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Typologie des acteurs de l'industrie informatique v 1.

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d’articles. La licence mentionnée ne revendique bien sûr pas la paternité des citations, mais porte sur la
logique et le contenu du questionnement.

1. Transformation numérique

1.1. Industrie informatique


Doc n°1 - Laurent Bloch (avril 2020), L’informatique, première industrie mondiale
Pour comprendre le fonctionnement d’un secteur économique il peut être utile de raisonner en
termes de filière : ainsi pour produire un service ou une application informatique il faut avoir
produit des logiciels et des ordinateurs. Pour que ces logiciels fonctionnent sur ces ordinateurs il
faut avoir produit un système d’exploitation. Pour construire les ordinateurs il faut avoir fabriqué
des composants électroniques. Pour fabriquer des microprocesseurs il faut disposer de logiciels de
conception spécialisés, de très haute complexité. Ensuite, l’industrie microélectronique repose sur
des matériels de photolithographie et d’optique. Enfin au début de la filière il faut extraire du
silicium de qualité adéquate et le préparer sous la forme convenable. Prendre cette séquence
depuis le début (extraction et conditionnement du silicium), c’est décrire la filière.
[…] L’entreprise britannique ARM, achetée en 2016 par le fonds d’investissement japonais
Softbank, s’adonne exclusivement à la conception de microprocesseurs, dont elle concède
l’exploitation des plans (électroniques) à des entreprises licenciées, telles que Samsung,
Qualcomm, Apple, Nvidia ou le franco-italien STMicro. L’architecture ARM est la plus répandue
dans le monde parce qu’elle a le monopole des processeurs pour téléphones mobiles, tablettes et
objets connectés de toutes sortes.
Une entreprise comme Qualcomm, très bien placée sur le marché des circuits pour téléphones
mobiles, ne fabrique rien. Elle achète à ARM la licence de ses processeurs, elle conçoit le plan
d’un SoC (System on Chip) qui comporte plusieurs processeurs et des circuits annexes (mémoire,
audio, vidéo, etc.) dont elle confie la fabrication à une fonderie de silicium, qui possède une usine.
Une telle fonderie peut être une entreprise qui par ailleurs conçoit ses propres circuits, comme
Samsung, ou une qui ne fait que cela, comme le taïwanais TSMC.

Doc n°2 - Christophe Auffray (zdnet, 11 février 2019), Services IT, conseil en technologies et édition
logicielle
Le marché français demeure à dominante – conseil et services. Ces prestations comptent pour
61 % des revenus du secteur, devant l'édition logicielle (21 %) et le conseil en technologie (17 %).

Doc n°3 - AFP (juin 2019), Atos vise 12 à 15 % du marché mondial des supercalculateurs
Le géant de l'informatique française Atos vise une part de « 12 à 15 % » du marché mondial des
supercalculateurs d'ici quelques années […] Atos a déjà porté à « 7 à 8 % » sa part du marché des
500 supercalculateurs les plus puissants du monde, contre 3 à 4 % il a quelques années. […] Le
supercalculateur Joliot-Curie, inauguré sur un site du CEA à Bruyères-le-Châtel (Essonne), a une
capacité de 9,4 petaflops actuellement (9,4 millions de milliards d'opérations par seconde). […] La
machine, installée dans une salle de 600 mètres carrés, est le troisième supercalculateur français
par la puissance, derrière Terra 1000-2, le supercalculateur du ministère des Armées, et Pangea, le
supercalculateur du groupe Total. Elle a été construite à Angers (Maine-et-Loire) chez Bull, le
constructeur d'ordinateur repris par Atos.

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Doc n°4 - Wikipedia, page Industrie, Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0
Industrie est un terme polysémique recouvrant originellement la plupart des travaux humains. Il
s'agit à présent de la production de biens grâce à la transformation des matières premières ou des
matières ayant déjà subi une ou plusieurs transformations et de l'exploitation des sources
d'énergie.

Doc n°5 - Capital (juin 2015), Plus que 4 françaises au Top 100 des plus grosses entreprises mondiales
GDF Suez, EDF, Orange et Suez Environnement. Ces quatre entreprises françaises historiques ne
font plus partie du top 100 des entreprises mondiales en termes de capitalisation boursière, selon
le dernier classement réalisé par le cabinet PwC. Alors qu’elles étaient encore 7 en 2009, les
sociétés hexagonales ne sont plus que 4 seulement six ans plus tard : […] Sanofi, Total, L'Oréal et
LVMH.
Questions :
1. Le secteur informatique en France peut-il encore être qualifié d’industrie ?
2. Quelles sont les activités qui tirent le secteur français (de l’informatique) ?

1.2. De l’informatique au numérique


Doc n°1 - Michel Volle (nov. 2010), Numérisation ou informatisation ?
« numérisation » est bien plus faible qu'« informatisation ». Numériser, c'est coder un programme
ou un document selon une suite de 0 et de 1, [… mais ce terme] masque les langages de
programmation, systèmes d'exploitation, applications, relations entre l'ordinateur et l'utilisateur,
systèmes d'information, ainsi que les couches anthropologiques que l'utilisation de l'ordinateur et
du réseau met en mouvement : économique, sociologique, philosophique, politique, géopolitique,
etc. Pour désigner tout cela, « informatique » et « informatisation » conviennent exactement.

Doc n°2 - Syntec Numérique, Entreprises de services du numérique


Parler d'Entreprises de Services du Numérique (ESN) plutôt que de Sociétés de services
d'ingénierie et d'informatique (SSII) n'est pas anodin. Le changement d'appellation proposé par
Syntec Numérique dès 2012 matérialise l'évolution des métiers et des domaines d'intervention des
ESN. De l'industrie à l'embarqué, de la ville connectée à la santé mobile, des réseaux de
communication aux réseaux sociaux, le rôle des ESN n'a cessé de s'élargir. En étroite coopération
avec les sociétés de conseil en technologies et les éditeurs de logiciels, elles accompagnent les
entreprises dans leur transformation numérique et contribuent à l'innovation et à la création de
valeur. Syntec Numérique compte plus de 1 200 ESN parmi ses adhérents dont les premières
entreprises du secteur.

Doc n°3 - Forbes (nov. 2018), La Transformation Digitale Est Celle De La Donnée Partagée
La transformation digitale, bien qu’issue de la précédente transformation numérique, est de notre
point de vue très différente : c’est celle de la donnée partagée – d’où l’anglicisme digitalisation,
de l’anglais digit, qui évoque la codification binaire de la donnée.

Doc n°4 - Solutions numériques (mars 2020), Les ESN boostées par la transformation numérique
Si les grands groupes ont les moyens pour intégrer cette révolution digitale, il n’en est pas de
même pour les ETI et PME. Souvent, ces dernières sont complètement dépassées par ce
phénomène et ne savent plus à quel saint se vouer, au risque de tomber entre les mains de
conseilleurs peu scrupuleux. L’industrie est un secteur particulièrement sensible pour toutes les

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tailles d’entreprises. Comment transformer son outil de travail en usine 4.0 ?

Doc n°5 - Numerama (mars 2021), C’est officiel, « digital » se traduit bien par « numérique »
C’est au Journal officiel et c’est la commission d’enrichissement de la langue française qui le dit :
le mot anglais « digital » se traduit bien par « numérique » en français. Autrement dit, rien à voir
avec le terme « digital » à la française qui désigne tout autre chose : les doigts. La confusion existe
de (trop) longue date, mais peut-être que cette fois, cette précision de vocabulaire agira comme un
électrochoc.

Doc n°6 - LesEchos (jan. 2020), GAFA : cinq questions sur une puissance sans égale
La montée en puissance des Gafa aura été soudaine. Parmi les quatre géants, seul Apple existait il
y a 30 ans. Et encore, la firme de Cupertino était alors plus proche de la disparition que des
sommets de Wall Street, écrasée alors par la domination de Microsoft. Google, fondé en 1998,
pesait moins de 350 milliards de dollars en Bourse il y a tout juste dix ans. Et Amazon… à peine
plus de 50 milliards.
[…] Apple, Google, Facebook et Amazon ont aussi bouleversé le monde des médias avec leurs
services de streaming de vidéos et de musique, notamment YouTube et Apple Music. Leur
puissance n'a cependant pas empêché l'émergence d'autres acteurs occidentaux comme Netflix
dans la vidéo et Spotify dans l'audio, mais aussi de concurrents chinois.

Doc n°7 - LesEchos (jan. 2020), Gafa américains versus BATX chinois : qui va gagner ?
La flambée boursière de Google, qui vient de passer la barre des 1 000 milliards de dollars de
capitalisation, pourrait suggérer à première vue que les champions américains ont remporté la
partie face à Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi.
[…] À ce stade, seule l'application TikTok a réussi une percée fulgurante à l'international, y
compris aux États-Unis. Plus de 26 millions d'Américains utilisent la plate-forme, dont 60 % ont
entre 16 et 24 ans, selon les chiffres officiels. Mieux, en 2018, TikTok a été davantage téléchargée
dans le pays que Facebook, Instagram ou Snapchat.
[…] Avec Netflix, Disney + ou encore Apple TV +, les États-Unis ont une longueur d'avance sur
le streaming et le divertissement. Mais là aussi, les choses bougent vite. Tencent a terminé 2019 en
prenant 10 % du capital d'Universal Music. Or la filiale du français Vivendi n'est autre que le
numéro un mondial de la musique.

Doc n°8 - La Tribune (janv. 2015), Le cloud à la française, histoire d'un flop ?
Le projet, baptisé initialement Andromède, remonte à 2009 : François Fillon, alors Premier
ministre avait expliqué vouloir voir naître un grand partenariat public privé dans le « cloud
computing », l'informatique « en nuage » (à distance et à la demande), soutenu dans le cadre du
Grand emprunt. […] L'Etat français avait finalement décidé de répartir l'enveloppe entre les deux
projets, Cloudwatt [Orange et Thales] et Numergy (SFR et Bull) évoquant une saine émulation
entre « deux locomotives pour l'écosystème du cloud ».
[…] Plus de deux ans après la naissance de ces futures « locomotives », le bilan n'est pas très
glorieux. Le « tournant » souhaité par Orange chez Cloudwatt, « l'accélération commerciale » qu'il
espère impulser en devenant seul maître à bord sont somme toute un aveu d'échec : la
coentreprise, qui emploie environ 90 personnes, aurait réalisé un peu moins de 2 millions d'euros
de chiffre d'affaires en 2014, quand Cloudwatt ambitionnait à sa création d'en générer 500 millions
d'euros à l'horizon 2017 avec 300 à 500 emplois directs ! Initialement, le projet Andromède à trois
acteurs (avec Dassault) envisageait même 597 millions d'euros de chiffre d'affaires cumulé en
2015 !

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L'objectif semblait louable de « restaurer la souveraineté numérique de la France » et de soutenir


le développement d'une filière industrielle dans un domaine porteur. Mais dès le départ, l'initiative
a été mal comprise et critiquée. Des « clouds français » existaient déjà, à l'image d'OVH, d'Ikoula,
de Gandi ou d'Oodrive, qui ont perçu le soutien financier de l’État comme une concurrence
déloyale.

Doc n°9 - Journal du Net (oct. 2019), OVH et Dassault Systèmes prêts à contribuer à un nouveau cloud
souverain
Après les échecs de Cloudwatt et Numergy lancés à l'initiative de Nicolas Sarkozy en 2012, le
gouvernement Macron relance l'idée d'un cloud souverain. Dassault Systèmes et OVH sont
chargés de travailler sur des propositions dans l'optique d'enclencher un nouveau projet de cloud
souverain en 2020. Un chantier qui aura pour vocation d'être mis en œuvre au niveau franco-
allemand voire au niveau européen. C'est ce qu'a annoncé Bruno Le Maire à l'occasion d'un
passage chez Criteo le 3 septembre.

Doc n°10 - Zdnet (juin 2020), Gaia-X : le couple franco-allemand officialise son projet de Cloud
souverain européen
Gaia-X, c'est d'abord le souhait d'offrir aux entreprises européennes une alternative aux
fournisseurs de Cloud américains AWS, Google Cloud et Microsoft Azure, qui dominent très
largement le marché du Cloud public, et de donner plus de visibilité aux offres européennes. […]
Cela passera par la création d'une structure juridique propre, basée à Bruxelles, sous la forme
d'une association à but non lucratif. 22 entreprises ont déjà rejoint le projet, dont Atos, OVH, 3DS
Outscale, Orange, Scaleway ou encore La Poste et sa filiale Docaposte, côté français, ainsi que
Deutsche Telekom et Siemens, côté allemand. Les premières implémentations devraient avoir lieu
« début 2021 ».

Doc n°11 - Tribune de Tariq Krim1, Le point (jan. 2019), Tribune : Comment la France s'est vendue aux
Gafam
Pourquoi la France est-elle passée du statut de pays leader dans la technologie à celui beaucoup
moins enviable de nation consommatrice de smartphones obligée de mendier un peu d'oxygène
aux grandes plateformes pour développer ses projets ?
Quand on écoute nos hommes politiques, le déclassement de l'Europe vis-à-vis de l'Internet est
présenté comme une fatalité. Un accident de l'Histoire à l'issue duquel les clés du monde de
demain auraient été données aux États-Unis et à la Chine. […] La réalité est beaucoup plus
douloureuse. En 1993, les États-Unis lancent le projet des « Autoroutes de l'information » qui
fera notamment de l'Internet et du numérique le fer de lance de leur nouvelle stratégie de
croissance. Au même moment, l'Europe décide de miser sur les industries traditionnelles… et le
diesel propre ! Vingt-cinq ans plus tard, les Gafam dominent aujourd'hui le monde et le patron
d'Audi a été arrêté pour avoir faussé les mesures de pollution de ses moteurs.
Nous aurions pu avoir un autre destin, car si les États-Unis avaient la vision et l'argent, c'est en
Europe qu'ont été inventées deux des briques fondamentales de l'Internet : Linux et le Web. Mais à
la différence du standard GSM, ces dernières ont eu le malheur d'être conçues par des individus
talentueux hors des grandes institutions. Snobés chez nous, ces deux projets deviendront le moteur
des plateformes numériques américaines et chinoises et l'instrument de leur domination mondiale.
Car c'est bien de la détection précoce des technologies d'avenir et des talents que viennent les
succès de sociétés comme Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft. La France ne voit pas
les choses de la même manière, notre élite méprise ce qui est marginal, différent ou simplement
trop petit.

1 Tariq Krim, pionnier du Web français, fondateur de Netvibes, Jolicloud et de la plateforme de Slow Web dissident.ai

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[…] Alors que la Silicon Valley parie sur les talents et les start-up, la France préfère s'embourber
dans des grands projets institutionnels sans avenir. Mais ces projets permettent aux politiques de
faire des annonces et aux industriels déjà établis de bénéficier de la manne de l'argent public.
[…] L'acte deux commence avec le quinquennat Hollande. Un changement d'attitude va s'opérer
vis-à-vis des grandes plateformes. La défaite est désormais entérinée en coulisses. Il ne s'agit plus
d'exister au niveau mondial, mais de négocier avec les Gafam tout en faisant mine de s'indigner
publiquement de leurs abus de position dominante. […] Un partenariat entre Cisco et l'Éducation
nationale est mis en place par Manuel Valls. Ceci alors que cette société est au cœur du complexe
militaro-industriel américain. […] Microsoft est devenue le partenaire de l'Éducation nationale, et
Google le parrain de la Grande École du Numérique. La société de Big Data Palantir, proche des
services secrets américains, a conclu un contrat avec la DGSI (et peut-être la DGSE ?), et elle est
également présente chez Airbus.

Doc n°12 - Économie matin (août 2020), L'abandon français de son libre arbitre politique
[…] En France, les grands acteurs capables de proposer des services numériques sont Capgemini,
Altran, Atos, Sopra-Steria pour citer les plus connus. Ils absorbent à eux seuls presque 90 % des
marchés publics, mais ne savent vendre que trois produits : Google, AWS (Amazon Web Services)
et Microsoft. Aucun d’entre eux n’ose promouvoir une solution française, souvent porté à bout de
bras par deux entrepreneurs, sous perfusion de la BPI (!), et qui ne grandiront qu’avec la confiance
du premier marché français. Depuis l’abandon du numérique français en mars 2000 suite à
l’explosion de la bulle Internet (dot-com bubble), aucun acteur politique et aucun entrepreneur du
CAC 40 n’a démarché les 300 start-up, PME ou ETI pour trouver la solution à leur problème. Le
choix américain et désormais chinois semble s’imposer comme une assurance-vie, voire une
évidence. Nous faisons plus confiance en la technologie américaine quand il s’agit de gérer nos
propres données qu’en l’innovation européenne, quand il s’agit de promouvoir notre économie et
préserver par-delà notre libre arbitre et nos libertés.

Doc n°13 - Maurice Allègre2, cité dans un article du Monde « Louis Pouzin : l'homme qui n'a pas inventé
Internet »
Louis Pouzin, polytechnicien et chercheur de très grand talent, (était à l'époque) venu proposer un
projet de réseau maillé d'ordinateurs basé sur quelque chose de totalement nouveau : la
commutation de paquets. Très vite, les recherches ont connu un plein succès, au point que j'ai
déployé de grands efforts pour faire adopter le projet par la direction générale des
télécommunications comme base pour leur futur réseau de transmissions de données, poursuivait
M. Allègre. Je me suis malheureusement heurté à un mur. Le réseau en question s'appelle
Cyclades. Nous aurions pu être parmi les pionniers du monde Internet […], concluait le courrier
de l'ancien haut fonctionnaire. Nous n'en sommes que des utilisateurs, fort distants des lieux où
s'élabore le futur.

Doc n°14 - La tribune (déc. 2019), Taxe Gafa : Washington s'en prend aux produits français en
représailles
Washington a menacé lundi d'imposer des droits de douane additionnels, pouvant aller jusqu'à
100 %, sur l'équivalent de 2,4 milliards de dollars de produits français en réponse à l'instauration
en France d'une taxe sur les géants américains du numérique. Une décision que Paris a jugé,
mardi, “inacceptable”, disant espérer une “riposte forte” européenne.
Parmi les produits qui pourraient être surtaxés, figurent de nombreux fromages dont le Roquefort,
les yaourts, le vin pétillant ainsi que des produits cosmétiques comme le savon et le maquillage ou

2 Maurice Allègre réagissant alors à un article sur la genèse d'Internet, le délégué à l'informatique du Plan calcul de De
Gaulle, en écrivant au Courrier des lecteurs du Monde, en 1999.

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encore les sacs à main.


L'administration Trump semble donc pour l'heure épargner le vin traditionnel, un des produits
d'exportation tricolore les plus emblématiques, par ailleurs déjà sous le coup de représailles
américaines dans un autre litige commercial sur des subventions européennes à Airbus.
Questions :
1. Pourquoi aujourd’hui parle-t-on plus de numérique que d’informatique ? Cet usage du terme
numérique est-il pertinent ? Qu’est-ce qui justifie l’utilisation d’un nouveau terme ?
2. À quels acronymes correspondent les expressions GAFAM et BATX ?
3. Pour quelles raisons la France est-elle dominée technologiquement ? Comment jugez-vous la
réponse européenne, française, face à la domination des GAFAM ?

1.3. Le commerce des données personnelles


Doc n°1 - TV5 Monde (févr. 2018), Données personnelles : peut-on lutter contre l'hégémonie des
GAFAM ?
Aujourd'hui, les internautes ont l'impression d'être les clients de Google et Facebook, ce qui n'est
pas vrai du tout ! La vache n'est pas la cliente du fermier. Le fermier donne un gîte et nourrit la
vache, il veut qu'elle soit en bonne santé, mais c'est pour qu'elle fasse du lait, des veaux et qu'elle
donne de la peau. Les GAFAM (Google-Apple-Facebook-Amazon-Microsoft, ndlr), ce sont le
temps de cerveau disponible et les données personnelles des internautes qui les intéressent. Les
internautes sont en quelque sorte le bétail des GAFAM [Tristan Nitot].

Doc n°2 - Vice (Août 2017), Comment les géants du Web font de l'argent sur le dos des femmes enceintes
[…] Avant même que le prélèvement sanguin ne confirme qu'elle était enceinte, avant même
qu'elle ne l'annonce à sa famille, les annonceurs fêtaient déjà la bonne nouvelle sur Internet. Elle
était devenue une nouvelle cible marketing, qu'il fallait bombarder de publicités pour la
convaincre d'acheter d'innombrables produits destinés aux mamans.
« Petit à petit, tout ce qui n'avait pas de rapport à la grossesse a disparu de ma timeline
Facebook », raconte-t-elle. Elle était devenue une mère, et à ce titre, tout son univers numérique la
renvoyait désormais à des représentations liées à la maternité et à l'enfance. « Des amies enceintes
avec qui je n'avais pas eu de contacts depuis très longtemps ont soudain commencé à apparaître
dans mes notifications », explique-t-elle.
Ce n'est pas tout. Le nom qu'elle avait choisi pour sa fille est soudainement apparu sur des pubs
personnalisées, un peu partout sur le web. Il a suffi qu'elle parle de sa maternité sur les réseaux
sociaux — comme ce jour où elle a évoqué l'achat de draps pour berceau — pour que de multiples
pubs ciblées apparaissent sur Facebook, l'incitant à préparer la naissance de son enfant.
Depuis que sa fille est née, la nature des pubs a changé. Elle est devenue encore plus anxiogène,
pour peu que cela soit possible. Soudainement, la timeline de Fernanda a été investie par des
reportages sur le syndrome de la mort subite du nourrisson (MSN), une maladie rare qui n'a
aucune cause univoque à ce jour, qui ne peut être anticipée, et qui fait la hantise des jeunes mères.
Ces reportages étaient suivis de publicités pour un système de surveillance du sommeil du
nourrissant, et autres annonces peu engageantes telles que « Maman avec une silhouette parfaite »
ou « comment reconquérir le cœur de votre conjoint après la naissance votre enfant ».

Doc n°3 - Framablog (2017), Comment les entreprises surveillent notre quotidien
Des études scientifiques démontrent que de nombreux aspects de la personnalité des individus

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peuvent être déduits des données générées par des recherches sur Internet, des historiques de
navigation, des comportements lors du visionnage d’une vidéo, des activités sur les médias
sociaux ou des achats. Par exemple, des données personnelles sensibles telles que l’origine
ethnique, les convictions religieuses ou politiques, la situation amoureuse, l’orientation sexuelle,
ou l’usage d’alcool, de cigarettes ou de drogues peuvent être assez précisément déduites des Like
sur Facebook d’une personne [ou de l’historique de navigation]. L’analyse des profils de réseaux
sociaux peut aussi prédire des traits de personnalité comme la stabilité émotionnelle, la
satisfaction individuelle, l’impulsivité, la dépression et l’intérêt pour le sensationnel.
[…] Des startups comme Lenddo, Kreditech, Cignifi et ZestFinance utilisent déjà les données
récoltées sur les réseaux sociaux, lors de recherches sur le web ou sur les téléphones portables
pour calculer la solvabilité d’une personne sans même utiliser de données financières. D’autres
se basent sur la façon dont quelqu’un va remplir un formulaire en ligne ou naviguer sur un site
web, sur la grammaire et la ponctuation de ses textos, ou sur l’état de la batterie de son téléphone.
Certaines entreprises incluent même des données sur les amis avec lesquels une personne est
connectée sur un réseau social pour évaluer sa solvabilité.
[…] Les données de crédit nourrissent le marketing en ligne. Sur Twitter, par exemple, les
annonceurs peuvent cibler leurs publicités en fonction de la solvabilité supposée des utilisateurs
de Twitter sur la base des données client fournies par le courtier en données Oracle. Allant encore
plus loin dans cette logique, Facebook a déposé un brevet pour une évaluation de crédit basée sur
la cote de solvabilité de vos amis sur un réseau social.
[…] Les entreprises de données et les assureurs travaillent sur des programmes qui utilisent les
informations sur la vie quotidienne des consommateurs pour prédire leurs risques de santé. Par
exemple, l’assureur Aviva, en coopération avec la société de conseil Deloitte, a utilisé des données
clients achetées à un courtier en données et habituellement utilisées pour le marketing, pour
prédire les risques de santé individuels (comme le diabète, le cancer, l’hypertension et la
dépression) de 60 000 personnes souhaitant souscrire une assurance.
[…] Les plus importantes plates-formes connectées d’aujourd’hui, Google et Facebook en
premier lieu, ont des informations détaillées sur la vie quotidienne de milliards de personnes dans
le monde. Ils sont les plus visibles, les plus envahissants et, hormis les entreprises de
renseignement, les publicitaires en ligne et les services de détection des fraudes numériques, peut-
être les acteurs les plus avancés de l’industrie de l’analyse et des données personnelles.
Beaucoup d’autres agissent en coulisse et hors de vue du public.
[…] Le cœur de métier de la publicité en ligne consiste en un écosystème de milliers
d’entreprises concentrées sur la traque constante et le profilage de milliards de personnes. À
chaque fois qu’une publicité est affichée sur un site web ou une application mobile, un profil
d’utilisateur vient juste d’être vendu au plus gros enchérisseur dans les millisecondes précédentes.
Contrairement à ces nouvelles pratiques, les agences d’analyse de solvabilité et les courtiers en
données clients exploitent des données personnelles depuis des décennies. Ces dernières années,
ils ont commencé à combiner les très nombreuses données dont ils disposent sur la vie hors-ligne
des personnes avec les bases de données utilisateurs et clients utilisées par de grandes plateformes,
par des entreprises de publicité et par une multitude d’autres entreprises dans de nombreux
secteurs.
Developpez (Jui. 2019), Un tribunal fédéral américain confirme que le suivi des internautes par Facebook
via le bouton « J'aime » viole la loi fédérale sur l'écoute électronique
L’expansion (déc. 2019), La Poste a laissé 23 millions de données d'entreprises en accès libre
Developpez (déc. 2019), Une importante fuite de données révèle des secrets des gens ultra-riches cachant
leurs fortunes dans des paradis fiscaux
Le monde (jan. 2020), Reconnaissance faciale : une start-up analyse les photos des réseaux sociaux pour

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la police américaine
Siecle Digital (jan. 2020), Avast vend les données de navigation de ses utilisateurs
ZDNet (févr. 2020), Alexa, Cortana, Google et Siri vous écoutent
Siecle Digital (févr. 2020), Decathlon : une fuite laisse 123 millions de données dans la nature
Next Inpact (mars 2020), Virgin Media avait une base de données clients ouverte aux quatre vents
Numera (mars 2020), Cette startup française partenaire de l'Éducation nationale a laissé fuiter 20 000
données
Le monde (avril 2020), Les données personnelles de milliers de lecteurs du « Figaro » exposées sur un
serveur
Developpez (juin 2020), Des apps de rencontre ont laissé 845 Go de données accessibles au public parmi
lesquelles des photos explicites, des captures d'écran de conversations, des noms et autres

Doc n°4 - BastaMag (mars 2019), Comment La Poste tente de constituer une base de données géante sur
« tous les Français »
[…] Avec les contrats de réexpédition, La Poste a le meilleur fichier d’adresses de France. Plein
d’entreprises envoient des milliers de publicités à partir de leurs propres fichiers, bourrés
d’adresses périmées.
[…] Mais La Poste ne vend pas simplement une adresse afin d’« optimiser votre budget
communication », elle croise ses données avec « des sources fiables, répondant à une charte
rigoureuse : Insee, Direction générale des finances publiques, LSA, référentiels La Poste, études
terrain et base Médiapost [filiale de La Poste qui revend vos données] », pour proposer des
« données enrichies de critères géographiques, socio-démographiques et comportementaux (âge,
pouvoir d’achat, composition du foyer, caractéristiques de l’habitat, habitudes de consommation,
loisirs, taux d’équipement…) ». La Poste peut ainsi satisfaire un « client » qui voudrait acquérir
les coordonnées de – par exemple – femmes d’un quartier aisé âgées de 30 à 50 ans qui font des
achats en ligne et possèdent une voiture.
[…] Depuis son passage en société anonyme en 2010, La Poste s’est « diversifiée ». C’est
désormais une multitude de métiers et 350 filiales dans le monde entier : des banques, des
assurances, un opérateur de téléphonie et des dizaines d’entreprises qu’on n’imagine pas liées à La
Poste comme Asten Santé, société.com ou Kiss Kiss Bank Bank. Chaque entreprise produit des
milliards de données sur la vie et le comportement de ses utilisateurs, pas juste leur adresse et un
mail.
En 2016 Médiapost, la filiale communication et marketing de La Poste, a racheté Probayes, une
start-up grenobloise spécialisée en IA qui travaille étroitement avec l’industrie de l’armement.
L’intérêt de Médiapost pour Probayes réside dans sa spécialité « d’analyse prédictive des
données ». […] L’idée n’est plus seulement de divulguer vos coordonnées, mais de prédire vos
comportements, de pouvoir dévoiler aux entreprises quels produits il faut vous proposer, quand et
comment. En partant d’informations récoltées minutieusement, vérifiées et actualisées sur le
terrain par des salariés traqués et surveillés.

Doc n°5 - Économie matin (août 2020), L'abandon français de son libre arbitre politique
[…] « L’intelligence artificielle, véritable extension des capacités d’analyse et de compréhension
pour l’homme est devenue un élément de souveraineté nationale ». Selon, Jean-Yves Le Drian,
alors ministre de la Défense, qui soulignait le 14 février 2017 dans un colloque organisé à
l’Assemblée nationale, que le bouleversement attendu de l’intelligence artificielle (IA) dans la
conduite des affaires militaires « allait créer une troisième rupture technologique, après la
dissuasion nucléaire et l’explosion des technologies de l’information et du numérique ». Sur la

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base de ce constat, la ministre des Armés Florence Parly annonçait en mars 2018 la création d’une
agence de l’innovation de la Défense dotée d’un budget de 100 millions d’euros, tout en faisant de
l’innovation un enjeu stratégique de son ministère dans un partenariat public-privé d’égal à égal.
Presque un an plus tôt, Vladimir Poutine affirmait que celui qui détiendrait la donnée serait « le
maître du monde ». Résultat, la Russie débloque un budget de 2 milliards contre 100 millions pour
la première puissance nucléaire européenne ! Ainsi conçu, le jeu est perdu d’avance. Les rapports
de forces ne sont pas les mêmes surtout face à un peuple ayant la réputation d’avoir les meilleurs
mathématiciens du monde.
Questions :
1. Qui sont les clients des GAFAM ?
2. Quelles analyses peuvent-elles être menées à partir des données personnelles collectées ?
Comment ont évolué les moyens de traitement ?
3. Les usagers du numérique gardent-ils le contrôle sur leurs données personnelles ? Quelles sont les
solutions ?

1.4. Transition écologique


Doc n°1 - Ademe (nov. 2019), Guide pratique : la face cachée du numérique

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Doc n°2 - Le journal du CNRS (mai 2018), Numérique : le grand gâchis énergétique
Le secteur des nouvelles technologies représente à lui seul entre 6 et 10 % de la consommation
mondiale d’électricité, selon les estimations – soit près de 4 % de nos émissions de gaz à effet de
serre […]. Et la tendance est franchement à la hausse, à raison de 5 à 7 % d’augmentation tous les
ans.

Doc n°3 - France Culture (décembre 2019), Numérique : cliquer, c'est polluer
L’étude [de GreenIT / sept. 2019] montre aussi que le numérique consomme 5,5 % de l’électricité
mondiale et génère 3,8 % des gaz à effet de serre émis par l’humanité. Des statistiques proches
d’autres études, notamment de Greenpeace qui estimait en 2017 qu’internet consommait 7 % de
l’électricité mondiale ; estimation qui ferait du numérique le 3e “pays” consommateur derrière la
Chine (21 %) et les États-Unis (14 %) selon cette même étude.
[…] Certains impacts sont faciles à mesurer, comme la consommation électrique des data centers
et leur évolution sur les 25 dernières années, par exemple. Mais il n’y a pas que cela : la
construction d’un ordinateur et de composants électroniques nécessite l’extraction minière de
métaux stratégiques… Est-ce qu’on tire la pelote jusque-là pour calculer le bilan environnemental
du numérique ? Mais si on veut le faire, il est très difficile d’arriver à une métrique fine, compte
tenu du très grand nombre de paramètres.

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Car le numérique ne fait pas que consommer de l’électricité : pour fonctionner, nos objets
connectés ont besoin de métaux dits “rares”. “On dénombre une trentaine de métaux rares tels que
l’indium, le gallium ou encore les terres rares, qui sont une classe de métaux rares”. […] Les
terres rares regroupent une quinzaine de métaux : le cobalt, le tungstène, le tantale, etc. Tous ces
matériaux possèdent des propriétés magnétiques très recherchées par l’industrie du high-tech,
mais il y a un problème : ils sont inégalement répartis sur la planète et leur production est
polluante, en plus d’être peu rentable.
[…] Pour évaluer la qualité d'un produit vis-à-vis de l'environnement, il ne faut pas regarder que la
consommation d'une voiture électrique, sinon on passe à côté des pollutions délocalisées. […] Il
faut adopter une approche globale pour prendre en compte tout le cycle de vie, de la construction à
la destruction.
[…] Le visionnage de vidéos en ligne aurait généré plus de 300 millions de tonnes de CO2 en
2018, soit autant de gaz à effet de serre que l’Espagne, ou près de 1 % des émissions mondiales
[rapport Shift Project]. […] Les vidéos en ligne représentent 60 % du flux mondial de données
[Guide Ademe : La face cachée du numérique]. […] Quand vous savez qu’un quart à un tiers des
vidéos regardées sont du porno… Cela veut dire que les vidéos pornos produisent quasiment
autant de gaz à effet de serre que l’industrie aéronautique. Cela fait quand même réfléchir [Cédric
O, secrétaire d'État au Numérique].
[En France] en 2019, la part du numérique dans les émissions de gaz à effet de serre représentait
2 % du total français mais risque de grimper à 6,7 % en 2040 si rien n'est fait [rapport au Sénat].
[…] 80 % de l'empreinte carbone du numérique français est émise à l'étranger à cause de la
fabrication des terminaux en Asie du sud-est où les méthodes de production sont plus polluantes.
La fabrication des terminaux (téléphones, tablettes, écrans, objets connectés…) est aussi la phase
la plus émettrice de CO2 dans la vie de ces équipements : 70 % du carbone émis par le numérique
français est produit lors de cette phase. Or le rythme effréné de renouvellement des smartphones
aggrave la facture énergétique, car la durée de vie moyenne d'un smartphone n'est que de 23 mois,
sachant que 93 % des Français en possèdent un.
Questions :
1. Le numérique est-il immatériel ?
2. L’impact du numérique sur le climat est-il neutre ? Quelle phase a-t-elle le plus d’impact
(production, exploitation, etc.) ?
3. Quels sont les autres impacts du numérique ?

2. Zoom sur les ESN

2.1. Domaines d’activités


Doc n°1 - Solutions numériques (mars 2020), Les ESN boostées par la transformation numérique
Selon Syntec Numérique et IDC, l’année 2019 devrait se terminer sur une croissance de 4,2 %
dans notre secteur des logiciels et services, pour un volume de 58,7 milliards d’euros. Selon la
même source, la croissance devrait se tasser légèrement en 2020, à 4 %. La croissance est
soutenue par les projets de transformation numérique, notamment les SMACS (Social-Mobility-
Analytics-Cloud & Security) qui progressent de 15,7 % en 2019. En 2020, les Smacs atteindront
16,5 milliards d’euros et une croissance de 14,7 %. Les sociétés du secteur se projettent
positivement en 2020 : près de 2/3 des entreprises envisagent une croissance de leur chiffre
d’affaires. Depuis plusieurs années, le poids relatif de chacune des trois activités principales du
secteur n’a pas évolué. Le Conseil et Services qui correspond à l’activité des ESN s’accapare

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toujours la plus grosse part du gâteau avec 61 % ou 35,8 milliards d’euros. L’édition de logiciels
vient en deuxième position avec une part de 22 % ou 12,9 milliards. Le Conseil en Technologies
vient en troisième position avec 17 %, ce qui correspond à un volume de 9,9 milliards.

Doc n°2 - Les Echos (févr. 2020), Comment l'Education nationale a perdu 400 millions d'euros avec son
logiciel de paie
Treize ans de « dérives nombreuses » et « un investissement de 400 millions d'euros qui n'aura
servi à rien » : la Cour des comptes revient, dans son rapport annuel publié ce mardi, sur les
raisons de l'échec du programme SIRHEN, le système d'information et de gestion des ressources
humaines de l'Education nationale, stoppé par le gouvernement à l'été 2018.
Il devait au départ être développé en cinq ans, pour un coût de 60 millions d'euros. Pour ce
programme « ambitieux », le ministère de l'Education avait, contrairement à ses habitudes, choisi
d'externaliser la conception et la réalisation de la totalité du projet. Or, selon la Cour, « l'ampleur
des prestations externalisées a privé le ministère d'une maîtrise suffisante de l'outil qu'il
construisait », engendrant « une perte de contrôle », y compris pour les missions de maîtrise
d'ouvrage les plus classiques.

Doc n°3 - Silicon (avr. 2017), SIRHEN : les méthodes agiles peuvent-elles sauver le projet fou de
l’Education Nationale ?
Car la qualité des livrables demeure une question clef pour restaurer la confiance des utilisateurs
dans le projet. Pour Luc Pierre Dit Méry, ces problèmes proviennent notamment du fait que le
socle SIRHEN a été considéré comme un tout : « de ce fait, Capgemini gère jusqu’à 5 branches de
développement en parallèle. Ce qui pose des problèmes de reports de code. S’y ajoutent des
lacunes dans les tests de non régression. » La version 6.4.1 mise en production en janvier 2017, et
qui a provoqué de nouvelles levées de boucliers, résulte ainsi de spécifications écrites à partir
de… fin 2014.

Doc n°4 - Wikipedia, page Cap Gemini, Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0
Capgemini est une entreprise de services du numérique (ESN) française créée par Serge Kampf en
1967 à Grenoble, sous le nom de Sogeti. Il s’agit de l’ESN qui a le plus gros chiffre d'affaires du
pays et elle figure parmi les dix plus grosses du secteur mondialement. Basée à Paris, la société
fait partie du CAC 40 à la Bourse de Paris.

Doc n°5 - BFM Business (oct. 2005), Projet planté, à qui la faute ?
En 1995, la BNF confie la réalisation de son système d'information à Capgemini. À la première
livraison, le système se révèle incapable d'atteindre, selon la Cour des comptes, plus de 33 % de
l'objectif de charge contractuel. En 1999, la rupture avec Capgemini est consommée. La BNF
décide de reprendre la V1 en interne, de fondre les V2 et V3, et de confier le marché à trois
nouveaux prestataires.
En 2000, après huit années d'efforts et près de 2 milliards de francs dépensés, EDF-GDF renonce à
Optimia Cible, son nouveau système informatique commercial. Entre-temps, Capgemini a jeté
l'éponge, et IBM, resté seul maître d’œuvre, exige un délai supplémentaire et une rallonge
budgétaire. L'affaire passe en justice.
Questions :
1. Que signifie l’acronyme ESN ? Quels sont les principaux domaines d’activités ? Quels sont les
liens entre ces activités et la sous-traitance ?
2. La sous-traitance de projets entiers vous parait-elle risquée ? Quels sont les enjeux ?

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2.2. Travail au sein d’une ESN


Doc n°1 - Wikipedia, page ESN, Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0
Dans le régime de l’« assistance technique » (ou « régie »), l'ESN recrute des personnes disposant
de compétences pour revendre leur travail à la journée, selon un taux journalier convenu. […] Ce
système, qui concerne 150 000 salariés, est parfois critiqué pour son manquement au droit du
travail, en effet, le prêt exclusif de main d'œuvre est réservé en théorie aux seules sociétés
d’intérim, faute de quoi est commis un prêt illicite de main-d'œuvre (voire un délit de
marchandage dès lors qu’un préjudice existe pour les salariés). Ainsi, pour les congés par
exemple, c’est le supérieur hiérarchique qui est supposé valider les demandes du salarié, mais en
pratique celles-ci sont souvent négociées avec le client. Cependant ce mode de fonctionnement
correspond à une très large demande des grandes entreprises de tous secteurs et des
administrations publiques qui, pour des raisons structurelles, n'ont pas la possibilité d'embaucher
les profils correspondant à leurs besoins.
Dans les contrats au forfait, l'ESN vend à son client un service convenu, mesuré par des
indicateurs de niveau de service, en mettant en œuvre des ressources notamment humaines dont
elle reste seule maître : c'est une prestation à engagement de résultat, et assortie de pénalités en cas
de non atteinte des valeurs cibles des indicateurs. On pourrait comparer ce type de prestation à la
fourniture d'un service clé en main.

Doc n°2 - Cadre Emploi (sept. 2010), Les SSII : « des boîtes à viande » ?
Les SSII dans le collimateur de leurs collaborateurs ? L'étude n'a pas réellement étonné Régis
Granarolo, président du Munci : « Les principales revendications tournent autour des salaires, de
la reconnaissance et des conditions de travail ».
Les raisons de ce désamour sont multiples. Mais pour Jean-Claude Delgenes, directeur général de
Technologia, cabinet d'expertise sur les conditions de travail, le principal souci vient d'une
dématérialisation des liens entre manager et salariés : « Le collaborateur est chez le client. On ne
le voit pas et on ne communique avec lui que par ordinateur ou téléphone. Ça ne fait que
renforcer l'éloignement. ». Avis encore plus tranché pour Yann (le prénom a été changé), auteur du
blog « Ma vie de presta » : « Les SSII vendent des services. Vous faites partie de ces services et
votre manager n'est qu'un commercial qui vend votre cerveau. Quel est l'intérêt pour lui de créer
du lien ? ». […] La pression est donc forte. Parfois même exagérée : « On m'a demandé de tricher
sur mon CV pour y faire mentionner des spécialités que je n'avais pas », révèle Yann, sur son
blog.
Questions :
1. Quels types de prestations sont-ils proposés par les ESN ? À quels domaines d’activités (étudiés
en 2.1) pouvez-vous les rapprocher ?
2. Définissez les prestations « en régie » et « au forfait ».
3. À quels risques sont exposés les travailleurs des SSII / ESN ?

3. Rôle des femmes dans l'industrie informatique


Doc n°1 - The Conversation (mars 2019), Pourquoi les filles ont délaissé l’informatique
C’est un fait qui saute aux yeux de tout organisateur de salon d’orientation post-bac ou de journées
portes ouvertes en école d’ingénieurs : les garçons sont largement plus nombreux que les filles à
se presser autour des stands dédiés aux métiers du numérique. On pourrait croire qu’il en a
toujours été ainsi. D’ailleurs, cet état des lieux est ancré dans les mentalités, la figure du « geek »

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se déclinant encore souvent au masculin.


Cela ferait presque oublier qu’aux débuts de ce qu’on appelait l’« informatique », de nombreuses
mathématiciennes ont joué un rôle clé. Parmi ces grandes figures, on peut citer Grace Hopper, qui
a imaginé la notion de compilateur et en a fait le premier prototype en 1952. C’est une femme,
Mary Keller, qui a soutenu la première thèse en informatique, en 1965.
[…] Dans les publicités de la fin des années 1970, la cible marketing est celle des cadres, hommes
à 80 % en 1985 en France. L’objectif suggéré aux hommes est un peu utilitaire – travailler de chez
soi – et, pour une large part, ludique. Dans les familles, le micro-ordinateur n’entre pas de façon
égalitaire : les hommes y passent davantage de temps que les femmes, les fils y ont davantage
accès que les filles, et sont souvent initiés par leur père. […] Enfin, avec leur montée sur les
réseaux sociaux, ou pour la génération automatique de publicités, les algorithmes ont aussi montré
qu’ils reproduisaient les biais sexistes, renforçant la discrimination envers les filles dans l’accès
aux formations numériques.

Doc n°2 - Le monde (mars 2019), Claire L. Evans : « Quand l’informatique a pris de la valeur, les
femmes ont dû quitter le terrain »
[…] Au tout début de l’informatique, née aux alentours de la seconde guerre mondiale, pour faire
des calculs militaires et balistiques, les gens qui étaient embauchés pour opérer sur ces machines
étaient des femmes, parce qu’autrefois elles faisaient ce même travail d’ordinatrices : elles
calculaient à la place des machines. C’était un travail qu’on leur laissait faire si elles avaient des
notions de mathématiques. À cette époque, ce n’était pas du tout considéré comme un travail
important, il était assimilé au travail des téléopératrices.
[…] Nous adorons ces histoires de héros solitaires, de génie dans un garage, parce que c’est
pratique, on s’en souvient facilement. Cela entre dans nos modèles de pensée et d’adulation. Mais
chaque fait est toujours bien plus compliqué. Nombre de femmes qui figurent dans mon livre ont
travaillé avec des hommes célèbres et ont pu contribuer à leur œuvre. […] Aux Etats-Unis,
notamment, la réussite et la richesse sont synonymes. Mon livre est plein d’échecs, en ce sens
qu’une grande partie des femmes ne sont pas devenues riches et célèbres. En même temps, je ne
crois pas que ce soit sain pour nous, en tant que société, de seulement admirer ce type de parcours.
[…] Aux prémices de cette technologie [informatique], elles ont dû apprendre par elles-mêmes
comment intégrer les maths dans ces nouvelles machines, car celles-ci étaient livrées sans manuel.
Pour fluidifier la liste des tâches, se rendre le travail plus facile, elles ont donc aussi développé
l’art de la programmation informatique. Pendant les vingt premières années de l’informatique, les
femmes étaient pratiquement les seules à savoir programmer. Elles dirigeaient les équipes
logicielles, ont fait émerger les standards et les protocoles, ont inventé les premiers compilateurs
[programmes qui transforment un code source en un code objet] et les premiers langages
informatiques.
[…] Quand ces tâches sont devenues importantes, qu’elles ont eu de la valeur, qu’il y avait de
l’argent à faire, c’est là qu’on a vu les femmes quitter progressivement le terrain. Non par choix,
mais parce que les hommes voulaient ces boulots, réalisant qu’ils pouvaient y revendiquer un
statut. Ces champs autodidactes ont été plus formalisés, institutionnalisés. Des diplômes et des
qualifications sont apparus, ainsi que le terme « d’ingénieur informatique », dans les années 1970,
revendiqué par les hommes à la place du terme « programmeur ».
Questions :
1. Quelles raisons peuvent expliquer la faible fréquentation des femmes dans les formations tournées
vers l’informatique ou le numérique ?
2. Comment expliquer ce paradoxe : l’importance des femmes dans les prémices de la
programmation et de l’Internet, mais une très faible présence aujourd’hui dans les instances de

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décision de l’industrie informatique ?

4. Domination GAFAM

4.1. Poids économique


Doc n°1 - Vidéo : Le modèle néo-classique est incapable d’expliquer l’économie contemporaine
https://vimeo.com/379977031

Doc n°2 - Laurent Bloch (avril 2020), L’informatique, première industrie mondiale
Une fois la filière caractérisée, on peut identifier les points où se crée le maximum de valeur
ajoutée, qui sont aussi ce qui coûte le plus cher en investissements, ce qui a la plus forte intensité
capitalistique. C’est important du point de vue de la politique économique, parce que détenir des
capacités de production dans ces domaines est un facteur essentiel d’indépendance économique,
donc de souveraineté politique. Ce
point a été bien expliqué par le rapport
de la sénatrice de la Seine Maritime
Catherine Morin-Desailly, rendu en
2013, dont il n’a malheureusement
guère été tenu compte.
Aujourd’hui la chaîne de valeur de la
filière micro-électronique –
informatique peut être schématisée
ainsi ([voir la figure ci-contre],
l’échelle des ordonnées ne figure que
des ordres de grandeur).

Doc n°3 - Michel Volle (avril 2020), Secouer la paresse des économistes
Le coût marginal d’un logiciel est pratiquement nul : une fois écrit, on peut le reproduire des
millions de fois, sans coût supplémentaire significatif, par téléchargement ou impression de
disques. […] Le coût marginal d’un composant microélectronique, processeur ou mémoire, est lui
aussi pratiquement nul. […] Le transport d’un octet ou d’un document supplémentaire ne coûte
pratiquement rien sur l’Internet : il sera seulement bloqué si le réseau est saturé.

Doc n°4 - LesEchos (jan. 2020), GAFAM : cinq questions sur une puissance sans égale
Depuis dix ans, tout s'est accéléré. D'abord grâce au cash généré par ces machines et par la
puissance de leurs financements, qui leur ont permis de racheter la plupart des applications qui
menaçaient de leur faire de l'ombre. WhatsApp et Instagram avalés par Facebook, Beats et
Shazam repris par Apple, Motorola, Waze, Nest ou Deepmind sous le contrôle de Google (puis
Alphabet)…

Doc n°5 - Usine Digitale (févr. 2020), Les discrètes (et nombreuses) acquisitions de start-up des GAFAM
au cœur d'une enquête
La Federal Trade Commission (FTC) a annoncé, dans un communiqué publié le 11 février 2020,
se pencher sur les acquisitions faites par Alphabet (maison mère de Google), Apple, Facebook,
Amazon et Microsoft sur les dix dernières années. En dessous d'un certain seuil, certaines
opérations n'ont pas besoin d'être examiné par l'autorité. C'est ce vivier d'acquisitions qui intéresse
la FTC.

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[…] En mai 2019, le CEO d'Apple Tim Cook avait affirmé à CNBC que sa firme achetait en
moyenne une entreprise toutes les deux ou trois semaines. Des acquisitions qui ne sont souvent
pas médiatisées, car elles ne servent qu'à recruter des talents et renforcer la propriété intellectuelle
de l'entreprise. Or pour l'agence américaine responsable de l'application du droit de la concurrence
ces multiples acquisitions ne sont pas vides de sens. Elles pourraient avoir engendré des
problèmes de concurrence.

Doc n°6 - Mac Generation (juin 2020), L'action d'Apple enregistre un nouveau record
La capitalisation boursière d'Apple est désormais de 1 491 milliards de dollars.

Doc n°7 - Le monde (août 2020), Comment Apple a atteint une valorisation boursière record
Seul le géant saoudien du pétrole Aramco avait déjà franchi brièvement ce cap : l’entreprise
informatique américaine Apple a vu sa capitalisation boursière dépasser les 2 000 milliards de
dollars (1 688 milliards d’euros) pendant la séance du 19 août.

Doc n°8 - Wikipedia, page Capitalisation boursière, Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0
La capitalisation boursière correspond au prix qu'il faudrait payer s'il était possible de racheter
toutes les actions d'une société à leur cours de marché actuel. Cependant ce prix dépend du
volume de demande pour cette action. Ainsi lorsqu'un investisseur désire acquérir une grande
quantité d'actions d'une société et a fortiori 100 %, il doit généralement payer plus que le cours du
marché pour inciter les actionnaires actuels à lui vendre leurs actions.

Doc n°9 - Wikipedia, page Liste des entreprises par capitalisation boursière, Contenu soumis à la licence
CC-BY-SA 3.0

Doc n°10 - Libération (févr. 2009), Tout le monde a intérêt à transformer Internet en Minitel
Lors des rencontres mondiales du logiciel libre d'Amiens, en juillet 2007, Benjamin Bayart
exposait son propos lors d'une conférence, intitulée Internet libre ou Minitel 2.0, dont la vidéo a
depuis été très consultée. […]
Qui a intérêt à transformer Internet en Minitel ?
Tout le monde. Car Internet représente une révolution, au même titre que l’imprimerie. Et les gens
à qui Internet fait peur sont à peu près les mêmes à qui l'imprimerie faisait peur. Tout d’abord, ce

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sont ceux qui ont un business en place. Les éditeurs de DVD ayant remplacé les moines copistes.
Ensuite les politiques, qui préfèrent que le peuple se taise. Lors du traité européen, c’était le seul
lieu de contestation. Et finalement les gens ont voté non. Cela concernait 10 % de la population,
ça n’a donc pas eu un réel poids électoral, mais c’est un reflet. Internet est une fenêtre
d’expression. Or les politiques préfèrent le modèle TF1 qui calme les esprits, comme nos rois
n’avaient pas envie qu’on diffuse du Voltaire ou du Montesquieu. Enfin, ce sont les marchands de
tuyaux qui ont tout un intérêt à un Internet à péage où les contenus sont contrôlés et bien
rémunérés.
La faiblesse du Minitel était qu’il était un réseau centré. L’avantage d’Internet est d’être
décentralisé. Et même acentré. C’est ce qui fait tout la différence entre Internet et les autres
réseaux. Et ce qui permet à chacun d’innover. Là, on est à cheval entre les deux. […] Si vous
regardez le noyau Linux, son code source est un paquet de données, au même titre qu’un film ou
qu’un livre, dont toutes les versions, depuis la première en 1991-92, sont sur le net. Comme elles
sont librement copiables, il y en a des centaines de milliers de copies. Chacun de ces sites peut
disparaître, on ne perdra jamais son contenu.
De l’autre côté, il y a la bibliothèque numérique : je n’ai pas le droit de faire de miroir pour que
les données ne se perdent pas. Tout est gardé sur un gros ordinateur central en espérant que ça ne
crame pas. Comme dans la scène de Rollerball où un scientifique gueule contre un ordinateur :
« Cette saloperie m’a perdu tout le XIIIe siècle ! » C’est du Minitel. C’est tout le contraire
d’Internet, et c’est très dangereux. On sait que la bibliothèque d’Alexandrie, ça finit toujours par
brûler.

Doc n°11 - ZDnet (mars 2020), Microsoft Teams en panne en Europe


Microsoft Teams est en ce moment en panne pour un certain nombre d'utilisateurs, principalement
en Europe, depuis ce matin. Les responsables de Microsoft ont indiqué dans un premier temps
qu'ils avaient résolu le problème. Mais des utilisateurs se plaignaient toujours à la mi-journée de
problèmes sur le service.

Doc n°12 - Zdnet (août 2020), Panne générale sur Zoom


Technologie : Alors que des millions d'enfants et d'enseignants s'apprêtait à faire leur rentrée
scolaire en ligne, Zoom a connu plusieurs pannes à travers le monde.

Doc n°13 - Le monde (août 2020), Jeux vidéo : Microsoft rejoint Epic Games dans sa bataille contre
Apple
Le 13 août, Apple et Google ont tous deux décidé de supprimer Fortnite de leurs magasins
d’applications mobiles […]. Cette décision a fait suite à la tentative d’Epic de mettre en place un
système de paiement pour que les joueurs puissent payer directement dans Fortnite : une manière
de contourner la commission de 30 % prise habituellement par Apple et Google sur les achats
effectués par les joueurs dans les jeux tournant sous iOS et Android. […]
Depuis, Epic est parti en guerre contre Apple et Google, en tentant de mettre les joueurs de son
côté et en poursuivant les deux entreprises californiennes devant la justice. Le studio américain
essaie depuis longtemps de lutter contre le monopole de distribution d’Apple sur l’iPhone ; il
propose déjà depuis plus d’un an aux détenteurs d’Android de télécharger Fortnite et d’y jouer en
contournant le magasin officiel Play Store (et donc la commission de 30 % prise par Google).
[…] Après cette première passe d’armes, Apple a pris la décision, selon Epic, d’exclure le studio
de son programme de développement. Ce qui signifie qu’Epic n’aura plus accès aux outils de
développement logiciel d’iOS et de macOS. Ces outils permettent aux studios de développer des
logiciels et des jeux adaptés à l’environnement d’Apple.

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Sauf que l’entreprise n’est pas seulement à l’origine de Fortnite. Epic est aussi derrière l’Unreal
Engine : un moteur (outil qui permet entre autres de créer un environnement graphique et
physique dans les jeux) utilisé par de nombreux studios et sur de très nombreux jeux vidéo.
Epic argue qu’en lui coupant l’accès aux outils développement Apple risque de mettre en danger
les nombreux studios qui utilisent l’Unreal Engine pour créer des jeux pour iPhone et iPad
(Injustice 2, Life Is Strange, PES 2020 ou encore Forza Street, sur iOS, utilisent cette
technologie). En effet, sans accès aux outils de développement pour iOS, Epic ne pourra plus
mettre à jour son moteur graphique en fonction du cadre officiel de développement d’applications
proposé par Apple : les jeux utilisant l’Unreal Engine pourraient, à l’avenir, ne plus être aussi
optimisés que nécessaire pour les iPhone et les iPad.
Développez (août 2020), Un juge « enclin » à bloquer la décision d'Apple d'entraver Unreal Engine
d'Epic, déclarant qu'elle ne voyait « aucune concurrence » à l'App Store d'Apple sur l'iPhone
Développez (août 2020), Apple multiplie ses attaques en justice contre le logo en forme de poire d'une
petite entreprise de cinq personnes, l'éditeur d'iOS poursuit désormais Prepear aux USA et au Canada
Questions :
1. Quels sont les secteurs de l’informatique où le coût marginal est le plus faible ?
2. En quoi la capacité capitalistique est-elle liée à des coûts marginaux faibles ? Que est le lien avec
l’indépendance économique d’un pays comme la France ?
3. Quel lien faites-vous entre la capitalisation boursière des sociétés par action et leur capacité
d’investissement ?
4. Pourquoi les propos prémonitoires de Benjamin Bayart n’ont-ils pas été entendus ?

4.2. La vérité, si je mens


Doc n°1 - France Culture (févr. 2019), Extrait d’une intervention de Benjamin Bayart, lors d’un débat
dans l’émission « La méthode scientifique »
Mentir pour manipuler l’opinion, c’est quelque chose de relativement courant. Ça, c’est de la
responsabilité du menteur. En revanche, ce que fait Facebook, c’est hiérarchiser l’information, et
mettre en avant certaines informations plus que d’autres. Et en particulier, pour reprendre le terme
qui a été donné, c’est mettre en avant les articles les plus « pute-à-clic » parce que ce sont ceux qui
entraînent le plus d’engagement, c’est-à-dire qui vous énervent parce qu’ils disent des choses
fausses, ou qui vous énervent parce qu’ils disent des choses extrêmement outrageantes, et ça, ça
provoque de l’engagement, et pour la consommation publicitaire, c’est très bon. Donc les
mécanismes de classement mettent ça en avant de manière très spontanée. Et ça, ça c’est pas la
responsabilité du menteur qui a menti au départ, c’est la responsabilité de Facebook, qui fait le
classement.

Doc n°2 - Wikipedia, page Fake news, Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0
Le terme fake news (en français infox, fausses nouvelles ou informations fallacieuses), désigne
des informations mensongères diffusées dans le but de manipuler ou tromper le public. Prenant
une importance singulière à l'ère d'internet, elles peuvent émaner d'un ou de plusieurs individus
(par le biais de médias non institutionnels comme les blogs ou les réseaux sociaux), d'un ou de
plusieurs médias, d'un homme d'État ou d'un gouvernement.
Les infox participent à des tentatives de désinformation, que ce soit via les médias traditionnels ou
via les médias sociaux, avec l'intention d'induire en erreur dans le but d'obtenir un avantage
(financier, idéologique, politique, etc.). Les articles d'infox emploient souvent des titres

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accrocheurs ou des informations entièrement fabriquées en vue d'augmenter le nombre de lecteurs


et de partages en ligne.

Doc n°3 - L’Obs n° 2827 (jan. 2019), Alerte aux fake news !, Marie Guichoux
Le web 2.0, imaginé comme une vaste agora collaborative, a produit in fine de l’entre-soi. Nous
échangeons au sein de « bulles » grâce à une personnalisation mise en place à notre insu. C’est
l’œuvre des algorithmes. Guillaume Chaslot, fondateur d’AlgoTransparency et ex-salarié de
YouTube, a révélé le pot aux roses sur le système de recommandations des vidéos du mastodonte.
« Je me suis rendu compte que les algorithmes qu’on produisait enfermaient les utilisateurs dans
des « bulles filtrantes » », a-t-il raconté. Il avait proposé de donner plus de contrôle à l’utilisateur
« afin qu’il ne se fasse pas entraîner de manière passive dans des groupes de vidéos juteuses pour
YouTube, comme celles des théories du complot ». Aucun responsable de la firme n’a poussé le
projet. Et pour cause : ces correctifs risquaient de réduire le temps de visionnage, un sérieux
manque à gagner. Conclusion de Chaslot : « Le cœur du problème, ce ne sont pas les fake news,
mais le fait que celles-ci soient recommandées automatiquement. Si les gens voyaient à quel point
l’algorithme amplifie les théories racistes ou fascistes, qui font le plus réagir et maximisent le
temps de vue, ils inciteraient YouTube et Facebook à agir. »

Doc n°4 - Le Un, n° 252 (05 juin 2019), Le cerveau doit apprendre à résister, Olivier Houdé.
Il existe dans notre cerveau trois systèmes de connexions entre neurones : les heuristiques, des
connexions rapides, intuitives, mais aussi approximatives et émotionnelles (c’est le système 1) ;
les algorithmes logiques, rationnels et exacts, réfléchis mais plus lents (système 2) ; et un système
d’arbitrage (système 3), qui permet d’inhiber les heuristiques du système 1 pour activer la logique
du système 2.
[…] Ces travers humains sont aussi amplifiés, décuplés, par Homo connecticus sur les réseaux
sociaux via les fameuses et délétères fake news, les fausses informations et les rumeurs infondées.
Ces dernières ressortent d’une heuristique bien connue, l’heuristique de crédibilité — un biais
cognitif qui fait qu’on retient ce qui est crédible ou que l’on a envie de croire — mais pas du tout
d’un algorithme logique de validité — c’est-à-dire d’une vérification systématique des
informations et des raisonnements. Une telle vérification demande un effort cognitif et du temps.
C’est le système 2. Or, le cerveau humain, si complexe soit-il, est paresseux et se borne souvent au
système 1 !

Doc n°5 - Trop d’infos tue l’info, Eoin O’Carroll, The Christian Science Monitor, 27 juin 2017 (traduit
par Courrier International hors-série n° 63).
À l’aide de cette modélisation mathématique, l’équipe […] l’université de l’Indiana, confirme de
manière statistique que lorsque les personnes sont inondées d’un flux régulier d’informations de
bonne et de mauvaise qualité, même les plus critiques commencent à avoir du mal à distinguer les
faits de la fiction.
[…] Cette étude révèle un phénomène que les psychologues connaissent depuis longtemps : trop
d’informations entrave la prise de décision : « Le point central de cet article est le suivant : ce que
les neuroscientifiques avaient déjà démontré sur le plan biologique a des implications très
concrètes et très prosaïques dans notre quotidien », explique Daniel Levitin […].

Doc n°6 - La croix (mai 2019), Régulation d’Internet, « Une autorité indépendante est nécessaire »
Depuis les années 2010, il y a une volonté de la part des États de réguler – et peut-être de civiliser
– Internet. Depuis sa création, le réseau est marqué par des valeurs d’autonomie, de liberté et
d’autorégulation, qui faisait sa vitalité un peu sauvage, et parfois incontrôlable.

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Cette volonté de régulation est particulièrement notable dans deux secteurs. Les États ont d’abord
voulu agir en faveur du respect de la propriété intellectuelle. C’est aujourd’hui chose faite, en
légiférant. On observe maintenant un deuxième mouvement pour tenter de mettre fin à la
polarisation des débats sur Internet, à la diffusion de discours haineux, des fake news, au
harcèlement en ligne. Cette « brutalisation » d’Internet a été favorisée notamment par les
algorithmes mis en place par les grandes plateformes, au service de leurs intérêts commerciaux et
publicitaires.

Doc n°7 - L’espress avec AFP (jan. 2020), Macron réaffirme vouloir « une forme de régulation » des
médias face aux fake news
Emmanuel Macron a réaffirmé ce mercredi, lors de ses vœux à la profession, vouloir « une forme
de régulation » des médias pour lutter contre les fausses informations, en défendant le nouveau
Conseil de déontologie des médias, très contesté par la profession.

Doc n°8 - Art. 11. de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen de 1789 :
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de
l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de
cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.
Questions :
1. Pour quelles raisons les algorithmes des plateformes (Facebook, Youtube, etc.) favorisent-ils la
propagation des fake news ?
2. Pour quelles raisons les plateformes (Facebook, Youtube, etc.) n’ont-elles pas intérêt à stopper la
diffusion des fake news ?
3. Quels sont les mécanismes qui font que des individus, même intelligents et éduqués, croient et
propagent des fausses informations sur internet ?
4. Quels sont les risques pour la liberté d’expression de la régulation du Web ?

4.3. Les biais de l’intelligence artificielle


Doc n°1 - Michel Volle, Iconomie (avr. 2017), Comprendre l’intelligence artificielle
L’intelligence artificielle fait exécuter par l’informatique des opérations que l’être humain réalise
naturellement : reconnaître un visage, transcrire une parole vocale en parole écrite, jouer aux
échecs, trier des messages, détecter des comportements suspects ou des fraudes, etc. La puissance
de l’ordinateur (mémoire, rapidité) lui permet de les accomplir avec une performance hors de la
portée de l’intelligence humaine.
Chacune de ces opérations consiste en un classement : un visage est classé sous l’identité d’une
personne ; un message est classé dans le dossier des spams ; une parole vocale est classée sous un
mot écrit ; le prochain coup, aux échecs, est classé comme « meilleur coup possible », etc.
Il faut, pour pouvoir classer un être, disposer a priori d’une nomenclature qui définisse des classes.
Dans la vie courante chacun de nous utilise plusieurs nomenclatures : lorsque nous rencontrons
une personne, nous nous comportons envers elle en fonction de la catégorie psychosociologique
dans laquelle nous la rangeons selon son âge, son habillement, son langage, etc. Lorsque nous
sommes au volant nous inférons le comportement prévisible des autres conducteurs selon leur
apparence et celle de leur voiture, etc. : nous interprétons ainsi des symptômes pour parvenir à un
diagnostic.

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Doc n°2 - Le monde (juin 2018), Une étude démontre les biais de la reconnaissance faciale, plus efficace
sur les hommes blancs
Les logiciels de reconnaissance faciale sont efficaces pour déterminer le genre d’une personne… à
condition d’être un homme et d’avoir la peau blanche, selon une étude publiée jeudi 8 février sur
le site du MIT Media Lab, l’un des laboratoires de recherche du prestigieux Massachusetts
Institute of Technology.
À l’origine de cette étude, Joy Buolamwini, chercheuse au MIT et fondatrice de l’Algorithmic
Justice League, un collectif qui dénonce les biais des algorithmes.
C’est en confrontant les logiciels de trois entreprises (IBM, Microsoft et Face ++) à 1 270 portraits
officiels de personnalités politiques que la chercheuse a confirmé ce biais. […] Ainsi, les trois
entreprises ont affiché de meilleurs résultats avec les sujets masculins qu’avec les sujets féminins.
Face ++, par exemple, a vu juste pour 99,3 % des hommes, mais pour seulement 78,7 % des
femmes.
Les résultats varient également selon la couleur de peau. Pour les personnes à peau claire, le genre
trouvé par l’intelligence artificielle est le bon dans au moins 95 % des cas. Pour celles à peau
foncée, ce taux est bien moins élevé. Il atteint ainsi 77,6 % avec le logiciel développé par IBM.
L’étude révèle que 93,6 % des erreurs faites par Microsoft concernaient les sujets à la peau foncée,
et 95,9 % de celles de Face ++ concernaient des femmes.
[…] Cela s’expliquerait par les bases de données d’images sur lesquelles s’appuient les entreprises
pour « entraîner » leurs programmes d’intelligence artificielle. « Les hommes à la peau claire y
sont surreprésentés et aussi les personnes à la peau claire de manière générale ».

Doc n°3 - Les Echos (oct. 2018), Quand le logiciel de recrutement d'Amazon discrimine les femmes
La discrimination à l'embauche n'est malheureusement pas le monopole des humains, et c'est
Amazon qui en a fait l'amère expérience. En 2014, le géant du e-commerce a mis au point un
programme informatique secret basé sur l'intelligence artificielle pour le recrutement de ses
effectifs mais l'entreprise y a renoncé trois ans plus tard après avoir découvert une faille majeure
dans le système : il n'aimait pas les femmes.
[…] Le programme était capable d'examiner le curriculum vitae des candidats afin d'automatiser
le processus de recrutement en attribuant une note d'une à cinq étoiles selon les profils. En 2015,
Amazon s'est cependant rendu compte que le système notait les candidats aux postes de
développeur de logiciel et aux autres postes techniques de manière sexiste. Cela s'expliquait par le
fait que le modèle informatique utilisé par Amazon s'appuyait sur les CV reçus par le groupe sur
une période de dix ans, qui étaient pour la plupart ceux d'hommes, reflet de la prédominance
masculine dans le secteur des nouvelles technologies. En étudiant ces CV, le système en est venu à
déduire que les candidats masculins pour ces postes étaient préférables, ce qui l'amenait à rejeter
les candidatures où figurait une référence aux « femmes », comme dans la phrase « capitaine de
club d'échecs féminin ».

Doc n°4 - Big Data (août 2019), L'algorithme anti-haine de Google est raciste envers les noirs
Afin de protéger les minorités de la haine et de la discrimination sur le Web, de nombreuses
entreprises se tournent vers l’intelligence artificielle. C’est par exemple le cas de Google avec son
algorithme Perspective chargé de détecter automatiquement les propos haineux pour les modérer
sur internet.
[…] Dans le cadre de leur étude, les scientifiques ont examiné la façon dont les humains ont
annoté une base de données regroupant près de 100 000 tweets. Cette database avait été utilisée
pour entraîner des algorithmes à détecter les discours haineux.

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Ce faisant, ils ont découvert que les personnes chargées d’étiqueter les tweets tendant à considérer
comme toxiques les tweets rédigés en anglais vernaculaire afro-américain (AVAE). Naturellement,
ce biais a été transmis aux algorithmes entraînés à partir de ces données. En entraînant plusieurs
systèmes IA sur cette base de données, les chercheurs ont eu la confirmation que les algorithmes
associaient l’anglais afro-américain aux discours haineux.

Doc n°5 - La Quadrature du net (juin 2020), Racisme policier : les géants du Net font mine d’arrêter la
reconnaissance faciale
Plusieurs entreprises ont annoncé arrêter (temporairement ou non) la reconnaissance faciale. C’est
d’abord IBM qui a ouvert le bal : l’entreprise a déclaré publiquement qu’elle arrêtait de vendre la
reconnaissance faciale à « usage général » et appelle le Congrès américain à établir un « dialogue
national » sur la question. Le même jour, une employée de Google dénonce les biais des
algorithmes et la dangerosité de cette technologie. Le lendemain, Amazon affirme interdire
l’utilisation par la police de son logiciel de reconnaissance faciale Rekognition pendant un an.
Enfin, Microsoft dit vouloir arrêter de vendre de tels services tant qu’il n’y aura pas de cadre
législatif plus précis.
Ce sont donc les entreprises à l’origine même de l’invention et de la mise au point de la
reconnaissance faciale qui la dénoncent. Culotté.
Comme le montre bien Privacy International, IBM est une des premières entreprises à s’être
lancée dans la reconnaissance faciale et à en avoir fait son fonds de commerce. Elle a carrément
inventé le terme même de « Smart City » pour vendre toujours plus de systèmes de
vidéosurveillance à travers le monde. […] La reconnaissance faciale n’est qu’une fraction des
algorithmes vendus par IBM. Selon l’association britannique, IBM prend les devants pour éviter
d’être accusée de racisme, comme ce fut le cas lorsque qu’il est apparu qu’elle vendait sa
technologie aux Nazis pendant la Seconde guerre mondiale.
[…] C’est ainsi qu’une annonce qui s’apparente à un rétropédalage sur le déploiement de la
reconnaissance faciale est en réalité la validation de l’utilité de cette technologie. Une fois que
l’État aura établi un cadre clair d’utilisation de la reconnaissance faciale, les entreprises auront le
champ libre pour déployer leurs outils.

Doc n°6 - Slate (oct. 2019), Votre chat est plus intelligent qu'une IA
[…] Pour le comprendre, il faut regarder comment ces algorithmes fonctionnent. L'apprentissage
supervisé, qui reste aujourd'hui la méthode la plus populaire, consiste à présenter au programme
des images ainsi qu'un mot décrivant le contenu de chaque image.
Le nombre total d'images est généralement bien supérieur au nombre de mots utilisés, car pour un
même mot, on va associer un très grand nombre d'images représentant l'objet dans différentes
situations, sous différents angles de vue, sous différentes lumières, etc. Par exemple, pour
reconnaître un chat, on peut présenter jusqu'à un million d'images.
En faisant cela, le programme va se constituer une représentation visuelle interne de ce qu'est cet
objet, en calculant une sorte de moyenne de l'ensemble des images. Mais cette représentation n'est
in fine qu'une simple description qui n'est pas ancrée dans la réalité du monde.

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Doc n°7 - Developpez (Juillet 2020), Le MIT s'excuse, met hors ligne de façon permanente un énorme jeu
de données qui a mené à des systèmes d'IA qui usent d'insultes racistes
C’est une étude d’une équipe conjointe de chercheurs d’UnifyID (une startup de la Silicon Valley)
et de L’University College de Dublin qui est venue mettre en lumière le problème de biais de
données du jeu Tiny Images du MIT. Après avoir passé en revue ladite base de données, ils y ont
découvert des milliers d’images étiquetées avec des insultes racistes pour les Noirs et les
Asiatiques et des termes péjoratifs utilisés pour décrire les femmes.

Doc n°8 - Developpez (févr. 2020), Le coronavirus fait sortir de l'ombre l'état de surveillance de la Chine
La surveillance de masse en Chine ne date pas d’aujourd’hui, et les Chinois savent bien qu’ils sont
suivis au quotidien par les systèmes de surveillance électronique les plus sophistiqués au monde.
Cependant, l'urgence sanitaire liée à l’épidémie du coronavirus a occasionné l’émergence une
importante partie de cette technologie restée longtemps à l’ombre, fournissant aux autorités une
justification pour les méthodes de balayage du contrôle social de haute technologie.
Selon un rapport de Reuters, les sociétés d'intelligence artificielle et de caméras de sécurité se
targuent de pouvoir scanner les rues à la recherche de personnes ayant même une faible fièvre, de
reconnaître leur visage même si elles portent un masque et de les signaler aux autorités. En raison
de l’urgence du virus, le système de nom réel de la compagnie ferroviaire peut fournir une liste
des personnes assises à proximité d’un patient atteint de coronavirus monte à bord d'un train, a
rapporté Reuters vendredi.
Questions :
1. Les programmes sont-ils intelligents ?
2. Pourquoi les réponses des IA sont-elles biaisées ?
3. Quels risques les programme IA représentent-ils pour nos libertés et la démocratie ?

4.4. Démocratie
Doc n°1 - Wikipedia, page Scandale Facebook Cambridge Analytica, Contenu soumis à la licence CC-
BY-SA 3.0
Le scandale Facebook-Cambridge Analytica […] renvoie aux données personnelles de 87 millions
d'utilisateurs Facebook que la société Cambridge Analytica (CA) a commencé à recueillir dès
2014. Ces informations ont servi à influencer les intentions de vote en faveur d'hommes politiques
qui ont retenu les services de CA. À la suite de la révélation de la fuite, les publics américain et
britannique ont exprimé leur indignation. Même si la société Facebook s'est excusée, la valeur de
ses titres boursiers a sensiblement décliné.
En juillet 2015, l'implication de CA dans les primaires présidentielles du Parti républicain
américain de 2016 est dévoilée. En décembre 2015, le journal The Guardian rapporte que l'homme
politique américain Ted Cruz a utilisé les données de CA, les personnes visées ignorant que des
sociétés exploitaient ces informations. CA aurait participé en 2016 à la campagne électorale de
Donald Trump.
En mars 2018, The New York Times, The Guardian et Channel 4 News rapportent plus de détails
sur la fuite de données grâce aux révélations de l'ancien salarié de Cambridge Analytica
Christopher Wylie, qui a fourni des éclaircissements sur la taille de la fuite, la nature des données
personnelles et les échanges entre Facebook, Cambridge Analytica et des personnalités politiques
qui avaient retenu les services de CA dans le but d'influencer les intentions de vote. Selon
Christopher Wylie : « Sans Cambridge Analytica, il n'y aurait pas eu de Brexit. »

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Le 17 avril 2018, la société Facebook admet recueillir des données sur les internautes, peu importe
qu'ils soient enregistrés, ou non, sur le site et même s'ils naviguent sur d'autres sites.

Doc n°2 - Fandroid (mars 2018), Cambridge Analytica : tout comprendre au scandale de fuite de données
qui secoue Facebook
[…] En 2013, Cambridge Analytica a fait appel à un universitaire, Aleksandr Kogan, pour aller
collecter des données sur les électeurs. Ce dernier a donc créé un formulaire sur Facebook. Le hic,
c’est que les sondés ignoraient que leurs réponses allaient être utilisées à des fins politiques.
L’application sur le réseau social prétendait en effet s’inscrire dans un cadre de recherche dans le
domaine de la psychologie.
Il est donc reproché à Cambridge Analytica d’avoir vendu ces données obtenues de manière
illicite. Pis encore, le formulaire en question exploitait un paramètre de Facebook — supprimé
depuis 2014 — permettant de récolter des informations personnelles des amis des participants,
quand bien même ils n’avaient pas participé au sondage.
[…] le cabinet d’analyse a ainsi permis à l’équipe de Donald Trump de mieux cibler les électeurs
pendant la campagne qui l’opposait à la Démocrate Hillary Clinton.

Doc n°3 - Le monde avec AFP (avr. 2020), Facebook : l’amende record de 5 milliards de dollars validée
par un juge
L’amende de 5 milliards de dollars imposée l’été 2019 par l’agence américaine de protection des
consommateurs, la FTC3, à Facebook pour ne pas avoir su protéger les données personnelles de
ses utilisateurs, a été validée jeudi 23 avril par un juge. C’est une décision « historique », a estimé
vendredi le président de cette agence, Joe Simons, en soulignant que la FTC n’avait jamais infligé
une amende aussi importante.
L’organisme accusait le réseau social le plus puissant au monde d’avoir « trompé » ses utilisateurs
sur leur capacité à contrôler leurs informations personnelles. Cette enquête était l’une des
conséquences directes du scandale Cambridge Analytica, du nom de cette entreprise qui avait
utilisé les données de dizaines de millions d’utilisateurs de Facebook à des fins de propagande
électorale.

Doc n°4 - Reflets info (févr. 2012), [Microsoft collabore avec des dictatures]
[…] En Tunisie, les choses ne sont pas si simples, et l’année a été particulièrement éprouvante
pour Microsoft. 2011 a très mal démarré pour la firme de Redmond quand la fuite du contrat qui la
liait au gouvernement tunisien a révélé que Microsoft avait formé la cyberpolice du ministère de
l’Intérieur dès 2007 (paragraphes 1.1 et 1.3 du contrat), date à laquelle les abus et la terreur ont
redoublé dans le web tunisien, et en particulier sur Facebook.
Une information venue d’un groupe de hackers publiée sur HackerNews viendra ajouter à cela la
complicité entre le régime de Ben Ali et Microsoft concernant l’autorité de certification
tunisienne. Cette dernière a été une pièce maîtresse dans le piratage de comptes Facebook, Gmail
ou Live.com de nombreux tunisiens, et ses certificats de sécurité vérolés étaient discrètement
installés et mis à jour sur tous les ordinateurs tunisiens tournant sous Windows (paragraphe 1.2 du
contrat)… Pratique pour monter (et signer avec un faux certificat) de faux Facebook ou de faux
Gmail destinés à dérober les mots de passe de la population.

3 La Federal Trade Commission (FTC) (Commission fédérale du commerce) est une agence indépendante du gouvernement
des États-Unis.

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Doc n°5 - Next Impact (mars 2013), Skype pris en flagrant délit d'espionnage des conversations en Chine
[…] La surveillance se fait sur la partie texte de Skype, non sur la partie téléphonique. Les
conversations sont surveillées et l’envoi d’un message contenant au moins l’un des mots de la liste
noir provoque immédiatement l’émission d’un signal. L’ensemble de la conversation est alors
enregistré et envoyé à des serveurs distants. Le nom du compte, l’heure et la date sont également
dans le lot, ainsi qu’une indication spécifiant si le message a été envoyé ou reçu par l’utilisateur.
[…] Microsoft, qui entre temps a racheté Skype pour 8,5 milliards de dollars, a fourni une
introduction au parfum floral : « La mission de Skype est d’abattre les barrières de la
communication et de permettre des conversations mondiales. Skype s’engage à une amélioration
constante de la transparence pour l’utilisateur final, où qu’il soit ». La suite avait cependant des
relents de soufre : « en Chine, le logiciel Skype est conçu via une coentreprise avec TOM Online.
En tant que partenaire majoritaire dans la coentreprise, TOM a établi des procédures pour remplir
ses obligations vis-à-vis des lois locales ». Une reconnaissance indirecte qu’un logiciel portant
l’estampille maison a été modifié pour être adapté aux lois chinoises.

Doc n°6 - TechDirt (jan. 2014), Microsoft Agrees To Hand Over Skype User Data To Russian Police

Doc n°7 - Usbeketrica (jui. 2019), Des cadres d'IBM et Google ont-ils participé à la surveillance de masse
et à la censure en Chine ?
[…] Au cœur de cette affaire, on trouve l’OpenPower Foundation, une ONG fondée en 2013 et
dirigée par plusieurs cadres de Google et d’IBM. Le président de la fondation, Mendy Furmanek,
vient d'IBM, et le directeur de celle-ci, Chris Johnson, travaille chez Google. Officiellement créée
pour « stimuler l’innovation », l’ONG a collaboré avec la compagnie chinoise Semptian -
spécialisée dans l’acquisition et l’analyse de données - et le fabricant de puces américain Xilinx.
[…] Le problème, c’est que Semptian a profité de cette collaboration pour vendre son système de
surveillance et de censure amélioré, du nom d’Aegis, à des organismes de sécurité et au
gouvernement chinois.
[…] Aegis a été déployé sur les réseaux de téléphonie mobile et Internet du pays, permettant au
gouvernement de collecter de nombreuses données comme les adresses mail, numéros de
téléphones, historiques de navigation, enregistrements d'appels, SMS et données de
géolocalisation. […] Cette collaboration aurait permis de surveiller secrètement l'activité de 200
millions de citoyens en ligne, soit un quart des utilisateurs d'Internet dans le pays (en particulier
des opposants politiques et des militants pour les droits de l’homme et la démocratie).

Doc n°8 - Developpez (juil. 2020), Facebook vient d'échouer à son tout premier audit sur les droits civils
Après les élections présidentielles en 2016, Facebook a été accusé d’avoir influencé les résultats
du scrutin américain en faveur de l’actuel président, Donald Trump, en permettant la diffusion de
la désinformation sur sa plateforme de réseau social. À l’approche des élections 2020, un nouveau
rapport d’audit sur les droits civils du réseau social craint que les mêmes résultats se produisent.
[…] Mais plutôt que de créer des conditions équitables, les politiques de Zuckerberg ont pour
résultat un système à deux vitesses où les utilisateurs ordinaires sont traités différemment des
politiciens, une situation qui pourrait avoir des effets désastreux sur l'issue des élections de
novembre, ont averti les auditeurs. […] « Lorsque cela signifie que les hommes politiques
puissants n'ont pas à respecter les mêmes règles que tout le monde, une hiérarchie des discours est
créée qui privilégie certaines voix par rapport à des voix moins puissantes », note le rapport.
« Facebook a été beaucoup trop réticent à adopter des règles strictes pour limiter la désinformation
et la répression d'électeurs. A moins de cinq mois d'une élection présidentielle, les auditeurs ne
comprennent pas pourquoi Facebook n'a pas saisi l'urgence ».

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Doc n°9 - LesEchos (août 2020), Donald Trump toujours plus à l'offensive contre la tech chinoise
Après l'équipementier télécom Huawei, Donald Trump élargit aux géants d'Internet sa croisade,
tout autant politique que commerciale, contre la high-tech chinoise. Après plusieurs jours de
feuilleton, le président des Etats-Unis a finalement signé dans la nuit de jeudi à vendredi un décret
susceptible de stopper net les activités commerciales de TikTok outre-Atlantique. Propriété du
chinois Bytedance, cette plateforme de courtes vidéos virales compte 1 milliard d'utilisateurs, dont
80 millions aux Etats-Unis. C'est l'une des applications mobiles les plus téléchargées au monde.
Le locataire de la Maison-Blanche ne s'est pas arrêté là. Dans la foulée de récentes déclarations de
son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, appelant à « nettoyer » des magasins d'applications les
technologies chinoises suspectées de porter atteinte à la sécurité nationale, un autre décret réserve
un sort similaire à l'application WeChat détenue par le géant Tencent. Indispensable au quotidien
dans l'Empire du Milieu avec ses 1,2 milliard d'utilisateurs, elle est très prisée de la diaspora
chinoise pour garder contact avec leurs proches, y compris aux Etats-Unis.

Doc n°10 - Développez (août 2020), Mark Zuckerberg, PDG de Facebook, serait à l'origine des tensions
entre Washington et Pékin au sujet de TikTok
Le rapport [publié par le Wall Street Journal (WSJ)] estime que lors de son tête-à-tête avec Donald
Trump en automne dernier à la Maison Blanche, Zuckerberg a clairement notifié au président que
la vraie menace ne vient pas de Facebook, mais plutôt des entreprises technologiques chinoises
dont la croissance et la puissance, commencent à être fortement remarquées. Il aurait dit à Trump
que la répression de ces entreprises devrait être plus une priorité que de restreindre Facebook.
L’on se pose toujours la question de savoir comment Facebook a fait pour apaiser aussi
rapidement les grandes inquiétudes de Washington par rapport à la vie privée et à la confidentialité
des données personnelles des utilisateurs de sa plateforme. Le nouveau rapport du WSJ allègue en
effet que Facebook a juste fait campagne pour que le président se concentre sur une autre cible. Ce
qui a bien marché puisque, même si certaines enquêtes antitrust pèsent toujours sur lui, les
entreprises chinoises sont la cible d’une colère sans précédent du gouvernement américain.
Selon le WSJ, lorsque Mark Zuckerberg a prononcé un discours sur la liberté d'expression à
Washington à l'automne dernier, il y avait aussi un autre objectif : tirer la sonnette d'alarme sur la
menace des entreprises technologiques chinoises et, plus précisément, sur la populaire application
de partage de vidéos TikTok. Mark Zuckerberg a déclaré aux étudiants de l’université de
Georgetown que TikTok ne partageait pas l'engagement de Facebook en faveur de la liberté
d'expression et représente un risque pour les valeurs américaines et la suprématie technologique.
Questions :
1. Quel public était-il particulièrement visé par les communications de Donald Trump ou des pro-
Brexit ?
2. Quel risque les GAFAM font-ils peser sur la démocratie ?
3. La surveillance serait-elle plus acceptable selon qu’elle soit américaine ou chinoise ?

4.5. Optimisation fiscale


Doc n°1 - Les Echos (août 2017), Les géants du web et leur stratégie assumée d'optimisation fiscale
Alors que les bénéfices des GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon) explosent tous les
records en 2016 avec 77,8 milliards de dollars, les pays comme la France ne perçoivent qu’une
infime partie de leur imposition. En effet, les GAFA et autres géants du numérique tels que Airbnb
sont devenus des virtuoses de l’optimisation fiscale, technique qui consiste à utiliser au maximum
les possibilités ouvertes par la législation de chaque pays pour s’acquitter du minimum d’impôts.

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C’est la méthode du "Double Irish" qui consiste à faire remonter la plus grande partie de leur
chiffre d’affaires vers leur siège en Irlande où l’imposition sur les sociétés est bien plus faible
qu’en France (12,5 % en Irlande contre 33 % en France). Est-ce légal ? Oui aux yeux du droit
fiscal qui n’est pour le moment pas adapté à l’économie digitale comme le précisent les experts.
L’imposition se pratique sur les « établissements stables ». Or, en France, les géants du web
n’implantent généralement que des filiales dédiées au marketing et à la publicité qui ne génèrent
que peu de profits.

Doc n°2 - ATTAC (avr. 2019), La “taxe GAFA”une fausse solution à l’évasion fiscale
[…] Attac a réalisé une étude concernant l’application de la taxe GAFA sur les cinq GAFAM
(Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft). Les résultats de cette étude montrent que cette
taxe ne règle en rien le problème de l’évasion fiscale massive de ces multinationales. La recette de
cette taxe, estimée par le gouvernement à 400 millions d’euros en 2019, est un montant
symbolique. Pour les cinq entreprises étudiées ici, nous estimons à 9,4 milliards d’euros le chiffre
d’affaires réalisé grâce à des ventes en France qui ne sont pas déclarées dans l’Hexagone. En
moyenne ces entreprises dissimulent 74 % de leur chiffre d’affaires, de 58 % pour Amazon, à
85 % pour Google.
D’après nos estimations, la France aurait dû profiter de plus de 600 millions d’euros d’impôt sur
les sociétés (IS) en 2017, si la totalité de leur activité sur le territoire avait été déclarée. Un chiffre
donc nettement supérieur aux 400 millions d’euros promis en 2019 par la taxe GAFA qui, elle,
concerne une trentaine de grands groupes. Et bien plus important encore que le montant de l’impôt
qu’auraient payé les GAFAM en 2017 avec cette nouvelle taxe GAFA, que nous estimons à 162
millions d’euros.
[…] D’après les calculs d’Attac, 64 % du chiffre d’affaires cumulé des GAFAM échappe à la taxe
GAFA. Attac considère que ce n’est donc certainement pas avec une taxe à 3 % sur leur chiffre
d’affaires numérique, que les GAFAM seront imposés « comme tout le monde » ni ne paieront
leur « juste part d’impôts ».

Doc n°3 - BFM (mars 2019), Malgré l'optimisation fiscale, les Gafa ne paient pas moins d'impôt que les
autres entreprises
Ces entreprises paient donc bien des impôts. Le problème c'est que cet impôt n'est pas justement
réparti. Ainsi, Facebook n'a par exemple payé que 1,9 million d'euros d'impôt sur les sociétés en
France en 2017. Le réseau social ne déclarait alors dans l'Hexagone que 56 millions d'euros de
chiffre d'affaires et probablement des bénéfices de quelques millions d'euros. Alors que cette
année-là, on estimait le chiffre d'affaires réel de Facebook à 950 millions d'euros et des bénéfices
probables de plusieurs centaines de millions d'euros. Sauf que Facebook vendait ses espaces
publicitaires depuis l'Irlande où la société déclare l'essentiel de ses revenus, car le taux
d'imposition y est plus intéressant qu'en France. Résultat : même si la publicité a été vue par un
internaute français, Facebook ne déclare pas les revenus qu'ils en tirent au fisc français.

Doc n°4 - Silicon (mai 2017), Contrat Microsoft – Défense : l’Open Bar reste ouvert
Le contrat-cadre entre le ministère de la Défense, pardon des Armées, et Microsoft doit être
renouvelé dans les jours prochains. Pour 120 M€. Et toujours sans mise en concurrence.
[…] Pour finir, signalons que le contrat de 2009 ainsi que le renouvellement en 2013 ont été
signés auprès de Microsoft Irlande. En effet, Microsoft utilise en France, depuis 1994, le statut
« d’agent commissionné » de Microsoft Ireland Operations Limited. Ainsi, lorsque Microsoft
France vend un produit, la société ne comptabilise pas son prix de vente, mais une commission,
soit une fraction seulement du prix de vente. Ce montage permet à l’éditeur de ne payer en France
qu’un faible pourcentage de taxes. Une pratique qui fait tousser Bercy.

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Typologie des acteurs de l'industrie informatique v 1.8

Doc n°5 - Wikipedia, page Paradis fiscaux, Contenu soumis à la licence CC-BY-SA 3.0
Un paradis fiscal est un pays ou territoire à fiscalité réduite ou nulle, c'est-à-dire où le taux
d'imposition est jugé très bas en comparaison avec les niveaux d'imposition existant dans les pays
de l'OCDE. Cette notion nécessite une « indulgence du législateur » du pays concerné et s'oppose
à celle d'harmonisation fiscale. Ces paradis sont réputés pour encourager l'évasion fiscale, des
règles laxistes ou le contournement des règles et contribuer à l'augmentation des inégalités dans le
monde (Roger Brunet les qualifie en 1986 d'« antimonde » pour montrer que tout y fonctionne « à
l'inverse des règles respectées ailleurs » et qu'ils peuvent aller contre les intérêts du reste du
monde).
Questions :
1. Si les GAFAM ne paient pas beaucoup d’impôts en France ou paient-ils leurs impôts ?
2. Comment peut-on financer l’économie sans bénéficier des impôts des multinationales ?

BTS SIO – Cité Scolaire Albert Londres CC by sa – moulinux Page 28 / 28

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