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FICHE DE LECTURE Floriane CHAPPUIS

REFERENCES
Livre intitulé « Sociologie de la compétition » édité par Armand Collin et paru en septembre
2009. Il a été écrit par Pascal Duret, sociologue, qui a été chercheur à l'Institut National du Sport et de
l'Education Physique (INSEP) et Directeur du laboratoire de sociologie de cet établissement. Il est
actuellement Professeur à l’université de La Réunion.

THEME DU LIVRE
Après nous avoir expliqué que la compétition est le principe dominant du classement des
individus dans les sociétés démocratiques dans tous les domaines (entreprise, art, sport), l’auteur
s’interroge sur les injustices de la compétition, et notamment son fondement moral et ses
conséquences sociales. Compétition et solidarité sont-ils vraiment incompatibles ?

MOTS CLES ET DEFINITIONS


Compétition
« Plus qu’une simple valeur ou un modèle d’évaluation des performances, la compétition (scolaire,
professionnelle, sportive, etc…) constitue un système concret, et presque omniprésent, d’organisation
des rapports sociaux. Réputée attribuer une place aux individus non à travers leurs origines ou leurs
appartenances sociales mais en fonction de leurs seuls mérites, elle s’est imposée comme le
fondement légitime de toute hiérarchie » Introduction du livre P. Duret
Compétitivité
« Il est nécessaire de ne pas confondre compétition et compétitivité. La compétition au sens de
« ranking »-« classement » est souvent assimilée au seul moyen d’améliorer l’efficacité des
entreprises, des laboratoires universitaires ou même des services hospitaliers. Or pour améliorer la
compétitivité, il peut être judicieux de parier sur l’entraide. » Conclusion du chap 5 du livre P. Duret
Méritocratie
« la méritocratie ( lien direct entre mérite et pouvoir) peut s’avérer parfaitement intolérable quand
elle associe l’orgueil des gagnants au mépris pour les perdants » Dubet 2004
Solidarité

« Pour que la compétition soit compatible avec la solidarité, il est indispensable que les vainqueurs se
décentrent de leur seule réussite pour porter sur les perdants un autre regard que le mépris (…) La
fierté des uns ne peut se construire au prix de la dignité des autres » Conclusion du livre P. Duret

RESUME DU LIVRE
Dans notre société, la compétition constitue un véritable système d'organisation des rapports
sociaux. Elle s'est même imposée comme le fondement légitime de toute hiérarchie, car elle est au
cœur de presque toutes les activités pour désigner la place que chacun doit occuper dans la société.
Ainsi, P. Duret choisit dans ce livre d'aborder le thème de la compétition à travers quatre domaines :
l'entreprise, l'art, la science, et le sport.
D’un point de vue historique, il montre comment le modèle compétitif s'est progressivement
imposé dans notre société en reposant ses réflexions sur des théories et auteurs. Tout d’abord il
explique la théorie des champs de Bourdieu, où « l'agent » est considéré comme un représentant de
son groupe social puis il cite Bernard Lahire (qui propose une sociologie dispositionnelle et
contextuelle, notamment dans L'homme pluriel, 1999), d'Alain Ehrenberg (Le culte de la
performance, 1991), de François Dubet (notamment dans L'école des chances, 2004), Luc Boltanski
(et sa sociologie de la grandeur et de la justification, notamment dans De la justification, 1991, avec
L. Thévenot).
Dans le 2e chapitre, il aborde la compétition sous un aspect symbolique, en tant qu'« épreuve
de grandeur » dans le sport, l'art, la science. Par exemple, la reconnaissance sportive passe par des
épreuves fortement codifiées qui permettent d'établir un palmarès objectif. Elle passe également par
la reconnaissance par un public élargi, qui dépasse le simple groupe des pairs, et qui peut aller
jusqu'à un véritable « culte » (JM. Brohm, La tyrannie sportive, 2006). D'autre part, les individus
peuvent mesurer leur propre grandeur par la comparaison avec les grandes figures de la singularité
que sont les « héros ».
Dans le troisième chapitre, l'auteur s'intéresse plus précisément à la compétition sportive, en
décrivant notamment l'évolution radicale du rôle tenu par le sport dans notre société, qui finit par
trouver sa signification dans le dépassement de soi. P. Duret explique que cette rupture est due à
l'instauration des clubs sportifs, des championnats, des fédérations dans les années 1920, puis
l'instrumentalisation des compétitions par les Etats comme outil de classement des nations. Enfin, Il
évoque l’évolution des instruments de mesure et de des règlements liés aux gros enjeux
économiques et politiques du sport.
Le chapitre 4 de l'ouvrage est quant à lui consacré à la compétition dans l'entreprise. L’auteur
y critique « l'esprit du capitalisme » structuré autour de la compétition et de l'utilitarisme, qui
entraîne des dégâts psychologiques contre-productifs. Il propose ensuite des modèles alternatifs en
décrivant des travaux classiques (R. Lenoir ou F. de Singly pour la famille, M. Mauss, B. Malinowski, A.
Caillé et J. Godbout sur le don et l'anti-utilitarisme.

Enfin dans le chapitre 5, il s’interroge sur les tensions entre compétition et solidarité dans
trois lieux spécifiques : les stades, les cités, et les laboratoires scientifiques. Il fait la distinction entre
compétition et compétitivité, et estime qu’on ne peut améliorer la compétitivité que par l’entraide.

COMMENTAIRE
Ce livre permet d’aborder la compétition du point de vue historique et dans divers domaines
en s’appuyant sur des travaux de sociologues. L’auteur n’oppose pas la compétition à la solidarité, il
pense même que l’association des deux permet d’être encore plus « compétitif » surtout dans les
domaines de l’entreprise ou des services publics.
J’ai trouvé ce livre intéressant et assez simple à comprendre car reposant sur des exemples
abordables, comme dans l’introduction sur la compétition scolaire. Il a aussi beaucoup illustré les
injustices liées à la professionnalisation de certains sports et à l’arbitrage. J’ai eu plus de difficultés
comprendre les idées des sociologues mais cela me montre l’importance de ces études pour aider à
la réflexion.
J’ai pris plus de temps pour lire le chapitre sur les compétitions sportives qui m’intéressent
davantage. Je me sens concernée car étant escrimeuse au niveau national, donc dans un sport
individuel, j’ai dû souvent combattre contre des amies. J’aurais tout donné pour gagner mais ensuite
au bord de la piste, je les encourageais au lieu de me morfondre après des défaites. J’ai vite compris
que cela m’aidait à les supporter et à remonter pour revenir plus forte.
Enfin, je suis une compétitrice depuis toute jeune, et pas qu’au niveau sportif, et je trouve
que c’est plutôt un combat contre moi-même, qui m’aide à travailler, me motiver pour toujours
réussir au mieux de mes capacités et même me dépasser. Donc finalement, tout comme P. Duret, je
n’oppose pas la compétition à la solidarité et je pense que dans ma pratique d’animatrice escrime,
j’essaie d’inculquer ces valeurs à mes élèves. Ce sera d’ailleurs un des enjeux de mon métier de
professeur d’EPS.

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