Les tiers partis sont encore plus fortement sous-représentés que
gique jusqu’ en 1899, et au Luxembourg jusqu’ en 1918.Le point
le second parti.
important de ces scrutins de liste à deux tours dans le cas de listes
bloquées (panachage interdit), c’est le droit ou non de fusionner des La représentation en sièges de chaque force politique est for-
listes entre les deux tours. Le droit de fusion entre les deux tours tement dépendante de la répartition géographique de ses suf-
permet le pluralisme à l’intérieur d’un même champ et constitue une frages161, facteur qui peut contrer et même annuler les deux règles
clause très importante pour les formations politiques minoritaires. précédentes.
Une formation politique minoritaire en voix peut même être sur-
représentée en sièges si elle peut fusionner au second tour avec une Le vote alternatif, ou le second tour favorise la recherche de coa-
autre afin de former une alliance majoritaire. Dans le cas de listes litions électorales entre des partis minoritaires, chacun pouvant
bloquées, si la fusion est interdite entre les deux tours, une forma- alors compter ses troupes. Les partis isolés sont fortement péna-
tion minoritaire est obligée de renoncer à se compter séparément au lisés et les règles précédentes jouent alors entre les coalitions et
premier tour sous peine d’être écartée de l’assemblée. au sein même de celles-ci162.

On a observé les mêmes phénomènes de déformation du rapport 161 CHOKRI (A), Les élections législatives générales organisées en Tunisie depuis
entre les voix et les sièges que dans les autres scrutins majoritaires, le 7 novembre 1987, Mémoire pour le DEA en droit public interne, faculté de droit
et des sciences politiques de Tunis, 1999, p. 83.
comme le montrent les résultats des élections belges de 1894.
162 Azouz (CH), op, cit, p. 84.

80 81
L’égalité des électeurs devant le suffrage nécessite que toutes Chapitre II :
les circonscriptions soient démographiquement équivalentes et
Projection alternative
aient le même nombre de sièges163.

En conclusion, les scrutins uninominaux sont, sous cet aspect,


moins injustes que les scrutins plurinominaux car ils ont la ma-
gnitude la plus faible possible. Mais les scrutins uninominaux
sont aussi plus justes que les scrutins plurinominaux en ce qui
concerne l’égalité des électeurs devant le suffrage. Cette exigence
est plus facilement remplie par les scrutins uninominaux que L e croisement dont il est question ici est celui qui combine à
la fois un aspect majoritaire et un aspect proportionnel dans
la méthode de composition de l’Assemblée Nationale Consti-
par les scrutins plurinominaux car il est difficile de découper un
pays en petites unités démographiquement égales qu’en grandes, tuante.
surtout si on doit respecter certaines limites administratives. Cette alliance est rarement employée beaucoup moins que les
L’ensemble de ces considérations explique pourquoi les scrutins scrutins à base exclusivement majoritaire ou proportionnelle.
uninominaux ont été progressivement préférés aux scrutins plu- Résultats de compromis entre les options différentes et souvent
rinominaux pour la désignation des députés : ils sont incontesta- contraires, pouvant fréquemment être remis en cause. Ils sont
blement moins injustes164. toujours critiqués pour leur complexité. Avec des modes de
Voilà donc comment aurait été les résultats des élections du 23 scrutin mixtes pour les élections législatives de 1919 et 1924 puis
octobre 2011 avec un scrutin majoritaire à un ou deux tours, mais pour celles de 1951 et 1956 la France faisait figure d’exception165.
il est aussi possible de combiner les éléments des deux familles Cependant, l’utilisation de modes de scrutins mixtes pour l’élec-
majoritaire et proportionnelle pour former un modèle alternatif tion des députés a sensiblement progressé à l’occasion des va-
ce qui sera l’objet du chapitre suivant. gues de démocratisation en Asie, en Coré et à Taiwan, puis en
Europe de l’EST en Albanie, Bulgarie, Lituanie et Russie. Parmi
les démocraties les plus anciennes l’Italie et le Japon viennent
d’adopter des scrutins mixtes en 1993 et 1994166. Cette vague ré-
cente ne contredit pas le caractère souvent fragile des scrutins
mixtes.la Bulgarie a abandonné le scrutin mixte utilisé pour les
élections de 1990 pour organiser celle de 1991 avec un scrutin
163 Mejri (H), Les élections présidentielles et législatives anticipées du 02 avril totalement proportionnel. La Corée a abandonné en 1988 son
1989en Tunisie : Essai d’interprétation politique, Mémoire pour le diplôme d’études scrutin mixte utilisé en 1985 au profit d’un scrutin qui étant to-
approfondies en sciences politiques Tunisie, faculté de droit et des sciences poli-
tiques de Tunis,1939, p. 23. 165 COTTERET (J-M), et EMERI (C.), Lois électorale et inégalités de représen-
164 Thomas (T), Mackie ET Richard (R.), The International Almanac of Electoral tions en France 1936-1960, Paris, Armand Colin, 1960, p. 21.
History, 3e edition, Londres, Macmillan, 1991, p. 33. 166 Martin (P), op, cit, p. 76.

82 83
talement dominé par la logique de l’uninominal à un tour, n’a justice de la composition de l’Assemblée ainsi élue168. Ce sont
plus que l’apparence de la mixité, Cette expansion récente des souvent des partis différents sinon opposés qui sont prioritai-
modes de scrutin mixtes ; que l’on constate également au niveau rement implantés dans les zones rurales dépeuplées ou dans les
des élections municipales, notamment en France depuis 1982 et zones urbaines plus peuplées. Un parti qui est dominant dans les
en Italie 1993167, est significative de la volonté de beaucoup de zones dépeuplées où l’on vote au scrutin majoritaire et minori-
législateurs de trouver des modes de scrutin combinant les avan- taire dans les zones peuplées où l’on vote à la proportionnelle,
tages prêtés aux deux types de modes de scrutin, majoritaire et se trouve alors avantagé par rapport à un parti d’implantation
proportionnel. contraire169. Il peut monopoliser la représentation des zones peu
peuplées, Ce phénomène s’est produit lors des élections islan-
Un mélange du majoritaire et de la proportionnelle lors des élec-
daises de 1931 où les agrariens ont obtenu 21 sièges sur 36 avec
tions du 23 octobre en Tunisie peut se présenter sous la forme
35.9% des suffrages contre seulement 12 au parti de l’Indépen-
de l’application de modes différents ; majoritaire ou proportion-
dance qui avait pourtant obtenu 43.8% des voix170. Le fait qu’un
nels ; suivant les circonscriptions ; on a alors une mixité géogra-
scrutin majoritaire était employé pour désigner les élus de la par-
phique (section 1). La mixité du mode de scrutin peut provenir
tie rurale du pays ; alors que ceux de la ville de Reykjavik était
aussi de l’application sur l’ensemble du pays (section 2) d’un
élus à la proportionnelle a favorisé ce phénomène qui s’est pro-
même système comportant à la fois des aspects majoritaires et
duit en 1937 où le parti du Progrès a obtenu 19 sièges sur 49 avec
proportionnels.
24.9% des voix contre seulement 17 au parti de l’Indépendance
pour 41.3% des suffrages171. Ce système a été modifié en 1942
puis abandonné complètement au profit de la représentation
Section 1 : Le croisement géographiquement mixte proportionnelle en 1959172 .Un scrutin de ce type est appliqué en
Ces modes de scrutin possèdent tous un principe commun : la France pour l’élection des sénateurs dans le cadre des départe-
combinaison d’un scrutin majoritaire uninominal ou plurinomi- ments. Dans tous les départements à 5 sièges et plus ainsi que le
nal dans les circonscriptions qui ont le plus faible nombre de Val d’Oise ; l’élection a lieu à la représentation proportionnelle
sièges et un mode de scrutin proportionnel dans les circonscrip- à la plus forte moyenne, mais au scrutin plurinominal de liste à
tions à forte population et à fort nombre de sièges. Ce mode de deux tours dans les autres.
scrutin peut paraître séduisant pour ceux qui veulent équilibrer
le scrutin majoritaire par une dose de proportionnelle afin d’as-
surer la représentation des minorités tout en conservant son ef- 168 Maurice (D), L’influence des systèmes électoraux sur la vie politique, Paris,
Armand colin, 1950, p. 110.
fet d’amplification en sièges d’une victoire en voix. Mais ce type
169 Ibid, p. 120.
de croisement présente des caractéristiques dangereuses pour la 170 La CHAPELLE (G), Les régimes électoraux, Paris, Armand Colin, 1953, p.
89.
171 Ibid, p. 90.
167 Martin (P), op, cit, p. 68. 172 Martin (P), op, cit, p. 44.

84 85
Section 2 : Le croisement géographiquement homogène appelé nombre de siège et les résultats correspondant à chaque
parti politique dans une deuxième colonne juste à côté de la pre-
Ce croissement peut paraître à travers deux alliances : d’abord
mière appelé « total-nom de circonscription »
entre le scrutin majoritaire plurinominal et la représentation pro-
portionnelle (paragraphe1) ensuite entre le scrutin majoritaire Exemple : soit la circonscription d’Ariana
uninominal et la représentation proportionnelle (paragraphe 2)
Le nombre de siège en jeu = 8

Le nombre de voix accordé au mouvement d’Ennahdha = 71170


Paragraphe 1 : Alliant un scrutin majoritaire plurinominal et la
représentation proportionnelle Ce dernier multiplié par 8 nous donne un nombre de 569360, qui
est le nombre affiché dans la colonne « total Ariana »
Le scrutin employé en France lors des élections de 1919 et 1924
était un mélange de scrutin majoritaire de liste non bloquée et Le CPR a cumulé 17801 voix ; multiplié par 8 nous donne un Total
de scrutin proportionnel ; le scrutin se déroulait dans le cadre Ariana de 142408, ainsi de suite pour le reste des circonscriptions.
départemental173.
L’étape suivante est de dégager tous les candidats obtenant la ma-
Le principe consiste dans le fait que Chaque électeur avait autant jorité absolue des suffrages :
de voix qu’il y avait de sièges en jeu dans sa circonscription et
il n’y avait qu’un tour .Tous les candidats obtenant la majorité D’abord on a considéré les chefs de files comme des candida-
absolue des suffrages exprimés étaient élus. Les sièges restants tures uninominales, puis on a dégagé la majorité absolue du total
étaient repartis entre les listes suivant le quotient, le nombre de des suffrages national exprimés, soit 50% de 4.055.64176avant de
voix de chaque liste (moyenne de liste) correspondant au total calculer le total reçu par chaque candidat dans l’ensemble de cir-
des suffrages recueillis par les candidats de la liste di visé par le conscription.
nombre de candidats de la liste. Les sièges éventuellement restant Exemple :
étaient tous attribués à la liste arrivée en tête174.
les suffrages exprimés pour le candidat du mouvement Ennahdha
Il convient alors de multiplier le nombre de voix obtenu dans = total Tunis1177+ total Tunis 2178 + total Ariana +total Mannou-
chaque circonscription par le nombre de sièges en jeu ; dans un ba + total Ben Arous + total Bizerte +total Nabeul 1 179+total
fichier Excel175on a affiché les premiers dans des colonnes com-
176 Arrêté du 27/10/2011 proclamation des résultats préliminaires des élections de
portant les noms de circonscriptions ; les derniers dans une ligne l’assemblée national constituante.
177 Comprend les délégations de : Tunis Médina, Beb Bhar, Beb Souika, Sijoumi,
173 DUVERGER (M), Les partis politiques, Paris, Armand Colin, 1981, p. 112. Ezzouhour, Hrairia, Sidi Hassine, El Ouardia, Kabbaria, Sidi El Béchir et Jebel
174 M.CAREY (J), Does it matter how a consitiution is created? Zoltan Barany Jloud.
and Robert G.Moser,eds Is Democracy Exportable?, New York, Palgrave Macmil- 178 Comprend les délégations de : Carthage, El Omrane, El Omrane Supérieur,
lan, 2009. Ettahrir, El Menzah, Cité El Khadhra, Le Bardo, La Goulette, le Kram et la Marsa.
175 Tableau annexe 4. 179 Comprend les délégations de : Nabeul, Dar Chaabene El Fehri, Beni Khiar,

86 87
Nabeul 2180+total Zaghouan +total Béja +total Kef +total Siliana Soit le nombre de candidats par liste= le nombre de candidats
+total Kairouan +total Sousse +total Monastir + total Mahdia par liste 9 par circonscription multiplié par le nombre total de
+ total Kasserine+ total Sidi Bouzid +total Gafsa+ total Tozeur circonscription 33 .les totales de liste étant divisés par 297 nous
+total Sfax 1181+ total Sfax2182 +total Gabès + total Medenine + fournit les résultats affichés dans la colonne « total final ». La
total Tatouine + total Kebili +total France 1183+total France 2184+ liste arrivée en tête celle du mouvement Ennahdha avec 5.055.71
total Italie +total Allemagne + total Amériques + total Europe + aura les 214 sièges restants.
total Pays arabes.
On finit donc ; par une assemblée constituante représentant le
Les résultats ont été affichés dans une colonne «total suffrage», mouvement d’Ennahdha avec 215 sièges, Moncef Marzouki avec
les candidats obtenant la majorité absolue des suffrages sont : 1 siège, Mostapha Ben Jafer avec 1 siège186. Il a été constaté lors
de cette alliance, que la faible dose de proportionnelle était do-
• Rached Ghannouchi , chef de file mouvement Ennahdha avec
minée par la dynamique du scrutin de liste majoritaire à un tour
un total de 11.633.069
précédemment étudié ce qui conduit à la domination du mouve-
• Moncef Marzouki , chef de file CPR avec un total de 2.612.826 ment d’Ennahdha.

• Mostapha ben Jafer , chef de file Ettakatol avec un total de


2.060.833
Graphique 7 : physionomie de l’assemblée selon l’alliance du scrutin
Et par la suite, 3 sièges ont été attribués parmi 217 ; les 214 res- majoritaire plurinominal et représentation proportionnelle
tants seront attribués selon le quotient comme suit :
Med Moncef Marzouki 1
Le nombre de voix de chaque liste, mais cette fois ceux qui cor-
Mostapha Ben jaafar 1
respondent au total des suffrages recueillis par les candidats des
listes, sera divisé par le nombre de candidats de liste185. Il était Rached elghanouchi 1
affiché dans une colonne appelée « total liste ». Le Mouvement Ennahdha 214
Korba, Menzel Temime, El Mida, Kelibia, Hammam Laghzaz et Haouaria.
180 Comprend les délégations de : Takelsa, Solima, Menzel Bouzelfa, Béni Khalled,
Grombalia, Bouargoub et Hammamet.
181 Comprend les délégations de : Sakiet Ezzit, Sakiet Eddair, Kerkennah, Jebe-
niana, El Amra, El Hencha, Menzel Chaker et Bir Ali Ben Khelifa.
182 Comprend les délégations de : Sfax ville, Sfax Gharbia, Sfax Janoubia, Agareb,
Tyna, Mahrès, la Skhira et El Ghraiba.
183 Couvre les immatriculés aux consulats de : Paris, Pantin et Strasbourg.
184 Couvre les immatriculés aux consulats de : Lyon, Toulouse, Grenoble, Nice
et Marseille.
185 COX Gary W. Making votes count: strategic coordination in the world’s elec-
toral systems. New York, Cambridge UP, 1997. 186 Graphique 7.

88 89
27%. aucun candidat n’avait obtenu la majorité absolue.la liste
URD-RG a obtenu 4 des 6 sièges dont 2 au quotient et les 2
restant non attribués au quotient la liste radicale et la liste so-
cialiste ayant obtenu chacune un siège au quotient , en 1924 ,
changement de décor ; la droite part divisée avec une liste URD
qui obtient 37.1% des voix et une liste RG qui réalise 8.6% ; une
liste d’union radicale et socialiste du cartel des gauches arrivant
en tête avec 48.3% et une liste communiste obtenant 9.4M. La
répartition des sièges passe de 6 à 5 a été la suivante : 4 pour la
liste du cartel dont 2 au quotient et 2de reste, un seul à l’Urd, au
quotient et rien aux autres.

La répartition des sièges entre la droite et la gauche était boule-


versée alors que l’équilibre de ces tendances dans l’opinion avait
très peu varié .Ce mode de scrutin s’avérait à très dominante
Pour mieux saisir les propriétés de ce mode de scrutin les deux majoritaire et donnait une forte prime aux partis qui réalisaient
exemples suivants peuvent être aussi utiles : des listes d’union .Cette situation a poussé les socialistes et les
Aux élections de 1919 dans le département des Alpes maritimes radicaux; divisés en 1919 à s’unir pour les élections de 1924 dans
; la liste Union Républicaine Démocratique était arrivée en tête la majorité des départements tactique qui a alors facilité leur vic-
avec 51.4% des voix devant une liste radicale 21.4% une liste toire188.
socialiste 15.7% et plusieurs petites listes.la liste URD a obtenu En conclusion, dans ce mode de scrutin, la faible dose de pro-
la totalité des 6 sièges en jeu ; cinq de ses candidats ayant person- portionnelle est dominée par la dynamique d’un scrutin de liste
nellement atteint la majorité absolue et l’unique siège restant lui majoritaire à un tour.
ayant été attribué au quotient187. Le système était donc si forte-
ment majoritaire qu’il ne garantissait même pas une représenta-
tion aux minorités les plus importantes. Dans le département de Paragraphe 2 : Alliant le scrutin majoritaire uninominal à la re-
l’Ain ; les résultats de 1919 et 1924 sont une autre illustration des présentation proportionnelle
particularités de ce mode de scrutin. En 1919, Trois étaient en
compétition pour les 6 sièges en jeu. La liste d’union de l’URD Un tel recours à un tel scrutin lors des élections du 23 octobre
et des Républicains de gauche entre droit était arrivée en tête 2011 ; aurait combiné un scrutin uninominal à un ou deux tours ;
avec 44.1% devant la liste radicale à 27.1% et la liste socialiste à l’ensemble du pays étant découpé en 27 circonscriptions natio-
187 CADAR (J), (dir), Les modes de scrutin des 18 pays libres de l’Europe occiden-
tale, Paris, PUF, 1983, p. 92. 188 CADAR (J), (dir), op, cit, p. 94

90 91
nales et 6 à l’étranger189 avec un scrutin de liste proportionnel. Sahbi Atig, Mohamed Saidi, Nour EddineBhiri ,SamirDilou,
Dans ce sens, il fallait qu’il y ait deux types de députés, les élus de AlHbib Khodhr, Slimen Hlel, Ahmed El Mechrghi, Mahmoud
circonscription au scrutin majoritaire et les élus au scrutin pro- Ghwiaa, Al Walid benini, Bechir Chamem, Abd el Basset Ben
portionnel190. Cependant ce croisement ne doit pas être confon- Echik, Abdelatif Makki, AlHedi AlAjmi, Abdelamjid Najar, Ne-
du avec les scrutins proportionnels de compensation comme le jib Mourad, Moez Ben haj Rhouma, Salha Ben Aycha, Moncef
système allemand, car si ceux-ci combinent eux aussi un scrutin Ben salem, Al Habib Ellouze, Hammadi El Jbeli, Hafedh Ibra-
uninominal avec un scrutin de listes, ils ont une finalité propor- him lAswad, Zied Douleti, Mohammed Ben Salem, Mohamed
tionnelle clairement affirmée alors que la proportionnalité des Hamdi, Adel ben Atia, Mohamed Salah Esgayer, Abou Yareb el
systèmes mixtes dépend de la proportion de sièges affectés à la Marzouki, Maherzeya labidi, Oussama Esgayer, Mohamed Zi-
part proportionnelle191. bak, Kamel ben Amara. Et par la suite le parti d’Ennahdha était
représenté à travers ses candidats dans 32 sièges et la Pétition
L’électeur dispose de deux voix et vote séparément pour l’élec-
Populaire dans un seul siège
tion des députés de la part proportionnelle intégrale et de la part
majoritaire uninominal .Mais comment allons-nous fixer la pro- Passons aux 184 sièges qui seront attribués selon la représen-
portion de sièges à la part de ces derniers ? Rappelons-nous le tation proportionnelle intégrale192. La première étape consiste
principe du scrutin majoritaire uninominal, qu’il s’agit d’attri- à établir le nombre de voix que chaque parti doit obtenir pour
buer des sièges au nombre de circonscriptions ; le pays étant di- remporter un siège. Les voix recueillies par chaque parti sont
visé en 33 circonscriptions, désignent dans ce scrutin chacune un alors divisées par le quotient électoral qui est le nombre de suf-
siège et un député. frage divisé par le nombre de sièges : 4055647.5 /184 et qui est
égal donc à 22,041.56. C’est la façon la plus simple d’établir un
Nous allons donc retrancher les 33 sièges qui seront attribués au
quotient électoral le «quotient de Hare».
scrutin majoritaire uninominal des 217, le total de sièges à pour-
voir, les 184 sièges restants seront attribués à la représentation Après avoir calculé le quotient de chaque liste on compare le
proportionnelle intégrale. nombre de voix non utilisées que nous avons inclues dans la co-
lonne « reste » par chacune des listes en présence, un total de 135
Nous disposons déjà des résultats des 33 sièges attribués au scru-
sièges était attribué, les 49 restant sont alors répartis par ordre
tin majoritaire uninominal qui était le sujet de la simulation (A1),
décroissant un par un aux listes ayant le plus grand nombre de
il convient juste de rappeler que les candidats gagnant étaient :
suffrages disponibles (la colonne de « sièges ajoutés») Ce qui
189 Décret n°1088 du 3 août 2011 relatif au découpage des circonscriptions électo- nous a donné les résultats suivant :
rales et à la fixation du nombre des sièges qui leur correspondent.
190 PACTET (P), Institutions politiques : droit constitutionnel, Armand Colin, • Ettakatol : 14 sièges
22éme édition, 2003, p. 99.
191 HRBEK (R.), « Le système électoral en République fédérale d’Allemagne », • L’initiative : 7 sièges
Revue française d’études constitutionnelles et politiques, n°32, janvier 1985, pp. 67
-82 192 L’annexe 5.

92 93
• Sowat Al Mostakbal : 2 sièges • CPR : 17 sièges
• Elbadil Ethawri : 4 sièges • Ennahdha : 69 sièges
• La Pétition populaire pour la liberté la justice et le développe- Ce qui était d’ailleurs l’objet de la colonne «nb final de sièges
ment : 14 sièges proportionnel». Une fois les 184 sièges ont été attribués, on y
• Parti de la nation démocrate sociale : 2 sièges ajoute les 32 sièges gagnés par les candidats du parti Ennahda et
le siège gagné par le candidat de la pétition populaire précédem-
• Parti du Néo destour : 2 sièges
ment attribué selon le scrutin majoritaire uninominal (colonne
• Parti Liberal Magrébin : 2 sièges «nb de sièges majoritaires uninominaux» pour obtenir la phy-
• Almostakel : 2 sièges sionomie des 217 sièges attribués tout en alliant le scrutin majo-
ritaire uninominal à la représentation proportionnelle (colonne
• El Wafa : 2 sièges «Alliance majoritaire uninominale et proportionnelle)
• El Amal : 2 sièges
Il a été constaté que les 217 sièges s’attribuent comme suit :
• Afek Tounes : 5 sièges
• Ennahdha : 101 sièges
• Mouvement des patriotes Démocrates : 3 sièges
• CPR : 17 sièges
• Pour un Front National Tunisien : 2 sièges
• La Pétition Populaire Pour la Liberté la Justice et le Develop-
• Mouvement populaire : 3 sièges pement : 15 sièges
• Parti de la Lutte Progressiste : 2 sièges • Ettakatol : 14 sièges
• Équité : 2 sièges • PDP : 9 sièges
• Parti de l’Équité et de l’Égalité : 2 sièges • L’initiative : 7 sièges
• Union patriotique libre : 4 sièges • Pole Démocratique Moderniste : 6 sièges
• Lutte sociale : 2 sièges • Afek Tounes : 5 sièges
• PDP : 9 sièges • Elbadil Ethawri : 4 sièges
• Parti de la nNation Culturel et Unioniste : 2 sièges • Union patriotique libre : 4 sièges
• El wafa aux martyrs : 1 siège • Mouvement des patriotes démocrates : 3 sièges
• Pole Démocratique Moderniste : 6 sièges • Mouvement populaire : 3 sièges
• Mouvement des Démocrates Socialiste : 2 sièges

94 95
• Sawt al Mostakbal : 2 sièges Graphique 8: La physionomie de l’assemblée selon l’alliance des
scrutins majoritaire uninominal et représentation proportionnelle
• Parti de la Nation Démocrate Sociale : 2 sièges
Ettakattol
• Parti du Néo Destour : 2 sièges L’Initiative
Sawt al Mustaqbal
El badil ethawri
• Parti Libéral Magrébin : 2 sièges La pétition
parti de la nation démocrate sociale
• Almostakel : 2 sièges parti du néo -destour
parti libéral Maghrébin
Ennahdha almostakel
al Wafa
• El wafa : 2 sièges Al Amal
Afek Tounes
mouvement des patriotes démocrates
• El Amal : 2 sièges Pour un front national Tunisien
mouvement populaire
Parti de la lutte progressiste
• Pour un Front National Tunisien : 2 sièges PDP Equité
Parti de l’équité et de l’égalité
CPR union patriotique libre
• Parti de la Lutte Progressiste : 2 sièges Lutte sociale
Parti de la nation culturelle et unioniste
El Wafa aux martyrs
• Equité : 2 sièges Movement des démocrates socialistes Pôle démocratique moderniste

• Parti de l’Equité et de l’Egalité : 2 sièges


• Lutte Social : 2 sièges Avant de conclure ces effets, il convient de citer d’autres exemples
• Parti de la Nation Culturel et Unioniste : 2 sièges comparatifs. Les scrutins mixtes ont rarement été utilisés, mais
on en a vu apparaître plusieurs dans deux types de situations :
• Mouvement des Démocrates Socialiste : 2 sièges
l’effondrement du système soviétique et les crises politiques dans
• El wafa aux martyrs : 1 siège deux démocraties parlementaires du monde développé : l’Italie
et le Japon. Dans les pays de l’ancien bloc de l’Est, la plupart des
Telle aurait été la physionomie de l’Assemblée Nationale
systèmes électoraux mixtes proviennent de l’addition d’une part
Constituante si on avait eu recours à l’alliance du scrutin
proportionnelle à l’ancien scrutin uninominal soviétique194.
majoritaire plurinominal et la représentation proportionnelle 193.
La part proportionnelle a souvent été exigée par l’opposition, le pou-
voir communiste sortant étant plus attaché au scrutin de circonscrip-
tion, mieux à même de faire le jeu des notables en places195. À un
compromis de ce type que correspondait le scrutin mixte utilisé en
Bulgarie pour les élections de 1990 et ceux actuellement en vigueur en

194 Hanna Fenichel (P), The Concept of Representation, University of California


Press, 1967, p. 38.
193 Graphique 8. 195 Ibid, p. 39.

96 97
Albanie, Géorgie, Hongries, et Lituanie196. En Russie le scrutin utili- On peut en déduire que dans ce mode de scrutin, l’effet pro-
sé pour les élections de décembre 1993 et celles du décembre 1995 en portionnel est le double de la proportion des sièges affectés à la
remplacement du traditionnel scrutin soviétique uninominal à deux part proportionnelle. Dans l’ancien système italien, la part pro-
tours utilisé pour les élections de mars 1990 pousse cette logique de portionnelle concernant le quart du total des sièges à pourvoir,
compromis jusqu’ à l’extrême : sur les 450 députés de la Douma, l’effet proportionnel était de moitié, dans la simulation que nous
225 sont désignés à la proportionnelle dans une seule circonscrip- venons de mener pour le cas tunisien la part proportionnelle
tion , la plus grande du monde, qui couvre toute la Russie, les 225 concernant 84,79% des sièges à pourvoir, l’effet proportionnel
autres étant dans des circonscriptions locales au scrutin uninominal était presque de moitié 46,54% pour le parti vainqueur le mou-
à un tour197, en général , comme en Russie l’équilibre choisi entre la vement d’Ennahdha, ((101 sièges * 100)/ 100.
part proportionnelle et la part majoritaire est environ moitié ,en Ita-
lie le changement de mode de scrutin intervenu en 1993 n’a été que
l’un des éléments d’une crise politique beaucoup plus profonde, le
nouveau mode de scrutin italien qui remplace un scrutin de liste très
proportionnel a un aspect de compensation. Le nouveau mode de
scrutin japonais, qui remplace le vote unique utilisé depuis le début
du siècle, consiste à faire élire 300 députés au scrutin uninominal à un
tour et 200 autres à la représentation proportionnelle198.

La Corée du sud présente actuellement199 un cas de «vrai –faux»


scrutin mixte : sur les 299 députés, 224 sont élus dans un scru-
tin uninominal à un tour et 75 à la proportionnelle sur une liste
nationale. Mais les 75 sièges à la proportionnelle ne sont pas at-
tribués sur la base des résultats en voix dans les circonscriptions
ou d’un second vote, mais sur la base des résultats en sièges de
la part majoritaire, de sorte que la répartition de ces 75 sièges
n’atténue en rien l’influence du scrutin uninominal dans la com-
position de l’assemblé200

196 Ibid, p. 39.


197 RAE (D-W), The political consequences of electoral laws. New Haven and
London, Yale University Press, 1971.p.11.
198 Martin (P), Les systèmes électoraux et les modes de scrutin, Paris, Montchres-
tien, 3ème éd, coll. « Clefs politiques », 2006.p 64.
199 Depuis les élections législatives de 2012.
200 SCHNEBEL (V), Les modes de scrutin et leurs conséquences. 31 janvier 2013.

98 99
Conclusion

C oncernant les résultats des élections du 23 Octobre 2011, il


convient de relever les points suivants :

• La disparité conséquente entre les voix exprimées pour les dif-


férentes listes représentées au sein de l’assemblée. Le classement
par nombre de voix met le mouvement Ennahdha dans la cir-
conscription de Ben Arous à la première position avec 99 489
voix permettant l ‘élection de 4 élus, et la clôture avec celle du
Congrès Pour la République à Tozeur, et qui a permis l’élection
de l’élu Azed Badi avec seulement 2217 voix.

• La non-représentation d’un grand nombre d’électeurs au sein


de l’assemblée suite à l’éparpillement des voix sur plusieurs listes
qui ne se sont pas traduites en sièges. Ceci peut être observé à
titre d’exemple dans 3 circonscriptions, à savoir l’Allemagne avec
57.06% des voix exprimées et non représentées, Siliana 46.01 %
et le plus bas étant Tunis I avec 23%. Le total de voix perdues est
de 1282884.

• Sur un total de 1519 listes éligibles, seules 153 ont obtenu des
sièges au sein de l’assemblée, 1366 listes n’ont donc pas permis
l’élection d’élus.

En contrepartie, le non recours à la représentation proportion-


nelle rapprochée attribuée au plus fort reste lors des élections du
23 octobre 2011 aurait conduit à :

100 101
• la dispersion des forces politiques et le découragement des petits Bien que les systèmes électoraux jouent un rôle essentiel dans
partis lors d’une représentation proportionnelle intégrale qu’elle toute démocratie représentative, il faut se garder d’exagérer leur
soit attribuée au plus fort reste ou aux plus fortes moyennes importance. Même le meilleur système électoral possible est
voué à l’échec si d’autres conditions ne sont pas satisfaites201. Les
• favoriser nettement les grands partis et leur accorder un avan-
systèmes électoraux ne déterminent pas la nature des partis, ni
tage considérable lors d’une représentation proportionnelle rap-
le genre de gouvernement, qu’il soit majoritaire ou minoritaire,
prochée attribuée aux plus fortes moyennes qu’elle soit calculée
formé d’un seul parti ou de coalition, dans un pays donné202.
selon le quotient de Hondt ou celui de de Saint-Lague.
Les gouvernements sont en grande partie le fruit de l’équilibre
• Une forte amplification en sièges de la victoire du parti do- des forces entre les partis qui, eux-mêmes, sont en grande partie
minant en suffrages. Cette amplification est d’autant plus forte, tributaires de la culture politique et de la structure sociale d’un
pour un nombre donné de sièges dans l’assemblée, que le nombre pays, ainsi que du comportement électoral de ses citoyens. Ce-
moyen de sièges par circonscription est élevé, ou, ce qui revient pendant, le système électoral constitue une force intermédiaire
au même, que le nombre de circonscriptions est faible. Les tiers puissante qui façonne la concurrence entre les partis, dénatu-
partis sont encore plus fortement sous-représentés que le second rant ou reproduisant fidèlement les préférences électorales des
parti. La représentation en sièges de chaque force politique est électeurs. Les élections étant un rouage essentiel des démocra-
fortement dépendante de la répartition géographique de ses suf- ties modernes, ainsi que le principal mécanisme de participation
frages, facteur qui peut contrer et même annuler les deux règles politique pour la plupart des gens, la façon dont les votes sont
précédentes lors des scrutins majoritaires uninominaux ou plu- traduits en sièges constitue un facteur important dans le système
rinominaux à un ou deux tours, le second tour aurait favorisé la politique d’un pays203.
recherche de coalitions électorales entre des partis minoritaires,
Pour finir, il est inévitable de saluer les efforts des différents ac-
chacun pouvant alors compter ses troupes. Les partis isolés sont
teurs politiques pour arriver à un large consensus et se diriger
fortement pénalises et les règles précédentes jouent alors entre
vers la diminution du nombre des listes qui ont participé à l’épar-
les coalitions et au sein même de celles-ci.
pillement des voix durant les élections précédentes. Cependant,
• la faible dose de proportionnelle est dominée par la dynamique il en est de l’intérêt de tous de renforcer le mécanisme du seuil
d’un scrutin de liste majoritaire à un tour lors d’un scrutin mixte minimal par d’autres mécanismes plus effectifs qui ne se contre-
alliant un scrutin majoritaire plurinominal et la représentation disent pas avec le principe de l’égalité des chances entre les can-
proportionnelle
201 STEPAN (A), “Tunisia transition and the twin tolerations”, Journal of Demo-
cracy, 2012, 23(2) pp.89-103.
• l’effet proportionnel est le double de la proportion des sièges
202 JADOT (A), « Un outil d’analyse électorale en cours de création : cartelec, un
affectés à la part proportionnelle lors d’un scrutin mixte alliant SIG au niveau des bureaux de vote français », Revue du comi té français de carto-
le scrutin majoritaire uninominal à la représentation proportion- graphie, n°205, septembre 2010, p.83.
203 Robert (J), et Doreen (J), Politics in Canada, 2e edition, Scarborough (Onta-
nelle rio), Prentice-Hall Canada Ltd., 1990, p. 501

102 103
didats, et tient à rappeler que les voix perdues lors des élections Remercîments et références
du 23 Octobre 2011 s’élèvent à plus de 31% des voix exprimées.

La réalité varie en fonction de l’œil avec lequelle On la regarde,


dans la vie réelle, tout est relatif

Je suis très reconnaissante envers les personnes qui m’ont sou-


tenue.

Mes sincères remerciements à Madame Asma Nouira pour sa


disponibilité et la qualité de son encadrement.

Je remercie également Mr Hammadi Redissi pour ses précieux


conseils et Mr. Mohammed najmeddine taktak pour son enca-
drement technique, Ainsi que mes Amis Docteur Youssef Gabsi,
Yosr Gabsi et Farah khamar qui ont lu et commenté une pre-
mière version de cet essai.

Je désire exprimer ma sincère gratitude à Mr. Mohammed Ker-


rou pour son souci du détail et son encouragement constant.

Je dois une fière chandelle aux œuvres qui ont nourri ma ré-
flexion dans ce présent essai :

o AROMATORIO Sylvano, «L’absence traditionnel du mode


de scrutin dans la Constitution française : cause de l’insta-
bilité chronique des modes de scrutin législatifs», RFDC,
2007/3, n° 71, pp. 601 -622.
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Haven, CT: Yale UP, 1989. l initiative 129215 6 17,077.3 3 9
Cpr 352825 18 16,411.8 3 21
o SARIPOULOS N, La démocratie et l’élection proportion-
partie de la nation demo-
nelle, Paris, Arthur Rousseau, 1899. crates social
15572 0 15,572.0
2 2
o SCHNEBEL Vincent, « Les modes de scrutin et leurs parti du neo destour 15459 0 15,459.0 2 2
conséquences », 31 Janvier 2013. union patriotique libre 51594 2 14,214.8 2 4

o STEPAN Alfred, “Tunisia transition and the twin tolera- mouvement des patriotes
32306 1 13,616.4
democrates 2 3
tions”, Journal of Democracy, 2012, 23(2) pp.89-103.
mouvement populaire 31793 1 13,103.4 2 3
o THANASSIS Diamantopoulos, Les systèmes électoraux parti liberal magrebin 13053 0 13,053.0 2 2
aux présidentielles et aux législatives, Éditions de l’Universi- almostakel 12172 0 12,172.0 2 2
té de Bruxelles, 2004. el wafa 11578 0 11,578.0 2 2
o TOUHAMI Habib, « Le mode de scrutin un choix déter- PDP 160692 8 11,175.0 2 10
minant pour l’avenir du pays », Leaders, n° 11053, 19 Mars el amal 10681 0 10,681.0 2 2
2013 pour un front national
9923 0 9,923.0
tunisien 2 2
o TURPIN D, Droit constitutionnel, éd. PUF, Paris, 1997.
parti de la lutte progres-
9329 0 9,329.0
siste 2 2
equité 9221 0 9,221.0 2 2
parti de l equite et de l
7619 0 7,619.0
egalite 2 2
lutte social 6680 0 6,680.0 2 2

110 111
parti de la nation culturel Annexe 2 : la représentation intégrale attribuée aux plus fortes
5581 0 5,581.0
et unioniste 2 2 moyennes
ettakatol 285530 15 5,185.7 2 17
elbadil ethawri 60620 3 4,551.1 2 5
mouvement des democ- Quotient 18689,62
22842 1 4,152.4
trates socialiste 2 3
aux plus fort moyenne
el wafa aux martyrs 3869 0 3,869.0 2 2
nb de
ennahdha 1498905 80 3,735.4 2 82 nb nb
nb de sieges moyenne
Nom du parti reste siege siege
afek tounes 76643 4 1,884.5 2 6 voix par obtenue
ajoute total
calcul
pole democratique mo-
113094 6 956.3 Cpr 352825 18 16411,84 18569,737 3 21
derniste 2 8
la petition populaire pour ennahdha 1498905 80 3735,4 18505,000 3 83
la liberté la justice et le 280382 15 37.7 l initiative 129215 6 17077,28 18459,286 3 9
developpement 2 17
PDP 160692 8 11175,04 17854,667 2 10
ettakatol 285530 15 5185,7 17845,625 2 17
la petition populaire pour
TOTAL 3244518 160 17340 57 217 la liberté la justice et le 280382 15 37,7
developpement 17523,875 2 17
sowat al mostakbal 17340 0 17340 17340,000 2 2
union patriotique libre 51594 2 14214,76 17198,000 2 4
pole democratique mo-
113094 6 956,28
derniste 16156,286 2 8
mouvement des patriotes
32306 1 13616,38
democrates 16153,000 2 3
mouvement populaire 31793 1 13103,38 15896,500 2 3
partie de la nation demo-
15572 0 15572
crates social 15572,000 2 2
parti du neo destour 15459 0 15459 15459,000 2 2
afek tounes 76643 4 1884,52 15328,600 2 6
elbadil ethawri 60620 3 4551,14 15155,000 2 5
parti liberal magrebin 13053 0 13053 13053,000 2 2
almostakel 12172 0 12172 12172,000 2 2

112 113
el wafa 11578 0 11578 11578,000 2 2 Annexe 3: Le scrutin majoritaire à un seul tour uninominal Par-
mouvement des democ- tie 1/9
22842 1 4152,38
trates socialiste 11421,000 2 3
el amal 10681 0 10681 10681,000 2 2
pour un front national Can- Candi-
9923 0 9923 Candi- Ben Candidat
tunisien 9923,000 2 2 Circonscription Ariana didat Béja dat ben Bizerte
dat beja Arous bizerte
parti de la lutte progres- Ariana arouss
9329 0 9329
siste 9329,000 2 2
nbr de siege 8 6 10 9
Equité 9221 0 9221 9221,000 2 2
Nom du parti
parti de l equite et de l
7619 0 7619
egalite 7619,000 2 2 Mo- Nour
Sahbi
lutte social 6680 0 6680 6680,000 2 2 Nahdha 71170 30870 hamed 99489 Eddine 80576 Samir Dilou
Atig
Saidi Bhiri
parti de la nation culturel
5581 0 5581
et unioniste 5581,000 2 2 Cpr 17801 6834 26104 15532
el wafa aux martyrs 3869 0 3869 3869,000 2 2 pole democra-
13717 6277
tique moderniste
la petition po-
TOTAL 3244518 160 254178,8 364143,57 57 217 pulaire pour la
8281 9970
liberté la justice et
le developpement
PDP 9869 7519 11257 10262
partie de la nation
5697
democrates social
parti du neo
destour
union patriotique
libre
mouvement des
patriotes demo-
crates
mouvement po-
10353
pulaire

114 115
parti liberal ma- Annexe 3: Le scrutin majoritaire à un seul tour uninominal Par-
6621 tie 2/9
grebin
almostakel
Can- Can-
Candidat Candidat
el wafa Circonscription Gabès didat Gafsa didat Jendouba Kairouan
Jendouba Kairouan
Gabes Gafsa
el amal
nbr de siege 7 7 8 9
pour un front
national tunisien Nom du parti

parti de la lutte Ahmed


progressiste Ennahdha AlHbib Slimen ElMe- Mahmoud
73338 Khodhr 48692 Hlel 33150 chrghi 70391 Ghwiaa
equité
Cpr 13776 9294 5602 7581
parti de l equite et
de l egalite pole democra-
tique moderniste
lutte social
la petition popu-
parti de la nation laire pour la liber-
culturel et unio- té la justice et le
niste developpement 7331 6452 12455 30210
ettakatol 27570 6912 30242 13174 PDP 3354 6378
elbadil ethawri partie de la nation
mouvement des democrates social
democtrates parti du neo
socialiste destour
el wafa aux mar- union patriotique
tyrs libre
sowat al mos- mouvement des
takbal patriotes demo-
afek tounes crates 3606

l initiative mouvement po-


pulaire

116 117
parti liberal ma- Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
grebin tie 3/9
Almostakel
Candidat
Kasse- Candidat Candidat La Ma- Le Candidat
el wafa Circonscription Kébili La Mou-
rine kasserine Kebili nouba Kef Le Kef
naba
el amal
nbr de siege 8 5 6 8
pour un front
national tunisien 7436 Nom du parti

parti de la lutte Abd el


progressiste AlWalid Bechir Basset Abdelatif
Ennahdha 40971 27417 53457 23013
benini Chamem Ben Makki
Equité 4225 Echik
parti de l equite et Cpr 8196 18093 12288 5346
de l egalite
pole democra-
lutte social 4739 tique moderniste
parti de la nation la petition popu-
culturel et unio- laire pour la liber-
niste 12304 2782 5310 6951
té la justice et le
ettakatol 8258 3739 developpement

elbadil ethawri 2753 PDP 5587

mouvement des partie de la nation


democtrates democrates social
socialiste parti du neo
5826
El wafa aux mar- destour
tyrs union patriotique
sowat al mos- libre
takbal mouvement des Ahmed
afek tounes patriotes demo- ElMe-
crates chrghi
l initiative
mouvement po-
pulaire

118 119
parti liberal ma- Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
grebin tie 4/9
Almostakel
Can-
el wafa 5070 Candidat Méde- Candidat Mo- Candidat Nabeul didat
Circonscription Mahdia
Mahdia nine Medenine nastir Monastir 1 Nabeul
el amal 6021 1
pour un front nbr de siege 7 9 9 7
national tunisien
Nom du parti
parti de la lutte
progressiste Moez
abde-
AlHedi Nejib Ben haj
Equité Ennahdha 40738 73316 lamjid 65800 53332
AlAjmi Mourad Rhou-
najar
ma
parti de l’equite et
de l’egalite Cpr 8352 15038 8833 21030
lutte social pole democra-
tique moderniste
parti de la nation
culturel et unio- la petition popu-
niste laire pour la liber-
9707 6324 6736 13284
té la justice et le
Ettakatol 10432 4420
developpement
elbadil ethawri
PDP 5686 6108
mouvement des
partie de la nation
democtrates 5758
democrates social
socialiste
parti du neo
el wafa aux mar-
destour
tyrs
union patriotique
sowat al mos-
libre
takbal
mouvement des
afek tounes
patriotes demo-
L’initiative crates
mouvement po-
pulaire

120 121
Parti liberal ma- Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
grebin tie 5/9
Almostakel
Can-
Candidat
el wafa Nabeul didat Candidat Candidat Sidi
Circonscription Sfax 1 Sfax 2 Sidi Bou-
2 Nabeul Sfax 1 Sfax 2 Bouzid
el amal zide
2
pour un front nbr de siege 6 7 9 8
national tunisien
Nom du parti
parti de la lutte
progressiste Salha
Moncef AlHabib
Ennahdha 37050 Ben 66321 81702 19850
Equité Ben salem Ellouze
Aycha
parti de l’equite et Cpr 17763 14191 28099
6088
de l’egalite
pole democra-
lutte social tique moderniste
parti de la nation la petition popu-
culturel et unio- 5219 laire pour la liber- Mohamed
niste 7081 11166 19107 48665
té la justice et le Hamdi
developpement
ettakatol 7862 16577
PDP 5619
elbadil ethawri
partie de la nation
mouvement des
democrates social
democtrates
socialiste parti du neo
destour
el wafa aux mar-
tyrs union patriotique
libre
sowat al mos-
takbal mouvement des
patriotes demo-
afek tounes 8096 8834 7173
crates
l’initiative 8881 36085
mouvement po-
3717
pulaire

122 123
parti liberal ma- Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
grebin tie 6/9
Almostakel 13320 12172
Can-
Candidat Ta- Candidat Candidat
el wafa Circonscription Siliana didat Sousse Tozeur
Sousse taouine Tatouine Tozeur
Siliana
el amal
nbr de siege 6 10 4 4
pour un front
national tunisien Nom du parti

parti de la lutte Hafedh


Hammadi
progressiste Ennahdha 20135 x 86590 24954 x 18944 Ibrahim
ElJbeli
AlAswad
Equité
Cpr 12926 2217
parti de l’equite et
de l’egalite pole democra-
tique moderniste
lutte social
la petition popu-
parti de la nation laire pour la liber-
culturel et unio- 6229 12160 1415
té la justice et le
niste developpement
Ettakatol 10006 6833 13028 PDP 3505 7519
elbadil ethawri 5333 partie de la nation
mouvement des democrates social
democtrates 2503 parti du neo
socialiste destour
el wafa aux mar- union patriotique
tyrs 4456
libre
sowat al mos- mouvement des Mah-
takbal patriotes demo- moud
afek tounes 5303 crates Ghwiaa

l’initiative mouvement po-


pulaire

124 125
parti liberal ma- Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
grebin tie 7/9
Almostakel
Can- Can-
Tunis Tunis Candidat France Candidat
el wafa Circonscription didat didat Zaghouan
1 2 Zaghouan 1 France 1
Tunis 1 Tunis 2
el amal
nbr de siege 9 8 5 5
pour un front
national tunisien Nom du parti

parti de la lutte Zied Mohammed


Ennahdha 94834 x 68131 21285 22672 x
progressiste Douleti Ben Salem

Equité Cpr 18293 24296 3099 8445

parti de l’equite et pole democra-


4946 18717 5555
de l’egalite tique moderniste

lutte social la petition popu-


laire pour la liber-
parti de la nation 5561 2652
té la justice et le
culturel et unio- developpement
niste
PDP 6971 13211 3702 5191
ettakatol 10057
partie de la nation
elbadil ethawri 3854 democrates social
mouvement des parti du neo
democtrates destour
socialiste
union patriotique
el wafa aux mar- libre
2540
tyrs
mouvement des
sowat al mos- patriotes demo- 526
takbal crates
afek tounes mouvement po-
l’initiative 52573 pulaire
parti liberal ma-
grebin

126 127
Almostakel Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
tie 8/9
el wafa 108
el amal Amé-
Candidat
France Candidat Candidat Alle- riques et Candidat
pour un front Circonscription Italie Alle-
2 France 2 Italie magne reste de Amerique
national tunisien magne
l’Europe
parti de la lutte nbr de siege 5 3 1 2
5871
progressiste
Nom du parti
Equité
Ennahdha 17103 x 11627 x 5707 x 10218 x
parti de l’equite et
de l’egalite Cpr 5006 1230 2288 5411

lutte social pole democra-


3276 483 923 2565
tique moderniste
parti de la nation
culturel et unio- la petition popu-
niste laire pour la liber-
2683 1088
té la justice et le
Ettakatol 27227 43060 7571 developpement
elbadil ethawri 1806 PDP 4022 1296 2730
mouvement des partie de la nation
democtrates democrates social
socialiste
parti du neo
el wafa aux mar- destour
tyrs
union patriotique
sowat al mos- 845
libre
takbal
mouvement des
afek tounes 1371 patriotes demo- 1067 367
crates
l’initiative
mouvement po-
240 129
pulaire
parti liberal ma-
231
grebin

128 129
almostakel Annexe 3: Le scrutin majoritaire a un seul tour uninominal Par-
tie 9/9
el wafa 92
el amal 791 125 Pays arabes Candidat
Circonscription
et autres Pays
pour un front
national tunisien nbr de siege 2

parti de la lutte Nom du parti


progressiste ennahdha 8704 X
equité cpr 2760
parti de l’equite et pole democratique moderniste 1112
de l’egalite
la petition populaire pour la liberté la justice et le develop-
lutte social 635
pement
parti de la nation PDP 1386
culturel et unio-
niste partie de la nation democrates social
ettakatol 4148 1304 1788 4780 parti du neo destour
elbadil ethawri 937 310 union patriotique libre 170
mouvement des mouvement des patriotes democrates
democtrates
socialiste mouvement populaire 157

el wafa aux mar- parti liberal magrebin


tyrs almostakel
sowat al mos- el wafa
takbal
el amal
afek tounes 1627 695
pour un front national tunisien
l’initiative 1127
parti de la lutte progressiste
equité
parti de l’equite et de l’egalite
lutte social

130 131
parti de la nation culturel et unioniste Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 1/9
ettakatol 2142
elbadil ethawri total Béja total Ben total
Circonscription Ariana ariana ben Bizerte total bizerte
beja Arous arous
mouvement des democtrates socialiste
el wafa aux martyrs nbr de siege 8 6 10 9
sowat al mostakbal Nom du parti
afek tounes 412 ennahdha 71170 569360 30870 185220 99489 994890 80576 725184
l’initiative cpr 17801 142408 6834 41004 26104 261040 15532 139788
pole democra-
13717 109736 0 6277 62770 0
tique moderniste
la petition popu-
laire pour la liber-
0 8281 49686 0 9970 89730
té la justice et le
developpement
PDP 9869 78952 7519 45114 11257 112570 10262 92358
partie de la nation
0 0 5697 56970 0
democrates social
parti du neo
0 0 0 0
destour
union patriotique
0 0 0 0
libre
mouvement des
patriotes demo- 0 0 0 0
crates
mouvement po-
0 0 0 10353 93177
pulaire
parti liberal ma-
6621 52968 0 0 0
grebin
almostakel 0 0 0 0

132 133
el wafa 0 0 0 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 2/9
el amal 0 0 0 0
pour un front total Jen- total jen- total total kas-
0 0 0 0 Circonscription Gafsa Kairouan Kasserine
national tunisien gafsa douba douba kairouan serine

parti de la lutte nbr de siege 7 8 9 8


0 0 0 0
progressiste
Nom du parti
equité 0 0 0 0
ennahdha 48692 340844 33150 265200 70391 633519 40971 327768
parti de l’equite et
0 0 0 0 cpr 9294 65058 5602 44816 7581 68229 8196 65568
de l’egalite
pole democra-
lutte social 0 0 0 0 0 0 0 0
tique moderniste
parti de la nation
la petition popu-
culturel et unio- 0 0 0 0
laire pour la liber-
niste 6452 45164 12455 99640 30210 271890 12304 98432
té la justice et le
ettakatol 27570 220560 6912 41472 30242 302420 13174 118566 developpement

elbadil ethawri 0 0 0 0 PDP 3354 23478 6378 51024 0 5587 44696

mouvement des partie de la nation


0 0 0 0
democtrates 0 0 0 0 democrates social
socialiste
parti du neo
0 0 0 0
el wafa aux mar- destour
0 0 0 0
tyrs
union patriotique
0 0 0 0
Sowat al mos- libre
0 0 0 0
takbal
mouvement des
afek tounes 0 0 0 0 patriotes demo- 0 3606 28848 0 0
crates
l’initiative 0 0 0 0
mouvement po-
0 0 0 0 0 0
pulaire
0 0 parti liberal ma-
0 0 0 0
TOTAL 0 0 grebin
almostakel 0 0 0 0

134 135
el wafa 0 0 0 5070 40560 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 3/9
el amal 0 0 0 0
pour un front total La total la Le total total
0 0 0 0 Circonscription Kébili Mahdia
national tunisien kebili Manouba manouba Kef le kef mahdia

parti de la lutte nbr de siege 5 6 8 7


0 0 0 0
progressiste
Nom du parti
equité 4225 29575 0 0 0
ennahdha 27417 137085 53457 320742 23013 184104 40738 285166
parti de l’equite et
0 0 0 0 cpr 18093 90465 12288 73728 5346 42768 8352 58464
de l’egalite
pole democra-
lutte social 0 4739 37912 0 0 0 0 0 0
tique moderniste
parti de la nation
la petition popu-
culturel et unio- 0 0 0 0
laire pour la liber-
niste 2782 13910 5310 31860 6951 55608 9707 67949
té la justice et le
ettakatol 0 8258 66064 3739 33651 0 developpement

elbadil ethawri 0 0 2753 24777 0 PDP 0 0 0 0

mouvement des partie de la nation


0 0 0 0
democtrates 0 0 0 5758 46064 democrates social
socialiste
parti du neo
0 5826 34956 0 0
el wafa aux mar- destour
0 0 0 0
tyrs
union patriotique
0 0 0 0
sowat al mos- libre
0 0 0 0
takbal
mouvement des
afek tounes 0 0 0 0 patriotes demo- 0 0 0 0
crates
l’initiative 0 0 0 0
mouvement po-
0 0 0 0 0 0 0 0
pulaire
TOTAL 0 0 0 0 parti liberal ma-
0 0 0 0
grebin
almostakel 0 0 0 0

136 137
el wafa 0 0 0 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 4/9
el amal 0 0 6021 48168 0
pour un front Méde- total total Nabeul total Nabeul total
0 0 0 0 Circonscription Monastir
national tunisien nine mednine monastir 1 nabeul 1 2 nabeul 2

parti de la lutte nbr de siege 9 9 7 6


0 0 0 0
progressiste
Nom du parti
equité 0 0 0 0
Ennahdha 73316 659844 65800 592200 53332 373324 37050 222300
parti de l’equite et
0 0 0 6088 42616 Cpr 15038 135342 8833 79497 21030 147210 17763 106578
de l’egalite
pole democra-
lutte social 0 0 0 0 0 0 0 0
tique moderniste
parti de la nation
la petition popu-
culturel et unio- 0 0 0 0
laire pour la liber-
niste 6324 56916 6736 60624 13284 92988 7081 42486
té la justice et le
ettakatol 0 10432 62592 4420 35360 0 developpement

elbadil ethawri 0 0 0 0 PDP 5686 51174 0 6108 42756 5619 33714

mouvement des partie de la nation


0 0 0 0
democtrates 0 0 0 0 democrates social
socialiste
parti du neo
0 0 0 0
El wafa aux mar- destour
0 0 0 0
tyrs
union patriotique
0 0 0 0
sowat al mos- libre
0 0 0 0
takbal
mouvement des
afek tounes 0 0 0 8096 56672 patriotes demo- 0 0 0 0
crates
l’initiative 0 0 0 8881 62167
mouvement po-
0 0 0 0 0 0 0 0
pulaire
TOTAL 0 0 0 0 parti liberal ma-
0 0 0 0
grebin
Almostakel 0 0 0 0

138 139
el wafa 0 0 0 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 5/9
el amal 0 0 0 0
pour un front total total Sidi total sidi
0 0 0 0 Circonscription Sfax 1 Sfax 2 Siliana total siliana
national tunisien sfax 1 sfax 2 Bouzid bouzide

parti de la lutte nbr de siege 7 9 8 6


0 0 0 0
progressiste
Nom du parti
Equité 0 0 0 0
ennahdha 66321 464247 81702 735318 19850 158800 20135 120810
parti de l’equite et
0 0 0 0 cpr 14191 99337 28099 252891 0 0
de l’egalite
pole democra-
lutte social 0 0 0 0 0 0 0 0
tique moderniste
parti de la nation
la petition popu-
culturel et unio- 0 5219 46971 0 0
laire pour la liber-
niste 11166 78162 19107 171963 48665 389320 6229 37374
té la justice et le
Ettakatol 0 7862 70758 16577 116039 10006 60036 developpement

elbadil ethawri 0 0 0 0 PDP 0 0 0 3505 21030

mouvement des partie de la nation


0 0 0 0
democtrates 0 0 0 0 democrates social
socialiste
parti du neo
0 0 0 0
el wafa aux mar- destour
0 0 0 0
tyrs
union patriotique
0 0 0 4456 26736
sowat al mos- libre
0 0 0 0
takbal
mouvement des
afek tounes 8834 79506 0 7173 50211 0 patriotes demo- 0 0 0 0
crates
l’initiative 0 36085 324765 0 0
mouvement po-
0 0 0 0 0 0 3717 29736 0
pulaire
TOTAL 0 0 0 0 parti liberal ma-
0 0 0 0
grebin
almostakel 0 13320 119880 12172 97376 0

140 141
el wafa 0 0 0 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 6/9
el amal 0 0 0 0
pour un front total total total total
0 0 0 0 Circonscription Sousse Tataouine Tozeur Tunis 1
national tunisien sousse 2 tataouine tozeur tunis 1

parti de la lutte nbr de siege 10 4 4 9


0 0 0 0
progressiste
Nom du parti
equité 0 0 0 0
ennahdha 86590 865900 24954 99816 18944 75776 94834 853506
parti de l equite et
0 0 0 0 cpr 12926 129260 0 2217 8868 18293 164637
de l egalite
pole democra-
lutte social 0 0 0 0 0 0 0 4946 44514
tique moderniste
parti de la nation
la petition popu-
culturel et unio- 0 0 0 0
laire pour la liber-
niste 12160 121600 1415 5660 0 0
té la justice et le
ettakatol 6833 47831 13028 117252 0 0 developpement

elbadil ethawri 5333 37331 0 0 3854 23124 PDP 7519 75190 0 0 6971 62739

mouvement des partie de la nation


0 0 0 0
democtrates 0 0 2503 20024 0 democrates social
socialiste
parti du neo
0 0 0 0
el wafa aux mar- destour
0 0 0 0
tyrs
union patriotique
0 0 0 0
sowat al mos- libre
0 0 0 0
takbal
mouvement des
afek tounes 0 5303 47727 0 0 patriotes demo- 0 0 0 0
crates
l initiative 0 0 0 0
mouvement po-
0 0 0 0 0 0 0 0
pulaire
TOTAL 0 0 0 0 parti liberal ma-
0 0 0 0
grebin
almostakel 0 0 0 0

142 143
el wafa 0 0 0 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 7/9
el amal 0 0 0 0
pour un front Tunis total total za- total France total france
0 0 0 0 Circonscription Zaghouan France 1
national tunisien 2 tunis 2 ghouan france 1 2 2

parti de la lutte nbr de siege 8 5 5 5


0 0 0 5871 52839
progressiste
Nom du parti
equité 0 0 0 0
ennahdha 68131 545048 21285 106425 22672 113360 17103 85515
parti de l equite et
0 0 0 0 cpr 24296 194368 3099 15495 8445 42225 5006 25030
de l egalite
pole democra-
lutte social 0 0 0 0 18717 149736 0 5555 27775 3276 16380
tique moderniste
parti de la nation
la petition popu-
culturel et unio- 0 0 0 0
laire pour la liber-
niste 0 5561 27805 2652 13260 0
té la justice et le
ettakatol 10057 100570 0 0 27227 245043 developpement

elbadil ethawri 0 0 0 0 PDP 13211 105688 3702 18510 5191 25955 4022 20110

mouvement des partie de la nation


0 0 0 0
democtrates 0 0 0 0 democrates social
socialiste
parti du neo
0 0 0 0
el wafa aux mar- destour
0 0 2540 10160 0
tyrs
union patriotique
0 0 0 845 4225
sowat al mos- libre
0 0 0 0
takbal
mouvement des
afek tounes 0 0 0 0 patriotes demo- 0 0 526 2630 1067 5335
crates
l initiative 52573 525730 0 0 0
mouvement po-
0 0 0 0 0 0 0 0
pulaire
TOTAL 0 0 0 0 parti liberal ma-
0 0 0 231 1155
grebin
almostakel 0 0 0 0

144 145
el wafa 0 0 108 540 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 8/9
el amal 0 0 0 0
pour un front Pays
0 0 0 0 Amériques total pays
national tunisien total Alle- total al- total arabes
Circonscription Italie et reste de arabes et
italie magne lemagne amerique et
parti de la lutte l’Europe autres
0 0 0 0 autres
progressiste
Nbr de siege 3 1 2 2
equité 0 0 0 0
Nom du parti
parti de l’equite et
0 0 0 0 ennahdha 11627 34881 5707 5707 10218 20436 8704 17408
de l’egalite
lutte social 0 0 0 0 cpr 1230 3690 2288 2288 5411 10822 2760 5520

parti de la nation pole democra-


483 1449 923 923 2565 5130 1112 2224
culturel et unio- 0 0 0 0 tique moderniste
niste
la petition popu-
ettakatol 43060 344480 0 7571 37855 4148 20740 laire pour la liber-
2683 8049 1088 1088 0 635 1270
té la justice et le
elbadil ethawri 0 0 1806 9030 937 4685 developpement
mouvement des PDP 1296 3888 0 2730 5460 1386 2772
democtrates 0 0 0 0
socialiste partie de la nation
0 0 0 0
democrates social
el wafa aux mar-
0 0 0 0 parti du neo
tyrs 0 0 0 0
destour
sowat al mos-
0 0 0 0 union patriotique
takbal 0 0 0 170 340
libre
afek tounes 0 0 1371 6855 1627 8135
mouvement des
L’initiative 0 0 0 1127 5635 patriotes demo- 367 1101 0 0 0
0 0 0 0 crates

TOTAL 0 0 0 0 mouvement po-


240 720 129 129 0 157 314
pulaire
parti liberal ma-
0 0 0 0
grebin

146 147
almostakel 0 0 0 0 Annexe 4: alliance scrutin majoritaire plurinominal et représen-
tation proportionnelle Partie 9/9
el wafa 0 0 92 184 0
el amal 791 2373 0 125 250 0 Circonscription Total suffrage Total liste Total final

pour un front nbr de siege


0 0 0 0
national tunisien
Nom du parti
parti de la lutte
0 0 0 0 ennahdha 11,633,069 1501547 5,055.71
progressiste
cpr 2,612,826 345724 1,164.05
equité 0 0 0 0
pole democratique moderniste 420,637 57571 193.84
parti de l’equite et
0 0 0 0
de l’egalite la petition populaire pour la liberté la
justice et le developpement 1,983,751 256539 863.77
lutte social 0 0 0 0
PDP 917,178 121172 407.99
parti de la nation
culturel et unio- 0 0 0 0 partie de la nation democrates social 56,970 5697 19.18
niste
parti du neo destour 34,956 5826 19.62
ettakatol 1304 3912 1788 1788 4780 9560 2142 4284
union patriotique libre 31,301 5471 18.42
elbadil ethawri 0 310 310 0 0
Mouvement des patriotes democrates 37,914 5566 18.74
mouvement des
democtrates 0 0 0 0 mouvement populaire 124,076 14596 49.14
socialiste parti liberal magrebin 54,123 6852 23.07
el wafa aux mar- almostakel 217,256 25492 85.83
0 0 0 0
tyrs
el wafa 41,284 5270 17.74
sowat al mos-
0 0 0 0 el amal 50,791 6937 23.36
takbal
afek tounes 0 0 695 1390 412 824 pour un front national tunisien 52,052 7436 25.04

l’initiative 0 0 0 0 parti de la lutte progressiste 52,839 5871 19.77

0 0 0 0 equité 29,575 4225 14.23

TOTAL 0 0 0 0 parti de l’equite et de l’egalite 42,616 6088 20.50


lutte social 37,912 4739 15.96

148 149
parti de la nation culturel et unioniste 46,971 5219 17.57 Annexe 5: Alliance scrutin majoritaire uninominal et représen-
tation proportionnelle
ettakatol 2,060,833 261130 879.23
elbadil ethawri 99,257 14993 50.48 Suffrage 4055647.5
nombre de sieges 184
Mouvement des democtrates socialiste 66,088 8261 27.81
Quotient 22,041.56
el wafa aux martyrs 10,160 2540 8.55
aux plus fort reste
sowat al mostakbal 0 0 0.00
Aliance
nb de
afek tounes 251,320 33511 112.83 nb de nb final de nb de sieges majoritaire
sieges
Nom du parti nb de voix reste sieges sieges pro- majoritaire uninominal
l’initiative 918,297 98666 332.21 par
ajouté portionnel uninominal et propor-
calcul
tionnel
0
ettakatol 285530 12 21,031.3 2 14 0 14
TOTAL 0
L’initiative 129215 5 19,007.2 2 7 0 7
Sowat al mos-
17340 0 17,340.0 2 2 0 2
takbal
elbadil ethawri 60620 2 16,536.9 2 4 0 4
la petition po-
pulaire pour la
liberté la justice 280382 12 15,883.3 2 14 1 15
et le developpe-
ment
partie de la na-
tion democrates 15572 0 15,572.0 2 2 0 2
social
parti du neo
15459 0 15,459.0 2 2 0 2
destour
parti liberal
13053 0 13,053.0 2 2 0 2
magrebin
almostakel 12172 0 12,172.0 2 2 0 2
el wafa 11578 0 11,578.0 2 2 0 2
el amal 10681 0 10,681.0 2 2 0 2

150 151
afek tounes 76643 3 10,518.3 2 5 0 5 Annexe 6 : La Carte des circonscriptions électorales

mouvement des
patriotes demo- 32306 1 10,264.4 2 3 0 3
crates
pour un front
9923 0 9,923.0 2 2 0 2
national tunisien
mouvement
31793 1 9,751.4 2 3 0 3
populaire
parti de la lutte
9329 0 9,329.0 2 2 0 2
progressiste
equité 9221 0 9,221.0 2 2 0 2
parti de l equite
7619 0 7,619.0 2 2 0 2
et de l egalite
union patriotique
51594 2 7,510.9 2 4 0 4
libre
lutte social 6680 0 6,680.0 2 2 0 2
PDP 160692 7 6,401.1 2 9 0 9
parti de la nation
culturel et unio- 5581 0 5,581.0 2 2 0 2
niste
el wafa aux mar-
3869 0 3,869.0 1 1 0 1
tyrs
pole democra-
113094 5 2,886.2 1 6 0 6
tique moderniste
mouvement des
democtrates 22842 1 800.4 1 2 0 2
socialiste
cpr 352825 16 160.0 1 17 0 17
ennahdha 1498905 68 78.7 1 69 32 101
TOTAL 3244518 135 268,907.1 49 184 33 217

152 153
154

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