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.

Introduction :
L'exploration des caractéristiques des fluides hydrauliques constitue un domaine crucial au sein de
l'ingénierie, imprégnant les systèmes mécaniques d'une diversité d'applications. Ces fluides, tels que les
huiles spécifiquement formulées, jouent un rôle central dans des mécanismes aussi variés que les
systèmes de transmission de puissance, les circuits hydrauliques et les dispositifs de contrôle. Cette étude
vise principalement à sonder le comportement de ces fluides face à des contraintes et des conditions
diverses. Elle implique l'analyse approfondie des propriétés physiques et rhéologiques des fluides, telles
que la viscosité, la densité, la compressibilité et la conductivité thermique. Ces caractéristiques
fondamentales sont déterminantes dans la conception de systèmes hydrauliques performants, où leur
compréhension approfondie garantit une efficacité optimale. Par ailleurs, cette exploration englobe
également l'analyse des phénomènes de fluide, tels que l'écoulement laminaire, la turbulence, les pertes de
charge et la cavitation. Ces connaissances, fusionnant physique des fluides, mécanique des fluides et
ingénierie, s'avèrent essentielles pour concevoir des composants hydrauliques optimisés et assurer le
fonctionnement optimal des systèmes dans des conditions variables. En somme, l'étude des
caractéristiques des fluides hydrauliques constitue une pierre angulaire dans la création et le maintien de
systèmes hydrauliques efficaces, offrant une perspective riche et multidisciplinaire à ce domaine
d'investigation.
II. Propriétés des fluides hydrauliques :

.1. La Viscosité :

.1.1. Définition : La viscosité est le nom donné à la caractéristique d'un fluide et décrit la résistance au
mouvement laminaire de deux couches de fluide voisines l'une contre l'autre. En termes simples, la
viscosité est la résistance à l'écoulement. Elle résulte de la cohésion et de l'interaction entre les molécules.
Considérez un fluide entre deux plaques infinies «Figure.1 ». La plaque inférieure est fixe, tandis que la
plaque supérieure se déplace à une vitesse constante v. La plaque supérieure est soumise à une force de
friction vers la gauche, car elle effectue un travail en essayant de faire glisser le fluide avec elle vers la
droite. Le fluide en haut du canal sera soumis à une force égale et opposée. De même, la plaque inférieure
sera soumise à une force de friction vers la droite, car le fluide tente de tirer la plaque avec lui vers la
droite. Le fluide est soumis à une contrainte de cisaillement, τ, donnée par la loi de la viscosité de
Newton.

du
¿
dy

Le coefficient de viscosité dynamique, noté μ, représente la contrainte de cisaillement requise pour


générer un gradient de vitesse d'écoulement unitaire dans un fluide. Dans les mesures pratiques, le
coefficient de viscosité d'un fluide est calculé en comparant la contrainte de cisaillement à la vitesse de
cisaillement.

¿ ❑
du/dy

τ = Contrainte de cisaillement, N/m²

du/dy = Gradient de vitesse, s⁻¹

u = Vitesse du fluide, m/s

y = Déplacement perpendiculaire au vecteur de vitesse, m

μ = Coefficient de viscosité dynamique, Ns/m² ;

μ est souvent exprimé en poise (P), où 1 P = 0.1 Ns/m².


Fig.1 : Variation de la vitesse pour un fluide entre deux plaques parallèles.

.1.2. La viscosité dynamique et cinématique :

La viscosité dynamique  est une mesure de la ténacité ou de la viscosité d’un fluide. Plus la viscosité est
grande, plus le fluide est épais (moins fluide) ; plus la viscosité est faible, plus il est fluide. La viscosité
cinématique v (ν = « Ny ») correspond à la viscosité dynamique d’un produit  divisée par sa densité ρ.

Équation : ¿❑

La viscosité cinématique, ν, est souvent exprimée en stokes (St), où 1 St = 10⁻⁴ m²/s, ou en centistokes
(cSt), où 1 cSt = 10⁻⁶ m²/s = 1 mm²/s. Les unités de viscosité peuvent être données en secondes Redwood
ou Saybolt, ou en degrés Engler, selon la méthode de mesure. Bien que ces unités ne soient plus utilisées,
des tables de conversion sont disponibles. La viscosité cinématique caractérise le
temps d'écoulement d’un liquide. Par contre, la viscosité dynamique correspond à la réalité physique du
comportement d’un fluide soumis à une sollicitation (effort).

.1.3. Influence de la température sur la viscosité :

La viscosité de l'huile subit des variations en fonction de sa température, comme spécifié dans les normes
ISO qui définissent la viscosité à une température standard de 40 °C. Un fluide hydraulique, désigné sous
le nom de VG32, présente une viscosité de 32 cSt à 40 °C. Maintenir la viscosité de l'huile dans une plage
spécifique pendant le fonctionnement du système est crucial, car les conditions opérationnelles peuvent
être influencées par la température. L'indice de viscosité (VI) de l'huile est un paramètre utilisé dans
l'industrie pour exprimer l'impact de la variation de température sur la viscosité. Un VI faible indique une
variation significative de la viscosité en réponse aux changements de température, tandis qu'un VI élevé
indique une variation relativement faible sur une large plage de température. L'huile optimale est celle qui
maintient une viscosité stable malgré les fluctuations de température. Un exemple concret de l'importance
de l'Indice de Viscosité (VI) réside dans la nécessité d'une huile hydraulique à VI élevé pour les avions
militaires. Ces systèmes subissent des variations considérables de température, allant de moins de -18 °C
à des altitudes élevées jusqu'à plus de 45 °C au sol. Afin d'assurer le bon fonctionnement de ces systèmes,
le fluide hydraulique doit posséder un VI suffisamment élevé pour accomplir ses fonctions dans des
conditions extrêmes de température. Les fabricants déterminent la plage acceptable de viscosité et de
température de fonctionnement pour chaque composant. Par exemple, pour une pompe à engrenages, la
plage de température du fluide est fixée entre -15 et 80 °C, avec une plage de viscosité recommandée de
10 à 300 cSt.

.1.4. Influence de la pression sur la viscosité :

L'influence de la pression de l'huile sur la viscosité est nettement moindre par rapport à celle de la
température. La viscosité des fluides augmente avec l'accroissement de la pression (voir Fig. 2.3). Ces
caractéristiques doivent être prises en considération lors de la conception de systèmes hydrauliques
opérant à des plages de pression étendues. Toutefois, lorsque les niveaux de pression sont maintenus en
deçà de 300 bars, l'impact de la pression sur la viscosité de l'huile est généralement négligeable.

.1.5.influence de la viscosité sur le fonctionnement des systèmes hydrauliques :

L'impact de la viscosité de l'huile sur le fonctionnement des systèmes hydrauliques se manifeste par une
résistance accrue à l'écoulement du fluide et au déplacement des objets à l'intérieur du fluide. Dans cette
perspective, on considère les conséquences suivantes :

» Pertes hydrauliques dans les lignes de transmission : se réfèrent à la diminution de la pression du


fluide hydraulique à mesure qu'il circule à travers les conduites ou les tuyaux du système hydraulique.

128 L
P= 4
Q=R . Q
D

ΔP = Pertes de pression dans la conduite, en pascals (Pa)


L = Longueur de la conduite, en mètres (m)
D = Diamètre intérieur de la conduite, en mètres (m)
Q = le débit du fluide, en (m3/s)
R = la résistance de la ligne de transmission hydraulique (Pa/m)

»Résistance à l'écoulement du fluide dans des conduits étroits : désigne l'opposition que le fluide
rencontre lorsqu'il circule à travers des passages restreints. Cette résistance est principalement due à la
friction entre le fluide et les parois du conduit, La prise en compte de cette résistance est essentielle dans
la conception et l'analyse des systèmes hydrauliques pour garantir un fonctionnement efficace.

» Forces de friction visqueuse : Lorsque des pièces se déplacent dans l'huile, la viscosité de l'huile crée
une résistance au mouvement, générant des forces de friction visqueuse.
» Effet d'amortissement : se produit en raison de la résistance du fluide au mouvement. Cela se traduit
par une décélération progressive des pièces en mouvement. L'amortissement est souvent souhaité dans
certains systèmes pour éviter des oscillations non désirées ou pour assurer un mouvement contrôlé.

.2. Densité :

.2.1. Définition : La densité d'un objet se définit comme le rapport de sa masse volumique (ρ = m/V) à
celle d'un objet de référence. Pour les liquides et les solides, la référence est l'eau pure à 4 °C, tandis que
pour les gaz et les vapeurs, c'est l'air à la même température et sous la même pression. La densité est une
grandeur adimensionnelle, n'ayant pas d'unité de mesure associée. Les huiles hydrauliques ont une faible
compressibilité et une expansion thermique volumétrique. Par conséquent, dans des conditions de
fonctionnement normales, la densité de l'huile est pratiquement constante. La densité des huiles
hydrauliques minérales varie de 850 à 900 kg/m 3,elle affecte à la fois les opérations transitoires et
stationnaires des systèmes hydrauliques.

.2.2. Impact de la densité sur le fonctionnement du système hydraulique :

L'impact de la densité sur le fonctionnement du système hydraulique réside dans la manière dont la
variation de densité du fluide hydraulique peut influencer différentes performances et caractéristiques du
système. Voici quelques aspects clés :

Variation de la masse totale : La densité étant la masse par unité de volume, toute variation de la densité
affecte directement la masse totale du fluide dans le système. Cela peut influencer la force exercée par le
fluide dans les actionneurs hydrauliques.

Transfert de puissance : La densité du fluide peut affecter le transfert de puissance dans le système
hydraulique, influençant ainsi la performance globale de l'équipement. Des variations de densité peuvent
entraîner des changements dans les caractéristiques de transfert d'énergie.

Pression et débit : Dans certaines applications, la densité peut influencer la pression et le débit du fluide.
Cela peut avoir des implications sur la capacité du système à générer une force ou à réaliser un travail
spécifique.

Réponse dynamique : Les variations de densité peuvent également affecter la réponse dynamique du
système hydraulique, notamment en termes de temps de réponse et de comportement transitoire.
.3. Compressibilité :

.3.1. Définition : Un fluide est dit incompressible lorsque le volume occupé par une masse donné ne
varie pas en fonction de la pression extérieure. Les liquides peuvent être considérés comme des fluides
incompressibles (eau, huile, etc.) Un fluide est dit compressible lorsque le volume occupé par une masse
donnée varie en fonction de la pression extérieure. Les gaz sont des fluides compressibles. Par exemple,
l’air, l’hydrogène, le méthane à l’état gazeux, sont considérés comme des fluides compressibles. On
définit le coefficient de compressibilité par ;

dV 1 dV
= variation relative de volume. ¿−
dP V dP

dP = variation correspondante de pression.

.3.2. Effet de la température et la pression sur la compressibilité :

La compressibilité de fluide hydraulique a un impact direct sur le comportement transitoire du système


hydraulique. En général, la réduction du volume de fluide de 1 % nécessite une augmentation de sa
pression de 10 à 20 MPa. Le module d'élasticité volumétrique de fluide hydraulique est affecté par la
pression et la température de fluide. La figure 2 illustre l'effet de la pression et de la température de fluide
sur le module d'élasticité volumétrique de fluide hydraulique industrielle typique à base de minéraux. Le
module d'élasticité volumétrique augmente avec l'augmentation de la pression et diminue avec
l'augmentation de la température. L'augmentation de la pression fluide de zéro à 300 bar augmente le
module d'élasticité volumétrique d'environ 21 %, tandis que l'augmentation de la température de 40 °C
diminue le module d'élasticité volumétrique de 25 %. Cependant, le module d'élasticité volumétrique est
généralement supposé constant lorsqu'il est utilisé dans la plage normale de pressions et de températures.
Le module d'élasticité volumétrique de l'huile pure est presque constant lorsqu'il fonctionne à une certaine
température et pression.
Fig.2.
Effet de la température et de la pression sur le module d'élasticité volumétrique d'une huile hydraulique typique à base de
minéraux à pression constante.

.3.3. L'effet de la compressibilité de l'huile sur la capacité hydraulique :

La compressibilité de l'huile hydraulique est un élément crucial dans le comportement des systèmes
hydrauliques et est intimement liée à la capacité hydraulique du système. En général, les liquides, tels que
l'huile hydraulique, présentent une compressibilité très faible par rapport aux gaz. Cependant, même une
compressibilité légère peut avoir des répercussions significatives dans les systèmes hydrauliques, surtout
lors de variations rapides de pression.

Lorsque l'on prend en compte la compressibilité de l'huile, cela affecte la capacité hydraulique du
système. La capacité hydraulique fait référence à la capacité du fluide hydraulique à stocker de l'énergie
sous forme de pression. Une diminution du volume d'huile, même minime, peut entraîner une
augmentation notable de la pression dans le système. Cette relation est souvent mesurée à l'aide du
module d'élasticité volumétrique, également appelé module de compressibilité, qui quantifie la réaction
de l'huile à une variation de pression.

Fig.3. Amas d'huile unique, soumis à la compressibilité de l'huile.

.4. Expansion thermique :

Les liquides hydrauliques subissent une expansion thermique volumétrique. En règle générale, le volume
des liquides varie en fonction de la température selon l'équation suivante :

V
=¿
VT
 V représente le volume initial de l'huile en m³,

 α est le coefficient d'expansion thermique, spécifique à une huile minérale typique


(=0,0007K−1),

 ΔT indique la variation de température en degrés Celsius,

 ΔVT correspond à la variation de volume de l'huile due à l'expansion thermique en m³.

Dans le cas où de l'huile est emprisonnée dans un récipient rigide sur une longue période, la pression peut
atteindre des valeurs énormes en raison de l'augmentation de la température de l'huile. En envisageant un
volume d'huile piégé dans un vérin hydraulique, l'expansion thermique du vérin est négligeable par
rapport à celle de l'huile. Par conséquent, le volume d'huile reste constant même lorsqu'il y a une
élévation de sa température, en raison de l'effet combiné de la compressibilité de l'huile et de son
expansion thermique. La variation de pression (ΔP) due à la variation de température (ΔT) est déduite
comme suit : en supposant que le volume total d'huile demeure constant, alors ΔV=0.

.5. Pression de vapeur :

Tous les liquides ont la propension à s'évaporer en libérant des molécules dans l'espace au-dessus de leur
surface. Dans un espace confiné, la pression partielle exercée par ces molécules augmente jusqu'à ce que
le taux auquel les molécules réintègrent le liquide égale au taux auquel elles en sortent, atteignant ainsi un
équilibre où la pression de vapeur devient la pression de vapeur saturée (PVS). L'activité moléculaire
croît avec la température. Par ailleurs, une réduction de la pression en dessous des valeurs de la PVS
entraîne une évaporation rapide, c'est-à-dire l'ébullition. Un accroissement de la pression de vapeur
saturée conduit à une augmentation du taux d'évaporation. La pression de vapeur est définie comme la
pression à laquelle un liquide entre en ébullition et augmente proportionnellement à l'élévation de la
température de l'huile. La diminution de la pression du liquide à la PVS peut engendrer la cavitation dans
un système hydraulique. La cavitation désigne la formation et la rupture de cavités remplies de vapeur
dans le liquide. L'effondrement de ces cavités de vapeur génère des vitesses locales d'huile extrêmement
élevées. Dans le contexte des pompes volumétriques, la cavitation se produit lorsque la pression
d'aspiration chute en dessous de la pression de vapeur de l'huile. Les cavités de vapeur se forment dans la
conduite d'aspiration de la pompe et s'effondrent lors de leur passage à travers la pompe vers les zones de
haute pression. Cet effondrement, sous l'influence d'une pression élevée, entraîne des vitesses locales très
importantes ainsi que des forces et des pressions d'impact considérables (pouvant atteindre jusqu'à 7000
bars), entraînant ainsi l'érosion des composants de la pompe.

.6. Caractéristiques de lubrification et de résistance à l'usure :


Le fluide doit être capable de recouvrir les surfaces de contact de toutes les pièces mobiles avec un
revêtement de lubrification mince et continu. Le revêtement lubrifiant peut être détruit en raison de forces
de charge élevées, d'une alimentation insuffisante en huile et d'une faible viscosité. Cela entraînerait une
usure due au frottement. Le pouvoir lubrifiant et la résistance du revêtement d'un liquide sont directement
liés à sa nature chimique et peuvent être améliorés par l'ajout de certains agents chimiques. En plus de
l'usure due au frottement, il existe également une usure due à la fatigue, à l'abrasion et à la corrosion.

.7. Compatibilité :

Le liquide doit être entièrement compatible avec les autres matériaux employés dans le système
hydraulique, notamment ceux utilisés pour les paliers, les joints, les peintures, et ainsi de suite. Il ne doit
entraîner aucune réaction chimique avec ces matériaux ni altérer leurs propriétés physiques. De plus, étant
donné que le liquide peut fuir du système hydraulique et entrer en contact avec d'autres composants tels
que les lignes électriques, les éléments mécaniques, etc., il est essentiel que le liquide soit également
compatible avec les matériaux de ces pièces.

.8. Stabilité chimique :

La stabilité chimique revêt une importance cruciale pour le liquide hydraulique. Elle se définit comme la
capacité du liquide à résister à l'oxydation et à la détérioration sur de longues périodes. Sous des
conditions de fonctionnement sévères, tous les liquides ont tendance à subir des altérations indésirables.
Certains métaux tels que le zinc, le plomb, le laiton et le cuivre réagissent chimiquement de manière
indésirable avec certains liquides. Ces réactions entraînent la formation de boues, de gommes, de carbone
ou d'autres dépôts, obstruant les ouvertures et entraînant le blocage des valves et des pistons. Avec la
formation de ces dépôts, des modifications interviennent dans les propriétés physiques et chimiques du
liquide. Ce dernier prend généralement une teinte plus sombre, sa viscosité augmente, et des acides
nuisibles se forment. L'ajout d'inhibiteurs d'oxydation, compatibles avec les autres propriétés requises du
liquide, peut améliorer la stabilité des liquides.

.9. Stabilité à l'oxydation :

La stabilité à l'oxydation représente la capacité du fluide à résister à la dégradation chimique résultant de


la réaction avec l'oxygène atmosphérique. C'est un critère d'une importance capitale en ce qui concerne la
qualité des fluides hydrauliques, particulièrement dans les applications à haute température. Cette
caractéristique détermine la résistance au processus de vieillissement. L'oxydation des fluides
hydrauliques peut conduire à des augmentations significatives de la viscosité, à la formation d'acides
organiques corrosifs et au développement de vernis sur les surfaces critiques en raison des produits
d'oxydation résineux.

.10. Formation de mousse :

Tous les liquides renferment de l'air dissous, la quantité dépendant de la température et de la pression.
Généralement, l'huile à base minérale peut contenir jusqu'à 10 % en volume d'air dissous. À mesure que
la température du liquide augmente ou que la pression diminue, l'air dissous est libéré, prenant la forme
de bulles discrètes dans le liquide. Lorsque le liquide porteur d'air revient au réservoir, l'air remonte à la
surface et entraîne la formation de mousse. Une conception déficiente du réservoir et de la ligne de retour
d'huile peut également entraîner la formation de bulles d'air et de mousse. Si la mousse s'accumule, elle
peut causer des problèmes sérieux dans le système hydraulique. C'est pourquoi la plupart des liquides
hydrauliques intègrent des additifs anti-mousse favorisant la désintégration rapide de la mousse.

.11. L'hygiène :

L'hygiène dans les systèmes hydrauliques a fait l'objet d'une attention considérable. Certains systèmes
hydrauliques, notamment ceux utilisés dans l'aérospatiale, sont extrêmement sensibles à la contamination.
La propreté du fluide revêt une importance primordiale, car les contaminants peuvent entraîner des
dysfonctionnements des composants, entraver le bon positionnement des valves, provoquer l'usure des
pièces, et éventuellement augmenter le temps de réponse des servo-valves. L'air, l'eau, les solvants et
d'autres fluides étrangers sont classés parmi les contaminants du fluide.

.12. Propriétés thermique :

Le point d'écoulement d'un fluide est la température de 3°C au-dessus de la température à laquelle le
fluide cesse de s'écouler. En règle générale, la température minimale à laquelle un fluide fonctionne
devrait être d'au moins 10°C au-dessus du point d'écoulement.

Le point d'éclair est la température à laquelle un liquide émet une quantité de vapeur suffisante pour
s'enflammer momentanément ou éclater lorsqu'une flamme est appliquée. Un point d'éclair élevé est
souhaitable pour les liquides hydrauliques car il offre une bonne résistance à la combustion et un faible
degré d'évaporation à des températures normales. Le point d'éclair requis varie de 150°C pour les huiles
les plus légères à 265°C pour les huiles les plus lourdes.

Le point d'auto-inflammation est la température à laquelle une substance émet une quantité de vapeur
suffisante pour s'enflammer et continuer à brûler lorsqu'elle est exposée à une étincelle ou à une flamme.
Comme pour le point d'éclair, un point d'auto-inflammation élevé est une exigence de base.

La capacité calorifique spécifique est la quantité de chaleur nécessaire pour augmenter la température
d'une unité de masse d'une substance d'un degré. Elle est généralement exprimée en kJ/kg par K ou
kcal/kg par °C. La capacité calorifique spécifique à pression constante (CP) dépend de la température,
mais elle est insignifiante à la pression. Pour les huiles minérales et les hydrocarbures synthétiques, CP =
2060 J/kg par K à une température de 50°C.

La conductivité thermique est la capacité à transmettre la chaleur, normalement exprimée en unités de


W/m par K. Pour les huiles minérales et les hydrocarbures synthétiques, la conductivité thermique est
d'environ 0,12 W/m par K.

.13. Acidité :

Un fluide hydraulique optimal devrait ne pas contenir d'acides susceptibles d'engendrer la corrosion des
métaux dans le système. Il est peu probable que la plupart des fluides restent totalement non corrosifs
dans des conditions de fonctionnement rigoureuses. Bien que le degré d'acidité d'un fluide puisse être
satisfaisant lorsqu'il est neuf, il peut tendre à devenir corrosif avec le temps, en particulier après une
utilisation prolongée, au fur et à mesure de son détérioration.

.14. La toxicité :

La toxicité se définit comme la qualité, l'état ou le niveau d'être toxique ou empoisonné. Certains liquides
renferment des substances chimiques constituant un sérieux danger toxique. Ces produits chimiques
toxiques ou empoisonnés peuvent s'introduire dans l'organisme par inhalation, absorption cutanée, ou par
exposition aux yeux ou à la bouche. Cela peut entraîner des maladies et, dans certains cas, des décès. Les
fabricants de liquides hydrauliques s'emploient à élaborer des liquides adaptés qui ne contiennent aucun
produit chimique toxique, ce qui fait que la plupart des liquides hydrauliques sont dépourvus de
substances nocives. Certains liquides ignifuges sont toxiques, et il est impératif de prendre des mesures de
protection appropriées et de manipuler ces liquides avec précaution.

.15. Huiles hydrauliques écologiquement acceptables :


Ces dernières années ont été marquées par des initiatives visant à contrer les graves menaces posées par
la pollution industrielle de notre environnement. Les fluides hydrauliques constituent naturellement l'une
de ces menaces, étant largement utilisés par divers équipements tels que les machines d'excavation, les
bulldozers et les grues mobiles en extérieur. Une fuite d'huile peut entraîner une pollution significative
des environs et des eaux souterraines. Les huiles minérales, composées de composés hydrocarbonés
relativement stables, se décomposent très lentement sous l'action des micro-organismes dans
l'environnement. Ainsi, la pollution causée par les huiles hydrauliques minérales conventionnelles peut
perturber l'équilibre écologique sur de longues périodes. Cette réalité a suscité un intérêt croissant pour
les produits biodégradables. La dégradation microbiologique, processus par lequel les micro-organismes
décomposent la matière organique avec l'aide de l'oxygène, est au cœur de cette préoccupation. Les
spécifications fondamentales de l'huile hydraulique disponible commercialement et respectueuse de
l'environnement sont les suivantes : il s'agit d'une huile de base synthétique conçue pour se biodégrader
naturellement sous l'effet de la lumière du soleil, de l'eau et/ou de l'activité microbienne. Ses

caractéristiques incluent une viscosité de 7,3 cSt à 100°C et 40,1 cSt à 40°C, un indice de viscosité (IV)
de 149, une gravité spécifique de 0,965, un point d'éclair de 256°C, un point d'auto-inflammation de
282°C et un point d'écoulement de -56°C. Sa biodégradabilité atteint 80% en 21 jours.

. Classification des fluides hydrauliques :

.1. Fluides hydrauliques couramment utilisés :

Les fluides hydrauliques couramment utilisés sont les suivants :

• Huile minérale raffinée non inhibée.

• Huile minérale raffinée avec des propriétés améliorées antirouille et anti oxydation.

• Huile minérale raffinée avec des propriétés améliorées antirouille, anti oxydation et anti-usure.

• Huile minérale raffinée avec des propriétés améliorées antirouille, anti oxydation et viscosité-
température.

• Huile minérale raffinée avec des propriétés améliorées antirouille, anti oxydation, anti-usure et
viscosité-température.

• Fluides synthétiques sans propriétés spécifiques de résistance au feu.

• Fluide à base d'eau élevée (jusqu'à 20 % de matières combustibles + min 80 % d'eau).

• Solution chimique dans l'eau (plus de 80 % de contenu en eau).

• Eau-dans-huile, gouttelettes d'eau dans une phase d'huile continue (60 % d'huile + 40 % d'eau).
• Eau/polymère-eau glycol (35 % d'eau minimum, 80 % maximum).

• Fluides chimiques purs ; sans eau.

• Esters de phosphate.

• Hydrocarbures chlorés.

• Mélange d'esters de phosphate et d'hydrocarbures chlorés.

.2. Les huiles minérales :

en raison de leur coût abordable, de leur grande disponibilité et de leur adaptabilité à diverses classes de
viscosité. Elles assurent une excellente lubrification, sont non corrosives et compatibles avec la plupart
des matériaux d'étanchéité, à l'exception du caoutchouc butyle.

Ces huiles minérales maintiennent une stabilité chimique à des températures de fonctionnement normales,
mais elles subissent une dégradation chimique à des températures plus élevées. Les huiles minérales de
qualité supérieure intègrent des additifs visant à contrer l'usure, l'oxydation et la formation de mousse,
tout en améliorant l'indice de viscosité et la lubrification. Cependant, certains inconvénients inhérents aux
huiles minérales, tels que l'inflammabilité et l'augmentation de viscosité sous des pressions élevées,
persistent malgré l'ajout d'additifs. En raison du risque d'incendie, leur utilisation est exclue dans des
environnements dangereux tels que les machines d'injection et de moulage plastique, les mines de
charbon et les zones proches des fours. De plus, leurs caractéristiques viscosité-pression limitent leur
utilisation à des pressions inférieures à 1000 bar.

.3. Fluides résistant au feu :

» Émulsion Huile-dans-Eau :

Ce fluide hydraulique est constitué de minuscules gouttelettes d'huile dispersées dans une phase continue
d'eau. La concentration se situe généralement entre 2 % et 5 % d'huile dans l'eau, et les propriétés du
fluide se rapprochent davantage de celles de l'eau que de l'huile. Il présente une résistance au feu
extrêmement élevée, une incompressibilité marquée, et d'excellentes propriétés de refroidissement. Ses
principaux inconvénients résident dans une lubrification médiocre et une faible viscosité.

» Émulsion Eau-dans-Huile :
Les émulsions eau-dans-huile, largement plébiscitées comme fluides ignifuges, se caractérisent par une
phase continue d'huile dans laquelle de minuscules gouttelettes d'eau sont dispersées. Leurs propriétés de
lubrification sont considérablement réduites, nécessitant ainsi le fonctionnement des pompes à des
vitesses réduites. En conséquence, des pompes à déplacement plus important sont requises pour atteindre
le débit nécessaire. La dilution typique consiste en 60 % d'huile et 40 % d'eau. Pour assurer une durée de
vie optimale, les températures de fonctionnement ne devraient pas excéder 25 °C, bien que des périodes
intermittentes jusqu'à 50 °C soient tolérées. À des températures plus élevées, l'évaporation impacte la
teneur en eau, diminuant ainsi les propriétés ignifuges de l'émulsion. Lors d'inactivité prolongée, il y a
une propension à la séparation de l'huile et de l'eau, mais pendant le fonctionnement, la pompe ré
émulsionne le fluide.

» Fluides eau-glycol :

Ces liquides ont été principalement conçus pour être utilisés dans l'aviation en raison de leur
caractéristique de très faible inflammabilité. Cependant, leur utilisation est restreinte car ils ne peuvent
pas être employés à des températures élevées en raison de leur teneur en eau. Leur capacité de
lubrification est moindre que celle des huiles minérales ; ils attaquent la plupart des peintures ; ils
présentent une grande stabilité en termes de cisaillement en raison du faible poids moléculaire de leurs
composants ; et leurs excellentes propriétés antigel les rendent particulièrement adaptés aux applications à
basse température.

» Huiles synthétiques :

Les huiles synthétiques, telles que les esters de phosphate, présentent des propriétés de résistance au feu
remarquablement élevées. Elles sont utilisées dans des secteurs tels que le moulage de plastique et la
fonderie sous pression, où des risques d'incendie exceptionnellement élevés sont présents. Leur capacité
de lubrification est similaire à celle des huiles minérales.

Les élastomères utilisés en association avec les esters de phosphate doivent être choisis avec précaution.
Certains polymères de silicone et le caoutchouc butyle sont adaptés. Certains métaux, en particulier
l'aluminium, et la plupart des peintures sont susceptibles d'être attaqués.

Les huiles synthétiques surpassent les fluides à base d'huile minérale dans un ou plusieurs des aspects
suivants :

• Stabilité thermique

• Stabilité à l'oxydation
• Propriétés de viscosité-température (VI)

• Fluidité à basse température

• Limites de température opérationnelle

• Résistance au feu

Cependant, les fluides à base d'huile minérale peuvent présenter des avantages en ce qui concerne :

• Stabilité hydrolytique

• Protection contre la corrosion

• Toxicité

• Compatibilité avec les élastomères et les matériaux de construction

• Solubilité des additifs

• Caractéristiques de frottement

• Coût et disponibilité

.4. Additifs :

La catégorie prédominante de fluides hydrauliques est constituée d'huiles de base hydrocarbonées


raffinées (huiles pétrolières) auxquelles sont ajoutés des additifs appropriés dans le but d'améliorer leurs
propriétés fondamentales. Les principaux types d'additifs employés dans les fluides hydrauliques
comprennent :

• Les inhibiteurs d'oxydation, qui renforcent la capacité du liquide à résister à la réaction chimique avec
l'oxygène/l'air et à prévenir toute dégradation subséquente. Leur importance est cruciale lors d'un
fonctionnement à des températures élevées.

• Les inhibiteurs de corrosion forment des couches moléculaires liées à la surface par des forces
électrostatiques, créant ainsi une barrière efficace contre la pénétration de l'oxygène et de l'eau, éléments
nécessaires aux réactions électrochimiques formant la rouille.

• Les agents anti-foaming génèrent de petites zones hétérogènes au sein des parois des bulles de mousse
en surface. En raison de leur faible tension superficielle, ces zones constituent des points de fragilité
conduisant à l'éclatement des bulles.

• Les additifs anti-usure, caractérisés par une stabilité thermique élevée.

• Les améliorateurs d'indice de viscosité.


• Les abaisseurs de point d'écoulement.

• Les modificateurs de friction, essentiels dans certaines conditions pour garantir un fonctionnement
fluide exempt de secousses (stick/slip).

• Les détergents, des substances fournissant une action de nettoyage en ce qui concerne les dépôts en
surface.

.5. Exigences imposées au liquide hydraulique :

Les critères principaux imposés aux liquides hydrauliques comprennent :

• Des propriétés d'écoulement satisfaisantes sur l'ensemble de la plage de températures de


fonctionnement.

• Un indice de viscosité élevé garantissant une variation modérée de la viscosité en réponse aux
fluctuations de température.

• La nécessité de posséder de bonnes propriétés lubrifiantes en tant que préalable pour réduire l'usure et
prolonger la durée de vie du système.

• Une pression de vapeur basse afin d'éviter la cavitation.

• La compatibilité avec les matériaux du système, évitant toute réaction chimique avec les matériaux
utilisés ou la détérioration de leurs propriétés physiques.

• La stabilité chimique est indispensable pour accroître la durée de vie du liquide et prévenir toute
détérioration des performances.
Tableau.1. Spécification des huiles hydrauliques minéraux typiques toutes saisons.

• Protection contre la corrosion grâce à l'ajout d'inhibiteurs de corrosion efficaces.

• Désaération rapide et séparation de l'air.

• Une bonne conductivité thermique est nécessaire pour dissiper rapidement la chaleur générée par le
frottement entre les éléments et les pertes hydrauliques.

• La

résistance au feu est essentielle dans certaines applications.

• Les propriétés électriquement isolantes peuvent être significatives dans plusieurs conceptions modernes.

• Acceptabilité environnementale.

Le Tableau.1 donne les spécifications de deux liquides hydrauliques minéraux typiques.

V. Phénomènes de fluide :


V.1. Régime d’écoulement et nombre de Reynolds :
Les expériences réalisées par Reynolds en 1883 lors de l'écoulement d'un liquide dans une conduite
cylindrique rectiligne dans laquelle arrive également un filet de liquide coloré, ont montré l'existence de
deux régimes d'écoulement : régime laminaire et régime turbulent .

» Régime laminaire :

Si les filets fluides sont des lignes régulières, sensiblement parallèles entre elles, l’écoulement est dit
laminaire.

Fig.4. schéma d’un régime laminaire.

» Régime turbulent :
Si les filets fluides s’enchevétrent,
s’enroulent sur eux- mêmes, l’écoulement
est dit turbulent.

Fig.5.

schéma d’un régime turbulent.

Des études plus fines ont montré qu’il existe encore une subdivision entre :

1. les écoulements turbulents lisses.


2. les écoulements turbulents rugueux.

La limite entre ces différents types d’écoulements est évidemment difficile à appréhender.
En utilisant divers fluides à viscosités différentes, en faisant varier le débit et le diamètre de la
canalisation, Reynolds a montré que le paramètre qui permettait de déterminer si l'écoulement est
laminaire ou turbulent est un nombre sans dimension appelé nombre de Reynolds donné par l’expression
suivante:

V .d
Re= ʋ

Ou :

- Re: Nombre de Reynolds :

- V : Vitesse moyenne d’écoulement à travers la section considérée en (m/s)

- d : Diamètre de la conduite ou largeur de la veine fluide en (m).

-ʋ : Viscosité cinématique du fluide (m2/s).

Résultats empirique à titre indicatif :

Si R e <2000l’écoulement est laminaire.

Si Re 2000 l’écoulement est turbulent .

-Lisse si 2000< R e <100000.

-Rugueux si Re 100000.

Mécanique de fluides – Prépas PC-PSI Céline Anthoine – Guillaume Levèvre – Samuel Marque- 1999

IV.2. Pertes de charges :

Les pertes de charge sont à l’origine:


 Des frottements entre les différentes couches de liquide et des frottements entre
le liquide et la paroi interne de la conduite le long de l’écoulement: ce sont les
pertes de charge régulières (linéaire).
 De la résistance à l’écoulement provoqué par les accidents de parcours (vannes,
coudes, etc.…) ; ce sont les pertes de charges singulières ou localisés.
IV.2.1. Les pertes de charge régulières: ΔHr

Soit un é coulement permanant d’un liquide dans une conduite de diamè tre D. La
perte de charge entre deux points sé paré s d’une longueur L ,est de la forme:
ΔHr= λ DL . 2.V 2g
Avec:

V: Vitesse moyenne du fluide.

 : Coefficient de perte de charge régulière.

Pour déterminer le coefficient de perte de charge régulière, on fait souvent appel à


des formules empiriques, tel que :

*S. BOUAJILA, « Cours : Transmission de puissances hydrauliques et pneumatiques »,


Institut Supérieur des Etudes Technologiques de Nabeul, Département de Maintenance
Industrielle,2006,Tunisie.
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 Si l’écoulement est laminaire, nous avons la loi de Poiseuille : λ= ℜ

 Si l’écoulement est turbulent, on a deux cas:

» Turbulent, Re ˂ 105, on a la loi de Blasius: λ=0,316.Re-1/4.


» Turbulent, Re  105, on a la loi de Biench: λ=0,79√ ε /D .
Avec: ɛ est la hauteur moyenne des aspérités (mm). En pratique pour les tubes en
acier soudés ɛ ≈ [0.15 ; 0.25].

IV.2.2. Les pertes de chargé singulières Hs :

Hs= k.V2/2.g
K: est en fonction des caractéristiques géométriques et du nombre de Reynolds.

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